BREST, UNE GÉOGRAPHIE OUBLIÉE. PULSATIONS EN CREUX DE PENFELD

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UNE GÉOGRAPHIE OUBLIÉE PULSATIONS EN CREUX DE PENFELD

PLAQUETTE DE PRÉSENTATION DU PROJET DE FIN D’ÉTUDES MENGUY MATHILDE - SEPTEMBRE 2018 PROJET ENCADRÉ PAR BRUNO TANANT



BREST - FRANCE (FINISTÈRE)





BREST, LA CONTRADICTOIRE J’ai connu Brest à travers un regard qui ne côtoie cette ville qu’en de rares occasions. Une partie de ma famille y habite ou y a habité, ce qui m’a permis de découvrir Brest par bribes de quartiers, qui restent encore très flous dans mes souvenirs. C’est alors principalement à travers le regard des autres que j’ai commencé à me questionner sur cette ville. Parfois passionnées, parfois dégoûtées, les paroles que l’on m’a rapportées au sujet de Brest sont extrêmement partagées, mais toujours fortes et tranchées. La multitude de contradictions qui composent Brest m’a intriguée. Une « verrue de béton » sur une côte sauvage. Une ville « où il n’y a rien à voir », qui persiste à cacher ses terrains secrets derrière de grands murs. Une ville plate sur un littoral de falaises. Et si les à priori sur cette ville-oxymore nous empêchaient de distinguer son essence même ? Si les centaines d’anecdotes qui avaient composé cette ville historique nous rendaient amnésiques du paysage qui se trouve face à nous aujourd’hui?



UNE GÉOGRAPHIE OUBLIÉE

REGARD LOINTAIN......................................................................................p.01 ÉCHELLES DE CONSIDÉRATIONS............................................................p.10 GÉOMORPHOLOGIE CONTRE RATIONALITÉ MILITAIRE..................p.28 DÉTAIL ET PAYSAGE....................................................................................p.40 GÉOGRAPHIE PERDUE...............................................................................p.46 FOND D’ARSENAL.......................................................................................p.52

PULSATIONS EN CREUX DE PENFELD

RECONQUÊTE..............................................................................................p.64 UN SALOU QUI REPREND VIE.................................................................p.70 TOPOGRAPHIE............................................................p.72 L’ÎLE DU SALOU, UN REPOS BIEN MÉRITÉ..........p.76 UNE ÎLE RYTHMÉE PAR LES TEMPORALITÉS.....p.78 TRAVERSER LE RELIEF...............................................p.80 PROGRAMME..............................................................p.82 L’ÎLE DES EXPLORATEURS........................................p.84 LE BÂTIMENT FER.......................................................p.88 LA RESPIRATION DES MARÉES..............................p.92 CONCLUSION..............................................................p.98 REMERCIEMENTS.......................................................p.100



Brest : Commune du parc naturel régional d’Armorique et fait partie de Brest Métropole Latitude : 48°23’59’’ Nord Longitude : 4°28’59’’Ouest Superficie : 49,5 km² Altitude minimum : 0 m Altitude maximum : 103 m Population : 143 027 hab Densité de population (2014) : Climat : Océanique

2 888 hab/km²



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Située stratégiquement en pointe de France, la ville de Brest a connu un succès florissant grâce à son port. S’inscrivant au nord de la rade, le port de Brest possède une vue directe sur le goulet, ce qui permettait un contrôle aisé des entrées et sorties. C’est donc grâce à cette situation idéale, tant pour le contrôle des flux que pour la protection aux intempéries naturelles qu’offre une rade, qu’un castellum romain, le fort de Brest, puis le port militaire, ont pu s’installer et prospérer. TERRE D’ACCUEIL Brest étant la terre la plus proche pour les voyageurs d’outre-Atlantique se rendant en France, elle fut un port d’accueil important. Que ce soit pour accueillir de grands représentants (ambassadeur de Siam qui donna son nom à la rue qu’il descendit), des navires d’explorateurs ou, à ses dépens, des troupes siégeant (Troupes espagnoles sur la « pointe des espagnols », branche Nord de la presqu’île de Crozon fermant la rade), la ville de Brest a historiquement été une terre connectée au lointain.

BREST FORTIFIÉE - PLAN DE 1779

Source: https://www.sites-vauban.org

DIORAMA DE LA VISITE DE L’AMBASSADEUR DE SIAM À BREST EN 1686 Musée de la tour Tanguy - © Guillaume Team Source: https://www.brest.fr

VILLE OCÉANIQUE Brest étant un point d’attache à l’océan atlantique, le terme de « ville océanique » lui a souvent été attribué. Un projet du même nom a même été présenté en 1902 par l’ingénieur Ernest Duchesne (18741912). C’est ensuite en 1914 que le fils de l’ancien président de la république, Claude Casimir-Périer (1880-1915), présenta un plaidoyer déclarant vouloir faire du port de la ville le «port le plus profond et le plus vaste du monde » et partager « avec Panama et Colon, le trafic le plus intense et le plus dense ». Avec ce projet de rayonnement à très grande échelle, E. Duchesne espérait faire prospérer le port de Brest comme aucun autre port en France. Aujourd’hui, même si l’ambition de rayonnement n’est plus la même, on constate que ce regard vers le lointain est encore cultivé notamment aux travers des enjeux actuels de «Brest Métropole Océane» (nom donné à la ville de 2005 à 2015). L’identité de la ville est, aujourd’hui encore, très attachée à cette connexion avec l’Océan Atlantique. Pourtant, à l’échelle nationale, Brest est considérée comme « loin de tout », avec ses deux heures et demie de voiture au minimum, après l’arrivée en Bretagne. Elle n’est pas souvent perçue comme « attirante », contrairement aux côtes très sauvages, typiquement Finistériennes, dans lesquelles elle s’inscrit.


