TPFE 2017 / Diplôme Paysage Arctique / Tromsø / Norvège - Norway / Diploma Landscape Architecture Ar

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AU SEUIL DU NORD TROMSØ, NORVÈGE

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TPFE - Au Seuil du Nord - DANAIS Martin

Martin Danais Travail Personnel de Fin d’Étude 2013-2017 École Nationale Supérieure du Paysage - Versailles Encadrant : Bruno Tanant


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Martin Danais Travail personnel de fin d’études Diplôme de paysagiste DPLG obtenu le 11 juillet 2017 avec les «félicitations du jury» à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles


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Trois mois par an, le soleil flotte dans le ciel, immuable, de jour comme de nuit ; le reste du temps, la ville est plongée dans un abîme nocturne, condamnée à observer le scintillement de l’astre solaire sur l’horizon. Elle attend dans le froid, son retour prochain, neuf mois plus tard. La Nuit - Frédéric Jacquaud


SOMMAIRE

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- Introduction -

P. 7

II. TROMSØ, DES PAYSAGES À LA LISIÈRE DE L’ARCTIQUE

P. 37

III. DANS L’ÉPAISSEUR DE TROMSØ

P. 87

IV. HABITER TROMSØ

P. 127

1. Fascinations polaires 2. Itinéraire Norvégien 3. Déambulations insulaires

1. L’Arctique, lieu de convoitises 2. La Norvège, au coeur des vallées glaciaires 3. Troms, une région lapone 4. Tromso, un développement rapide

1. Trois noeuds urbains 2. Une transversale comme axe de développement 3. Demain, quelle ville ?

1. Prestvannet, un lac suspendu 2. Sandnessund, un nouveau quartier mer-montagne

- Conclusion - Remerciements - Bibliographie -

Au Seuil du Nord - Sommaire

I. RÊVES ARCTIQUES


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INTRODUCTION

Sur le chemin du Nord, Tromsø est située dans un territoire où la mer s’assombrit et où la côte se déchire. Les montagnes se jettent dans l’océan, la végétation rase découvre un espace au relief accidenté, créant ce paysage si particulier. Les habitations, dispersées le long de la côte, ou entassées dans les villes ou villages, sont les seuls indices d’une présence humaine, là où se confronte la terre et l’océan, dernière limite avant l’océan de glace. Dans l’alternance des saisons, l’hiver, noir et froid, impose sa couverture sombre alors que l’été, lumineux, aveuglant et réchauffant fait revivre ces lieux endormis. Au seuil du désert blanc, Tromsø a, depuis toujours, été le point de départ des expéditions polaires, des échanges commerciaux avec l’Est, ou des prospections minières. Un lieu où l’on retrouve une diversité de paysages qui sont les prémices des terres du Nord. Une ville, porte ouverte sur un autre monde, suscitant l’imaginaire et l’exploration, l’Arctique. Ce territoire est à la base du mouvement des masses océaniques, créatrices de climat, et donc pilier pour l’équilibre planétaire. Il se trouve aujourd’hui au cœur d’un débat de plus en plus vigoureux et essentiel sur le réchauffement climatique, l’exploitation intensive des ressources, l’évolution de la nature sur place, l’ouverture de nouvelles routes commerciales ou le tourisme. Le développement rapide et intense de ces milieux rend ces territoires fragiles et nécessaires à sauvegarder et à planifier.

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Aujourd’hui huitième ville de Norvège et quatrième agglomération de l’Arctique, Tromsø (plus de 70000 habitants) a vu sa population augmenter de 25% entre 2000 et aujourd’hui. Elle est ainsi confrontée à de nombreux enjeux liés à son développement. Son implantation au sein d’un paysage emblématique, grandiose, fragile et en transition en raison du réchauffement climatique amène de nombreuses questions tant paysagères que sociales, économiques, écologiques ou politiques. Ainsi, comment, dans cette dynamique d’expansion, le paysagiste peut-il avoir un rôle à jouer sur ces territoires ? Comment pouvons nous accompagner cette transformation de l’écologie Arctique ? Comment le paysage peut-il devenir le socle d’un développement urbain intelligent ? En d’autres termes, comment penser le paysage de Tromsø dans une réalité climatique et urbaine en constante évolution ? Au Seuil du Nord - Introduction

Nota Bene : L’ensemble des photos Noir et Blanc et certaines couleurs ont été réalisées avec un appareil argentique Olympus OM-2N en pellicule 200 ou 400 ISO. Le reste des photos ont été prises au réflexe numérique. Lorsque les photos ne sont pas personnelles, la source est précisée.


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RÊVES ARCTIQUES 9

DÉCOUVERTE SENSIBLE ET IMAGINAIRE D’UN PAYSAGE INCONNU

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FASCINATIONS POLAIRES

L’Arctique1 est une vaste région quasiment inhabitée et désertique du globe. Située au pôle Nord, elle est opposée au continent Antarctique au pôle Sud. De tout temps, le Nord et les pôles ont nourri attirance, légendes et imaginaire. Que trouvet-on dans ces contrées ? Quels en sont les habitants ? Où se termine cet océan de glace ?

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partent les fleuves qui irriguent le monde. Guillaume Postel y plaçait le paradis, Lipse l’Atlantide.

Le mythe de la mer libre est resté pendant longtemps dans les esprits de nombreuses personnes, jusque très tard. Jules Verne, en 1866, dans Le Désert de glace ou les Premières Aventures du capitaine Hatteras Aller plus loin, découvrir de nouvelles terres. ignore totalement ce qui existe au pôle Nord, Telle était la principale quête des navigateurs et en imagine une île. et autres explorateurs ayant parcouru le Nord. Dans les prémices des découvertes, Le pôle Nord, c’est aussi le berceau de les hommes y projetaient un lieu magique nombreux phénomènes naturels et paysagers et féérique où il faisait bon vivre. À l’époque exceptionnels, propices à de nombreuses des premières explorations maritimes, au légendes et récits pour ses habitants. Des 16ème siècle, on voit apparaître très souvent voiles féériques aux dégradés de couleurs dans les premiers récits de marins, l’existence subtiles, un ciel de feu, en communication d’une mer ‘libre de glace’ après la muraille avec l’espace. Tout est blanc, les nuages, de glace qu’est la banquise. Le mythe d’un la mer, le ciel, la glace, la brume, la neige... pôle paradisiaque, protégé par une épaisse Ainsi, les descriptions faites de l’Arctique barrière de glace sera repris, transformé et deviennent féériques. Le blanc du ciel et de enjolivé, et ce même par les plus grands la mer se pare de couleurs rouges orangées, scientifiques. la grandeur des icebergs se traduit par des termes architecturaux telle que les cathédrales Sur la carte ci-contre on retrouve la gothiques de Léo Dex. retranscription de l’Arctique comme le centre du monde. D’après le géographe Mercator2, L’Arctique devient un lieu de fascination et le pôle est la source de vie de la terre, d’où d’inspiration.

1. Carte Septentrionalium Terrarum descriptio (1595) de Gérard Mercator illustrant le pôle Nord 1 2

Arctique : Le mot Arctique vient du grec ancien árktos qui signifie ours, en rapport à la constellation de la grande et de la petite ourse, proche du pôle Nord. Gerardus Mercator : Gérard Mercator (1512-1594) était un mathématicien et géographe des Pays-Bas Espagnols.


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Au Seuil du Nord - Fascinations Polaires


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Aurora BorĂŠalis, 1865, Frederic Edwin Church1


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FASCINATIONS POLAIRES

Le Nord,devenu symbole même de l’attirance des hommes pour l’inconnu. Le pôle, comme le centre d’un monde déboussolé, devient un repère. Durant le moyen-âge, les chinois découvrent une petite aiguille qui indique systématiquement le Sud. Après de nombreux voyages, elle arrive en Europe, et c’est ainsi que l’Europe découvre la boussole. L’attirance magnétique qu’exerce le pôle est découverte. Le pôle Nord, c’est aussi l’endroit où la terre et l’espace sont en communication. Ce sont les constellations de la grande et de la petite Ourse, points de repères pour les explorateurs. Au cours des différentes découvertes et déambulations autour du pôle, on détecte rapidement l’existence d’un pôle magnétique et un pôle géologique, sur lequel l’axe de rotation de la terre s’effectue. Le pôle géologique devient le centre de la terre, et donc l’endroit de toutes les passions. Il faut à tout prix réussir à atteindre ce point inaccessible et inconnu. Les premières expéditions apparaissent à partir du 19ème siècle et se prolongeront pendant tout le 20ème.

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Enfin, le Nord est aussi une affaire d’attirance personnelle et mentale. C’est la découverte d’un inconnu, d’un imaginaire que l’on s’est créé et de nos limites personnelles. Les nombreux explorateurs et autres voyageurs ayant parcouru les pôles ont toujours voué un imaginaire et une relation particulièrement forte avec le Nord. La lecture des récits, des textes, les tableaux et autres iconographies de l’Arctique sont les supports premiers de cet imaginaire si particulier et unique.

PAGE CI-CONTRE Carte de l’Arctique et des pôles Frederic Edwin Church (page précédente) : Peintre paysagiste américain (1826-1900), figure centrale de l’Hudson River School qui regroupait des paysagistes américains. 1


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FASCINATIONS POLAIRES

La première découverte du Nord a été effectuée au IVème siècle avant notre ère par Pythéas1. Afin de vérifier que la terre est ronde, il part de Marseille vers le Nord. Au cours de son voyage, il observe que le jour augmente. Première véritable exploration, elle a peu à peu disparu des livres d’histoires et est tombée en désuétude. Ainsi, les explorateurs suivants à avoir parcouru ces terres ont été les Vikings, mais les traces écrites de ces voyages sont peu nombreuses. Ces derniers ont colonisés et découverts de nouvelles terres comme l’Islande ou le Groenland.

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D’autres terres seront décelées au cour du moyen-âge et de la Renaissance comme l’île du Spitzberg au Nord de la Norvège. Ces nouvelles découvertes serviront de comptoirs commerciaux pour la chasse à la baleine. On comprend ainsi que, au même titre que les découvertes réalisées par Christophe Colomb ou Marco Polo, l’Arctique devient une terre à but économique et commerciale. Les prochaines expéditions apparaîtront au cours du XIXème siècle et seront d’ordre scientifique. La découverte de nouveaux passages vers l’Océan Pacifique ou les Indes. Mais également, ce seront des explorations pour l’accès au point même du pôle Nord. Ainsi, une rude concurrence entre les nations va apparaître à partir du début du XXème siècle. Quelle est la première nation qui atteindra le pôle Nord ? La bataille y est rude, principalement entre les États-Unis et le Royaume-Uni. D’autres pays viendront s’ajouter aux conquérants et se feront remarquer par leur qualité d’explorateurs. Les Norvégiens, avec l’atteinte du pôle Nord et du pôle Sud par le norvégien Roald Amundsen seront fortement reconnus par la communauté internationale.

