Le rêve et le réel - Revitalisation d'une ville argonnaise

Page 1

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2014 – 2015

Le rêve et le réel. Revitalisation d’une ville argonnaise. Mathias Broniatowski Charles-Elie Delprat Nathan Paulot Camille Fauvel

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée



Le rêve et le réel. Revitalisation d’une ville argonnaise. Mathias Broniatowski Charles-Elie Delprat Nathan Paulot Camille Fauvel Commanditaires de l’étude DDT Marne Commune de Sainte-Ménehould

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2014 – 2015 École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée


Sainte-MĂŠnehould 4 500 habitants

Butte tĂŠmoin Aisne - amont

Centre ville


Aisne - aval

Plaine inondable


Plaine inondable

Aisne - aval

Centre ville

Butte tĂŠmoin


Aisne - amont

N 0

500m



Enjeux et viabilité d’un pari

p13

Enoncé des enjeux

A - La stature de SainteMénehould p19

Diagnostic Initiative municipale Rôle de l’étude Positionnement de l’étude

B - Le territoire, garant de la réussite du projet p45

Des couleurs aux matières Le projet dans le réseau existant Une ville dans sa géographie Maitriser l’évolution de la ville Une illustration : habiter au bord de l’Aisne

C - Le patrimoine support de l’événement p101

La stratégie de l’événement Un catalyseur d’intensités Processus de reconquête Action concrète : une résidence d’artistes

D - De l’événement au quotidien p131

Un support d’actions : la place d’Austerlitz La rue Chanzy La place Leclerc Vision prospective

Un support de médiation

p169 p173

Bibliographie



Enjeux et viabilité d’un pari Sainte-Ménehould dans l’Argonne connaît les contrecoups de processus économiques complexes qu’il semble impossible d’endiguer. Les symptômes sont connus : désertification du centre ville, désengagement de l’État par la suppression d’institutions scolaires et administratives, fermeture des commerces de proximité, exode des actifs, déclin de l’activité, dépendance à une entreprise, déclassement et fermeture des infrastructures… De plus, la ville souffre de l’image morne de sa région, peu propice à l’attractivité et donc à son renouvellement. Afin de lutter contre cette morosité ambiante, une initiative municipale entend depuis quelques années faire souffler un vent nouveau sur la commune. Celle-ci, enclenchée par une intuition autour du thème de la couleur, se décline en un projet de revitalisation qui s’appuie sur l’économie d’entreprise, la valorisation de la culture, avec au final une transformation des espaces urbains de la commune. Le but avoué ne se contente pas d’endiguer le déclin de cette ville, mais tend à lui faire changer d’échelle pour en faire une capitale culturelle, la rendre unique pour la rendre attractive. Cette étude convoque le rôle de l’architecte urbaniste en tant qu’accompagnateur de projets de développement, ainsi que comme scénariste et réalisateur de fictions. Plutôt que de donner une charte graphique ou un emballage séduisant à ce projet, notre démarche vise à articuler la proposition avec la réalité de Sainte-Ménehould, de son territoire, de son patrimoine et d’une chronologie d’action cohérente.

11


Le projet municipal s’inscrit dans une filiation historique : ville forteresse devenue ville vitrine puis ville de front, elle est devenue un chef lieu administratif. Bien qu’en déclin démographique depuis le milieu du XIXème siècle, son déclassement s’est accéléré ces dernières années en raison du désengagement de l’État; c’est pourquoi la commune a décidé de lancer ce pari atypique. Ce statut de capitale, passé et projeté, est à nuancer, et à replacer dans son contexte : en effet la ville compte moins de 5000 habitants, il n’existe que relativement aux autres communes de l’Argonne. Sa forme urbaine est de fait comparable à un décor de théâtre : des vaches et des moutons paissent à quelques mètres de la place de la mairie. L’écart entre les dimensions réduites de ce bourg et le caractère monumental de son architecture crée un cas premier de fiction urbaine : on se prend à rêver de la ville au sein d’une réalité rurale. Cette ambiguïté est productive sitôt qu’on la dépasse : Sainte-Ménehould est indissociable de ses voisines. Parfaitement interdépendante, elle est plus une plateforme d’échange à l’échelle de la communauté des communes qu’un pôle d’attraction esseulé. L’attractivité doit donc être pensée à l’échelle de cette communauté pour que des interventions soient crédibles à Sainte-Ménehould. Les atouts de la ville et de son territoire, c’est-à-dire sa profondeur historique, son intrinsèque beauté et sa connexion au réseau autoroutier sont à considérer comme un potentiel. Ce sont des conditions nécessaires, mais pas encore suffisantes à son développement. Pour ce faire, la municipalité s’attache les services de différents spécialistes, dont un ingénieur coloriste et des architectes urbanistes. La commande nous ayant été passée consiste à « faire rêver », c’est-à-dire à imaginer un scénario à même de susciter un engouement capable de revitaliser la ville. Notre rôle est donc d’accompagner le projet municipal, en conseillant son équipe et en proposant la mise en place d’opérations échelonnées dans le temps. Ces actions nécessitent une infrastructure, mise en place graduellement, qui supporte un ensemble de réalisations répondant à des usages et à des échelles variées. Les attendus de notre travail mentionnent la nécessité d’une portée opérationnelle. Toutefois, il existe un écart entre l’ambition volontariste du projet municipal, jusqu’à la commande qui nous a été passée concernant la revitalisation du centre ville, et une logique opportuniste, à court terme, qui conduit à accepter la construction de nouveaux programmes loin du centre. Ce projet est un slogan, une création ex-nihilo afin de rendre la ville attractive. Inutile de chercher un peintre fameux originaire de la ville, ni quoi que ce soit d’autre 12


dans son histoire qui expliquerait à priori le choix de la couleur. Celui-ci semble s’expliquer par son caractère globalisant : suffisamment évocateur pour rester dans les mémoires, et suffisamment vague pour pouvoir y intégrer peu ou prou n’importe quelle opportunité. Une telle approche montre toutefois ses limites. Le rêve d’un territoire stimulé, né du récit, ne peut se concrétiser que s’il est vécu par tous, et il semble manquer à ce projet un caractère fédérateur, qui emmenerait avec lui tous ses participants potentiels : habitants, commerçants, pouvoirs publics, investisseurs... Lui apporter une définition précise, et une consistance suffisamment porteuse pour intégrer les différentes opportunités et éventuels contrecoups qui se présenteront au fil du temps, permettrait de dépasser l’habituel scepticisme et la question récurrente : pourquoi la couleur ? Interrogés sur la revitalisation du centre-ville, et attendus sur du dessin opérationnel d’espaces publics, nous avons constaté le manque de moyens disponibles pour ces réalisations, ainsi que de l’absence de plans d’action structurés dans le temps. Aussi avons-nous mis en place une stratégie d’actions concrètes, échelonnées dans le temps, dont certaines peuvent enclencher la dynamique de projet dans l’immédiat, et poser les conditions à moyen terme de la construction de nouveaux aménagements, qui seuls seraient insuffisants à revitaliser la ville.