BREST, UN PORT DE RADE

CARTE DE LA RADE DE BREST EN 1764

GUIPAVAS

Source: BNF, auteur : Bellin, Jacques-Nicolas (1703-1772)

GUILERS

BREST PLOUZANÉ PLOUGASTEL - DAOULAS

ROSCANVEL

LANVÉOC

VUE AÉRIENNE DE LA RADE AUJOURD’HUI Source: https://www.google.fr/maps

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AFFICHES PUBLICITAIRES À VISÉE TOURISTIQUES


ATTRACTIVE La ville de Brest se voit alors aujourd’hui redoubler d’efforts pour se rendre attractive, et porte une économie tournée vers le tourisme. Les aménagements de plages baignables, de quais et ports de plaisance, la réhabilitation du plateau des Capucins, l’arrivée du téléphérique, mais aussi et surtout, le rayonnement d’Océanopolis (un centre de culture scientifique unique consacré aux océans) sont autant de structures dans lesquelles Brest a investies pour se rendre attractive. La communication d’une nouvelle image de Brest semble essentielle dans cette reconquête d’identité de la ville.

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La volonté d’attrait, que justifie la baisse démographique de Brest, semble jouer un rôle important sur les priorités que la ville accorde à son identité. En effet, celle-ci cherche à valoriser quelques éléments phares qui la composent, de manière à attirer du monde et à pallier à cette baisse démographique.

PINGOUIN ET HIBISCUS Lorsque l’on regarde Brest, sur la carte de tourisme du Finistère nord, appelée « Brest, terres océanes », trois icônes sont choisies pour représenter Brest. Un pingouin, le château fort et des plantes exotiques. On constate un rapport d’échelle assez impressionnant entre les éléments représentés. Le pingouin représentant Océanopolis est fortement mis en valeur. Il fait la taille du château et côtoie les palmiers et ibiscus du jardin du conservatoire botanique. Voici l’image que la ville veut mettre en avant, lorsqu’elle est résumée à l’échelle du Finistère Nord. Je constate alors ici une échelle de considération principalement tournée en faveur de l’économie liée au tourisme.

Par soucis de lisibilité, le territoire quant à lui est représenté à son minimum. D’un vert homogène, il borde le bleu de la rade. La Penfeld (rivière de plus de 100 m de large en moyenne) est représentée par un filet bleu de la même épaisseur que la piste cyclable. Les repères dans les terres sont principalement représentés par le tracé des routes, et aucun relief n’est représenté. La géographie de Brest, pourtant très puissante par ses falaises et ses hauteurs, est entièrement engloutie par le marketing d’un territoire qui s’accroche au lointain.

EXTRAIT DE LA CARTE TOURISTIQUE DE «BREST, TERRES OCÉANES» (Finistère nord) Source : office du tourisme


ET POUR LES BRESTOIS ? Pourtant, lorsque j’ai questionné les Brestois sur ce qui faisait pour eux l’identité de la ville, on m’a beaucoup parlé du port de commerce et de ses grues, du pont de recouvrance, de l’arsenal ou bien du béton. Il ne s’agit pas ici d’éléments capables de « renouveler » une image parfois considérée comme trop grise. Ces éléments alors ponctuels pour la ville deviennent une vitrine censée représenter Brest.

L’ARSENAL SUR LA PENFELD ENTRE 1956 ET 1964

Source : © Georges Menguy

Ici encore, le relief est totalement occulté. Seuls les espaces accessibles sont représentés.

DÉTAIL DU NOUVEAU QUARTIER DES CAPUCINS Source : Brest métropole 13


PLAN RELIEF DE BREST ET SES ALENTOURS

ÉCHELLE 1/40 000


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ABERS, VALLÉES, PLATEAUX MAQUETTE PERSONNELLE PLÂTRE


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TERRITOIRE DE RELIEF MAQUETTE PERSONNELLE PLÂTRE


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PENFELD, FACTEUR DE VIVANT MAQUETTE PERSONNELLE PLÂTRE


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EXTRAIT DE MAQUETTE EN PLÂTRE - ZOOM SUR LE PORT DE COMMERCE

DEPUIS BREST C’est en échangeant avec des Brestois, que je me suis rendue compte que la vision de la ville, vécue de l’intérieur, était très souvent détachée de sa géographie. L’urbain de Brest est comme une entité fermée sur elle-même, répartie sur ses rues au quadrillage orthogonal, et séparée en deux par la Penfeld. Seules les rues de Siam et rue Jaurès, deux rues traçant l’axe principal de Brest, dévoilent par leur ouverture visuelle, une topographie et enfin un horizon. C’est pour moi le seul élément urbain qui considère son territoire dans sa géomorphologie, inscrivant alors cet axe dans la logique de la rade . Ailleurs, il faut traverser la Penfeld par ses ponts ou le téléphérique pour avoir un recul suffisant, et s’apercevoir du relief à travers la hauteur des toits évoluant. Il m’est alors venue l’idée de réaliser une carte des considérations et son négatif. Dans la première, le maillage régulier, rayonnant autour du cours d’eau que l’on surplombe, et les grandes infrastructures comme les ponts, les grandes routes ou le port de commerce, forment un dessin qui relie les réseaux entre eux de manière relativement homogène. La seconde, en revanche, révèle une géomorphologie forte et un territoire marqué par le relief.


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CARTE SENSIBLE DES CONSIDÉRATIONS DU TERRITOIRE DEPUIS LA VILLE DE BREST

CARTE SENSIBLE DU NÉGATIF DES CONSIDÉRATIONS

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PENFELD, CENTRE GÉOGRAPHIQUE DE BREST UN FLEUVE QUI UNIT ET SÉPARE À LA FOIS. D’abord construite depuis sa rive gauche, au XVII° siècle, à l’époque gallo-romaine, la ville le Brest faisait face au bourg de Recouvrance qui s’est construit immédiatement par la suite. Dès les premières représentations de Brest en gravure, la penfeld était souvent centrale et les deux rives dialoguaient en face à face. Le XVIII° siècle n’a eu de cesse que de réunir ces deux rives à travers les diverses constructions qui les ont côtoyées: les fortifications réunissant les rives, l’agrandissement des remparts qui intégrera une portion supplémentaire de la Penfeld, le Salou, puis, les célèbres ouvrages de franchissements, dont le premier, le pont impérial, sera inauguré en 1861. Le cours d’eau principal de la ville sera alors constamment au cœur de Brest, et sera également le théâtre de son activité forte : l’activité militaire.

