Et si grenade m'était conté autrement ?

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ET SI GRENADE M’était conté autrement ?

GRENADE, L’EAU ET SES HOMMES

RÉCITS PAYSAGERS DE LA VALLÉE DU RIO DARRO, VERS UNE RECONQUÊTE DE SES PATRIMOINES AGRICOLES

RÉCITS PAYSAGERS DE LA VALLÉE DU RIO DARRO, VERS UNE RECONQUÊTE ?

Travail Personnel de Fin D’Études Juin 2017 École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux

Maxime Introduction PAILLERl 1


« por manera que de todas partes es Granada abundantìsima de agua de rìos y fuentes... Si miran (las casas) a la vega se ven tantas arboledas y frescuras, y tanto lugares metidos en ellas, que es contento... » « ainsi, de tous les recoins de Grenade, l’eau des rivières et des fontaines est abondante... Si l’on regarde les maisons depuis les berges, l’on peut alors contempler beaucoup de promenades et d’oasis, et tant d’autres endroits aux véritables enchantements. » Luìs de Marmol Carvajal chroniqueur espagnol

2 l Introduction

DIplôme soutenu. le 27/06/2017 à Bordeaux

1520-1600


Aux rĂŞveurs.

Introduction l 3


prologue

Pourquoi l’eau est le thème principal de ce TPFE ? L’eau raconte nos origines, comment par le génie humain nous l’avons domestiquée. L’adaptation d’une société selon la ressource en eau permet de comprendre les différentes logiques et fondations de ses territoires. Les divers usages et pratiques qui en découlent sont une manière de s’abstraire du réel et de rêver, d’imaginer et de comprendre. Les traces, les patrimoines qui en résultent, sont donc nécessairement perçus comme des éléments à préserver, à réinterpréter et qui inspirent pour une démarche de projet.

Carte extraite de l’ouvrage « 2033. Atlas des futurs du monde », de Virginie Raisson (éd. Robert Laffont). Ou comment réfléchir à notre avenir grâce à la cartographie.

4 l Introduction


SOMMAIRE

I

I UNE OBSERVATION ATTENTIVE : suivre l’eau

p.16-67

1. uNE ARRIVée explicite 2. LA VALLeE DU RIO DARRO, UN BASSIN VERSANT ENTRE la SIERRA NEVADA, LA MONTAGNE, GreNADe, LA VILLE ET LA VEGA, LA PLAINE 3. METHODE D’APPROCHE : COMMENT MONTRER L’INTERDEPENDANCE DES DIFFERENTES ENTITES PAYSAGERES 4. montagne, lignes brisees 5. PLATEAU, vue sur une echelle monumentale 6. versants, surfaces abruptes 7. CONTEMPLATION DES ACEQUIAS 8. lignes horizontales : RICHESSE DES DIFFERENTES TECHNIQUES ET DES DIFFERENTES FORMES DES ACEQUIAS 9. paturages, des indices de la deprise agricole 10. points de reperes, fontaines et aljibes 11. talweg, ligne genereuse 12. plaine fertile, amenagement systemique du fond de vallee 13. FRATRIE vegetale, OLiVIER, chene vert, pin 14. traces, delaisses : ruines des exploitations qui ont forge les paysages 15. ligne fuyante, suivre le rio 16. fenetre sur grenade, lumieres et surprise 17. ALHAMBRA, UNE TERRASSE AmEnagee 18. ALHAMBRA UN JOYAU D’UNE RELATION DIALECTIQUE ENTRE UN JARDIN ET son PAYSAGE 19. alhambra, chercher le beau dans sa diversite 20. POROSITe, relations entre l’aLhambra et grenade l’arrosage, fontaines 21. Paseo de los tristes, quitter le rio daRro 22. chercher le rio darro : Indices d’une occupation passee 23. surprise, le rio darro Ressurgit dans la ville 24. SYNTHESE DES MOTIFS PAYSAGERS RECOLTES : valeurs et points de vigilances

p.20-21 p.22-23 p.24-25 p.26-27 p.28-29 p.30-31 p.32-33 p.34-35 p.36-37 p.38-39 p.40-41 p.42-43 p.44-45 p.46-47 p.48-49 p.50-51 p.52-53 p.54-55 p.56-57 p.58-59 p.60-61 p.62-63 p.64-65 p.66-67

Introduction l 5


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Traces des fondements des paysages : recits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro P.70-103 1. L’HISTOIRE VULGARISéE, RETROUVER UN IMAGINAIRE ET UNE INSPIRATION 2. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 3. la formation du bassin de Grenade : HISTOIRE D’une cuvette intra-montagneuse 4. RIO DARRO CONQUIS 5. GRENADE SOUS L’EMPIRE ROMAIN : la quête de l’or 6. UNE NOUVELLE CONQUETE au xiEme siEcle, capitale du rEgne zirI 7. XIII - XV siecle, grenade nazarie LES ORIGINES DE LA STRUCTURATION DU TERRITOIRE 8. TROIS TYPOLOGIES DE JARDIN CONCENTRéS DANS L’ALHAMBRA 9. CHANGEMENT DES POUVOIRS : UNE NOUVELLE STRUCTURE TERRITORIALE 10. l’ALHAMBRA : une synthese de l’histoire de grenade 5 11. RIO DARRO SUBLIME 12. le romantisme, Elan d’une nouvelle attractivite 13. ELOGE D’UN PAYSAGE ET DE RUINES 6 14. RIO DARRO abandonné 15. GRANDES REFORMES URBAINES : abstraction des structures heritees 16. une REFORME HYGIENISTE, COUPER LE LIEN 17. d’extensions en extensions ; la vallee du rio darro devient une anecdote 7 18. UNE PRISE EN COMPTE PROGRESSIVE DU GRAND TERRITOIRE 19. UNE EQUITE DES PATRIMOINES : VERS UNE NOUVELLE STRATEGIE TERRITORIALE 8

6 l Introduction

p.72-73 p.74-75 p.76-77 p.78-79 p.80-81 p.82-83 p.84-85 p.86-87 p.88-89 p.90-91 p.92-93 p.94-95 p.96-97 p.98-99 p.100-101 p.102-103


3

Rio Darro : Les dynamiques en présence p.104-127 1. 2. 3. 4. 5.

POURQUOI SE SAISIR DU PAYSAGE EST-IL PERTINENT ? LES ACTEURS INSTITUTIONNELS ET LES OUTILS RéGLEMENTAIRES DE LA PLANIFICATION TERRITORIALE VALLEe, VILLe, PLAINE : trois entitEes caracteriseeS par DES DYNAMIQUES DIVERSIFIeES recit touristique : une strategie urbaine centree sur l’image une modernisation du reseau hydrographique : une disparition progressive des patrimoines hydrauliques 6. Changement de tutelle : des prairies aux bosquets, differents modes de gestion sur la prevention des incendies 7. UNE Plannification territoriale, ambiguE 8. UN patrimoine social subtil en danger : les pratiques individuelles et collectives autour dES cours d’EAU 9. protection de la vallee : la region classe la vallee du RIO DARRO COMME UN BIEN D’interet culturel 10. une reappropriation des berges du rio darro : strategie fonciere sur le long terme 11. UNE CROISEE DES CHEMINS : hiearchisation des enjeux paysagers

p.107 p.108-109 p.110-111 p.112-113 p.114-115 p.116-117 p.118-119 p.120-121 p.122-123 p.124-125 p.126-127

Introduction l 7


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recolte des pratiques paysageres associEes AUX PATRIMOINES DE LA VallEE DU RIO DARRO p.130-155

1. RECOLTE DES PAYSAGES « EN CREUX » p.131 2. LES TYPOLOGIES D’ACTEURS RENCONTRES : CHERCHER UNE COMPLEMENTARITE p.132-133 3. la methode employee : un entretien sequence p.134-135 Garcia Pulido Luis, docteur dans l’Architecture et l’Archéologie, p.136-137 Natasha Prévos, chercheuse à l’Institut de développement régional à l’Université de Grenade p.138-139 virginie Brazille,patronato de l’alhambra p.140-141 NANI BIEDMA, diversifier l’offre touristique de l’alhambra p.142-143 Paco Lopes : CHEF DU SERVICE «BOIS ET JARDINS» DE L’ALHAMBRA p.144-145 ASSOCIATION ECOLOGISTAS EN ACCION, JAVIER EGEA p.146-147 ASSOCIATION AMIGOS DEL CAMINO (AMIS DES CHEMINS) p.148-149 ASSOCIATION MEMOLA, JOSé MARIA MARTIN CIVANTOS p.150-151 ASSOCIATION GRANADA EN TRANSICION, JOSE SANCHEZ p.152-153 4. comment relier les enjeux de protection de l’alhambra, la revitalisation de la vallee et l’integration de nouveaux acteurs ? p154-155

8 l Introduction


5

Creation d’un parc agricole et culturel, PROJET DE TERRITOIRE DANS LA DURee, en lien avec les acteurs p.158-203 ELEMENTS DE STRUCTURES DU TERRITOIRE carte des lieux a enjeux 1. CONSOLIDeR Le vocabulaire du vegetal 2. travailler 3. COmMUNIQUER l'eau, element stRucturant de la place 4. CULTIVeR 5. valoriser 6. CONTEMPLeR 7. boire 8. DEAMBULeR 9. se baigner 10. sublimEr 11. MANGER 12. SE RELAXER 13. Habiter 14. Dormir 15. se promener

p.160-161 p.162-163 P.164-165 p.166-169 p.170-171 p.172-173 p.174-175 p.175-177 p.178-179 p.180-181 p.182-183 p.184-185 p.186-189 p.190-191 p.192-193 p.194-195 p.196-199 p.200-201 p.202-203 CONCLUSION LEXIQUE BIBLIOGRAPHIE

Introduction l 9


INTRODUCTION

Tentative de définition : Le paysage peut être perçu comme une structure matérielle vécue, une construction symbolique propice à un récit et un objet de médiation. Le paysage exprime aujourd’hui, sous ces multiples facettes matérielles et symboliques, la globalité et la continuité de l’espace vécu dont il est devenu, par là même, un instrument d’analyse et de gestion.

Au cœur de la Cordillère Bétique, sur une voie de communication naturelle tracée dans le sillon de la vallée fertile du Rio Darro et du Genil, Grenade se situe à la confluence de ces deux vallées. Dans un milieu aride, sec, les civilisations romaine, arabe, puis chrétienne ont doté le territoire d’une structure qui relie trois entités paysagères : la vallée, la ville et la plaine. Cet héritage se manifeste par la démonstration de la maîtrise de l’eau, qui est centrale pour dominer et développer le territoire. Provenant des glaciers de la Sierra Nevada, l’eau s’introduit jusque dans les maisons et jaillit dans les subtiles fontaines des milles et un patio de la ville. Ainsi, le contrôle et la gestion de l’eau vivifie la ville au travers de ses ruisseaux, canaux, moulins, ponts et puits. Grenade est résumée au monument l’Alhambra. Cette sublimation émerge suite aux voyages et aux récits des romantiques au XIXème siècle, d’une histoire passée, d’une époque révolue. Cette mono-représentation du territoire est pourtant inspirée par d’autres patrimoines, notamment agricoles, qui ponctuent la vallée du Rio Darro. Ils sont des témoins des différentes civilisations qui ont forgé les paysages actuels. Ces traces fondent le paysage de Grenade, tant dans son identité que dans ses tracés, son fonctionnement, ses ressources. Les paysages générés sont constitutifs de l’identité même de la ville et fonderaient la valeur de son existence future. On définit une valeur comme « ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d’un point de vue personnel ou selon les critères d’une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre » (Dictionnaire Larousse). Or, ce patrimoine est de nos jours renié.

10 l Introduction


Les logiques citées précédemment qui ont forgé les paysages sont oubliées dans les différentes stratégies territoriales et sectorielles déployées dans la vallée du Rio Darro. Un changement de pratiques agricoles, notamment dans la gestion du domaine hydraulique, entraîne le long des versants une érosion progressive. Par ailleurs, on assiste à une fermeture progressive des paysages, car les versants s’enfrichent et les pâtures disparaissent au profit de masses boisées. En parallèle de cela, la mairie de Grenade mise son développement économique et territorial sur le tourisme intensif. Dans son document “stratégie grenade 20162020 : En faisant un urbanisme plus humain ”, il est aisé de comprendre que l’action publique va se traduire par l’entreprise d’initiatives axées sur le développement de la culture, des universités et des commerces. Le Rio Darro, quand à lui, est traité dans un “ plan de conservation des zones vertes et de la biodiversité locale ”. L’action publique consistera à “résoudre le problème des déchets, qui entraînent des nuisances pour les habitations à proximité du fleuve”. Une entité qui assumerait les partis pris, avec pour horizon de structurer une action collective sur un ensemble territorial, manque.

Et pourtant, l’interdépendance entre l’urbain et le rural est le thème déployé ici. Cette étude mise sur un glissement des représentations des paysages à partir d’un bien commun, l’eau. Le changement des pratiques, liées aux patrimoines, permet d’inspirer et de fédérer un territoire. Ainsi, en quoi la suggestion et la création de nouvelles pratiques paysagères, autour des patrimoines de la vallée du rio darro, génèrent-elles une nouvelle armature territoriale ? Cette étude s’appuie sur l’observation des morceaux de paysage où l’eau entraîne des formes et des pratiques diversifiées, dans trois domaines : l’Alhambra et les jardins, l’urbain et l’agriculture. Par la suite, il s’agira de mettre en récit les paysages, grâce aux patrimoines identifiés, à travers trois chapitres : le rio darro conquis, le rio darro sublimé et le rio darro abandonné. L’analyse des dynamiques actuelles, qui influencent les paysages de la vallée du Rio Darro, sera abordée. Par la suite, la rencontre d’acteurs permettra d’identifier les marges de manœuvre pour agir sur ces paysages. Enfin, il s’agira de proposer un enchaînement d’actions, structuré dans le temps, qui devrait permettre la réappropriation de la vallée du Rio Darro. Une stratégie territoriale est proposée pour se déployer sur l’un des versants sud de la vallée du Rio Darro, au pied de l’Alhambra, qui appartient au patronato de l’Alhambra. Ce parc péri-urbain est en effet une limite poreuse aujourd’hui entre la ville de Grenade et le début des monts Bétiques. Ces actions se veulent être à la base du récit de la « reconquête » des paysages de la vallée du Rio Darro, selon différents temps et différents chapitres.

Introduction l 11


Une vallée dont les pratiques et les représentations sont à reconquérir Préalable d’une stratégie de ménagement du territoire

QUELS ELEMENTS DU PAYSAGE SONT A REVITALISER ?

LECTURE D’UN HERITAGE PAYSAGER

Problèmes

Manifester et articuler les données physiques et culturelles, géographiques et historiques, autour de la structuration du réseau hydrique Potentialitées des qualités paysagères ex : représentations et usages autour du Rio Darro

Valeurs paysagères Les différents récits qui ont conditionné le paysage d’aujourd’hui Le Rio Darro conquit Le Rio sublimé Le Rio abandonné, changement des ressources

Les éléments à préserver, à révéler Echelle du lieu

ACTIONS PARTAGEES, EN DIFFERENTS CHAPITRES

Aller à la rencontre d’acteurs Partager et confronter les points de vues

Les outils

Fiches actions structurées autour de trois axes : parc, agricole, culturel

Les fiches actions transmises aux acteurs concernés Créer, Gérer, Communiquer

12 l Introduction

Echelle du grand territoire

méthodes et limites Un texte a inspiré la méthode proposée dans ce diplôme, et a permit de définir des points de vigilances. « Les expériences sont à la fois nombreuses et lacunaires. Et les risques encourus sont grands : le projet sur le grand paysage est sans cesse guetté par des écueils qui surviennent à chaque tournant, différents dans chaque contexte. Les tentations sont nombreuses : – celle du scientisme, lorsque s’affirme trop exclusivement le recours à la manipulation de données pour traiter de la multiplicité des phénomènes qui affectent la fabrication du paysage ; – celle de la sophistication, lorsque la manipulation des signes et des concepts prend le pas sur l’observation et l’approche relationnelle ; – celle de la dilution lorsque l’approche relationnelle, c’est à dire la qualité du lien tissé avec les gens, éclipse toutes les catégories précédentes ; – la plus courante demeurant la tentation d’une approche organisationnelle mécaniste, où les étapes de transmission d’une catégorie d’acteurs à l’autre, d’un registre du discours à l’autre, ne sont pas pensées autrement que le long d’un schéma linéaire, à sens unique, sans rétroaction, sans réitération. – ne parlons pas de la tentation normative, de la confiance excessive dans les règles… de la tentation formaliste, du geste… du schématisme d’un prisme d’interprétation trop étroit… de l’emprise des idéologies… de la combinaison en boucle du registre médical, et gestionnaire… – sans oublier la tentation, toujours très prégnante dans les milieux professionnels concurrentiels, d’une lecture héroïque des interventions des concepteurs, les séparant artificiellement de l’ensemble de leurs réseaux de collaborateurs, de leurs commanditaires, de la culture de la commande qui préside bien souvent à l’aboutissement d’un projet remarqué. Et pourtant, c’est au milieu de ces multiples tentations que se dessine le chemin de l’agir, la voie du projet sur le grand paysage. On peut s’en effrayer, se décourager des nombreux niveaux de compétence nécessaires pour envisager ce chemin.»

DES SYSTÈMES DE PROJETS POUR SAUTER, UNE NOUVELLE FOIS, AUDESSUS DU FOSSÉ. Par Alexis Pernet


Observation Eau Facteur déterminant pour la vie

ET SI GRENADE M’était conté autrement ?

Végétation

acequias AGRICULTURE Distribution scenographie adaptation

bâti

alhambra tracés urbains urbanisme gestion

enjeu interdépendance des différents paysages

OBJECTIF le changement des pratiques, ASSOCIées aux patrimoineS, POUR INSPIRER et fédérer un territoire

EN QUOI LA SUGGESTION ET LA CRéation de nouvelles pratiques paysagères, autour des patrimoines de la vallée du rio darro, engendrent une nouvelle armature territoriale ?

nouvel horizon glissement reconquête

rio abandonné rio mis en scène Rio conquiS mémoire de recherche

absence d’UNE STRATégie territoriale équitable MONOREPRésentation du territoire

érosion incendies

concentration des fluxs touristiques sur l’ALHAMBRA

> Schéma de la méthode

DYNAMIQUES

prairies disparaissent au profit des bosquets changement d’agricuLture

université

réseau associatif

rencontre

patronato alhambra Introduction l 13


SITUATION Point de confluence entre l’Afrique et l’Europe, et autrefois porte vers les Amériques, l’Andalousie se caractérise par une ouverture sur l’autre, l’extérieur. Entre la présence de la civilisation musulmane, d’aménagements romains, de la reconquête des rois catholiques, de la culture communautaire gitane et la découverte du nouveau monde, c’est une identité plurielle dont jouit la région. Par ses contrastes, l’Andalousie est fascinante. De l’Estrémadure et Castille-la-Manche à Murcie, la région s’étend dans le sud de l’Espagne. Ses côtes baignent à la fois dans l’Atlantique et dans la Méditerranée, et ses terres mêlent ombres et lumières, plaines et déserts, aridité et fraîcheur. On retrouve les montagnes rocailleuses de la Sierra Morena et les éternels sommets enneigés de la Sierra Nevada, les mers lisses

14 l Introduction

< Carte de la position de l’Andalousie dans l’Espagne

de la Méditerranée et les plages sauvages de l’Atlantique, la vallée fertile du Guadalquivir et ses vastes zones marécageuses. En Andalousie, la diversité est aussi celle des cultures. Théâtre de principales œuvres, poèmes et récits de voyages, terre d’accueil de multitudes d’ethnies, c’est pourtant la couleur festive, le flamenco et la soif d’expériences à laquelle est bien souvent résumée l’Andalousie. Lisez les brochures touristiques, il y sera fait mention d’une quête de soleil et de rêves. Mais du fait de ses paysages, son architecture, sa musique, sa littérature ou encore son mode de vie, cette terre andalouse possède un tempérament si particulier, souvent réduit à ces stéréotypes, qu’il faudrait une vie entière pour l’appréhender.


realejo SACROMONTE cAMINO DE RONDA albacin CATHEDRALE GENERALIFE alhambra RIO GENIL

DEHESA DEL GENERALIFE jesus del valle rio darro

Carte de la vallée du Rio Darro, mise en valeur de la structure du réseau hydrographique

Introduction l 15


16 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau


I

I

UNE OBSERVATION ATTENTIVE suivre l’eau

1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 17


cAMINO DE RONDA

albacin

CATHEDRALE

realejo alhambra

« Dessiner, c’est sélectionner, sélectionner, c’est interpréter, interpréter, c’est proposer » M. Solà - Morales i Rubio « La forme d’un pays », Quaderns, Extra 1, 1981

RIO GENIL

18 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau

Paseo de los tristes,


rio darro

<< Carte qui situe la vallée du Rio Darro par rapport à Grenade

Cette partie propose la synthèse des caractéristiques remarquables qui résultent de l’interrelation des facteurs naturels et humains. Ce carnet est donc un objet qui accompagne la lecture de ce diplôme, afin de permettre au lecteur de se représenter : - les grandes entités paysagères qui structurent le territoire ; - des fragments de quotidien des habitants de Grenade ; - les végétaux qui sont les plus emblématiques, tant par leurs silhouettes que leurs associations à des milieux ; - l’évolution des aménagements le long du Rio Darro ; L’eau sera le fil conducteur des différentes représentations. Plus précisément, la manière d’être distribuée, sa scénographie ou encore sa distribution seront des outils pour assimiler les logiques qui forgent le paysage. Sa présence, ou sa supposée absence, est génératrice de la compréhension du territoire.

Le Rio Darro joue donc un rôle dans la perception des paysages de l’eau, des plus hautes parties de la vallée aux espaces les plus horizontaux, tels que la plaine. En somme, le Rio Darro est un fil d’Ariane. Ce carnet souhaite aussi montrer un ensemble de lieux qui influencent, ou qui montrent, l’armature territoriale. Ce travail de terrain permet de définir les limites de l’aire d’étude. A partir de ces lieux, il est donc possible d’avoir une vision axée sur l’interdépendance entre Grenade et la vallée du Rio Darro. Par ailleurs, il s’agit de proposer un vocabulaire paysager, afin de créer un lexique commun avec l’ensemble des acteurs rencontrés durant cette étude. Enfin, c’est pour moi le récit imagé de cette année de découvertes, d’apprentissages et d’exigences. Bon voyage.

1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 19


une arrivée explicite

ville basse

1 : le versant de l’Albaicín

2 : promontoire de l’Alhambra

Croquis depuis le terminal de la station ferroviaire.

Bien souvent, c’est la première image qu’un grand nombre de visiteurs ont historiquement eu à leurs arrivée à Grenade. Il est possible d’apprécier trois des grands éléments paysagers qui caractérisent le paysage urbain de Grenade : le versant de l’Albaicín, le promontoire où l’Alhambra est localisée et la ville basse. De plus, derrière les constructions contemporaines, la Sierra Nevada surgit, derrière la basse ville située dans la plaine.

