BRUXELLES, AVEC UN « S » J’ai découvert l’endroit où se réveille Bruxelles. Tous les matins, dans l’obscurité de la nuit c’est ici que commence à vivre la ville. Au début, cette vie est encore étouffée par le brouillard épais, son regard ne s’ouvre que lentement avec la brume matinale levant pour révéler les mille et une richesses de cet endroit. C’est ici qu’on entend le premier « Bonjour » de la journée, que le premier café coule à travers son filtre en papier. Le soleil se lève, tout comme les paupières se libèrent de la pesanteur du sommeil, et bien que le regard pourrait alors voir les maisons, l’église, les cafés, il ne s’y attarde guère. Car cet endroit n’est pas fait de murs, de toits, de fenêtres, de pavés. Il est fait de gens. En un sens il est fait de tous les Bruxellois. Les marchands, les premiers promeneurs du matin, les cafetiers, les livreurs, les curieux, les amateurs de marchés aux puces, les touristes, ou ceux qui tout simplement habitent dans le coin. Mais encore bien d’autres personnes sont présentes, présentes à travers des objets qui leur appartenaient. Ces objets posés sur le sol, dont chacun raconte son histoire, raconte celle de ses propriétaires précédents, tout en essayant de la renouer avec une nouvelle, l’histoire de son prochain propriétaire. Ces objets doivent être passés dans tellement de mains ! Ils ont fait partie de logements, où ils ont tranquillement pu observer une vie quotidienne. Si on pouvait écrire les mémoires de tous ces objets, cela donnerait la vie à Bruxelles. La place du Jeu de Balle est traversée par des fils de promenades, mais aussi par des fils encore plus fins et invisibles, perceptibles seulement par une infinité d’histoires quotidiennes. Et pourquoi Bruxelles s’écrit avec un « s » à la fin? Parce qu’il y a autant de Bruxelles que de Bruxellois. Heike NEUROHR (2005). Faire connaissance d’une ville ou ma rencontre avec Bruxelles. Mémoire de fin d’étude ISAVH (2005-06)
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Photographie et mise en page realisĂŠ par Mario Benito Manzano