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Pythéas : Explorateur grec originaire de Marseille


1. Chasse à la baleine dans l’Océan Arctique, Abraham Ground 2. Le Petit Journal, septembre 1909 3. Expédition Norge , 1925 Spitzberg, Roald Amundsen 4. Expédition Fram au pôle Nord, 1893, Fridtjof Nansen

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ITINÉRAIRE NORVÉGIEN

Mais, pourquoi avoir choisi l’Arctique comme site et thématique pour un diplôme de paysage? Quel rôle le paysagiste peut-il avoir à jouer dans des paysages peu habités, déserts, avec très peu de plantes... Voici les réflexions auxquelles j’ai souvent été confronté pendant toute cette année de diplôme. En effet, il peut paraître étrange de vouloir réaliser un projet de paysage sur un lieu recouvert de glaces, de mer, d’icebergs. Mais l’Arctique, ce n’est pas essentiellement la banquise ! C’est aussi une diversité incroyable de paysages, alternant entre la forêt boréale, la toundra, la taïga, une mer glacée .... Mon attirance pour le Nord est apparue lors de ma deuxième année à l’ENSP. Pendant que je réalisais mes demandes d’échanges Erasmus, j’ai su que je partirais pour la Norvège, dans la ville d’Oslo. J’ai eu l’opportunité de participer à un atelier sur le Spitzberg, île quasiment inhabitée à 1000 km du pôle Nord. J’ai immédiatement profité de l’occasion. Le Nord a toujours été pour moi le symbole d’une limite, d’un inconnu. Un lieu sur la terre où l’homme est peu intervenu, un lieu de tous les extrêmes. C’est aussi une incroyable biodiversité, entre une faune marine très riche, et une flore unique liée au climat. Ce sont tous ces éléments qui m’ont donné l’envie et la passion pour le Nord. 18

Ainsi, après avoir réalisé deux projets paysagers Arctique en Erasmus, l’un sur la ville de Longyearbyen au Spitzberg lors du premier semestre, et l’autre sur le village pêcheur de Vardø au Nord-Est de la Norvège, l’Arctique est devenu mon guide. J’ai pris la décision de réaliser mon diplôme sur le thème de l’Arctique tout en alliant mes connaissances apprises à l’ENSP et en Norvège. Au cours de mon second semestre d’échange Erasmus j’ai eu l’opportunité de vivre sept mois dans cette ville suspendue au Nord de la Norvège : Tromsø. Les paysages majestueux, leur diversité, la rencontre des hautes montagnes et de l’océan, les fjords ont été pour moi de véritables révélations et questionnements : quelles sont les ambiances dans ces latitudes ? Dans l’imaginaire collectif, ces paysages ne correspondent pas à la vision communément perçue de l’Arctique à savoir un océan glacé, des températures extrêmes et une banquise à perte de vue. Au cours de mes périples au Spitzberg et en Norvège j’ai réalisé une série de photographies qui figurent dans ce mémoire, elles ont servi de support à mes réflexions sur les paysages de l’Arctique.

PAGE DE DROITE Série de photos du Spitzberg, entre patrimoine industriel en ruine, et nature extrême


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Coucher de soleil hivernal, fÊvrier 2016, Vardø


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ITINÉRAIRE NORVÉGIEN

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Andresen en faisait des tonnes et racontait les nuits glaciales passées sous une tente agitée par des vents violents, les orteils bleuis qui commencent à geler, l’absence de repères dans cette nature hostile fouettée de poudre blanche, les bruits étranges, inidentifiables, la peur viscérale, première, ressentie dans ce monde où l’homme lui-même était en trop. La Nuit - Frédéric Jacquaud

PAGE DE DROITE Série de photos de Vardø, petite île de pêcheurs aux nombreux oiseaux.


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Au Seuil du Nord - Itinéraire Norvégien


DÉAMBULATIONS INSULAIRES

J’ai séjourné à Tromsø de janvier à juillet 2016. Pendant cette période j’ai eu l’opportunité de vivre dans une ville très caractéristique de l’Arctique. J’ai expérimenté les deux saisons particulières des pôles : l’été avec le jour complet, et l’hiver avec la nuit polaire. Je me suis immiscé dans le cadre de vie des habitants, j’ai observé leurs déplacements... J’ai tenté de découvrir et comprendre comment les habitants vivaient avec leur paysage, quelles étaient leurs relations à la montagne, à la mer, au climat, en un mot à la nature ?

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Je suis retourné à deux reprises à Tromsø pendant l’année 2017. Une première fois en février pendant la nuit polaire. J’ai été confronté à une ville froide, recouverte de neige, dont les lumières artificielles rythmaient mes pas. Une seconde fois, début mai, lors de la transition entre l’hiver et l’été Arctique. Le soleil était déjà haut dans le ciel, un printemps court s’étirait sur deux semaines, les premières fleurs de la saison faisaient leur apparition en même temps que les premiers barbecues sous un soleil qui réchauffait une terre qui dormait depuis huit longs mois. Lors de ce premier séjour, pour me réadapter à la ville et vérifier mes postulats d’analyse j’ai réalisé un recueil d’instantanés photographiques, traduit par des mots, des phrases et des citations, une vie, un paysage si particulier. Une ville insulaire au cœur des fjords.


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Un jour continu, 1h30 du matin, mai 2017, Grønnegata Tromsø


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Aurore Boréale au dessus de Kvaløya, janvier 2016, 18h, Tromsø


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DÉAMBULATIONS INSULAIRES NOCTURNE 17 février 2017 – 17h40 - Prestvannvegen 69°39’37N 18°56’33E

Intimité norvégienne

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Mon premier regard sur Tromsø remonte au 15 janvier 2016. Je suis arrivé à la fin de la nuit polaire, lorsque le soleil recommence à passer au-dessus de l’horizon. Bonne période puisque je n’expérimentais pas le décroissement du soleil et l’arrivée de la nuit complète. De mi-janvier à fin février, l’obscurité est encore fortement présente. Le soleil pointe réellement le bout de son nez lorsqu’il passe au-dessus des montagnes environnantes, soit fin janvier. Pendant ces 15 jours, une lueur orangée, tel un coucher de soleil qui ne finit pas, illumine le sud de Tromsø pendant une heure et demie à deux heures. J’ai commencé à m’habituer à l’obscurité au bout de quelques jours. Les premières aurores boréales furent pour moi des moments magiques de découverte personnelle. Lorsque j’allais faire les courses, en revenant de l’école, et à partir de 15h, j’avais l’opportunité d’en aperçevoir.

17 février 2017 – 15h15 - Chemin de ski, Kvaløya 69°41’33N 18°50’51E

Entrée dans la nuit, les chandelles s’allument


LUMIÈRE 9 février 2017 - 11h35 - 33 Storgatta 69°38’48N 18°57’10E

Premiers rayons du soleil

J’arrive à Tromsø par le dernier avion de la journée, en février dernier. La nuit a posé sa couverture d’un bleu sombre sur la Norvège. Les chaînes de montagnes se dévoilent difficilement par les hublots de l’avion. Soudain, l’avion entame sa descente. Les premières lueurs de la ville jaillissent. Installées le long des rivières ou en bord de mer, ces chandelles lumineuses découpent les paysages et dévoilent ça et là, de petites lueurs de vies. Quelques soubressauts dus à la perte d’altitude, et soudain, la ville baignée de lumière apparaît, Tromsø. Une vaste lueur, une multitude de lampadaires, des maisons illuminées forcent le regard à s’adapter. Le lendemain, à 11h, le soleil émerge pour 4h de jour.

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9 février 2017 – 11h50 – Place de l’Eglise 69°38’55N 18°57’18

Au Seuil du Nord - Déambulations Insulaires

Début de journée


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Lever et coucher de soleil, janvier 2016, 13h30, Tromsø


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DÉAMBULATIONS INSULAIRES MONTAGNE 10 juillet 2016 – 14h00 – Tromsdalstiden 69°36’50N 19°07’54E

Sommet rocheux

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A Tromsø, la montagne est omniprésente. Au détour d’une rue, par une fenêtre, en bord de mer au travers des arbres. Elle nous entoure, où que l’on soit dans la ville, une partie d’elle s’échappe et vient nous rencontrer, tel un appel pour l’arpenter. La montagne fait corps avec la ville, elle l’enveloppe, la protège et fournit aux habitants un vaste espace de nature par lequel s’échapper. Comment ne pas la percevoir, ne pas la ressentir.

10 juillet 2016 – 14h00 – Tromsdalstiden 69°36’50N 19°07’54E

Une forêt de monts, une plaine d’étendue d’eau


MER 18 février 2017 – 14h50 – Telegrafbukta 69°38’03N 18°54’15E

La côte, là où la mer et la montagne se cotoient

La mer est quant à elle le socle de la ville, le pilier sur lequel la montagne est venue se poser. Une parfaite adéquation entre une plaine d’eau et des sommets enneigés. La mer, les fjords, dernières irisations au coeur de la montagne avant le grand océan. La mer a été pour moi un élément très fort pendant ces six mois. C’est un rappel de la Normandie, un lieu de calme et de détente, un lieu de nourriture et de production.

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18 février 2017 – 15h05 – Telegrafbukta 69°38’00N 18°54’18E

Au Seuil du Nord - Déambulations Insulaires

La neige adoucit le paysage, lui donne forme et rondeur, l’apaise


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Montagne Blåmann prise depuis Lyfjord, mai 2017, Tromsø


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DÉAMBULATIONS INSULAIRES HUMAINS 18 février 2017 – 17h – Transversale 69°37’57N 18°54’21E

Sortir, se dépenser, se réchauffer

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Durant l’année, à chaque moment libre, les habitants sortent, profitent du paysage en faisant du ski, du vélo, de la randonnée... La nature est accessible, le plus souvent en prenant la voiture et en sortant quelques kilomètres en dehors de la ville. Se retrouver au coeur des grands espaces, ou enfermé au creux du boisement. La nature redonne de la vitalité, la blancheur du paysage hivernal vivifie, permet d’affronter avec plus de courage les derniers mois de nuit et d’obscurité, en attendant le retour du soleil.

18 février 2017 – 15h10 – Telegrafbukta 69°37’57N 18°54’21E

L’hiver intensifie, donne de l’énergie


TRANSFORMER 9 février 2017 – 11h40 – Strandgatta 69°38’52N 18°57’20

Les géants d’acier et de béton face au bois

Au fur et à mesure des mois passés, je me suis rendu compte que la ville est toujours en pleine ébullition. Elle se modifie, se transforme, s’étend pour mieux accueillir de nouvelles infrastructures, de nouveaux habitants... Les habitants profitent pleinement de l’extérieur, sortent boire des verres, font la fête, des barbecues... L’arrivée de l’été intensifie leurs activités. De nombreux travailleurs venant de l’étranger viennent chercher du travail dans la construction. Gagnant sur la mer, gagnant sur la montagne, le béton se déploie et comble les interstices et les étendues du paysage.

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14 février 2017 – 13h30 - Skattevollvegen 69°41’17N 19°00’29E

flotter,

s’étendre,

Au Seuil du Nord - Déambulations Insulaires

Gagner, combler, construire...


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TROMSØ, À LA LISIÈRE DE L’ARCTIQUE 39

SITUATION ET CONTEXTE SOUS TITRE PAYSAGER


L’ARCTIQUE, LIEU DE CONVOITISES

Qu’est ce que l’Arctique exactement ? Selon la définition traditionelle, l’Arctique est la région entourant le Pôle Nord de la terre, à l’intérieur et aux abords du cercle polaire Arctique. Cependant, nous avons souvent pour représentation, ces images et autres iconographies de la banquise, un paysage immaculé de blanc à perte de vue. Mais l’Arctique ne se résume pas seulement à cette représentation quelque peu erronée qui ne figure que les paysages du Haut-Arctique (voir carte ci-contre). Il existe aujourd’hui différentes définitions de l’Arctique, et surtout plusieurs limites si l’on se base sur des critères géographiques, scientifiques ou naturels.

