Paysages intériorisés en Finlande La fenêtre chez Alvar Aalto : entre texture, motif et contour
Manon Servieres
Mémoire de Master 2 - Mars 2021 Sous la direction d’Emmanuelle Sarrazin Domaine d’Étude 1 ALTO : Architecture - Laboratoire des Territoires Ouverts École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val-de-Seine
Remerciements Kiitos
2
Je souhaite tout d’abord remercier Madame Emmanuelle Sarrazin sans qui ce travail de recherche n’aurait pu voir le jour. Merci pour sa patience et ses précieux conseils qui ont permis d’enrichir ce mémoire. Je souhaite également remercier ma famille et mes amis pour leur soutien tout au long de ce semestre. Une reconnaissance toute particulière à mes amis de Finlande qui ont permis à ce voyage et ce mémoire d’exister. Enfin, un grand merci à Harri Taskinen, propriétaire de l’hôtel de ville de Säynätsalo, et Virpi Suutari, réalisatrice du film “Aalto”, pour leur gentillesse et leur générosité.
3
Avant-propos Esipuhe
4
«Alvar Aalto». C’est en première année d’architecture, à l’école de Paris Val de Seine, que j’ai entendu ce nom pour la première fois. J’ai découvert cet architecte dans le cadre d’un cours de théorie encadré par Madame Sarrazin, directrice de ce mémoire. Au fil de mes années d’études, je me suis intéressée à l’architecture d’Alvar Aalto en visitant la maison Louis Carré puis en écrivant mon rapport de licence sur celui-ci. Mes premières recherches sur cette architecture proche de l’Homme et de la nature ont constitué un choix pour mon départ en Erasmus. C’est alors que j’ai embarqué pour un voyage d’une durée de dix mois en Finlande. D’août 2018 à mai 2019, j’ai vécu une expérience unique qui m’a profondément marquée : un voyage à travers les œuvres d’Aalto.
5
Voyage sur les traces d’Alvar Aalto Finlande 2018-2019
6
FINLANDE
NORVÈGE
SUÈDE
RUSSIE
km 0 n 50 avio 2 h 3 FRANCE
Figure 1 - Localisation de la Finlande
7
Le 12 août 2018, je quitte Paris et je m’envole seule vers un pays inconnu : la Finlande. Une fois atterrie dans la capitale d’Helsinki, le voyage n’est pas terminé. J’embarque dans un train qui m’emmène jusqu’à la ville de Tampere. Mon logement n’est plus très loin. Il se situe à 30 minutes en bus du centre-ville, dans le quartier d’Hervanta. C’est avec appréhension que je pousse la porte de mon logement, une colocation étudiante. J’aperçois dans ma chambre une grande fenêtre avec une vue imprenable sur la forêt. Quelques heures après mon arrivée, je découvre à seulement quelques mètres, un grand lac ainsi que de vastes étendues de forêt. J’ai l’impression d’être en plein rêve. C’est le début d’un voyage riche en émotions ; l’opportunité d’étudier un an à l’université technologique de Tampere et de découvrir un nouveau mode de vie ainsi qu’une nouvelle culture.
La nature finlandaise est d’une richesse incroyable. Les paysages sont variés, composés de lacs, forêts, marécages, et la nature est changeante au fil des saisons. Le lac où l’on nage en été, devient en hiver une patinoire. Les nuits d’été lumineuses font place aux décors neigeux et obscurs en hiver. Le contraste de températures est important. L’hiver est très froid, jusqu’à -25° en janvier 2019, et l’été est particulièrement chaud, jusqu’à 25° en août 2018. La Finlande est donc un pays extrêmement riche où l’on apprend à vivre au fil des saisons et de ses paysages changeants.
Tout au long de ce voyage, j’ai été émerveillée par les couleurs, les formes et la lumière qui se dégageaient de ces paysages. C’est la dynamique et le mouvement de ces paysages qui m’ont fascinée (figures 3, 4 et 5).
8
BUGØYNES TROMSØ
NÄÄTÄMÖ
NORVEGE
SAARISELKÄ
LAPONIE
CERCLE POLAIRE ARCTIQUE
ROVANIEMI
OULU
SUEDE
RUSSIE
SEINÄJOKI JYVÄSKYLÄ SÄYNÄTSALO TAMPERE
Lieu de résidence
REPOVESI LAHTI PORVOO
TURKU ESPOO
HELSINKI SAINT-PETERSBURG
STOCKHOLM
TALLINN
ESTONIE
Figure 2 - Parcours personnel en Finlande
9
10
« Si l’image bougeait, on verrait que ce mélange de lacs et d’îles rend les limites toujours indéterminées et les contournements jamais terminés. On glisse dans un paysage mouvant et indécis. Et les forêts qui couvrent le pays se font et se défont au moindre déplacement. Le sentiment de l’espace est, ici, très particulier. » HODDÉ Rainier, Alvar Aalto, 1998
11
Figure 3 - Paysages en Finlande
12
13
Figure 4 - Paysages en Finlande
14
15
Figure 5 - Paysages en Finlande
16
17
Mais quels sont les liens entre ces paysages et l’architecture d’Alvar Aalto ? C’est seulement quelques jours après mon arrivée que je pars à la découverte d’Alvar Aalto. En septembre 2018, je visite Helsinki, Espoo puis Jyväskylä. Après l’hiver, j’explore en avril 2019 Seinäjoki et Lahti. Enfin, je découvre Säynätsalo en mai 2019. C’est un total de douze bâtiments construits par l’architecte que j’ai la chance de visiter. Il est impossible de déterminer le nombre d’heures que j’ai passé à déambuler et observer les moindres détails de ces projets. J’ai vécu ces visites comme de véritables promenades architecturales, à travers lesquelles l’interaction entre l’espace architectural intérieur et le paysage m’ont principalement intéressée. Cette année en Finlande m’a également permis de découvrir bien d’autres architectes finlandais dont leur travail semble s’inscrire dans la continuité du travail d’Aalto. Depuis mon retour en France, l’écriture de ce mémoire est l’occasion de m’interroger sur l’ensemble de ces visites. Je cherche à comprendre la relation au paysage dans l’architecture d’Alvar Aalto à travers un élément architectural particulier : la fenêtre. Ce mémoire me permet de découvrir Alvar Aalto sous un nouveau regard : mon regard d’architecte. Ce travail de recherche est l’occasion de composer à la fois avec des éléments personnels et théoriques afin de découvrir un architecte qui parlait très peu de son travail. Alvar Aalto disait « Je ne suis pas là pour publier, je suis Ià pour bâtir » . 1
Ainsi, ce mémoire me permet de laisser une trace de cette année passée en Finlande et des recherches effectuées sur le travail d’Alvar Aalto. Une série de photographies personnelles permet de découvrir les fenêtres des différentes œuvres visitées (figures 7 à 17).
18
1
FLEIG Karl, Alvar Aalto, Volume III, 1978, p. 6
TROMSØ
NORVEGE
LAPONIE
CERCLE POLAIRE ARCTIQUE
SUEDE
RUSSIE
JYVÄSKYLÄ
SEINÄJOKI
-Université 1953-1971 -Musée Aalto, 1973
-Eglise, 1960 -Bibliothèque, 1965 -Hôtel de ville, 1968
SÄYNÄTSALO -Hôtel de ville, 1950
LAHTI
-Eglise de la croix, 1978
ESPOO
-Université Aalto, 1975
HELSINKI
-Maison d’Aalto,1936 -Atelier d’Aalto, 1955 -Bâtiment commercial, 1955 -Palais Finlandia, 1971 STOCKHOLM
TALLINN
ESTONIE
Figure 6 - Parcours personnel à travers les œuvres d’Alvar Aalto
19
SAINT-PETERSBURG
Figure 7 - Maison d’Alvar Aalto, Helsinki, 1936
20
21
Figure 8 - Atelier d’Alvar Aalto, Helsinki, 1955
22
23
Figure 9 - Bâtiment commercial «Rautatalo», Helsinki, 1955
24
25
Figure 10 - Palais «Finlandia», Helsinki, 1971
26
27
Figure 11 - Université Aalto, Espoo, 1975
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Figure 12 - Université de Jyväskylä, Jyväskylä, 1971
30
31
Figure 13 - Eglise de la croix des plaines, Seinäjoki, 1960
32
33
Figure 14 - Bibliothèque municipale, Seinäjokï 1965
34
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Figure 15 - Hôtel de ville, Seinäjokï, 1968
36
37
Figure 16 - Eglise de la croix, Lahti, 1978
38
39
Figure 17 - Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
40
41
Sommaire Sisällysluettelo
Remerciements
2
Avant-propos
4
Voyage sur les traces d’Alvar Aalto
6
Introduction
44
I - La fenêtre : perception d’un paysage mouvant
50
1. Le contour en mouvement
52
2. La répétition de la ligne
66
3. Une double expression de la fenêtre : entre intérieur et extérieur
70
4. Le dessin de la matière
82
II - La lumière : à l’origine de la disparition de la fenêtre
88
1. La fenêtre devient une ligne de lumière
90
2. L’épaisseur de la fenêtre comme filtre
98
3. La fenêtre devient structure lumineuse
104
III - La construction d’un paysage
120
1. Le paysage du détail
122
2. Le paysage mental
128
Conclusion
142
Bibliographie
146
Annexes
150
Introduction Johdanto
44
C’est dans la continuité de ce voyage sur les traces d’Alvar Aalto, à l’occasion de ma quatrième année d’études, que s’inscrit ce mémoire. Ce voyage m’a permis d’établir un rapprochement entre les paysages finlandais et les œuvres d’Alvar Aalto que j’ai pu découvrir. C’est donc cette association qui est à l’origine de la construction de ce mémoire.
