Le japon - Magazine

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LE JAPON Mars 2014 N°01

DOSSI

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Un pays méconnu ANALY

SWOT

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L’APEC

Le Japon : un modèle toujours concurrentiel ?


Editorial Le Japon est la terre de tous les paradoxes et de tous les contrastes. Détruit et occupé par les Etats-Unis en 1945, le pays est aujourd’hui la troisième puissance mondiale, avec un PIB réels 2013 de 5 007.2 milliards de dollars et exporte ses produits sur toute la planète. Et pourtant le territoire japonais est bien ingrat. C’est un archipel de près de 4 000 iles, dont quatre principale, à la superficie réduite (environ 380000km²), très montagneuse (seuls 16% du territoire sont des plaines) et très pauvres en ressources naturelles. Manifestement, avec leur territoire, les Japonais ont été moins bien lotis que les Américains. Cela n’a pas empêché sa formidable réussite économique. À un moment où tous les yeux sont tournés vers la Chine qui fait une entrée spectaculaire sur le devant de la scène internationale, on en oublie l’importance du Japon, à la fois globale et régionale. L’un des piliers de la Triade avec l’Amérique du Nord et l’Europe, le pays est pourtant la troisième puissance économique mondiale. Il représente à lui seul plus de la moitié de l’économie de l’Asie orientale et son produit national brut plus du double de celui de la Chine. Historiquement, le Japon a toujours été un acteur paradoxal du jeu asiatique, à la fois central et marginal. En raison de la singularité de sa trajectoire, la relation qui le lie à ses voisins demeure particulière jusqu’à présent. Son choix de la modernité occidentale et sa prise de distance à l’égard du modèle chinois au XIXe siècle, marque aujourd’hui encore la particularité de sa position régionale. Si l’occidentalisation du Japon ne se fit pas, a priori, par opposition à ses voisins, le détachement du Japon par rapport à l’Asie fut un processus long et complexe. La relation avec ses voisins les plus proches – la Corée et la Chine avec lesquelles sa trajectoire politique a été depuis le VIIIe siècle intrinsèquement liée – est marquée par une histoire difficile, en particulier une politique d’expansion et de conquête qui a atteint son paroxysme dans les années 1930-1940 avec les exactions de l’armée impériale nippone contre les populations civiles notamment les Chinois. En 1945, vaincu, occupé, désarmé, économiquement affaibli et aux portes des deux plus grandes puissances communistes, la Chine et l’Union soviétique, le Japon a dû reconstruire sa politique étrangère et régionale sur de nouvelles bases. Si les ponts entre les pays de l’Asie du Sud-Est et Tokyo se sont reconstruits dès les années 1970, le dégel avec la Chine et la Corée du Sud ne

s’amorça laborieusement que dans les années 1990. Or, ces deux pays, ses plus proches voisins, sont aussi des partenaires économiques majeurs. Cependant, la bonne foi de la démocratie la plus ancienne de la région est régulièrement mise en doute par certains de ses voisins. Mais plus de 60 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon est aujourd’hui de facto une puissance politique, économique et culturelle incontournable en Asie où il revendique sans complexe la légitimité de son modèle démocratique et tente avec prudence de s’affirmer face à la puissance chinoise. Contraint à l’origine quant à ses moyens militaires, le Japon a su développer une « puissance douce » importante, à travers ses réussites économiques et l’exportation de sa culture. Modèle d’un nouveau genre auquel la Chine cherche aujourd’hui à répondre avec son propre modèle, sans toutefois pouvoir rivaliser avec Tokyo sur le terrain sophistiqué du modèle politique et de la créativité. L’avenir du Japon se jouera sans nul doute sur sa capacité à gérer sa relation avec Pékin et à assumer un rôle dans la construction régionale asiatique. La croissance japonaise a ralenti de manière inquiétante au dernier trimestre 2013. Annoncées lundi 17 février par le gouvernement, les données révèlent une hausse de 0,3 % par rapport au trimestre précédent du PIB de la troisième économie mondiale. Celle-ci affiche sur l’ensemble de l’année une croissance de 1,6 %, soit le meilleur chiffre enregistré depuis 2010. Mais la relative contre-performance de la période octobre-décembre inquiète. Le Japon est la 3ème puissance économique du monde malgré d’énormes contraintes naturelles, historiques et économiques. C’est est une monarchie parlementaire dirigée par un empereur et peuplé de 127,8 millions d’habitants. S’il a su s’imposer comme une grande puissance en Asie et dans le monde, la société et l’économie japonaise sont aujourd’hui en difficulté. On peut donc légitimement se demander si actuellement le Japon est un modèle toujours concurrentiel dans le monde. Dans une démarche d’analyse, on essaie de répondre à cette problématique avec les éléments que nous avons à notre disposition.


Sommaire Présentation du Japon

3

Contexte géographique

5

Commerce historique

9

Economie & Monde

12

Commerce extérieur

16

SWOT analysis

21

L’APEC

35

Conclusion

37

Bibliographie

38

La rédaction du magazine REDACTION : Audrey HAVART et Margaux MEUNIER (Directrices de rédaction et de publication) DIRECTRICE ARTISTIQUE & GRAPHIQUE : Margaux MEUNIER PARTENARIAT : ESM-A Campus de Chartres et Marne la Vallée



PrĂŠsentation du Japon


Contexte géographique

Le Japon est un archipel montagneux et volcanique, soumis aux tremblements de terre et aux raz de marée (tsunamis). Le pays comprend près de 4 000 îles dont les quatre principales sont Hokkaido, Honshu, Shikoku, Kyushu. La population très dense vit dans les plaines côtières qui représentent moins de 30% de la surface du pays. Densément peuplé dans sa partie centrale, le Japon dispose de peu de ressources naturelles et a tourné une grande partie de son activité vers la mer. Le territoire est inégalement mis en valeur. A la mégalopole dont les villes sont bien reliées par des communications rapides s’opposent les espaces peu peuplés du Nord de Honshu et de Hokkaido.

Le Japon , la plus grande mégalopole du monde. LA MÉGALOPOLE JAPONAISE, UN DES PLUS PUISSANTS CENTRES DU MONDE

Localisons là tout d’abord. Elle s’étend de Kumamoto au sud-ouest à Sendai au nordest, sur un ruban urbain de 1 300 kilomètres de long, étiré sur le littoral pacifique, polarisé par les mégapoles de Tokyo, Osaka et Nagoya. Si l’on parle de mégalopole, c’est pour désigner un espace jalonné de grandes voire de très grandes villes qui, en se développant, ont parfois fini par se rejoindre, formant ainsi un immense complexe urbain parcouru par des flux intenses. Cet espace concentre plus de 80 % des habitants et de la production industrielle du pays. La mégalopole constitue également une façade maritime majeure à l’échelle mondiale.

QUELQUES CHIFFRES

SUPERFICIE : 377 829 km² CAPITALE : Tokyo (13,2 millions d’habitants) MONNAIE : yen (JPY) LANGUE : japonais POPULATION : 127,8 millions d’habitants DÉMOGRAPHIE : - Décroissance de la population depuis 2007. - Taux de fécondité : 1,37 enfant par femme. - Espérance de vie : 84 ans. - Part des 60 ans et plus dans la population : 32,4 %. - Population en 2050 : 97 millions d’habitants selon les estimations japonaises. INFRASTRUCTURES : Excellentes infrastructures. Un réseau routier : 1,2 million de km ; réseau ferroviaire : 27 300 km ; aéroports : 175.

UN RÉSEAU URBAIN MULTIPOLAIRE ET 104 MILLIONS D’HABITANTS

Le Japon, troisième puissance économique mondiale, rassemble l’essentiel de sa population et de ses activités dans la mégalopole. Sur un tiers du territoire nippon vivent 104 millions de personnes, soit plus de huit Japonais sur dix. C’est un espace très urbanisé, aux fortes densités (plus de 700 habitants au km²). Elle est polarisée par trois mégapoles, Nagoya, Osaka et Tokyo, concentrant 6 % de la superficie du pays. Le « Grand Tokyo » forme la première agglomération du monde avec 34 millions d’habitants. 5 - LE JAPON Mars 2014

DONNÉES POLITIQUES : Type de régime : - Démocratie parlementaire. - Parti au pouvoir : le Parti libéral démocrate (PLD). - Durée des mandats : 4 ans pour les députés ; 6 ans pour les sénateurs. Les principaux dirigeants : - Chef de l’État : l’Empereur Akihito, Tennô Heika depuis 1989. - Premier ministre : M. Shinzo ABE depuis le 16 décembre 2012.


UNE MÉGALOPOLE TOUJOURS EN CROISSANCE

La mégalopole japonaise s’étend sur ses espaces périphériques. En effet, la force d’attraction de la mégalopole déborde largement de ses limites. Les grandes villes attirent chaque jour des travailleurs qui vivent parfois à plus de 100 kilomètres de leur lieu de travail. L’urbanisation japonaise a ses traits spécifiques. La ville se caractérise notamment par la faible hauteur des constructions, liée au risque sismique. Autre trait spécifique, l’espace mégalopolitain présente de grandes variations de densité ; il entremêle souvent au tissu urbain des espaces ruraux résiduels, rizières ou ceintures maraîchères. De nombreux lotissements pavillonnaires, avec des terrains minuscules, se développent également.

UNE EXCEPTIONNELLE CONCENTRATION D’ACTIVITÉS

Le japon est une très grande puissance industrielle, occupant des positions de premier plan dans des secteurs aussi essentiels que la construction navale, l’automobile (Toyota), la sidérurgie, la chimie, l’horlogerie ou la bureautique. Sans parler des industries où le Japon excelle : biotechnologie, optique, robotique, télécoms (Samsung), informatique, jeux vidéo ou pharmacie. Ce « petit » pays (0.69 fois la France) dénué de ressources naturelles est bien un géant industriel. Il est bien loin le temps où le Japon se contentait de copier et de reproduire les innovations produites aux Etats-Unis et en Europe. En effet, le Japon est un des pays les plus innovants du monde, maîtrisant des techniques de pointe comme très peu d’autres. Géographiquement, la mégalopole japonaise rassemble environ 80 % des activités économiques du pays et concentre les 3/4 de l’industrie nationale. La très forte concentration des activités industrielles dans la mégalopole est le résultat de l’ouverture mondiale de l’économie japonaise à partir des années 1950, pendant la « Haute Croissance ». C’est la période où le Japon connu une forte croissance économique (10% de progression annuelle moyenne du PIB) entre 1955 et 1973. Les littoraux de l’océan Pacifique et de la mer Intérieure se couvrent alors d’infrastructures industrielles et portuaires ; l’exiguïté des rares plaines littorales est compensée par la création de terre-pleins (photo ci-contre). La mégalopole réoriente sa puissance sur la haute technologie et les activités tertiaires. La finance, les sièges sociaux des grandes entreprises y sont implantés ; les trois mégapoles (Tokyo, Osaka et Nagoya) cumulent à elles seules plus de 70 % des centres de recherche du pays. De puissantes cités scientifiques se sont développées autour d’universités comme celle du Kansai ou de Tsukuba.

UN ESPACE AMÉNAGÉ ET FORTEMENT STRUCTURÉ PAR LES TRANSPORTS

Tout cela n’a été possible qu’au prix d’un très important aménagement du territoire. La mégalopole japonaise est organisée autour d’un axe complet de communications : autoroutes, trains rapides, liaisons aériennes. Grâce à des ponts et tunnels, les îles de Shikoku et de Kyushu forment avec Honshu un archipel d’un seul tenant. Quatre aéroports internationaux, ceux de Tokyo (Narita et Haneda) et ceux d’Osaka, notamment l’aéroport du Kansai aménagé sur un gigantesque terre-plein, assurent un trafic passagers considérable et croissant. Ils contribuent à l’ouverture sur le monde. La mégalopole est également traversée par un axe ferroviaire majeur desservi par le Shinkansen. Ce train à grande vitesse, inauguré en 1964, dispose d’un réseau de plus en plus étendu. Le réseau routier et autoroutier de la mégalopole est l’un des plus denses des pays développés. L’autoroute l’emporte sur le rail pour le transport de marchandises, car elle se montre plus souple d’utilisation dans le système de livraisons juste-à-temps pour l’approvisionnement en flux tendus des usines. Sur certains tronçons, la fréquentation du réseau est très forte, d’où des problèmes de saturation du réseau.

