Habiter en centre ancien // Présentation du PFE

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HABITER EN CENTRE ANCIEN Elodie Martinet Projet de fin d’études sous la direction de Jean Luc Lauriol Master Architecture et Milieux



« L’architecture est la scène fixe de la vie humaine, chargée des sentiments de générations entières, théâtre d’évènements publics, de tragédies privées, de faits anciens et de faits nouveaux. Le privé et le collectif, la société et l’individu s’opposent et se confondent dans la ville, qui est faite d’une foule de petits êtres y cherchant leur place et, en même temps, car c’est la même chose, un environnement à leur mesure, mieux adapté à l’environnement général. » Aldo Rossi



AVANT PROPOS

La ville de Perpignan est au coeur de mon cursus de master à l’ENSA Montpellier. Dès le premier semestre, nous avons abordé les diverses problématiques de la ville et son agglomération à travers un projet urbain et prospectif. Le semestre suivant, il s’agissait de proposer un renouvellement urbain et architectural dans l’un des quartiers du centre ancien. Enfin, le troisième semestre a été consacré a un travail sur les espaces urbains dans ce même quartier. Le travail effectué en projet a permis une continuité tout au long du master sur un sujet vaste: l’habitat en centre ancien. Cette problématique a été abordée dans mon mémoire de master: Habiter en centre ancien - La typologie de la parcelle élémentaire médiévale. Durant un an, j’ai effectué des recherches sur la ville de Perpignan, sa naissance et son développement sur la période médiévale. L’objet d’étude était les quartiers de lotissements apparus durant le XIIIème et XIVème siècle pour loger une population grandissante et modeste. A travers une analyse de la trame urbaine et du parcellaire, j’ai fait mettre en relation les problématiques auxquelles fait face le bâti à Perpignan: insalubrité, détérioration, effrondrement, etc. Des solutions contemporaines ont été analysées pour comprendre quelles sont les évolutions de cette typologie et quel est son avenir. Les centres anciens sont au coeur des préoccupations des villes. Des années d’urbanisme en périphérie ont poussé les commerces et les habitants à fuir le coeur de ville. Centres commerciaux, maisons pavillonnaires avec jardin, facilité d’accès à l’autoroute, ... tous ces arguments ont attiré les habitants hors du centre. On assite aujourd’hui à un abandon des centres anciens. Logements et activités sont transférés en périphérie, laissant vacants des lieux historiques, occupés depuis plusieurs siècles. Ainsi, les centres anciens sont aujourd’hui un enjeu majeur des villes et il est nécessaire de réfléchir attentivement au devenir de ces lieux: lieux d’histoire, de patrimoine et de culture, qui font l’identité de chaque commune. Ce projet de fin d’études s’articule autour de la problématique de l’habitat en centre ancien médiéval. A travers le quartier Saint Jacques à Perpignan, ce projet propose des pistes de réfléxions sur le devenir du patrimoine et de son architecture.



SOMMAIRE

Introduction

1. PERPIGNAN ET SON TERRITOIRE 01 Perpignan, ville catalane 02 Perpignan, ville de passage 03 Perpignan et son centre ancien 04 Perpignan, ville historique 05 Perpignan, ville médiévale

2. LIEUX DE VIE ET HABITANTS 01 Un centre ancien délaissé 02 Un centre urbain pittoresque 03 Une typologie médiévale élémentaire 04 Une population stigmatisée 05 Saint Jacques, un quartier enclavé

3. DU PATRIMOINE À L’ARCHITECTURE 01 Tois jalons historiques 02 Un projet de couture urbaine 03 Un îlot en frange du quartier Saint Jacques 04 Des rez-de-chaussées en devenir 05 Prescriptions architecturales 06 Un travail à la parcelle

4. CONCEVOIR AVEC LE RÉEMPLOI

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01 Le réemploi en architecture 02 Un projet chirurgical 03 Habiter à Saint Jacques 04 Une réhabilitation du bâti 05 Des habitats rénovés 06 De la ressource à la construction 07 Le pisé, matière à construire

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Conclusion

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Remerciements

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Bibliographie

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Introduction

Habiter en centre ancien évoque des notions différentes pour chacun d’entre nous. Certains verront le charme des petites rues historiques et la proximité des commerces comme un atout, d’autres penseront à l’obligation d’habiter en appartement et à la difficulté de s’y garer. Les centres anciens se vivent et s’apprécient de manière diverse. Le centre ancien de Perpignan n’échappe pas à la règle. L’offre en habitat en périphérie a su attiré un grand nombre de perpignanais qui ont alors tourné le dos à leur coeur de ville. La municipalité constate aujourd’hui l’abandon de son centre par ses citoyens puis de ses commerces. Les rues se vident, les échoppes ferment les unes après les autres. En arrivant à Perpignan, cette situation est visible au premier regard. Comment en sommes-nous arrrivés là? Quels sont les problèmes auquels fait face le centre ancien? Vers quelles solutions se tourner pour envisager un avenir différent?



1 Perpignan et son territoire Contexte


01 PERPIGNAN, VILLE CATALANE Perpignan et son territoire

Située à la frontière de l’Espagne, Perpignan est une ville du pourtour méditerranéen. Longtemps disputée entre France et l’Espagne, elle fut pendant plusieurs siècles la capitale du Royaume de Majorque. Désormais française, la ville est toujours marquée par la culture catalane. Perpignan est la 7ème ville du pourtour de la Méditerranée et la 4ème ville de la région Occitanie. Avec plus de 120 000 habitants, elle est la capitale du département des Pyrénées Orientales. Géographiquement, la ville se situe entre les villes de Toulouse (nordouest), de Montpellier (nord-est) et de Barcelone (sud-sud est). Le territoire qui l’entoure se partage entre plaines et montagnes. Le pic du Canigou (2 784 m) se voit depuis le centre-ville. La ville de Perpignan est installée dans la plaine du Roussillon, à égale distance entre la chaîne montagneuse des Albères et la mer Méditerranée. Elle profite d’un territoire aux paysages marqués par le climat méditerranéen. Ensoleillée pendant plus de 300 jours par an, la ville profite d’un climat doux souvent perturbé par les vents forts qui traverse la région: la Tramontane (nordouest) et la Marinade (vent marin).

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À droite / en haut: Carte IGN - Source: Géoportail À droite / en bas: Coupe schématique du Pic du Canigou à la mer Méditerranée en passant par Perpignan Ci-dessous: Schéma du positionnement de Perpignan entre Barcelone, Toulouse et Montpellier


COUPE PAYSAGE


02 PERPIGNAN, VILLE DE PASSAGE Perpignan et son territoire

Perpignan possède une agglomération grandissante. L’unité urbaine de la ville de Perpignan regroupe 15 communes : Baho, Bompas, Cabestany, Canohès, Perpignan, Peyrestortes, Pézilla-la-Rivière, Pia, Rivesaltes, SaintEstève, Saint-Féliu-d’Amont, Saint-Féliu-d’Avall, Le Soler, Toulouges et Villeneuve-la-Rivière. La répartition des lieux de vie est inégale au sein de l’agglomération perpignanaise. Les reliefs sont inhabités et la majorité des habitants se concentrent sur les communes autour de Perpignan et du littoral. L’attractivité touristique et économique de Perpignan et sa côte méditerranéenne (Canet-en-Roussillon) créent un bassin d’emploi dynamique. La première et deuxième couronne de Perpignan favorisent les mouvements pendulaires. Les lieux de travail se trouvent à Perpignan, les lieux d’habitat se trouvent en dehors de Perpignan. Les communes alentours sont privilégiées comme lieux de vie. Perpignan est une ville de passage. L’autoroute borde la ville sur son côté ouest. Celle-ci marque une séparation entre ville et territoire. Perpignan concentre les flux routiers qui vont de la France vers l’Espagne. Elle est une ville de transition entre deux pays. Perpignan n’est pas traversée par les automobilistes, elle est seulement contournée.