13




16


La stature de Sainte-Ménehould À 45 kilomètres de Verdun à l’est et de Châlons-en-Champagne à l’ouest, Sainte-Ménehould est située le long de l’A4 reliant Paris à l’Allemagne, relativement peu fréquentée. Elle se situe à 80 kilomètres à l’est de l’échangeur de l’A34, très fréquentée par les vacanciers en provenance du Benelux en route vers le sud. Bien que reliée au réseau autoroutier, elle est à l’écart des flux touristiques dominants. En conséquence, si cette ville désire profiter de cette manne potentielle elle doit déployer un effort d’attraction supérieur à une simple démarche de captation. Cette ancienne sous-préfecture est la plus grande ville de l’Argonne et sa porte d’entrée. Elle reçoit ainsi les équipements destinés à l’ensemble des agglomérations de l’intercommunalité. La proximité historique de la frontière allemande en a fait un lieu symbolisant le pouvoir français face à son ennemi. L’histoire a façonné Sainte-Ménehould comme une ville importante. Jusqu’au XVIIIème siècle elle était une ville bastion : la butte témoin enlacée par l’Aisne était renforcée pour accueillir une forteresse, aujourd’hui disparue. Suite à un important incendie en 1719, la ville a été largement reconstruite sous la férule de l’architecte Philippe de la Force mandaté par Louis XV. SainteMénehould a alors été dotée de deux places principales et d’une architecture ordonnancée. La place royale, aujourd’hui place du Général Leclerc, présente ainsi des bâtiments publics et un linéaire cohérent de façade remarquables. La rue Chanzy, une portion de la route départementale, relie les deux places et constitue le principal axe commerçant. En outre, la ville, et la communauté de communes plus généralement, s’enorgueillissent d’une histoire riche, liée aux passages des guerres successives, de la Bataille de Valmy à la Grande Guerre.

17


1-Le rĂŠseau autoroutier entre la France et les pays du Nord.

18


2- Les principaux flux de déplacement vers le Sud de la France passent à distance de Sainte-Ménéhould.

19


La place de la mairie de Sainte MÊnehould vue depuis la butte du château.



1- Plan de la ville du 18 Juillet 1631.

22


2- Carte d’Etat-Major, 1820-1866.

23


Un pôle local Sainte - Ménehould est la plus grande ville de l’Argonne champenoise, et sa porte d’entrée par l’autoroute. La communauté de communes compte peu d’habitants, et Sainte Ménéhould reste une ville très petite.

24


25


Une ville en déclin En raison du désengagement de l’Etat et du déclin de l’activité, de nombreux bâtiments sont actuellement vacants. Certains, notamment en centre ville, ont fait l’objet d’une déclaration de péril.

1

2

26


4

3

27

N 0

500m


1- Fermeture de commerces de proximité en centre ville.

2- Délocalisation de l’hôpital.

28


3- Fermeture des activitĂŠs industrielles.

4- Fermeture de la gare SNCF.

29


La capitale des couleurs Le projet municipal et son thème des couleurs vise à pallier à l’insuffisante attractivité de la ville actuellement. Malgré l’apparente déconnexion du slogan des couleurs de la réalité physique de la région, la commune s’appuie avant tout sur ses atouts pour se réinventer : son patrimoine pourrait être le moteur d’une industrie touristique, tandis que l’échangeur autoroutier constitue un avantage certain pour attirer des entreprises. Il reste à articuler ces atouts avec une vision cohérente, trouver un levier nouveau susceptible de former une identité attractive à la ville. Cette démarche volontariste part d’un postulat : le réel ne suffit plus. Dans la concurrence entre les villes et entre les régions, il faut aux localités un peu à l’écart beaucoup d’énergie et tenter le coup d’éclat qui les fera briller sur la scène nationale, voire européenne. Cela commence souvent par une fiction : une histoire que l’on raconte pour attirer investisseurs, touristes et créer la dynamique qui va permettre à une localité de trouver un nouveau départ. C’est un pari qui entend par un thème unique stimuler le tourisme et incitater à l’investissement des entreprises. Le but final étant de donner aux habitants comme aux visiteurs une image renouvelée de la ville.Malgré tout, le projet enclenché s’appuie sur des réalités concrètes, déjà existantes. L’économie s’articule proncipalement autour d’une entreprise industrielle spécialisée dans la fabrications de tubes plastiques pour produits cosmétiques, Albea, bien installée à la sortie de l’autoroute, et de ses partenaires. Pour autant la croissance de l’activité ne peut se cantonner à ce seul secteur, et le projet des couleurs se doit de stimuler des domaines d’activité ordinaires tels que le commerce de proximité par exemple. La stimulation générale de l’activité dans la ville devient alors un argument de poids pour endiguer le déclassement des institutions publiques locales. D’ailleurs le projet ne se limite pas à cette portée économique, et tend avant tout à l’évolution de l’identité de la ville. Un espace public, baptisé « l’Allée des Couleurs », traverse la commune en desservant divers équipements et points de repère. Elle est destinée à être prolongée en direction d’autres localités de l’intercommunalité et de sites remarquables. Cette Allée des Couleurs est donc pensée comme un outil de révélation du territoire. Cependant il s’agit aussi d’un moyen de relier les différents prestataires de l’offre touristique. Les outils de communication du projet municipal présentent l’Allée des Couleurs comme « un produit touristique combiné, placé au centre d’une filière de vente structurée, professionnelle, susceptible de satisfaire une clientèle de masse en quête de sensation et d’ émotion »1. Bien que proposée 1 Powerpoint municipal de présentation du projet de l’Allée des Couleurs

30


comme un concept , l’Allée des couleurs est dans les faits un itinéraire mettant en réseau les différents commerces et services ainsi que la révélation du territoire afin d’accélérer l’activité touristique et d’améliorer les liaisons entre des lieux d’usages quotidiens et exceptionnels. Le pari visant à faire de Menou, comme l’appellent affectueusement ses habitants, la capitale des couleurs et à la dynamiser en renouvelant son identité, ne porte pour l’instant pas tous ses fruits. Le thème de la couleur semble avoir été choisi pour sa dimension holistique, peut-être par crainte de ne pouvoir y incorporer d’éventuelles opportunités. Pour l’heure, Sainte-Ménehould manque de visibilité, la couleur n’est pas un catalyseur capable de porter l’identité de la ville et de stimuler son attractivité. Les habitants, notamment les commerçants, ne semblent pas se reconnaître pleinement dans un projet dont l’ampleur des ambitions peut laisser sceptique : le peu de lisibilité avec lequel il est mené les rend méfiants vis-à-vis de cette approche systémique.Telle est la réalité actuelle du projet, qui se fait au gré des besoins et des opportunités.

- Le projet des couleurs: une démarche volontariste de revitalisation basée sur un récit catalyseur

31


Des réalisations récentes Le projet municipal comporte pour l’heure deux réalisations d’envergure : l’Allée des Couleurs, une promenade révélant la ville dans sa géographie, et l’Aquarelle, un centre aquatique pour l’ensemble de la communauté de communes.