VUE CAVALIÈRE DE BREST EN 1644, PAR TASSIN LA PENFELD COMME SUJET CENTRAL Source : Archives municipales et métropolitaines


VUE AÉRIENNE DE LA PENFELD ET SON ARSENAL EN 1926, sans ses bateaux. ( censure militaire) Source : Compagnie aérienne Française

« LA MAISON OÙ l’ON CONSTRUIT » Traduction littérale du mot « Arsenal », l’activité militaire s’est installée dans la Penfeld, en faisant d’elle sa maison de construction. Pour Charles-Joseph Panckoucke (écrivain et philosophe du XVIII° siècle), un arsenal est

« Un enclos où est compris un port de mer appartenant au gouvernement où il tient tous ses vaisseaux et tout ce qui est propre à les construire, à les conserver, à les armer, les désarmer, les radouber »

On peut alors assister à toute l’évolution d’un navire, rien qu’en surplombant l’arsenal. De sa construction à son désarmement, et même son démantèlement. Prenant pleinement parti des qualités de la Penfeld, L’arsenal de Brest s’est emparé des rives et les a reliées à travers leur aménagement. Malheureusement, on peut aussi dire qu’elle a séparé les espaces, dans sa hauteur, en rendant inaccessible les rives du fleuve. Tout au long de sa construction, l’arsenal va canaliser le cours d’eau, rationaliser et donner un nouvel aspect à la Penfeld.

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LES ACTIVITÉS AUTOUR DE L’ARSENAL VERS 1939 Croquis réalisé à partir de la maquette de l’association Expotem


L’ÎLE FACTICE

LE BÂTIMENT FER

LE SALOU ET SES BASSINS

LE PLATEAU DES CAPUCINS

LA GRUE GERVAISE

Vastes hangars construits pour le stockage du bois en 1805. Sur la rive droite, les ruines du Kervallon existent encore. Ce sont d’anciens ateliers de construction navale de la marine de commerce. Au XVIII°, deux tours protégeaient l’arrière garde. Érigé en 1865, il servait à la construction navale pour le travail du fer. Ses 350 mètres de longs servent aujourd’hui à stocker les pièces de rechange de la Marine. Ancienne montagne de schiste arasée dans les années 1856-1865, le Salou a laissé place à trois formes de radoub. Le bassin 4, l’un des plus grands de l’arsenal avait à l’origine une entrée à chaque extrémité. L’atelier des machines a été construit de 1841 à 1845 sur l’emplacement d’un ancien couvent des Capucins. Il est agrandi par la suite. En 2004, l’activité industrielle est transférée à Laninon, et est aujourd’hui un espace culturel fort de la ville. Surnommée « grue révolver » par sa forme, elle fut mise en service en 1853. Desservant le plateau des Capucins, il n’en subsiste aujourd’hui que son socle, sorte d’avancée surplombant la Penfeld et offrant un panorama à mettre en valeur.

LA GRANDE GRUE ÉLECTRIQUE

Avec l’arrivée de l’électricité à l’arsenal en 1902, les moyens de manutention ont été améliorés, notamment par l’implantation de cette immense grue de « 150 tonnes utiles » en 1910.

LE BASSIN TOURVILLE

Le bassin de Tourville a été construit sur les plans de Vauban en 1683, puis modifié par la suite. La porte de Tourville est, avec la porte Carafelli, la seule porte de l’arsenal ouverte en permanence.

LE PONT NATIONAL

Pont tournant inauguré en 1861 et détruit pendant la seconde guerre mondial, il était une icône de Brest et souvent représenté sur les cartes postales notamment.

L’AVANT GARDE

Les bâtiments de subsistances se prolongeaient jusqu’au poste de l’avant garde. À proximité, seule l’ancienne boulangerie édifiée au XVIII° siècle par Choquet de Lindu témoigne de ce passé.

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GÉOMORPHOLOGIE CONTRE RATIONALITÉ MILITAIRE

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ABERS, VALLÉES, PLATEAUX Motifs géographiques propres à ce territoire, les abers et vallées qui fendent la côte perpendiculairement et que les plateaux surplombent font l’identité géomorphologique du socle sur lequel la ville de Brest s’inscrit. Le cours d’eau de la Penfeld (« Pen » et « fell » en Breton, signifient «taille loin») coupe littéralement la ville en deux dans un relief séparant d’une centaine de mètres d’altitude les rives basses et les hauts plateaux. Ce relief, segmenté par niveaux, se trouve principalement réparti en deux : l’espace militaire en bord de rives et l’espace civil sur les hauteurs des plateaux. Les transversales connectant ces niveaux, trop abrupts pour être habités, sont souvent des espaces boisés ou des roches affleurantes. Cette dernière, qui laisse apparaître la géologie, s’aperçoit de loin et relève, au même titre que l’espace militaire inaccessible de l’arsenal, de paysage visuel.

TOPOGRAPHIE CREUSÉE PAR LES COURS D’EAU UNE VILLE SUR DEUX NIVEAUX

ESPACE MILITAIRE

ESPACE CIVIL

N


UN ARSENAL EN CŒUR DE VILLE Port de commerce et port militaire fort, Brest s’est développé autour des activités qui l’on fait vivre, depuis les rives de l’embouchure de la Penfeld. Il a ensuite installé son urbanisation au-dessus, sur les plateaux. (voir illustration 1) Après avoir repoussé petit à petit le cœur historique qu’était l’embouchure de la Penfeld, les militaires se sont appropriés complètement les rives à la fin du XIXe siècle, et la topographie basse du cours d’eau va se trouver inaccessible. (voir illustration 2) L’arsenal, devenu «paysage visuel», que l’on surplombe par les deux ponts (pont de recouvrance et pont de l’Harteloire) et le téléphérique, occupe une grande portion du centre de Brest, et nous met alors à distance de la Penfeld. Espace civil et espace militaire clairement séparés, Brest est une ville principalement sur deux niveaux et l’arsenal s’implante comme une ville dans la ville.

