Mémoire présenté par Marion Perney en vue de l’obtention du diplôme d’architecte Année académique 2016- 2017 Expert Sébastien Verleene Promoteurs Jean-Philippe De Visscher Thierry Kandjee Lecteurs Jérôme de Alzua Dirk De Meyer Cecilia Furlan
Université catholique de Louvain-la-Neuve, Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale et d’urbanisme - LOCI Bruxelles
1
2
Je souhaite remercier les personnes qui m’ont accompagnée et soutenue tout au long de ce travail de fin d’études, en particulier : Mes enseignants, Jean-Philippe De Visscher et Thierry Kandjee, pour leur pédagogie et leurs conseils avisés, mon expert, Sébastien Verleene, pour son regard éclairé et la pertinence de ses remarques, Carlo Donadio et Mattia Leone, professeurs de l’université de Naples Federico II, pour leur expertise, leur disponibilité et les informations communiquées, les habitants de la zone industrielle de Naples, pour leur gentillesse et leur perception du territoire, mes camarades et amis, pour leur agréable collaboration et la sincérité de nos échanges, mon entourage, pour son soutien et ses encouragements essentiels à la réalisation de ce travail.
3
4
DÉFINITIONS PRÉALABLES Catastrophe naturelle : Evénement d’origine naturelle, subit et brutal, qui entraîne des bouleversements importants pouvant engendrer des dégâts matériels et humains à grande échelle. Risque : La confrontation d’un aléa (phénomène naturel) et d’une zone géographique où existent des enjeux qui peuvent êtres humains, économiques ou environnementaux. La mitigation : Ensemble des mesures prises dédiées à diminuer ou atténuer le risque. Résilience : La capacité d'une société à anticiper l'aléa, à faire face à l'urgence en absorbant les perturbations, à adapter son comportement en temps de crise et à se reconstruire. Vulnérabilité : La vulnérabilité est la fragilité d’un système face à un élément externe dommageable dont la prise en compte de ses faiblesses est source de progrès et de soutenabilité. La vulnérabilité d’un système sera d’autant plus faible que sa résilience sera grande. Architecte-urbaniste : acteur ayant un rôle de chef d’orchestre, capable d’anticiper, préparer et organiser les changements sociaux et environnementaux de demain en construisant le présent.
5
Nakhon Sawan sous les eaux - Inondation en ThaĂŻlande, 2011
6
PRÉFACE Habiter le risque
Accomplissement d’un parcours universitaire, le travail de fin d’études (TFE) représente à la fois un achèvement et un point de départ, un point charnière. C’est le moment d’une réflexion sur l’enseignement reçu et d’une projection de sa concrétisation professionnelle à venir. Le TFE doit être vu comme une opportunité de tester ses capacités sur un sujet souhaité, de se questionner soi-même sur ses choix, ses intentions en matière d’architecture. Fruit d’une construction fondée sur quatre années d’études, concrétisée par des échanges, des débats, le TFE est aussi une ultime prise de risque dans le cadre de mes études : mener pleinement un projet, de la réflexion à la conception. Je vois le TFE comme le projet scolaire suprême, constitutif d’une progression et maturation tant intellectuelles que personnelles, me conduisant vers un parcours professionnel. L’architecture et l’urbanisme dans l’anticipation d’une catastrophe naturelle est un thème qui m’a toujours interpellée. Pure coïncidence ou finalement phénomène courant, je me suis personnellement retrouvée confronter à des situations d’alertes, par chance sans dommages, lors de deux échanges unviersitaires d’une durée de 12 mois chacun (séismes accompagnés d’une alerte tsunami en Thaïlande en 2011 puis une nouvelle fois au Chili en septembre 2015, ainsi qu’aux inondations en France suite à la tempête Xynthia en 2010 et à Nakhon Sawan en Thaïlande en 2011). De ces perturbations m’est venue l’envie de re-questionner l’existant, de comprendre comment habiter le risque lié à l’eau et aux submersions du territoire. De cette problématique
très spécifique commence à apparaitre une réflexion sur le rôle premier de l’architecte-urbaniste qui, dans une situation de reconstruction post-catastrophe et/ ou d’anticipation, doit intégrer toutes les composantes essentielles liées à l’aménagement du territoire urbain et à l’habitat. L’architecte est un acteur essentiel dont son rôle premier de bâtisseur doit composer avec les contraintes inhérentes à la situation où l’humain et sa protection est une priorité. Recourant à l’innovation, l’inventivité et la sécurité, un tel sujet mérite une attention et une étude toute particulière qui pourrait servir de base à une nouvelle manière de penser et de concevoir la ville dans nos régions occidentales et ouvrir de nouveaux horizons qui pourraient aider à trouver les forces et les faiblesses de la préparation aux catastrophes. Le thème choisi pour ce travail de fin d’études est celui de l’anticipation à la catastrophe et la résilience urbaine face au risque d’inondation. Sujet flou et éloigné des préoccupations européennes, les problématiques évoquées sont peu étudiées et nous sommes faiblement renseignés sur le sujet du fait que le monde occidental est encore très peu confronté à ce genre de situation. Cependant, il s’avère que les catastrophes naturelles sont un sujet récurrent de nos jours. Dans nos régions, elles restent des cas isolés mais cela ne signifie pas que nous soyons à l’abri d’un tel danger.
7
Mur de dĂŠfence et rĂŠhaussement des terrains inondables - Dichato, Chili, 2016
8
A la découverte de la résilience
A travers le pré-mémoire réalisé l’an passé, j’ai cherché à répondre aux questions suivantes grâce à une étude de cas menée à Dichato au Chili. En quoi la planification urbaine peut réduire le risque de catastrophe naturelle ? Quels sont les éléments mis en place afin de créer une communauté résiliente ? L’étude de cas s’est intéressée plus particulièrement aux situations de tsunamis et m’a permis d’en tirer un enseignement important sur la formation de la catastrophe, la gestion de la crise, les différentes phases d’intervention pré et post-catastrophe, le rôle de l’architecte urbaniste dans ce genre de situation et les transformations du territoire, appelés moyens de mitigation, permettant de limiter physiquement la catastrophe. L’étude effectuée s’est surtout attardée sur le concept de résilience. Aujourd’hui on se rend compte d’une rupture dans la gestion des risques en génie urbain. En effet, la gestion actuelle s’appuie essentiellement sur une vision statique relevant généralement de la sûreté de fonctionnement alors qu’il est nécessaire d’évoluer vers l’intégration d’éléments comme l’organisation territoriale et surtout l’intégration de l’acceptabilité des dysfonctionnements. C’est dans ce contexte que sont entrées en jeu deux notions importantes au sujet, celle de la durabilité et celle de la résilience. La ville durable, celle qui propose un développement économique, social et environnemental équilibré ; la ville résiliente, celle qui prévoit la gestion des perturbations et son acceptation. Il en va de passer d’un territoire résistant à un territoire résilient. Après le tsunami du 27 février 2010, Dichato fut incorporée dans le plan de reconstruction du bord de
côte qui intègre la reconstruction de 18 agglomérations affectées par le tsunami dans la région de Bíobío de 2011 à 2013 à travers le PRBC 18. [1] Ce fut l’occasion de recherches de mitigation en prévention d’un futur tsunami. Selon Sergio Baeriswyl Rada, coordinateur du Plan de Reconstruction du Bord de Côte PRBC 18, les masters plans de reconstruction sont des outils qui permettent d’ordonner et de facilité un travail associatif et surtout de coordonner les acteurs dans la gestion des ressources. En effet, « le plus difficile dans un plan de reconstruction post-catastrophe n’est pas un manque de moyens économiques ni humains mais est bien d’identifier et d’organiser tous les acteurs nécessaires à la récupération des localités touchées, qui tentent depuis leur point de vue, leur discipline ou leur institution, de résoudre un même problème ». Ce plan a pour rôle de rendre fonctionnel le processus de reconstruction. Le plan de reconstruction de Dichato est un instrument de planification qui se définit par quatre axes de développement : sécurité, durabilité, qualité de vie et plateforme du futur, qui se veut répondre aux ambitions sociales, économiques et environnementales de la région touchée par le tsunami. Il a pour objectif de permettre un habitat urbain en bord de côte en maximisant la sécurité de la population, en améliorant la résilience des villes côtières afin de faire face à une catastrophe similaire ; de préserver la culture et l’identité locale ; d’offrir de plus hauts standards de vie aux habitants ; de limiter l’usage du sol en zone sensible et favoriser les milieux naturels préexistants ; d’utiliser des systèmes constructifs respectueux de l’environnement et dotés d’une meilleure efficacité
9
Parc de mitigation et système de drainage dans l’estuaire - Dichato, Chili, 2016
10
énergétique et d’intégrer à la ville une mobilité urbaine respectueuse de l’environnement. La reconstruction de l’activité économique locale est un des points importants du plan de reconstruction pour permettre la croissance et un développement économique prospère à chaque localité. Le risque zéro n’existant pas, des mesures de mitigation ont été prises afin de diminuer les effets destructifs des tsunamis à venir. Ces mesures de mitigation, inédites au Chili, ont un coût important à plusieurs niveaux. Un coût économique car elles représentent un grand investissement pour les acteurs publics, parce qu’elles nécessitent une surface urbaine importante et qu’elles changent la physionomie naturelle des villes de bord de côte en changeant la vue convoitée et le dialogue avec le paysage. Du point de vue social aussi, car pour réaliser certaines de ces interventions, il fut nécessaire de procéder à des expropriations du sol, lesquelles furent difficilement acceptées par la population locale, se transformant rapidement en un facteur de pression politique difficile à gérer. Ici apparait encore l’intérêt du dialogue et de la transparence au sein de la communauté dans toute réalisation urbaine : le nouveau plan permettra de valider de façon collective les coûts et bénéfices des interventions proposées, en assumant la juste compensation économique pour ceux qui sacrifient leur droit de propriété au bénéfice de la sécurité du reste de la communauté et au succès du plan de reconstruction. Lors de mon passage à Dichato en 2016, le plan de reconstruction avait effectivement été mis en place, les moyens de mitigation sont aujourd’hui existants mais il semble que la participation citoyenne du projet,
pourtant présente dès le début selon les responsables de la planification, ait été délaissée. Les habitants de Dichato, ne comprenant pas toutes les transformations et les décisions dans leur totalité, se sentent peu en sécurité si un autre tsunami venait à se produire. Je m’interroge alors sur le cas européen. Le plus grand risque de submersion en Europe est celui de l’inondation. Face à la prédiction du réchauffement climatique, est-il possible de déployer autant de moyens face à une menace qui semble futuriste et imprévisible ? Quels acteurs sont à mobiliser ? De quelle manière intervenir sur le territoire ? Ces questions sont à la base de ce travail de fin d’études.
11
12
TABLE DES MATIÈRES DÉFINITIONS PRÉALABLES
5
PRÉFACE Habiter le risque A la découverte de la résilience
7
INTRODUCTION
15
UN TERRITOIRE À RISQUE L’omniprésence de l’eau Précipitations Influence anthropique Typologie du bâti Conséquences de l’industrialisation Les enjeux du territoire
27
L’INCERTITUDE : MOTRICE DE PROJET Une catastrophe non naturelle Adapter plutôt que résister Vers une résilience urbaine
49
CONCEPT DE RÉSILIENCE La résilience fonctionnelle La résilience corrélative La résilience territoriale Les huit critères de la résilience
53
LA MORPHOLOGIE URBAINE : UN INSTRUMENT DE RÉSILIENCE Vers une ville durable Le potentiel social Le potentiel urbain Le potentiel institutionnel
ARCHITECTURE ET INONDATION Du vernaculaire au contemporain Architecture totem Typologie d’habitat et mode de vie Espace public et mobilier urbain Projet urbain et territorial
61
RECHERCHE PAR LE PROJET Stratégie #1 Digues et zone de rétention Stratérie #2 Densification végétal Stratégie #3 Un réseau hydrologique diffus
79
EVALUATION À LA RÉSILIENCE
118
UNE PROPOSITION COMBINATOIRE Des stratégies qui se complètent Evolution du territoire de Naples
120
CONCLUSION
125
RÉFÉRENCES
126
BIBLIOGRAPHIE
128
WEBOGRAPHIE
130
CARTOGRAPHIE
132
57
13
Five meter elevation contour line - La côte vulnérable Cette carte permet d’identifier les plaines vulnérables à une augmentation significative du niveau de la mer et au risque d’inondation grâce à une simulation de montée des eaux de 5 m. D’après EUROSION, European Environment Agency
14
INTRODUCTION L’inondation est un processus naturel correspondant à la submersion d’un territoire habituellement sec. Cela peut être un phénomène régulier ou opportun, se produisant lentement ou rapidement et pouvant avoir parfois des conséquences catastrophiques sur le milieu touché. Les causes du débordement d’un cours d’eau ou d’une réserve sont variables. Les fontes des neiges, de fortes précipitations, une forte marée, une tempête ou la rupture d’un ouvrage tel qu’un barrage ou une canalisation peuvent être à l’origine d’une submersion aquatique. Lorsque ces inondations se produisent sur un territoire urbanisé et deviennent néfastes aux biens et à la vie de l’être humain, on parle de catastrophe naturelle. En effet, ces désastres impliquent des pertes et impacts humains, matériels, économiques et écologiques. Ils surpassent le plus souvent la capacité qu’ont les communautés à lutter contre eux avec leurs propres ressources. L’augmentation de la population, la pauvreté, l’établissement informel d’habitations, les déficits infra-structuraux et la mauvaise gestion font des villes le « hot-spot » des désastres. Les catastrophes d’origines naturelles ont augmenté depuis la deuxième moitié du XXème siècle. D’une manière générale, 42,3 % des événements naturels dommageables sont d’origine météorologique (tempêtes, cyclones, intempéries, tornades, orages, grêle, neige), 23 % d’origine hydrologique (inondations et coulées de boue). En termes de fréquence de typologie d’aléas, les inondations constituent plus d’un quart des catastrophes [1]. D’après le 5éme rapport du GIEC (le Groupe d’expert Intergouvernemental sur l’évolution du Climat) publié en 2013, le changement climatique
sera de plus en plus perceptible partout dans le monde. « Le réchauffement climatique aura pour conséquence la hausse plus rapide du niveau des mers. Au cours du XXème siècle, les mers se sont élevées d’une vingtaine de centimètres mais le rythme de cette évolution s’accélère : 3,1 mm par an depuis 2003, contre 1,8 mm de 1961 à 2003 ». Le GIEC annonçait une montée des eaux de 98 cm d’ici 2100 en 2013. La montée des eaux est une menace directe pour la population vivant sur le littoral. Les évènements climatiques extrêmes, telles que les fortes précipitations, se feront plus intenses, cette tendance est déjà observée. Le choix de la ville de Naples comme cas d’étude est né d’une étude préliminaire réalisée dans le cadre de l’atelier d’architecture. En effet, face à ces prédictions, la ville de Naples, capitale de la région Campanie, et troisième ville d’Italie après Rome et Milan pour sa population, ne sera pas épargnée. Naples est une ville ancienne, dense et désorganisée, construite sur des vestiges témoins d’une succession de civilisations. Aujourd’hui, les conditions climatiques y sont au centre des préoccupations. Les déficits économiques, infrastructurels, technologiques, politiques et institutionnels font de Naples une ville vulnérable, très peu apte à l’adaptation. Aussi, doivent s’ajouter les risques anthropiques, à savoir ceux provoqués par les modi-fications humaines de l’environnement naturel. Dans ce cas, Naples est affectée par le risque d’érosion côtière, due au fort processus d’urbanisation des littoraux, par le risque de pollution des eaux et par le risque industriel. Les recherches menées ont révélé une ville vulnérable, fréquemment confrontée au problème d’inondation. Afin d’aborder au mieux ce
15
Zone industrielle de Naples sur terrain humide - Nzof, 2011
16
travail de territoire, une visite du site fut nécessaire pour comprendre l’ampleur et les contrastes du lieu étudié. Ainsi, c’est au sein d’un groupe de quatre étudiants que la compréhension du lieu et les questionnements autour de celui-ci se sont construits. Bien que le territoire nous soit commun, nous avons tous une approche différente de l’aborder, en rapport à nos sujets personnels de travail de fin d’études, ce qui permet de nuancer la compréhension du territoire observé. Les sujets de base concernent le métabolisme et la reconversion de sites industriels, les mutations subies par le port et les nouveaux liens développés vers la ville, la création de lieux de connexion entre infrastructures de mobilité et ressources naturelles, et enfin, la morphologie urbaine face au risque d’inondations. Ce travail de fin d’études, à travers le concept de résilience, a pour objectif principal de comprendre les mécanismes liés au cycle de l’eau et d’en tirer parti pour créer de nouvelles formes territoriales L’eau étant une ressource principale à la productivité, son exploitation est à l’origine de transformations sur le territoire, influençant les modes de vie. En tant qu’étudiante en architecture, je m’intéresse plus particulièrement à la capacité du territoire à se renouveler, prenant comme levier le risque de l’inondation. Les connaissances retranscrites dans ce travail de fin d’études résultent de plusieurs analyses cartographiques reprenant l’hydrographie, la topographie, la géologie et les activités développées sur le territoire napolitain. De nombreux travaux concernant la gestion des eaux et la relation avec le territoire alimentent la réflexion théorique. L’analyse des contradictions relevées sur le territoire et leurs récurrences ont permis
d’aboutir à trois stratégies d’intervention, relevant du scénario. Celles-ci proposent une multiplication d’actions analogues pouvant résoudre le problème des inondations. La première stratégie concerne la sensibilisation et la sécurité de la population face aux inondations en générant de nouveaux espaces, en acceptant et encourageant « l’inondabilité » associée à une infrastructure de refuge. La seconde développe le pouvoir de rétention et d’absorption de la végétation en créant une infrastructure verte à travers le territoire. Enfin, la troisième stratégie relève de la transformation du réseau hydraulique en un système capillaire capable de retenir et répartir l’eau sur le territoire par un dévers plus lent dans la vallée. L’exploration du thème de l’inondation se fait par la réalisation de projets-pilotes et la recherche de nouvelles formes d’habiter liées aux interventions territoriales. Des méthodes d’ingénierie lourdes comme les nouvelles approches alternatives y sont testées pour en découvrir leur résilience face au risque d’inondation. Les stratégies proposées ouvrent à la discussion au sujet de l’interaction entre l’eau et la ville. Elles conduisent à l’élaboration d’un projet combiné pouvant mener à un territoire résilient reposant sur quatre piliers : sécurité, durabilité, qualité de vie et productivité. Les interventions proposées permettent de répondre à des ambitions sociales, économiques et environnementales en plus d’assurer la sécurité de la population.