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Astronomiquement, la frontière de l’Arctique, défini lui même par le Cercle Polaire Arctique, ligne au-delà duquel le soleil ne se couche pas en été, soit environ 66°32’N. Ligne de base et socle même de l’Arctique. Posé et mesuré par les hommes, le Cercle Polaire Arctique est cette frontière invisble entre deux mondes. Un monde inconu, rempli de conditions extrêmes et de vide, et un autre monde, le nôtre, connu et rassurant. Qu’en est-il des paysages au-delà de cette ligne? Frontières mouvantes et fluctuantes au grès du temps, les lignes naturelles ou basées sur des calculs scientifiques sont nettement plus précises. Elles se basent sur des études de la faune, de la flore, des paysages qui ont un socle commun. Ainsi, la limite des températures et de la forêt boréale détermine une limite plus paysagère. Au-delà de cette ligne, les paysages s’ouvrent, se dénudent et nous offrent leurs formes amples et courbes. Tromsø est ainsi situé au coeur même de l’Arctique dans l’ensemble de ses limites. La ville est installée à 300 km au nord du Cercle Arctique, dans un paysage où la forêt boréale se termine. Seul son climat doux fait parfois douter de sa situation au coeur de l’Arctique.

PAGE CI-CONTRE Carte de l’Arctique et de ses limites


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Moyen Arctique Cercle Polaire Arctique Limite de températures (10°C) Limite de la forêt boréale

Au Seuil du Nord - L’Arctique, lieu de convoitises

Haut Arctique


L’ARCTIQUE, LIEU DE CONVOITISES

L’Arctique est aujourd’hui un thème au coeur des débats et questions internationales, vis à vis du réchauffement climatique, de la sauvegarde de l’environnement ou bien des nouvelles prospections minières, de pétrole ou de gaz. Qu’en est-il des différentes pressions exercées par l’homme sur ce territoire ?

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L’Arctique est devenu aujourd’hui cette dernière terre à conquérir. Comme l’explique Sheila Watt-Cloutier dans son article, ‘Le Droit au Froid’ ; ‘L’Arctique est le système de refroidissement de la planète, son air conditionné, en quelque sorte.’ Ainsi, si l’Arctique est amené à disparaître, c’est toute la planète qui disparaîtra.

entraînant ainsi la possibilité de nouvelles routes commerciales, qui engendrera de surcroît des nouvelles villes, et ainsi une forte pression paysagère et écologique sur ces écosystèmes fragiles. La ville de Tromsø, en Norvège du Nord se situe ainsi au coeur de ce système paysager et économique en plein changement. Comment les villes de l’Arctique peuvent elles bénéficier de ce développement fulgurant lié à ces nouvelles activités, tout en tenant compte de l’ensemble des espèces humaines, animales et végétales vivant sur place sans négliger le paysage alentour ?

Ainsi, l’Arctique est cette transition entre les paysages de l’Europe tempérée et du Haut-Arctique, mais aussi dernière limite septentrionale entre des paysages sauvages et anthropisés. Tromsø se retrouve ainsi être une ville-porte, entre l’Europe et les nouvelles routes commerciales, mais aussi, un passage obligatoire pour les touristes, les scientifiques Certaines prospectives annoncent la fonte et les grandes entreprises voulant accéder au totale de la banquise estivale pour 2030, Nord. L’homme cherche à tout prix à repousser ses limites, à trouver de nouvelles terres, à produire de la richesse. La découverte de la présence de larges nappes d’hydrocarbures au coeur même de l’Arctique a relancé cette ‘fièvre’ de l’or noir.

PAGE CI-CONTRE Tromsø, au coeur du système Arctique


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Gisements identifiés de pétrole et de gaz Forages de pétrole/gaz en exploitation Forages de pétrole/gaz en projet Passage du Nord-Est Passage du Nord-Ouest Passage Transpolaire (futur) Villes principales Villes secondaires

Au Seuil du Nord - L’Arctique, lieu de convoitises

Tromsø


L’ARCTIQUE, LIEU DE CONVOITISES LA PRAIRIE ARCTIQUE L’Arctique est connu pour la richesse de sa faune et de sa flore. Une faune maritime très riche et diversifiée, de nombreuses plantes endémiques. On parle rarement de la diversité paysagère de l’Arctique, puisque l’on a souvent cette vision d’un paysage essentiellement constitué de glace. Mais on oublie souvent que l’Arctique est l’une des régions les plus sauvages du globe, encore intouchée par les hommes. Deux saisons apparaissent à cette lattitude, un été court mais riche de couleurs et de végétaux qui éclatent et se révèlent. Un hiver froid et glacial, grâce auquel le paysage se couvre de neige et de glace. Ainsi, ces nombreux paysages, appelés biomes par les scientifiques recouvrent une grande partie de l’Arctique mais également de la planète. On y retrouve la prairie Arctique, qualifiée communément de toundra, la forêt boréale aussi appelée taiga, et enfin tous les paysages de glace, de roche et de banquise.

LA TOUNDRA

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Le paysage le plus présent au sein même de l’Arctique, dont l’un des biomes les plus importants de la planète est la toundra avec environ 8 % des terres émergées de la planète. Espace ouvert sur l’horizon, le sol y est gorgé d’eau jusque dans ses profondeurs. C’est aussi l’un des socles principaux du permafrost1. Il est présent en grande majorité au nord de la forêt boréale. Terre profondément poreuse, elle peut facilement se confondre avec un marais. C’est une alternance entre petites flaques d’eau, mares, ruisseaux et tourbières. La toundra est caractérisée par des conditions climatiques très rudes, marquée le plus souvent par un long hiver de gel et de neige d’environ 9 mois et de 3 mois de période dite estivale où la température dépasse très rarement les 10°C. Lors de la période estivale et du jour complet, le sol dégèle sur une profondeur d’environ 50 cm et le sol se sature en eau. La végétation explose pendant une courte période et tapisse l’ensemble de ce territoire. Elle se couvre d’une végétation rase et diversifiée ainsi que de quelques buissons selon sa typologie. La dominance de mousses et de lychens apporte au paysage des dégradés allant du vert au orange-rouge, illuminant ainsi le paysage. On y trouve aussi des graminées, fougères et quelques arbustes tels que les saules nains ou bouleaux. La prairie Arctique abrite de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs qui viennent nicher dans les creux du sol. Les mammifères présents sont principalement de petits mammifères tels que les lapins, renards ou rongeurs en raison du peu de présence de couvert végétal. La toundra est fortement installée en scandinavie. On la retrouve dans de nombreux espaces, surtout entre la mer et la montagne, dans les dépressions rocheuses et dans les longues étendues au relief peu marqué.

PAGE CI-CONTRE DE HAUT EN BAS Toundra ‘alpine’ sur l’île de Kvaløya, Tromsø Toundra arctique, Longyearbyen, Spitzberg

1 : Permafrost : Sol gelé en permanence. La température générale se maintient pendant au moins deux ans en dessous de 0°C.


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L’ARCTIQUE, LIEU DE CONVOITISES LA FORÊT BORÉALE LA TAÏGA

La forêt boréale est l’unique biome existant en très grande majorité dans l’hémisphère Nord, dans les continents américains (Canada, Alaska), européens (Norvège, Suède et Finlande) et asiatiques (Russie). Le paysage de ces espaces est caractérisé par une imposante forêt, le plus souvent d’épineux, mais l’on y retrouve aussi des espèces croissant dans le Nord telles que le bouleau ou le saule. Cet ensemble paysager représente environ 10,3 % des terres émergées de la planète. De nombreuses verticales viennent rythmer et fermer les vues sur le lointain. Dans ce coloris de vert, la dominance de noir et blanc est mise en exergue par la texture des troncs et l’obscurité du couvert forestier. Dernière limite, dernière frontière avant la lumière. 46

La taïga, est une forêt typique des pays froids. Elle se développe sur des sols très humides durant toute la saison de végétation, qui se trouve être quasiment la même que la toundra. Influencée par les conditions climatiques extrêmes, la végétation est très dense et peu diversifiée. On y retrouve en grande partie des mélèzes, sapins, épicéas, pins ou bouleaux. La forêt boréale abrite une faune très riche également, dans laquelle les grands mammifères ayant besoin d’un couvert végétal tels que l’élan, l’ours, le lynx ou le loup sont présents. La forêt dans les alentours de Tromsø n’est pas la plus typique des climats Arctiques. Deux espèces d’arbres sont en grande majorité représentées, le bouleau et le saule. Ces espaces paysagers sont en quelque sorte, la transition entre la taïga et la toundra, pas assez ouverts cependant pour être une véritable toundra. Les conifères ne poussent pas naturellement à la lattitude de Tromsø, ainsi les seules forêts présentes de conifères que l’on découvre ont été plantées.

PAGE CI-CONTRE DE HAUT EN BAS Taïga norvégienne en hiver, Kvaløya, Comté de Troms Taïga norvégienne, Comté de Nordland, Rana (source : wikipédia)


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L’ARCTIQUE, LIEU DE CONVOITISES LE DÉSERT DE PIERRE ET DE GLACE LA BANQUISE, LES GLACIERS, LA ROCHE

Le dernier paysage, l’ultime limite du Grand Nord. Le désert de glace est l’un des espaces les plus inhospitalier de la planète. Il n’en reste pas moins riche. Des vents puissants et violents, des températures extrêmes, et la présence de glace pendant toute l’année lui confère cette vision d’enfer glacé. L’Océan Arctique est composé d’environ 30% de terres et 70% d’océan, dont une grande partie est gelée toute l’année. J’ai choisi de placer dans ce désert de glace le sommet des montagnes de latitudes moins élevées étant donné que les glaciers sont toujours présents. On y croise le même climat, les mêmes températures extrêmes et la même typologie de paysages. L’Océan Arctique regorge de vie, et lorsque la banquise fond, la lumière du soleil pénètre dans l’eau et vient nourrir les algues et le plancton présent en nombre dans ces eaux. Ainsi, cette abondance de nourriture est le début d’un cycle naturel qui attire de plus gros animaux tels que les poissons (cabillaud, saumon) ou les grands mammifères (orques, baleines). Lorsque l’hiver revient, le froid ressoude les couches de glace de la mer pour reformer cette plaque flottante et accueillir les autres animaux (ours polaire, phoques). 48

Les déserts de roches et de glace situés à terre accueillent une faune nettement moins riche. Situés sur les sommets enneigés et glacés des montagnes, ils sont inhabités car inaccessibles, au grè des éléments météorologiques. Paysage en noir et blanc, uniforme et cependant très hétérogène dans la diversité des blancs, la texture de la glace, la couleur de la mer...