20 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau

1 2


jesus del valle

DEHESA DEL GENERALIFE RIO GENIL

1

2

Cerro del Sol, N

Plaine, vega

vallée du Rio Darro

Bloc-diagramme situant les grands points de repères, le long du bassin versant

1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 21


LA Vallée DU RIO DARRO, UN BASSIN VERSANT ENTRE la SIERRA NEVADA, LA MONTAGNE, GRENADE, LA VILLE ET LA VEGA, LA PLAINE

sierra nevada

VALLée rio darr0

Vega - PLAINE

22 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau

VALLée Génil

Face à cela, le climat de Grenade est de type méditerranéen continental, avec des étés chauds et secs (maximale : 35 °C) et des hivers froids (minimale : -4 °C) du fait de l’altitude de Grenade (738 m). La ville est protégée des vents par la Sierra Nevada. Conséquence, l’amplitude thermique est très notable à Grenade entre ces 2 saisons. De plus, grâce au diagramme ombrothermique cijoint, on peut comprendre que les précipitations sont majoritairement Le Cerro del Sol, la montagne du fréquentes hors de l’été. soleil, massif montagneux abrupt, sépare les vallées du Darro au Nord, La présence d’arbres, tels que les et du Genil, au Sud. Le Cerro del Sol orangers, nous indique qu’il n’y a pas fait partie d’un corps sédimentaire de jours de gel. L’ensemble de ces de quelques 200 mètres d’épaisseur caractéristiques (le climat, la nature : la « Formation Alhambra ». Ce du sol et du sous-sol), influencent conglomérat est spécifique quant directement le relief actuel, qui à sa diversité obtenue à partir de s’explique par l’activité d’une série plusieurs roches métamorphiques de failles qui sont caractérisées par (quartzites, micaschistes, gneiss...). des orientations Nord-Ouest / SudCette formation géologique se Est. Ces failles échouent au pied caractérise par son imperméabilité. de Grenade, pour laisser place à la Concrètement, l’eau de pluie rentre plaine fertile, la Vega. peu dans les nappes phréatiques. Il est donc aisé de comprendre d’un seul coup d’œil la structure territoriale : la sierra nevada, suivie de la vallée du Rio Darro et enfin la vega. Ces trois entités sont délimitées, entre autres, par le relief mais aussi par le réseau hydrographique. En effet, la vallée du Rio Darro est un bassin versant. C’est à dire que la vallée draine l’ensemble de ses eaux vers un exutoire commun, en l’occurrence le rio darro.

< Vue axonométrique qui situe les trois entités


Diagramme ombrothermique >>

argiles lourdes et imperméables, sur les plateaux sable siliceux à grains fins et irréguliers, présent dans les dépressions, le long des cours d’eaux

conglomérat Alhambra, le long des versants

N

Les différents types de sols que l’on retrouve le long de la vallée du Rio Darro

1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 23


chaussures pleines de boue Méthode D’APPROCHE COMMENT MONTRER L’interdépendance DES Différents PAYSAGES ? d’arrosages, masses végétales, moulins, ponts, tracés agricoles.... Par ailleurs, cette approche s’apparente à celle dite de la « dérive ». Celle-ci est définie comme telle : « Entre les divers procédés situationnistes, la dérive se définit comme une technique du passage hâtif à travers des ambiances variées. Le concept de dérive est caractérisé par l’affirmation d’un comportement ludique-constructif, Il s’agit de récolter des indices ce qui l’oppose en tous points aux paysagers qui manifestent la notions classiques de voyage et de présence de l’eau dans le paysage : promenade »1 fontaines, puits, systèmes Afin de repérer et de comprendre les différents paysages, une méthode a été mise au point. La démarche utilise principalement la marche à pied comme moyen de transport. Cette méthode permet de pouvoir partager l’expérience de la découverte du territoire, de rencontrer « par hasard » des habitants et de définir rapidement des limites à l’aire d’étude.

Carnet de note chapeau

1 DEBORD Guy Ernest N° 9 (novembre 1956) de la revue LES LEVRES NUES, rééditée en intégralité par les Ed. Allia en 1995.

Cartes à différentes échelles

Matériel de dessin Un livre choisi au préalable, qui montre d’anciennes illustrations 24 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau

Dictionnaire Rencontre avec un ancien berger


PASEO DE LOS TRISTES

LA PLAINE

L’ALHAMBRA

vue aérienne avec les 4 entitées qui structurent la démarche

VERSANT ADRET

N

1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 25


DEHESA DEL GENERALIFE

montagne, lignes brisées Offrir une autre vision sur Grenade : tel est l’objectif de l’enchaînement de ces différentes vues, afin de rappeler les liens qui unissent Grenade à sa géographie. A l’origine se trouve la montagne. Les vues sont structurées par la rudesse de ces lignes qui se brisent.

Il est possible de percevoir un « gradiant paysager » du haut du versant jusqu’au talweg. La covisibilité entre les deux versants de la vallée, adret au Sud et ubac au Nord, permet de comprendre instantanément la structure du territoire, à savoir l’étagement.

GENERALIFE

alhambra

jesus del valle

rio darro

<< Axonométrie de la vallée

26 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau


1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 27


PLATEAU, vue sur une échelle monumentale

Du haut du plateau del llano de la perdriz, il est possible de contempler et d’apprécier les différents « étages » de la vallée. Au premier niveau, le plateau. La couleur rouge écarlate des argiles sublime cette vue offerte On peut avoir l’impression de se sentir dans une clairière, dont

les limites sont suggérées par les lignes de crêtes délimitant la vega et la plaine. Les grandes perspectives dessinées par le relief permettent de contempler l’ensemble du territoire. Ces fenêtres visuelles sont des points de repères essentiels dans ce désert.

motifs d’Herbes rases, composée de graminées

DEHESA DEL GENERALIFE 28 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau


versant adret

albacin

versant ubac SACROMONTE

Vue depuis le plateau Llano de la perdriz 1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 29


Motif de brousaille : arbustes, herbes rases Barrancos, érosion diffuse

versants, surfaces abruptes

Des versants non irrigués longent le plateau. Les pentes sont davantage prononcées vers la rivière Darro. Les eaux de ruissellement sont drainées par des ravins, le long de ces dépressions. Du fait que ces failles sont des conduits préférentiels pour la circulation de l’eau, cela augmente l’effet d’érosion hydrique.

30 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau

L’érosion progressive du « Conglomérat Alhambra » qui s’effectue sur ces versants entraîne la formation d’un paysage singulier. Conséquence, les relations visuelles horizontales sont structurées par l’enchaînement des Barrancos. On désignera sous ce terme des ravins avec des parois étroites et escarpées produites par le passage de l’eau qui entraîne une érosion diffuse. On retrouve ici le rôle déterminant de l’eau dans la formation des paysages.


1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 31


Vue sur la vallée du Rio Darro

CONTEMPLATION DES ACEQUIAS Cette eau qui s’écoule le long des versants a été canalisée sous forme d’acequias. Les acequias, dont l’origine provient de l’arabe « al-saqiza », désignent les canaux au sein desquels l’eau est guidée. Les canaux sont approvisionnés depuis les différentes sources de la Sierra Nevada. On comprend aisément la relation nécessaire qui subsiste entre le forme topographique du versant et le bon fonctionnement de ces acequias.

32 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau

Concrètement, si les acequias ne sont pas entretenues, l’érosion progressive du versant s’accentue. Cela se matérialise dans le paysage par l’enfrichement de ces canaux. Ce sont donc des anthropoécosystèmes, c’est à dire des écosystèmes dont la qualité est assurée par la bonne gestion qu’en ont des hommes.


Vue des acequias sur le versant Adret de la vallĂŠe du Rio Darro

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lignes horizontales : RICHESSE DES DIFFERENTES TECHNIQUES ET DES DIFFERENTES FORMES DES ACEQUIAS Ces canaux conduisent l’eau du dépôt jusqu’au lieu d’utilisation. Ils ont une légère pente, généralement comprise entre 0,2% et 0,5% Les acequias s’étendent sur des kilomètres. Un chemin d’entretien est systématiquement à côté du canal, permettant ainsi le passage d’un homme à pied. En effet, un entretien assidu est nécessaire, afin d’évacuer d’éventuels dépôts.

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: Lit 5 : Barrage : Digue 6 : chemin d’entretien :34Déversoir 7 : l’eau Lit l 1 : Une observation attentive : suivre : Gouttière

les « partidores »

<< Détail du fonctionnement des acequias

Les acequias se divisent en deux groupes : - les acequias mères permettent la circulation de l’eau du début jusqu’à la fin du réseau d’irrigation. Elles forment la colonne vertébrale du réseau. - Les acequias secondaires se greffent sur les premières et permettent d’acheminer l’eau à chaque parcelle, ou à chaque groupe de parcelle. Après avoir transité dans ces différentes acequias, l’eau est répartie pour l’arrosage par les «partidores». Il s’agit d’une ouverture pratiquée sur un côté de l’acequia, qui permet de passer du canal à la parcelle à arroser. Les systèmes utilisés pour fermer et ouvrir les « partidores » sont très élémentaires : portes en bois, métal pour les plus importants... Dans chaque parcelle, l’eau continue à être canalisée par des systèmes différents mais respecte toujours la même logique : l’eau se dirige suivant les sillons pratiqués auparavant par l’agriculteur.


Schéma du système du chemin de l’eau >>

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Motif des acequias : végétation de ripisylve qui suit les canaux

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pâturages, des indices de la déprise agricole


En descendant le versant adret, il est aisé de constater que le paysage s’enfriche, qu’il se ferme visuellement. En effet, des masses arbustives surgissent, composées de végétaux qui ont un stade de développement entre 10 et 15 ans. Ces arbustes commencent à disparaître au profit d’arbres. De plus, le chemin de l’eau est dévié.

Les acequias, qui structurent le réseau hydrographique le long du versant, ne permettent plus le transport de l’eau. Les fossés se comblent. Au lieu de suivre les canaux, parallèles aux courbes de niveaux, l’eau s’écoule perpendiculairement, accentuant l’effet d’érosion hydrique. Conséquence, les chemins associés à ces canaux disparaissent. Il s’ensuit une perte de repères, tant visuels que fonctionnels

Différentes acequias qui sont enfrichées

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points de repères, fontaines et aljibes

Plan et coupe des aljibes, près de la source du Noisetier

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Le réseau hydrographique est structuré de manière à pouvoir canaliser l’eau, mais aussi à pouvoir la stocker. Ces ouvrages sont des fontaines ou des aljibes. Ils sont la manifestation des mouvements d’eaux souterrains. Cependant, du fait que les pratiques ont changé, notamment agricoles, les aljibes sont dégradées. Ce petit patrimoine est uniquement mis en valeur lorsqu’il se situe près d’un chemin aménagé, comme ici à la fuente del avellano (fontaine du noisetier).

Diverses ruines ponctuent la vallée. Elles ont toujours la même typologie : 1 : couverture 2 : murets de pierre avec du mortier 3 : pierres de soutènement 4 : pavement 5 : ouverture 6 : accès à l’aljibe 7 : évacuation de l’eau en cas de surplus 8 : abreuvoirs 9 : chemins d’accès


Bloc-diagramme de la vallée du Rio Darro, qui montre la répartition des différentes sources associées aux barrancos, le long du versant Adret 1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 39


talweg, ligne généreuse La plaine du Darro est caractérisée avant tout par des dimensions modérées. Discrète, la plaine fertile contraste avec la rigueur des lignes abruptes des versants. Pour le fin connaisseur du territoire, il est aisé d’accéder à la vallée grâce à un ample réseau de sentiers, aujourd’hui pour la plupart dégradés.

Motif des masses végétales spontanées : densité très forte d’arbustes

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Ces chemins amènent à des bâtiments liés aux exploitations agricoles et d’élevage. Ainsi, les agriculteurs sont les garants, entre autres, du maintien de ces chemins


Oliveraie

plaine fertile du Darro.

Rio Darro

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FRATRIE vÉgÉtale : OLiVIER, chêne VERT, pin En période de forte chaleur et de sécheresse, une partie de l’eau contenue dans les tissus des plantes (le combustible) est évaporée. En été, les pins perdent leurs aiguilles pour diminuer leur masse foliaire. Ce sont des matériaux hautement combustibles. Ainsi, une source de chaleur comme un mégot ou une étincelle peut rapidement entraîner On peut observer des formations une combustion. On ne peut arborescentes de chênes verts qu’établir une corrélation entre le (Quercus rotundifolia). Elles sont risque des incendies et la gestion principalement définies comme des des boisements. bosquets ouverts ou clairsemés. Ces chênaies vertes se situent majoritairement sur le versant adret, versant peu ensoleillé et humide. L’exploitation intensive des oliviers, quant à elle, s’effectue sur le versant ubac, le plus ensoleillé. Ce versant est caractérisé par des sols chauds, généralement calcaires et silicieux. Le sol est majoritairement mis à nu. Pour terminer, les pinèdes se déploient sur des terrains en pleine lumière. Les pins sont des essences pyrophytes passifs, c’est à dire que les effets du feu sont antagonistes : modéré, il favorise l’éclatement des pignes, la dispersion des graines et le nettoyage des sous-bois. Intense, il détruit ces arbres résineux. Dans la plaine, autour de l’ancienne abbaye Jesus del Valle, il est possible de constater que trois essences végétales sont majoritairement présentes. : l’olivier, le chêne vert et le pin. Ces arbres peuvent croître sur des pentes plus ou moins accentuées, avec des sols de faibles qualité.

Incendie en 2013, dans le bosquet de l’Alhambra, visible sur la photo

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Vue de l’ancienne abbaye Jésus del Valle

OLiVIER

jesus del valle

chêne vert

pin

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plaine fertile, aménagement systémique du fond de vallée En regardant le paysage, on comprend que les différentes acequias s’articulent entre elles, sous forme d’aiguillages qui permettent de contrôler le flux et la direction de l’eau. Cette manière d’arroser nécessite : - une maîtrise technique dans le geste, afin de former des sillons réguliers qui permettent d’acheminer l’eau aux quatre angles de la parcelle, - une très grande attention et une bonne répartition du temps utilisé. Le réseau d’irrigation détermine donc le parcellaire, son orientation ainsi que les pratiques agricoles. Les acequias sont la plupart du temps longées par un chemin piétonnier ou routier, qui permet son entretien. Ces chemins d’eaux génèrent donc tout un réseau de chemins piétonniers. L’entretien de ces acequias est nécessaire pour éviter la perte de limons, traînés par les eaux de pluie, avec comme conséquence la perte de la fertilité de la terre.

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Cependant, au-delà de l’entretien, il s’agit de mesurer avec justesse le niveau d’eau nécessaire au développement de telle ou telle culture. La sagesse populaire dicte que l’arrosage est bien exécuté si, après avoir irrigué la culture, l’eau sort de manière claire au lieu de trouble. Concrètement, cela signifie que le surplus d’eau est remis dans le réseau. Pour cela, avec adresse, l’agriculteur sait conduire l’arrosage, à partir des acequias mères, pour répartir l’eau en la divisant dans les acequias filles. Par ailleurs, l’influence des canaux d’irrigation sur la végétation est parfois si positive que le développement excessif de quelques espèces est un empêchement pour son fonctionnement adéquat. Pour cela, les travaux exercés avec prudence et connaissance supposent une garantie pour la continuité de l’irrigation. On comprend donc que le bon fonctionnement de ces acequias est lié à des savoirs-faire, portés par des communautés. Ce sont des pratiques vitales pour maintenir ces patrimoines agricoles.


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traces, délaissés, ruines des exploitations qui ont forgé les paysages Aujourd’hui, ces espaces irrigués sont en train de disparaître. On retrouve des traces aujourd’hui d’anciens arbres fruitiers et autres dans des parcelles délimitées. Ce sont des huertas, c’est à dire des jardins vivriers, qui étaient connectés avec les habitations à proximité. Ils sont constitués d’une grande variété de fleurs, d’arbres fruitiers et de plantes condimentaires. Le schéma qui suit montre les différentes ressources agricoles, induites par l’irrigation. On comprend que c’est un système, composé d’agriculture, d’élevage et de sylviculture, et non une simple activité isolée, qui est propre à la vallée du Rio Darro.

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Comme il y a moins d’agriculteurs, ces espaces s’enfrichent. Concrètement, ces vergers et anciens champs ont disparu pour laisser place à une autre série végétale, composée d’arbustes et d’arbres. De plus, les éléments bâtis associés à ces huertas et au réseau hydrographique, tels que les moulins sont en train de disparaître. Ces jardins, qui définissent la limite inondable du rio darro, sont en train de se banaliser. De plus, les connexions, tant hydrauliques que visuelles, que les jardins maintenaient avec le rio darro sont en train de disparaître.


Vue sur les huertas, aujourd’hui à l’état de friches

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traces, délaissés, ruines des exploitations qui ont forgé les paysages Un inventaire des différents types de patrimoines agricoles le long de la vallée du Rio Darro a été effectué. Ce travail veut montrer les différents types de patrimoine qui sont perceptibles dans la vallée du Rio Darro aujourd’hui : Les chemins Les jardins, huertas Les ouvrages hydrauliques Les bâtis liés à l’agriculture

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Ces divers patrimoines sont les signes de ces anthropoécosystèmes. Ils sont les indices du fonctionnement d’une communauté qui, grâce aux techniques d’irrigation, génère un paysage de labeur, de conquêtes, d’adaptation à un milieu rude. Les patrimoines répertoriés portent des valeurs agraires, écologiques et culturelles, qui sont dignes d’être préservées. L’oubli de ces éléments et des pratiques associées entraînent une perte de sens, de qualification de cette vallée.

Carte de l’ensemble des patrimoines agricoles dans la vallée du Rio Darro

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ligne fuyante, suivre le rio

En se laissant guider par les eaux, à savoir le rio darro et les acequias, on arrive à Grenade. La silhouette de l’Alhambra jaillit au loin, tel un point de repère. Cette relation est pourtant peu visible aujourd’hui, pour cause de manque d’accès On notera que c’est lorsqu’il y a des exploitations à proximité du Rio Darro que des accès perdurent. Par ailleurs, le cortège végétal est différent, tant par les silhouettes que par les lumières. Cette végétation galerie se nomme ripisylve. Cette perte de perception de qualité d’ambiances (ombre, bruits, douceur...) entraîne une banalisation, voire un rejet, du rio darro.

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alhambra

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fenêtre sur grenade, lumières et surprise

Une fois franchie la dernière ligne de crête, le soir, lorsque le soleil s’abaisse le long de la vega, on entend les clochers appeler à la messe. Musique impromptue, qui nous rappelle la civilisation. Le gradiant, entre un paysage agricole et urbanisé, s’accentue. Les limites, poreuses, entre la vallée du Rio Darro et Grenade sont matérialisées dans le paysage par les huertas, c’est à dire les jardins du fond de vallée. On observe aussi l’émergence de silhouettes familières, telles que le Sacromonte, la cathédrale ou l’Albaicin Les lisières entre les différentes entités de Grenade sont dessinées par la topographie, l’écoulement du rio darro, les fronts urbains et les masses végétales (telles que les cyprès). On distingue la basse ville et la haute ville, où cette dernière est franchement matérialisée dans le paysage par l’Alhambra.

Vue sur la «porte» de la vallée, délimitée par le sacromonte et silla del morro

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CATHEDRALE

albacin

SACROMONTE

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ALHAMBRA, UNE TERRASSE Aménagée

L’Alhambra se situe à l’Ouest du promontoire Cerro del Sol (Colline du En toile de fond, les sommets enneigés de la Sierra Nevada lui confèrent Soleil). Fière et glorieuse, cette ancienne forteresse convertie en un un aspect pittoresque et sublime. L’Alhambra est une démonstration de Coupe de principe et du des profilvues topographique espace de délices et de jardins, domine visuellement le territoire. la maîtrise du végétal, de l’eau, de l’architecture offertes sur 54 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau le paysage.


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Ce croquis permet de dégager les principes généraux qui permettent de lire l’organisation de l’Alhambra. L’ensemble du monument est une succession d’espaces aménagés sur une structure en terrasses, qui favorise délibérément la vue sur le paysage et l’écoulement des eaux nécessaires à la création de ce jardin. On peut donc comprendre que l’Alhambra est conçue comme une succession d’espaces, qui s’articulent selon la topographie et la distribution de l’eau provenant des acequias.

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L’ALHAMBRA ,UN JOYAU D’UNE RELATION DIALECTIQUE ENTRE UN JARDIN ET son PAYSAGE


Vega Grenade

Croquis depuis le Generalife

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alhambra, chercher le beau dans sa diversité Cependant, au delà d’une démonstration d’un « génie » technique et architectural, il semble essentiel de rappeler que l’Alhambra ne serait pas ce qu’elle est sans l’eau qui s’écoule dans ses jardins depuis les acequias. C’est bien cette interdépendance qui semble aujourd’hui être de mise. L’Alhambra ne peut pas être entendue aujourd’hui uniquement comme une construction historique. Il s’agit d’une construction collective, un espace patrimonial vivant, qui raconte comment d’un lieu hostile, sec, la générosité des jardins en ont fait un lieu qui s’apparente à un « paradis ». C’est bien plus le processus de construction, que la forme finale, que nous interrogeons ici.

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Or, l’attractivité de l’Alhambra , Al-amrā’ , « la rouge », est générée par des lieux définis comme des éléments de repère. Ces espaces sont le patio de los leones, le palais du Generalife, le palais de Charles Quint, l’Alcazaba ou encore le Generalife. Ces lieux sont emblématiques et définissent l’imaginaire associé à la ville de Grenade. Les personnes qui visitent Grenade sont donc en quête de ces images, notamment dans l’échelle intime du jardin. Cependant, il a été observé que l’Alhambra est interdépendante de la vallée du Rio Darro. Interdépendante par :

- cette eau venue des montagnes, canalisée sur des kilomètres, qui s’écoule dans ces jardins ; - son architecture, ces vues structurées, l’orientation de ces bâtiments qui embrassent les lignes de forces du paysage ; - les patrimoines associés aux pratiques, passées ou actuelles, qui jalonnent la vallée ; On comprend donc que l’échelle monumentale de l’Alhambra est associée à une dimension territoriale et paysagère.

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POROSITe, relations entre l’aLhambra et grenade : l'arrosage, fontaines A l’Alhambra, l’acequia real court entre les grands jardins et arrive aux palais nazaríes où elle orne divers espaces. Différentes typologies scénographiques liées à l’eau sont perceptibles, sous la forme de bassins, de miroirs, de fontaines... Mais il est curieux d’observer le génie lié à l’arrosage déployé dans tout l’Alhambra. Ces techniques de gestion d’arrosage sont sensiblement les mêmes dans l’espace public. En effet, le système d’arrosage de ces espaces publics possède des similitudes avec les

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techniques d’irrigation arabes. Les jardiniers remodèlent régulièrement les talus qui permettent de diriger l’eau le long des plantations. Des formes rondes et douces enlacent le pied des arbres. Concrètement, un système de canaux à ciel ouvert va d’arbre en arbre, conduit l’eau à chaque tronc et s’y arrête car le canal s’élargit à l’endroit de chaque plantation. L’Alhambra concentre donc aussi bien des éléments patrimoniaux que des techniques relevant de savoirs-faire.


De plus, on peut observer dans certaines maisons une organisation architecturale où le centre de l’édifice est structuré autour d’un patio. Celuici subsiste aujourd’hui seulement dans les quartiers d’origine mauresque, tels que l’Albaicin. De nos jours, les aljibes sont hors d’usage et sont reconvertis en bassin ou en cave. On peut retrouver aussi des « alcarrazas », sortes de jarres en terre qui permettent de conserver l’eau au frais. Tous ces éléments renseignent sur la relation quotidienne qu’entretenait la société avec l’eau, dans son noyau le plus intime, celui de la maison.

Par ailleurs, les fontaines se situent généralement près d’édifices, où se concentrent les touristes, les voyageurs et les marchands. Deux types de fontaines peuvent être distinguées : - les fontaines alimentées par une source, proposant une eau pure, limpide et potable : ce sont des lieux de désaltération ; - les fontaines dont l’eau provient d’un aljibe. Elle est une réserve d’eau qui était approvisionnée par les eaux pluviales recueillies grâce aux toitures. Avant sa consommation, l’eau était filtrée et les dépôts étaient lavés périodiquement. Aujourd’hui, la plupart de ces aljibes ont vu leur fontaines se tarir. De nos jours, une eau croupie stagne, malgré l’architecture de ces éléments qui reste très bien conservée.