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Perpignan fait face à une deuxième fracture qui, elle, est géographique. La Têt, qui prend sa source dans les Pyrénées et se jete dans la Méditerranée, sépare les quartiers nords de Perpignan aux quartiers sud et du centre ancien de la ville. Cette barrière physique restreint les liens entre le nord et le sud de la ville. Au nord, on retrouve des quartiers résidentiels et hospitaliers. Au sud se développent les universités.

Evolution de l’aire urbaine de Perpignan entre 2009 et 2014

Le toursime est un enjeu économique fort pour Perpignan. Cependant, les visiteurs passent en moyenne une à deux nuits sur place et s’en vont visiter le patrimoine architectural et les paysages qui bordent Perpignan comme les pyrénées pour le ski ou le littoral en été. Le tourisme de Perpignan se maintient grâce aux activités en dehors de la ville. Le centre ancien possède quelques points forts touristiques comme le Palais des Rois de Majorque ou encore le quartier Saint-Jean. Cependant, le centre ancien renferme un grand patrimoine architectural et urbain méconnu. La population de Perpignan est en évolution constante. L’attractivité économique de la ville et son climat doux en font une ville privilégiée par les séniors et les travailleurs.

En haut à gauche: Répartition des habitants sur l’aire urbaine de Perpignan. En bas à gauche: Commune de Perpignan. En haut à droite: Schéma de la ville. En bas à droite: Centre ancien de la ville.

Ci-dessus: Diagramme de la répartition de la population dans l’agglomération Sources INSEE À gauche: Schéma de l’agglomération de Perpignan


03 PERPIGNAN ET SON CENTRE ANCIEN Perpignan et son territoire

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Le centre ancien de Perpignan se situe en bordure de la Têt. Il est traversé sur sa partie nord ouest par la Basse, un affluent de la Têt. La ville s’est construite en bord de rivière à partir du Moyen Âge. Les quartiers anciens sont prisonniers entre les rivières et le Palais des Rois de Majorque situé au sud. La séparation avec le reste de la ville est dûe à des obstacles naturels mais aussi construits par l’homme. Après des siècles de guerre, la ville s’est fortifiée. Elle garde aujourd’hui la trace de ses remparts (à l’est et au sud). Certains remparts existent encore et forment des barrières infranchissables.A l’est, les remparts séparent la vieille ville des quartiers plus récents. La forte déclivité de certains quartiers offre au regard un paysage urbain pittoresque. Les quartiers dominent la vieille ville, située au creux du relief. Cette topographie fut utilisée à des fins militaires. Les remparts ont protégé la ville et empeché son développement jusqu’en 1905. Les points d’entrée dans le centre ancien ne sont pas nombreux, ils concentrent tous les flux routiers. Les rues intra-muros sont très étroites et ne permettent pas une desserte par des transports en commun. Seules de petites navettes peuvent assurer un service irrégulier. L’accès au centre ancien en voiture n’est pas aisé. Il se découvre facilement à pied. Pourtant, les rues étroites sont partagées vélos, piétons et voitures. La topographie très marquée et les rues d’origine médiévales créent un paysage urbain pittoresque. Le centre ancien se structure à travers différentes ambiances urbaines. Les ruelles très étroites et sinueuses laissent place à des rues droites bordées de petits immeubles de ville aux façades multiples. L’aspect labyrinthique des rues donne un sentiment partagé entre surprise, émerveillement et sensation de confinement. Enfin, hôtels et immeubles de ville donnent un caractère pittoresque au centre de Perpignan.

Les anciens remparts enfermaient le centre ancien et le Palais des Rois de Majorque. Ils laissent aujourd”hui place aux nouveaux boulevards.

Les circulations automobiles majeures se font autour du centre. La gare est située à l’ouest du centre ancien.

Le centre ancien est séparé du reste de la ville par les différences de niveau (remparts) et par la rivière de laTêt et son affluent, la Basse.

En bas à gauche: Coupe sur les remparts. A droite: Limites du centre ancien.



04 PERPIGNAN, VILLE HISTORIQUE Perpignan et son territoire

Perpignan est une ville d’origine médiévale. Le premier établissement humain remonte à l’an mille. Simple hameau agricole, la ville se transforme rapidement en une ville influente grâce à l’établissement des Comtes du Roussillon. Durant tout le Moyen Âge, la ville prospère grâce au commerce entre l’Espagne, la France et l’Italie. Le centre ancien de Perpignan et son urbanisme suivent ces périodes de prospérité. Le quartier Saint-Jean est le premier quartier de Perpignan. La ville va ensuite agrandir son aire urbaine en protégeant trois autres quartiers dans une enceinte de 70 hectares fermée par des remparts. Ainsi, les quartiers de Saint Jacques, de La Réal et de Saint-Mathieu sont intégrés à la ville médiévale. Chaque quartier possède des caractéristiques urbaines différentes. La ville offre aujourd’hui un patrimoine urbain et architectural particulièrement bien conservé. Des tracés urbains médiévaux aux demeures du XIXème siècle, le centre ancien de Perpignan possède de nombreux atouts. La ville organise chaque année le festival Visa pour l’image, qui met en valeur photographie journalistique et patrimoine architectural à travers un parcours des différents quartiers et monument historiques transformés en lieux d’exposition.

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En haut à gauche: Schéma des quartiers du centre de Perpignan. En bas à gauche: Découpage du centre ancien par quartiers. A droite: Les différents quartiers du centre ancien et leur urbanisme.


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SAINT JEAN SAINT JACQUES LA RÉAL

SAINT-MATHIEU


05 PERPIGNAN, VILLE MÉDIÉVALE Perpignan et son territoire

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SAINT JEAN Le quartier Saint Jean est le quartier historique le plus connu de Perpignan. Il se développe dès le début de la ville de Perpignan. Au bord de la Basse, le ville prend le contrôle des voies naviguables de cette région. La morphologie urbaine est caractéristique d’un développement médiéval. Les parcelles reprennent les anciens tracés des champs et propriétés pour se transformer au fil des siècles en immeubles et hôtels particuliers. Les rues sont très étroites - moins de 2 mètres dans certains cas - et leurs tracés organiques.

Cadastre du quartier Saint Jean.

SAINT JACQUES Le quartier Saint Jacques fut le premier quartier construit après le quartier Saint Jean. L’extension de la ville se fait par l’aménagement de quartiers selon des grilles orthogonales. Le quartier Saint Jacques se développe à l’ouest de la ville sur la coline du Puig. Ce quartier abritait des jardiniers et des artisans. Le quartier présente de longs îlots urbains découpés en parcelles élémentaires. D’une profondeur de 20 mètres, les îlots sont séparés par des rues étroites (de 3 à 4 mètres).

Cadastre du quartier Saint Jacques.

LA RÉAL C’est ensuite au quartier de La Réal de se développer. Situé entre le quartier Saint Jean et le Palais des Rois de Majorque, ce quartier s’organise sur le même principe que le quartier Saint Jacques. Une trame orthogonale régit le développement des îlots urbains. Cependant, les îlots sont plus imposants et les rues s’apparentent en dimension à celles du quartier Saint Jean. Les transformations successives du cadastre ont donné lieu à des parcelles plus larges et aérées qu’à Saint Jacques.

Cadastre du quartier de La Réal.

SAINT-MATHIEU Le quartier Saint-Mathieu se situe sur les anciennes propriétés des Templiers. Le quartier fut aménagé vers le XIIIème siècle pour accueillir la population grandissante de Perpignan. Les tailles de parcelles sont modestes ; elles permettent aux artisans de s’installer à proximité de la ville. Le quartier est lui aussi découpé selon une trame orthogonale: les îlots font 20 mètres de profondeur pour une centaine de mètre de longeur. Les parcelles sont de taille relativement identiques (de 50 à 70 mètres carrés) et mono-orientées.