17
Urbanisation dense - Colonisation des terres agricoles par le revêtement bitumeux L’aire urbaine napolitaine compte 4 434 136 habitants, elle est la deuxième plus grande du pays après Milan. Cette carte réalisée à partir d’une observation aérienne résulte du relevé des surfaces bitumeuses dans la région de Naples. L’urbanisation excessive et le développement des voiries (routes, places, parkings, trottoirs. . .) sont à l’origine de l’imperméabilité des sols sur le territoire urbain, favorisant le ruissellement des eaux de surface. L’absence de porosité dans les aménagements urbains ou particuliers bloque l’infiltration de l’eau dans le sol. Carte réalisée d’après une vue aérienne Google Earth et de la carte du SINTACS «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento»
18
Mobilité - Une ville ultra-connectée Les infrastructures de mobilité ont une place très importante dans le paysage napolitain. Ce réseau est un immense nœud routier qui reflète le rapport de la ville avec le territoire national. La ville est connectée au reste du pays et à l’Europe par ces infrastructures. Malgré le nombre important de routes, le réseau routier ne permet pas de décongestionner le centre de la ville, il est majoritairement structuré pour favoriser le tourisme maritime et le transport entre son port de commerce et les inter-ports de la région, tout comme le réseau ferroviaire. Les infrastructures se concentrent dans les plaines de la région. D’après OpenStreetMap
19
Hydrographie - Un réseau transformé au fil du temps L’écoulement des eaux provient du relief environnant de Naples, soit le Vésuve et les Champs Phlégréens, ou encore le mont Ciglio plus au Nord. Au fil du temps, depuis l’époque grecque jusqu’à nos jours, le système hydrographique a toujours été modifié pour irriguer les champs, alimenter la ville en eau potable, faire fonctionner l’industrie. Ces nombreuses transformations font qu’aujourd’hui le système naturel de l’eau est rompu, le réseau est rapidement surchargé en eau lors des fortes intempéries. La plaine du Sébéto n’est plus apte à recueillir l’eau des hauteurs pour la déverser à la mer. D’après la carte du SINTACS «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento»
20
Végétation - Disparition de la nature au naturel La consommation des espaces naturels et agricoles est très significative. Les forêts émergent seulement des espaces inconstructibles (falaise, montagnes, . . .). La ville grignote de plus en plus le végétal. Les espaces verts sont totalement maîtrisés par l’homme (agriculture, etc. .) et on assiste à la disparition de la nature au naturel. Les champs souvent traités aux produits phytosanitaires appauvrissent la composition du sol. En effet, l’intensification de l’agriculture et l’usage de produits phytosanitaires tassent les sols et diminuent les matières organiques qui les aèrent, leur faisant peu à peu perdre leur rôle drainant. D’après une vue aérienne Google Earth et de la carte du SINTACS «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento»
21
Traces de l’industrie - Révélation d’une coexistence difficile. Le développement de l’industrie fut une étape importante pour l’économie de la ville. Mais habitat et industrie semblent incompatibles au regard de cette carte. Alors que l’industrie lourde se délocalise, que la ville et le tissu résidentiel s’étendent, l’industrie recule, laissant des cicatrices dans le territoire, des espaces vides, inutilisés et pollués. Les nouvelles zones de développement industriel, situées plus au Nord de la ville, semblent se faire rattraper par l’urbanisme croissant, annonçant le même scénario. La région de Campanie est jonchée de décharges illégales : zones polluées et agriculture partagent le même territoire, un territoire arpenté par des cours d’eau, alimentant la ville et sa population. D’après la carte du SINTACS «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento»
22
Zones inondables - Vulnérabilité d’un territoire post-industriel Deux zones inondables sont clairement identifiées sur ce territoire. L’une à l’Ouest de Naples, composée majoritairement de champs, de bois et de villas dans un tissu peu dense. L’autre est située à l’Est du centre historique de Naples, où les cartes précédentes pointent des enjeux complexes. Ce territoire où s’entremêlent habitat, industrie, infrastructures de mobilité, réseau hydrographique, le tout sur un sol pollué est aussi sujet aux inondations. Tous ces facteurs mettent en évidence l’urgente nécessité d’une intervention sur cette zone vulnérable pour créer un territoire résilient. D’après le site site “Floodmap” de la NASA
23
24
Vue aĂŠrienne de la zone industrielle vers la ville de Naples , Presentazione NaplEst, 2012
25
Naples - Ville construite entre mer et volcans
26
UN TERRITOIRE À RISQUE L’omniprésence de l’eau
Naples étant située sur les bords de la mer Tyrrhénienne en Méditerranée, est encerclée de volcans terriens, comme le Vésuve à L’Est et les Champs Phlégréens, à l’Ouest, situés à quelques kilomètres de la ville, mais aussi de volcans sous-marins. En effet, le bassin Tyrrhénien est la partie la plus profonde de la Méditerranée occidentale. La Fossa del Tirreno atteint 3800 mètres de profondeur, un processus géologique vaste qui a touché l’ensemble de la région méditerranéenne, lié à la convergence entre la plaque tectonique eurasienne et africaine. Le processus, qui a commencé il y a 10 millions d’années, en même temps que la construction de la chaîne de montagnes des Apennins, est marquée par un volcanisme actif [1]. Le volcan Marsili est actuellement très surveillé car dans le cas d’une prochaine éruption, sa cheminée risque de s’effondrer en générant des déplacements de terrain susceptibles de provoquer un raz-de-marée. Le Vésuve étant considéré comme l’un des volcans les plus dangereux au monde, si une éruption vient à apparaitre, elle risque d’être suivie elle aussi par un tsunami dans le golf de Naples causé par les coulées de lave venant perturber le littoral [2] . Ce fut le cas lors des éruptions du Vésuve en l’an 79, en 1343 et en 1631 [3]. Si le cas de submersion par tsunami est possible à Naples, il reste faible face au risque d’inondation dans la plaine du Sébéto. La plaine à l’Est de Naples est un point de collecte de l’eau provenant du Vésuve et des collines Napolitaines. La nappe aquifère présente, très étendue et superficielle, est à l’origine de phénomènes de résurgence généralisés à grande échelle, dont les sources ont été utilisées dès l’époque classique pour
desservir la ville de Naples en eau. La rencontre de deux systèmes hydrauliques, superficiel et profond, dans une vallée a déterminé la caractérisation historique : une zone humide traversée par de petits plans d’eau qui ont constitué le système Sebeto. De nombreuses sources historiques font référence au fleuve Sébéto. On le retrouve dans les écrits de philosophes, en peinture, en poésie, et même sur une pièce de monnaie grecque datant du cinquième ou quatrième siècle. Dans les légendes locales, le dieu du feu Vésuve rencontre le dieu de l’eau Sébéto et génèrent la paix dans la région. À la suite de plusieurs événements météorologiques comme l’éruption de 79, la tempête jointe au séisme de 1343 ou le tsunami de 1631, le Sébéto est quasiment recouvert et son flux est déplacé. A la période Gréco-romaine, on verra le paysage s’accompagner de cinq grands aqueducs dans toute la région pour assurer l’accessibilité à l’eau. Un certain nombre de ceux-ci se rencontre à la casa del acqua avant d’être subdivisés en deux aqueducs principaux Est et Ouest. Il semblerait que l’un d’entre eux suive la trace du Sébéto jusqu’alors oublié et se verse dans la mer Tyrrhénienne au niveau du fameux Ponte del Maddalena [4]. Aujourd’hui le Sébéto est visible en quelques endroits de la zone, mais représente seulement un léger flux ; les parties visibles du Sébéto sont moins idylliques : eau croupie, déchets et canalisations.
27
Risques liés au volcanisme - D’après Nucleo Comunale Protezione Civile (NCPC) La ville de Naples est vulnérable face aux risques volcaniques par sa proximité de volcans terriens comme le Vésuve et les champs Phlégréens mais aussi des volcans sous-marins comme le Marsili qui, en cas d’éruption peuvent provoquer des raz-de-marée.
28
Terrains sous le risque de submersion aquatique La détermination des zones touchées a été réalisée grâce au site “Floodmap” de la NASA simulant les scénarios de montée des eaux dans le monde. Ici, il a été choisi une montée des eaux de 1 m et 3 m, valeurs prédites si un tsunami venait à se produire et respectant le scénario le plus probable d’une montée des eaux de 1 m en 2100. Ces données ont été superposées à la carte des risques hydrologiques de la commune de Naples reprenant les risques d’inondation et de déplacement de terrains dus à l’affleurement des eaux souterraines.
29
Aspect géologique
L’Italie, et la région de Campanie en particulier, a été fréquemment sujette aux glissements de terrain et aux inondations depuis des siècles. Certaines régions du pays sont qualifiées d’hydrogéologiques, c’est-àdire que « les processus naturels et anthropiques, liés à la pente, au sol et aux masses d’eau, déterminent des conditions dangereuses sur le territoire ». [1] En raison de la combinaison de conditions géologiques complexes et de développement urbain sauvage, la Campanie est l’une des régions les plus vulnérables de l’Europe en ce qui concerne les risques géologiques [2]. Ce mémoire insiste sur le fait que les changements climatiques combinés avec l’activité anthropique sont les principaux facteurs déclenchant de nombreuses tragédies, en Italie mais aussi dans diverses régions du monde. Dans ce chapitre, des explications supplémentaires sur l’apparition d’inondations seront fournies, ainsi que l’identification de la vulnérabilité du territoire concerné. Le sous-sol de la ville de Naples a été formé par des éruptions volcaniques successives, par sa proximité avec la zone volcanique des Champs Phlégréens à l’Ouest, particulièrement connue pour ses calderas (cratères volcaniques de très grandes dimensions résultant d’un effondrement) donnant une morphologie particulière à la région. A Naples, on peut distinguer quatre types de formations différentes : l’Ignimbrite Campanienne, le plus ancien, (35 000 ans b.p) ; puis on voit apparaître le Tuf jaune pré-napolitain (35.000 - 12.000 ans b.p) ; suivi du Tuf jaune napolitain (12 000 ans b.p) ; et enfin une couche de pyroclastiques formant le sol Napolitain (> 12 000 ans b.p). [3] Cette dernière
30
strate se caractérise par « une alternance répétée de pierres ponces (roches volcaniques très poreuses et de faible densité), de cendres, de scories et de paléosols, généralement stratifiés, d’une épaisseur de quelques dizaines de mètres, formant ainsi la couche supérieure pyroclastique avec une perméabilité élevée à l’eau, conduisant souvent à un degré élevé de saturation lorsque la nappe phréatique a un haut niveau [4]. Dans la vallée du Sébéto, on retrouve un sol alluvial composé de pélites, c’est à dire des roches sédimentaires, présentes sous la forme de roches argileuses et qui se caractérisent par une forte capacité de rétention à l’eau mais une faible perméabilité en général.
Précipitations
Le risque d’instabilité croissante du sous-sol n’est pas seulement dû à sa structure mais constitue toujours une combinaison de facteurs multiples. L’urbanisation des terres accidentées et défavorables, les grandes précipitations de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique et dans une mesure plus limitée, les activités sismiques sont à l’origine de phénomènes géologiques naturels graves lorsqu’ils se produisent dans des zones urbanisées. [5] Des études récentes ont montré une tendance à la hausse dans les précipitations annuelles moyennes au cours des années. Les caractéristiques des averses ontelles aussi évoluées au fil du temps : les précipitations à faible intensité et à longue durée ont évolué vers des périodes de pluie de forte intensité, fréquemment alternées avec des intervalles de peu ou pas de pluie. Ces phénomènes se produisent principalement à l’automne, l’hiver et au début du printemps et sont
majoritairement à l’origine des glissements de terrain et des inondations [6]. Les aspects géologiques et l’augmentation des précipitations ne sont pas les seuls facteurs qui sous-tendent ces dangers. En période de pluie torrentielle, des eaux pluviales excessives, venant des collines autour de Naples, sont amenées à la mer par l’intermédiaire du système d’égout de la ville : les tuyaux surchargés et les collecteurs éclatent souvent et l’eau s’infiltre dans le sous-sol. La couverture pyroclastique perméable devient alors saturée, perd sa résistance, s’effondre et est souvent même lavée. Les conséquences ne peuvent pas être négligées, surtout dans les zones à forte pente : des fissures peuvent se produire dans les bâtiments s’ils ne sont pas emportés par des glissements de terrain entraînant des catastrophes encore plus importantes. Au cours des dernières années, il est devenu évident que le réseau d’égouts de Naples était sous-dimensionné et mal entretenu.
Influence anthropique
La population de Naples a toujours été croissante et d’une façon encore plus importante durant ces derniers siècles. En raison de l’augmentation de la population après la Seconde Guerre mondiale, la ville a connu une expansion massive et imprévue. Des milliers de résidents de la classe moyenne ont déménagé dans les nouvelles banlieues plus confortables qui se développaient autour de la vieille ville. Par conséquent, à cause d’une pénurie de logements, la ville s’est rapidement développée souvent sans réglementation de construction ou planification urbaine à grande échelle, parfois illégalement. [7] Les terres agricoles se sont vite retrouvées en chantiers. Dans la plaine
de Volla et du Sébéto à l’Est de la ville « le système hydrographique original a été brusquement interrompu par des obstacles physiques, comme le chemin de fer, ou modifié et inclus dans l’expansion urbaine ». [8] Le paysage marécageux a été complètement transformé en bâtiments résidentiels et en industries. [9] L’environnement agricole est dès lors composé de blocs d’appartements élevés, d’usines et de raffineries et se trouve traversé par un réseau étendu de routes et de chemins de fer. Par conséquent, les eaux de tempête, en partie provenant des pentes du mont Somma et du Vésuve, qui coulaient naturellement vers la plaine de Volla puis la plaine du Sébéto doivent maintenant être drainées par l’égout. Cependant, l’augmentation des précipitations n’a pas été prise en compte lors de la construction du réseau d’égouts, entraînant certains dysfonctionnements comme décrit ci-dessus. Des mesures urgentes sont à prendre [8]. Le développement urbain n’a pas seulement négligé les codes et les règlements de construction valables, mais a également négligé la présence de grottes et galeries souterraines. Les bâtiments et les routes ont souvent été érigés au-dessus d’énormes trous dans le sol (carrières d’extraction de tuf), séparés l’un de l’autre seulement par quelques mètres de sol pyroclastique. De plus, le Centre directionnel de Naples (CDN) conçu par l’architecte métaboliste japonais Kenzo Tange entre 1985 et 1995, a été construit sur une zone au sol poreux où les nappes phréatiques sont très proches de la surface. A cause du poids des gratte-ciel, un phénomène de subsidence localisée apparait peu à peu créant des résurgences de l’eau souterraine et des inondations. [9] Ainsi, à Naples, le problème des inondations vient du
31
fait que la ville est construite sur un sol poreux avec des nappes phréatiques très proches de la surface. Lors des fortes pluies, le trop plein n’est plus absorbé. Parfois, le cas inverse est observé : l’urbanisation excessive de la ville rend le sol trop étanche. Dans ce cas, la capacité d’absorption du sol est nulle. L’eau de pluie n’est plus drainée provoquant le ruissellement des eaux de surface.
Typologie du bâti
Le tissu résidentiel et le tissu industriel rencontrés sur le site ont peu de possibilités d’adaptation face au risque, ce qui peut être un facteur aggravant en cas d’inondation. Dans la partie Nord-Est de la zone industrielle, on rencontre des habitations de plain-pied, parfois sans étage. Les quelques marches de l’entrée ne sont pas suffisantes si la zone est inondée, les habitants n’ont pas non plus de pièces en hauteur pour se réfugier. Sur le reste de la zone cependant, la majorité des logements collectifs construits dans les années 70 ont un sous-bassement ou un niveau semi-enterré, dans ce cas-ci, l’inondation n’endommagera pas les pièces de vie des habitants, situées en hauteur. Du point de vue de la résilience, cette typologie est acceptable même si des dégâts seront sûrement à noter. Plus au Sud, sur des terrains en friche, des habitations informelles de type bidonville se sont développées. Si une inondation venait à se produire, cette population serait totalement démunie. En ce qui concerne l’industrie présente sur le territoire, on peut distinguer deux typologies liées à l’usage. Les usines et les entrepôts liés à la production
32
et au stockage sont totalement de plain-pied. Dans le cas d’une inondation, l’eau rentrerait sans problème, ayant un impact sur le matériel, les biens produits et le bâtiment. Cela peut être aussi dangereux pour les ouvriers. Les bureaux et les lieux de réception sont situés dans des bâtiments ayant une typologie similaire aux logements communautaires. Ils sont généralement surélevés par rapport au niveau du sol grâce à un sousbassement. Transformer la typologie des entreprises revient à faire un choix entre favoriser l’usage ou la sécurité. Un entre deux devrait être envisager pour rendre le tissu industriel résilient. Ainsi, le tissu résidentiel et le tissu industriel sont vulnérables à cause de leur typologie. Jouer sur la forme du bâti peut être un levier d’action pour palier le problème de l’inondation mais semble difficile à exploiter.