Allée des Couleurs


Centre aquatique L’Aquarelle

N 0

500m


1- L’Allée des Couleurs près de la voie ferrée.

34


2- Le centre aquatique L’Aquarelle.

35


Proposer une stratégie de gestion Lors de notre première rencontre l’équipe de la mairie nous a fait part de ses attentes au sujet de la réhabilitation et du réinvestissement de bâtiments remarquables et la requalification des ses espaces publics, principalement la grande rue et les deux places royales. Il nous a été demandé d’être réaliste en termes de budget et de mise en œuvre ainsi que d’intégrer les enjeux, relativement flous, induits par le projet de la couleur. Le paradoxe entre une injonction relativement classique pour des architectes et le pari du concept des couleurs a fait naître une première série de questions. Etrangement la première, apparemment terre à terre, pose plus de problèmes. La mairie s’est fortement endettée pour la réalisation du complexe aquatique l’ « Aquarelle », allant à l’encontre d’une politique d’économie. La seconde injonction - celle de la couleur - pose des problèmes théoriques ouvrant la porte à de nombreuses explorations de notre part. Si les présentations volontaristes du maire sont rodées, les leviers manquent pour ce projet aux ambitions importantes, et dont les implications réelles et la portée conceptuelle restent à définir précisément. Nous avons tenter d’accompagner ce projet en ancrant le concept tant dans sa partie théorique que dans sa mise en pratique. La recherche d’une économie de moyens à la fois conceptuelle et matérielle nous a donc guidé tout au long de notre démarche. Nous soutenons que la gestion ordinaire de la ville, l’implantation de nouveaux logements, équipements et activités est un enjeu fondamental de la réussite du projet, et sont à considérer comme tels. La dernière entrevue que nous avons eue avec le maire aurait tendance à nous pousser dans ce sens. Il nous a été demandé de faire rêver, comme un cri du coeur. La mairie était arrivée au bout de se qu’elle pouvait entreprendre au vu de ses compétences. En attendant que la dynamique du projet des couleurs soit effective, nous considérons l’accompagnement des affaires courantes de la ville comme partie intégrante de notre mission.

36


1- Rôle de l’étude : articuler les différents acteurs du projet autour de la réalité du territoire et d’une chronologie d’actions cohérente. 2- Portée opérationnelle de l’étude : la première étape consiste en l’élaboration de supports de réflexion et de concertation.

37


Enclencher une dynamique par des actions immédiates Ce travail pose alors une question plus large: quelle vision crédible pourrait porter le renouveau de la ville ? Plutôt que d’imaginer un saut d’échelle démographique ou architectural radical, notre stratégie propose une évolution à la fois plus pragmatique et surprenante. Sainte-Ménehould dans l’Argonne restera elle-même, une agglomération rurale aux allures de ville. Toutefois elle intégrera avec différentes temporalités, plus ou moins longues, pérennes ou éphémères, des éléments particuliers, une activité culturelle d’avant-garde, une population urbaine qui deviendrait ménehildienne pour un temps. La richesse d’interaction de ces accostements inattendus ferait de la capitale argonnaise un lieu d’expérimentations, à même d’attirer des créateurs en quête d’une mise au vert ainsi que de conserver ses habitants qui verraient leur cadre de vie à la fois préservé et stimulé. Interrogés sur la revitalisation du centre-ville, et attendus sur du dessin opérationnel d’espaces publics, nous avons constaté le manque de moyens disponibles pour ces réalisations, ainsi que l’absence de plans d’actions structurés et de temporalités réelles. Aussi avons-nous mis en place une stratégie d’actions concrètes, échelonnées dans le temps, dont certaines pourront enclencher la dynamique de projet dans l’immédiat, et poseront à moyen terme les conditions de la construction de nouveaux aménagements, qui seuls seraient insuffisants à revitaliser la ville.

Mise en condition

Stimulation ponctuelle

- Gestion - Concertation - Négociation

- Mise en place d’un processus d’actions échelonné dans le temps.

38

Rayonnement


- Portée opérationnelle de l’étude : élaboration de maquettes supports de réflexion et de concertation. Maquette territoriale 1/5000 : comprendre le territoire et prévoir les implantations futures. Maquette de la place d’Austerlitz 1/200 : visualiser l’évolution d’une centralité importante de la ville.

39




42


Le territoire, garant de la réussite du projet Conforter l’impression d’une ville posée dans la nature, en favorisant une construction maîtrisée en lisière, tel est l’un des enjeux majeurs pour la réussite du projet de revitalisation de Sainte-Ménehould. Cette situation exceptionnelle mais fragile, ne saurait être oubliée d’un projet dont l’un des volets principaux est la stimulation du tourisme. La situation géographique de Sainte-Ménehould tant au fil de l’Aisne qu’à la limite entre la molle topographie agricole champenoise et la forêt au relief accidenté de l’Argonne constitue une grande richesse de paysages. La région peut s’enorgueillir de paysages remarquables et contrastés : à l’ouest, les plaines céréalières forment un horizon de lentes courbes à perte de vue, perdues dans les brumes qui tapissent ce morceau de campagne une bonne partie de l’année ; à l’est, la forêt d’Argonne et son relief modeste quoique bien sensible se dresse au-dessus de l’Aisne, dont le calme apparent des méandres cache des crues fugaces mais récurrentes. Ce patrimoine a aussi un rôle utile car il prend part à l’activité locale : la forêt fournit ainsi du bois de chauffe et de construction, et plusieurs scieries continuent leur activité dans la région. Les plaines inondables constituent de bonnes prairies pour faire paître les animaux de la ferme. À ces activités économiques, s’ajoute l’intérêt que suscitent ces paysages par le «tourisme vert». Quelques gîtes ruraux et autres chambres d’hôtes ont ouvert récemment dans la région, et leur activité est apparemment rentable, un nouveau projet de chambre d’hôte étant en réalisation à SainteMénehould. L’Aisne, qui entoure la ville , crée des plaines inondables, grandes étendues vertes qui limitent l’extension urbaine et délimitent ses différents quartiers de concert avec le relief de la commune. Ces vastes plaines inhabitées autour de Sainte-Ménehould, accentuent cette impression de passer en quelques pas seulement de lieux très urbains à une campagne ample, dégageant des vues sur des lointains bucoliques, typique de ces images d’une France rurale faite de champs, de tracteurs, de fermes et de clochers. Afin de conserver et de renforcer le potentiel de la ville, le grignotage des terres agricoles en limite de commune et dans les villages avoisinants doit être enrayé par le PLU intercommunal au profit d’une densification de l’existant. De même, la ville se doit d’utiliser sa prérogative à délivrer ou non des permis 43


de construire afin de surveiller son extension. Lors de la présentation initiale de la commande, le maire a vanté l’espace disponible comme l’atout premier de sa ville. Plutôt que de considérer cet espace comme du vide pouvant être rempli, les terres disponibles sont avant tout une ressource à protéger. Il est important de prendre conscience du rôle primordial du patrimoine dans la réussite du projet. La géographie est le terreau de la ville et par conséquent de ses initiatives. En laissant de nouvelles constructions s’implanter de manière anarchique par crainte de laisser filer des opportunités, la ville risque de saborder son atout principal : son identité de ville historique implantée dans un paysage naturel remarquable et directement accessible. Le projet de revitalisation se déroule dans un temps long. De manière simultanée à sa montée en puissance la commune ne doit pas perdre de vue la gestion de son patrimoine, au risque de saborder son potentiel attractif.

