Le village dans le village | PFE 2017

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LE VILLAGE DANS LE VILLAGE LES USINES RÉUNIES À ST LOUP S/ SEMOUSE REQUALIFICATION D’UNE ANCIENNE USINE DE MEUBLES

ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE STRASBOURG

PFE 2017 / notice explicative ATELIER ESPACE ET SOCIÉTÉ SOUS LA DIRECTION D’ÉTIENNE FALK SOUTENANCE SEPTEMBRE 2017

Maud Mettetal



Ce rapport de présentation est une photographie de l’avancement du travail et un témoignage (parfois critique!) de l’atelier de PFE qui a été présenté fin juin 2017. Il témoigne d’un processus d’élaboration dont l’élaboration dans son stade final sera présentée lors de la soutenance orale septembre 2017. Il contient cependant l’ensemble des éléments nécessaires à la compréhension du thème choisi, de sa problématique et de la démarche retenue dans son environnement social et physique en tenant compte des enjeux urbains et architecturaux.



AVANT PROPOS Le choix du patrimoine rural comme sujet de Projet de Fin d’Étude s’ancre dans l’intérêt que je porte à l’aspect sociologique du patrimoine, ce qu’il révèle d’un lieu et de ses habitants. Tout n’est pas patrimoine, mais d’une certaine manière tout peut le devenir si un lieu, un bâtiment, un savoir-faire, fait sens pour un groupe d’individus. Nourrit par mon travail de mémoire qui traitait de la question de la patrimonialisation, un processus d’appropriation et de revalorisation d’un lieu, d’une mémoire, j’ai choisi d’enrichir ma réflexion dans cette direction en choisissant de traiter de la réhabilitation d’un lieu incarnant une mémoire et ayant une symbolique forte. En parallèle, la question des campagnes, des territoires ruraux émergeait comme quelque chose d’important à aborder étant donné les dynamiques territoriales à l’œuvre aujourd’hui, les questions soulevées autour du «bien vivre», de ce que peut être le cadre de vie idéal pour «habiter le monde». Etant originaire de cette fameuse «Campagne» que j’ai longtemps rejeté, l’expérience de la vie en ville pendant mes études est venue rebattre les cartes, et m’a permis de réaliser que les campagnes d’aujourd’hui débordent de potentialités en termes de qualité de vie.

S’est esquissée alors l’envie de réfléchir sur la question du patrimoine rural, sur la manière dont il pourrait être un levier pour revaloriser des lieux à l’échelle locale, en portant la mémoire qu’il incarne à plus grande échelle et développer ainsi une nouvelle identité potentiellement vectrice de développement. D’une certaine manière, ce travail est un moyen de boucler la boucle, de mobiliser les connaissances accumulées pendant ces six années d’étude pour réfléchir à des problématiques peu soulevées lors de mon cursus et qui me tiennent à cœur.



Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier sincèrement mon directeur d’étude, Etienne Falk, pour ses conseils avisés, sa confiance, et son non-dogmatisme libérateur qui m’a permis d’avancer tout en me laissant faire mes propres choix, m’aidant ainsi à clore de la meilleure manière ces études. Ensuite, je tiens à remercier chaleureusement ma directrice de mémoire, Barbara Morovich, qui a su me guider pendant deux ans dans mon travail de mémoire qui a nourrit mon projet de diplôme, et m’a amené à mesurer l’importance d’avoir une attitude réflexive et mesurée quant au lieu qu’on analyse, expérimente, vit, construit. Je souhaite également remercier les différents acteurs locaux qui m’ont ouvert leur portes avec enthousiasme; Monsieur le Maire, l’adjoint au Maire responsable du projet du Conservatoire du Meuble, les propriétaires du site, ainsi que les quelques habitants qui ont sont venus apporter leur regards d’habitants nécessaire à ce travail. Aussi, je suis reconnaissante envers les différents personnes qui sont intervenues lors des corrections qui ont permis d’enrichir le projet avec leur regard extérieur. Enfin, je n’oublie pas mes amies, Majda, Morgane, et Léa, mon compagnon, ma soeur, et mes parents, qui m’ont soutenu et accompagné pendant ces six années.



SOMMAIRE Introduction théorique p.1 Les territoires ruraux en question Le cas du patrimoine dans la mondialisation Le patrimoine industriel rural : un enjeu crucial problématique p.5 Saint Loup sur Semouse : Cité du meuble en devenir La ruralité comme toile de fond Un paysage Une structure Une vie locale Et une ambiance La Cité du Meuble : histoire à réinvestir Un territoire marqué par les friches

p.9

Les usines réunies : état de lieux Un lieu significatif de l’évolution d’un métier Un lieu décousu : le village dans le village Un lieu est 160 ans de bâti

p.29

Reportage photographique p.39 Une ambiance de village Le «musée» Le «Eiffel» Les sheds La «salle des machines» Les curiosités Revaloriser les Usines Réunies : Enjeux et stratégie p.51 Enjeux urbains : un lieu à recoudre Enjeux d’usages : un lieu à redéfinir : vers un lieu public Enjeux paysagers : un site à hiérarchiser Enjeux paysagers : quelques ambiances Bibliographie & Références p.71



introduction .



Introduction LES TERRITOIRES RURAUX EN QUESTION Les «délaissés», les «oubliés» de la France. C’est de cette manière que de nombreux habitants des campagnes françaises se surnomment. Le but n’est pas ici de dresser un bilan politique (quoique), mais d’essayer de mettre des mots sur certaines manières de vivre des habitants des campagnes, afin de saisir l’enjeu qu’elles présentent dans la transformation du territoire. Ce n’est pas un secret, une grande partie des campagnes (notamment l’Est de la France) est en déclin depuis les années 1970, subissant la désindustrialisation qui a vidé les territoires d’activités économiques, et des travailleurs. Cette disparition d’activités économiques a favorisé le sentiment de ne pas partager cette grande aventure de la mondialisation, ou pire, d’en subir les travers. Sans attractivité économique (ou très peu), les campagnes se sont vidées peu à peu, sans attirer de nouveaux habitants en cas de non reconversion d’activités. En marge du phénomène croissant de globalisation visible dans les villes, certains territoires ruraux peinent donc à se réinventer, et à générer de l’attractivité. Pour beaucoup d’habitants des campagnes, l’avenir semble compliqué, voire peu radieux. Beaucoup regardent les friches qui bordent les routes, les champs, ou même occupent les centre-bourgs témoignant d’un «il fut un temps où», attestant d’un passé révolu mais «glorieux», bien présent dans les mé-