Typologie du bâti - Naples, 2017
33
Géologie - Le sol du territoire napolitain est principalement constitué de roches volcaniques sur les hauteurs et de sédiments alluviaux en fond de vallée. Il est en grande partie à l’origine des problèmes liés à l’eau. D’après la Région de Campanie, difesa del suolo, Carta Geologica.
34
Perméabilité du sol - Les terrains en hauteur, correspondant aux Champs Phlégréens et au Vésuve, sont constitués d’une roche poreuse. Alors que la vallée du Sébéto, étant constituée principalement d’un sol argileux, a une faible porosité. Les résurgences de la nappe phréatique affleurante font que l’eau n’est plus absorbée une fois qu’elle a ruisselée vers la vallé. Ce phénomène est aggravé par l’urbanisation excessive. D’après les cartes «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento» (SINTACS). et «‘Influence of the subsoil on the urban development of Napoli’,» de Aversa, S. , Evangelista, A. and Scotto di Santolo, A.
35
Conséquences de l’industrialisation
Entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, la plaine est restructurée pour se transformer en principal pôle industriel de Naples : l’ordre spatial de la ville industrielle s’impose grâce à des systèmes d’infrastructure, des systèmes de pompage d’eau, de quartiers industriels et, par la suite, d’une urbanisation extensive, qui effacent les traces des canaux historiques et modifient les flux hydrologiques naturels. Après la Seconde Guerre mondiale, les industries ne cessent de se développer et de nouvelles grandes usines de production viennent s’installer sur la zone. On installe le site pétrochimique de Naples, d’une superficie d’environ 800 hectares, au centre de la zone industrielle. Le site est relié au port industriel et commercial par les infrastructures routières et ferroviaires [5]. Après la Seconde Guerre mondiale, un certain nombre de puits a été installé pour répondre aux besoins en eau de la ville, les sites de pompage de la nappe aquifère sont en constante augmentation, à la fois à des fins potables et pour l’expansion du terrain industriel [6]. Le rythme de captage d’eau a donné lieu, dès les années 70 du XXe siècle, à la disparition totale des eaux de surface dans les plaines, et a artificiellement abaissé le niveau des eaux souterraines sur des dizaines de mètres. L’urbanisation de la plaine s’est donc faite sans tenir compte du problème, apparemment dépassé à l’époque, de l’affleurement des eaux souterraines ; au contraire, elle a contribué par la suite au foisonnement des eaux de surface. En effet, au début des années 90, la combinaison de la crise industrielle et de la dégradation
36
de l’eau extraite à des fins de consommation a conduit à la forte réduction des pompages et, par conséquent, à la montée du niveau des eaux souterraines. La combinaison de ces processus avec les effets des changements climatiques ont conduit à l’état actuel de la crise de l’hydraulique de la zone, caractérisée par des inondations chroniques et fréquentes inondations [6]. A cette crise hydraulique s’ajoutera la crise sociale en raison de la diminution des activités et une condition de dégradation qualitative générale des sols, des eaux de surface et même de la nappe phréatique, dû à la fois à l’héritage industriel, à des pratiques semi-légales ou d’urbanisation illégale et à la production agricole. La commune de Naples croule sous les déchets domestiques. Leur gestion est très mal organisée et le plus souvent par la mafia locale, de plus en plus de dépôts illégaux ont vu le jour sur plusieurs sites en Campanie, parfois même dans des parcs naturels protégés comme celui du Vésuve. Inappropriés au type d’ordures collectées, ces dépôts polluent ainsi le terrain et les cours d’eau à proximité. Généralement, ils sont enfouis sous des terrains agricoles réputés pour leur fertilité. Les enquêtes sur l’état chimique des eaux souterraines montrent, en effet, du nitrate en excès en amont du réseau dans les nappes montagneuses déversant l’eau dans le golfe de Naples. En progressant vers le sud, la concentration en nitrate diminue, jusqu’à ce que l’eau intercepte l’Est de la zone industrielle de Naples, où des concentrations élevées de tétrachloroéthylène et les hydrocarbures (HAP) polluent la nappe juste avant son dévers dans la mer [7].
Les enjeux du territoire
La régénération urbaine du quartier Est serait, en même temps, le lien et le raccommodage entre le centre historique de Naples et l’expansion résidentielle de la ville, comme le quartier de Ponticelli. Ce grand vide, le long de la ligne de chemin de fer Nord-Sud, composé d’équipements peu nombreux et isolés, forme un territoire très peu habité qui accentue encore plus la séparation entre les différentes parties du territoire. Cette zone orientale de Naples a, pendant des décennies, été l’objet de débats, de discussions et de décisions de plusieurs générations d’administrateurs et d’urbanistes. Comment construire les conditions d’une régénération urbaine, d’une zone qui a connu une succession de chevauchement, entre habitat et industrie, où les principes d’urbanisation sont différents et souvent contradictoires, avec un rôle central pour l’économie de la région ? Comment donner une réponse aux nouvelles questions des rapports et des exigences d’échelle supra-municipale, notamment en ce qui concerne le contenu écologique et environnemental lié à la structure morphologique de la vallée et du Vésuve ? Les contradictions relevées proviennent des intérêts divergents des acteurs ; les terrains de la zone industrielle sont privés, appartenant à diverses entreprises qui souhaitent conserver ce statut et espèrent relancer l’économie industrielle du site. Elles sont fortement liées avec le port industriel qui lui, est en développement. Les infrastructures de mobilité sont en majorité liées au transport de fret, les zones périphériques des voies de chemin de fer appartiennent aussi à la compagnie ferroviaire et sont inaccessibles
à la population. Des oléoducs sont directement connectés depuis la raffinerie au port. Néanmoins, la décroissance industrielle pousse au démantèlement de certaines activités. Les terrains sont convoités par les entrepreneurs et divers investisseurs privés. Cependant, le risque d’inondation de la zone joint à la contamination des nappes phréatiques pourtant utilisées pour alimenter la ville en eau relève d’une affaire publique bien plus importante que les divergences des acteurs concernés. La prise en compte de ces données nous dévoile une Naples vulnérable, faisant du projet de réaménagement de cette zone industrielle un intérêt commun aux habitants de Campanie. Le terme de vulnérabilité traduit la résistance plus ou moins grande du bien ou de la personne à l’événement. Il exprime le niveau de conséquences prévisibles d’un phénomène naturel. La vulnérabilité des biens dépend de leur nature (maison, entrepôt, site industriel, patrimoine culturel, etc.), de leur localisation et de leur résistance intrinsèque. Sous le terme d’enjeux sont principalement regroupés les constructions, le patrimoine, les activités économiques, les équipements et les réseaux. À cette notion viennent s’ajouter les personnes. Plus un bien est vulnérable, plus les dommages seront importants.
37
Transect - Les usages dans la vallée du Sébéto
Transect - Système hydrographique et perméabilité
38
Perturbation du cycle de l’eau - Coupe schématique de la vallée du Sébéto
Transect - Outil pour une la compréhension du territoire La difficulté dans l’analyse du risque hydraulique est aggravée par l’interdépendance entre les différentes parties du territoire que le changement climatique rend encore plus important et plus visible [1] . De plus, les rôles social et économique interfèrent avec l’espace, le transforment selon la position des activités dans la vallée. Un transect – une coupe longue à travers le territoire - permet de comprendre comment fonctionne le cours de l’eau et le paysage en relation avec l’usage qu’en a fait l’homme de celui-ci [2]
39
Réseaux de mobilité Par l’empleur du réseau routier, cette carte met en évidence l’étalement de la ville, depuis son centre historique dense à l’Ouest vers une périphérie plus aérée à l’Est, ainsi que sa connectivité avec le reste du territoire. L’aéroport international et la zone industrielle sont clairement mis en évidence par les grands espaces vides apparents. La zone industrielle à l’Est de Naples est encerclée par un réseau ferroviaire à l’Ouest et un réseau autoroutier à l’Est, créant ainsi une rupture franche entre les quartiers limitrophes. D’après OpenStreetMap
40
Réseau hydrographique superficiel Le réseau des eaux de la zone orientale montre l’intervention de l’homme sur le paysage. Autrefois fleuve principal de Naples, le Sébéto était considéré comme une grande ressource, utile à l’agriculture dans la vallée. Il est maintenant oublié de ses habitants du fait qu’il est recouvert et utilisé pour le drainage et l’évacuation des eaux urbaines. Le sous dimensionnement du réseau ne permet pas de gérer l’eau en surplus lors des fortes précipitations. D’après la carte de la SINTACS «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento»
41
Eaux de sous-face : Nappes phréatiques dans la plaine du Sébéto La présence des nappes phréatiques très proches de la surface explique le risque élevé d’inondations dans la plaine à l’Est de Naples. Ce terrain est naturellement poreux, les transformations du paysage effectuées par l’homme ont affecté le cycle naturel d’écoulement des eaux. D’après C. VIPARELLI, Viparelli C. , Le acque sotteranee
42
Eaux de surface : Cartographie du système Sébéto La fusion de deux systèmes hydrauliques, superficiel et profond, dans une zone dépressive a déterminé la caractérisation historique : une zone humide traversée par de petits plans d’eau qui ont constitué le système Sebeto. D’après Di MARTINO, Bonifica come progetto territoriale. Lo scenario buffer
43
Plan de correspondance des relevés Les nombreux relevés montrent la proximité entre la nappe aquifère de la plaine avec la surface. Des puits de pompages sont fréquents sur cette zone pour répondre aux besoins en eau potable de la ville et à des fins industrielles. D’après C. VIPARELLI, Le acque sotteranee
44
45
46
Excursion sur le site industriel - Naples, 2017
47
48
L’INCERTITUDE : MOTRICE DE PROJET Une catastrophe non naturelle
«Lorsque l’homme exagère, la nature réagit toujours» Frédéric Vézard [1] Comme la population urbaine augmente fortement, on prévoit pour les années 2030 que plus de 60% de la population mondiale vivra dans de grandes agglomérations [2]. Mais cela signifie aussi que la plupart des sites à haut potentiel de dommages sont localisés dans les aires urbaines. Alors qu’autrefois la ville était vue comme un lieu de refuge face aux menaces de la nature par l’apport de ses nombreuses ressources, elle est maintenant source d’une haute vulnérabilité par une croissance désordonnée, l’augmentation de la population, les déficits infra-structuraux, leur mauvaise gestion, la pauvreté et la détérioration de l’environnement. Ces facteurs font que les multiples changements environnementaux, dus au processus constant de transformation de notre planète Terre, ou provoqués par les activités humaines, se transforment en véritables « catastrophes » pour les communautés qui occupent ces environnements. A Naples, l’urbanisation croissante et l’imperméabilisation des sols qui l’accompagne, ainsi que la confirmation du réchauffement climatique font craindre des inondations supérieures aux plus hautes eaux connues. Ainsi, face à une menace naturelle comme une inondation, les villes vulnérables subissent de forts dommages envers la population, leurs biens et les infrastructures. On en déduit alors que risque va de pair avec l’habitat urbain : « un désastre est le produit de la convergence, à un moment et à un lieu déterminé, de deux facteurs : Risque et vulnérabilité » [3].
Risque x Vulnérabilité = Désastre Si nous ne pouvons pas éviter les risques « naturels », comme une inondation, il est peut-être possible de transformer le risque « facteur humain », qui est dans ce cas-ci l’activité humaine ou bien encore jouer sur le facteur vulnérabilité et de sa réduction, c’est-à-dire la mitigation.
Adapter plutôt que résister
« Il est admis que, si l’on ne peut prévoir ou maîtriser ces évènements, on peut toutefois agir pour réduire les dommages ou les pertes directes ou indirectes liées à leur occurrence, autrement dit, agir sur la vulnérabilité ou renforcer notre capacité de faire face et de résilience », A. Maskrey, 1993 [5] Lors de la conférence “l’incertitude comme moteur de l’action” [6], organisée par le “5 à 7” du Club Ville Aménagement en mai 2014, Ariella Masboungi, architecte-urbaniste, ouvrait le thème par cette question : « Comment se projeter et aménager face aux incertitudes ? » et proposait de réfléchir aux moyens de se projeter dans l’avenir. Elle insiste sur la notion “l’imprévu” capable « d’enrichir les projets et méthodes ». Elle décrit aussi les diverses réactions face à l’incertitude : « plusieurs attitudes sont possibles telle la paralysie, je ne sais pas, je ne fais pas, je ne décide pas. Il y a également l’attitude opposée, qu’est l’engagement chevronné pouvant aussi mener à une impasse. Cette conférence encourage à considérer les risques, les aléas et les incertitudes autrement que
49
sous l’aspect des contraintes mais bien comme source de projets. La recherche urbaine est en lien avec un urbanisme efficient, la compréhension des faits et des risques permet la réduction de la vulnérabilité. En appliquant ce discours au risque de l’inondation, nous apprenons qu’il faut partir du fait qu’il existe la menace et que cela ne signifie pas vivre en dehors du risque et de l’éviter mais qu’il faut apprendre à vivre avec. Il faut voir la menace d’une inondation comme une opportunité de développement du territoire urbain et d’inventer un nouveau mode d’habiter.
Vers une résilience urbaine
Le phénomène de l’inondation a un aspect aléatoire et incertain, surtout lorsqu’il est basé sur des prédictions de changement climatique. La faible efficience des systèmes de prévention et de protection face aux submersions du territoire nous permet de penser qu’il ne s’agit pas de « lutter contre » mais de « faire avec ». Intégrer et accepter la possible inondation induit une nouvelle démarche constructive adaptée aux zones à risques. Il en va de passer d’un territoire résistant à un territoire résilient. Le projet architectural et urbain permet, en intégrant le risque de l’inondation dans la conception, de diminuer la vulnérabilité du site étudié. L’usage d’une dénomination spécifique permet de mieux comprendre un sujet spécifique. Issue de cette recherche sur la manière de faire face à un risque, il se doit de développer le terme de résilience. Le mot résilience prend source en physique et mathématiques où il était utilisé « pour décrire la capacité d’un matériau ou d’un système à retrouver un équilibre après une
50
déformation »[7]. Dans le cas d’un risque naturel, un territoire résilient est vu comme un territoire en mouvement, capable d’anticiper les perturbations, d’en minimiser les effets, capable de maintenir les fonctions basiques et les infrastructures pendant l’évènement, de revenir rapidement et avec le moins d’impacts possibles à la situation initiale. Être résilient, c’est accepter le risque et le transformer afin d’en minimiser les effets. La prise en compte du risque permet de générer des projets en concordance avec leur territoire, dans un souci d’adaptation et non de domination. « La résilience se concentre sur les formes de récupération d’une ville et non nécessairement sur les formes de sa protection ». Nous l’avons vu bien des fois, dans le cas des inondations de 2002 et 2003 dans le Sud de la France par exemple, que les prouesses techniques et économiques utilisées dans les mesures de mitigation ne sont pas suffisantes. Il est impossible de protéger totalement une ville d’une inondation, mais une planification urbaine bien étudiée permettrait de limiter les dommages et coûts dus à une telle catastrophe.
51
52
CONCEPT DE RÉSILIENCE Le modèle conceptuel suivant, réalisé par Bruno Barroca, Damien Serre et Diab Youssef dans Le concept de résilience à l’épreuve du génie urbain [1] , construit la représentation de la démarche de résilience en génie urbain d’un point de vue général. Le modèle conceptuel proposé ici comprend à la fois le système technique étudié, la dépendance urbaine à ce système, et l’organisation territoriale. Il renseigne sur les méthodes ou principes permettant de parvenir à un résultat et fournit donc un cadre conceptuel pour la mise en place d’une stratégie de résilience. Il ne définit pas les technologies ou les actions nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie établie, car cellesci sont contextuelles et évolutives, mais il permet de représenter la structure synthétique de la résilience en génie urbain.
La résilience fonctionnelle
Lors de l’évaluation des risques en génie urbain on étudie l’interrelation des infrastructures interdépendantes et les liens de dépendance avec le territoire. On établit les causes et les effets d’une éventuelle défaillance d’un système pour déterminer la fiabilisation des infrastructures critiques. Trois leviers d’actions dans le management des risques peuvent alors être révélés ; le maillage important du réseau, la résistance des composants et la capacité du système technique à trouver des modes de fonctionnement alternatifs ou rétrogradés qui n’impliquent pas la défaillance totale du service qu’il assure.