Andresen en faisait des tonnes et racontait les nuits glaciales passées sous une tente agitée par des vents violents, les orteils bleuis qui commencent à geler, l’absence de repères dans cette nature hostile fouettée de poudre blanche, les bruits étranges, inidentifiables, la peur viscérale, première, ressentie dans ce monde où l’homme lui-même était en trop. La Nuit - Frédéric Jacquaud

PAGE CI-CONTRE DE HAUT EN BAS Glacier de Borebreen se jetant dans la mer, Spitzberg Vallée glaciaire, Longyearbyen, Spitzberg


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LA NORVÈGE, AU COEUR DES VALLÉES GLACIAIRES

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Tous les pays dont les côtes sont au contact de l’Océan Arctique font partie de l’Arctique. On en dénombre six, dont le Canada, les États-Unis, la Russie, la Norvège, le Danemark (Groenland) et l’Islande. La Norvège est le pays européen dont la présence en Arctique est l’une des plus importantes.

comptabilisant ainsi plus de 25 000 km de côtes. Avec moins de 5,5 millions d’habitants, c’est un pays qui bénéficie d’une nature sauvage très importante et d’une très faible densité de population.

J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de séjourner en Norvège, l’été avec ma famille, lors d’échanges de maisons dans le Sud, vers Stavanger et Oslo. J’y suis retourné lors de mon année Erasmus, six mois à Oslo et sept mois à Tromsø.

Le climat norvégien n’est pas aussi froid que l’on pourrait s’y attendre. C’est un climat relativement tempéré, particulièrement sur le littoral grâce à la présence du Gulf Stream. La côte est ainsi libre de glace toute l’année, même dans le Nord du pays où le climat subarctique peut-être assez intense. Enfin, une grande partie du pays se situe au Nord du Cercle Polaire Arctique ce qui engendre de nombreux effets climatiques exceptionnels tels que le soleil de minuit, la nuit polaire ou les aurores boréales.

Le paysage Norvégien est unique en Europe, et possède une topographie très prononcée Qu’est ce que la Norvège ? Qui y habite ? avec plus de 20 % du territoire dont l’altitude Quelles sont les coutumes et les habitudes est supérieure à 900 m. Ainsi le paysage de ses habitants ? En bref, quelle est la culture associant montagne et mer crée les fameux norvégienne ? fjords dont les touristes raffolent.

La Norvège est un très grand pays, d’une superficie égale à un peu plus de la moitié de celle de la France. Très étendue en longueur, c’est un pays ouvert sur la mer. À vol d’oiseau, il y a plus de 2000 km du Nord au Sud,


PAGE CI-CONTRE Osterfjorden, Bergen 1. Port de Hodnafjellet, Mosterøy, Commune de Stavanger 2. Maisons en bois, centre-ville de Stavanger 3. Vallée de la rivière Rauma, Åndalsnes

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Tromsø

2

Bergen Oslo

3

Stavanger

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Trondheim


LA NORVÈGE, AU COEUR DES VALLÉES GLACIAIRES

La Norvège est la muraille montagneuse qui protège la Scandinavie et la mer Baltique. Longtemps inconnus et impénétrables, les paysages Norvégiens sont restés mythiques et présents dans de nombreuses légendes. Ce sont des paysages caractéristiques, qui s’identifient par un relief très prononcé, une succession de montagnes, plateaux, vallées et de vallées glaciaires découpant et cisaillant le pays, les fjords dans lesquels la mer s’est infiltrée au fil du temps. Le socle Norvégien est en grande partie constitué de roches très dures, principalement du granit et du gneiss, qui ont façonné la forme très typique de ces montagnes aux flancs abrupts.

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La formation de ce paysage résulte d’une lente érosion apparue il y a des millions d’années lors de la période glaciaire. On rencontre les fjords surtout dans l’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud, non loin des pôles, comme par exemple à Terre-Neuve, en Nouvelle-Zélande ou sur la côte ouest du Canada. Un fjord est un bras de mer rentrant plus ou moins profondément dans les terres, parfois sur plusieurs kilomètres. Il est entouré par des flancs de montagnes très escarpés et une profondeur marine très importante. Lors des grandes périodes glaciaires qui ont marqué l’histoire de notre planète, les glaciers recouvraient une grande partie de l’Europe actuelle. La Norvège en était elle-même recouverte par une couche parfois épaisse de plusieurs kilomètres. L’érosion effectuée par la pression du glacier et son recul ont creusé la vallée sur des centaines de mètres. Une fois le glacier retiré, les eaux maritimes se sont engouffrées dans la nouvelle vallée et mélangées aux eaux douces des rivières. C’est ainsi que se sont formés ces paysages majestueux et exceptionnels : les fjords.

1. Une vallée, il y a 70 millions d’années 2. Période glaciaire : Les glaciers recouvrent la vallée, et la creusent au fil du temps 3. Fin de la période glaciaire : Les glaciers reculent et laissent place à l’eau 4. La vallée aujourd’hui, est remplie d’eau douce et d’eau de mer suite au retrait des glaciers. Elle s’est transformée en fjord


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LA NORVÈGE, AU COEUR DES VALLÉES GLACIAIRES Les Norvégiens sont fiers de leurs racines, de leur histoire, de leur culture et de leur pays. Comme précisé précédemment, le paysage, le climat et la typologie de la Norvège ont amené le pays à développer une culture unique.

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Avec la présence d’une monarchie constitutionnelle, la mentalité norvégienne est très attachée à la famille royale. C’est un état souverain qui n’est pas membre de l’Union Européenne mais qui fait partie du marché économique européen et de l’espace Les Norvégiens ont un rapport à la mer très fort Schengen. qui se ressent encore beaucoup aujourd’hui. Le paysage étant difficilement praticable Aujourd’hui, c’est un pays très indépendant les habitants se sont installés en très grande depuis la découverte de pétrole en mer de majorité le long de la côte norvégienne. On Norvège dans les années 60. Auparavant retrouve les principales grandes villes du pays pays très pauvre de l’Europe, dont l’activité le long de la côte, avec un accès à la mer. En principale était la pêche, la Norvège a basé effet, la mer a longtemps été le principal accès l’ensemble de son économie sur la rente à la nourriture avec l’agriculture, et le moteur pétrolière. Maintenant que les stocks de de la découverte de nouvelles terres (Vikings). pétroles diminuent fortement, l’état norvégien a décidé à partir des années 2000 de se On devine encore beaucoup d’éléments de la tourner vers les gisements de gaz et de pétrole culture Viking chez les Norvégiens aujourd’hui. de l’Arctique. Des sommes phénoménales Par exemple, la société est basée sur un ont ainsi été allouées à la recherche de ces principe d’égalité entre tous les membres, une gisements. Ainsi, en 2011, Jonas Gahr Støre, architecture de bois encore beaucoup utilisée, ministre des affaires étrangères Norvégien ou un accès privilégié à la mer. déclarait à ce propos ; ‘Le Grand Nord est la priorité stratégique de la politique Aujourd’hui, les Norvégiens ont une relation étrangère Norvégienne. [...] C’est pourquoi le très forte à la religion, à dominance protestante Gouvernement donne la priorité à des projets dans le pays. Le puritanisme a eu une position importants dans le Grand Nord, et nous importante dans l’évolution des norvégiens mettons à disposition les fonds permettant et a influencé de nombreuses évolutions de d’atteindre cet objectif.’ la société. Les Norvégiens ont aussi une très forte relation à la nature environnante. Parc L’Arctique devient donc le point d’attraction de loisirs, de détente, de promenade, l’accès principal pour le développement de à ces grands espaces est à la porte de leur l’économie Norvégienne. Après une maison. La faible densité du pays les amènent cinquantaine d’années d’exploitation de à parcourir ces étendues en quête de ces hydrocarbures, la Norvège est devenue sensations fortes. Le sport occupe une place l’un des pays les plus riches du monde. primordiale, surtout les sports d’hiver tels que Aujourd’hui, elle investit sa rente pétrolière le ski de fond, de randonnée, alpin mais aussi dans le développement des énergies la grande randonnée, le vélo et les séjours loin renouvelables. de toute civilisation.

PAGE CI-CONTRE, DE GAUCHE À DROITE Harald V, roi de Norvège - La pêche à la morue - Le ski, sport national - Les Vikings, une histoire ancienne - La religion protestante - L’habitat, la mer et la montagne - Le pétrole, le renouveau du pays - Une agriculture coincée entre eau et sommets


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Au Seuil du Nord - La Norvège, au coeur des vallées glaciaires


TROMS, UNE RÉGION LAPONE La région de Tromsø, dans le comté de Troms, est la dernière grande région la plus au Nord avant le Finnmark. Située au coeur de la Laponie, le siège de la région est la ville de Tromsø, grand port maritime ouvert sur l’Arctique et protégé de l’Océan Atlantique et des vents violents par une barrière de larges îles avec du Sud au Nord, Senja, Kvaløya et Ringvassøy pour les plus grandes. C’est une région très montagneuse, avec trois types de climats au sein même de la région. En effet, la transition entre l’intérieur des terres et le bord de mer est radicale du point de vue des températures et des précipitations. On y rencontre, en façade de l’océan Atlantique, un climat subarctique. Climat intermédiaire entre le climat tempéré et le climat polaire, les étés y sont relativement doux et les hivers plus rigoureux. La moyenne des températures estivales à Tromsø est de 13°C et descend rarement en-dessous des -12°C en hiver. Plus on pénètre dans les terres, plus on s’approche du climat typique de l’Arctique. Les villes se font des plus en plus rares, les températures de plus en plus extrêmes avec des minimales pouvant aller jusqu’à -55°C. Au coeur même de la Laponie, on observe un territoire riche d’une culture unique et d’une histoire forte qui influence encore beaucoup la région de Tromsø. La Laponie est le territoire des Sames, peuple autochtone de l’Arctique. C’est un peuple dont le mode de vie est basé entièrement sur la transhumance des rennes au coeur de la toundra. Elle se situe au Nord de la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie.

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Depuis plus de 10 000 ans, les Sames habitent et cultivent ce territoire grâce à l’élevage semisauvage du Rennes. Agriculteurs, ils ont une relation essentielle avec le paysage environnant. Ils ont conservé une culture et des traditions uniques en Norvège, celles-ci font partie du mode de vie des Norvégiens du Nord. L’élevage des rennes autour de la ville de Tromsø est encore très présent. Il permet d’entretenir les montagnes alentours et de conserver un paysage assez ouvert et peu colonisé par les boisements de bouleaux.

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2

1. Femme Same et son troupeau, Kautokeino, Norvège du Nord 2. Hommes sames dans les Alpes de Lyngen, Comté de Troms

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TROMS, UNE RÉGION LAPONE Le comté de Troms est caractérisé par son paysage accidenté et sa côte morcelée et dentelée. Les larges fjords découpent et cisaillent les montagnes culminant à une altitude moyenne de 700 m et pouvant aller jusqu’à des hauteurs de plus de 1 500 m. Autrefois entièrement isolé du sud de la Norvège, il n’existait que des petits villages installés au fond des fjords et communiquant entre eux par petits bateaux de pêche. La muraille d’îles entre l’océan et le continent a joué un rôle protecteur et a permis le développement d’un couloir de navigation et d’une ligne de navires reliant Bergen, au Sud de la Norvège jusqu’à Kirkenes au Nord-Est, à la frontière Russo-Norvégienne. L’express côtier (Hurtigruten) est entré en fonction en 1893 et a entièrement désenclavé cette région de Norvège. Depuis sa création, Tromsø a vu sa population augmenter considérablement, pour être aujourd’hui la huitième plus grande ville de Norvège avec plus de 70 000 habitants.