moires. D’autres cependant n’y voient qu’un «tas de ferrailles hideux» à enlever pour faire «plus propre», et enfin ôter les traces douloureuses attestant d’un age d’or éteint. Ces deux visions des lieux abandonnés soulèvent la question de la mémoire. Par leur désaffectation, ces usines incarnent aux yeux des habitants des campagnes le déclin, une sorte de raté dans la course à la globalisation, parfois amenant même un sentiment de honte, et de dévalorisation de ces territoires. Oubliés par les pouvoirs publics, négligé par les urbains, et mal-aimé des habitants, ces territoires offrent malgré tout aujourd’hui de nouvelles potentialités, notamment en terme de «confort de vie» offrant un cadre naturel non négligeable, loin des embouteillages, de la pollution, de la vie stressante des grandes villes que décrivait Simmel. Aujourd’hui, les territoires ruraux voient fleurir nombres d’initiatives locales pour redonner vie à ces lieux de mémoire, en cherchant des solutions pour re-dynamiser ces lieux. Même si les avis divergent, que les représentations de ces territoires ruraux et de leurs «traces porteuses de stigmates» diffèrent, ces lieux offrent aujourd’hui un potentiel considérable en terme de revalorisation, et de dialogue social. Si chacun à quelque chose à en dire, il va sans dire que l’intérêt est bien là.

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L’importance DU PATRIMOINE DANS LA MONDIALISATION

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Avec le développement des moyens de transports et de communication, les populations n’ont jamais été autant en mouvement. Par les moyens de communications puissants, les limites géographiques s’estompent et le rapport au lieu dans lequel on vit, on évolue, se transforme. En vivant au rythme de Pékin en habitant Paris, est-ce qu’au final je ne vis pas sur deux continents, un physique sous mes pieds, et un physiologique, où je dors, mange, au rythme de Pékin ? Le territoire dans lequel nous évoluons constitue une part importante de notre construction identitaire, et face à ces limites qui se brouillent, le rapport au territoire se modifie, jusqu’à parfois mener à une sensation de «n’habiter nulle part». Le foisonnement de discours patriotiques, identitaires, et leur dérives extrémistes, témoigne tristement d’un besoin d’ancrage géographique, et donc identitaire de la part des individus. En ce sens, la transformation des territoires notamment ruraux s’avère être un enjeu essentiel afin d’éviter le repli identitaire de ces lieux qui tendent dans ce sens, et de développer des formes inclusives et non pas exclusives des modes de production du territoires par les acteurs locaux. En parallèle, la mondialisation a généré une culture globale, qui tend à uniformiser les cultures, en faisant passer les cultures locales pour du folklore passéiste peu valorisant. Avec

ces effacements culturels, les habitants perdent en partie une constituante de leur construction identitaire, et dans le même temps les territoires perdent de leur spécificités. Face à cette uniformisation des cultures, dans la course à la mondialisation il est aujourd’hui important pour générer de l’attractivité de se «distinguer» de l’autre, d’avoir un petit plus qui attirera des habitants, des touristes. Dans la quête de la distinction, les territoires misent souvent sur ce qui fait leur différence, leur authenticité, à savoir leur histoire, leur patrimoine culturel et bâti. Le «fétichisme» autour du patrimoine cher à Françoise Choay est révélateur de ce besoin de retrouver un ancrage au travers des traces passées matérielles (édifices, monuments, etc) ou immatérielles (culture, traditions, mémoires etc). Ces traces incarnent une époque de stabilité dans notre époque jugée incertaine, en constante mutation, d’où leur importance croissante pour les individus. En ce sens, réinvestir le patrimoine par des processus de patrimonialisation s’avère être pertinent dans le cadre de territoires ruraux, qui, comme nous l’avons évoqué, sont souvent dévalorisés, vidés des activités économiques, premier critère dans le choix du lieu de résidence de la plupart des individus. Réinvestir du patrimoine peut donc s’avérer vecteur de développement puisque cela vise à revaloriser les lieux.


LE PATRIMOINE INDUSTRIEL RURAL : UN ENJEU CRUCIAL Comme évoqué précédemment, le patrimoine rural, notamment industriel, s’avère être un témoin d’un passé révolu, souvent qualifié d’un «c’était mieux avant». Symbole d’un essor économique qui a fait la «grandeur de la France», réinvestir ce patrimoine et, de fait la mémoire qu’il incarne, pourrait permettre de redorer l’image de ces territoires ruraux tout en ré-impulsant une dynamique économique. Les friches industrielles, aujourd’hui «fantômes du passé», par leur réhabilitation, peuvent devenir des acteurs du présent en marche vers le futur. Requalifier ces lieux, en prenant cependant conscience des mémoires qu’ils incarnent, pourrait permettre de faire le lien entre ce passé révolu et idéalisé et un futur jusque là incertain, pour dessiner un nouvel avenir pour les territoires ruraux. Transformer ces usines pour de nouveaux usages, permettrait ainsi aux populations locales de se réapproprier des lieux jusque là sans vie, et d’y créer de nouveaux viviers en terme de lien social et d’activités économiques. En réinvestissant ces mémoires partagées majoritairement par la population vieillissante, il est possible de générer de nouvelles appropriations mémorielles par les habitants plus jeunes, pour qui ces usines désaffectées n’évoquaient rien de plus que des faillites. L’enjeu est alors de réinvestir cette mémoire, sans la dé-

faire de son sens, pour qu’elle fasse sens au yeux de toute la population locale, favorisant ainsi le sentiment de bien commun, et donc de communauté inclusive.