44


45


Une géographie structurante Sainte - Ménehould est à la rencontre de deux ensembles géographiques, les plaines crayeuses de Champagne et les collines argileuses de l’Argonne, et à la confluence de l’Aisne et de son affluent, l’Auve.

46


47


Le projet dans le réseau existant Bien que conçue et présentée comme un axe nouveau, l’Allée des Couleurs intègre de fait un réseau existant de chemins vicinaux correspondant à des usages anciens: liaisons entre quartiers, parcelles maraichères...

4

2

1


5

N 0

500m


Les chemins, révélateurs du territoire L’Allée des Couleurs en lisière de zone humide.



Les chemins, révélateurs du territoire L’Allée des Couleurs au flanc de la butte de Sainte - Ménehould.



Les chemins, révélateurs du territoire Rénovés, certains chemins établiraient des liaisons piétonnes entre différents quartiers.



Les chemins, rĂŠvĂŠlateurs du territoire Certains chemins partcipent des usages quotidiens, et desservent des jardins partagĂŠs et potagers.



Les chemins, révélateurs du territoire Les chemins dessevent aussi les lieux touristiques de la région, les cimetières militaires de l’Argonne.



Des couleurs aux matières Les constructions traditionnelles de l’Argonne-Champenoise jouissent d’une assez belle variété de matériaux endémiques. La forêt fournit depuis toujours plusieurs essences de construction, du chêne au hêtre, en passant par les conifères, introduits récemment pour leur rapidité et leur régularité de pousse. Le sous-sol riche en argile alimentait plusieurs briqueteries jusque dans les années soixante, et a fournit un autre matériau, plus spécifique et rare: la pierre gaize. Cette pierre à l’aspect et aux qualités plastiques changeants d’une carrière à une autre, se constitue d’un mélange de silice et d’argile, en proportion variable. L’argile lui donne un subtil aspect vert d’eau qui semble changer avec le taux d’humidité, et qui lui a valu le qualificatif vernaculaire de «pierre verte». Peu visible à Sainte-Ménehould même, la brique faïencée sert d’ornement à de nombreuses constructions des villages d’Argonne, comme à la Neuville-au-Pont, déclinant une élégante palette d’ocre doré, d’un sombre qui varie entre le vert émeraude et le bleu de Prusse, à laquelle s’ajoute toute la gamme de rouges et de bruns terreux des briques nues. Les qualités plastiques de ces matériaux fabriquent des motifs aussi élégants qu’utiles: la pierre gaize, facile à tailler mais relativement fragile car sensible aux aléas climatiques est souvent utilisée complétée de briques pour assurer le chaînage des murs, là ou la maçonnerie pleine met en scène l’importance d’une bâtisse. Le bois assure son rôle structurel partout en charpente, et sert de mur assemblé en pans de bois dans les constructions plus humbles, remplis de terre et de grossiers moellons. Ces murs plus sensibles aux intempéries s’habillent presque toujours, parfois d’enduit, souvent de bois, tantôt en bardage ou en voligeage, voir de métal en bardage, comme on l’aperçoit sur certains pignons. Pour partie toujours exploités, ces matériaux et cette façon de les assembler constituent un vocabulaire à renouveler, à actualiser dans le cadre des interventions que nous mettrons en oeuvre.

60


- Nuancier des matériaux locaux, composants essentiels de l’identité argonnaise.

61


62


63


64


65


66


67


68


69


70


71


72


Une ville posée dans la nature L’implantation de la ville s’est effectuée selon une topographie marquée, creusée par un réseau hydraulique très ramifié. Aujourd’hui encore, les points hauts et médians sont habités, tandis que les points bas, restés des plaines inondables afin de prévenir les crues de la Seine en aval, sont entretenus pour la pâture, laissés en forêt, ou cultivés en jardins. Les qualités de ce paysage sont déterminées par l’entrelacement de ces deux situations. La globalité de la ville est difficilement perceptible car les multiples ramifications de la rivière séparent chaque poche construite par une végétation proliférante. De nombreuses constructions se trouvent donc en lisière, une position dont les qualités donnent aux promeneurs de Sainte-Ménehould cette fameuse sensation d’une ville posée dans la nature. Ce caractère doit rester un critère décisif de l’implantation urbaine à venir. Il constitue le véritable pouvoir d’attraction de Sainte-Ménehould, offrant la possibilité d’un habitat de ville tourné vers une nature directement accessible. Favoriser une construction maîtrisée en lisière présente le double avantage d’endiguer l’extension de la ville sous forme de périphérie et de travailler à la cohérence des quartiers existants peu denses, renforçant ainsi le caractère pédestre de ceux-ci. La petite échelle de la ville permet d’envisager la création de locaux d’activité et de logements dans les faubourgs, c’est-à-dire en continuité piétonne avec le centre ville. Les caractéristiques géographiques fortes doivent être à la base de l’implantation des nouvelles constructions. Ainsi construire des nouveaux logements dans les dents creuses autour de la butte, au bord de l’eau, permet de profiter de l’extraordinaire situation du centre ville entièrement ceint par l’Aisne : une île dans la campagne.

73


Une topographie structurante La ville de Sainte-Ménehould est façonnée par sa topographie, les zones inondables bordant les boucles de l’Aisne ainsi que le relief des buttes de gaize déterminent des poches bâties.

74


Fond de vallée

Zone inondable Altitude dépassant 170m, hauteur de la butte témoin de Sainte-Ménehould

75


Implantations du bâti Les différentes situations géographiques correspondent à des types d’implantations caractéristiques, cette symbiose entre le paysage et les formes bâties forgent l’identité de Sainte-Ménehould. Toutefois certains lotissements et bâtiments d’activités s’affranchissent de ces façons de faire, au détriment de la qualité du paysage urbain.


N 0

500m


Bâti posé sur la ligne de crête : jardin en pente sur le coteau , vue dégagée sur le grand paysage.

78


Bâti posÊ conte la pente : jardin en pente sur le coteau, relation frontale du bâti au jardin.

79


implantation au bord de l’eau : accés direct à la rivière en fond de jardin, bâti tourné sur le jardin.

80


implantation en de zone humide : pas de rupture entre le jardin et le paysage naturel, bâti tournÊ sur le jardin.

81


Les constructions anciennes en zone inondable sont rassemblées autour d’un franchissement de la rivière, établissant ainsi une continuité bâtie entre deux quartiers. Le bâti profite du talus de l’infrastructure pour se protéger des montées d’eau.

82


Les récentes constructions réalisées en zone inondable par commodité d’espace, sans rapport avec le paysage, n’établissent pas de continuité et se protègent des crues de manière individuelle.

