L’ÎLE DE NOIRMOUTIER Symbiose entre une île et son océan Marc Debuiche
école nationale supérieure d’architecture
2016 Mémoire de Master : Territoire en Projet, Architecture, Urbanisme et Paysage Marc Debuiche Île de Noirmoutier : Symbiose entre une île et son océan Comment appréhender la gestion d’un territoire fragilisé par les risques de submersion et d’érosion induits par le changement climatique ? Enseignants : F. Bertrand & P. Simay Directeur de Mémoire : F. Bertrand 60 Boulevard de la Villette, 75019, Paris
Pointe de l’Herbaudière La Blanche
Le Viel
L’Herbaudière
Bois de la Chaize
Pré Pétrouillard
Plages de Luzéronde
Plage des Dames
NOIRMOITIER-EN-L’ÎLE
Baie de Bourgneuf
Plages des Sableaux Étier du Moulin
Pointe du Devin
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L’ÉPINE
Marais du Müllembourg
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Port du Morin D38
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LA GUÉRINIÈRE Bois des Éloux
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Port du Bonhomme
Pointe de la Loire
D38
Dune de La Tresson
BARBÂTRE
OCÉAN
Polder Sébastopol
Passage du Gois
ATLANTIQUE Pointe de la Fosse Détroit de Fromentine
LA BARRE DE MONTS
0
1 km
2 km
Île de Noirmoutier : Superficie : 4 900 hectares dont 1 660 hectares de marais Longueur : 18 km Largeur : de 500 mètres à 8 km Longueur du trait côtier : 62 km Altitude minimum NGF1 : 0 m Altitude maximum NGF : 20 m Population de résidants : 10 093 habitants soit 206 hab./km2 Communauté de communes : Noirmoutier-en-l’Île (Chef-lieu avec 4 848 hab.), l’Épine (1 794 hab.), la Guérinnière (1 574 hab.) et Barbâtre (1 877 hab.) Population maximale en haute saison : près de 90 000 habitants 15 046 logements dont 67,7 % de maisons secondaires Terrains urbanisés et constructibles : 30 % de la surface de l’île, 28 % de terres agricoles et 42 % pour les zones naturelles dites L.146-6. NGF : Nivellement Général de la France dont le « niveau zéro » de référence est déterminé par le marégraphe de Marseille.
1
Écluses Église Saint-Phlibert
Château de Noirmoutier-en-l’île Bois
Terres agricoles
Dunes et plages
Zones urbaines
L’ÎLE DE NOIRMOUTIER Symbiose entre une île et son océan Marc Debuiche
Comment appréhender la gestion d’un territoire fragilisé par les risques de submersion et d’érosion induits par le changement climatique ?
école nationale supérieure d’architecture
fig 1 : Noirmoutier-en-l’Île - Commune de Noirmoutier-en-l’île
fig 2 : Bois de la Chaize - Pélavé
En premier lieu, je remercie mon Directeur de mémoire, Monsieur Frédéric Bertrand, professeur à l’ENSA1 Paris-Belleville. Ses précieux conseils en début de recherches m’ont fourni la méthodologie nécessaire pour mener à bien ce travail. Il m’a toujours soutenu face à l’ampleur de la tâche qui m’était confiée. Je salue sa patience et le remercie de m’avoir orienté, aidé et conseillé. J’adresse mes sincères remerciements à toutes les personnes, qui par leurs paroles, leurs écrits et leurs conseils ont guidés ma réflexion et ont accepté de me rencontrer et de répondre à toutes mes questions durant mes recherches : Monsieur Joël Sarlot (Vice-Président du Conseil Général et Président du CAUE de la Vendée2), Monsieur Noël Faucher (Maire de Noirmoutier-en-l’Île), Madame Christine Sauvage (Responsable urbanisme à Noirmoutier), Monsieur François Dandart (architecte DPLG à Nantes) ainsi qu’ Alexandre Cressey, un ami de ENSA Paris la Villette, aujourd’hui diplômé. Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance aux professionnels du bâtiment qui m’ont accueilli au sein de leurs structures afin de me former et de me transmettre la passion de leur métier. Leur suivi au cours de mes stages m’a apporté de précieuses informations sans lesquelles l’élaboration de ce mémoire n’aurait pu se faire : Monsieur Nicolas Boutolleau (Architecte DPLG, gérant d’OPS), Monsieur Pierre Cheniot (dessinateur, collaborateur chez OPS), Monsieur Stéphane Chabrol (Architecte DPLG, gérant de l’agence Stéphane Chabrol), Madame Marie-Laure Desloires (Ex co-gérante de l’agence Île et Architecture, aujourd’hui à la retraite), Monsieur Michel Bregeon (Gérant de la menuiserie Bregeon à Noirmoutier), Monsieur Robert Raymond (Responsable d’atelier chez Bregeon) et enfin Monsieur Jacky Gautier (menuisier/poseur chez Bergeon). Je remercie les jeunes architectes, Messieurs Emmanuel Metrard et Adrien Alanou (fondateurs de la première agence d’architecture mobile : l’Atelier de la Comète) ainsi que Monsieur Arnaud Reaux (architecte diplômé de Belleville, travaillant chez UrbanWater pour des missions au Cambodge) qui ont participé au concours organisé par le CAUE852, et avec qui j’ai eu des échanges fructueux qui ont recadrés mon travail. Je remercie mes grands-parents de Noirmoutier pour leur accueil et leur soutien inconditionnel. Enfin, je remercie très spécialement mes parents. Merci pour votre aide, votre patience, votre persévérance et vos critiques constructives qui m’ont permis de boucler mon mémoire. À tous ces intervenants, je présente mes remerciements, mon respect et ma gratitude.
1 2
École Nationale Supérieure d’Architecture (ENSA) Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Vendée (CAUE 85)
Sommaire Introduction
Contexte international ................................................................................................................................................. 8 Une étude de cas ................................................................................................................................................. 14 Île de Noirmoutier ................................................................................................................................................. 17
I. Géologie
................................................................................................................................................. 21 Histoire géologique ................................................................................................................................................. 23 Risques à craindre ................................................................................................................................................. 30 Raz-de-Marée ................................................................................................................................ 31 Mouvements de sol ................................................................................................................................ 32 Effondrements maîtrisés ................................................................................................................................ 32
II. Climatologie
................................................................................................................................................. 35 Histoire climatique ................................................................................................................................................. 38 Intéraction entre l’homme et le climat Influence du climat sur notre civilisation ................................................................................................................................ 43 Influence de l’homme sur le climat et son environnement ................................................................................................................................ 44 Réchauffement climatique ................................................................................................................................................. 46 Les causes ................................................................................................................................ 47 Les conséquences ................................................................................................................................ 48 Le climat régi par les océans et courants Les océans ................................................................................................................................ 50 Le Gulf Stream ................................................................................................................................ 51 Menace de submersion ................................................................................................................................................. 54 Tempêtes & vimers ................................................................................................................................ 55 Xynthia : causes et conséquences ................................................................................................................................ 59
Les inondations d’intempéries souvent négligées ................................................................................................................................................. 62
III. Étude de cas : l’île de Noirmoutier
................................................................................................................................................. 63 Chronologie des submersions ................................................................................................................................................. 69 Deux sites clés menacés Le cordon dunaire ................................................................................................................................ 77 Les polders noirmoutrins ................................................................................................................................ 83 Dispositifs de défense ................................................................................................................................................. 87 Phénomènes sociologiques & économiques ................................................................................................................................................. 89
IV. Les Législations et ses acteurs
................................................................................................................................................. 93 Les acteurs extérieurs Au niveau mondial ................................................................................................................................ 95 En Europe ................................................................................................................................ 96 En France ................................................................................................................................ 98 La gestion du risque sur l’île de Noirmoutier ................................................................................................................................................. 103 PAPI : Plan d’Action et de Prévention des Inondations ................................................................................................................................ 105 PPRL : Plan de Prévention des Risques Littoraux ................................................................................................................................ 109
Conclusion
................................................................................................................................................. 113
Concours
................................................................................................................................................. 119
Annexes
................................................................................................................................................. 121
Bibliographie
................................................................................................................................................. 132
8 CONTEXTE INTERNATIONAL INTRODUCTION
INTRODUCTION Contexte international
60 %
de la population mondiale vit sur le littoral, soit 3,8 milliards de personnes1. Avec la hausse du niveau des océans et les phénomènes climatiques violents en zone urbaine, les populations du monde entier se voient menacées. Chacun d’entre nous peut attester de la modification de son environnement proche. Quelles soient développées ou en extrême pauvreté, toutes les nations ont comme point commun la gestion de la mutation du climat et du territoire. Dans certaines régions du monde, les hommes sont contraints à fuir leur habitat pour assurer leur sécurité et leur développement. Il s’agit d’un défi universel qu’on ne peut ignorer. La climatologie est une science naisssante et très méconnue. Nous sommes aujourd’hui incapables de comprendre le climat dans sa totalité. En réalité, nous connaissons notre météo et non notre climat. Il faut savoir que les modifications climatiques que nous enregistrons dans certaines régions du monde ne sont pas inédites
étant donné le caractère évolutif de notre planète. Plus qu’un réchauffement climatique, nous assistons à un rééquilibrage du climat planétaire. Pendant des milliers d’années, l’Homme a toujours su s’adapter à son environnement. Il évoluait dans des zones climatiques clémentes qui facilitaient son mode de vie : source de nourriture et peu de catastrophes naturelles2. C’est pourquoi, il adoptait un schéma migratoire. Malgré ce soin porté à la sélection des zones à coloniser, certaines catastrophes ont décimé des clans entiers. La mémoire collective permettait de transmettre de génération en génération la connaissance du territoire. Ces connaissances et l’adoucissement du climat global ont permis à l’Homme de se sédentariser et de mieux connaître son milieu.
C. Devillers : Grands territoires : Le littoral en projets Ed. Parenthèse paru en 2010
1
Y. Coppens : Migration et cohabitation de l’Homo Erectus et de l’homme de Néandertal
2
9 CONTEXTE INTERNATIONAL INTRODUCTION
« l’Homme est un animal qui plus que n’importe quel autre, sait s’adapter à tous climats et à toutes les circonstances de la vie » Henry David Thoreau
Les Trente Glorieuses désignent la période de forte croissance économique après le seconde guerre mondiale entre 1945 et 1973. 1
2 Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Vendée (CAUE 85) 3 Émission diffusée sur France2 le 24/11/2015 “ Climat : Et la France ? ” présentée par Julian Bugier
Voir Annexe 1 : Carte française des communes en zone à risque
Aujourd’hui, nous avons un rapport à la nature très différent d’autrefois. En France, l’euphorie des Trente Glorieuses1 voit la création d’une nouvelle société « bien pensée »2. La France bascule dans la modernité et se transforme rapidement au nom du progrès et de la croissance. L’Homme adopte une stratégie de conquête et désire dompter la nature pour la rendre productive. Pendant cette insouciance collective, le pays se réorganise en construisant, autoroutes, aéroports, barrages hydroélectriques, etc. Nous pensions être dans un monde éternel affranchi de tous risques. Le remembrement des terres agricoles voit apparaître un nouveau type d’agriculture de masse, qui exploite des terres immenses afin de fournir l’alimentation nécessaire à la population. Par exemple, lorsque les pluies se faisaient rares, les agriculteurs tiraient des fusées d’iorure d’argent à 3 000 mètres d’altitude dans les nuages afin de faire tomber de l’eau. La maitrise de la terre et du ciel était totale. Grâce aux innovations techniques, comme le béton armé, le territoire est redessiné dans les bureaux d’ingénieurs des Ponts et Chaussées Les cours d’eau sont rectifiés et de nouvelles villes de front de
mer bâties sur les dunes voient le jour comme Palavas les Flots, la Grande Motte ou encore Lacanau. Les projets s’implantent un peu partout sur notre territoire sans tenir compte de la fragilité des paysages et de la menace des océans. L’homme a voulu modeler et figer le paysage selon son désir. La mémoire collective du risque s’est effacée peu à peu3. Les limites du contrôle de la nature ont étés franchies au-delà du raisonnable. La conséquence est qu’aujourd’hui, 1,4 million de français sur les 7 millions vivant sur le littoral sont directement menacés par des catastrophes naturelles liées aux phénomènes océaniques. Les 2 760 km de côtes françaises sont composés de 37 % de côtes artificielles et 63 % naturelles4. En 2006, selon l’IFEN5, 10 % du trait de côte s’engraisse alors que 25 % recule malgré l’édification d’ouvrages de défense contre l’érosion. The Great Storm6, Lothar et Martin7, Xynthia, Christine8, derrière ces prénoms se cache une succession de violentes tempêtes comme l’Hexagone en a rarement connue. Notre littoral porte encore les traces du passage de ces dépressions. Ce qui est préoccupant en France, c’est
10 CONTEXTE INTERNATIONAL INTRODUCTION
le nombre de pôles urbains denses susceptibles d’être détruits par un risque de submersion. De plus, la tendance démographique relevée par l’INSEE1 nous montre que la population littorale est en perpétuelle augmentation. Depuis 30 ans, elle a augmenté de près de 20 %. Il faut aussi préciser que la densité moyenne de population sur notre littoral est de 315 habitants par kilomètre carré, soit trois fois supérieure à la moyenne française. La médiatisation des sommets écologiques mondiaux, comme la COP212 à Paris en décembre dernier, permet de sensibiliser les populations aux risques liés aux modifications du climat. Actuellement, de nombreux peuples prennent conscience, petit à petit, que nous sommes arrivés à la limite de notre contrôle sur l’environnement. Nous n’avons plus le choix, nous devons accepter la modification de notre territoire et redoubler d’efforts pour nous y adapter. Nos sociétés occidentales développées doivent réapprendre à vivre avec leur environnement. Elles ont aussi un devoir envers les pays émergeants et en voie de développement. Paradoxalement, ce sont les pays les moins dévastateurs envers leur environnement qui subissent le plus les phénomènes liés aux variations climatiques. Cela contraint même certaines populations à quitter leur habitat. Les premiers concernés sont les pays en voie de développement qui se situent dans des zones climatiques extrêmes. Ces pays ont avant tout besoin de fonds afin de s’adapter à un territoire parfois devenu
NOMBRE DE LOGEMENTS DANS LES ZONES À RISQUES PAR DÉPARTEMENTS 30 000 20 000 10 000 0
34 66 59 85 62 33 17 13 39 83 11 44 06 14 56 50 76 64 29 Départements Nombre de logements construits à un altitude inférieure à 2 mètres
fig. 3
Source : Profil habitat INSEE, SRTM3 de la NASA, Traitements MRN4 en 2000
plus hostile. Les pays les plus pollueurs se doivent de montrer l’exemple et de préserver l’habitat des générations futures. Ce contexte dans lequel nous évoluons est inédit depuis au moins trois générations. Notre mode de vie se trouve directement touché, tout comme de nombreuses professions. Aujourd’hui, le métier d’architecte prend une tout autre dimension. Il ne s’agit plus seulement de concevoir un projet à l’échelle d’une parcelle ou d’un quartier, mais de comprendre le territoire dans son ensemble, afin de mettre à contribution ses atouts tout en se protégeant de ses dangers potentiels. Nous avons jusqu’à aujourd’hui eu l’habitude de voir des constructions identitaires et statutaires caractérisant notre modèle de société. La stratégie à adopter pourrait être la discrétion en utilisant, par exemple, les ressources locales afin que le projet s’intègre au mieux à son environnement sans perturber son bon développement. Il ne s’agit pas de faire table rase de notre patrimoine, mais plutôt de comprendre notre territoire afin d’y adapter nos villes préexistantes.
Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE)
1
Conférence de Paris (COP21) sur le climat a eu lieu du 30 novembre au 12 décembre 2015 au Bourget. Elle est la 21e conférence internationnale réunissant 195 pays pour décider des mesures à mettre en place dans le but de limiter le réchauffement climatique.
2
3 Shuttle Radar Topography Mission (SRTM) 4 Mission Risques Naturels (MRN)
11 CONTEXTE INTERNATIONAL INTRODUCTION
Comment appréhender la gestion d’un territoire fragilisé par les risques de submersion et d’érosion induits par le changement climatique ?
La tempête Xynthia est une dépression météorologique majeure ayant frappé plusieurs pays européens mais surtout les côtes Charentaises entre le 26 février et le 1er mars 2010. La rupture d’une digue artificielle entraîna le décès de 59 personnes. D’apès les photographie prises par Ouest-France publiées dans le Moniteur magazine du 15/04/2010 1
Certains territoires jugés trop exposés seront peu à peu désertés et, à l’inverse, d’autres pôles autrefois délaissés pourraient devenir des points d’attraction. Nous disposons aujourd’hui de la technologie et de connaissances suffisantes pouvant déterminer le degré de dangerosité d’un territoire et son évolution future. La contradiction est que nous avons créé une société sans cesse en mouvement, mais nous n’acceptons pas les mouvements initiés par la nature. Notre métier est évolutif ; aujourd’hui, le propre de l’architecte est non seulement de comprendre la société dans laquelle il évolue, mais aussi de tenir compte du monde naturel dans lequel les hommes vivent. Pour cela, il faut exploiter des échelles de l’infiniment grand et de l’infiniment petit jusqu’ici rarement utilisées en architecture. Nous ne pouvons plus seulement favoriser les intérêts de l’Homme lorsque nous concevons un édifice, nous devons aussi prendre en compte les exigences du territoire à part égale. De nombreux architectes et ingénieurs à travers le monde travaillent déjà sur cette dynamique, mais leur travail reste seulement connu des puristes et non de l’ensemble de la population. C’est pour ces raisons que ce sujet m’a paru à la fois pertinent pour un étudiant en architecture, mais aussi pour ma cul-
ture personnelle. Il s’inscrit dans l’actualité, et prend aussi une part de plus en plus importante dans notre métier. Le sujet des modifications de territoire liées au climat se développe jour après jour. Depuis plus d’un an, les données que j’ai pu récupérer se sont vues de plus en plus précises et intéressantes. La problématique du site en architecture m’a toujours beaucoup intéressée. Ici, il s’agit de comprendre l’évolution d’un territoire en mouvement à l’échelle d’une région. J’ai fait le choix de m’intéresser plus particulièrement aux risques de submersion et d’érosion des côtes. Comment appréhender la gestion d’un territoire fragilisé par les risques de submersion et d’érosion induits par le changement climatique ? Pour y répondre, j’ai mis à profit mes connaissances scientifiques acquises plus jeune en les mêlant aux connaissances pluridisciplinaires que j’ai développées pendant ces années d’études à l’ENSA Paris-Belleville. Je pense aussi que l’approche de ce sujet pour un étudiant en architecture peut être intéressante et enrichissante. Notre capacité d’analyse, parfois particulière, peut nous amener à proposer une approche différente sur le sujet abordé et la non connaissance de certains points est susceptible de faire émerger de nouveaux questionnements.
12 CONTEXTE INTERNATIONAL INTRODUCTION
Fig 4 : Vue aérienne des communes de la Faute sur mer et L’aiguillon sur mer après le passage de la tempête Xynthia1 - Agence Fance Pesse
13 UNE ÉTUDE DE CAS INTRODUCTION
fig. 5 : Dune du Tresson - Loïc GOUGUET - ONF 8
14 UNE ÉTUDE DE CAS INTRODUCTION
INTRODUCTION Une étude de cas
A
fin d’illustrer le sujet des risques de submersion et d’érosion, j’ai préféré m’appuyer sur un exemple précis. Il s’agit de l’île de Noirmoutier située sur la façade Atlantique1. L’île de Noirmoutier est l’un des trois premiers sites pilotes sélectionnés pour tester le PAPI2. Ce site atypique rassemble plusieurs cas de figure intéressants, comme la vulnérabilité de zones situées sous le niveau des plus hautes mers, ou encore un cordon dunaire érodé par les assauts répétitifs de l’océan, pour n’en citer que deux. L’histoire géologique et climatique de ce petit morceau de Vendée est très riche et nous permettra de comprendre les évolutions de ce territoire fragile. L’île de Noirmoutier se compose à 34 %, soit 1660 hectares de marais protégés par 24 kilomètres de digues artificielles, 38 km de plage et de dunes, ainsi que plusieurs dizaines de kilomètres de cours d’eau douce et salée3. À plusieurs reprise, les digues ont cédé sous la pression des tempêtes. Cette fragilité en fait l’un des endroits les plus sensibles à l’érosion
et à la submersion en France. L’île est un avant poste permettant de constater la hausse du niveau des océans, mais aussi de la progression de l’érosion sur le trait de côte vendéen. L’île de Noirmoutier est un territoire bien délimité et à une échelle abordable par un seul étudiant. J’ai pu me déplacer très facilement à vélo pour y faire mes relevés et mes observations. À titre de repère, l’île de Noirmoutier est deux fois plus petite que Paris soit 4 900 hectares. Ce qui m’a conforté dans mon choix est la détermination des riverains, des élus locaux ainsi que des instances départementales à préserver leur territoire tout en endiguant le risque de submersion. L’île de Noirmoutier entretient une relation très particulière avec l’océan. Elle s’ouvre totalement sur l’Atlantique par ses activités comme l’ostréiculture4, la mytiliculture5, la saliculture7, la pêche ainsi que les sports nautiques.
1
cf. Carte
Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI)
2
D’après la Société des Historiens du Pays de Retz
3
Relevés réalisé à partir de cartes IGN
4
5
Élevage d’huitres
6
Élevage de moules
7
Production de sel marin
Office National des Forêts (ONF)
8
Paris 10 500 ha
Noirmoutier 4 900 ha
fig. 6
15 UNE ÉTUDE DE CAS INTRODUCTION
1 Cela fait plus de 24 ans que j’ai la chance de maerendre plusieurs fois par ans à Noirmoutier. Cette expérience m’a permise de mieux comprendre le site ainsi que de plus facilement collecter les données 2
Cours d’Architecture Navale encadrés par L. Piqueras à l’ENSA Paris-Belleville
Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Vendée (CAUE 85) 3
Concours : “ Habiter avec la Mer ” qui sera abordé dans la dernière partie du mémoire 4
5
Les Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) À Noirmoutier, ce document est source de tensions entre la Région et les professionnels noirmoutrins qui voient le PPRL comme un frein pour l’économie locale 6
7
8
Menuiserie Bregeon
Plan d’Occupation des Sols (POS)
Plan Local d’Urbanisme (PLU) 9
Bâtiment et Travaux Publics (BTP)
10 Chiffres issuent des données collectées par la Communauté de Communes de l’île de Noirmoutier
La dernière raison pour laquelle j’ai choisi Noirmoutier comme site de référence est mon attachement personnel pour l’île. En effet, il s’agit du lieu de villégiature de mon enfance1. C’est ici que m’est venu mon attachement au monde marin et m’a conduit à apprendre l’architecture navale pendant deux ans à l’école de Belleville2. C’est une chance pour moi de pouvoir allier mon futur métier à une de mes passions. Lors de l’élaboration de cette étude, j’ai passé plus de sept mois sur place en l’espace de deux ans. Cela m’a permis de me procurer de nombreuses données ainsi que de rencontrer des interlocuteurs clés dont le Maire de Noirmoutier ou le directeur du CAUE de Vendée3. Mes grands parents, qui résident à l’année sur l’île et qui participent à sa vie associative, m’ont permis d’optimiser mes recherches et de, sans cesse, vérifier l’exactitude des données collectées. Dans le cadre de mes recherches, j’ai participé à un concours d’architecture4 organisé par le CAUE853 autour de la question de l’habitat en zone submersible. Ce travail extra scolaire a été très enrichissant pour moi. Cela m’a permis de m’immerger un peu plus dans le contexte noirmoutrin, afin de comprendre dans le détail, la stratégie du département et de la commune, face au risque de submersion. J’ai pu aussi appréhender le ressenti des riverains face au PPRL5 qui se voit d’ailleurs contesté.
En complément de cette expérience atypique dans le cadre d’un mémoire, j’ai eu l’occasion de réaliser l’ensemble de mes stages et de mes expériences professionnelles à Noirmoutier. J’ai effectué mon stage ouvrier dans la plus importante menuiserie de l’île6 qui compte une dizaine de salariés. Pendant quinze jours, j’ai suivi plusieurs menuisiers sur les chantiers, mais aussi en atelier. Ils ont pris soin de me transmettre la passion de leur métier, mais aussi l’histoire de la construction vendéenne. J’ai fait mon premier stage en agence, d’une durée d’un mois et demi dans le cabinet de Stéphane Chabrol, qui a son siège social à Challans sur le continent. Mon second stage de master a eu lieu dans l’agence OPS Architectes, basée à Saint-Jean-de-Monts. Par le biais de ces expériences initiées par l’ENSA Paris-Belleville, j’ai eu l’occasion de travailler à Noirmoutier environ un mois par an depuis ma première année. La totalité des chantiers que j’ai pu suivre se situaient donc exclusivement sur l’île. Ces diverses expériences professionnelles m’ont permises de comprendre le contexte dans lequel j’évoluais, à savoir les réglementations comme le POS7, le PLU8 ou encore le PPRL toujours en cours de réflexion. Mes rencontres avec les différents intervenants m’ont beaucoup appris quant aux méthodes de constructions, ainsi que l’obsession portée à la préservation de l’environnement noirmoutrin. Noirmoutier est fort de plus de 120 entreprises liées à l’artisanat du bâtiment, du paysage et des BTP9. Ce secteur génère près de 300 emplois à l’année, ce qui le place dans les principales activités de l’économie insulaire10.
16 UNE ÉTUDE DE CAS INTRODUCTION
Pour structurer mon mémoire, je suis parti de l’idée qu‘un paysage résulte d’abord de mouvements géologiques. La topographie des sols est sans cesse façonnée par des évènements climatiques ainsi que, dans certains cas comme Noirmoutier, modelé par l’homme. Ainsi, dans un premier temps, je me suis intéressé à la compréhension des phénomènes naturels menant à l’érosion et à la submersion d’un littoral. J’ai donc étudié la nature des sols et ses mouvements afin de comprendre l’évolution du territoire dans un futur lointain. Dans un second temps, j’ai entamé une recherche sur la compréhension des phénomènes climatiques1, mais aussi l’histoire du climat qui nous donne des indices quant à son évolution dans un futur proche. Les activités humaines ont aussi leur part de responsabilité lors de l’érosion du littoral. Je me suis penché sur les infrastructures bâties par l’homme, qui dans certains cas, sont les uniques responsables de l’érosion des plages de Noirmoutier. Une fois identifiées les causes et les zones d’érosions, j’ai voulu comprendre les différentes stratégies mises en
place par les instances gouvernementales nationales, régionales et locales pour lutter contre les diverses menaces de l’océan.
1
dépressions et courants
L’Étude de cas sur l’île de Noirmoutier m’a permis de mettre en place une méthode de travail facilitant la compréhension d’un site. Cette méthodologie est applicable à n’importe quel site. Une fois appliquée, elle me va me permettre d’appréhender un bon nombre de territoires côtiers. Les bases de mon travail et la méthode de recherche initiée par Mr Frédéric Bertrand a rendu la production de ce mémoirepossible. Le cadre du séminaire : “ Territoire en Projet, Architecture, Urbanisme et Paysage “ dirigé par Mr Frédéric Bertrand correspondait tout à fait au sujet que j’avais à coeur de développer. L’aide et l’orientation de mon professeur m’ont permis de réaliser le meilleur travail écrit que j’ai pu fournir jusqu’à aujourd’hui. Suite à cette expérience, j’ai le souhait de poursuivre mon travail dans cette voie et d’appliquer les théories ici développées dans mon sujet de Projet de Fin d’Études. Cette mise en pratique complétera mes compétences lors de ma carrière professionnelle.