Références bibliographiques majeures CHEVALLIER, Denis, Vives campagnes, le patrimoine rural : projet de société, Ed. Autrement, 2000 CHOAY, Françoise, Le patrimoine en question, Anthologie pour un combat, Ed. Seuil, 1999 GRAVARI-BARBAS, Maria, Aménager la ville par la culture et le tourisme, Collection Ville Aménagement, Ed. Le moniteur, 2013 HARVEY, David, Géographie de la domination, Ed. Les prairies ordinaires, 2008 VESCHAMBRE, Vincent, Traces et mémoires urbaines, enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition, Ed. Presses Universitaires de Rennes, 2008

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problĂŠmatique



Au vu de l’importance que peuvent présenter les friches industrielles en contexte rural en terme de patrimoine pour les habitants, et d’enjeux identitaires, j’ai choisi de m’intéresser à la requalification d’une friche d’une usine de meubles qui fit la renommée d’un village, les Usines Réunies. Les Usines de meubles Réunies incarnent aujourd’hui un intérêt patrimonial considérable pour le village de Saint Loup sur Semouse, en Haute Saône. Elles témoignent dans l’imaginaire collectif d’un âge d’or passé, d’un savoir faire, et d’une renommée considérable aujourd’hui en grande partie disparue. L’objectif au travers de ce PFE est de voir comment la requalification de ce site en développant une nouvelle identité publique peut être vectrice de renouveau pour Saint Loup sur Semouse. L’idée est de fédérer autour de ce projet les populations qui y ont travaillé, ou connu ce site en activité, et les jeunes générations qui, si le travail de mémoire n’est pas entretenu, n’en sauront jamais rien. En réinvestissant ce lieu fort d’un point de vue mémoriel et symbolique, l’objectif est, d’une manière, de réconcilier le passé, le présent, et le futur, en concevant un lieu de partage (de connaissances et de moments de vies) ouvert et mixte, afin de faire perdurer l’identité et l’âme du lieu. 7



ST LOUP Sur Semouse "CitĂŠ du meuble" en devenir .


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ST LOUP, une histoire, une mémoire la ruralite comme toile de fond Saint Loup s/ Semouse se situe en Franche Comté, dans le département de la Haute Saône (70). La commune de 3200 habitants se situe à 45 min de Belfort en voiture, 1h15 de Mulhouse, 35 min de Vesoul, 45 min de Epinal, ou même 1h30 de Nancy. Ce n’est pas pour rien que les distances sont évoquées en distance en voitures, c’est le premier moyen de transport du secteur. Cependant, c’est un des rares départements français sans autoroutes, et les dessertes ferroviaires voient leur nombre diminuer, faute d’attractivité et de développement, manifestant du caractère rural du territoire. La Franche Comté, regroupée sous la grande région Bourgogne Franche Comté, s’avère être un territoire majoritairement rural, mais qui selon l’INSEE s’avère être la région la plus industrielle de France. Malgré la désindustrialisation croissante, l’industrie y est encore très présente (17.3% des emplois sont des emplois industriels). Le deuxième fleuron de la région est l’agriculture (deuxième région agricole), qui s’avère aussi être un élément touristique majeur avec le développement de produits locaux labellisé (Comté, Mondor du Jura, Griottines de Fougerolles, Vins du Jura, etc), non négligeable en terme de patrimoine matériel (le produit fini) et immatériel (des savoirs-faire)

Carte situant la Haute Saone, la communauté de Commune de Haute Comté, et la commune de St Loup sur Semouse au sein de la Franche Comté

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La Haute Saône est un territoire majoritairement rural, et la communauté de commune de Saint Loup ne fait pas exception. Le paysage est fortement marqué par des plaines investies par l’agriculture, les massifs des Vosges méridionales, ainsi que des forêts souvent exploitées. En terme d’emplois, le département reste très industriel (21% des emplois). Pour le département, l’essentiel des activités se situe autour des villes de Vesoul, Luxeuil lès Bains, Gray, Lure et Saint Loup s/ Semouse (52% des emplois du département). Les pôles d’attractivité majeurs du secteur s’avèrent être hors du département, tels que Besançon et Belfort/Montbéliard. De fait, 23 000 Haut-Saônois travaillent en dehors du département, et seulement 8000 personnes ne résidant pas dans le département viennent y travailler. Ceci engendre des flux routiers intenses, et le trajet en voiture vers le lieu de travail est le quotidien de la plupart des habitants du département. Enfin, ceci engendre un déséquilibre en terme de développement, le Nord-Ouest restant peu attractif (comprenant la commune de Saint Loup). La population est estimée à 3200 habitants environs (8e ville du département), répartis sur 16.5 km² avec cependant une multitudes de hameaux, et villages environnant (13 communes) qui forment le canton de Saint Loup s/

Semouse estimé à 13 900 habitants (avant 2015), et 18 600 habitants après le regroupement de 2015 (38 communes), formant la communauté de communes de Haute Comté. Saint Loup s/ Semouse s’avère être une commune relativement structurante à l’échelle du département, mais l’est encore plus à l’échelle de la Communauté de Commune. Cette dernière présentent des disparités démographiques, avec la moitié Est plus peuplée, offrant plus de services, et la commune de St Loup est en première ligne pour accueillir les habitants de la moitié Ouest (notamment pour les services). La partie Est est également celle qui voit démarrer le massif des Vosges, avec un paysage plus vallonné. En terme de tourisme, certains éléments caractéristiques du territoire sont à prendre en compte pour leur intérêt patrimonial. La première chose est que Saint Loup fait partie du Parc Naturel des Vosges Saônoise, avec de nombreux itinéraires de randonnées (cyclistes & piétons) plus ou moins proches. La Source du Planey (10min) s’avère être un élément du patrimoine local notable, ainsi que le Château Maillard (Saint Loup). Aussi, un tourisme thermal est relativement bien implanté dans le secteur, avec les Thermes de Luxeuil les Bains (15 min en voiture) et de Plombières les Bains (20 min).


Carte de la Haute Sâone situant la communauté de commune de Haute Comté et sa dualité en terme de population au sein du département de la Haute Saone

Ainsi, les éléments patrimoniaux sont disséminés sur les petits villages, créant un réseau de «petit patrimoine» que la communauté de commune souhaite valoriser en développant des réseaux piétons et cyclistes, tout en prenant en considération les nombreuses friches industrielles qui offrent un potentiel d’espaces mémoriaux à revaloriser. La commune de Saint Loup s’inscrit directement dans cette dynamique de

revalorisation des friches industrielles afin de réinvestir son identité de «Cité du meuble» qui a fait sa renommée et qui peut aujourd’hui générer un renouveau en terme de dynamique sociale et économique. J’évoquais plus haut la «quête d’authenticité» des territoires pour attirer des habitants, des touristes, St Loup a trouvé la sienne. 13


Un paysage...