DÉVELOPPEMENT DEPUIS LES BORDS DE PENFELD (Illustration 1)

SUPERFICIE DE L’ARSENAL DE BREST AUJOURD’HUI (Illustration 2)

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RUE DE SIAM

COUPE SCHÉMATIQUE DE LA PENFELD AU NIVEAU DU PONT DE RECOUVRANCE


QUARTIER DE RECOUVRANCE

LA PENFELD ET SON ARSENAL DEPUIS LE PLATEAU DES CAPUCINS

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PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE 1946 Source : https://wiki-Brest.net GÉOMÉTRIE La considération d’un territoire à but fonctionnel qu’induit une ville-militaire, a donné à Brest une rationalité évidente dans sa construction. Après avoir été rasée à plus de 90% lors de la seconde guerre mondiale, elle a connu une période de reconstruction (1946-1961) sur la base du plan de l’urbaniste Jean-Baptiste Mathon. Ce plan redessine la ville de manière hygiéniste, tout en respectant les tracés géométriques de Vauban. ( Il puise ses influences dans le plan de Georges Milineau élaboré en 1929.) Le Brest d’avant-guerre étant connu comme l’une des villes les plus insalubres de France, s’est vu être reconstruit avec une grande rapidité et offrant une hygiène de vie décente à un grand nombre de familles lors de la reconstruction. Une ville à la fonctionnalité alors priorisée s’est vue accorder des tracés très géométriques. Cette rationalité se sent également fortement dans le tracé du port de commerce, aux angles aiguisés d’un sol qui est venu se greffer au trait de côte, jusque-là organique. IMPLANTATION URBAINE ACTUELLE


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BREST FORTIFIÉE PAR VAUBAN 4 NOVEMBRE 1740 Source : musée de la tour Tanguy

PLAN MATHON ADOPTÉ EN 1948, AVEC LA RUE DE SIAM COMME AXE MAJEUR Source : wiki-brest


UNE TRAME QUI PERSISTE MALGRÉ LES DESTRUCTIONS PHOTOGRAPHIE DU MILIEUX DES ANNÉES 1950, PENDANT LA RECONSTRUCTION.

ASSEMBLAGE DE PHOTOGRAPHIES AÉRIENNES DE 1950 RAYONNEMENT ET GÉOMÉTRIE Source : Brest Métropole, http://bmo.maps.arcgis.com 37


UN PORT DE COMMERCE ET UN ARSENAL FONCTIONNEL AUX ANGLES AIGUISÉS


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DÉTAIL ET PAYSAGE

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1690

1848

1950

AUJOURD’HUI

DE L’ORGANIQUE À L’AIGUISÉ MOUVANCE DU TRAIT DE CÔTE DE 1690 À NOS JOURS


DÉTAILS QUI RÉSONNENT Alors que la cohérence générale porte souvent l’analyse d’un paysage, ce sont aussi des faits que l’on observe de plus près qui composent ce tout. Certains éléments ou événements que l’on peut considérer comme des détails, semblent raisonner à plus grande échelle et témoigner d’une considération du paysage. Voici deux exemples de détails qui, pour moi, portent une importance à l’échelle du grand territoire : « Le rejet de greffe » et « Le téléphérique borgne ». LE REJET DE GREFFE Le trait de côte dans son évolution, laisse paraître l’influence de l’activité humaine au niveau de l’embouchure de la Penfeld et ses abords. En effet, sur une période de 300 ans, le littoral Brestois s’est vu transformé passant de l’organique, à l’aiguisé. Je considère le port de commerce, le port de plaisance et les quais de l’arsenal, comme une greffe, venant s’accrocher au relief des falaises plongeant originellement dans l’eau. Ce sol artificiel est venu se poser sur l’eau de la rade, afin d’y installer ses activités portuaires. Comme il arrive parfois, un rejet de greffe s’opère. Deux exemples sont pour moi l’expression de ce rejet de greffe qui peut exister vis-à-vis de la présence du port de commerce principalement. Le premier concerne la plage du moulin blanc, juste à l’est du port. La construction de la greffe ayant modifié le trait de côte, le moulin blanc (originellement une anse ouverte), se retrouve réduite dans sa forme. Le peu de profondeur qui la compose aujourd’hui lui donne une eau relativement chaude. Ce dernier facteur va venir favoriser le développement d’algues vertes, suite à la présence de nitrates dans les eaux de ruissellement des cultures, plus en amont.

On assiste alors à un phénomène de marées vertes, bien connu en Bretagne, et entraînant l’interdiction à la baignade. (Cette dernière étant particulièrement problématique pour l’image de la plage, dans laquelle la ville a beaucoup investit) La deuxième expression de rejet de greffe selon moi, se trouve dans l’urbanisme de la ville, juste au nord du port. En effet, en s’y promenant, on constate très vite, que la ville tourne le dos à l’activité portuaire, lourde en infrastructures (grues, hangars, container, cargos...) Ainsi, en tournant le dos au port, Brest tourne aussi le dos à sa rade, et à l’horizon. Mis à part dans le prolongement de la rue de Siam, il n’existe à Brest que très peu de vues sur le lointain. Cette notion pour les Brestois, semble apporter un caractère « étouffant » à la ville. Depuis ces dernières années, il me semble que le port est de plus en plus accepté, et deviendrait même une icône de Brest, à travers ses grues à la silhouette élancée. En effet, ce caractère industriel et portuaire, semble aujourd’hui totalement approprié par les habitants. Les grues, que l’on longe en arrivant à Brest, par la route ou par les rails, semblent marquer l’identité de la ville dans laquelle on arrive. Preuve de l’appropriation de ce caractère portuaire, de nombreux bars et restaurants ont fait leur apparition au niveau des deux ports de plaisance de la greffe. Passant de rejet à appropriation, cette « greffe » est encore aujourd’hui principalement un espace tertiaire que l’on traverse en voiture, et il reste la seule avancée, et véritable ouverture vers la mer, bien que la ville lui tourne le dos.