Cadastre du quartier de Saint-Mathieu.




2 Lieux de vie et habitants Analyse du centre ancien de Perpignan


01 UN CENTRE ANCIEN DÉLAISSÉ Lieux de vie et habitants

Les quartiers du centre de Perpignan se définissent par un urbanisme qui date du Moyen Âge ; il n’a presque pas subi de changement depuis. Les espaces libres sont rares dans ce tissu urbain dense. La circulation automobile n’est pas aisée et les places de parking sont restreintes. Pour les habitants du centre, il est difficile de se garer à proximité de son logement. A contrario, les quartiers périphériques possèdent de nombreux atouts. Les logements ont chacun un espace extérieur privé. Il est possible de garer sa ou ses voitures sans difficulté. On remarque aussi que pour un prix égal, le logement situé en périphérie sera de 10 mètres carrés plus grand qu’un logement en centre ancien. Les perpignanais plébiscitent les quartiers périphériques en terme de logement. L’offre est plus large et correspond mieux à leur besoin: les logements sont plus grands, avec un extérieur et offrent de nombreux services qu’un logement en centre ancien ne peut avoir. Les habitants ont délaissé les quartiers du centre. Dans le centre ancien, certains quartiers enregistrent près de 20% de taux de vacance. Après ce déclin de l’habitat, ce sont les commerces qui suivent cette tendance. De grands centres commerçiaux ont été créés en périphérie pour satisfaire la demande. Aujourd’hui, les perpignanais n’ont plus de raison de se rendre en centre ancien : les services ont tous été délocalisés en périphérie.

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A droite: Le quartier Saint Jean reste le quartier du centre le plus dynamique. Quartier touristique de Perpignan, il peut s’appuyer sur les perpignanais et les touristes de passage qui se baladent pour soutenir les commerces et services. Les circulations à l’intérieur du centre sont définies par la taille des rues: les petites rues étroites sont très peu empruntées. Les commerces et activités se retrouvent donc près des rues encore dynamiques. En règle général, le centre ancien est contourné. Les services sont tout autant accessibles en périphérie et il est plus simple d’y stationner. Les boulevards qui entourent le centre sont donc utilisés pour le contourner et non pour emprunter les vieilles rues. A gauche: Les habitants de Perpignan laissent de côté le centre ancien et privilégient les quartiers périphériques comme lieu de vie. Les quartiers du Vernet, de Las Corbas, de Saint Assicle, de Saint Martin et du Moulin à vent sont priviligiés en terme d’habitat. Les maisons pavillonnaires offrent tous les atouts d’un habitat individuel qu’on ne trouve pas en centre ancien.



02 UN CENTRE URBAIN PITTORESQUE Lieux de vie et habitants

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Le centre ancien de Perpignan est typique d’un centre urbain médiéval. Le tracé du parcellaire n’a presque pas subi de changements. Les rues que nous empruntont aujourd’hui sont les mêmes qu’il y a 7 siècles. Le parcellaire des quartiers de lotissements se divise en parcelles de faibles largeurs (entre 3,5 et 5 mètres). Ce rythme se retrouve en façade. Les immeubles de ville possèdent chacun une façade unique. L’ensemble de ces façades offre un paysage urbain particulier où la singularité de chaque élément crée un ensemble harmonieux. Le patrimoine urbain du centre ancien de Perpignan dépend de son parcellaire. La trame urbaine forte des quartiers de lotissement se répercute sur l’ensemble des façades et donnent une ambiance particulière et unique à chaque rue. C’est aussi à travers la topographie des quartiers que l’on découvre un paysage différent dans chaque quartier. A Saint Jacques, la forte déclivité accentue chaque accroche à la rue des parcelles. L’aspect labyrinthique des rues du centre ancien crée de nouvelles surprises à chaque parcours. La trame urbaine du centre ancien de Perpignan est un patrimoine qui a été conservé depuis le Moyen Âge et qu’il est nécessaire de protéger. Le patrimoine historique de la ville de Perpignan se trouve dans certains de ses monuments historiques mais surtout dans la permanence de son tracé urbain.

A droite: Photographie de la Rue des Cuirassiers dans le quartier Saint Jacques.


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03 UNE TYPOLOGIE MÉDIÉVALE ÉLÉMENTAIRE Lieux de vie et habitants

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Les quartiers de Saint-Mathieu et de Saint Jacques se sont structurés sur une typologie d’habitat particulière: la typologie élémentaire. La typologie médiévale élémentaire se définit par un habitat construit sur une parcelle élémentaire. Cette parcelle fait en moyenne 3,5 à 5 mètres de larges pour environ 10 à 14 mètres de profondeur. La parcelle est mitoyenne sur ses trois côtés. Le bâti possède donc une seule façade donne sur rue (côté court de la parcelle). L’habitat sur ces parcelles a évolué au fil des siècles. Durant l’époque médiévale, la parcelle était occupée par un bâti et quelques espaces extérieurs. Ces espaces étaient situés soit à l’arrière, formant une courette, soit à l’avant pour former un petit jardin. Ces espaces ont disparu à la fin du Moyen Âge. L’habitat de ses parcelles dépend directement du statut de son habitant. Destinées à une population d’artisans, les parcelles élémentaires sont des lieux de vie mais aussi des lieux de travail. Au rez-de-chaussée, on retrouve un local servant à l’artisan et un espace d’accès aux étages supérieurs, réservés à la famille. La maison élémentaire possède deux étages distincts: un rez-dechaussée servant de local et un étage pour la vie familiale (souvent une seule pièce). Il existe dans certains cas un deuxième étage accessible par une échelle pour stocker provisions et matériels. Cette typologie médiévale s’est densifiée durant 7 siècles. Des étages ont été construits pour agrandir l’habitation. Petit à petit, ces étages ont été indépendants les uns des autres grâce à une circulation verticale en forme de vis. La maison s’est transformée en petit immeuble.Aujourd’hui, la typologie élémentaire correspond à un immeuble de ville. Chaque étage correspond à un logement. Le rez-de-chaussée est souvent habité et ne sert plus de local commercial ou artisanal. La surdensification de ces quartiers a entraîné de nombreux problèmes de sécurité et de santé. Les étages de la maison médiévale a été successivement bâti en pisé et en bauge banchée. Lors de l’extension de ces maisons en immeuble, on a créé des étages en parpaings qui viennent fragiliser l’ensemble des constructions. Avec l’infiltration d’eau en toiture et son ruissellement le long des murs, les murs en pisé - déjà surchargés - sont affaiblis et s’affaissent. Dans le quartier Saint Jacques, plusieurs immeubles ont été démolis à cause d’un risque d’effondrement. De plus, ces immeubles ne possèdent plus d’espaces extérieurs en coeur d’îlot. La ventilation traversante a été rendue impossible par une construction maximale de la surface foncière. Les logements sont donc pour la plupart insalubres et fragilisés par des siècles de densification. Enfin, la hauteur du bâti de ces quartiers atteint les 4 étages en moyenne. Cette hauteur est trop importante aujourd’hui par rapport à la taille des rues (environ 3 mètres de large). Les rues sont sombres et reçvoient très peu de lumière naturelle.

En haut à droite: Identification d’un îlot urbain et d’une parcelle élémentaire. En bas à droite: Représentation schématique de l’évolution des étages de la typologie médiévale.