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Comme évoqué précédemment, Saint Loup joue un rôle essentiel au vu de sa position géographique entre la moitié Est de la Communauté de Communes plutôt active et peuplée, et la moitié Ouest plus fragmentée et moins peu peuplée. Les services qu’elle offre touchent donc une population au delà de sa limite communale, et génère de l’attractivité. L’employeur principal s’avère être l’entreprise de meubles en kit Parisot (leader français du meuble en kit et deuxième employeur de Haute Saône), employant 830 salariés. Au total, selon l’INSEE, il y a 1285 postes actifs pour la commune (821 Industrie, 45 Construction, 228 Commerce/transports/services et 191 Administration publique/enseignement/action sociale). Cette offre est non négligeable. Il est également nécessaire de préciser qu’une grande part de la population ne travaille pas dans la commune, occasionnant des trajets en voitures matin et soir impactant sur la vie de la commune, flux auxquels on peut ajouter ceux des personnes travaillant à St Loup mais n’y vivant pas. Enfin, elle s’inscrit dans un maillage denses de villages très proches les uns des autres, séparés par des champs ou des zones boisées essentiellement, et la commune se déploie autour de la rivière la Semouse.

1000 m


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... Une structure ...

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Le village s’organise autour de plusieurs éléments structurant : deux routes principales qui se rejoignent au centre du village et qui le traversent, et la rivière la Semouse. Le centre bourg regroupe beaucoup de fonctions, notamment les petits commerces (boulangeries, pharmacies, tabacs) qui animent le cœur du village et participent à l’ambiance de village et de proximité . L’avenue Christiane Jansen, la route qui se déploie au sud du village depuis le centre, est celle qui permet de relier St Loup à Vesoul (17 100 habitants), en passant par plusieurs villages évidemment. C’est donc un axe essentiel et très emprunté. D’un autre côté, la route qui se déploie vers l’Est est celle qui mène à Luxeuil les Bains (8 450 habitants) entre autre, menant donc à un autre bassin d’activités. Le village s’est donc développé autour de la Semouse dans un premier temps, qui présentait un intérêt pour diverses fonctions (lavoirs, tanneries etc) et puis plus récemment différents quartiers se sont constitués. Après la Seconde Guerre Mondiale, l’immigration va engendrer la construction de deux quartiers, tout d’abord le quartier du Chanois, au Sud, relativement déconnecté du centre bourg, ainsi que le quartier du Mont Pautet au Nord. Ces derniers se composent pour une

grande part de logements sociaux, avec plusieurs «barres» côtoyant du pavillonnaire. Le quartier le plus récent, celui du Vieux Château est quant à lui semblable à la plupart des lotissements construit dans les années 2000, qui continue de croître sans étant réellement relié au village.

Vue sur le centre du village, les quais et la Semouse

Vue depuis le quartier du Chanois sur le village (milieu 1980’)


le mont pautet

le vieux château

le chanois

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... une vie locale ...

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Comme je l’ai évoqué précédemment, pour sa taille, le village offre tout de même une certaines quantité de services. Le centre est relativement dynamique avec tous les petits commerces de proximité qui maintiennent une ambiance vivante. Ces commerces sont essentiels pour la vie locale, mais surtout pour la population vieillissante (grandissante) pour qui elle incarne une valeur symbolique et une nécessité pratique. A cela s’ajoute un marché (depuis 1850), une fois par semaine qui réunit une centaine d’exposants chaque semaine, qui se déploie de chaque côté de la Semouse au centre du village. Malgré sa petite taille, la commune possède trois écoles primaires et maternelles : une au centre, au Mont Pautet, et au Chanois, bien que ces deux dernières perdent des effectifs. On y trouve aussi un collège qui regroupe des élèves de la commune et venant des villages qui gravitent autour de Saint Loup. À cela s’ajoute une maison médicale, une maison de retraite, plusieurs petits supermarchés, des entrepôts commerciaux, et plusieurs usines en activités (la plus conséquente pour le village et le secteur étant l’usine Parisot), ainsi qu’une église et une mosquée. Ceci témoigne de la mixité relative tant sociale qu’en terme d’activité économique, même si la majorité des emplois sont des emplois salariés et ouvriers. Aussi, de nombreuses friches viennent

témoigner d’un âge d’or révolu, laissant ainsi des dents creuses, des délaissés largement visibles. La vie locale est également animée par un monde associatif relativement important (une soixantaine d’associations), avec une vingtaine d’associations sportives, un centre socio-culturel qui regroupe une quinzaine de clubs et des permanences périscolaires, sans compter les diverses associations caritatives, les associations liées à la mémoire de guerre (Anciens Combattants, Anciens Déportés etc), et d’autres qui participe au lien social. Plusieurs manifestations viennent aussi rythmer la vie du village, telle que la foire qui existe depuis 1928 et qui prend la place du marché une fois par an (initialement animée par les fabricants de meubles locaux), les Journées du Patrimoine qui prennent place aux anciennes Usines Réunies, désormais fermées, et qui visent à rappeler l’héritage industriel et artisanal local, etc. Au Sud-Ouest du village se trouve également une zone de loisirs autour des étangs du Roupoix, qui sont relativement fréquentés par les promeneurs, les pêcheurs, les coureurs, mais également lors d’évènements plus ponctuels comme le 14 Juillet, certaines brocantes. C’est un lieu de vie non négligeable qui est cependant loin du centre du village (25min à pieds). A l’est on trouve également les étangs des Ballastières, zone de loisirs moins conséquente.


LeS BALLASTIères

Le Roupoix

Supermarchés Equipements scolaires Services publics Lieux de culte Equipements de santé Restaurants Petits commerces Friches industrielles Activités construction Surfaces commerciales Usines en activités Désaffectés

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... et une ambiance convivialite

pittoresque nature bucolique

vivante eau remarquable taille humaine

mixite mĂŠmoire lenteur simplicite

proximitĂŠ

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la "cité du meuble" : une histoire à réinvestir

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Aujourd’hui la commune cherche à revaloriser son passé, consciente des enjeux que présentent les friches en termes de mémoire et de potentiel. Le réaménagement de deux friches, celui des Usines Réunies et de La Filature sont actuellement au cœur des discussions. La ville de Saint Loup sur Semouse porte son nom de Saint Loup, évêque de Troyes, qui empêcha les Huns de s’emparer du village en 451, et de la rivière la Semouse qui traverse le village. Ce dernier a cependant acquis sa renommée bien plus tard, avec son qualificatif de «Cité du meuble» au XIXe siècle. Il tient ce surnom des nombreuses entreprises d’ameublements qui lui ont permis de se développer. En 1896 (environs 3600 habitants), dans l’agglomération de SaintLoup – Magnoncourt (village qui s’y accole), un chef de famille sur deux travaille dans l’ameublement, sans compter les canneuses, les vernisseuses et la centaine de sculpteurs. C’est plus de 400 ouvriers qui travaillent dans le meuble, et plus de 150 dans la fabrication de chaussures à St Loup. L’industrie du meuble s’est développée après celle des chaussures. La fabrication de chaussures à St Loup est liée au commerce du cuir qui était florissant dès les années 1500, alimentant à l’époque toute la région. Cependant, vers 1860, avec la mécanisation, le secteur des tanneries, clouteries décline, et c’est un certain François Lebrun qui va