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Paseo de los tristes, quitter le rio daRro Le Paseo de los tristes possède un vocabulaire urbain très spécifique. Situé au pied d’un versant, ce passage est une lisière entre trois entités urbaines : le quartier l’Albacin, l’Alhambra et le Rio Darro. De plus, ce paseo est un espace public typiquement espagnol. C’est une promenade généreuse, bordée d’arbres, animée de fontaines, structurée par du mobilier singulier, ce lieu est le support d’une vie sociale intense en fin de journée.

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C’est un lieu de retrouvailles pour l’ensemble des Grenadin-e-s (habitants de Grenade). Depuis le Paseo de los Tristes se décline un système de places publiques. De petites dimensions, à l’échelle du quartier, leurs plus grandes qualités résident dans leur couvert végétal dense et la présence d’un « événement » en son centre (fontaine, kiosque, aire de jeux...)


C’est la même palette végétale, composée de végétaux au feuillage persistant, qui accompagne depuis le centre de Grenade jusqu’au Paseo de los tristes. On observe que en plus de la structure de l’espace public, ce sont les balcons qui apportent ambiance végétale. Ces jardins suspendus procurent des sensations de fraîcheurs, d’odeurs 1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 63


chercher le rio darro, indices d'une occupation passée Les tracés urbains permettent de comprendre que le rio darro est un élément structurant de l’ossature de Grenade. Ces traces sont par exemple les façades courbées le long de la calle acera del Darro ou la calle Reyes Catolicos. De plus, ces avenues sont généralement des limites entre les différents quartiers de Grenade, tels que l’Albaicin, le realejo et le

calle reyes catolicos 64 l 1 : Une observation attentive : suivre l’eau PASEO DE LOS TRISTES

calle acera del Darro

centre-ville autour de la cathédrale. Hormis cela, aucun autre élément ne permet de comprendre ou de deviner la présence du rio. Les palettes végétales sont pauvres, quelconques et bien souvent uniquement utilisées comme éléments de décoration. On observe donc dans Grenade une disparition progressive du rio darro et des ambiances associées.

RIO GENIL


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surprise, le rio darro Ressurgit dans la ville

exploration souterraine du Rio Darro vue sur l’embouchure sur le rio Genil L’eau est majoritairement absente dans l’espace public, sauf grâce à des événements comme les fontaines ou les paseos. Or, le rio darro busé, ressurgit, de manière très discrète, au paseo del violon.

La rencontre entre les deux rivières, le rio darro et le rio Genil, qui structurent Grenade est presque anecdotique dans le paysage urbain.

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Vue sur le paseo del violon 1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 67


SYNTHÉSE Du paysage culturel Évolutif de la vallée du rio darro valeurs et points de vigilances

Cette synthèse des paysages appréhendés reflète des techniques spécifiques d’utilisation durable des terres, prenant en considération les caractéristiques et les limites de l’environnement dans lequel les communautés se sont établies. On posera d’emblée les valeurs paysagères qui permettent d’apprécier cela : les grandes perspectives qui permettent d’embrasser visuellement l’ensemble de la vallée, et les étages aménagés ; les différentes lumières associées à la gradation du végétal ; les couleurs des sols, témoins des pratiques agricoles... On observe cependant un équilibre fragile dans des lieux où l’homme, grâce à ses pratiques notamment agricoles, maintient une accessibilité et une attractivité. Ces deux conditions manquent aujourd’hui. Pourquoi ?

Cette dissociation est cependant caduque lorsque l’on aborde la vallée par le biais des patrimoines. Les traces patrimoniales relevées associent en effet une substance matérielle et une composante symbolique. Cette dimension symbolique se réfère aux pratiques et aux représentations propres à l’ensemble de la vallée du Rio Darro. Elle n’est donc pas un espace naturel, au sein vierge de toutes infrastructures. La vallée est une manifestation culturelle généreuse.

L’ensemble des patrimoines identifiés sont donc des œuvres conjuguées mêlant, d’une part, la nature, et, d’autre part, l’empreinte qu’ont laissé les différentes communautés qui se sont succédées. L’appréciation esthétique passe donc par une compréhension des besoins économiques de ceux On pourrait tenter de résumer l’ensemble des éléments relevés selon qui maintiennent le territoire. Le « paysage labeur » est donc intégré dans deux axes : la compréhension de la vallée et de ses dynamiques. Concrètement, - Un paysage relique, ou autrement dit, un paysage qui a connu un cela signifie qu’il y a une interdépendance entre les motivations et les processus évolutif qui s’est arrêté, de manière brutale. Ses caractéristiques pratiques des populations qui habitent la vallée du Rio Darro et les formes essentielles restent cependant matériellement visibles. Cette typologie qui en résultent. s’apprête aux paysages des acequias, des huertas et des Barrancos ; - Un paysage reconnu, qui est un paysage qui conserve un rôle social Ainsi, au regard de tous ces éléments d’analyse, quelles histoires nous actif dans la société, étroitement associé au mode de vie. En même content les traces associées aux diverses civilisations qui ont forgé le temps, il révèle des preuves manifestes de son évolution au cours des paysage de la vallée du rio darro ? Quels récits paysagers permettent temps. L’Abraham et le Dehesa en font partie. d’appréhender l’évolution socio-économique de la vallée ? Comment se positionner face aux dynamiques en œuvre ? Une analyse historique s’avère alors nécessaire, afin de pouvoir justifier pleinement l’action qui découle de la compréhension des paysages.

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barrancos

dehesa

ACEQUIAS alhambra Vega Grenade

HUERTAS 1 : Une observation attentive : suivre l’eau l 69

Croquis depuis le Gener


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Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallée du rio darro

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« Alli no pudo resistir a dar el ultimo adios a Granada, y vuelto a ella, movido por superior impulso, admiro por ultima vez el delicioso panorama que le recordaba todas sus desgracias, lioro como el hijo que plerde para siempre a su madre adorada, y dando un suspiro, que fue todo un poema de amor, y de desventuras, corrio despavorido, perdiendo ya la vista para siempre su querida Granada.

« Là, il ne put résister à donner son ultime adieu à Grenade, et devant elle, bouleversé par une grande émotion, il admira pour la dernière fois le panorama délicieux qui lui rappelait toutes ses malchances, pleura comme un enfant qui perd pour toujours sa mère adorée, et donnant un soupir, qui fut tout un poème d’amour, et d’infortunes, il courut, effrayé, et perdit à jamais sa chère Grenade» Extrait du Soupir du Maure, par Villa Real

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L’HISTOIRE VULGARISEE, RETROUVER UN IMAGINAIRE ET UNE INSPIRATION

Cette vue aérienne, issue du site tripadvisor.net, référence les lieux jugés « indispensables » à voir lors d’une visite à Grenade. Or, ces messages simplifiés réduisent les apports d’une première découverte. Plus concrètement, cette standardisation des discours sur Grenade efface ses singularités, détaillées précédemment. En effet, elle concentre les pôles attractifs dans le milieu urbain. Ainsi, l’objectif de cette partie est de proposer des récits paysagers pour permettre d’enrichir la découverte et l’appropriation des patrimoines agricoles de Grenade. Ces chapitres relatifs à l’évolution de Grenade, en lien avec sa géographie et ses sociétés, permettent de comprendre les patrimoines agricoles, matériels et symboliques, visibles aujourd’hui.

La réflexion porte donc sur les détails qui diversifient les paysages, qui apportent des nuances. Ces éléments peuvent être oubliés, disparaître pour laisser place à des formes banales, appauvries et anonymes. Le récit est perçu comme un moyen d’endiguer cette dynamique. « Réenchanter » les paysages de la vallée, aujourd’hui oubliés. Telle est la finalité de l’analyse proposée ici, afin d’obtenir une trame de lecture et d’interprétation plus généreuse de Grenade, de quitter une image simplifiée de la ville ainsi qu’un récit mono thématique.

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METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE, résumé, CORPUS ET DéMARCHE Envisagés

La cueillette de données permet de définir d’autres patrimoines, oubliés et abandonnés, dans cette unité géographique (canaux, moulins, exploitations agricoles...). Ces patrimoines agricoles sont porteurs d’une identité plurielle. Ce sont les traces du passage de toutes les civilisations qui se sont succédées à Grenade. Par la suite, il s’en est suivi une quête d’un autre récit en plusieurs chapitres selon trois axes : la vallée du Rio Darro conquis, la vallée du Rio Darro sublimée et la vallée du Rio Darro abandonnée. Les pratiques autour de l’eau ont été le fil conducteur de cette enquête. Les chapitres montrent que c’est parce qu’une Or, en invoquant la notion de « paysage culturel » pour comprendre et communauté habite, aménage et entretient les patrimoines qu’ils sont analyser le territoire, on décloisonne ces limites. La construction d’un autre encore visibles, reconnus et utilisés. La conclusion porte sur la nécessité récit, sur une autre échelle, tant physique que temporelle, permet de faire de la reconnaissance d’une communauté qui porte des savoirs-faire et ressurgir l’interdépendance entre l’Alhambra et sa géographie, à savoir la des pratiques qui maintiennent les paysages. vallée du Rio Darro. En effet, cette eau sublimée dans les jardins provient d’un réseau d’ « acequias », de canaux, qui structurent le versant adret Les vues axonométriques qui suivent sont issues de l’ouvrage «AGUA, sur lequel est posé l’Alhambra. Cette eau magnifiée à l’Alhambra dépend TERRITORIO Y CIUDAD. Granada nazarí y renacentista. 1600», Ministère de d’un aménagement qui s’étend sur une échelle vaste. Conséquence, des l’Agriculture, de la Pêche et de l’Environnement, Junta de Andalucíasa, de problématiques communes sont définies. Par exemple, les processus M. Fernández-Palacios Carmona. Bien sûr, la synthèse présentée ici a été érosifs qui s’accélèrent suite à un abandon de la gestion d’un réseau amendée par d’autres ouvrages, rencontres et conférences. Un corpus a d’irrigation. L’objectif est donc de décloisonner les limites physiques du été créé, avec une question commune : l’évolution des états paysagers jardin, où le récit se limite à l’eau mise en scène dans un espace précieux, de la vallée du Rio Darro. Mais les trois chapitres obtenues sont issus de pour proposer un glissement des représentations à l’échelle de la vallée. ces centres de ressources. Cette étude questionne un storytelling, apprêté à la consommation touristique, à propos d’un grand site, l’Alhambra. En effet, la mise en récit du territoire est restreinte à ce monument, occultant par ce fait d’autres patrimoines. Le récit élaboré est centré autour d’un “âge d’or”, celui du basculement entre la dynastie nasride et la civilisation chrétienne. En somme, le récit sublime la reconquista, en utilisant un registre épique. Conséquence, l’Alhambra devient une icône qui résume un territoire, une époque, et concentre le « potentiel imaginaire ».

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la formation du bassin de Grenade : HISTOIRE D'une cuvette intra-montagneuse

Le bassin de Grenade est une cuvette où le regard peut embrasser un ensemble de petits massifs montagneux (la Sierra Elvira principalement) qui isolent le bassin de Grenade des cuvettes annexes.

8 MILLIONS D’ANNEES

6 MILLIONS D’ANNEES

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4 MILLIONS D’ANNEES


Il y a 8 millions d’années, la dépression de Grenade était un grand golf avec de nombreuses îles, connectée à l’Océan Atlantique et à la mer méditerranée. La mer occupait un vaste golf et y a déposé deux séries de sédiments détritiques (conglomérats, grès et marnes). 2 millions d’années plus tard, soit il y a 6 millions d’années, la mer se retira. Devenue une cuvette lacustre à la fin du Miocène, la dépression de Grenade a acquis ses limites actuelles à ce moment là. La dépression de Grenade était connectée au continent Africain. Par la suite, soit il

1,8 MILLIONS D’ANNEES

y a 4 millions d’années, la dépression de Grenade se sépare en deux secteurs, l’un oriental, l’autre occidental. Le détroit de Gibraltar se forme alors. Le réseau hydrographique actuel est semblable à celui d’il y a 1,8 millions d’années. La cuvette principale s’effondre vers le Nord par un système de failles orientées Nord-Ouest – Sud-est. La Vega de Grenade s’individualise à ce moment, cette dernière continuant à s’affaisser de nos jours. Progressivement, les lagunes ont disparu, le rio Genil est devenu un axe longitudinal structurant la vega.

aujourd'hui

2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 77


Schéma d’un système d’exploitation type « Ruina Montium »

RIO DARRO CONQUIS GRENADE SOUS L’EMPIRE ROMAIN : la quête de l’or Grenade se situe dans une région de conquêtes. Les romains, de 218 avant J.C à 409 après J.C, vont gouverner une partie de l’Andalousie. Cette civilisation va développer des infrastructures, notamment hydrauliques, visibles aujourd’hui. Point fondamental, les conglomérats qui forment le versant adret, le long de la vallée du Rio Darro, contiennent de l’or.

78 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

Ainsi, les romains ont mis en place des galeries et des canaux dans la vallée afin de conduire l’eau nécessaire pour laver les conglomérats et provoquer des effondrements, avec le système «ruina montium ». Cette activité provoqua la forme de certains Barrancos actuels. Jusqu’au VIIème siècle, Grenade eut une évolution urbaine avec un système orthogonal qui s’adapta à la situation topographique, telle une acropole. Ensuite, la ville s’est étendue au niveau de la plaine, plus adéquate pour développer les activités commerciales. L’expansion s’est opérée suivant un modèle concentrique, par franges semi-circulaires avec des changements successifs d’orientation en fonction de la topographie.


Consta que fue ceca emisora de moneda, cuna de familias patricias y sede episcopal.

Les cultures (des céréales, oliviers, vignes …) s’étendent le long des vallées fluviales et le long des rebords de Ilíberis se clasifica como ciudad túrdula, la Plaine fertile. L’agriculture lalospremière marque de en la est tierra de bastetanos, junto al límite oriental de la provincia romana de conquête dans le territoire. Les espaces sont colonisés la Bética con la Tarraconense. à l'ouest et au nord de la dépression.

Durante el período iberorromano predominan una condiciones climáticas en general más húmedas que en la actualidad, con mayores precipitaciones.

a los pies de la sierra de Elv

Grenade se développa en suivant le schéma typique des villes-acropoles. Pour des raisonsMientras stratégiques en la sierra hayde minas de hierro y El hito geográfico de Sierra Nevada aparece metales, aguas arriba del Genil y el Darro se lesy otros quartiers « originels » se sont développées en las obras défense, de Estrabón, Plinio busca el oro, explotado a gran escala medi autores clásicos, que la designan Solorius en premier lieu sur des points hauts. Par exemple, la ruina montium, la remoción de enormes Mons, la “Montaña del Sol”. cantidades de terreno con arroyadas artific l’Albaicin avec comme centre la place San Nicolas et ses alentours.

Pe ag un en Los hallazgos (monedas, cerámicas…) de diversa procedencia en el solar de Ilíberis y sus contornos atestiguan su significativa actividad comercial.

El suministro de agua se basa en pozos, el acarreo desde fuentes públicas, manantiales y ríos y la captación de lluvia en cisternas. Los restos de una conducción o acueducto plantean, sin embargo, la probable existencia de un sistema de abastecimiento de envergadura.

E v l l t

Vue de l’emplacement originel de certains canaux, sur le En la etapa romana se versant adret. desarrollan las primeras infraestructuras hidráulicas de importancia para riego y abastecimiento. Buen ejemplo son dos obras de las inmediaciones, las presas de Barcinas y de Deifontes.

Cerca del río Beiro, por la zona de la Cartuja, ascienden los humos de los hornos de alfarería, al igual que en el Albayzín y cerca del Darro.

Los cultivo extienden los rebord ciudad y d con mayor oeste y no

El municipio iliberritano se conecta mediante una red viaria estable. Se sitúa junto a la calzada que comunica con las importantes ciudades mineras del alto Guadalquivir.

2 : Traces des [20] AGUA, TERRITORIO Y CIUDAD

El río Beiro discurre por las cercanías de Ilíberis. Dada la somera ocupación del territorio, los cauces se mantienen en condiciones prácticamente originales, con fondements paysages : récits paysagers variadasdes formaciones y especies de ribera.

Numerosos humedales salpican la Vega, por pequeñas depresiones y márgenes fluviales, alimentados por las precipitacio surgencias e inundaciones de los ríos, qu discurren en su régimen natural.

des patrimoines de la vallee du rio darro l 79


UNE NOUVELLE CONQUêTE au xiEme siècle, GRENADE capitale du règne zirI

Les règnes suivants voient l’épanouissement de l’Andalousie, dans l’agriculture et son commerce. En 1013, au moment de la chute du califat de Cordoue, la dynastie des berbères Zirídes établit à Grenade la capitale de son royaume. Ce règne se prolonge jusqu’à la fin du siècle. La dynastie des Zirides entreprend une politique de construction importante. Grenade se développe autour de la vieille ville avec un système de murailles. A cette époque se construit la première forteresse sur la colline de la Sabikah, l’Alcazabar, à savoir la prémice de l’Alhambra.

L’un des émirs ziríes, Abd Allah, nous raconte le processus : « ils se sont résolus à choisir une hauteur qui dominait le territoire et une position stratégique (...) Et voilà qu’ils ont contemplé une belle plaine, des ruisseaux et des arbres, le terrain environnant. Ils ont contemplé de la même manière la montagne, et ils ont compris que c’était le centre de toute la contrée. (...) Le lieu les a enchanté, parce qu’ils ont vu qu’il réunissait tous les avantages.»

Mappemonde de Al Idrisi, Grenade (1124),

Grenade 80 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro


el monte en el que hoy se asienta Granada, y comprendieron que era el centro de toda la comarca, ya que tenía delante la Vega… El lugar les encantó, porque vieron que reunía todas las ventajas…”

protagonista de Granada continúa después de su co sus dominios en Al-Ándalus, y, más tarde, bajo los a

Por estasles fechasdéfrichages, se produce un máximo Prosigue la actividad minera. Las encore fuentes citan la vigne, des La déforestation lente, depuis l’époque romaine, par le En plus des céréales traditionnelles, l’olivier ou generalizado de temperaturas que repercute en la obtención de oro mediante el cernido de las La explotación ganadera, sobre todo de pâturage, leovejas travail des mines, la consommation des combustibles, s’accentue. comme le lin, le el ascenso de la cota de nieve en la sierra, y la plantes introduites depuis l’Orient arenas de lossont río Darrocultivées y Genil, y explotaciones y cabras, se extiende desde las disminución del volumen de agua almacenada. en la sierra de plata, hierro, plomo o cobre. laderasles próximas a la ciudad hasta los Cela intensifie processus érosifs et le drainage des rivières. L’exploitation millet, l’aubergine, le melon d’eau et divers autres légumes et fruits. pastos de alta montaña. d’élevage, surtout des brebis et des chèvres, s’étend des versants proches de En la sierra, donde se asientan contingen la ville aux pâturages de haute montagne. beréberes originarios de las cordilleras d

La paulatina deforestación desde la etapa romana, por las roturaciones, el pastoreo, la minería, el consumo de combustible, se acentúa en época zirí, intensificándose los procesos erosivos y el avenamiento de los ríos.

norte de África, se difunden los sistemas regadío de montaña: acequias de careo los parajes elevados, redes de acequias d riego, terrazas de cultivo en las laderas.

La compleja red de acequias que en época zirí incluye varias condu derivadas de los cauces del Darro Genil y de manantiales cercanos.

Desde mediados del siglo XI los ziríes impulsan la construcción de la gran acequia de Aynadamar, que trae el agua desde la Fuente Grande de Alfacar, abasteciendo a la población y regando pagos agrícolas.

Hacia los siglos XI-XII se tien puente de fábrica sobre el G obra de piedra sobre cinco a facilita el tránsito hacia el sur

En la margen izquierda del Da los arrabales por donde trabaj ladrilleros, la oficiosvallée que dejan su Dans sendas puertas de la muralla.

du Darro, les faubourgs surgissent où Aunque bien conocido y practicado lesromanos, ressources por los no fue hasta el período andalusí cuando el regadío relévent de alcanzó tal desarrollo como para generar una cultura del et agua la todapoterie con nuevos paisajes agrícolas. de la brique. Les déchets En los niveles deprimidos de obtenus la Vega de persisten los parajes pantanosos de cette industrie carácter insalubre. Se alimentan tanto de las lluvias y avenidas como por s’écoulent dans afloramiento de aguas subterráneas. le Rio.

Mientras el poder reside en la Alcazaba Antigua, el centro de gravedad de la actividad cotidiana se encuentra en la ciudad baja, en los barrios de la Medina.

Las pequeñas parcelas intensamente cultivadas avanzan por los valles de los ríos, a lo largo de las acequias, y formando una corona sobre la Vega alrededor de la ciudad.

[22] AGUA, TERRITORIO Y CIUDAD

Los cementerios, a veces delimitados por tapias, se distribuyen en las proximidades de la ciudad, por el campo del Triunfo, cuesta de Alhacaba y San Miguel Alto, al exterior de las áreas de la Alhambra, los Mártires y el Mauror.

C’est la construction de l’acequia Real qui apporte l’eau Junto ala los source cereales tradicionales, el olivoen o la approvisionnant la ville et les depuis d’Alfacar, vid, en la Vega se cultivan plantas introducidas parcelles agricoles. desde Oriente en época andalusí, como el lino, mijo, panizo, berenjena, sandía y diversas hortalizas y frutales.

Interior del baño del Nogal Bañuelo, obra zirí del siglo X una litografía romántica.

2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 81


XIII - XV siècle, grenade nazarie LES ORIGINES DE LA STRUCTURATION DU TERRITOIRE : CHEMINS, FERMES ET ACEQUIAS Grenade devient en 1238 une capitale du royaume Nazarí, instauré par Ibn le-Ahmar, qui va des frontières de Cadix et de Jaén jusqu’à Almería. Avec une ville de 180 hectares - environ 220 si les aires périphériques sont comptées-, la population au XVe siècle monte à plus de 50.000 habitants. Grenade devient un grand centre urbain avec des fonctions liées au contrôle de l’espace productif et du commerce. L’exploitation des Vegas et le commerce sont les piliers de la prospérité de la ville à cette époque. La muraille s’élargit et de nouveaux quartiers se créent au vu de l’augmentation de la population. La structure de la ville reste concentrique. Ainsi, la ville se dessine par cloisonnements, différenciant les quartiers pour des raisons ethniques, professionnelles, religieuses ou politiques. Cette structure demeurera jusqu’au XVème siècle.

