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EDITO BP 5437 • Dakar-Fann • Sénégal Tel: +221 33 824 21 34 magvie@environnement-afrique.com

EDITEURS Association de Lutte pour la Préservation de l'Environnement (ALPE) & Laboratoire de Rayonnements Naturels & Artificiels (LRNA) de la FST/UCAD

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Pr. Adams TIDJANI DIRECTEUR DE LA REDACTION Ibrahima GUEYE Khalil RELATIONS PUBLIQUES Yacine DANSOKHO SERVICE ABONNEMENTS Anicet DASYLVA SERVICE COMMERCIAL Abdellah BENGELOUNE SECRETARIAT Elisabeth Basse NDOUR

INFOGRAPHIE www.greeneyezdesign.com

IMPRESSION La Rochette

DISTRIBUTION ADP

VIE

LE MIROIR DE L’ENVIRONNEMENT

Premier magazine scientifique sur les problématiques environnementales et la Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO) en Afrique de l’Ouest, VIE est devenu un véritable outil d’aide à la décision pour les différents acteurs (ONG, fondations, autorités de l’Etat, opérateurs économiques…) et citoyens que nous sommes. Votre magazine VIE vous revient après une période de restructuration qui a permis à l’équipe de VIE de continuer son travail de sentinelle de l’environnement : nos participations aux panels et conférences sur l’environnement, le lancement sur la 88.4 FM d’une émission sur l’environnement et, la création d’une unité de production audiovisuelle « Carré Vert ». Avec un nouveau design, VIE poursuit son évolution en maintenant sa ligne éditoriale qui consiste à vulgariser l’information environnementale, à contribuer à l’éveil des consciences sur les défis environnementaux, à faire connaitre les bonnes pratiques environnementales. La nouvelle formule de VIE sera accompagnée d’une e-newsletter mensuelle qui sera envoyée à tous nos abonnés et sera également disponible sur notre nouveau site internet. C’est le lieu de remercier tous les partenaires qui nous accompagnent dans cette exaltante mission et de lancer un appel à nos nombreux abonnés pour qu’ils renouvellent leur abonnement à temps. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons garder notre indépendance rédactionnelle. Six ans après le lancement du premier numéro de VIE, comment a évolué la situation envi-

ronnementale au Sénégal ? Sommes nous devenus les gardiens de la nature ou continuons nous à subir le diktat du « consommer plus » au risque de mettre en péril les générations futures ? Dans les discours et sur la réglementation, nos dirigeants prennent des actes forts comme l’obligation d’une étude d’impact environnemental de tout projet, l’instauration de la notion de développement durable dans tous les ministères, l’introduction de la dimension environnementale au sein du Conseil Economique et Social. À côté de cela, des contre exemples persistent : la gestion des ordures ménagères, la sous capacité de traitement des eaux usées, la problématique des inondations, l’encombrement de la voie publique, l’agression de la biodiversité, les coupes d’arbres, l’avancée de la mer consécutive à l’action anthropique de l’homme. C’est à ce dernier aspect que sera consacré le dossier de votre magazine VIE nouvelle formule. Pour freiner ce phénomène, il est proposé dans ce dossier la nécessité d’établir, sur nos 700 km de côtes, un plan de gestion intégrée qui vise à mettre en place un mécanisme de gestion durable des ressources côtières et qui inclura l’adaptation de l’usage et de l’aménagement du littoral sénégalais aux effets du changement climatique. Nous ne saurions terminer sans évoquer la journée mondiale de l’environnement 2013 dont le thème choisi était « Pensez-mangez-préservez ». Nous défendons l’idée que la seule façon de consommer durablement est de « consommer local ». Pr Adams TIDJANI

Citation : Article 40 - Charte du Mandé (XIII siècle – Soudjata Keita) « La brousse est notre bien le plus précieux, chacun se doit de la protéger et de La préserver pour le bonheur de tous ». Photo couverture : Plage de débarquement île de Diogué, Basse Casamance


SOMMAIRE 6 Veille environnementale sénégalaise 6. Les actes du 4ème Forum International de Dakar sur la RSE 6 . Lancement du projet Eco maires Afrique 7 Le concept de gouvernance verte 7 Atelier de renforcement de capacité des journalistes sur la Régénération Naturelle Assistée (RNA)

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Santé & Environnement

Dossier

17. Le riz, aliment sain par excellence 19. Gestes écologiques pour un quotidien plus responsable et plus durable

32. Les zones côtières du Sénégal, zone d’enjeux sous forte pression 34. L’étude de gestion intégrée des zones côtières (GIZC) 36. Les enjeux et différentes perceptions de la GIZC 37. L’analyse juridique et institutionnelle de la GIZC 39. Vers une stratégie GIZC au niveau de sites pilotes 40. La stratégie GIZC nationale de l’État du Sénégal

14 Famille 8. Les couches lavables sont-elles plus écologiques que les jetables ?

16 Développement Durable 10. Effets de l’urbanisation mondiale sur la biodiversité 13. La Régénération Naturelle Assistée : « Beysatol » un moyen de lutte contre la dégradation de l’environnement, l’insécurité alimentaire et la pauvreté

20 Stratégies 20. La Grande Muraille Verte, vers la restauration des terres arides 22. Quels objectifs de développement après 2015 ?

24 Pollution de l’air 24. Les particules des moteurs diesel sont cancérigènes

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Environnement & Entreprises

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Veille environnementale 42 Au travail en vélo, un ministre montre l’exemple 42 Les 3 pouvoirs écologiques de l’urine 43 L’Afrique à la 2ème place du classement mondial de la déforestation 43 Diabète et dépression, le cercle vicieux 44 RSE : LESIEUR, BOLERA et AREVA, grands gagnants de l’hypocrisie environnementale 2012 44 Les dessous toxiques des vêtements

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27. La mortalité cardio-vasculaire dans le monde du travail

Eco-jeunes

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Changements Climatiques

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Management QSE

Lettre de l’Océanium

15. Climat : un accord décevant au Sommet de DOHA

30. De la théorie à la pratique du management QSE

48. Pour une agriculture vivrière et protec-

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46. Nous vivons avec trop de bruit !

trice de l’environnement au Sénégal


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Veille Environnementale Sénégalaise LES ACTES DU 4ème FORUM INTERNATIONAL DE DAKAR SUR LA RSE

© Sandy Haessner

La 4ème édition du Forum international de Dakar sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), organisée par l’Initiative RSE Sénégal en partenariat avec l’Ambassade du Canada au Sénégal et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) s’est tenu les 02 et 03 Novembre 2012 au King Fahd Palace Hôtel, sous le haut parrainage de M. le Premier Ministre du Gouvernement du Sénégal. A l’issue des journées qui ont enregistré 150 participants (représentants des entreprises/patronat, Etat/collectivités, société civile/syndicats de travailleurs, milieux académiques) et 25 experts intervenants, il est ressorti que le Forum RSE de Dakar constitue désormais un cadre idéal d’échanges et de débats qu’il convient de pérenniser pour mieux vulgariser la RSE/RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) au Sénégal et en Afrique de l’Ouest.

et les collectivités du concept de la RSE/RSO. Aussi, ils ont réitéré leur appel pour que les plus hautes autorités des Etats d’Afrique de l’ouest affirment une plus ferme volonté politique de faire de la RSE un axe de développement stratégique.

Partant de l’identification des obstacles au déploiement de la RSE/RSO présentée lors de l’édition précédente du Forum de Dakar (Mars 2010), les participants ont constaté une faible évolution dans l’appropriation par l’Etat

Différentes résolutions ont été prises lors du Forum : • Contribuer à la mise en place d’un cadre institutionnel sur la Responsabilité Sociétale, • Lancer une initiative de partenariat dans le

Philippe Barry, Président fondateur, RSE Sénégal de Dakar

LANCEMENT DU PROJET ECO MAIRES AFRIQUE Le 15 janvier 2013, le projet « les Eco Maires Afrique », né de l’association « les Eco Maires » créée en France en 1989, a été lancé. Les Eco Maires fédèrent plus de 1900 communes adhérentes et 2000 collectivités partenaires. Maud LELIÈVRE, Conseillère Politique du Ministre de l’Environnement français Delphine BATHO, en est la Vice- Présidente à l’Action Internationale. L'objectif premier des Eco Maires Afrique est de créer des axes d'échanges et de coopération pour une meilleure prise en charge de l'environnement au niveau des collectivités africaines. Pour avoir

domaine de la communication sur la Responsabilité Sociétale, • Mener, avec les entreprises signataires de la charte RSE & DD (Responsabilité Sociétale des Entreprises/ Développement Durable), des projets structurants RSE&DD ayant un impact sur l’emploi local, • Soutenir le développement d’un réseau RSE sous-régional, • Initier des partenariats sous-régionaux et internationaux dans le domaine de la formation qualifiante et professionnelle en RSE

participé activement au sommet Africités, nous nous sommes rendus compte de l’importance de cette mise en réseau des collectivités mondiales ( Nord-Sud, Sud Sud, etc). L’association « les Eco Maires » riche de son expérience en la matière se propose d’animer et d’orienter un réseau d’élus mobilisés sur les problématiques environnementales et de développement durable. Notre mission : • Affirmer le rôle des collectivités africaines pour le développement durable • Apporter une expertise adaptée pour l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies locales et nationales en matière de DD • Participer au renforcement de capacités • Sensibiliser les collectivités locales aux nouveaux enjeux du DD et proposer des projets • Organiser des colloques et agir • Initier des programmes de Coop Dec (Coopération Décentralisée)


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LE CONCEPT DE

GOUVERNANCE VERTE Fondée en 1986 et reconnue légalement en 1991, L’Association Sénégalaise des Femmes Diplômées des Universités (ASFDU) vient de lancer le concept de « Gouvernance Verte ». Aujourd’hui, l’heure est à un changement radical de paradigmes de développement, face au constat d’échec des voies imposées par les Institutions financières internationales, telles que l’ajustement structurel, l’échange inégal aggravé par les effets de la mondia-

lisation. Lors de la conférence de RIO + 20 en juin 2012, le Président de la République du Sénégal a proposé le concept de « Gouvernance Verte », comme nouveau levier des politiques économiques et sociales des pays du Sud, afin de mieux les équilibrer et les soutenir par des technologies et des modes de production écologiquement rationnels. Comment faire de cette gouvernance verte ainsi décrite, la clé de voûte de l’éradication de la pauvreté, la voie vers l’instauration définitive du développement durable ? L’ASFDU et les associations partenaires ont décidé d’accompagner le chef de l’Etat en s’inscrivant dans la dynamique de la Gouvernance Verte. Ainsi, le 4 janvier 2013, elle a lancé le mouvement en organisant une conférence de presse qui a été suivie le 8 janvier par la caravane de la Gouvernance Verte. Le 18 janvier 2013, un dîner débat sur « la gouvernance verte : rôle et place des femmes ».

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Au cours de ce diner, 3 thématiques de discussion ont été proposées : • le renforcement et la sauvegarde de la paix, de la sécurité, de la justice, de l’équité dans l’accès à l’éducation, à la santé, à l'emploi, notamment pour les femmes et les jeunes, • le Réseautage des associations féminines en vue de la création de « Solidarités actives » entre femmes : universitaires, rurales, citadines, actrices de tous les secteurs de la vie économique, pour l’exploitation judicieuse et responsable de nos ressources naturelles ainsi que leur valorisation, grâce à une approche plus scientifique, propre à respecter les équilibres écologiques et à sauvegarder l’environnement. • l’accroissement de la sécurité alimentaire, grâce à une implication tous azimuts des femmes.

ATELIER DE RENFORCEMENT DE CAPACITÉ DES JOURNALISTES SUR LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE

ASSISTÉE (RNA) L’Initiative pour le Reverdissement de l’Afrique (ARI) s’est donnée pour mission de promouvoir les approches agro-forestières, comme la Régénération Naturelle Assistée

(RNA), afin de contribuer à réduire la pauvreté rurale et à renforcer les capacités des populations à s’adapter aux changements climatiques.

Les membres du GREP lors d’une visite de terrain.

A ce titre, les médias constituent un canal indispensable pour la communication et la diffusion des pratiques d’agroforesterie. C’est ainsi que IED Afrique et World Vision ont opté pour une plus grande implication des médias dans le processus de valorisation et de diffusion des expériences agroforestières. Cela s’est traduit en acte par une collaboration avec le Groupe de Recherche Environnement et Presse (GREP). Dans le cadre de ce partenariat, IED Afrique (Innovations Environnement Développement) en partenariat avec World Vision et le GREP, a organisé un atelier de renforcement des capacités des journalistes sur l’agroforesterie du 26 au 28 novembre 2012 à l'hôtel Le Relais de Kaolack, Sénégal. L’objectif général de cet atelier était de familiariser les journalistes avec les pratiques agro-forestières comme la RNA, notamment à travers une présentation sur leurs impacts dans la production agricole et la lutte contre la pauvreté. L’atelier a permis de sensibiliser les journalistes sur les limites du cadre politique et institutionnel actuel dans le domaine de l’agroforesterie.


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Famille

LES COUCHES LAVABLES

SONT-ELLES PLUS ÉCOLOGIQUES

QUE LES JETABLES ?

À l’instar des lingettes nettoyantes, démaquillantes ou des couverts en plastique, les couches jetables ont l’avantage d’être pratiques : une fois utilisée, on jette la couche et on en prend une autre. Cette manière de faire, désastreuse pour l’environnement, nécessite de s’interroger sur nos habitudes. Depuis quelques années, les couches lavables sont vantées comme la solution à tous nos problèmes. La réalité est pourtant bien plus complexe, explications :

Les couches lavables sont-elles réellement plus écologiques ?

Pratique bien maitrisée par nos femmes dans le temps, la couche lavable était la solution. Le coût du poste budget « couche » était maîtrisé, l’hygiène était sous contrôle. Il faut reconnaître que dans ce schéma, les enfants devenaient « propres » plus rapidement. Avec l’avènement des couches jetables, nos femmes ont substitué les couches lavables par les premières créant ainsi un poste budget très important. Si le coût était uniquement financier, mais il peut être aussi environnemental. La question des impacts environnementaux des couches peut faire sourire : pourtant, un enfant utilise environ 3 800 couches jetables avant d’être propre, selon l’ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Ces articles d’hygiène (dont font également partie les protections féminines, les cotons, etc.) représentent chaque année une quantité importante de déchets : environ 1 million de tonnes en France. S’il est vrai qu’au Sénégal, le tonnage est beaucoup moins important car il faut reconnaître que l’utilisation de couches jetables est un luxe dans nos pays en voie de développement.


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que l’on referme et glisse dans la machine une fois venue l’heure de la lessive : pratique !

Comment réduire mes impacts environnementaux si je suis un(e) adepte des couches jetables ?

‟ Mais la tendance qui se dessine montre que nous prenons la même trajectoire que les pays développés. Par contre, d’après le même organisme, un enfant n’a besoin que d’environ 30 couches lavables. Elles sont faites avec des matériaux plus respectueux de l’environnement : coton, bambou, chanvre, flanelle et ne nécessitent donc pas ou peu de plastique et de produits chimiques. Sans compter que le tissu respire mieux, un avantage indéniable pour les petites fesses fragiles de bébé. Toutefois, ces couches ont aussi leurs propres impacts environnementaux, puisqu’elles sont lavées en moyenne 137 fois : bien qu’elles produisent indéniablement moins de déchets, elles représentent donc une consommation importante d’eau et d’énergie si on utilise une machine à laver électrique. Grâce à la méthode d’Analyse du Cycle de Vie (ACV), une étude britannique est parvenue à évaluer objectivement les impacts environnementaux (de l’extraction des matières premières à la fin de vie) de ces deux types de couches. D’après un pédopsychiatre, un enfant acquiert la propreté diurne entre 24 et 30 mois et la propreté nocturne entre 27 et 34 mois. Cela génère donc des impacts environnementaux significatifs dans 3 domaines :

un enfant utilise environ 3 800 couches jetables avant d’être propre

l’utilisation de ressources naturelles, la pollution de l’eau et de l’air et, les émissions de gaz à effet de serre. Contrairement aux idées reçues, la couche lavable ne présente pas un bilan plus positif : l’une et l’autre des solutions génèrent environ 600 kg équivalent CO2 par an et contribuent à l’épuisement des ressources naturelles et à l’acidification atmosphérique. Les couches lavables ne constituent donc pas une solution miracle. Ce pédopsychiatre souligne toutefois que « lorsque les couches jetables n’existaient pas, les enfants étaient propres plus tôt. En effet, le lavage des couches obligeait les parents et les nourrices à être plus exigeants envers les enfants. Actuellement, un certain nombre de communautés africaines qui ne peuvent avoir des couches jetables apprennent bien plus précocement à leurs enfants à être propres. »

Les couches lavables sont-elles plus économiques ?

Même si l’on intègre le budget « lessive », les couches lavables permettent de faire des économies conséquentes puisqu’elles coûtent deux fois moins chères en moyenne que leurs homologues jetables. L’écart se creuse encore si vous avez beaucoup d’enfants, car les couches lavables peuvent être réutilisées à souhait. Pour le stockage des couches sales, investir dans un seau hermétique permet d’y déposer les couches dans un filet de lavage

Le consommateur est bien peu armé. En effet, les principaux inconvénients de la couche jetable se situent au niveau de sa fabrication et du traitement des déchets. Les fabricants essaient plusieurs pistes : recours à des matières premières moins menacées d’épuisement ou renouvelables, couches plus légères, moindre recours à des produits chimiques pour stériliser la couche etc. Un fabricant s’essayant dans l’économie verte a lancé des couches qui garantissent au consommateur qu’à performance égale, la couche jetable entraîne moins d’impacts environnementaux. Enfin, méfiez-vous des couches dites biodégradables qui ne le sont jamais entièrement, aussi jetez-les avec le reste de vos ordures ménagères.