« Maisema » signifie « paysage» et « lunto » veut dire « nature » en finnois. Que signifient « paysage » et « nature » pour Alvar Aalto ? Quelle relation existe-t-il entre ces deux termes dans les projets d’Aalto ? « Le mot « paysage » (...) est lié à une perception artistique de la CHOUQUER Gérard, Nature, environnement et paysage au carrefour des théories, 2001, p. 12 2
« nature » et à un genre pictural. »2 Le terme « paysage » est une invention des peintres et a été utilisé pour la première fois en 1493, par Jean Molinet. On parle de la contemplation de la beauté d’un paysage, mais pas seulement. Aujourd’hui, ce terme a évolué. Le paysage doit être vécu comme un espace. En effet, dans le terme « paysage », on trouve les notions de spatialité et de dynamique. « Le paysage est
3
BESSE Jean-Marc, La nécessité du paysage, 2018, p. 35
un ensemble de métamorphoses. »3 Les changements de saisons, de lumières et de températures font que le paysage est en constante évolution. Les îles et les lacs qui composent le paysage finlandais se dévoilent comme une danse sous nos yeux. Ainsi, on identifie une ambivalence entre les notions de statique et de dynamique dans le paysage. Retrouve-t-on ce mouvement et cette dynamique dans l’espace architectural intérieur d’Alvar Aalto ? Comment peut-on concevoir un espace intérieur en relation avec le paysage alors que celui-ci est en mouvement ?
45
Figure 18 - Alvar Aalto, Fondation Alvar Aalto
46
Le terme « paysage » est également lié à une notion de géographie avec le mot « pays » en français et le mot « maa » en finnois. La géographie est une science qui étudie les phénomènes naturels et 4
BESSE Jean-Marc, La nécessité du paysage, 2018, p. 16
5
Ibid., p. 13
humains. Le paysage « est composé d’un versant « naturel » et d’un versant « humain ». »4 En effet, le paysage est l’espace dans lequel la nature est transformée. « Le paysage est ce qui fait entrer la nature (..) à l’intérieur des mondes humains et sociaux. »5 C’est donc le paysage qui crée cette relation entre l’homme et la nature. Comment Alvar Aalto utilise-t-il le paysage pour créer cette relation entre l’espace architectural intérieur habité par l’homme, et la nature ? La Finlande est un pays devant faire face à un climat aux conditions extrêmes, avec notamment un manque de lumière et des températures très basses en hiver. Ainsi, on retrouve un besoin constant d’être en contact avec le paysage et la lumière mais également un besoin de confort intérieur. Le lien visuel avec le dehors devient alors essentiel. On cherche donc à comprendre ce qui se passe depuis l’espace intérieur. Comment la relation au paysage est-elle faite ?
6
Ibid., p. 16
Selon Jean-Marc Besse, « le paysage est un milieu humain. »6 Le paysage est donc lié à l’homme et à ses perceptions visuelles. La fenêtre est un des éléments architecturaux impliquant la vue car celleci permet de voir l’extérieur. Dès mon arrivée en Finlande, la fenêtre est un élément qui a attiré mon attention de par son épaisseur et ses qualités. Nous aborderons ainsi la question de la fenêtre car celle-ci permet depuis l’espace architectural intérieur de comprendre le rapport établi par Alvar Aalto avec le paysage. Nous nous interrogeons sur la question de la fenêtre chez Aalto mais peut-on véritablement parler de fenêtre ? Quelles sont les transformations de celle-ci faites par l’architecte ? 47
Ainsi, à travers ce mémoire, je me poserai la question suivante :
Quel est le rôle de la fenêtre dans la manière dont Alvar Aalto conçoit un espace en relation avec le paysage ?
J’émets l’hypothèse que la fenêtre est un élément architectural permettant à Alvar Aalto d’intérioriser un paysage. Mais à quel moment le paysage est-il intériorisé ? Comment cette intériorisation s’organiset-elle ? Comment la relation au paysage est-elle possible lorsqu’il n’y a plus de contact direct avec l’extérieur ? Ce mémoire est l’occasion d’apprendre à regarder les fenêtres d’Alvar Aalto, entre texture, motif et contour et de comprendre leur rôle dans l’intériorisation d’un paysage. Je définis l’intériorisation comme l’acte de faire entrer le paysage à l’intérieur d’un espace grâce à un contact visuel et des transformations permettant de percevoir celui-ci en mouvement. Intérioriser, c’est également « rendre plus intime, plus profond. »7 L’intériorisation serait possible lorsqu’il n’y a plus de contact visuel avec le dehors, mais lorsque la lumière révèle l’espace intérieur. Enfin, je définis l’intériorisation du paysage, chez Alvar Aalto, comme l’acte de construire son propre paysage, entre naturel et artificiel. Afin de répondre à cette hypothèse, je propose de mettre en évidence chacune des spécificités des fenêtres d’Aalto et les relations qu’elles sont en capacité de produire avec le paysage. Pour cela, nous nous appuierons sur une analyse détaillée de l’hôtel de ville de Säynätsalo (Säynätsalo, 1950).
48
7
Dictionnaire Larousse
Cette analyse sera complétée par l’étude des onze autres bâtiments visités afin d’établir des comparaisons : la maison d’Aalto (Helsinki, 1936), l’atelier d’Aalto (Helsinki, 1955), le bâtiment commercial «Rautatalo» (Helsinki, 1955), le palais Finlandia (Helsinki, 1971), l’université Aalto (Espoo, 1975), l’église de la croix (Lahti, 1978), l’université de Jyväskylä (Jyväskylä, 1971), le musée Alvar Aalto (Jyväskylä, 1973), l’église de Seinäjoki (Seinäjoki, 1960), la bibliothèque de Seinäjoki (Seinäjoki, 1965) et l’hôtel de ville de Seinäjoki (Seinäjoki, 1968). Un travail de classification me permet de me servir uniquement de mes photos personnelles, prises lors de mon voyage (excepté les figures 32, 34, 54 et 55). Un travail de traduction du finnois permettra également de développer ces recherches. Le finnois est une langue très différente du français et des langues du reste du monde. Elle est un moyen de comprendre plus précisément ses habitants, leur culture et donc le travail d’Aalto. Cette intériorisation du paysage chez Alvar Aalto s’organiserait autour d’un projet de vues, un projet de lumière, mais également une construction mentale. C’est pourquoi dans un premier temps, nous analyserons comment la fenêtre permet de percevoir ce paysage mouvant finlandais. La ligne serait à l’origine de la perception du paysage. Mais comment Aalto met-il en place cette ligne par rapport au paysage ? Dans quelles circonstances est-elle emmenée à faire disparaître la fenêtre ? Ensuite, nous parlerons de la lumière qui est à l’origine de cette disparition de la fenêtre. Enfin, nous tenterons de comprendre comment Alvar Aalto construit son propre paysage à l’intérieur de ses bâtiments.