De plus, la croissance urbaine de la période nazarí se compose avec le réseau hydraulique. Avec un système minutieux circulatoire de fontaines, d’acequias, d’embranchements, de bassins, de citernes, de puits et d’autres dispositifs, Grenade devient une ville qui se construit en harmonie avec l’eau. Cette force est une clé dans l’approvisionnement et l’assainissement pour une population si dense, un recours indispensable pour les arrosages de la vega - base de l’économie grenadine -, l’élément nécessaire pour le rituel religieux, ainsi qu’une composante précieuse, culturelle, récréative et esthétique. Dans la première moitié du XIIème siècle, la mise en fonctionnement de l’Acequia Real, sous la dynastie Nasride, constitue le premier acte fondateur du déploiement de l’Alhambra. Cette croissance ne s’est pas limitée à l’enceinte fortifiée. En effet, les monarques successifs poursuivent l’aménagement des espaces plus élevés. Pour cela, ils accompagnent cette métamorphose à l’aide de diverses canalisations pour permettre de convertir des zones sèches en véritables oasis. Cela implique la réalisation de dérivations de l’Acequia Real. On assiste à une émergence de la culture de l’eau, engendrant de nouveaux paysages

82 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

agricoles. Les systèmes se répandent dans les endroits élevés, faisant naître des terrasses de culture dans les versants. Conséquence, la part des terres arables se développe. Le tracé du réseau de chemins, associé au réseau hydraulique, articule le territoire. Cette structure, visible encore aujourd’hui, favorise les relations entre les divers espaces de la vallée, notamment avec Grenade. Les moulins, dont Jesús de la Vallée, se déploient le long du Rio Darro, afin de profiter de la force motrice de l’eau. Ce sont des moulins qui permettent le broiement des céréales ou encore le dégraissage de la laine. De plus, le long des axes hydrauliques se sont implantées des almunias (villas royales avec exploitation agricole). Ces almunias ont une fonction double : en tant qu’unités productives agricoles, elles permettent aussi de jouir d’un certain repos. Près de l’Alhambra, les vestiges des palais de Donner Al-Rusa, les Allégeras et le Generalife sont les trois grands jardins récréatifs de cette période. On comprend donc aisément que la conquête du Rio Darro se soit faite par par le biais des exploitations agricoles, qui si elles ont aussi une fonction récréative, elles sont associées au réseau hydrographique.


estructuras existentes para abastecimiento, riego y otras actividades, junto con iniciativas como la erección de pilares y fuentes monumentales que refuerzan la dimensión pública de este elemento. Los bosques —de olmos,en almeces, cármenes jalonan orillas del du Darro. Jesús Les carmens Los jalonnent leslasbords del Vallee est álamos— se espesan en las laderas de Darro. En el paraje de Valparaíso un exemple. On assiste donc à une sublimation des abords Rio, se establecen la fundación religiosa la Alhambra, reflejando ladu orientación residencial del conjunto y su pérdida de del Sacromonte y la hacienda qui renferment cedequ’il yValle. a de plus précieux : l’eau et l’agriculture. funcionalidad militar. jesuita Jesús del

ambiente de crisis generalizada, y hay que esperar hasta el siglo XVIII para

Les Nasrides transférèrent le symbole administratif et politique dans le palais de l’Alhambra. La citadelle de En 1608 Granada es, según Bermúdez de Pedraza, l’Alhambra ressort comme une nouvelle borne de “un la sitio excelente, por la comodidad de agua que tiene gasto dominant y servicio de sus ciudadanos, con dosSa ville, en face de l’Albayzínpara etel en la Médina. ríos… que el uno corriendo por medio della, la limpia structure se termine au XIVe siècle. y hermosea, y el otro besa sus murallas, fertiliza sus campos y hace de mayor recreación su vega”.

La red hidráulica nazarí se mantiene sin apenas cambios. Una malla de cañerías con atanores de barro distribuye el agua por fuentes y aljibes públicos, conventos, palacios y casas.

e Carlos V en 1525. residió en Granada.

Un agrandissement des surfaces agricoles se produit, spécialement Los repobladores adoptan dans périphérie de la en gran medidala el elaborado sistema de riegos nazarí y sus ville et ordenanzas. les hameaux correspondientes

l Darro, el río de Granada, se on una bóveda en e tiende la Plaza en sus orillas se también un paseo ntes y árboles.

La campana de la torre de la Vela anuncia con su tañido el turno de los regantes.

ín en especial y rios donde se aban los moriscos a acusada ción a raíz de su n en 1571.

El crecimiento urbano se polariza en la Vega. Fuera de puerta Elvira crece el arrabal de San Lázaro, junto al Darro avanzan los arrabales cercanos a la plaza BibRambla, y los espacios extramuros hacia el Genil se colonizan.

etro amurallado de cede en algunos ante la disminución cesidades defensivas uje de la expansión Se abren portillos, se muros y torres.

En la periferia surgen monasterios, hospitales y otros grandes edificios que ocupan amplios solares a costa de huertas.

Morisca granadina, seg A la derecha, vista de G

Plaza Nueva con grabado de L. M

Las aguas residuales van a parar a ríos y acequias generando problemas de salubridad. Los vertidos de tenerías, carnicería y otras actividades contaminantes agravan la degradación del Darro.

En el siglo XVI se propaga el cultivo de la morera al servicio del pujante comercio de la seda. Tras su declive, en el XVIII el lino marca un nuevo ciclo en la agricultura de la Vega.

A principios del XVII se menciona la existencia por las calles y plazas de Granada de 44 fuentes y pilares, sin contar los de la Alhambra.

La versatilidad productiva de la Vega vuelve a demostrarse, cuando se adoptan diversas plantas venidas del Nuevo Mundo, como el maíz o la patata.

Dans la vallée du Darro, à l’acequia de la ville et ses embranchements d’Axares et de Romayla se joignent l’acequia real et ses dérivations, qui fournissent le Generalife et l’Alhambra

Pese a la continuidad del marco agrario, tras la conquista aumenta la concentración de propiedades y explotaciones y se acentúa la especialización en cultivos comerciales.

26] AGUA, TERRITORIO Y CIUDAD

2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 83


TROIS TYPOLOGIES L’ALHAMBRA

DE

JARDIN

Le jardin, dans ce contexte rude et sec, est un enjeu précieux. Il découle de la maîtrise de l’eau à l’échelle d’un territoire. Ibn Lunel, auteur grenadin du XIVème siècle, consigne dans son traité d’agriculture les préceptes du jardinage Nasrides, ce qui, selon certains auteurs, serait une description des jardins de l’Alhambra. « Le meilleur emplacement d’une maison par rapport aux jardins est un lieu élevé qui facilite la garde et la surveillance. A l’entrée du domaine, on orientera l’édifice vers le midi, et au point le plus haut, on installera le puits et la citerne ou, mieux qu’un puits, on ouvrira une acequia qui courera dans l’ombre. Près du bassin, on plantera des massifs qui resteront toujours verts et réjouiront la vue.

Le modèle du charbagh, XVIe siècle, Musée national de Delhi. 84 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

CONCENTREES

DANS

Un peu plus loin, on mettra des carrés de fleurs et des arbres aux feuilles persistantes. On entourera la propriété de vignes et, le long des allées qui la traversant, on plantera des treilles. Le jardin doit être entouré de l’une de ces allées afin de le séparer du reste de la propriété. Au milieu des arbres fruitiers, outre le vignoble, il doit y avoir des micocouliers et d’autres arbres semblables car leur bois est utile... Au centre du domaine, il faut un pavillon avec des sièges d’où l’on ait vue de tous côtés, mais de telle sorte que celui qui arrive au pavillon sera entouré de rosiers grimpants ainsi que de massifs de myrtes et de toutes les fleurs qui ornent un jardin. Il sera plus long que large, pour que la vue puisse se déployer dans sa contemplation» .


Ces différents principes de structuration des jardins de l’Alhambra se retrouvent dans trois typologies de jardins arabes. Saadi, un poète persan du XIIème siècle, classe les jardins mauresques en trois catégories : - Le Riyâd est un ensemble architectural que représente la maison avec son patio central. Cour dallée et plantée, le patio, espace quadrangulaire, est un espace où on trouve généralement une fontaine en son centre. L’un des principaux rôles du patio est de sublimer les vues offertes depuis les pièces autour de cet espace. - Le Gulistân désigne le jardin de plaisance modeste, d’odeur et de loisirs, situé à côté de la demeure. Jardin de fleurs, de couleurs et d’eau, il est une représentation des textes sacrés : une fontaine ou un bassin au centre d’un quadrilatère

clos de murs ou de haies, et divisé en quatre parties égales. - Le Bustân de plus grande échelle, se définit comme un verger, une palmeraie ou une orangeraie, dont le sol est occupé par d’autres cultures. Les canaux d’irrigation dessinent le jardin et tracent un maillage carré qui peut être admiré depuis le bâti. Autrefois, le jardin pouvait délimiter l’enceinte de la ville. Son plan dépend de l’irrigation qui vient le diviser en carrés. On peut l’apercevoir de façon très éparse, sous une forme de petits vergers au milieu desquels trône une petite bâtisse blanche.

Le Riyâd

Il est aisé de comprendre que le jardin devient le lieu de démonstration de la maîtrise de l’eau. Réservé à une élite, le jardin concentre ce qu’il y a de précieux, de rare et d’unique.

2 :Gulistân Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la valleeLe du Bustân rio darro l 85 Le


XV- XIX siecle CHANGEMENT DES POUVOIRS : UNE NOUVELLE STRUCTURE TERRITORIALE

Au XVème siècle, les relations avec les chrétiens se dégradent. Le mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon finit d’unir l’espagne chrétienne. Ainsi, les rois catholiques, durant 10 ans, s’attaquent à l’ultime bastion maure, Grenade. En 1492, Boabdil, fils de Mouley Abou Hassan, baisse les armes. Le 2 janvier 1492, Grenade se livre aux rois catholiques. Grenade devient le symbole de la reconquête chrétienne en Andalousie. Cette colonisation se traduit par une transformation de l’espace urbain. L’objectif de l’urbanisme est clair : réadapter l’espace et les constructions conformément aux principes politiques, sociaux et idéologiques définis par la christianisation, avec comme premier moyen, la création de paroisses. Ainsi, le XVème siècle est marqué par les tensions avec la population conquise. Le traité de capitulation permet la liberté de religion et le droit aux arabes de parler leur langue. Mais rapidement, les promesses faites lors du traité sont oubliées et les us et coutumes musulmans, proscrits. Juifs et maures doivent choisir entre

Trame urbaine 17ème siècle 86 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

le baptême ou l’exil. En 1525, Charles V instaure à Grenade le tribunal de l’Inquisition. Les conflits se succèdent jusqu’à la révolte des maures de 1568, qui se solde par une expulsion massive. Si au début du XVIème siècle, la cité dénombre 60.000 habitants, il est réduit à la fin du siècle, à environ 33.000 âmes. Les pertes se manifestent dans l’économie : l’agriculture laborieuse, irriguée, tombe en déchéance avec la perte de savoirsfaire. Conséquence, les réseaux hydrauliques se détériorent, à cause d’une non-transmission de pratiques. Durant le XVIIIème siècle et le XIXème siècle, l’Alhambra tombe dans l’oubli et certaines parties du monument sont utilisées comme des auberges ou des étables. De plus, les troupes napoléoniennes qui occupe Grenade de 1808 à 1812 transforment l’édifice en quartier militaire, comme si la fonction première de l’Alhambra ressurgissait dans l’histoire. Un climat de crise se répand, et il faut attendre jusqu’au XVIIIème siècle pour guetter des indices de récupération.


El núcleo original de la Alcazaba Antigua crece con la gran ampliación del Albayzín, formando un área densamente poblada, industriosa e influyente. Desde el Albayzín y la calle de Elvira se expande por el llano la Medina, centrada por la mezquita mayor, en la que se encuentran las principales callesL’Alhambra

auténtica ciudad del agua, clave del suministro y saneamiento para tan elevada riegos de la Vega —base de la economía granadina—, las manufacturas o la m symbole de así l’accaparation de cultural, recreativo y estético. religioso, como valioso componente

devient le la civilisation chrétienne sur le territoire. Les bois Les carmens jalonnent les bords de Darro. A Valparaiso, d’ormes, de micocouliers, de peupliers Desdeet el XIV produjo on établit la fondation religieuse du Sacromonte lahasta mediados del XIX seconstitués El crecimiento de la capital La ciudadela de la Alhambra resalta como un enfriamiento del clima que dio lugars’épaississent a la dans les versants de l’Alhambra. Ilsdemográfico reflétent ferme Jesús de lahito Vallée devient un lieu de culteconocida jésuite. nazarí intensificó la ocupación del territorio. nuevo de la ciudad, frente al Albayzín como Pequeña Edad de Hielo. En leenchangement de la fonctionnalité militaire de l’Alhambra. También en las sierras, donde se incrementan y dominando la Medina. Su estructura relación con este fenómeno se desarrolló el básica se concluye en el siglo XIV.

pada de Boabdil, último de Granada. Museo Ejército, Toledo.

corral del Veleta una reducida masa glaciar.

los procesos erosivos y la consecuente colmatación sedimentaria de la Vega.

Granada como una ciudad entre montañas detalle de la obra del almirante turco Piri Reis, del primer tercio del siglo XVI.

Se produce una ampliación de los cultivos, en especial en la periferia de la ciudad y las alquerías, que se multiplican al borde de la llanura.

el Darro, a la a Ciudad y sus Axares y Romayla hora la Acequia erivaciones, que neralife y la

El entramado de acequias del Genil incluye

Cadí o Grenade Candil, que abastece Enla del 1608 est,al Mauror selon y la Antequeruela, y la Gorda, arteria del Bermúdez de Pedraza, « suministro de los arrabales bajos, huertas, molinos y regadíos de la Vega. un endroit excellent, par la commodité de l’eau La expansión urbana de Granada prosigue qu’elle à disposition en sucesivos met anillos de arrabales (Albayzín, Alfareros, Loma), que en los auRambla, service de ses citoyens, siglos XIV y XV se dotan de murallas. avec deux rivières… que l’une en courant au milieu tintoreros, alfareros, ladrilleros deCurtidores, Grenade la un nettoie y otros oficios que requieren cuantioso et suministro de agua y generan abundantes l’embellit, et l’autre embrasse vertidos se asientan a lo largo del Darro. ses murailles, fertilise ses champs et fait surgir sa La disponibilidad de riego es el plaine ». Les fundamentofertile de la prosperidad de la rivières Vega. Su funcionamiento es objeto de permettent donc une una detallada regulación y constituye unforme capítulocomplémentarité esencial de la sociedad nazarí. entre de Grenade et sa campagne.

s se molinos bre todo grano, pero una, fibras, ersos e a.

os de la Alcazaba Albayzín consta de 25 aljibes menudo cerca de as. Esta red surtía l consumo privado as casas.

La fragmentación del parcelario refleja el predominio de pequeñas propiedades explotadas de manera intensiva y dependientes del regadío.

En la Vega, el policultivo alimentario se combina Dans la périphérie, des Arquitectura El sistema de gestión del agua en Granada y su con una importante dedicación a los cultivos y agua en los vega alcanza plena madurez, monastères, des hôpitaux et afectando tanto palacios reales comerciales que sostienen diversas manufacturas. de la Alhambra. a las reservas de nieve de la sierra, como a las La seda es uno de los principales ramos de la Foto: E. López. d’autres grands édifices surgissent. aguas de lluvia y a las subterráneas. economía de la ciudad. Ils occupent d’amples terrains à GUA, TERRITORIO Y CIUDAD côté de grands jardins. 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 87 Astrolabio construido por el granadino Husayn b. Baso, 1304-1305.

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A la


l'ALHAMBRA : une synthèse de l'histoire de grenade

L’histoire de Grenade contée jusqu’ici se retrouve dans la structure de l’Alhambra. Sa construction systémique, adaptée selon le relief et le réseau hydrographique, permet de faire émerger des invariants. Voici les différents faits qui ont façonné le paysage de l’Alhambra.

Gravure de Louis Meunier (1665)

L’Alhambra se trouve sur un point haut de la ville, séparée du centreville, construite sur la colline Sabika et contournée par des ravins. Créée originellement avec un objectif militaire, l’Alhambra devait être visible de loin et, en récipricité, devait pouvoir avoir un champ de vision très étendu. L’Alhambra est une ville. Il est donc indispensable de la doter d’un approvisionnement d’eau abondant et constant. Héritage de l’époque romaine, l’acequia real est aménagée.

88 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

Cette artère alimente l’Alhambra, où l’eau acquiert un rôle essentiel. L’eau sert en effet aux fonctions primaires d’approvisionnement et d’hygiène. Elle a son utilité productive dans l’agriculture. Elle contribue aux tâches symboliques, rituelles, esthétiques. La maîtrise de l’eau étant interprétée comme un symbole de pouvoir, Charles Quint décide de la construction de son palais au sein même de la cité. Or, suite au changement d’orientation religieuse de la ville, le déplacement du centre de gravité de la ville s’opère depuis l’Alhambra vers le nouveau centre urbain, autour de la cathédrale. Cela génère la construction de nouveaux monuments qui éloigne l’Alhambra de l’activité citadine. L’Alhambra tombe alors dans l’oubli. Devenue une ruine, il faut le mouvement romantique pour que l’Alhambra ressurgisse du passé.


Acequia real, qui irrigue l’ensemble de l’Alhambra et du Generalife. Le Generalife étant une villa de villégiature associée à un tissu agricole productif.

Palais de Charles V : résidence d’été, pour l’empereur. Le palais est carré, autour d’un patio circulaire en son centre, unique dans son style et une oeuvre architecturale mise en avant dans la Renaissance en Espagne Villa Palatine, complétement fortifiée pour sa défense, formée par une muraile de 200 mètres, qui forme un tracé irrégulier, suivant les courbes de niveaux

Près de Cerro del Sol, des huertas et des terrasses cultivées (composées de plantes horticoles, de légumes, de fruits, de plantes aromatiques et d’autres espèces) sont issues de la dérivations de l’acequia real. Les espaces non irrigués sont des pâturages.

L’acequia real rentre dans l’Alhambra, dessinant un axe majeur, qui est la rue Real. Les ramifications rentrent dans les palais, jardins, ateliers, bains...

L’Alcazabar, près des tours Bermejas, est la partie la plus ancienne de l’Alhambra

2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 89


RIO DARRO SUBLIME le romantisme, Élan d’une nouvelle attractivité Au XIXème siècle, le mouvement romantique (par le biais d’ambassadeurs tels que les peintres, les voyageurs), configure une Espagne comme un pays pittoresque, au carrefour de vieilles cultures exotiques. Les voyageurs romantiques construisent à travers des livres de voyages l’itinéraire d’une Espagne vieille, extraordinairement diversifiée, mais enfermée par ses pratiques et ses coutumes. C’est donc à travers le regard de l’autre, celui du voyageur étranger, qui projette ses désirs d’exotisme, que l’espagne romantique est construite. L’élaboration d’un regard, centré sur le poétique, l’antique, le nostagique entraîne la construction d’un sujet sublimé, l’Alhambra.

Entrée du salon des ambassadeurs Richard Ford, Voyage en Espagne (1830-1833)

Le livre « Manuel pour les voyageurs en Espagne », de Ford, en 1844, est un exemple de ces parcours initiatiques. En voyageant en Espagne au début du 19ème siècle, Ford a utilisé des carnets de voyages afin de s’approcher de cet «Orient proche et confortable» que l’Espagne incarne dans le collectif imaginaire. Ces itinéraires sont contextualisés à travers la description et la sublimation des villes, telles que Grenade.

Un triple portrait de l’«élégant sérieux», selon Richard Ford, 1832, aquarelle

90 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro


Albaicin

Alhambra

Cathédrale

Hospital Real

Esplanade du Triomphe gravure d’Alfred Guesdon, lithographe, voyageur et architecte français (Nantes, 1808-1876), 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 91 qui synthétise en 1850 le paysage de Grenade selon une constellation de monuments.


ELOGE D’UN PAYSAGE ET DE RUINES

Vue du paysage de Grenade commandée par le Comte de Maule au peintre Ferdinand Marín vers 1798

La gravure étudiée représente une vue de la ville de Grenade depuis le Generalife, réalisée en 1850. L’auteur de la gravure est Alfred Guenon, lithographe, voyageur et architecte français (Nantes, 1808-1876). Grâce à ce document, on observe au premier plan l’enceinte fortifiée de l’Alhambra. On observe qu’elle reste entourée de murailles,

Vue du chemin de la fontaine du Noisetier, un détail d’une lithographie de Chapuy (1841)

92 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

éloignée du centre urbain qui s’est créée autour de la cathédrale. La gravure permet d’apprécier le noyau urbain qui correspond aux constructions postérieures au XVème siècle. Cet ensemble forme la ville moderne en face de la tour de guet de l’Alhambra, qui représente la ville ancienne.


Palais de Charles V

Generalife

Alcazaba

Cathédrale

Pont Cadi Centre de la ville gravure d’Alfred Guesdon, lithographe, voyageur et architecte français (Nantes, 1808-1876), 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 93 qui synthétise en 1850 le paysage de Grenade selon une constellation de monuments.


Photo du dernier chercheur d’or XIX - XX siecle

RIO DARRO ABANDONNE

GRANDES REFORMES URBAINES : abstraction des structures héritées Au XVIIIème siècle, à un urbanisme conventionnel lié à la christianisation, se substitue un urbanisme hygiéniste et bourgeois. A partir de 1835, quelques grands changements se font sentir. Par exemple, l’apparition de nouveaux espaces publics à l’intérieur de la trame médiévale. Mais surtout, deux opérations urbaines d’envergure caractérisent la seconde moitié du XIXème siècle : le percement de la Grand de Colon dans la trame médiévale et le busement du Rio Darro, détaillé après. Au début du XXème siècle, le débit insuffisant de l’eau potable face à la hausse de la

94 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

population, la détérioration du système d’évacuation, le mélange d’eaux potables et sales font de Grenade une ville insalubre. La réorganisation du réseau de distribution de l’eau et des égouts a lieu en 1928. De plus, c’est l’époque du tracé et de la réalisation d’un chemin de ronde (Camino de Ronda) comme limite de l’extension urbaine. Le plan de planification urbaine de 1951 montre que la croissance urbaine, pour la première fois, déborde clairement des limites de l’espace construit depuis la fin de XVIIIème siècle.


atenazan su modernización y la nueva división provincial menoscaba incluso su papel regional. Mayor dinamismo deparan los años del XIX al XX. Aumenta la población (75.000 personas en 1900, 150.000 en 1940). Se asiste a la llegada del ferrocarril y desde la década de 1880, al auge de la remolacha y la industria azucarera. Se llevanse a cabo paulatinasen reformas, como la apertura quelques centrales hydroélectriques mettent marche Lesdemurailles

de aguas potables y sucias, las apropiaciones por particulares, h a los numerosos proyectos, los intereses encontrados y otros fac la reorganización del suministro público y, en 1928, a una nueva proceso que culmina alEn rehacerse todailla est red de distribución y a progressivement détruites. 1895,

Au XXème siècle, sont dans la vallée du Genil, permettant la production d’énergie électrique, dont va entrepris une grande intervention, la Grande Via, l’axe rectiligne Montaña y nieve se convierten en recursos de ocio al Hasta comienzos del XX persiste La minería se reactiva. atención la del se jouir Grenade. qui transforme la trame de la basse ville. LeEspecial tracé desrecibe routes alza. En 1912 se crea la Sociedad Sierra Nevada para los de modo residual el pequeño Las condiciones del entorno oro: además de batearse las arenas del Darro, junto deportes alpinos, en 1914 se plantea la construcción de glaciar del Corralprolonge, del Veleta, granadino abren la puerta a un al Genil se instala explotación industrial les quartiers périphériques se una multiplient, de cuyos maniére una carretera a través de la sierra y en 1925 se inaugura vestigio tardío de la Pequeña nuevo aprovechamiento del agua: dispositivos hidráulicos, como el canal de los Franceses, el tranvía que sube desde Granada por el Genil. Edad de Hielo. exponentielle dans la vega. la producción de energía eléctrica. se aprovechan luego para el abastecimiento de la capital.

Fábrica de remolacha de Granad tercio del s

Desde comienzos del XX se ponen en marcha varias centrales hidroeléctricas en el valle alto del Genil.

A partir de 1928 se construyen tomas del Genil, depósitos, conducciones, nuevas redes de distribución y una estación de tratamiento de aguas.