La résilience corrélative
La résilience d’un système technique est possible lorsque la corrélation entre service et usage
reste acceptable à tous les temps du risque. C’est-àdire que, sous les principes de la résilience, le service et l’usage forment un ensemble indissociable. Si une modification est faite à l’une des parties, l’autre doit être modifiée aussi.
La résilience territoriale
La résilience évalue aussi la vulnérabilité et la capacité d’un territoire à faire face à une perturbation. Il n’y a pas de méthode théorique applicable pour ce cas-ci car la résilience territoriale dépend en totalité du contexte. Elle exprime cependant la capacité pour des conditions locales ou territoires locaux à mobiliser des conditions générales ou territoires plus larges. Ce lien de solidarité entre les échelles est aussi un facteur important de résilience qui s’exprime généralement dans les dimensions d’absorption et de récupération de la résilience. Un tel modèle a plusieurs finalités : il vise à véhiculer une conceptualisation commune à travers laquelle il est possible de concevoir des références pour la médiation, l’échange, la description ; il peut aider à construire un cadre d’analyse de la pertinence des règles existantes ; il contribue à orienter des stratégies de résilience. Lorsqu’une approche dite « résiliente » s’applique aux systèmes techniques elle est généralement très restrictive et se traduit par de la fiabilisation et par la mise en place d’objectifs de continuité de service. Actuellement, lors des dysfonctionnements et crises urbaines, il y a une contradiction entre des politiques de gestion des risques qu’il conviendrait d’adapter et un développement urbain qui prend rarement en compte les potentielles défaillances en cas de crise.
53
Modèle conceptuel de résilience appliqué au génie urbain [2]
54
Les huit critères de la résilience
En complémentarité du travail de Marie Toubin, Serge Lhomme, Diab Youssef, Damien Serre et Richard Laganier, huit éléments de référence ont été élaborés grâce à de nombreuses sources étudiées lors de recherches précédentes, dont en particulier le guide d’évaluation à la résilience aux tsunamis pour les communautés de bord de côte élaborés par l’USAID qui définit très clairement les points clefs qui permettent d’arriver à un contexte urbain résilient. Ils permettent d’élaborer une évaluation de n’importe quel système se voulant résilient. Une défaillance au niveau d’un critère rend le système étudié vulnérable. Ces critères sont la gouvernance, la société et l’économie, l’usage des sols et plans structurels, la gestion des ressources et la connaissance du risque, le système d’alerte et d’évacuation, la réponse à l’urgence et la récupération post-catastrophe. Gouvernance : La direction, le cadre juridique et les institutions offrent des conditions propices à la résilience grâce à la participation de la collectivité avec le gouvernement. La connaissance du risque : La direction et les membres de la collectivité sont conscients des vulnérabilités et perturbations possibles. L’information sur le risque est utilisée lors de la prise de décisions. La société et l’économie : Les communautés sont engagées dans des moyens de subsistance divers et respectueux de l’environnement, résistants aux dangers. La gestion des ressources : Les communautés
résilientes sont conscientes de leur relation et de leur dépendance avec leurs ressources et comprennent dans quelle mesure leur dégradation les met en danger. La gestion active des ressources soutient les services environnementaux. L’usage des sols et plans structurels : L’utilisation des terres et la conception structurale complètent les objectifs environnementaux, économiques et communautaires et réduisent les risques liés aux perturbations. Alerte et évacuation : la communauté doit être dans la capacité de recevoir des notifications et des alertes sur les risques côtiers, d’alerter les populations à risque et les organismes acteurs lors des phases de danger. Réponse à l’urgence : Des mécanismes et des réseaux sont établis et maintenus pour répondre rapidement aux catastrophes côtières et répondre aux besoins d’urgence au niveau communautaire. La récupération après catastrophe : Une communauté côtière résiliente doit avoir un plan de récupération post catastrophe qui doit être mis en place avant le sinistre afin de permettre l’accélération de la récupération, impliquant les organismes locaux dans le processus de rétablissement et minimisant les impacts environnementaux, sociaux et économiques négatifs. L’architecte urbaniste, dans son rôle de médiateur, veillera à ce que chaque critère soit respecté tout au long de la réalisation d’un projet. Il interviendra de sa personne dans l’élaboration des plans d’usage des sols et des plans structurels.
55
56
LA MORPHOLOGIE URBAINE : UN INSTRUMENT DE RÉSILIENCE Vers une ville durable
« La clé pour une intégration réussie de la planification du rétablissement et de la conception urbaine réside dans un changement de pensée qui voit la résilience comme un cadre pour l’élaboration de l’espace urbain afin qu’il puisse non seulement contribuer de manière significative à la qualité de la vie urbaine au quotidien, mais aussi peut être adapté comme support essentiel de la vie et comme agent de récupération en cas de catastrophe. » Allan & Bryant, 2011 [1] La résilience urbaine est avant tout un objectif général qui peut se montrer superficiel et inefficace s’il est employé de façon générale. Il se doit donc d’être intégré à un scénario particulier et adapté à chaque localité. La transformation d’une ville vers sa résilience est plutôt complexe, les processus de changements ne doivent pas empêcher un développement de la ville qui est tout aussi important que la sécurité de celle-ci. Améliorer la résilience aux catastrophes dans le domaine urbain est une tâche essentielle. La planification urbaine joue un rôle central dans ce genre de situation, du fait de sa capacité à intégrer les aspects multiples qui permettent la réduction des risques de catastrophe. L’architecture urbaine détient plusieurs rôles afin d’affecter systématiquement et globalement l’emplacement et la conception du développement urbain, de fournir des interventions stratégiques, d’incarner la participation du public et de fournir des liens politiques. Elle permet d’anticiper les besoins futurs et intègre des enjeux à long terme. La planification urbaine peut également contribuer à accroître la sensibilisation des citoyens aux risques
de catastrophes naturelles. Dans l’architecture de la résilience apparaissent trois piliers fondamentaux dont leur combinaison déterminera le niveau de résilience de la localité.
Le potentiel social
La capacité sociale, comme le définit Spellerberg [2], est l’ensemble des relations volontaires entre individus ou groupes d’individus qui créent une capacité d’agir positivement dans le but d’un bénéfice mutuel et d’un plus grand objectif commun. Le comportement coopératif génère l’inclusion et l’ouverture et de l’équité. Dans le cadre d’une inondation, le potentiel social influence l’autonomie de la communauté atteinte grâce aux réseaux, aux organisations, aux normes culturelles et éducatives et à la sensibilisation. Il permet des prises de décisions primordiales lorsque la communauté est touchée par un aléa climatique. Lors de la planification et la gestion, on considère la préparation communautaire à l’éventualité d’une inondation et le mécanisme de coordination pour le processus de récupération comme la capacité de l’apport social au projet. Dans le potentiel social, il faut souligner l’apport de l’action participative dans l’élaboration d’un projet. En effet, elle est importante car les locaux apportent une perception et une connaissance différentes de celles des experts et enrichissent ainsi l’analyse. Le fait de se sentir concerné permet aussi la sensibilisation des habitants face au risque et génère des prises de décisions rapides lorsque le phénomène se produit. Cette participation sociale donne de la
57
satisfaction aux locaux du fait que le projet est intégré au lieu, respecte la culture locale et répond aux besoins réels de la communauté et donc permet d’améliorer la qualité de vie des habitants et l’économie locale. L’urbanisme participatif favorise un dialogue ouvert et une interaction productive entre les usagers, les experts et les décideurs, et ce, tout au long du processus à condition d’être enclenché dès le départ et de faire l’objet d’un suivi constant.
Le potentiel urbain
Le cas étudié dans ce travail de fin d’études permet de comprendre le lien entre la structure urbaine et sa capacité à accepter l’inondation. Comme il est impossible d’empêcher une catastrophe naturelle, il est préférable d’avoir un plan pour que les communautés puissent faire face avec un minimum de perte et récupérer en un minimum de temps. La planification urbaine est nécessaire dans la préparation aux catastrophes, la planification est également nécessaire pour protéger la population contre le risque, en régulant le plan d’utilisation du sol et d’autres mesures. La planification a également un enjeu important dans la réponse à l’urgence et à la reprise après sinistre. Dans un tel contexte de crise, la morphologie urbaine a un grand rôle à jouer pour réduire la vulnérabilité de la zone urbaine ; que ce soit pour favoriser l’évacuation de la population, atténuer l’impact des flux ou encore de limiter les dégâts. Mais l’idée que l’environnement urbain, non seulement les édifices mais aussi l’espace entre les édifices, pouvant être conçu dans le but d’influencer la récupération après une catastrophe, est relativement nouvelle. On peut
58
imaginer comme transformation urbaine des moyens de mitigation en zone de risque et dont l’efficacité dépendra de sa faisabilité technique, sociale et économique tels que des défenses de bord de côte, des parcs de mitigation où l’inondation est acceptée sans toucher les infrastructures existantes, des équipements de drainage, etc. … Autres que les constructions de défense, l’usage du sol et sa répartition doit montrer une cohérence avec les niveaux de risque rencontrés et les activités autorisées. De même, les équipements publiques et vitaux de la ville, tels que les casernes de pompiers, les postes de police, les centres de santé, les collèges ou encore les centres pénitenciers ne peuvent être placés en zone de risque. Un même critère doit être adapté aux activités à risques comme les centres de production énergétiques, les réserves de produits chimiques et de combustibles. Aussi, une ville résiliente doit présenter un plan de mobilité et permettre des voies d’évacuation en cas d’urgence, bien signalisées, menant à des zones de sureté de la ville. Des voies de connexions avec les localités avoisinantes, non vulnérables, doivent être pensées pour faciliter l’accès des secours.
Le potentiel institutionnel
Dans la gestion des catastrophes, politique et planification sont les éléments importants devant être conjugués ensemble afin de répondre aux besoins des localités à risque. Ces communautés, vulnérables de par leur localisation, ont besoin de politiques et planifications spéciales. Pour une communauté résiliente, les politiques locale et régionale ont des rôles significatifs et importants. Il faut veiller à ce
que la planification soit menée à tous les niveaux de gouvernement. Dans ce cas, l’objectif de la planification est le développement d’une capacité institutionnelle et le renforcement des capacités techniques. Pour qu’une communauté soit résiliente, elle doit mettre en place une action délibérée pour réduire les risques dans le but d’éviter la catastrophe et d’encourager l’accélération de la récupération en cas de catastrophe. Pour cela, l’activité de planification se réalise avec les décideurs, les gestionnaires d’urgence et les organisations d’aide humanitaire. En premier lieu, il s’agit d’élargir et de renforcer les capacités techniques institutionnelles ; deuxièmement, d’élaborer et de mettre en œuvre des systèmes d’information et d’aide à la décision ainsi que des systèmes d’évaluation des risques et de la vulnérabilité par des outils appropriés et des procédures ; et, troisièmement, d’améliorer l’accès aux données institutionnelles et aux fonds de renseignements. Ce plan doit mettre en place la structure et les mécanismes pour faire face aux catastrophes et il doit permettre d’anticiper les catastrophes futures. Les institutions gouvernementales ont ainsi pour rôle d’assumer la responsabilité de l’organisation des équipes en charge de la sécurité préventive et réactive, de maintenir les populations informées, d’implanter des programmes éducatifs et des systèmes d’alertes, de s’assurer de l’ordre public, de rester à l’écoute de la population touchée et finalement de diriger les processus de reconstruction. Ce rôle institutionnel dans la résilience urbaine a pour habitude d’être le point faible des pays et le plus difficile à résoudre. En citant le cas de Dichato, étudié précédemment, le Chili n’échappe pas à la règle. En effet,
lors du tremblement de terre suivi du tsunami de 2010, les erreurs dans la clarté des informations, le manque de protocoles de réaction et la non-coordination des institutions ont été la cause de pertes humaines. Malgré les multiples erreurs du système de sécurité et d’évacuation du pays, il a été observé une capacité collective d’intervention opportune due à un héritage oral ; c’est-à-dire l’évacuation des milliers de personnes du bord de côte de manière spontanée avant le tsunami et avant même que l’alarme de risque, qui ne s’est jamais déclenchée, ne sonne. Avec cet exemple, on comprend que le potentiel social est sûrement le pilier de la résilience le plus important dans la gestion du risque.
59
60
ARCHITECTURE ET INONDATION Du vernaculaire au contemporain
Le risque d’inondation a toujours existé. Certaines communautés ont su développer une véritable culture du risque, vivant au gré des marées, voyant l’inondation comme une réelle opportunité. Si dans de nombreuses cultures, construire sur l’eau est vu comme une tradition, dans nos régions, vivre sur l’eau a souvent relevé de la lubie, faisant l’objet de projets utopiques. Aujourd’hui, de nombreux projets s’intéressent à la question de vivre sur l’eau mais surtout avec l’eau. Certains y voient un intérêt dans le gain de territoire, d’autres sont réellement confrontés au problème de submersion et ne peuvent plus lutter contre ce phénomène. La prise en compte du risque d’inondation et de submersion marine dans les stratégies d’aménagement urbain et de développement territorial est relativement récente. En effet, à la suite de plusieurs évènements catastrophiques comme les tempêtes Xynthia en France, Sandy et l’ouragan Katarina aux Etats-Unis, les dispositifs de protection traditionnels ont démontré leurs limites. Ainsi, de nouvelles méthodes d’intervention sont imaginées par divers architectes, ingénieurs et urbanistes du monde entier, montrant une préoccupation à l’échelle internationale. Les projets décrits ci-après constituent une source référentielle alimentant la démarche de ce travail de fin d’études. Allant de l’architecture vernaculaire aux projets innovants de notre époque, pensés à toute échelle, réalisés ou esquissés, tous ces projets proposent des dispositifs alliant résistance et résilience, supports d’une économie et d’un développement urbain durable et soutenable. Ces
projets démontrent qu’il est possible de vivre avec le risque.
61
62
ARCHITECTURE TOTEM Brick Pit Ring, Durbach Bloch Architects , Australie, 2005 « Centre d’interprétation environnementale et exposition d’extérieure. Reconcilier l’accès au public, la sécurité et la conservation de la vie sauvage d’une manière qui transforme ces ambitions en une structure iconique, le projet est beau dans sa simplicité et sa poétique dans sa vision. Construit, c’est un exemple de construction dans un site fragile » Durbach Bloch Architects Construire en hauteur, comme les infrastructures de mobilité déjà présentes sur le site, permet une inondation sans interférer avec l’usage de l’édifice. Une passerelle conserve la liaison entre deux lieux, elle permet la promenade mais aussi un accès d’urgence. C’est aussi un belvédère sur le site aux alentours : une telle instalation sur le site étudié
offrirait une vue sur la plaine du Sébéto, la mer et le Vésuve. Une structure en hauteur est aussi un point de repère, un emblème, qui rappelle aux habitants le risque de l’inondation et a donc une fonction didactique dans la prévention. La sensibilisation et l’éducation au risque est un pilier de la résilience.
63
64
TYPOLOGIE D’HABITAT ET MODE DE VIE Palafitos de l’archipel de Chiloé, Chili, XVIIIe siècle Situé au Sud du Chili et bordant le Pacifique, les îles de Chiloé sont un territoire à risque. Régulièrement soumis aux tremblements de terre et aux tsunamis et sujet au phénomène de marée, les habitants ont su développer une vraie culture du risque. Issues du mode de vie de pêcheur des chilotes, ces maisons sur pilotis en bois, appelées palafittes permettent de se protéger de l’inondation, de la faune et d’utiliser l’espace vide
sous les maisons comme espace de travail, comme la réparation des bateaux. La fréquente montée des eaux ne perturbe en aucun point le quotidien des habitants, ils vivent en rythme avec les variations de la mer.
65
66
Amphibious house, Site-specific company, Thailand Les thaïlandais ont toujours vécu avec l’eau, comme on peut l’observer avec le traditionnel marché flottant de Damnoen Saduak ou encore en se baladant dans les Khlongs de Bangkok. Cherchant une solution contemporaine pour répondre au problème des inondations en Thaïlande, Site-spécific a mis au point une série de bâtiments ayant la particularité de pouvoir flotter lors d’une inondation. La maison amphibienne est
munie d’un système de flottaison en acier préfabriqué construit sur une tranchée. Lorsque le site commence à être inondé, l’eau pénètre d’abord dans la tranchée et la maison commence à flotter et se lever avec l’eau. Le projet comprend des magasins, bâtiments regroupant des résidences et des commerces et des espaces communautaires. Les thaïlandais ont renoncé à contrer les flots et choisit d’en faire leur milieu de vie.
67
68
Forestmews, Jessica and Robert Barker Architects, London 2014 Les conditions climatiques se transforment, les bâtiments d’hier ne sont plus adaptés à l’environnement d’aujourd’hui. Ce projet est conçu pour faire face à des précipitations exceptionnelles. Le groupe de maisons Forestmews a été bâti pour répondre au problème des fortes inondations de plus en plus courantes à Londres. Le système utilisé reprend le fonctionnement d’une éponge ; grâce à un toit recouvert de plantes de rocaille, et un sol composé de canaux végétalisés, l’eau de pluie est absorbée puis canalisée vers un réservoir de 17 000
litres. Cette mise en œuvre participe à la restauration de la porosité du sol urbain. La multiplication de tels micro-espaces participerait à l’élaboration d’un maillage vert drainant à une échelle territoriale. L’utilisation de revêtements perméables ou revêtements absorbants dans les espaces publics et chez soi est une solution à envisager pour limiter le ruissellement et favoriser une absorption de l’eau directement dans le sol.