49
I - La fenêtre : perception d’un paysage mouvant
50
51
1. Le contour en mouvement « Päämääränä on kauneusnormien sijaan, että rakennustemme sijoitus maisemaan on luonnollinen ja ääriviivoja korostava. »8 Alvar Aalto. Traduction personnelle : « Nos bâtiments ne doivent pas simplement
8
Citation d’Alvar Aalto retranscrite par la fondation Alvar Aalto, 1925
répondre à une ou deux normes esthétiques, ils doivent être placés dans le paysage de manière naturelle en harmonie avec ses contours généraux ». Un contour, c’est une « ligne ou surface qui limite extérieurement un corps, qui permet de le définir, de le déterminer, de le préciser. »9
9
Dictionnaire Larousse
Les croquis d’Alvar Aalto, réalisés lors de ses nombreux voyages en Europe, permettent de lire ces contours (figures 19 et 20). Les contours du paysage semblent être un ensemble de lignes continues qui se déplacent. Dans ces dessins, se dégagent des formes dynamiques. Retrouve-t-on des similitudes entre les contours des paysages finlandais et les contours des fenêtres dessinées par Alvar Aalto ? Afin de comprendre les contours donnés par Alvar Aalto, je me suis interrogée sur les formes que l’on retrouve dans ces paysages. La cartographie serait-elle un moyen de comprendre les contours qui composent les paysages finlandais ? Il est essentiel de s’intéresser à l’environnement dans lequel a grandi l’architecte. Pour cela, il faut remonter à l’enfance d’Alvar Aalto, durant laquelle son père cartographiait. Dans sa maison, « la table blanche » permettait au géomètre de dessiner de grandes cartes de la Finlande. « C’est sur cette table que j’ai accompli mon œuvre »10 nous dit Alvar Aalto. Un ensemble de cartographies personnelles permet de découvrir les paysages dans lesquels s’inscrivent les bâtiments que j’ai pu visiter. Elles permettent également de retranscrire une partie de mon parcours à travers ces paysages et les œuvres d’Aalto (figures 21, 22 et 23). 52
10
AALTO Alvar, La table blanche et autres textes, 2012, p. 14
Figure 19 - Croquis d’Alvar Aalto Île de Capraia, 1948
Figure 20 - Croquis d’Alvar Aalto Mur cyclopéen à Delphes, 1953 53
4 MUNKKINIEMI
5
6
ESPOO
V H
3
OTANIEMI
8
KUUSISAARI
SEURASAARI LEHTISAARI
LAUTTASAARI
Figure 21 - Cartographie d’Helsinki Parcours personnel
1 2
Bâtiment «Rautatalo», 1955
3
Université Aalto, 1975
Palais Finlandia, 1971
4 5 6
Atelier d’Aalto, 1955 Maison d’Aalto, 1936 Logements, 1954 (non visité)
Bâtiments d’Alvar Aalto visités
Vers Centre-ville Helsinki
1 1
2 3
HELSINKI
4
5
6 2
7
1 2 3
Eglise Temppeliaukio, 1969 Bibliothèque centrale Oodi, 2018 Musée d’art contemporain Kiasma, 1998
Autres bâtiments visités
4 5 6
Chapelle de Kamppi, 2012 Musée Amos Rex, 2018 Tiedekulma, 2017
SUOMENLINNA 7 Sauna Löyly, 2016
8
Université Aalto, 2018
2 3 4
Figure 22 - Cartographie de Jyväskyla
Parcours personnel
1 2 3
Maison des travailleurs, 1925 (non visité) Université de Jyväskylä, 1971 Musée de Finlande centrale, 1962 (non visité)
Bâtiments d’Alvar Aalto visités
1
5
Jyväsjärvi
JYVÄSKYLÄ
1
4 5
Musée Alvar Aalto, 1973 Théâtre de Jyväskylä, 1961 (non visité)
2
1 2
Église de Kuokkala, 2010 Logements collectifs Puukuokka, 2018
Autres bâtiments visités
Vers Jyväskylä 16 km
Vers Muurame 7 km
Figure 23 - Cartographie de Säynätsalo
1
Hôtel de ville, 1950
ä
SÄYNÄTSALO 1
À travers ces cartographies, on découvre que les villes d’Helsinki, de Jyväskylä et de Säynätsalo prennent forme grâce aux contours des lacs (figures 21, 22 et 23). À Helsinki, une multitude d’îles rendent les contours du paysage presque infinis. Les lacs, les îles et les forêts constituent un ensemble de lignes qui se déplacent. C’est le paysage qui est en mouvement. Le dessin de ces lignes nous renvoie au travail d’Alvar Aalto. En effet, le dessin de la ligne qui constitue le contour de la fenêtre semble jouer un rôle important dans l’intériorisation du paysage. Pour cela, il est intéressant d’établir des comparaisons entre ces cartographies (figures 25 et 28) et les contours d’Alvar Aalto (figures 27 et 30). Les contours du paysage semblent avoir des similitudes avec les contours des fenêtres. Les formes brisées et courbes que l’on identifie dans le paysage se retrouvent dans le dessin des fenêtres. Le contour des fenêtres semble être en mouvement. Il participe à la dynamique du paysage. Ainsi, Aalto donne de la présence à la fenêtre par sa forme singulière, et c’est en donnant de la présence à celle-ci que le paysage peut être intériorisé. Mon intérêt pour la langue finnoise m’emmène à me questionner sur les racines de ces formes. Le vocabulaire finnois nous permet-il de comprendre les contours des fenêtres d’Alvar Aalto ? Lors de ce travail de cartographie, il a été l’occasion de réaliser les traductions de l’ensemble des quartiers d’Helsinki et de Jyväskylä. Certains mots finnois m’interpellent et me rappellent les contours des fenêtres d’Aalto. Le mot « rinne », qui signifie « pente » ou « versant », et le mot « harju », qui signifie « crête », peuvent renvoyer au travail de la pente et de l’oblique dans le paysage. Ces mots rappellent la « pente » utilisée dans les contours des fenêtres d’Aalto. Le mot « vuori », qui signifie « montagne », et le mot « mäki », qui veut dire « colline », m’interpellent également. Aalto, semble construire des formes comme s’il marquait les contours d’une montagne ou d’une colline. 60
Atelier d’Aalto, Helsinki, 1955
Église, Lahti, 1978
Église, Lahti, 1978
Église, Seinäjoki, 1960 Figure 24 - Révéler les contours en mouvement 61
Figure 25 - Cartographie d’Helsinki
62
Hôtel de ville, Säynätsalo
Église, Lahti
Figure 26 Élévation fenêtre
Figure 27 Contour fenêtre
T AUTODESK VERSION ETUDIANT
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT A
63
Figure 28 - Cartographie de Säynätsalo
64
E A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
Église, Lahti
Église, Seinäjoki
Figure 29 Élévation fenêtre
Figure 30 Contour fenêtre
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ET
65
2. La répétition de la ligne
Dans les fenêtres d’Alvar Aalto, nous retrouvons la répétition d’une ligne verticale ou horizontale. Ces lignes participent, comme le contour, à la mise en mouvement et la perception de ce paysage. Dans le paysage, la notion d’ « horizon » est importante puisqu’elle renvoie à la ligne horizontale. Le paysage, c’est l’endroit où deux lignes horizontales se rencontrent : « c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent ».11 Dans le paysage « l’horizon se décompose en une multiplicité de lignes qui se renouvelle sans cesse. L’horizon n’est pas une limite, mais une épaisseur dotée d’une puissance de cohésion et d’ouverture »12. Ainsi, selon Michel Corajoud, l’horizon ne renverrait pas à la notion de limite, mais plutôt de porosité et de mouvement. Multiplier la ligne horizontale de la fenêtre, c’est participer à un enchaînement d’ouvertures et contribuer à l’intériorisation de ce paysage mouvant (figures 31 et 32). La répétition horizontale permet d’accentuer ce lien entre la terre et le ciel. La multiplication renvoie également à la notion d’ « infini ». La fenêtre, par son horizontale permettrait donc de pouvoir appréhender le lointain. Elle permettrait de nous déplacer avec l’horizon, c’est-à-dire avec le paysage. Je me demande alors, quel est le lien entre la ligne horizontale et la ligne verticale dans les fenêtres d’Alvar Aalto ? Quel est le rôle de la répétition de la ligne verticale dans l’intériorisation du paysage ?
66
11
CORAJOUD Michel, Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, 2010, p. 9 12
Ibid., p. 203
Figure 31 - Répétition de la ligne horizontale Université Aalto, Espoo, 1975
Figure 32 - Répétition de la ligne horizontale Musée Aalto, Jyväskylä, 1971 Photographie Fondation Alvar Aalto
67
« Le paysage part du bas, c’est le bas qui dynamise le haut. C’est un long transfert, dans la verticale, des qualités puisées dans le sol, le sol étant pour nous une source ».13 La ligne verticale permet d’établir un lien entre l’architecture et le paysage. C’est le lien entre l’homme et l’horizon. La répétition de lignes verticales ne serait donc qu’une succession d’horizontales soulevées. On comprend alors la manière dont le « bas » dynamise le « haut ». La verticale de la fenêtre contribue au mouvement de l’horizontale et du paysage. La répétition de la ligne participe au découpage du paysage et le rend dynamique par son soulèvement (figures 33 et 34). Le paysage est horizontal, mais des éléments verticaux comme les arbres viennent le ponctuer. Alvar Aalto utilise la verticalité présente dans les paysages, tel que la forêt qui se trouve autour de l’hôtel de ville, afin d’intégrer le bâtiment à son site (figure 33).
Ainsi, le dessin de la fenêtre et la répétition de la ligne, qu’elle soit horizontale ou verticale, jouent un rôle dans la relation au paysage et plus particulièrement ce lien qui nous maintient vers l’horizon. Depuis l’extérieur, ces lignes offrent également une dynamique au volume par la création d’un motif et permettent ainsi l’expression de ce paysage mouvant et émouvant.