“Mucha Alhambra y mucho té”, era la recomendación a los turistas ingleses que visitaban Granada paraème evitar enfermedades, dada la mala fama del estado de sus aguas.

À la fin du XIX siècle, un groupe d’intellectuels se constitue. la tête, A fines delA XIX se constituye una agrupación Ángel de intelectuales, Ganivet. lideradaCe Ángel Ganivet, que groupepor plaide pour aboga por la preservación de los valores tradicionales la préservation de Granada y toma el de una valeurs de sus des nombre fuentes: la Cofradía de la Fuente del Avellano. «traditionnelles» de Grenade. Une el Albayzín, laporte fontaineEn Antequeruela, en las inmediaciones la aujourd’hui leurdenom Alhambra, se distinguen los reductos de de agua y la : la Confrérie vegetación que son los fontainecármenes. du Noisetier.

Dans l’Albaicín, les réseaux traditionnels du chemin de l’eau persistent, tels que les cármenes. Folleto turístico de Sierra Nevada, hacia 1914.

Por las riberas del Genil se extienden los paseos con fuentes. Al antiguo puente se suma el Puente Verde, construido por las autoridades napoleónicas.

Le chemin de fer Hasta mediados del XX Cela se suceden arrive en 1874. las riadas. En 1951 la presión de las aguas rompió el embovedado conditionne le futurdel Darro hacia Puerta Real, causando d égrandes v e l odestrozos. ppement urbain de ce Entre 1854 y 1880 se cubre el tramo secteur.

del Darro entre Plaza Nueva y Puerta Real. Sobre el cauce se tiende uno de los ejes mayores de la ciudad.

La epidemia de cólera de 1885, que acabó con un 7% de la población granadina, puso de la manifiesto el pésimo estado sanitario de la red de suministro y alcantarillado, y de los ríos y acequias.

Hasta el siglo XX el aguador sigue siendo uno de los tipos más populares de Granada, dedicado a la venta callejera y el abastecimiento domiciliario ante las deficiencias del suministro público.

[28] AGUA, TERRITORIO Y CIUDAD

Junto a las hortalizas, granos, frutales, y las choperas, en los años centrales del XX cobran protagonismo en la Vega el maíz, la patata, y cultivos comerciales como el tabaco

El vetusto sistema hidráulico urbano es definitivamente sustituido al terminarse las nuevas redes a fines de los cuarenta.

El ferrocarril llega en 1874, Jusqu’à la moitié du XXème siècle se succèdent introduciendo la mecanización conles inondations. de vapor característica de En 1951 la pression des eauxlala energía a cassé l’embovedado, le buseprimera industrialización. ment, du rio Darro vers la Porte Réelle, en causant de grandes destructions.

Agotado el ciclo del lino y el cáñamo, a fines del XIX se inicia el de la remolacha, que promueve la construcción de grandes fábricas azucareras y dura hasta 1930.

Aguador de Granada, foto de E. Guinea de 1929. Archivo Municipal de Vitoria-Gasteiz. A la derecha, tarjeta postal con una imagen de la Gran Vía a comienzos del siglo XX.

2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 95


une REFORME HYGIENISTE, COUPER LE LIEN, Durant le XVIème jusqu’au XXème siècle, le Rio Darro joue un rôle de transition dans la séquence urbaine et paysagère de la basse ville. La construction au bord du Darro est ainsi constituée d’éléments urbains emblématiques comme la Plaza Nueva ou la Puerta Real. Cette rivière a donc connu les transformations successives des courants modernistes et contemporains, de la Renaissance au Baroque.

96 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

Photo du chantier Embovado (1929)

Cependant, le busement, L’embovedado, de la rivière Darro a réellement commencé au XIXème siècle, quand la bourgeoisie grenadine a voulu projeter une nouvelle image, dans laquelle la salubrité était «essentielle». De plus, la petite dimension du Darro et l’échelle réduite du système socio-économique généré, entraîne la perte de sa qualité principale, à savoir l’interdépendance entre la vallée du Rio Darro et Grenade. L’ouvrage s’achève quand la Guerre Civile débute. Le busement du rio darro a donc engendréune rupture avec le paysage «traditionnel» de Grenade.


16ème siècle

1880

1877

1868

1936-1938 1791

1854

Plan qui montre les différentes étapes de l’embovado 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 97


xx - xxi siecle d'extensions en extensions ; la vallee du rio darro devient une anecdote

Trame actuelle

Au XXème siècle, suite à l’expansion économique qui a eu lieu entre 1960 et 1975, le développement urbain génère la destruction d’espaces de grande valeur culturelle. Ces espaces - tels que la vega ou les abords de l’Alhambra - se transforment en aires d’expansion de la ville, en parallèle de l’émergence du tourisme intensif.

Vue depuis le bord du Río Darro de l’édifice des carmenes du Chapiz, au fond, le pont des Chirimias, 1872

En 1973, Grenade se dote d’un Plan Général de Planification Urbaine de la Région, dont les limites incluent une vingtaine de municipalités. Son échelle régionale, inscrite dans un milieu physique, permet de pouvoir contrôler les phénomènes urbains. Le nouveau plan distingue clairement deux parties : d’un côté, le centre urbain, de l’autre, les zones d’extensions urbaines. Le Plan d’occupation des sols de Grenade de 1985 octroie à la vallée du Rio Darro un traitement spécifique. La vallée est considérée comme un ensemble de sols non bannissables. Il est aussi rédigé un Plan Spécial de protection Écologique fondé sur son caractère agricole productif.

Grenade vue depuis le sacromonte, 1892

98 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro


Este fuerte incremento demográfico genera una demanda incesante de nuevos espacios para la construcción de viviendas e instalaciones industriales y de servicios que se obtienen, en una primera fase, de las tierras de cultivo de la Vega y posteriormente de la ocupación creciente de las faldas de la Sierra. Surge lentamente una aglomeración urbana que une,

À partir de la deuxième moitié du XXe un repeuplement intense forestier est entrepris pour protéger les sols de l’érosion et pour La espectacular morfología glaciar, la benévola pallier les effets des inondations. Des milliers d’hectares climatología y la elevada biodiversidad, sont En las cabeceras de los ríos con la figuraqui de Parque se construyen presas para plantés, avec des espèces conifèresreconocida exotiques, ontNacional, formé hacen de Sierra Nevada un lugar con creciente abastecimiento, control interés para el turismo de naturaleza. des bois artificiels. de avenidas, regadío y aprovechamiento hidroeléctrico, como la de Canales en el Genil y de Quéntar, en el Aguas Blancas.

primera magnitud: con sus tres millones de visitan Sierra Nevada, con su equipamiento para la prác contribuye a mantener un importante flujo de ac historia íntimamente ligada al agua, ha sabido pr

L’UNESCO classe l’Alhambra et l’Albayzín, en 1970, comme monuments au Patrimoine de l’Humanité. Grenade devient une En Sierra Nevada se encuentra destination singulière etla préférentielle à une échelle mondiale. Uno de los diez Observatorios de Cambio estación de deportes de invierno más meridional de Europa. Sus más de 100 km de pistas son un potente atractivo para el turismo.

Global del mundo seleccionados por la UNESCO para registrar los efectos del cambio climático está en Sierra Nevada.

A partir de la segunda m se acomete una intensa r hidrológico-forestal para suelos de la erosión y pa las riadas. Miles de hectá la sierra, a menudo con e exóticas que han formad artificiales que hay que ir

El valle del Darro, “en la trasera” de Granada, es el gran olvidado. La integración de este valioso espacio con el tejido de la ciudad es una cuestión pendiente que ha de abordarse, para transformarlo en un nuevo cauce de oportunidad para Granada.

La vallée du Darro est l’oubliée de ces nouvellles dynamiques. L’intégration de cet La inclusión por la UNESCO de espace précieux la Alhambra y el Albayzín entre monumentos Patrimonio danslos les dynamiques de la Humanidad, coloca a la ciudad de Granada como urbaines autour de destino singular y preferente a escala mundial. Grenade est un enjeur majeur.

Como contrapartida que se ha convertido décadas aumentan l y sobre recursos tan que requieren una d

El crecimiento de la ciu desborda hacia la Vega Nevada, se impone a l territorio que justificar ciudad histórica.

La presión urbanizadora sobre la Vega ha obligado al retroceso de los cultivos. En su lugar proliferan centros comerciales, polígonos industriales y toda clase de edificios e infraestructuras.

La explotación de las agua del acuífero de la Vega se al sistema de abastecimien mediante sondeos profun activan cuando es necesar

Huerta de San Vicente, asociada al recuerdo del poeta F. García Lorca, por M. Maldonado Rodríguez. Museo de Bellas Artes de Granada.

Los sotos y formaciones de ribera de la Vega, en origen constituidas por álamos, sauces, fresnos y olmos, han desaparecido por la alteración del hábitat fluvial. En su lugar proliferan zarzamoras, emborrachacabras, juncos, cañaverales…, indicadores de condiciones degradadas. El cauce del río Beiro se ha

embovedadoun e incorporado al La pression urbaine sur la vega a entraîné recul des cultures. El futuro está en la cooperación: la aglomeración de continuo urbano. Su existencia sólo On assiste à une prolifèration despervive centres commerciaux, des Granada abarca hasta 32 municipios (25 de ellos a en el callejero de la ciudad: menos de 10 km de la capital, diez de ellos con más de Ribera del Beiro. parcs industriels et autres types d’infrastructures. 10.000 habitantes). Esta circunstancia obliga a plantearse los problemas con una nueva escala.

La situación de la ciudad sigue siendo privilegiada por controlar el paso de la costa al interior (eje Bailén-Motril) y del Surco Intrabético (eje AntequeraBaza). La expansión del tejido urbano ha obligado a la construcción de nuevas rondas y variantes para separar el tránsito urbano del territorial.

2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 99 [30] AGUA, TERRITORIO Y CIUDAD


UNE PRISE EN COMPTE PROGRESSIVE DU GRAND TERRITOIRE, REcit de la protection d’un monument en lien avec un paysage culturel

Or, il est intéressant d’analyser l’évolution du périmètre de protection de l’Alhambra, depuis son classement au patrimoine mondial de l’Unesco jusqu’à aujourd’hui. La renommée de l’Alhambra en fait un pôle d’attraction de première grandeur : avec ses trois millions de visiteurs annuels, ce monument est l’un des monuments les plus visités de l’Espagne. Cependant, le classement par l’Unesco des abords de l’Alhambra, en 1970, établit que ce monument et son paysage sont « forgés » par les mêmes valeurs universelles. Ces relations implicites n’ont pas toujours été saisies. En effet, le classement en 1870 conçoit l’enceinte fortifiée comme une synthèse du patrimoine culturel et naturel, formée par l’Alcazar et ses jardins. Ce classement est conditionné selon les limites parcellaires, et ne traite pas des accès, des vues ou encore de la gestion autour des monuments. En 1961, un nouveau décret parie clairement sur la conception du Monument comme « d’un lien unique de culture et de nature ».

Il agrandit la protection jusqu’au bord du Darro, en incluant les boisements le long des versants. Avec une plus grande ambition paysagère, le Décret de 1979 incorpore le Pâturage du Generalife dans son ensemble. Cela est audacieux, puisque cette déclaration défend pour la première fois une échelle monumentale plus large, qui n’est plus uniquement réservée à l’Alhambra. Concrètement, cela signifie que les abords ne sont plus simplement une « zone verte », dépourvue de qualités paysagères, aliénés uniquement à l’Alhambra et au Generalife. Il y est pour la première fois fait mention de qualités architecturales, mais aussi urbaines et paysagères « exceptionnelles ». Ainsi, cette classification insiste sur la nécessité de promouvoir la protection intégrale et « le maintien des valeurs d’authenticité, en évitant les usages contradictoires avec la fonction culturelle, induits par la construction d’infrastructures contemporaines dans l’environnement adjacent de l’aire déclarée » . Donc, cette politique publique définit des limites à la prolifération de constructions proches de l’environnement de l’enceinte de l’Alhambra. L’objectif est de régénérer et de préserver un cadre qui (re)permet la contemplation du Monument, dans son « authenticité ».

100 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro 1870

1929


de conservation et de restauration de monuments. Ces critères découlent des recommandations contenues dans les documents fournis par des organisations internationales et suite à la loi 14/2007 du 26 novembre du Patrimoine Historique de l’Andalousie. La stratégie vise à récupérer des espaces liés originairement à la propriété de l’Alhambra et au Generalife. La protection comprend non seulement les palais et les jardins, mais aussi les systèmes hydrauliques et les terrains productifs. Ce document dessine une philosophie de la protection, en accentuant le caractère urbain de ce monument. En effet, il est fait mention des accès ou encore Le Plan Directeur de l’Alhambra, approuvé en 2007, permet une réflexion de l’impact du tourisme sur la ville. Fait notable, ce document trace une davantage plus transversale autour de l’enjeu de la protection de ample ligne de contact entre la vallée et la ville. Cela symbolise ainsi la l’Alhambra. Cela se traduit par la mise en place d’une gestion plus efficace nouvelle vocation territoriale de l’Alhambra . De plus, ce processus a été de la protection des valeurs historiques, artistiques et sociales associées établi en fonction de la reconnaissance sociale des valeurs culturelles, à l’Alhambra. Le document révisé traite de l’évolution des espaces naturelles, territoriales et des motifs identitaires au paysage de l’Alhambra urbains dans l’environnement du monument, ainsi que l’incorporation au XXème siècle. dans le patrimoine public des biens déterminés dans le plan directeur de Face à son expansion territoriale, l’Alhambra se définit par ces tracés l’Alhambra. historiques. Ainsi, en se structurant sur une interdépendance entre la L’actualisation du Plan Spécial de Protection de l’Alhambra a lieu à partir vallée du Rio Darro et l’Alhambra, la stratégie présente des nouvelles de 2015, par convention entre le Patronat de l’Alhambra et le conseil problématiques en ce qui concerne le développement et la gestion de municipal de Grenade. Cette relecture s’appuie sur les critères en matière l’environnement associé à l’Alhambra, et donc à son paysage. On comprend donc aisément que les relations visuelles « authentiques » depuis et vers l’Alhambra deviennent un nouvel enjeu. Afin de maintenir ce pari, la pression urbaine ainsi que les usages engendrés par le tourisme peuvent être maîtrisés. Concrètement, ces objectifs ont influencé la construction du Nouveau Chemin du Cimetière et la création de parkings autour du Generalife. En effet, ils sont pris en compte en 1989 par le Plan Spécial de la Protection et de la Réforme Intérieure (PEPRI) de l’Alhambra et des Alixares.

1989

2007

2015

2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 101


UNE EQUITE DES PATRIMOINES : VERS UNE NOUVELLE STRATEGIE TERRITORIALE

Aujourd’hui, le tourisme et l’agriculture sont les piliers de l’économie de Grenade. Depuis les années 70, le tourisme y est envisagé à une échelle mondiale. Ce tourisme se densifie autour de l’Alhambra. Or, se pose la question de la mémoire et des valeurs, comprises ou non, véhiculées par le monument. L’Alhambra doit donc être traitée aujourd’hui comme un Bien Culturel, dont les valeurs paysagères, architecturales et environnementales, suscitent la connaissance et l’inspiration, pour réaliser des stratégies territoriales, à l’échelle de la vallée du Rio Darro.En effet, l’évolution du périmètre de protection et de gestion de l’Alhambra intègre de manière exponentielle la vallée du Rio Darro. Or, la vallée est définie par des patrimoines qui sont porteurs des mêmes valeurs et logiques perceptibles dans l’Alhambra : maîtrise de l’eau, relations visuelles sublimées, traces de diverses civilisations...

102 l 2 : Traces des fondements des paysages : récits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro

Ces patrimoines sont associés à des paysages agraires, présents dans la vallée, tels que les huertas. L’opportunité que ces patrimoines soient préservés s’appuient sur les directives de l’UNESCO dans la Convention de 1972 sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel ainsi que dans la Convention Européenne du Paysage, de 2000. Le concept de paysage culturel, porté par les instances qui influencent l’Alhamabra, sousentend donc un esprit unificateur. On comprend aisément qu’une démarche de projet ne peut être entreprise d’une manière sectorielle et isolée, sans prendre en compte cette corrélation et interdépendance entre l’Alhambra, sa géographie, ses habitants et l’agriculture. Il devient donc judicieux d’analyser les dynamiques et projets en cours, qui influencent et/ou agissent sur les paysages de la vallée du Rio Darro.


2 : Traces des fondements des paysages : rÊcits paysagers des patrimoines de la vallee du rio darro l 103


104 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en prĂŠsence


3

Rio Darro Les dynamiques en prEsence

3 : Rio Darro : les dynamiques en prĂŠsence l 105


“Savoir pour prévoir, afin de pouvoir.” Auguste Comte

106 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence


POURQUOI SE SAISIR DU PAYSAGe pour appréhender les dynamiques territoriales EST-IL PERTINENT ? Il est évident que le paysage acquiert actuellement une grande importance dans la perspective de dynamiser des territoires. Les qualités du paysage permettent de soulever des questions et des solutions tant à une échelle réduite que territoriale. De plus, le paysage, perçu comme un champ transversal à plusieurs disciplines, permet de montrer comment intervenir pour obtenir des formes, des usages et des représentations souhaitées. Cette « projection paysagère » permet d’interconnecter différentes disciplines et synthétise ces diverses approches autour d’un référentiel commun : le bien-être dans ses dimensions individuelles et sociales, un développement économique dans une optique de développement durable. Conséquence, c’est une démarche qui unifie et rassemble différentes sciences, qui auraient pu être, a-priori, sans objets communs.

INTERROGER

*En politique, le principe de subsidiarité est le principe selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d’autorité publique compétent pour résoudre le problème. C’est donc, pour l’action publique, la recherche du niveau le plus pertinent et le plus proche des citoyens 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 107


LES ACTEURS INSTITUTIONNELS ET LES OUTILS ReGLEMENTAIRES DE LA PLANIFICATION TERRITORIALE Afin de mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre le long de la vallée du Rio Darro, il convient de comprendre le fonctionnement des politiques publiques, et le rôle de chaque acteurs. L’état se consacre surtout à la planification économique répartie entre le pouvoir central et les communautés autonomes. Il intervient dans le cadre de l’évaluation des terrains pour l’indemnisation des propriétaires en cas d’expropriation pour un projet d’aménagement. Cependant, le rôle de l’état reste marginal en matière de planification urbaine. Cependant, les régions disposent chacune de ses propres lois, dans la limite défini par l’état. Le cadre des compétences est plus concret. Comme toute organisation régionale, elle définit des modèles de territoires à obtenir et à consolider grâce à l’action

publique. La région Junta de Andalucia pose donc les orientations générales ainsi qu’une philosophie du développement territorial de la région. La province (Grenade) est une entité administrative décentralisée. Dans le domaine de l’urbanisme, son rôle est de constituer des documents de principes d’aménagements à une échelle locale en suivant les orientations de la région autonome. Enfin, la municipalité a les pleins pouvoirs en matière de développement urbain. Elle est maître de la planification concrète de l’espace. Elle joue un premier rôle dans la classification des sols. Le « plan général » est un document qui fait autorité. Donc, en matière d’urbanisme, le rôle de l’état est consultatif. Tout se joue entre la région autonome (reléguée par la province) et la municipalité.

108 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence


ReGION AUTONOME (Junta de Andalucia)

Municipalite (GRENADE) élabore

élabore

PLAN GeNeRAL D'ORDINATION URBAINE

PLAN D'ORDINATION DU TERRITOIRE DE L'AGGLOMeRATION DE GRENADE Normes (articles relatifs à la planification du territoire) Mémoire (données immobilier....)

socio-économiques,

marché

Normes urbaines : fiches detaillees pour chaque quartier faisant l'objet d’un projet urbain MEmoire (objectifs, stratEgies, propositions de plannifications, etudes economiques et foncieres.) Fiches sur les sols non urbanisables

Catalogues (recensement de tous les édifices jugés d’intérêts pour la province de Grenade : anciennes fermes, monastères...)

Fiches sur les sols urbanisables (détail de chaque projet en sol urbanisable, plan de situation ...

Fiches sur les sols urbains (détail de chaque projet en sol urbain, plan de situation ...

Fiches sur les sols urbains (détail de chaque projet en sol urbain, plan de situation ...

Plans d’informations (usages primaires du sol, unités environnementales...) Plans de planifications (modèle territorial, structure de l’articulation territoriale, organisation et zonage des espaces libres., zones d’objets d’amélioration environnementales et paysagères..)

Schéma obtenu à partir de l’ouvrage « Diccionario del derecho urbanistico » de Pons Gonzalez aux éditions Decomares

SOL URBAIN Terrain disposant d’un accès roulant, approvisionné en eau, équipé d’une évacuation des eaux usées, d’un accès à l’électricité et stabilisé sur deux tiers de sa superficie.

Fiches sur les zones de réserves

Plans des usages et des utilisations du sol (classification des sols, systeme de transports) Schéma obtenu à partir de l’ouvrage « Diccionario del derecho urbanistico » de Pons Gonzalez aux éditions Decomares

SOL URBANISABLE Terrain que la planification a établi comme apte pour être urbanisable. Dans les communes dotées d’un plan général, il peut faire l’objet d’un programme ou non. Il passe en sol urbain suite à une démarche.

SOL NON URBANISABLE Les terrains exclus du processus d’urbanisatio,n, qui ne pourraient pas être destinés à des fins distinctes de la forêt, de l’agriculture, de l’élevage et en général à l’utilisation rationnelle des ressources naturelles. On peut y construire de manière 3 : Rio : les dynamiques en milieu présence l 109 isolée desDarro édifications liées au rural.


Vallée, Ville, PLAINE : trois entités caractérisées par DES DYNAMIQUES Diversifiées

Grâce au relief, il est aisé de trouver des lieux où la vue permet d’embrasser visuellement les trois séquences qui structurent le paysage de Grenade : la vallée, la ville et la plaine. Il s’ensuit une « dépendance visuelle », c’est à dire que les changements territoriaux (étalement urbain, enfrichement...) de l’une des entités se voient depuis l’autre. Ainsi, on peut observer des dynamiques territoriales très diversifiées, et qui vont être détaillées dans cette partie.

Vue 110 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence

depuis le Generalife

Du fait de l’attractivité de Grenade et du relief principalement plat, la Vega, la plaine, est aujourd’hui en proie à un étalement urbain, centrifuge. Celui-ci s’opère dans les principales communautés autour de Grenade. Cela entraîne un mouvement de la population qui se déplace de la plaine vers la ville. Grenade passe ainsi de 155.000 habitants en 1950 à environ 240.000 dans la première décennie du XXIème siècle. Ce fort développement démographique s’effectue au détriment des terres agricoles de la vega. Conséquence, une agglomération urbaine surgit. Elle unit, sans un souci de continuité paysagère, la ville ancienne de Grenade avec les municipalités voisines jusqu’à constituer une aire métropole. Les habitants de cette nouvelle entité métropolitaine se multiplient par deux jusqu’à atteindre un demi-million (2015).


1 : Schéma de l’étalement urbain autour de Grenade

N

3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 111


récit touristique ; une stratégie urbaine déployée dans le centre de grenade

Stratégie de Grenade pour 2020

extraits du document estrategia

granada 2020

112 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence

Cette nouvelle aire métropolitaine se caractérise par une économie basée sur des services, qui se substitue de plus en plus à une base agricole. Le tourisme devient, par exemple, un des piliers de la stratégie de développement de Grenade. Les actions publiques qui en découlent visent à aménager et à promouvoir une image moderne de Grenade. Concrètement, un glissement des représentations fait passer la vision d’une ville active à celle d’une ville festive, de la cité de besoin à la cité de désir. Grenade affiche désormais une exigence de consommation, de séduction, de mise en scène et d’image. La politique touristique déployée sur Grenade a acquis une efficacité remarquable. Ainsi, un organisme de coordination associe le secteur privé et le secteur public. Cet organisme veille à articuler l’image touristique avec l’aménagement urbain, la morphologie de l’espace devant faire écho aux grands thèmes structurants du récit de la ville et inversement. Par exemple, les points hauts de la ville, arpentés pour apprécier les vues offertes, sont particulièrement mis en valeur, comme on peut le voir sur la vue aérienne ci-jointe.

