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Saïed perd des points
olitiqueP
Persistance de la crise économique et sociale en Tunisie Saïed perd des points
Tunis :La Majalla
Quatre mois après que le président Tunisien KaïsSaïed a décrété des mesures exceptionnelles en gelant les activités du parlement, en levant l’immunité sur les députés et en engageant une lutte sans merci contre la corruption et la contrebande, sa cote de popularité commence à s’éroder. Ainsi, il perd onze points dans les derniers sondages d’opinion. Et pour cause, le quotidien des citoyens ne fait que sombrer davantage dans un chômage qui augmente à vue d’œil marqué par une envolée des prix des aliments de base et une élévation du coût de la vie. Entre-temps, l’opposition, qui profite de cette situation sociale délétère, resserre ses rangs pour organiser plus de manifestations contre ce qu’elle considère comme un « coup d’État ».
Dans ce sillage, le SG de l’UGTT, Noureddine Taboubi a déclaré à Majalla que « même s’il n’y aura pas de retour à l’avant 25 juillet (date de mise en œuvre des mesures exceptionnelles), le chef de l’État n’a rien fait pour améliorer le quotidien des Tunisiens dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’éroder ». Il a aussi fustigé la position du gouvernement qui se mure dans un silence inquiétant. « La nouvelle cheffe du gouvernement devrait dire la vérité au peuple sur la situation économique et financière du pays », a-t-il ajouté à Majalla. Pour sa part, Monoon Amira, secrétaire général adjoint de l’Ugtt, chargé de la Fonction publique, a déclaré à Majalla que « le pouvoir d’achat des Tunisiens a dégringolé de 27 à %40 à cause de l’envolée des prix à cause du faible taux de contrôle des circuits de distribution par l’État qui se limite à %18 alors que le reste est entre les mains de spéculateurs et des contrebandiers ».
Source de tension
Cette situation serait une source sérieuse de menace pour l’État et sa stabilité, notent les observateurs surtout que des prémices d’une grogne sociale commencent à pointer dans les régions. En effet, la dernière déclaration du président tunisien sur les raisons de la non-activation de la loi N38° qui porte sur le recrutement prioritaire des diplômés dont le chômage a dépassé dix ans, a mis le feu aux poudrières. Cette loi, pourtant signée et publié au Jort par le chef de l’État tunisien, a été considérée par Kaïs Saïed comme un miroir aux alouettes, promulguée à l’époque par le gouvernement en vue d’apaiser les tensions sociales sans pour autant disposer des financements requis pour sa mise en œuvre. Depuis des milliers de chômeurs ont commencé à manifester mettant en
Manifestation des « citoyens contre le coup d’Etat » au Bardo, le 14 novembre dernier. branle plusieurs régions dont le gouvernorat de Tataouine qui avait connu un sit-in d’El Kamour pour bloquer la production du pétrole. Dans d’autres régions, des étudiants ont pris d’assaut les sièges des gouvernorats pour organiser des sit-in et des grèves de la faim.
Romdhane Ben Omar, chargé de l›information au Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a déclaré à Majalla que « les mouvements de protestation ont augmenté de %42 par rapport à l’année dernière ».
Mais le problème réside dans la situation économique et financière du pays qui peine à trouver 2,4 milliards d’euros pour boucler le budget de l’Etat.
Mouvements sociaux
S›exprimant lors d›une conférence en ligne organisée, pour présenter le rapport de 2021 sur les manifestations sociales, le suicide, la violence et la migration irrégulière, il a ajouté que cette année a été marquée par une multiplication des mouvements sociaux dont l›ampleur rappelle les premières années qui ont suivi la révolution caractérisée par une prolifération sans précédent des manifestations.
Selon le rapport, les principales revendications des manifestants concernent l›emploi (%34), les mouvements ouvriers appelant à la régularisation et à l›amélioration de la situation professionnelle (%24), les mouvements liés au développement et à l›amélioration de la vie du citoyen (%30). Ben Romdhane a souligné que les citoyens et les personnes sans emploi étaient les principaux participants aux mouvements de protestation, aux sit-in et aux blocages des routes.