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Coeur économique du Nord de la Norvège, Tromsø est en quelque sorte la fin du long pays. C’est la dernière grande ville avant le désert blanc, le dernier passage, les dernières traces de l’homme, le Seuil du Nord. Fin de la route nationale, l’île est encore isolée mais reste en communication avec le reste du monde grâce à un aéroport international. Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, Tromsø est devenue une destination touristique prisée. En effet, le paysage exceptionnel alentour, alliant océan, fjords et montagnes attire de nombreux sportifs. La grande chaîne montagneuse des Alpes de Lyngen, dont les skieurs raffolent est exceptionnelle par ses hautes crêtes culminant à plus de 1 500 m.

Alpes de Lyngen Route nationale Villes, villages

Océan Atlantique


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60

Alpes de Lyngen depuis Stormyra, mai 2016, ComtĂŠ de Troms


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TROMS, UNE RÉGION LAPONE Aujourd’hui, le comté de Troms est une des régions très attractives de Norvège. La ville de Tromsø est devenue une grande ville, où l’on retrouve toutes les activités nécessaires à une agglomération de cette taille. Ce qui attire avant tout les nouveaux habitants vers cette région, c’est la diversité des activités de pleine nature présentes autour de Tromsø et à courte distance. L’accès à la nature est un élément primordial pour les villes norvégiennes. Chacunes d’entre-elles développent des accès à cette nature par le biais de chemins de randonnées, d’accès par transports en commun ou autres. La proximité de cet environnement quasiment sauvage et vierge est exceptionnelle. Enfin, l’attractivité de la région provient aussi de la ville même de Tromsø, en raison d’un bassin d’emploi important pour la Norvège.

62 Marche à pied, randonnée estivale Pêche côtière Pêche de pleine mer Escalade Snowboard Montagnes emblématiques Ski alpin Kayak Baleine Baignade

Océan Atlantique


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L’archipel de Sommaroy, entre plage de sable fin et ambiance bretonne, juillet 2016, comté de Troms 64

Vivre au coeur de la nature, juillet 2016, Brensholmen, Comté de Troms


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Image touristique pour les Alpes de Lyngen (Source : VisitNorway)


TROMSØ, UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE

Approchons nous un peu de cette fameuse ville de Tromsø, insulaire au coeur des fjords. Capitale du Nord, tous les termes sont bons pour décrire cette ville Nordique de Norvège.

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Tromsø vient du vieux Norrois (ancienne langue scandinave) Troms qui vient du mot straumr et signifie fort courant et øy qui exprime une île. Comme je l’ai précisé pour la formation des fjords, Tromsø est installé au coeur d’un paysage de fjords et de hautes montagnes, protégé de l’Océan et disposant d’un accès privilégié à ce dernier. Ces montagnes, très anciennes, ont été taillées, brassées, pressées, frottées dans leur masse afin de prendre la forme qu’elles possèdent aujourd’hui. Le sol de Tromso est très dur, constitué en grande majorité de gneiss et de granit, formant ainsi un socle solide pour la ville.

Gneiss Schiste Granit Marbre Mica-Schistes Dunite Grès Gneiss granitique Roches broyées Eclogite (Tromsdalstiden) 0 0,25

1,25km


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TROMSØ, UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE La première installation humaine, suite à la période glaciaire, est apparue dans les alentours de Tromsø il y a 10 000 ans. La région était peuplée par des peuples Sames. En 890, le premier village Viking fut fondé par Ohthere de Hålogaland, et c’est à partir de ce moment que l’on voit apparaître les premiers métissages entre les Vikings, peuple du Sud de la Norvège et les Sames du Nord. Au XIIème siècle, la première église de Tromsø est construite, elle fera de la ville l’une des

villes chrétienne les plus septentrionale du monde. Pendant la période allant du 13ème à la fin du 18ème siècle, Tromsø sera au coeur du Pomor Trade, commerce mis en place entre la Norvège du Nord et la Russie de l’Ouest. Il est important de noter que les relations entre la Russie et Tromsø ont toujours été très fortes. L’île de Tromsø a longtemps été une île d’agriculture et d’élevage de moutons.

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1

2

1. Tromsdalstiden, Gravure sur bois, John Savio, 1931 2. L’agriculture dans le Nord, Gravure de Tromsø au XIXème siècle, Wickstrøm Jørgen


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Au Seuil du Nord - Tromsø, un développement rapide

Nombre d’habitants


TROMSØ, UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE Sur ces deux vues aériennes prises avec 65 ans d’intervalle, on perçoit aisément l’explosion démographique dont Tromsø a bénéficié après la guerre. La ville s’est développée du Sud vers le Nord, en longeant le littoral.

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TROMSØ EN 1952


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Au Seuil du Nord - Tromsø, un développement rapide

TROMSØ EN 2015


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Grønnegata, rue principale du centre-ville, février 2017, Tromsø


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Cathédrale de Tromsø dans le centre ville, décembre 2016, Tromsø (source : Heidi Marja Komonen)


TROMSØ, UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE 1 765 4 535 2,6%

6,6%

17 750

26%

13 354

19,5% 10 108 20 838

14,8%

30,5%

Quels habitants à Tromsø ?

0 – 19ans 20 – 29ans 30 – 49ans 50 – 66ans 67 – 79ans 80 et plus Source : www.ssb.no

La ville de Tromsø s’est développée à une vitesse considérable et continue encore aujourd’hui à s’étendre rapidement. Mais, l’on peut ainsi se demander, quel intérêt les habitant ont à venir s’installer ici ? Pourquoi venir à Tromsø ? Quel travail vient-on y chercher ? Mais aussi, comment les gens arrivent-ils à s’adapter à un climat aussi rude, un hiver qui dure au minimum huit mois dont trois mois de nuit complète et un été très rapide avec seulement trois mois de jour complet?

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En analysant les différentes statistiques de Norvège, on se rend compte que la population de Tromsø est relativement jeune, et majoritairement active. La ville s’est beaucoup développée depuis la création de l’aéroport. C’est une ville ouverte sur l’Arctique et dont l’université, qui accueille plus de 9 000 étudiants est une des plus importantes de Norvège et un des plus grands pôles d’emplois de Tromsø.

Université de Tromsø (Source : wikipédia)


12000 24,2% 10000

21,9%

8000 Activités de santé humaine et de travail social 6000

Commerce de gros et de détail

13,2% 12,5%

Education Construction

4000

7,3%

6,9%

Administration publique, defense, sécurité 6,7%

Transport et stockage

5,9%

Activités de logement et de restauration

2000 1,8% 0

Autres Chômage

41534 emplois à Tromsø

Source : www.ssb.no

Les études sont en grande majorité liées aux thématiques spécifiques à l’Arctique telles que la géopolitique, la botanique, la glaciologie et autres domaines similaires. Tromsø occupe une place extrêmement favorable en Arctique et pour l’ensemble des étudiants internationaux venant étudier ici. On observe dans le diagramme ci-dessus la place occupée par l’éducation dans l’emploi à Tromsø. Entre 2001 et aujourd’hui, la population a augmenté de 23,5 %, soit environ 1 000 nouveaux habitants chaque année. Il y a une recherche d’espaces disponibles grandissante.

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Tromsdalstiden vu depuis le port, février 2017, Tromsø


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TROMSØ, UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE Actuellement, Tromsø est une ville très étalée, qui s’étire entre la frange littorale et montagneuse. C’est une ville très active, avec de nombreuses activités pour les habitants, une nature à portée de main. Mais c’est également un habitat qui se répand sur une nature très fragile. C’est un urbanisme qui s’étend de plus en plus loin. Lorsque l’on compare Tromsø à Paris, en prenant en considération l’échelle de population, il y a la même distance pour traverser l’île du Nord au Sud que pour traverser Paris entre Porte d’Orléans et Porte de la Villette. Pourquoi la ville s’est ainsi développée ? Les norvégiens désirent chacun, leur maison et leur jardin. Historiquement, les maisons en bois traditionnelles étaient construites pour une famille. Cette tradition de la maison individuelle et du jardin productif est restée

très ancrée dans les mentalités. Ainsi, on fait face à de nombreuses villes très étendues où les distances paraissent considérables. Chacun sa maison, chacun son jardin, chacun sa voiture, chacun sa nature, chacun sa vue exceptionnelle sur le paysage. Tromsø fait ainsi face à une évolution rapide de son paysage urbain, et la nature environnante est peu prise en compte dans la pensée urbaine de la ville. L’habitat individuel continue de s’éparpiller considérablement, avec des maisons d’une superficie moyenne de 180 m² et des jardins attenants d’environ 570 m². La place grignottée sur le paysage est considérable, et la nature dans la ville paraît inexistante. La nature reste cloîtrée sur les limites de la ville, et est peu présente au sein même de la ville.

Un habitat individuel et collectif étalé, vue depuis Tromsdalen 78


TYPOLOGIE DES LOGEMENTS

Tromso

Norvège

3 625

3,4%

10% 14 385

8 617

23,7%

22,7%

39,7% 52,9% 11,8%

5 879

16,2%

3 783

10,4%

9,2%

36 289 logements à Tromsø

Maisons individuelles Maisons avec 2 logements Maison mitoyenne et/ou maison avec 3 logements ou plus Bâtiment à logements multiples Résidence pour communauté et autres bâtiments

Source : www.ssb.no

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Aire Urbaine Paris : 21 154 habitants/km²

Au Seuil du Nord - Tromsø, un développement rapide

Aire Urbaine Tromsø : 2 846 habitants/km²


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Tromsdalen et ses quartiers, vue depuis le sommet de l’île, mars 2016, Tromsø


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Un habitat individuel accroché à la pente, mai 2017, Tromsø


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TROMSØ, UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE UN HABITAT INDIVIDUEL DISPERSÉ

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L’habitat individuel à Tromsø est d’une typologie très coloré. Les maisons sont similaires dans les matériaux utilisés mais sont toutes très différentes par de petits détails. Chacune d’entre-elles s’adapte au terrain afin de mieux s’insérer dans la pente.


UN HABITAT COMMUN ACCROCHÉ À LA PENTE

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Au Seuil du Nord - Tromsø, un développement rapide

L’habitat collectif s’est développé dans certains quartiers de la ville et se poursuit aujourd’hui fortement. Ancré dans la pente, ces immeubles l’épousent et sont relativement bas, exceptés pour quelques uns d’entre eux qui sortent du lot. On reste sur des typologies R+4 R+5 en moyenne.


TROMSØ, UN DÉVELOPPEMENT RAPIDE

La ville est ainsi confrontéé à des problématiques actuelles inhérentes à toutes les villes. Néanmoins, celles relatives à Tromso sont celles typiques de l’Arctique, elles sont intrinsèques à ce lieu. On y retrouve une urbanisation et une industrialisation grandissante, un changement climatique qui entraîne une modification en profondeur du paysage. Ainsi, les prévisions de population pour 2040 prévoient une augmentation de 10 000 habitants en prévision moyenne. En prévision forte, on peut s’attendre à une augmentation de plus de 18 000 habitants. 86

Ainsi, comment penser l’évolution de la ville, dans un climat Arctique et une nature fragile sachant que la ville est déjà comprimée et limitée par les flancs de la montagne et par la mer ? Faut-il continuer un étalement urbain toujours plus loin et toujours aussi individuel ? Ou bien doit-on repenser l’évolution de cette ville ? Comment le contexte paysager, la nature extérieure à la ville, peuvent-ils être le vecteur d’une nouvelle urbanisation ? Le paysage peut-il être le socle du développement de la ville ? Quels espaces doivent être protégés ou mis en valeur afin de mieux penser l’évolution du Tromso de demain ?