amorcer la transition de l’industrie locale vers la fabrication de meubles en rachetant «la clouterie» pour développer la fabrication de chaises, qui deviendra les Usines Réunies 40 ans plus tard, et qui fera la renommée du village. De nombreuses entreprises liées au meuble s’installèrent se développèrent alors dans la commune par la suite, et dès 1891 la plupart des entreprises se spécialisèrent dans la fabrication de sièges de style, les Usines Lebrun en tête obtenant des récompenses aux expositions de Paris. Saint Loup sur Semouse devient alors un vivier d’entreprises d’ameublement avec une renommée considérable et des artisans hautement reconnus. Une Foire Exposition du Meuble sera même créée en 1926, présentant une fois par an sur les quais de la Semouse le résultat du travail considérable des entreprises locales, foire ayant eu une renommée bien au delà du département, et qui existe encore aujourd’hui. Malgré tout, ce portrait «glorieux» est à nuancer notamment en terme de qualité de vie qu’il impliquait. Entre 1896 et 1903, d’importantes grèves éclatèrent et de nombreuses revendications sociales s’élevèrent entre la Chambre Syndicale de l’Ameublement de St Loup et Magnoncourt et les entreprises, notamment aux Usines Réunies et à l’entreprise Walser. St Loup en sera de fait surnommée un temps «La rouge, la socialiste, la syndicaliste».


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En ce sens, la fabrication de meuble fait partie de l’identité du village puisqu’elle a rythmé la vie des habitants et de nombreux salariés. Cependant, les Usines Réunies s’avèrent être l’entreprise la plus symbolique, puisque pionnière dans le secteur et enfin la plus renommée de Saint Loup. La Société des Usines Réunies de SaintLoup-sur-Semouse a été fondée en mai 1903 par la fusion des Etablissements des enfants de François Lebrun, de Saint-Loup-sur-Semouse (précédemment Maison Veuve Lebrun et fils, puis MM. Pierre & Cie, puis Enfants Lebrun), et les Usines de Magnoncourt, créées en janvier 1900 (anciennement : maison de Mme Veuve Bardoz & fils, puis MM. Bardoz & Lefranc (société créée en 1893), puis MM. Bardoz (fils), Lefranc et de Maillard (en 1897)). La fabrication de meubles s’effectue dans les Usines de Magnoncourt & de St Loup un temps, puis rapidement la production s’effectuera uniquement sur le site de St Loup, ne laissant que les logements ouvriers habités à Magnoncourt. En 1903, 530 personnes sont employées aux Réunies. Dès les années 1930, le savoir faire des ouvriers des Réunies, notamment lié au siège de style (Louis XIV, Louis XV...), permet à l’entreprise d’ouvrir une boutique à Paris. Ces usines incarnent une histoire et une mémoire considérable, parce qu’elles ont participé à la visibilité

et la légitimité du village au delà de ses limites communales, car on leur attribue la décoration des salons Louis XV du Palais de l’Elysée, un hémicycle de trois cents places pupitres destiné à la salle Colbert du Palais Bourbon, les sièges ignifugés du paquebot « Le Normandie » ainsi que des meubles fabriqués pour le Shah d’Iran, sans compter les nombreux meubles vendus à l’étranger, outre Atlantique notamment. En 2012, les Usines Réunies ferment leurs portes, le meubles de style et d’art n’étant plus suffisamment demandé. Le dernier représentant de cet «âge d’or» s’avère être aujourd’hui l’usine Parisot, fondée en 1936, qui s’est reconvertie assez rapidement dans le meuble en kit, et qui est aujourd’hui un des leader européen en terme de fabrication de meubles en kit. Aujourd’hui, la municipalité cherche à réinvestir cette mémoire de « Cité du meuble» avec le projet de faire un musée autour des collections retrouvées dans les Usines Réunies. Plusieurs artisans souhaitent également s’installer sur le secteur pour poursuivre leur activité liée au bois ou au meuble.


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un territoire marqué par les friches 1. & 10. • Usines Réunies de Meubles - LEBRUN (St Loup) (1858 puis fermeture en 2012) (1) - BARDOZ (Magnoncourt) (1831 puis fermeture en 1903 lors de fusion) (10) 2. • Filature de l’Augrogne (1659, filature à partir de 1850, plus aucune activité dès 1900, aujourd’hui logement) 3. • Meubles DETRAIT (1919) Moulin construit en 1700 (fermeture 1970) 4. • Chaussures BORDES (fondée en 1906 et fermeture 1958) 5. • Meubles CHOLLEY-ARCHAMBAULT (1930), puis Filature PERRIN (1958) 6. • Filature Héritiers PERRIN (1950 et fermeture en 1991) 7. • Meubles WALSER (1870 et fermeture en 1939/40) 8. • Meubles LAGRANGE (construction en 1900, meubles de 1933 -2004) 9. • Chaussures DESQUEUX (1930), puis Broderie mécanique STRIEVI (1958) fermeture en 1999 26

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LES usines réunies ÉTAT DES LIEUX D’UN DEVENIR .


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LES Réunies, témoin d’un âge d’or un lieu significatif de l’évolution d’un savoir-faire La date précise de la construction du premier bâtiment n’est actuellement pas connue, mais il remonte au milieu des années 1800. En lien avec le développement florissant de l’usine, le site s’est agrandit avec de nouveaux bâtiments adaptés aux nouveaux usages, témoignant aujourd’hui d’une évolution symbolique. En 1875, 95 personnes y travaillent, 272 en 1893, 530 en 1903 lors de la fusion des usines de Magnoncourt et de St Loup. En 1907, malgré la croissance de l’entreprise, une grève éclate et 70 personnes sont licenciées, presque 1/6e de l’effectif de l’entreprise. Ces derniers fondent la Coopérative de Production de meubles et siège de l’Avenir (photo ci contre). En 1908, l’entreprise Réunies embauche encore 550 personnes, mais au sortir de la 1ère Guerre Mondiale, il n’y a plus que 150 ouvriers. En 1960, les effectifs sont de 200 personnes, et ce nombre diminuera jusqu’à la fermeture en 2012, comptant seulement une cinquantaine de personnes. Au vu de ces fluctuations, le site apparaît alors comme un témoin essentiel pour plusieurs générations.