68
13
CORAJOUD Michel, Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, 2010, p. 43
Figure 33 - Répétition de la ligne verticale Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Figure 34 - Répétition de la ligne verticale Eglise, Seinäjoki, 1960 Photographie fondation Alvar Aalto 69
3. Une double expression de la fenêtre : entre intérieur et extérieur
À l’hôtel de ville de Säynätsalo, le bâtiment s’articule autour d’une cour centrale créée par Aalto (figure 35). L’architecte a constitué son propre paysage en modelant la topographie du site afin de surélever cette cour. L’hôtel de ville est également entouré par des espaces boisés qui viennent l’envelopper et le protéger. « Le paysage est un art qui se fonde dans le sol ».14 C’est le sol et plus précisément le paysage de la cour qui organise les espaces intérieurs de l’hôtel de ville. Comment les fenêtres d’Alvar Aalto permettent-elles de percevoir ce paysage ? Mon parcours intérieur, depuis l’entrée jusqu’au couloir desservant les bureaux, mais également mon parcours extérieur autour de la cour centrale, m’ont permis d’analyser le rôle des fenêtres dessinées par l’architecte (figure 36). Je m’aperçois que les fenêtres disposées autour de la cour centrale ont une double expression entre intérieur et extérieur. Elles organisent l’espace intérieur et terminent le volume extérieur. Depuis les espaces intérieurs de l’entrée et du couloir, la fenêtre révèle le caractère habitable. En effet, on distingue une vraie fenêtre avec un appui et un cadre marquant l’épaisseur intérieure du mur (figures 39 et 42). Mais ces fenêtres peuvent-elles s’ouvrir comme de véritables fenêtres ? En effet, on ne distingue aucune poignée permettant l’ouverture de celles-ci. Sur les menuiseries, de petits trous permettent d’insérer une poignée lorsque l’on souhaite ouvrir ces fenêtres (figure 37). Cette spécificité fait partie des caractéristiques définissant la fenêtre finlandaise. Depuis l’intérieur, nous n’avons pas besoin d’ouvrir la fenêtre pour nous sentir à l’extérieur et percevoir le paysage. Je me demande alors, comment la fenêtre intérieure permet-elle de percevoir le paysage mouvant sans que l’on soit vu depuis l’espace extérieur ? 70
14
CORAJOUD Michel, Le paysage, c’est l’endroit où le ciel et la terre se touchent, 2010, p. 40
Eco le
Valtte ri
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Par via ise nti e
Pappilantie
Acc è prin s cipa
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Sorvaajantie
Figure 35 : L’hôtel de ville et son paysage Plan de situation, Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950 REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
Le couloir
La cour centrale
L’entrée
La bibliothèque
Figure 36 : Parcours personnel intérieur et extérieur Plan R+1, Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950 71
Parcours
Depuis la cour, on observe l’expression d’un pan de verre. La brique en façade est interrompue par ces pans de verres découpés. Alvar Aalto énonce un nouveau découpage du vitrage. Les fenêtres sont prolongées verticalement grâce à des éléments en bois d’une hauteur de 2.95 mètres (figures 40 et 43). Des tuteurs sont accrochés sur ces éléments verticaux en bois, peints en noir, afin de permettre à la végétation de grimper sur les fenêtres et de rentrer dans l’espace intérieur (figure 38). Ainsi, depuis la cour, la fenêtre peut apparaître comme un événement pictural. Les éléments verticaux en bois sont comme des éléments abstraits. Leur rythme ainsi que la présence d’un soubassement de carrelage foncé jointé de blanc permet de créer une unité. Dans la bibliothèque de l’hôtel de ville de Säynätsalo, malgré l’aspect imposant des fenêtres, on retrouve également à l’intérieur le caractère habitable, grâce à de petites fenêtres à hauteur d’homme (figure 45). Les fenêtres et leurs contours en mouvement participent à la perception du paysage. Nous sommes plongés au coeur de la forêt. Ainsi, ces fenêtres permettent un contact avec le sol, mais également un contact avec le ciel comme on peut le voir dans la bibliothèque de Seinäjoki. Depuis l’intérieur, l’homme peut voir le ciel, le paysage, sans être vu depuis l’extérieur (figure 48). Un système de brises soleil à l’extérieur donne une nouvelle expression à la fenêtre (figure 49). Une série de dessins permet de comprendre ces différentes expressions, entre intérieur et extérieur (figures 38 à 49). On peut alors regarder ces fenêtres sous deux visions différentes et complémentaires. Depuis l’extérieur, la nature semble rentrer à l’intérieur par la végétation grimpante sur les fenêtres. Depuis l’intérieur, le paysage mouvant est perceptible grâce au dessin de la fenêtre. Le sol et le ciel font partie de l’espace intérieur. 72
Figure 37 - Menuiseries, depuis l’intérieur Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Figure 38 - Élément vertical et tuteur en bois, depuis l’extérieur Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
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2m
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0.90 m
Figure 39 : Les fenêtres depuis l’espace intérieur (l’entrée)
2.95 m
Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
0.90 m
Figure 40 : Les fenêtres depuis l’espace extérieur (la cour) Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
74
Figure 41 - Les fenêtres (façade ouest) Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
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2m
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0.90 m
Figure 42 : Les fenêtres depuis l’espace intérieur (le couloir)
2.95 m
Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
0.90 m
Figure 43 : Les fenêtres depuis l’espace extérieur (la cour) Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
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Figure 44 - Les fenêtres (façade sud) Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
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3.10 m
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Figure 45 : Les fenêtres depuis l’espace intérieur (la bibliothèque)
0.50 m
Figure 46 : Les fenêtres depuis l’espace extérieur (la forêt) Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
78
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2.25
3.40 m
Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
2.10 m
0.50 m
Figure 47 - Les fenêtres de la bibliothèque Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
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Figure 48 : Les fenêtres depuis l’espace intérieur (la bibliothèque) Bibliothèque, Seinäjoki, 1965
Figure 49 : Les fenêtres depuis l’espace extérieur (le chemin piéton) Bibliothèque, Seinäjoki, 1965
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80
Figure 50 - Les fenêtres de la bibliothèque Bibliothèque, Seinäjoki, 1965
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4. Le dessin de la matière
La question du dessin de la matière est très importante dans les projets d’Alvar Aalto. En effet, la matérialité va révéler le dessin de la fenêtre. À l’hôtel de ville de Säynätsalo, la matière joue un rôle dans l’organisation de l’espace. On remarque dans le couloir que la spatialité de la fenêtre est donnée par un revêtement en brique au sol (figures 51 et 52). Le revêtement est interrompu et se concentre au niveau de l’espace de la fenêtre. La brique se trouve également sur l’appui de fenêtre de manière à se confondre avec le sol. L’appui en brique est sectionné afin de laisser passer la chaleur émise par le radiateur qui se trouve en dessous. Ainsi, la brique, en donnant de l’importance à la fenêtre participe à la perception et l’intériorisation du paysage. « Lorsqu’il s’agit de créer des formes, la brique est pour nous un élément essentiel. »15 nous dit Alvar Aalto. La brique possède des qualités esthétiques. C’est l’aspect unique de chaque brique qui intéresse Aalto. Parfois, une brique noire, un peu trop cuite apparaît dans le dessin de la brique. Je me demande alors : le dessin de la matière peut-il être comparé au tableau d’un paysage ? Pour tenter de répondre à cette question, j’effectue une comparaison entre les façades de l’hôtel de ville de Säynätsalo (figure 54) et de l’hôtel de ville de Seinäjoki (figure 55) avec la peinture «Ad Parnassum» de Paul Klee (figure 53). Paul Klee transcrit dans ce tableau un paysage grâce à des formes géométriques. La matière utilisée par l’artiste (peinture) ou la matière utilisée par Aalto (brique, céramique) forment un ensemble de points en mouvement constituant des lignes. C’est l’ensemble de ces lignes qui créent le dessin de la matière et ce dessin qui révèle le paysage. En façades, le dessin de la matière se place en continuité des menuiseries des fenêtres. Ils s’associent pour ne former qu’un.