Situation économique
Mais le problème réside dans la situation
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économique et financière du pays qui peine à trouver 2,4 milliards d’euros pour boucler son budget. À ce propos, la tâche de la nouvelle cheffe du gouvernement, Najla Bouden, s’annonce ardue mais pas insurmontable pour combler ce déficit. En effet, depuis sa nomination, elle ne cesse de multiplier les entretiens et les visites auprès des pays frères et amis pour mobiliser les fonds nécessaires dans un contexte où les bailleurs de fonds à l’instar de la Banque mondiale et du FMI, ont serré la vis sur la Tunisie.
Sur le plan politique, l’étau se resserre davantage sur le président tunisien qui fait face à une double pression interne et externe.
En effet, profitant de cette situation sociale inquiétante, le mouvement islamiste Ennahdha a appelé à l›organisation d›élections anticipées et au lancement d›un dialogue national sur un certain nombre de dossiers, dont la loi électorale et la Cour constitutionnelle.

Dans une déclaration publiée vendredi, après la tenue de la réunion de son bureau exécutif, il a appelé à «respecter la constitution au lieu de la suspendre et à la considérer comme une référence au lieu de la remplacer par le décret présidentiel n117°», soulignant la nécessité de rétablir le rôle de législation et de contrôle du pouvoir législatif. Le parti a, également, évoqué «l›évolution des positions des partis politiques et des organisations et associations refusant le coup d›État», en allusion aux mesures exceptionnelles décrétées le 25 juillet dernier.
Il a, en outre, critiqué la «grave» décision prise par le chef de l›État de supprimer le ministère des Affaires locales et de le rattacher au ministère de l›Intérieur. Le quotidien des citoyens ne fait que sombrer davantage dans un chômage qui augmente à vue d’œil marqué par une envolée des prix des aliments de base et une élévation du coût de la vie.
Les Américains durcissent le ton
Sur le plan international, la position américaine vis-à-vis de ce qui se passe en Tunisie, ne cesse de se durcir. C’est d’ailleurs dans ce cadre que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken s’est entretenu dernièrement par téléphone avec le président tunisien. Le chef de la diplomatie américaine a exprimé le souhait de
La cheffe du gouvernement Najla Bouden reçue par le président Algérien Tabboune.

Kaïs Saïed préside les conseils des ministres et dessine la politique interne de l’exécutif son pays quant à la concrétisation des réformes politiques dans les plus brefs délais, réitérant le soutien permanent des États-Unis à la Tunisie, notamment, auprès des institutions financières internationales, et ce, « sous réserve que les délais des réformes soient aussitôt fixés », a-t-il insisté.
Pour sa part, le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed a fait part de sa volonté de la Tunisie de sortir de la situation exceptionnelle actuelle et d’œuvrer pour un retour à la normale et a assuré que les préparatifs se poursuivent pour concrétiser les prochaines étapes, réitérant sa volonté de passer de la situation exceptionnelle actuelle à une situation qualifiée de « normale » et appelant les partenaires de la Tunisie d›être compréhensifs à l›égard des conditions économiques et sociales qui constituent le problème essentiel et principal de la Tunisie.
Il a à cet effet réexpliquer les raisons du recours à l’article 80 de la Constitution, rappelant que cette décision était devenue une nécessité, notamment à cause de la paralysie des travaux du Parlement qui s›était transformé en un champ de bataille et un espace permanent de violences physiques et verbales soulignant que la corruption s›est propagée au sein de l›État et dans le Parlement, signalant que la levée de l’immunité des députés, après le 25 juillet, avait permis de les poursuivre en justice.Il a, également, indiqué que de nombreuses rumeurs et inexactitudes sont propagées à l›étranger par des individus et des sociétés suspectes qui veulent nuire à leur patrie, à travers la fabrication de crises et la diffusion de mensonges et de calomnies.
Saïed a souligné que les allégations propagées n’ont aucun fondement puisqu’il n’y a eu aucune atteinte aux droits et aux libertés individuelles en Tunisie, assurant que la liberté de manifestation a été bel et bien garantie durant ces derniers mois, contrairement aux informations propagées.
Toutefois, ce plaidoyer tunisien n’a pas pour autant convaincu les Américains qui ont exclu la Tunisie de la participation au sommet américain sur la démocratie où elle était souvent l’invitée d’honneur dans ce genre d’événement, en tant que «seule expérience du printemps arabe qui a réussi sa transition démocratique».