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un LIEU Décousu : un village dans le village Le site se trouve à 5 minutes à pieds du centre du village, en empruntant la rue Henry Lebrun (Nord). Il possède deux accès, par la rue de la Croix Partey, et un par l’Avenue Christiane Jansen (Est), un des axes principaux du village. Malgré tout, le site est relativement décousu du tissus environnant. Les bâtiments se situent en retrait de l’avenue. L’ensemble du site, du point de vue du cadastre, fait 16 hectares, ce qui est relativement vaste pour le village, surtout à deux pas du centre bourg. Les espaces extérieurs laissés à l’abandon donnent un effet de «village dans le village». Le centre du site est occupé par les bâtiments, avec un «cœur» (orange) semblable à une place publique miniature, et le pourtour est fait d’espaces extérieurs laissés en friches avec de la végétation, apparaissant comme une «fin» de village. L’accumulation de bâtiments de différentes époques et leur agencement entre eux accentuent encore cela, s’apparentant aux centres historiques des villages qui se sont construit au fur et à mesure. L’autre élément essentiel dans la structure du site est l’eau, autrefois utilisé pour faire fonctionner les machines, il donne à nouveau un aspect de village s’étant construit autour de l’eau, fabricant une sorte d’île, tout comme Saint Loup s’est construite autour de la Semouse. 32


TIAN E JAN

HRIS

UE C

AVEN SEN

RUE DE LA CROIX PA RTEY

"cœur"

33

RUE HENRY

LEBRUN


Ces vues présentent l’accès depuis l’Avenue Christiane Jansen, et témoignent ainsi de la non-visibilité du site depuis cette rue. De par son caractère rectiligne, fortement accentués par les clôtures, haies des différentes parcelles de l’avenue. De plus, comme évoqué précédemment, l’Avenue Christiane Jansen est presque exclusivement résidentielle sur toute sa longueur, elle possède quelques rez de chaussée commerçants lorsque l’on s’approche du centre bourg seulement. Cette avenue est empruntée quasi exclusivement en voiture, et par des flux pendulaires, le site des usines Réunies n’apparaissent donc pas comme un lieu qui marquerait le trajet visuellement étant donné qu’il est peu visible sauf si l’on s’arrête vraiment.

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un lieu et 160 ans de bâti 1. Bâtiment d’origine, milieu du XIXe siècle, atelier de fabrication de siège 2. Atelier de fabrication construit dans le style Eiffel, en cours de classement au Patrimoine, vers 1930, magasin à meubles 3. Chaufferie et cheminée, milieu du XIXe siècle 4. Écuries et grange, milieu XIXe siècle 5. Séchoir à bois, milieu XIXe siècle 6. Atelier mécanique et stockage sciure puis séchoir à bois, milieu XIXe siècle 7. Atelier de fabrication de 1960 qui a remplacé un bâtiment de 1920 8. Atelier de fabrication, extension de 1983

* *

9. Atelier de fabrication (sheds), vers 1920 10. Atelier de débit (sheds), vers 1920, puis magasin industriel 11. Séchoir à bois en bois, milieu XIXe siècle 12. Scierie, vers 1920

* *

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*

** * * 11

13. Logements puis bureaux, fin du XIX siècle e

14. Conciergerie puis bureau du directeur, fin du XIXe siècle *. Séchoirs à bois détruits en 2012 **. Hangars industriels, années 1980 36

*


2

1

13

1 8

14

1 10 9 **

4

7

3 ** **

**

6 5 **

** **

** 12

** **

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reportage photographique .


Â

une ambiance de "village "

E

F

E 1 & 13

1 1

E D

8

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E 7

1

E

4

3 6 5

11

A 40

3

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E 10 A

2 2

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14

13

E

C 12

10

9

4, 5, 6

7

C 12

F C 12 & 7

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le "musĂŠe"

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le "Eiffel"

Rez de chaussée 1er étage 2e étage

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les "sheds"

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la "salle des machines"

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les curiositĂŠs

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enjeux et stratĂŠgie .



LES usines réunies en devenir enjeux urbains / un lieu à recoudrE Le site des Usines Réunies apparaît comme un lieu à la fois très proche du centre du village relativement dynamique, très proche d’un axe de passage majeur du village, mais pourtant totalement décousu du reste du tissus urbain. Le premier objectif est de faire de ce lieu une nouvelle articulation au cœur du village, qui permettrait de relier par un nouvel itinéraire doux le centre du village à la zone de loisirs du Roupoix, située au Sud Ouest qui tend à se développer. Bien évidemment, il s’agit ici de générer un nouveau lieu de vie et pas uniquement un lieu de passage. Cet espace est envisagé comme une extension du centre du village, qui possède actuellement les activités commerçantes, mais peu d’activité culturelle. En concevant ce projet comme une extension du centre du village, cela permet de recoudre le site à son environnement. Autour du site des Réunies on trouve essentiellement du résidentiel, l’idée est donc de concevoir un lieu qui intègre des fonctions pour les habitants, la vie locale, tout en intégrant la capacité mémorielle du site, qui est emblématique en terme d’histoire et de mémoire. De cette manière, l’idée est de «réconcilier» trois lieux : le centre ville vivant et commerçant avec le pôle de loisirs en ajoutant un

entre deux, le site des Usines Réunies, qui serait à la fois un lieu culturel et un lieu de loisirs pour les habitants, pensé encore une fois comme une extension du centre du village. Enfin, afin d’asseoir la nouvelle identité du site, c’est à dire sa fonction publique, l’objectif est de rendre le site lisible et visible depuis l’avenue Christiane Jansen, et la rue Henry Lebrun, apparaissant comme une nouvelle entité faisant partie intégrante du tissus urbain.

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enjeux d’usages / un lieu à redéfinir : vers un lieu public Comme cela a été mentionné précédemment, ce site témoigne de 160 ans d’utilisation, de modification et destruction pour des usages industriels privés. L’objectif est de faire de ce lieu un nouvel espace de vie locale, c’est à dire un lieu public inclusif et non plus exclusif, tout en appuyant cet imaginaire autour du village dans le village. Le programme se décline autour de plusieurs thématiques, et il doit faire du lieu à la fois : • un lieu qui réactualise et valorise la mémoire du lieu, en développant un pôle création qui s’articule entre un musée (qui incarne le passé), un pôle artisanat (lieu de travail d’artisans, comme étant la version «présente» du musée), un fab’lab (qui se présente comme un lieu de création ouvert à tous tourné vers les nouvelles technologies) et enfin une halle de produits locaux-café, incarnant le patrimoine local et le «terroir». • un lieu de partage et de loisirs, qui se dessine au travers d’espaces de détente tels de des parcs paysagers, des jardins partagés, une serre participative et aussi la halle de produits locaux qui, couplée à un petit restaurant/café génère un intérêt supplémentaire et amène à rester sur le lieu tout au long de la journée et soirée.