Comment réduire mes impacts environnementaux si je suis un(e) adepte des couches lavables

L’utilisateur a plus de possibilités avec les couches lavables : il s’agit d’adopter des réflexes simples (laver les couches dans des machines remplies et à 60% maximum, investir dans une machine classée A/A/A ou s’en passer, sécher les couches à l’air libre et non pas au sèche linge, recourir à des lessives respectueuses de l’environnement, doser la lessive raisonnablement, ne pas repasser les couches). Enfin, si la couche n’est pas usée, elle peut tout à fait être réutilisée pour un autre enfant.

Couches lavables vs couches jetables : match nul ?

Difficile de trancher. Sur le plan économique, l’avantage est net pour les couches lavables. La question des impacts environnementaux est beaucoup plus ambiguë : l’une comme l’autre des solutions présentent des défauts qu’il faut essayer de minimiser. Pour le confort de l’enfant, si la couche lavable est débarrassée de produits chimiques, elle peut en revanche causer plus d’irritations si l’enfant reste longtemps mouillé car elle s’avère légèrement moins absorbante. Enfin, le recours à des couches lavables s’avère un peu plus contraignant, mais cela s’estompe avec de l’organisation et de l’habitude. À vous de trancher, mesdames… Marième NDOUR


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Développement Durable

EFFETS DE L’URBANISATION

MONDIALE SUR LA BIODIVERSITÉ Dans la plupart des capitales mondiales, les pressions sur la biodiversité augmentent et plusieurs indices témoignent de son déclin. La plus importante des causes de ce déclin est l’urbanisation qui participe de façon importante à la perte et à la dégradation des habitats. En Afrique, les pressions exercées sur la biodiversité par

Occupation anarchique à proximité de l’aéroport de Dakar

nos milieux urbanisés sont d’autant plus exacerbées que plus de la moitié des populations vit en milieu urbain. Si les tendances actuelles se maintiennent, l’urbanisation planétaire aura des répercussions importantes sur la biodiversité engendrant des conséquences sur la santé humaine et le développement.


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La biodiversité urbaine

La biodiversité urbaine se définit comme la variété des organismes vivants, y compris leurs variations génétiques, de même que la multiplicité des habitats, dans les établissements humains et autour de ceux-ci. La diversité des écosystèmes urbains est en effet caractérisée par la présence et l’influence marquée des humains. Cette biodiversité rend des services écologiques dont certains sont particulièrement utiles. Parmi eux, on peut citer : • la régulation du cycle hydrologique ; • l’amélioration de la qualité de l’eau et du sol ; • la stabilité des berges ; • l’amélioration de la qualité de l’air ; • la modération des effets des conditions météorologiques extrêmes; • la lutte contre certaines espèces nuisibles ; • le maintien des espèces par la dispersion des graines et la pollinisation des végétaux ; • l’amélioration de la qualité du cadre de vie ; • l’accroissement des revenus. Selon une nouvelle étude de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB) intitulée « les villes et les perspectives de la biodiversité », les schémas d’expansion des terres urbaines anticipés influenceront la biodiversité et les écosystèmes vitaux. A partir des conclusions d'études de plus de 123 scientifiques, plus de 60 % des terres deviendront urbaines d’ici 2030. Cela représente une occasion majeure d’améliorer grandement la durabilité des villes par la promotion d’un développement urbain à faible émission de carbone et qui soit économe en ressources, pouvant ainsi réduire les effets négatifs sur la biodiversité et améliorer la qualité de la vie, selon ces mêmes résultats. L’urbanisation mondiale s’est faite progressivement. Il est vrai qu’il y a eu une accélération du processus ces deux dernières décennies avec l’atteinte d’un point de non retour en 2008 où pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de la moitié de la population huOccupation de la mangrove de la Somone

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L’expansion urbaine est plus rapide dans les régions qui se situent près des points chauds de biodiversité et près des zones côtières

maine vivait en milieu urbain. Cette tendance devrait s’alourdir puisque l’aire urbaine mondiale totale devrait tripler entre 2000 et 2030, avec une population urbaine qui pourrait doubler et atteindre jusqu’à 4,9 milliards d’individus. D’ici 2030, les villes du monde en développement, grandes et petites, abriteront 81 % de la population urbaine de la planète. Cette situation risque d’entrainer une pression énorme sur l’environnement en général et la biodiversité en particulier. La pression des villes sur l’environnement et la biodiversité Cette expansion urbaine pèsera lourd sur les ressources en eau (qualité et quantité) et les autres ressources naturelles disponibles en plus de consommer des terres agricoles et des milieux «naturels». Dans l’étude de la CDB, il est mentionné que l’expansion urbaine est plus rapide dans les régions qui se situent près des points chauds de biodiversité et près des zones côtières. Dans les régions à urbanisation rapide, comme en Afrique sub-saharienne, en Inde et en Chine, les ressources nécessaires à la mise en œuvre et à la planification urbaine durable font souvent défaut. La ville s’accroît alors anarchiquement, sans cohérence et sans adéquation avec les systèmes d’assainissement et de fourniture d’eau et d’énergie, ce qui contribue à détériorer durablement l’environnement. Au Sénégal, cette emprise des espaces jusque-là dédiés à d’autres fins, occasionne des conséquences catastrophiques lors des pluies abondantes (phénomènes d’inondation récurrents et qui s’amplifient d’année en année). Le rôle de la biodiversité en ville Dans un plan d’aménagement bien pensé, les villes peuvent maintenir leur biodiversité. Au cœur de la ville, le maintien des espaces verts


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urbains rend de nombreux services comme la captation et la filtration des poussières ainsi que l’absorption du dioxyde de carbone de l’air, améliorant ainsi la qualité de l’air. Ainsi, une étude menée au Royaume-Uni démontre qu’une augmentation de 10% en couvert forestier dans les villes peut entraîner une diminution de 3-4 °C de la température ambiante, ce qui réduit l’énergie utilisée pour la climatisation l’été. Aujourd’hui tous les jardins de Dakar ont été détruits alors qu'il y en avait un dans chaque quartier il y a à peine 20 ans. L'un des rares encore « sur pied » est le jardin de Fann Hock et ceci grâce à la mobilisation des jeunes du quartier. De surcroît, on sait que la biodiversité urbaine fournit également d’importants avantages pour la santé humaine. Des études ont démontré que la proximité des arbres peut réduire la prévalence de l’asthme et des allergies chez les enfants. Aujourd’hui, dans le cadre du développement durable, la planification urbaine doit être bien pensée. Elle devrait aborder les enjeux de biodiversité ainsi que d’autres priorités telles la réduction de la pauvreté, l’emploi, le logement, et peut engendrer des effets positifs sur la santé et sur l’environnement. Les grandes tendances de l’urbanisation dans le monde Les tendances d’urbanisation varient d’un continent à un autre. Mais on peut citer quelques cas de réussite comme celui des péages urbains dans certaines grandes villes européennes (Londres, Stockholm, Milan, Bogota...). Dans certaines villes, des mesures de fermeture des routes aux voitures les week-ends, ont permis l’amélioration du système de transport des autobus et la création de pistes cyclables. Résultat : les résidents ont accru leurs activités physiques tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre, ce qui permet de lutter contre le fléau de l’obésité tout en limitant le réchauffement climatique.

L’urbanisation en Asie

D’après cette même étude, le continent asiatique concentrera la moitié de l’augmentation mondiale des terres urbaines pour les 20 prochaines années. Les changements les plus extensifs se produiront en Chine et en Inde. La croissance des pôles urbains en Inde (tel le corridor industriel Mumbai-Delhi) est susceptible de transformer des régions entières, avec des impacts significatifs sur les habitats et la biodiversité. La perte de terres agricoles découlant de l’urbanisation, combinée avec une planification des chaînes alimentaires insuffisante, devrait affecter lourdement la sécurité alimentaire de la future population croissante de l’Inde. Toutefois, l’urbanisation modifiera les modes de vie, ce qui pourrait diminuer la pression sur les fo-

Engagement des femmes de Joal Fadiouth pour la préservation de leur environnement

rêts vu un usage réduit de bois et de charbon comme source d’énergie. En Chine, les aires urbaines s’étendent de plus en plus sur les aires protégées. L’urbanisation en Afrique L’Afrique s’urbanise plus rapidement que tout autre continent, et la majorité de la croissance démographique se produira dans les villes de moins de 1 million d’habitants. Malheureusement, ces villes ont souvent des structures de gouvernance faibles, des niveaux élevés de pauvreté et une faible capacité scientifique en ce qui a trait à la biodiversité. Etant donné que la plus part des populations de ce continent dépendent des services fournis par les écosystèmes (par exemple : les ressources en eau et aliments), on risque de connaître des situations encore plus alarmantes.

L’urbanisation en Amérique latine et dans les Caraïbes

Le nombre de villes dans la région a été multiplié par 6 au cours de ces 50 dernières années. L’étalement urbain causé par le logement de populations à faible revenu se produit souvent dans des zones d’intérêt pour la biodiversité et les services éco systémiques, tels que les zones humides ou inondables. Celles-ci sont considérées à tort comme étant de valeur marginale par les planificateurs.

L’urbanisation en Europe et en Amérique du Nord

En Europe, le taux d’urbanisation actuel est de 70-80 %, et la croissance urbaine des récentes décennies a majoritairement pris la forme d’un étalement urbain plutôt que d’une densification urbaine. Ainsi, plusieurs villes d’Europe et d’Amérique du Nord ont

vu leurs populations centrales se réduire ou évoluer en même tant que l’étalement des constructions en banlieue et dans les zones ex-urbaines.

Les différentes stratégies d’aménagement

La restauration ou le verdissement de sites par les autorités des villes peuvent appuyer les efforts pour l’atteinte de l’objectif de 15 % des écosystèmes qui devront être restaurés d’ici 2020. Les politiques mises en place doivent aider à prévenir l’extinction des espèces à travers la recherche et les investissements via les zoos, les aquariums et musées, plusieurs d’entre eux étant gérés par les villes. Pour établir un plan d’aménagement durable et cohérent, les villes doivent tenir compte des contraintes suivantes : 1. Préserver, entretenir ou conserver les milieux naturels ; 2. Créer des espaces verts publics qui participent à la biodiversité urbaine ; 3. Aménager des continuités écologiques ; 4. Urbaniser en favorisant la conservation sur le site ; 5. Diminuer le stress et la pollution des milieux naturels ; 6. Tisser un ensemble d’espaces propices à la biodiversité ; 7. Restaurer les milieux naturels dégradés. En résumé, les villes peuvent mettre en avant ces stratégies promouvant la biodiversité en utilisant des outils de planification, de réglementation, de protection, d’intervention et de promotion, de même que des dispositifs fiscaux et financiers. Jacques Momar NDIAYE


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LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE ASSISTÉE (RNA) : « BEYSATOL » UN MOYEN DE LUTTE CONTRE LA DÉGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT, L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA PAUVRETÉ

A l’instar de la plupart des pays du Sahel, le Sénégal est confronté depuis des décennies à la pauvreté plus accrue en milieu rural, en particulier dans les zones Centre, Sud et Nord Est. Ceci s’explique surtout par les déficits pluviométriques récurrents qui, combinés aux facteurs anthropiques (des pratiques culturales inadaptées, des feux de brousse permanents, des coupes abusives, et), ont sérieusement affecté les grands équilibres écologiques, entraînant une dégradation des ressources naturelles avec comme corollaire une paupérisation croissante des ménages ruraux. En fait, la surexploitation

des ressources naturelles pour répondre aux besoins agricoles, pastoraux et énergétiques (domestiques) a entraîné une dégradation de la base de production dont les conséquences sont : l'érosion hydrique et éolienne, la baisse de la fertilité des terres, la baisse des rendements agricoles, l’insécurité alimentaire, l’exode rural, etc. C’est dans ce contexte qu’a été lancé le projet « Beysatol » qui a connu un grand succès dans la région de Kaffrine. Par la suite, World Vision Sénégal a lancé un nouveau programme appelé « Beylene Sen Tol ».

Un champ où est pratiquée la régénération naturelle assistée

P

ar une nouvelle approche inclusive et nationale, le projet « Beylene Sen Tol » se propose d’implanter définitivement, dans toute la région de Kaffrine, les bonnes pratiques visant à la préservation de l’environnement. S’inscrivant dans la continuation du projet Beysatol, le projet Beylene Sen Tol vise à l’amélioration durable des conditions économiques et environnementales des populations à plus grande échelle par la vulgarisation de la technique de la régénération naturelle assistée (RNA). En effet, la régénération du milieu naturel peut être utilisée comme moyen de lutte contre la détérioration progressive des terres de culture qui découle d’une longue monoculture arachidière, de la surexploitation et la mauvaise gestion des ressources naturelles. Le projet Beylen Sen Tol, comme le précédent, est mené en collaboration avec les services techniques déconcentrés (Eaux et Forêts, Elevage, etc.) et certaines structures de recherche et de conseil en agriculture (Institut Sénégalais de Recherche Agricole, ISRA ; Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural, ANCAR) et les conseils ruraux ; ces


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La pratique massive de la RNA devrait permettre aux populations d’atteindre la sécurité alimentaire tout en préservant l’environnement et en développant des activités génératrices de revenus producteurs l’acquisition de foyers améliorés utilisant moins de charbon de bois et pouvant même utiliser des coques d’arachide pour la cuisson afin de limiter les coupes abusives de bois pour les besoins énergétiques. Comme mesure incitative, les agriculteurs pratiquant la RNA seront favorisés dans l’obtention de ces fourneaux économiques.

Diabou Gaye, une pionnière de la RNA

derniers étant les « goal owners » de toutes les interventions et des acquis. La pratique massive de la RNA devrait permettre aux populations d’atteindre la sécurité alimentaire tout en préservant l’environnement et en développant des activités génératrices de revenus (maraîchage, plantation d’arbres fruitiers, commercialisation des fruits forestiers, apiculture, …). Le projet Beylene Sen Tol, bien qu’adressé aux paysans en priorité, touchera directement 20 250 personnes et indirectement 302 000 personnes.

Pratique de la RNA

A l’évaluation du projet Beysatol, la pratique de la RNA appliquée sur 39 315 hectares soit environ 55% du territoire, avait permis une amélioration de la fertilité des terres qui s’est traduite par une augmentation du rendement de culture (jusqu’à 60% selon une étude comparative menée par une équipe de chercheurs de l’ISRA, Institut Sénégalais de Recherche Agricole). Cette pratique a également entrainé une augmentation du couvert végétal grâce à une sensibilisation des populations qui ont alors évité les coupes abusives pour les besoins énergétiques (bois pour la cuisine). Le projet Beylen Sen Tol vise à consolider ces acquis en disséminant la pratique de la RNA sur au moins 90% de toute la région de Kaffrine. Pour accompagner cette dynamique, le projet va faciliter pour les

Aujourd’hui, le lien existant entre l’environnement (préservé grâce à la pratique de la RNA), la sécurité alimentaire et le bien être de l’enfant est bien établi et compris par les populations bénéficiaires grâce aux retombées des stratégies développées par le projet. La participation des femmes dans la réalisation du projet Baysatol était notoire, mais limitée par leur faible pouvoir de décision sur les questions touchant la gestion des terres du ménage (elles ne sont pas propriétaires de terres). Ainsi, le projet Beylen Sen Tol souhaite encourager une reconsidération du statut de la femme aussi bien au niveau communautaire qu’au niveau législatif surtout pour ce qui concerne l’accès à la terre pour mener des activités agricoles.

Sensibilisation, formation et plaidoyer

En matière de communication concernant la RNA et son impact positif sur la protection de l’environnement, le projet Beysatol était parvenu à sensibiliser toutes les couches de la société en impliquant les enseignants des écoles et des Dahras (pour la sensibilisation des jeunes), les chefs religieux (importants moteurs de communication auprès des populations), en investissant les lieux de regroupement, etc. Beylen Sen Tol se donne comme objectif de sensibiliser davantage les producteurs sur les avantages et la finalité de la RNA pour convaincre les plus réticents et pérenniser sa pratique, de mieux diffuser les bonnes pratiques en matière de pratique de la RNA auprès des autorités locales et

nationales pour son intégration dans la politique agricole, faire un lobbying au niveau des autorités nationales pour l’introduction du module « Environnement / RNA et sécurité alimentaire» dans le curriculum des programmes d’école. Cependant, cette visibilité sera plus grande si les champs en bordure de route intègrent le projet RNA comme le souhaiteraient les responsables du projet Beylen Sen Tol. Pour augmenter la probabilité de réussite de la RNA, le projet Beylen Sen tol se propose d’épauler un certain nombre de pépinières forestières communautaires afin de produire des plants du Dimba (Cordyla pinnata) et de Venn (Pterocarpus erinaceus). Ces derniers seront plantés dans les champs pour renforcer les régénérations naturelles, du fait de leurs qualités fertilisantes et fourragères. Ces derniers seront plantés dans les champs pour renforcer les régénérations naturelles, du fait de leurs qualités fertilisantes et fourragères. Pour mieux impliquer les femmes dans la protection de l’environnement, un groupe de 60 femmes sera formé et servira de vecteurs pour le reste de la communauté. Leur travail sera facilité en véhiculant des messages de sensibilisation par le biais des radios locales, du porte à porte voire même de caravanes mobiles. Cependant, une sensibilisation particulière sera dirigée vers les populations migratoires telles que les peulhs pour éviter qu’ils abattent les jeunes arbres sous RNA, ce qu’ils ont tendance à faire sur leur passage.