LES TERRE-PLEINS, LA RÉPONSE DU JAPON À SON MANQUE DE PLACE

Les grandes baies de Tokyo, Osaka ou Nagoya sont désormais en partie occupées par ces terre-pleins et les photos aériennes offrent un spectacle toujours surprenant d’un littoral à angles droits (mettre une photo du littoral à angles droits). Sur ces vastes terre-pleins, sont installés des zones industrielles et des extensions portuaires. A Osaka, on peut même voir l’aéroport du Kansai sur un terre-plein situé à 5 km au large de la côte et relié au littoral par un pont. 6 - LE JAPON Mars 2014


UN ESPACE OUVERT SUR L’OCÉAN PACIFIQUE ET SUR LE MONDE

La mégalopole concentre l’essentiel de la puissance économique du pays. Avec ses 30 000km de côtes, le Japon est entièrement tourné vers la mer, qui, a toujours était un élément fondamental du territoire. Entre le XVIIe et le XIXe siècle, elle a joué un rôle de barrière avec le reste du monde, permettant au pays de se protéger de l’extérieur. Aujourd’hui, c’est l’inverse. C’est l’instrument de l’ouverture du Japon sur le monde.

UNE PUISSANTE FAÇADE PORTUAIRE

La mégalopole japonaise joue un rôle d’interface maritime à l’échelle de l’Asie orientale et du monde. L’archipel offre d’excellents sites portuaires. La plupart des grandes villes japonaises sont des ports. Le littoral est largement artificialisé ; des terre-pleins gagnés sur la mer rectifient les rivages des grandes baies : ils constituent des zones industrialo-portuaires. La mégalopole Japonaise constitue le premier ensemble portuaire de la planète. L’activité maritime de la mégalopole est vitale pour le Japon, car le pays manque de tout, et est très dépendant de l’extérieur et doit donc importer. Les approvisionnements en matières premières énergétiques et minérales ainsi qu’en produits agroalimentaires empruntent essentiellement les routes maritimes ; les deux filières industrielles aujourd’hui prépondérantes, l’électronique et l’automobile, sont tournées vers l’exportation, en particulier vers l’Amérique du Nord et le reste de l’Asie. Les flux commerciaux transpacifiques sont désormais plus importants que les flux transatlantiques.

TOKYO, CŒUR DU JAPON MÉGALOPOLITAIN ET VILLE MONDIALE

L’agglomération de Tokyo est un pôle de puissance politique, économique, financière et culturelle de premier ordre. Elle fournit 30 % du PIB du Japon et rassemble la majeure partie des fonctions tertiaires de haut niveau du pays. La mégapole constitue le premier pôle décisionnel du pays, tant sur les plans politique qu’économique. L’intégration de l’économie japonaise à la mondialisation fait de Tokyo une ville-monde. Tokyo suit une évolution comparable aux deux autres « villes-monde » que sont Londres et New York : élargissement du marché financier et développement de la bourse tokyote (le Kabuto-Cho); installation de sièges sociaux de grandes firmes transnationales ; augmentation des services haut de gamme. Les entreprises d’informations et de télécommunications de la « nouvelle économie » se créent massivement (dix mille en moyenne par an depuis 1999), soit un tiers de celles qui se créent au Japon. Le département de Tokyo accueille 80 % des sièges sociaux des firmes étrangères, 73 % des banques étrangères, 55 % des sièges sociaux des grandes entreprises japonaises au capital supérieur à 5 milliards de yen et un quart des étudiants universitaires. Mais Tokyo se distingue des autres villes-mondes sur plusieurs points. Bien qu’étant en progression, les investissements étrangers qui y sont réalisés sont moins importants. C’est surtout, une base pour l’exportation outre-mer. La mégapole de Tokyo poursuit sa croissance démographique et spatiale. Grâce à un solde naturel et à un solde migratoire tous deux positifs, le « Grand Tokyo » rassemble désormais un Japonais sur quatre. La couronne centrale, inférieure à 10 km de rayon, gagne des habitants. Il s’agit pour une part d’une politique volontariste de revitalisation urbaine ; les quartiers centraux associent de plus en plus les fonctions résidentielles, commerciales, récréatives aux lieux de travail. Malgré la richesse de la ville, des phénomènes de paupérisation touchent certains quartiers notamment dans les parcs ou dans des espaces délaissés de la ville. C’est la conséquence de la crise économique qui a frappé le Japon à partir de 1990 et qui a entraîné un creusement des inégalités sociales dans un pays où elles étaient restées jusque- là moins importantes qu’en Europe ou aux États-Unis. 7 - LE JAPON Mars 2014


UN ESPACE SATURÉ

L’espace plat utilisable est rare, puisque les montagnes et les coteaux souvent couverts de forêts occupent les ¾ du territoire et seul ¼ reste adapté aux activités industrielles. Le Japon possède l’espace le plus difficile de tous les pays industrialisés. Et sur ce territoire très contraignant vivent 127.3 millions d’habitants (en 2013). C’est dire que l’aménagement du territoire et la gestion de l’espace posent de redoutables problèmes. Cette surconcentration d’hommes et d’activités sur la mégalopole entraine de nombreuses nuisances : pollution très élevée, circulation saturée, prix de l’immobilier exorbitant… Prendre le métro à Tokyo est une expérience étonnante, des employés sont là pour pousser et tasser les gens à l’intérieur afin de bien remplir les rames. Un espace saturé. La baie de Tokyo est encombrée de terre-pleins et qui doit s’étendre à l’intérieur du pays ou vers le nord pour se désengorger un peu. Or la prise de conscience de ce nécessaire desserrement des activités a été tardive et les nuisances à gérer se sont accumulées.

DES EFFORTS PEU EFFICACES POUR DÉCONCENTRER LA MÉGALOPOLE

Les gouvernements japonais ont essayé de créer de nouveaux espaces industriels loin des grandes villes. En 1983, le plan Technopolis a eu pour objectif d’implanter 26 technopôles dans les zones les moins développées de la mégalopole comme la ville d’Hamamatsu, entre Tokyo et Nagoya, ou hors de la mégalopole. Des activités de haute technologie ont été notamment implantées au sud de l’île de Kyushu, désormais qualifiée de « Silicon island ». Mais le bilan est mitigé car la mégalopole concentre toujours l’essentiel de l’activité économique du pays. Plusieurs plans de déménagement de la capitale, ont été imaginés dans les années 1980 et 1990. Elle apparaît en effet saturée et polluée. L’objectif était d’installer les institutions politiques dans une ville nouvelle à environ 70 kilomètres de Tokyo. Mais, face au coût d’une telle entreprise et en raison de la présence du palais impérial à Tokyo, le projet a été provisoirement abandonné en 2000.

UN ESPACE SOUMIS À HAUTS RISQUES

Rançon du « miracle économique », la façade pacifique du Japon souffre de saturation de l’espace et de dégradation de l’environnement. Les fumées industrielles et une intense circulation automobile libèrent une grande quantité de gaz à effet de serre ; la pollution des eaux marines par eutrophisation produit des boues rouges qui menacent le milieu naturel, la pêche et l’aquaculture. La construction de terre-pleins a bouleversé milieux et paysages littoraux. La superficie agricole recule, grignotée par l’étalement urbain, les terrains industriels et les résidences périurbaines. Les risques naturels affectant la mégalopole sont redoutables. Volcans, séismes, tsunamis, typhons, inondations, ravinement frappent fréquemment l’archipel. Au cours du XXe siècle le Japon a été mortellement frappé par des séismes majeurs. Le séisme de Tokyo en 1923 a fait plus de 140 000 victimes, celui de Kôbe, en 1995, a fait plus de 6 000 victimes. Il a révélé les lacunes de l’architecture antisismique et les inégalités sociales face aux risques naturels. Et comme, le pays manque de place, on reconstruit aux même endroits jusqu’à la prochaines catastrophes.

LA MÉGALOPOLE ET LE DÉFI DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Les Japonais ont pris conscience des problèmes environnementaux résultant de l’industrialisation et de l’urbanisation et s’efforcent d’y remédier. Il est significatif qu’une conférence internationale sur le risque de réchauffement de la planète en raison des émissions de gaz à effet de serre se soit tenue à Kyoto en 1997. Les dirigeants japonais se sont montrés favorables au développement durable et ont fait voter en ce sens de nombreuses lois. Un ministère de l’Environnement a été créé en 2001 ; en 2005, s’est tenue au Japon l’Exposition universelle du développement durable. La dépollution des eaux maritimes a été engagée. En 1995, le plan « Marinovation » est élaboré par l’État pour financer les opérations de dépollution et de repeuplement de poissons dans les eaux littorales. Des plages aménagées pour le tourisme ont ainsi réapparu dans la baie de Tokyo. Une élévation du bâti a été engagée de manière à dégager de la place pour les espaces verts, les terre-pleins proches des centres abandonnent leur vocation première industrielle et sont désormais destinés à une vocation plus urbanistique : résidences, bureaux, espaces de loisirs. 8 - LE JAPON Mars 2014


Contexte historique

Selon la légende, le Japon a été créé en 660 avant JC par un descendant de la déesse du Soleil. Au Vème siècle de notre ère, la région centrale du Japon, dirigée par un empereur, impose sa domination au reste du pays. Le bouddhisme est introduit à cette époque. Au XVIe siècle, les Portugais, puis les Espagnols découvrent l’archipel, et les missionnaires catholiques s’y installent. Un siècle plus tard, après le massacre des chrétiens, le pays est fermé aux étrangers jusqu’en 1854, date à laquelle le Japon est contraint par les armes de signer un accord commercial avec les Etats-Unis. Au milieu du XIXe siècle, alors que l’Europe et les Etats-Unis s’industrialisent, le Japon demeure un Etat féodal dirigé par de puissants seigneurs (shogun) au nom de l’empereur, « dieu vivant ». A partir de 1868 (ère Meiji), les dirigeants japonais vont propulser leur pays dans la modernité. Avec l’aide d’expert occidentaux, une industrie puissante est mise sur pied, puis concédée à des sociétés privées, les puissants zaibatsu. Depuis la fin du XIXe siècle, le Japon a connu une modernisation très raide, qui fait aujourd’hui l’un des pays les plus puissants du monde sur le plan économique.

DÉRIVE MILITAIRE L’empire du Soleil Levant, désormais 1ère puissance asiatique, écrase les forces russes lors de la guerre russo-japonaise en 1905, agresse la Chine en 1937, s’allie à l’Allemagne nazie lors de la 2de guerre mondiale et occupe de nombreux territoires et pays en Asie et dans le Pacifique. Mais lorsque les Etats-Unis lâchent la première bombe atomique de l’histoire sur la ville d’Hiroshima (6 août 1945), suivit d’une seconde sur Nagasaki (9 août 1945), le pays capitule. HAUTE TECHNOLOGIE La guerre de Corée (1950-1953) a joué un rôle dans ce « miracle ». Les Etats-Unis utilisant le territoire japonais comme une base avancée, ont autorisé pour les besoins de cette guerre la reconstruction des zaibatsu dissous après la défaite en 1945. L’industrie japonaise, organisée efficacement, a vite trouvé son dynamisme et fourni des emplois à tous. Les exportations n’ont pas cessé de croître : voitures, élec9 - LE JAPON Mars 2014

tronique (télévision, chaînes hi-fi…), informatique, produits de haute technologie. LE « MIRACLE » JAPONAIS Le Japon dévasté, avait perdu ses conquêtes militaires et l’Union Soviétique s’emparait d’une partie de ses « territoires du Nord » (archipel des Kouriles). Mis au ban des nations, le pays était reconstruit sous la surveillance politique et militaire américaine. En 1964, Tokyo accueillait les Jeux Olympiques, et la croissance japonaise était qualifiée de miracle. UN PASSAGE DIFFICILE En haut du système industriel japonais, quelques conglomérats d’entreprises aux activités très modernes et très variées, liés à des banques et à des maisons de commerce. En bas, une multitude de petites entreprises leur fournissent les pièces, licenciant ou embauchant selon les besoins. Les risques du chômage étant supportés par les sous-traitants, les grandes entreprises ont longtemps pu garantir à leurs salariés un emploi à vie. Mais, dans les années 1990, la croissance économique piétinant et entrant même en récession, et nombre de sous-traitants prenant leur liberté, ont dû elles aussi licencier. DANS « L’ENTREPRISE JAPON », TOUT LE MONDE CONCOURT AU SUCCÈS Depuis 1949, le MIT (ministère du commerce extérieur et de l’industrie) aide les sociétés désireuses d’exporter. Il peut intervenir sur les tarifs douaniers, accorder des crédits, limiter les importations… Les Etats-Unis et l’Europe, jusqu’alors maîtres du jeu, ont commencé à s’inquiéter de cette économie conquérante, accuse le Japon de copier la technologie occidentale et de tricher en se protégeant des importations tout en exportant par tous les moyens. Pour déjouer les restrictions imposées à leurs exportations, les entreprises japonaises se sont délocalisées en construisant ou en rachetant des usines aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. Changement brutal de scénario en 1991, date à partir de laquelle le pays entre dans une sévère crise économique. La croissance est « en panne », la consommation intérieure chute et le pays connaît alors de graves difficultés (krach boursier, explosion de la dette). Le pays conserve toutefois des atouts exceptionnels : puissance financière, maîtrise des hautes technologies, industries très performante, grandes entreprises puissantes et innovantes. Malgré le dynamisme actuel de la Chine, Le Japon est toujours le pôle le plus puissant de la région de l’Asie Orientale et continue de dominer les autres à tout point de vue. La crise financière et économique de 1997 qui a secoué toute l’Asie a fait naître un Japon à deux vitesses, avec un nombre croissant de chômeurs et de travailleurs précaires.