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LE TÉLÉPHÉRIQUE BORGNE Lorsque l’on apprend à connaître Brest, une multitude d’anecdotes et de détails nous sont racontés, chacun plus ou moins marquant pour la ville. Il y a les anecdotes que l’on raconte et qui ont fait l’histoire de Brest, et il y a celles que l’on devine, que l’on côtoie en la traversant. Chaque détail bien sûr, s’inscrit dans un contexte particulier. C’est ainsi que le phénomène des marées vertes, peut être vu comme un détail, comme un évènement éphémère, et mis de côté, par soucis d’image. Cependant, certains d’entre eux, me semblent réellement parler du paysage. Les nitrates arrivent dans les eaux de la plage du moulin blanc, car l’agriculture intensive, si chère à l’économie bretonne, est un sujet trop tabou pour que le système agricole qui borde les quartiers soit remis en question. Un autre évènement à Brest a retenu mon attention, parmi tant d’autres. Celui de la traversée de la Penfeld en téléphérique. Cette traversée, une éclipse dans le quotidien des Brestois puisqu’elle ne dure pas plus de cinq minutes, rejoint le plateau des Capucin avec la rive d’en face, dite « rive gauche » (quartier de Siam). On surplombe alors l’arsenal militaire dans un panorama qui mériterait pourtant une longue contemplation.

En arrivant en face, à l’entrée du quartier de Siam, on survole quelques maisons de hauts gradés militaires, et leurs jardins privés. La moitié de la cabine s’opacifie alors, tronquant la partie nord du panorama, par soucis de vis-à-vis sur ces maisons. Ce détail de panorama caché de moitié, en dit long sur l’importance militaire au sein de Brest. Il me questionne sur l’accessibilité au paysage et la valeur du secret dans celui-ci. Que ce soit un jardin privé qui tronque la moitié d’un panorama, ou des algues qui évoquent la stratégie agricole du pays de Brest, certains détails au sein d’un territoire semblent raisonner à l’échelle du paysage. C’est en cela que je souhaite inscrire l’échelle du détail dans le projet que je propose pour ce diplôme de fin d’études. Sans pour autant tomber dans l’anecdote isolée, j’aimerais intervenir sur des lieux et endroits à petite échelle, s’accrochant à une intervention plus vaste, à l’échelle de Brest.


INTÉRIEUR D’UNE CABINE DU TÉLÉPHÉRIQUE PANORAMA TRONQUÉ

Source : article « Le téléphérique de Brest s’ouvre au public » - https://www.usinenouvelle.com

LOGEMENTS MILITAIRES PRIVÉS PLATEAU DES CAPUCINS

QUATIER DE SIAM

ARSENAL

TRAVERSÉE DU TÉLÉPHÉRIQUE DU PLATEAU DES CAPUCINS AU QUARTIER DE SIAM 45


Source : http://flyhd.fr


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L’attention constante accordée à la fonctionnalité et aux usages d’une ville militaire et portuaire a conduit à une confrontation entre l’usage et la forme. La rationalité vient à Brest, se heurter au naturel. Ces deux entités ne dialoguent que par de rares épisodes, lorsque le regard peut enfin se porter sur le lointain. UN AXE FORT La rue de Siam et la rue Jean Jaurès forment un axe fort pour la ville. Icônes historiques de rues commerçantes, elles viennent comme une colonne vertébrale au centre du quadrillage urbain de « Brest même ». Cette ligne vient dans la continuité visuelle du goulet de la rade, et devient ainsi un élément étroitement lié à son territoire. Il se raccroche au lointain. La rue de Siam descend la pente perpendiculairement jusqu’au pont de Recouvrance, et offre une visibilité du relief que l’on ne perçoit pourtant pas souvent au sein des rues de Brest. Cet axe fondamental pour la ville est donc un élément à valoriser dans ce projet, une accroche essentielle. RUE DE SIAM, UNE OUVERTURE SUR L’EAU Source : http://flyhd.fr

UN AXE CONNECTÉ AU LOINTAIN Source : google maps

RUE DE SIAM Source : http://flyhd.fr


SOL ARTIFICIEL GRANDES RÉPARTITIONS GÉOLOGIQUES Source : BRGM et QGIS INCONSIDÉRATION DU SOCLE Bien que le relief soit lisible à travers cet axe, la géomorphologie développée plus tôt n’est malheureusement pas estimée. Les abers et les vallées sont cachés sous une végétation dense alors qu’ils représentent de rares espaces de transitions des niveaux. (Hauts plateaux et rives de Penfeld ou bords de mer) Peut-être qu’un travail de transition connecterait les strates en valorisant l’identité du socle Brestois? RISQUE DE DÉCOLLEMENT À cette non considération de la géographie vient s’ajouter à une artificialisation sur sol relativement présente à Brest. (cf carte géologique) La géologie également, pourtant riche dans ce paysage de falaises alentours, est une notion peu prise en compte dans ce contexte urbain. En effet, la roche affleurante bordant la Penfeld a été recouverte d’immenses murs de soutènements, homogénéisant les façades de roches et les artificialisant même à la verticale. À travers les greffes et l’artificialisation de ses sols, Brest opère à mon sens, à un décollement de son socle. Elle oublie sa géographie et porte un regard sur le lointain, oubliant les enjeux qui la composent de près. Cette perte vient ici pour moi comme un risque fort pour le territoire. Le risque de l’amnésie de la géographie peut sembler surprenant pour une ville au relief aussi fort, cependant le réflexe de ce regard constamment porté sur le lointain fait que Brest se décolle de son propre socle et a contribué à la perte de paysage au sein même de la ville et ses alentours. 49


AMNÉSIE


UN DÉCOLLEMENT AU TERRITOIRE

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LES BASSINS DU SALOU La boucle du Salou se trouve dans le fond de l’arsenal, en amont de l’actuel pont de l’Harteloire. On y trouve actuellement trois bassin : les bassins 4, 6 et 7. Jusqu’au début du XIXe siècle, se trouvait sur cette zone une « montagne » en schiste de 25 m de hauteur environ, qui a dû être arasée lors de la construction de ce bassin entre 1856 et 1865. Les terrassements ont étés particulièrement difficiles à réaliser. 600 000 m3 de déblais sont évacués au moyen de barges et déplacés sur le terre-plein du port de commerce. Étant l’une des plus grandes formes de l’arsenal, le bassin n°4 a servi à la fois à la construction et à l’armement de navires militaires parfois réputés comme le Dunkerque (1935) et du Richelieu (1939), mais il a également été utilisé pour des réalisations de génie civil comme la travée mobile du pont levant de Recouvrance (1954) et des éléments en béton précontraint du Bassin 10 (1974).