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Toiture

Étages supérieurs en parpaings ou briques Toiture Étage sous toiture en bauge banchée

Premier étage en bauge banchée

Rez-de-chaussée en pisé

Typologie médiévale

Typologie actuelle


04 UNE POPULATION STIGMATISÉE Lieux de vie et habitants

Le centre ancien de Perpignan est fortement touché par la problématique des logements indignes. La ville a mis en place un programme de Résorption de l’Habitat Indigne (RHI) pour réduire le nombre de logements inhabitables. Les quartiers les plus touchés sont les quartiers de Saint-Mathieu et de Saint Jacques. La trame de ces deux quartiers a favorisé un contexte urbain dense. Les immeubles, avec une façade unique pour la plupart, ne peuvent pas être ventilés ni éclairés correctement. De plus, ces deux quartiers font tous les deux face à une crise sociale importante. Le quartier Saint-Mathieu accueille une population jeune, au chômage. Le quartier est gangréné par les dealers de drogue et les personnes sortant de prison. L’atmosphère du quartier n’est pas sécurisante. Ce problème s’étend petit à petit au quartier de La Réal. Le quartier Saint Jacques est habité par une population en majorité gitane et maghrébine. Les revenus moyens des ménages sont très bas. Les habitants ne peuvent pas se permettre d’acheter leur maison ou appartement. Ils sont donc pour la plupart locataires. Les loyers sont plafonnés sur les aides au logement que touchent chaque famille et les propriétaires peu scrupuleux ne font pas entretenir les immeubles, pourtant déjà fragiles. Au contraire, les immeubles sont divisés en autant d’appartements possibles pour pouvoir rentabiliser au maximum le bien immobilier. Ainsi, on assiste à la dégradation lente du quartier. Les immeubles sont très peu entretenus, bien que cela soit un patrimoine qui requièrt de l’entretient. Les appartements sont donc de taille modeste (entre 3 et 4 pièces) ; ils sont rarement traversants. L’éclairage naturel ne peut être assuré en fond de parcelles: l’étroitesse des rues et la grande hauteur du bâti ne permet pas à la lumière de rentrer. La situation de sociale ne cesse de se dégrader en formant, à Saint Jacques, un quartier de population pauvre. Les habitants qui ne faisaient pas partie de la communauté gitane sont allés habiter en périphérie alors que les foyers les plus modestes sont restés à Saint Jacques. Faute de moyens, le patrimoine bâti s’effondre et une vingtaine d’immeubles a déjà été démoli ou s’est effondré.

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En bas à gauche: Graphique du nombre de logements en fonction de leur typologie. En haut à droite: Carte des habitats classés indignes par le RHI en 2014. En bas à droite: Comparaison des données sur l’habitat et les habitants entre le quartier Saint Jacques et Perpignan.


Habitat

Saint Jacques

Perpignan

Habitants

Saint Jacques

Perpignan


05 SAINT JACQUES, UN QUARTIER ENCLAVÉ Lieux de vie et habitants

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Le quartier Saint Jacques est un quartier qui rencontre de nombreuses difficultés: la trame urbaine médiévale présente une valeur patrimoniale, cependant, les édifices se dégradent très rapidement ; le contexte social et les revenus économiques modestes des foyers ont créé un quartier fermé sur lui même ; l’emplacement topographique du quartier sépare Saint Jacques du reste du centre ancien et de la ville. Face à ces nombreux obstacles, le quartier d’origine médiévale de Saint Jacques pert lentement ses habitants et son patrimoine architectural et urbain. La situation arrive à un point critique: certains immeubles s’effondrent. Le quartier a aujourd’hui besoin d’un renouveau. L’implantation de la future université en bordure de quartier est l’un des points utilisés par la municipalité pour ouvrir le quartier Saint Jacques à la ville.

En haut à gauche: Schéma des quartiers du centre ancien de Perpignan avec en noir le quartier Saint Jacques.

Le quartier Saint Jacques est divisé par deux types d’architectures: un quartier d’habitat avec une trame urbaine très resserrée et des édifices majeurs avec une grande occupation foncière qui entourent ces habitats. Les édifices majeurs du quartier comme le couvent des Minimes, l’église Saint Jacques, le collège Jean Moulin se retrouvent en dehors du quartier. Les entrées ont été tournés vers le reste de la ville, excluant le passage des piétons et automobiles du quartier. Les habitants considèrent d’ailleurs que ces édifices ne font pas partie du quartier. Le “vrai” Saint Jacques correspond aux zones d’habitations. Cependant, Saint Jacques jouit d’une position centrale à Perpignan. Proche du centre ancien touristique, le quartier est bordé à l’est par une grande place de marché. Le palais des Rois de Majorque, lieu touristique majeur de Perpignan, est proche mais son entrée se trouve à l’opposé du quartier. Au milieu à gauche: Schéma du quartier Saint Jacques avec ses îlots urbains, ses limites et ses édifices historiques. A droite: Plan reprenant les monuments et institutions importants dans le quartier Saint Jacques.



05 SAINT JACQUES, UN QUARTIER ENCLAVÉ Lieux de vie et habitants

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Une rupture quartiers

entre

deux

Le quartier Saint Jean se démarque du quartier Saint Jacques par son urbanisme très organique et fermé sur lui-même. Il tourne le dos au quartier Saint Jacques ce qui crée une fracture urbaine importante. La rue qui les sépare se situe en lieu et place d’un ancien ruisseau. Cette ancienne barrière naturelle continue aujourd’hui de séparer ces deux quartiers médiévaux au sein du centre ancien. Des jalons qui tournent le dos à Saint Jacques

Géographiquement situés à Saint Jacques, les monuments historiques et institutions ne sont pas perçues comme faisant partie du quartier par les habitants. Leurs entrées sont situées sur les extérieurs du quartier et tournent le dos au reste de Saint Jacques. Pourtant, ce quartier accueillera bientôt une université, futur point fort du développement urbain et du renouveau du quartier. Un dénivelé important

Le quartier Saint Jacques possède une forte déclivité par rapport au reste du centre ancien. Les bâtiments à son sommet dominent la ville et profitent d’une vue sur tous les alentours. La topographie crée aussi des limites avec le reste de la ville: les remparts séparent Saint Jacques du quartier des Platanes au nordest ; le creux topographique dû à un ancien ruisseau sépare le quartier du centre ancien à l’ouest.



3 Du patrimoine à l’architecture Stratégies urbaines et architecturales


01 TROIS JALONS HISTORIQUES Du patrimoine à l’architecture

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La cathédrale Saint Jean Perpignan et le Campo Santo

Baptiste

de

Lieu emblématique du centre ancien de Perpignan, la cathédrale et son Campo Santo sont classés monuments historiques. De style gothique mérirdionale, la construction de la cathédrale débute à partir de 1324. Elle sera consacrée en 1601. Le Campo Santo doit son nom à son ancienne fonction. Ancien cloître et cimetière, sa construction s’est faite durant le XIVème siècle. Les 4 galeries qui l’entourent étaient initialement couvertes grâce à des colonnes et chapiteaux en bois. Aujourd’hui, le Campo Santo est fermé par des portiques gothiques en marbre blanc. Il acueille ponctuellement des manifestations culturelles. Le reste du temps, le Campo Santo est fermé au public.

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La place de la Révolution Française, l’église des Dominicains et la chapelle du Tiers Ordre En 1245, Saint Jacques le conquérant, roi d’Aragon, offre à l’ordre des Dominicains une ancienne maladrerie de lépreux pour y établir une maison religieuse. Le couvent royal des Dominicains forme un ensemble qui regroupe une grande église, un cloître, une grande salle capitulaire, une cuisine et des dortoirs. Actuellement, l’ancien couvent est encore occupé par l’armée. L’église sert d’espace d’exposition et acueille diverses manifestations culturelles. La chapelle du Tiers Ordre de Saint Dominique fut construite au XVIIIème siècle par les laïcs de l’ordre. Elle se situe à l’entrée de l’ancienne entrée du couvent près de la place de la Révolution Française.