« La maison doit désormais tenir compte de l’exposition de certains territoires aux risques naturels. Le risque d’inondation fait partie d’une réalité qu’il faut savoir prendre en compte, évidemment pour assurer la sécurité des personnes et des biens mais qui peut modifier d’une façon importante notre paysage urbain » Noël Faucher (Maire de Noirmoutier-en-l’Île)
17 ÎLE DE NOIRMOUTIER INTRODUCTION
INTRODUCTION Île de Noirmoutier
Plage des Sableaux
18 ÎLE DE NOIRMOUTIER INTRODUCTION
N
oirmoutier se situe au Sud de l’estuaire de la Loire et à l’Ouest du plus vaste marais vendéen que l’on nomme le marais Breton1. Véritable vestige du passé, c’est sur ces terres que s’étendait l’ancienne Baie l’ancienne Baie de Bretagne, aujourd’hui asséchée par l’homme. Les communes de Bouin et Beauvoir-sur-Mer1, maintenant sur le continent, faisaient partie des nombreuses îles qui parsemaient cette ancienne baie. Seule l’île de Noirmoutier est restée entourée par l’océan Atlantique. Noirmoutier mesure approximativement 18 km de long et présente une largeur variant de 500 mètres(2) à 8 km(3). Il s’agit de l’île la plus vaste de Vendée. Elle est deux fois plus grande que l’île d’Yeu qui se trouve à 25 km des côtes4. Noirmoutier est séparée du continent par le détroit de Fromentine fermant la baie de Bourgneuf. L’île est accessible, lors des basses mers, par une chaussée submersible de 4 km appelée le Gois. Cette voie apparaît sur nos cartes à partir de 1701. Cet accès n’est ouvert que deux fois par jour et est praticable deux heures avant et deux heures après la basse mer. Depuis 1971, un pont permet de traverser le détroit de Fromentine. Dès l’Antiquité, Noirmoutier s’appelait l’île d’ « Her » du latin « Herus5 ». Vers 700, l’île porte le nom du monastère fondé par Saint Philibert6 en 674 soit « Hermoutier » : l’île d’Her au monastère. À partir du XIIIe siècle, l’île fut nommée « Noirmoutier ». L’étymologie de ce nom populaire associe la couleur « Noire » dont sont vêtus les moines bénédictins, au terme latin « Monasterio », soit l’île noire au monastère. L’île est également souvent surnommée l’île aux mimosas pour sa douceur climatique7. Jusqu’au début du XIXe siècle, l’île de Noirmoutier ne comptait qu’une seule commune, Noirmoutier-en-l’Île, qui est aujourd’hui le chef-lieu. L’accroissement démographique voit la formation de petits hameaux comme Barbâtre devenu une commune à part entière en 1858. Soixante ans plus tard, deux autres communes voient le jour : La Guérinière, sur la dune du Tesson, et l’Épine8 dont la côte est ponctuée de brise-lames qui contribuent à la défense de l’île contre la mer. À partir de 1936, avec l’apparition des congés payés et l’essor du tourisme, l’île a connu un accroissement urbain qui s’est prolongé tout au long du XXe siècle. Aujourd’hui, la commune de Noirmoutier-en-l’Île abrite trois bourgs dont, Le Viel et l’Herbaudière qui se caractérisent par des petites maisons de plain-pied, blanchies à la chaux, aux volets bleus et aux tuiles roses9. Dans les jardins et les espaces publics poussent des roses trémières, fleurs caractéristiques de l’île de Noirmoutier. En 1997, l’Herbaudière remettait au Préfet une pétition demandant son indépendance. Après une enquête publique, cette nouvelle division fut refusée. Les paysages dominants de l’île sont les marais salants, les dunes et les forêts de chênes verts. La plaine, au centre de l’île, voit une alternance de champs de pommes de terre, de parcs à huîtres et de marais salants. Les deux sites les plus visités sont le Gois et le Bois de la Chaize. Le Gois est réputé pour ses coquillages que les touristes peuvent ramasser à marée basse, mais aussi pour le caractère unique de
1
cf. Carte
Au Nord de la dune de La Tresson
2
Entre la Pointe de l’Herbaudière au Nord-Ouest et le bout de la jetée Jacobsen au Nord-Est
3
4
Relevés IGN
Nom propre Latin sans signification
5
Figure emblématique de Noirmoutier dont les reliques sont conservées dans l’église Saint-Philibert de Noirmoutier
6
Climat méditerranéen aux étés doux
7
L’Épine tire son nom de la plante aubépine ou épine blanche qui était souvent utilisée comme limite de propriété
8
Architecture typique noirmoutrine fermemant préservée par le Plan Local d’Urbanisme (PLU) cf. Annexe 2
9
19 ÎLE DE NOIRMOUTIER INTRODUCTION
Les premières cabines furent construites dans les années 50 de façon tout à fait artisanale.
1
2
Avantages fiscaux
3 Méthode de pêche qui consistait à creuser des bassins qui se remplissaient d’eau à marée haute. Lorsque la marée redescendait, les poissons, crevettes et cristacés se retrouvaient pris au piège dans les bassins 4 Noirmoutier rend hommage au cinéma lors du festival “ 7ième Art et Sciences ” 5
Film de Claude Sautet produit en 1972
6
Film de Laurent Tirard produit en 2014
fig 7 : Planche issue de La Voiture Immergée de Maurice Tillieux
sa chaussée submersible. Le bois de la Chaize, d’une surface de 93 hectares, est connu pour ses chênes verts et ses mimosas, ainsi que pour ses belles plages ombragées en partie occupées par des petites cabines de plage en bois blanc1. Cette configuration de site est inédite dans toute la Vendée. L’Estacade du bois de la Chaize est un édifice emblématique de l’île. Elle fut construite en 1889. Cet embarcadère à bateaux a joué un rôle majeur dans le développement du tourisme balnéaire du début du XXe siècle. L’ouvrage a été entièrement restauré au cours des années 2013-2014. Le bois de la Chaize est aussi connu pour ses régates et son phare de la Pointe des Dames. Au XVIIe siècle, Noirmoutier bénéficie de franchises insulaires2 favorisant l’essor du commerce. Noirmoutier a longtemps entretenu un important lien commercial avec la Hollande. Les Hollandais se fournissaient en sel. Ils lestaient leurs bateaux avec des pierres qui étaient ensuite déchargées puis remplacées par du sel lors du voyage retour. C’est pourquoi, les écluses de pêche3, les murs de clôtures et certaines bâtisses sont construits en pierres hollandaises. Leur savoir-faire en matière de construction de digues a aussi été mis à contribution afin de protéger les marais salants des assauts de l’océan. Les paysages noirmoutrins témoignent du bras de fer engagé entre l’homme et l’océan. Les écluses et les chéneaux ont permis l’assèchement des marais afin de gagner du territoire sur la mer. Ces zones naturelles, mais très fragiles, sont préservées par deux réserves naturelles : la réserve nationale du Marais du Müllembourg et la réserve régionale du Polder Sébastopol. Ces sites atypiques ont servis de décor4 pour six films, dont César et Rosalie5 avec Romy Schneider et, dernièrement, Les Vacances du Petit Nicolas6. Ils ont également inspiré la bande dessinée La voiture immergée ainsi que l’ouvrage Le Peuple de la mer de Marc Elder qui a obtenu le prix Goncourt en 1913. Ce livre retrace la vie des habitants du village de l’Herbaudière. À travers trois chroniques (La Barque, La Femme et La Mer), Marc Elder décrit les destins de marins, de pêcheurs et de gardiens de phares qui s’entrecroisent.
20 ÃŽLE DE NOIRMOUTIER INTRODUCTION
21 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
22 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
I. GÉOLOGIE L’étude des sols est primordiale. Le fait de s’intéresser aux processus de formation de l’île va nous permettre d’anticiper les profonds bouleversements qui vont modifier le paysage noirmoutrin dans le futur. L’île est façonnée par les courants marins et les tempêtes. Les récits du passé nous ont montrés que Noirmoutier n’a pas toujours été une île. Nous devons prendre conscience et accepter le fait que certaines zones menacées vont disparaître au profit de la création de nouveaux paysages. Ces variations morphologiques sont inévitables. Si nous inhibons ce phénomène de transformation de l’île, Noirmoutier ne pourra s’adapter au climat, ce qui entrainera sa submersion et sa disparition tout en mettant en danger sa population. En retraçant l’histoire géologique de l’île, nous allons pouvoir comprendre les processus de formation des roches plus ou moins tendres et localiser les zones sujettes à l’érosion.
23 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
GÉOLOGIE Histoire Géologique
1
Ma : Millions d’années en géologie
Calcaires issus des coquilles de planctons et au squelettes d’êtres vivants
2
3
4
Composée de l’actuelle Bretagne
Ou du moins les roches qui la compose aujourd’hui
L
es roches les plus anciennes observables à Noirmoutier datent de 300 Ma1, soit à la fin de la formation de la chaine de montagnes Hercyniennes culminant à près de 6 000 mètres d’altitude. Cette chaine de montagnes qui débuta sa création il y a 420 Ma est issue de la compression de la plaque sédimentaire2 Armoricaine3 par les deux supercontinents, le Gondwana et le Laurasia qui composaient la planète. Noirmoutier4 était situé sur la partie nord du Gondwana qui est entrée en collision avec la plaque Armoricaine. Ce mouvement sismique accompagnés d’une activité volcanique intense s’interrompt il y a environ 300 Ma suite à de trop fortes contraintes de compression. Dès lors, la Terre se composait d’un unique continent nommé la Pangée. C’est à cette période que se sont formées les roches les plus anciennes observables sur l‘île de Noirmoutier. Il s’agit principalement de roches magmatiques5 provenant de la chaine de montagnes Hercyniennes. Les roches Magmatiques sont
les roches les plus solides que l’on puisse trouver sur terre. Elles se forment lors du refroidissement du magma issu de la fusion de la croute terrestre dense. Elles ne subissent que très peu l’érosion et se situent exclusivement au Nord de l’île ou les pôles urbains sont installés. Durant la Révolution de 1789, la commune de Noirmoutier-en-l’Île portait le nom d’Île-de-la-Montagne en raison de sa localisation sur un sol rocheux relativement élevé. Il y a 250 Ma, les deux continents (Gondwana et Laurasia) qui sont entrés en collision afin de former la Pangée vont s’éloigner l’un de l’autre. Cet éloignement engendre une augmentation des mouvements de plaques. Ce phénomène se traduit par des contraintes physiques extrêmement violentes. Les frottements intenses entre les roches font augmenter la pression et la température ce qui est à l’origine des roches métamorphiques. Il s’agit de la transformation de sédiments en roches denses comme le micaschiste ou le gneiss de faciès.
24 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
fig. 9 : La Terre il y a 420 Ma
sédiments
PANGÉE
fig. 12 : Phénomènes tectoniques -
fig. 10 : La Terre il y a 300 Ma
Association Vendéenne de Géologie
Armorique
OCÉAN PALÉO-THÉTIS
Laurasia
Gondwana
fig. 11 : La Terre il y a 250 Ma
25 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
supercontinent regroupant les actuelles Amériques et l’Afrique
1
supercontinent regroupant l’actuelle Europe et Asie
2
3
4
Actuelle Espagne
Actuelle Bretagne
5 succession de périodes glacières et inter-glacières qui sera abordée dans une prochaine partie traitant du climat 6 Dépot de débris sédimentaires comme la vase, du sable ou des galets 7
sur lequel se trouve la Vendette
Toutes les données ici récoltées proviennent du BRGM (Bureau de Recherche Géologique et Minière) ainsi que de l’Association Vendéenne de Géologie
À Noirmoutier, il s’agit essentiellement de gneiss. Cette roche s’est agglutinée aux roches magmatiques solides plus anciennes. C’est pourquoi on les retrouve au nord de l’île. Tout comme les roches magmatiques vues précédemment, les roches métamorphiques subissent une érosion lente. Il y a 170 Ma, pendant l’air Jurassique, la séparation entre le Gondwana1 et Laurasia2 plonge le territoire noirmoutrin dans les hauts fonds de l’océan Paléo-Thétis. Noirmoutier est donc un morceau immergé de la plaque du Gondwana. Lors d’une immersion, les fonds se couvrent de sédiments. Ces sédiments se composent de couches successives de coquilles de crustacés ainsi que des squelettes d’êtres vivants. La pression exercée par les couches supérieures forme une roche poreuse et moyennement fragile que l’on appelle le calcaire Dogger. Ce calcaire sert de socle à l’ensemble des marais noirmoutrins. Il y a cependant sur l’île, des points émergeants de calcaire comme au Mullembourg ou encore à la Guérinière. C’est ce socle calcaire qui permet à la Guérinière de résister aux attaques successives des tempêtes océaniques. Il y a 170 Ma, lorsque Noirmoutier était submergé, le territoire se situait sur la plaque tertiaire Sud-Armoricaine appartenant elle-même à la plaque secondaire Européenne qui constitue une partie de la plaque du Gondwana. La plaque secondaire Européenne était collée à la plaque secondaire Ibérique3. Dans un même temps, la plaque tertiaire Sud-Armoricaine coulisse le long de la Plaque tertiaire Armoricaine centrale4. Ce coulissement est à l’origine de la création de la faille sismique de Noirmoutier il y a 170 Ma.
Entre 170 Ma et 50 Ma, les plaques secondaires Européenne et Ibérique coulissent. C’est lors de ce coulissement, il y a 50 Ma que Noirmoutier émerge. Les Calcaires les plus récents visibles sur l’île datent donc d’il y a 50 Ma, il s’agit aussi des roches les plus jeunes observables sur Noirmoutier. Depuis cette époque, Noirmoutier n’a pas connu de changement significatif lié à l’activité géologique. L’île a connu trois submersions plus ou moins longues liées directement au changement climatique5. La première submersion eu lieu il y a 15 Ma, la seconde il y a 1,8 Ma et la troisième prit fin il y a 130 000 ans. Le socle de calcaire Éocène formé il y a 50 Ma compose les hauts fonds du sud de l’île. Les hauts fonds présentent généralement de faibles courants facilitant le dépôt de sédiments. Il y a 15 Ma, la Vendée était traversée par le fleuve Yprésis. L’estuaire de ce fleuve, au tracé différent de la Loire, se situait au cœur du marais Breton. La baie de Bourgneuf a toujours accueilli les alluvions6 provenant de fleuves comme le Yprésis il y a 15 Ma et la Loire de nos jours. Ces sédiments composent les marais Flandriens actuels. Ces derniers abritent des argiles datant de 15 Ma à 5 000 ans pour les couches superficielles. La baie de Bourgneuf a été créée par un effondrement du plateau Breton il y a environ 2 Ma. Il y a plus de 1 000 ans, la convergence de deux courants nordouest et sud-ouest au cœur de la baie provoque une accumulation de sable. C’est cette accumulation de sable sur le socle rocheux de la Guerinière et de l’Épine qui est à l’origine de la formation
26 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
OCÉAN PALÉO-THÉTIS
fig. 13 : La Terre il y a 170 Ma
PLAQUE SECONDAIRE EUROPÉENNE ÉMERGÉE
PLAQUE SECONDAIRE IBÉRIQUE EMERGÉE
PLAQUE SECONDAIRE EUROPÉENNE ÉMERGÉE
OCÉAN PALÉO-THÉTIS
PLAQUE SECONDAIRE IBÉRIQUE EMERGÉE
PLAQUE SECONDAIRE IBÉRIQUE EMERGÉE
fig. 14 : La Fance il y a 170 Ma Lit du fleuve Yprésis il y a 15 Ma trait de côte actuel
Plaque Armoricaine
Plaque primaire du Laurasia
Plaque primaire du Gondwana île de Noirmoutier
fig. 15 : lit du fleuve Ypresis - Association Vendéenne de Géologie
27 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
1 Dolmen de la Table taillé dans du Gré (cf. annexe 3) 2
cf. hisoire climatique 3
300 Ma
Directeur de recherche au CNRS et consultant pour l’UNESCO
4
5
sédentarisation/élevage
Toutes les données ici récoltées proviennent du BRGM ainsi que de l’Association Vendéenne de Géologie
de la dune de La Tresson au sud de l’île. Ce cordon dunaire, composé de sable issu de l’érosion du gneiss, remplit le rôle de protection des marais du sud de l’île face aux tempêtes marines. Lorsque les marais sont protégés des courants violents venant de l’océan, ils engrangent des sédiments indispensables au développement de l’écosystème noirmoutrin. Actuellement, le fond de la baie de Bourgneuf est couvert de sédiments composés d’argiles et de sables. Il y a 4 000 ans, la baie était un plateau rocheux émergé protégeant le marais Breton. À cette période, Noirmoutier n’était pas encore une île, elle était reliée au continent par le plateau de la Vendette. Un dolmen datant du Néolithique ancien1 a été découvert par Arsène Charier-Fillon sur le plateau de la Vendette après une basse mer en 1892. Ce monument se situe aujourd’hui à 4 km de la côte noirmoutrine au cœur de la baie de Bourgneuf. Le dolmen de la Table est représentatif de la période artistique du mégalithisme il y a environ 4 000 ans. À titre d’exemple, le monument représentatif de cette période est le Stonehenge en Angleterre. Cela signifie donc que le plateau de la Vendette était une terre émergée. Un autre dolmen a été découvert à l’Herbaudière près de Luzéronde où les premières traces de civilisation ont été découvertes. Il y a 2 000 ans, l’augmentation des températures a entrainé une hausse du niveau des océans2. À cette époque, la seule partie émergée de l’île était son socle rocheux au nord. Noirmoutier était alors quatre
fois moins vaste qu’aujourd’hui avec une longueur de seulement 6 km. Après chaque immersion de l’île, et plus particulièrement après sa troisième immersion il y a 130 000 ans, les roches les plus tendres, que sont les calcaires, se sont érodées au gré des vents et des tempêtes. C’est pourquoi, certaines roches très anciennes3 que l’on retrouve normalement sous le calcaire émergent au Nord de l’île. En effet, à ces endroits la couche de calcaire a totalement disparu pour laisser apparaître des Leucogranites et des Gneiss qui eux sont beaucoup moins fragiles. Afin de permettre à une civilisation de se sédentariser, il lui faut un territoire stable et abrité. Selon Roger Joussame4, l’île de Noirmoutier a été peuplée dès la préhistoire pendant le Néolithique ancien il y a environ 4 000 ans5. Les premiers habitants, au regard de leurs expériences et des catastrophes qu’ils ont subies, ont compris que les socles rocheux les plus résistants leur procureraient le meilleur abri contre les vents et les tempêtes. Ils se sont installés au Nord de l’île, au Mûrier de Luzéronde, où les sols sont composés de Gneiss et de Leucogranites. Ce phénomène anthropologique explique la présence des plus grands centres urbains au Nord de l’île de Noirmoutier. Un dolmen néolithique près de l’Herbaudière ainsi que la découverte de poteries lors de fouilles attestent la présence d’une civilisation sédentarisée au Nord de l’île.
28 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
A
Faille sismique de Noirmoutier
Épicentre du tremblement de terre du 24 janvier1799
1 km Leucogranites Hercyniens - 300 Ma
Micachistes et gneiss de facies - 245 Ma
A
Calcaires Doggers - 170 Ma
Calcaires et sable Éocène - 50 Ma
Marais Flandriens - 5 000 ans à 15 Ma
Sable dunaire
fig. 16 : Carte géologique de Noirmoutier - Association Vendéenne de Géologie/BRGM et SAGE de Vendée
uutitieerr Nooirirmmoo eeN smiqiquueedd FFaailillelesisism
fig. 17 : Coupe géologique de Noirmoutier AA
29 HISTOIRE GÉOLOGIQUE GÉOLOGIE
Maître de conférence au LPG (Laboratoire de Planétologie et Géodynamique) 1
Pour revenir au mouvement de plaques, le mouvement tectonique actuel est appelé cisaillement Sud-Armoricain. Cette faille sismique est caractérisée de décrochante. C’est-à-dire que la plaque tertiaire Aquitaine coulisse le long de la plaque tertiaire Armoricaine -Centrale du Sud-Est vers le NordOuest. Cet ensemble de mouvements géologiques a pour conséquence de rehausser la plaque Aquitaine d’1mm par an. Ceci n’a pas d’impact sur la submersion de Noirmoutier car la plaque tertiaire Aquitaine remonte le long de la Bretagne et ne sombre pas dans les abysses de l’océan Atlantique. L’île de Noirmoutier est traversée par une faille secondaire due au cisaillement de la plaque du massif
Armoricain cristallin avec la plaque Aquitaine. Ce mouvement de cisaillement applique sur les sols de très fortes contraintes physiques ce qui crée des cassures appelées failles secondaires. Selon Eric Beucler1, ces multiples failles secondaires sont capables d’amortir les effets sismiques quasi-quotidiens sur l’ensemble du territoire, mais ne préservent pas la Vendée d’un séisme majeur. Cette faille suit l’axe l’Herbaudière/Noirmoutier-en-l’Île/leGois pour s’interrompre au cœur de la baie de Bourgneuf. Le sol, composé de sédiments peu consolidés, amplifie localement la propagation des ondes ce qui est la cause majeure de la forte intensité de certains tremblement de terre.
PLAQUE ARMORICAINE CENTRALE
Nantes
En géologie, Noirmoutier et qualifiée d’île continentale du fait de sont appartenance à la plaque continentale Aquitaine. fig. 18 : Cisaillement Sud-Armoricain - Association vendéenne de Géologie
PLAQUE AQUITAINE
30 RISQUES À CRAINDRE GÉOLOGIE
GÉOLOGIE Les risques à craindre
L
es mouvements de sol étudiés dans la partie précédente sont issus du déplacement des plaques continentales et océaniques. Ces différents mouvements sont causés par de fortes contraintes sismiques aboutissant à de violents séismes. L’île de Noirmoutier n’a pas été épargnée par ces phénomènes. Selon la Société des Historiens du Pays de Retz, l’île du Pillier, au nord de Noirmoutier, se serait formée suite à de nombreux séismes en l’espace de quelques centaines d’années. D’après Eric Beucler1, chercheur de l’Institut, la Vendée n’est pas à l’abri d’un tremblement de terre de grande ampleur. En Vendée, les sismographes recensent près d’un tremblement de terre tous les 4 jours. Ces séismes ne sont généralement pas ressentis par les noirmoutrins. Au cours de l’histoire, Noirmoutier a connu un des 6 plus importants séismes que la France ait enregistré jusqu’à aujourd’hui. Selon le CEA2, le séisme de 1799 est le premier séisme majeur observé sur le massif Armoricain3. Cette catastrophe eut lieu dans la nuit du 24 au 25 janvier 1799. L’épicentre se situait sous la baie de Bourgneuf, entre Bouin et l’île de Noirmoutier. Ce séisme accusait un coefficient de 5 sur l’échelle de Richter4. C’est un séisme qui compte parmi les plus puissants de France, il fut toutefois 2 000 fois moins puissant que celui ressenti sur l’île d’Haïti en 2010. Le tremblement de terre fut ressenti 150 km à la ronde et les sismographes présents en Île de France ont enregistré de légères oscillations. La majorité des sinistres étaient concentrés sur la commune de Bouin de l’autre côté de la baie, sur le continent. D’après les archives locales, le séisme a causé l’effondrement du clocher de la ville de Bouin. Les maisons qui, à l’époque, étaient conçues par les habitants eux-mêmes, se sont effondrées sous leur propre poids. Une centaine de familles environ se sont retrouvées sans abri, mais il n’y eu pas de victime. Lors d’un séisme en baie de Bourgneuf, il y a deux risques majeurs à craindre : le premier est le mouvement d’eau, plus communément appelé raz de marée, et le second est le mouvement de sol pouvant fragiliser les systèmes de défense face à la mer.
Maître de conférence au LPG (Laboratoire de Planétologie et Géodynamique)
1
CEA : Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives
2
côtes bretonnes et vendéennes
3
31 RISQUES À CRAINDRE GÉOLOGIE
RAZ-DE-MARÉE 1
Société des Historiens du Pays de Retz
L
Lorsqu’un séisme se produit en mer, il est légitime de craindre un raz-de-marée. À notre connaissance, quatre raz de marée ont touché la baie de Bourgneuf dont trois ont franchi les systèmes de défense, naturels ou non, de l’île. Lors du séisme de 1799 décrit dans le paragraphe précédent, il y eu un fort mouvement d’eau qui a traversé la baie de Bourgneuf, de Noirmoutier jusque la commune de Bouin de l’autre côté de la baie. Une vague d’environ 7 mètres1 submergea l’ensemble des digues artificielles côté continent. Par chance, ces digues abritaient des zones agricoles qui ont observé comme seul dégât, la perte de quelques centaines de ballots de paille. Les archives de Noirmoutier ne recensent aucun dégât. Le séisme y a été ressenti, mais aucun raz de marée n’a été observé. Un autre tsunami décrit comme l’un des plus dévastateurs fut celui de 1791. Les archives compilées par les associations de protection de l’environnement noirmoutrin comme Vivre l’île 12 sur 12 ou l’Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton relèvent un raz de marée qui s’abattit du Finistère jusqu’aux côtes marocaines. Une grande partie de la côte Atlantique fut dévastée, de nombreux logements submergés avec un nombre inconnu de victimes. En 1755, un séisme d’une magnitude de 8,7 sur l’échelle de Richter se produisit à Lisbonne au Portugal et engendra une
vague de trois mètres qui déferla sur la côte sud Atlantique de l’île de Noirmoutier. Cette vague n’eut aucun dégât matériel et humain sur l’île puisqu’elle s’est atténuée lors de son périple du Portugal jusqu’au sud de l’Angleterre. Enfin, le plus ancien séisme eu lieu en 1638. Les écrits des générations passées d’iliens décrivent un raz de marée ayant inondé une partie de l’île. Nous n’avons pas plus de précisions sur les zones touchées et l’ampleur des dégâts causés. En général, lors d’inondations à Noirmoutier, les premières zones touchées étaient les polders. Il s’agit de zones situées en-dessous du niveau des plus hautes mers. L’histoire nous prouve que le risque de raz-de-marée sur l’île de Noirmoutier reste très faiblepar rapport aux phénomènes météorologiques puissants et réguliers.
32 RISQUES À CRAINDRE GÉOLOGIE
MOUVEMENTS DE SOL
U
n autre risque notable est la fragilisation des systèmes de défense par le mouvement de terrain. Un tremblement de terre est issu de fortes contraintes physiques sur un territoire. L’élasticité des roches ayant ses limites, lorsque les contraintes atteignent leur maximum, les énormes blocs de roches viennent à se rompre. Ces ruptures entrainent des mouvements de terrain le long des failles. La cadence des tremblements de terre en Vendée est élevée. Ces mouvements de terrain sont ponctués par de gros épisodes sismiques, environ tous
les 70 ans. Le dernier eu lieu en 20051. À Noirmoutier, nous pouvons observer de nombreux micro-séismes plusieurs fois par semaine. Ces séismes sont issus de la faille secondaire qui coupe l’île pendiculairement. Cette faille court le long du socle rocheux du nord de l’île. Millimètre par millimètre, ces mouvements de sol fragilisent les digues proches de la brèche. Les travaux d’entretien, effectués régulièrement suite aux assauts de l’océan, permettent de renforcer la digue fragilisée par les mouvements de terrain.