UN POINT CENTRAL D’INTÉRÊTS Situé sur une dilatation des rives de la Penfeld, la Boucle du Salou est bordée par le haut relief caractérisant Brest. Une cinquantaine de mètres séparent le niveau haut du niveau de l’eau. Aujourd’hui surplombé par l’université au nord, des logements à l’est et à l’ouest, il est aussi presque en contact avec le tout nouveau plateau des Capucins. Situé au creux d’un relief spectaculaire, le Salou devient un théâtre dont les parois en sont les gradins. LES RADOUBS Un radoub est un bassin où la coque d’un bâtiment peut être entretenue ou réparée. Au sein d’un arsenal de l’ampleur de celui de Brest, on trouve une dizaine de bassins de ce type. Parfois nommé « darse », un bassin accueillant les navires possède des dimensions à l’échelle de ces derniers. Ce sont donc de grandes formes allongées d’une centaines de mètres de long sur une trentaine de large en moyenne. C’est un motif récurrent, propre au paysage de l’arsenal. Un radoub peut être immergé, ou à sec, afin de permettre les travaux de la coque d’un bateau.

LOCALISATION DES GRANDS ÉLÉMENTS DE LA BOUCLE DU SALOU


AMÉNAGEMENT DE L’ARSENAL AU XIX° SIÈCLE

Source : «L’arsenal de Brest, la mémoire enfouie, photographies 1860-1914» CONCEPTION GRAPHIQUE DE LAÊTITIA LOAS-ORSEL, D’APRÈS LE PLAN DE LA VILLE DE BREST PUBLIÉ DANS LA REVUE MARITIME ET COLONIALE EN 1866

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L’ATELIER PHOTOGRAPHIQUE DE L’ARSENAL DE BREST

TRAVAUX DU BASSIN N°4 DU SALOU, 4 JUIN 1863 25,7 x 33,7 cm Source : Musée National de la Marine, 2009


TRAVAUX DU BASSIN N°4 DU SALOU, 4 JUIN 1863 25,5 x 34 cm Source : Musée National de la Marine, 2009

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A’

A

34HA EN CREUX DE RELIEFS

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UNIVERSITÉ

LE SALOU, VU DEPUIS LE PONT DE L’HARTELOIRE, CÔTÉ RIVE DROITE (RECOUVRANCE)

CÔTÉ RECOUVRANCE

BASSIN N°4


BASSIN COUVERT

BASSIN N°6

VUE SATELLITE (Bassin N°4 hors d’eau)

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PULSATIONS EN CREUX DE PENFELD


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LE SALOU DE DEMAIN L’activité militaire étant en baisse progressive ces dernières années (plus de construction de navires depuis 1998), l’arsenal songe aujourd’hui à recentrer ses activités plus en aval de la Penfeld, en son cœur. Le fond de l’arsenal étant peu utilisé, il devient coûteux à entretenir, et représente un territoire très prisé dans Brest « intra-muros » Dans les années qui viennent, une portion du fond de l’arsenal devrait être cédée à la ville, et laissera alors un grand espace en bord de Penfeld, enfin accessible.

SALOU

CAPUCINS

TOURVILLE

RÉVÉLER UN NOUVEAU CŒUR DE VILLE Cette nouvelle cession d’espace en bord de Penfeld pourrait redynamiser la ville et faire revivre Brest depuis les rives de sa composante principale: la Penfeld. Mon projet s’inscrit alors dans la portion de la boucle du Salou, avec comme point central, le Salou. Cette presqu’île centrale se trouve au creux d’un relief fort, et donne place à un espace ouvert comme il n’en existe pas d’autre à Brest, en bordure de fleuve. La situation de cette presqu’île en fait une véritable scène de plein air, et les reliefs qui l’entourent en sont ses gradins. De nombreux points de vue possibles sur la presqu’île du Salou en font un élément central fort, propice au spectaculaire.


LA BOUCLE DU SALOU AU CREUX DE LA PENFELD Source : skyscrapercity.com

TRAVERSER LE RELIEF Descendre au Salou, c’est aussi reprendre conscience du relief qui compose la ville. Les entrées choisies se baseront sur les existantes, mais joueront aussi avec la traversée de la topographie. Plus ou moins progressive. Je souhaite à travers ce projet, faire revivre la topographie basse de la géomorphologie et la Penfeld, et aller, pourquoi pas, jusqu’en dessous du niveau de l’eau.

BREST, UN NOUVEAU VISAGE La dynamique instaurée par le nouveau plateau des Capucins, instaure une nouvelle image de Brest, et met au centre un projet culturel fort. L’aménagement de la boucle du Salou viendrait dans cette continuité et deviendrait une vitrine de la métamorphose de la Penfeld, par sa reconquête urbaine.

REDONNER ACCÈS À L’EAU Après avoir surplombé cette portion de l’arsenal militaire, les Brestois vont enfin pouvoir y mettre les pieds, et vivre ce paysage en son cœur. Redonner accès à cette portion, c’est aussi, permettre d’habiter la partie basse de Brest, jusqu’ici militaire. Le projet que j’aimerais y installer se centre alors sur un travail de proximité à l’eau, et rendre visible, palpable, cet élément, acteur principal de Brest. Il permettrait un dialogue entre les habitants et l’eau, relativement absent à Brest aujourd’huis.

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PERCER LES MURS Sur une portion non négligeable du relief qui entour la boucle du Salou, de hautes cloisons militaires empêchent l’accès, mais aussi la vue sur la géographie basse. J’aimerais créer des percées par endroits afin de reprendre conscience de la localisation des espaces, en particulier sur la «rive» nord, qui occulte presque entièrement l’arsenal à hauteur humaine.


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TOPOGRAPHIE DE LA BOUCLE DU SALOU (COURBE TOUT LES CINQ MÈTRES)

34ha

0

500 m SURFACE D’INTERVENTION (34ha)

Historiquement occupée par une ancienne montagne de schiste, la boucle de Salou constitue aujourd’hui un grand espace ouvert au creux d’un méandre de la Penfeld. Elle est bordée par une forte topographie. Mon intervention s’inscrit sur toute la surface de cet espace ouvert et vient déborder sur les coteaux. Elle représente 34 hectares au sol.