3 Le couvent des Minimes et son entrée historique

La construction du couvent débute en 1585 pour s’achever en 1620. Il prend place dans l’ancien quartier juif de Perpignan. Entièrement construit en brique, le couvent des Minimes accueille l’ordre des Minimes à la fin de la construction. L’ensemble se compose d’une église, d’un cloître et de bâtiments conventuels tels que le réfectoire, les dortoirs et les cuisines. Le bâtiment est aujourd’hui classé comme monument historique. Il acueille des expositions tout au long de l’année. Actuellement, l’entrée se fait par le côté nord du bâtiment où l’on retrouve aussi les parkings. Cependant, l’entrée historique du couvent des Minimes se trouve au sud où une placette a été clôturée. Déconnecté du quartier Saint Jacques, le bâtiment entier tourne le dos au centre ancien de Perpignan.


02 UN PROJET DE COUTURE URBAINE Du patrimoine à l’architecture

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Création d’une promenade urbaine Elle permet de créer un vrai lien entre les quartiers Saint Jean et Saint Jacques à travers un parcours touristique et culturel. Elle s’appuye sur les trois jalons historiques des deux quartiers. Cette nouvelle dynamique piétonne rompt l’enfermement de Saint Jacques et donne du mouvement au quartier. La rue du Bastion Saint-Dominique - ancienne rupture - se transforme en couture et donne de l’espace à cette entrée de ville qui était auparavant un couloir.


Mise en valeur des lieux emblématiques Le Campo Santo reste vide pour continuer à accueillir les évènements culturels durant l’année. Cependant, sa traversée est désormais possible. Elle continue dans l’ancienne cour transformée en espace végétalisé. Elle devient ainsi un espace ouvert au passage et offre un lieu de détente pour les futurs étudiants. La place de la Révolution Française est au coeur de cette promenade avec ses terrasses de café. Enfin, l’entrée historique du couvent des Minimes est à nouveau ouverte et offre une nouvelle respiration à Saint Jacques.


02 UN PROJET DE COUTURE URBAINE Du patrimoine à l’architecture

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Le Campo Santo Le Campo Santo est un lieu historique dans le centre ancien de Perpignan. C’est aussi un lieu qui accueillent des évènements culturels: concerts, représentations, etc. Lorsqu’il est inoccupé, cet espace est fermé au public. Pourtant, c’est un des plus grands espaces vides du centre ancien. Le Campo Santo fait un lien direct entre le quartier Saint-Jean et le quartier Saint Jacques. Le Campo Santo se divise en deux espaces: la grande cour délimitée par les portiques et une arrière cour qui sert de parking. La grand cour est un lieu qui se transforme régulièrement. Un grand espace laissé libre est nécessaire. Cependant, la cour à l’arrière du Campo Santo peut être utilisée et aménagée pour les promeneurs. Il est nécessaire de créer une traversée de Saint Jean à Saint Jacques via le Campo Santo par un parcours aménagé et structuré.

Lieu de détente et végétalisé pour les étudiants de l’université

Vide réservé aux évènements et spectacle


L’entrée du couvent des Minimes L’entrée historique du couvent des Minimes est formée par une petite place entièrement clôturée aujourd’hui. L’entrée principale tourne le dos à Saint Jacques. En ouvrant cette place et en favorisant l’entrée des visiteurs par cette placette, le couvent des Minimes fera à nouveau partie du quartier qui l’entoure. On intègre ainsi ce monument de l’histoire et de la culture à un quartier défavorisé de Perpignan. La cour actuelle s’organise déjà avec quelques espaces végétalisés qui sont appréciables dans un quartier très minéral. Cette future place sera à la croisée des parcours piétons dans Saint Jacques: l’itinéraire de l’évènement Visa pour l’image, les entrées touristiques dans Saint Jacques et les visites générées par l’EHPAD récemment construit. Futur espace de rencontres, la placette se compose d’espaces arborés existants, d’une terasse investie par le Repair Café situé en face et de chemins menant à l’entrée du couvent des Minimes.

Espaces verts existants conservés

Terrasse pour le Repair Café

Lien direct avec le nouvel EHPAD


02 UN PROJET DE COUTURE URBAINE Du patrimoine à l’architecture

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Les rues du quartier Saint Jacques sont étoites et labyrtinthiques. La faible largeur des rues et le manque de perspective donnent une sensation d’enfermement. Il est difficile de s’y repérer sans plan. Afin de guider les promeneurs qui souhaitent décourvir les monuments qui bordent le quartier, il est nécessaire de redéfinir le profil de la rue. Les façades se développent au bord de la rue. La transition entre espace public et habitat est franche. Aucune marche, aucun espace intermédiaire, seule la façade sépare le logement de l’extérieur. Les rez-de-chaussée sont souvent habités et exposés aux regards. Les traitements de sol sont inégaux : un peu de bitume rapiécé, un caniveau au nez de la façade, des trous, etc. L’état des rues ne donne pas envie aux passants de s’engager dans le quartier. En s’appuyant sur un circuit touristique, on amorce un renouveau des rues du quartier. Un nouveau traitement des rues permettera une lisibilté claire du parcours à suivre pour visiter le Campo Santo jusqu’au couvent des Minimes. Cet aménagement pourra s’étendre au reste du quartier une fois cette première phase achevée. Le travail du frontage est essentiel pour mettre à distance de la rue les habitations et les futurs commerces et lieux de travail. En nuançant la transition entre intérieur et extérieur, les regards indésirables sont éloignés. Une bande centrale est prévue pour le passage des voitues. Au pieds des façades, une bande en creux est prévue pour recueillir les eaux de pluie et éloigner les passants. Chaque entrée est marquée par un passage au niveau de la rue. Ces marches s’agrandissent quand il s’agit d’un commerce ou d’une fenêtre pour laisser la possibilité d’occuper les lieux: plantes, banc, petite table, etc. Il est déjà coutume de profiter de l’espace de rue devant chez soi dans le quartier Saint Jacques, autant que cet endroit soit propisce à l’installation d’une chaise et d’une table avec un espace plat. Cet espace clairement délimité offre une transition entre façade et rue, entre espace privé et espace public.

A droite: Croquis représentant les intentions de frontage, d’intimité et d’épaisseur au niveau des rez-dechaussées.


Frontage devant les ouvertures au rez-de-chaussée

Seuil de la porte d’entrée

Epaisseur du mur en pisé


03 UN ILOT EN FRANGE DU QUARTIER SAINT JACQUES Du patrimoine à l’architecture

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A la croisée des chemins piétons empruntés quotidiennement pas les habitants et les parcours touristiques futurs, un ilot urbain a une position centrale. Ainsi, le projet archtectural sera situé en bord du quartier Saint Jacques. Le quartier Saint Jacques subit une mauvaise réputation. Son centre est compliqué à investir avec un projet concernant de la réhabilitation et de la rénovation. Travailler la frange du quartier permet de donner une ouverture du quartier sur le reste du centre ancien. Sur les bords de Saint Jacques, il laisse la possibilité à tout type d’habitant de venir s’y installer. L’ilot sélectionné se situe au coeur de la promenade urbaine précédemment évoquée. Il vient au contact de la couture urbaine proposée et se trouve à côté du couvent des Minimes et de son entrée historique. L’ilot est entouré par les flux piétons venant des boulevards et allant vers l’université mais aussi ceux qui suivent le parcours historique des jalons de Saint Jacques.

En bas à gauche: Schéma de la stratégie urbaine. A droite: Plan résumant les différents flux piétons. Les flux piétons quotidiens sont représentés en tirets selon deux intensités : moyenne et forte. Les flux touristiques sont représentés en pointillés. Ils seront créés par la future promenade piétonne.