Manitude de 4,5 sur l’échelle de Reichter
1
DES EFFONDREMENTS MAÎTRISÉS
L’
L’île se situant en zone sismique modérée, aujourd’hui, grâce aux aux méthodes de construction modernes, la population n’est pas directement menacée par des risques d’effondrement. Dans de très rares cas extrêmes, les mouvements de sol lézardent les murs des logements ne causant aucun effondrement. En revanche, le patrimoine noirmoutrin pourrait se voir directement menacé. Noirmoutier est reconnue, non seulement pour ses paysages, mais aussi pour ses bâtiments historiques caractéristiques tels que l’église Saint Philibert du VIIe siècle et le château de Pierre V de la Garnache, édifié au IXe siècle, bâti sur un castrum. C’est le moine Saint-Philibert qui, en 674, fonda un monastère qui conduisit à la construction de l’église Saint Philibert. Cette dernière fut détruite par les Sarrasins en 730 et par les Vikings en 846. C’est
pourquoi le bâtiment offre à la fois une architecture Romane et Gothique attestant des diverses reconstructions. Dès 830, pour lutter contre les Vikings, les seigneurs de la Garnache, propriétaires des lieux, ainsi que les moines, firent construire successivement des fortifications qui deviendront plus tard le château de Pierre V de la Garnache. Ces fortifications vont résister aux attaques successives anglaises lors de la Guerre de Cent Ans, puis aux attaques Espagnols en 1524 puis 1588. Seuls les Vikings, en 835, et les Hollandais, en 1690, vont réussir à prendre le fort. Le château a également servi de prison militaire lors de la Révolution en 1789, lors de la Commune de 1871 ainsi que lors de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale.
Risque 3/5 selon le DDRM (Département des Risques Majeurs) qui impose tes normes comme les linteaus de fenêtre posé sur des poteaux en béton armé scélés dans la dalle.
2
33 RISQUES À CRAINDRE GÉOLOGIE
1 Chercheur à l’Institut de physique du Globe de Paris 2
Avantages fiscaux
Le patrimoine architectural noirmoutrin est protégé par ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager) depuis 1991 qui suite au Grenelle 2 fut modifié en AVAP (Aires de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine)
Ces édifices majeurs témoignent des évènements marquants de l’histoire noirmoutrine, il est donc important de les préserver. Ils sont implantés sur un sol rocheux à l’abri des grandes marées. Le choix du site a été mûrement étudié par les moines. Il s’agit d’un sol qui permet à la fois de supporter les fondations de tels édifices, mais également de bénéficier d’un socle surélevé. Ce point culminant est une zone militaire stratégique depuis laquelle la surveillance et le contrôle du territoire sont aisés. Les deux bâtiments, symboles religieux et prospères de l’île, se situent non loin de la baie de Bourgneuf, ce qui en facilite l’accès. L’édification du château et de l’église Saint Philibert représente un point de départ pour l’urbanisation de Noirmoutier–en-l‘Île. Pour conclure, selon Vincent Courtillot1, la gestion du territoire ne peut s’exonérer d’une étude géologique approfondie qui, dans le cas présent, permet de comprendre la formation de l’île et de connaître, avec plus ou moins de précisions, son évolution. Elle nous permet de déterminer les zones vouées à disparaître et de repérer les socles rocheux résistant à l’érosion qui pourront, pourquoi pas, accueillir de nouveaux centres urbains protégés.
34 RISQUES À CRAINDRE GÉOLOGIE
35 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
36 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
II. CLIMATOLOGIE L’île de Noirmoutier bénéficie d’un climat particulièrement doux grâce à l’influence de l’océan Atlantique. Les hivers sont doux et les étés tempérés. Ce micro-climat se qualifie de Méditerranéen à étés tempérés. L’ensoleillement est comparable à celui de Carcassonne avec 2 100 heures d’ensoleillement par an. On observe, sur l’île de Noirmoutier, des espèces végétales méditerranéennes, introduites au XIXe siècle, peu communes sous ces latitudes : mimosas, arbousiers, lavandes, figuiers et même des romarins. Ces conditions clémentes favorisent la culture de la pomme de terre sur les terrains sablonneux des plaines du nord de l’île, ainsi que la production de sel marin, l’évaporation de l’eau des marais étant favorisée par la douceur du climat. Les précipitations sont rares1 étant donné qu’elles se forment dans l’océan et passent au-dessus de l’île pour aller s’abattre sur les terres plus élevées du rétro-littoral, plus loin sur le continent. 1
cf Annexe 4
37 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
« Furmantîna1, île de l’Océan, longue de vingt milles et large de trois. Elle est en pleine mer. Bon climat, sol fertile, eaux courantes et puits d’eau douce. Elle est habitée et cultivée. En raison de son climat et de son sol, qui sont sains, il n’y a aucun reptile, car les reptiles et les insectes naissent des miasmes, et il n’y en a pas dans l’île. On dit qu’il y pousse un safran d’excellente qualité qu’on ne trouve nulle part ailleurs » Ibrahim Ibn Ya’qub (marchand envoyé au Xe siècle par le Calif de Cordoue)
1
Commune de Fromentine au sud de l’île
38 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
CLIMATOLOGIE Histoire Climatique
A
fin de mieux comprendre le climat actuel et son évolution future, je vais m’intéresser aux bouleversements climatiques qui ont eu lieu il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Cette analyse a aussi pour objectif de comprendre l’évolution et la fragilité du climat. Pour reconstituer l’histoire de la climatologie, les scientifiques prélèvent des carottes de glace aux pôles. L’Antarctique étant le continent le plus froid en raison de ses hautes altitudes, il représente un immense collecteur de neige et un conservateur de glace unique. Le continent1 renferme des glaces qui ont connu plusieurs cycles glaciaires. Ce sont de véritables archives climatiques de la Terre. Les carottes de glaces révèlent le climat et l’environnement de la Terre au cours des 800 000 dernières années. Les couches de neige se transformant en glace forment des calottes parfois épaisses de plus de 4 000 m. Dans les régions centrales de l’Antarctique, les précipitations très faibles ajoutent chaque année une nou.
velle couche de 2 à 5 cm d’épaisseur Un seul mètre de de glace représente la quantité de neige tombée pendant la durée de la vie d’un homme. Plus en profondeur, les couches s’amincissent sous le poids du glacier et dateraient d’un million d’années2.Ainsi, l’étude de la composition de la glace Antarctique permet de collecter des informations sur le climat passé et l’environnement terrestre.
L’Antarctique est qualifié de continent
1
Soit le début de l’ère glaciaire que nous connaissons aujourd’’hui. Une ère glaciaire se caractérise par la présence d’une calotte de glace aux pôles.
2
fig. 19 : Comité National Français des Recherches Arctiques et Antarctiques Collecte d’une carotte en Antarctique
39 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
1
ESA : Agence Spatiale Européenne 2
3
cf. Annexe 5 cf. Annexe 6
Actuellement, nous sommes au milieu de l’ère glaciaire qui débuta il y a 35 Ma lorsque l’Antarctique commença à être pris par les glaces. Une ère glaciaire se caractérise par la présence d’une calotte de glace au niveau des pôles. Au sein de l’ère glacière, il y a une alternance de périodes plus ou moins froides qui se nomment périodes glaciaires et interglaciaires. Cette alternance s’explique par le changement de trajectoire de la Terre autour du Soleil. L’ellipse décrite par la Terre se déforme à cause de la variation des forces gravitationnelles provoquée par les plus grosses planètes de notre système solaire comme Mars ou Jupiter. Ce changement de trajectoire est cyclique et s’opère environ tous les 100 à 200 000 ans. La modification de l’axe de rotation de la terre a lieu tous les 40 000 ans. Cette variation entraine des changements climatiques sur l’ensemble des régions du globe. La différence d’inclinaison fait varier l’incidence lumineuse et donc la quantité de chaleur reçue par le sol terrestre. Des déserts peuvent devenir des zones fertiles et, à l’inverse, les zones tempérées s’assèchent petit à petit pour devenir des zones aux conditions climatiques difficiles. L’astronome Nir Shaviv a récemment avancé une théorie quant au rôle de la Voie Lactée sur notre climat. Cette théorie reste encore à prouver, mais l’approche est très intéressante. Notre système solaire fait le tour de la Voie Lactée en près de 250 Ma, c’est ce qu’on appelle une année galactique. Notre galaxie présente quatre bras principaux qui gravitent autour d’un noyau. Ces bras, composés de nébuleuses, forment une spirale. Actuellemen, notre système solaire sort de l’emprise de l’Eperon d’Orion2.
D’après l’histoire de notre climat, Nir Shaviv tente de prouver que les périodes pendant lesquelles nous traversons ces bras sont plus froides. Cette théorie prévoit un réchauffement planétaire compris entre 5 et 10°C.Tout comme les théories du réchauffement climatiques, cette façon inédite de comprendre le climat à travers l’astronomie n’est pas toujours bien reçue par la communauté scientifique. J’ai tout de même souhaité faire figurer cette recherche dans mon travail puisque les effets de rayonnement cosmique et de champ magnétique ne sont pris en compte dans aucune étude. Jusqu’à aujourd’hui, aucune recherche nous affirme ou nous dément ce phénomène. Si la gravité d’autre planète influe sur le cycle des ères glaciaires et interglaciaires, pourquoi n’y aurait-il pas d’autres facteurs astronomiques pouvant agir sur notre climat ? Lors d’une période glaciaire, la majeure partie de l’eau se présente sous forme de glace. Cette accumulation de glace crée des super-glaciers qui se concentrent notamment dans l’hémisphère nord. Il y a 20 000 ans, l’Europe, alors en fin de période glaciaire, était recouverte d’un glacier jusqu’en Angleterre. Dans les Alpes françaises, les vallées de Grenoble et de Chamonix étaient recouvertes par un glacier de 2 000 m d’épaisseur3. Côté américain, un glacier gigantesque s’étendait du pôle nord jusqu’à la ville de New York. Cette quantité massive d’eau sous forme de glace induit la baisse de la quantité d’eau liquide dans les océans. Il faut savoir qu’il y a 20 000 ans, le niveau des océans était 120 mètres plus bas qu’actuellement.
40 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
Ère Glaciaire
Ère Interglaciaire fig. 21 : Ères- ESA1
Éte hémisphère Nord
fig. 22 : Étés - ESA1
Éte hémisphère Sud
41 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
succession de périodes glaciaires et interglaciaires 1
2
3
au-dessus de 15 km d’altitude
Ensemble du vivant aussi bien animal que végétal 4
cf. Annexe 7
Lors d’une période interglaciaire comme aujourd’hui, la trajectoire décrite par la Terre se rapproche du Soleil. La proximité des deux astres a pour conséquence directe, l’augmentation de la puissance des rayons lumineux sur notre sol. Une période interglaciaire se caractérise donc par une hausse des températures entrainant la fonte des glaciers. Cette subite fonte des glaciers a créé la région des grands lacs en Amérique du nord. L’eau qui était retenue dans les cuvettes des vallées a ruisselé jusque dans l’océan Atlantique nord. Cette quantité inimaginable d’eau a provoqué une augmentation du niveau des océans de plusieurs dizaines de mètres. La période interglaciaire que nous vivons actuellement débuta il y a 10 000 ans. “ L’île de Noirmoutier a connu trois submersions plus ou moins longues liées directement au changement climatique1 ” La première submersion eu lieu il y a 15 Ma, la seconde il y a 1,8 Ma et la troisième il y a 130 000 ans.
Touts les données présentées ci-contre proviennent de l’Institute of Geophysical and Geochemical Exploration (IGGE), d’Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne (EDYTEM) rataché au CNRS, de l’Observatoire de Meudon et enfin du Centre Européen de Recherche et d’Enseignement en Géosciences de l’Environnement (CEREGE)
Outre le bouleversement climatique cyclique et prévisible lié à la trajectoire de la Terre autour du Soleil, notre planète subit au cours du 14ème siècle un refroidissement soudain que l’on appela le Petit âge de Glace. Cette période plus froide s’étend jusqu’au milieu du XIXème siècle. Selon Joël Savarino, directeur de recherche au CNRS, une partie de ce refroidissement a été attribuée à l’énorme éruption du volcan Tambora en Indonésie, en 1815. De telles éruptions cataclysmiques refroidissent, en effet, la planète car
elles déversent d’importantes quantités poussières et surtout de dioxyde de soufre dans la stratosphère2. Alors qu’à ces altitudes, les poussières sont rapidement éliminées du fait de leur masse, le dioxyde de soufre gazeux se transforme en gouttelettes d’acide sulfurique qui agissent comme un véritable parasol en réfléchissant la lumière solaire, réduisant ainsi l’énergie reçue par le sol. Plus près de nous, et à moindre échelle, nous avons connu en 2010 l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull. Cet événement plongea dans l’obscurité plusieurs pays nord-européens. En plus de causer un effet « parasol », le volcanisme dégage dans l’atmosphère, du diazote et du dioxyde de carbone. Ces émissions de gaz acidifient l’atmosphère, mais aussi les océans, ce qui a des conséquences désastreuses sur la biomasse3. La seconde chose qui amplifia cette chute des températures au cours du Petit âge de Glace fut la forte baisse de l’activité solaire. Les scientifiques ont observé sur plusieurs dizaines d’années que l’énergie reçue en provenance du Soleil s’amenuisait. Le cumul d’une forte activité volcanique avec une baisse de l’activité solaire entraine une baisse des températures moyennes globales de 1°C. Ce refroidissement, qui peut sembler anodin, a permis à de nombreux glaciers de se régénérer et de reprendre du terrain sur les vallées. À titre d’exemple, au cours de cet épisode froid, la ville de Chamonix a vu progresser le glacier alpin de plusieurs centaines de mètres jusqu’aux portes de la cité4.
42 HISTOIRE CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
Baie de Bourgneuf
Il y a 4000 ans
Aux premiers siècles de notre ére
De nos jours
Dans 200 ans en comptant la rupture des digues
Baie de Bourgneuf
Bouin
Beauvoir
10 km
fig. 23 : Noirmoutier face aux montées successives des eaux après à la fonte des glaces continentales - Archives IGN
43 INTÉRACTION HOMME/CLIMAT CLIMATOLOGIE
CLIMATOLOGIE Intéraction entre l’Homme et le Climat
1
enseignant en histoire à l’Université de Munich
division des terres cultivables en trois parcelles : une pour le céréales d’hiver, l’autre pour les céréales qui se cultivent l’été et enfin la dernière laissée incultivée pour favoriser la regébération des sols et augmenter le rendement
INFLUENCE DU CLIMAT SUR NOTRE CIVILISATION
2
“ Comme l’histoire, le climat aussi a ses périodes d’apogé, de décadense et de renaissance ” Sergi Pàmies - Le Grand roman de Barcelone
S
elon Wolfgang Behringer1 le climat a un impact sur nos civilisations.
La clémence du climat pendant le Moyen-Âge a permis le développement de l’agriculture. Le principe de jachère2 voit le jour et les paysans produisent plus que la demande du peuple. Ce surplus est revendu par des marchands qui sillonnent l’Europe. Ce commerce à l’échelle européenne permet l’accumulation de richesses indispensables au développement d’une civilisation. Il est prouvé que lorsque l’homme se nourrit facilement et s’implante dans une zone fertile, hors de tous dangers climatiques, c’est alors qu’une civilisation peut se développer. À l’inverse, en 1500, aux prémices du Petit Âge de Glace, la Germanie voit près d’un tiers de sa population décimée. La guerre de Trente Ans fait rage, mais la majorité des victimes sont des civils. La sous-nutrition et les conditions d’hygiènes
difficiles favorisent le retour de la Peste qui se répand partout en Europe. La Révolution Française eut lieu à l’apogée du Petit Âge de Glace. La famine provoquée par la perte des récoltes a conduit le peuple à se mutiner. À Noirmoutier, en 1794, le Bois de la Chaize se voit saccagé par les riverains, mais aussi par l’armée révolutionnaire qui utilise le bois pour se chauffer lors d’un hiver particulièrement long et rude. Ce n’est qu’en 1824, lorsque Jean Corneille Jacobsen obtient la concession du Bois de la Chaize, qu’il entreprend la plantation de peupliers et de pins maritimes. Il a été prouvé que l’empire Romain, qui comptabilisait près de 50 millions d’habitants, s’est éteint suite à l’arrivée massive de réfugiés climatiques provenant de Germanie. Le peuple germain, souffrant de famine et de maladie, a été contraint à migrer vers le bassin méditerranéen afin de survivre. Cette migration massive n’a pu être contenue par l’armée romaine ce qui a entrainé sa chute en 476. Il s’agit des premiers exemples écrits illustrant le terme de réfugié climatique.
44 INTÉRACTION HOMME/CLIMAT CLIMATOLOGIE
D’autres grandes civilisations comme l’Egypte1 et la Nazca2 se sont aussi éteintes à cause de l’arrivée massive de migrants climatiques pillant les richesses de ces royaumes d’abondance. Lors de la COP213, qui a eu lieu en décembre dernier, la problématique des réfugiés climatiques a été abordée. Dans un futur proche, certaines populations, comme par exemple celle des Maldives, vont être contraintes d’abandonner leur territoire. L’accord approuve la création d’un fond mondial d’un minimum de 100 milliards de dollars4 afin de permettre aux populations de se reloger. Ce n’est qu’une première étape qui atteste d’une bonne compréhension de la situation. Bien sûr,
INFLUENCE DE L’HOMMME SUR LE CLIMAT
D’
après l’UICN5 près d’un quart de la faune et de la flore est voué à disparaître avant la fin du siècle. Ces disparitions massives sont induites par des modifications d’environnements, des changements climatiques parfois brutaux et des techniques de pêche et de chasse industrielles intensives. Les espèces les plus fragiles n’ont aucune chance de s’adapter à leur environnement. En effet, il faut savoir que l’adaptation d’une espèce à son environnement peut prendre plusieurs centaines de milliers d’années. La disparition soudaine des reptiles et des dinosaures il y a 65 Ma est en partie due à une forte chute des tempéra-
ces fonds sont insuffisants et il reste encore des problèmes majeurs à résoudre comme, par exemple, la question du statut de ces réfugiés. Fautil leur offrir des terres ou les intégrer à des populations préexistantes des pays frontaliers comme l’Inde ou le Sri Lanka ? Il faut savoir que le peuple des Maldives est en majorité de confession musulmane, alors que l’Inde est majoritairement bouddhiste. Or, une guerre civile entre bouddhistes et musulmans sévit au Nord-Ouest de l’Inde... La gestion des réfugiés climatiques est donc primordiale. Une mauvaise gestion pourrait, en effet, entrainer des conflits armés tout autour du globe. La prise de conscience de ce phénomène, lors de la COP213, est un premier pas, mais le chemin reste encore long.
tures. Ce refroidissement rapide fut causé par un nuage de poussière et de gaz empêchant les rayons solaires de chauffer notre atmosphère. Ce nuage est issu de la chute de l’astéroïde de Chicxulub6 qui perturba la stabilité de la croûte terrestre. Cette perturbation renforça l’activité volcanique créant des nuages de cendre et de gaz. Aujourd’hui, nous sommes dans un cas de figure inverse. Le réchauffement de certaines régions modifie la concentration en CO27 de notre atmosphère. Les océans absorbent 1/4 du CO2 produit par l’homme. Cette saturation de gaz carbonique acidifie les océans ce qui décime, par exemple, les espèces de plancton à la base de la chaine alimentaire. En effet, le pH8 de l’eau étant moins basique, cela désa-
Disparition de la civilisation égyptienne en 30 av. J.-C
1
Disparition de la civilisation Nazca en 600 ap.J.-C
2
COP21 : Conférence des Parties n° 21 le 12 décembre 2015 à Paris
3
Ce fond commun n’a pas comme seule fonction de reloger les réfugiers climatique. Il a aussi pour objectif d’accompagner les pays en voie de développement à adopter des méthodes de production moins polluantes ou encore à réaliser des études de territoire pour mieux se prémunir des risques. Ils seront aussi utilisés pour financer le sauvetage des populations en cas de catastrophe naturelle.
4
UICB : Union Internationale de la Conservation de la Nature
5
nom du lieu de collision dans la province méxicaine
6
7
CO2 : Dioxyde de Carbone
pH : Potentiel d’Hydrogène. Cet indicateur permet de relever le taux d’acidité de l’eau. - une solution de pH = 7 est dite neutre ; - une solution de pH < 7 est dite acide ; - une solution de pH > 7 est dite basique.
8
45 INTÉRACTION HOMME/CLIMAT CLIMATOLOGIE
1 GIEC : en français, Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat . C’est sur la base des travaux du GIEC que sont prises toutes les décisions des COPs 2 Selon l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique), le pH de nos océan passe de 8,2 à 8,1
grège les minéraux composants les coraux ou les coquilles de coquillages comme les palourdes. La palourde est l’un des mollusques les plus pêchés à Noirmoutier. Elles sont protégées par des quotas. Dans certaines zones où l’acidité est très forte, les organismes ne parviennent plus à fabriquer leurs enveloppes calcaires nécessaires à leur survie. Leurs coquilles présentent des problèmes de structure et de solidité les rendant plus sensibles aux prédateurs. Selon le GIEC1, depuis 1850, la diminution de 0,1 du pH de l’eau a entrainé une augmentation de 26 % de la concentration en ion Hydrogène responsable de l’acidité marine2.
fig. 24 : Température globale moyenne 1850-2007 - MET office6 -
0,8
Anomalie (°C) par rapport à 1961-90
0,4
0,0
-0,4
-0,8
-1,2 -1,6 1850
1900
1950
2000
46 LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
CLIMATOLOGIE Le Réchauffement Climatique
D
epuis le milieu du XIXe siècle, des relevés quotidiens de la température sont effectués à différents endroits de la planète. Les scientifiques disposent désormais de plus d’un siècle de données, complétées par des mesures satellitaires et des carottages de glace aux pôles. Le verdict est sans appel, nous assistons à un réchauffement climatique. Lorsque nous entendons réchauffement climatique, cela signifie que les températures moyennes sur l’ensemble du globe augmentent. Il faut rester prudent puisque cela signifie que, dans certaines régions du monde les températures diminuent comme en bordure d’Arctique par exemple et, à d’autres endroits, les températures augmentent fortement. L’idée de « réchauffement » climatique est très controversée car les sources des scientifiques sont complexes et leurs relevés parfois incertains. Selon Vincent Courtillot il y a un réchauffement climatique irrégulier2 depuis 150 ans3 avec des années chaudes et des années plus froides. Par exemple en 2013, le record de température la plus basse jamais enregistrée en Antarctique fut atteint avec -92,3 °C4. Il est vrai qu’en Europe, les températures moyennes ont
fortement augmenté jusqu’en 1985. Actuellement les températures globales stagnent, mais les températures particulièrement chaudes de l’année 2015 attestent de l’irrégularité de la hausse des températures. Ce phénomène n’est pas exceptionnel, les relevés de carottes prouvent qu’il y a 2 000 ans, un réchauffement de grande ampleur, comme le nôtre, a déjà eu lieu. Les phénomènes astronomiques, dont l’activité solaire, nous montrent que nous sommes en plein rééquilibrage du climat qui intervient après une période plus froide qui était le Petit Âge de Glace. Cette hausse générale des températures est inévitable puisque nous sommes en période interglaciaire et, d’ici la fin du siècle, les températures augmenteront en moyenne de 1,5°C. Le GIEC5, quant à lui, prévoit une hausse des températures comprise entre 3°C et 6°C d’ici 2100. Aujourd’hui, avec 5 % des émissions globales de CO2, les effets directs de l’homme sur le climat ne sont pas évidents. Cependant, si, comme nous le verrons plus loin, l’accroissement de la population ne nous permet pas de contenir nos émissions de gaz, cela pourrait conduire à des conséquences désastreuses et entrainer la disparition des périodes glaciaires essentielles à l’équilibre du climat.
Vincent Courtillot : Chercheur à l’Institut de physique du Globe de Paris
1
2
cf. fig. 24 page 45
soit depuis la fin du Petit Âge de Glace : vers 1500
3
relevée au Dôme d’Argus au cœur de l’Antarctique
4
GIEC : en français, Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat
5
MET office : en français, Office Météorologique et Centre de Recherche Climatique Britanique
6
47 LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
LES CAUSES 1
ensemble de tous les êtes vivants Cirrus : nuage de basse altitude entre 4 000 et 15 000 mètres
2
3
4
UV : rayon Ultra Violet
professeur à l’Université Louvain 5
fonte des glaces, volcanisme, ...
6 d’après le rapport des Nations Unies d’octobre 2011 7
1,3 milliard d’habitants
7
1,2 milliard d’habitants
n des phénomènes agissant directement sur notre climat est l’effet de serre. Ce phénomène naturel est indispensable à la survie de la biomasse1 que nous connaissons. Sans effet de serre, la température moyenne serait de -18°C.
U
altitudes reflétant les UV3 du soleil. L’aire industrielle, à partir de 1830, avec les processus de production de masse, la sidérurgie et l’invention de la machine à vapeur utilisant la combustion du charbon, a induit une pollution à échelle planétaire qui se poursuit aujourd’hui.
Pour expliquer l’effet de serre en quelques mots, celui-ci est induit par l’arrivée de rayons solaires sur Terre. Ces rayons, comme toutes les ondes, viennent se réfléchir sur un matériau solide qui est notre croute terrestre, mais aussi sur les nuages. Les surfaces blanches, comme les glaciers, réfléchissent une grande partie de ce rayonnement et l’océan en absorbe les 2/3. Les infrarouges réfléchis par les surfaces blanches viennent à l’encontre des gaz en suspension dans l’atmosphère. Les rayons sont de nouveau renvoyés vers notre sol et ainsi de suite. Cette multiplication d’incidence lumineuse va faire augmenter la moyenne des températures.
Selon le professeur Istvan Marko4, sur les 1000 milliards de tonnes de CO2 dégagées dans l’atmosphère chaque année, 950 milliards proviennent de la nature5 et 50 milliards proviennent des activités humaines. Notre production de dioxyde de carbone augmente de façon signifiante chaque année, mais elle paraît dérisoire face aux émissions naturelles.Actuellement l’homme n’est donc pas l’unique responsable de l’augmentation de l’effet de serre. Il faut aussi savoir que, dans le passé, notre atmosphère a connu des concentrations de CO2 trois fois supérieures au taux actuel. Ce qui est préoccupant, c’est que les prévisions annoncent 10 milliards d’humains sur notre planète d’ici 21006. Aujourd’hui, plus de la moitié des émissions de CO2 sont causées par les pays dits développés représentant 1/6ème de la population mondiale, soit environ 1 milliard d’habitants. L’émergence de la Chine7 et l’Inde va augmenter considérablement la production de gaz à effet de serre faisant passer nos émissions de 50 milliards de tonnes par an à près de 130 milliards de tonnes par an. Rien qu’en prenant en compte l’émergence de la Chine et de l’Inde, ce qui représente 3,5 milliards d’habitants, nos émissions totales annuelles de gaz vont passer de 5 % à près de 13 %. Qu’en sera-t-il lorsque la population mondiale aura atteint 10 milliards d’individus ?