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• un lieu pour la vie locale, au travers d’une salle polyvalente, d’un petit auditorium, de salles associatives, d’une médiathèque, de la halle de produits locaux/café, et d’un fab’lab

• un espace qui viendrait faire le lien entre le centre bourg et la zone de loisirs des étangs du Roupoix au travers d’une promenade traversant le site, des places et des espaces paysagers, faisant de ce lieu un lieu de passage mais également un lieu de vie • un lieu qui peut accueillir des évènements éphémères, marchés nocturnes, marchés gourmands, expositions, projections de films au travers d’un amphithéâtre couvert, d’une rue couverte, et des différentes places

• et enfin, ce doit être un lieu d’accueil, dans le sens où il propose des logements temporaires pour des artisans en stage, en formation au niveau du pôle artisanat, ainsi que des logements seniors afin de proposer des logements adaptés aux personnes âgées qui ne peuvent par exemple plus vivre dans leur propre maison trop grande. Il est visible que certains éléments apparaissent dans différentes thématiques, ce qui est voulu dans le sens où ces éléments de programmes deviennent des éléments fédérateurs du projet puisqu’ils génèrent une mixité d’usages et d’usagers. L’objectif est de faire un lieu ouvert, où les différents programmes dialoguent entre eux; le pôle création avec le monde associatif, le monde associatif qui peut créer des évènements autour des différents espaces paysagers etc; et cette ouverture est permise par les différents espaces extérieurs qui articulent le lieu.


un lieu qui réactualise la mémoire

un lieu pour la vie locale

un musée un pôle artisanat un fab lab une halle de produits locaux

un auditoritum une médiathèque une salle polyvalente des salles associatives une halle de produits locaux un fab lab

un lieu de partage et de loisirs

un espace de lien entre le centre bourg et les étangs du roupoix

des parcs des jardins partagés une halle de produits locaux une serre participative

une promenade des places des espaces paysagers

un lieu d’accueil

un lieu pour les évènements éphèmères

logements temporaires pour artisans logements «seniors»

un amphithéatre couvert des places une rue couverte des espaces paysagers 55


Pour répondre aux objectifs du programme, l’enjeu a été de définir quels éléments existants seraient détruits, ou modifiés ou conservés. L’idée est de conserver cette image de village inhérente au lieu, tout en permettant une nouvelle lisibilité et une nouvelle organisation. En rouge apparaissent les bâtiments détruits, qui présentaient peu de valeurs architecturales (des hangars industriels datant de la fin du XXe siècle, ou début XXIe, etc), de valeur mémorielle ou de valeur d’usage. Le premier élément qui est détruit est le bâtiment contenant les anciens bureaux de l’administration (1), qui permet d’ouvrir l’espace de créer une place (4) et de mettre en valeur le bâtiment 2 accueillant le musée. Le bâtiment 3, la «salle des machines» est détruit également afin de libérer encore l’espace et de créer une intériorité plus ample (4). Le reste des bâtiment en rouge n’a pas été conservé du fait de leur état de délabrement et de leur nature, pour beaucoup des hangars industriels. En orange apparaissent les bâtiments conservés en partie, dont la morphologie est amenée à changer partiellement, en lien avec le programme qu’ils contiennent.

56


3

2

4

1

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L’organisation du site a été pensé en rapport avec les 3 «zones d’influence» dont il pouvait bénéficier. Au Nord-Est s’articulera le pôle création, avec le musée, le pôle artisanat, et le fab lab, qui apparaît en premier lorsque l’on vient du centre bourg. C’est la zone qui bénéficiera du plus de mixité en termes d’usagers, des travailleurs, des touristes, des visiteurs, des habitants, des artisans, etc. Au Sud-Est, c’est l’accès par l’avenue Christiane Jansen qui définit l’organisation du programme, et par son caractère résidentiel l’idée a été de placer les fonctions liées à la vie locale : les salles associatives, la médiathèque, la salle polyvalente, la serre participative. Ces éléments s’adresseront essentiellement aux habitants, bien qu’un dialogue existe entre les différentes entités du programme. Enfin, à l’Est, se trouve un entre deux, avec la halles de produits locaux à la fois tournée vers le public arrivant des deux accès, fédérant tous les usagers; un parc artistique (qui présentera des installations, sculptures d’artistes locaux), à la fois en lien avec le pôle création et la vie locale par son statut de parc. Enfin, entre ces éléments l’objectif est de dégager une place-rue, articulée entre deux places, l’une au nord (accès depuis le centre bourg), et une au sud vers la promenade menant

aux étangs du Roupoix.

esp / lo


pace naturel oisirs

Plan de l’existant avec les intentions d’organisation du lieu

Centre bourg / commerçant

avenue christiane jansen / résidentiel

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1. Musée 1 bis. Espace de rénovation du musée 2. Pôle artisanat : lieu de travail pour des artisans en rapport avec l’univers du meubles : sculpteur, menuisier, designer, tapissier.. 3. Fab’lab 4. Halle de produits locaux et café/restaurant 5. Auditorium 6. Salle polyvalente 7. Salles associatives 8. Serre participative 9. Logements temporaires pour artisans 10. Médiathèque 11. Jardins partagés 12. Parc 13. Parc artistique : parc boisé avec des interventions d’artistes et d’artisans locaux (land art, sculptures...) 14. Place-rue 15. Rue couverte et amphithéâtre 16. Logements seniors

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13


1BIS 1

3

14 5 2 6 4 &9

15 12

7 & 10 8 11

16

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1. Musée 1 bis. Espace de rénovation du musée 2. Pôle artisanat : lieu de travail pour des artisans en rapport avec l’univers du meubles : sculpteur, menuisier, designer, tapissier.. 3. Fab’lab 4. Halle de produits locaux et café/restaurant 5. Auditorium 6. Salle polyvalente 7. Salles associatives 8. Serre participative 9. Logements temporaires pour artisans 10. Médiathèque 11. Jardins partagés 12. Parc 13. Parc artistique : parc boisé avec des interventions d’artistes et d’artisans locaux (land art, sculptures...) 14. Place-rue