Vers une modélisation de la RNA

Il est certain, vu son succès et son impact sur l’environnement, que la RNA sera appelée à être appliquée un peu partout au Sénégal. Ainsi, un modèle d’application de la RNA pourrait être intéressant à l’avenir. Ce pourquoi, le projet Beylen Sen Tol souhaiterait anticiper sur cette demande en développant un modèle sur des sites pilotes à Fatick et à Kolda, deux sites totalement différents par la géologie, la faune et la flore. Penda SARR Environnementaliste


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Changements Climatiques

CLIMAT :UN ACCORD DÉCEVANT AU SOMMET DE DOHA Malgré la menace qui pèse sur notre planète, les 192 pays, réunis pour prolonger le protocole de Kyoto, n’ont pas pu trouver un terrain d’entente. N'eut été le « dirigisme » du vice-Premier ministre qatari Abdallah al-Attiya qui présidait les débats, le fiasco risquait d’être total. C’est la première fois que les négociations sur le changement climatique ont lieu au Moyen-Orient. La conférence a attiré environ 9 000 participants, dont 4 356 personnalités gouvernementales, 3 956 représentants d’organes et institutions des Nations Unies, d’organisations intergouvernementales et d’organisations de la société civile, et 683 membres des médias. Les représentants des 192 pays présents se sont séparés avec un accord (si on peut l’appeler ainsi) minimal qui ne fâche pas mais ne satisfait personne…


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Les accords de Kyoto prenant fin en 2015, il convenait lors du sommet de Doha de proroger le protocole de Kyoto, seul accord légal contraignant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La nécessité de trouver un accord qui engage tous les États était d’autant plus urgente que la situation de la planète devient de plus en plus préoccupante. D’après de nombreux experts, si la situation actuelle est maintenue, la température de la planète se dirige dangereusement vers une hausse de 3°C à 5°C de la température globale alors qu’au delà de 2°C, le système climatique risque de s’emballer. Aujourd’hui, la majorité des pays ressent les conséquences du réchauffement climatique (inondations, sécheresses, événements extrêmes tels que les tempêtes, les feux de brousse, etc.), mais quand il s’agit de prendre des mesures hardies pour lutter contre ce réchauffement par la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) responsables, la table de négociation se vide.

L’accord de Doha vers Kyoto 2

Devant de tels comportements, peut-on encore parler de solidarité mondiale ?

A Doha, on est resté à l’état de promesse sans engagement ferme des principaux pollueurs qui reconnaissent leur «responsabilité historique» sur le dérèglement climatique. La question de l’air chaud a été l’un des plus importants points d’achoppement. Cette question concerne le surplus de quotas d’émissions de GES hérités de Kyoto 1, soit 13 milliards de tonnes équivalent CO2, détenus principalement par la Russie, l’Ukraine et la Pologne. Un droit de polluer en somme. De nombreux pays s’inquiètent de l’utilisation de ces crédits, mettant en avant qu’ils ne permettent de réduire les GES que sur le papier. Le troisième point a porté sur le processus qualifié de « coopération à long terme ». Il s’est agi de lancer le processus d’adoption, d’ici à 2015, d’un accord (dont la forme n’est pas encore connue) bien plus contraignant pour les pays au niveau de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, devant être appliqué dès 2020.

Un accord pour rien

A la lecture du communiqué final, la réaction des ONG ne s’est pas fait attendre. Six grandes ONG, Action Aid, Christian Aid, Oxfam, Greenpeace, WWF et Friends of the Earth, ont fustigé l’attitude de certains pays comme les États-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Russie et la Pologne, et le manque de leadership de l’Union Européenne et de l’Australie. Dans un communiqué intitulé « les négociations de Doha enterrent l’action internationale pour le climat dans le désert », les organisations dénoncent le manque de volonté politique des pays industrialisés et la capitulation des pays en développement. Ces derniers ont dû se contenter d’un accord qui ne mène ni vers la réduction effective des gaz à effet de serre et le financement des besoins en adaptation, ni vers un accord plus musclé pour 2015 assurant une « transition réussie ». « Pour stabiliser le climat, il faudrait que les Américains divisent par dix leurs émissions et les Européens par quatre » détaille un climatologue. Cette mutation ne peut pas se faire du jour au lendemain mais se dérober est un risque pour l'avenir de notre planète.

Le quatrième point s’est appesanti sur le L'accord principal signé à Doha est le lanceprincipe de « Loss and Damage » ou « pertes ment de la seconde période d'engagement du et dommages » qui prévoit des compensaprotocole de Kyoto (Kyoto 2), qui contraint tions destinées aux sinistrés des catastrophes l'Union Européenne, l’Australie et une diPr Adams TIDJANI liées aux changements climatiques. Ce point zaine d’autres pays industrialisés à réduire Synthèse réalisée à partir de Alerte google a rencontré une opposition farouche des leurs émissions de GES entre janvier 2013 et Doha Etats Unis et d’autres pays du nord. décembre 2020. Quand on sait que ces pays Les pays devraient se retrouver dans 3 ans ne représentent que 15 % des émissions de pour conclure un accord « universel » sur les gaz à effet de serre, on peut douter de l’imréductions de gaz à effet de serre. Accord qui pact d’un tel accord. Les principaux poln’entrerait en vigueur qu’en… 2020. lueurs que sont les Etats Unis (qui n’avaient même pas ratifié Kyoto), le Japon, Destruction des édifices côtiers du fait de l’érosion côtière accentuée par le changement climatique la Russie, le Canada (qui s’est retiré de Kyoto) et la Chine ont refusé de s’engager. Devant de tels comportements, peut-on encore parler de solidarité mondiale ? Le second point important est d’ordre financier. Les pays du Sud s’attendaient à la création d’un fond pour financer leur adaptation au réchauffement climatique. Ces pays, très attachés au protocole de Kyoto, jugent que c’est le seul instrument légal sur le climat. Les pays du Sud espéraient des pays développés qu’ils s’engagent à verser 60 milliards de dollars d’ici 2015, permettant d'assurer une transition entre l’aide d’urgence de 30 milliards de dollars (USD) pour 2010-2012, et la promesse des 100 milliards de dollars (USD) par an d’ici 2020.


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Santé & Environnement

Epis de riz

LE RIZ, ALIMENT SAIN PAR EXCELLENCE

Le riz est une céréale qui représente la nourriture de base de plus de la moitié de la population mondiale. Il pousse dans les régions tropicales, le plus souvent sous l’eau, dans les rizières, mais parfois sur un terrain sec. Cet aliment est entouré de légendes et de symboliques : les croyances anciennes démontrent les pouvoirs mystiques du riz et se traduisent par de nombreux rites. Ainsi, pour purifier un terrain avant la construction d’une maison on procède à l’éparpillement de grains de riz pour chasser les mauvais esprits. Nous connaissons tous le lancer de riz sur les nouveaux mariés. Tradition païenne fort ancienne, cette pratique symbolise la fertilité, la prospérité mais aussi la force. Il est également censé éloigner les mauvais esprits des époux et rendre leur union fructueuse. Du fait de la longévité des asiatiques dont le riz, ce glucide lent, est la principale nourriture, on peut imaginer qu’il a des vertus qui ne sont pas évidentes au Sénégal dont le riz est également la principale alimentation ! Est-ce dû au mode de cuisson ? Sachez que depuis l’indépendance, en 1960, la consommation de riz au Sénégal a augmenté de près de 1 000 % en 4 décennies et se situe actuellement à environ 1,5 million de tonnes par an.


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Le riz est la première céréale mondiale pour l’alimentation humaine, la deuxième après le maïs pour le tonnage récolté. Pratique et facile à cuisiner, le riz s’intègre à l’élaboration de nombreux plats et possède de nombreuses qualités. Il offre également des applications médicinales de taille pour lesquelles on exploite les rhizomes, les grains et les graines germées. Le riz blanc est le grain qui reste une fois le son et le germe retiré, le riz brun conserve le son et le germe. Le riz est tout d’abord une importante source d’énergie. Appartenant à la famille des féculents, il apporte des protéines végétales et contient des glucides complexes lents. Ces derniers sont libérés progressivement dans l’organisme et fournissent l’énergie au fur et à mesure des besoins. Le riz ne fait donc pas grossir !

Propriétés générales

D’après des études épidémiologiques, la consommation de riz complet permettrait de réduire les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité et même de certains cancers. Ces propriétés seraient liées à la synergie entre les nombreux composés qu’il contient, tels les fibres, les antioxydants, les vitamines et les minéraux. Le riz complet est constitué de grains entiers pour lesquels la couche externe – ou son – n’a pas été enlevée, les bienfaits nutritionnels y sont donc optimaux. Et désormais inspirés par la conservation des nutriments du grain de riz complet, les industriels ont mis en place de nouvelles façons de conserver les vitamines et minéraux dans le riz blanc ! La consommation de riz est recommandée pour les personnes atteintes de la maladie cœliaque qui est une affection auto-immune. Ces patients sont intolérants au gluten (protéine présente dans le grain de nombreuses céréales) et toute absorption de ce fameux gluten peut conduire à des troubles intestinaux importants : malabsorption intestinale débouchant sur des carences alimentaires. Le riz ne contenant pas de gluten, les cœliaques peuvent donc en manger en toute tranquillité. Le riz permet également de lutter conte la déshydratation. L’amidon de riz blanc aurait la propriété de réduire les pertes d’eau par l’organisme. L’eau de riz blanc est souvent utilisée dans les pays asiatiques pour réhydrater. Si vous avez l’intestin fragile, le riz blanc est tout

indiqué. En effet, le riz blanc est une céréale très douce pour l’intestin, car après sa digestion, cette céréale ne laisse pas beaucoup de résidus.

Propriétés spécifiques

Le riz renferme un fort taux d’hydrates de carbone (87% pour le riz blanc ; non cuit). Riche en vitamine B (acide folique et pyridoxine) il contient également du fer et du potassium. Le riz blanc est très pauvre en graisse (autour de 1%), par contre le riz brun en contient un peu plus. Le riz renferme une petite quantité de sodium et ne contient pas de cholestérol. En plus de tout cela, le riz est tonique, diurétique, digestif et régule la sudation. Certaines études ont démontré que c’est un hypotenseur auquel s’ajouteraient des propriétés anti-inflammatoire et anti-diarrhéique.

Indications

Consommer du riz en cas de dyspepsie chronique ; idéal contre les brûlures d’estomac principalement liées à la grossesse. Cependant, lorsque vous souffrez d’hypercalcémie, il est préférable de consommer du son de riz. Il a été prouvé qu’en appliquant un cataplasme de farine de riz sur les inflammations cutanées du type acné, rougeole, brûlures et hémorroïdes, vous guérissez très rapidement. Pour les femmes, il est conseillé d’augmenter la consommation de riz avant la menstruation. Les graines de riz traitent les affections urinaires alors que l’eau du riz facilite la disparition des maux d’estomac. Par contre, les graines de riz germés peuvent traiter les ballonnements abdominaux, le manque d’appétit et les indigestions.

Conclusion

Il faut savoir que des découvertes scientifiques ont démontré que le riz était une source d’alimentation humaine presque parfaite, avec un équilibre idéal entre protéines, lipides et glucides. Le germe et le son, bien que souvent éliminés au cours du polissage, sont riches en vitamines (en particulier B1), en minéraux, en fibres et en enzymes. De telles découvertes ont aidé à renouveler l’intérêt pour le riz comme clef d’un régime sain. wLucie PARROT Nutritionniste


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GESTES ECOLOGIQUES POUR UN QUOTIDIEN

PLUS RESPONSABLE ET PLUS DURABLE Combien de gestes destructeurs de l’environnement faisons-nous par jour ? Ne pas éteindre les lampes, laisser fonctionner la climatisation quand on est absent de la pièce, laisser couler l’eau quand on se lave les mains ou se brosse les dents, etc. Tous ces petits gestes accumulés dans la journée ne font qu’augmenter notre empreinte écologique, qu’on gagnerait à réduire pour le bien de la planète. Pourtant, dans notre vie de tous les jours, certains gestes extrêmement simples peuvent nous aider à économiser de l’énergie sans effort. Le tout est d’essayer d’y penser …

M

ettre un couvercle sur les casseroles, chaudrons et poêles vous permet d’économiser pas mal d’énergie tout en vous permettant de faire mieux cuire vos aliments et plus rapidement. Sachez que pour garder 1,5 litre d’eau en ébullition, il faut une puissance de 720 watts alors que 190 watts suffisent avec un couvercle. La différence est énorme ! Ce seul geste peut vous faire économiser des milliers de francs CFA par an.

comme liquide de rinçage dans les lave-vaisselle ou encore comme antirouille d’objets métalliques en les laissant tremper une nuit. Laver son linge à l’eau froide est aussi efficace que de laver à l’eau chaude. De nos jours avec les nouveaux détergents et les textiles modernes l’eau chaude ne sert plus à rien. Un lavage à 40°C consomme 3 fois moins d’électricité qu’un lavage à 90°C. En lavant à l’eau froide, vous pouvez économiser un bon pactole.

Vérifier la consommation d’énergie lors de l’achat de vos appareils électriques est un geste très important. Habituellement, les appareils les moins chers sont également ceux qui consomment le plus (par exemple, les postes téléviseurs plasma consomment beaucoup plus d’énergie que les téléviseurs LCD, ce qui explique leur différence de prix). Payer un peu plus cher à l’achat peut vous faire économiser sur le long terme. En achetant des appareils à faible consommation, vous pouvez économiser jusqu’à 50 % de votre facture d’électricité. Aidez-vous des étiquettes énergie pour faire votre choix (Figure 1).

Eteindre l’ordinateur lorsque vous n’en avez pas besoin ou le mettre en veille lorsque vous partez pour quelques minutes ne vous coûte rien et permet d’économiser de l’énergie. En effet, plus la puissance des ordinateurs augmente, plus ils consomment. Sachez qu’allumer fréquemment un ordinateur ne l’endommage pas.

Eviter l’eau de javel car elle est très nocive pour l’environnement. Dans la plupart des cas, elle n’est pas nécessaire. Saviez-vous que le vinaigre blanc était un très bon détachant ? En effet, selon son taux d’acidité il peut s’avérer très efficace en plus d’être écologique ! Il nettoie très bien le calcaire, les vitres, idéal

Adapter le jardin au climat de votre région est certainement la meilleure façon d’économiser de l’eau et de votre temps. Soyez un peu régionaliste et montrez fièrement que vous aimez les plantes qui poussent près de chez vous. S’il fait un peu plus chaud que la normale, acceptez que votre gazon devienne jaune.

Les populations s’investissant dans la restauration de la mangrove

Jacques Momar NDIAYE Environnementaliste


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Stratégies

LA GRANDE

MURAILLE VERTE LA RESTAURATION DES TERRES ARIDES

L’initiative de mise en place de la « grande muraille verte » a débuté en 2007. Projet d’envergure, supporté dès le départ par plusieurs États africains, la Grande Muraille Verte (GMV) s’est rapidement identifiée comme une réponse politique africaine à la désertification. Pour rappel, la GMV a pour objectif de relier Saint-Louis du Sénégal à AddisAbeba en Éthiopie par une barrière forestière de 15 km de large et 7 000 km de long. Cette barrière vise à bloquer voire inverser le processus de désertification qui dévaste cette immense région depuis 1973.

A

ujourd’hui, certaines régions sont fortement touchées par la La restauration des terres arides : un défi mondial désertification, en particulier les zones arides comme le Sahel, En s’inscrivant dans une logique de développement durable, bien souffrant depuis plusieurs décennies d’un déficit pluviométrique gérées et en bonne adéquation à leur environnement, les forêts qui en a bouleversé les grands équilibres écologiques. Dans le Sahel, des zones arides peuvent permettre d’affronter et d’adresser, de fazone intermédiaire entre les régions désertiques et tropicales, ce procesçon efficace et efficiente, des enjeux mondiaux comme la pauvreté, sus de désertification est accéléré par une multiEngagement des populations dans la réalisation de la grande muraille verte tude de facteurs tels que le manque de ressource en eau, la surcharge pastorale, la coupe du bois pour de multiples usages, les politiques foncières inadéquates, une mauvaise gouvernance et une méconnaissance générale de l’importance et de la vulnérabilité des écosystèmes. Dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel, l’une des actions phares retenue par les pays pour freiner cette avancée du désert, est la restauration des terres arides qui revêt une importance primordiale pour le futur des populations qui y vivent. En effet, plus que nulle part ailleurs, les forêts des zones arides jouent un rôle important dans la conservation de la biodiversité. Elles abritent des espèces uniques et endémiques particulièrement adaptées aux conditions écologiques extrêmes. Elles fournissent aussi des biens et des services essentiels qui sont à la base des moyens d’existence et du bienêtre des populations.