82
15
AALTO Alvar, La table blanche et autres textes, 2012, p. 173
Figure 51 - Matérialité du couloir
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Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Figure 52 - Matérialité du couloir Coupe, Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950 83
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Figure 53 - Peinture paysage Ad Parnassum, Paul Klee, 1932
84
Figure 54 - La brique en façade Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Figure 55 - La céramique en façade Hôtel de ville, Seinäjoki, 1950
85
Le calepinage, c’est le dessin qui est à l’origine d’un motif, comme infini, et que l’on retrouve à la fois à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur des bâtiments d’Aalto. Cette notion d’infini, nous l’avons déjà vu, se retrouve dans le paysage. À Säynätsalo, le motif de la brique est constitué d’une alternance de boutisses et de panneresses (figure 56). Les briques sont posées légèrement en dehors du plan du mur afin de créer une façade dynamique. Le relief est accentué par la présence d’ombres. À Seinäjoki, le motif est créé grâce à la disposition des carreaux de céramique. Leur forme courbe ainsi que les reflets donnés par la matière lisse offrent de la dynamique (figure 57). Dans les deux bâtiments, des joints blancs participent au motif. Ainsi, ce sont ces motifs qui donnent naissance au dessin de la matière et offrent du mouvement. C’est l’ensemble des éléments constituant le dessin de la matière qui donnent de l’importance à la fenêtre. Ils participent à la perception du paysage finlandais mouvant. Le dessin de la matière permet, comme la fenêtre, de répondre à des aspects techniques. Ces matériaux mêlent à la fois les principes de standardisation et d’artisanat. Ils offrent une atmosphère de bienêtre et ils ne se dégradent pas avec le froid. De plus, ils s’intègrent parfaitement au paysage, comme par exemple la brique qui permet de se fondre dans le paysage industriel de l’île de Säynätsalo. Alvar Aalto a fait un long travail d’expérimentation de ces matériaux dans la maison expérimentale de Muuratsalo, où j’ai l’immense regret de n’avoir pu m’y rendre. Dans cette maison, Aalto expérimente différents motifs de brique et de céramique ainsi que leur interaction au contact de la nature.
86
Figure 56 - Détail brique Hôtel de ville, Säynätsalo, REALISE 1950 A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
Plâtre
Carreau céramique Surface sombre
Figure 57 - Détails céramique Hôtel de ville, Seinäjoki, 1950 87
II - La lumière : à l’origine de la disparition de la fenêtre
88
89
1. La fenêtre devient une ligne de lumière Nous avons donc vu que le paysage était intériorisé grâce à un contact visuel. Mais ce paysage peut également être intériorisé lorsqu’il n’y a plus de contact direct avec l’extérieur. C’est alors la lumière qui joue un rôle dans l’intériorisation du paysage. À l’hôtel de ville de Säynätsalo, des fenêtres en longueur et en hauteur viennent créer ce que je nomme une « ligne de lumière » (figure 58). Lorsque l’on monte l’escalier qui nous mène à la salle du conseil, l’atmosphère devient différente. « Au fond de la chambre du conseil de l’hôtel de ville de Säynätsalo, Alvar Aalto a recréé un sens mythique, mythologique de communauté ; la pénombre crée un sens de solidarité et renforce le pouvoir de la parole. »16 La ligne de lumière vient jouer un rôle important dans cet espace sombre et quasi-aveugle. Les fenêtres éclairent de manière directe la salle du conseil durant la période où le soleil est le plus bas. Au contraire, l’été, la lumière est réfléchie et indirecte (figure 59). Ainsi, le moment où la lumière rentre permet de définir les masses et les parois. Les ombres et leur contraste donnent naissance au paysage intérieur. En créant cette atmosphère mystique, Aalto a volontairement utilisé très peu de fenêtres dans la salle du conseil. L’architecte a alors mis en place un éclairage complémentaire à la lumière naturelle. Ainsi, les lumières artificielles, conçues par Alvar Aalto, sont suspendues et disposées à différentes hauteurs. Elles éclairent de manière diffuse chaque rangée de tables (figure 61). Leur forme est rigoureusement étudiée. Un anneau intérieur perforé permet de créer un effet de halo autour de la suspension tout en réduisant simultanément l’éblouissement.
90
16
PALLASMAA Juhani, Le regard des sens, 2010, p. 56
Figure 58 - Les fenêtres de la salle du conseil Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
91
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Figure 59 - Coupe lumière naturelle Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
53,5° le 21 juin 30° le 21 septembre
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
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Figure 60 - La ligne de lumière Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
93
Figure 61 - Esquisse, coupe étude lumière artificielle Dessin d’Alvar Aalto, Fondation Alvar Aalto Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
94
Figure 62 - Lumière artificielle complémentaire Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
95
Par son apport de lumière, la fenêtre révèle le volume intérieur, mais permet-elle de définir le volume extérieur ? Si l’on compare l’hôtel de ville de Säynätsalo avec l’université de Jyväskylä et le palais Finlandia à Helsinki, on s’aperçoit que la fenêtre en longueur se trouve toujours en haut du volume. C’est elle qui vient définir la masse. À l’hôtel de ville de Säynätsalo, la fenêtre vient couronner le volume principal et se place en continuité du volume de la salle du conseil (figure 64). À l’université de Jyväskylä, on lit la fenêtre comme une ligne continue qui se prolonge tout le long du bâtiment (figure 66). Elle définit le volume dans sa globalité. Dans le palais Finlandia, une fenêtre définit également le volume. Cette fenêtre en longueur semble répondre au volume de l’auditorium principal (figure 68). Ainsi, dans ces différents bâtiments, les fenêtres disparaissent pour laisser place à une ligne de lumière qui terminerait le volume. La définition du volume joue un rôle dans le paysage et sur le paysage. Ici, la lumière est à l’origine de la création d’une ligne qui participe à la définition de la masse construite. La fenêtre transforme donc l’apparence de cette masse et participe à l’intériorisation du paysage.
96
Hôtel de ville, Säynätsalo
Figure 63 Elevation
N PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
N PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT Figure 64 La ligne de lumière
Université, Jyväskylä
Figure 65 Elevation
Figure 66 La ligne de lumière
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT Palais Finlandia, Helsinki
Figure 67 Elevation
Figure 68 La ligne de lumière
TODESK VERSION VERSION ETUDIANT ETUDIANT TODESK 97
2. L’épaisseur de la fenêtre comme filtre Dans les projets d’Alvar Aalto, on remarque que la fenêtre possède parfois une certaine épaisseur, due à l’ajout d’éléments verticaux ou horizontaux. À l’hôtel de ville de Säynätsalo, sur la façade sud de la bibliothèque, Alvar Aalto énonce deux épaisseurs. À l’extérieur, des éléments en bois sont disposés tous les 50 centimètres (figure 69). Ces éléments verticaux viennent se placer, comme une double peau, sur les menuiseries intérieures qui découpent le vitrage. Ceux-ci permettent de maîtriser les rayons du soleil et apporter un certain confort aux lecteurs. Le mouvement de l’homme est à prendre en compte dans la perception des fenêtres d’Alvar Aalto. Lorsque l’on se déplace, le pan de verre peut complètement disparaître. En fonction de notre position, l’espace intérieur ou extérieur peut s’effacer sous nos yeux. On assiste à une disparition de la fenêtre. Le paysage apparaît et disparaît : il est en perpétuel mouvement (figures 69 et 70). Le vocabulaire finnois nous permet-il de comprendre la texture des fenêtres d’Alvar Aalto ? L’île de Säynätsalo appartient à la ville de Jyväskylä. La traduction du mot « jyvä » qui signifie « grain », renvoie à l’ancien village agricole de Jyväskylä. Par l’ajout de filtres, Aalto ne chercherait-il pas à donner un certain « grain » à ses fenêtres ? Dans l’industrie du bois, on parle du grain du bois comme texture. Säynätsalo abrite d’ailleurs une communauté industrielle vivant essentiellement grâce aux usines de transformation du bois. Ce vocabulaire pourrait donc être familier à Alvar Aalto. J’ai également découvert, dans les traductions des quartiers de Jyväskylä, certains noms pouvant renvoyer au travail de l’architecte. Le quartier « tuohi » signifie « écorce de bouleau ». L’écorce est le « revêtement » extérieur du tronc ou des branches de l’arbre. Elle fait partie de la croissance secondaire de l’arbre.