83


Des lieux à disposition A travers sa réglementation PLU et son droit de véto sur les permis de construire, la commune peut réguler son expansion et protéger la qualité de ses espaces. La densification du tissu existant par l’occupation des parcelles en dents creuses ainsi que le réinvestissement des bâtiments vacants du centre villes sont autant de lieux disponibles.


N 0

500m


Une illustration : habiter au bord de l’Aisne OpÊration de 25 logements individuels.

86


87


Habiter au bord de l’Aisne Cette parcelle en dent creuse le long de l’Aisne est l’occasion d’illustrer l’implantation préconisée de futurs logements. Ce cas de figure a vocation à proposer un modèle plus qualitatif que les lotissements en sortie de ville.

88


89

N 0

500m


Habiter au bord de l’Aisne Cette opération comprend environ 25 logements individuels. Ils bénéficient chacun d’orientations solaires de qualité, de jardins, de vues vers le paysage et d’espaces de stationnement. Un réseau de venelles carrossables assure la desserte des logements, et une promenade au bord de l’eau est reliée à l’Allée des Couleurs à proximité.


0

100m

N


Habiter au bord de l’Aisne Ce dispositif propose des logements bénéficiant d’une proximité aux éléments naturels, un confort de vie possible à Sainte-Ménehould.



w





98


Le patrimoine support de l’événement «La valeur historique et patrimoniale d’un édifice s’apprécie aujourd’ hui dans un repère à plusieurs dimensions, elles-mêmes interdépendantes: bien sûr, les vertus esthétiques, mémorielles, culturelles de l’objet matériel mais aussi ses qualités sémiologiques plus superficielles dont son apparente authenticité, sa conformité avec un paysage touristique homogène support de marketing urbain et, par conséquent, plus prosaïquement sa valeur proprement marchande».1 Le patrimoine de Sainte-Ménehould constitue potentiellement son infrastructure de développement. Mais il manque malgré tout une action susceptible de rendre la ville réellement plus attractive. Il lui faut un « catalyseur » Contrairement à des villes comme Metz, Lens ou Bilbao en Espagne, Sainte-Ménehould n’a ni l’échelle ni les moyens d’accueillir un grand équipement de rayonnement européen. D’une autre manière, de nombreuses localités de France et d’ailleurs ont su faire parler d’elle par la création de festivals, événements éphémères qui attirent pendant une durée déterminée une immense foule, faisant alors vivre toute une ville en sur-régime. Cela permet de faire connaître une ville et son territoire, et d’amener potentiellement des touristes ordinaires à s’intéresser à une région et à son patrimoine. Cette seconde approche se base donc sur la création d’un événement récurrent, qui en mettant en œuvre des moyens plus modestes que l’édification d’un monument est à même de porter l’identité du lieu et de stimuler l’attractivité. Cette stratégie répond à la question délicate de la gestion du patrimoine vacant. La question de la conservation d’éléments historiques remarquables s’affranchit trop souvent de la question de leur usage. A Sainte-Ménehould comme ailleurs, il est clair que ce qui est reconnu comme patrimonial peine à rester utile. Cette situation oppose des architectures anciennes, remarquables à bien des égard mais vétustes, à des besoins dont au moins le cadre normatif rend insoutenable la rencontre entre les deux. La transformation du patrimoine et sa rencontre avec le monde contemporain est souvent perçue comme une atteinte à l’histoire, tandis que partout en France on préfère souvent faire des pastiches qui n’ont de 1 Pierre Chabard, «L’oeuvre au blanc» in Criticat no. 02, septembre 2008

99


rapport à l’histoire que les cartes postales qu’elles entendent conserver. L’intérêt pour le patrimoine bâti devrait sans doute faire valoir avant tout les avantages qu’offre une structure vivante, qui par sa longue existence a déjà été transformée, adaptée aux usages qui lui étaient soumis, sans que sa forme et son aspect supposés historiques ne soit figés, comme si l’édifice une fois construit nous parvenait parfaitement intact, vierge de toute transformation liée aux vies qui s’y sont déroulées. Il est d’ailleurs inquiétant que ce rapport au patrimoine qui semble actuellement prévaloir tienne aussi peu compte du caractère profondément évolutif de toute forme de construction. Ces digressions sont importantes pour saisir les enjeux que comporte une opération de revitalisation d’un centre ville. Il est certain que la structure même de la ville est suffisamment claire et riche pour que, parfois, certaines des modestes bâtisses trop abîmées soient un jour remplacées. Les matériaux locaux, et le rapport au paysage sont des supports d’identité plus fort que l’attachement fétichiste à l’ancien. Un projet jouant sur une image évolutive de la ville, de son architecture et de son territoire pourrait permettre de décomplexer Sainte-Ménehould de son rapport au patrimoine, et poser les conditions pour l’édification de projets à la fois innovants et conscients du patrimoine existant : c’est à dire faire évoluer l’identité construite de la ville.

100


101


L’événement plutôt que le monument

350 000 habitants

1 000 000 de visiteurs par an

Bilbao, musée Guggenheim : 350 000 habitants, 1 000 000 de visiteurs par an. Bien que «l’effet Guggenheim» (réalisé grâce à de très importantes subventions) soit une réussite à Bilbao, il s’agit d’une grande agglomération, d’une échelle toute autre que Sainte - Ménehould.

102


1 200 habitants

60 000 visiteurs par an

Marciac, Festial «Jazz in Marciac : 1200 habitants, 60 000 visiteurs en 2013. La stratégie événementielle a permis à la ville de Marciac (32) d’accéder à un rayonnement culturel et touristique important tout en appliquant une économie de moyens adaptée à son échelle de commune rurale.

103


Un catalyseur d’intensités Afin de mettre en œuvre cette stratégie événementielle pour faire vivre son patrimoine, la ville a besoin d’un lieu d’intensité. Il a pour rôle de concentrer les activités urbaines et d’incarner le projet en le situant en un point identifiable. Il concentre l’énergie d’intervention, l’attractivité, en même temps qu’il projette à la fois vers la campagne et la ville. C’est un lien emblématique qui doit être reconnaissable comme tel. La place d’Austerlitz sera ce lieu d’actions et de symboles : au coeur de la ville, elle est un réseau cohérent de différents espaces.

104


- Affiche illustrative d’un festival artistique à Sainte - Ménehould

105


Un catalyseur d’intensités Ce lieu d’intensités correspond à une position stratégique dans la ville: à la croisée de l’équivalent actuel du cardo - decumanus à Sainte-Ménehould: l’Allée des Couleurs et la rue Chanzy. Ce carrefour est de fait le forum de la ville : il est un lieu hatement stratégique en termes commerciaux et de mobilités, et surtout pour son importance historique et symbolique.

106


107

N 0

500m


Des lieux de possibles Ce lieu est constitué d’un réseau d’espaces publics: la place d’Austerlitz, son square, les bords de l’Aisne, les quais Valmy et la place de Guise. S’ils sont actuellement trop morcelés, ces lieux pourraient, moyennant transformation, être le support de nouvelles activités. Il en est de même pour le complexe de bâtiments de l’ancien hôpital, vacant depuis 2007 et appartenant au Centre hospitalier d’Argonne, à la recherche d’un repreneur.