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l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les changements climatiques, l’érosion et la désertification. Ainsi, sur recommandation de ses membres, la FAO a lancé, à l’occasion d’un premier atelier international co-organisé avec la Turquie et la Coopération Technique Allemande (GIZ) à Konya, en Turquie, en mai 2012, le processus pour l’élaboration des lignes directrices pour la restauration des forêts et des terres dégradées dans les conditions environnementales, socio-économiques et culturelles contraignantes. Cette démarche vise ainsi à contribuer à la mise en place de paysages forestiers résilients en zones arides. Cette initiative contribue à la mise en œuvre de la stratégie décennale de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CCD) (2008-2018), du plan stratégique de la Convention des Nations Unies sur la Biodiversité (2011-2020) et aux efforts d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Enfin, elle vise à contribuer à la réalisation des objectifs du Défi de Bonn « Bonn

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privé, des partenaires de développement en matière de restauration des terres arides (semences, pépinières, techniques de plantation, gestion et conservation des eaux et des sols, régénération naturelle assistée). Au cours de cette rencontre, le texte sur les « Lignes directrices pour des paysages forestiers résilients aux changements globaux en zones arides » a été validé, accompagné de recommandations dont l’une est de le finaliser pour qu’il soit disponible, dans le cadre de la COP 11 (Convention des parties) de la CCD (Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification), en septembre 2013. En complément de ces lignes directrices globales, il a été signalé la nécessité de développer dans chaque pays concerné, d’autres outils pour rendre plus opérationnelles ces lignes directrices au contexte local (par exemple des fiches techniques). Les défis communs, entravant la réussite des initiatives de restauration des terres arides, ont également été identifiés ; parmi ceux ci, on peut citer : - les défis techniques (disponibilité et qualité des semences, nécessité d’une meilleure connexion entre la recherche et le développement, manque de capacités à différents niveaux en matière de gestion du-

Les étudiants s’investissant pour la grande muraille verte lors des vacances citoyennes

Challenge » pour la restauration de 150 millions d’hectares de terres dégradées et à la mise en œuvre de programmes de développement comme l’initiative africaine de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel qui concerne plus de 20 pays dans l’ensemble du pourtour Saharien (Afrique du Nord, Sahel et Corne d’Afrique). Le Sénégal, reconnu comme leader dans la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte, a naturellement été choisi pour abriter le deuxième atelier pour l’élaboration des lignes directrices à partir de l’analyse et des acquis de son expérience (pendant les visites de terrain) et également à cause de l’expertise de qualité présente ici.

Atelier d’élaboration des lignes directrices pour la restauration des terres arides

C’est ainsi que s’est tenu à Dakar, du 25 au 28 février 2013, un atelier autour de la thématique « Pour des paysages forestiers résilients aux changements globaux en zones arides : des lignes directrices ». Cet atelier - organisé conjointement par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable du Sénégal, la Direction des Eaux, Forêts, Chasses et de la Conservation des Sols du Sénégal, l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte, Sénégal, le Ministère des Affaires Forestières et de l’Eau de la Turquie, l’Agence Turque de Coopération Internationale (TIKA), la Commission de l’Union Africaine (CUA) et enfin, l’Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO) - a regroupé des experts et représentants d’Institutions gouvernementales et régionales, de recherche, des ONGs du secteur

rable des ressources naturelles, conservation des sols/ utilisation des eaux usées traitées pour la restauration, etc.), - les défis liés aux conditions biophysiques contraignantes (disponibilité / gestion des ressources en eau, érosion hydrique et éolienne, sécheresse, changement climatique), - les défis d’ordre institutionnel (régime foncier / accès limité aux ressources par les communautés, insuffisance de financement aux différents niveaux, manque de politiques liées aux problématiques des terres arides). Face à tous ces défis, il convenait d’identifier des actions communes permettant de surmonter ces derniers. C’est ainsi, qu’il a été suggéré, lors de l’atelier, des actions conjointes telles que la mise en place d’un cadre de concertation pour promouvoir les échanges des expériences entre les pays, développer des stratégies transfrontalières pour la conservation des espèces communes et la conservation et la gestion des aires protégées, la mise en place d’une plateforme pour faciliter l’accès / mobilisation des ressources financières, saisir les opportunités existantes de Renforcement de capacités (FAO/UE , NEPAD, France; JICA, etc.), réaffirmer le rôle de la recherche sur la gestion des plantations, planification et impact (suivi et évaluation), démontrer et rendre visible la contribution de la GMV dans la réalisation de l’objectif du défi de Bonn, continuer le plaidoyer en faveur des forêts des zones arides au niveau international. Penda SARR, Environnementaliste


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Le travail des femmes lors des récoltes de l’arachide

QUELS OBJECTIFS DE

DÉVELOPPEMENT APRÈS 2015 ? En marge de la rencontre « Africités », une réflexion sur les prochains objectifs du millénaire s’est tenue en décembre 2012. L’objectif de cette rencontre était de contribuer aux Assises lancées par Pascal CANFIN, Ministre Délégué chargé du Développement de la République Française et, qui ont débuté en novembre 2012 pour se poursuivre jusqu’en mars 2013. Ces Assises tentent de réunir l’ensemble des acteurs du Nord et du Sud avec pour objectif de débattre de la politique de développement de la France après 2015. « Quelle vision de développement après 2015 » a été le thème de notre réflexion qui a regroupé plusieurs acteurs du développement. L’objectif est d’engager un dialogue entre les partenaires sénégalais et la coopération française, dans le processus de discussion des futures orientations de la politique de développement et de solidarité internationales de la France.

L’

heure du bilan des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) a sonné. A l’analyse des résultats obtenus par les pays du Sud, il ressort que la mise en œuvre des OMD a enregistré des progrès contrastés. D’un pays à l’autre, dans différents domaines, des progrès ont été enregistrés. Les rapports de progrès des OMD, notamment celui de 2012 dédié à l’Afrique, font état d’avancées substantielles, mais encore très hétérogènes et potentiellement réversibles, si d’autres enjeux ne sont pas mieux traités. Cependant, vu le retard accusé dans certains domaines par certains pays, on parle aujourd’hui « d’accélération des OMD » d’ici l’échéance de 2015.

Bilan des OMD au Sénégal

Au Sénégal, comme dans plusieurs autres pays, des résultats contrastés sont enregistrés. Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, les secteurs sociaux et la protection des groupes vulnérables, des progrès ont été enregistrés. A titre d’exemple, pour : • la proportion de la population disposant de moins d’un dollar par jour Pour les personnes, elle est passée de 57,1 % en 2001 à 50,6 % en 2005 avec pour objectif d’atteindre les 25%. Pour les ménages (seuil de pauvreté), elle est passée de 48,5 % en 2002 à 42,6 % en 2005 avec un objectif visé de 11%.


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• le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans présentant une insuffisance pondérale Entre 1992 et 2005, les prévalences de l’insuffisance pondérale sont passées de 20 à 17 %, le retard de croissance de 22 à 16% et la maigreur des enfants de 9 % à 8 %. L’objectif visé dans les 3 cas en 2015 est de 15 %, nous n’en sommes pas loin ! Concernant l’accès à l’éducation, le taux net de scolarisation dans le primaire est de 74 % en 2007 avec pour objectif d’atteindre les 100 % en 2015. Quant à la proportion d’écoliers commençant la première année d’études dans l’enseignement primaire et achevant la cinquième année, elle était de 55,7 % en 2007. Le taux d’alphabétisation des 15 à 24 ans est passé à 58.9 % des hommes et 44.8 % des femmes en 2005. Cependant, cet accès à l’éducation massif ne s’accompagne pas d'un enseignement de qualité, ce qui relativise les scores atteints. Par contre, dans d’autres domaines comme la protection de l’environnement, la réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans, la question genre, la quasi-stagnation de l’incidence de la pauvreté avec une insécurité alimentaire élevée, de sensibles progrès sont attendus d’ici l’échéance de 2015. En conclusion de ces résultats, le PNUD affirme que la tendance actuelle, bien que prometteuse à certains égards, nécessite des efforts redoublés et continus de la part du Gouvernement du Sénégal et de la Communauté Internationale, pour permettre à l'ensemble des pays africains, d’atteindre les OMD en 2015.

Analyse de la détermination des OMD

Les OMD constituent le premier consensus international sur le développement jamais défini. Leur apport aux efforts des acteurs du développement depuis plus de 12 ans est essentiel. Simples, clairs, mesurables et symboliques, ils ont relancé l’action des bailleurs, permis d’évaluer les progrès réalisés à l’échelle internationale, contribué à sensibiliser et à mobiliser l’opinion publique. Ils offrent également aux sociétés civiles un outil de contrôle des politiques menées par leurs gouvernements et bailleurs. Le principe d’un agenda défini par un nombre limité d’objectifs non prescriptifs, mais assor-

Fin des récoltes

Au Sénégal, comme dans plusieurs autres pays, des résultats contrastés sont enregistrés

tis d’indicateurs, semblerait donc devoir être conservé. La principale critique faite par les acteurs est que lors de leurs élaborations, les OMD n’ont pas fait l’objet de discussions à la base. L’approche très « top-down » adoptée à la fin des années 90 pour définir les OMD a conduit à percevoir ces derniers comme un agenda des bailleurs, éloignés des réalités locales très diverses. Ainsi, pour la prochaine définition des OMD, les futurs objectifs ne doivent pas venir d’en haut mais plutôt du bas par une approche « bottom-up ». Les acteurs locaux, parmi lesquels les populations défavorisées, l’ensemble des partenaires du développement comme les élus locaux doivent impérativement prendre part au débat pour proposer des objectifs adaptés à leurs besoins et leurs réalités. Leur association et leur écoute sont essentielles. Le dialogue entre les sociétés civiles de tous les pays, dits développés, émergents et en développement, peut favoriser cette participation et cette écoute. Il doit être encouragé pour que ces échanges d’expériences et d’attentes nourrissent un agenda réellement universel.

Réunir les OMD avec les ODD

De plus en plus de voix s’élèvent pour un agenda unique, intégré et cohérent des OMD et des ODD (Objectifs du Développement Durable). On est aujourd’hui arrivé à l’évidence que l’atteinte des OMD sans un ancrage au développement durable est peine perdue... En effet, les 3 piliers du développement durable que sont le social, l'économie et l’environnement, rappelés à Rio +20, doivent s'intégrer aux OMD. Par exemple, l'éradication de la pauvreté semble à ce jour impossible sans une stratégie plus durable de développement, qui réponde notamment à la montée des inégalités, aux limites des modèles de croissance et à la dégradation de l’environnement. L'enjeu de la sécurité alimentaire également est un exemple emblématique de cette nécessité d’une approche globale et cohérente. Nous connaîtrons en septembre 2013 les principaux ODD, allons en profondeur sur les prochains OMD sachant que la dimension développement durable est essentielle. Pr Adams TIDJANI


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Pollution de l’air

LES PARTICULES

DES MOTEURS DIESEL SONT CANCÉRIGÈNES A l’avènement des voitures diesel, les consommateurs se sont précipités pour en acquérir du fait de leur consommation économique en carburant. Les gens ne se doutaient pas que quelques décennies plus tard, ce type de véhicule allait être diabolisé du fait de son impact sur notre santé. En effet tout récemment, à la suite d’une réunion d’experts internationaux, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) qui dépend de l’Organisation Mondiale de la Santé, a finalement classé les émissions des motorisations diesel comme cancérogènes pour l’Homme. Un grand pas en avant pour que cette technologie polluante et coûteuse soit définitivement abandonnée…

Le parc automobile sénégalais s’est « diéselisé ».

Aujourd’hui, nous sommes tous, à différents niveaux, exposés à la pollution automobile. Mais ceux qui sont les plus exposés, sont ceux qui empruntent les transports publics qui desservent la banlieue ; où les embouteillages sont les plus fréquents. On peut estimer à des milliers le nombre de personnes souffrant de problèmes sanitaires à cause de cette pollution, pouvant conduire à la mort dans certains cas. Le parc automobile sénégalais actuel ayant été « diéselisé », il revient à l’autorité de prendre des mesures préventives et/ou correctives pour préserver la santé des populations. S’il est vrai que depuis quelques mois, la Direction de l’Environnement et du Développement Durable dispose d’un centre de mesure de la pollution de l’air, aucune donnée n’a été jusqu’à présent mise à la disposi-

tion des populations ne serait-ce que pour tirer la sonnette d’alarme. Nous savons aujourd’hui que des mesures sont effectuées en différents points de Dakar sans aucune vulgarisation des résultats. Il aurait été simple de mettre dans la capitale Dakar - là où le problème est le plus aigu - des panneaux d’information qui auraient pour objectif de nous informer à chaque instant sur le niveau de pollution de la capitale. Cette forme de sensibilisation amènerait indéniablement les usagers à s’intéresser à la pollution de l’air et par ricochet aux problèmes environnementaux. Les particules émises par les moteurs diesel ne sont pas anodines. Selon leur finesse, elles peuvent provoquer des pathologies diverses telles que manifestations inflammatoires des voies respiratoires, allergies, crises d’asthme, bronchites chroniques à long terme, réduction de la capacité respiratoire chez les en-

fants, manifestations cardio-vasculaires et augmentation de la mortalité cardio-pulmonaire et du cancer chez l’adulte... Habiter à proximité du trafic routier est également un facteur majorant dans le développement de ces pathologies chroniques. Des études effectuées dans plusieurs villes européennes ont montré que le fait d’habiter à proximité du trafic routier pourrait être responsable d’environ 15% des asthmes de l’enfant. Concernant l’aspect cancérogène des particules émises par les moteurs diesel, les avis sont restés partagés pendant plusieurs années. De nombreuses études suspectaient déjà le caractère cancérogène des particules diesel et dès 1988, le Centre International de Recherche sur le Cancer classait les émissions diesel comme « probablement cancérogènes ». Depuis, de nouvelles évaluations ont été menées, notamment chez les


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travailleurs au contact de ces rejets (garagistes, routiers, mineurs, …). Ces résultats préoccupants ont été confirmés et soulignés par une vaste étude américaine sur l’exposition professionnelle aux émissions diesel dans des mines souterraines. Celle-ci a montré un risque accru de décès par cancer du poumon chez les travailleurs exposés. A partir de là, la dangerosité des particules émises par les diesel n’était plus à démontrer, il fallait agir. Signalons que les études ont montré jusquelà que les cancers induits par les émissions diesel sont le cancer du poumon (preuves suffisantes) et une implication dans le cancer de la vessie (preuves limitées).

Il faut réduire l’exposition aux particules issues des moteurs diesel

Au Sénégal où le parc automobile est en majorité constitué de voitures diesel, aucun acte fort pour limiter leur nombre n’a été pris par les autorités du pays. On aurait pu penser, avec le défi du changement climatique, que des mesures vigoureuses seraient prises

contre les voitures polluantes, mais rien n’a été fait. A défaut d’interdire les voitures diesel, l’État pourrait imposer des pots d’échappement catalytiques réducteurs d’émissions polluantes dont le contrôle serait confié au centre de visite technique actuel. Nous avons toujours prôné également un système de taxe verte qui irait alimenter un fond pour l’environnement (Fond Vert) qui pourrait être utilisé pour les particuliers et les industries qui s’inscriraient dans une démarche d’économie verte (installation d’énergie renouvelable, recyclage des déchets, mise aux normes environnementales).

Les zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA)

En France, il est expérimenté des zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA). Les mesures expérimentées dans ces ZAPA sont la restriction de circulation temporaire ou permanente des véhicules les plus polluants, la politique de stationnement en ville et en périphérie, la priorité donnée aux modes de transport collectifs propres, les modalités d’approvisionnement des commerces, l’analyse et la gestion d’un éventuel report de tra-

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fic, l’accélération du renouvellement du parc de véhicules anciens... Tous les véhicules motorisés sont concernés : deux roues, voitures particulières, véhicules utilitaires, camions, bus... La nomenclature proposée établit 4 catégories de véhicules du plus ancien au plus récent. Ces catégories sont calquées sur les différentes normes européennes élaborées au fil des ans pour fixer les limites maximales de rejets polluants des véhicules. Ainsi, sans surprise, les véhicules considérés comme les plus polluants sont les plus anciens : voitures datant d’avant le 31 décembre 1996 et deux-roues datant d’avant le 30 juin 2004. L’intérêt pour le gouvernement est donc double : améliorer la qualité de l’air mais aussi relancer l’achat de véhicules neufs suite à l’abandon de la prime à la casse fin 2010. Avec cet arsenal de mesures, il est certain que l’effet se fera sentir d’ici peu.

Réduire sa vitesse sur route … pour diminuer la pollution

Une autre alternative serait de réduire la vitesse sur route, mais cela suppose un engagement citoyen des conducteurs. Le postulat

La « diésélisation » du parc automobile sénégalais


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Si on réduit la vitesse de son véhicule, alors la consommation de carburant par véhicule baisse

de départ est le suivant : si on réduit la vitesse de son véhicule, alors la consommation de carburant par véhicule baisse et donc les émissions de polluants primaires au km parcouru diminuent également. Cependant, cela dépend aussi du type de route rencontré. D’après une étude de l’ADEME, sur les voies rapides, et notamment les autoroutes urbaines, « une vitesse limitée à 80 km/h permet de diminuer les émissions d’oxydes d’azote (NOx), de particules (PM10) et de Composés Organiques Volatils (COV) jusqu’à 20%. Malheureusement, une grande majorité des automobilistes ne respecte pas les limitations de vitesse sur les voies rapides. En conduite en ville, le passage de 50 km/h à 30 km/h affiche des résultats très variables voire contradictoires, soit de -10% à +30% selon les polluants et les études », indique le même organisme. En effet, plusieurs facteurs contribuent à la hausse et à la baisse des émissions : • les obstacles censés réguler le trafic (dos d’âne, nids de poule,...) ; • le comportement des usagers ; • la configuration des voies. Un mauvais comportement en ville est par exemple une conduite trop dynamique où l’automobiliste accélère et freine souvent. Une conduite souple et sûre permet un gain de carburant de 40% : éviter les freinages, les changements de rapports inutiles (20% d’économies), anticiper les ralentissements, éviter les accélérations intempestives et souvent inutiles, utiliser le frein moteur en décélérant pied levé avec une vitesse enclenchée.