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Figure 69 - Le pan de verre Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Figure 70 - Disparition du pan de verre Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
99
Ainsi, on pourrait mettre en relation les fenêtres d’Aalto qui deviennent comme une seconde peau. Aalto protège ses bâtiments et plus particulièrement ses espaces intérieurs de filtres, comme l’écorce protégerait un arbre. Sur la façade ouest de la salle du conseil, l’épaisseur de la fenêtre est également utilisée comme un filtre. Cette épaisseur est ajoutée depuis l’espace intérieur, où il est impossible de distinguer la fenêtre (figure 71). C’est depuis la cour centrale, à l’extérieur, que l’on peut apercevoir cette fenêtre inclinée, qui se trouve d’un côté au nu extérieur et de l’autre au nu intérieur. La fenêtre a été conçue afin de recevoir les derniers rayons du soleil, le soir. Ces différentes épaisseurs permettent à la fois d’orienter, de capter et de diffuser la lumière. Le dispositif mis ici en place par Alvar Aalto permet d’éclairer un tableau de Fernand Léger, qui se trouve intégré dans le mur en briques. L’art fait partie intégrante des bâtiments d’Alvar Aalto. Il est pensé pendant la conception et s’intègre parfaitement à l’architecture. L’épaisseur mise en place depuis la salle du conseil permet de se concentrer sur l’espace intérieur et plus particulièrement l’œuvre d’art. On distingue des fentes verticales de lumière révélant à la fois l’œuvre d’art, mais également la matière du mur. La lumière est ainsi parfaitement maîtrisée par Alvar Aalto. Le filtre peut renvoyer à la perception d’une lumière filtrée par les arbres dans la forêt. On peut évoquer « la perception familière du soleil à travers les arbres d’une forêt et celle de la lumière naturellement tamisée comme sources métaphoriques probables de certains filtrages de lumière naturelle dans les espaces intérieurs d’Aalto. »17 En effet, lorsque l’on se trouve dans la forêt, sous une lumière filtrée, on ressent une sensation de bien-être. Nous nous sentons protégés, comme dans un espace intérieur. 100
17
BEAUX Dominique, Alvar Aalto et Reima Pietilä, 2015, p. 19
Figure 71 - La fenêtre de la salle du conseil Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
101
À l’hôtel de ville de Säynätsalo, sur la façade ouest de l’aile dédiée aux logements, l’épaisseur de la fenêtre se dévoile comme une texture. Une épaisseur est ajoutée depuis l’espace extérieur. Elle est constituée d’éléments verticaux en bois légèrement orientés afin de laisser entrer les derniers rayons du soleil (figure 72). C’est depuis l’intérieur que l’on découvre la seconde épaisseur de la fenêtre qui renferme l’espace du sauna. La fenêtre permet de maîtriser la lumière et la ventilation. Les habitants peuvent alors profiter d’un instant d’intimité à l’abri des regards extérieurs. La fenêtre qui constitue l’espace dédié au sauna est extrêmement importante car il est une véritable pièce de vie pour un Finlandais. “Sauna” est d’ailleurs l’unique mot finnois qui ait été adopté par la plupart des langues du monde. Mon voyage en Finlande m’a permis d’appréhender l’expérience du sauna. Comme les Finlandais, je m’y rendais au moins une fois par semaine. À l’intérieur des saunas, on découvre un univers particulier. Dans ces espaces recouverts entièrement de bois, l’odeur du bouleau qui s’y dégage rappelle les odeurs que l’on peut trouver dans la forêt. L’espace est assez sombre, la lumière est filtrée et l’ambiance brumeuse. Ainsi, le sauna nous révèle son propre paysage intérieur. C’est un espace dans lequel on se sent au plus proche de la nature. Dans beaucoup d’autres bâtiments, Aalto a mis en place un dispositif de filtrage (figure 72). Ces éléments sont utilisés essentiellement sur les fenêtres se trouvant au sud afin de maîtriser les apports lumineux. Cependant, on les trouve également au nord comme dans la maison d’Alvar Aalto où l’architecte a souhaité avoir de l’intimité dans les espaces s’ouvrant sur la rue principale. Ainsi, pour maîtriser la lumière, Alvar Aalto transforme les fenêtres comme des « filtres » à l’origine d’une texture. La fenêtre, par son épaisseur tend alors à disparaître.
102
Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Université Aalto, Espoo, 1975
Maison d’Aalto, Helsinki, 1936
Atelier d’Aalto, Helsinki, 1955
Bibliothèque, Seinäjoki, 1965
Figure 72 - L’épaisseur des fenêtres : le filtre
103
3. La fenêtre devient structure lumineuse « Rares sont ceux qui, comme Alvar Aalto, sont toujours restés attachés à l’importance d’un «projet de plafond» : Aalto donne sens à l’espace par l’intermédiaire du plafond ».18 Dans ces projets, Aalto semble transformer la fenêtre en une structure ou un plafond lumineux. Dans le bâtiment commercial «Rautatalo» situé à Helsinki, Alvar Aalto donne de la présence au plafond afin d’offrir une intériorité à un espace intérieur quasi-aveugle. Le bâtiment est situé en plein centre-ville de la capitale. Depuis l’espace intérieur, le café, on ne distingue aucune vue sur l’espace extérieur. Je me demande alors : comment le paysage peut-il être intériorisé lorsqu’il n’y a aucun contact avec l’extérieur ? Comment la lumière permet-elle de créer une intériorisation du paysage ? László Moholy-Nagy, artiste hongrois et ami d’Alvar Aalto, a travaillé dans les années 1920 sur des expérimentations lumineuses pouvant être rapprochées du travail de l’architecte. L’artiste a conçu une machine avec un assemblage de plaques de plexiglass et de métal. Lorsque l’on diffuse de la lumière sur ce dispositif, les ombres projetées sur les murs créent des formes mouvantes (figure 73). La lumière devient un élément naturel en mouvement. C’est donc la relation entre l’espace, la lumière et le mouvement qui m’intéressent. Aalto transposerait-il le travail de l’artiste dans le bâtiment commercial «Rautatalo» ? Dans le bâtiment commercial, Alvar Aalto a disposé en toiture 40 lanterneaux reprenant le motif de grille utilisé par l’artiste (figure 74). Quel est le véritable rôle de cette grille ?
104
18
VON MEISS Pierre, De la forme au lieu, 2012, p. 168
Figure 73 - Jeu de lumière noir-blanc-gris, 1930 László Moholy-Nagy
Figure 74 - Motif du plafond Bâtiment commercial «Rautatalo», Helsinki, 1955 105
Figure 75 - Perspective, Alvar Aalto Bâtiment commercial «Rautatalo», Helsinki, 1955
L’intérêt de cette grille est de lui donner de l’épaisseur afin de pouvoir réfléchir la lumière dans l’espace intérieur. En effet, la lumière est invisible, immatérielle. « Ce n’est qu’au moment où la lumière rencontre un obstacle, un objet, une surface, voire de la poussière en suspension qu’elle devient perceptible pour l’œil ».19 Par ses réflexions multiples, la lumière révèle alors l’espace dans lequel on se trouve et participe à la création d’un paysage intérieur. Le rapport entre la hauteur et la largeur du lanterneau est important à prendre en compte. Si la largeur est supérieure à la hauteur alors la lumière peut rentrer de manière directe à l’intérieur de l’espace et nuire au confort visuel de l’homme. La hauteur du lanterneau doit donc être égale ou supérieure à la largeur de celui-ci. À Rautatalo, la hauteur des lanterneaux est de 1.20 mètres. La largeur, elle, est de 0.90 mètres. Cela permet donc à la lumière d’être réfléchie et répartie de manière diffuse dans l’espace intérieur (figure 77). La mise en place de ce dispositif de lanterneaux permet d’assurer un équilibre entre naturel et artificiel. À Rautatalo, des lampes sont disposées sur chacun des lanterneaux afin de faire fondre la neige en hiver, mais également d’offrir un éclairage artificiel complémentaire à la lumière naturelle. Ce système avait déjà été expérimenté à la bibliothèque de Viipuri, où un réseau de chauffage ainsi qu’un système d’éclairage étaient disposés entre chaque lanterneau. Un paysage intérieur est crée grâce à cet équilibre entre des éléments naturels et artificiels. Ainsi, le plafond dans sa totalité est conçu comme un motif régulateur de lumière qui tend à faire disparaître la fenêtre. 108
19
VON MEISS Pierre, De la forme au lieu, 2012, p. 185
Figure 76 - Motif du plafond
Figure 77 - Coupe lumière naturelle
Bâtiment commercial «Rautatalo», Helsinki, 1955
53,5° le 21 juin 30° le 21 septembre
Figure 78 - Coupe sur les lanternaux Bâtiment commercial «Rautatalo», Helsinki, 1955
VERSION ETUDIANT 109
Figure 79 - Lumière naturelle, bibliothèque de Viipuri Croquis d’Alvar Aalto
110
Figure 80 - Lumière artificielle, bibliothèque de Viipuri Croquis d’Alvar Aalto
111
« La lumière nordique ne remplit pas l’espace comme dans les pays méditerranéens, elle varie en fonction du lieu ; (...) elle ne crée pas un espace unitaire mais un monde fait d’une multiplicité de lieux. »20 La lumière est très importante pour le bien-être de l’homme. En
20
NORBERGSCHULZ Christian, Scandinavie, architecture, 1991, cité dans HODDÉ Rainier, Alvar Aalto, 1998, p. 7