N 0

100m


1- L’hôpital depuis la rue Chanzy : un repère urbain.

2- Vue de la façade ouest en coeur d’ilot : une architecture caractéristique de l’Argonne.

110


3- Vue de la cour intĂŠrieure du complexe : un lieu de possibles interactions.

4- Vue de la chapelle : un lieu de possibles activitĂŠs de grande ampleur.

111


Processus de reconquête De façon particulière l’ancien hôpital, dont la position stratégique au croisement de l’allée des couleurs et de la départementale qui traverse SainteMénehould en fait un point d’attractivité par essence, est le lieu d’un des premiers éléments moteurs. En effet il hébergera une résidence d’artistes dont les œuvres exposées régulièrement entre ses murs et dans la ville bénéficieront aussi bien à la vie de la ville qu’à son rayonnement. Ces œuvres serviront l’offre événementielle ou même prendront place de manière pérenne dans le paysage de la ville. Une résidence d’artistes permettra d’attirer une population jeune, dynamique et adepte d’un mode de vie urbain, pour des temps certes courts mais continuellement renouvelés. Le réinvestissement de ce complexe de bâtiments, et son onéreuse rénovation, se feront de manière graduelle, la résidence d’artistes ne constituant qu’un premier jagon. D’autres programmes pourront arriver ensuite, attirés par les synergies possibles avec la résidence. Il s’agit donc d’une réappropriation par étapes, une colonisation mesurée. Ce mécanisme illustre un processus plus global que nous proposons, où les bâtiments vacants seront dans un premier temps mis en sécurité le plus simplement possible et accueilleront des activités pionnières ayant valeur d’exemple. Cette première présence de forte intensité et de courte durée, par intermittence, liée à l’événement vise à créer un appel d’air susceptible d’attirer de nouvelles activités peut être plus ordinaires qui elles réhabiliteraient ces bâtiments en profondeur. Ainsi le patrimoine bâti, au même titre que celui naturel, est à considérer dans sa valeur utile d’infrastructure potentielle du renouvellement de la ville.

112


1- Une reconquête en trois temps : repérage, occupation pionnière liée à l’organisation d’événements permettant la mise en sécurité des lieux, et rénovation de fond grâce à la mise en place de programmes pérennes.

113


Action concrète : une résidence d’artistes

1- Etat existant des combles. La charpente et les planchers sont endommagés, provoquant des infiltrations aggravant les détériorations.

114


2- Etat possible après rénovation. La diversité des volumes capables du complexe est propice à une résidence d’artistes.

115


Une rénovation par étapes L’ancien hôpital peut être investi rapidement grâce à la mise en place d’une résidence d’artistes occupant les lieux d’abord ponctuellement par l’organisation de workshops et événements. Cette première étape comporte la mise en sécurité partielle des bâtiments.

116


117


Réinvestir progressivement l’hôpital

1- La résidence d’artistes sera le programme pionnier, à même de lancer une dynamique pour la suite.

3- Un fablab pourra prendre place, à l’usage à la fois des artistes que des habitants de la ville.

118


2- Rénovée, l’ancienne chapelle accueillera des activités de grande ampleur et recevra du public.

4- La bâtiment sur rue pourra être loué ou cédé à des entreprises, selon le modèle des incubateurs. L’aile sud - est du complexe accueillera une maison intercommunale de la jeunesse.

119


Un pôle dans la ville Grâce à cette reconquête par étapes ce complexe de bâtiments deviendra une centralité de par la diversité et les multiples interactions des programmes, ainsi qu’en raison de son emplacement stratégique. Le pavillon réhabilité en buvette sera une halte sur l’itinéraire de l’Allée des Couleurs.

120


121


122


123


124


125


126


De l’événement au quotidien Différents sites formeront un réseau autour de la promenade principale, de l’Allée des couleurs.Elle ne sera plus un simple cordon reliant des équipements mais deviendra un réseau prolongé et démultiplié de cheminements, pour la plupart existants, reliés par de nouvelles interventions. Celle-ci ne proposera plus seulement d’atteindre quelque lieu attractif ponctuel, mais formera ellemême un ensemble de parcours possibles irriguant la ville, et accompagnant la trame urbaine. Il s’agit par là aussi de mettre en garde contre des aménagements mettant en scène de manière trop littérale et déterminée le projet des couleurs : de même que pour la signalétique, le mobilier urbain ne devra pas devenir la trace manifeste d’une démarche risquant de mettre plusieurs années avant de prendre son essor, voire d’échouer. Un récit commun convoquant une part de merveilleux permettra de mettre en valeur les avantages de chacun, et ainsi de fédérer les différents acteurs autour de la réalisation d’un projet. Cependant il convient de se méfier de la portée potentiellement réductrice du storytelling, qui ne sera qu’une manière d’illustrer simplement une réalité plus complexe. Cet outil de communication est omniprésent aujourd’hui : marketing, divertissement, tourisme, culture, programmation, architecture… Dans de nombreuses villes des quartiers entiers sont réduits à un thème, ils sont la réalisation littérale et monolithique d’un récit omniprésent et infantilisant, qui ne laisse aucune place à l’interprétation et à l’évolution du récit dans le temps. Une ville n’est pas une scène de théâtre, une fois le récit principal terminé ses lieux doivent continuer à être investis. Si le projet décrit précédemment connaît une période circonscrite d’intensité, il faudra qu’il ait une existence après coup. Le récit continuera après le départ du dernier visiteur. Il s’agira de convoquer simultanément des usages quotidiens, de créer des interactions inattendues en laissant la place à l’interprétation nouvelle des programmes. De la même manière les interventions construites que nous proposons pour abriter cette fiction participeront d’une lecture particulière du territoire : elles entretiendront une dialectique entre elles et celui ci, elles seront un élément de langage nouveau, elles seront l’identité renouvelée de Sainte-Ménehould. 127


L’événement extraordinaire est un agent double au service de l’ordinaire, une sorte de cheval de Troie : le projet jouera sur différentes temporalités imbriquées les unes dans les autres. Le scénario repose à la fois sur des moments ponctuels, des roulements et récurrences assurant à la fois le renouvellement et la continuité de l’intrigue. Dans cette optique, le storytelling n’est rien de plus qu’une lentille grossissante, qui sert à faire émerger la part d’enchantement et de magie contenue dans le monde réel : « Nous nous trouvons moins dans une dimension « parallèle » ou « autre » que dans une dimension tangente, riche en points de contact avec le monde ordinaire, tout en accueillant des recoins secrets d’un merveilleux incongru ».2 La stratégie événementielle peut se révéler efficace, mais à elle seule présente l’inconvénient de tout miser sur quelques jours. Quand l’affluence n’est pas au rendez-vous, elle met en péril les activités liées. Cela a un autre impact, moins quantifiable mais tout aussi délétère : le reste de l’année demeure morne, les infrastructures associées à l’événement restant vides, toute l’activité suspendue à la venue de l’événement, tendue à l’incertitude de son succès. C’est cependant une option qui peut être rendue crédible, dans la mesure où elle permettra de mettre en place quelques infrastructures modestes mais à forte valeur symbolique. Celles-ci seront adaptables : pensées pour l’accueil d’activités liées à l’événement (exposition, spectacle, foire...), elles accueilleront des activités plus quotidiennes liées à la vie de la région: marché de producteurs locaux, brocante, fêtes locales… Il faut donc au moins un lieu comme une halle, polyvalent, et un lieu plus clos, associé, qui permettra à la fois d’accueillir l’organisation et de communiquer aux habitants la mise en place de cet événement, et de les impliquer. À notre sens, cette approche sera la plus à même d’accompagner le projet lié à la couleur, en ceci qu’elle concentrerait l’effort pour diffuser une dynamique, et peut-être rassembler les différents protagonistes de l’Argonne autour d’un projet commun. Une fois cette dynamique mise en route, la ville pourra alors effectuer une refonte en profondeur de ces deux places principales, dont la transformation encouragera leur appropriation piétonne et commerçante.