Les symptômes de vingt ans de crise

Après un redressement post-Fukushima, l’économie nippone a rechuté fin 2011 et le pays peine depuis les années 1990 à sortir de la déflation. L’économie japonaise, s’est reprise après le choc du tremblement de terre et du tsunami à Fukushima en mars 2011, s’est interrompue brutalement au cours du dernier trimestre de l’année 2013 (recul du PIB de 0,6 %). Au grand étonnement de certains économistes mais ce redémarrage en est-il si surprenant ? L’économie japonaise n’est que désillusion depuis l’éclatement de la bulle des actifs du début des années 1990. Le Japon est alors plongé dans la déflation et les politiques monétaires menées ont été incapables de redresser la situation. La contre-performance japonaise, étalée sur plus de vingt ans, n’a pas empêché la Bourse nippone de connaître quelques éclaircies passagères.

DES FONDAMENTAUX DÉPRIMÉS Le PIB japonais a ainsi brutalement reculé au cours du dernier trimestre 2011. Cet échec après plusieurs mois de croissance de rattrapage d’après-séisme n’est pas si surprenant que cela. A court terme, l’économie est affectée par la crise souveraine européenne et le ralentissement mondial, qui pèsent sur le dynamisme de ses exportations. Le Japon subit également d’un déséquilibre de l’offre et de la demande d’électricité, faute au tsunami, a expliqué la Banque Nationale japonaise. Enfin, l’institution monétaire déplore toujours les effets néfastes de l’appréciation du yen que nous verrons plus en détails dans la partie monétaire. En conséquence, le Japon est de nouveau sur le fil du rasoir : l’évolution des prix est proche de zéro. Donc, on peut dire que la déflation menace à nouveau. DÉSÉQUILIBRE COMMERCIAL TEMPORAIRE Cette amélioration escomptée ne sera toutefois pas de nature à changer la dynamique car le Japon souffre de maux plus profonds. Premièrement, le vieillissement est un problème à multiples facettes. Il limite la consommation des ménages (la consommation est plus faible chez les personnes âgées) et rogne donc le taux de croissance. De plus, les dépenses de sécurité sociale se développent plus rapidement que dans les sociétés plus jeunes, comme dans les pays émergents. Le poids des dépenses de santé mais aussi les allocations de retraite augmentent, tout comme la contribution demandée aux plus jeunes générations. Enfin, ces derniers en subissent les conséquences. D’autant plus que, contrairement aux autres pays industrialisés, l’emploi à vie a encore une signification. Avec la stagnation, ce système est devenu pénalisant pour les jeunes générations (faibles embauches, absence de perspectives et d’évolution salariale). La deuxième faiblesse d’envergure est son endettement excessif. La dette publique dépasse 200 % du PIB. Jusqu’à présent, le financement n’a posé aucune difficulté grâce à un excès d’épargne domestique, à des taux d’intérêt faibles et à un taux de détention 10 - LE JAPON Mars 2014

national très élevé mais la situation empire. En 2011, le pays a connu ses premiers déficits commerciaux. Ce résultat est la conséquence d’une forte progression des importations d’énergie, pour compenser la fermeture de certaines centrales nucléaires en raison des conséquences du séisme, et de la rupture d’approvisionnement de composants après les inondations en Thaïlande qui a pesé sur les exportations nippones. Le déficit, à ce stade, est considéré comme temporaire mais, s’il s’inscrivait dans la durée, le choc pour l’économie japonaise serait dramatique. Les rendements obligataires progresseraient vivement, et rendraient insoutenable la dette publique. Un risque encore plus envisageable en situation déflationniste, car la baisse des prix accroît d’autant le niveau des taux réels, qui dépassent alors la croissance économique. Ces sombres perspectives ne doivent toutefois pas faire oublier que le Japon demeure un pays à l’industrie très développée et doté d’un haut niveau technologique, ce qui favorise un degré élevé de richesse. La solution à tous les maux du Japon serait que la banque centrale arrive enfin à mettre un terme à la déflation, qui mine le pays depuis plus de quinze ans. Elle essaie, mais sans grand succès jusqu’à présent. Schéma “Les symptômes de vingt ans de crise” ci-dessous.


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économie

& monde

Même si le Japon a été dépassé la Chine en 2010, l’économie japonaise pèse toutefois toujours très lourd dans la balance des échanges internationaux, représentant 8,5 % du PIB mondial. Le pays a réussi à surmonter la crise de 2009 et a renoué avec la croissance à partir du quatrième semestre 2009, dopée par un rebond des exportations vers la Chine et de la consommation intérieure, qui lui ont également permis de surmonter la catastrophe nucléaire de 2011 de Fukushima. Le Japon a ainsi bénéficié en 2012 d’une croissance économique d’environ 2%, un taux supérieur à nombre de pays de l’OCDE.

Situation économique et financière Le Japon, la troisième puissance économique mondiale après les États-Unis et la Chine. UNE CONSOMMATION SOUTENUE ET UNE INDUSTRIE COMPÉTITIVE

Fort d’une population de 127,8 millions d’habitants au pouvoir d’achat parmi les plus élevés au monde, certaines régions japonaises ont une taille économique équivalente à plusieurs pays du G20. Le réservoir d’épargne des ménages équivaut à trois fois le PIB et la richesse par habitant y est dix fois plus élevée qu’en Chine et deux fois plus élevée qu’en Corée. Le PIB de la région du Kanto (Tokyo) est similaire à celui du Brésil et le PIB du Kansai (Osaka) à celui du l’Indonésie.La compétitivité du Japon repose aujourd’hui sur son avance technologique, sa cohésion sociale et son intégration aux économies asiatiques. Avec 2 % de la population mondiale, le Japon représente 22 % du budget mondial de R&D, et les dépenses de R&D atteignent 3,8 % du PIB contre 2,7 % aux États-Unis et 2,1 % en France. Le séisme du 11 mars 2011 a par ailleurs révélé la dépendance de l’industrie mondiale à l’égard de certains composants japonais : microcontrôleurs, condensateurs d’aluminium, débitmètres pour moteur diesel… Il a aussi permis au Japon de porter un regard neuf sur son modèle économique et d’internationalisation. La question énergétique est placée au centre des débats, aussi bien dans le domaine public que privé. Sur le plan social, le principe de la baisse des salaires en cas de crise n’est pas contesté et le taux de chômage est de 4,3 %, soit la moitié de celui observé en moyenne dans les pays développés.

NOUVEAU REBOND DE L’ÉCONOMIE

En décembre 2012, au terme d’élections législatives partielles, Shinzo Abe est redevenu Premier ministre. Depuis le retour au pouvoir du PLD, le gouvernement japonais a adopté une politique économique de relance visant à atteindre une croissance forte en 2013 à l’aide de nombreuses réformes économiques, monétaires et budgétaires. 12 - LE JAPON Mars 2014


L’INSTRUMENTALISATION DU YEN : COURRE-T-ON À LA DÉSTABILISATION DE L’ÉCONOMIE MONDIALE ? Il a réussi ce qu’aucun dirigeant politique n’était parvenu à faire depuis le déclenchement de la grande crise japonaise, au début des années 1990, mettre au pas la banque centrale du Japon, une vieille dame de 131 ans. Désormais, elle devra acheter en quantité illimitée les titres de dette émis par le Trésor nippon. Surtout, elle a pour mission de réinjecter une bonne dose d’inflation dans une économie languissante minée par une dette publique qui culmine à 245 % du produit intérieur brut. L’objectif de l’opération est limpide : ranimer la croissance en faisant baisser le yen pour regonfler les profits des entreprises, comprimés par deux décennies de déflation. DES BANQUES CENTRALES SOUS INFLUENCE Sur le papier, rien n’a changé. Les banques centrales restent indépendantes du pouvoir politique. Dans la réalité, la ligne blanche a été franchie. Notamment au Japon : le gouvernement a mis suffisamment de pression sur les « gardiens du temple » pour obtenir une politique monétaire nettement plus accommodante. Pour une institution qui a gagné son indépendance seulement en 1998, cette remise au pas prend vite des allures de putsch. Début mars, le président de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, jugé trop mou, est remplacé par Haruhiko Kuroda, défenseur des politiques monétaires ultra-accommodantes. Les résultats de ce coup de force n’ont pas tardé depuis janvier 2013, le yen dévisse et la Bourse de Tokyo s’emballe. Reste que les conséquences de la nouvelle stratégie japonaise dépassent de loin les frontières naturelles de l’archipel. A l’image du battement d’ailes d’un papillon, capable de provoquer une tempête à l’autre bout du globe, la politique de Shinzo Abe risque de chahuter l’économie mondiale en causant une cascade d’effets pervers. Depuis octobre 2012, la devise nippone a perdu plus de 20 % de sa valeur par rapport au dollar et à l’euro. Et ce n’est sans doute qu’un début. La baisse de 1 % du yen par rapport au dollar générerait 2,7 milliards de dollars de profits supplémentaires pour les trente plus gros exportateurs nippons. Les grands perdants : les groupes coréens, malaisiens ou taïwanais. Mais aussi allemands. En effet, les industriels japonais sont de redoutables concurrents du made in Germany dans l’automobile, la machine-outil ou les produits chimiques. Sans surprise, Séoul et Berlin accusent Tokyo de raviver la guerre des monnaies. Difficile, pourtant, de blâmer l’archipel. Son insolent excédent commercial, qui faisait la force du pays dans les années 1990 a fondu. Il faut rappeler qu’en cinq ans le yen a subi une appréciation de 50 % par rapport au dollar. Le Japon a aussi beaucoup souffert de la dévaluation du won coréen. La percée extraordinaire de Samsung à partir du milieu des années 2000 et, inversement, les déboires de Sony sont di13 - LE JAPON Mars 2014

rectement liés à la manipulation du taux de change wonyen. La contre-attaque du Japon était donc logique. Reste qu’elle risque de faire tache d’huile en incitant certains pays à manipuler leur taux de change ou à instaurer des barrières commerciales. LE JEU RISQUÉ DU « YEN CARRY TRADE » Si vous ne jouez pas la baisse du yen, vous n’êtes pas un vrai trader. Le yen carry trade, le sport favori des hedge funds entre 2004 et 2008 est de retour. Son principe n’a pas changé, les investisseurs empruntent des yens à taux zéro au Japon, les vendent, et investissent dans des pays ou des secteurs, où les rendements sont plus prometteurs. Comme la devise nippone se déprécie, les gains sont amplifiés lorsqu’ils remboursent leurs prêts. Le problème? Si trop de monde s’adonne à ce jeu dangereux, la baisse du yen sera trop forte et le retour de bâton, douloureux. GLACIATIONS SINO-JAPONAISES Tensions ? Ce mot est faible pour décrire les relations entre la chine et le japon. Les deux pays sont en guerre commerciale larvée. Or le coup de force de Shinzo Abe et la dépréciation du yen vont refroidir davantage les relations déjà glaciales entre les deux géants asiatiques. Et, à ce petit jeu, tout le monde peut perdre. En représailles, la Chine pourrait décider de stopper l’appréciation de sa devise. Très tentant au moment où l’empire du Milieu cherche également à doper sa machine à exporter. Ce serait le pire scénario pour l’économie mondiale et l’industrie high-tech. L’archipel produit entre 20 et 30 % des composants nécessaires à la fabrication de l’ensemble des produits électroniques dans le monde. Et la chaîne de production de nombreux produits automobiles, tablettes ou iPad dépend de composants échangés entre la Chine et le Japon. Le conflit pourrait donc aboutir comme en 2011, après le tsunami, à une situation de pénurie mondiale pour certains composants. Pour l’instant, la nouvelle stratégie semble réussir au Japon. Reste qu’elle est très risquée. Le Japon risque de subir une baisse plus importante que prévu de sa monnaie avec, à la clé, un dérapage difficilement contrôlable de l’inflation. Les retraités pourraient y perdre leur chemise, 30 à 50 % de leurs pensions. La dépréciation du yen va aussi alourdir la facture énergétique au plus mauvais moment. Depuis la catastrophe de Fukushima et l’arrêt d’une partie du parc nucléaire, le Japon importe massivement du gaz et du charbon, ce qui plombe son déficit commercial. Au-delà de 110 yens pour 1 dollar, la baisse de la devise devient contre-productive. Si l’inflation revient, les taux d’intérêt à long terme devront s’ajuster à la hausse. Un casse-tête pour un des pays le plus endettés de la planète. Si l’Etat japonais est obligé de s’endetter à 2 %, le service de la dette absorbera, à lui seul, les trois quarts du budget annuel.