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Lever de soleil, février 2017, Tromsø


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DANS L’ÉPAISSEUR DE TROMSØ 89

UNE

COLONNE VERTÉBRALE DÉVELOPPEMENT

DU


TROIS NOEUDS URBAINS TROMSØ, AVANT 1950

90

Zone Humide Rivières, Ruisseaux Lacs

Comme je l’ai indiqué auparavant, la ville de Tromsø s’est établie sur une île, dans un paysage typique du Nord de la Norvège. Le sol s’apparente à une éponge, il accroche la neige en hiver, et absorbe l’eau lors de la fonte des glaces. Il la déverse ensuite en torrents dans les fjords par une succession de ruisseaux, lacs et rivières. Avant 1950, c’était un village de pêcheurs et d’agriculteurs. Le vieux centre de la ville s’est implanté sur la façade Est de l’île, permettant aux habitants d’être mieux protégés par les vents venus de l’Atlantique Nord. L’île était un espace de pâturages pour les moutons. Au delà, se trouvait de vastes lieux de transhumance pour les rennes. Le port, destiné principalement aux activités de pêche et de réparation des bâteaux, était le seul moyen de communication avec le sud de la Norvège et les autres villages alentours. 1. Tromsø en 1900, une ville aux petites maisons colorées qui s’étendent autour du port 2. Ruisseaux, cascades, rivières, découpent et taillent la montagne 3. Vestregata 1890, une artère du centre ville 4. Le port, 1963


Au Seuil du Nord - Trois Noeuds Urbains

4

2

91 1

3


TROIS NOEUDS URBAINS

PREMIÈRE CONNEXION TERRESTRE VERS LE CONTINENT

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Habitat Routes principales

En 1960, la municipalité de Tromsø a construit le Pont de Tromsdalen. Unique liaison routière vers le continent, ce nouveau lien permet d’augmenter les relations routières avec le sud de la Norvège. En effet, avant la construction de ce pont, le seul moyen de communication existant était un ‘bac’ qui transportait les véhicules d’une rive à l’autre. Ce transit ne permettait pas le transport d’une grande quantité de véhicules. Le nouvel espace nouvellement connecté a commencé à s’urbaniser. Autrefois terres agricoles, attenantes à la vallée de Tromsdalen, elles se sont rapidement transformées en un nouveau quartier.


TROIS NOEUDS URBAINS

UNE PORTE AÉRIENNE VERS LE SUD

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Au Seuil du Nord - Trois Noeuds Urbains

Avant la construction de l’aéroport international en 1964, Tromsø bénéficiait d’un aéroport pour hydravion situé non loin du vieux port. Il était uniquement destiné à desservir le courrier et à accéder aux petits villages de la côte. Contrairement à d’autres villages qui ont vu la construction d’un aéroport par les allemands lors de la seconde guerre mondiale, Tromsø a été relativement en retard sur son accès aérien. Grâce à ce nouvel aéroport, une explosion démographique est apparue, qui perdure encore aujourdhui. Sa construction a développé, dans le même temps, de nouvelles infrastructures telles que l’université ou des industries. Ainsi, le Nord de l’île a commencé à s’urbaniser à partir de ces années. L’aéroport international de Tromsø dessert aujourd’hui de nombreuses destinations bénéfiques pour la ville telles que Oslo, Stockholm ou Londres. On y trouve également des destinations estivales pour les habitants telles que le sud de l’Espagne.


TROIS NOEUDS URBAINS ÉTENDRE LA VILLE

94

En 1974, à la suite de l’explosion démographique, un nouveau pont a été construit afin de pouvoir étirer la ville et annexer le petit village de Kvaløysletta, sur l’île de Kvaløya du même nom. Cette nouvelle partie de ville s’est étendue de la même manière que Tromsø, du Nord au Sud, entre la mer et la montagne. Actuellement, ce pont est rapidement engorgé par le flux incessant de voitures. Aussi, la municipalité prévoit la construction d’un nouveau pont/tunnel pour rejoindre l’île de Kvaløya.


TROIS NOEUDS URBAINS

AUJOURD’HUI, UNE VILLE ÉTALÉE NORD-SUD

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Zones industrielles et commerciales

Au Seuil du Nord - Trois Noeuds Urbain

Aujourd’hui, on constate que la ville s’est étendue selon l’implantation de ses infrastructures de communications principales, à savoir l’aéroport et les ponts. Ces trois noeuds urbains ont facilité le développement d’une ville axée Nord-Sud, tout en défavorisant les connexions transversales entre les différents éléments. Suivant le temps, le parcours ou les accès pour effectuer des trajets transversaux peuvent être compliqués. Pour pallier ces problèmes de transversalités, un tunnel a été construit sous l’île à la fin des années 90. Celui-ci a désengorgé le sommet et le tour de l’île, tout en mettant ces espaces en arrière plan, les faisant peu à peu disparaître. Cette ‘rocade souterraine’ permet de rejoindre plus rapidement les espaces urbains forts ; l’aéroport, le centre-ville et la zone commerciale et industrielle.


TROIS NOEUDS URBAINS

LA TRANSVERSALE, MOTEUR D’UNE NOUVELLE VILLE

96

Les intentions de base de mon projet sont apparues grâce à ces trois noeuds urbains qui ont orienté le développement de Tromsø. La ville est devenue si grande que le centre ancien se révèle être déconnecté des quartiers les plus éloignés. Les connexions visuelles et physiques sont principalement d’ordre Nord-Sud, et le rapport à la montagne et à la mer se trouve être réduit drastiquement. La ville est ainsi une sorte de constellation de petits ‘centres’ liés aux quartiers. Le face à face entre deux vallées emblématiques de la ville est pour moi un élément phare. Il permet la mise en relation d’éléments de nature forts, qui favorisent le développement d’une ville mieux connectée et insérée dans un paysage majestueux. Ainsi, comment penser une nouvelle forme d’urbanisation pour Tromsø basée sur un socle paysager fort ? Comment les noeuds urbains de la ville peuvent-ils être le support d’une ville plus unifiée et en accord avec son paysage environnant ?

1. Pont de Tromsdalen, entre Tromsøya (île) et le continent (source: wikimedia) 2. Aéroport international de Tromsø (source: nordlys) 3. Pont de Sandnessund, entre Tromsøya (île) et Kvaløya (île à l’ouest)


1

97

2

Au Seuil du Nord - Trois Noeuds Urbain

3


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT DEUX VALLÉES QUI SE FONT FACE

Kvaløya Sandnessund Vallée de Slettelva

Aéroport

98


Université

Port industriel 99

Prestvannet Centre-ville

Vallée de Tromsdalen

Tromsdalstinden

Cadrage Transversal

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

Tromsdalen


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT Centre-ville

Kvaløya

Store Blåmann (1044m) Quartiers récents

100

Lac de Prestvannet


Aéroport

Tromsdalen

Port industriel Sandnessund

Nord de l’île Université

Vallée de Tromsdalen

101


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT UN BÂTI ÉPARPILLÉ

0

20m

100m

Habitat individuel

102

Habitat commun Services : écoles, aéroports, magasins, hôpital Bâtiments industriels et commerciales Limite des constructions : altitude 100m Ruisseaux, rivières et cours d’eau Lacs, plans d’eau Zones humides


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L’espace constructible de la ville est de ce fait limité par la présence d’un côté de la mer, de l’autre de la montagne et des risques liées à cette dernière. Ainsi, la pente devient une

PAGE CI-CONTRE Conglomérat de bâtiments, Strandvegen, mai 2017

entrave à la construction au-dessus d’une altitude de 100 m. La période hivernale entraîne avec elle son lot de désagréments comme de fortes précipitations neigeuses qui peuvent générer des épaisseurs parfois supérieures à 1,70 m et qui sont encore plus significatives dans les hauteurs. L’accessibilité aux altitudes s’en trouve limitée, ainsi que le déplacement de haut en bas des habitants pendant ces périodes. Les franges de montagnes sont aussi le lieu de tous les dangers. En effet, plus la pente est forte, plus le risque de chutes de pierres, d’avalanches, de glissements de terrain devient importante. En conséquence, l’habitat ne s’est développé que sur des zones urbaines où le risque est le moins fort.

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

Nous l’avons vu précédemment, l’habitat à Tromsø est un habitat en grande majorité individuel étendu. De grandes surfaces au sol sont nécessaires pour chaque logement il faut, en outre, tenir compte d’une topographie très prononcée. Par ailleurs, chaque maison individuelle possède une partie assez conséquente d’espace extérieur. En effet, lorsque l’été refait son apparition, les habitants profitent au maximum des bienfaits du soleil pour sortir et vivre dehors. Mais lorsque l’hiver est là, le jardin se fond dans le paysage et disparaît sous une couche de neige uniforme.


104

Chantiers navals, Skansegata, mai 2017, Tromsø


105

TPFE - Au Seuil du Nord - DANAIS Martin


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT DES AXES DE COMMUNICATION QUI SUIVENT LE RELIEF

0

20m

100m

106 Routes principales Routes secondaires : allées, habitations Chemin de ski, piéton et cycliste Sentier de randonnée


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PAGE CI-CONTRE Mortensnes, le trottoir disparaît sous la glace, février 2016

Les ultimes connexions nécessaires à Tromsø sont les accès vers la nature, que ce soit les pistes aménagées par l’homme et utilisées en hiver pour le ski de fond ou en été pour la randonnée et le vélo. Chaque quartier possède un sentier à portée d’habitation. Le principal chemin de Tromsø est celui situé au centre, partant du sud de l’île jusqu’au nord, sur plus de 6 km. Lieu de loisirs et de sports, il parcourt des espaces majoritairement refermés par le boisement, où les vues sur les montagnes disparaissent. Les sentiers de randonnées forment quant à eux, les accès vers les sommets. Espaces privilégiés, ils sont pratiqués par les connaisseurs et serpentent sur des espaces ouverts sur la ville, les montagnes et la mer.

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

Les communications à Tromsø sont denses. Les routes principales sont situées en frange littorale, où le relief est peu accentué. Artères de la ville, elles irriguent ses différents quartiers, pour mener vers chaque logement. Ces routes s’intègrent et s’adaptent au relief imposé par la montagne. En hiver, elles sont recouvertes d’une épaisse couche de glace que seul le lent passage des voitures vient troubler. Les trottoirs disparaissent et s’unifient en une large voie blanche et verglacée. Les déneigeuses effectuent un passage quotidien, le soir, lorsque la circulation cesse. Elles déposent derrière elles une fine pellicule de graviers, occasionant un côté rugueux à cette surface miroitante. En été, la route est dégagée, laissant apparaître ça et là les nombreuses cicatrices du gel, telles que nids de poules ou fissures.


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT UNE NATURE À PORTÉE DE MAIN MAIS PEU PRÉSENTE DANS LA VILLE

0

20m

100m

108 Forêt haute de bouleaux : 7-10m Forêt moyenne de bouleaux : 5-7m Boisement et broussaille : <5m Espaces ouverts : prairies, pelouses, landes Lieux de nature emblématiques


éléments. Sous l’effet de cette nature diversifiée, on identifie à Tromsø une flore très riche. Sur les planches présentes dans les pages suivantes, on retrouve une sélection de plantes emblématiques des zones humides et des bords de mer récoltées au début du mois de juin 2016 sur l’île de Tromsø. En plus de l’urbanisation grandissante de Tromsø qui engendre une pression considérable sur ces milieux, le réchauffement climatique modifiera inexorablement l’écologie de ces milieux. Les espaces ouvertsse réduisent, les espèces végétales et animales migrent vers le Nord, et modifient donc la structure même du paysage. Alors, comment prendre en compte ces transformations écologiques dans le développement de la ville de demain ?

