VAZQUEZm-4series-book

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4 sĂŠries Maria Vazquez Castel



« Il est de l’essence de l’image de contenir quelque chose d’éternel. Cette éternité s’exprime par la fixité et la stabilité du trait, mais elle peut aussi s’exprimer, de façon plus subtile, grâce à une intégration dans l’image même de ce qui est fluide et changeant. » Walter Benjamin


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Ce projet pose la question de la reconnaissance. La fragmentation et le cadrage changent le sens de ce que l’on voit, laissant libre cours à l’imagination. Ces images sont des détails d’un film trouvé sur Internet. Le recadrage et le gros plan permettent une réappropriation du contenu originel, un détournement La décontextualisation de ces détails les rend indéfinis, voire abstraits. L’oeil cherche alors à associer ces bribes d’image à quelque chose de connu. La déconstruction de la forme, opérée à la prise de vue, oblige donc à un travail d’organisation autre, bouleversant le processus habituel d’identification pour rejoindre un cheminement intérieur, intime, toujours singulier.















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L’image pornographique distord et brouille la notion d’intime. En exposant l’intimité on la dévoile, on la transforme aussi. L’intimité ne se montre pas de la même manière face à la caméra que dans son secret habituel. Pour s’exposer, elle se blinde de codes, de grimaces distordues. Comme un clown, la pornographie exagère et déforme les gestes de la sexualité pour les mettre en scène et les exhiber... Ces images sont réalisées à partir de vidéos pornographiques trouvées sur internet. Par la déformation des corps, due à un temps d’obturation long, on fait apparaître des chimères. Certains membres disparaissent, d’autres se fusionnent... Les images perdent alors leur statut pornographique, explicite. L’intimité, d’abord cachée par l’exhibition, est maintenant insinuée par ces formes troubles.









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L’image utilisée n’est pas une image choisie au hasard, mais l’une des trois photographies que j’ai prises de mon grand-père entre le jour de son décès et son enterrement. Pour la première fois je voyais la maladie et la mort d’un proche. Utiliser cette image et l’investir de sens est devenu pour moi une forme de rituel, une expérience qui m’a facilité l’assimilation des faits. Ce travail propose une progression de l’image vers sa décomposition, vers son effacement, par une séquence de photocopies. C’est une disparition vers le noir, disparition des détails et des traits distinctifs pour laisser place uniquement à une silhouette aux contours brouillés. Vient ensuite une disparition plus profonde pour laisser place à un magma noir. Nous passons d’un effacement à une transformation. Grâce aux erreurs de reproduction que la machine engendre, chaque photocopie est unique, puisqu’elle conserve les traces dues aux erreurs d’interprétation. Ainsi, l’image change à chaque étape et pourrait continuer à fluctuer dans un mouvement infini.













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Le mot ‘deuil’, qui dérive du latin ‘dolus’, déverbal de ‘dolere’ (souffrir), désigne, au Xe siècle, la douleur ou l’affliction que l’on éprouve lors de la mort d’un proche. Du 3 avril au 12 mai, durant 40 jours, j’ai porté sur moi, dans une petite pochette en toile sous mes vêtements, l’image imprimée d’une photographie de mon grand-père que j’avais prise entre son décès et son enterrement. Tout ce temps j’ai gardé la pochette sur moi (j’ai dormi avec, je me suis douchée avec, etc.). J’ai sorti l’image uniquement pour la scanner de temps en temps, constatant une forte dégradation de son état à chaque fois. Mettre en œuvre ce travail a été pour moi un moyen de matérialiser le deuil : le fait que l’on pense à la personne disparue régulièrement, que cette pensée nous accompagne et, même si on la met souvent de côté pour pouvoir vivre (on ne va pas passer tout le jour à pleurer), de temps en temps on se souvient et parfois même on se donne le temps de sentir ce que cette absence fait en nous.






















Š Maria Vazquez Castel 2012-2013 mariavazquezcastel@gmail.com



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