Au-delà des comportements, un trafic fluide joue dans l’amélioration de la qualité de l’air.

Comment repenser les déplacements urbains pour réduire la pollution

Il est possible de prendre des mesures volontaristes qui visent à limiter et à réglementer de façon intelligente et souple la circulation automobile dans les villes. Sans faire le tour complet de toutes les expériences lancées dans le monde dans ce domaine, on peut évoquer 3 exemples, par ailleurs très différents, de «péage urbain» qui, sans être des panacées au problème de la pollution urbaine, ont permis des avancées certaines dans la bonne direction. Le premier exemple est celui de Londres qui a instauré un péage urbain depuis 2003. Très contesté lors de sa mise en service, il est aujourd’hui largement admis par les usagers et a permis une baisse notable de la circulation de l’ordre de 30% pour les voitures particulières et de 10% pour les camions. Parallèlement, les transports collectifs londoniens ont été améliorés et sont plus ponctuels, grâce à une meilleure fluidité du trafic. In fine, les autorités londoniennes ont pu réduire la quantité de véhicules particuliers en circulation grâce à la dissuasion du péage, ce qui a permis une offre de transports en commun renforcée et attractive. Deuxième exemple, celui de Stockholm qui a mis en place un péage urbain en 2008 après une période expérimentale de 7 mois. Il s’agit d’un péage limitant l’accès au centre-ville (35 km2) entre 6h40 et 18h30, du lundi au vendredi, à l’exception des jours fériés. Les

premières évaluations des effets de ce péage montrent qu’il a atteint les objectifs visés par la municipalité de Stockholm et notamment le premier d’entre eux : la diminution sensible de la circulation automobile et de la pollution de l’air dans le centre-ville. Troisième exemple : depuis le début de l’année, Milan a également ouvert son péage urbain, baptisé «Area C». Celui-ci remplace l’ancien système mis en place en 2008 mais qui ne concernait que les véhicules les plus polluants. Le bilan est déjà très encourageant puisque ce péage urbain élargi a permis de réduire d’un tiers le trafic, la pollution et le nombre d’accidents dans le centre ville. Ce péage oblige tous les usagers, à l’exception de ceux possédant un véhicule hybride ou électrique, à payer 5 euros pour entrer dans le centre de Milan, du lundi au vendredi de 07H30 à 19H30. Dans un proche avenir, grâce au progrès en électronique, en informatique et dans les capteurs, on peut imaginer des systèmes de péage urbain souples, modulables et intelligents. A ces mesures restrictives, il faut ajouter le développement de mise à disposition de véhicules électriques en libre-service dans certaines capitales européennes. Cependant, cela n’est pas suffisant ; il faut aussi actionner plus fortement le levier du covoiturage et de l’autopartage qui permet, dans des conditions économiques viables, une utilisation bien plus efficace et rationnelle du parc existant. Mamadou Seck GUEYE Master en QSE


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Environnement & Entreprises

LA MORTALITÉ CARDIO-VASCULAIRE DANS LE MONDE DU TRAVAIL

Les maladies cardio-vasculaires comptent parmi les causes les plus courantes de maladies et de décès au sein de la population active, en particulier dans les pays industriels et elles tendent également à devenir plus fréquentes dans les pays en développement. Des études ont montré que 15% à 20% des personnes actives seront atteintes par une maladie cardio-vasculaire à un moment ou à un autre de leur carrière, le risque augmentant nettement avec l’âge. Pour la tranche d’âge de 45 à 64 ans, plus d’un tiers des décès chez les hommes et plus d’un quart des décès chez les femmes, sont attribuables à ce type de maladies. Ces dernières années, les maladies cardio-vasculaires sont devenues la principale cause de décès chez les femmes après la ménopause.

E

n raison de leur étiologie complexe, seule une très petite proportion des cas de maladies cardio-vasculaires est reconnue comme étant d’origine professionnelle. Cependant, dans de nombreux pays, il est admis que l’exposition à des facteurs d’ordre professionnel contribue aux maladies cardio-vasculaires, on parle alors parfois de « maladies liées au travail ». Les conditions de travail et les contraintes liées au poste de travail jouent un rôle important dans le processus multifactoriel qui conduit à ces maladies, mais il est très difficile de déterminer le rôle exact de chaque facteur causal. Ces facteurs sont étroitement imbriqués, leurs influences respectives fluctuent et la maladie résulte souvent de leur combinaison ou de leur cumul, notamment dans le cas de ceux qui sont liés au travail.

La morbidité et la mortalité cardio-vasculaires dans le monde du travail

On entend par maladies cardio-vasculaires, les pathologies organiques ou fonctionnelles du cœur et du système circulatoire, ainsi que


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leurs répercussions sur d’autres organes. Ces affections sont classées sous les numéros 390 à 459 dans la neuvième révision de la Classification internationale des maladies (CIM) de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Plusieurs études ont déjà porté sur la prévalence des maladies cardio-vasculaires, l’incidence des nouveaux cas et la fréquence des décès, de la morbidité et de l’invalidité (statistiques de l’OMS sur différents pays).

Définition et prévalence dans la population en âge de travailler

Les maladies coronariennes (CIM 410-414), responsables d’une ischémie du myocarde, sont probablement les maladies cardio-vasculaires auxquelles la population active paie le plus lourd tribut, en particulier dans les pays industriels. Ces affections des coronaires se caractérisent par un rétrécissement du calibre des vaisseaux qui irriguent le muscle cardiaque, dû principalement à l’artériosclérose (athéromatose). Les coronaropathies concernent 0,9% à 1,5% des hommes en âge de travailler, contre 0,5% à 1,0% des femmes. Les maladies cardiaques inflammatoires (CIM 420-423) peuvent toucher l’endocarde, les valvules cardiaques, le péricarde ou le muscle cardiaque (myocarde). On les rencontre moins souvent dans les pays industriels où elles ne concernent même pas 0,01% de la population adulte. Par contre, elles sont plus courantes dans les pays en développement, ce qui pourrait être lié à

une plus grande prévalence de troubles nutritionnels et de maladies infectieuses dans ces pays. Les arythmies cardiaques (CIM 427) sont relativement rares en dépit de l’ample publicité donnée il y a quelque temps par les médias aux cas de handicaps et de morts subites chez des sportifs professionnels bien connus. Bien que ces troubles puissent altérer sensiblement la capacité de travail, ils sont souvent asymptomatiques et transitoires. Les cardiomyopathies (CIM 424) sont des maladies caractérisées par l’hypertrophie ou l’épaississement du muscle cardiaque, qui ont pour effet de réduire le calibre des vaisseaux coronaires et d’affaiblir le cœur. Bien que leur physiopathologie reste souvent obscure, ces maladies ont fait l’objet d’un regain d’attention ces dernières années, principalement à cause de l’amélioration des méthodes de diagnostic. Parmi les facteurs étiologiques avancés, on cite certaines infections, des maladies métaboliques, des troubles immunitaires ou des maladies inflammatoires professionnelles à des substances toxiques auxquelles nous attachons une importance particulière. On distingue 3 types de cardiomyopathies : • congestive – forme la plus commune (5 à 15 cas pour 100.000 personnes) ; elle va de pair avec une diminution de la fonction cardiaque ; • hypertrophique – épaississement et hy-

Campagne de dépistage de maladies cardiovasculaires

pertrophie du myocarde entraînant une insuffisance coronaire relative ; • restrictive – forme rare où il existe un obstacle aux contradictions normales du myocarde. L’hypertension artérielle (CIM 404-405) (augmentation de la pression artérielle systolique et/ou diastolique) est la maladie cardiovasculaire la plus fréquente. Elle touche 15% à 20% des travailleurs dans les pays industriels. L’hypertension artérielle fait l’objet de commentaires détaillés ci-dessous. L’artériosclérose (modifications athéromateuses) des vaisseaux sanguins d’important calibre (CIM 440), fréquemment associée à l’hypertension artérielle, nuit aux organes qu’ils irriguent. Parmi les maladies les plus importantes de ce type, on compte les maladies vasculaires cérébrales (CIM 430-438), attribuables soit à un infarcissement ou à

L’hypertension artérielle est la maladie cardiovasculaire la plus fréquente.

une hémorragie, soit à une combinaison des 2 mécanismes. Ces incidents surviennent chez 0.3% à 1.0% des personnes actives, généralement après 40 ans. Les maladies athéromateuses, notamment les maladies coronariennes, les accidents vasculaires cérébraux et l’hypertension artérielle, sont de loin les maladies cardio-vasculaires les plus fréquentes dans la population active. Elles sont d’origine multifactorielle et débutent tôt dans la vie. Leur importance dans le monde du travail résulte du fait que : • une proportion importante des personnes actives est atteinte d’une forme asymptomatique ou non identifiée de maladie cardio-vasculaire ; • les conditions de travail et les exigences du poste de travail peuvent aggraver l’évolution d’une maladie cardio-vasculaire ou déclencher des manifestations aiguës ; • l’apparition brutale des symptômes d’une maladie cardio-vasculaire est souvent attribuée aux tâches effectuées et/ou à l’environnement de travail ; • la plupart des individus qui souffrent d’une maladie cardio-vasculaire confirmée restent productifs, même s’il faut parfois leur proposer un programme de réadaptation et un reclassement professionnel ;


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• le lieu de travail est un endroit particulièrement propice à la mise en œuvre de programmes de prévention primaire et secondaire. Les troubles circulatoires fonctionnels des extrémités et de l’avant-bras (CIM 443) dont la maladie de Raynaud – pâleur transitoire des doigts – sont relativement rares. Certaines maladies liées au travail, comme les engelures, l’exposition répétée au chlorure de vinyle et les vibrations au niveau des mains et de l’avant-bras peuvent occasionner ces troubles. Les varices des membres inférieurs (CIM 454) souvent considérées à tort comme un simple problème esthétique, sont fréquentes chez les femmes, surtout au cours de la grossesse. Bien qu’il existe une prédisposition génétique à la fragilité des parois veineuses, les varices apparaissent généralement après de longues périodes en station debout immobile, à cause de la stase veineuse. Les douleurs et le gonflement des jambes qui s’ensuivent, imposent souvent un changement de poste ou une modification du contenu des tâches.

Les taux d’incidence annuels

De toutes les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle est celle où l’on observe le plus grand nombre de nouveaux cas

annuels dans la population active entre 35 et 64 ans. Dans cette tranche d’âge, on enregistre environ 1% de nouveaux cas tous les ans. Viennent ensuite les maladies coronariennes (8 et 92 nouveaux cas d’infarctus/10.000 femmes par an) et les accidents vasculaires cérébraux (12 à 30 cas/10.000 hommes par an, contre 76 à 30 cas/10.000 femmes par an). Comme les chiffres rassemblés dans le cadre du projet MONICA de l’OMS le démontrent, c’est en Chine (hommes) et en Espagne (femmes) que l’on observe le moins de nouveaux cas d’infarctus, tandis que les cas les plus nombreux concernent l’Ecosse (hommes et femmes). Ces chiffres sont importants : ils signifient en effet que dans une population en âge de travailler, 40% à 60% des victimes d’infarctus et 30% à 40% des victimes d’accidents vasculaires cérébraux, ne survivent pas à la première manifestation de ces maladies.

La mortalité

Dans la tranche d’âge des travailleurs ayant entre 15 et 64 ans, seuls 8% à 18% des décès par maladies cardio-vasculaires surviennent avant l’âge de 45 ans. La plupart des issues fatales concernent les personnes de plus de 45 ans et les taux annuels de décès augmentent régulièrement avec l’âge. Les chiffres de mortalité fluctuent et varient considérablement d’un pays à l’autre.

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L’incapacité de travail et la retraite anticipée

Les statistiques relatives aux journées de travail perdues en fonction du diagnostic mettent en lumière l’impact de la morbidité au sein de la population active, même si les désignations du diagnostic sont généralement moins précises que dans les cas de retraite anticipée pour motif d’invalidité. Les cas observés, exprimés le plus souvent en nombre de cas pour 10.000 salariés, donnent une idée de la fréquence des différentes classes de maladies. Le nombre moyen de journées de travail perdues par cas, indique la gravité relative de certaines affections. Ainsi, d’après les statistiques effectuées en Allemagne par les Allgemeine Ortskrankenkassen (AOK), sur 10 millions de travailleurs, 7,7% des cas d’incapacité de travail totale en 1991-92, étaient imputables aux maladies cardio-vasculaires, même si ce nombre de cas, ne représentait que 4,6% du nombre total de cas déclarés (voir tableau 1). Dans certains pays où une retraite anticipée est offerte en cas de diminution de la capacité de travail pour raisons de santé, le profil de fréquence des invalidités est superposable à celui des différentes classes de maladies cardio-vasculaires. Pr Adams TIDJANI Source : Encyclopédie de sécurité et de santé au travail- BIT- Tome 1- 2000

Tableau 1 : Taux de maladies cardio-vasculaires chez les personnes en retraite anticipée pour motif de capacité de travail réduite dans le monde.

Catégorie de diagnostic

Principales causes de maladies

Incapacité de travail moyenne par année

Retraite anticipée ; nombre pour 100.000 préretraités

Nombre de cas pour 100.000 salariés

Jours d’absence par cas

Hommes

Fe mmes

Hommes

Femmes

Hommes

Femmes

401-405

Hypertension artérielle et maladies consécutives

4.158

4.709

982

1.166

24.5

21.6

410-414

Cardiopathies ischémiques

9.635

2.981

1.176

529

51.2

35.4

410-412

Infarctus aigu ou ancien du myocarde

2.293

621

276

73

85.8

68.4

414

Maladies coronariennes

6.932

2.183

337

135

50.8

37.4

427

Troubles du rythme cardiaque

734

470

291

274

29.3

21.8

428

Insuffisances cardiaques

981

722

82

61

62.4

42.5

430-438

Maladies vasculaires cérébrales

4.415

2.592

172

120

75.6

58.9

440-448

Maladies des artères, artérioles et capillaires

3.785

1.540

238

90

59.9

44.5

451-456

Maladies des veines

464

679

1.020

1.427

22.9

20.3

458

Hypotension

29

62

616

1.501

9.4

9.5

459

Autres maladies circulatoires

37

41

1.056

2.094

11.5

10.2


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Management Qualité-SécuritéEnvironnement (QSE)

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE

DU MANAGEMENT QSE Réponse à la question d’audit N°1 de VIE 29

Je vous proposais de partager nos expériences d’audit en vous demandant de valider le besoin de notifier un écart mineur ou majeur dans le cadre de la situation suivante : « au cours d’une visite de terrain, vous découvrez des tâches sur une dalle de béton à proximité d’un groupe électrogène. Le responsable de Une centrale de groupes électrogènes

maintenance vous montre une fiche d’anomalie ouverte, il y a deux semaines, faisant état d’un déversement lors de l’opération de nettoyage du filtre, en statuant sur l’absence d’impact justifiant l’absence d’action corrective. Le responsable de maintenance n’a pas prévu de contrôle des opérations lors de la prochaine opération de nettoyage du filtre, certaines pages des consignes opératoires de nettoyage

du filtre sont tâchées rendant difficile la lecture du document. La contenance du filtre est 2 litres environ, mais l’opérateur utilise une boîte de conserve alimentaire de 0.5 l de contenance pour recueillir l’huile usagée. Le bon d’intervention dont la date coïncide avec la fiche d’anomalie enregistrée, ne comporte pas de commentaires au chapitre des observations. »


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Question d’audit N°2

Il n’existe pas une solution unique mais il n’est pas nécessaire de toutes les notifier, l’examen global du contexte de l’entreprise auditée doit permettre d’effectuer un choix compte tenu de la nature du risque. Au titre du chapitre 4.4.6 de la norme ISO 14001 : Maîtrise opérationnelle, je vous proposerais de notifier un écart mineur que je rédigerais de la manière suivante : Ecart : Rappel de l’exigence : « L’organisme doit identifier et planifier celles de ces opérations qui sont associées aux aspects environnementaux significatifs identifiés en cohérence avec sa politique environnementale et ses objectifs et cibles, afin de s’assurer qu’elles sont réalisées dans les conditions requises, en a) établissant, mettant et œuvre et tenant à jour des procédures documentées pour maîtriser les situations où l’absence de telles procédures pourrait entraîner des écarts par rapport à la politique environnementale et aux objectifs et cibles, b) stipulant les critères opératoires dans les procédures, et » Constat : Le volume du contenant de collecte des égouttures d’huiles usagées est inapproprié à l’opération d’entretien périodique de nettoyage du filtre du groupe électrogène, entraînant des déversements visibles au sol. Ecart : Les consignes opératoires ne comporte pas d’exigences concernant le volume du contenant à utiliser dans le cadre de l’opération de nettoyage des filtres du groupe électrogène. Risque : Déversement sur les sols, pollutions ou contamination des eaux pluviales. Autrement cet écart mineur pourrait-être notifié au titre du chapitre 8.3 de la norme ISO 9001 : Maîtrise du produit non conforme. Rappel de l’exigence : « L’organisme doit assurer que le produit qui n’est pas conforme aux exigences relatives au produit est identifié et maîtrisé de manière à empêcher son utilisation ou fourniture non intentionnelle. Une procédure documentée doit être établie pour

définir les contrôles ainsi que les responsabilités et autorités associées pour le traitement du produit non conforme. De façon adaptée, l’organisme doit traiter le produit non conforme de l’une ou plusieurs des manières suivantes: a) en menant les actions permettant d’éliminer la non-conformité détectée; b) en autorisant son utilisation, sa libération ou son acceptation par dérogation accordée par une autorité compétente ou, le cas échéant, par le client; c) en menant les actions permettant d’empêcher son utilisation ou son application prévue à l’origine; d) en menant les actions adaptées aux effets, réels ou potentiels, de la non-conformité lorsqu’un produit non conforme est détecté après livraison ou après que son utilisation a commencé. Lorsqu’un produit non conforme est corrigé, il doit être vérifié de nouveau pour démontrer la conformité aux exigences. Les enregistrements de la nature des nonconformités et de toutes les actions ultérieures entreprises, y compris les dérogations obtenues, doivent être conservés. Constat : Le responsable de la maintenance n’a pas programmé de validation des consignes opératoires de nettoyage des filtres des groupes électrogènes, qui ne font pas l’objet d’une modification notamment en ce qui concerne l’absence d’instruction sur le volume de l’outillage nécessaire à la réalisation sans déversement. Ecart : Le traitement du produit non conforme (déversement d’huile lors de l’opération de nettoyage des filtres) ne répond pas de façon adaptée à l’engagement de la direction de prévention des pollutions figurant dans les tâches et mission du service de Maintenance. Risque : Répétition des déversements, avec pollution des sols et contamination des eaux pluviales.