Le Dr Andreas Petzold a démontré que le trafic aérien produisait des nuages nommés Cirrus2. La différence de température entre la chaleur des moteurs et la fraicheur de l’air en altitude crée de la vapeur d’eau. En complément de cette étude, les scientifiques Nagel March et Hendrick Svensmark attestent que la formation de ces nuages de basse altitude entre la troposphère et la stratosphère2 favorisent l’effet de serre. Ce groupe de scientifiques cherche actuellement à démontrer le rôle du champ électromagnétique du soleil sur la formation des nuages de hautes
48 LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
En plus de ces gaz carboniques favorisant l’effet de serre, l’arrivée des gaz aérosols issus de nos réfrigérateurs ou de bombes à usage domestique, dégradent la couche d’Ozone. La couche d’Ozone ou Ozonosphère, découverte par les physiciens français Henri Buisson et Charles Fabry, désigne la partie de la stratosphère contenant une quantité importante de gaz d’ozone qui ne laisse pénétrer dans notre atmosphère que 50 % des rayons UV provenant du rayonnement solaire. La destruction de cette enveloppe, nous protégeant des rayons solaires les plus puissants et les plus néfastes, amplifie l’effet de serre.
LES EFFETS DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
U
Une des conséquences du réchauffement climatique est la
est la fonte des glaces. Le manteau de glace présent sur Terre joue un rôle particulier. Comme il a été dit précédemment, il contribue à réfléchir une grande partie des rayons solaires. Sans ce « miroir » naturel, le réchauffement ne cesserait d’augmenter. De plus, la fonte de la glace libère des quantités conséquentes de gaz carbonique autrefois piégé. Ces mêmes gaz accentueront l’effet de serre. En quelques chiffres, l’eau présente sur Terre est à 97 % sous forme d’eau salée, à 2 % sous forme de glace et seul 1 % de l’eau est potable ce qui en fait une denrée rare. La répartition de l’eau sous forme de glace est de 10 %
L’effet de serre
1. Lumière venant du soleil. 2. Une partie est réfléchie vers l’espace. 3. Le sol est réchauffé par la lumière “ visible ” et émet du rayonnement infrarouge. 4. Une partie des infrarouges s’échappe vers l’espace. 5. L’essentiel est absorbé par les gaz à effet de serre. L’atmospère se réchauffe er réémet des infrarouges vers l’espace et le sol. 6. La surface se réchauffe, et émet des infrarouges...
fig. 25 : L’effet de serre- Pavillon France COP21
en Arctique, 88 % en Antarctique et 2 % sous forme de Glaciers à travers le monde. L’Arctique a tendance à s’étendre est dispose d’une banquise1 toute l’année. L’Antarctique se régénère lui aussi, mais perd sa banquise chaque été d’où des détachements spectaculaires de gros blocs de glace comme le détachement de l’iceberg B-15 en 2000. Ce gigantesque morceau de glace provenant de l’Antarctique possédait une superficie de 11 000 km2. Avec ses 295 km de long et 37 km de large, il s’agissait du plus gros objet flottant sur les océans. Cet événement est célèbre de part la taille impressionnante du morceau de glace2. Ce genre de phénomène n’influe pas sur le niveau des océans étant donné que, d’après Archimède :
Blocs de glace flottant sur les océans
1
2
Cf. Annexe 8
« Tout corps plongé dans un fluide reçoit de la part de celui-ci une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du volume de fluide déplacé ».
49 LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE CLIMATOLOGIE
1
glace flottant autour des pôles
il a été le premier homme a atteindre le pôle Nord en solitaire en 1986 2
3
4
Institut Fun Wetter-und Klima Kommunikation
GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat 5
Cf. fig. 23 p42 6
à Toulouse
Il faut bien différencier la banquise1 et la glace continentale. Ce qui est préoccupant et cause, en partie, l’augmentation du niveau des océans est la fonte de la glace continentale. Actuellement, la banquise s’accroît, mais la glace continentale présente sur les roches fond surtout au Groenland. Le chiffre de 2 % de l’eau présente sur notre planète y est sous forme de glace semble dérisoire. Mais la fonte des glaces, aussi faible qu’elle soit, contribue à une augmentation d’au minimum 20 cm. Cette hausse qui paraît anodine à l’échelle planétaire a de lourdes conséquences pour l’homme. Un des premiers à alerter l’opinion publique sur ce phénomène est Jean-Louis Etienne2. Ce Français est connu pour ses expéditions à buts scientifique et pédagogique en Arctique et Antarctique. Leur médiatisation permet de sensibiliser le public au rôle que jouent les régions polaires sur l’équilibre et le climat de la Terre. Selon Franck Boottler3, les eaux des océans, comprises entre 0 et 700 mètres de profondeur, subissent une augmentation de température. Nous savons que lorsque l’eau se réchauffe, elle a tendance à se dilater. Cette dilatation élève le niveau marin. Ce phénomène participe de moitié à l’augmentation du niveau des océans. La fonte totale des glaces présentent seulement en Antarctique serait responsable d’une hausse du niveau des mers de 0,27 mm à 0,83 mm. Cette hausse peut paraître anodine pour l’île de Noirmoutier puisque les mouvements sismiques font remonter
l’île chaque année d’environ un millimètre. En revanche, lorsque nous cumulons la fonte de la glace continentale du Groenland, de l’Antarctique, des glaciers ainsi que la dilatation océanique, l’augmentation du niveau des océans est en moyenne de 3 mm par an ce qui menace directement Noirmoutier. Selon le GIEC4, les niveaux des océans augmenteront jusqu’à un 59 cm d’ici 2100. D’autres scientifiques moins alarmistes, comme Vincent Courtillot, estiment la hausse à 20 cm maximum d’ici la fin du siècle. Selon les relevés du GIEC, le niveau des océans a, en moyenne, augmenté de près de 20 cm depuis 1910. Plus localement à Noirmoutier, une augmentation d’un mètre du niveau de l’océan Atlantique menacerait de submersion la moitié du territoire insulaire noirmoutrin. Les digues se verraient plus menacées5. Aujourd’hui, des satellites de haute précision comme Topex/Poseidon, Jason, ERS, ou Cryosat proposent des observations globales et de haute précision. Ils permettent d’effectuer des relevés pour étudier la température de la surface de la mer, la hausse du niveau des océans ou encore l’évolution de la couverture de glace aux pôles. Ils constituent un atout précieux pour la surveillance du climat et la compréhension de son évolution. En France, le groupe de recherches climatiques du centre de recherche de Météo-France6 étudie notamment l’évolution du climat grâce à des modèles climatiques globaux et régionaux, contribuant ainsi aux travaux du GIEC.
50 LE CLIMAT RÉGI PAR LES OCÉANS ET COURANTS CLIMATOLOGIE
CLIMATOLOGIE Le Climat Régi par les Océans et Courants
LES OCÉANS
L
es océans recouvrent 97 % de la surface du globe et 97 % de de l’eau terrestre est présente sous forme liquide. Les océans agissent comme de véritables poumons pour notre planète. Par la photosynthèse1, le phytoplancton consomme le dioxyde de carbone2 présent dans l’eau pour ensuite rejeter de l’oxygène3 qui est l’élément de base de l’air que nous respirons. Lorsque notre atmosphère est saturée en CO2, et donc que les végétaux terrestres ne transforment pas assez de CO2 en O2 avec la photosynthèse, le dioxyde de carbone excédant va se dissoudre dans les eaux de surface entrainant une augmentation de l’acidité de l’ensemble des océans du globe. C’est ce qu’on appelle l’acidification que nous avons vue précédemment. Le CO2 se dissout de préférence dans les eaux froides des hautes latitudes pour ensuite être emporté par les courants afin de rejoindre les profondeurs4. Les Océans échangent en permanence avec l’atmosphère, des gaz, de l’eau et de la chaleur qu’ils redistribuent autour
du globe. Ces échanges déterminent en grande partie le climat mondial et le font grâce à de puissants courants marins5 qui font le tour de la planète. Ce sont eux qui réchauffent ou refroidissent nos côtes et permettent un brassage des eaux de tous les océans. Cette circulation est contrôlée par les vents de surface, la rotation de la Terre, mais aussi par la salinité et la température de l’eau. On parle alors de circulation thermohaline.
Photosynthèse : processus bioénergétique qui permet aux plantes, aux algues et à certaines bactéries, de synthétiser de la matière organique en utilisant la lumière du soleil. La plante consomme de la lumière et du CO2 pour produire des molécules organique et de l’O2 1
2
CO2 : Dioxyde de Carbone
3
O2 : Oxygène
Cf. l’acidification des océans p44
4
5
En absorbant la chaleur, les océans atténuent l’augmentation des températures atmosphériques et modèrent les fluctuations du climat qui seraient beaucoup plus rapides et intenses si elles n’étaient régies que par l’atmosphère. Le phénomène d’absorption de la chaleur est aussi peu visible qu’il est d’ampleur, car l’immense volume d’eau océanique se réchauffe et se refroidit très lentement. Il faut 100 fois plus d’énergie pour élever de 1 °C la température des 50 premiers mètres d’océan, que pour élever de 1 °C la température des 2 premiers kilomètres d’atmosphère.
comme le Gulf Stream
51 LE CLIMAT RÉGI PAR LES OCÉANS ET COURANTS CLIMATOLOGIE
1 El Niño : phénomène climatique déclenché par un réchauffement anormal de l’océan dans l’Est du Pacifique
Nous savons à présent que les courants marins régissent l’ensemble du climat planétaire. Les deux grands courants les plus connus sont El Niño, dans le Pacifique sud, et le Gulf Stream, en Atlantique nord. Il en existe un troisième qui fait le tour de l’Antarctique. Ils régulent les écarts de température entre les pôles et l’équateur. Que ce soient les courants marins ou le déplacement des masses d’air dans notre atmosphère, ces mouvements sont créés par des différences de températures extrêmes. En cherchant à homogénéiser l’ensemble des températures à la surface du globe, les masses d’eau et d’air extrêmement froides vont migrer vers les zones chaudes pour les équilibrer et vice et versa.
LE GULF STREAM 1
Arctique et Antarctique
Toutes les informations collectées sur le Gulf Stream sont issues du livre : Le Gulf Stream de Brino Voituriez - UNESCO - 2006
N
oirmoutier, comme toute la façade Atlantique française, est sous l’influence du Gulf Stream. Le Gulf Stream est un courant d’eau chaude qui remonte des Caraïbes vers le pôle Nord. La chaleur accumulée dans les eaux tropicales va réchauffer les zones polaires, réduisant ainsi les écarts de température. Les pôles1 froids sont indispensables pour l ‘équilibre du climat, il s’agit de réserves de froid pour la planète sans lesquelles les températures moyennes seraient très élevées. Cette remontée d’eau chaude vers le Nord se fait par des courants de surface. Cela est parfaitement logique : l’eau chaude est moins dense que l’eau froide, elle a donc tendance à remonter vers la surface. À l’inverse, des courants froids de profondeur vont circuler des pôles vers l’équateur afin de refroidir les eaux chaudes tropicales. Ce brassage incessant d’eau froide profonde des pôles et d’eau plus chaude de surface a un impact majeur sur notre climat et est accompagné de vents de surface qui sui-
vent le même parcours de l’équateur jusqu’aux côtes nord-européennes. Lorsque le Gulf Stream, remontant du Sud-Ouest, circule au Nord de l’Angleterre et de la Bretagne, il se heurte à nos côtes. La rencontre de cet obstacle va créer des remous qui vont rediriger les eaux chaudes vers le Sud et longer les côtes Ouest-Anglaises et Aquitaines en passant par l’île de Noirmoutier. Les courants dominants à Noirmoutier viennent donc du Nord-ouest. Ils se heurtent à la partie septentrionale de l’île qui est constituée de roches solides. Ce socle rocheux agit comme une véritable barrière de défense pour la partie sud de l’île qui est composée de sédiments fragiles à l’érosion. De la même façon, à marée montante, le courant provient du Nord-ouest. Le Gulf Stream n’est pas toujours régulier. Sa vitesse et sa trajectoire varient en fonction la température de l’atmosphère. Nous savons que, lors du petit Âge de Glace, le Gulf Stream s’est brusquement ralenti favorisant
52 LE CLIMAT RÉGI PAR LES OCÉANS ET COURANTS CLIMATOLOGIE
le dépôt de sédiments dans la baie de Bourgneuf. Ce ralentissement des courants a permis aux hommes de gagner des terres sur la mer en construisant des digues peut sujettes aux assauts de l’océan1.Nous pouvons constater que les ruptures de digues ont essentiellement eu lieu lors de la fin du Petit Âge de Glace, lorsque le Gulf Stream a repris son activité renforçant la puissance des courants. L’augmentation des températures n’a pas comme seule conséquence l’augmentation du niveau des océans. Le réchauffement climatique a un lien direct avec les courants marins et les mouvements de masse d’air. Actuellement, nous redoutons une variation de la trajectoire du Gulf Stream similaire à celle d’El Niño qui est remontée de plusieurs centaines de kilomètres plus au Nord. De nombreuses études montrent, en effet, qu’un grand nombre d’espèces marines ont tendance à migrer vers de plus hautes latitudes2. Ce déplacement est d’environ 70 km par décennie et nous indique que l’Atlantique Nord a tendance à se réchauffer. Ce réchauffement risque d’entrainer une modification majeure du Gulf Stream d’ici à la fin du siècle. Si la trajectoire du Gulf Stream se modifie, alors les courants dominants des côtes Atlantiques françaises vont changer. Or, si le courant dominant provenant du Nord-ouest se transforme en courant de Sud-ouest, les conséquences sur Noirmoutier
risque que d’être désastreuses. Les courants viendraient, dans ce cas, se heurter à la partie sud de l’île, beaucoup plus sensible à l’érosion, et la présence du cordon dunaire de La Tresson serait insuffisante pour protéger les polders. Cela pourrait amener à la disparition de la majorité de la partie sud de l’île dont la commune de Barbâtre et une grande partie de l’Épine et de la Guérinière. L’île ne serait plus raccordée au continent. Les variations du tracé du Gulf Stream doivent donc faire l’objet d’une attention particulière afin de déterminer d’éventuels changements de courants dominants susceptibles de modifier le trait de côte Vendéen et de réduire considérablement, à plus ou moins long terme, la surface de l’île.
Construction des premiers polders protégés par des digues au Ve siècle par les moines. Ces polders étaient exclusivement utilisés pour la saliculture (production de sel de mer).
1
Lors des migrations, les animaux marins migrent de plus en plus vers le Nord ou les températures sont plus favorables pour évoluer.
2
Fig. 26 : Le Gulf Stream Nature
53 LE CLIMAT RÉGI PAR LES OCÉANS ET COURANTS CLIMATOLOGIE
Fig. 27 : face aux courants - Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie Courant de marée montante
Courant de marée descendante
Fort
Courant de marée descendante
Courants principaux
Faible
Fig. 28 : Noirmoutier dans trois siècles - cumul de la montée des eaux et de l’érosion du cordon dunaire par un changement de courant
Bouin
Beauvoir
10 km
54 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
CLIMATOLOGIE Menace de Submersion
L
es rapports climatiques dont nous disposons montrent que Noirmoutier et sa région ont toujours subi des risques liés aux variations de niveau de l’océan Atlantique. Depuis sa première émersion, il y a un peu plus de 100 Ma1, l’île de Noirmoutier a été façonnée par les montées et descentes d’eaux successives. À ce jour, nous savons que l’île a connu trois submersions totales. Ces submersions sont directement liées aux changements de températures conduisant à la fonte des glaces constituants les pôles et les glaciers. Les scientifiques envisagen deux scénarii de submersion possibles sur Noirmoutier : - Le premier est l’inondation temporaire de la zone côtière par la mer. Lorsque des conditions météorologiques extrêmes s’allient à une forte marée, cela provoque ce qu’on appelle une onde de tempête2. L’eau envahit, en général, des terrains situés en-dessous du niveau des plus hautes mers. Il arrive cependant que les projections d’eaux marines franchissent les ouvrages de protection pour inonder les terres de faibles altitudes.
- Le second scénario est le retrait de la limite littorale vers l’intérieur suite à l’érosion provoquée par les tempêtes, mais aussi par les urbanisations massives. Ce qui met en danger les habitants de l’île sont les constructions implantées sur les polders. Dès l’antiquité, les Romains ont asséchés la baie de Bretagne, actuelle baie de Bourgneuf, afin d’y installer des marais. Les Romains ont toujours eu l’obsession du contrôle des terres conquises, à la fois pour permettre l’enrichissement de Rome, mais aussi pour conserver un contrôle sur les populations et empêcher toute insurrection. En asséchant la baie, les romains pouvaient ainsi organiser le territoire comme bon leur semblait. Ces aménagements rendaient les villes plus accessibles et favorisaient ainsi le développement du commerce et des échanges entre villes côtières. La conquête Romaine qui, à son apogée, s’étendait de l’Écosse jusqu’à la mer Caspienne, a permis aux territoires de la baie de Bourgneuf de s’ouvrir sur le reste de l’Europe. Sur Noirmoutier, c’est au Ve siècle que les moines bénédictins commencèrent à transformer les marais humides en
1
Ma : millions d’années
on peut aussi appeler ce phénomène surcôte ou vimer
2
55 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
1 PAPI : Plan d’Action de Prévension des Inondations
marais salants afin d’y récolter « l’or blanc ». Le moine Saint-Philibert fonda un monastère et organisa la récolte du sel à grande échelle. À cette époque, les moines vendéens créèrent un réseau complexe d’étiers. Afin d’accroître la productivité et répondre à la demande de la population, des travaux titanesques ont été entrepris au cours des siècles afin de protéger les polders tout en augmentant leur
surface. Aujourd’hui, près de la moitié du territoire noirmoutrin a été créé de toutes pièces par l’homme, soit 24 hectares. Le front de mer noirmoutrin se compose de 46 % de côtes artificielles et 54 % de côtes naturelles dont 74 % de plages et 26 % de roches. C’est pour toutes ces raisons que Noirmoutier a été choisi comme zone expérimentale pour le prochain PAPI1.
TEMPÊTES & VIMERS 1 selon la société des historiens des marais et du pays de Retz 2 Vimer que l’on peut aussi appeler surcôte ou onde de marée 3
4
5
6
Lothar & Marthin : décembre 1999
Klaus : janvier 2009
Xynthia : février 2010
GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat
L
a Vendée subit une submersion tous les 40 ans environ. En l’espace de trois siècles, l’île de Noirmoutier a subi près de 120 puissantes tempêtes1. Son avancée dans l’océan Atlantique lui offre un micro climat clément, mais la rend également vulnérable face aux fortes dépressions venues de l’océan. Outre les tempêtes, je vais aussi étudier le phénomène de « vimer »2 qui résulte de l’addition de fortes dépressions et d’une grande marée. Les vimers sont les principaux responsables des ruptures et submersions de digues enregistrées à Noirmoutier depuis le IIIe siècle. Lothar & Martin3, Klaus4 et 5 Xynthia sont les trois tempêtes les plus dévastatrices ayant touché les côtes françaises. Les tempêtes sont plus communément appelées cyclones ou ouragans tropicaux, ou sud tropicaux, en fonction de leur provenance. Un cyclone est une dépression qui se caractérise par une remontée d’air chaud vers les couches supérieures de l’atmosphère. L’air chaud étant moins
dense que l’air froid d’altitude, un appel d’air s’opère du sol vers les cieux. La variation des flux d’air est liée aux flux océaniques. Ouragan est le nom donné aux cyclones circulant en Atlantique nord. Les températures élevées de l’atmosphère et des mers situées en zones tropicales entrainent l’évaporation d’une grande quantité d’eau. Lorsque cette eau chaude s’évapore sous forme gazeuse, elle est emportée par les vents et remonte en altitude. C’est alors qu’une dépression se forme au-dessus de l’océan Atlantique tropical. Cette très importante masse d’air va remonter le long du Gulf Stream vers les côtes Européennes de la même manière qu’un courant marin. Lorsque la masse d’air atteint nos côtes aux températures plus tempérées, l’eau se condense pour s’abattre sous forme de fortes précipitations. Ces fortes pluies qui frappent nos côtes s’accompagnent de vents violents. Cela explique que les vents dominants à Noirmoutier viennent de l’Ouest. Ils apportent les courants chauds qui rendent le climat
56 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
noirmoutrin plus doux qu’ailleurs aux mêmes latitudes. Bien avant Lothar et Klaus, de nombreuses tempêtes affectèrent le continent européen. Depuis les années 1500, le front littoral vendéen est régulièrement soumis aux passages répétés des perturbations nées sur les eaux chaudes de l’Atlantique. Cet axe météorologique est mieux connu sous le nom de Storm Track. Les scientifiques s’accordent sur un point : l’atmosphère se réchauffe et l’océan aussi. Or, les pluies violentes et la formation d’ouragans ou de cyclones seraient liées à ces facteurs. Pour l’instant, les spécialistes sont prudents avant de relier ces évène-
ments météorologiques extrêmes aux changements climatiques. Selon le GIEC6, l’accroissement des températures entraine des dépressions de plus en plus intenses et longues. En effet, l’augmentation des températures a des répercussions sur la pression atmosphérique, la plus grande quantité d’air chaud dans notre atmosphère renforce les dépressions et les températures élevées de l’océan multiplient le phénomène d’évaporation de l’eau. Chaque année, c’est près de 1,20 m d’eau qui s’évapore de la surface des océans. Inexorablement, le risque de submersion et d’érosion des zones côtières françaises augmente.
Fig. 29 ci-dessus : Photos miroir des mots Noirmoutier-en-l’Île - Pascale Alletru et Claude Cadayo Fig. 30 ci-dessous : Schéma d’un depression Techniguide de la météo
57 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
1 le Soleil ou les planètes géantes de notre système solaire comme Mars
2
3
hPa : Hesctopascal
coefficient de 102 / hauteur d’eau 5,75 mètres
Intéressons-nous maintenant au phénomène de vimer autrement appelé surcote. La surcote est une surélévation du niveau de la mer liée à deux mécanismes concomitants : - une marée astronomique ; - un ouragan. Sur les côtes atlantiques, les marées sont de type semi-diurne ; c’est-à-dire qu’il y a deux marées hautes par jour espacées d’une douzaine d’heures. En moyenne, la marée est retardée chaque jour de 50 minutes, sous l’effet de la position de la Lune dont l’influence est prépondérante par rapport à celle des autres astres1. Les marées sont causées par l’effet conjugué des forces de gravitation dues à la Lune et au Soleil, et de la force d’inertie due à la révolution de la Terre sur une masse d’eau. Lors de la pleine Lune et de la nouvelle Lune, les astres Terre-Lune-Soleil sont parfaitement alignés. Les forces gravitationnelles sont alors maximales, c’est ce qu’on appelle les vives-eaux. Au contraire, lors du premier et du dernier quartier, les astres ne sont pas alignés. Cela se traduit par des forces gravitationnelles de directions différentes qui atténuent l’effet de marée. C’est ce qu’on appelle les mortes-eaux. Les marées les plus faibles de l’année se produisent normalement aux solstices d’hiver et d’été, les plus fortes ont lieu aux équinoxes de printemps et d’automne, lorsque le Soleil traverse le plan équatorial de la Terre. L’ampleur des marées est accrue dans les baies de faible profondeur, comme la baie de Bourgneuf ou encore la baie du Mont Saint-Michel où sont enregistrées les fortes marées françaises.
Lors d‘un ouragan, on enregistre une forte baisse de la pression atmosphérique. Ce phénomène reste imprévisible et difficile à évaluer. Lorsque la pression atmosphérique est basse, le niveau de la mer monte à raison d’1cm pour 1 hPa2. Par exemple, lors de Xynthia, la pression atmosphérique était de 968 hPa. La pression atmosphérique moyenne étant de 1015 hPa, la simple baisse de la pression atmosphérique s’est traduite par une surélévation du niveau marin d’environ 47 cm. En plus de la pression, les vents soutenus de l’ouragan peuvent aggraver la submersion. En effet, si le vent souffle en direction des terres, il va considérablement augmenter l’effet de la marée en poussant l’eau vers les côtes par le biais de puissantes vagues et d’une houle formée. La pire situation intervient en cas de puissante dépression associée à une marée haute d’équinoxe de fort coefficient. Cela fut le cas le 24 octobre 1999, où une surcote d’environ 90 cm fut constatée dans le port de Noirmoutier3. Ces connaissances météorologiques et astronomiques nous aident à mieux comprendre et anticiper les vimers ou surcotes. L’observation des phénomènes météorologiques agissant au-dessus des océans chauds permet d’anticiper l’arrivée d’ouragans violents. L’accumulation d’un ouragan et d’une grande marée d’équinoxe est donc facilement prévisible. En revanche, les variations brutales de pressions atmosphériques multipliant par deux le risque de surcote est jusqu’ici imprévisible. Pour réagir au plus vite, la mairie de la Guérinière a mis en place un système d’alerte par SMS accompagné de sirènes afin de prévenir les habitants d’une éventuelle rupture de digue.
58 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
premier quartier mortes-eaux
pleine Lune vives-eaux
dernier quartier mortes-eaux
nouvelle Lune vives-eaux
fig. 31 : Les marées - ESA
59 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
XYNTHIA : CAUSES ET CONSÉQUENCES 1
lors de Xynthia, les villes les plus touchées furent : L’Aiguillon-sur-mer-, La Tranchesur-mer et La Faute-sur-mer en Charente-Maritime et en Vendée
2
NGF : Nivellement Général de la France aujourd’hui à la charge d’IGN.
J’
ai souhaité aborder de façon plus détaillée la tempête Xynthia1 de 2010, car cette tempête a balayé la côte vendéenne, et donc l’île de Noirmoutier, et a été à l’origine de la prise de conscience de la vulnérabilité des côtes et plus particulièrement des zones d’habitations protégées par des digues artificielles. Je vais, tout d’abord, vous expliquer, sous l’éclairage des informations fournies dans la partie précédente, pourquoi la tempête Xynthia a eu des conséquences aussi dramatiques et causé le décès de 47 personnes. Xynthia est en premier lieu une catastrophe naturelle, liée à des conditions extrêmes. Dans la nuit du 28 février 2010, la tempête s’est abattue sur la côte vendéenne. Elle a été particulièrement violente dans le secteur de la baie de l’Aiguillon. Cet épisode météorologique a été causé par la conjonction d’une forte dépression et d’une grande marée de vives-eaux. Le cumul d’une marée de coefficient 102, de vents de plus de 130 km/h et d’une dépression de 968 hPa a engendré une surcote exceptionnelle de + 1,53 m NGF2, soit une élévation du niveau de l’eau de près de 4,50 m NGF. La mer a éventré la digue de l’Aiguillon-sur-mer et envahi 30 hectares de terres habitées entre l’Aiguillon-sur-mer et la Faute-sur-mer. En quelques heures, l’océan a repris ses droits pour revenir aux anciennes limites du Moyen-Âge. Les conséquences dramatiques de la
tempête Xynthia sont malheureusement liées des erreurs humaines. 700 habitations ont été progressivement envahies par l’eau sur une hauteur comprise entre 1 m et 1,80 m, piégeant les habitants dans leurs habitations en pleine nuit. La présence de ces habitations en zone inondable est due à la négligence des services d’urbanisme locaux. Le Maire de la Faute-sur-mer a signé des autorisations de permis de construire sur des zones normalement inondables. Pendant les années 70, de nombreux quartiers pavillonnaires ont été bâtis dans des cuvettes, juste derrière les anciennes digues de protection alors dégradées et non entretenues. Ces zones humides, normalement utilisées comme bassins de débordement ont été comblées puis urbanisées. Ces polders n’étaient vus que comme des zones à fort potentiel économique et non comme une source de menace. L’effacement de la mémoire collective du risque par l’afflux d’une nouvelle population démunie de la connaissance du territoire et le déni du danger ont conduit au décès de 29 personnes à La Faute-sur-mer. À Noirmoutier : le passage de Xynthia a aussi marqué les esprits. Malgré sa perte de puissance, la tempête a tout de même détérioré beaucoup d’édifices de défense et des dégâts marquants ont été relevés dans de nombreuses propriétés situées en contre-bas des quais du port de la ville de Noirmoutier-en-l’Ile. Aucune brèche n’a été relevée, mais de nombreux franchissements, débordements
60 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
et inondations ont eu lieu. La surcote fut d’1,30 m avec un coefficient de marée de 108 et des vents Sud-Ouest de 120 km/h. Le niveau de l’eau dans le port patrimonial de Noirmoutier-en-l’Ile a battu un nouveau record historique avec une valeur extrême de 3,80 m IGN1 calculée par le SHOM2. Cette nouvelle côte inédite a servi de surcote de référence lors de l’élaboration du PPRL3 commencée en janvier 2011. Les endroits les plus touchés sont les dunes de la Tresson et, plus particulièrement, les secteurs des Éloux et de Luzéronde, ainsi que la digue Jacobsen qui a subi de plein fouet les vents et
courants venant du Sud-Ouest. Sur les côtes sableuses du Sud-Ouest de l’île, le recul dunaire et l’abaissement des plages est considérable. Les ganivelles4 de protection des dunes ont presque été déchaussées et des enrochements se sont effondrés. Au nord de l’île, la digue Jacobsen a été submergée inondant les marais du grand et du petit Müllenbourg. En plus de ce débordement, la digue a été contournée par les eaux au niveau du Fort Larron entrainant l’inondation du quartier balnéaire des Sableaux. L’eau a pénétré d’environ 200 m à l’intérieur des terres pour inonder les habitations d’environ 30 cm d’eau.