LE CHAOS SUR LE MARCHÉ OBLIGATAIRE C’est l’étape ultime de l’effet papillon : un krach obligataire généralisé. La remontée des taux d’intérêt à long terme japonais pourrait inciter les banques et les assureurs-vie nippons à vendre une partie de leurs obligations d’Etat nationales. Logique, le rendement des obligations évolue à l’inverse des cours. Lorsque les taux montent, la valeur des obligations baisse. L’ampleur des ventes est potentiellement considérable. Les banques et les compagnies d’assurances japonaises détiennent 65 % des obligations nationales.

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Certes, en cas de délestage, la Banque du Japon raflerait sans doute une bonne partie des titres pour ne pas trop déstabiliser le marché obligataire. Mais, en agissant ainsi, elle achèterait aussi moins de bons du Trésor américains. Un problème de taille pour Washington: le Japon est devenu le premier acheteur de titres américains depuis que la Chine a réduit son exposition. Sans les achats nippons, le marché obligataire américain risque d’être fragilisé, et avec lui toute l’économie du pays. On n’a pas fini de parler du coup de force de Shinzo Abe…


Politique économique et fiscale

Depuis son retour au pouvoir, M. Abe a lancé une série de réformes économiques baptisées « Abenomics » axées autour de trois principales mesures connues au Japon comme « les trois flêches » qu’il entend décocher pour remettre l’économie du pays sur pieds. La première est une augmentation de la dépense budgétaire. Ainsi, le budget 2013-2014 marque un nouveau record dans l’histoire de l’économie japonaise en atteignant le chiffre de 92 612 milliards de yens ce qui porte le niveau de la dette japonaise, presque entièrement détenue par les épargnants japonais, à 245 % du PIB fin 2013. Les conséquences du séisme du 11 mars 2011 ont contraint le Japon à repousser la mesure de baisse du taux de l’impôt sur les sociétés de 5 points à 35 % qui aurait pu encourager les investissements directs à l’étranger. Toutefois, le gouvernement a lancé un programme de subventions couvrant jusqu’à la moitié du montant du projet d’investissement pour les entreprises étrangères qui souhaiteraient implanter leur siège administratif ou ouvrir un centre R&D à dimension régionale dans l’archipel.

Le deuxième volet de ces mesures consiste en un assouplissement monétaire s’inscrivant dans un contexte de forte baisse du yen depuis la fin 2012. L’objectif de 2 % d’inflation pour 2013 a été avancé. Finalement, le dernier volet souhaite favoriser l’adoption de politiques structurelles de relance telles qu’une plus grande intégration du Japon dans la mondialisation par l’ouverture de son marché intérieur.

Accords politiques multilatéraux

Constituant traditionnellement un acteur important des négociations commerciales multilatérales, il a cependant perdu une partie de son influence depuis l’engagement du cycle de Doha. Ses intérêts sont principalement défensifs et ont trait à la protection de son agriculture.Le Japon s’est engagé le 14 mars 2013 dans les négociations du Partenariat transpacifique (TPP). Soutenu par les États-Unis, le TPP vise à établir une zone de libre-échange entre les pays de la zone pacifique. Rassemblant près de 800 millions de consommateurs et représentant 40 % de l’économie mondiale, cette région pourrait devenir la plus grande zone de libre-échange du monde, devant l’Union européenne (UE). Le TPP permettrait au Japon de porter la part des échanges couverts par un accord de partenariat économique à 35 %. Enfin engagé dans la négociation d’un accord de partenariat économique avec l’UE. Le Japon et l’UE sont entrés dans une importante phase de négociations visant le démantèlement ou l’abaissement de barrières tarifaires et non-tarifaires. Ensemble, le Japon et l’UE représenteraient environ 30 % de l’économie mondiale et 40 % du commerce mondial. Même si les négociations s’annoncent longues, Japonais et Européens les jugent absolument nécessaires et porteuses, à terme, de croissance. 15 - LE JAPON Mars 2014


Commerce extérieur Le déficit commercial du Japon s’est dégradé en 2012, à 68 milliards d’euros (1,5 point de PIB), soit un niveau trois fois supérieur à celui de 2011. Les exportations (- 3 %) sont affectées par le ralentissement de la croissance mondiale et l’appréciation du yen jusqu’en septembre 2012. Les importations (+ 4 %) continuent de progresser du fait d’une demande accrue en pétrole et surtout en gaz naturel liquéfié (GNL), utilisé pour l’alimentation des centrales thermiques dans un contexte d’arrêt de la quasi-totalité des réacteurs nucléaires au Japon. La Chine reste le principal client et fournisseur du Japon, comptant pour 1/5e de ses échanges totaux, mais le poids des États-Unis s’est renforcé. Les exportations japonaises devraient progresser en 2013, compte tenu surtout de la dépréciation du yen (- 24 % par rapport au dollar et de - 15 % par rapport à l’euro depuis septembre 2012). Cependant, la dépendance structurelle du Japon aux importations énergétiques reste forte, et le nombre de réacteurs nucléaires concernés par un redémarrage devrait être très limité, de sorte que les importations japonaises devraient rester sur leur tendance haussière en 2013. Au total, le gouvernement prévoit une augmentation relativement contenue du déficit commercial en 2013. Les chiffres du premier trimestre 2013 confirment ces prévisions, avec une augmentation du déficit de 26 % par rapport au quatrième trimestre 2012 (données corrigées des variations saisonnières). Le commerce international est un élément essentiel de l’économie japonaise, mais le pays est assez peu ouvert et impose des barrières non-tarifaires extensives, en particulier dans le secteur agricole. Le Japon est le 4ème importateur et exportateur mondial de marchandises (2011) et le commerce représente environ 30% du PIB japonais. Structurellement très excédentaire, la balance commerciale du Japon affiche un déficit depuis 2011: les exportation ont chuté sous l’effet du ralentissement mondial, de l’interruption de la chaîne de l’offre en Thaïlande suite aux inondations et des risques avérés de contamination de la chaîne alimentaire suite à la catastrophe nucléaire. Quant aux importations, elles ont augmenté du fait des achats liés à la production énergétique. En 2012, le déficit a atteint le niveau record de 78 milliards USD. Les principaux partenaires commerciaux du Japon sont les Etats-Unis, la Chine, l’Asie du Sud-est, l’Arabie Saoudite.

LA CROISSANCE ATTEINT 1,6% EN 2013, LA REPRISE INQUIÈTE

La croissance du Japon s’est limitée à 1,6% en 2013 à cause d’une fin d’année en demi-teinte malgré les “Abenomics”, ce qui nourrit les craintes pour la reprise avant la hausse d’une taxe sur la consommation. Il s’agit certes du meilleur résultat obtenu par la troisième puissance économique mondiale depuis trois ans, mais un début d’année en fanfare grâce à une robuste consommation des ménages avait laissé espérer davantage. Le produit intérieur brut (PIB) du Japon avait progressé de 1,4% en 2012, après un recul de 0,5% en 2011. La mise en oeuvre d’une nouvelle politique de relance par le Premier ministre de droite Shinzo Abe, revenu au pouvoir en décembre 2012, a dopé le moral des ménages, des entrepreneurs et des investisseurs dès le début 2013, contribuant à attirer l’attention à l’étranger sur cette expérience économique originale surnommée “Abenomics”. M. Abe a engagé des dépenses budgétaires pour soutenir l’activité (l’équivalent de 70 milliards d’euros en 2013 puis 35 milliards supplémentaires début 2014) et poussé la Banque du Japon à assouplir sa politique monétaire pour en finir avec la déflation. Ces mesures ont fait plonger le yen au bonheur des grandes entreprises exportatrices japonaises. M. Abe a promis en outre une série de réformes structurelles pour doper le potentiel économique. Mais la croissance, qui a dépassé 4% en rythme annualisé au premier semestre, a nettement ralenti au second. Le gouvernement a annoncé lundi qu’au quatrième trimestre, elle avait atteint 1% en rythme annualisé (0,3% d’un trimestre sur l’autre), restant dans les mêmes eaux qu’au troisième. Les économistes qui s’attendaient à mieux n’ont pas caché leur déception: le cercle vertueux d’un yen affaibli entraînant un bond des exportations et de la consommation “ne s’est pas encore concrétisé”, a regretté Yoshiki Shinke, de l’Institut de recherche Dai-ichi Life. La consommation ne s’est pas si mal tenue pourtant, soutenue par des achats de clients qui ont anticipé la hausse d’une taxe sur la consommation de 3 points, à 8%, au 1er avril 2013. L’augmentation attendue de cet équivalent de la TVA française a ainsi poussé certains à avancer l’acquisition d’une voiture neuve.

LA CLÉ DES SALAIRES

Les investissements des entreprises et dans l’immobilier ont aussi grimpé, mais ceux des pouvoirs publics ont moins contribué à la croissance, à mesure que s’épuisaient les fonds du premier plan de relance de M. Abe et avant les dépenses du deuxième. “La grosse déception du quatrième trimestre provient du commerce extérieur (...). Les exportations ont augmenté mais les importations ont accéléré encore davantage”, a pointé Marcel Thieliant de Capital Economics. Le Japon doit acheter davantage d’hydrocarbures depuis trois ans pour compenser l’arrêt de ses réacteurs nucléaires après l’accident de Fukushima. Les entreprises nippones produisent aussi beaucoup à l’étranger. Un rebond plus fort des exportations en 2014 pourrait être nécessaire à la reprise nippone, mais ce phénomène est par nature dépendant de la conjoncture internationale. 16 - LE JAPON Mars 2014


Sur le plan strictement intérieur, la consommation des ménages doit encore s’intensifier au premier trimestre juste avant la hausse de taxe du 1er avril, qui doit permettre de mieux maîtriser une dette publique japonaise atteignant des niveaux inédits parmi les pays développés. Mais un contrecoup est craint dès le deuxième trimestre: les consommateurs ayant acheté par avance risquent de garder leur portefeuille dans la poche après le 1er avril, d’autant que leur pouvoir d’achat entamé d’un bout par la hausse de la pression fiscale sera grignoté de l’autre par un retour de l’inflation. Une hausse des salaires est dès lors jugée cruciale pour empêcher un déraillement de la reprise. Conscient du risque, le gouvernement multiplie les appels du pied au patronat pour qu’il se montre généreux lors des “négociations de printemps” avec les syndicats et M. Abe s’est dit certain au Parlement que les rémunérations allaient augmenter.

LA TENDANCE DU COMMERCE EXTERIEUR POUR 2014 Dans ses nouvelles prévisions, qu’elle réalise deux fois par an, la Banque mondiale table à la fois sur une consolidation de la reprise aux États-Unis, en Europe et au Japon, autrement dit dans les pays riches, et sur un renforcement de la croissance des économies émergentes. La croissance de l’économie mondiale devrait s’accélérer cette année pour atteindre 3,2 %, contre 2,4 % en 2013, et se renforcer à nouveau les deux années suivantes pour s’établir à 3,4 % en 2015 puis 3,5 % en 2016. Le principal moteur de l’expansion mondiale sera le commerce international qui constituera «un accélérateur important», selon l’expression d’Andrew Burns, l’économiste de la Banque mondiale, responsable des prévisions. Le fait générateur majeur est en effet la reprise qui va s’intensifier aux États-Unis (2,8 % en 2014), se poursuivre au Japon (1,4 %), alors que la zone euro dont le PIB a reculé de 0,4 % l’an dernier devrait enfin renouer avec la croissance (1,1 % cette année, puis 1,4 % en 2015).