2

Joachim Lepastier, Films Réalitisme, Cahiers du cinéma, n708, février 2015

128


129


Des lieux à requalifier Si l’emplacement du réseau d’espaces publics autour des places d’Austerlitz et de Guise est stratégique, il manque de cohérence : les deux tronçons existants de l’Allée des Couleurs sont séparés par des trottoirs en enrobé, les places sont dévolues au stationnement, le square est enclavé et le quai Valmy au bord de l’Aisne est en désuétude.

130


0

131

N 100m


Des supports d’activités Réaménagé par étapes dans la dynamique enclenchée par la mise en place de la résidence d’artistes et de l’événement, ce réseau d’espaces publics devient une seule grande place urbaine. Un pavage du sol signale son unité et sa spécificité de part et d’autre de l’Aisne. La place d’Austerlitz est transformée : sa capacité de stationnement est inchangée, mais le déplacement de la voie de circulation permet un ralentissement du flux routier et une mise à distance des façade XVIIIe par rapport aux véhicules en stationnement. Le square est ouvert sur la place et est constitué de pelouses appropriables.

132


0

133

N 100m


L’ancienne gare des trains argonnais et un tronçon de l’Allée des Couleurs à l’état existant, en 2015. La place est dévolue au stationnement, et le tracé de l’Allée des Couleurs n’est pas suffisamment signalé.

134


135


Après rénovation : l’ancienne gare abrite une buvette et l’association des commerçants, et l’Allée des Couleurs est requalifiée.

136


137


Les bords de l’Aisne et le quai Valmy à l’état existant, en 2015. Les abords de la rivière ne sont pas suffisamment qualifiés au regard du potentiel du site.

138


139


Les abords de l’Aisne après rénovation. Le quai Valmy accueille l’embarcadère, et une halle de marché est édifiée sur la place de Guise.

140


141


La place de Guise après rénovation. La place restera carossable, mais le déplacement des places de parking permettra son appropriation piétonne. Un pavage en briques, dont certaines vernissées, signalera la cohérence des différents espaces publics : la place de Guise, l’Allée des Couleurs, le quai Valmy, et la place d’Austerlitz sur l’autre rive de l’Aisne.

142


Une nouvelle halle sur la place de Guise abritera des événements : marché hebdomadaire, foires, manifestations liées à l’événement... Il s’agira d’une structure composée de portiques en bois dont l’importante portée permettra de couvrir environ 300 mètres carrés.

143






La rue Chanzy requalifiée L’éclairage public sera rénové, rendant la rue plus attractive pour des nouveaux commerces et activités.

148


149


Un parking La place du Général Leclerc est une place royale datant du règne de Louis XV. Son architecture ordonnancée, ses grands bâtiments publics et ses dimensions importantes en font un lieu emblématique de la ville. Cependant la place est principalement dévolue au stationnement, et l’aménagement de son sol est pensé selon des critères routiers, alors même que son tracé de manoeuvre et de stationnement n’est pas optimisé. Cet état de fait est au détriment de son appropriation d’usages.

150


0

151

N 100m


Une place publique Une fois la dynamique de revitalisation enclenchée, SainteMénehould aura les moyens de rénover la place de sa mairie. Un pavage couvrira l’ensemble de la place et des voies qui en sont directement dépendantes, renforçant ainsi sa lecture en tant que lieu identifiable. Seul le tracé de la route départementale se distinguera nettement, tandis qu’une voie de desserte limitée à 30 km/h doublée de bandes de stationnement permettra la traversée routière de la place et optimisera sa capacité de stationnement, qui restera inchangée. Cette voie fera toutefois partie intégrante de la place, seules des variations de revêtement la différencieront de l’esplanade piétonne. Deux nouvelles rangées d’arbres renforceront l’organisation symétrique de cet espace, tout en étant suffisamment larges pour maintenir les traversées visuelles. Ce dispositif permettra une meilleure appropriation piétonne et commerciale de la place, et renforcera son caractère monumental.

152


0

153

N 100m


A l’état actuel en 2015, la place du Général Leclerc présente un aménagement non qualitatif, pauvre en propositions d’usages dont l’appropriation dominante est le stationnement, dont la capacité n’est cependant pas optimisée.

154


155


La rénovation de sa place royale couronnera la revitalisation de la commune. Ce lieu pourra ainsi devenir un coeur vivant du centre ville, adapté aux commerces et aux terrasses de café et propice aux activités en plein air ou simplement à la flânerie. L’aménagement proposé optimise la surface piétonne et maintient la capacité de stationnement actuelle, et surtout permet de considérer à nouveau cette place pour ce qu’elle a été depuis son origine : une composition classique, une pièce urbaine ordonnancée et cohérente.

156


157


Agir sur le réel: un processus en trois temps Notre volonté de développer un projet ancré dans le réel, de lui donner une portée opérationnelle, nous oblige à envisager sa temporalité, particulièrement présente : qu’est-il possible d’enclencher dès maintenant ? Cette question est éminemment liée aux problématiques budgétaire d’une petite commune comme Sainte-Ménéhould. Il nous est apparut important d’envisager quelles actions étaient possibles avec les moyens disponibles aujourd’hui. Celles-ci se mettent en perspective du projet global et n’ont de sens que vis à vis de cet objectif plus ambitieux. Aussi avons-nous établi une chronologie dont les actions certaines sont les plus imminentes. Les interventions futures sont chaque fois fonction des précédentes, le projet est ainsi pensé comme un processus pouvant aussi évoluer au gré des opportunités.

158


- Gestion - Concertation - Négociation Mise en condition Juin 2015 étude DSA Sept. 2015 Mise à disposition hôpital Sept. 2015 Maison du projet Sept. 2015 Résidence d’artiste

Stimulation ponctuelle Premier événement Mise en sécurité de l’hôpital Mobilier urbain � Luminaires Place de Guise � Halle de marché

- Rappel et détail du processus opérationnel proposé.

159

Rayonnement


La mise en place immédiate d’une maison du projet, un lieu de réunion et de présentation, est une première étape de mise en condition : l’utilisation d’un local vacant en centre bourg, en priorité sur la rue Chanzy, pour insuffler une dynamique portant l’ensemble de la ville et de ses habitants est un signe fort et rapide du réveil de la commune.