Donc, Grenade concentre des moyens publics sur la demande du tourisme. Or, l’Alhambra concentre la grande majorité de l’offre touristique de la ville. Ainsi, les flux, de déplacements, d’aménagement, sont coordonnée selon cet enjeu. Face à cela, le rio Darro est considéré comme un «problème» en milieu urbain : « la mauvaise qualité des eaux, la présence de déchets, ainsi que ces berges non entretenues, entraînent la prolifération d’insectes et d’odeurs durant l’époque estivale » (en italique car citation ?). En faisant état de ces problèmes, la Stratégie de Grenade 2020 se donne comme objectif : « la définition, la sauvegarde et la récupération du paysage historique urbain » autour du Rio Darro. A priori, le réseau hydrographique, dans son ensemble géographique, n’a aucune causalité avec les dynamiques citées précédemment. Pourtant, c’est cette même eau qui est utilisée, maîtrisée, mise en scène, pour assurer le développement de ces territoires. C’est un potentiel d’interdépendance oublié, où l’enjeu pourrait être l’eau, un lien fédérateur entre les territoires.


Vue aérienne qui situe l’ensemble des actions entreprises dans l’espace public par la mairie de Grenade (2016 - mars 2017) avec trois catégories : réhabilitation (en rouge), création (en bleu) et aménagement (en vert).

3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 113


une modernisation du reseau hydrographique une disparition progressive des patrimoines hydrauliques

Cette interdépendance est pourtant oubliée et reniée. Pour exemple, un plan de modernisation des terres agricoles est en cours d’application sur l’ensemble de l’Andalousie. Les résultats attendus sont d’obtenir un système de culture intensif, basé sur l’industrialisation du secteur agraire. Cependant, la mécanisation, les moyens mis en œuvre, ne sont généralement pas adaptés à la structure agricole traditionnelle, telle que les huertas ou encore les acequias. On assiste donc à une tentative d’application d’un modèle de production héritier du fordisme, basé sur la maximisation des bénéfices et les économies d’échelle. On retrouve donc les lois qui régissent l’agriculture contemporaine, en amont du Rio Darro.

114 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence

Concrètement, ces changements sociétaux, et donc paysagers, sont liés principalement à cinq facteurs : 1 - De caractère structural :Les petites parcelles de terre agricole visibles aujourd’hui sont dues aux successions d’héritages. Le processus « para todos igual » (pour tous, le même) aboutit à une fragmentation parcellaire importante. 2 - Le vieillissement de la population agricole : 50 % des actifs agricoles ont plus de 55 ans. 3 - La libéralisation des marchés, et par conséquent la concurrence : cela a entraîné une chute des prix. Ainsi, aujourd’hui, de nombreuses exploitations ne sont plus viables. 4 - La concurrence entre les différents usages du sol : résidentiel, industriel, agricole. 5 - La perte d’identification des habitants vis-à-vis de l’agriculture et des pratiques associées.


Usage du sol Superficies agricoles (%) Aires agricoles hétérogénes Superficies irriguées Superficies non irriguées

Année 1956

Année 1977

Année 1999

Année 2007

Total des superficies agricoles

5,11 3,36 35,99 44,46

6,53 5,68 33,02 45,23

6,11 6,59 31,73 44,43

6,56 18,01 30,5 44,3

Superficies forestières et naturelles Espaces ouverts Formations arborées denses Formations arbustives et herbacées Pâturages Total des superficies forestières

6,77 5,96 18,17 7,05 53,19

6,53 6,53 14,3 6,17 51,95

5,44 8,31 13,01 7,21 51,62

6,27 7,97 12,14 7,11 50,93

Superficies construites et altérées Total des superficies construites

0,59

1,36

2,3

3,08

Superficies des zones humides Total des zones humides

1,75 1,72 1,65 1,48 Source : Ministére de l’Agriculture, de la Pêche et du Développement Rural, 2012

D’après l’analyse des statistiques suivantes, on observe que grâce aux nouvelles techniques possibles, la part des terres irriguées augmente. Cela influe donc directement sur la part des espaces ouverts, situés lorsque la topographie est plus plane, notamment dans la vega. En parallèle, on constate que les boisements se développent. Cela peut être interprété de la manière suivante : la part des terres à cultiver, moins contraignante, notamment dans la vega, sont accaparées. Cela se joue au détriment des parcelles plus accidentées, notamment dans les vallées. Cela est confirmé lorsque l’on voit que la part des formations arbustives diminue.

En effet, cela signifie tout simplement que des espaces enfrichés, et donc abandonnés, ont évolué petit à petit vers un stade climaxique, c’est à dire vers un stade de boisement (par exemple le changement entre l’année 1999 et 2007). Ainsi, lorsque les pâturages diminuent, les formations arborées augmentent. Il y a donc un lien de causalité qui est ici mis en évidence. Par ailleurs, si l’on observe la superficie des zones humides – elle diminue –, on comprend que des espaces associés à l’eau, notamment les acequias, ne sont plus utilisés ou plus entretenus, ce qui fait que l’eau ne se concentre plus dans certains endroits. On comprend donc aisément que l’agriculture joue un rôle essentiel dans l’évolution des masses végétales, boisées ou non, mais aussi dans le maintien des acequias. 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 115


1956

1978

2005

2017

116 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence

Changement de tutelle : des prairies aux bosquets, differents modes de gestion sur la prevention des incendies Les vues aériennes, selon les différents pas de temps, montrent l’enfrichement progressif des versants de la vallée du Rio Darro. En parallèle de cela, la Confédération Hidrologica del Guadalquivir (Confédération Hidrologique du Guadalquivir) a élaboré les Plans de Prévention d’Incendies sur plus de 30.000 hectares dans l’Andalousie, depuis 2008. L’objectif est d’adopter des mesures préventives, grâce à une gestion des boisements. Concrètement, il s’agit de créer des lignes de défense et des aires de coupe-feu qui permettent une prévention efficace et une réduction du danger d’incendies dans ces masses forestières.

Pour atteindre ces objectifs et pour faciliter le contrôle des incendies forestiers, ce Plan de Prévention d’Incendies prévoit un travail commun avec l’organisme Réseau Viaire Forestier. Cela signifie que les actions forestières doivent être conformes au Plan Forestier. Ce plan forestier définit 18 km de réseau viaire sur l’ensemble de la vallée, avec 43,5 % de chemins de premier ordre (praticables en voiture et à pied) et 56,5 % de chemins du deuxième ordre (chemins d’entretien, à pied principalement). Pourtant, le réseau des acequias est lui aussi défini par un réseau de chemins. De plus, les acequias assurent la distribution de l’eau à travers tout le territoire. Ce sont donc, de part leur nature, des aires de coupe-feu. Ces différents points révèlent qu’un potentiel n’est pas ici mobilisé.


N Protection forestière Protection des berges et des plaines Protection agricole

En effet, ce document ci-joint, qui date de 2002, illustre ce manque de considération. Il montre le classement des sols selon leur statut et leur nature. On peut relever des incohérences. En effet, les espaces marqués par une activité agricoles encore active dans la vallée ne sont pas mentionnés, tels que les huertas. Par ailleurs, le réseau hydrographique n’apparaît pas, notamment les Barrancos. Or, les ripisylves associées à ces réseaux d’eaux devraient être, en toute logique, protégées. On comprend donc qu’il y a à cette époque là, un manque dans la planification territoriale,, de la connaissance et de l’action associée à la gestion des boisements et de l’agriculture.

Extrait du PGOU de 2002 >> 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 117


UNE Plannification territoriale ambiguE - Des ripisylves boisées : ce sont des formations arborescentes avec une grande diversité végétale et faunistique. Point le plus important, leurs capacités structurantes du territoire sont mises en avant. Conséquence, les ripisylves sont protégées, régénérées et maintenues, du moins en théorie. - Des « zones de grands jardins dans les vallées », autrement dit, les huertas. Elles se caractérisent par des pratiques agricoles mais aussi par une « infinité d’éléments naturels ». Dans ces - Des zones forestières avec des boisements “naturels” : il zones, l’action publique « requiert des mesures de protection s’agit de boisements issus d’une forêt “originelle” qui malgré et de précaution pour éviter la perte d’éléments naturels le temps se trouvent dans un état qui tend vers le climax. par l’occupation constructive ». Fait étrange, un autre axe Le climax est défini, selon ce document, comme l’état prévoit de « protéger le paysage spécifique que les huertas écologique “parfait’, c’est à dire que l’écosystème atteint représentent et les usages spécifiques qui se développent un stade de maturité à maintenir. Les mesures envisagées dans ceux-ci ». N’y aurait-il pas une complémentarité ? Cette relèvent uniquement de la protection intégrale des sols, typologie permet de définir les paysages de la vega comme et non d’une quelconque gestion. Ainsi, ces espaces sont un sol non urbanisable, associé à une protection du rio darro classés comme des sols non urbanisables, associés à une et de la plaine fertile. protection forestière. - Des zones forestières arbustives “naturelles” : Ce sont On comprend donc que depuis 2002, l’analyse et la des espaces dans lesquels le stade arbustif méditerranéen planification territoriale se sont affinées, prenant en compte prédomine et dont la conservation permet d’atteindre le plus de caractéristiques écologiques. Cependant, il devient stade climaxique. La proposition d’usage de ces espaces doit nécessaire de chercher à comprendre ce qui, dans ce processus, pourrait faire paysage. Autrement dit, il convient de être en accord avec sa protection. - Des zones forestières de repeuplement : elles sont présentes s’intéresser à un axe plus social, complémentaire à l’analyse lorsqu’il y a eu des opérations de repeuplement. Ces zones portée par la mairie. Ainsi, comment les habitants pratiquentsont soumises à une conservation et à une exploitation ils et aménagent-ils la vallée du Rio Darro ? selon des qualités et des améliorations environnementales souhaitées. Ce sont des sols non bannissables qui doivent être protégés. En 2012, la vallée du Rio Darro est qualifiée comme un “ sol non urbanisable ”, qui jouit de plus d’une “protection écologique”. Cette classification de “sol non urbanisable” définit ainsi des valeurs et des objectifs pour maintenir la protection de ce sol face à une urbanisation galopante. La vallée a donc été mise en évidence selon les caractéristiques naturelles, environnementales et paysagères suivantes :

118 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence


Extrait du PGOU de 2012 Zones inclues dans des espaces naturels

Zones d’amélioration et de régénération environnementale et paysagère

Zone d’intérêt pour l’agglomération

3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 119


UN patrimoine social subtil en danger : les pratiques individuelles et collectives autour dES cours d’EAU :

Comme cela a été analysé précédemment, le régime d’arrosage est minutieusement réglé. L’acequiero - celui qui s’occupe de l’irrigation - a le pouvoir légal de pénaliser les infractions pour assurer le régime d’arrosage de manière équitable. C’est la communauté de ReGantois, selon les réunions annuelles, qui détermine tout ce qui concerne le bon fonctionnement de l’arrosage. La durée d’arrosage attribuée à chaque agriculteur dépend de la superficie de ses terres et du débit d’eau de l’acequia.

120 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence

Ce temps d’arrosage attribué à chaque propriétaire peut poser problème en cas d’héritage. En effet, le temps d’arrosage, tout comme les terres, se retrouve divisé entre le nombre d’enfants héritiers. On comprend donc que l’abandon de l’entretien des acequias a des conséquences tant fonctionnelles que sociales. Il en résulte une interdépendance entre une communauté qui pratique un territoire et le paysage qui en résulte.


Séquences dynamiques de photos prises en septembre 2016

De plus, le régime d’arrosage est minutieusement réglé. L’acequiero, celui qui s’occupe de l’irrigation,. a le pouvoir légal de pénaliser les infractions, pour assurer le régime d’arrosage de manière équitable. C’est la communauté de ReGantois, selon les réunions annuelles, qui détermine tout ce qui concerne le bon fonctionnement de l’arrosage. La durée d’arrosage attribuée à chaque agriculteur dépend de la superficie de ses terres et du débit d’eau de l’acequia.

Schéma du principe de l’acequia

1 2 3 4

: : : :

Ce temps d’arrosage attribué à chaque propriétaire peut poser problème en cas d’héritage. En effet, le temps d’arrosage, tout comme les terres, se retrouve divisé entre le nombre d’enfants héritiers. On comprend donc que l’abandon de l’entretien des acequias a des conséquences tant fonctionnelles que sociales, qu’il s’ensuit une interdépendance entre une communauté qui pratique un territoire et le paysage qui en résulte.

Côté du versant Fondement Chemin d’entretien 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 121 Côté de la vallée


protection de la vallée : la région classe la vallée du RIO DARRO COMME UN BIEN D’intérêt culturel

Or, cette interdépendance entre les patrimoines et une communauté qui les maintient est parfois oubliée. C’est le cas notamment dans la déclaration de Bien d’Intérêt Culturel (BIC) de la vallée du rio Darro, portée par la région. Ce classement inclut 268 éléments patrimoniaux le long de 22 kilomètres. L’objectif est de préserver de n’importe quel type d’intervention ces patrimoines. Concrètement, l’ensemble des éléments du patrimoine matériel et immatériel, tels que des arbres singuliers, des huertas, des moulins, des ponts, des acequias ou encore des chemins sont protégés. En somme, c’est une synthèse des espaces déclarés par l’Unesco (les abords de l’Alhambra et le quartier de l’Albaicin) ajoutés à d’autres patrimoines présents.

122 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence

Conséquence, ce classement permet d’obtenir une considération équitable de l’ensemble des patrimoines. Ce classement signifie que n’importe quel type d’intervention doit être approuvé par le Ministère de Culture. Cette instance a le pouvoir de paralyser immédiatement n’importe quelle procédure qui semble préjudiciable aux patrimoines. Les propriétaires ont le devoir de les conserver et de les maintenir, de façon à ce que la sauvegarde de ses valeurs soit garantie. On observe donc une dissociation entre patrimoines matériels et immatériels, entre des formes héritées et des pratiques, des savoirs-faire, qui maintiennent ces mêmes patrimoines.


3 : Rio Darro : les dynamiques en prĂŠsence l 123


une réappropriation des berges du rio darro ANALYSE DE LA STRATéGIE DU projet de restauration hydrologique et forestière de la vallée du rIo Darro

Coupe schématique qui montre les différentes séquences publiques du Rio Darro

Autre dynamique en cours, la Confédération Hydrographique du Guadalquivir (CHG), un organisme dépendant du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement, s’apprête à entreprendre un projet de restauration du bassin versant de la rivière Darro, chiffré à 6,5 millions d’euros. L’objectif affiché est de “permettre de connecter les quartiers historiques de la ville avec tout le bassin de la rivière”.

Vue aérienne du projet qui sectorise la vallée en objectifs (restauration forestière, nettoyage deu lit du rio....)

124 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence


L’Organisme considère également important de récupérer “l’usage naturel des rives du Rio Darro”. Enfin, il s’agit principalement de ”garantir la sécurité des citoyens face au risque plausible des inondations”. Or, les inondations sont provoquées par une non-gestion du réseau hydrographique, qui accroît donc les risques d’érosion. Ces érosions entraînent une accélération de l’écoulement des sédiments dans le lit du Rio Darro. Cela provoque donc une hausse de son niveau habituel, du fait que son lit se comble. Au lieu de traiter ces « problèmes » par la cause principale, à savoir la disparition de l’agriculture, d’autres mesures sont envisagées. En premier lieu, il est prévu la construction d’une série de digues dans des ravins secondaires du bassin de la rivière Darro pour retenir des éléments solides. Les digues se situeront dans des points où le mouvement des eaux entraînent de forts problèmes d’érosion.

Face à cela, un autre axe, avec des finalités plus sociales, est la création d’un cheminement pour des piétons et des cyclistes sur l’ensemble de la vallée du Rio Darro. C’est une action très ambitieuse, puisqu’il est prévu l’expropriation de l’ensemble de terrains limitrophes au rio Darro. De plus, des directives de gestion seront réalisées sur les masses forestières adjacentes à la rivière Darro. Dans ce sens, le projet englobe aussi le reboisement de parcelles adjacentes à la rivière. L’analyse de documents qui définissent le projet ne font aucune mention de l’expression d’un patrimoine agraire, culturel, à préserver. La considération des éléments tant culturels que naturels manque dans la planification territoriale, alors que différents acteurs se saisissent de ces éléments hérités. On comprend donc que le patrimoine devient une possibilité de litige, une démarcation conflictuelle entre les différents types d’acteurs qui agissent sur le territoire.

3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 125


UNE CROISEE DES CHEMINS : hiearchisation des enjeux paysagers La société locale est aujourd’hui confrontée à la gestion d’un espace qui ne lui appartient plus. Concrètement, les projets mis en œuvre, tels que « el proyecto de restauration hydrologia y forestia » sont contestés par les habitants. Les associations locales, qui se font leurs portes-paroles, remettent en cause tout aussi bien la forme que le fond. Sur la forme, les habitants n’ont pas été sollicités. Sur le fond, ce projet est basé sur une logique sectorielle, selon le parcellaire, qui n’intègre pas les pratiques à venir et qui propose seulement des actions basées sur des objectifs d’états de natures (climax entre autre). On observe une opposition entre des objectifs basés d’une part sur une connaissance vernaculaire et d’une part sur un rapport scientifique : à la stratégie définie par les experts s’oppose le territoire vécu des habitants. Les actions en faveur du paysage ne sont pas comprises et acquises par les locaux, pas plus que le processus décisionnel en amont : quel est l’état de paysage visé ? Par qui ? De là peuvent naître des conflits dans lesquels le paysage devient un enjeu social (Cloarec, 1995). Plus généralement, la vallée du Rio Darro est définie aujourd’hui comme un espace « naturel ». Très concrètement, l’activité agricole dans la vallée, qui s’estompe aujourd’hui, défini au regard de la mairie, le statut de la vallée. Mais si les activités agricoles disparaissent - et donc les savoirs-faires associés portés par les habitants -, alors on prend le risque que la vallée soit vulgarisée, oubliée, limitée à une « zone d’espaces libres et verts». Ses valeurs paysagères, environnementales (c’est à dire écologiques et sociales) doivent être défendues, préservées et perçues comme des potentiels pour un projet global. Et quoi de mieux que d’écouter les habitants qui pratiquent la vallée pour en témoigner ?

126 l 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence


Comment la réhabilitation des huertas, potentiellement inondables, situés aux bords du Rio Darro, permet de proposer une structuration du chemin de l’eau ?

Comment proposer une limite, un seuil, entre Grenade et la vallée du Rio Darro ? Pourquoi la réhabilitation des patrimoines agricoles, et de nouvelles pratiques associées, permet de lutter contre l’érosion ?

Comment concilier la réhabilitation des acequias, et des chemins associés, avec la gestion des boisements? comment raviver l’interdépendance entre grenade et la vallée du Rio darro ? 3 : Rio Darro : les dynamiques en présence l 127


128 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


4 recolte des pratiques paysageres associEes AUX PATRIMOINES DE LA VallEE DU RIO DARRO

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 129


« S’il n’y avait pas de l’imaginaire pour donner substance à la réalité, il n’y aurait pas de réalité » Edgar Morin

130 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


RECOLTE DES PAYSAGES « EN CREUX » Le tourisme est l’une des principales ressources de Grenade - cela a été précisé -. On relève, par exemple, 2,3 millions de visiteurs en 2015. Cet engouement pour Grenade et certains lieux jugés comme « authentiques » entraînent une « course à la mise en récit des lieux patrimoniaux et de culture ». Ces lieux ont différentes formes, telles que des places (mirador de Saint Nicolas), des monuments (l’Alhambra) ou encore des paseos (Paseos de los Tristes). Ces lieux, calqués souvent sur des éléments patrimoniaux, concentrent les flux touristiques. On assiste donc à une mise en scène des espaces publics associés à des pratiques touristiques : contempler, consommer, déambuler... Pour exemple, le mirador Saint Nicolas est constamment arpenté par des touristes pour apprécier la vue monumentale offerte sur l’Alhambra et la Sierra Nevada en arrière-plan. Or, ces différents lieux subissent aujourd’hui une surfréquentation. On dénombre par exemple plus de 6000 visiteurs par jour à l’Alhambra en hiver, et 8000 en été. Cette surfréquentation n’est pas sans conséquence, notamment pour les habitants.

En effet, suite aux rencontres effectuées dans le cadre de cette étude, avec différents acteurs, une notion de paysage est apparue : « Les paysages en creux ». Ces paysages sont définis de la sorte : ces lieux possèdent des caractéristiques paysagères singulières, propres à la vallée du Rio Darro. Ces paysages récoltés, qui sont moins valorisés d’un point de vue touristique, font partie des cinq structures paysagères de la vallée du Rio Darro : les Barrancos, les acequias, le Dehesa, la vega et les abords de l’Alhambra. Cependant, ces paysages sont moins mis en avant par les acteurs institutionnels et davantage connus et pratiqués par les habitants. Les habitants définissent principalement ces paysages en contraste des lieux mis en avant par les institutionnels, où « on ne s’y sent pas envahi par les flux touristiques ». Ainsi, cette partie cherche à synthétiser une typologie de paysages, référencés et associés aux marges de manœuvre de chaque type d’acteur rencontré. Les conclusions obtenues cherchent à montrer les relations qu’entretiennent les habitants avec les patrimoines de la vallée du Rio Darro. L’objectif est d’identifier, de préserver et de mettre en valeur ce patrimoine vernaculaire, au nom d’un projet commun.

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 131


LES TYPOLOGIES D’ACTEURS RENCONTRéS : déceler une COMPLéMENTARITé

Afin de comprendre les relations, les positionnements et les appréciations des acteurs par rapport aux patrimoines de la vallée du Rio Darro, il a été mis en place un protocole de recherche, d’étude et de collecte de données. Tout d’abord, des typologies d’acteurs, perçus comme complémentaires, ont été définis : les associations, les universités, le

132 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro

patronato de l’Alhambra, la mairie et la région. Par la suite, les différents acteurs ont été contactés afin qu’ils puissent raconter leurs récits, propre à la vallée du Rio Darro. L’objectif de cette partie est d’identifier les marges de manœuvres de ces acteurs et de chercher des lieux où leurs postures peuvent être complémentaires.


QuI PEuT FoRMuLER DES coMMANDES ?

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QuI PEuT PRENDRE PART Au PRoJET ? 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 133

S

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RIGuATIoN


la méthode employée : un entretien séquencé

La méthode employée s’est voulue rigoureuse et évolutive. Un protocole a été mis en place, afin de permettre à la personne interrogée de partir d’abord de sa posture professionnelle. Par la suite, il s’agit de permettre à chaque acteur d’oser formuler un regard, une appréciation plus personnelle, en lien évidemment avec son statut.

possible. Par la suite, les personnes interrogées devaient hiérarchiser les photos selon leur appréciation, du plus positif au plus négatif, et donner un qualificatif à chacune.