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Les secteurs porteurs Le Japon est une économie très développée, hautement concurrentielle et sophistiquée. Il peut constituer un relais de développement remarquable pour les PME françaises qui l’abordent pour la première fois, compte tenu de l’ampleur de ce marché de 127,8 millions de consommateurs. Le marché japonais comporte de nombreuses opportunités d’autant que la France bénéficie au Japon d’une image toujours très positive dans les domaines de la mode, de la gastronomie et de l’art de vivre, mais également d’une reconnaissance croissante dans les domaines industriel et technologique, où les entreprises françaises peuvent apporter une réelle valeur ajoutée. Les secteurs porteurs au Japon sont : • La santé (biotechnologies, nutrition, robotique, aide à la personne) est en plein essor avec le vieillissement de la population japonaise. • Les matériaux innovants (bio-plastiques, bio-polymères, fibres organiques, matériaux composites, etc.) sont un enjeu majeur dans un pays ou la problématique énergétique et environnementale sont clés. • Le secteur des TIC (jeux en ligne & en réseaux, applications smartphones, transmission de données) est fondamental dans un pays caractérisé par son avance technologique importante (3G déployée dès 2001) et par la diversité des réseaux de communications disponibles (LTE, WIMAX, PHS, WIFI…). Le marché des produits cosmétiques au Japon constitue un secteur porteur. La France est le premier exportateur de produits cosmétiques suivi des États-Unis. Les importations représentaient, en 2009, 223 milliards de yens en baisse sensible par rapport à l’année précédente. Les exportations françaises vers le Japon sont de 52 milliards de yens. On notera pour ce secteur l’intérêt croissant des consommateurs pour les cosmétiques naturels, et pour les dermocosmétiques. Enfin, le marché des soins pour hommes constitue une opportunité nouvelle de croissance dans un marché féminin très mature. Le marché des TIC tire toujours la croissance japonaise et reste le premier secteur industriel au Japon en part de PIB en croissance régulière depuis 1996. Ce secteur très fortement concurrentiel, porté par l’innovation, représentait un PIB sectoriel de 125 700 milliards de yen. Le marché du commerce électronique, sur ordinateur sur tablette ou sur téléphone mobile se dégage particulièrement comme un secteur à fort potentiel. Il est à noter que l’industrie des logiciels informatiques bénéficie également depuis plusieurs années d’une conjoncture favorable. Ce marché en pleine croissance et longtemps dominé par l’offre américaine laisse de plus en plus d’opportunités aux fournisseurs français. On constate en effet l’émergence d’une véritable demande en produits innovants de niche (e-business, sécurité, applications spécialisées…) sur le marché nippon. Le Japon n’a que très peu de ressources naturelles (quelques dépôts d’or, de magnésium, de charbon et d’argent), et dépend donc de l’extérieur pour se fournir en matières premières et en énergies. Détenteur d’un vaste domaine maritime, le pays est un des premiers producteurs de produits halieutiques. Seul 15% de la surface du pays est cultivable. Le thé et le riz sont les deux principales récoltes. Le secteur de l’agriculture est hautement subventionné et protégé. Le secteur ne contribue que de manière minime au PNB et emploie moins de 4% de la population active. Le secteur industriel est très diversifié, et recouvre tant les produits de base (acier, papier) que des produits de technologie de pointe. Le Japon domine ainsi les secteurs de l’automobile, la robotique, les biotechnologies, les nanotechnologies, les énergies renouvelables. C’est le second producteur mondial de voitures et de bateaux. Le secteur industriel contribue pour près de 30% au PNB. Le secteur des services compte pour plus de 70% du PIB et emploie près de 70% de la population active. 18 - LE JAPON Mars 2014


Les investissements Depuis 2007, la tendance à la contraction des flux d’investissements directs étrangers entrants au Japon s’est poursuivie avec des flux négatifs en 2011 pour la seconde année consécutive du fait de l’appréciation du yen, de la situation économique mondiale et des conséquences du séisme du 11 mars 2011. Le Japon reste relativement peu ouvert aux IDE comparativement aux autres pays du G7. Les flux en provenance de France augmentent par rapport à 2010, ce qui conforte la troisième position de notre pays en stock (9 % du total), derrière les États-Unis et les Pays-Bas. Le stock français se concentre principalement sur les secteurs des transports (56 %) et de la finance (36 %). L’appréciation du yen et la trésorerie importante des entreprises japonaises ont permis

au pays de devenir la deuxième source d’investissements directs à l’étranger (IDE) en 2011, derrière les États-Unis. Cette tendance s’est confirmée en 2012, comme le montrent les opérations de fusion-acquisition japonaises qui ont atteint un point haut. Les pays asiatiques et occidentaux bénéficient globalement à parts égales de cette vague d’investissements japonais. En stock d’IDE sortants, le Japon demeure le 6e investisseur mondial à fin 2011, avec une prépondérance pour les pays occidentaux. La France est, quant à elle, la 13e destination des investissements créateurs d’emploi en provenance du Japon, accueillant principalement des projets liés à l’automobile, l’électronique et l’agroalimentaire. Le Japon est, de loin, le premier investisseur asiatique en France.

Le niveau élevé du yen en 2012 et la trésorerie importante des entreprises japonaises ont soutenu la progression de 12% des flux d’investissements directs étrangers (IDE) en provenance du Japon dans le monde, à 122 Milliards de dollars. Ce résultat confirme le Japon comme une des principales sources d’IDE dans le monde. Cette tendance est confirmée par les opérations de fusions-acquisitions japonaises qui ont atteint un point haut. L’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe bénéficient à parts à peu près égales de cette vague d’investissements japonais. En termes de stock d’IDE sortant, la principale destination des investissements japonais reste les pays occidentaux. La France est la 6e destination mondiale des investissements créateurs d’emploi en provenance du Japon en 2012 (2e destination européenne), accueillant sur le long terme principalement des projets liés à l’automobile, l’électronique et l’agroalimentaire.

tantes réserves de trésorerie par les entreprises japonaises ont soutenu les flux d’IDE sortants japonais. S’agissant notamment du taux de change, le dollar s’échangeait en moyenne contre 80 yens en 2012 (stable par rapport à 2011), et l’euro contre 102 yens (+8%).

L’INVESTISSEMENT DIRECT JAPONAIS DANS LE MONDE, EN HAUSSE DE 12% À 122 MILLIARDS DE DOLLARS EN 2012, ATTEINT UN PLUS HAUT EN QUATRE ANS. Le niveau élevé du yen en 2012 et l’accumulation d’impor19 - LE JAPON Mars 2014

L’Amérique du Nord, l’Asie et l’Europe bénéficient à parts à peu près égales de cette vague d’investissements japonais. Ces trois destinations représentent au total 80% des flux d’IDE japonais en 2012 (29% vers l’Amérique du Nord, 27% vers l’Asie et 25% vers l’Europe ; les flux vers la France représentent 2% du total, contre 0,1% 2011). Les principaux secteurs où le Japon a investi à l’étranger en 2012 sont les services (60% du total, notamment les services liés aux extractions minières – du fait des craintes autour de l’approvisionnement du Japon en matières premières notamment les métaux rares et le gaz naturel liquéfié –, la distribution et la finance/assurance), et dans une moindre mesure le secteur manufacturier (40% du total, notamment le transport, les machines et la chimie/pharmacie).


En termes de stock d’IDE sortant à fin 2011, la principale destination reste les pays occidentaux. Les Etats-Unis demeurent la première destination des stocks d’IDE japonais (30% du total) mais connaissent une baisse continue depuis 2007 (-3 points) au profit de l’Asie (+3 points à 27%). Les investissements japonais dans les pays asiatiques ont une forte composante industrielle (65%). L’Asie se positionne depuis 2009 devant l’Europe, où le stock d’IDE japonais est resté stable depuis 2008 à 23% du stock total d’IDE sortants. Au total, le stock d’IDE japonais sortant représente 16% du PIB japonais. LES OPÉRATIONS DE FUSIONS-ACQUISITIONS JAPONAISES ONT ÉGALEMENT ATTEINT UN POINT HAUT TANT EN VOLUME QU’EN VALEUR. Le nombre d’opérations de fusions-acquisitions lancées sur les 9 premiers mois de 2012 par des sociétés japonaises sur des entités étrangères a augmenté de 7% en glissement annuel à 364 opérations, pour un montant de 50 Mds €. Il faut remonter à 1990 pour trouver une performance similaire (359 opérations). Les principaux secteurs dans le cas des fusions-acquisitions sont les mêmes que dans le cas des flux

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d’IDE : industrie minière, finance/assurance, équipements de transport, chimie/pharmacie… En nombre d’opérations, l’Asie est la principale destination des opérations de fusions-acquisitions. Un total de 126 fusions-acquisitions sont réalisées entre janvier et septembre 2012, soit 35% du total. La part des opérations en valeur en Asie reste cependant faible, à 4% du total. Plusieurs projets témoignent de cet intérêt croissant pour l’Asie. En valeur, ce sont les Etats-Unis puis l’Europe qui concentrent les opérations de fusions-acquisitions. Aux Etats-Unis, un total de 119 opérations japonaises a été finalisé, représentant 33% des parts en volume et 50% en valeur. L’Europe a totalisé 77 opérations entre janvier et septembre 2012 pour un montant de 15 Mds €, soit 21% du total en volume et 29% en valeur. En 2012, la France est le 6e pays de destination des investissements créateurs d’emploi en provenance du Japon (2e destination européenne), accueillant 21% des projets de ce pays dirigés vers l’Europe. En termes de stock d’IDE entrant en France à fin 2011, le Japon se place au 11e rang des pays investisseurs (1er asiatique) derrière les Etats-Unis.



SWOT analysis


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Les forces du Japon ECONOMIQUE ET FINANCES

L’économie du Japon est le troisième plus grand au monde par le PIB nominal, la quatrième plus grande par parité de pouvoir de production, la deuxième économie la plus développée et la plus grande du monde économique. Selon le Fonds monétaire international. Le PIB par habitant du pays était à $ 35,855 ou le 22ème le plus élevé en 2012. Un des membre du Groupe des Huit. L’économie japonaise est prévue par l’enquête trimestrielle Tankan de confiance des entreprises menée par la Banque du Japon. C’est au monde le troisième plus grand pays de l’industrie automobile, et à la plus grande industrie de produits électroniques. Il est souvent classé parmi les pays les plus innovants au monde menant à plusieurs dépôts de brevets mondiaux. Face à la concurrence croissante de la Chine et la Corée du Sud, la fabrication au Japon aujourd’hui se concentre principalement sur la haute technologie et de qualité des marchandises, comme des instruments d’optique, véhicules hybrides, et la robotique. À côté de la région de Kanto, le Kansai est une région avec un des principaux pôles industriels et un centre de fabrication pour l’économie japonaise. Le Japon est le plus grand créancier-nation du monde, fonctionnant avec un excédent commercial annuel et ayant un excédent considérable des investissements internationaux. En 2010, le Japon possède 13,7% des actifs privés dans le monde des actifs financiers (le 2ème plus grand dans le monde) à un montant estimé à $ 14,6 trillions. En 2013, 62 des « Fortune Global » 500 sociétés sont basées au Japon. 23 - LE JAPON Mars 2014

L’«Abenomics», la politique de relance économique, savant mélange de dépenses publiques et de souplesse monétaire, continuera d’être menée tambour battant en espérant réussir à mettre fin à quinze ans de déflation. Pour Shinzo Abe : « un pays qui a abandonné la croissance n’a pas d’avenir. Je veux une économie forte qui soit vraiment ressentie comme telle». Après de nombreuses mesures, les fortunes économiques du Japon ont été retrouvées. La bourse de Tokyo a bondie d’environ 65% depuis l’automne 2013. Au deuxième trimestre, l’économie a crû de 3,8%, ce qui est plus rapide que les autres économies développées. Enfin, les prix montent légèrement vers le haut, une bonne chose pour le pays.

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ALLIE DES ETATS-UNIS

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UNE POPULATION QUI TRAVAILLE DURE

Le Japon et les États-Unis ont une longue relation de coopération qui remonte à la Seconde Guerre mondiale. Cette coopération protège Japon contre les menaces militaires dans la région. Le Japon est en mesure d’investir de l’argent destiné à l’armée dans d’autres moyens de production qui aident à soutenir l’économie.

Le Japon a des centaines de personnes qui travaillent le plus dur dans le monde et la vie professionnelle passe généralement avant la famille. Traditionnellement, les Japonais ne réclament pas une rémunération pour les heures supplémentaires. La relation entre le salarié et son entreprise est très forte. La règle consiste à rester plus tard que son chef même si l’on n’a plus rien à faire. Et il est bien vu d’arriver aussi plus tôt.


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LA BIOTECHNOLOGIE La biotechnologie est en train de devenir une force.

Un marché en croissance : le marché de la santé et des biotechnologies au Japon a atteint 880 milliards d’euros en 2012. Il s’agit du 2ème marché au monde dans ce domaine. Le nombre d’applications liées aux bio-médicaments, à la médecine régénérative, aux thérapies géniques ainsi qu’aux aliments fonctionnels est en croissance continue depuis l’ouverture du programme de clusters industriels lancé au Japon il y a 10 ans. Le besoin incessant de nouveau matériel médical dans les domaines de l’imagerie diagnostique, des systèmes de mesure et de contrôle des fonctions vitales (monitoring), des dialyseurs et endoscopes, crée une demande à laquelle les entreprises japonaises apportent une réponse technologique mais qu’elles ne comblent encore qu’à hauteur de 35%. Les tendances du secteur : • La demande de produits occidentaux, en matière de santé, augmente à mesure que la déréglementation se poursuit. Depuis 2005, les ventes de produits étrangers ont augmenté de 50%. • Les Japonais sont les premiers consommateurs mondiaux d’« aliments santé » (aliments fonctionnels, nutraceutiques…) qui représentent aujourd’hui un marché de 19 milliards d’euros. • C’est le deuxième pays au monde à déposer le plus de brevets biotechnologiques après les États-Unis. • L’engouement pour la robotique d’assistance est réel. Ce marché est voué à se développer considérablement ces prochaines années. 24 - LE JAPON Mars 2014

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L’INDUSTRIE AUTOMOBILE

L’industrie automobile du Japon est finalement sa plus grande force. Il joue un rôle majeur dans l’économie globale. Selon l’Organisation japonaise du commerce extérieur, « la production liée à l’automobile du Japon intérieure totale était un montant de 370 milliards » qui s’élève à plus de 13,4% de la production manufacturière totale annuelle. En plus de cela, les entreprises liées à l’automobile fournissent un sur dix emplois dans le pays. Une grande partie de la force de travail du Japon dépend de l’industrie automobile.