160


161


La signalétique actuelle en 2015 est excessivement disparate, et est préjudiciable à la communication d’un projet thématique : un élément nouveau et signifiant manquera de visibilité.

1- Signalétique des chemins vicinaux argonnais.

2- Signalétique courante des équipements communaux.

162


De nombreux éléments de signalétiques existants n’intègrent pas les contraintes d’entretien lors de leur conception.

3- Signalétique provisoire de L’Aquarelle, participant à l’élan de redynamisation sur le thème des couleurs.

4- Signalétique informative du patrimoine naturel de la communauté de communes.

163


Premier registre proposé : signalétique pérenne, couvrant les lieux du quotidien. Faite d’éléments pérennes et économiques (pierre de lave), sa discrétion suggère un élan nouveau sans être invasive.

164


Second registre proposé : signalétique exceptionnelle, déployée lors d’événements. Son caractère temporaire permet de s’affranchir des contraintes, pour devenir des installations artistiques.

165


En appui du régistre pérenne, de nouveaux éléments de mobilier urbain positionnés dans des emplacements clés permettront non seulement des usages du quotidien, mais aussi de regarder la ville autrement.

166


Ces actions chronologiquement cohérentes et en phase avec les moyens de la commune sont à considérer comme des interventions stratégiques sur le réel permettant d’en révéler de nouvelles dimensions enchanteresses.

167


168


Un support de médiation Afin d’aiguiller au mieux ce projet déjà en marche et de mettre en avant sa dimension collective et fédératrice, s’ajoute à notre mission un enjeu pédagogique. Ainsi nous proposons d’intervenir sur des questions de réglementation, et d’élaborer nos livrables comme supports de concertation et d’exposition. C’est pourquoi la première intervention suggérée est la mise en place d’une maison du projet, un lieu où puissent être exposés nos travaux ainsi que d’autres éléments divulguant le projet. Ce lieu d’échanges devrait être situé à l’écart de la mairie afin qu’il soit au sein d’un lieu pratiqué au quotidien par les habitants. Le local commercial inoccupé au centre de la rue Chanzy semble particulièrement indiqué en raison de sa visibilité et son important linéaire de vitrine. La question de la gestion d’une telle exposition et de son local se pose : plutôt que d’entretenir sur un temps long du matériel risquant de s’abimer et de prendre la poussière dans un local le plus souvent vide, nous proposons de mettre en place des expositions et moments d’échanges ponctuels, après lesquels le matériel serait rangé. Il en serait de même plus généralement pour la signalétique du projet des couleurs, des éléments simples, discrets et résistants, en pierre de lave constitueraient la signalétique pérenne, tandis qu’un autre registre d’éléments plus spectaculaires, mais aussi plus fragiles, seraient déployés durant les moments d’intensité puis remisés en attendant l’événement suivant.

169


Sainte-Ménehould 5 000 habitants

Place du Général Leclerc Mairie, musée, cafés

Plaine inondable Oeuvres in situ

170

Butte du Château Oeuvres in situ Rue Chanzy Commerces


Résidence d’artistes Expositions Bords de l’Aisne Loisirs

Place d’Austerlitz Marché, foires

171



Bibliographie


174


Bibliographie Livres Lucius Burkhardt, La ville promenade in Joze Plecnik, architecte 1872 – 1957, Editions du Centre Pompidou, Paris 1986 Dimitris Pikionis, A sentimental topography, The Architectural Association, Londres 1989 Pierre Veltz, Mondialisation, villes et territoires : une économie d’archipel, Paris, PUF, coll. Quadrige, 2014 Revues, Articles Le Monde du 15. 03. 2015 Pierre Chabard, L’oeuvre au blanc, Criticat no. 02, septembre 2008 Joachim Lepastier, Films Réalitisme, Cahiers du cinéma, n708, février 2015 Alberto Burri, Grand Cretto, Les Carnets du Paysage no. 27, hiver 2015 Dossier Architectes de campagne, D’Architectures no. 232, décembre 2014 Débat Quand l’architecture expose et s’expose, Criticat, n13, printemps 2014 Dossier Storytelling, D’Architectures, n234, avril 2015 Joachim Lepastier, Films Réalitisme, Cahiers du cinéma, n708, février 2015 Filmographie François Hers et Jerôme Poggi, Les nouveaux commanditaires, La réhabilitation du lavoir de Blessey par Rémy Zaugg, 2008

175


Le rêve et le réel Revitalisation d’une ville argonnaise Mathias Broniatowski Charles-Elie Delprat Nathan Paulot Camille Fauvel Cette étude a été menée de février à juin 2015 dans le cadre de l’atelier de projet urbain et territorial du DSA d’architecte-urbaniste encadré par Éric Alonzo, Frédéric Bonnet et Christophe Delmar. La rédaction du présent cahier a été accompagnée par Stéphane Füzessery, Paul Landauer et Julie André-Garguilo et sa mise en page par Julien Martin.

Diplôme de spécialisation et d’approfondissement d’architecte-urbaniste délivré par le ministère de la Culture et de la Communication, dirigé à l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée par Éric Alonzo et Frédéric Bonnet, architectes urbanistes Coordination administrative Nathalie Guerrois tél. +33 (0)1 60 95 84 66 nathalie.guerrois@marnelavallee.archi.fr École nationale supérieure d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée 12 avenue Blaise Pascal, Champs-sur-Marne 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2 www.marnelavallee.archi.fr



Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecteurbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou des organismes privés.

Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et à expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tous ceux qui s’intéressent aux questions que posent l’architecture, la ville et les territoires.

Le rêve et le réel. Revitalisation d’une ville argonnaise. Cette étude concerne la redynamisation du centre ville de Sainte-Ménéhould, une commune rurale de moins de cinq mille habitants, véritable ville dans la campagne sur les boucles de l’Aisne, en Argonne Champenoise. Ce travail explore un cas exemplaire de petite ville française en déclin : un patrimoine difficile à entretenir, des commerces qui s’échinent à demeurer en centre ville, et une vraie angoisse des pouvoirs locaux qui peinent à trouver des investisseurs. Cette situation conduit souvent à opérer des choix irrationnels, et à long terme, problématiques : grignotage des terres agricoles et construction de centres commerciaux en périphérie, syndromes de la prévalence de l’opportunisme sur une vision stratégique. Ce travail nait cependant d’une vraie volonté politique de la municipalité, dont l’étude prend la mesure et se propose en accompagnement. Le projet communal prend la forme d’un projet de marketing urbain entendant faire de Sainte - Ménehould la «capitale mondiale des couleurs», dont la dimension ex nihilo exige toutefois d’être davantage reportée à la réalité de son territoire. Ce projet compose donc avec le postulat initial du projet municipal selon lequel le réel ne suffit pas, et que la commune, avec son patrimoine multi-séculaire et sa géographie remarquable, n’est pas assez attractive. Cette étude démontre que, en fin de compte, le superbe réel de Sainte-Ménehould suffit presque, et grâce à une touche d’enchantement le rêve est à même de le sublimer.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.