Je vous propose une autre situation pour laquelle je vous apporterais un éclairage lors du prochain numéro. Au cours de l’audit, les résultats de performances Santé & Sécurité présentés se dégradent, notamment avec une électrisation n’ayant pas fait l’objet d’un arrêt de travail . Lors de la visite de terrain vous trouvez deux armoires électriques ouvertes avec un jeu de barres conductrices sous tension sans protection, l’électricien qui n’a pas son habilitation sur lui vous affirme qu’il n’y a pas de danger, il utilise un tournevis isolé. Lorsque vous examinez le tournevis, celui-ci présente des entailles significatives en profondeur et largeur de la gaine isolante. Dans un atelier vous trouvez une prise saillante hors du mur avec les fils nus sous tension, l’opérateur d’une entreprise de nettoyage sous-traitante qui se trouve à proximité où le sol est couvert d’une pellicule d’eau assure le nettoyage de la salle, il ne connaît pas les risques électriques aux vues des réponses apportées lors de l’entretien avec lui. Pour alimenter la guérite du gardien, un câble traverse la cour au sol, il n’y a pas de marquage de la nature du câble visible, il présente en plusieurs endroits des traces de blessure. Dans l’armoire d’alimentation de cette guérite, il y a un disjoncteur différentiel qui ne fait pas l’objet d’un test périodique, mais qui doit être régulièrement réenclenché notamment lorsque le camion de livraison manœuvre dans la cour. A vous de jouez, vous pouvez écrire au journal pour apporter vos réponses, je répondrais personnellement aux courriers de ces lecteurs auditeurs ou non, responsable sécurité ou non, voir chefs d’entreprise conscient de la nécessité de maîtriser la sécurité au sein de son entreprise, car le savoir faire du personnel est la principale richesse de l’entreprise. Roger LUNEL Auditeur ICAE, QSE


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Dossier

LES ZONES CÔTIÈRES

DU SÉNÉGAL, ZONES D’ENJEU SOUS

FORTE PRESSION

Dossier réalisé par l'équipe du projet GIZC.

Avec environ 700 km de côtes le Sénégal est un pays qui dépend de ses zones côtières d’une part, du fait de leur contribution au PNB (Produit National Brut) dans la mesure où deux activités économiques majeures - la pêche et le tourisme – dépendent de ces sites côtiers et d’autre part, du fait de la très forte concentration de la population sur le littoral et ses parages. Or, les ressources côtières du Sénégal sont soumises à de fortes pressions (extraction de sable et d’autre sédiments à grande échelle, par exemple : la plage Malika, 400 camions par jour), érosion côtière, dégradation des

écosystèmes telles que la destruction des mangroves, développement peu contrôlé de nombreuses infrastructures notamment touristiques, salinisation, et inondations côtières) qui devraient aller en s’accentuant avec les changements climatiques et particulièrement l’élévation du niveau marin. D’où la nécessité de l’établissement d’un plan de gestion intégrée des zones côtières du Sénégal qui vise à mettre en place un mécanisme de gestion durable des ressources côtières et qui inclura l’adaptation de l’usage et de l’aménagement du littoral sénégalais aux effets du changement climatique.


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© Océanium

Prélèvement illégal de sable


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L’ÉTUDE DE

GESTION INTÉGRÉE

DES ZONES CÔTIÈRES (GIZC) L’étude de la gestion intégrée des zones côtières a débuté en janvier 2012 et est prévue pour une durée de 18 mois. Elle doit couvrir l’ensemble du littoral sénégalais (10 km vers l’intérieur, 50 km dans le cas des estuaires; et la ligne des 12 miles marins pour permettre notamment l’intégration des activités de pêches) et quatre (4) zones cibles. Les quatre zones côtières ciblées dans le contexte de cette étude sont d’une importance capitale pour le Sénégal et ceci pour diverses raisons. Plage du Cap Skiring, Basse Casamance

L

a presqu’île du Cap Vert est le lieu de la capitale, Dakar, qui concentre 20 à 25% de la population du Sénégal, attirée entre autres par l’importance des infrastructures, la présence de nombreuses activités économiques qui peuvent assurer des emplois. La Petite Côte du Sénégal, particulierement entre Somone et Nianing, est le lieu privilégié d’installation des structures touristiques et

ainsi est à l’origine d’une bonne partie des recettes en devises tout en constituant une part significative de la génération du PIB. L’île de Diogué située en Basse Casamance, représente une situation typique des îles de cette zone, quelque peu oubliée jusqu’à présent dans les plans de développement locaux.


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Aire de séchage du poisson, île de Diogué, Basse Casamance

Quant à Saint Louis, ville historique, classée au patrimoine mondial de l’humanité, les récentes inondations (destruction en mai 2010 d’environ cinq habitations du quartier de Guet Ndar) ont rappelé son extrême fragilité qui nécessite une prise de mesures dans un contexte plus global de gestion intégrée de la zone côtière. Ainsi, ces quatre sites pilotes présentent, à divers degrés, des fragilités importantes qui nécessitent la mise en place d’une véritable vision d’ensemble afin d’apporter des réponses adéquates aux problèmes auxquels elles sont confrontées. Ce projet s’inscrit dans l’initiative GCCA (Global Climate Change Alliance) de la Commission Européenne qui vise à aider les pays en développement les plus vulnérables à se préparer au changement climatique

(PMA et Petits Etats Insulaires). Cette étude constitue la composante stratégique d'une convention d’ un montant de 4 millions d'euros signée par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable avec l’Union Européenne qui inclut également une provision pour supporter des actions pilotes qui initieront l’exécution des activités retenues dans les plans GIZC, et d’autre part, devraient contribuer à consolider les mécanismes de concertation institutionnelle, seuls garants de pérennité à long terme de gestion durable des ressources côtières.

Qu’est ce que la Gestion Intégrée des Zones côtières (GIZC) ?

• à l’accès public à la zone côtière et de sa jouissance. Plutôt qu’une «gestion» au sens restrictif, la GIZC est un processus qui couvre l’ensemble du cycle de • collecte (préalable et continue) d’information, • planification en fonction de cette information, • prise de décision dans un cadre de développement durable qui concilie préservation de l’environnement et développement socio-économique, • gestion et suivi de la mise en œuvre. Le concept de planification inscrit dans cette « gestion » s’entend donc au sens le plus large

La Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) est un processus qui est à la fois dynamique, continu et itératif, conçu pour promouvoir la gestion durable des zones côtières. La GIZC cherche, sur le long terme, à créer un équilibre entre différents « bénéfices » pour l’environnement côtier et les populations qui y vivent ; • au développement économique et des usages de la zone côtière, • à la protection, préservation et restauration de la zone côtière, • à la minimalisation des pertes de vies humaines et de propriétés,

L’étude GIZC doit aboutir à trois résultats: • la mise sur pied d’un outil de suivi du littoral (Système d’Informations Géogra-

phiques - SIG) permettant de cartographier le littoral, de suivre son évolution et devant servir de base à un outil d’alerte ; • l’analyse du cadre juridique et institutionnel dans la perspective d’une gestion intégrée du littoral ; • un plan de gestion intégrée des zones côtières pour le Sénégal, assorti de 4 plans de gestion intégrée pour les sites pilotes désignés. La Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (DEEC) est le maître d’œuvre de cette étude et est appuyée par une assistance technique du consortium GOPA – PESCARES.

de développement de politique stratégique, plutôt qu’une simple planification sectorielle, de type « plan d’occupation des sols ». Le terme « intégré » se réfère à la fois à l’intégration des objectifs à atteindre et à l’intégration des multiples instruments nécessaires pour atteindre ces objectifs. Ceci signifie, d’une part, l’intégration « institutionnelle et législative » de tous les domaines politiques pertinents, dans tous les secteurs concernés, à tous les niveaux administratifs et, d’autre part, l’intégration « physique » de tous les composants terrestres et marins du territoire cible. La GIZC est donc intégrée à la fois dans le temps et dans l’espace, et est par nature multidisciplinaire.


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LES ENJEUX ET

DIFFÉRENTES PERCEPTIONS DE LA GIZC Q

u’elles se construisent du côté terre ou du côté mer, les deux approches GIZC se rejoignent sur la nécessité de mettre en œuvre la méthode globale et intégrée qui a été « intronisée », rappelons-le, à la conférence de Rio en 1984 avec la première définition du développement durable et de ses 3 piliers : l’environnement, l’économique et le social. Mais là où elles divergent, c’est que chacune limite son approche globale à l’ensemble des phénomènes qui se déroulent à l’intérieur de sa propre frontière ; pour les premiers jusqu’au « bord de la mer », pour les seconds jusqu’au « bord de la terre ». Jusqu’à présent, peu abordent le territoire littoral dans sa globalité complexe qui est composée de sa partie marine et liquide et de sa partie terrestre. En théorie, la gestion intégrée des zones côtières permet l’aménagement et l’utilisation durables des zones côtières, réalisé à partir d’une connaissance globale des territoires concernés. Elle prend en compte le développement économique et social lié à la présence de la mer, tout en sauvegardant pour les générations futures les équilibres biologiques et écologiques fragiles et les paysages de la zone côtière. Toutefois, dans les discours qui se recommandent de ces définitions, qu’il s’agisse de l’approche GIZC ou de celle du développement durable on survalorise souvent l’approche environnementale par rapport aux deux autres (économique et sociale). Ceci favorise la confusion entre développement durable et défense de l’environnement. Conséquence, on isole l’environnement et on oublie l’Homme. Pour défendre la biodiversité on fustige toute activité humaine. De leur côté, les décideurs politiques, les industriels qui affichent en toutes occasions leurs volontés de développer durablement la mer et le littoral privilégient de fait la composante économique du développement,

Erosion destructive sur l’île de Diogué

c’est-à-dire certains intérêts par rapport à d’autres. Ceci signifie souvent, privilégier la rentabilité à court terme (constructions touristiques, ports de plaisance, industries portuaires polluantes ou tel mode d’exploitation des richesses de la mer). Ceux-là ne tiennent pas compte a priori de l’environnement (biodiversité) et négligent le volet social c’est-àdire la majorité des êtres humains dans leur vie quotidienne qu’il s’agisse de l’augmentation du coût du logement due à l’industrie touristique ou des atteintes à la santé due à la pollution industrielle de la mer.

Le Système d’information Géographique (SIG)

Un outil essentiel pour supporter le développement de la GIZC est le Système d’ Information Géographique communément désigné comme SIG qui permet d’intégrer, de gérer et d’afficher des données à différentes échelles. Le système d’information géographique que le projet met en place en collaboration avec le Centre de Suivi Eco-

logique (CSE) doit permettre entre autres de visualiser l’évolution du trait de côte, l’évolution des risques et l’usage du littoral sénégalais. Il conduira aussi à la préparation d’atlas cartographiques regroupant différentes thématiques considérées comme prioritaires au niveau des sites pilotes ; ce sont notamment grands ensembles géomorphologiques, occupation des sols, sensibilité morpho-sédimentaire, densité de populations, habitats naturels, tourisme littoral, etc. qui seront préparés pour chaque zone pilote. Un premier recensement des données géographiques et documentations disponibles a été réalisé. On s’est vite rendu compte que la diversité et l’hétérogénéité en termes d’échelle et de contenu des données collectées obligent à faire des choix méthodologiques quant à l’élaboration du SIG. De plus la collecte des données et leur mise à jour régulière, qui est essentiel pour un suivi régulier de l’érosion côtière représentent un véritable challenge.


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L’ANALYSE JURIDIQUE

ET INSTITUTIONNELLE DE LA GIZC L’analyse juridique

De nombreuses institutions publiques et acteurs privés, interviennent dans la zone côtière objet de nombreux textes juridiques (conventions internationales, lois et règlements, contrats et protocoles, etc.) qui se complètent, se chevauchent et malgré tout contiennent une certaine imprécision sur laquelle jouent divers promoteurs ou citoyens peu soucieux de l’intégrité domaine public maritime pour l’encombrer de diverses infrastructures touristiques et récréatives bénéficiant ainsi gratuitement d’une qualité paysagère avantageuse qu'ils font payer très cher à leur clientèle ! Exemple typique d’un service environnemental généré par le domaine de l’état Avancée de la mer à Saly Portudal

mais non rétribué à son profit !! Ainsi, le domaine public maritime, défini par le code du domaine de l’Etat (loi n° 76-66 du 02 juillet 1976), complété par le code de la Marine Marchande (loi n°200222 du 16 août 2002) fait aujourd’hui l’ objet de déclassement pour abriter des lotissements ou des édifices destinés à des activités économiques, notamment le tourisme. C’est ainsi que sur une bonne partie du littoral de la région de Dakar et de la petite Côte, le domaine public maritime, s’est retrouvé réduit à moins de 30 mètres de large à partir de la limite atteinte par les plus fortes marées, au lieu des cent mètres définis dans la loi.


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Par ailleurs, en vue de faciliter la gestion de cette zone tant convoitée, un projet de loi littorale a été élaboré par une commission regroupant l’ ensemble des acteurs de la zone côtière coordonnée par la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés (DEEC). Ce projet a pour objectif d’instaurer de nouvelles dispositions juridiquement plus contraignantes, à même de garantir l’effectivité des règles existantes et de renforcer le dispositif de préservation et de valorisation dans une perspective de développement durable. Commune Communauté rurale

Domaine public maritime (DPM) 200 m

ouvrir de nouveau une brèche à une gestion inadaptée du littoral. En sus, il conviendra de réfléchir sur la question de l’ancrage institutionnel et des pouvoirs de l’organe de gestion du littoral proposé dans le projet de loi littorale. Entretemps, une analyse de l’ordonnancement juridique des textes actuellement en vigueur sur toute la bande littorale a été lancée afin de déceler les imperfections jusque-là inconnues dans les autres textes du corpus juridique (en particulier, les codes de l’environnement, de

Partie Maritime du littoral

Haute mer

LA MER

Basse mer

Conseil régional

Estran

Sous-sol mer territoriale 22 km

Délimitation du littoral et du Domaine Public Maritime (DPM) selon le projet de loi littorale Ce projet déjà approuvé par la cour constitutionnelle, a été réexaminé par un comité d’ experts juridiques mis en place en janvier 2013 par la DEEC. Ce comité a formulé un certain nombre de remarques afin de mieux préciser certains termes qui prêtaient à différentes interprétations et pourraient donc Un hôtel touristique menacé de disparition

L’analyse institutionnelle est une approche complète pour visualiser/identifier la capacité et la performance institutionnelles. L’approche tend à décrire les divers facteurs qui interviennent dans le développement institutionnel : ceci inclura notamment l’analyse détaillée des parties prenantes notamment les missions, structures, ressources humaines, culture, leadership, les systèmes de gestion formels et informels existants, et une évaluation de la performance). Dans le cadre de la GIZC, on s’attachera notamment à mettre en évidence tant au niveau local que national les mécanismes de concertation existants, que ceux-ci relèvent de la société civile ou d’organismes étatiques. Les points suivants seront particulièrement abordés :

Rivage

ZONE DES 100 MÈTRES INCONSTRUCTIBLES

L’analyse institutionnelle

l’urbanisme et du domaine de l’Etat) et susciter ainsi un e réforme d’ensemble au bénéfice de l’élaboration des PGIZC. La remarque est valable pour les textes sur la décentralisation et les transferts de compétences aux collectivités riveraines du littoral.