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LES GRANDS PATRONS OPTIMISTES

Environ 90% des grands patrons nippons estiment que l’économie japonaise va mieux, donnant un satisfecit à la politique dite “Abenomics” du premier ministre, a révélé une enquête trimestrielle publiée le 23/06/2013 par le journal économique Nikkei. De ce fait, les mêmes décideurs se disent davantage enclins à investir pour la prospérité de leur entreprise. Selon le quotidien du milieux d’affaires, sur les quelque 150 dirigeants de grandes firmes interrogés, 90,5% (contre 68% en mars 2013) jugent que la conjoncture s’améliore, grâce à une augmentation de la consommation des particuliers (80%) et à une embellie à l’extérieur (63%), particulièrement aux États-Unis (90%). Les 9,5% restants pensent que l’activité économique stagne, mais aucun ne considère que la situation s’aggrave. Neuf patrons sur dix apprécient la politique conduite depuis six mois par le gouvernement du Premier ministre de droite Abe afin d’en finir avec le manque de dynamisme et la déflation qui caractérisent l’économie nippone depuis une quinzaine d’années. Shinzo Abe a notamment lancé “trois flèches” : des largesses budgétaires, une plus grande souplesse monétaire (via la banque centrale du Japon) et un paquet de mesures de croissance. Ce qu’attendent en priorité du gouvernement de droite les entrepreneurs : plus d’allègements réglementaires et une baisse des impôts sur les sociétés. Ce qu’ils envisagent de faire avec l’argent gagné par leur entreprise (par ordre décroissant non exhaustif) investir en biens d’équipement, acquérir des sociétés et élever les budgets de recherche et développement. Cet optimisme inhabituel des patrons découle notamment d’une amélioration des conditions sur les marchés, avec une baisse importante du yen, dont la vigueur handicapait leurs affaires depuis 2009, et une remontée concomitante des actions à la Bourse de Tokyo, le tout se conjuguant à une propension plus importante des citoyens à dépenser.

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SYSTEME MONDIAL DE L’EDUCATION

La clé économique est le succès de son éducation. Leur système d’éducation a joué un rôle majeur pour permettre au pays de relever les défis posés par la nécessité de comprendre rapidement les idées occidentales, la science et la technologie. Ce pays a l’un des niveaux les plus élevés en éducation et l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés dans le monde. Environ 93% des enfants entre à l’école secondaire et universitaire. Avec un taux à plus de 40% en 2000, le Japon a presque l’un des plus hauts taux universitaires de scolarisation dans le monde développé et un grand nombre d’universités privées au service de la population. 25 - LE JAPON Mars 2014

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UNE POPULATION SOPHISTIQUEE AVEC UN HAUT POUVOIR D’ACHAT

Des consommateurs exigeants au pouvoir d’achat élevé aident le Japon à se remettre avec les nouvelles tendances et utilisent les dernières technologies. Ces clients apprécient articles à la mode qui permettent d’acheter des produits de luxe et ils utilisent leurs profits et les connaissances du marché des consommateurs japonais à étendre au niveau mondial. Les entreprises de technologie vendent leur technologie, leurs produits à des prix élevés à des clients japonais, qui permet à l’ensemble du pays d’utiliser les dernières technologies. La technologie a une corrélation importante avec la productivité, de sorte, qu’un pays utilise plus de technologies, pour que leur productivité augmente.

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LES ENTREPRENEURS

Shinzo Abe donne un nouvel espoir aux entrepreneurs. Les hommes d’affaires nippons investissent trop à l’étranger, et pas assez dans l’Archipel. Il va devoir aussi relancer les entreprises nippones pour qu’elles jouent vraiment le jeu de la carte nippone. De plus en plus nombreux sont les responsables dans l’entourage du premier ministre qui les critiquent pour ne plus investir dans l’Archipel. La demande de prêts et l’investissement des entreprises sont également en augmentation.


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SYSTEME DE SOINS DE SANTE UNIVERSEL

Dans le système de soins de santé universel, des services de soins de santé, y compris des examens gratuits de dépistage des maladies particulières, les soins prénatals et contrôle des maladies infectieuses, sont fournis par les gouvernements nationaux et locaux. Ce paiement des services médicaux personnels est offert grâce à un système d’assurance de soins de santé universel qui fournit une relative égalité d’accès, avec des frais fixés par une commission gouvernementale. Les personnes sans assurance couverte par les employeurs peuvent participer à un programme d’assurance-maladie national administré par les gouvernements locaux. Depuis 1973, toutes les personnes âgées sont couvertes par l’assurance parrainée par le gouvernement. Les patients sont libres de sélectionner les médecins ou les établissements de leur choix. Les hôpitaux, par la loi, doivent être exécutés à but non lucratif et gérés par des médecins. Les sociétés à but lucratif ne sont pas autorisées. Aujourd’hui, le système de santé universel du Japon est en cours de réorganisation par l’actuel premier ministre.

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INFLUENCE CULTURELLE

Instrument d’influence majeur de l’archipel à l’étranger, sa culture est haute en couleur. : mangas, films d’animation, jeux vidéo, cuisine, littérature, etc. Le monde entier en est fan. Malgré une volonté affichée de s’affranchir de l’influence américaine, la diplomatie japonaise reste encore hésitante. La crise économique a eu pour effet de réduire sensiblement les enveloppes destinées à l’aide au développement. L’insuffisance de moyens financiers et la relative faiblesse de son influence diplomatique ont donc poussé les autorités japonaises à utiliser une autre arme, celle de la culture populaire. Une initiative lancée dès 2002 par le Premier ministre de l’époque, Jun’ichiro Koizumi. Il s’agissait de renforcer ou de promouvoir la présence des biens culturels nippons dans le monde, afin qu’ils contribuent à donner une image positive du pays. Au sein du ministère de l’Économie et de l’Industrie, il existe désormais un département chargé de la promotion de l’industrie du contenu et le ministère des Affaires étrangères organise chaque année un Prix international du manga. Aujourd’hui, le résultat est concluant. Si l’on en croit le sondage international réalisé chaque année par BBC World Service sur la perception des États dans le monde, le Japon figure au premier rang des pays dont l’influence est ressentie comme la plus positive. Aujourd’hui, les personnages de mangas ou de films d’animation sont devenus les ambassadeurs du Japon. En attendant, le gouvernement japonais accompagne le mouvement. Le Premier ministre Shinzo Abe a rappelé sa volonté que la culture reste un instrument d’influence de première importance pour le pays.

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Les faiblesses du Japon ECONOMIQUE ET FINANCES

Shinzo Abe va devoir lancer des réformes impopulaires, comme la remise à plat du secteur agricole et la hausse de la TVA, qui doit passer de 5 % à 10 % dès que le «rebond sera tangible et durable». Baisse du yen Un rapport de la Banque du Japon évalue à plus de 2200 milliards de dollars (l’équivalent de la moitié du PIB japonais) les fonds détenus par Toyota, Mitsubishi ou Sony qui dorment dans les banques au Japon et ailleurs sans être réinjectés dans l’économie. Lorsqu’elles investissent, ces firmes le font à l’étranger. En 2013, l’investissement direct japonais dans le monde a bondi de 12 %, à 122 milliards de dollars, son niveau le plus haut depuis quatre ans. L’argent nippon est allé pour 29 % vers l’Amérique du Nord, 27 % vers l’Asie et 25 % vers l’Europe. Dans la foulée, les fusions-acquisitions ont augmenté de 7 % en valeur, dont 50 % aux États-Unis et 29 % en Europe. La baisse du yen vis-à-vis du dollar et de l’euro les incite à continuer. Pourtant, 60 % des machines et des équipements installés au Japon par les entreprises nipponnes ont plus de dix ans d’âge. C’est pourquoi, sans les attaquer de front, les pouvoirs publics commencent à reprocher ouvertement aux hommes d’affaires de ne pas s’impliquer assez dans l’«Abenomics» et de ne pas investir comme elles le devraient dans l’Archipel. Le gouvernement a besoin de ses entreprises pour créer des emplois, restaurer la confiance et relancer la consommation. C’est à cette condition que Shinzo Abe réussira son pari de retrouver une inflation à 2 % le plus tôt possible.

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L’ambiance à Tokyo entre les hommes d’affaires et les économistes reste en équilibre précaire entre l’enthousiasme pour la relance monétaire et budgétaire déclenchée par le Premier ministre et l’inquiétude que promu des réformes structurelles pourraient ne pas être mises en œuvre. Le déficit budgétaire Un déficit budgétaire diminue la capacité d’un gouvernement à augmenter les dépenses pour stimuler l’économie, augmentant la dette nationale et le coût de l’emprunt. Pour combler un déficit, le gouvernement devra diminuer les dépenses, augmenter les impôts, ce qui va nuire à l’économie.


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FAIBLE COÛT DU CAPITAL

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LA DEPENDANCE SUR LES EXPORTATION

Les institutions gouvernementales du Japon ont distribué de l’argent pour essayer de revitaliser les entreprises en difficulté. Ces paiements aux taux d’intérêt faibles conduisent à un faible coût du capital, mais cela est mauvais pour les entreprises qui continuent de fonctionner comme des zombies. Ils ne se développent pas ou n’innovent pas, ils ont pour la plupart du mal à rester en vie.

La dépendance du Japon à l’exportation pourrait causer de nombreux problèmes économiques, parce que les recettes d’exportation sont très volatiles. Ils sont également soumis à une énorme concurrence internationale, ce qui signifie qu’ils pourraient facilement perdre à la concurrence de la Chine ou des lieux à faibles frais dans le monde entier. Les exportations dépendent aussi de la valeur des devises, qui changent très rapidement.

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LES ENTREPRENEURS

Le Japon crée de nouvelles entreprises à la moitié du taux des États-Unis; par conséquent, le nombre d’entreprises est en baisse et le Japon se classe au dernier rang parmi 24 pays développés dans son niveau d’activité entrepreneuriale. Le pays a également besoin de réformes de gouvernance d’entreprise, comme les conseils forts pour forcer le changement aux turgescentes grandes sociétés.

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LE PORTEFEUILLE BANCAIRE

Les banques des Etats peuvent acheter des parts des pays dans leur territoire d’origine pour spéculer sur les cours des actions ou établir une relation plus forte avec un client. Ces relations sont bénéfiques à la banque lorsque les prix des actions augmentent, mais peuvent lui nuire où les prix des parts tombent. Les banques profitent en prêtant de l’argent et l’économie repose sur le crédit bancaire. Une diminution du crédit bancaire est une restriction sur l’argent qui coule à travers l’économie, par conséquent, l’économie diminue car il y a moins d’argent. Si l’économie diminue, alors généralement, les cours boursiers diminuent également. Lorsque les banques détiennent des actions dans d’autres sociétés et lorsque ces actions deviennent moins précieuses, les banques ont moins d’argent à prêter, ce qui limite encore l’économie et provoque la baisse du prix des actions. Lorsque les banques détiennent des actions dans d’autres sociétés au cours d’une récession économique, cela conduit les banques à restreindre les prêts au moment où l’économie a le plus besoin de prêts. C’est pourquoi de nombreux pays développés limitent les actions détenues par la banque.


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LONGUE DUREE DE VIE

La population japonaise a probablement la plus longue espérance de vie partout dans le monde. Des statistiques impressionnantes ont été enregistrées, où l’espérance de vie a considérablement augmenté dans les 80 dernières années. En 1935, l’espérance de vie était d’environ 45 ans. En 1950, il était de 60 ans. Aujourd’hui, il est de 85 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes. Les femmes japonaises vivent, en moyenne, plus de cinq ans de plus que ceux des ÉtatsUnis. Les hommes japonais ont plus de quatre ans sur ceux de l’Amérique. Le nombre de centenaires au Japon a doublé au cours des cinq dernières années et se situe maintenant à un peu plus de 20.000 personnes. L’allongement de l’espérance de vie et le taux de fécondité faible ont contribués au vieillissement de la population, avec la dernière cause qui a été dominante. La baisse de la fécondité diminue d’abord la dépendance sur les jeunes adultes en âge de travailler, ce qui augmente les possibilités de consommation. Au fil du

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LES FEMMES MANAGER

Seulement 8 % des managers sont des femmes au Japon, tandis qu’elles sont 40 % en Amérique ou 20 % en Chine. Cette différence dans la participation féminine signifie que seul les idées des hommes sont prisent en compte en entreprise. Le perdant d’idées créatives est une conséquence de la modeste participation féminine. Les femmes managers ont un impact significatif dans les entreprises, à l’avenir ce chiffre devra donc avoir plus de poids. 29 - LE JAPON Mars 2014

temps, la dépendance des personnes âgées sur les adultes en âge de travailler augmente, car il y a moins d’adultes dans la population active. Combiné avec l’espérance de vie, la dépendance totale des adultes va augmenter. Cela permettra de réduire l’incitation des travailleurs à épargner, puisque l’existence de moins de travailleurs réduit le rendement des investissements. Il sera également filtrer dans les finances publiques, comme la nécessité de financer la sécurité sociale entraînera une hausse des taxes sur la masse salariale. Autrement dit, une population vieillissante implique que dans l’avenir il y aura plus de retraités étant pris en charge par moins de travailleurs actifs. C’est le pays avec l’un des plus rapide vieillissement de la population : en 1950, il y avait 9,3 personnes de moins de 20 ans pour chaque personne âgée de 65 ans et plus. En 2030, ce ratio est prévu pour tomber à 0,59. Au fil du temps, il y a moins de gens qui entrent sur le marché du travail que ceux qui le quittent, la menant à un problème potentiellement dévastateur pour le financement des retraites et des soins médicaux.