04 DES REZ-DE-CHAUSSÉES EN DEVENIR Du patrimoine à l’architecture

En étudiant les rez-de-chaussées du quartier Saint Jacques et des parcelles élémentaires, on remarque que leur destination a évolué de nombreuses fois. Initalement, les rez-de-chaussé étaient des locaux de travail. Ils se sont ensuite transformés soit en habitat, soit en garage soit en commerce selon les besoins de la société. Les rez-de-chaussées doivent donc s’adapter aux changements et aux besoins de la société avec un minimum d’aménagement.

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A droite: Plan reprenant le statut des rezde-chaussées.

Actuellement, à Perpignan, les commerces ferment les uns après les autres. Ils sont aménagés en logement ou seulement fermés. Mais qu’en sera-t-il dans 5 ans, 10 ans, 20 ans? Ce n’est pas possible de le prévoir précisément. Il faut laisser la possibilité à ces rez-de-chaussée d’évoluer et de se transformer. On laisse donc plusieurs occupations possibles selon la typologie de parcelle. Pour les parcelles traversantes, on joue sur la pièce en plus qui peut être soit rattachée au logement comme un espace de bricolage, de rangement, de stockage mais si besoin, on peut la transformer en chambre pour accueillir quelqu’un ou la louer. Deux entrées distinctes sont prévues de chaque côté de la parcelle pour prévoir ce changement de destination. Pour les parcelles élémentaires, deux entrées sont prévues: une entrée distincte pour aller à l’étage, là où il y a les espaces de vie et une entrée vitrine qui donne sur un local. Ce local appartient au logement et peut devenir ce que le propriétaire souhaite; un endroit de travail, de bricolage, de stockage, un petit commerce à soi ou à louer pour des revenus complémentaires.

Le rez-de-chaussée d’une parcelle traversante: Le niveau situé au rez-dechaussé se divise en deux volumes. La surface située au niveau topographique le plus haut (ici en hachuré) est considéré comme la pièce en plus. L’autre surface est la partie habitation. Chaque façade de la parcelle a une entrée.

Les différentes occupations possibles permettent de suivre au plus près les évolutions de la société et des besoins.

Le rez-de-chaussée d’une parcelle élémentaire: Le rez-de-chaussée se divise en deux surfaces indépendantes. En hachure, on retrouve la surface de la pièce en plus. En blanc, l’escalier d’accès pour les étages supérieurs de l’habitat.


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Garage

Logement

Edifice public

Commerce


05 PRESCRIPTIONS ARCHITECTURALES Du patrimoine à l’architecture

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Travailler à la parcelle

Le parcellaire du quartier Saint Jacques est complexe. Les murs séparatifs entre les parcelles sont mitoyens aux habitations. Chaque parcelle est un cas particulier. Il faut regarder son histoire, les changements qu’elle a subi mais aussi les éléments patrimoniaux présents. Chaque parcelle est unique: les murs peuvent être en train de s’écrouler ou au contraire, l’immeuble a très bien été entretenu. Le point fort des quartiers de lotissement comme Saint Jacques est la multitude de façades. Chaque parcelle a une façade unique. Le caractère de ses quartiers dépend en majeure partie de la diversité de chaque rue et de ses façades. Aucune opération à l’ilot ne peut être envisagée - du moins par le même architecte - car l’uniformisation des façades détruit le charme et la diversité architecturale du quartier.

Revenir à la typologie médiévale

La tyopologie médiévale élémentaire correspond à une maison individuelle. La parcelle était la propriété d’un seul ménage. Elle n’était pas divisée en appartements. A Saint Jacques, l’habitat est en mauvais état car le parc immobilier est géré par des propriétaires qui louent leur bien sans l’entretenir. De plus, la communauté gitane a un fort rapport au “chez soi”. La considération des espaces publics n’est pas du tout la même que son logement. En retrouvant un système ancien où chaque parcelle appartient à un propriétaire, les propriétaires occupants se sentiront chez eux et se sentiront concernés par l’entretien de leur lieu de vie. Ce système permet aussi d’exclure les marchands de sommeil du quartier Saint Jacques.

Dédensifier en hauteur

Comme nous avons pu le constater, la surdensification du quartier Saint Jacques cause de nombreux problèmes de salubrité. La hauteur du bâti atteint 5 voir 6 étages. En dédensifiant le bâti, on se rapproche d’une morphologie architecturale proche de celle qui était présente au Moyen Âge et donc plus adaptée à ce type d’urbanisme. On retrouve aussi un meilleur éclairage des rues étroites et un meilleur ensoleillement naturel des habitats. Pour ce faire, il est nécessaire de ne pas dépasser le deuxième étage en terme de construction. La majeure partie du bâti doit avoir un seul étage et ponctuellement deux étages. Les toitures plates doivent être utilisées en terrasse. Si ce n’est pas possible, elle seront donc en tuile. Le volume sous rampant sera dédié au logement.


Créer des vides

En dédensifiant le bâti en hauteur, on peut envisager de dédensifier le bâti en créant des espaces vides. Les espaces extérieurs manquent cruellement à ce quartier minéral. Les habitants le fuient pour la périphérie précisément pour trouver un extérieur. Les espaces extérieurs peuvent se trouver en bordure de la rue. La végétation profitera ainsi au reste de la rue. Ils peuvent aussi être disposés en coeur d’îlot pour créer des patios protégés de la rue et du vis-à-vis.Les espaces extérieurs devront avoir une taille correcte pour permettre une utilisation régulière (installation d’une table pour déjeuner, espace pour planter de la végétation). En travaillant sur les espaces vides, on améliore l’éclairage naturel et la ventilation des logements tout en réduisant l’iot de chaleur urbain.

Rendre les logements traversants

En dédensifiant et en rendant traversantes les parclles, on a les outils pour rendre chaque parcelle - élémentaire ou non - traversante. Il est impératif que chaque logement soit traversant. Cela peut se faire en rendant une parcelle traversante d’une rue à l’autre de l’ilot ou en créant des courettes en fond de parcelle et en coeur d’ilot. La ventilation traversante est un impératif pour permettre une bonne salubrité et une pérennité du bâti. En rendant traversant l’habitat, on améliore la ventilation et la qualité de l’air intérieur mais aussi la santé de ses habitants. Dans une ville telle qu’à Perpignan, la ventilation est nécessaire durant les périodes d’été et durant la mi-saison pour abaisser de quelques degrés les températures à l’intérieur des logements et rafraichir chaque pièce durant la nuit.

Respecter la trame urbaine médiévale

Le patrimoine du quartier Saint Jacques dépend entièrement de la trame urbaine médiévale. L’histoire de ce quartier est liée à son urbanisme. C’est de la trame de chaque parcelle que dépend le rythme des façades. On peut rendre traversante certaines parcelles car cela ne perturbera pas l’ensemble des façades. Cependant, coupler deux parcelles mitoyennes change le rythme et change donc le langage architectural. Il faut donc l’éviter si possible. Chaque parcelle ayant une histoire particulière, il est nécessaire de prendre en compte chaque spécificité. En respectant la trame urbaine médiévale, on respecte l’histoire d’un quartier de lotissement aux parcelles de taille modeste. Les constructions neuves doivent respecter cette histoire en reprenant la typologie de la parcelle élémentaire ainsi que ses façades étroites.