3 : Le registre des pratiques : Selon vous, pourquoi les habitants viennent-ils ici ? Et vous, pourquoi allez-vous vous y promener ? Quel lieu préférez-vous ? Où n’allezLes outils employés ont été les vous jamais ? Pourquoi ? Tracez un suivants : d’une part, la démarche a cercle comme limite de familiarité été synthétisée selon un document, avec le territoire sur la carte. envoyé par mail. Ce document montre d’emblée la démarche et 4 : Le registre de la mémoire : les questionnements qu’elle suscite. Quelles traditions sont associées Le moyen d’échange a toujours été à cette vallée selon vous ? Sontun rendez-vous, défini au préalable, elles encore présentes aujourd’hui avec un guide d’entretien structuré ? Ont-elles pris d’autres formes ? selon 5 thèmes : Selon les 5 photos suivantes, lesquelles représentent le mieux 1 : Leur connaissance des acequias pour vous l’histoire de la vallée ? : en leur demandant d’expliquer ( acequia – jardins – vue sur ce qu’étaiten les acequias, cela l’alhambra – forêt – acequiaro ) permettait rapidement de voir dans quelle discipline les acteurs 5 : Le registre des potentiels se situaient : environnementale, Quels sont pour vous les éléments emblématiques de cette vallée qu’il écologique, sociale... faut montrer, préserver ? 2 : Le jeu. 9 photos étaient utilisées, Quelle serait votre vision idéale ainsi qu’une carte. Le jeu était de pour cette vallée ? situer les photos, le plus précisément 134 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 135


Garcia Pulido Luis, docteur dans l’Architecture et l’Archéologie, membre du conseil supérieur des recherches scientifiques Sa vision idéale de la réappropriation de la vallée est très concrète : une restauration et une récupération paysagère. Son idéal se concentre sur la récupération du système parcellaire associé aux systèmes traditionnels d’arrosage, la récupération des limites liées à des techniques de culture, la formation d’une banque de graines, pour des semailles et des plantations, un contrôle d’espèces exotiques envahissantes et un manuel de bonnes pratiques.

Luis est un chercheur, qui mène des recherches-actions. Son travail se centre sur les patrimoines issus de la période Nasride dans la vallée du Rio Darro. Il a une vision très moderne de la réappropriation du patrimoine, qu’il associe à de nombreux enjeux sociaux. Pour lui, le fait que la vallée du Rio Darro soit aujourd’hui difficilement qualifiable en fait un formidable laboratoire d’expériences. Ces expériences visent la réappropriation des patrimoines, qui propose de nouvelles pratiques. Il donne une légitimité aux pouvoirs publics pour agir. Il mise sur des partenariats entre les divers acteurs pour pouvoir régénérer la vallée du Rio Darro.

«L’histoire s’est effacée sous la végétation. Ces masses végétales sont devenues uniformes et gomment toutes les singularités patrimoniales que porte la vallée»

136 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro

Les différentes civilisations qui ont forgé les paysages actuels sont aujourd’hui résumées à la civilisation arabe. Or, c’est la maîtrise succesive de l’eau qui a permis un développement des sociétés. Peut-être serait-il dangereux d’oublier cet enseignement.


+

1

Connu

2

Patrimoine

3

Ensemble

4

Porte

5

6

Ressources

Société moderne

«La vallée est une porte : bizarremen,t, le fait qu’elle soit aujourd’hui difficilement qualifiable la rend d’autant plus attirante.»

7

Rivière

8

Sauvage

-

9

Naturel

« La protection internaitionale est utilisée par les habitants. La plupart des conflits présents ont été engendrés par une absence de la prise en compte des habitants et de ceux qui pratiquent la vallée au quotidien. Cela interroge la place que doit prendre la société civile face à des patrimoines qui sont revendiqués de manière internationale.»

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 137


Natasha Prévos, chercheuse à l’Institut de développement régional à l’Université de Grenade. «La vallée est un prétexte. Il s’agit de parler des liens qui nous unissent au vivant. L’eau, les vues sur Grenade, l’agriculture, sont autant de forces qu’il nous faut préserver. Peut-être n’avons-nous jamais été autant conscient de ce potentiel.» Natasha tente de développer un projet de réhabilitation intégrale et de transformation sociale de la ferme Jesús del Valle. Elle est présidente de l’Association pour la récupération et le développement intégral de Jesús del Valle. Cette association se donne trois priorités stratégiques : 1- Réhabiliter un patrimoine historique et culturel : restaurer la ferme Jesús del Valle et rétablir la production agricole historique. 2- Créer un lieu d’apprentissage et de formation continue : développer un programme d’éducation intégrale et offrir un lieu de formation adapté aux citoyennes et citoyens de tous les âges et horizons. 3- Collaborer à la transformation sociale avec les institutions civile-publique-privée : établir des liens d’apprentissage collaboratif avec les différentes institutions pour assurer de nouvelles pratiques socio-environnementales.

« Beaucoup de personnes sont nostalgiques du passé agricole de la vallée du Rio Darro. On ne permet pas, aujourd’hui, de transformer, en résilience, cette déception en force d’action. On a peur ».

Les engagements de cette personne permet de faire le lien entre diverses associations à Grenade, autour de la réappropriation des huertas 138 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


+

1

Agriculture

2

Vega, plaine

3

Huertas

4

Chemin

5

6

Chemin

« Les promenades permettent de se rencontrer, entre voisins. Dans une société où chacun reste chez soi, la vallée devient un prétexte de sociabilisation.»

7

Chemin

Chemin

8

Oubli

-

9

Oubli

« En fait, tout le monde a une histoire avec la vallée du Rio Darro. Qu’elle soit héritée par la famille, par des vieilles cartes postales, des rumeurs, la vallée est connue. Le piège serait de croire que la vallée se suffit à elle seule ».

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 139


virginie Brazille, MEMBRE DU patronato de l’alhambra comment canaliser les processus de participation autour des patrimoines ? « Nous nous sommes trop occupés de nos patrimoines issus de l’époque du Moyenâge. Nous avons délaissé nos patrimoines agricoles.»

Le Conseil de l’Alhambra, en tant qu’organe responsable de la protection de l’Alhambra, souhaite mettre en place une gestion des abords de l’Alhambra avec l’intégration des patrimoines immatériels et matériel. Le Patronat assume la responsabilité de respecter, de protéger et d’évaluer non seulement le patrimoine culturel et naturel dans ses limites administratives, mais aussi l’espace habité qui l’environne. L’intervention du Patronat de l’Alhambra, qui assume un rôle de médiateur dans un dialogue interinstitutionnel permet l’implantation d’un nouveau modèle de gestion participative. Avec la collaboration du Conseil municipal de Grenade, le patronato souhaite restaurer le paysage de la marge gauche de la rivière Darro, depuis le Pont du Roi le Garçon ou de l’Aljibillo jusqu’au Pont des Chirimías.

« Les acequias rendent des services écosystémiques, d’une redoutable efficacité, qui ne consomment pas d’énergie fossile. Or, comme nous sommes dans une époque où tout doit être comptabilisée, il est difficile de justifier l’action publique. C’est pour cela que nous créeons une gestion participative. Les patrimoines ne peuvent plus suffire à euxseuls. Ils doivent être rattachés à d’autres enjeux, sociaux, écologiques, paysagers...

140 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


+

1

Logique territoriale

2

Potentiel social

3

Potentiel agricole

4

Potentiel paysager

5

6

Potentiel touristique

7

Campagne

Ville

8

Paysage

9

-

Quelconque

« Ma vision idéale, c’est de raviver des logiques, de maintenir des activités. Il s’agit de proposer une composition sociale mixte, entre agriculteurs et personnes issues d’une urbanité. Les uns apportant leurs savoirs-faires, les autres leurs soifs d’agir. En faisant le premier pas, le patronato permet de restaurer la mémoire de l’Alhambra et d’attirer l’attention sur la vallée »

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 141


NANI BIEDMA, diversifier l’offre touristique de l’alhambra

Nani Biedma, une historienne de l’art, est porteuse du programme didactique «Dessiner et Connaître l’«Alhambra Educa». Le programme se développe entre mars et juin et d’octobre à un décembre. Nani s’occupe des visites d’écoliers au musée depuis quelques années. Elle effectue un travail de vulgarisation de l’art hispanomauresque. De plus, elle prend en charge des visites dirigées destinées aux grands connaisseurs de l’Alhambra. Ces visites permettent de faire que le monument peut être plus associé à un symbole d’identité et d’intégration comme rapprochement au Monument comme symbole d’identité et d’intégration, . Elles permettent aussi une meilleure compréhension de ses valeurs historiques, architectoniques, urbaines et territoriales.

« L’eau permet deux échelles de perception. D’une part, de manière très concrète, la gestion des eaux pluviales. D’autre part, la symbologie associée à ses pouvoirs, ses ressources. Or, si l’on oublie l’une de ces deux dimensions, on ne peut comprendre ce que nous voyons;»

142 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro

«Ce que nous essayons de faire à l’Alhambra, c’est de proposer un nouveau rapport au patrimoine. La perspective est de proposer des expériences, dans un domaine plus large. Il s’agit de donner le goût, l’envie, de venir côtoyer de plus près les vues offertes depuis la fenêtre de l’Alhambra.»


+

1

Monument

2

L’Histoire

3

Vues

4

Vues

5

6

Practicable

7

Chemin

Village

8

Inconnu

9

-

Inconnu

« Ce que l’Alhambra, et donc la vallée du Rio Darro, nous apprennent, c’est que ce que nous voyons s’’est construit étape par étape.Or, aujourd’hui, il faut de l’instantané. Peut-être qu’un nouveau rythme, une nouvelle temporalité, est à développer.»

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 143


Paco Lopes : CHEF DU SERVICE «BOIS ET JARDINS» DE L’ALHAMBRA « Les visiteurs cherchent bien souvent à comprendre le fonctionnement de l’eau, à aller au-delà de l’image de l’Alhambra. Malheureusement, très peu d’accès ou d’actions vont dans ce sens. Cela est lié au fait que les touristes restent très peu de jours à Grenade. Si l’on pouvait prendre le temps d’expliquer, on pourrait communiquer des expériences et des savoirs. Et nous, on pourrait trouver nos successeurs (rires.)».

Le Patronato de l’Alhambra a mis en place un Service spécifique des Bois et de Jardins. Ce service est justifié par « l’attention croissante qui doit être dispensée à l’environnement». Très concrètement,ce service assure une mission supplémentaire : gérer les abords de l’Alhambra. Par exemple, ce service défend une dimension productive liée aux huertas, non pas seulement dans la contemplation, mais dans une dimension plus agricole.

« Le rio, c’est sale, on ne s’y approche pas... On a développé un language ici, où on sublime l’eau. L’eau doit être maîtrisée. C’est cela qui fait notre fierté. Le rio, il est sauvage, il est indomptable.»

144 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro

« C’est un système qui fonctionne depuis 1000 ans. Il est évident que la principale force des acequias réside dans cette capacité d’adaptation à travers les âges.»


+

1

Agriculture

2

Vega, plaine

3

Abandon

4

Chemin

5

6

Chemin

7

Chemin

Chemin

8

Oubli

-

9

Oubli

« Aujourd’hui, on est obligé de parler d’écologie... Alors, forcément, on essaye de développer ce type de discours dans le jardin, en étiquetant les types d’essences végétales et animales. Mais, ça reste très décontextualité des milieux de la vallée.»

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 145


ASSOCIATION ECOLOGISTAS EN ACCION, JAVIER EGEA LA VALLéE, PRêTEXTE D’UN ENGAGEMENT POLITIQUE « Les acteurs agissent aujourd’hui sans aucune considération et sans vision sur le long terme. On veut protéger Grenade des inondations et des incendies. Mais l’eau et le feu ont été, depuis toujours, les amis de l’agriculteur, à condition de les maîtriser. On a oublié le pacte qui nous unissait à la vallée. ».

L’objectif est de permettre à la société de connaître les valeurs environnementales que portent la Vallée du Darro. Des conférences, des promenades, des excursions sont mises en place. Leur enjeu est de « miser sur une contamination institutionnelle, pour en faire en sorte que chaque personne puisse se sentir responsable de la vallée du Rio Darro». Cette association porte de plus un discours scientifique sur la vallée. Dans ce sens les Écologistes en Action préconisent auprès des acteurs concernés les manières d’effectuer un reboisement de la vallée et les instructions de bonnes pratiques agricoles.

« La découverte des patrimoines de la vallée, tels que les moullins, permettent de les maintenir en vie. C’est pas simplement une vision nostalgique, c’est transmettre l’espoir qu’ils puissent un jour resservir. Réentendre la roue du moulin tourner ».

146 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


+

1

2

3

Interdépendance Interdépendance

Réserve écologique

4

5

6

Réserve de Mauvaise gestion faune

7

Rio ignoré

Rio ignoré

8

Elitiste

-

9

Elitiste

« Nous avons envoyé un écrit au Ministère de la Culture en insistant sur la nécessité de la déclaration du Bien d’Intérêt Culturel. Nous croyons qu’un organisme de gestion se constituera et nous aimerions continuer à participer au développement de la vallée».

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 147


ASSOCIATION AMIGOS DEL CAMINO (AMIS DES CHEMINS) : TRADUCTEURS DES LOIS, PORTEURS D’ANCIENS SAVOIRS-FAIRES « Nous, anciens acequieros (personnes qui s’occupent de l’entretien des acequias), cherchont à conserver les acequias de manière «naturelle». Cela passe par une transmission des savoirs-faires. C’est dans ce but, entre autres, que nous nous sommes associés à l’association les écologistes en action.»

Cette association, composée principalement d’anciens agriculteurs, mise sur les interrelations entre la vega, la Plaine fertile, et l’influence de la ville. La création d’alternatives agricoles et économiques est le principal enjeu. Grâce à ces connaissances, cette association porte un regard critique sur les différents documents d’urbanisme qui influencent la distribution de parcelles et la rentabilité agricole des terrains. Pour cela, cette association fait office de médiateur, de traducteur, entre les habitants et les acteurs institutionnels. Elle diffuse des textes de loi avec des explications simples pour leur meilleure compréhension par tous

148 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro

« Les rives doivent être publiques. Le rio meurt si nous ne pouvons pas l’approcher, le ressentir. Il devient une ressource privée ».


+

1

2

Chemin de Acequia moderne transhumaince

3

Pâturages

4

Fierté

5

6

Friche

7

Isolement

Le rio urbain

8

Le rio naturel

-

9

Pour les riches

« Certaines acequias ont été convertis en piste cyclable. Les couleurs du sol ont donc changé. »

Ma vision idéale serait de pouvoir contempler des deux côtés, depuis le plateau de la perdriz, les deux vallées. De faire de la vallée un lieu de reconquête, une croisée des chemins, entre une société rurale et une société urbaine.

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 149


ASSOCIATION MEMOLA, JOSé MARIA MARTIN CIVANTOS « La question que pose la vallée est comment

revaloriser et reconsidérer le travail d’agriculteur ? Les savoirs-faires que demandent la vallée demandent du temps. Cette interdépendance fait que la vallée devient un terrain de jeu »

L’objectif de cette association est de défendre des logiques, notamment agricoles, de formation de paysages, en lien avec l’économie de ressources naturelles. L’association Memola effectue une étude historique et archéologique spécifique dans la Sierra Nevada. Il s’agit d’évaluer quantitativement les utilisations historiques de l’eau et des sols, afin de montrer le fonctionnement des agrosystèmes montagnards, dont les traces restent visibles dans le paysage.

«L’olivier remplace les huertas. En effet, la culture de

l’olivier, c’est une valeur sûre. ça demande moins de main-d’oeuvre, et donc moins de pratiques. Quand une exploitation est abandonnée, elle est systématiquement remplacée par des champs d’oliviers. C’est triste.»

150 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


+

1

Canal

2

Dégradation

3

4

5

6

Ecosystème fluvial

Patrimoine

Limite diffuse

7

Espace péri-urbain

Mixte

8

Limite franche

9

-

«Il n’y a plus de roi qui vit ici»

« Chaque époque a ses limites. Aujourd’hui, nous

avons des patrimoines qui, lorsqu’ils ne sont pas reconnus, disparaissent. »

« Les huertas influencent sur l’urbanisme diffus de la vallée. Il y a toujours une relation de proximité entre les deux. L’association fertile entre les acequias, les huertas et les agriculteurs est la racine de la revitalisation de la vallée.»

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 151


ASSOCIATION GRANADA EN TRANSICION, JOSE SANCHEZ, UN AVEUGLE QUI NOUS RACONTE LE DEVENIR DE LA VALLEE DU DARRO « La question des nouvelles pratiques, autour des patrimoines, est liée principalement à des enjeux agricoles. Nous avons créé un magasin qui vend des produits, dont la provenance n’excéde pas 50 kilomètres. Nous sommes prêts à porter un circuit-court dans Grenade».

Ces dernières années, de nombreux collectifs ont revendiqué la Protection Intégrale de la rivière Darro. De ce mouvement, l’association « Granada en Transicion » (Grenade en transition) est née. Elle a soutenu et revendiqué la déclaration de Bien d’Intérêt Culturel de la vallée. Le classement de la vallée est un prétexte pour l’association de se faire la porte-parole de demandes très concrètes, telles que la construction d’une passerelle qui connecte le sentier de la fontaine de l’olivier avec le quartier du Sacromonte. Enfin, « Granada en Transicion » souhaite faire partie du processus décisionnel autour des questions liées à la vallée du Rio Darro. On pourrait résumer sous la forme de deux objectifs les motivations de l’association : - La communication et la diffusion d’informations liée à l’actualité de la vallée du Rio Darro. L’objectif est d’être présent dans les médias. - La mise en place de manifestations, d’expositions, etc..

« Les acequias ne se vendent pas, elles se construisent, ce sont des indices pour voir s’il y a encore des habitants dans cette vallée.»

« L’absence ou la présence du bruit de la voiture est pour moi un élément qui permet de me repérer dans la vallée.»

152 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro


+

1

Agriculture

2

Vega, plaine

3

Abandon

4

Chemin

5

6

Chemin

7

Chemin

Chemin

8

Oubli

-

9

Oubli

« L’Alhambra a la légitimité de faire des actions de type social. Elle cherche à revaloriser ses patrimoines avec de nouveaux acteurs puisqu’il n’y a plus d’agriculteurs.»

« La vallée, c’est un ensemble de jardins : jardin sec, jardin humide... Je le sens dans l’air.» 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 153


comment relier les enjeux de protection de l'alhambra, la revitalisation de la vallee et l'integration de nouveaux acteurs ?

ASSOCIATION ECOLOGISTAS EN ACCION,

Natasha Prévos

L’Alhambra fait l’objet du culte moderne des monuments ancrés par les voyageurs romantiques au XIXème siècle. Cependant, face à l’oubli des valeurs paysagères liées à l’Alhambra (pittoresque, différentes échelles reliées, rapport du monument avec sa géographie...), tant de fois exaltées dès le XIXème siècle, des voies s’élèvent. En effet, une préoccupation croissante surgit pour renforcer l’union de l’Alhambra avec la vallée du rio Darro, la ville antique et la Grenade contemporaine. Cette dynamique se traduit par l’émergence, la réhabilitation ou la diffusion de nouvelles pratiques dans la vallée. En considérant qu’il subsiste une relation historique de dialogue permanent et de complémentarité entre le monument et son paysage, il devient aisé d’étendre cette logique pour l’analyse et la proposition d’actions. Le contrôle du foncier du domaine public hydraulique sera maintenu par la création d’un syndicat mixte, qui regroupera : - la mairie de Grenade, - la région d’Andalousie, - La communauté qui gère les droits d’irrigation, la comunidad de regentes, - La confédération hydrologique du Guadalquivir. En parallèle, la suggestion et la création de nouvelles pratiques dans la vallée du Rio Darro s’appuiera sur le soutien des acteurs identifiés. Les différentes actions proposées par la suite s’appuient sur ce désir commun de reconquérir la vallée du Rio Darro.

ASSOCIATION AMIGOS DEL CAMINO ASSOCIATION MEMOLA

ASSOCIATION GRANADA EN TRANSICION, JOSE SANCHEZ,

154 l 4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro

virginie Brazille, MEMBRE DU


UN SYNDICAT MIXTE, REGROUPé autour d’une unité géographique Garcia Pulido Luis, membre du conseil supérieur des recherches scientifiques

NANI BIEDMA, PATRONATO DE L’ALHAMBRA

Paco Lopes : CHEF DU SERVICE «BOIS JARDINS» DE L’ALHAMBRA

ET

patronato de l’alhambra

4 : Récolte des pratiques paysagéres associées aux patrimoines de la vallée du Rio Darro l 155


156 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


5creation

d’un parc agricole et culturel, PROJET DE TERRITOIRE DANS LA DURee, en lien avec les acteurs

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 157


Comment les formes urbaines et architecturales s’adaptent au dessin des huertas ?

En quoi la réhabilitation des huertas permet de façonner les futures formes urbaines et architecturales ? En quoi la diversification des événements et des services liés au tourisme dans la vallée du rio Darro génère une attractivité diffuse ?

5 ans

0 ans

t1 : Consolider

T4 : Cultiver

t2 : Travailler

PARC

15 ans

T7 : S’abreuver

T5 : Valoriser

t3 : Communiquer

LÉGENDE

10 ans

CULTUREL

Comment la maîtrise des pratiques liées au paysage de la vallée structure des temporalités ?

AGRICOLE

t10 : Manger

t8 : Se baigner

T6 : Contempler

T9 : Déambuler

t13 : Habiter

t11 : Se reposer

t12 : Sublimer

T =pas de temps

15 ACTIONS HIEARCHISEES, , en cinq pas de temps, au service d’un projet : LA RECONQUeTE DES PATRIMOINES DE LA VALLeE DU RIO DARRO

158 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

25 ans

20 ans

t14 : Dormir

t15 : Se promener


Titre fiche action

Hiéarchisation

1 CONSOLIDeR

CONSOLIDaR

1

2

OBJECTIF/THEME

3 ACTION

Retrouver un chemin de Prévenir les risques : l’eau, le long du versant incendies, érosion des adret, qui permet de sols limiter l’érosion hydrique

OUTIL Replantation d’essences adaptées, selon le profil du sol (topographie, exposition, capacité à retenir l’eau...) ; Maintien des acequias, des ripisylves associées

ACTEURS Pompiers espagnols ; Mairie ; Ecologistas en accion - Confédération hidrologica del Guadalquivir

Référence ; Un travail volontaire de réhabilitation de l'acequia real avec l'associacion memola _ GRENADE

Plans de situation

Gabarit "type" d'une fiche action

Référence

Le postulat est le suivant : la manière dont une communauté construit, pratique et gère un territoire est le reflet de ses valeurs, de ses objectifs, de ses goûts, de son histoire, de ses désirs. La culture de la maîtrise de l’eau, et de toutes les infrastructures liées à elle, est génératrice des espaces agricoles. Cette culture est le symbole de l’identité de la réappropriation de la vallée du Rio Darro. Il sera envisagé comme manière d'agir de retisser des liens intimes entre les échelles. Plus que l’image issue de mises en scènes banalisées, la contingence des situations et des découvertes donne l’occasion de faire intervenir l’imaginaire au cœur de l’ordinaire, de s’affranchir du quotidien. Le touriste devient dans cette optique non seulement bénéficiaire de la mise en valeur de la vallée du Rio Darro, mais il contribue à sa revitalisation. Ce scénario proposé est celui de la ville qui échappe à la muséification et qui contribue à gommer ce qui peut faire conflit entre habitants et touristes. Le processus de projet cherche à définir les conditions pour que les citoyens se convertissent en acteurs d’une gestion des patrimoines agricoles. Tant l’évaluation que la compréhension des valeurs et logiques matérielles et immatérielles sont donc vitales.