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DES CATASTROPHES NATURELLES ET DES CONSEQUENCES ECONOMIQUES

Le 11 décembre 2013, des experts ont établit que les aides après une catastrophe naturelle seraient plus faciles et plus rapides et mieux gérables si le gouvernement se préparait à la survenue potentielle de celles-ci. Par rapport, aux impacts humains et économiques, le Japon a quant à lui perdu environ 4% de son PIB en raison du tremblement de terre et du tsunami de 2011. En raison d’un développement urbain déséquilibré, les mégapoles asiatiques sont mal préparées pour faire face à des conditions climatiques de plus en plus imprévisibles entraînant entre autres des inondations urbaines de plus en plus graves et persistantes dans certaines régions. La région Asie-Pacifique est la plus durement touchée par les pertes économiques associées aux catastrophes naturelles. 2011 a enregistré près de 300 milliards de dollars de pertes, ce qui correspond à 80% du total mondial.

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LA PRECARITE DE L’EMPLOI

Le recours aux travailleurs temporaires est souvent mis en relation avec l’accroissement de la précarité de l’emploi au Japon. Les chiffres montrent cependant que le travail temporaire est très loin d’en être la cause principale. S’il est vrai que le pourcentage d’emplois occupés par les employés réguliers à temps plein et à durée indéterminée a fortement régressé en 20 ans (80% en 1990 à 62% en 2012), les employés temporaires ne comptent que pour 2,2% du total des emplois, les contrats à durée déterminée et le travail à temps partiel représentant la plus grosse part des emplois non réguliers. Le travail temporaire n’en est pas moins un système d’emploi fréquemment utilisé, notamment par les sociétés étrangères. Sous la pression des entreprises qui souhaitaient une plus grande flexibilité des modes d’emploi pour faire face aux effets de la crise et à la mondialisation, le travail temporaire a été légalisé mais sous la forme d’une possibilité exceptionnelle encadrée par des règles strictes et limitatives. Lors de la première mise en œuvre de la Loi sur le Travail Temporaire en 1985, le travail temporaire n’était autorisé que pour un nombre très limité d’activités, 13 au total, requérant chacune des compétences particulières qui ne pouvaient pas être assurées par des employés réguliers. Le but sous-jacent de ces restrictions était d’éviter que ces employés ne soient remplacés par des intérimaires. Cet objectif reste présent dans les règles actuelles, en dépit de leur assouplissement au cours des années. Le principal assouplissement a consisté à 30 - LE JAPON Mars 2014

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L’OPPOSITION A L’IMMIGRATION

Le Japon a adopté la loi sur le contrôle de l’immigration en 1990, mais délivre seulement des visas à des travailleurs qualifiés et d’ethnie japonaise. Le gouvernement veut préserver l’homogénéité raciale (malgré les différences culturelles et linguistiques évidentes) mais un vide juridique prévoie l’immigration de travailleurs non qualifiés. Cela a provoqué un afflux important de Brésiliens japonais. Aujourd’hui, les attitudes au Japon restent souvent nettement négatives envers les immigrants, juridique ou autre, et de nouveaux contrôles plus stricts sont en cours d’élaboration, selon le Japan Times. Le traitement négatif des étrangers se détourne d’un avantage potentiel que le pays obtiendrait de l’immigration. De nouvelles compétences, les cultures et les idées sont nombreuses dans les populations immigrantes. L’opposition à l’immigration diminue les chances que de nouvelles idées et compétences augmentent la production nationale du pays.

accroitre le nombre d’activités ouvertes au travail temporaire, au point qu’aujourd’hui presque toutes les activités sont autorisées, qu’elles nécessitent des compétences particulières ou non. Selon les statistiques de 2012 du Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales japonais, les principales activités dans lesquelles sont placées les intérimaires sont les suivantes : emplois généraux de bureau : 32,3%, emplois techniques : 23,4%, production : 15,0%. Selon les mêmes statistiques, les entreprises recourent aux intérimaires: 1. Pour remplir rapidement un poste vacant : 64,6% 2. Pour satisfaire des besoins temporaires de personnel : 36,7% 3. Pour utiliser des travailleurs ayant des compétences professionnelles : 34,2% 4. Pour confier des travaux complémentaires: 25,2% Ces statistiques font ressortir qu’un bon nombre de sociétés considèrent que le travail temporaire a majoritairement pour mérite de répondre à un besoin de ressources humaines ponctuel et immédiat.


Les opportunites du Japon 1

LE “PRIVATE EQUITY”

Aussi appelé Fonds Propres Privés, l’industrie du « Private Equity » a un potentiel énorme au Japon. Selon The Economist, le pays regorge de sociétés de taille moyenne avec une technologie de classe mondiale qui ont besoin de se consolider et de se globaliser afin de se développer. Le retour des firmes japonaises sur les capitaux propres est d’environ la moitié de celle des entreprises américaines et européennes. Il y a une génération de patrons qui a fondé leur entreprise et qui sont prêts à prendre leur retraite mais les successeurs manquent. Ils estiment qu’il y a 500-1000 de ces sociétés qui sont concernées, ce qui explique pourquoi ils restent dans les parages.

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LE SECTEUR AGROALIMENTAIRE

Quatre sociétés japonaises dans le domaine agroalimentaire tentent de développer leurs réseaux de distribution en France, pour améliorer leur implantation et trouver des partenaires localement. Goma (sésame japonais), Matcha (thé japonais), Saké : les produits agroalimentaires japonais sont de plus en plus populaires grâce à la mode de la cuisine japonaise qui se propage dans le monde entier depuis plusieurs années. Pourtant, malgré cette tendance favorable, les sociétés japonaises dans le secteur agroalimentaire ont du mal à pénétrer le marché français en raison de difficultés liées à la distance entre les deux pays et à la méconnaissance d’outils de communication et de marketing adaptés à la France. 31 - LE JAPON Mars 2014

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BIOTECHNOLOGIE

La proportion de citoyens japonais de plus de 65 ans s’élèvera à 31,8 % en 2030. Cette augmentation représente une opportunité pour les entreprises capables de proposer des dispositifs médicaux et des médicaments adaptés aux personnes âgées. Le secteur de la santé est destiné à devenir un secteur clef ces prochaines années. Les multiples plans d’action (« New Health Frontier Strategy », « Innovation 25 Program », « Five-Year Strategy for the Creation of Innovative Pharmaceutical and Medical Devices ») témoignent de l’attention portée à ce marché. Longtemps considéré, à juste titre, comme un marché très fermé, le secteur de la santé japonais est aujourd’hui en pleine expansion et en ouverture croissante aux firmes étrangères. Si l’un des obstacles majeurs à l’accès au marché japonais reste les processus réglementaires, le choix d’un bon partenaire sur place permet d’éviter cet écueil. Les brevets jouent également un rôle important pour faciliter l’implantation. L’identité de la marque en revanche, n’est pas décisive. Part des pays dans les brevets de biotechnologie déposées en vertu du PCT, 2008-10

Source : OECD, Patent Database, December 2012.


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LA PRO-REFORME DES PARTIS POLITIQUES

Plus de deux décennies de stagnation économique impose des changements de partis politiques. Partis qui étaient au pouvoir depuis un demi-siècle sont maintenant dehors, tandis que de nouveaux partis se forment autour de l’idée de croissance accrue, la réforme politique et la fin de la déflation. Un remaniement politique au Japon pourrait changer beaucoup de réformes qui fixent les pays, en fixer de nouvelles, régler les problèmes les plus criants, tout en positionnant pour un avenir plus solide.

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LA TRADUCTION INSTANTANNEE DES PAGES WEB

La capacité à traduire des pages Web rapidement et avec une précision certaine peut conduire à une rupture dans les barrières linguistiques qui séparent le commerce et l’interaction sociale entre les pays. La technologie évolue rapidement ouvre la voie pour les ordinateurs qui «apprennent» en analysant les documents qui ont été traduits par l’homme. La possibilité de traduire instantanément une page web, un document ou blogs peut aussi devenir réalité. Google expérimente un service de traduction sur la base de la machine et est capable de comprendre l’idée générale du texte. La capacité de traduire instantanément et avec précision le texte écrit d’une langue à l’autre permettrait d’améliorer considérablement la productivité du monde.

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LES MARCHES EMERGENTS

La demande des marchés émergents soutient la croissance et les marges. Les marchés émergents créent de nouvelles opportunités pour développer des produits des pays développés. Les produits papier, les services informatiques et d’autres industries seront au bénéfice de tous les pays émergents accroissent la demande de produits industriels et agricoles. 32 - LE JAPON Mars 2014

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LES TRAVAILLEURS INDEPENDANTS

les travailleurs indépendants sont des personnes aqui travaillent à leur comptent dans le monde entier. On appelle ces ateliers des ateliers clandestins numériques, car ce sont des travailleurs disponibles partout. Les employeurs potentiels ne paient que pour les services qu’ils désirent au prix le plus bas possible. D’un point de vue purement économique, ces travailleurs abaissent le coût de services par l’externalisation dans le monde entier. Cela aide à réduire les coûts des employés qualifiés pour correspondre avec les employeurs qui obtiennent de meilleures compétences à des prix toujours plus bas. Les avantages du commerce international apparaissent désormais : de par sa flexibilité et sa capacité de transcender les frontières, le travailleur indépendant, donne à l’employeur une nouvelle impulsion à la croissance mondiale. Maintenant, une société n’importe où dans le monde peut détenir un talent qui sera un avantage concurrentiel et ainsi un travailleur indépendant peut se faire repérer par un futur employeur à l’autre bout du monde.

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LES TRAVAILLEURS JAPONAIS REGULIERS

Les Japonais distinguent les «travailleurs réguliers» parce qu’ils ont moins d’avantages que les travailleurs des syndicats. Cependant, les travailleurs réguliers sont mieux pour les entreprises, car ils fournissent l’agilité qui est essentielle dans la lutte mondiale contre la concurrence du Japon, en particulier avec la Chine.


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Les menaces du Japon AUSTERITE BUDGETAIRE

Le programme est de réduire les dépenses et d’augmenter les impôts afin d’éviter les déficits budgétaires qui ont augmentés au cours de la crise financière mais ce programme va ralentir le taux de croissance. En outre, les citoyens auront moins d’argent, ce qui fait qu’ils vont épargnés pour parer en cas d’urgence. La crainte est que les réductions pourraient être si drastiques qu’ils nuisent à l’économie.

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LA NOTE DU JAPON MENACE DE BAISSER

Standard and Poor’s (S&P) menace d’abaisser la note du Japon. L’agence S&P estime que le coût de la catastrophe va alourdir le déficit public nippon. La note de la dette, fixée à “AA-”, pourrait être dégradée. L’agence de notation financière S&P a menacé de dégrader la note de la dette à long terme du Japon, soulignant que le coût des catastrophes allait aggraver le lourd déficit public nippon. S&P a dégradé la perspective de “stable” à “négative” pour cette note actuellement fixée à “AA-”, la quatrième meilleure possible sur un total de 22, ce qui correspond à un émetteur de haute qualité. Selon l’agence, le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui ont dévasté le nord-est de l’archipel, faisant des milliers de morts et disparus, devrait entraîner des coûts de reconstruction de l’ordre de 30.000 milliards de yens (250 milliards d’euros), une estimation supérieure à celle du gouver33 - LE JAPON Mars 2014

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LES JEUNES ENTREPREUNEURS

Depuis 2003, la proportion de jeunes japonais entrant dans la population active qui veulent devenir entrepreneur a diminué de moitié à 14%, alors que ceux qui cherchent un emploi à vie a presque doublé à 57%, du fait de la peur de la faillite.

nement, fixée aujourd’hui à 25.000 milliards de yens. Les pouvoirs publics assumeront l’essentiel de ce coût, ce qui grossira le déficit public de deux points de PIB cette année et d’un point l’an prochain. S&P évalue que le déficit public du Japon atteindra 11% du Produit intérieur brut (PIB) lors de l’année budgétaire 2011 et qu’il dépassera encore 8% en 2014. Cette aggravation va mécaniquement augmenter l’ampleur déjà colossale de la dette publique japonaise, qui représente aujourd’hui 245% du PIB de la troisième puissance économique mondiale, soit la proportion la plus forte parmi les pays développés. L’agence qui a réduit d’un cran en janvier la note du Japon à cause de son lourd endettement, a prévenu qu’elle pourrait de nouveau l’abaisser si aucune consolidation budgétaire n’empêche la détérioration des finances publiques lors des deux années à venir.