IGN : Institut National de l’information Géographique et forestière
1
SHOM : Service hydrographique et océanographique de la Marine 2
PPRL : Plan de Prévention des Risques Littoraux
3
ganivelles : pieux de bois plantés dans le sable afin de maintenir le trait de côte ainsi que le cordon dunaire
4
61 MENACE DE SUBMERSION CLIMATOLOGIE
fig. 32 & 33 : Pompage des Sableaux et inondation du port de Noirmoutier-en-l’île - François GENDRON - Vivre l’île 12 sur 12 étendue artificielle de terre gagnée sur l’eau. En règle générale, les polders sont sous le niveau de l’eau.
1
PAPI : Plan d’Action de Prévention des Inondations
2
Xynthia a eu l’effet d’électrochoc pour les habitants des logements à proximité des polders1 et des digues artificielles. La catastrophe nous a montré que les digues artificielles ne sont pas infaillibles. La longue histoire du combat des hommes contre l’océan, entamé au XIIème siècle, gconnaît aujourd’hui un nouveau tournant. Le réseau complexe de digues édifié par les moines vendéens pour gagner des hectares de terres sur la mer a montré ses limites. La question est : Face au réchauffement climatique et à la montée des eaux, faudra-t-il rendre à la mer ce qui lui appartenait ? Force est de constater que suite à cet épisode marquant de l’histoire de l’île de Noirmoutier, un PAPI et un PPRL ont été entrepris afin d’assurer le bon entretien des systèmes de protection. Ces plans de prévention complètent et renforcent la stratégie de gestion des côtes noirmoutrines initiée dans les PPRN et PPRI de 2008. Les élus locaux poursuivent donc leur politique de protection des marais, poumons économique et écologique de l’île de Noirmoutier.
62 LES INONDATIONS D’INTEMPÉRIE SOUVENT NÉGLIGÉES CLIMATOLOGIE
CLIMATOLOGIE Les Inondations d’Intempéries souvent Négligées
L
es nombreuses observations nous montrent qu’il est vraisemblable qu’un bassin versant soit présent au nord de l’île. Un bassin versant est une portion de territoire vers laquelle les eaux de pluie convergent. Cette cuvette marécageuse isolée au Nord par un cordon dunaire et au Sud par la hauteur du plateau rocheux de la plaine, présente encore des restes importants du marécage initial qui s’étendait sans interruption sur 600 hectares de l’Herbaudière au bois de la Chaize, avec évacuation possible par la plage de la Clère. Le rôle du bassin versant est de servir de réservoir aux eaux pluviales du plateau agricole, qui peuvent y séjourner temporairement lors des inondations provoquées par de fortes pluies. Le sol, fait de roche compacte1, est imperméable. Il empêche l’eau de s’infiltrer dans les nappes phréatiques et provoque le ruissellement des eaux de pluie dans le bassin versant. L’eau est ensuite évacuée vers l’océan lors des basses mers, par des clapets et autres ruisseaux naturels ou artificiels. Ce réseau très méconnu n’est abordé ni dans le SAGE2, ni dans le SDAGE3. Au Sud de l’île, à Barbâtre, les eaux de pluie sont collectées dans d’anciens
bassins d’orage, entre le bourg et la D38. Les terrains constructibles deviennent rares sur l’île et l’on observe une tendance à remblayer ces lieux humides pour permettre la construction de quartiers pavillonnaires4. Au Nord, on construit dans le bassin versant naturel en le remblayant et au sud on construit sur des bassins d’orage artificiels qui sont là depuis des générations. Malheureusement, l’envahissement de ces milieux humides va modifier et saturer le réseau d’évacuation des eaux pluviales qui vont se trouver chassées vers des secteurs adjacents devenus vulnérables, y provoquant des inondations rapides inconnues jusqu’alors. La hausse envisagée des précipitations dues au réchauffement climatique pourrait devenir problématique pour plusieurs quartiers résidentiels de l’île. Comme on a pu le voir, Noirmoutier œuvre pour lutter contre les risques de submersion. Cependant, par manque de place, elle oublie le rôle protecteur du bassin versant et des bassins d’orage, notamment en cas de phénomène de Vimers. C’est ce type d’erreur qui a été à l’origine du désastre de la tempête Xynthia…
1
cf. Partie Géologie p28
SAGE : Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux
2
SDAGE : Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux
3
4
cf Annexe 9
63 LES INONDATIONS D’INTEMPÉRIE SOUVENT NÉGLIGÉES CLIMATOLOGIE
Il est donc important de contrôler l’urbanisation sur une île qui compte déjà près de 68 % de résidences secondaires. Tout comme il est nécessaire d’épargner les dernières zones non urbanisées, en particulier celles de la Linière, de la Blanche, des Roussières, des Prés Patouillards, situées dans le bassin versant de l’île.
fig. 34 : Prés Patouillards -
Vivre l’île 12 sur 12
64 LES INONDATIONS D’INTEMPÉRIE SOUVENT NÉGLIGÉES CLIMATOLOGIE
fig. 35 : Clapet d’évacuation à l’abbaye de la Blanche construit en 1733. -
Vivre l’île 12 sur 12
65 CHRONOLOGIE DES SUBMERSIONS Ã&#x2030;TUDE DE CAS
66 Chronologie DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
III. ÉTUDE DE CAS : L’ÎLE DE NOIRMOUTIER Comprendre les enjeux afin de mettre en place une politique de gestion du territoire.
67 CHRONOLOGIE DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
fig. 36 : Carte de l’île de Noirmoutier - Habiter l’île - CAUE85 (Conseil d’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Environnment Vendéen)
68 Chronologie DES SUBMERSIONS Ã&#x2030;TUDE DE CAS
69 CHRONOLOGIE DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
ÉTUDE DE CAS L’ÎLE DE NOIRMOUTIER Chronologie des Submersions
1
quatre submersions au cours du siècle dernier
R
iches d’une expérience de plus de 1 500 ans en terme de risques de submersion, les noirmoutrins ont toujours su remédier aux assauts répétés répétés de l’océan. Leur savoir vernaculaire, transmis de génération en génération, les induit à développer sans cesse de nouveaux systèmes de défense. La coopération et l’investissement des iliens leur a permis de s’adapter et de prendre le dessus sur des situations souvent désastreuses. Les recherches de l’Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton des Moutiers en Retz m’ont permises de retracer la chronologie des catastrophes de submersion ayant eu lieu à Noirmoutier. La fréquence soutenue des évènements1 nous indique que les noirmoutrins ont toujours entretenu la culture du risque. Leur histoire est une succession de submersions et de gains de terrain sur la mer. C’est pour ces raisons qu’il est compliqué d’imposé un PPRL à une communauté accoutumée à vivre avec le risque. Leurs édifices de protection ont toujours protégé les habitants, à défaut de protéger leurs cultures et leurs marais salants. De nombreux évènements historiques, que je cite ci-après, ont été utilisés comme « preuve à l’appui » lors de la réalisation du PPRL.
« La tradition veut qu’un vimer ait contribué à séparer Noirmoutier du continent aux environs du IIIème siècle de notre ére » Louis Lacroix « La baye de Bretagne » p.89, Luçon, 1942
70 Chronologie DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
5 Juin 567
l’île de Bouin est submergée par un vimer. Il s’agit probablement d’un tsunami : la coutume de Bouin, rédigée en 1644 sur la base d’un texte de 1421, précise que : « par temps calme, la mer s’éleva soudainement à une hauteur telle qu’elle submergea l’île entière et noya tous les habitants. » Jean-Louis Eugène - Noirmoutier
1075
un fort vimer à Noirmoutier provoque la submersion des champs au Both et au Fier - Jean-Louis Eugène - Noirmoutier
1352
la plaine de Barbâtre est inondée par une submersion majeure. Une petite partie d’un polder est ennoyée pour plus d’un demi-siècle, le temps que la sédimentation fasse son œuvre.
1509
lors d’un ouragan, la mer rompt la digue de Pulant et envahit la plaine de la Guérinière. Jean-Louis Eugène - Noirmoutier
1705
à la Guérinière, où la largeur de l’île ne dépasse pas 500 m, un vimer ouvre une brèche dans la dune. Tout au long du XVIIIème siècle, il y eut, à cet endroit, de nombreuses alertes de ce genre. Les noirmoutrins ont été contraints de colmater cette brèche à plusieurs reprises. Leur crainte était de voir l’île séparée en deux. Cet incident figure dans le PPRL de 2013 “ Une île sous la mer ”, Eva Pénisson p.29 Editions U.P.C.P. /Geste Paysanne
1er fév 1763
« Les digues de la Frandière et des Onchères furent rompues en 3 endroits. La mer noya toutes les terres de la Fosse, de la Frandrière et des Onchères ; le moulin des Onchères fut détruit. À Barbâtre, une dizaine de maisons furent englouties et dévastées. » “ Pages d’Histoire noirmoutrine ” - Ferdinand Guillet -1948 Cet incident figure dans le PPRL de 2013 : Rupture des dunes du Devin (l’Epine) et des digues de la Frandière (Barbâtre)
1765
lors d’un ouragan, un moulin et 10 maisons sont ensevelis par le sable de la dune de la Tresson. Depuis cet évènement, un arrêté préfectoral encourage la plantation de végétaux sur les dunes afin de contenir leur avancée sur la ville.
1769
la pointe du Devin, qui n’avait plus de saillie, est attaquée avec une extrême violence par la mer et par les ouragans.
71 CHRONOLOGIE DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
11-13 fév 1781 un vimer menace la ville de Noirmoutier-en-l’Île. 1810
lors d’une tempête, le village des Éloux disparaît dans les sables des dunes.
24 fév 1811
« La plaine de la Fosse est submergée. » “ À travers La Guérinière ” - Clément Corbrejeau - p.10 - 1810 La Crosnière (près du Gois) fut recouverte de 2 mètres d’eau Jean-Louis Eugène - Noirmoutier
24 fév 1836
« la mer envahit La Guérinière (Église, maisons et marais), emporte la digue de Pulan, renverse le moulin à vent et fait disparaitre la pointe du Both qui s’avançait de deux kilomètres en mer. »
“ Le Livre d’histoire ” - Collection Micberth, Monographies des Villes et Villages de France p144
24-25 fév 1838 la mer envahit brusquement le village de la Guérinière vers le lieu appelé
la Berche. L’inondation fut telle que la circulation se trouva interrompue et qu’il fallut se servir de bateaux pour aller d’une maison à l’autre. Pendant plusieurs jours toute la plaine fut couverte. L’eau pénétra jusque dans les rues de Noirmoutier-en-l’Île. Les dégâts causés aux digues furent considérables. Destruction des digues privées sur la côte de Pulant ainsi que du moulin à vent du Pulant.
“ Pages d’histoire religieuse noirmoutrine ” - La paroisse de Barbâtre chapitre premier p.13 Luçon – imp H.Rézeau “ À travers La Guérinière ” - Clément Corbrejeau - p.10 - 1810 Jean-Louis Eugène - Noirmoutie
Cet incident figure dans le PPRL de 2013.
1877
la mer fait une grande brèche dans la dune des Sableaux. Le marais Nord vendéen est entièrement inondé jusqu’à Bourgneuf. Jean-Louis Eugène - Noirmoutier
1879
les pluies tombaient si abondamment que la plaine de Barbâtre inondée deux fois, disparut sous les eaux ; c’était un véritable déluge. Il ne se récolta rien, ni blé, ni orge, ni fèves, ni fruits, ni sel, ni vin, on était privé de tout. Tout concourt à donner des Noirmoutrins l’image d’une population courageuse, extrêmement travailleuse, mais misérable car dépendante d’une injuste répartition des terres, lui suffisant à peine pour vaincre la surpopulation et écarter la famine. “ Une île sous la mer ” - Eva Pénisson - p.29 Editions U.P.C.P. /Geste Paysanne
“ Cahiers d’Aimé Thibaud ” - Aimé Thibaud - p31 - 1890 Jean-Louis Eugène - Noirmoutier
72 Chronologie DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
27 oct 1882
« Le 27 octobre 1882, elle est montée à quarante-cinq centimètres dans les maisons, réveillant les habitants en sursaut et courant se perdre dans les marais voisins. Le vent ayant tourné subitement, la digue des Isleaux, du côté nord-est, fut renversée à son tour et les deux flots marchèrent à la rencontre l’un de l’autre. Si l’on n’y prend garde, l’île sera coupée quelque jour en ce point. Les travaux d’endiguement au niveau du village de la Guérinière sont insuffisants contre les tempêtes du sud-ouest. Déjà la mer y est arrivée avec un courant de foudre et presque toujours en pleine nuit, envahissant l’église, la cure et les maisons voisines. » « Le littoral de la France – Côtes vendéennes » - Vattier d’Ambroyse - Paris Sanard et
Derangeon – 1892
« Vimer à La Guérinière : les marées d’équinoxe d’automne 1882 et les suivantes atteignirent un niveau très élevé ; le 27 octobre 1882 à 4 h du matin, s’ouvrant un passage dans les sables, la mer fit irruption et envahit l’église et les maisons en quelques minutes, atteignant un demi mètre de hauteur et se répandit dans tout le marais voisin. » “ Lacroix La Baye de Bretagne ” - p93 Cet incident figure dans le PPRL de 2013. 1900
rupture de digue à Barbâtre, aucune ville touchée puisque les zones étaient occupées par des terres agricoles.
1912
inondation due aux intempéries pluviales à la Guérinière. (cf. Annexe 10)
20 nov 1926
« lors d’une effroyable tempête, la mer coupe les dunes de Bressuire et rentre à flots jusqu’aux abords du village de l’Épine » Jean-Louis Eugène - Noirmoutier Cet incident figure dans le PPRL de 2013.
13 mars 1937
un puissant vimer frappe Noirmoutier. Une marée de 108 couplée à des vents plein sud force 11 provoque un débordement massif. L’île de Noirmoutier est touchée. Plus de 90 hectares sont recouverts d’eau. La route nationale N148 (actuelle D38) est coupée entre Barbâtre et la Guérinière. Cette voie surélevée a bloqué l’avancée des eaux. Le tocsin a retenti et prévenu les noirmoutrins qui ont pu se mettre à l’abri. Grâce à cette initiative, aucune victime n’est à déplorer à Noirmoutier. « Le baromètre descend brusquement. La mer monta alors brusquement de plus d’un mètre, poussée par une tempête effroyable. La dépression dura quatre heures au cours desquelles la mer submergea les digues – en maints endroits – et le port de Noirmoutier inondant certaines rues de la ville. » “ Extraordinaire histoire du passage du Gois “ - Henri Martin - p.95
73 CHRONOLOGIE DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
« À la Frandière, les digues ont cédé en trois points, 60 ha sont envahis. À la Guérinière, du côté sud, l’océan a rongé la dune et fait son chemin au bois de pins de la Cour. A l’Epine, les assauts furieux de la vague ont eu raison des points vulnérables de la pointe de Devin. Aux Ilots, entre l’étier des Coefs et la Guérinière, la mer franchit les digues et inonde une trentaine d’hectares. Enfin, au Viel et au bois de la Chaize, l’océan profite de l’occasion pour faire en quelques heures un travail de sape qui lui aurait demandé en temps normal plusieurs années » “ Noirmoutier presqu’ile ” - Henri Martin - p92. « De nouveau se trouvait donc brutalement posé le grave problème de la défense du littoral, lié à des conditions géographiques et historiques précises qu’on avait quelque peu négligées devant l’illusion d’une sécurité définitive » J.M Bourdeau - agrégé de l’université - janvier 1939. Cet incident figure dans le PPRL de 2013 : rupture de la digue à la Tresson et à la Frandière. 30 nov 1965
tempête, le Gois ne découvre pas.
10 fév 1970
rupture des perrés à la pointe de Devin.
13 fév 1972
un cyclone cause la rupture des perrés à la pointe de Devin et une partie du bois de la Chaize est détruite.
30 déc 1978
une brèche dans la digue du Gois provoque l’inondation de 500 ha du polder Sébastopol (10 % de la surface totale de l’île). L’avancée de la mer est stoppée par la digue de la D38 (2,5 m IGN). « Lorsque la digue du Gois a cédé, la surcote était de 70 cm » “ Extraordinaire histoire du passage du Gois “ - Henri Martin - p.95 (cf. Annexes 11, 12, 13)
1985
la place du marché de Noirmoutier-en-l’Île est inondée.
8 nov 1997
une tornade endommage 50 maisons au Viel.
1998
une tempête hivernale dégrade la chaussée du passage du Gois. (cf. Annexe 14)
24 oct 1999
la tempête Lothar & Martin conjugue une forte dépression et une marée de 102. La hauteur du niveau de l’eau dans le port de Noirmoutier-en-l’Île est de 5,75 m à cause d’une surcote de 90 cm. Les digues sont touchées et des débordements ont lieu au niveau des berges d’étiers et sur les quais du port. Cet incident figure dans le PPRL de 2013 : débordements au niveau des
74 Chronologie DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
fig. 37 : vimer 1937 - Archives Vendéennes
fig. 38 : vimer 1978 - Archives Vendéennes
fig. 39 : 1985, place du marché de Noirmoutier-en-l’île inondée - Archives Vendéennes
75 CHRONOLOGIE DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
6 déc 2009
la tempête Klaus érode la dune des moulins de la Bosse et endommage les ganivelles aux Éloux. La plage des Martinières se voit aussi fortement dégradée.
28 fév 2010 la tempête Xynthia entraine le débordement de la digue Jacobsen. Du
Fort Laron jusqu’aux Sableaux, l’eau pénètre de 200 m à l’intérieur des terres inondant partiellement les habitations. Les vents de Sud-Ouest abiment de nouveau la dune des Éloux ainsi que celle de Luzéronde. Une partie des fondations du premier pilier du pont sont mises à nue.
6 janv 2014
la pointe de la Fosse au sud, 80 m de plage érodée en l’espace de trois marées. À la dune des Éloux, l’enrochement n’a pas fonctionné, le sable derrière l’enrochement est en partie emporté.
14 mas 2014
recul de sable sur la côte du Viel. (cf. Annexe 15)
fig. 40 : 2009 après le passage de Klaus, la dune des éloux est méconnaissble - Commune de La Guérinière
76 Chronologie DES SUBMERSIONS ÉTUDE DE CAS
Pointe de Devin 1763 1769 1937 1970 1972
Noirmoutier-en-l’île 1781 1838 1937 1985 1999 2010
Les Sableaux 1877 2010
Dune Bréssuire 1926
Fier 1075
non sujet au inondations
Pulant 1509 1705 1781 1836 1838 1882 1937 Onchères Frandrières 1763 1937
sujet au inondations brèche brèches dans les digues ou les dunes
1 km
fig. 41 : Cartographie des brèches - Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton des Moutiers en Retz
Gois 1978
Barbâtre/La Fosse 1352 1763 1811 1879 1900
77 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
ÉTUDE DE CAS L’ÎLE DE NOIRMOUTIER Deux sites clés Menacés
LE CORDON DUNAIRE
L’ 1
au pied du pont de Noirmoutier 2
D38
Toutes les informations collectées sur à propos des dunes noirmoutrines viennent principalement des texte de l’association “ Vivre l’île 12 sur 12 ”
’île de Noirmoutier possède d’importantes étendues dunaires.
Le massif dunaire de La Tresson constitue actuellement un des pivots de la protection de l’île de Noirmoutier contre l’érosion marine. La grande flèche sableuse, partant du Sud de La Guérinière pour aboutir à la pointe de La Fosse1, s’étend sur moins d’un kilomètre et demi en front de mer avec une profondeur variant entre 500 et 700 m. Cette accumulation de sable contre le socle rocheux forme un bastion essentiel de la défense de l’île. Certains secteurs de ces dunes avaient été autrefois cultivés, mais la végétation naturelle a peu à peu reconquis ces espaces. L’arrière des dunes avec, en particulier, les zones humides qui devaient s’y trouver, ont été totalement remplacées par la route quatre voies2 qui longe le site. De nouvelles zones humides se sont installées là où d’importantes extractions de sable ont été faites lors
de la construction de la D38. Pendant la dernière guerre, les dunes ont été endommagées par la construction de plusieurs blockhaus, les uns à l’intérieur de la dune et les autres côté mer. Ces derniers reposent maintenant sur la grève, témoignant du recul de la côte. Les dunes de la Tresson, éléments fondateurs du Sud de l’île de Noirmoutier, n’ont pas toujours été menacées de disparition suite aux assauts répétés de l’océan. En effet, au départ, le cordon dunaire était conséquent. À partir du XVIIIe siècle, des écrits nous rapportent même que le déplacement de grandes quantités de sable, sous l’influence des vents et des courants, a longtemps menacé les bourgs qui s’y étaient installés. L’arrière des dunes était un terrain idéal pour l’installation de bourgs comme Barbâtre ou les Éloux. Cette masse de sable leur offrait, en effet, une protection contre les vents et les tempêtes venant d’Ouest. L’eau douce, présente dans les nappes phréatiques sous la dune, était extrêmement pure car le sable de la dune agissait comme un véritable fil-
78 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
tre de purification. En plus de cela, les coteaux orientés Sud-Est bénéficiaient d’un ensoleillement idéal pour la culture de la vigne dont nous retrouvons aujourd’hui encore quelques traces. En revanche, le déboisement opéré pour l’installation de petits villages a été de lourd de conséquences pour les habitants. En effet, les friches végétales situées à l’arrière et sur le cordon dunaire en assuraient la stabilité. Sans ce maintien végétal, le sable fut emporté et de forts mouvements dunaires ensevelirent les habitations. Dès 1763, un ouragan a poussé le sable vers la paroisse de Barbâtre engloutissant plusieurs habitations ainsi que le moulin à vent de Revers construit en 1502.
« On voyait encore quelques années plus tard le sommet d’un moulin à vent qui y fut englouti, comme le monument irrécusable de cet affreux événement » F. Piet Selon Claude Bouhier1, dans le Bourg de la Billardière et aux Jonchères, une dizaine de maisons subissent le même sort et doivent être abandonnées. Sous le règne de Napoléon et suite à ces évènements dévastateurs, des mesures ont été prises et un arrêté du préfet de la Vendée stipule que la coupe d’herbe, de broussailles, d’arbustes et de racine est défendue. C’est à partir du début du XIXème siècle que, comme dans les Landes, des pins maritimes furent
Fig. 42 : Blockhaus sur la grève - Stéphane Bar
historien noirmoutrin qui a écrit “ Noirmoutier : Une île à travers les siècles ” en 2013
1
79 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
1 Clément Corbejeau, « À travers la Guérinière »,
p.12.
2
ou dune littorale se forme le long des côtes basses
population miltipliée par 9 soit 90 000 habitatnt en été 3
plantés sur les dunes afin de défendre les habitants face à l’avancée de la dune. Ces mesures un peu tardives n’empêcheront pas l’ensablement de 35 des 40 maisons du Fier et des Éloux en 1807. Ces deux hameaux ont été contraints à l’abandon1. En 1858, les Ponts et Chaussées entreprennent les travaux de fixation des dunes sur l’île de Noirmoutier. Les Eaux et Forêts prendront le relais à partir de 1862. La main d’œuvre était recrutée sur place, mais, suite à un hiver rude, il fallut très vite créer un corps de gardes-dunes pour empêcher certains habitants d’arracher les semis qu’ils utilisaient comme combustible. Les dunes sont des éléments naturels mobiles. Les travaux de fixation du sable par l’édification d’épis de bois le long des plages inhibent les transferts de sédiments qui régénèrent le cordon dunaire. Des disparités de distribution sédimentaire se créées. Certaines plages s’engraissent alors que d’autres se réduisent. Aujourd’hui, l’urbanisation joue également un rôle dans l’évolution du dessin de nos côtes. La dune bordière2 est une source de sable pour la plage dans le cadre des échanges saisonniers qui s’effectuent entre la dune et la plage. En effet, les courants marins du Nord-Ouest transportent le sable de plage en plage du Nord vers le Sud de l’île. Les puissants courants venant du large poussent l’ensemble du sable des profondeurs vers le rivage. L’urbanisation de la côte
et la sur-fréquentation estivale3 perturbent les apports sédimentaires et, en été, les dunes sont dans l’incapacité de se restaurer pour faire face aux fortes tempêtes hivernales ou aux marées exceptionnelles. Le cordon dunaire comporte maintenant des portions plus fragiles, ce qui rend sa protection de plus en plus hétérogène. La continuité de la ligne de crête dunaire est pourtant un élément essentiel pour assurer la sécurité de l’île. Les principaux débordements se sont en effet produits là où il y avait discontinuité. À Noirmoutier, l’érosion dunaire la plus marquante se trouve à la dune des Éloux. Il est flagrant que les apports sableux ne sont plus assez conséquents pour assurer la pérennité de la dune. La principale cause de ce phénomène est la construction du port du Morin à l’Épine au nord de la dune. Ce projet a mis des années à se concrétiser, et dès que les conditions financières ont été remplies, le port a été construit sans aucune étude environnementale préalable. Or, la longue digue de pierre empêche le transfert du sable du nord vers le sud de l’île. Moins de 10 ans après la construction du port en 1995, les plages sud du port du Morin présentent un début d’érosion marqué. Aujourd’hui, les autorités de l’île entreprennent des travaux d’enrochement pour atténuer le phénomène, le sable a même été déplacé par camions, mais cela coûte très cher et la seule solution serait le «déplacement» du port du Morin ou, pour le moins, son réaménagement qui faciliterait les
80 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
mouvements de sable. En plus d’appauvrir les plages sud du port, la digue piège le sable au nord du Morin. Cette accumulation de sable menace d’ensevelir les infrastructures de l’Épine.
priétaires furent contraints de vendre leurs terres ou furent expropriés. En cas d’échec de l’opération, les communes s’engageaient à racheter ces terrains au bout de quatorze années.