Finlande, particulièrement, le changement des saisons et la lumière déterminent la vie quotidienne des citoyens. Bien plus encore, la lumière est un élément vital. La lumière naturelle dépend de la position géographique, des saisons, des heures de la journée et des conditions météorologiques. La lumière est d’autant plus particulière de par son faible angle d’incidence, le soleil étant relativement bas. Au-delà du cercle polaire, le soleil ne se lève pas en hiver et ne se couche pas en été. 21
« Ce qui importe c’est de parvenir d’abord à gérer correctement le triangle «homme – source/récepteur/réflecteur - ombre ». Qu’est-ce qu’on éclaire, comment et pourquoi? C’est une tâche essentielle de tout architecte ».21 La structure mise en place par Alvar Aalto semble s’adapter à l’inclinaison et la trajectoire du soleil. La structure se plie délicatement afin de réfléchir la lumière. Elle permet une prise de lumière horizontale et latérale. La lumière naturelle est alors réfléchie par des surfaces, courbes ou planes, vers les parois verticales. Ainsi, la réflexion permet d’éclairer de manière diffuse l’espace intérieur. Dans le musée Aalto à Jyväskylä, la structure s’apparente à celle de sheds qui permettent de produire une lumière naturelle et homogène, éclairant l’ensemble des œuvres (figure 81). Dans l’université Aalto à Espoo, la structure courbe se plie de manière à diffuser les rayons du soleil vers l’espace du tableau ou éclairer l’ensemble des gradins (figure 82). 112
VON MEISS Pierre, De la forme au lieu, 2012, p.185
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Sud-est
Figure 81 - Coupe lumière Musée Aalto, Jyväskylä, 1973
Sud
Figure 82 - Coupe lumière Université Aalto, Espoo, 1975 53,5° le 21 juin 30° le 21 septembre
113
REALISE A L'AIDE D'UN PR
Figure 83 - L’amphithéâtre depuis l’extérieur Université Aalto, Espoo, 1971
114
Figure 84 - L’amphithéâtre depuis l’intérieur Université Aalto, Espoo, 1975
115
Depuis l’extérieur, on distingue de vraies fenêtres, mais lorsque l’on se trouve à l’intérieur de l’amphithéâtre de l’Université Aalto à Espoo ou dans la salle du conseil de l’hôtel de ville de Seinäjoki, les fenêtres ne sont plus visibles : elles ont disparu (figures 83/84 et 87/88). C’est la modulation de la lumière par la structure qui est à l’origine de cette disparition. En effet, la toiture est enveloppée d’une seconde peau visible uniquement depuis l’intérieur. Dans ces espaces, le rapport au ciel est indirect. Comment le lien au paysage est-il encore possible ? Que reste t-il du paysage dans la lumière indirecte ? La lumière est un élément naturel. Comme dans le bâtiment commercial «Rautatalo», le paysage se retrouve dans cette relation qui est créée entre la lumière et l’homme. La fenêtre disparaît dans les bâtiments publics d’Aalto : musées, universités, églises et bibliothèques. Ce sont des lieux où l’on doit se concentrer. L’intériorité du paysage est donc liée à l’homme. Alvar Aalto utilise la lumière naturelle afin de créer un confort spatial, visuel et thermique. Dans la bibliothèque de Seinäjoki, la lumière, réfléchie et diffuse, est agréable pour le lecteur. Les rayons du soleil sont réfléchis, grâce à des brises soleil, vers une paroi courbe qui diffuse la lumière dans l’espace de lecture (figure 86). La quantité et qualité de l’éclairement, sans reflet ni ombre, jouent sur le bien-être et l’usage de l’espace. La nature indirecte de cet éclairage révèle donc l’intériorité de l’espace. Maîtriser la lumière permet de créer des contrastes entre clair et sombre et de proposer des atmosphères variées. Ainsi, l’éclairage chez Aalto, qu’il soit naturel ou artificiel, suscite l’émotion et structure l’espace. Il participe à l’intériorisation du paysage. 116
N ETUDIANT Sud
Figure 85 - Coupe lumière Église de la croix, Lahti, 1978
Sud
Figure 86 - Coupe lumière Bibliothèque, Seinäjoki, 1965 53,5° le 21 juin 30° le 21 septembre
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Figure 87 - La salle du conseil depuis l’extérieur Hôtel de ville, Seinäjoki, 1968
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Figure 88 - La salle du conseil depuis l’intérieur Hôtel de ville, Seinäjoki, 1968
119
III - La construction d’un paysage
120
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1. Le paysage du détail
« Form must have a content, and that content must be linked with nature. » Alvar Aalto. Traduction : « La forme doit avoir un contenu, et ce contenu un lien avec la nature. » 22
22
Vitra Design Museum, Alvar Aalto : second nature, 2014, p. 22
La fenêtre est un élément qui fait partie de la définition de ce contenu Mais ce contenu, chez Aalto, est également tout ce qui construit le paysage intérieur comme les poignées de portes, les luminaires ou le mobilier. Chez Alvar Aalto, le détail est dans l’essence même du projet. Ainsi, la fenêtre est directement associée à ces détails afin d’intérioriser le paysage. Ces détails et leurs formes mouvantes se retrouventils dans le paysage ? Pour tenter de répondre à cette question, j’ai confronté une série de photos personnelles, d’éléments conçus par Alvar Aalto, avec des éléments que l’on retrouve dans les paysages finlandais. Il est important de noter qu’« Aalto » en finnois signifie « vague ». La vague est-elle un élément naturel qui se retrouve dans les détails d’Aalto ? On remarque à travers ces associations que les escaliers et les charpentes d’Alvar Aalto se rapprochent de la forme des arbres et de leur branchage (figure 89). Les jardinières et les luminaires conçus par l’architecte semblent exprimer la forme d’un lac et de ses vagues (figure 90). Ainsi, dans tous ces éléments se retrouvent le mouvement et la dynamique des paysages. « Ce qui l’intéresse dans la nature ce sont ses formes émergentes et perceptibles, plutôt que l’ordre rationnel auquel elle peut être réduite. »23 L’utilisation de ces formes « naturelles », exprimant la croissance et le mouvement, nous permet d’établir un lien entre le travail d’Aalto et celui de Frank Lloyd Wright, avec son concept d’ « architecture organique ». 122
23
COLQUHOUN Alan, Alvar Aalto : le type contre la fonction, 1981, p. 83
Mais derrière cette pensée d’Aalto que l’on pourrait qualifier d’ « organique » se cache une logique fonctionnelle. L’ensemble de ses détails, aux formes issues de la nature, sont conçus pour le bien-être de l’homme. La charpente de Säynätsalo a une fonction environnementale. Elle permet la ventilation entre les surfaces intérieures et extérieures de l’édifice, essentielle en Finlande à cause du climat hivernal. Les fermes soutiennent à la fois le toit et le plafond, créant un flux d’air pour gérer la condensation en hiver et la chaleur en été. Ainsi Alvar Aalto transforme une contrainte en atout esthétique. Les luminaires d’Alvar Aalto sont conçus comme ses fenêtres. Ils sont complémentaires. Les luminaires réfléchissent la lumière et la diffusent de manière homogène sans nuire au confort visuel de l’homme. Le mobilier et les poignées de portes, conçus par l’architecte, épousent parfaitement la forme du corps humain. Leur forme permet aussi bien de répondre à des qualités esthétiques que techniques.
Ainsi, l’ensemble des éléments de l’architecture d’Aalto participent à la construction d’’un paysage intérieur, entre naturel et artificiel.
123
Runko (charpente)
Oksa (branche)
Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Figure 89
124
Portaat (escalier)
Metsä (forêt)
Université Aalto, Espoo, 1975
125
Kukkalaatikot (jardinières)
Järvi (lac)
Maison Alvar Aalto, Helsinki, 1936
Figure 90
126
Lamppu (luminaire)
Aalto (vague)
Atelier Alvar Aalto, Helsinki, 1955
127
2. Le paysage mental
Alvar Aalto a-t-il conçu ses espaces grâce aux souvenirs de paysages vécus ? Peut-on imaginer les paysages révélés à travers les espaces intérieurs d’Aalto ? Afin d’essayer de répondre à ces questions, je propose une interprétation personnelle des paysages que je semble percevoir dans les espaces intérieurs d’Aalto. Pour cela, je mets en relation deux souvenirs : un espace intérieur d’Aalto visité, ainsi qu’un paysage. Ces souvenirs, organisés dans l’ordre de mon voyage, peuvent être liés à la forme, aux lignes, à la couleur ou à l’atmosphère générale qui se dégage. Dans tous ces espaces, la fenêtre joue un rôle dans la construction de ce paysage. À l’hôtel de ville de Säynätsalo (figure 91), la fenêtre révélée par la présence de la matière me rappelle cette ville industrielle de Tampere, où j’ai vécu pendant un an. Cette ville qui se dévoile par la présence de l’eau, cette matière en perpétuel mouvement. À l’université Aalto (figure 92), le dessin de la structure émetteuse de lumière réveille en moi le souvenir d’aurores boréales et leurs formes dansantes émettant de la lumière. Un spectacle magique. Dans l’église de Lahti (figure 93), la forêt semble rentrer depuis l’extérieur et être amplifiée par le rythme vertical des fenêtres. J’ai eu l’impression d’être au milieu d’une forêt finlandaise alors que le bâtiment se trouve en plein cœur du centre-ville.