06 UN TRAVAIL À LA PARCELLE Du patrimoine à l’architecture

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L’identité de Saint Jacques découle de son parcellaire. Chaque parcelle a sa propre histoire. L’analyse d’une parcelle nous donne son histoire, son statut et l’état de son bâti. Certaines parcelles présentent des éléments patrimoniaux importants, d’autres sont classées comme “indignes”. Afin de proposer un projet en cohérence avec le quartier Saint Jacques, il est nécessaire de prendre en compte le caractère unique de chaque parcelle. Il est impératif de travailler les projets architecturaux à la parcelle pour ne pas dénaturer ce quartier historique. Le projet architectural se situe sur la partie est de l’îlot. La partie ouest présente des parcelles aux formes complexes dont les édifices sont en bon état et habités. En revanche, le reste de l’ilot urbain regroupe des parcelles élémentaires dont les dimensions rendent les aménagements des édifices complexes. Certaines parcelles sont inhabitées et les immeubles murés. Le projet architectural se développera sur ces parcelles afin de proposer un aménagement en cohérence avec le reste du quartier. Le projet se développe sur 15 parcelles d’environ 70 mètres carrées chacune. La profondeur de l’ilot est de 20 mètres. En bas à gauche: Parcelles sélectionnées dans l’îlot de projet. En haut à droite: Les parcelles sélectionnées ont différents statuts: les croix signifient que les parcelles sont classées insalubres ou closes. En carton clair, nous avons les parcelles sans protection. En carton ondulé, sont représentées les parcelles avec des éléments patrimoniaux. En bas à droite: Volumétrie actuelle du parcellaire. Les hauteurs de bâti sont aléatoires du R+1 au R+4.


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4 Concevoir avec le rĂŠemploi Proposition architecturale et urbaine


01 LE RÉEMPLOI EN ARCHITECTURE Concevoir avec le réemploi

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Le réemploi a toujours eu lieu dans le quartier Saint Jacques. Les premières maisons en pisé ont servi de base aux immeubles de ville. Le réemploi fait écho au renouvellement perpétuel de l’architecture sur les parcelles élémentaires. Le réemploi est directement lié à la responsabilité écologique de la construction, à savoir: éviter les démolitions qui ne sont pas nécessaires et concevoir avec l’existant. Le réemploi peut aussi prendre la forme de la réutilisation d’un savoir faire, tout en l’améliorant avec des techniques modernes. Le réemploi consiste à retravailler la matière existante avec plus ou moins d’énergie pour le reconfigurer. On diminue ainsi le coût économique, écologique et énergétique du recyclage ou du moins, on le retarde. Le réemploi se distingue de la réutilisation et du recyclage. Avec le réemploi, on ajoute une étape à l’objet avant son recyclage alors que la réutilisation se sert de l’objet sans transformation. Dans les projets en centre ancien, le réemploi se fait selon les trois temps de vie du bâtiment: + l’état initial du lieu et des édifices existants + le projet et son chantier + l’occupation du projet avec ses habitants On retrouve le réemploi dans ces trois étapes. Il passe par la mise en valeur des matériaux, la prise en compte de la construction avec le réemploi dans la phase de conception et la programmation du lieu qui intègre une activité basée sur le réemploi. A droite: Schéma du cycle du réemploi dans le projet d’habitat à Saint Jacques.


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02 UN PROJET CHIRURGICAL Concevoir avec le réemploi

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Le groupement de parcelles sélectionnées se compose de lieux de différentes natures: certains immeubles sont clos, d’autres sont répertoriés pour leurs éléments patrimoniaux (cependant, ils ne sont pas classés). Les parcelles présentent toutes la géométrie de parcelles élémentaires mais les dimensions varient fortement. De 3,3 mètres à plus de 5 mètres de façade, la diversité des parcelles est à prendre en compte. Ainsi, selon leur statut, une sélection d’immeubles sera détruite pour laisser la place à des édidices neufs et une autre partie sera conservée et réhabilitée. Le projet prend en compte chaque particularité des parcelles et des édifices construits dessus: double orientation, géométrie complexe, éléments patrimoniaux, fenêtres murées, etc. Initialement, les parcelles sélectionnées pour ce projet sont au nombre de 15. Après analyse de leur géométrie, on remarque l’étroitesse et la volumétrie complexe de certaines parcelles élémentaires. Pour remédier à ce problème et ajouter de la diversité dans l’habitat, 8 parcelles ont fusionné pour donner lieu à 4 parcelles : 3 parcelles traversantes et une parcelle où rénovation et réhabilitation sont mixés. A gauche: Schéma résumant les transformations parcellaires. En haut à droite: Plan des parcelles de projet. Certaines parcelles ont fusionné (flêche) pour donner lieu à des parcelles traversantes ou plus larges. En bas à droite: Volumétrie du projet architectural.


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03 HABITER À SAINT JACQUES Concevoir avec le réemploi

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Les habitants de Saint Jacques font en majorité partie de la communauté gitane. La fixation de la communauté dans le quartier Saint Jacques remonte à la fin du Moyen âge. Ils font partie du quartier, ils l’animent et en sont l’âme. Cependant, quelques dizaines d’années auparavant, la population était très diverse et la population gitane n’était pas en majorité. Au fils des années, les perpignanais sont partis en périphérie vers des maisons plus grandes, avec jardin, et les familles gitanes sont restées. Cependant, un grand nombre d’immeubles n’est plus habité aujourd’hui. Le quartier entame une nouvelle partie de son histoire avec un retour de la population étudiante dans le centre ancien grâce à la nouvelle université. On peut suposer que le quartier pourra accueillir d’ici quelques années des ménages plus divers: des jeunes couples, des personnes seniors, des personnes seules avec enfant, des étudiants, etc. Le quartier va devoir évoluer pour pouvoir perdurer. Le centre ancien possède de nombreux atouts: une proximité immédiate avec de nombreux services, un cadre de vie pittoresque, des activités de loisirs, etc. En privilégiant un retour vers un habitat individuel, on offre un logement qui sera capable de s’adapter aux changements à venir du quartier. On peut espérer la ré-ouverture de commerces dans un temps long et à court terme, l’occupation des rez-de-chaussée pour des activités du secteur tertiaire ou à titre de loisir (bricolage, stockage, jeux, etc.). La modularité de l’habitat individuel permet sa pérennité dans le temps, il pourra ainsi suivre les changements du quartier. P1

P2

P7+P6

P8

A droite: Graphique résumant les différents points de modularité dans le projet architectural. En bas: Coupe schématique sur les différentes trames.

P4+P3

P10+P9

P5+P3

P10+P11


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04 UNE RÉHABILITATION DU BÂTI Concevoir avec le réemploi

La réhabilitation concerne l’amélioration de l’habitat existant. Elle peut être légère, moyenne ou lourde. Six parcelles sont concernées par la réhabilitation.Ces parcelles possèdent un intérêt patrimonial de part certains éléments architecturaux en façade ou à l’intérieur. De plus, le bâti est en bon état et la hauteur des immeubles ne dépassent pas deux étages.

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Repérage des parcelles en réhabilitation.

La réhabilitation concerne deux blocs de bâti qui seront entièrement conservés. La réhabilitation intervient seulement sur les intérieurs et les toitures. Les aménagements intérieurs sont retravaillés à partir des relevés existants. Les circulations verticales existantes sont conservées. Une seule parcelle a été regroupée avec une parcelle mitoyenne en rénovation. La volumétrique complexe et la façade unique rendait impossible l’éclairage et la ventilation de l’arrière de la maison. Le groupement de parcelle, avec une extension neuve, permet une double orientation et un aménagement plus fluide des espaces.

En bas à gauche: Schémas de l’évolution de la parcelle 3. A droite: Axonométrie éclatée de la réhabilitation de la parcelle 10.

1

2

3

Démolition de la parcelle ouest et conservation du bâti sur la parcelle est.

Regroupement des deux parcelles pour donner deux orientations au bâti.

Construction neuve en ajout à la partie existante, autour d’une cour intérieure.


4 p. 63 Pose d’une nouvelle toiture pour protéger durablement le bâti.