UN PROJET DESTRUCTEUR AVORTÉ :
Fin 1989, 45 ha étaient déjà acquis par le département dans le cadre de la politique foncière en faveur des ZAD3.
En 1975, lors des concertations préalables aux plans d’occupation des sols de La Guérinière et de Barbâtre, l’ensemble des dunes de La Tresson avait été classé NA1. Dès lors, plusieurs plans d’aménagement ont été imaginés pour couvrir les dunes d’un bâti touristique dense et continu. Le Conseil général, à la suite des propositions des municipalités de Barbâtre et de La Guérinière, a demandé au Préfet de signer un arrêté2 créant une ZAD3 sur le secteur de La Tresson4. En 1986, le projet d’acquisition des terrains nécessaires fut approuvé sans même attendre les résultats des études de rentabilité ou de faisabilité. Les pro-
Le programme d’aménagement prévoyait, sur une soixantaine d’hectares : - un centre de thalassothérapie, - un hôtel restaurant et des hébergements de tourisme, - un centre aqua récréatif, - un golf 18 trous. L’étude de faisabilité dura plus de 10 ans. La première alerte à l’érosion des côtes françaises eut lieu en 1986. Suite à cela, l’État a fait voter la Loi Littoral qui a rendu inconstructibles tous les terrains situés à moins de 100 mètres du rivage. Cette loi s’applique aux terrains de
Fig. 43 : Port du Morin Commune de l’Épine
1
c’est-à-dire constructible
2
1984
ZAD : Zone d’Aménagement Différé à vocation touristique
3
4
88 hectares
81 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
1
POS : Plan d’Occupation des Sols
Fig. 44 : dune des Éloux pendant la tempête Christine de 2014 Mairie de la Guérinière
la commune de La Guérinière qui sont devenus espaces à protéger. L’opération immobilière sur les dunes a donc avorté. Les associations de défense de l’environnement noirmoutrin ont fait annuler le POS1 de Barbâtre qui prévoyait le « maintien en zone constructible des dunes de La Tresson ». Le département s’est retrouvé propriétaire de terrains qu’il avait achetés au prix fort et qu’il ne pouvait plus urbaniser. Une clause prévoyant qu’en cas d’échec du projet les communes rachèteraient le terrain dans les 14 années suivantes, le prix de rachat proposé pour les 45 ha de terrains non constructibles était de 25,43 millions de Francs équivalant au prix d’achat initial. Aujourd’hui la dégradation s’accélère. Les apports sableux, bloqués par le port du Morin, sont insuffisants et, l’hiver dernier, les brèches dans la crête dunaire étaient impressionnantes. Les enrochements en cours, réalisés selon la doctrine de défense contre les assauts de la mer, vont encore diminuer le transit littoral du sable et accentuer l’amaigrissement du pied de dune. Cet échec de gestion du territoire peut avoir de lourdes conséquences sur la protection des communes et des polders Est de l’île de Noirmoutier.
82 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
+ 0,9 m/an
8 000 - 9 000 m3/an
- 0,4 à -1,4 m/an - 0,4 m/an
- 0,7 m/an
- 0,2 m/an + 0,9 m/an
3 000 - 4 000 m3/an
- 1,3 m/an
+/- 10 000 m3/an
+ 0,5 m/an
- 1,3 m/an
+ 0,9 m/an
- 0,8 m/an - 2,4 m/an - 1 m/an + 1 m/an
+/- 10 000 m3/an
+/- 25 000 m3/an + 0,9 m/an
2 km
- 2 m/an
fig. 45 : Érosion, transport de sédiments et fonds marins à Noirmoutier CETMEF/DELCE, Division Hydraulique et Sédimentologie Maritimes, DDE de la Vendée / Service Maritime et des Risques et DHI Évolution du trait de côte digues roches
Transfert de sédiments 0 à 10 000 m3/an 20 000 à 100 000 m3/an
engraissement stable érosion Altilétrie des fonds fond découvrant fond inférieur à 5 m fond supérieur à 5 m
plateaux rocheux
83 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
LES POLDERS1 NOIRMOUTRINS
A
étendue artificielle de terre gagnée sur l’eau. En règle générale, les polders sont sous le niveau de l’eau. 1
2
3
cf. p57 : les marées
6ème plus grand parc aquatique de France et premier parc aquatique vendéen
4 terme qui désigne toutes les activités de production animale ou végétale en milieu aquatique. L’aquaculture se pratique en bord de mer, on parle alors de « cultures marines » ou mariculture 5
l’une des trois communes gravement touchées par Xynthia en 2010
6 il éxiste d’autres teritoires similaires à l’île de Noirmoutier en France. Il y a l’île de Ré et l’île d’Oléron 100km au sud de Noirmoutier
u cœur de l’île de Noirmoutier, protégés à l’Ouest par les dunes de La Tresson et de Devin et à l’Est par une vingtaine de kilomètres de digues artificielles, les polders noirmoutrins représentent plus d’un tiers de la surface de l’île, soit 1 600 hectares qui sont situés au-dessous du niveau de la mer. Cet espace particulier, où se rejoignent les eaux douces, les eaux salées et la terre, est rythmé par le jeu des marées2. Les polders peuvent être qualifiés de poumons économique et écologique pour l’île de Noirmoutier. Au nord, ils accueillent les marais salants ainsi que les pôles d’attraction économique et touristique, comme la zone d’activité des Mandeliers et l’Océanile2. Au sud, ils sont exclusivement réservés à l’agriculture, l’ostréiculture et l’aquaculture3. Les polders abritent l’ensemble des activités professionnelles de l’île afin de libérer un maximum de place pour les habitations en zones protégées de toute submersion. Généralement situés entre les digues et les pôles urbains, les polders jouent un rôle de trop-plein5 lors des
submersions marines ou lors de fortes intempéries. L’eau excédentaire y est stockée afin d’éviter l’inondation des quartiers d’habitations. Les polders sont de véritables systèmes de défense horizontaux protégeant chaque commune. Les polders noirmoutrins sont défendus par un grand nombre de systèmes de défense contrairement à la commune de l’Aiguillon-sur-mer5 qui ne disposait que d’une seule digue de protection. L’effort et les sommes investies chaque année par la communauté de communes de Noirmoutier en fait l’un des polders les plus sûr de France6. Les polders sont protégés par les digues et sont aménagés d’une manière très contrôlée pour abriter les zones urbaines en amont. Trois lignes de défense composent le dispositif : - Le premier rempart est le plus sollicité, il s’agit de la digue principale, très robuste, qui a comme dessein de baie de Bourgneuf. Lorsqu’elle cède ou déborde, elle atténue la houle afin que les digues de débordement puissent
84 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
plus facilement de l’eau.
stopper
l’avancée
- Les digues de débordement sont des digues secondaires, plus petites, qui se présentent souvent sous la forme de petits talus bordés par des canaux d’irrigation et d’écoulement des eaux. Elles ont comme rôle de contenir les eaux seulement lors d’un débordement. Leur hauteur étant limitée, elles sont parfois difficiles à identifier dans le paysage. Ces petites digues étaient souvent utilisées comme chemins surélevés permettant l’accès aux différentes zones d’exploitation agricoles. Les digues remplissent généralement deux fonctions : elles servent évidemment de rempart face aux submersions, mais aussi de réseau routier et/ou pédestre. - La D381 est le dernier rempart avant les zones urbaines. Il s’agit d’une digue morte disposant d‘une côte supérieure à 2,5 m IGN2. La route départemen tale a, pour l’instant, toujours rempli son rôle de dernier remparts protégeant les habitations3.
Les champs situés entre chacune de ces digues jouent le rôle de bassin de débordement et donc trop-plein lors des submersions. Le sud de l’île de Noirmoutier, la baie de Bourgneuf et le marais Breton constituaient, il y a 50 Ma, les fonds de l’estuaire de l’Yprésis qui était un fleuve bien plus conséquent que la Loire4. La superposition d’alluvions5, au cours des millénaires, a constitué un sol sédimentaire argileux que l’on nomme aujourd’hui marais Flandriens. Les hauts fonds de la baie de Bourgneuf ont permis, à la fois l’accumulation du sable formant les dunes actuelles, mais aussi l’accumulation des argiles qui sont un matériau imperméable idéal pour la construction de marais salants. Au Ve siècle, la construction des premiers polders par les moines a été rendue possible par les faibles profondeurs et les courants plus faibles car atténués par le socle rocheux du Nord de l’île. Selon le GIEC6, les prés salés et les marais permettent d’atténuer la houle. Ils agissent comme des espaces tampons entre le front de mer et les zones sèches. Dès le XVIIe siècle, l’île subit de
quatre voies desservant l’ensemble des quatre communes de l’île 1
IGN : Institut National de l’information Géographique et forestière
2
cf. p69 : chronologie des submersions à Noirmoutier
3
cf. p25 : hitoire géologique de l’île de Noirmoutier
4
5 Dépot de débris sédimentaires comme la vase, du sable ou des galets
GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat
5
fig. 46 : Coupe de l’île de Noirmoutier - Habiter l’île CAUE851
85 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
la famille Jacobsen fut à l’origine de l’expension des polders pour produire plus de sel et en développer le commerce. 1
2
cf. annexe 16
3 Un étier est un chenal étroit dont la longueur peut atteindre plusieurs kilomètres et contenant de l’eau provenant de la mer. La plupart des étiers servent à l’alimentation en eau des marais salants,
Fig. 47 : Zones sous le niveau des plus hautes mers - Cadastre IGN
nombreuses transformations grâce à la construction de digues et de polders. Des centaines d’hectares furent asséchés, selon des techniques issues des procédés flamands qui furent mises en œuvre, en particulier, par la famille Jacobsen1 originaire de Dunkerque. Les terres ainsi gagnées sur la mer permirent la création de nouveaux marais salants et de champs pour les pâtures. Nous leur devons notamment la création du grand et du petit marais Müllembourg, ainsi que de la digue Jacobsen protégeant la commune de Noirmoutier-en-l’île. Actuellement, la principale activité des marais est la saliculture. Ce métier, pratiqué sur l’île depuis 1500 ans, était l’une des principales sources de revenu de l’île avant l’arrivée du tourisme. La technique du marais salant consiste à emprisonner de l’eau de mer dans des bassins appelés « œillets ». L’énergie
2 km
Cordons dunaires Zones situées en dessous des plus hautes eaux (polders) Zones hors-d’eau
du soleil et du vent permet de récolter le sel par évaporation. Aujourd’hui, 2 300 « œillets » sont exploités par les sauniers, pour une récolte d’environ 1 500 tonnes. Les petits tas de sel que l’on voit dans les marais sont appelés des « mulons »2. Les marais noirmoutrins sont alimentés par trois principaux étiers3 : l’étier du Moulin, l’étier des Coëfs et l’étier de l’Arceau, tous trois gérés par des écluses qui se situent le long de la D948 qui, comme la D38, agit comme une digue de défense. Ils rejoignent la baie de Bourgneuf au niveau du port de Noirmoutier-en-l’île qui est abrité par la digue de la pointe de l’Îlot. Les marais sont la clé de l’écosystème noirmoutrin. Ce qui peut paraître surprenant et atypique, c’est que ce sont les marais construits de toute pièce par l’homme qui accueillent la plus grande biodiversité de l’île. Ce territoire artificiel, né de la destruction d’un paysage par l’homme, abrite la même faune et flore qu’un marais ou une mangrove naturelle. Cet écosystème est si propice au développement de la vie que des ibis, oiseaux normalement observés dans la région du Nil, s’y sont parfaitement adaptés. De nombreuses réserves biologiques et ornthologiques, comme celles du Müllembourg et du polder Sébastopol, accueillent, chaque année, de nombreuses espèces d’oiseaux migratoires. Au début du XXème siècle, les marais français regroupaient 25 % de la biodiversité nationale. Aujourd’hui, les marais représentent seulement 8,5 % de la biodiversité. Les espaces côtiers abritent des écosystèmes présentant
86 DEUX SITES CLÉS MENACÉS ÉTUDE DE CAS
une diversité parmi les plus riches du monde marin, mais sont aussi très fragiles. L’homme assèche les marais pour y développer ses activités et rejette des composant nocifs et polluants. Cela est à l’origine de la destruction de 67 % de la biodiversité présente autrefois dans les marais français. Afin d’entretenir les marais et de les protéger, Noirmoutier s’est dotée d’un Syndicat Mixte d’Aménagement des Marais de l’île de Noirmoutier, présidé par Jacques Oudin, qui fut sénateur entre 1986 et 2004. UN PROJET UTOPIQUE AVORTÉ : A la suite d’une longue tradition d’endiguements dans la région, des ingénieurs des Ponts et Chaussées
proposent, au milieu du XXe siècle, une fermeture complète de la baie de Bourgneuf avec, au nord, une digue de 18,9 km, reliant la rive sud du port de Noirmoutier à la pointe de la Coupelasse qui se trouve sur le continent et, au sud, une digue d’1,3 km, au niveau du détroit de Fromentine. La digue nord devait supporter une route et une voie ferrée. Le projet, âprement discuté, apparait pour ses défenseurs, comme le vicomte de Guerry de Beauregard, conseiller général de Saint-Fulgent, comme une solution aux difficultés d’entretien des digues existantes et une entreprise agricole rentable. Ce projet titanesque est finalement repoussé puis abandonné.
Fig. 48 : Polder Sébastopol Didier Babarit
Cf. Annexe 17 sur les zones situées sous le niveau de la mer
87 DISPOSITIFS DE DÉFENSE ÉTUDE DE CAS
ÉTUDE DE CAS L’ÎLE DE NOIRMOUTIER Dispositifs de Défense Les digues représentent la mojorité des systèmes de défense. Elle sont constituées de terre puis recouvertes par des roches. Il s’agit du moyen le plus efficace pour protéger les polders des hautes mers.
L’enrochement est un moyen de contrer l’érosion afin de maintenir une dune. Des roches de 500kg chacune sont disposées sur des dunes de sable. Elle peuvent proteger seulement temporairement une zone menacée. Soit les roches sont emportées lors de fortes tempêtes soit l’eau parvient à passer entre les roches pour emporter le sable vers le lage. Les épis de pierres : ils sont ajoutés en complément des enrochements afin de briser la houle. Il s’agit du premier rempart face aux tempêtes.
88 DISPOSITIFS DE DÉFENSE ÉTUDE DE CAS
la route principale de l‘île agit comme une seconde digue. Sont altitude de +2,5m IGN contient l’eau en cas de débordement
Les épis en bois : ils ont pour objectif de maintenir le sable sur les plages. Ils inhibent le transfert de sable afin que certaines plages ne disparaissent pas. Malheureusement ses dispositifs on tendance à intensifier le phénomène d’érosion à long terme;
89 PHÉNOMÈNES SOCIOLOGIQUES & ÉCOLOGIQUES ÉTUDE DE CAS
ÉTUDE DE CAS L’ÎLE DE NOIRMOUTIER Phénomènes Sociologiques & Économiques
1
savoir propre à une région et ancré dans le passé 2
cf. p83 : les polders
C
omprendre les phénomènes sociaux et économiques d’un territoire aide à mieux déceler les enjeux servant de fil conducteur à la politique de gestion locale. Noirmoutier a connu plusieurs grands changements sociaux qui en font le territoire que l’on connaît aujourd’hui. J’ai choisi comme point de départ l’année 1936 qui a vu l’avènement des congés payés pour tous et le dévelo ppement du tourisme de masse. Noirmoutier a connu, depuis lors, comme toutes les zones côtières françaises, un boom démographique estival. Nous sommes, par ailleurs, à la veille de la rupture de digue du Gois de 1937, causée par la négligence de la prise en compte du risque de submersion, date à partir de laquelle les noirmoutrins vont reconquérir leur savoir vernaculaire1. Déjà, dès le XIXe siècle, Noirmoutier était une destination prisée par la bourgeoisie qui se fit construire d’immenses villas balnéaires au cœur du Bois de la Chaize. Ce premier afflux de fréquentation est en
partie dû à la gestion de l’île menée par la Famille Jacobsen. Cette famille, proche des têtes du gouvernement français, obtient, à partir du début du XVIIIe siècle, la concession de nombreuses terres sur l’île de Noirmoutier. Elle y développe la production de sel à grande échelle en augmentant de manière conséquente la surface des polders noirmoutrins2. Ses efforts d’entretien du bois de la Chaize en fait un des plus beaux paysages de toute la façade vendéenne. À partir de 1936, Noirmoutier voit l’afflux d’une population plus modeste qui vient profiter de ses paysages atypiques et de son climat doux et ensoleillé. Son accès par la mer, assuré par l’estacade du bois de la Chaize, en fait une zone de villégiature idéale. Noirmoutier devient une micro station balnéaire. Très rapidement, l’île a vu sa capacité d’accueil saturée. C’est alors que de grands travaux d’aménagement sont entrepris pour moderniser les infrastructures de l’île et permettre d’accueillir un plus grand nombre de personnes. Fort heureuse-
90 PHÉNOMÈNES SOCIOLOGIQUES & ÉCONOMIQUES ÉTUDE DE CAS
ment, les communes noirmoutrines ont tout de suite compris que capacité d’accueil et préservation du patrimoine local, aussi bien architectural qu’environnemental, seraient des enjeux majeurs dans le futur. Dans les années 60, Noirmoutier échappe à la folie constructive et accroît sa capacité d’hébergement autour de ses pôles urbains à l’abri des risques de submersion pour répondre à la demande grandissante de parcelles constructibles. Des erreurs sont tout de même commises. Elles se concentrent toutes au niveau du cordon dunaire sud-noirmoutrin. La non-protection des espaces dunaires à la Guérinière et à Barbâtre entraine une urbanisation non contrôlée au Nord et au Sud des dunes de La Tresson. La construction du port du Morin en 1995 et l’implantation d’un camping à la Guérinière aggravent l’érosion des dunes de La Tresson et de Devin. La Tresson perd un tiers de son volume en moins d’un siècle et le Devin, quant à lui, diminue de moitié. Les dunes sont les premières victimes du tourisme de masse. Le remembrement agricole des Trente Glorieuses1 modifie considérablement le paysage des polders. La majorité des allées d’arbres servant de brise-vents et un grand nombre de petits canaux de drainage disparaissent rendent certaines zones inondables par les intempéries. Au fil des années, la notoriété de l’île de Noirmoutier s’étend en France et l’île attire toujours plus de touristes. L’ouverture du pont, en 1971, facilite l’accès à l’île et amplifie le phénomène2. La simplicité du mode de vie et la
beauté naturelle des paysages noirmoutrins attirent une nouvelle population de jeunes retraités qui s’installent sur l’île. Le secteur d’activité principal s’oriente de plus en plus vers le tourisme et la construction et le nombre de permis de construire délivrés augmente de façon exponentielle. Le parc de logements noirmoutrin augmente de 43,6 % entre 1975 et 1990. Cette recrudescence de constructions reste maitrisée par les services publics qui ne cèdent pas à la facilité. Chaque dossier de permis de construire est scrupuleusement étudié afin de respecter les canons architecturaux qui caractérisent l’île de Noirmoutier. Depuis plus de trente ans, Noirmoutier est victime de la spéculation immobilière due à la raréfaction des terrains constructibles, ce qui perturbe les phénomènes démographiques. Noirmoutier se voit de plus en plus surpeuplée pendant la période estivale, ce qui dégrade fortement les dunes, les marais et les bosquets. Le taux de résidences secondaires explose pour atteindre aujourd’hui 67,7 % de l’ensemble des logements iliens. L’économie noirmoutrine bascule dans un système à deux vitesses. En période estivale, la majorité des professionnels réalisent 60 % de leur chiffre d’affaires de l’année. En revanche, pendant la période hivernale, l’activité économique tourne au ralenti. Afin de répondre à la demande,les terres agricoles en périphérie éloignée des bourgs ont été vendues afin d’y bâtir de plus en plus de logements. Les propriétaires terriens vendent leurs parcelles agricoles au prix
Le remembrement rural simplifie le parcellaire en constituant des exploitations agricoles d’un seul tenant sur de plus grandes surfaces afin de faciliter l’exploitation des terres. 1
en 2003, 2 millions de véhicules ont franchi le pont dont 40 % en juillet et août
2
91 PHÉNOMÈNES SOCIOLOGIQUES & ÉCOLOGIQUES ÉTUDE DE CAS
1
CCIN : Communauté de Communes de l’île de Noirmoutier
ISF : Impôt Sur la Fortune qui était calculé par rapport au patrimoine et non aux revenus. Les familles noirmoutrines modestes en possession de maison de “Famille” héritée n’avaient plus les moyens de payer ces taxes excessives 2
3 population vieillissante, ralentissement de l’activité économique 4 DREAL Pays de la Loire : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement
ments pavillonnaires. Malheureusement, certains d’entre eux se situent en zone écologiquement fragile. L’inflation du coût de la vie et du prix des terrains pousse d’anciennes familles implantées à Noirmoutier depuis de nombreuses générations à quitter l’île. La population originaire de l’île n’est plus majoritaire et cela se ressent dans la politique menée par la CCIN1. Les lois imposées par l’Etat n’ont pas arrangé les choses. La réforme de l’ISF2, instaurée en 2013, a fait fuir sur le continent des familles modestes qui avaient en leur possession des biens de famille transmis de génération en génération. Cette sélection de la population par l’argent a contribué à oublier un petit peu plus l’histoire noirmoutrine. Aujourd’hui, il est difficile de trouver une personne pouvant décrire
le mode de vie îlien avant l’arrivée massive des touristes. Le prix élevé des logements ne permet pas aux jeunes couples originaires de l’île de s’installer à l’année.La location est aussi rendue impossible à cause de la surcote des loyers pendant la période estivale. La politique locale est favorable à une population plus âgée. L’exode des jeunes vers le continent est un fait. La durée des temps de trajet pour aller travailler fait baisser le pourcentage de jeunes travailleurs, futurs moteurs de l’économie locale. Ce phénomène peut, de nouveau, changer le paysage économique et démographique îlien3. En revanche, l’afflux de nouveaux retraités et de résidents secondaires continue d’augmenter. L’étalement urbain à Noirmoutier est en train d’atteindre ses limites. Le nombre de résidences bâties sur des zones inondables croît peu à peu.
92 PHÉNOMÈNES SOCIOLOGIQUES & ÉCONOMIQUES ÉTUDE DE CAS
Faut-il continuer à construire des maisons vides alors que les « locaux » se retrouvent dans les maisons les moins chères qui sont bâties en limite, voire dans les zones inondables, sur les anciens bassins d’orage et de débordement qui ont été remblayés ?
fig. 54 : Évolution de la tâche urbaine entre 1900 et 2008 - DREAL Pays de la Loire4l’île 12 sur 12
93 LES ACTEURS EXtérieurs LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
94 LES ACTEURS EXTÉRIEURS LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
IV. LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS Suite à la compréhension du site de Noirmoutier et de ses enjeux, je vais maintenant identifier les principaux acteurs qui interviennent dans la gestion de ce territoire fragile. De nos jours, ce sont les législations instaurées par l’État, la région, le département et la communauté de commune qui régissent la stratégie à adopter. Dans notre cas, ce sont plus particulièrement le PAPI1, labellisé le 12 juillet 2012, et le PPRL2 qui est en court d’élaboration depuis janvier 2011. Je ne m’intéresse ici qu’aux législations et aux acteurs intervenant dans la politique de gestion des zones sujettes aux submersions.
1
PAPI : Plan d’Action et de Prevention des Inondations 2 PPRL : Plan de Prévention des Risques Littoraux
95 LES ACTEURS EXtérieurs LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS Les Acteurs Extérieurs
AU NIVEAU MONDIALE UNFFCC : United Nations Framework Convention on Climate Change ou CCNUCC : Convention dans le Cadre les Nations Unies sur les Changements Climatiques 1
2 GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat: 2 le GIEC ne réalise pas ses propres études. Il s’appuie sur des centaines voir des milliers d’études qu’ils douvent compiler. Le GIEC fait appelle à 2 000 scientifiques dans le monde qui ont diverses champs d’étude avec diverses modes de calculs. 3
cf. Annexe 17
L
a mise en place d’une gestion du littoral mondiale n’est pas réalisable. Un règlement unique ne peut s’appliquer à l’ensemble des littoraux étant donnée la multitude de cas particuliers que cela représente. De plus, les inégalités de richesses pénalisent certains pays qui se voient dans l’incapacité de mener des études de risque sur leur territoire. L’UNFCCC1 est un organisme régi par les Nations Unies. Cette coalition de 195 Etats organise les Conférences de Partie de Convention qui ont pour but de prendre des décisions applicables dans l’ensemble des pays du globe afin de minimiser l’impact de l’homme sur le climat, aider les pays en voie de développement à développer des stratégies de gestion territoriales, etc. Ces Conférences de Partie ou COP ont lieu tous les ans, en fin d’année, afin de faire le point sur les engagements pris dans le passé. Les conclusions attestant les phénomènes climatiques sont réalisées par des études du GIEC qui s’appuie
sur des publications d’organismes et de scientifiques aux méthodes reconnues3. Le GIEC remet un rapport environ tous les 5 ans. Ces sont les conclusions du GIEC qui attestent de l’augmentation du niveau des océans entre 1993 et 2003. La multitude de cultures et les inégalités entre pays engendrent des points de vue divergents ce qui rend les négociations longues et difficiles. Ce fut le cas en 1989, lors de la conférence de Copenhague au cours de laquelle aucun accord ne fut conclu. Ce fiasco fut marqué par l’intervention du Président des Maldives, Mohamed Nasheed, qui déplore le laxisme des états alors que, chaque jour, des citoyens du monde font face au durcissement des conditions climatiques. Ce président, engagé dans l’écologie et la défense des droits de l’homme, est aussi connu pour avoir tenu une réunion ministérielle sous l’eau, en 20093, afin de dénoncer le déni des gouvernements face au risque de submersion. Nous sommes alors un an avant la catastrophe de
96 LES ACTEURS EXTÉRIEURS LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
de Xynthia1. C’est le premier Président d’une “ petite ” nation à s’être levé face aux grandes puissances pour dénoncer leur indifférence face aux petits pays en voie de développement qui subissent les conséquences climatiques causées par la pollution des pays plus riches. Selon lui, quoi qu’il arrive, la montée des eaux est inéluctable. Il cherche, pour l’instant sans succès, à acheter une large parcelle de terre pouvant accueillir la totalité de la population maldivienne. L’ONU annonce que, d’ici 2050, 250 millions de personnes risquent d’être contraintes de quitter leurs terres en raison de problèmes environnementaux. Les 195 participants à la COP212 de décembre 2015, se sont à nouveau réunis pour trouver un moyen d’enrayer les dérèglements environnementaux. Une question a été mise en exergue cette année : Comment venir en aide aux millions de personnes déplacées chaque année à cause de catastrophes naturelles ?
« Il faut que les gens aient de l’eau dans leur salon avant de se préoccuper du problème de la submersion, … » Mohamed Nasheed, Présedent des Maldives de 2008 à 2012
Aujourd’hui, contrairement aux réfugiés politiques, ces déplacés climatiques n’ont pas de statut officiel, ce qui rend leur prise en charge difficile. Un accord a été signé lors de la COP 21, mais la seule réponse apportée a été de décider de débloquer une enveloppe de 100 milliards de dollars3 pour lutter contre les dérèglements environnementaux. L’autre fait à retenir est la décision du L’autre fait à retenir est la décision du Comité Exécutif du Mécanisme International de Varsovie de créer un centre d’échange d’informations du risque qui permettrait de centraliser les données et de mutualiser les informations en matière de stratégies globales de gestion des risques.