69
70
ESPACE PUBLIC ET MOBILIER URBAIN « Palette de dispositifs de protection », Agence Proap, Les quais d’Anvers L’agence Proap a défini un ensemble de concepts, de principes et de dispositifs permettant un développement spatial différencié des quais selon le contexte. Ainsi, il est possible de traiter les espaces indépendamment des autres en fonction des différentes solutions de défense contre les inondations. Le but est d’éviter la construction d’un parapet de 2,25 m et de gérer la protection contre l’inondation par un traitement qui enrichit
l’espace public : niveaux dans l’espace, vues et promenades hautes et basses. Plus l’emplacement du dispositif de retenue des eaux est éloigné du fleuve, plus grande est la zone de quai inondable. Ce nuancier de paysages variés permet des usages multifonctionnels et flexibles.
71
72
Spoor Noord, Bernardo Secchi et Paola Vigano, Anvers, 2003-2009 Situé entre le port d’Anvers et les quartiers centre de la ville,ce territoire monofonctionnel constitué d’une friche industrielle et de grands axes ferroviaires provoque une coupure conséquente entre les quartiers d’Anvers et une barrière avec l’habitat. Les quartiers accolés sont densément peuplés et caractérisés par une précarité sociale. Ce parc permet de relier les quartiers entre eux, offrant un jardin pour les habitants riverains et un parc à l’échelle de la ville. Il permet de générer un espace ouvert, vert, dans les quartiers denses en redonnant une identité au quartier. L’intégration de wadis permet de réduire le risque d’inondation dans les villes où les surfaces imperméables se multiplient. Le principe ici est de rendre certains endroits poreux,
pour que les eaux de surface puissent s’infiltrer dans le sol ou être acheminées vers un plan d’eau voisin. Ce sont de légères dépressions dans des parcs, terrains de jeux ou zones résiduelles, qui récupèrent l’excédent d’eau de pluie, qui, lors d’une forte précipitation, se remplissent d’eau mais, en temps normal, restent vide ; les pentes herbeuses peuvent aisément être exploitées à des fins récréatives. Dans le cas de Naples, on retrouve les mêmes enjeux : un espace non défini, inondable, où s’entremêlent les réseaux de transport séparant deux quartiers densément peuplés et précaires, situé entre un port industriel et une friche urbaine.
Plan - Parc Spoor Noord, Anvers
73
Plan - Maillages vert et bleu, Montpellier
74
PROJET URBAIN ET TERRITORIAL Les délaissés en réseau, Gilles Clément et Coloco, Montpellier , 2010 « Si l’on cesse de regarder le paysage comme une industrie, on découvre subitement une quantité d’espaces indécis, dépourvus de fonction, sur lesquels il est difficile de porter un nom. En ville, cet ensemble se situe aux marges, dans les espaces délaissés par l’aménagement. Entre ces fragments de paysage, le seul point commun est de constituer un refuge à la diversité. Cela justifie de les rassembler sous le terme unique de Tiers paysage. » Gilles Clément, Manifeste du Tiers paysage - Ed. Sujet/Objet, 2004 Afin de répondre à la volonté des Urbains d’une proximité plus grande avec une nature plus libre, la ville de Montpellier a engagé une étude sur la mise en réseau des continuités des organismes et son interaction avec l’agglomération pour son propre enrichissement et celui de l’écosystème. Le diagnostic effectué et le répertoriage de tous les espaces naturels de la ville ont dévoilé des relations imprévisibles à toutes les échelles. Le tissage complexe effectué par le vivant déjoue les cartographies, se développant dans chaque interstice disponible. Ce maillage exprime aussi les limites de perméabilité des
sols ; la majorité des friches est perméable, les eaux de pluie et de ruissellement s’y infiltrent naturellement dans le sol. Or, la tendance à l’imperméabilisation des sols urbains engendre les problèmes liés aux ruissellements de surface (inondations, coulées de boues, etc. …). Le lien réalisé entre le maillage vert, le maillage bleu et les infrastructures urbaines permet de repenser la ville comme un écosystème permettant non seulement d’améliorer la qualité de vie des habitants mais aussi de limiter les risques liés à l’eau.
75
76
Détroit Works Project Plusieurs perturbations ont poussé la ville de Détroit à transformer en profondeur son système urbain, sa morphologie et son économie. Pour faire face à une décroissance économique et au risque d’inondation lié aux eaux de surface, la ville est devenue un espace public écologique à grande échelle. La redéfinition du maillage vert, du maillage bleu et de l’usage des sols de la ville, par Stoss Design Team, a permis de définir de nouvelles typologies urbaines. De nouveaux systèmes d’économie ont vu le jour comme l’intégration de fermes urbaines en ville. Des espaces publics ayant la double fonction de protéger contre les submersions tout en proposant
des lieux de détente et de divertissement furent au centre de la réflexion. Ainsi le Milliken State Park, par le groupe SmithGroup JJR, a été élaboré sur un site industriel au sol contaminé. Le sol a été recouvert par une couche d’argile pour limiter les infiltrations et les exfiltrations puis une zone marécageuse a été élaborée pour gérer le problème des eaux pluviales et assainir les eaux polluées par un système naturel de drainage. Une série de solutions a été proposée par les architectes et urbanistes travaillant sur la ville de Détroit, combinant différents systèmes, combinant sol et usage, dans le but de réunir nature, habitat et production.
77
La Naples orientale - Terrain vague au sol imparmĂŠable, Nzof, 2011
78
RECHERCHE PAR LE PROJET La zone à l’Est de Naples présente un grand nombre de friches industrielles et de sites de production dont l’avenir a été remis en question. Les activités économiques sont en déclin, le devenir de cette zone est jugé stratégique pour la région du point de vue de l’écologie mais aussi de l’immobilier pour les ressources foncières disponibles aux portes de la ville. Comme expliqué dans les chapitres précédents, ce site est soumis au risque d’inondation pour être situé en fond de vallée, au-dessus du mythique fleuve Sébéto. Aujourd’hui, ce fleuve n’est plus qu’un réseau d’égouts et de canaux pollués à ciel ouvert. Le réseau d’assainissement actuel est sous-dimensionné par rapport au taux de précipitations croissant et est rapidement surchargé. Il ne permet pas de drainer le trop plein généré lors des fortes pluies, le sol étant poreux et reposant sur une nappe phréatique haute. Pour répondre à ces enjeux, les stratégies d’intervention proposées dans ce chapitre mettent à l’épreuve le territoire et sa capacité à se renouveler. La topographie, la composition du sol, la présence de végétation ou non, la forme du bâti sont tous des éléments avec lesquels l’architecte urbaniste doit composer un projet. A toute échelle, l’intervention aura un impact sur le vécu du lieu. La diversité spatiale proposée par les scénarios pousse à la discussion pour comprendre le potentiel du territoire à se restructurer. Face au problème du réchauffement climatique et plus particulièrement au cas l’inondation, plusieurs interventions sur le territoire sont possibles. Elles permettent de répondre à des ambitions sociales, économiques et environnementales en plus d’assurer la sécurité de la population.
Les scénarios mettent en place une multiplication d’actions analogues pouvant résoudre le problème des inondations. La première stratégie concerne principalement la sensibilisation et la sécurité de la population face aux inondations. « L’inondabilité » de certains territoires est encouragée, ils se voient convertis en bassin de rétention. A chaque territoire inondable est associée une infrastructure de refuge. Servant à la fois de digue et de support à une mobilité douce, cette infrastructure technique se double d’une qualité urbaine ; non seulement elle a un rôle de sensibilisation auprès de la population en montrant directement son rôle face aux inondations mais devient aussi une promenade surélevée, offrant une vue panoramique sur le territoire environnant. La réalisation des infrastructures de refuge se fait par le réemploi d’éléments déjà présents sur le territoire. Si cela permet une économie du projet, le fait de les transformer en digue en fait une infrastructure lourde représentant un plus grand investissement de la part des acteurs publics. Le second scénario développe le pouvoir de rétention et d’absorption de la végétation en créant une infrastructure verte à travers le territoire. La densification par la végétation permet à la foi de réduire le ruissellement des eaux pluviales et d’absorber l’eau résurgente des nappes phréatiques. Cette stratégie est mise en place par des interventions paysagères. Par les moyens mis en place, une nouvelle économie sur le territoire pourra apparaître : celle de l’agriculture urbaine. Nécessitant peu d’investissement, elle peut être développée sur le moyen terme.
79
Enfin, la troisième stratégie relève de la transformation du réseau hydraulique en un système capillaire capable de retenir et répartir l’eau sur le territoire par un dévers plus lent dans la vallée. Les canaux de transport de l’eau sont décuplés et rouverts, créant de nouvelles opportunités pour l’agriculture et une plus grande sensibilisation de la population. Si cette transformation territoriale permet de contenir l’eau des fortes précipitations, elle nécessite un fort encouragement du secteur privé et peut être mise en place efficacement sur le long terme.
80
La Naples orientale - Vestiges d’une industrie lourde, Nzof, 2011
81
STRATÉGIE #1 DIGUES ET ZONE DE RÉTENTION Une infrastructure au service d’une stratégie de refuge et de sensibilisation Construire dans le lit d’une rivière, même presque inexistante soit-elle, c’est prendre le risque tôt ou tard de problèmes d’inondation. N’est-il pas alors raisonnable de construire tout en prenant pleine conscience de l’existence de l’eau sur le territoire, de l’accepter et de lui laisser une place attitrée pour diminuer et contrôler le risque ? Ne peut-on pas envisager de restaurer les espaces naturellement inondables ? Comment faire pour transformer ce qui n’est plus qu’une rivière devenue virtuelle en un bassin hydrologique servant à la rétention de l’eau lors des fortes intempéries ? Restituer les paysages et les espaces marécageux d’origine et les intégrer dans un contexte urbain est une stratégie envisagée. La réalisation d’espaces laissant place à un paysage inondable et contrôlé génère une nouvelle relation avec le territoire. Cela nécessite sa transformation profonde, ainsi que celle des infrastructures le composant. Les modifications apportées au territoire seront à l’origine de l’apparition de nouveaux usages. Accepter l’inondabilité c’est aussi préparer et sensibiliser la population au risque. Rendre l’eau apparente permet de confronter directement les habitants au danger potentiel. Les zones inondables doivent être clairement identifiées, connues et repérables. Elles ne doivent pas non plus interférer avec la vie quotidienne des habitants. C’est-à-dire qu’elles ne doivent pas avoir d’impact sur la mobilité, l’habitat et la santé de la population. Ainsi, pour rendre une communauté résiliente, c’est à dire nonvulnérable, une stratégie de refuge doit être mise en place en accompagnement de la restitution des plans d’eau. Changer le statut de certains lieux, les rendre
82
facilement accessibles, les réserver exclusivement à l’accueil des personnes sinistrées et servant à la sensibilisation et au regroupement communautaire le reste de l’année permet de réduire le risque humain. Cette stratégie refuge peut être réalisée sous plusieurs formes, comme un bâtiment d’accueil servant lors du sinistre, une infrastructure assurant la conservation de la mobilité, de l’évacuation et la connexion entre quartiers vulnérables et quartiers sûrs, ou encore d’une place publique non sujette au problème de l’inondation. Ces éléments, en plus d’avoir une autre fonction lorsqu’il n’y a aucun danger, seraient dédiés à l’évacuation des habitants et permettraient d’apporter les aides de premiers secours. Lieux de refuge possibles si la perturbation s’étend à plusieurs jours, ces lieux doivent être situés en zone de sûreté, accessibles par des voies d’évacuation dotées de signalétiques d’évacuation et de prévention. Ces symboles doivent être intégrés dans un plan d’évacuation adapté à la population locale mais aussi aux touristes connaissant peu la localité. Ces infrastructures « totem » doivent être proches et facilement accessibles par les unités de secours. Elles doivent permettre un rôle didactique et sociabilisant, même lorsque le danger est écarté. Sensibiliser et avertir la population est un des piliers de la lutte contre le risque. Cette stratégie permet de protéger une population mais ne préserve pas leurs biens. Elle peut être le temps zéro d’un processus de transformation territoriale, la première étape d’un investissement public dans l’acceptation de l’inondabilité. Dans la zone industrielle, certains lieux sont propices à la création de plans d’eau et de bassins d’orage. En effet, cette topographie particulière de
fond de vallée génère des espaces ayant une altitude basse, recueillant naturellement les ruissellements superficiels et les résurgences de la nappe phréatique. Le plus souvent, ils sont encerclés par les infrastructures de mobilité, telles que des voies de chemin de fer et les autoroutes faisant barrage et empêchant l’écoulement des eaux vers des terrains en aval. Si ces terrains sont transformés en bassin de rétention, quelle influence cela aura-t-il sur le territoire napolitain ? Afin d’expérimenter cette stratégie, deux terrains non habités ont été identifiés. Les quelques bâtiments industriels situés actuellement sur le site sont dans un état vétuste avancé et libre de toute activité. Une expropriation sera donc envisagée. Ces espaces, à proximité de quartiers résidentiels denses, sont délimités sur un côté par une infrastructure de mobilité surélevée. Dans l’un des cas, le terrain est bordé par le socle massif du centre directionnel, haut de plusieurs mètres. Les infrastructures présentes sur le territoire sont des dispositifs déjà en place qu’il est possible d’exploiter. Support du projet, elles permettent une économie des moyens de mise en œuvre. L’infrastructure située au sud de la zone inondable a été construite en 1966. Elle est divisée en deux sur sa longueur. D’un côté on retrouve une voie rapide fréquentée, de l’autre une voie de métro non utilisée. Des passerelles permettent d’enjamber ce talus de neuf mètres de haut, desservant des arrêts ponctuels. Et si ce talus servait de digue au bassin de rétention d’eau ? La voie ferrée pourrait se transformer en support d’une mobilité douce, donnant la possibilité d’une promenade surélevée et l’expérience spatiale
unique qui plonge le passant au cœur de la mutation territoriale, le faisant prendre conscience du site, de son ampleur et de ses enjeux. En contact direct avec l’eau, cette infrastructure devient le refuge face au risque et a un rôle de sensibilisation et d’avertissement face à l’inondation.
83
Collage : Digue et zone de refuge - contrôle de l’inondation et sécurité
84
Un nouveau monument pour la ville résiliente
Ce site a toujours eu une identité forte : depuis l’époque grecque où le Sébéto était personnifié jusqu’à l’industrie d’aujourd’hui, symbole de la modernité et de l’essor économique, accentué par l’architecture forte des bâtiments industriels et des infrastructures réparties sur le territoire. Le traitement architectural et urbain ne peut donc être neutre, il doit être « engagé » pour contribuer à créer une image forte, et continuer à susciter la curiosité des spectateurs à l’égard de ce lieu interdit. Par ce grand geste à l’image de la ville de Naples, ce projet devient monumental. Aujourd’hui vu comme un délaissé urbain en mal d’images, le site devient par cette intervention le symbole de la reconquête d’un espace d’entre-deux urbain en renforçant l’aspect artificiel d’un site héritier de l’industrialisation. Faire de cette infrastructure une grande digue marque le contraste par son usage réinventé : un ancien lieu industriel et pollué est aménagé en lieu de promenade. Cela participe au changement de regard sur le site et permet d’entamer une transformation positive et décomplexée de ce territoire. Le site devient le lieu de promenade et de détente des fins de semaine pour les Napolitains, une référence encrée dans les mémoires collectives. La structure aérienne offre une vue sur le paysage et la nature environnante, sur la baie de Naples et le Vésuve, jusqu’alors cachés par les infrastructures lorsque l’on se tient au sol. Observer le territoire depuis le haut est un moyen donné au promeneur de s’approprier visuellement l’endroit dont l’accès est limité depuis le sol.
Visible de plusieurs postes et connues de la population, ces infrastructures servent de balise dans le territoire. Devenant une structure totem, c’est un repère visuel dans le paysage, qui marque les esprits et donne une identité au lieu. Elles rappellent aussi la raison première de leur présence : la sécurité face aux inondations. Une telle intervention crée un nouveau repère géographique et participe autant à la construction d’une identité locale que régionale.
85
Zone urbaine menacée par l’inondation Cette carte met en relation les infrastructures de mobilité, la zone inondable et les quartiers touchés par la montée des eaux. Le réseau ferroviaire est implanté le long du tracé historique du fleuve Sébéto d’où la concordance avec la zone à risque. On observe que la zone inondable s’étand à proximité du centre directionnel. Les infrastructures du quartier des affaires ont un poids important, dirigeant l’eau de la nappe phréatique vers le creux de la vallée. Les voies de chemin de fer semblent faire barrière à l’écoulement naturel des eaux.
86
Infrastructure de refuge Les infrastructures de refuge sont des connexions entre la zone inondable et les zones de sûreté : la place du Centre Directionel située à 8,20m au dessus de la zone à risque et une voie de chemin de fer désaffectée située à 9m au dessus du sol.