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15. Rue couverte et amphithéâtre

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16. Logements seniors 16 Vue du bâti projeté et de la répartition du programme la morphologie de certains bâtiments n’est pas totalement définitive, et peu être amenée à changer

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13

4 &9 5

6 1 15 7 & 10

14 1BIS 2

3

12 63


enjeux paysagers / un SITE à hiérarchiser En rapport avec le programme établi en amont, l’objectif est de venir «tenir l’espace», en développant des espaces extérieurs paysagers en lien avec la structure du lieu existante : une rueplace intérieure, des espaces verts et la présence de l’eau, tout en redéfinissant les accès. Concernant l’accès depuis le centre bourg, afin d’affirmer le lien entre le centre et le site, l’idée est de prolonger la rue Henry Lebrun jusqu’au site. Aussi, l’idée est d’affirmer la place intérieure comme axe structurant du lieu, comme les schémas précédent l’ont montré, et ainsi de faire de cet espace de lien entre le centre bourg et les étangs, un espace de vie à l’échelle du village et à l’échelle du site. Elle vient articuler à les différents éléments du programme, le pôle création, l’espace de restauration de la halle de produits locaux, le parc artistique, et le pôle associatif. Tout peut ainsi dialoguer. Afin de recoudre le site plus amplement au niveau de l’avenue Christiane Jansen, l’idée a été de concevoir de l’habitat senior en bande qui se déploie vers les bâtiments existants (3) (à développer les mois à venir), ajoutant ainsi une dimension temporelle supplémentaire, et intergénérationnelle.

Ensuite, l’idée a été de faire ressortir l’eau qui avait été canalisée et recouverte pour les besoins industriels, et d’en faire à la fois un lieu paysager de détente et contemplation, mais aussi un lieu pédagogique au travers de l’écosystème biologique qu’elle présente. L’eau est traitée comme un fossé drainant paysager, alliant l’eau, une promenade, et une végétation favorisant le développement des écosystèmes naturels. Enfin, les espaces verts sont différenciés entre un parc (1) liant l’avenue Christiane Jansen avec l’accès depuis la rue de la Croix Partey, créant ainsi, une dilatation de l’espace au niveau de l’avenue Christiane Jansen pour créer une rupture de son caractère rectiligne; des jardins partagés (2), et un parc artistique comme expliqué précédemment. Un réseau de chemins piétons vient enfin structurer l’ensemble en s’appuyant sur les chemins existants et sur les traces des rails utilisés autrefois.

Ambiance

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Plan masse projeté Ce dernier est évidemment amené à gagner en clarté et en précision

1

2 3

autour du fossé drainant

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enjeux paysagers / quelques ambiances

Vue depuis l’avenue Christiane Jansen : développer de l’habitat senior en bande à côté du parc

Vue depuis l’avenue Christiane Jansen : ouvrir l’espace sur un parc, avec la végétation faisant un effet d’appel.

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Ambiance autour du fossĂŠ drainant

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Plan du rez de chaussée Ce dernier est évidemment amené à évoluer et à se préciser.

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BIBLIOGRAPHIE .

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BIBLIOGRAPHIE & références • CHEVALLIER, Denis, Vives campagnes, le patrimoine rural : projet de société, Ed. Autrement, 2000 • CHOAY, Françoise, Le patrimoine en question, Anthologie pour un combat, Ed. Seuil, 1999 • CHOAY, Françoise, L’allégorie du patrimoine, Paris, Ed. Seuil, coll. La couleur des idées, 1999 • CURNIER, Sonia & MARCHAND, Bruno (dir.), En mutation, conceptions urbaines, projets contemporains de reconversion de sites industriels en Suisse, Ed. INF • FAGNONI, Edith, Patrimoine versus mondialisation ? , Revue Géographique de l’Est [En ligne], vol. 53 / 3-4 | 2013, mis en ligne le 02 juillet 2014. URL : http://rge.revues.org/5048 • GRAVARI-BARBAS, Maria, Aménager la ville par la culture et le tourisme, Collection Ville Aménagement, Ed. Le moniteur, 2013 • HARVEY, David, Géographie de la domination, Ed. Les prairies ordinaires, 2008 • KAHN, Axel (dir), Campagnes, l’alternative, Ed. Libre & Solidaire, 2016 • RENET, Christian, Mémoire en Images, Le Canton de Saint Loup sur Semouse, Ed. Alan Sutton, 2009 • VESCHAMBRE, Vincent, Traces et mémoires urbaines, enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la démolition, Ed. Presses Universitaires de Rennes, 2008

Ce projet s’inscrit en lien avec la thématique de mon mémoire recherche qui a largement enrichi ma réflexion et m’a permis d’avoir une base théorique essentielle : • La Grand Rue de Strasbourg : la patrimonialisation comme appropriation conflictuelle de l’espace public, sous la direction de Barbara Morovich, 2016 • RICHARD SERRA : Sculptures • RCR : Théatre de la Lira, Gérone, Espagne • C. BERDAGUER & M. PEJUS : Gue(host) House, Delme, 2012 • HERZOG & DE MEURON : Vitrahaus, Weil am Rhein, Allemagne, 2010 • CITE ARCHITECTURE : Requalification Filature, Ronchamp, 2017 • OMA : Prada Fondation, Milan, Italie, 2015 Pre-opening • Studio Associato Bernardo Secchi Paola Viganò, Park Spoor Noord, Anvers, Belgique, 2009 • FULPUS Mireille, projets de land art, notamment «les 4 sorel»

Les images présentées pour le village St Loup sont des images glanées au fil de mes recherches sur Internet, les photographies du site sont le fruit de plusieurs visites, et les documents graphiques sont également personnels.


Ce projet cherche à apporter une réflexion sur la question des friches industrielles en territoire rural, et ce qu’elles peuvent représenter comme valeur identitaire et mémorielle, et donc patrimoniale. L’idée derrière ce travail est de voir comment la requalification d’une ancienne usine de meubles emblématique, à Saint Loup Sur Semouse, dit «Cité du Meuble», en Haute Saône, peut être vectrice de renouveau pour le village, en proposant un projet s’articulant autour de nouvelles fonctions pour la vie locale tout en conservant l’identité du site, un petit village dans le village.

patrimoine - territoires ruraux - requalification lieu de vie - espace public - mémoire - paysage

2017


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