AU NIVEAU EUROPÉEN
E
n Europe, la question de la menace marine est très récente. Les législations françaises sont plutôt en avance en la matière, c’est pourquoi les décisions européennes s’inspire de notre fonctionnement.
L’AEE : Agence Européenne de l’Environnement. L’Agence Européenne de l’environnement, dans un rapport publié le 25 août 2010 en faveur de la protection de la diversité biologique, a lancé une alerte concernant les impacts de l’érosion sur les écosystèmes côtiers.
1
28 fèvrier 2010
2
COP21 de Paris
fond commun géré par les Nations Unies et débloqué lors de catastrophes naturelles pour aider les populations en détresses 3
97 LES ACTEURS EXtérieurs LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
1
2
dunes, salines, lagunes, estuaires, etc.
soit environ 4 500 km2 3
Union Européenne 4
5
PGRI
SNGRI 6
TRI
L’érosion des côtes est provoquée par une perte de sédiments due à l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique, à l’urbanisation et au tourisme. Selon l’AEE, l’érosion aurait causé la perte de 64 % des écosystèmes côtiers entre 2000 et 2006. Le développement « intensif » le long des côtes et l’extraction de sable ont également participé à la destruction des habitats côtiers1. Plus des deux tiers des habitats côtiers des Etats de l’UE et la moitié des espèces ont un statut de conservation défavorable. L’AEE prévoit que la moitié des zones humides côtières de l’Europe2 pourrait disparaître en raison du changement climatique. Afin de protéger le littoral Européen et de maîtriser l’urbanisation des zones côtières menacées de submersion, l’Union européenne a conçu et mis en œuvre, ces dernières décennies, de nombreux instruments juridiques. D’après l’AEE, l’enjeu est double : il s’agit de protéger à la fois les populations du littoral et notre écosystème. Le PGRI : Plan de Gestion des Risques d’Inondation. En 2007, la directive européenne exige que tous les pays de l’UE3 évaluent les risques d’inondations dans les régions côtières et les bassins hydrographiques. Il est demandé à chaque nation de présenter un rapport détaillé de l’historique des inondations, afin de déterminer le niveau d’urgence de chaque région. Une carte regroupant le zonage des territoires à risque et leur topographie permettra de déterminer le risque d’inondation ainsi que ses conséquences. Les premières évaluations ont été publiées le 22 décembre 2011 et ser-
ont réexaminées tous les 6 ans afin de prendre en compte la hausse du niveau des océans. Les cartes quant à elles ont été publiées le 22 décembre 2013. Suite à l’analyse de ces documents, les pays européens doivent établir des Plans de Gestion des risques d’Inondation4 qui sont coordonnés au niveau des districts hydrographiques ou côtiers. Ces plans fixent des objectifs de gestion des risques d’inondations en se concentrant principalement d’une part sur la prévention afin d’éviter de construire en zone inondable et, d’autre part, sur la protection en vue de réduire les probabilités d’inondations. En France, la directive européenne figure dans la Stratégie Nationale de Gestion des Risques d’Inondation5 qui stipule qu’un PGRI doit être élaboré, sur chaque district, sous l’autorité du préfet coordinateur de chaque territoire concerné. Ce plan va définir les objectifs de la politique de gestion des inondations et les dispositions à prendre pour chaque Territoire à Risque important d’Inondation6 du district. Le PGRI peut traiter de l’ensemble des aspects de la gestion des inondations : prévention des inondations au regard de la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau, surveillance, prévision et information sur les phénomènes d’inondation, réduction de la vulnérabilité des territoires face aux risques d’inondation, avec notamment des mesures pour le développement d’un mode durable d’occupation du sol et la maîtrise de l’urbanisation. Il vise, ainsi, à développer l’intégration de la gestion du risque dans les politiques d’aménagement du territoire. Les projets des PGRI des différents districts ont fait l’objet d’une consulta-
98 LES ACTEURS EXTÉRIEURS LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
tion du public entre le 19 décembre 2014 et le 18 juin 2015. Cette consultation a été lancée conjointement avec la consultation sur les Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE). Les Plans de Gestion du Risque Inondation ont été arrêtés le 22 décembre 2015, comme le stipulait la directive européenne. La GIZC : Gestion Intégrée des Zones Côtières La Gestion Intégrée des Zones Côtières est issue de préconisations faites en 1992, lors de la conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement de Rio de Janeiro, et en 2002, lors du sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg. La Recommandation du parlement et du Conseil européen du 30 mai 2002 préconise la mise en œuvre d’une stratégie de gestion intégrée des zones côtières2 en Europe. Le « livre vert » publié par la Commission européenne en 2006 sur la « politique maritime européenne suivi du livre bleu » a consacré la volonté d’étendre à toute la mer la recommandation de généraliser une approche intégrée des politiques maritimes et littorales. La GIZC est un processus de gestion et d’utilisation durables des zones côtières, prenant en compte simultanément la fragilité des écosystèmes et des paysages côtiers, la diversité des activités et des usages, leurs interactions, la vocation maritime de certains d’entre eux, ainsi que leurs impacts à la fois sur la partie marine et terrestre. Le principe fondateur de la GIZC est d’associer des acteurs multiples autour d’un projet commun, dans le but de partager un diagnostic sur la situation d’un territoire, puis de définir de manière
concertée les objectifs à atteindre. secteurs d’activités, économiques ou non, dès lors qu’ils utilisent l’espace ou les ressources marines, ou qu’ils impactent le milieu marin et littoral. Les acteurs concernés sont l’État, les collectivités littorales, les acteurs économiques et les citoyens. CEPRI : Centre Européen de la Prévention des Risques d’Inondation En 2011, le CEPRI dote la France d’une nouvelle gouvernance pour prendre en charge les digues qui protègent les territoires inondables du XXIe siècle. Fondé, sur des bases juridiques solides de propriété et de responsabilité des digues fluviales et maritimes, le CEPRI propose à l’État de devenir propriétaire des nombreuses digues sans propriétaire afin d’assurer leur gestion. La détermination d’un responsable de la digue permet de garantir la protection des populations et des territoires exposés jusqu’à un niveau défini. La loi sur l’eau de décembre 2006 considère certaines digues comme dangereuses et demande de mettre en place une étude de dangers et une procédure de gestion de ces ouvrages. En 2010, La tempête Xynthia a conduit le gouvernement et les parlementaires à réaliser des rapports. Le gouvernement annonça un plan digues dénommé Plan Submersions Rapides3. La secrétaire d’État chargée de l’Écologie a encouragé Éric Doligé pour la mise en place du groupe de travail par le CEPRI lors d’une réunion extraordinaire du Conseil d’Orientation pour la Prévention des risques Majeurs4 qui s’est tenue le 28 avril 2010.
1
SDAGE
2
GIZC
3
PSR
4
COPRNM
99 LES ACTEURS EXtérieurs LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
EN FRANCE 1
2
tempête Xynthia du 28 fèvrier 2010
zone à l’origine non NA
3 normalement chargé de la gestion de ces territoires menacés
Plan de Prévention des Risques. Il en existe 3 PPRN (Plan de Prévention des Risques Naturels), PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation) qui existaient tout deux avant 2010. Noirmoutier était régi par un PPRN depuis 2008. Et enfin depuis Xynthia de 2010 le PPRL (Plan de Prévention des Risques Littoraux) qui est actuellement en cours de réalisation depuis 2011 4
5
6
POS
SRU : Solidarité et Renouvellement Urbain 6
PLU : Plan Local d’Urbanisme
E
n France, la population a tendance à penser que l’incident de l’Aiguillon-sur-mer1 a déclenché un sursaut des organismes publics. En réalité, le laxisme venait exclusivement de l‘État qui, pendant des années, a négligé la gestion des zones inondables, permettant aux communes peu scrupuleuses de passer entre les mailles du filet en délivrant des permis de construire2 en zones inondables et en s’exonérant de l’entretien des digues. Cette catastrophe a remis le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Énergie3 au cœur de toutes les discussions. Les citoyens du littoral attendent une reprise en mains de la gestion du risque et de nouvelles mesures assurant leur protection. En France, l’enjeu de la gestion des territoires inondables est de taille, plus de 850 000 emplois dépendent de ces risques et 20 % des habitations en zone inondables sont de plain-pied. PER : Plan d’Exposition aux Risques naturels prévisibles Cette loi, votée en 1984, visaient l’interdiction de nouvelles constructions dans les zones les plus exposées aux risques d’inondations. Les bâtis en zone d’aléa modéré étaient dans l’obligation de réaliser des travaux réduisant leur vulnérabilité. Les PER ont été remplacés par les
PPR4 avec la loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement et le décret d’application n° 95-1089 du 5 octobre 1995. Loi littoral Cette loi, votée en 1986, donne une nouvelle dimension quant à la question d’habiter le littoral. La protection du littoral est intervenue bien après l’urbanisation de masse des côtes françaises pendant les années 60 à 80. La loi a pour objectif de maîtriser la croissance urbaine dans le but unique de protéger les zones fragiles, comme le cordon dunaire et les fonds marins. Toute construction à moins de 100 mètres du rivage est interdite. Les conditions dans lesquelles la loi Littoral est appliquée ont des conséquences majeures sur la gestion des risques. Le département de la Vendée comprend 31 communes littorales. Douze de celles-ci sont toujours régies par des Plans d’Occupation des Sols5 anciens, c’est-à-dire des documents d’urbanisme nés, pour certains, avant la loi Littoral. Pour ces communes, la Loi SRU6 du 13 décembre 2000 imposant l’élaboration d’un PLU7 a été retardée. Ces POS sont très laxistes quant aux possibilités d’urbanisation, par exemple, le caractère urbanisable du polder de La
100 LES ACTEURS EXTÉRIEURS LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
Faute-sur-Mer a pu être maintenu au fil des années dans le cadre du POS communal. Les faits montrent qu’il a été quasiment impossible de revenir sur de telles erreurs. Pour La Faute-sur-Mer, il a fallu que la catastrophe se produise pour que cette constructibilité fasse l’objet d’une remise en cause. Sur l’île de Noirmoutier, seule la commune de Noirmoutier-en-l’île dispose d’un PLU. La Guérinière, l’Épine et Barbâtre sont régis par un POS datant, pour certains, de 1998. Malgré cette erreur, le département de la Vendée a été choisi comme « département test » pour la mise en œuvre de la loi Littoral. Rappelons que les Plans Locaux d’Urbanisme tiennent compte de la loi Littoral puisque la bande littorale y est classée inconstructible, sauf cas exceptionnels. La circulaire ministérielle du 20 juillet 2006 relative à la protection de l’environnement et du littoral demande aux Préfets de redoubler d’efforts. Lorsque la loi est correctement appliquée, elle facilite la prévention et diminue le coût des inondations et d’adaptation aux conséquences du changement climatique. Grenelle de la Mer Le Grenelle de la Mer, présenté en 2009, a pour objectif la compréhension du littoral français. L’étude historique
du trait de côte et de son évolution permet de comprendre les causes de son érosion. Fortes de ces connaissances, les communes du littoral vont alors pouvoir réfléchir à une stratégie d’avenir alliant conservation du littoral et urbanisation. Le Grenelle de la mer appuie les PPRN1 et PPRI. Son objectif est d’arrêter la construction de nouvelles habitations protégées par des digues. La gestion du trait de côte3 limite l’érosion du bord de mer. Pour accompagner les communes, le Ministère en charge de l’écologie vient de publier un guide de gestion du trait de côte. Il revient sur les différentes méthodes de gestion du littoral qui se sont succédées historiquement avec plus ou moins de succès4. Il présente aussi les différents outils et expériences françaises. Le 13 juillet 2010, le Ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, a présenté en Conseil des Ministres un projet de plan de prévention des submersions marines et des crues rapides, dit Plan « digues ». Ce plan fut soumis à une large consultation jusqu’en fin d’année 2010, visant à l’enrichir et à le préciser. Entre autres, il prévoyait de formuler des propositions, sur la base des conclusions d’un groupe de travail piloté par le Sénateur Doligé et regroupant le CEPRI5, le COPRNM6
PPRI : Plan de Prévention des Risques d’Inondation
1
PPRN : Plan de Prévention des Risques Naturels
2
3
ou ligne de rivage
construction d’ouvrages de défense contre la mer, rechargement ou drainage des plages, gestion intégrée des zones côtières, etc.
4
CEPRI : Centre Européen de la Prévention des Risques d’Inondation
5
COPRNM : Conseil d’Orientation pour la Prévention des Risques Naturels Majeurs 6
101 LES ACTEURS EXtérieurs LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
« … la meilleure protection, c’est la prévention. Pour commencer, on arrête les bêtises, on ne construit plus en zone inondable et on ne fait plus de digues pour construire derrière. » Chantal Jouanno, Secrétaire d’État charge de l’Écologie en 2009-2010
1
2
reprise de la loi littorale
d’après les plans de zonage des PPR
ainsi que des associations de collectivités. La Secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Chantal Jouanno aurait déclaré que : « … la meilleure protection, c’est la prévention. Pour commencer, on arrête les bêtises, on ne construit plus en zone inondable et on ne fait plus de digues pour construire derrière. » En 2016, Ségolène Royal a annoncé le lancement d’un concours international portant sur la conception architecturale pour intégrer le risque d’inondation. La Stratégie nationale de gestion des risques d’inondation actuellement en vigueur en France est la suivante : - interdiction de bâtir en zone de crues, ainsi que sur les massifs dunaires1 ; - interdiction de construire en zone d’aléa fort2 ; - limitation des équipements sensibles en zone inondable afin d’en réduire la
vulnérabilité : implantation de crèches, hôpitaux, etc ; - adaptation au risque de toutes les nouvelles constructions en zone inondable modérée ; - inconstructibilité sur des polders derrière les digues artificielles, sauf exception justifiée en zone urbanisée ou en zone d’intérêt stratégique ; - identification des zones dangereuses pour les vies humaines en y étudiant la mise en sécurité des populations existantes par des mesures de surveillance, de prévision, d’alerte et d’évacuation, des projets de délocalisations ou la réalisation ou le confortement d’ouvrages de protection ou de rétention. « Les démarches de prévention des risques d’inondation ont vocation à augmenter la sécurité des enjeux déjà implantés en zone inondable. Elles n’ont pas vocation à permettre le développement de l’urbanisation dans des zones qui, bien que protégées pour certains aléas, restent inondables. »
102 LES ACTEURS EXTÉRIEURS LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
AU NIVEAU DU DÉPARTEMENT DE LA VENDÉE
L
e département de Vendée est avant-gardiste en matière de gestion des risques. Son territoire est constitué à 20 % de polders et de marais. La gestion de ces zones fragiles est avant tout assurée par le Préfet. Il a la responsabilité de monter les dossiers de PPR imposés par l’État. Pour cela, il s’appuie sur des organismes départementaux, comme le DDTM851 ou encore le DDRM2, chargés de réaliser des études de terrains indispensables pour la compréhension du territoire. Dès 2008, soit deux ans avant Xynthia, le Préfet de Vendée prescrit un PPRN pour l’île de Noirmoutier afin de prémunir l’île du risque de submersion. Lors des études publiques, le Préfet de Vendée joue le rôle d’intermédiaire entre les citoyens, représentés par les élus locaux, et l’État. Il a la responsabilité de mener à bien les PPR souvent lourds de procédures complexes et coûteuses. DDTM85 : Direction Départementale des Territoires et de la Mer de Vendée. Claude Mailleau, directeur de la DDTM de la Vendée occupe un rôle de consultant lors de l’élaboration des SCOT3 et des PAPI4. Cet organisme départemental est une véritable banque de données compilant des informations aussi bien sur la politique agricole vendéenne que la sur la gestion des communes littorales. Le DDTM85 accompagne les communes dans les analyses territoriales, souvent très complexes pour les Maires et les équipes de mairie.
Dans le cadre du PAPI, le DDTM85 a contribué à la restauration de la digue Jacobsen. DDRM : Département des Risques Majeurs. Le DDRM effectue des études de risque5 pour les collectivités locales. Il est spécialisé dans les risques de mouvements sismiques et d’inondations marines. Dans le cadre du PPRL, tout comme le DDTM85, le DDRM a été sollicité pour mener une étude approfondie sur le centre urbain de Noirmoutier-en-l’île. Son dessein est de calculer le degré de risque sur les populations du centre ville de Noirmoutier-en-l’île. CAUE85 : Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Vendée. Actuellement, son Président Marc Courterel et ses équipes, travaillent sans relâche afin de ré-envisager les droits d’habiter et de construire sur le littoral. Ils organisent des concours ouverts à la fois aux étudiants et aux professionnels pour trouver l’habitat de demain6. Ces concours, souvent à l’initiative des collectivités, entretiennent la flamme de l’innovation et peuvent amener le PLU à être modifié lorsque des solutions architecturales ou urbanistiques sont trouvées. Ils permettent aussi de susciter l’intérêt pour l’urbanisme de l’ile et rechercher des pistes de réflexion pour intégrer la notion de risque dans l’architecture tout en conservant l’aspect traditionnel local.Le CAUE85 suit les directives du DGUHC7
DDTM85 : Direction Départementale du Territoire et de la Mer en Vendée
1
DDRM : Département des Risques Majeurs
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SCOT : Schéma de Cohérence Territorial
3
PAPI : Plan d’Action et de Prévention des Inondations
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ou EDD : Étude De Danger
j’ai eu l’occasion en août 2014 de participer au concours “ NOIRMOUTIER : HABITER AVEC LA MER ” lors duquel j’ai rencontré le vice-Président du CAUE85, le Maire de Noirmoutier-en-l’île ainsi que des candidats du concours qui pour certains ont dédier leur carrière à trouver des solution pour l’habitat en zone inondable.
6
DGUHC : Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la construction ». La DGUHC est une des directions du ministère français de l’Équipement. Elle est également placée sous l’autorité du Ministre chargé du Logement. 7
103 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS La Gestion du Risque sur l’Île de Noirmoutier
« … Voilà trente-cinq ans que les élus locaux commandent des travaux de protection. Cela représente 60 millions d’euros dont 30 % à notre charge et 40 % à celle de l’Etat. Aujourd’hui, le système est achevé avec 26 km de digues, plus différents ouvrages pour maintenir le trait de côte, il suffit de continuer à le conforter. C’est considérable, mais sinon, l’île n’existerait plus. »
Noël Faucher, Maire de Noirmoutier en l’île et Président de la Communauté de Commune de l’île de Noirmoutier
104 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
fig. 56 : Polder de la Maison Rouge - Pôle Environnement territorial
105 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
PAPI : PLAN D’ACTION ET DE PRÉVENTION DES INONDATIONS COPRNM : Conseil d’Orientation pour la Prévention des Risques Naturels Majeurs 1
CEPRI : Centre Européen de Prévention des Risques d’Inondations
2
3
cf. p101 : Les acteurs extérieurs
4 SCOT : Schéma de Cohérence Territoriale 5
PLU : Plan Local d’Urbanisme 6
PPRN
R
ésultat de 30 ans de travail et d’expérience en matière de defense contre la mer, la Communauté de Communes de l’île de Noirmoutier a vu le 12 juillet dernier la labellisation de son PAPI, par la Commission mixte inondation. Cette labellisation conditionne l’obtention de financement à hauteur de 1,2 million d’euros. Une première en France sur le littoral souligne Noël Faucher, le président. Lors de la tempête Xynthia, des dégâts très importants ont été constatés sur les ouvrages de protection noirmoutrins face à la mer. Suite à cette catastrophe, l’Etat a engagé une réflexion globale sur la gestion des risques d’inondation. Dès le printemps 2010, les élus de Noirmoutier ont activement contribué à cette réflexion avec le COPRNM1 et du CEPRI2. Lors des débats, il a défendu notamment la nécessité de construire une stratégie nationale « Digues et Défense contre la Mer »3. Le Président de la Communauté de Commune de l’île de Noimoutier a été désigné comme représentant de l’Association Nationale des Élus du Littoral et de l’Association des Maires de France au sein de la Commission Mixte Inondations, chargée de piloter la mise en œuvre de la politique de gestion des risques d’inondation et qui s’est réunie pour la première fois le 12
juillet 2011. Les travaux des différentes missions d’étude ont permis à l’État de mettre en place dès le mois de février 2011 un programme national de gestion des risques d’inondation, qui s’articule en quatre axes : - La maîtrise de l’urbanisme avec une meilleure coordination des Plan de Prévention des Risques Naturels, des SCOT4 et des PLU5, - L’amélioration de l’alerte et de la prévision en renforçant les systèmes d’observation du littoral, La sécurisation des ouvrages de protection, Le développement d’une culture du risque des populations, en encourageant la mise en place des Plans Communaux de sauvegarde et l’utilisation des nouvelles technologies Les nouveaux outils à la disposition des collectivités locales sont : - Les plans communaux de sauvegarde permettent d’améliorer la gestion des catastrophes naturelles dans les procédés d’alerte et de gestion de crise. Toutes les communes de l’île sont actuellement engagées dans cette démarche. - La mise en œuvre des Plans de Prévention des Risques Naturels6 a été actualisée et accélérée. Le Préfet de Vendée a prescrit le PPRI de l’île de Noirmoutier le 6 janvier 2011 : il prend en compte les risques de submersion
106 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
marine, d’érosion, d’inondation, et d’incendie. Les nouvelles directives insistent particulièrement sur une meilleure prise en compte de l’aléa de submersion marine et une application ferme de ce risque dans les autorisations de construction. Les Plans d’Actions de Prévention des Inondations1, sont des plans d’actions intégrés, au niveau d’un bassin de risque cohérent, permettant de planifier des actions de prévention, de surveillance, d’alerte et de gestion de crise, de prise en compte du risque dans l’urbanisme. Les PAPI comprennent également un volet de travaux sur les ouvrages de gestion hydraulique, mais uniquement s’ils comportent une augmentation du niveau de protection. - Les Plans de Submersions Rapides2 concernent tous les autres travaux sur les ouvrages de protection des populations, aussi bien les digues que les cordons dunaires. Les deux dispositifs sont complémentaires ; ils sont validés par la Commission Mixte Inondations via un processus de labellisation qui conditionne l’autorisation de réaliser les travaux et l’obtention de subventions de la part des partenaires institutionnels. La Communauté de Communes de l’île de Noirmoutier est avant-gardiste. Sur l’île, les travaux de protection face à la mer font déjà l’objet d’une program-
mation pluriannuelle et s’inscrivent dans une démarche intégrée de surveillance du littoral et de concertation avec les différents acteurs. Aussi, le Conseil communautaire a décidé très rapidement de solliciter la labellisation de la stratégie pluriannuelle insulaire de protection face au risque de submersion. Le 12 juillet dernier, le PAPI d’intention de l’île de Noirmoutier a été validé par la Commission Mixte Inondations. La Communauté de Communes est la première collectivité du littoral français à obtenir cette labellisation pour un montant de 1,8 million d’euros, qui englobe des actions de prévention, d’information, et d’amélioration de la gestion des crises, ainsi que des études de stabilité sur les ouvrages, une étude de sécurisation sur les berges d’étier et une étude de vulnérabilité sur l’ensemble du territoire. Le PAPI doit être financé à hauteur de 1,2 million d’euros par l’Etat, la Région et le Département, 35% du budget restant à la charge de la Communauté de Communes. Il ne s’agit que d’une première étape puisque la Communauté de Communes est amenée à élaborer ensuite un PAPI « complet » qui intégrera les résultats des différentes études de vulnérabilité et déterminera les ouvrages à protéger en priorité. Cela permettra d’engager des travaux dès
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PAPI
2
PSR
107 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
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PSR : Plan de Submersion Rapide 2
digues, perrés, cordons dunaires... 3
DDTM
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DREAL
Fig. 57 & 58 : Schéma d’organisation du PAPI à Noirmoutier-en-l’île et stratégie de restauration Fig. 59 : Restauration de la digue jacobsen Fig 60 : Consolidation de la digue du Moulin du Both à La Guérinière
fig. 57
2012. Un programme de 30 millions d’euros sur cinq ans sera présenté à la Commission Mixte Inondations. Parallèlement, le service mer travaille à l’élaboration d’un PSR, qui permettra de financer les travaux de confortement des ouvrages de protection2. Enfin, les sites sensibles qui ne protègent pas directement des populations mais des espaces naturels remarquables tels que la dune des Eloux feront l’objet d’un examen par la Commission de Gestion du Trait de Cote. L’ensemble de ces travaux est mené en étroite collaboration avec les services préfectoraux, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer3 et la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement4. Les élus de l’île de Noirmoutier participent également aux travaux du Conseil Général en vue de l’élaboration d’une stratégie départementale en matière de protection face à la mer.