87
Plan : Digue et bassin de rétention - Un instrument à la mobilité
88
Un nouveau réseau de mobilité douce
Lorsqu’une personne s’aventure dans cette partie de Naples, elle est plongée dans des séquences paysagères plus ou moins plaisantes. Pour passer d’un secteur à un autre, il faut emprunter des passerelles pour enjamber les nœuds d’infrastructure, entre autoroute, train et oléoducs. Mais pour autant, ces chemins participent à la diversité de l’espace permettant à divers utilisateurs d’y pénétrer et de le franchir, contribuant à la richesse du territoire. La création de nouvelles voies pour une mobilité douce participe à cette immersion et à l’expérimentation du territoire. Une sensation de continuité urbaine peut être créée bien que le tissu urbain soit totalement différent ; on passe d’un tissu bâti éparse au tissu dense entre les quartiers périphériques et le centre de Naples. Cela permet de générer une cohésion d’ensemble, liant et emboîtant des morceaux de villes distincts. Hormis son impact à l’échelle de la région, un tel projet devient aussi et surtout un lien social. Il permet de désenclaver un quartier. L’accès depuis la périphérie Est de la ville jusqu’au centre historique et la gare principale serait alors possible autrement que par l’usage infrastructurel des transports en commun et de la voiture, la transformation de la friche en un vrai lieu d’articulation entre le centre-ville et les banlieues. Ces connexions, ces chemins créés demandent peu de travail d’entretien. L’interaction permanente entre les différents éléments composant le territoire est à la base de cette stratégie d’intervention.
89
Site avant intervention - Un terrain vague et une voie de chemin de fer non utilisée
Site après intervention - Un nouvel espace de rencotre à l’échelle de la ville
Parc urbain - Aménagement des bord du bassin, sécurité et d’espaces pour l’eau
Voie de mobilité douce - Lieu de promenade paysagère
Coupes : Digue et bassin de rétention - Un nouvel espace public
90
Un espace public pour la ville
Le point d’eau est un repère fixe, autour duquel on peut se retrouver. Il rappelle l’origine du lieu : le lit d’une rivière en fond de vallée. Concevoir l’endroit pour l’attente et la détente serait un pied-de-nez aux décennies passées. Autrefois dédié à la production industrielle et non à la flânerie, une nouvelle économie pourrait voir le jour, celle du divertissement. Le statut emblématique peut être conforté par une intervention architecturale mesurée du fait de la réutilisation des infrastructures et des espaces délaissés, répondant au besoin premier de la prévention et de la sécurité. Cette intervention est alors une opportunité pour « recycler les espaces ». De nouveaux usages peuvent apparaître ainsi que de nouvelles formes d’habiter. L’intervention proposée induit une différence de vécu lorsqu’il y a inondation et lorsqu’il n’y en a pas. Le terrain inondable choisi offrira plusieurs possibilités d’usages. Le point le plus bas peut être une réserve d’eau permanente alors que les abords, un peu plus en hauteur, peuvent permettre des activités comme des aires de jeux, des terrains de sport ou encore des places publiques où les napolitains pourront se retrouver et se détendre lorsque le terrain n’est pas submergé. Lors de fortes intempéries, l’eau pourra prendre entièrement place sans altérer les usages de bases (se loger, se déplacer, etc…) nécessaires dans le quartier. Les bords du bassin pourront être aménagés pour envisager des lieux de rencontre, repos et promenades.
91
Collage : Parc aquatique et mobilité douce - Désenclavement d’un quartier
92
Un appel à l’investissement
Mais qu’en sera-t-il dans 50 ans, lorsque les pluies diluviennes seront plus fréquentes et que la mer aura monté de plusieurs dizaines de centimètres ? Pourra-t-on imaginer une réserve d’eau plus conséquente, présente toute l’année, permettant l’essor d’une nouvelle économie basée autour de l’eau, verra-t-on arriver des activités nautiques ou une centrale électrique ? La nouvelle voie de mobilité appellera les investisseurs privés et ses abords seront transformés. Le projet implanté doit prévoir cette mutation de territoire et s’y adapter. Si dans le futur de nouvelles constructions venaient à se développer autour de ce nouveau parc urbain, une distance de sécurité devra être envisagée ainsi qu’une typologie adaptée. En effet, comme vu précédemment, le tissu résidentiel et le tissu industriel ont une résilience faible face à l’inondation dans la zone étudiée. Intervenir sur la typologie des bâtiments et leurs abords peut être un investissement du privé comme du public, à une échelle locale. Pour ce qui est du tissu urbain et des nouvelles constructions à venir, le choix de la forme du bâtiment peut être variable, avec une architecture correspondant à la zone d’implantation (zone inondable ou non, le type de sol, etc…). Les bâtiments peuvent être sur pilotis, ou de plain-pied s’ils proposent des usages autres que l’habitat en rez-dechaussée, ainsi les espaces de vie ne sont pas vulnérables face au risque d’inondation. Une réorganisation des espaces de vie et leur répartition dans le bâtiment doit être revue pour les édifices existants qui n’offrent pas de soubassement. Les bâtiments à caractère industriel peuvent bénéficier d’une légère pente pour
maintenir les activités en hauteur par rapport au niveau d’inondation possible tout en permettant l’accès aux véhicules et équipements entrants et sortants. Les bâtiments dédiés à l’accueil du public, en rapport avec la zone de loisir créée, doivent être en retrait et plus en hauteur pour laisser la place à l’inondation. La réalisation des infrastructures de refuge se fait par le réemploi d’éléments déjà présents sur le territoire. Si cela permet une économie du projet, le fait de les transformer en digue en fait une infrastructure lourde représentant un plus grand investissement de la part des acteurs publics. De plus, un tel projet nécessite de grands moyens de réalisation et de maintenance après sa réalisation. Aussi, cette intervention permet de mettre en sûreté la population mais ne garantit pas la sécurité des biens présents sur le territoire si une défaillance venait à se produire par manque d’entretien. .
93
94
STRATÉRIE #2 DENSIFICATION VÉGÉTALE La végétation comme une infrastructure
Un maillage à l’échelle du territoire
La caractéristique principale du site étudié consiste en son sol particulier. Deux types ont été déterminés, l’un opposé à l’autre. Soit la zone étudiée a un sol poreux, reposant sur une nappe phréatique surchargée provoquant des résurgences lors des intempéries. Soit, le sol a été recouvert par un revêtement étanche ne permettant plus à l’eau de s’infiltrer dans le sol, provoquant des ruissellements superficiels. L’imperméabilisation du sol au-dessus d’un sol poreux amplifie le problème des inondations. Ces deux cas de figure sont donc à prendre en compte, ils sont déterminant pour l’élaboration de systèmes d’intervention. Dans le cas d’un sol poreux, le drainage vertical est généralement autosuffisant. Cependant, dans le cas étudié, une nappe phréatique affleure à la surface. Le sol est déjà saturé en eau. Il faudra intervenir de façon à absorber l’eau en surplus. Dans le cas contraire, lorsque le sol est imperméable, l’une des interventions possibles est de rendre le sol plus absorbant et aider le territoire à drainer et évaporer l’eau en surplus par le génie végétal. Il s’agit de donner une épaisseur au sol, de le rendre spongieux grâce à des revêtements poreux et/ou à l’écosystème en utilisant la végétation ; son rôle drainant permet de contrôler l’inondation. La densification par la végétation permet à la foi de réduire le ruissellement des eaux pluviales et d’absorber l’eau résurgente des nappes phréatiques. L’eau peut être absorbée par le végétal, s’infiltrer vers des collecteurs en sous-face, être réutilisée localement, être redistribuée dans le réseau des eaux de la ville ou dirigée vers la mer, comme dans le cas de Naples.
Dans les deux situations, il s’agira de gérer et d’absorber l’eau de surface en excès. L’une complétant l’autre, travailler ces deux typologies de sol ensemble permet d’avoir un maillage résilient sur l’entièreté du territoire. Il s’agit de recréer une zone d’interaction entre l’eau de surface et l’eau de sous-face. L’importance de la végétation et de l’eau dans un cycle naturel prend toute son ampleur dans les projets de transformation du territoire. Recréer un maillage vert et bleu est une des clefs pour un territoire résilient. En plus d’absorber l’eau en excès et de la drainer, le maillage vert permet, grâce à la végétation, de nettoyer l’eau et l’air pollué par les véhicules, les industries et autres infrastructures polluantes. Ce maillage devient un puits de carbone, c’est-à-dire un réservoir qui capte et stocke le carbone atmosphérique dans le but d’équilibrer le cycle du carbone. Il permet d’inclure des zones-tampon forestières entre les zones habitées et les zones à émission de carbone (voies rapides, industries, etc…) c’est une des solutions pour la coexistence de divers usages sur un même territoire. La végétation sert de séparation visuelle et physique entre ces zones. Servant à capter, drainer et nettoyer les eaux provenant des intempéries et des résurgences de nappes phréatiques proches de la surface, le système végétal arpentera les voieries et espaces publics pour récupérer les eaux de pluies ruisselantes sur les revêtements. Ce maillage permet de détenir et de guider les eaux de surface vers un système de collecte des eaux, ou un système naturel des eaux (rivière, mer, etc…).
95
Amélioration des espaces publics
Cette stratégie verte est mise en place par des interventions paysagères. D’un point de vue de l’urbanité, les zones créées pour absorber l’eau de pluie offrent des espaces verts à la population locale. Des parcs seront créés et composés de zones de captation et d’absorption de l’eau. Les friches et les nombreux espaces délaissés, convertis en parcs sont un moyen de palier à la dégradation environnementale. Ces espaces verts allient fonction écologique et possibilités de loisir. Pour remédier à la problématique des anciens terrains contaminés, un parc avec un système de phytoremédiation peut être mis en place accompagné d’un aménagement paysager pour contribuer au renouveau du site et de la vision qu’en a la population. Ces espaces verts sont l’occasion de créer des évènements en plein air et deviendront un lieu de rassemblement de la population. L’amélioration des espaces publics contribue à la transformation de l’identité du quartier.
les canalisations publiques. A l’échelle d’un quartier cette technique est intéressante pour réduire le risque de saturation des réseaux d’assainissement en cas d’orage violent. Elle peut être appliquée aussi bien aux bâtiments destinés à l’habitat qu’à l’industrie. Pour les espaces extérieurs, les revêtements perméables sont faciles à installer. Ils dépendront, en plus du type de sol à transformer, du taux de fréquentation et de ses usages. La robustesse du revêtement en dépendra. Les espaces destinés à la circulation motorisée peuvent intégrer des revêtements drainants comme un sol stabilisé, sablé, empierré ou gravillonné. Les jardins peuvent présenter différents traitements de sols perméables : allées empierrées, gravillonnées, avec des dalles, enherbées. Les autres parties seront enherbées ou plantées d’arbres et arbustes en pleine terre pour absorber l’eau présente dans le sol. Les mesures entreprises à l’échelle du bâtiment viennent compléter le maillage vert pour une meilleure cohérence du territoire.
Un bâti résilient
L’essor d’une nouvelle économie pour la ville
Les bâtiments présents sur la zone peuvent bénéficier de modifications pour les rendre plus résilients. Agir au niveau des toitures des bâtiments publics et habitations grâce à une toiture végétale retient une proportion plus importante d’eau de pluie par rapport à une toiture traditionnelle. Cette végétalisation provoque un retard à l’évacuation des eaux excédentaires dans les réseaux collectifs en cas d’orages ou d’averses brutales. Ce procédé sur bâtiment isolé permet d’envisager la récupération des eaux de pluies pour le jardinage ou de les réinsérer dans
96
La zone industrielle comprend de nombreux terrains vacants, ces terrains peuvent alors être utilisés pour le développement de l’agriculture urbaine. L’apparition de jardins potagers et de fermes urbaines au sein de la ville permet de donner accès aux habitants à des produits sains mais offre également la possibilité de recréer un lien social ainsi que des emplois. Transformer les terrains vagues et pollués de la ville a pour objectif d’accroître la valeur et la productivité de ces terrains.
Cette stratégie verte peut être aussi bien mise en place par les communes de Campanie que par les acteurs privés. Elle nécessite peu d’investissement et peut être développée sur le moyen terme et permet de diminuer les coûts de maintenance des terrains laissés à l’abandon. Dans le futur, sur un territoire revégétalisé, il pourrait être envisagé de lotir certains de ces parcs si la gestion des eaux pluviale est maîtrisée. La création d’une infrastructure végétale est aussi le support d’un habitat pour la vie sauvage et d’un écosystème. De plus, l’utilisation de ce procédé pour lutter contre l’inondation permet de générer des économies en diminuant la charge de travaux nécessaires dans la mise en place de systèmes d’évacuation et de maintenance.
97
Un territoire peu végétalisé - Prédominance d’un sol imperméable
98
Réintégration de la végétation en zone urbaine - Rétablissement d’un sol spongieux
99
A
B
A’ Plan - Terrain vague transformé en espace public
100
B’
Coupes AA’ - Parc urbain
Bassins d’absorption - Parc paysagé fortement végétalisé
Coupe BB’- Espace de jeux se transformant en bassin d’orage lors des fortes précipitations.
Récupération et filtration de l’eaux de pluies au niveau des voiries et des édifices Espace tampon - Transition en habitats et industrie Coupes - Rôle absorbant de la végétation
101
Plan - Ex-raffinerie convertie en parc de pytoremĂŠdiation
102
Coupe longues - Site de l’ex-raffinerie
Cuves transformées en bassin de récupération
Bassin de traitement de l’eau polluée par la végétation
des eaux usées
Système de transfère de l’eau
Coupes - Parc de phytoremédiation
103
Plan - Conversion des friches et usine abandonnĂŠes en espaces agricoles
104
Réafectation d’une usine désaffectée - Supporte au développement de l’agriculture urbaine
Hangars - Création de serres et de locaux dédiés à l’économie agricole
Appropriation d’un terrain vague - Un terrain à nouveau productif
Entrepôts - Lieux de stockage et de commerce
Potagers- Lieux de sociabilité
Coupes - L’agriculture urbaine, une nouvelles activités productives
105
Collage : Espace public végétalisé - Rôle absorbant de la végétation
106
Collage : Agriculture urbaine - Les friches (re)transformĂŠes en terrains productifs
107
STRATÉGIE #3 UN RÉSEAU HYDROLOGIQUE DIFFUS Le potentiel d’une infrastructure capillaire
Une des solutions face au risque d’inondation serait de modifier la morphologie du circuit hydraulique sur le territoire et d’augmenter sa capacité à la rétention de l’eau. La stratégie proposée ici tente d’éviter l’inondation en fournissant des espaces pouvant accueillir l’eau en excès. Dans la gestion de l’eau sur le territoire, il est intéressant de gérer l’eau qui arrive en amont de la zone inondée. En effet, l’eau ruisselante vient souvent des territoires en hauteur, des versants des collines et montagnes environnantes. Les territoires en pente sont un tobogan pour l’eau de pluie lors des fortes précipitations, d’autant plus si le terrain a perdu sa capacité absorbante, par l’agriculture intensive par exemple. Détourner, contenir, drainer et capter l’eau avant qu’elle n’arrive dans la zone à risque permet de diminuer les surplus localement. L’outil utilisé ici permet d’étendre le système hydraulique afin de ralentir le dévers de l’eau sur le territoire et d’intervenir directement sur les points névralgiques. Il vient compléter le tracé des canaux existants. Cette troisième stratégie relève de la transformation du réseau hydraulique en un système capillaire capable de retenir et répartir l’eau sur le territoire par un dévers plus lent dans la vallée. Les canaux de transport de l’eau sont décuplés et rouverts, créant de nouvelles opportunités pour l’agriculture et une plus grande sensibilisation de la population. Cette stratégie a été déterminée grâce à une lecture du territoire et la recherche de récurrence le long des cours d’eau. On retrouve une récurrence de tracés géométriques au niveau des plans des villages et du territoire agricole environnant, ce sont peut-être les
108
vestiges de la civilisation romaine, bien que différent des proportions de la centuriation visible dans le centre historique de Naples. Cette trame délimitant les champs et les propriétés est propice au tracé proposé. La réalisation d’un système capillaire aura une influence sur l’habiter selon le contexte rencontré. En effet, sur le parcours de l’eau, plusieurs typologies sont traversées, passant par des espaces agricoles, urbains et industriels. Dans la plaine agricole, le nouveau réseau hydraulique contourne les champs et permet de les irriguer. Des canaux secondaires sont créés en parallèle aux principaux pour éviter que le surplus en cas de débord n’inonde directement les champs. Elargir le cours d’eau principal permet de laisser plus d’espace à l’eau, dans un espace dédié au trop plein. Ainsi, les fonctions de part et d’autre du canal ne sont pas touchées. Cet espace tampon est accessible lorsqu’il n’y a pas de crue. Cet outil ralentit le dévers de l’eau plus bas dans la vallée. Les habitats situés à proximité d’un canal peuvent jouir d’une plus grande interaction avec l’eau. Une topographie travaillée en fond de jardin garde en sûreté les espaces habitables tandis qu’elle offre des espaces de détente près du cours d’eau. Dans un milieu plus urbanisé, les canaux ouverts sensibilisent la population au cycle de l’eau, voyant les rigoles se remplir des eaux de pluies récupérées des surfaces imperméables. Des systèmes de récupération des eaux de pluies peuvent être placés dans les jardins mais aussi le long des voies carrossables et des parkings, contribuant à la rétention des eaux ruisselantes. Les bassins de rétention agrémentés d’une topographie particulière autorisent les débords de façon contrôlée. Lorsque le niveau le plus haut est
cheminement sur le territoire. Ces bassins peuvent servir de stock à l’agriculture ou d’espace de détende dans les lieux urbanisés. Cette stratégie permet de vivre en harmonie avec un cycle de l’eau contrôlé. La population sensibilisée se sent plus concernée et est capable de comprendre le risque. Si cette transformation territoriale permet de contenir l’eau des fortes précipitations, elle nécessite tout de même un fort encouragement du secteur privé et peut être mise en place efficacement seulement sur le long terme.