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L’EPARGNE INTERIEURE ET LA DETTE FINANCIERE

La dette publique du Japon est surtout desservie par la grande population nationale de l’épargne. Ces épargnants investissent leur argent avec le gouvernement et bénéficient d’un taux de croissance très faible en retour. Ce taux est calculé à partir de la forte demande pour la dette japonaise, mais cette tendance pourrait se modifier au fil du temps. Comme la population vieillit, ils reprennent dans leur épargne et il y a moins d’argent pour acheter la dette japonaise. Cette baisse de la demande va augmenter le taux d’intérêt payé par le gouvernement japonais. Comme les taux d’intérêts augmentent, il en va de la menace d’une crise budgétaire au Japon.

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LES BALEINIÈRES HEURTENT L’IMAGE DES JAPONAIS

Les baleinières mettent à mal l’image du Japon, parce qu’ils vont à l’encontre d’un moratoire de longue date sur la chasse commerciale. Ils attrapent les baleines sous la bannière d’«expériences», mais elles finissent dans les assiettes à la place. Cette position est à l’origine de tensions avec les pays voisins qui ont tous respectés l’interdiction. Les tensions internationales peuvent interrompre les négociations commerciales avec d’autres pays qui ne plaisentent pas avec ce que le Japon est en train de faire. Il pourrait également provoquer le boycott des produits japonais dans les pays avec les citoyens concernés. L’atteinte à la réputation du Japon peut leur porter atteinte sur le long terme.

MEDIATIONS HOULEUSES

Le différend territorial qui oppose le Japon et la Chine autour de la souveraineté d’îlots inhabités de mer de Chine orientale, appelés Senkaku à Tokyo et Diaoyu à Pékin, va-t-il entraîner les deux géants asiatiques dans un conflit ouvert ? Situées à 90 milles nautiques à l’ouest d’Okinawa et 120 au nord de Taïwan, les Senkaku-Diaoyu sont constituées de cinq îles inhabitées dont la plus grande fait 3,2km². Des enjeux économiques et stratégiques Bien qu’inhabitées, ces îles sont l’objet de toutes les convoitises, car elles sont entourées d’eaux très poissonneuses, mais surtout parce que leurs fonds marins pourraient renfermer des hydrocarbures. => 34 - LE JAPON Mars 2014

Derrière ce différend territorial se joue donc la délimitation des zones d’économie exclusive et l’exploitation des hydrocarbures qui pourraient s’y trouver. Jusqu’à présent, la Chine et le Japon n’ont jamais mis en pratique les accords qu’ils avaient passé en 2008 pour l’exploitation de deux possibles champs de gaz et de pétrole dans des zones situées à la limite de leurs zones d’économie exclusive. En 2012, la priorité pour le Japon est désormais à la protection des îles Nansei (Sud Ouest).


L’APEC

Un vaste forum entre deux rives du pacifique L’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) compte 21 membres dont les Etats-Unis et le Canada, mais elle est surtout un forum de discussion dont le but est de faciliter le développement économique des Etats membres. Peu à peu, les Etats membres tentent de coopérer sur d’autres domaines que l’économie (ex : terrorisme, grippe aviaires furent les sujet de l’année 2005). Mais cette structure tente d’émergée et cherche à se structurer. Historique de l’APEC

L’APEC a été établie en raison de l’interdépendance croissante des économies de l’AsiePacifique et de la nécessité de stimuler l’économie de la région et de développer un sentiment d’appartenance à la collectivité. L’APEC a vu le jour en 1989 lorsque l’Australie a été l’hôte de la première réunion annuelle des ministres des Affaires étrangères et du Commerce international de 12 économies de l’Asie-Pacifique. Cette réunion avait pour objet d’examiner les mesures permettant d’accroître la coopération dans cette région à croissance rapide. Le Canada est un membre fondateur du forum. En 1993, c’est aux États-Unis, à Blake Island, près de Seattle, que s’est déroulée la première réunion annuelle des dirigeants de l’APEC. Le Pérou, la Russie et le Vietnam sont les derniers pays à s’être joints à l’APEC, en novembre 1998. Elle compte maintenant 21 économies membres : l’Australie, Brunéi Darussalam, le Canada, le Chili, la République populaire de Chine, Hong Kong, l’Indonésie, le Japon, la république de la Corée du Sud, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Pérou, la république des Philippines, la Russie, Singapour, le Taïpei chinois (Taïwan), la Thaïlande, les États-Unis et le Vietnam. Les trois observateurs officiels sont le secrétariat de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Conseil de coopération économique avec les pays du Pacifique (PECC) et le Forum du Pacifique Sud (SPF). Le forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) comprend vingt et un membres qui diffèrent de façon substantielle par leurs systèmes politiques, leurs institutions sociales et culturelles, et leurs niveaux de développement économique. 35 - LE JAPON Mars 2014


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L’APEC fête ses 25 ans en 2014 La création de l’APEC il ya 25 ans a inauguré une nouvelle ère de coopération dans la région du Pacifique qui a facilité le progrès économique de la région et est positionné pour relever les défis émergents à la croissance et au développement à long terme. C’est le point de vue avancé par l’ancien Premier ministre australien Bob Hawke, et les responsables actuels de l’APEC. “Les économies de l’Asie-Pacifique se sont réunis pour former l’APEC à un moment où la région était clairement à la hausse”, a déclaré Hawke lors de la réflexion sur le 25 ème anniversaire de son discours à Séoul en Corée, le 31 Janvier 1989, a lancé publiquement l’idée et la formation de l’APEC dix mois plus tard. «L’objectif était de soutenir ce processus et profiter des avantages d’une plus grande partenariat commercial et économique.” «Dans l’ensemble, la région Asie-Pacifique est plus cohérent, plus prospère et résiliente aujourd’hui qu’elle ne l’était il ya un quart de siècle», a déclaré Hawke. “La collaboration technique sein de l’APEC afin d’améliorer la circulation des biens, des personnes et des capitaux à travers les frontières, et renforcer la capacité des économies diversifiées pour répondre aux dimensions économiques et sociales du développement a contribué aux gains de la région.” De l’APEC 21 pays membres représentent collectivement environ 40% de la population mondiale, la moitié du commerce mondial et 60% du produit intérieur brut. L’augmentation des échanges, l’investissement et la croissance globale depuis 1989 se sont traduits par une augmentation importante du produit intérieur brut par habitant dans la région. «L’APEC a créé une vie meilleure pour les 2,8 milliards de personnes de ses vingt et un membres, ce qui rend plus facile pour tous de partager des produits, des services et des énormes avantages du progrès scientifique et technologique 36 - LE JAPON Mars 2014

rapide”, a déclaré ministre des Affaires étrangères Wang Yi de Chine où il a discuté les réalisations et les priorités pour 2014 de l’APEC dans un discours à Pékin. “Nous allons construire sur les progrès accumulés grâce aux efforts difficiles de tous les membres de l’APEC dans les 25 dernières années, de travailler avec tous les autres membres de transformer les défis en opportunités et construire de petits gains en grandes réalisations», a ajouté Wang. Les questions prioritaires en 2014 comprennent l’intégration économique régionale, renforcement dans le contexte d’un champ élargi de mécanismes de coopération et des accords de libre-échange. La réforme et le développement économique et les infrastructures sont des points supplémentaires de l’accent. «La reconnaissance de 25 ans de l’APEC de coopération apporte avec elle une occasion de faire de nouvelles conditions économiques d’aujourd’hui et potentiellement jeu changeant développements qui se produisent dans l’architecture régionale,” a déclaré le Dr Alan Bollard, Secrétariat de l’APEC directeur exécutif. “Comment les économies membres à résoudre ces questions joueront un rôle important dans la détermination de la trajectoire de croissance de la région et, avec elle, la pertinence de l’APEC dans la formation d’une communauté dynamique et interdépendante de l’Asie-Pacifique», a conclu le Dr Borne. APEC hauts fonctionnaires et d’experts techniques se réuniront à Ningbo 15-28 Février à façonner l’ordre du jour de l’an et de faire avancer des projets communs de l’économie de membre. Le Conseil consultatif affaires de l’APEC est préalablement réuni à Auckland, Nouvelle-Zélande 11-14 Février à formuler des recommandations pour le renforcement de l’environnement des affaires de la région.


CONCLUSION Le Japon est un géant économique, un pays riche et une puissance considérable. Les Japonais forcent d’ailleurs l’admiration pour être parvenus à construire une telle puissance sur un pays aussi fragile, aussi petit et pour ainsi dire sans ressources naturelle. LA MÉGALOPOLE JAPONAISE EST LE CENTRE DE L’ESPACE JAPONAIS

haute technologie mais les résultats restent modestes. Le projet récurrent de déménagement de la capitale, très coûteux, a été abandonné en 2000. Le développement durable est désormais une priorité. Les espaces urbains et littoraux font l’objet de réaménagements visant de meilleurs équilibres.

Alors, quel sera l’avenir du « pays du Soleil Levant » ? Avec de réelles incertitudes ? Le Japon conserve par L’industrialisation et l’ouverture au commerce interna- ailleurs des atouts formidables, exceptionnels même, tional ont été les principaux facteurs de développement et notamment une population remarquablement bien de la mégalopole. Elle concentre plus de 80 % de la formée et une impressionnante maîtrise des hautes population et de l’activité économique du pays. Les ac- technologies. Il n’empêche, l’arrivée de la Chine boustivités de haute technologie y occupent une place crois- cule tout et les cartes de la puissance sont en train d’être sante aux côtés des industries traditionnelles. redistribués en Asie. LA MÉGALOPOLE CORRESPOND À L’AXE MAJEUR DE L’ESPACE JAPONAIS Elle s’organise autour d’un axe complet de communication. Les aéroports de Tokyo se classent au second rang mondial, derrière Londres, pour le trafic de passagers. La mégalopole présente une puissante façade portuaire principalement tournée vers l’Amérique et le reste de l’Asie. Les ports de la baie de Tokyo constituent le plus puissant ensemble portuaire mondial. Le pays doit pourtant faire face à d’importantes difficultés. Depuis 1991, c’en est fini de la forte croissance économique que connaissait le pays dans les années 1970 et 1980. Depuis quinze ans, la croissance est « molle », le pays a été distancé par les Etats-Unis et s’est fait rattraper depuis peu par le géant Chinois. Le Japon doit désormais faire face à des nouvelles difficultés : vieillissement de sa population, dette publique écrasante.La montée de la puissance Chine va très probablement faire de l’ombre à la puissance Japonaise. Enfin, la gestion d’un espace fragile et saturé reste le défi permanent pour le pays. L’AMÉNAGEMENT DE LA MÉGALOPOLE JAPONAISE : ENTRE CONTRAINTES ET RECOMPOSITION L’espace métropolitain est exposé à des risques naturels redoutables. L’urbanisation et l’industrialisation posent d’importants problèmes de pollution. sFace à la saturation de la mégalopole, des efforts sont entrepris pour décentraliser les activités industrielles, surtout celles de 37 - LE JAPON Mars 2014


BIBLIOGRAPHIE Ouvrages • • • • • •

Le bilan du monde –Économie et environnement, Le Monde hors-série, édition 2014. Vincent Thébault, Géopolitique de l’Asie, Nathan, 2006. Challenges, édition du 3 Février 2014 Travailler au Japon - Ministère des affaires étrangères, édition Avril 2012 Etudes économiques de l’OCDE sur le Japon - édition Avril 2013 Statistiques du commerce international, édition 2012 de l’OMC

Internet www.capital.fr/statistiques-eco http://www.ubifrance.fr/travaux-publics-routes/001B1303306A+fiche-pays-japon-2013.html?SourceSiteMap=1368 http://atlas.challenges.fr/pays/JP-japon/commerce.html http://www.populationdata.net/index2.php?option=pays&pid=109 http://www.centrexport.regioncentre.fr/Japon http://fortune.fdesouche.com/274773-japon-un-elitisme-a-huis-clos http://www.boursorama.com/ http://www.coface.fr/ http://www.lemonde.fr/ http://fr.euronews.com/tag/economie-japonaise/ http://www.lesechos.fr/ http://www.atlantico.fr/ http://www.coe-rexecode.fr/ http://www.ubifrance.fr/ www.ebusiness-europe.com www.lexpansion.com

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