PAGE CI-CONTRE Succession d’éléments : agriculture, mer, ville et montagne, mai 2017, Hakøya, Tromsø

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Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

Tromsø est remarquable concernant son contexte paysager et son socle. La ville est située au coeur d’une nature omniprésente et exceptionnelle. Mais cette dernière tend à se dissiper lorsque l’on rentre dans la ville, et à réapparaître au loin par des jeux de cadrages et de fenêtres sur les montagnes. Sur le même principe que l’Arctique, on recense à Tromsø une diversité de paysages, de bas en haut. Des paysages littoraux, entre estran, plage de galets et fine frange de graminées. Des paysages agricoles, qui ont une propension à diminuer et à se refermer. Un boisement dense de bouleaux et de saules, dans lequel le regard se perd. Parfois, un espace ouvert et humide, comme un marais dans lequel l’eau serait bloquée dans les méandres de la terre. On monte en altitude, et on arrive sur des espaces semi-ouverts entre broussaille, prairie et reliquats de boisement. Et enfin, des paysages ouverts, entre rocailles, lichens et mousses, qui se dénudent sous l’influence des


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT PAYSAGE GLACÉ

110

Åsgårdvegen, janvier 2016, Tromsø


PAYSAGE SOLAIRE

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Åsgårdvegen, juillet 2016, Tromsø


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113

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

DE HAUT EN BAS ET DE GAUCHE À DROITE - Littoral, île de Tromsø - Rivière Tromsdalselva - Agriculture, Kvaløya Boisement de bouleaux et conifères, Kvaløya - Toundra, Kvaløya - Zone humide et plan d’eau, Kvaløya -


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT HERBIER - BORD DE MER

Alchemilla vulgaris

Carex atrata

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Cerastium alpinum

Rhodiola rosea


Sibbaldia procumbens

Silene acaulis

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Trientalis europea

Viola sp.

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de dĂŠveloppement


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT HERBIER - PRAIRIES ET ZONES HUMIDES

Caltha palustris

Cornus suecica

Cystopteris fragilis

Geum rivale

116


Equisetum sp.

Lotus corniculatus

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Rubus chamaemorus

Silene dioica

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de dĂŠveloppement


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT DES QUARTIERS HÉTÉROGÈNES ET DÉCONNECTÉS

0

20m

100m

Habitat commun Habitat individuel Services, commerces, industries

118

KVALØYSLETTA (1975 - 1999) - 2733 hab/km² - 2,3km² Ce quartier s’est développé à la suite de la construction du pont. On observe un habitat individuel très dispersé, inséré dans la pente. Ce sont de grandes maisons, avec de vastes terrains (plus de 365 m²/habitant). L’étalement urbain a favorisé la présence d’interstices de nature au sein même du quartier. En contrebas de la pente, on trouve quelques magasins et reliquats agricoles.

HÅPET (1971) - 3700 hab/km² - 0,9km²

Quartier proche de l’éroport et de l’université. Dans les hauteurs de Tromsø, on retrouve une typologie de quartier de haut en bas, de type, nature, habitat individuel et habitat collectif en contrebas. Ainsi, chaque habitant bénéficie d’une vue sur les montagnes alentours.


TROMSJORD (1972 - 1978) - 3960 hab/km² - 1,3km²

119

Situé sur la partie continentale de Tromsø, ce quartier s’est développé sur un schéma assez spécifique. L’habitat commun y est nettement plus présent, avec une installation plus forte sur les hauteurs et le bord de mer. L’habitat individuel est relativement dense, et se situe entre les hauteurs et la route principale.

GULENG (1958 - 1964) - 3059 hab/km²

OLSGÅRD (1989 - 1995) - 3430 hab/km²

Olsgård s’est développé récemment et continue encore aujourd’hui à s’étendre dans les interstices restants. Ce quartier est une adéquation entre habitat individuel, commun et présence d’une nature interstitielle. Chacun bénéficie d’une vue sur les montagnes.

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

Guleng est l’un des plus vieux quartiers de Tromsø. L’habitat est uniquement individuel, avec la même surface de parcelle et de maison pour tout le monde. Les industries sont situées en contrebas, sur des terrains gagnés sur la mer. La nature est accessible sur le sommet de l’île.


UNE TRANSVERSALE COMME AXE DE DÉVELOPPEMENT AUJOURD’HUI, TROMSØ ?

74 541 habitants (2017)

Surface urbanisée

21,35 km²

120

Maisons individuelles 8,5 km²

Bâtiments communs 5,05 km²

Maison à 2 logements 2,22 km²

Maisons mitoyennes 3,45 km²

2,5 habitant/maison individuelle 180 m² de surface au sol

570 m² d’espace extérieur privé

Aujourd’hui, pour chaque maison individuelle, c’est en moyenne 750 m² de surface au sol qui disparaissent. Cela équivaut à 300 m²/habitant.


DEMAIN, QUE SERA TROMSØ ?

+ 18 407 habitants (2040)

Si on continue dans la même dynamique d’urbanisation

Si on repense la ville et le paysage

Densité moyenne de 3000 hab/km²

Densité moyenne de 8000 hab/km²

Surface urbanisée

Surface urbanisée

6,2 km²

2,30 km²

C’est l’équivalent de l’espace pseudonaturel, non urbanisé de l’ensemble de l’île de Tromso !

121

... pour préserver le paysage existant, et donner et de la visibilité à une pseudo-nature urbaine

Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

Pour chaque logement on supprime une partie de l’espace habitable et de l’espace jardin ...


DEMAIN, QUELLE VILLE ? UNE NOUVELLE RELATION VILLE-MONTAGNE-MER

SANDNESSUND

PREST

0

20m

100m

Espaces à urbaniser en adéquation avec le paysage Sites emblématiques naturels Connexions interquartier à créer

122

Connexions visuelles et physiques Relation mer-montagne à valoriser

Après ces différentes analyses, on s’aperçoit que Tromsø est une ville qui, dans l’ensemble, fonctionne plutôt bien. Néanmoins, certaines stratégies paysagères et urbaines du développement de la ville ne peuvent pas perdurer sur le long terme sans entraver le bon fonctionnement de la ville et du paysage. Mon parti pris de projet est de développer cette diagonale territoriale, afin de créer une nouvelle colonne vertébrale pour le développement de Tromsø. Elle s’axe sur trois principes : penser le développement urbain de Tromsø pour accueillir les futurs habitants,

déterminer les espaces paysagers à mettre en valeur, à transformer ou à protéger, et enfin, transformer, créer ou améliorer les connexions physiques et visuelles. Sur le plan d’intention ci-dessus, on remarque que la nature occupe une place centrale et privilégiée au sein même de Tromsø. Des espaces paysagers emblématiques sont reconnectés et réintégrés au tissu urbain. Le tissu urbain est, quant à lui, transformé afin de lui donner une unité claire. Tromsø devient donc une ville dans laquelle on ressent le paysage lointain et le paysage proche.


TROMSDALEN

TVANNET

123

se situe à Sandnessund, un vaste espace semi-ouvert, alternant entre boisement dense, zone humide et frange agricole. Son relief peu prononcé, en fond d’une large vallée permet à un nouveau quartier paysager de s’y développer. Le second, central pour l’île, est le lac de Prestvannet. Il est accessible aisément par le centre-ville et pour une grande partie des quartiers de la ville. Ce parc Arctique naissant, procure un espace de rencontre et de détente au sein même de Tromsø.

Enfin, la vallée de Tromsdalen est une porte ouverte sur les montagnes environnantes. Afin de mieux expliquer ma démarche Elle deviendrait ce nouveau passage entre de projet, j’ai décidé de me concentrer un milieu densément urbain, et une nature sur trois espaces, dont les stratégies de extrême et difficilement accessible. développement sont différentes. Le premier

Au Seuil du Nord - Demain, quelle ville ?

Les connexions transversales sont mises en valeur par l’ouverture de nouveaux sentiers ou chemins, mais aussi par l’ouverture dans le paysage de certains boisements, créant ainsi des vues sur les montagnes alentours. Ces transformations vont permettre de déterminer les espaces paysagers à transformer. En effet, aujourd’hui, le paysage de Tromsø est globalement constitué d’espaces fermés, au détriment des espaces ouverts qui eux réduisent leur surface au fur et à mesure de l’urbanisation. Cette bonne adéquation entre espace urbain, espace ouvert et fermé permettra de maximiser la diversité paysagère et l’écologie de ces milieux.


DEMAIN, QUELLE VILLE ? HABITER TROMSØ

SANDNESSUN Un nouveau quartier mer-montag

124


ND gne

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LAC DE PRESTVANNET Un lac suspendu

VALLÉE DE TROMSDALEN Une porte sur les montagnes

Au Seuil du Nord - Demain, quelle ville ?


DEMAIN, QUELLE VILLE ? TROIS LIAISONS

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J’aimais la montagne pour elle-même. J’aimais sa face calme et superbe éclairée par le soleil quand nous étions déjà dans l’ombre ; j’aimais ses fortes épaules chargées des glaces aux reflets d’azur, ses flancs où les pâturages alternent avec les forêts et les éboulis ; ses racines puissantes s’étalant au loin comme celles d’un arbre immense, et toutes séparées par des vallons avec leur rivelets, leurs cascades, leurs lacs et leurs prairies ; j’aimais tout de la montagne, jusqu’à la mousse jaune ou verte qui croît sur le rocher, jusqu’à la pierre qui brille au milieu du gazon. Histoire d’une montagne – Élisée Reclus

PAGE CI-CONTRE DE HAUT EN BAS Sandnessund, une vallée humide au relief peu marqué Lac de Prestvannet, un espace ouvert sur les montagnes au coeur de Tromsø Vallée de Tromsdalen, une transition paysagère, entre littoral et sommet des montagnes (source : google earth)


127


128


HABITER TROMSØ 129

REPENSER LE RAPPORT DE LA VILLE À LA MONTAGNE

TPFE - Au Seuil du Nord - DANAIS Martin


PRESTVANNET, LE LAC SUSPENDU UNE NOUVELLE CENTRALITÉ

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Tromsø est aujourd’hui une ville à plusieurs visages. C’est une grande constellation de quartiers, de petits centres commerciaux ou urbains déconnectés les uns des autres. Le vivant se trouve aux portes de la ville, mais ne passe pas le seuil du béton, du goudron et des immeubles. Ainsi, la ville se trouve au coeur d’une nature majestueuse, mais que l’on perçoit peu de l’intérieur. Elle se retrouve ainsi cloisonnée, fermée par un boisement dense au centre de l’île. Prestvannet, l’un des seul lac de l’île, est situé à la confluence des deux centres urbains. L’un des unique espace ouvert sur les montagnes, il se trouve aujourd’hui refermé sur lui même, condamné à se fondre dans une masse urbaine. Le projet vise à redonner une valeur à cet espace central pour la ville, mais également, plus seulement un lieu de passage, de transit mais également un nouvel espace public. La nature présente serait mise en exergue par l’ouverture de nouveaux chemins menant au centre-ville, reconnectant les différents quartiers entre eux. Mais ce serait également un espace d’observation de la nature proche (lac, zone humide, boisements) et lointaine comme les chaînes de montagnes alentours. Un parc pour la ville, un nouveau lieu de rencontre et de découverte des paysages de Tromsø.