• Identification et sensibilisation de tous les acteurs qui interviennent dans l’utilisation du littoral et qui sont concernés par la GIZC ; • Réalisation de l’état des lieux de la planification en zone du littoral ; • Définition d’un dispositif de concertation et de GIZC au niveau les plus pertinents en associant les acteurs à partir des cadres de concertations existants, notamment ceux qui ont été mis en place avec l’élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement de la Grande Côte ou lors des concertations pendant l’élaboration de la loi littoral ; • Proposition de portage ou de cadrage institutionnel de mise en œuvre du plan GIZC, seul garant de sa pérennité et de sa mise en œuvre effective. Ainsi, pour s’assurer que la collecte et le traitement des données relatives au littoral se poursuivent après le projet UE (Union Européenne), l’équipe du projet œuvre pour mettre en place un comité fédérateur de données sur le littoral composé des principaux participants dans le domaine de la géomatique sur le littoral sénégalais. L’ équipe va aussi s’ attacher à examiner quel sera le rôle de ce comité lors de la mise en place de l’observatoire du littoral prévu dans le cadre du projet régional de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (Mission d’observation du littoral ouest-Africain), UEMOA (MOLOA). Dans les sites pilotes, le diagnostic a déjà permis de repérer les acteurs clefs, leurs forces et leurs faiblesses, et leur mécanisme de concertation ; l’équipe va maintenant s’attacher à proposer un mécanisme qui assurera le portage du plan GIZC au niveau local et le suivi de sa mise en œuvre. Ce travail d’échanges et de concertation va débuter dès à présent au niveau national.


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VERS UNE STRATÉGIE GIZC AU NIVEAU DE SITES PILOTES

L

e processus participatif adopté pour l’établissement des plans GIZC s’appuie sur deux modèles complémentaires de participation directe : en petits groupes spécialisés, pour débattre et proposer des «solutions»; et en groupe plus grand et hétérogène, représentatif de l’ensemble des acteurs locaux par exemple des « ateliers ou assemblée générale » au niveau desquels des consensus doivent se dégager sur le plan de la gestion intégrée. L’équipe a apporté un soin particulier à trouver un équilibre entre l’analyse technico-scientifique et l’engagement des acteurs dans un processus structuré de prise de décision. Si trop d’importance est donnée à la participation, on tombera dans un débat sans fin. Si les outils d’analyse reçoivent trop d’importance, on a des outils sophistiqués, mais pas de substance. Cet équilibre n’est pas facile à réaliser et exige un leadership fort (l’animateur présent sur chaque site et d’autres personnes d’appui) et des objectifs très concrets à atteindre. La présence d’une forte motivation accompagnée par une coordination technique de proximité est essentielle. La démarche proposée s’articule en trois phases : diagnostic partagé, analyse intégrée et planification concertée. Chacune se terminant par un atelier de restitution Cette approche renforce l’appropriation des enjeux locaux par les différentes catégories de participants et est essentielle pour la réussite du processus GIZC. « L'association de toutes les parties intéressées au processus de gestion » est d’ailleurs un des huit principes de la GIZC exposés dans la recommandation européenne du 31 mai 2002. Au total 12 ateliers sont prévus (3 par site pilote), et entre chaque atelier les groupes de travail se réunissent pour approfondir les questions relatives à la thématique dans laquelle ils se sont engagés. Chaque atelier regroupe de 30 à 50 participants selon les sites. Ces participants incluent toute une gamme d’acteurs provenant autant de la société civile que des institutions provinciales ; ainsi on y rencontre pêcheurs, transformatrices de poisson, chefs de villages, représentants de municipalités, chefs de service de diffé-

L’équilibre entre les aspects techniques et participatifs

rents départements provinciaux, représentants d’organisations non gouvernementales (ONGs). En revanche, bien que régulièrement convoqués, les représentants du secteur touristique se sont rarement manifestés. Au stade actuel, début avril 2013, 8 ateliers ont déjà été organisés. Les problématiques prioritaires exprimées par les participants sont par ordre décroissant : l’absence ou l’insuffisance de plans d’aménagement intégré du littoral, l’érosion côtière, l’insuffisance d’activités économiques diversifiées, l’insalubrité de la zone littorale, due tant à la mauvaise gestion des ordures qu'à l'absence ou l'insuffisance des réseaux d'assainissement, et enfin la gestion inappropriée des ressources naturelles principalement des ressources halieutiques. On notera l’absence de la menace de l’impact des changements climatiques, très rarement cité par les participants, quel que soit leur appartenance. Une thématique transversale telle que information, éducation et communication a aussi été mentionnée plusieurs fois à juste titre, car elle doit accompagner tout planning GIZC. Après le diagnostic, les acteurs ont ensuite défini des lignes d’actions générales et spécifiques pour adresser ces

problématiques et en sus à Mbour et Saint Louis, les sites les plus avancés, les groupes de travail ont déjà proposé une vingtaine de fiches de projet développées selon un cadenas standard proposé par l’équipe d’experts. Cet ensemble diagnostic, lignes d’actions et projets constitueront avec le volet institutionnel l’épine dorsale du plan local GIZC. Par ailleurs, un certain nombre de ces propositions de projet devraient pouvoir être financées dans le cadre de la convention mentionnée ci-dessus. Les acteurs locaux devraient donc pouvoir vivre un cycle complet de gestion participative avec le fruit de leurs efforts couronnés de succès ; ils auront ainsi participé à la préparation d’un plan de gestion et ensuite à sa mise en œuvre, mobilisant ainsi les aspects institutionnels et le suivi évaluation. Enfin, ces mêmes groupes vont s’attacher à rédiger une convention locale qui précisera leurs responsabilités respectives pour l’animation de leur entité institutionnelle, et au cours de l'exécution du plan local GIZC et de son suivi. Idéalement, ceci devrait conduire à une réactualisation du plan au bout des 5 ou 10 ans à venir.


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LA STRATÉGIE GIZC

NATIONALE

DE L’ETAT DU SÉNÉGAL

U

ne stratégie GIZC doit s’appuyer sur une vision prospective du littoral définie par les acteurs eux-mêmes. A cet effet on peut rappeler les différentes représentations du futur exprimées par les participants lors des ateliers sur les sites pilotes. Elles comprennent des images du genre paradis perdu à reconquérir tel « un littoral sain, boisé, non pollué, sécurisé, accessible, libéré et poissonneux » (Mbour), mais aussi des projections reflétant des préoccupations légitimes telles que une maîtrise de l’avancée de la mer » ou encore « une gestion rationnelle et durable des différentes ressources par les acteurs eux-mêmes » reflétant ainsi la volonté des citoyens d’être associés étroitement à la gestion des ressources du littoral, ce dont la stratégie nationale devra bien tenir compte. Pour ce premier cycle de gestion intégrée des zones côtières, on abordera en priorité les thèmes techniques et institutionnels mentionnés lors des ateliers sur les sites pilotes et qui ont une dimension nationale telles que la question de l’érosion et des processus sédimentaires, le manque de salubrité du littoral, le besoin de diversifier l’économie côtière trop dépendante de la pêche et du tourisme. Ceci renforcera aussi la relation niveau national niveau local et vice versa ou intégration verticale absolument nécessaire pour réussir un processus GIZC. A ces différentes thématiques bien ciblées, s’ajoutent des questions d’intérêt stratégique

national et dont certaines relèvent d’un processus soutenu à long terme. On en aborde quelques unes ci-dessous.

1. La définition du trait de côte. A priori,

la notion de trait de côte semble aisée à appréhender : ligne qui sépare l’océan du continent. En réalité, sa délimitation impliquerait de fixer une limite « statique » au sein d’un milieu, le rivage, d’abord caractérisé par son caractère dynamique et mobile, comme par sa double appartenance à la terre et à la mer. En pratique, on doit donc admettre a priori que le trait de côte est généralement mobile et pas si simple à définir. Une réunion de concertation a été organisée par la DEEC en mars 2013 pour receuillir les différents avis d'acteurs clefs à ce sujet et s’ entendre sur une définition acceptée de tous. Même si plusieurs participants insistent sur le caractère dynamique du trait de côte, la définition accepté pour le moment est la laisse de haute mer pour les zones littorales sableuses, et le pied de falaise en zone rocheuse. Dans le cas où la date ne serait pas disponible sur les ortho-photos, on pourra remplacer la laisse de haute mer par la zone d’humectation visible.

2. La collecte des données relatives à la ges-

tion du littoral, leur traitement et leur redistribution aux acteurs essentiels. Actuellement les données qu’elles soient

climatologiques, océaniques, occupation des sols ou du cadastre relèvent de différents organismes qui, on peut le dire, les conservent jalousement alors que leur mise à disposition aux différents services techniques, leur croisement et leur traitement produit une information essentielle pour suivre les phénomènes d’ érosion côtière ou de gestion foncière dans la zone littorale. C’est dans cet objectif que l’ UEMOA se propose de mettre sur pied un observatoire régional qui sera alimenté par des observatoires nationaux et qui auront en charge de collecter, traiter et redistribuer les données traitées.

3. Le dispositif juridique et institutionnel

qui assurera la pérennité de la GIZC. Ainsi, quel sera l’ancrage institutionnel du futur observatoire national du littoral ? Le projet de loi littorale prévoit la mise en place de l’Office national du littoral, sans que sa structure ait été bien définie. Fautil dès à présent penser y rattacher le futur observatoire ? De plus, à quelle structure institutionnelle sera-t-il rattaché : au ministère de l’environnement, et dans ce cas, le risque est de le voir perçu comme un outil de gestion environnementale, ou à la primature comme l’est actuellement l’HASSMAR (Haute autorité chargée de la coordination de la Sécurité Maritime et de la Sûreté Maritime), présentant ainsi l’avantage de transversalité et de servir tous les secteurs.


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4. La gestion de l’incertitude face aux chan-

gements climatiques, par ailleurs absente des thématiques locales. Plusieurs études techniques approfondies telles que l’étude de la vulnérabilité spatiale financée par la Banque Mondiale, le schéma directeur littoral de l’Afrique de l’Ouest conduit par l’ UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine) présentant une approche très prudente, ou des documents de planification tels le Programme d’Action National d’Adaptation (PANA) ont déjà largement abordé ce sujet. Dans le cadre du plan GIZC national, on s’attachera essentiellement à voir en quoi une approche GIZC peut faciliter cette gestion de l’adaptation aux changements climatiques.

5. D’autres outils ou axes de réflexion vont

être développés de façon participative. Ce sont notamment la mise en réseau des acteurs du littoral et plus particulièrement des petites îles, la préservation de l’attractivité paysagère de sites côtiers remarquables ouvrant ainsi le concept de protection à un autre aspect que la seule biodiversité, le développement du concept de cellules sédimentaires pour mieux comprendre et/ou anticiper les

Erosion côtière et déchets

phénomènes d’érosion, l’examen d’outils/ modèles pertinents pour mieux gérer l’incertitude face aux changements climatiques, et enfin une incitation pour orienter des schémas de développement en retrait de la côte afin de diminuer la pression sur les écosystèmes côtiers, voire le cas échéant de faciliter les recasements éventuels. A cet égard, la construction du nouvel aéroport international de Ndiass, situé à environ 60 km de Dakar, constitue un premier pas dans ce sens (certainement pas conçu pour cela au départ !), mais qui en toute vraisemblance s’accompagnera d’une relocalisation en retrait du littoral de toute une série d’activités logistiques annexes aux activités aéroportuaires !

Première conclusion

L’étude GIZC est la première du genre au Sénégal, voire en Afrique de l’Ouest. Pourtant, les activités de diagnostic conduites jusqu’ à présent ont montré la multiplicité d’études et de plans relatifs au développement ou à la protection des zones urbaines et des activités économiques telles que le tourisme se déroulant dans les zones côtières. Lors des ateliers, les participants ont souvent relevé le manque d’intégration de ces plans dont beaucoup se

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sont simplement empoussiérés dans les tiroirs sans jamais voir un début de réalisation. Il est donc grand temps d’aborder la gestion du littoral sénégalais avec une vision plus prospective qui dépasse les clivages sectoriels en se focalisant sur des territoires trop restreints. Du reste, de ce point de vue, la GIZC peut décevoir certaines attentes car elle se concentre d’abord sur une planification stratégique plutôt que de type occupation des sols, et dont le résultat attendu est principalement une amélioration de la gouvernance des ressources de la zone côtière avec des impacts biophysiques ou socio-économiques qui peuvent nécessiter un certain temps avant de se matérialiser. En effet, la GIZC est un processus cyclique et itératif et les pays qui l’ont adopté savent que la mise en concordance des différents outils de planning et le processus de concertation institutionnelle sont des efforts de longue haleine. Cette étude n’en constitue que la première marche. Elle devra donc être accompagnée par un programme d’information, d’éducation et de communication visant non seulement le public, mais aussi les opérateurs privés et les élus eux-mêmes parfois, si pas souvent, prisonniers de leur vision « électoraliste » à court terme.


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Veille Environnementale

AU TRAVAIL EN VÉLO, UN MINISTRE MONTRE L’EXEMPLE Du jamais vu, un ministre qui se rend au travail en vélo ! Telle est la décision prise par le ministre des affaires étrangères équatorien qui, avec tout son personnel, se rend une fois par semaine au travail en vélo. En se rendant au travail à la force du mollet, sur un parcours d’environ 6 kilomètres, « l’équipe » a déjà permis d’éviter l’émission de 1600 kilos de CO2. Au-delà du bénéfice environnemental, Le Ministre souligne l’importance de cette activité physique, génératrice de bien-être en milieu urbain : « Nous faisons de l’exercice, mais ça n’est pas vraiment du sport, il s’agit de s’habituer à une mobilité ne passant pas par l’automobile, qui est plus agressive, plus dangereuse, et qui encourage le sédentarisme. Cela ne veut pas dire que nous n’utilisons pas la voiture, mais qu’il faut savoir s’en passer en temps opportun. »

LES TROIS POUVOIRS ÉCOLOGIQUES DE L’URINE

Pour garantir la sécurité des cyclistes tout au long du trajet, la caravane ministérielle est accompagnée par des membres d’une l’organisation, chargée de la promotion du cyclisme dans la capitale. Tous les dimanches, entre 8 heures et 14 heures, cette association restreint la circulation automobile sur un grand axe urbain, afin que les vélos puissent parcourir la ville en toute sécurité. Au fil des mois, cette initiative a gagné en popularité. Aux participants de la première heure se sont joints d’autres équipes ministérielles. Alors qu’ils n’étaient qu’une douzaine de fonctionnaires à se rendre au travail en deux-roues il y a cinq

Tout récemment, des chercheurs de l’Université Heriot-Watt, au Royaume-Uni, ont mis au point un prototype de cellule combustible qui peut produire de l’énergie à partir de l’urine. Sans générer aucun sous-

COMPOSITION DE L’URINE

0,6 g - Acide urique 1,2 g - Bicarbonate 2,7 g - Créatinine 3,2 g - Potassium

Il est connu que l’urine humaine est une des sources les plus riches en nitrogène, phosphore et potassium pour les plantes, et son assimilation est parfaite. Dans VIE n°4, il avait été restitué l’avantage de l’utilisation des urines pour l’agriculture. Il s’avère que l’urine est un excellent fertilisant organique, abondant et bon marché.

4,1 g - Sodium 6,6 g - Chlore

mois, ils sont aujourd’hui plus d’une centaine. Cette initiative devrait donner des idées à nos dirigeants sénégalais pour qui, pour la plupart, un peu de sport ferait du bien tout en sauvant la planète.

produit polluant, le prototype peut convertir l’énergie chimique contenue dans l’urée en électricité et eau, qui peut elle aussi être réutilisée. Une étude récente montre que l’urine peut être également capable de capturer des gaz à effet de serre comme le CO2. Effectivement, les chercheurs de l’Institut de Recherche et Formation Agraire d’Andalousie ont montré que l’urée se décompose à température ambiante en produisant, entre autres substances, de l’ammoniaque qui peut se lier au CO2 pour former du bicarbonate d’ammonium. D’après les chercheurs, le mélange fait à partir de l’urine pourrait permettre de diminuer les émissions globales de 1% par an.

25,5 g - Urée

Ces résultats montrent le potentiel de réutilisation de l’urine en acceptant de nous départir de l’idée que l’urine est sale …


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L’AFRIQUE À LA 2ème PLACE DU CLASSEMENT MONDIAL

DE LA DÉFORESTATION L’Afrique ne cesse de détruire ses forêts à en croire le rapport du 8ème Forum de Développement de l’Afrique tenu à Addis Abeba, en Ethiopie. Près de 3,4 millions d’hectares de forêts sont détruits chaque année. Situation très préoccupante quand on connaît le rôle crucial joué par les forêts dans le déve-

loppement socio-économique de l’Afrique et dans son développement durable. La majorité des forêts africaines sont menacées par le défrichement, qu’il soit dû à l’agriculture, au peuplement, aux coupes illégales, à l’extraction de bois comme combustible ou à la production de charbon de bois. Cette situation

est exacerbée par le trafic du bois à grande ampleur, pourtant des textes juridiques et institutionnels existent pour éviter de telles situations. Pour sortir de cette problématique, certains proposent des plans concernant les changements climatiques et la réduction des émissions causées par la déforestation et par la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD). Pour les participants au forum, les défis consistent à explorer les possibilités offertes par le REDD et par la transition vers une économie verte. Rappelons que le Forum pour le Développement de l’Afrique est un cadre de débats et de discussions qui visent à lancer des stratégies concrètes en faveur du développement de l’Afrique.