UNE PRESQU’ÎLE BORDÉE PAR UNE TOPOGRAPHIE FORTE

NORD

ORIENTATIONS (Soleil et vents) 73



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L’ÎLE DU SALOU, UN REPOS BIEN MÉRITÉ La mutation du Salou est un projet qui a comme point fort l’espace central du Salou. Je propose ici de faire de cette presqu’île, une île temporairement accessible.

La multiplicité des points de vue donnant sur cet espace permet aussi d’en voir l’évolution.

Après des centaines d’années du contrôle excessif du cours d’eau, et de manière générale, des rives de la Penfeld, on a assisté à une rationalisation du fleuve. L’unité paysagère de la «Penfeld forte» que représente l’Arsenal, reste très canalisée et subit une rationalisation à l’extrême.

Côtoyer cette île sur une période limitée, c’est aussi accorder une importance à un phénomène éphémère. Changeant.

Le principe d’en faire une île et de la rendre inaccessible une partie de l’année, permet de laisser une respiration à cet écrin et faire réapparaître une végétation spontanée, comme il en existe peu à Brest en espace public.

C’est une invitation à la contemplation d’un paysage vivant.

Le bâtiment des Capucins met à disposition des Brestois un espace public vaste et couvert, très apprécié notamment lors des saisons les plus fraîches. L’île du Salou quant à elle, offre un panel complémentaire d’activités de plein air en saison d’ouverture.


RAYONNEMENT

UNE ÃŽLE AU CREUX DU RELIEF

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UNE ÎLE RYTHMÉE PAR LES TEMPORALITÉS

UNE VILLE SYNONYME DE VIE

« Partout c’était épouvantable, il ne restait rien. Mais il y avait la vie. Il y avait une fête foraine déjà, qui reprenait. » Jacques Prévert à propos de Brest en 1946

FAIRE VIVRE EN CREUX DE BREST - UN PRÉTEXTE À L’ÉVÉNEMENTIEL Cet espace insulaire qui se repose l’hiver, repousse en saisons chaudes au rythme d’événements marquants son ouverture et fermeture annuelle, et autre temps forts autour de laquelle la ville aura l’occasion de rayonner. Le festival du Salou pourra alors rejoindre les grands événements du paysage Brestois comme les fêtes maritimes ou les jeudis du port.


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TRAVERSER LE RELIEF Alors que le point fort de ce projet s’oriente principalement sur l’île centrale du Salou, la rive gauche et la majeure partie de la rive droite restent des espaces accessibles tout au long de l’année. De manière à conserver une liberté d’accès à la Penfeld, les Brestois pourront profiter de balades traversant les hauteurs (chemin des reliefs) et de la rive gauche, une rive habitée. DES POINTS DE VUE À L’ÉPREUVE DU RELIEF, DE L’AÉRIEN À L’AFFLEURANT


ACCÈS ET CHEMINEMENTS BÂTI COMMUN BÂTI INDUSTRIEL CHEMINEMENT POSSIBLE ENTRÉES

Chemin des reliefs

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PROGRAMME

LES QUAIS-MARÉGRAPHES RESPIRATIONS DES MARÉES LE BÂTIMENT FER UNE HALLE HABITÉE QUI RACONTE LA PENFELD ET LA GÉOLOGIE BRESTOISE

LA CANALISATION DES MARÉES LIBÉRER LA DYNAMIQUE NATURELLE LE SALOU UN PARC SUR LE THÈME DES EXPLORATEURS ET EXPÉDITIONS HISTORIQUES DE BREST


LE RADOUB COUVERT DES BASSINS ABRITÉS

L’ENTRÉE PRINCIPALE DU SALOU UN NOUVEAU QUARTIER ÉVEILLANT LE CREUX DE PENFELD

LE BASSIN N°4 UN CENTRE NAUTIQUE À L’ABRI DU COURANT

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L’ÎLE DES EXPLORATEURS

PALETTE VÉGÉTALE D’ESSENCES RAMENÉES À BREST PAR LES NAVIRES D’EXPLORATEURS

LE SALOU UN PARC SUR LE THÈME DES EXPLORATEURS ET EXPÉDITIONS HISTORIQUES DE BREST

LE MYSTÈRE DE LA PÉROUSE Source : puydufou.com


Brest étant un port historique pour les grandes expéditions Françaises, on raconte encore aujourd’hui certaines légendes à ce sujet. Cet aspect narratif que porte Brest me semble très important, et intéressant à mettre en valeur à travers cet aménagement. La nouvelle île du Salou, renommée alors « L’île des explorateurs », en référence au jardin du même nom à l’embouchure de la Penfeld, traitera dans son aménagement de légendes et faits d’expéditions marines Brestoises. La Pérouse, un navire d’explorateurs ayant quitté le port de Brest, a pris le large en 1785 pour affronter les mers inconnues. Cette expédition sans retour aura fait l’objet de nombreuses recherches et perdurera dans les légendes de la ville.

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LA PÉROUSE AU PORT DE BREST - EXTRAIT VIDÉO Source: puydufou.com


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LE BÂTIMENT FER UNE HALLE HABITÉE QUI RACONTE LA PENFELD ET LA GÉOLOGIE BRESTOISE Sous le «bâtiment fer», le plus grand de l’arsenal avec ses 350m de long, le projet prévoit d’y installer des logements, espaces culturels et publics. Une travée sur deux au moins (ici représentées en bleu), ne conserve que sa structure, sans toits ni parois, de manière à laisser entrer l’air et la lumière au maximum. La structure apparente témoigne du passé de l’arsenal et apporte une unité à ce « Quartier sous nefs ». Le long d’une travée habitée, un motif de logements individuel alterne avec des percées facilitant l’accès d’une rue à l’autre. Les espaces les plus proches de la Penfeld sont des espaces publics extérieurs et une halle d’exposition est dédiée à l’histoire de la Penfeld en partie, la composition et formation géologique de Brest pour l’autre partie. Ces lieux constituent un observatoire pérenne du territoire Brestois.


QUAIS - GRADINS RESPIRATION DES MARÉES

ESPACE DÉDIÉ À LA GÉOLOGIE DE BREST ET L’HISTOIRE DE LA PENFELD

HABITAT

Le remodelage des quais laisse entrer la Penfeld sous les nefs et participe à la mouvance de cet espace de vie, au rythme des marées. À marée basse, les quais constituent des gradins offrants un panoramas affleurant sur l’île.