PAGE CI-CONTRE DE HAUT EN BAS Vue aérienne de Tromsø Deux centres urbains Le vivant, cloisonné et déconnecté Des espaces publics peu présents Des nouvelles connexions transversales


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Au Seuil du Nord - Prestvannet, le lac suspendu


PRESTVANNET, LE LAC SUSPENDU UN PARC PSEUDO NATUREL POUR LA VILLE

Le lac de Prestvannet est un lac creusé par l’homme à la fin du 19ème siècle afin de créer un réservoir d’eau potable pour la ville. Une nature environnante typique de l’Arctqiue s’y est développé et est maintenant bien ancrée. Le lac est aujourd’hui entouré par une frange arborée dense, ce qui engendre une disparition du lac depuis la ville. Le projet consiste à améliorer les contours de ce lac, afin de le rendre plus perceptible par les habitants, mais aussi pour en faire un nouvel espace de rencontres, de jeux, de sorties en plein air. Je propose d’ouvrir de nouveaux espaces de prairies, créant de nouvelles vues sur les montagnes. Je propose également de densifier les boisements proches des habitations pour dissimuler les vues sur ces derniers depuis le lac. Ainsi, au coeur même de la ville, le visiteur se retrouve dans une pseudonature que l’on retrouve sur les sommets des montagnes. La diversification des boisements, des espaces ouverts, donc des écosystèmes en fait un nouveau coeur de biodiversité au sein même de la ville. Enfin, je propose également la mise en place de nouveaux cheminements piétons qui vont faciliter l’accès à l’eau et aux zones humides. Ces nouvelles connexions disparaîtrons en hiver afin de laisser la place à un parterre de trainées de ski et de raquette, dessinant un tout nouveau paysage.

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Zone humide Nouveaux cheminements Boisement dense et haut Boisement semi-ouvert Toundra, prairie Arctique Cheminements existants

0

30

150m


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TPFE - Au Seuil du Nord - DANAIS Martin

Plan projet du lac de Prestvannet


PRESTVANNET, LE LAC SUSPENDU UN ESPACE OUVERT SUR LES MONTAGNES ET LA VILLE

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Perspective des deux saisons ; entre aurores boréales et soleil de minuit


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SANDNESSUND, UN NOUVEAU QUARTIER MER-MONTAGNE UN PAYSAGE FAÇONNÉ PAR LES EAUX

PLAN PAYSAGE DE L’EXISTANT

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Le second projet se situe sur l’île de Kvaløya, proche du pont de Sandnessund. C’est un vaste espace, situé entre une frange littorale agricole globalement bien préservée, et les montagnes dont l’altitude atteint en moyenne 700m. La qualité de ce lieu réside dans son relief peu prononcé et moins abrupt, qui permet ainsi a un paysage typique de l’Arctique de se développer. On y retrouve un large ensemble de zones humides, alternant entre mares, ruisseaux, prairies spongieuses qui génèrent ainsi une importante biodiversité. En continuité avec la ville existante, proche des différentes commodités, je propose une nouvelle manière de développer Tromsø, en prenant en compte le paysage existant dans le développement des quartiers. Sur le plan ci-contre, on visualise la présence de boisements qui viennent dessiner des formes assez définies. Le projet s’articule selon un principe d’espaces ouverts et d’espaces fermés. Je propose d’utiliser le boisement existant comme une trame pour le développement du bâti. Les zones humides, riches en biodiversité doivent au maximum être protégées et seront la colonne vertébrale de ce nouveau quartier.

Boisement de bouleaux dense Chemin de randonnée Zone humide, plan d’eau Frange littorale agricole Altitude 100m

0

100

500m


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TPFE - Au Seuil du Nord - DANAIS Martin


SANDNESSUND, UN NOUVEAU QUARTIER MER-MONTAGNE UN QUARTIER QUI S’ADAPTE AU VIVANT EXISTANT

PLAN PROJET DU QUARTIER

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Le principe même de ce quartier est de protéger et de sauvegarder au mieux les paysages et les écosystèmes fragiles de Tromsø tout en développant la ville. Ce nouvel aménagement permet l’installation de plus de 6500 nouveaux habitants. Afin d’obtenir une diversification de la ville, mais aussi une mixité sociale, on retrouve de nombreux types de logements, allant du R+6 à la maison individuelle. Les bâtiments les plus hauts se situent sur les hauteurs, pour que chaque immeuble obtiennent une vue sur les montagnes et la mer environnante. Redonner une valeur et une présence à ces deux grandes entités au sein de la ville. Faire rentrer le vivant dans la ville mais aussi faire rentrer la ville dans le vivant. La colonne vertébrale de ce quartier aura deux grandes utilisations. Un espace de nature, où la randonnée, la découverte des nombreux animaux de l’Arctique sera privilégiée. Mais c’est aussi un nouvel espace de déambulation au sein même du quartier. Ne plus à avoir prendre la voiture pour se retrouver au coeur de la montagne. Enfin, c’est aussi redécouvrir un espace littoral peu parcouru, qui permet dans un second temps de protéger aussi une frange agricole qui tant à disparaître. Cela passe par la création de nouveaux chemins de ski, dans l’espace de toundra central, mais aussi un chemin de ski, de marche et de vélo en bord de mer.

Toundra Boisement Zone humide, plan d’eau Espace urbain Cimetière parc Frange littorale agricole Route existante Nouvelle route Chemin de ski, vélo, marche Sentier piéton

0

100

500m


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TPFE - Au Seuil du Nord - DANAIS Martin


SANDNESSUND, UN NOUVEAU QUARTIER MER-MONTAGNE REDÉCOUVRIR UNE NATURE DE PROXIMITÉ

140

0

20

100m


PAGE CI-CONTRE Perspective hivernale ; des activités extérieures à portée d’habitations Perspective automnale ; un rapport plus prononcé du vivant à la ville Coupe du quartier, une nouvelle relation entre la mer et la montagne MAQUETTES DE PRINCIPES (argile blanche) 1. Vallées boisées et logement 2. Frange littorale agricole 3. Habitat et optimisation des vues

1

141

2

3


142

PHOTOS CI-DESSUS Installations pour la soutenance finale du diplĂ´me du 11 juillet 2017


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CONCLUSION

‌ ant de fois en regardant les mappemondes en direction du Nord, mes yeux bloquaient sur T Tromsø. Située au-delà du 66ème parallèle marquant la limite du cercle polaire arctique, elle évoquait beaucoup de choses : les aurores boréales, la nature brute, la neige, le froid intense et la nuit polaire. La nuit polaire semble un concept exotique et mystérieux à Versailles, elle devient une réalité un peu brutale quand on déambule dans une ville plongée dès 14 heures dans l’obscurité glaciale. Tromsø cumule les superlatifs : plus grande ville au-delà du cercle polaire. Elle abrite la brasserie et l’université les plus septentrionales au monde, ainsi que le plus ancien cinéma d’Europe. C’est de cet îlot que Fridtjof Nansen et Roald Amundsen s’élancèrent à la conquête des pôles. Ici, tout le monde a un grand-père ou un arrière-grand-oncle qui a participé de près ou de loin à une expédition. C’est une ville magique, qui vibre toujours des histoires de trappeurs. 144

Je vous convie à voyager au cœur de Tromsø, en territoire Lapon. Tromsø est la ville où le ciel très pur sculpte les montagnes grises et blanches, où la lumière passe du rose aurore au bleu crépuscule, éclairant un paysage surréel de collines et de fjords : une vision extrême de nature vierge. Cette ville Arctique aux paysages grandioses isolée par le froid et les distances, vit cependant de profonds bouleversements en raison du réchauffement climatique et de l’urbanisation croissante. Le paysage de cette ville est révélateur des transformations de la société, de son mode de vie et de son économie. Le projet que j’ai développé vous invite à poser un regard sur une nouvelle structure paysagère: la création d’une transversale comme guide vers une urbanisation heureuse dans un paysage fragile. L’avancée du bâti de la ville dessine de nouvelles dynamiques, de nouveaux liens entre les différentes figures de paysages. La gestion de l’urbain dans un paysage si délicat, son adéquation et sa cohérence avec un socle ancien et infime sont autant d’éléments pris en compte dans cette proposition paysagère. Il s’agit là de révéler des capacités insoupçonnées et de nouvelles acclimatations entre des milieux que tout oppose. Penser le futur de Tromsø par la mise en correspondance territoriale de trois espaces paysagers emblématiques.


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Au Seuil du Nord - Une transversale comme axe de développement

En attendant l’été, Kvaløya, mai 2017, Tromsø


REMERCIEMENTS

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Ce mémoire de diplôme de fin d’étude est le résultat d’un travail de plusieurs mois dont la genèse date de mon année Erasmus en Norvège. C’est la concrétisation d’un rêve que j’ai pensé, imaginé, discuté avec mes professeurs, ma famille et mes amis. Chacun a su trouver un peu de temps pour m’aider et être à mon écoute.

Clément et Maxence.

Je tiens à exprimer ma gratitude à Bruno Tanant, qui m’a accordé sa confiance et encadré pendant cette année scolaire. Merci pour ses questionnements sensibles et ses orientations. Il m’a aidé à me remettre en question et a fait mûrir ma réflexion.

Merci à Mongi Hammami pour sa disponibilité. Merci à Kari Anne Bråthen pour son temps et sa connaissance sur la biologie Arctique.

Merci à mes anciens professeurs de l’école de AHO en Norvège qui ont accompagné et orienté ma démarche personnelle au fil de ces deux dernières années. Lisbet Harboe, Peter Hemmersam, Thomas Juel Clemmensen et Eimear Tynan.

Bien sûr, un merci tout particulier à mes anciens camarades et amis de l’école de Paysage de Tromsø, qui m’ont hébergé et Merci à ma famille pour sa présence fait partager les joies du grand Nord. Jérôme indéfectible et son entier soutien. Codère, Élisabeth Baril, Heidi Marja Komen et Akie Kono. Un merci tout particulier à Serge Danais pour ses réflexions avisées et pertinentes Enfin, je tiens à remercier tout particulièrement et à Catherine pour son temps consacré à la chaque membre de mon jury pour sa relecture. disponibilité et son écoute attentive lors de ma présentation finale : Annie Breton, Laurence Merci à tous mes proches, tout Robert, Camille Michel et Bertrand Vignal particulièrement à mes amis d’atelier pour leurs encouragements, et leurs Et enfin je remercie tous ceux qui ont pu être questionnements perspicaces. Bérénice, présents le jour de ma présentation publique. Lucile, Camille, Charlotte, Camilla, Cerise,

Tous profitent des bienfaits climatiques de l’Arctique. Tout est lié. La croissance économique mondiale ne pourra être durable que si elle prend en compte l’importance et la valeur de l’Arctique. Le Droit au froid – Sheila Watt-Cloutier


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TPFE - Au Seuil du Nord - DANAIS Martin

Retour vers le sud, avril 2016, Tromsø


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Au Seuil du Nord - Bibliographie

Petit habitat ancien, Nordre Tollbodgate, mai 2017, Tromsø


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Propriété exclusive de Martin Danais


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