DIABÈTE ET DÉPRESSION,

LE CERCLE VICIEUX

Le 11ème Congrès international sur le diabète organisé par ADIPER (Asociacion de Diabetes del Peru) du 11 au 13 novembre 2012 au Centre de conventions du collège médical du Pérou a fait ressortir que les personnes manifestant des symptômes dépressifs ont plus de probabilité de développer le diabète, même lorsqu’elles ne font partie d’aucune catégorie à risque. Inversement, la moitié des patients souffrant de diabète sont sujets à la dépression, souvent désarmés face à une maladie difficile à gérer au quotidien. Cela veut dire que chez les personnes souffrant de symptômes dépressifs, le risque de développer le diabète double, même en l’absence de facteurs aggravants comme l’hypertension, l’obésité, le syndrome métabolique, les problèmes de cholestérol ou les antécédents familiaux. Parallèlement, la dépression apparaît très fréquemment chez les personnes atteintes par le diabète : un patient sur deux présenterait des symptômes tels que tristesse, solitude et manque d’envie de vivre.

familial, à des problèmes économiques, ou encore aux conséquences du développement de la maladie sur leur qualité de vie.

Pour un spécialiste du domaine, il apparaît alors chez le patient un état psychologique aggravant souvent imputable aux difficultés rencontrées par les diabétiques pour accéder aux soins, au manque de soutien

Pour combattre cet état, une activité physique régulière peut avoir des effets bénéfiques car elle permet de mieux contrôler le diabète tout en diminuant les symptômes dépressifs.


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RSE : LESIEUR, BOLERA ET AREVA, GRANDS GAGNANTS

DE L’HYPOCRISIE ENVIRONNEMENTALE 2012 Lancé en 2008 par l’ONG les Amis de la Terre en partenariat avec le Centre de Recherche et d’Information pour le Développement (CRID) et l’ONG Peuples Solidaires, le prix Pinocchio a été instauré pour « récompenser » les entreprises les plus hypocrites en matière de développement durable. En effet, depuis l’émergence du concept de Responsabilité Sociale et Environnementale de l’Entreprise (RSEE) et sous la pression des groupes de pression de la société dite « civile » (les associations écologiques et humanitaires), les entreprises ont tendance à communiquer de façon « mensongère » sur leurs actions en matière de développement durable. On constate effectivement que certaines entreprises, avec une réputation peu enviable du point de vue environnemental et développement durable, tentent de se racheter une image verte à bas prix, par exemple en communiquant abondamment sur quelques actions responsables tout en continuant de mener en parallèle les mêmes activités désastreuses pour l’Homme et la nature. Ceci n’est pas nécessaire quand on connaît le vecteur de la RSEE. Elle postule la bonne foi et la bonne volonté des entreprises qui établis-

sent elles-mêmes leur rapport : elles ne sont en aucun cas sanctionnables si elles ne respectent pas leurs engagements (qui se limitent souvent à des déclarations d’intentions généralistes et superficielles) puisqu’il s’agit d’une approche volontariste. La RSE telle qu’elle se présente aujourd’hui s’avère donc inefficace voire contre-productive, beaucoup d’entreprises bénéficiant de retombées positives sans faire d’efforts significatifs. C’est pourquoi de nombreux acteurs se mobilisent aujourd’hui pour faire de la RSE un concept véritablement contraignant, au niveau national mais aussi international. Et c’est ici qu’intervient le Prix Pinocchio, destiné à souligner et dénoncer les abus en matière de développement durable, et la conception très orientée qu’ont certaines entreprises de la vérité, à l’instar du célèbre pantin de Disney. Dans la catégorie « Plus vert que vert » ou « greenwashing », le gagnant est l’entreprise à la communication la plus trompeuse en matière de développement durable. À ce petit jeulà, Lesieur remporte la mise suivi de Auchan et Urbaser. Lesieur rafle la mise pour sa campagne « Aidons l’Afrique : une bouteille d’huile Lesieur achetée, une bouteille envoyée »,

LES DESSOUS TOXIQUES

censée venir en aides aux populations souffrant de famine. Or, Sofiprotéol, maison-mère de Lesieur soutient largement les agrocarburants, accusés de contribuer aux famines en question en réquisitionnant des terres fertiles pour des usages non-alimentaires. Ces agrocarburants sont par ailleurs amplement responsables de la hausse des prix alimentaires (à hauteur de 75%). L’entreprise la moins respectueuse des ressources naturelles et donc de l’environnement est Bolera Minera - joint-venture créée par le groupe Bolloré et le groupe Eramet. Enfin, le prix « Mains sales, poches pleines » est décerné à Areva qui devance la BNP et Perenco, en tant qu’entreprise la moins transparente et la plus active en matière de lobbying. Elle s’obstine notamment à ne pas reconnaître les conséquences sanitaires de son exploitation d’uranium en Afrique (qui contamine pourtant allégrement l’air, l’eau et le sol) afin d’alimenter la production nucléaire de l’entreprise. De plus, l’entreprise est soupçonnée d’être impliquée dans un montage financier suspect lui permettant d’obtenir illégalement le marché de construction de centrales nucléaires.

L’organisation Greenpeace continue ses investigations sur l’industrie textile, après avoir montré que les vêtements de sport et de plein air contiennent trop de produits toxiques. A partir du recoupement des résultats de deux laboratoires indépendants qui ont eu à tester 14 vêtements pour femmes et enfants, Greenpeace a montré que des composés perfluorés (PFC) ont été trouvés dans tous les produits sans exception. Ces polymères chimiques, utilisés pour leur résistance à la chaleur, leur imperméabilité et leur capacité à repousser la poussière, sont très persistants dans l’environnement (pendant plus de 50 ans).

L’organisation a étendu son étude sur 141 articles pour femmes, hommes et enfants, vendus dans 29 pays et régions du monde. Résultat: 89 articles (63% de l’échantillon) contiennent des éthoxylates de nonylphénol (NPE) à des taux compris entre 1 partie par million (ppm) et 45.000 ppm. Les concentrations les plus élevées (supérieures à 1.000 ppm) ont été observées dans des produits C&A, Mango, Levi’s, Calvin Klein, Zara, Metersbonwe, Jack&Jones et Marks&Spencer. Des phtalates ont également été détectés dans les 31 produits contenant du plastisol, le corps chimique obtenu par la dispersion de résines synthétiques (principalement PVC et EVA) dans un plastifiant, utilisé comme encre pour imprimer en sérigraphie des images et des logos sur les textiles. La toxicité des phtalates est aujourd’hui reconnue. A faible dose, ils peuvent perturber le système endocrinien et à plus forte dose, leur impact sur le fonctionnement du foie et des reins a été mis en évidence.

Des concentrations suspectes d’acide perfluorooctanoïque (PFOA) avaient été décelées dans des vestes des marques The North Face, Patagonia, Jack Wolfskin, Kaikkialla, et dans un pantalon pour enfant Marmot. Le PFOA peut être cancérigène et toxique pour la reproduction. Des taux élevés d’alcools fluorotélomériques (FTOH) avaient aussi été trouvés dans une veste pour enfant de la marque Vaude et dans des vestes pour adultes Mammut, Kaikkialla et Patagonia. Or les FTOH peuvent se transformer en PFOA.

Enfin, des colorants azoïques, qui libèrent des amines cancérogènes, ont été décelés dans 2 articles de la marque Zara. Potentiellement nocifs pour la santé, ces produits s’avèrent aussi dangereux pour l’environnement. Greenpeace appelle donc les grandes marques de l’industrie textile à stopper l’utilisation de ces substances, avec l’objectif d’atteindre le zéro rejet d’ici le 1er janvier 2020, comme s’y sont déjà engagés Levi’s et Jack Wolfskin, sans pour autant passer encore à l’acte.

DES VÊTEMENTS


Colloque International et interdisciplinaire sur la:

Biodiversité végétale et ressources thérapeutiques dans le Sahel

• chimie des substances naturelles • restauration des écosystèmes • anthropologie de la santé • biodiversité végétale • ethnopharmacologie 3 01 • écologie végétale 2 ue q • ethnobotanique llo o • phytothérapie g/c r .o re e k se s -te i m oh

Dakar, UCAD II les 10, 11 et 12 Décembre 2013

biodiversité végétale et ethnobotanique

Gestion et conservation des ressources végétales sahéliennes Aspects pratiques de la cueillette et de la conservation des espèces médicinales Amélioration des espèces médicinales Connaissance et utilisation des espèces endémiques par les populations locales

pratiques médicales populaires

Les plantes, leur signification et leur usage en thérapie Les savoirs locaux autour des plantes médicinales : l’ethnopharmacologie Plantes, médecines modernes et alternatives : quels liens, quelles confrontations ?

Formulation thérapeutique et essai clinique

Formulation médicamenteuse des ressources végétales Formulation thérapeutique médicale (quels enjeux) Essais cliniques applicables pour la validation thérapeutique médicale

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UMI 3189 (CNRS, CNRST, USTTB, UGB, UCAD) & OMHi Téssékéré (CNRS & UCAD) Dakar, Sénégal, Université Cheikh Anta DIOP, FMPOS Tel : (+221) 33 824 87 95 / 77 760 96 69 / 77 651 02 32 - Email : ohmi.tessekere@ucad.edu.sn sophiedrama1@yahoo.fr - web: http://www.ohmi-tessekere.org


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Eco-jeunes

NOUS VIVONS

AVEC TROP DE BRUIT ! Le bruit constitue une nuisance majeure dans la vie de tous les jours. Non contrôlé, il peut provoquer des surdités mais aussi stress et fatigue qui, à la longue, ont des conséquences sur notre santé et la qualité de notre vie. On considère que l’ouïe est en danger à partir d’un niveau de 80 décibels. Si le niveau est extrêmement élevé (supérieur à 130 décibels), toute exposition, même de très courte durée, est dangereuse. Elle peut conduire à une surdité, phénomène irréversible. Le bruit est cause de fatigue et de stress et agit sur les systèmes nerveux, cardiovasculaire et digestif. Mais, il n’affecte pas seulement la santé. En empêchant de nous concentrer, il nuit également à la qualité de notre vie.

Ce que tu dois savoir : M On parle de bruit lorsqu’un ensemble de sons est perçu comme gênant. Il s’agit donc d’une notion subjective : le même son peut être jugé utile, agréable ou gênant selon la personne qui l’entend et le moment où elle l’entend. Mais, lorsque le niveau sonore est très élevé, tous les sons sont perçus comme gênants et peuvent même être dangereux.

M Avec nos voitures, nos motos, les avions, nos appareils électriques auxquels il faut ajouter nos radios, climatiseurs, téléviseurs, nous vivons dans un monde de plus en plus bruyant. Cet environnement bruyant nous pousse à parler de plus en plus en plus fort pour ne pas dire « hurler » lorsque nous conversons.

M Le bruit nous distrait dans notre travail,

nous énerve, nous fatigue, nous rend sourds, et peut provoquer des maladies. M L’unité de mesure de bruit est le décibel (dB). Nous entendons à partir de 20 dB et nous avons mal aux oreilles à partir de 120 dB. A titre d’exemple, le bruit d’une conversation est de 40 dB, d’une voiture 80 dB, d’un marteau piqueur 120 dB.

Pourquoi le bruit nous fatigue?

Parce que nos oreilles ne sont pas comme nos yeux : elles n’ont pas de paupières ! Même quand on dort, on entend, et notre cerveau continue à travailler. La nuit, il est impossible de se reposer correctement si le bruit dépasse 40 dB. Et le jour, on ne peut se détendre s’il est supérieur à 55 dB. Ce qui

explique qu’il soit difficile qu’on puisse se reposer lorsqu’on habite à proximité d’une route très empruntée ou d’un aéroport.

Comment devient-on quand on vit dans un univers trop bruyant?

On est fatigué, nerveux, et on se met en colère pour un rien. On n’arrive plus à se concentrer. Notre cerveau devient une passoire et il peut s’en suivre des maux de tête ou de ventre.

Pourquoi certains bruits nous font-ils du mal sans qu’on le sache?

Au-delà de 85 dB, le bruit peut à la longue abîmer nos oreilles et nous rendre sourds. A ce niveau de décibels, on ne sent rien car on


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Les supporters sud-africains et leurs vuvuzelas

n’a pas mal aux tympans comme c’est le cas lorsqu’on se situe entre 85 et 120 dB. Ainsi, les utilisateurs de baladeurs numériques et téléphones portables risquent de voir leurs capacités d’audition endommagées de façon permanente. Le risque le plus important consiste à écouter un baladeur numérique durant plus d’une heure par jour, à un volume élevé excédant 89 décibels (dBA), durant une période de cinq ans ou plus.

Comment rouler en sourdine?

Il faut rouler doucement car le crissement des pneus augmente avec la vitesse surtout au dessus de 50 km/h. En plus, cela limite la consommation de carburant : bon pour le climat et … pour le portefeuille.

Pourquoi les avions nous cassentils les oreilles?

Le bruit d’un avion au décollage à 20 mètres est de 125 dB. Cependant, avec la technologie, le bruit des avions a baissé de 20 dB depuis 30 ans mais dans le même temps, le trafic aérien a doublé. Les gens qui habitent près des aéroports vivent un enfer surtout la nuit. C’est en tenant compte de cette donne que les aéroports des pays développés ont tendance à fermer leur trafic entre minuit et 6 heures du matin.

INCROYABLE M Lors de la Coupe d’Afrique des Nations

qui a eu lieu en Afrique du Sud, les sup-

porters ont été confrontés au désagréable bruit des vuvuzelas. Correctement utilisé, il peut émettre jusqu’à 130 décibels ! Alors quand plusieurs dizaines de milliers de vuvuzelas résonnent en même temps dans une enceinte semi fermée, le bruit devient très vite insupportable. Mais heureusement, un bidouilleur allemand a trouvé la solution pour supprimer le bruit du vuvuzela ! La note principale d’un vuvuzela est le «La#». Le ton dominant a une fréquence d’environ 233 hertz et les harmoniques une fréquence de 466, 932 et 1864 hertz. Du coup, avec une bonne carte son (sans latence), et un petit soft, il devient facile de retirer le son de ce vuvuzela, en temps réel pendant les matchs.

M Dans les cantines des écoles mal insonori-

sées, le brouhaha équivaut au passage d’un train en gare : 100 dB.

M Le niveau de bruit le plus élevé de l’his-

toire humaine serait celui de l’explosion du volcan Krakatoa (se trouvant en Indonésie entre Sumatra et Java) en 1883 qui fut entendu sur 1/12 de la surface de la Terre. Ce bruit fut l’un des plus violents de mémoire d’homme et l’explosion du volcan tua plusieurs dizaines de milliers de personnes et engendra un tsunami dont les vagues furent alors perceptibles jusqu’en Europe.

Les utilisateurs de baladeurs numériques et téléphones portables risquent de voir leurs capacités d’audition endommagées de façon permanente.


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Lettre de l’Océanium

POUR UNE

AGRICULTURE VIVRIÈRE ET PROTECTRICE DE L’ENVIRONNEMENT

AU SÉNÉGAL L

’agriculture est un enjeu économique et social considérable. Hier autosuffisant, le Sénégal importe aujourd’hui la plus grande part du riz, de l’ail et même des oignons qu’il consomme. En parallèle, la pollution des sols, des côtes et des cours d’eau a atteint des niveaux excessivement dangereux pour la santé du peuple sénégalais et en particulier pour la santé de ses enfants. Or, une nation qui contamine ses enfants est une nation qui n’a pas de futur. La magnifique terre sénégalaise peut nourrir et faire grandir tous ceux qu’elle porte à la condition que nous cessions de la maltraiter et que nous décidions ensemble une bonne fois pour toutes de prendre soin d’elle. Car ce que les petits agriculteurs savent, nous l’avons collectivement oublié. Eux vivent grâce aux bienfaits de la terre et souffrent dans leur chair de constater son appauvris-

sement. Ils sont en première ligne pour nous dire qu’avec le changement climatique les rendements baissent dramatiquement, qu’avec l’augmentation des prix des engrais chimiques il n’est plus possible d’accéder à ces solutions illusoires et qu’avec l’accaparement des terres ils craignent purement et simplement de ne plus pouvoir nourrir leurs familles. Il faut dans notre pays un important renouvellement des pratiques agricoles. Un sursaut agroécologique qui revalorise d’abord le rôle des petits exploitants, pioche ensuite dans les précieuses connaissances de nos vieux et les conjugue enfin avec les progrès agronomiques les plus récents. Car la modernité n’est pas de couper les arbres qui offraient de l’ombre et limitaient l’évaporation, de stériliser les sols en pratiquant année après année les labours profonds, d’asperger

le tout d’intrants chimiques et de pesticides en contaminant les parcelles et les récoltes, de réserver les sols les plus fertiles aux monocultures exportatrices artificiellement productives, et de gaspiller l’eau dans des cultures trop gourmandes dans cette ressource rare. Ces pratiques sont un allez simple pour le gouffre du sous-développement. Elles maintiennent la dépendance envers les capitaux


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© Océanium

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étrangers, le ravage de nos ressources et les solutions du passé. La modernité c’est penser une agriculture liée au reste du vivant, protectrice de la biodiversité et protectrice des Hommes. Les champs sont des écosystèmes qui peuvent produire beaucoup et de façon naturelle si on les accompagne et qu’on les comprend bien.

L’agroforesterie, les cultures associées, les engrais ou répulsifs organiques, les procédés de distribution et d’économie d’eau permettent des productions élevées et durables. Ils sont l’avenir d’un Sénégal alimentairement autosuffisant, sain et fier de ses agriculteurs. Oceanium s’engage avec les communautés et les organisations paysannes déjà investies

dans cette démarche, à soutenir la diffusion et l’approfondissement des connaissances agroécologiques à travers tout le Sénégal. Guillaume Durin Chargé de la communication et de la formation, Oceanium Dakar


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