3 Conservation de la façade existante, des balconnets et des ouvertures.

2 Remaniement des intérieurs avec la création des nouvelles cloisons

1 Conservation des planchers et circulations verticales existantes


05 DES HABITATS RÉNOVÉS Concevoir avec le réemploi

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La rénovation concerne les opérations dont la première étape est la démolition pour libérer les emprises foncières. Ensuite, les étapes suivantes sont les mêmes qu’une opération de construction classique. Sur ce groupement de parcelles, la rénovation est envisagée sur 9 parcelles. Repérage des parcelles en rénovation.

La rénovation permet la construction de logements neufs. Plusieurs typologies d’habitat seront présentes sur les parcelles: + deux typologies de maisons sur un parcellaire traversant + deux typologies d’habitat élémentaire + une extension neuve à une réhabilitation Ces typologies d’habitat font échos aux premières typologies présentes sur ces parcelles. Elles sont adaptées à la volumétrie particulière de la parcelle: longues et étoites, travaillées de manière traversante ou à double orientation. Les parcelles traversantes présentes deux typologies distinctes: l’une avec un jardin en bordure de rue et l’une avec un patio. Les parcelles élementaires sont travaillées en R+1 et R+2 selon le type de logement. Le rez-de-chaussée est destiné à la pièce en plus alors que les étages sont les lieux de vie. Schéma des rez-de-chaussée traversant: une typologie avec jardin et une typologie à patio.

En bas à gauche: Schémas des deux typologies de parcelles: une parcelle traversante et une parcelle élémentaire. A droite: Axonométrie éclattée de la typologie traversante avec jardin.


3 Pose d’une toiture avec création d’un shed pour éclairer la maison sur toute sa hauteur

2 Etages avec ouverture sur les étages inférieurs pour laisser passer la lumière venant du shed en toiture

1 Rez-de-chaussée traversant avec différence de niveau d’une rue à une autre


06 DE LA RESSOURCE À LA CONSTRUCTION Concevoir avec le réemploi

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Le réemploi suppose une proximité avec les matériaux de construction. La ressource la plus proche étant celle qui est déjà présente sur le site, il convient de réfléchir à la manière dont elle pourrait être employée. A Saint-Jacques, il est possible de réutiliser directement les tuiles canales présentes dans tout le centre ancien. Il est aussi possible de récupérer la terre provenant du pisé médiéval ainsi que les briques et parpaings utilisés pour surélever les étages. Afin d’inscrire le projet architectural au sein d’une démarche locale, des matériaux biosourcés sont utilisés en complément de ceux déjà présents sur le site. Ainsi, le bois provient d’une filière locale des Pyrénées. La terre utilisée pour le pisé est une matière première présente dans toute la région. Tous ces matériaux sont utilisés dans le projet pour fabriquer murs en pisé, structure en bois, toiture, etc. Ces matériaux auront un cycle de vie dans cet édifice mais pourront aussi être réutilisés à la fin de vie de celui ci. Selon leur état, le pisé ou encore les tuiles par exemple pourront être employées dans un projet nouveau, etc. Le réemploi se prévoit aussi durant la phase de conception pour permettre la réutilisation de nouveaux matériaux.

A droite: Graphique de l’utilisation des matériaux en réemploi selon les phases de projet.


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07 LE PISÉ, MATIÈRE À CONSTRUIRE Concevoir avec le réemploi

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Le choix du pisé n’est pas un choix anodin. Ce matériau est présent depuis les premières constructions du quartier Saint Jacques. La technique a été apportée d’Espagne par le Royaume de Majorque. C’est une ressource peu chère, qui convient parfaitement pour la construction d’habitats modestes. Le pisé est un ressource locale. La terre contenue dans les murs en pisé du Moyen Âge peut être réutilisée dans d’autres constructions (si le pisé n’a pas été traité à la chaux). Cette technique ancestrale connait quelques innovations techniques contemporaines. Le premier principe à considérer est la protection à l’eau du pisé: il doit être protégé en tête (toiture) et en pied (posé sur un socle pierre, béton, etc.). De nouvelles techniques ont vu le jour récemment: le double mur pisé. Il améliore les performances d’isolation et permet de dissocier deux pisés différents: à l’extérieur le pisé sera plus résisdtant à l’humidité alors qu’à l’intérieur il sera formulé pour gagner en isolation. Le pisé présente une inertie importante. En travaillant sur une épaisseur conséquente de pisé (30 cm de pisé - 15 cm d’isolant - 30 cm de pisé soit 75 cm au total), on améliore l’inertie du bâtiment ce qui est primordial dans cette région. Dans le contexte de ce parcellaire, les points les plus importants sont les façades extérieures et la toiture. La mitoyenneté protège les murs de refends. Cette épaisseur de pisé permet aussi de travailler une mise à distance de la rue et différentes typologies d’ouvertures : au nu intérieur, au nu extérieur, avec un biais dans le pisé, au nu intérieur avec un espace faisant balconnet dans l’épaisseur du pisé, etc. Le pisé est un matériau qui nécessite un travail important de détails. La matériau n’est pas lisse: l’insertion de cloisons se fait avec une réservation dans le mur. Dans ce projet, les murs de refends soutiennent les poutres bois des planchers et de la charpente. Les planchers, d’une maison à une autre, doivent être décalés pour ne pas fragiliser le pisé. La mise en place d’un mur pisé est relativement simple, cependant, toutes ces petites attentions aux détails qui composeront l’habitat complexifient la mise en place.

A droite: Détails de mise en oeuvre du pisé. En bas à gauche: Schéma résumant le principe de la protection du pisé: en pieds et en tête.


Détail du double mur pisé

Détail de la cloison Détails des différentes ouvertures



Conclusion

Un projet de logements individuels à Saint Jacques est l’une des réponses qui peut être envisagée pour palier aux différents problèmes, architecturaux, sociologiques et économiques du quartier. L’urbanisme de ce quartier a été dessiné pour des constructions de faible densité. Les siècles de constructions palimpsestes ont créé un quartier en marge, dense et en situation d’insalubrité. La ré-intégration du quartier Saint Jacques au reste du centre ancien et de la ville à plus large échelle est un enjeu majeur pour Perpignan. Les villes font aujourd’hui face à une pénurie de logements. Pourtant, les centres anciens sont une grande réserve de logements qui n’attendent qu’à être rénovés ou tout simplement réhabilités.



REMERCIEMENTS

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Je souhaite remercie M. Alain Vernet et M. Bertrand Ramond d’ART Architecture pour le temps qu’ils m’ont consacré ainsi que pour les relevés du quartier Saint Jacques. Je tiens également à remercier mes enseignants, M. Jean Luc Lauriol, M. Philippe Devilliers, M. Robert Célaire et M. Guy Jourdan, qui m’ont suivi tout au long de ce master et de ce projet de fin d’études. Enfin, j’aimerais remercier mes amis pour leurs regards et conseils avisés tout au long de la conception de ce projet.



BIBLIOGRAPHIE ET RÉFÉRENCES

ELEB, Monique et al. Penser l’habité : le logement en question. Liège, Editions Mardaga, 1988. DE ROUX, Antoine. Perpignan: de la place forte à la ville ouverte. Xème XXème siècles. Perpignan, Archives communales de Perpignan, 1996. DE CHAZELLES et al. Maisons en terre médiévales sur un îlot du quartier Saint-Mathieu, à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Premiers éléments de réflexion. Archéologie du Midi médiéval. Tome 27, 2009. ISNARD,Yorick. Mémoire de master. Concevoir avec le réemploi. ENSA Montpellier, 2017. PICQUIER Matthieu, Mémoire de master. Concevoir pour réemployer. ENSA Montpellier, 2017. MARTINET, Elodie. Mémoire de master. Habiter en centre ancien - La typologie de la parcelle élémenraire médiévale. ENSA Montpellier, 2017.

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