Système en rhizome - Répartition de
Zone de surplus - Plus d’espace pour
Bassin de rétention - Retenue et
l’eau et irrigation
l’eau et ralentissement du dévers
ralentissement du dévers
109
Surface inondable (14 651 107 m²)
Un réseau sous-dimentionné - Des eaux de surface non canalisées
110
Agrandissement du réseau hydraulique
Un réseau capillaire - Gérer le même volume d’eau sur plus de surface
111
Plan d’un quartier de Volla - SÊparation entre champs et habitats
112
Coupe longue - Entre ville et champs
Canal à ciel ouvert, sensibilisation de la population au parcours de l’eau
Plus d’espace pour l’eau autour du canal, création d’espaces de plaisance pour l’habitat
Espace tampon entre la zone d’habitat et les champs, plus d’espace pour l’eau
Canaux d’irrigation entre les champs, dispersion de l’eau
Canal secondaire parallèle au canal principal, protection de champs face aux crues
Coupe - L’eau comme espace de transition
113
Plan d’un quartier de Volla - Création d’un bassin de récupération des eaux pluviales
114
Récupération des eaux ruisselantes près des voiries et parkings
Récupération et stockage de l’eau de pluie, le surplus est déversé dans le canal
Bassin de rétention et canal d’irrigation
PLus d’espace pour l’eau autour du bassin de rétention
Coupes - L’eau élément de sensibilisation
115
Collage : Canal à ciel ouvert - Irrigation de l’agriculture
116
Collage : Canal à ciel ouvert - Résupération de l’eau de pluie et sensibilisation
117
EVALUATION À LA RÉSILIENCE Afin d’élaborer une évaluation de la résilience face aux inondations, cette partie présente un avis critique par rapport à ces trois scénarios. Il est important d’insister sur le contexte d’urgence auquel doivent faire face ces projets. Dès lors, ils doivent pouvoir répondre aux huit différents critères de la résilience décrits précédemment. Dans l’évaluation, les éléments d’aménagement du territoire et d’architecture seront jugés par leur aptitude à répondre à chaque critère. Dans ce propos, la gouvernance, la réponse à l’urgence, la récupération après catastrophe, l’alerte et l’évacuation n’ont pas été abordés, par manque d’information ou parce que ces critères ne concernent pas directement l’architecture. La connaissance du risque (par la population) : Dans le cadre de la stratégie de refuge et la stratégie de rhizome, l’eau devient clairement apparente et au centre du projet. Elle devient un élément du quotidien. Par sa présence, les habitants prendront plus grandement conscience du risque. Dans la stratégie de densification végétale, l’eau en tant que telle sera moins évidente et peut être oubliée une fois les travaux réalisés. Dans tous les cas, la population doit être clairement avertie et au centre du processus de transformation du territoire. Des éléments didactiques peuvent baliser le territoire pour rappeler aux usagers les enjeux moteurs du projet. La société et l’économie : La stratégie de densification par le végétal permet la coexistence de différentes fonctions sur un même territoire grâce aux zones tampon déployées entre les activités. De plus, elle permet l’apparition d’une nouvelle économie, celle de
118
l’agriculture urbaine. La stratégie du réseau hydraulique met en avant l’agriculture sur le territoire et favorise son développement. Elle ne précise cependant pas si d’autres activités économiques sont possibles. Quant à la stratégie refuge, elle incite au développement de nouvelles activités autour du divertissement. Cette économie n’existe pas actuellement à Naples où l’économie actuelle est tournée vers l’industrie et autour du tourisme balnéaire et historique. Ce serait alors une source économique alternative. La gestion des ressources : Ces trois projets insistent sur la relation et leur dépendance avec leurs ressources et informent les usagers dans quelle mesure leur dégradation les met en danger. Le travail de l’eau nécessite une gestion active des ressources et un soutien des services environnementaux. En ce qui concerne la stratégie du réseau capillaire, l’agriculture dépend directement de la gestion de l’eau. Cependant, un tel schéma induit que la même eau provenant de la montagne circule par alternance aussi bien entre des champs qu’entre des zones urbanisées. Des préoccupations quant au statut de l’eau surgissent alors : l’eau utilisée et rejetée par l’un des usages ne peut pas être dans le même circuit que celle utilisée par l’autre. Sinon, cela signifie que l’eau contaminée par les produits phytosanitaires se retrouve à proximité des habitations et que, vice versa, les eaux usées émises par les zones urbaines sont propagées dans les champs dédiés à la culture. La stratégie de densification par le végétal permet quant à elle de dépolluer les sols et l’eau sur le territoire le rendant plus écologique. Le système de rétention présenté dans la première stratégie permet
de stocker l’eau favorisant sa gestion et son utilisation par d’autres secteurs. L’usage des sols et plans structurels : Etant le rôle de l’architecte urbaniste, l’élaboration des plans d’usage des sols et des plans structurels est au centre des propositions. La stratégie refuge semble la plus complète sur le sujet car elle touche non seulement à l’implantation et à la morphologie des édifices, mais aussi aux infrastructures d’évacuation. Elle doit pourtant rester sous surveillance permanente pour assurer son efficacité, ce qui la rend moins résiliente. Les deux autres stratégies proposent des solutions concernant le bâti et l’aménagement du territoire, plus
mesurées et tout autant efficaces face au problème des inondations. A travers cette évaluation à la résilience, il est possible d’en déduire que chaque stratégie a des atouts pour transformer Naples en une ville résiliente face au risque d’inondation. Cette comparaison met en avant les points forts et les points faibles de chacun de ces scénarios. On remarque que les moyens d’intervention mis en œuvre par une stratégie peuvent pallier au manque de l’autre.
Stratégie 1 Digue et rétention
Stratégie 2 Le végétal
Stratégie 3 Réseau capillaire
LA SOCIETE ET L’ECONOMIE
M
+
M
LA GESTION DES RESSOURCES
M
+
M
L’USAGE DES SOLS ET PLANS STRUCTURELS
M
+
+
+
-
+
CONNAISSANCE DU RISQUE Bien (+)
Moyen (M)
Faible (-)
Tableau comparatif des stratégies - Des atouts différents
119
UNE PROPOSITION COMBINATOIRE Des stratégies qui se complètent
Les stratégies présentées dans ce travail révèlent plusieurs manières possibles d’intervenir sur le territoire pour palier au problème des inondations. Cependant, elles ont chacune des carences selon des critères différents de la résilience. Mais, comme démontré dans le chapitre précédent, l’une peu améliorer la résilience de l’autre. Elles sont donc complémentaires. Ainsi, une solution mixte doit être envisagée pour la reconversion du territoire Napolitain. En effet, la combinaison d’une stratégie de densification végétale avec un système de rétention peut améliorer la gestion et le traitement des eaux. La végétation, grâce à sa capacité à dépolluer, peut être plantée le long des cours d’eau et au niveau des espaces aquatiques situés entre un territoire productif et/ou polluant et les habitations. Le stockage de l’eau à divers endroits du territoire facilite l’apparition des potagers et de l’agriculture urbaine. De plus, la volonté de ralentissement de l’écoulement des eaux est décuplée si les stratégies sont présentes toutes trois sur le territoire. La réalisation d’un maillage vert et bleu est à l’origine de la restitution d’un sol naturel, poreux et porteur d’une biodiversité, favorisant l’absorption de l’eau en surplus.
Evolution du territoire de Naples
L’ensemble de ces stratégies permet d’entrevoir une évolution possible vers la résilience du territoire Napolitain. C’est objectif peut être atteint en plusieurs phases. Comme il a été signalé précédemment, la diversité des acteurs participant à l’élaboration des stratégies induit une programmation des interventions
120
réparties dans le temps. Aussi, la réalisation d’une stratégie induira une plus grande prise de conscience au sein de la population et donc multipliera les initiatives locales. Cette transformation exponentielle aura aussi un effet bénéfique sur l’une ou l’autre des stratégies. A l’avenir, les changements climatiques dont l’augmentation des fortes précipitations ne seront plus une perturbation grâce aux stratégies appliquées. Il est même envisageable que le territoire enfin résilient face aux inondations permette de se réapproprier certains espaces réservés au traitement des eaux de ruissellement. De nouveaux édifices pourront voir le jour et être construits sur des parcs créés précédemment. La combinatoire des trois stratégies augmente la résilience générale du territoire. Les différentes méthodes de réponse à l’inondation développées localement ne dépendent plus d’un seul système mais peuvent faire appel à diverses ressources déployées sur le territoire car des alternatives sont possibles. Les usages deviennent totalement en accord avec leur territoire, diminuant la vulnérabilité de la ville. Ce lien de solidarité mis en place entre les échelles est un facteur important de résilience. La ville devient donc plus désirable et plus durable à court terme et pour les générations futures.
Transect du territoire envisagĂŠ - RĂŠgulation hydrographique et ville soutenable
121
Temps
Précipitations
Acteurs publics
Acteurs publics
Acteurs publics
Digues et infrastructures de refuge
Espaces publics végétalisés et collecteurs
Maillage vert et bleu, extention de la
Mobilité douce
des eaux pluviales
végétation aux voiries
Sensibilisation de la population
Résilience
Evolution prospective du territoire de Naples - Combinatoire des trois stratégies et leur application dans le temps
122
Acteurs publics et privés
Acteurs publics et privés
Acteurs privés, investisseurs
Systèmes de rétention des eaux
Récupération des terrains vagues pour une
Apparition de nouvelles activités
intégrés aux bâtiments
économie agricole
économiques et nouveaux habitats
Initiatives de la population
123
Un mode de vie soutenable - RĂŠsilience acquise par les stratĂŠgies
124
CONCLUSION Ce travail de fin d’études, encadré par « l’atelier de recherche en et sur l’architecture : territoire » m’a fait découvrir une démarche réflexive à laquelle je n’étais pas habituée. A travers les recherches effectuées et l’expérimentation par le projet, j’ai découvert une nouvelle dimension dans la démarche de concevoir un projet : celle de l’inter-connectivité des échelles et les conséquences locales et territoriales d’une transformation morphologique. Les raisons d’une intervention peuvent aisément dépasser l’environnement proche, comme le présente le postulat de cet écrit. Face aux enjeux écologiques auxquels notre société fait face actuellement, particulièrement aux changements climatiques et la montée des eaux, plusieurs manières d’intervenir sur le territoire sont donc possibles. La démarche suivie dans ce travail permet de comprendre profondément les mécanismes territoriaux liés à la gestion de l’eau. De l’échelle territoriale à l’espace urbain, les modes de vie de la zone étudiée sont transformés. Les trois stratégies développées dans ce propos ont toutes le même but, transformer l’inondation en opportunité et éliminer le risque. Pourtant, les actions mises en place par chacune sont différentes, elles déterminent alors des morphologies urbaines singulières. Basés sur l’étude du cas de Naples, ces projets proposent une gestion du risque par la transformation spatiale du système hydraulique actuel tout en valorisant et restituant l’écologie du territoire, l’économie locale par des interventions favorisant des activités agricoles, industrielles ou de loisirs mais surtout par la cohésion sociale autour de l’appartenance au
même territoire. La conception de ces projets-pilotes, guidée par les principes de la résilience, démontre la capacité du territoire à régénérer un intérêt commun entre les différents acteurs d’un conflit. Un maillage écosystémique est rétabli, la qualité spongieuse du sol d’origine est restituée. Ainsi, les trois stratégies combinées peuvent mener à un territoire résilient porté par quatre piliers : la sécurité, la durabilité, la qualité de vie et la productivité. Ressource principale des civilisations successives et ennemies à la fois, la gestion de l’eau fut et reste une priorité pour le développement d’une ville soutenable. Incubateurs d’une nouvelle géographie commune, ces projets génèrent une réflexion sur des nouvelles formes d’habiter, et questionnent le vécu et le vivre ensemble dans un futur proche. Dans la création d’un paysage productif en accord avec son environnement, l’eau est un élément des plus importants. Elle est vue comme un levier de transition écologique, économique pour une meilleure intégration et interaction avec le territoire. Le paysage est donc présenté ici comme l’élément central au renouveau urbain.
125
RÉFÉRENCES
hazards and earth system sciences, Copernicus GmbH, 2012, p. 906.
PRÉFACE
Précipitations [5] Di Martino, D. et al. , ‘Landslide hazard and land management in high-density urban areas of Campania region, Italy’, in: Malamud, B. D. et al. (eds.), Natural hazards and earth system sciences, Copernicus GmbH, 2012, p. 905. [6] Aversa, S. , Evangelista A. and Scotto di Santolo, A. , ‘Influence of the subsoil on the urban development of Napoli’, in: Bilotta, E. et al. (eds.), Geotechnical engineering for the preservation of monuments and historic sites, Taylor & Francis Group, London, 2013, p. 35.
A la découverte de la résilience [1] Plan de Reconstrucción del Borde Costerro ( PRBC18), (2010). Gobierno Regional Bio-Bio. Le contexte de crise climatique [1] Ubyrisk, 2001-2015 : 15 ans de catastrophes naturelles dans le monde, 2016 Etude disponible sur : https://www.catnat.net/ documents/Bilan_2001-2015_monde.pdf [2] 5éme rapport du GIEC sur les changements climatiques et leur évolutions futures. En ligne : http://leclimatchange.fr/les-elementsscientifiques UN TERRITOIRE A RISQUES L’omniprésence de l’eau [1] GIANLUCA L. et al. , First documented deep submarine explosive eruptions at the Marsili Seamount (Tyrrhenian Sea, Italy): A case of historical volcanism in the Mediterranean Sea, Gondwana Research, Elsevier, 2014. [2] S. Tinti et al. , Simulation of tsunamis induced by volcanic activity in the Gulf of Naples (Italy), Natural Hazards and Earth System Sciences, 2003 [3] A. Malladra, Les raz-de-marée ou tsunamis dans le golfe de Naples, 2016. En ligne : <http://docslide.fr/documents/les-raz-demaree-ou-tsunamis-dans-le-golfe-de-naples.html> [4] F. Russo, Sebeto. Storia del controverso fiume di Napoli, Edizioni Scientifiche e Artistiche, Napoli, 2012 Aspect géologique [1], [2] Giulivo, I. et al. , ‘Landslide risk and mitigation policies in Campania region (Italy)’, in: Margottini, C. (eds), Landslide Science and practice, Springer Berlin Heidelberg, Berlin, 2013, p. 209. (Consulté sur Google book le 03/05/2017) [3] Aversa, S. , Evangelista, A. and Scotto di Santolo, A. , ‘Influence of the subsoil on the urban development of Napoli’, in: Bilotta, E. et al. (eds.), Geotechnical engineering for the preservation of monuments and historic sites, Taylor & Francis Group, London, 2013, p. 17. (Consulté sur Google book le 05/05/2017) [4] Di Martire, D. et al. , ‘Landslide hazard and land management in high-density urban areas of Campania region, Italy’, in: Malamud, B. D. et al. (eds.), Natural
126
Influence anthropique [7] Guarino, P. M. and Nisio, S. , ‘Anthropogenic sinkholes in the territory of the city of Naples (Southern Italy)’, in: Lovine, G. et al. (eds.), Physics and Chemistry of the Eart. Innovative modelling approaches for disaster risk reduction, Elsevier, Volume 49, 2012, p. 94. [8] Mocca, F. D. , Palestino, M. F. (eds.), Planning stormwater resilient urban open spaces, CLEAN, Napoli, 2013, p. 88. [9] C. Donadio, personal interview and presentation at 4th International Conference and Workshop NAPLES: ENVIRONMENT AND HISTORICAL TOWN: Geological and geomorphological aspects of Neapolitan environment, Naples, University of Naples Federico II, 4-10 March 2017 Conséquences de l’industrialisation [5] Di Martino, D. Bonifica come progetto territoriale. Lo scenario buffer, REDS conference. Rome, Italie, sep. 2013. [6] Corniello, A. et al. (2003), “Variazioni piezometriche nella zona orientale della città di Napoli”, in Quaderni di Geologia 10, n. 2. [7] C. VIPARELLI, Le acque sotteranee Les enjeux du territoire [1] VIGANO P. Extreme cities: scenarios and designs in: Viganò P. , Fabian L, SECCHI B. Water and Asphalt. The project of Isotopy in the Metropolitan Region of Venice, Lorenzo Fabian, Paola Viganò eds. Università Iuav di Venezia Via Tolentini, 2016 [2] GEDDES, P. « The Third of the Talk of my Outlook Tower. The valley Plan of Civilization”, 1925.
L’INCERTITUDE : MOTRICE DE PROJET Une catastrophe non naturelle [1] VÉZARD F. , HuffPost et AFP, Inondations en Côte d’Azur : l’urbanisation en question, Le Parisien/ Aujourd’hui en France, octobre 2015 En ligne <http://www.huffingtonpost.fr/2015/10/05/ indondations-cote-d-azur-urbanisationregion_n_8242724.html> [2] D. BLOOM, T. KHANNA, The Urban Revolution, Finance and Development , September 2007, Volume 44, Number 3 [3] MASKREY, A. , (1993), Los desastres no son naturales, La RED, P 140, [En ligne] (page consultée le 05/02/2016) <http://www.oei.es/decada/portadas/Desnat.pdf> Adapter plutôt que résister [4] Conférence : BOURDIN, A. , “l’incertitude comme moteur de l’action”, les 5à7 du Club Ville Aménagement, 21 mai 2014, Tour Séquoïa, Grande Arche de la Défence. En ligne : <http://www.club-ville-amenagement.org/ production-fiche.php?id=282> [5] BARROCA,B. , DINARDO,M. , MBOUMOUA, I. (2013) De la vulnérabilité à la résilience : mutation ou bouleversement ?,EchoGéo [En Ligne] (âge consultée le 14/12/015) <https://echogeo.revues.org/13439> [6] Sergio BAERISWYL RADA, Resiliencia urbana ; aprender a habitar con la amenazas de la naturaleza. La experiencia del terremoto y tsunami de 2010 en las costas del Bio-Bio.