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LA RESPIRATION DES MARÉES, UN MARÉGRAPHE À CIEL OUVERT Un second point fort de ce projet, consiste à creuser les quais sur une portion, de manière à accorder plus d’ampleur à la Penfeld. La gradation en trois paliers permet une visibilité par étape de la montée et descente de l’eau. Des mesures en font une sorte de marégraphe que l’on peut lire depuis les quais, ou les vues en hauteur.

UN PENFELD MOUVANTE

Marée basse

DONNER DE L’AMPLEUR À LA RESPIRATION DES MARÉES Marée haute

Ces paliers (très légèrement inclinés vers l’intérieur des terres de manière à retenir quelques sédiments), laisseront place au fil des années, à une végétation spontanée. Ce nouvel écotone soulignera la présence de vie grâce à la Penfeld.


UNE ROTULE CONNECTANT LA PENFELD SAUVAGE À LA PENFELD FORTE La boucle du Salou étant à l’interstice entre la Penfeld aux rives végétalisées (Penfeld sauvage) et la Penfeld façonnée par l’arsenal (Penfeld Forte), elle connecte par le projet et fait dialoguer le vivant avec l’inerte. Je propose ici de redonner à la Penfeld sauvage la liberté de mouvements qu’offrent les marées, en mettant hors service le dispositif de contrôle des fluctuations, en amont du Salou.

Rives de Penfeld actuelles à hauteur d’eau constante

LIBÉRER LA DYNAMIQUE NATURELLE POUR DES BERGES SAUVAGES DISPOSITIF DE CANALISATION DES MARÉES

PENFELD SAUVAGE

PENFELD FORTE

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CONCLUSION Le projet de mutation de la boucle du Salou s’inscrivant sur le fond de l’Arsenal, permet une reconquête de Brest jusqu’à sa topographie basse. En effet, la session militaire de cette portion de l’arsenal devient une opportunité riche, laissant place à un espace public de 34 hectares devenir une réappropriation urbaine et fluviale. L’accessibilité aux bords de Penfeld, c’est aussi la possibilité de traverser Brest depuis ses plateaux, jusqu’aux radoubs et réinstaurer un dialogue entre le maillage urbain et son territoire. Cette reconquête éloigne alors le risque de perte de géographie qui menace la ville aujourd’hui. La progression douce à travers les différents niveaux, que propose le «sentier des reliefs», est aussi un espace de contemplation, qui donne à voir Brest, son histoire, et son dynamisme.


La création d’une île centrale végétale et d’une zone tampon permettant à la Penfeld de respirer, place au centre un intérêt certain à la renaturation en cœur de ville, autour et dans laquelle une vie urbaine «pulse». Le « Brest de basse altitude » devient alors un nouveau cœur de ville, lieu de vie, de festivités, et de narrations Brestoises.

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L’ÏLE DES EXPLORATEURS SELON ÉLÉANORE, 5 ANS ET DEMI

MERCI À Bruno Tanant pour m’avoir guidé et laissé la liberté de faire un projet qui me plaît, Aux copains de promo qui ont rendu ces trois années inoubliables, À mes parents, mes frères et sœurs et ma grand-mère pour leur soutien et surtout leur aide précieuse, À mes nièces pour leur suggestion d’« île aux panda s», « avec pleins de bambous et des pandas dedans », ... Ce sera pour la prochaine île, promis. Une pensée pour Pierrot, à qui j’aurai aimé présenter ce projet.


Regain the Arsenal seabed to rejuvenate the city of Brest from its shores

Brest, a military and a port city, gradually rationalized the river that crosses its center: the Penfeld. Slowly, the urban layout has taken off from its vernacular base. There isn’t any contact with its territory anymore. Brest, sailors’ city, evokes the ocean all day long but oddly, the ocean can only be seen from few places. It can be smelled but you won’t see it, you won’t touch it. Brest is also a city made of rocks and reliefs, which deserves to visit its abers and valleys, to feel its topography and its visible geology. But in this case, geography got lost. Lost, by an arsenal that freezes the access to a low ground topography and forces you to fly over this relief with a one-eyed cable car going straightforward. The city hides its territory. Therefore, a risk of separation between the two becomes apparent.

This project is about going for the reconquest of the first inhabitant of Brest: the Penfeld. The requalification of the Salou’s loop features a new island, the Island of explorers, which lives according to the seasons and can be contemplated from the heights or within its heart. A new neighborhood appears in a way to allow the “fluvial Brest” to live from its shores. These new life spaces coexist with the Penfeld, to which is given more space in order to make it breath and to see it evolve with the tides.

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RECONQUÉRIR LE FOND DE L’ARSENAL POUR DYNAMISER BREST DEPUIS SES RIVES Brest, ville portuaire et militaire, a progressivement rationalisé le cours d'eau qui traverse son cœur : la Penfeld. Peu à peu, la trame urbaine s'est décollée de son socle vernaculaire. Tout contact avec son territoire est rompu. Brest, ville de marin qui évoque l'océan à longueur de journée, mais étrangement on ne le perçoit que très peu. On le sent, mais on ne le voit, on ne le touche pas. Brest, c'est aussi une ville de roche et de relief, qui mérite que l'on traverse ses abers et ses vallées. Que l'on vive son relief et sa géologie affleurante. Mais la géographie ici, s'est perdue. Enfouie sous l'image d'un arsenal qui gèle l'accès à la topographie basse et nous contraint à survoler ce relief dans la fluidité d'un téléphérique borgne. La ville cache son territoire. On assiste alors à un risque de décollement entre les deux. Il s’agit dans ce projet, de partir à la reconquête de la première habitante de Brest : la Penfeld. La requalification de la boucle du Salou met en scène une nouvelle île, l'île des explorateurs, qui vit au rythme des saisons et que l'on contemple depuis les hauteurs ou en son cœur. Un nouveau quartier fait son apparition, de manière à faire vivre le "Brest fluvial", depuis ses rives. Ces nouveaux espaces de vie côtoient la Penfeld à qui on accorde plus d'ampleur, de manière à la faire respirer et la voir évoluer en fonction des marées.


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