128
Dans le bâtiment commercial «Rautatalo» (figure 94), il n’y a plus de contact avec le paysage lointain, l’espace est pour moi comme dans une brume où l’on perd toute notion de limite. Dans l’église de Seinäjoki (figure 95), la couleur blanche et l’ondulation du plafond, liée à la disposition des fenêtres, font écho aux montagnes enneigées découvertes en Laponie. Des montagnes qui semblent être en mouvement. Enfin, à l’hôtel de ville de Seinäjoki (figure 96), la structure lumineuse semble prendre la forme d’une paroi rocheuse. Ainsi, Alvar Aalto pourrait être conduit par des images mentales de paysages afin d’aboutir à ses esquisses. Le paysage est construit par l’architecture. Le paysage est alors un espace habité où les éléments naturels deviennent constitutifs d’un milieu artificiel. C’est à travers leur présence que les espaces intérieurs d’Alvar Aalto se révèlent être comme des paysages finlandais.
129
Hôtel de ville, Säynätsalo, 1950
Figure 91
130
Ville industrielle, Tampere, 13 août 2018
131
Université Aalto, Espoo, 1975
Figure 92
132
Aurores boréales, Tampere, 7 octobre 2018
133
Église, Lahti, 1978
Figure 93
134
Forêt, Rokuan Kansallispuisto, 20 octobre 2018
135
Bâtiment commercial «Rautatalo», Helsinki, 1955
Figure 94
136
Lac brumeux, Kylmälänkylä, 20 octobre 2018
137
Église, Seinäjoki, 1960
Figure 95
138
Montagne enneigée, Saariselkä, 24 février 2019
139
Hôtel de ville, Seinäjoki, 1968
Figure 96
140
Paroi rocheuse, Repovesi kansallipuisto, 28 avril 2019
141
Conclusion Ratkaisu
142
Pour conclure ce mémoire, il est nécessaire de rappeler la problématique qui a guidé ce travail : « Quel est le rôle de la fenêtre dans la manière dont Alvar Aalto conçoit un espace en relation avec le paysage ? » Nous découvrons que la fenêtre permet à Alvar Aalto d’intérioriser un paysage. Intérioriser, c’est le moment où l’on voit ce paysage en mouvement depuis l’intérieur, mais également lorsque celui-ci n’est plus directement perceptible. L’intériorisation est alors possible grâce à la parfaite maîtrise de la lumière naturelle et artificielle, réfléchie dans l’espace intérieur. Un autre type d’intériorisation serait le moment où l’architecte construit son propre paysage intérieur. Dans l’architecture d’Aalto, avez-vous remarqué deux fois la même fenêtre ? C’est le caractère unique de ces fenêtres que j’ai découvert à travers ces recherches. Cependant, grâce aux comparaisons établies entre les différents bâtiments visités, je m’aperçois que des similitudes peuvent exister. Toutes ces fenêtres jouent un rôle dans l’intériorisation du paysage finlandais. Mais leur rôle dépend de la fonction du bâtiment, de ses usagers ainsi que du paysage dans lequel le bâtiment s’inscrit. Tout d’abord, nous avons découvert que la fenêtre participe à la perception d’un paysage mouvant. Aalto établit le contour du paysage grâce au dessin du contour de la fenêtre. Ce dessin, comme celui de cartographies, donne naissance à des formes mouvantes que l’on retrouve dans le paysage. La fenêtre joue également un rôle de motif, par la répétition de lignes horizontales ou verticales, contribuant à la perception de ce paysage mouvant.
143
Il apparaît également une double expression de la fenêtre, entre intérieur et extérieur. À l’intérieur, la fenêtre révèle le caractère habitable et offre un contact avec le sol et/ou le ciel. Il est possible de voir le paysage sans être vu depuis l’extérieur. À l’extérieur, Alvar Aalto cherche une expression bien différente, plus abstraite. Enfin, le dessin de la matière révèle l’espace de la fenêtre et le paysage en mouvement. Ce dessin de la matière pourrait être perçu comme un tableau de paysage. La fenêtre, élément architectural, deviendrait-elle finalement un élément plastique ? « J’adopte une méthode de travail qui ressemble beaucoup à de l’art abstrait. »24 nous dit Alvar Aalto. Les fenêtres d’Aalto seraient comme des œuvres d’art. Je considère donc son travail comme une synthèse entre art, architecture et paysage. La fenêtre permet ainsi de percevoir le paysage, mais également de révéler le paysage intérieur par la lumière. On peut dire que cette lumière est à l’origine de la disparition de la fenêtre. La fenêtre devient à la fois une ligne permettant de terminer le volume. Elle devient également une texture pour la façade avec l’ajout d’éléments utilisés comme filtres. Aalto donne une nouvelle épaisseur à la fenêtre et participe à la disparition de celle-ci. La fenêtre devient également une structure qui émet de la lumière. La modulation de la toiture permet à Aalto de maîtriser l’éclairement, de révéler l’espace et susciter l’émotion. Ainsi, la ligne joue un rôle dans le dessin du contour, du motif, mais également de la texture de la fenêtre. Enfin, on découvre que chez Alvar Aalto, tout est paysage. La fenêtre et tout ce qui l’entoure contribuent à créer un paysage intérieur : mobilier, luminaires et autres détails. Aalto créé des univers variés qui prennent en compte le confort de l’homme. 144
24
AALTO Alvar, La table blanche et autres textes, 2012, p. 110
Ses détails semblent reprendre les formes mouvantes et dynamiques de la nature. On pourrait ainsi penser qu’Aalto construit son propre paysage, entre naturel et artificiel, en s’inspirant d’images mentales de paysages finlandais qui lui sont chers. Je suis ravie d’avoir pu vous faire voyager à travers ce mémoire. Ces recherches m’ont menée à découvrir les fenêtres d’Alvar Aalto, entre texture, motif et contour : des fenêtres uniques participant à l’intériorisation des paysages qui m’ont tant marquée en Finlande. Ainsi, je peux dire que ces paysages ont permis de tisser un lien entre Alvar Aalto et moi-même. Nous pourrions continuer d’approfondir ce travail sur le rôle de la fenêtre dans la constitution d’un paysage intérieur en interrogeant le travail de la nouvelle génération d’architectes finlandais. Lors de mon voyage en Finlande, j’ai pu visiter douze bâtiments construits par la génération qui succède à Alvar Aalto (voir annexes). Je me demande alors : quel est l’héritage laissé par l’architecte ? La fenêtre joue-t-elle le même rôle que dans les œuvres d’Alvar Aalto ? Peut-on parler de paysages intériorisés ? Ce sont des questions auxquelles je souhaiterais apporter une réponse en poursuivant ultérieurement ce travail de recherche.
Aujourd’hui, grâce à ce mémoire, mon voyage en Finlande a pris une toute autre dimension. Il restera gravé à jamais.
145
Bibliographie Lähteet
146
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148
RASMUSSEN Steen Eiler, Découvrir l’architecture, Paris, Éd. du Linteau, 2002, 287 p. VITRA DESIGN MUSEUM, Alvar Aalto : second nature, 2014, 688 p. VON MEISS Pierre, De la forme au lieu, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2012, 383 p.
Articles CHOUQUER Gérard, Nature, environnement et paysage au carrefour des théories, Études rurales, EHESS, 2001 COLQUHOUN Alan, Alvar Aalto : le type contre la fonction Dans Recueil d’essais critiques : architecture moderne et changement historique, Mardaga, 1981
Films SUUTARI Virpi, Aalto, 2020, 103’
Expositions The Cultivated Landscape of Alvar Aalto, Musée Alvar Aalto, 2020
Sites internet Fondation Alvar Aalto, https://www.alvaraalto.fi/
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Annexes Liite
150
151
Logements collectifs Puukuokka, Jyväskylä, OOPEAA, 2014-2018
152
Sauna Löyly, Helsinki, Avanto architectes, 2016
153
Université Aalto, Espoo, VERSTAS, 2018 Extension de l’université Aalto, 1975
154
Bibliothèque Apila, Seinäjoki, JKMM, 2012 Extension de la bibliothèque de Seinäjoki, 1965
155
Centre Haltia de la nature finlandaise, Espoo, Lahdelma & Mahlamäki, 2013
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Musée Amos Rex, Helsinki, JKMM, 2018
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Bibliothèque centrale Oodi, Helsinki, ALA architectes, 2018
158
Bibliothèque, Turku, JKMM, 2007
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Chapelle de Kamppi, Helsinki, K2S, 2012
160
Église de Kuokkala, Jyväskylä, OOPEAA, 2010
161
Chapelle œcuménique, Turku, SANAKSENAHO architectes, 2004
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Eglise Temppeliaukio, Helsinki, Timo et Tuomo Suomalainen, 1969
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Alvar Aalto sur son bateau Fondation Alvar Aalto
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