108 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÃ&#x2030;GISLATIONS ET SES ACTEURS
fig. 58 :
fig. 59
fig. 60
109 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
PPRL : PLAN DE PRÉVENTION DES RISQUES LITTORAUX à la fois de défense de l’environnement et de protection des activités professionnelles
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EDD : Étude De Danger 3
cf. p101 : Les acteurs extérieurs
Q
uelques jours après la catastrophe Xynthia ayant causé le décès de 47 personnes, l’État découvre avec stupeur les failles de sa stratégie de gestion des zones à risques. Des permis de construire ont été délivrés dans des zones pourtant inondables. Immédiatement, la Ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie de l’époque, Nathalie Kosciusko-Morizet, impose un PPRL à 300 communes du littoral vendéen dont l’île de Noirmoutier. Le PPRL est un outil élaboré et mis en application par l’État, sous l’autorité du Préfet de département. C’est le 6 janvier 2011 que le Préfet de la Vendée prescrit, par arrêté préfectoral, l’élaboration du Plan de Prévention des Risques Littoraux de l’île de Noirmoutier. Les communes suivantes sont concernées : Noirmoutier-en-l’île, l’Épine, la Guérinière et Barbâtre. Une fois le PPRL approuvé, la participation financière de l’État sera de l’ordre de 40 % du montant des travaux nécessaires à la restauration des digues. Aujourd’hui, le PPRL vise à renforcer la culture du risque en apportant un relevé cartographique qui résume le degré de menace de chaque parcelle de Noirmoutier, ceci afin de ne jamais oublier le savoir vernaculaire emmagasiné depuis près de 1500 ans. La connaissance et la maîtrise du ter-
ritoire par les noirmoutrins ne sont plus à démontrer. Ce document n’en est pas moins indispensable et compile l’ensemble des connaissances historiques, géologiques, météorologiques, culturelles et biologique de plusieurs générations. Les zones à risques sont maintenant connues de tous. En plus de la bonne compréhension du terrain, les équipes de concertation sont d’autant plus diverses qu’intéressantes. Les élus locaux et départementaux ont été représentés, tout comme les associations citoyennes1. Les organisations territoriales, les directions de gestion des risques et, pour finir, le bureau d’études chargé de l’étude détaillée de la résistance des digues et autre EDD2, ont amené leur connaissance du territoire. Chacun a proposé une façon de voir et de comprendre les choses très différentes de son voisin. Tous n’avaient pas la même pression de réussite que celle qui pesait, par exemple, sur les épaules des élus locaux qui jouaient leur mandat ou sur le bureau d’études qui n’avait aucun droit à l’erreur. Ils avaient tous le même objectif, proposer une PPRL intelligent concernant la protection de l’île, son développement économique et une gestion du risque détaillée ne négligeant aucune parcelle habitée de l’île. C’est confiante que cette équipe d’experts débute écrit les premières
110 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
lignes d’un PPRL, symbole d’un renouveau de la gestion du littoral voulue par l’État. Le bon déroulement de l’élaboration du PAPI, précédemment expliqué, a conduit la CCIN1 à prendre les devants et de servir d’exemple pour de nombreuse communes du littoral français. Nous aurions pu penser que la réunion de gens qualifiés et en totale maîtrise de leur sujet allait conduire à un PPRL juste, parmi les premiers à être approuvés et appliqués par le Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie. Malheureusement, une fois les premières interventions et propositions faites, les divergences d’opinions créent un clivage entre les intervenants. Ce qui devait être une synthèse d’un travail colossal, jamais réalisé jusqu’alors à Noirmoutier, devient une négociation d’intérêts dans laquelle les uns prônent la surprotection et les autres le libéralisme. Les réunions s’enlisent et lchaque décision devient longue et difficile. Malgré ces difficultés, la synthèse du premier PPRL parait en 2013 et sera souis au public entre 2013 et 2014. Cette première version du PPRL se voit contestée : trop protectionniste avec des simulations de catastrophes irréalistes. De nombreux riverains ne comprennent pas le classement de certaines zones rouges qui n’ont
alors jamais connu d’inondation. Ils dénoncent une législation incompatible avec le mode de vie noirmoutrin. Leur argumentaire est de prendre, à titre d’exemple, le savoir vernaculaire des îliens. À l’époque, il n’y avait aucune réglementation qui régissait les zones inondables et pourtant les villes ont été implantées sur des plateaux hors-d’eau. Ils comparent aussi l’application du PPRL à un territoire similaire à Noirmoutier comme les Pays-Bas.Tous comme les noirmoutrins, les hollandais ont vécu et vivent actuellement sur des polders protégés par des infrastructures colossales2. Si le PPRL était appliqué en Hollande, près de la moitié du territoire serait classé en zone rouge inconstructible y compris sa capitale Amsterdam. Les associations de professionnels dénoncent un immobilisme conduisant à l’arrêt du développement urbain de l’île. L’État est accusé d’appliquer un règlement à un territoire dont il ne connaît rien. Suite à d’âpres négociations et à une enquête publique démontrant le mécontentement général, le PPRL de 2013 sera renégocié, puis de nouveau proposé en décembre 2015. Le PAPI labellisé en 2012 et la redéfinition de certaines zones sont à prévoir. Une autre discordance entre les noirmoutrins et l’État et le caractère inondable des polders. À Noirmou-
CCIN : Communauté de Communes de l’Ïle de Noirmoutier
1
Au cours des siècles, les Pays-Bas ont su développer une stratégie de gestion du littotal et des fleuves unique au monde. Les digues sont sans cesse sous surveillance automatisée et à la moindre anomalie, des plans d’évacuation à grande echelle sont mis en place. Ce fut le cas en décembre 1993 lors du débordement de la Meuse. 14 000 personnes ont été évacuées et il n’y eut aucune victime grâce au système d’alerte. 2
111 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
tier, les polders ont été construis pour abriter l’activité économique de l’île, mais aussi pour servir de bassin de débordement. Les polders sont ainsi faits pour protéger les zones urbaines. L’État interprète l’inondation des polders comme un danger ce qui atteste sa méconnaissance du site. De plus, les relevés topographique relevés sont inexactes. Le maillage imposé par l’État suit une trame de 5 mètres au lieu de 2,5 mètres pour des territoires comme Noirmoutier. Il ne s’agit là que d’une imcompréhension parmis tant d’autres qui sera rediscutée1. Malgré l’enlisement du PPRL qui subit aujourd’hui une assignation en justice afin d’obtenir un délai supplémentaire de réflexion, la gestion du territoire reste un exemple.
Aléas Faibles
Aléas Modérés
Aléas Forts
fig. 61 : Plan dude prévention du PAPI
112 LA GESTION LOCALE DU RISQUE LES LÉGISLATIONS ET SES ACTEURS
06/01/2011
Proscription du PPRL par arrêté Préfectoral
Association de col- Concertation avec le lectivités territoriales, public communauté de communes, association 12/12, les amis de normoutier dans le comitéde pilotage
fig. 62 : Chronologie du PPRL
Aléas Faibles
Aléas Modérés
Aléas Forts
fig. 63 : Plan de prévention du PPRL
Consultation des conseils municipaux et communautaires
Enquête Publique
Approbation du PPRL par Arrêté préfectoral
113 RÉPONSE À L’HYPOTHÈSE CONCLUSION
114 RÉPONSE À L’HYPOTHÈSE CONCLUSION
CONCLUSION Comment appréhender la gestion d’un territoire fragilisé par les risques de submersion et d’érosion induits par le changement climatique ?
A
ctuellement, il est indéniable que nous assistons à un rééquiibrage climatique mondial qui a pour conséquences une augmentation du niveau de la mer et une intensification de la violence des phénomènes climatiques. Nous avons pu voir précédemment que le paysage noirmoutrin, comme le reste de la planète, est en perpétuelle évolution. Nous n’avons plus le choix, nous sommes contraints d’accepter les modifications du trait côtier. L’homme, l’industrialisation et l’urbanisation ont également une part de responsabilité lors des catastrophes naturelles. Aujourd’hui, la gestion des territoires situés en zones côtières et, a fortiori, la gestion d’une île telle que Noirmoutier ne peut se faire sans tenir compte de cet environnement et des futures évolutions du climat. La géologie nous permet d’anticiper l’évolution du territoire à long terme, mais d’autres sciences comme la météorologie et la climatologie sont moins exactes et ne
permettent parfois pas d’anticiper des bouleversements auxquels l’homme n’est pas préparé. Cependant, l’histoire climatique nous donne des informations quant à la tendance globale. Pour bien gérer un territoire, il faut donc le connaître parfaitement, comprendre sa formation, la nature de ses sols, ses évolutions passées. Il faut également avoir une bonne compréhension du climat, de ses changements et de son impact sur l’environnement et la typographie du territoire. Enfin, il ne faut pas négliger l’importance de la mémoire vernaculaire et collective des habitants du site, qui nous apporte des informations complémentaires sur les éventuels phénomènes marquants et imprévisibles enregistrés sur l’île. C’est la compilation et l’analyse de ces facteurs qui nous permettent d’avoir les connaissances suffisantes pour localiser les zones sensibles et pour agir en conséquence. À Noirmoutier, la compréhension du territoire est très ancienne, puisque
115 RÉPONSE À L’HYPOTHÈSE CONCLUSION
1
il y a 4000 ans
PPRL : Plan de Prévention des Risques Littoraux 2
déjà au Néolithique1 les hommes se sont installés sur les parties protégées de l’île. Noirmoutier est en première ligne des risques de submersion, mais dispose d’armes suffisantes. Avec plus de 1500 ans de civilisation elle s’est toujours développée en restant en osmose avec son environnement. La gestion du territoire par rapport aux risques de submersion n’est pas vécue comme un combat, mais comme une acceptation du risque et, malgré l’absence de PPRL2 avant Xynthia, très peu de logements ont été construits en zones submersibles. Les Noirmoutrins acceptent la montée des eaux et sont conscients que les polders, qui abritent les activités économiques de l’île, peuvent être sacrifiés et faire office de dernier rempart pour la protection des habitants. De plus, la submersion de la digue du Gois, en 1978, est restée dans les esprits et les acteurs d’aujourd’hui ont, pour la plupart, connu cet évènement et sont d’autant plus sensibles à cette problématique. Il faut savoir que, depuis 35 ans, Noirmoutier a dépensé 5 fois plus d’argent et d’énergie pour la défense de ses polders que des villes comme La Tranche-sur-mer.
La menace du cordon dunaire au cours du XVIIIe siècle a conduit l’homme à négliger son rôle de protection de la partie Sud de l’île. L’urbanisation à partir des années 60 a eu raison de lui. La gestion du sable est un véritable problème à Noirmoutier, les apports sédimentaires sont contrariés par la construction d’infrastructures portuaires piégeant le sable au Nord des dunes de La Tresson. Les îliens ont bien conscience que la réorganisation du Port du Morin est primordiale pour la pérennité du cordon dunaire. Malheureusement, la somme nécessaire pour ce genre de transformation est beaucoup trop conséquente pour de si petites communes.
Suite à la tempête Xynthia de 2010 le Ministère a imposé à 300 communes du littoral d’instaurer un PPRL2. Ce document remarquable compile l’en-
À défaut de se focaliser sur la construction de digues toujours plus protectrices, les noirmoutrins ont négligé un autre problème de taille. L’accroisse-
semble des connaissances historiques, géologiques, météorologiques, culturelles et biologique de plusieurs générations. Les zones à risques sont maintenant connues de tous. Le constat que j’ai pu faire est que bien que Noirmoutier ait une excellente connaissance de son territoire, des erreurs de gestion du territoire ont été commises.
116 RÉPONSE À L’HYPOTHÈSE CONCLUSION
ment urbain et la spéculation immobilière ont conduit à une pénurie de terrains et lentement, mais sûrement,L’île fait des choix qui à terme pourraient être dangereux pour la population et pour l’avenir de l’île : construction sur des bassins de débordement. Les Noirmoutrins prennent peu à peu conscience des erreurs commises et la diversité des intervenants et la motivation de chacun aurait dû permettre d’aboutir à un programme d’action efficace et réaliste. Malheureusement cette diversité qui est une vraie richesse pour faire le diagnostic complet du territoire, devient un frein face aux divergences d’intérêts et de points de vue et la gestion du territoire devient plus une négociation d’intérêts qu’une réelle gestion du risque. Tout au long de la lecture, nous avons pu balayer, à travers cette étude de cas, les différentes façons utilisées pour appréhender une zone à risque. Comprendre de tels territoires n’est pas chose facile. Le simple élève en architecture que je suis se trouve vite malmené par des connaissances législatives, scientifiques et sociologiques très complexes. Ce long travail d’investigation m’a permis de découvrir à la fois un territoire unique
dont je ne soupçonnais pas l’ampleur de la richesse culturelle. Le fait de me pencher sur le passé pour mieux comprendre l’avenir d’un site a été pour moi très enrichissant. La chronologie des événements m’a démontré l’importance d’un savoir-faire vernaculaire sans lequel la compréhension du territoire est impossible.C’est cette dimension qui est difficile à appréhender pour un architecte lorsqu’il exerce dans des zones qu’il connaît peu. De plus, malgré la compréhension physique exhaustive d’un site, sa gestion politique ou le mode de vie de ses habitants changent son évolution future. Actuellement, Noirmoutier jouit d’une beauté de paysage héritée du Ve siècle, mais subit de façon dramatique la négligence d’un cordon dunaire fragile. Appréhender un site pour faciliter sa gestion c’est aussi ne pas avoir de limite de temps et d’échelle.
117 RÉPONSE À L’HYPOTHÈSE CONCLUSION
QUEL AVENIR POUR NOIRMOUTIER ? 1 PPRL : Plan de Prévention des Risques Littoraux
PAPI : Plan d’Action et de Prévention des Inondations
2
3 CCIN : Comminauté de Communes de l’île de Noirmoutier
Au début de l’étude de cas sur l’île de Noirmoutier, je ne comprenais pas pourquoi les noirmoutrins investissaient autant d’énergie dans un combat face au climat perdu d’avance. Après plus de deux ans d’études de l’île, je comprends aujourd’hui qu’ils ne défendaient pas seulement un polder menacé, mais plutôt leur identité propre. L’histoire noirmoutrine, rythmée de catastrophes de submersion et de maîtrise d’un marais abritant une biodiversité unique, représente l’ensemble d’un mode de vie en symbiose avec l’océan. Au cours des siècles, Noirmoutier a su s’adapter aux violents vimers qui ont malmenés ses dunes et ses digues. Cependant, aucune catastrophe humaine similaire à celle de Xynthia n’a été relevée. Cette résistance aux éléments fait certes de Noirmoutier un territoire fragile mais pas un territoire en détresse. Malgré l’enlisement du PPRL1, la gestion du territoire noirmoutrin peut être citée à titre comme d’exemple. La submersion de 1978 reste dans les esprits, mais cet épisode Oh combien impressionnant n’a pas fait de victime. Riche d’associations, d’élus locaux et d’organismes publics réactifs, l’île de Noirmoutier est un site laboratoire pour de nombreux plans de prévention des risques. Il s’agit de la première ville
de France à avoir adopté le PAPI. À titre d’exemple, la CCIN3 a investi en 35 ans, 5 fois plus d’argent et d’efforts que la commune de l’Aiguillon-sur-mer. Avec ce genre d’initiative, l’île de Noirmoutier se positionne en tête de file des villes côtières les mieux gérées. Cette stratégie est contraignante à court terme mais sécurisante à long terme. La gestion d’un site doit être évolutive en même temps qu’évolue sa morphologie. L’île atteint actuellement les limites de l’urbanisation, mais avec le temps c’est à la limite de ses systèmes de défenses qu’elle va être confrontée. Noirmoutier a toujours accepté la submersion mais va-t-elle tolérer la modification de son trait de côte ? Si le réchauffement planétaire global se poursuit, le niveau de l’océan risque d’atteindre un niveau critique qu’aucune digue ne pourra contenir. Une hausse du niveau de l’eau d’1,5 à mètres d’ici 200 à 250 ans compromettrait toute la partie sud de l’île de Noirmoutier. Seul le socle rocheux du nord de l’île persisterait et il n’y aurait malheureusement pas de solution miracle… À terme, Noirmoutier adoptera-telle la même morphologie que sa voisine, l’île d’Yeu ?
118 RÉPONSE À L’HYPOTHÈSE CONCLUSION
fig 64 : Plages de l’Anse Rouge - MODANE
fig 65 : Passage du Gois - Office du tourisme Vendée des Sables-d’Olonne
119 MAISON MÜLLEMBOURG CONCOURS
Problématique : Habitation confronté aux risques du littoral L’objectif du concours est de susciter l’intérêt pour l’urbanisme de l’île. La Mairie de Noirmoutier avait a cœur de mettre à contribution des architectes et des ingénieurs sur la question de le submersion et du retour rapide à la normal après la crue. Le second dessein était aussi de sensibiliser la population par le biais d’une communication par l’image. Pour son PLU, la Mairie souhaitait avant tout trouver un moyen de protéger ses habitants face aux risques de submersion et d’envisager de nouvelles méthodes constructives pour habiter la zone bleue à risque modéré. Brièvement, j’ai fait le choix d’utiliser la terre extraite lors du terrassement afin de discrètement rehausser la maison qui se situe en zone inondable par moins de 80cm d’eau. Afin d’augmenter la capacité d’accueil, j’ai investi les murs de clôtures entre le terrain et le marais du Müllembourg afin d’y installer un studio pour des amis ou des vacanciers de passage. Architecturalement, j’ai respecté scrupuleusement l’architecture locale préservée par un AVAP
120 MAISON MÜLLEMBOURG CONCOURS
121 ANNEXES
ANNEXES
Annexe 1 : Carte des communes en zone inondable en France - 2003 - PRIM
122 ANNEXES
Annexe 2 : “ Habiter l’île “ - CAUE85
Annexe 3 : Dolmen de la Vendette Groupe Vendéen d’Études Préhistoriques
123 ANNEXES
Annexe 4 : Carte de pluviometrie annuelle moyenne en Vendee - Novembre 2012 Observatoire Départemental de l’eau (d’après Météo France)
Annexe 5 : Voie lactée - ESA
Annexe 6 : Terre 200 000 pendant la dernière glaciation - Museum Histoire naturel de Marseille
124 ANNEXES
Annexe 7 : Glacier à Chamonix à la fin du Petit Âge de Glace ARGENTIÈRE
125 ANNEXES
Annexe 8 : Iceberg B-15 - L’Obs
Annexe 9 : Quartier pavillonnaire bâti en zone humide à Barbâtre - Vivre l’île 12 sur 12
126 ANNEXES
Annexe 10 : Inondations à La Guérinière en 1912 - Vivre l’île 12 sur 12
Annexe 11 : Rupture de digue du Gois en 1978 - Henri Martin
127 ANNEXES
Annexe 12 : Entraide lors de la submersion de 1978 Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton des Moutiers en Retz
Annexe 13 : Reconstruction de la digue du Gois en 1979 Association Patrimoine Marche de Bretagne Marais Breton des Moutiers en Retz
128 ANNEXES
Annexe 14 : Passage du Gois endommagé en 1998 - Vivre l’île 12 sur 12
Annexe 15 : Recul de la côte du Vieil 14 mars 2014 - Fanny Potier
129 ANNEXES
Annexe 16 : Les marais salants noirmoutrins -2014 - Pierre Charriau
Annexe 17 : Réunion ministérielle sous l’eau aux Maldives afin de dénoncer le déni du risque de submersion 17 octobre 2009 - Agence France Presse
130
Annexe 18 : PAPI de l’île de Noirmoputier - CCIN
ANNEXES
Programme d’Actions de Prévention des Inondations île de Noirmoutier 2013 – 2018 Pourquoi un PAPI ?
• réduire les conséquences des risques sur la santé, les biens, l’économie ou l’environnement.
Suite à la tempête Xynthia du 28 février 2010 et pour assurer une protection optimale de l’ensemble du territoire, l’Etat, via le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, a décidé de mieux encadrer les politiques et les pratiques diverses des collectivités en matière de protection face à la mer pour construire une stratégie cohérente et lisible.
Il est construit en trois étapes : • un diagnostic du territoire et des ouvrages, • la définition d’une stratégie locale, • l’élaboration d’un programme d’actions qui intègre tous les aspects de la gestion du risque.
La stratégie nationale mise en place a été de lancer, le 17 février 2011, un appel à projets relatif aux Programmes d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI). L’Etat demande aux territoires d’identifier un unique interlocuteur pour la gestion des digues et la planification des travaux.
Comment a été défini le programme des travaux sur six ans ?
> sur l’île de Noirmoutier, la Communauté de Communes est le chef de file en matière de protection face à la mer et le principal gestionnaire des digues. Elle s’est donc naturellement positionnée en tant que porteur du PAPI.
Qu’est-ce que le PAPI ? Le PAPI est un programme de diminution de la vulnérabilité du territoire face au risque de submersion marine, déployé sur 6 ans. Il doit contenir des actions de prévention, d’information et d’alerte et une programmation de travaux. Il fait l’objet d’une contractualisation entre la Communauté de Communes et l’Etat, qui autorise la réalisation des travaux et apporte des financements, tout comme le Département et la Région. Il se construit à l’échelle d’un bassin de risque, ici, l’ensemble du territoire de l’île de Noirmoutier. Les principes du PAPI : • réduire la vulnérabilité des personnes et des biens face aux risques de submersion marine • prévenir les submersions marines • limiter les dommages aux personnes et aux biens
La Communauté de Communes a étudié chaque ouvrage de protection face à la mer (digue, étier, perré, dune...) : • l’analyse de chaque ouvrage a permis d’en connaître l’état de service (hauteur, nature des fondations, âge, niveau d’entretien...) • l’examen des enjeux a déterminé la nature des biens et le nombre de personnes protégés par chaque ouvrage • l’analyse coût-bénéfice a conduit à établir des priorités dans les travaux à réaliser et à définir des choix en matière de protection en comparant les « bénéfices » potentiels des dommages évités grâce aux travaux, et les coûts envisagés de ces travaux. LE PAPI de l’île de Noirmoutier en quelques dates Juillet 2011 : le dossier d’intention est le premier à être labellisé sur le littoral français, par la Commission Mixte Inondations nationale (la CMI associe les collectivités territoriales, services de l’État, des représentants de la société civile et des assureurs). Juillet 2012 : le PAPI complet comprenant le programme des travaux sur six ans est labellisé par la CMI, après une première labellisation par le Comité de Bassin LoireBretagne à Orléans.
131 ANNEXES
DU PROJET AUX TRAVAUX
DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement DDTM : Direction Départementale des Territoires et de la Mer CDNSP : Commission Départementale de la Nature des Sites et des Paysages CSRPN : Conseil Scientifique Régional de la Protection de la Nature
DÉMARCHES RÈGLEMENTAIRES Dossier loi sur l’eau (10 mois) DDTM / DREAL / CDNSP Recrutement du maître d’oeuvre Conception du projet CCIN
Demande d’autorisation d’occupation du Domaine Public Maritime (9 mois) DDTM
Accords par arrêtés du Préfet Enquête Publique Consultation des entreprises CCIN
Dossier de protection des sites (9 mois) DREAL / CDNSP Transmission à la DDTM et DREAL pour instruction
Demande de dérogation de destruction d’espèces protégées (7 mois) DREAL / CSRPN
Travaux CCIN maître d’ouvrage et cofinanceur
LABELLISATION POUR FINANCEMENT TRAVAUX Actions contre la submersion marine > labellisation Plan de Submersion Rapide (4 à 6 mois) > Avis Comité de Bassin > Avis Commission Mixte Inondations Actions contre l’érosion du trait de côte > labellisation Commission de Gestion Durable du Trait de Côte (4 mois) > Avis Commission Régionale de Gestion du Trait de Côte
Quelles autres actions sont mises en oeuvre dans le cadre du PAPI ? Le PAPI comprend 7 axes en tout : • Axe 1 : Amélioration de la connaissance et de la conscience du risque Actions : Outils d’entretien de la mémoire du risque, mise en place de repères de submersion marine, Document d’Information Communal sur les RIsques Majeurs (DICRIM) par les 4 communes. • Axe 2 : Surveillance et prévision des inondations Actions : Pose d’échelle à marée, mise en place de cellules de surveillance et d’alerte par la Communauté de Communes et les 4 communes, mise en place d’un système de cartographie « enjeux et inondations ». • Axe 3 : Alerte et gestion de crise Actions : Mise en place des Plans Communaux de Sauvegarde (PCS) et réalisation d’exercices avec le SIDS, PPMS / PCA / PFMS. • Axe 4 : Prise en compte du risque submersion dans l’urbanisme Actions : Intégration de la prise en compte du risque dans la révision des PLU des 4 communes (adéquation avec le PPRL), intégration de la prise en compte du risque dans la révision du SCoT Nord Ouest Vendée. • Axe 5 : Actions de réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens Actions : Étude diagnostic de la vulnérabilité de l’île, étude de vulnérabilité et de protection des réseaux (électricité, assainissement, traitement des déchets...).
Avis favorables
Demande de subventions CCIN
obligatoires
État Région Département
• Axe 6 : Ralentissement des écoulements (adapté aux inondations fluviales, ne concerne donc pas le territoire) • Axe 7 : Ouvrages de protection Actions : Il s’agit de l’ensemble de la programmation de travaux. Les axes 1 à 6 correspondent à un budget prévisionnel de 602 000 €, soit 4 % du montant global du PAPI qui est de 15 432 000 € HT.
Quel est le lien entre le PAPI et le Plan de Prévention des Risques Littoraux ? Au départ, il n’y a pas de lien entre les deux plans. L’élaboration du Plan d’Actions de Prévention des Inondations relève de la Communauté de Communes depuis 2011. Le Plan de Prévention des Risques Littoraux est un document règlementaire élaboré par l’Etat dont la démarche a débuté en 2008 et qui a été prescrit en janvier 2011. Il comprend une carte des risques d’inondations et sa transcription règlementaire en matière de droit des sols. Si le PPRL est approuvé, la Communauté de Communes bénéficiera d’un financement de l’Etat à hauteur de 40% pour les travaux de protection face à la mer. Après négociation avec le Préfet, il a été convenu que le PPRL prenne en compte l’état des ouvrages de protection face à la mer. A l’issue du premier PAPI (2018), le PPRL sera révisé pour tenir compte de l’amélioration du niveau de protection de l’île.
Conception CdC Noirmoutier - crédit photos : CdC Noirmoutier, Mélanie Chaigneau - Imprimerie OFFSET5 - tiré à 1000 exemplaires
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ORGANISMES CONSULTÉS Mondiaux - UN : Nations Unies - UNFFCCC : United Nations Framework Convention on Climate Change ou CCNUCC : Convention dans le Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques - GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat - Comité Exécutif de Mécanisme International de Varsovie - DHI World Wide : Bureau d’étude Européens - UE : Union Européenne - ESA : Agence Spatiale Européenne - AEE : Agence Européenne de l’Environnement - CEREGE : Centre Européen de Recherche et d’Enseignement en Géosciences de l’Environnement - CEPRI : Centre Européen de Prévention des Risques d’Inondations - MET Office : Office Météorologique et Centre de Recherche Climatique Britanique - IGGE : Institute of Geophysical an Geochimical Exploration - Université de Munich - Institut Fun Wetter-und Klima Kommunication Français - Ministère de l’Écologie, de l’Énergie et du Développement Durable - INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Économiques - CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique - Comité National Français des recherches en Arctique et Antarctique - ONERC : Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique - IGN : Institut National de l’Information Géographique et Forestière - ONF : Organisme National des Forêts - EDYTEM : Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne - CEA : Commissariat de l’Énergie Atomique - Observatoire de Meudon - Météo France
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- CANDHIS : Centre d’Archivage National de Données de Houle In Situ - SHOM : Service Hydrographique et Océanographique de la Marine - CETMEF : Centre d’Etudes Techniques Maritimes et Fluviales - DGUHC : Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction - DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement - BRGM : Bureau de Recherches Géologiques Minières - Laboratoire de Planétologie et de Géodynamique de Bretagne - Université de Rennes Bretagne - Université de Nantes - Muséum Histoire Naturelle de Nantes - COPRUNM : Conseil d’Orientation pour la Prévention des Risques Naturels Majeurs - DDRM : Direction Départementale des Risques Majeurs - DDTM85 : Direction Départementale du territoire de la Mer en Vendée - CAUE85 : Conseil d’Architecture et de l’Environnement de Vendée - DDE85 : Direction Départementale de l’Équipement Vendée - CCIN : Communauté de Commune de l’Île de Noirmoutier - Maire de Noirmoutier-en-l’île ASSOCIATIONS SOLLICITÉES - PLNE : Pays de la Loire Nature Environnement - UADL : Union des Associations du Littoral - COORLIT85 : Coordination des Associations Environnementales du Littoral Vendéen - Association Vendéenne de Géologie - VNE : Vendée Nature & Environnement - Association Patrimoine Marche de Bretagne, Marais Breton des Moitiers - Société des Historiens du Pays de Retz - Les Amis de Noirmoutier - 12/12 : Vivre l’Île 12sur12 - CDI3P : Association « Collectif de Défense des Particuliers, Professionnels et Propriétaires de Noirmoutier »
Conception/réalisation : Marc Debuiche Imprimé en janvier 2016 par l’imprimerie MBF 6 Rue Brantôme, 75003, Paris
Joël Sarlot Vice-Président du Conseil Général Président du CAUE de la Vendée
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ABITER AVEC LA MER : sous ces mots apaisés se laisse deviner une problématique qui se situe au cœur des grands défis que doit relever la Vendée. Une part de son littoral un tant soit peu exposée mérite que les droits d’habiter et de construire soient réenvisagés dans un réel souci de préserver la sécurité des personnes et la pérennité des biens. À ces enjeux se rajoutent ceux de la préservation de l’identité architecturale et plus généralement du patrimoine paysager.
2016 Mémoire de Master : Territoire en Projet, Architecture, Urbanisme et Paysage Marc Debuiche Île de Noirmoutier : Symbiose entre une île et son océan Comment appréhender la gestion d’un territoire fragilisé par les risques de submersion et d’érosion induits par le changement climatique ? Enseignants : F. Bertrand & P. Simay Directeur de Mémoire : F. Bertrand 60 Boulevard de la Villette, 75019, Paris
école nationale supérieure d’architecture