[2] United States Agency for International Development (USAID) (2007). How Resilient Is Your Coastal Community? A Guide for Evaluating Coastal Community Resilience to Tsunamis and Other Hazards. Bangkok, Thailand. LA MORPHOLOGIE URBAINE : LA MORPHOLOGIE URBAINE : UN INSTRUMENT DE RÉSILIENCE [1] PENNY ALLAN & MARTIN BRYANT (2011) Resilience as a framework for urbanism and recovery, Journal of Landscape Architecture, 6:2, 34-45, DOI: 10.1080/18626033.2011.9723453 [2] SPELLERBERG, A. (2010). Building social capacity – not social capital. Blog at world press. https://wellsharp.wordpress.com/2010/07/08/buildingsocial-capacity-%E2%80%93-not-social-capital/
Vers une résilience urbaine CONCEPT DE RÉSILIENCE [1] TOUBIN, M. , LHOMME, S. , YOUSSEF, D. , SERRE, D. , ET LAGANIER, R. , « La Résilience urbaine : un nouveau concept opérationnel vecteur de durabilité urbaine ? », Développement durable et territoires, Vol. 3, n° 1 | Mai 2012, [En ligne], 2016. <http://developpementdurable. revues.org/9208 ; DOI : 10.4000/developpementdurab le.9208>(consulté le 05 octobre 2016) [2] BARROCA B. , SERRE D. , YOUSSEF D. , « Le concept de résilience à l’épreuve du génie urbain », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 12 Numéro 2 | septembre 2012, mis en ligne le 20 septembre 2012, consulté le 29 mai 2017. URL : http://vertigo.revues.org/12469 ; DOI : 10.4000/ vertigo.12469 Les huit critères de la résilience
127
BIBLIOGRAPHIE ALLAN A. , BRYANT M. , (2011) Resilience as a framework for urbanism and recovery, Journal of Landscape Architecture, 6:2, 34-45, DOI: 10.1080/18626033.2011.9723453 BAERISWYL RADA S. , Resiliencia urbana ; aprender a habitar con la amenazas de la naturaleza. La experiencia del terremoto y tsunami de 2010 en las costas del BioBio. BARROCA,B. , DINARDO,M. , MBOUMOUA, I. (2013) De la vulnérabilité à la résilience : mutation ou bouleversement ?,EchoGéo [En Ligne] (âge consultée le 14/12/015) <https://echogeo.revues.org/13439> BARROCA B. , SERRE D. , YOUSSEF D. , « Le concept de résilience à l’épreuve du génie urbain », VertigO la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 12 Numéro 2 | septembre 2012, mis en ligne le 20 septembre 2012, consulté le 29 mai 2017. URL : http://vertigo.revues.org/12469 ; DOI : 10.4000/ vertigo.12469 BECERRA S. , « Vulnérabilité, risques et environnement : l’itinéraire chaotique d’un paradigme sociologique contemporain », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, Volume 12 Numéro 1 | mai 2012, mis en ligne le 29 mai 2012, consulté le 05 fevrier 2016. En ligne <http://vertigo.revues.org/11988> BLOOM D. , KHANNA T. The Urban Revolution, Finance and Development , September 2007, Volume 44, Number 3 BOURDIN, A. , “l’incertitude comme moteur de l’action”, les 5à7 du Club Ville Aménagement, 21 mai 2014, Tour Séquoïa, Grande Arche de la Défence. En ligne : <http://www.club-ville-amenagement.org/ production-fiche.php?id=282>
hazards and earth system sciences, Copernicus GmbH, 2012, p. 905. DUNNETT, N. et CLAYDEN, A. , Les jardins et la pluie : gestion durable de l’eau de pluie dans les jardins et les espaces verts, Éd. Du Rouerge Éd, 2007, 187 p. CLEMENT G. , Manifeste du tiers-paysage, Editions Sujet-Objet, 2003 FABIAN L. , VIGANÒ P. , “Extreme City - Climate change and the transformation of the waterscape” Lorenzo Fabian, Paola Viganò eds. Università Iuav di Venezia Via Tolentini, 2010 GEDDES, P. « The Third of the Talk of my Outlook Tower. The valley Plan of Civilization”, 1925. HOOIMEIJER F. , TOORN VRIJTHOFF W. , More Urban Water: Design and Management of Dutch water cities, , Edité par Hooimeijer F. , Toorn Vrijthoff W. , Taylor & Francis Grour, Delft, 2008 ITÔ T. , intitulé «L’Architecture du jour d’après», Impressions Nouvelles, 2014. KAREN C. SETO, BURAK GÜNERALPA, AND LUCY R. HUTYRA (2012) Global forecasts of urban expansion to 2030 and direct impacts on biodiversity and carbon pools, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, Volume 109, No. 40, P. 16083-16088 LEON L. , MARCH A. , (2014), Urban morphology as a tool for supporting tsunami rapid resilience: a case study of Talcahuano, Chile. Habitat International, Volume 43, P 250-262 [En ligne] (page consultée le 27/02/2016) < http://www.arq.utfsm.cl/wp-content/uploads/2014/06/ Habitat-International_Leon-March.pdf> MASKREY, A. , (1993), Los desastres no son naturales, La RED, P 140, [En ligne] (page consultée le 05/02/2016) <http://www.oei.es/decada/portadas/Desnat.pdf>
CHAÏB, J. , Les eaux pluviales : gestion intégrée, Sang de la Terre, 1997, 173 p.
PENNY ALLAN & MARTIN BRYANT (2011) Resilience as a framework for urbanism and recovery, Journal of Landscape Architecture, 6:2, 34-45, DOI: 10.1080/18626033.2011.9723453
Di Martino, D. et al. , ‘Landslide hazard and land management in high-density urban areas of Campania region, Italy’, in: Malamud, B. D. et al. (eds.), Natural
SPELLERBERG, A. (2010). Building social capacity – not social capital. Blog at world press. https://wellsharp.wordpress.com/2010/07/08/building-
128
social-capacity-%E2%80%93-not-social-capital/ Université Virtuel des petits états du Commonwealth (VUSSC) Gestion des catastrophes Version 1.0 1 ; MANUAL DES COURS Introduction à la gestion des catastrophes VIGANÒ P. , FABIAN L, SECCHI B. Water and Asphalt. The project of Isotopy in the Metropolitan Region of Venice, Lorenzo Fabian, Paola Viganò eds. Università Iuav di Venezia Via Tolentini, 2016 WARFIELD, C. (2005) Cycle de Gestion des Catastrophes. [En ligne] (page consultée le 26/01/2016) <http://www.gdrc.org/uem/disasters/1-dm_cycle.html> WILLEMIN V. , Maisons sur l’eau, collection Anarchitecture, Eds. Alternatives, Paris, 2008
129
WEBOGRAPHIE ARCHITECTURE ET INONDATION Du vernaculaire au contemporain Landart Brick Pit Ring, Durbach Bloch Architects , Australie, 2005 En ligne sur : <http://www.landezine.com/index.php/2012/01/thebrick-pit-ring-by-durbach-block-architects/> mode de vie Amphibious house, Site-specific company, Thailand En ligne sur le site web des auteurs : <https:// a s i te s p ec i f i cex p e r i m e n t .wo r d p r e s s . co m / 2 0 1 1 / 0 5 / 1 2 / amphibious-house/> (Dernière consultation le 08/04/2017) Espace public et mobilier urbain Water Square Benthemplein - De Urbanisten, Rotterdam, 2013 En ligne sur : < http://www.theneweconomy.com/technology/ rotterdams-water-management-gives-rise-to-exceptionalcity> et < http://www.urbanisten.nl/wp/?portfolio=waterpleinbenthemplein> Palette de dispositifs de protection , Agence Proap, Les quais d’Anvers - En ligne sur le site web des auteurs : <http://www. proap.pt/project/st-andries-and-zuid-schelde-quays-1/> (Dernière consultation le 11/04/2017) Spoor Noord, Bernardo Secchi et Paola Vigano, Anvers, 20032009. Aubin Bélanger C. , Bernier-Côté E. , Bertrand A. , Laroche J. , Université Laval, ARC 6033 Design Urbain : concepts et méthode. En ligne sur : <http://eberniercote.wixsite.com/ antwerpen/5-la--ville-poreuse-> et L’EAU DANS L’ESPACE PUBLIC, A+ 2013. En ligne sur < http://a-plus.be/fr/technieken/ leau-dans-lespace-public/#.WPDv5IiLSM9 > Projet urbain et territorial Les délaissés en réseau, Gilles Clément et Coloco, Montpellier , 2010 En ligne sur le site web des auteurs : http://www.coloco. org/projets/les-delaisses-en-reseau/ et d’après CLÉMENT G. , Manifeste du Tiers paysage - Ed. Sujet/Objet, 2004 Détroit Works Project, Sources disponibles en ligne sur : <http:// www.dcdc-udm.org/projects/strategies/bloodyrun/>,<https:// issuu.com/dcdc-udm/docs/bloodyrun>,<http://www. stoss.net/projects/29/detroit-future-city/>,<https:// landscapeperformance.org/case-study-briefs/milliken-statepark-lowland-park>,<https://landscapeperformance.org/sites/ default/files/Milliken%20Methodology_0.pdf>
130
ICONOGRAPHIE PHOTOGRAPHIES PROPRES À L’AUTEUR : Nakhon Sawan sous les eaux - Inondation en Thaïlande, 2011 Mur de défence et réhaussement des terrains inondables Dichato, Chili, 2016 Parc de mitigation et système de drainage dans l’estuaire Dichato, Chili, 2016 Palafitos de l’archipel de Chiloé - Chili, 2016 Excursion sur le site industriel - Naples, 2017 (En collaboration avec Margaux LAFONT, Guida PRISTA et Max THERENE) AUTRES PHTOTOGRAPHIES : Zone industrielle de Naples sur terrain humide - De Nzof, 2011 Disponible sur < http://www.panoramio.com/photo/46524303> Terrain imperméable à l’Est de Naples - De Nzof, 2011 Disponible sur <http://www.panoramio.com/photo/46524297> Water Square Benthemplein - De Urbanisten, Rotterdam, 2013 Disponible sur : < http://www.theneweconomy.com/technology/rotterdams-water-management-gives-rise-to-exceptionalcity> et < http://www.urbanisten.nl/wp/?portfolio=waterpleinbenthemplein> Spoor Noord - Bernardo Secchi et Paola Vigano, Anvers, 20032009. Disponible sur : L’EAU DANS L’ESPACE PUBLIC, A+ 2013. En ligne sur < http://a-plus.be/fr/technieken/leau-danslespace-public/#.WPDv5IiLSM9 > Détroit Works Project - photos de Michigan Chapter of the American Society of Landscape Architects disponibles en ligne sur :<https://landscapeperformance.org/case-studybriefs/milliken-state-park-lowland-park>
DOCUMENTS BRUTS : Modèle conceptuel de résilience appliqué au génie urbain - TOUBIN, M. , LHOMME, S. , YOUSSEF, D. , SERRE, D. , ET LAGANIER, R. , « La Résilience urbaine : un nouveau concept opérationnel vecteur de durabilité urbaine ? », Développement durable et territoires, Vol. 3, n° 1 | Mai 2012, [En ligne], 2016. <http://developpementdurable.revues.org/9208 ; DOI : 10.4000/developpementdurable.9208>(consulté le 05 octobre 2016) Amphibious house, Site-specific company, Thailand - En ligne sur le site web des auteurs : <https://asitespecificexperiment.
wordpress.com/2011/05/12/amphibious-house/> (Dernière consultation le 08/04/2017) Palette de dispositifs de protection , Agence Proap, Les quais d’Anvers - En ligne sur le site web des auteurs : < http://www. proap.pt/project/st-andries-and-zuid-schelde-quays-1/> (Dernière consultation le 11/04/2017) Les délaissés en réseau, Gilles Clément et Coloco, Montpellier , 2010 En ligne sur le site web des auteurs : http://www.coloco.org/projets/les-delaisses-en-reseau/ Détroit Works Project, Sources disponibles en ligne sur : <http://www.stoss.net/projects/29/detroit-future-city/> COLLAGES Digue et zone de refuge - contrôle de l’inondation et sécurité et Parc aquatique et mobilité douce - Désenclavement d’un quartier Photo tu Vésuge : Google Earth Images de Nzorf, Pacerelle :Timeout magazin en ligne sur <https://www.timeout.com/ newyork/parks/highline>, arrière plan : re-development of a former industrial site in Ashtabula, Ohio de Chris Maurer en ligne : < https://dribbble.com/shots/1397790-CollageVisualization> Espace public végétalisé - Rôle absorbant de la végétation Pcerelle : D’après le projet Columbus Metro Parks Honda Wetland Education Area - Columbus, OH, . Per Domokur Architects Photo des ponts de Naples : Google Earth Images, de Michaelecaine Agriculture urbaine - Les friches (re)transformées en terrains productifs Image des industrie et Vésuve : Photographie propre à l’auteur, champs : Rooftop farm in greenpoint Brooklyn en ligne sur : < http://rooftopfarms.org/education/> Canal à ciel ouvert - irrigation de l’agriculture Image des champs et du pont : Google Earth Imaes de The Red, Canal : Playa Vista Park, Newyork, Michael Maltzan Architecture Canal à ciel ouvert - Résupération de l’eau de pluie et sensibilisation Image du Vésuve et de l’industrie : Google Earth Images de The RED, canal et bâtiment : Ecoquartiers-Genèvre disponible sur : < http://www.ecoquartiers-geneve.ch/index. php?page=kronsberg-hanovre> personnages - D’après le site : < http://skalgubbar.se/>
&
131
CARTOGRAPHIE DOCUMENTS RÉINTERPRÉTÉS PAR L’AUTEUR : Five meter elevation contour line - La côte vulnérable, D’après EUROSION, European Environment Agency Original en ligne sur : <http://www.eea.europa.eu/data-andmaps/data/five-meter-elevation-contour-line> Urbanisation dense - Observation d’après Google Earth Végétation - Observation d’après Google Earth Mobilité - D’après OpenStreetMap Hydrographie - D’après «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento» (SINTACS). En ligne : < http:// www.adbcampaniacentrale2.it/documenti/pstsri/C75/C02.pdf> et «Carta dello Stato Ambientale dei corpi idrici superficiali ed interconnessione con i sistemi fognari» (SINTACS). En ligne : http://www.adbcampaniacentrale2.it/documenti/pstsri/C75/ C04.pdf Traces de l’industrie - D’après les cartes «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento» (SINTACS). En ligne : <http://www.adbcampaniacentrale2.it/documenti/pstsri/ C75/C02.pdf> et «Carta dei Detrattori Ambientali» En ligne : <http://www.adbcampaniacentrale2.it/documenti/pstsri/C75/ C05.pdf> Zones inondables - D’après le site site “Floodmap” de la NASA. En ligne : <http://www.floodmap.net/> Risques liés au volcanisme D’après Nucleo Comunale Protezione Civile (NCPC) En ligne sur : <http://ncpcstasia.weebly.com/il-rischiovulcanico.html> Terrains sous le risque de submersion aquatique La détermination des zones touchées par le tsunami a été réalisée grâce au site “Floodmap” de la NASA En ligne : http://www.floodmap.net/ La détermination des zones touchées par l’inondation et les risque hydrographiques a été réalisée grâce à aux cartes «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento» (SINTACS). En ligne : < http://www.adbcampaniacentrale2. it/documenti/pstsri/C75/C02.pdf> et «Carta dello Stato Ambientale dei corpi idrici superficiali ed interconnessione con i sistemi fognari» (SINTACS). En ligne : http://www. adbcampaniacentrale2.it/documenti/pstsri/C75/C04.pdf Géologie : D’après la Région de Campanie, difesa del suolo, Carta Geologica. Porosité : D’après les cartes «Carta dell’esposizione delle acque sotterranee all’inquinamento» (SINTACS). En ligne : <http:// www.adbcampaniacentrale2.it/documenti/pstsri/C75/C02.pdf> et Aversa, S. , Evangelista, A. and Scotto di Santolo, A. , ‘Influence of the subsoil on the urban development of Napoli’, in: Bilotta,
132
E. et al. (eds.), Geotechnical engineering for the preservation of monuments and historic sites, Taylor & Francis Group, London, 2013, p. 17. (Consulté sur Google book le 05/05/2017) Eaux de sous-face : Nappes phréatiques dans la plaine du Sébéto, Plan de correspondance des relevés et relevés - D’après C. VIPARELLI, Le acque sotteranee Eaux de surface : Cartographie du système Sébéto, Perturbation du cycle de l’eau - Coupe schématique du la vallée du Sébéto - D’après Di Martino, Bonifica come progetto territoriale. Lo scenario buffer, REDS conference, Rome, Italie, sep. 2013
133