Il s’agit de maintenir des efforts pour continuer les initiatives de protection des patrimoines existants, liés aux infrastructures hydrauliques qui se trouvent toujours en usage. Cependant, ces efforts seraient vains s’ils n’étaient pas accompagnés par des pratiques qui maintiennent en état ces patrimoines. Il s'agit d'aller au-delà d'une gestion, mais bien d'une réelle réappropriation par les habitants des patrimoines agricoles. Faire ressurgir ces patrimoines agricoles est donc inévitablement lié à l'idée que de nouvelles pratiques doivent émerger. Un autre chapitre, la vallée du Rio Darro reconquis est proposé ici. D'une part, il s'agit de proposer les conditions propices pour que les enjeux territoriaux se déclinent dans des « pratiques habitantes ». La reconquête de ces espaces délaissés s'appuient sur différentes actions qui s'enchaînent, selon 5 pas de temps, entre 0 et 25 ans. La hiérarchisation de ces actions dépend du choix et des motivations d'acteurs sur un moment donné. il ne s’agit pas d’une juxtaposition d’actions, mais bien d’un projet cohérent dans le durée, au nom de la revitalisation des patrimoines agricoles de la vallée du Rio Darro.

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 159


160 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


ELEMENTS DE STRUCTURE DU TERRITOIRE

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 161


162 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


carte des lieux a enjeux

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 163


1

CONSOLIDeR

CONSOLIDaR

1

2

3

Retrouver un chemin de Prévenir les risques : l’eau, le long du versant incendies, érosion des adret, qui permet de sols... limiter l’érosion hydrique

Replantation d’essences adaptées, selon le profil du sol (topographie, exposition, capacité à retenir l’eau...) ; Maintien des acequias, des ripisylves associées

Pompiers espagnols ; Mairie ; Ecologistas en accion - Confédération hidrologica del Guadalquivir

Référence ; Un travail volontaire de réhabilitation de l'acequia real avec l'associacion memola _ GRENADE

164 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


Acequia curée annuellement de manière à permettre à l'eau de circuler le long du versant

Les plantations, associées à la masse végétale ripisylve, sont maintenues basses afin de maintenir les vues sur la vallée du Rio Darro.

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 165


Le vocabulaire du vegetal Le végétal est une composante essentielle du paysage. L'arbre permet d'embellir le cadre de vie et constitue un repère important pour l'identité des lieux : les arbres sont persistants, résineux dans les dehesas, le long de la ligne de crête. Par ailleurs, ce sont plutôt des feuillus le long des acequias ou encore dans la vallée. Les arbres et végétaux ont aussi d'autres fonctions importantes. Par exemple, les haies délimitent les huertas, la ripisylve est un marqueur du Rio Darro, les acequias et les masses végétales associées limitent l'érosion... D'autres rôles, non exhaustif, sont à noter, tels que la fonction de point de repère, marquage des limites de parcelles, rythme des saisons, connexion entre les espaces, identification de seuils (paseo de los tristes...). De plus, l'arbre et les végétaux sont associés à l'image de la nature et revêtent un caractère patrimonial. C'est pourquoi leur plantation et leur renouvellement doivent être encouragés.

La palette végétale qui suit est donc classée selon 5 masses végétales : - le bosquet : Cette masse végétale fait office d'écran acoustique ou visuel pour réduire les impacts ; - la ripisylve : les formations linéaires arborées, buisonnantes et herbacées étalées le long des cours d'eaux, tels que les acequias ou le rio ; - les haies coupe-vent : pour protéger du vent les cultures et les prés, les fruitiers, le bétail... Ces haies se situent près des infrastructures rurales pour séparer les huertas. - les haies productives : en vertu des arbustes ou les arbres qui donnent des fruits, un bois de chauffage, une alimentation pour le bétail, bois, etc..

A.c : Arbre caduque A.p : arbre persistant A.m : arbre marcescent a.c : arbuste caduque a.p : arbuste persitant a.c.t : arbuste caduque grimpant a.p.t : arbuste persistant grimpant

- les haies ornementales : le but est esthétique et elles se trouvent près des espaces habités.

Haie productive

Haie d'ornement

Haie coupe-vent

166 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

Ripisylve


ARBRES

Bosquet

Ripisylve

Haie coupe-vent

Alnus glutinosa

x

x

Casuarina equisetifolia

x

Casuarina cunninghamiana

x

Celtis australis

x

Ceratonia siliqua

x

Cupressus sempervirens

x

Cydonia oblonga

x

Haie productive

Diamètre (m)

Commentaires

x

20

A.c -tous sols, acides +

x

35

A.p - tous sols

30

A.p - tous sols

25

A.c - tous sols

x

10

A.p - basique +

x

35

A.p - tous sols

x

4

a.c - tous sols

x

8

A.c - tous sols

x

Ornemental

x

Ficus carica Frangula alnus

x

5

A.c - tous, acide +

Fraxinus angustifolia

x

25

A.c - tous

Gleditsia triacanthos

x

x

x

30

A.c - tous

Laurus nobilis

x

x

x

10

A.p - tous

Malus sylvestris

x

10

A.c - tous

Morus nigra

x

10

A.c - tous

Olea europea

x

x

10

a.p - tous

Pinus halepensis

x

x

20

A.p - tous

Pinus pinaster

x

x

30

A.p - tous, acide +

Pinus pinea

x

x

30

A.p - tous, acide +

Populus alba

x

x

x

25

A.c - tous

Populus nigra

x

x

x

30

A.c - tous

Prunus avium

x

x

30

A.c - tous

Prunus domestica

x

x

7

A.c - tous

Prunus dulcis

x

x

10

A.c - tous, basique +

Prunus persica

x

x

6

A.c - tous

x

10

A.c - tous

20

A.m - tous

25

A.p - tous

25

A.c - tous, acide +

20

A.c - tous

20

A.c - tous, basique +

30

A.c - tous

Pyrus bourgeana

x x

x

Quercus faginea

x

x

Quercus rotundifolia

x

x

Robinia pseudoacacia

x

x

Salix spp.

x

Sorbus aria

x

Ulmus minor

x

x x

x

x

x

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 167


arbustes

Bosquet

Ripisylve

Acacia karro Acer monspessulanum

Haie productive

Ornemental

Diamètre (m)

Commentaires

4

a.c - tous types desols

7

a.c - tous types de sols

5

a.c - tous types de sols

8

a.p - tous, acide ++

x

4

h.p.t - tous

x x

x

Adenocarpus decorticans Arbutus unedo

Haie coupe-vent

x x

x

x

Aristolochia baetica Asparagus albus

x

x

0,9

h.p - tous, basique +

Berberis vulgaris

x

x

3

a.c - basique

Buxus sempervirens

x

x

3

a.p - tous, basique +

Cistus scoparius

x

x

2

a.p - tous sols, basique +

3

a.p - tous sols

x

6

a.c - tous sols

x

2

a.p - basique +

6

a.c - basique +

6

a.c - tous sols

x

10

a.c - tous sols

x

10

a.c - tous sols

3

a.c - tous sols

2

a.c - tous sols

Coriara myrtifolia

x

x

Cornus sanguinea subsp. Coronilla glauca

x

Cotoneaster granatensis

x

Corylus avellana

x

Crataegus azazolus Crataegus monogyna

x

Cytisus grandiflorus

x

Cytisus scopiarus

x

Daphne gnidium

x

x

1,5

a.p- tous sols, acide +

x

x

2

a.p.t - tous sols

1,5

a.p - tous sols,

x

2,5

a.p - tous sols

x

1

a.p - tous, basique +

1

a.p - acide +

2,5

a.c - basique +

Hedera helix

x

Jasminum fruticans Juniperus communis

x x

Juniperus sabina Lavandula stoechas

x

x

x

Ligustrum vulgare

x

Lonicera arborea

x

x

9

a.c - basique +

x

x

4

a.c - tous

x

5

a.p - acide +

x

3

a.p - tous

Lycium europaeum

x

Myrtus communis Nerium oleander

x

x

x

168 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


arbustes

Bosquet

Ripisylve

Haie coupe-vent

Haie productive

Ornemental

Diamètre (m)

Commentaires

Opuntia ficus-indica

x

4

h.p - tous

Opuntia megacantha

x

4

a.p - tous, acide +

3

a.p - tous, acide +

2

a.p - basique +

5

a.p - tous

5

a.c - tous

Phillyrea angustifolia

x

Phlomis purpurea Pistacia lentiscus

x x

x

Pistacia terebinthus

x

x

x

Prunus spinosa

x

2,5

a.p - basique +

Punica granatum

x

5

a.c - tous

3

a.p - tous

x

3

a.c - tous

x

5

a.p - tous, basique +

2

a.p - basique

Pyracantha coccinea

x

Retama sphaerocarpa

x

Rhamnus alternus

x

Rhamnus lycioides

x

Rosa canina

x

x

x

3

a.c - tous

Rosa sempervirens

x

x

x

5

a.p.t - basique

x

2

a.p - tous, basique +

x

3

a.p - tous

1

h.p - tous

10

a.c - tous

x

h.p.t - tous

x

4

a.c - tous

x

8

A.c - tous

x

2

a.c - tous

x

10

A.c - tous

Rosmarinus officinalis Rubus ulmifolius

x

Ruscus aculeatus

x

Sambucus nigra

x

x

Smilax aspera

x

x

Spartium junceum

x

Tamarix gallica

x

x

Tamarix canariensis

x

x

Tamarix africana

x

x

x

x x

Teline linifolia

x

x

1,5

a.p - acide +

Teucrium fruticans

x

x

2,5

a.p - tous

Viburnum tinus Vitex agnus-castus Vitis vinifera

x

x

x

x

4

a.p - tous

x

x

x

5

a.c - tous

x

a.c.t - tous

x

x

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 169


2

travailler trabajar

1

2

3

Ilôt d'Amaranthes, Lyon, France

Patrimoine et cadre de vie

Cré des espaces communautaires

Réhabilitation des huertas, en lien avec la réouverture d’anciens chemins, Régénérer les sols, en défrichant et en remettant en place un chemin de l’eau, le long des parcelles, jusqu’aux berges du rio darro, en lien avec ses inondations potentielles

Mise en location ou en contrat de gestion de reconquête paysagère sur les parcelles abandonnées présentant un patrimoine particulier ou qui provoque une réouverture de fenêtres paysagères ; Autorisation d’accès aux parcelles et d’utiliser les chemins

Patronato de l’Alhambra - Amigos de los caminos Association du Sacromonte

Favoriser la participation et l’implication d’acteurs dans la restauration de patrimoines existants afin d’encourager les interactions entre les populations, Accompagner et encourager les les associations et les organismes Mise en place d’ateliers de plantation, avec Ecole Santa Maria habitants à la plantation de plantes publiques autour d’un paysage l’école «Santa Maria» Association Memola locales et fruitières commun Confederation hidrologica Restructurer le profil des berges et des Utiliser les techniques de génie écologique, del Guadalquivir - mairie acequias afin d’obtenir des ripisylves associer les habitants ecologistas en accion

170 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


haie productive

Technique de génie écologique, associée à la replantation d'une ripisylve

Haie coupe-vent

Enfrichement des lisières Le rio n'est plus visible ni accessible des huertas

DANS 5 ANS

AUJOURD'HUI 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 171


3

COmMUNIQUER COmunicar

1

2

Déployer des lieux d’informations qui définissent les différents types de paysages, afin d’nformer les habitants et les touristes des différentes ressources, culturelles et autres, que contient la vallée

Proposer un vocabulaire urbain en lien avec des Aménager un ambiances propres au Rio seuil, une place, Darro le cuesta del Rey Former des guides-conteurs, Chico qui peuvent capter les fluxs touristiques depuis le Paseo de los tristes

3

Vue sur la place 172 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

Mairie Confédération hidrologica del Guadalquivir Office de Tourisme «Granada Tours » Amigos del Camino


Référence de l'exemple du Puy Mary, au Volcan du Cantal (France). 5 Maisons de Site, disposées aux entrées majeures du grand site de France, recensent l'ensemble des offres touristiques. Cette démarche permet d'offrir

aux visiteurs la possiblité d'une découverte plus large des vallées du Massif et du département, évitant ainsi de cristalliser la fréquentation sur le Pas de Peyrol, porte d'entrée emblématique du Grand Site.

Les trois portes de la vallée

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 173


Ripisylve

1

Organigramme des fonctions de la place

Valoriser un contact près du Rio Darro

Celtis australis micocoulier punica granatum grenadier

pinus halepensis pin d'Alep ROBINIA PSEUDOACACIA robinier

populus nigra peuplier noir

174 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

olea europaea olivier


l'eau, element stRucturant de la place

2 Liaison de la place au rio darro

Fond pavé ou planté

Rigoles qui se rejoignent

L'eau s'infiltre dans les fossés

1 2

5

4

3

3

4

5 5 types d'aménagements où l'eau est mise en valeur

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 175


4

CULTIVeR

CULTIVAR Réhabilitation d'un hangar agricole dans un site classé, Avignon 2016, architecte : adrian champsaur

Maintenir les espaces agricoles ouverts, notamment les huertas par la valorisation des espaces publics autour d’éléments emblématiques (fontaines) ; Développer, adapter, des structures de dessertes, qui relient, de nouveau, les patrimoines bâtis entre eux, et avec des accès au Rio Darro

Assurer des liaisons douces qui réintègrent les chemins vernaculaires pour relier les zones habitées aux huertas, cela s’accompagnant d’une gestion des cours d’eau et des ripisylves associées

Redéfinir les patrimoines agricoles adaptés à de nouveaux objectifs (paysagers, sociaux, urbains...) afin de mettre en place un système d’exploitation agricole extensif, sans finalité lucrative ; Déployer les Proposer de nouveaux lieux publics relations, visuelles et physiques, Diffuser des savoirs-faires, grâce à des pratiques adaptés aux nouveaux besoins : espaces patrimoniales ; Proposer des lieux de rencontres, depuis la rue jusqu’au Rio Darro polyvalents pour l’accueil et les services de autour de pratiques agricoles, dans les huertas proximité, espaces agricoles partagés...

Association de l’eau ; Mairie - Confédération hydrologica del Guadalquivir L’école « Centro ave maria casa madre» et Ecole Santa Maria Association Memola Patronato de l’Alhambra

huertas

parcelles abandonnées

parcelles urbanisées

176 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


Chemin public qui part de la rue, qui emmène jusqu'aux huertas et au fleuve

Masses végétale ornementale

1

2

3 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 177


5

valoriser

valorisar

1

2

3

Sensibiliser et fédérer l’ensemble des acteurs Valoriser la ressource en bois, en faire une liés aux versants forestiers autour d’un projet Dynamiser la production de valorisation du terroir lié à la sylviculture, ressource multiple (touristique, artistique...) de biomasse, notamment sylvicole, par la gestion des Adapter l’entretien aux moyens disponibles, Renforcer les chemins d’entretiens, afin de espaces abandonnés humains et matériaux afin d’améliorer les maintenir un accés, Retrouver un rythme chemins de façon à préserver les structures d’entretien des acequias, afin de maintenir patrimoniales, telles que les acequias, une continuité

Patronato de l’Alhambra

Amigos del camino Confederation hidrologica del Guadalquivir Communauté des droits d’irriguation Pompiers espagnols ; Prévenir les risques : Prévenir les risques d’incendies en Maintien des coupures sur les lignes de crête Mairie ; Amigos de los incendies, érosion des appliquant des modes de gestion ; Gérer la densité de boisements et de la caminos ; Confédération sols appropriés aux masses végétales quantité de matériaux supposés inflammables hidrologica del Guadalquivi 178 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


Mode de gestion par l'art, qui sublime les lignes verticales des arbres, inspiré de l'oeuvre Bosque Pintado (Pays Basque), afin et deculturel, revaloriser versants 5 : Création d’un parc agricole projet de les territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 179


6

CONTEMPLeR

CONTEMPLAR

Proposer différents rythmes et différents modes d’accés à l’ensemble de la vallée afin de favoriser l’immersion dans un paysage remarquable

1

2

Créer un cheminement, le long de la ligne de la crête, depuis l’Alhambra, afin de mettre en valeur et de maintenir les perspectives offertes depuis les hauteurs de la vallée

Mise en place de belvédères, Patronato de de solariums, qui permettent l’Alhambra d'apprécier des panoramas Association sublimes Memola -

3

Estonian students. Forest megaphone spaces Yoru. Estonie . 2015

180 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


Vue sur un promontoire, près de l'Alhambra, qui permet d'enjamber le vide et d'apprécier le panorama dans son ensemble

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 181


7 1

boire

BEBER Densification des espaces

2

3

à urbaniser pour assurer le renouvellement des populations en s’adaptant à la structure paysagère et Préserver la silhouette de l’habitat groupé et aligné selon la structure «riohuertas-bâti-route-bâticuevas»

Prise en compte du paysage et du chemin de l’eau dans les documents d’urbanisme, pour définir des trames paysagères, potentiellement urbanisables en prenant en compte une continuité dans la forme originelle (architecture et alignement de façade sur rue)

182 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

Créer et/ou restaurer des fontaines, à la fin des barrancos, afin de Mairie générer des ambiances Association singulières, devenant Memola ainsi des points de repères ;


Une fontaine accessible aux habitants et aux touristes, connectés aux chemins vernaculaires et aux chemins plus tourisitiques

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 183


8 1

DEAMBULeR DEAMBULAR

2

Typologies des durant la balade pôles urbains le paseo de los

3

chemins qui relie de la tristes et

Améliorations des offres de services (signalétique, informations, restauration, gîte...)

Aménagements de parcours d’interprétation pour comprendre le paysage (par le biais de l’art, la culture, des activités pédagogiques, ludiques, agricoles, paysagères...) et les relier à des lieux emblématiques du territoire. Valoriser les abords des patrimoines le long de ces chemins

rencontés les deux vallée : l'Alhambra

184 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

Aménager un chemin connecté à grenade, qui permette aisément de se déplacer dans la vallée

Patronato de l’Alhambra - Junta de Andalucia Association Amigos del camino


1h45 - 2h 15

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 185


9

se baigner

BAnARSE

Permettre l’intégration de nouveaux Retrouver un contact avec usages, et donc de nouveaux accés, qui Mise en place de lieux de détentes, associés Natasha Prévost le Rio Darro, afin de retrouver passe par la réhabilitation des ponts et à des ambiances singulières, notamment à Association Granada un rythme de l’eau et des de ces abords et de ces berges proximité de Jésus del Valle Transicion chemins

1

2

3

Se baigner près du Rio

Collectif etc. Hopla. Alsace, France, 2015

186 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

en


Franchir le rio, grâce à des passerelles discrètes 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 187


Franchissement du Rio Vue aérienne qui montre les deux chemins possibles : une passerelle pour franchir le rio ou le chemin parmi les oliviers

Vue sur l'accés de la passerelle depuis le chemin principal

188 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

Coupe transversale 1/100e

Coupe longitudinale 1/100e


axonométrie de la passerelle

élévation de la passerelle 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 189


10 1

sublimEr sublimar

2

3

Proposer différents rythmes et différents modes d’accés à l’ensemble de la vallée afin de favoriser l’immersion dans un paysage remarquable

Ombre compacte

Créer un cheminement, le long de la ligne de la crête, depuis l’Alhambra, afin de mettre en valeur et de maintenir les perspectives offertes depuis les hauteurs de la vallée

Création des espaces jardinés avec des caractèristiques paysagères très marquées (ombres, lumières, eaux...) afin de créer Patronato de des ambiances qui permettent de valoriser l’Alhambra les vues et de sublimer des chemins avec Association Memola des aménagements très légers et peu impactants

Ombre filtrée

Différents types d'ombres qui structurent les jardins d''ombres

190 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs

Ombre tachetée


Parc de la Gorge de Coaticook, Canada, événement artistique : "forêt illuminée"

Ombre ponctuelle

Perspective sur un chemin de nuit, avec une vue sur l'Alhambra 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 191


11 1

MANGER

SYLVICULTURE DANS DES ESPACES NON IRRIGUées exploitation des ressources, telles que le bois d'oeuvre et le bois de chauffe

Comer

2

Développer des réseaux agrotouristiques et ludiques par le biais de paysages emblématiques pour le territoire

3

Régénérer un terroir, en lien avec des saisons, des saveurs et des paysagesl

Mise en place de produits phares (viandes, fromages, huile d’olive...) associés à l’Alhambra, pour capter les fluxs touristiques , mais aussi par le biais de la qualité des circuits courts et de la vente directe

Produits locales, Aven d’Orgnac, France - Valoriser les produits d'un terroir d'un Parc Naturel Régional

Association Granada en Transicion - Office de Tourisme « Granada Tours » - Patronato de l’Alhambra

EXEMPLE Jésus del

DE Valle

Coopérative et point de vente, associé au système productif de huertas et d'oliveraies 192 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


les dehesas, Pâturages dans des espaces non irrigués : ressources issues du bétail (porc, chèvres, vaches) et des produits dérivés (fumier, laine, lait, viande...)

systèmes productifs hiéarchisés selon le relief : - Huertas dans le fond de vallée ; -Sylviculture sur les versants ; - Pâturage sur le plateau

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 193


12

SE RELAXER Relajarse

1

2

3

ENVELOPPAGE

ANCRAGE SUSPENSION

Référence Collectif les Olivettes

Les modules installés permettent d'apprécier les vues offertes sur le paysage

Proposer différents rythmes et différents modes d’accés à l’ensemble de la vallée afin de favoriser l’immersion dans un paysage remarquable

Ponctuer un cheminement par des installations pérennes, tels que des Accentuer le vocabulaire de la belvédères, solarium ou encore des abris, Confédération hidrologica del promenade, inspiré de la typologie de qui permettent de cadrer les vues offertes Guadalquivir l’espace public «paseo» ; ; Créer une signalétique attractive, discrète, qui puisse jalonner les chemins réhabilités, afin de guider le visiteur

194 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 195


13 1

Habiter

Habitar

2

huertas

3

parcelles abandonnées

parcelles urbanisées

» Densification des espaces à urbaniser pour assurer le renouvellement des populations en s’adaptant à la structure paysagère et Préserver la silhouette de l’habitat groupé et aligné selon la structure «riohuertas-bâti-route-bâti-cuevas

Second étage

Prise en compte du paysage et du chemin de l’eau dans les documents d’urbanisme, pour définir des trames paysagères, potentiellement urbainisables en prenant, en prenant en compte une continuité dans la forme originelle (architecture et alignement de façade sur rue)

Premier étage

Créer des fontaines, à la fin des barrancos de générer des ambiances singulières, devenant ainsi des points de repères ; Définir un parcellaire strict, des accès, afin de dessiner une trame pérenne qui permet l’insertion du bâti dans la trame existante (terrasses, huertas, rives, rio) ;

Mairie - Association Memola - Région d’Andalousie Patronato de l’Alhambra

Rez-de-chaussée Référence : GIMENEZ LACAL, J.F Plan du moulin del Rey chico avec pour objectif de l'adapter en une maison

196 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


Axonométrie de la structure de la trame urbaine

Densification sur les parcelles abandonnées ; Exemple de la trame systémique déployée sur l'ensemble de la vallée Chemin de l'eau

Parcelles publiques Parcelles privées

N

Mise en valeur de la ripisylve Jardins privés, associés à un bâti R+2, et des haies coupevents

Fontaine publique

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 197

Ouverture des vues grâce à l'accés public qui méne aux jardins collectifs


14

Dormir

1

Dormir

Développer des réseaux agrotouristiques et ludiques par le biais de paysages emblématiques Innover et diversifier pour le territoire ; Réguler les les revenus issus du fluxs touristiques afin de réinvestir patrimoine rural l’ensemble de la vallée afin d’accroître la durée des séjours et génèrer des retombées locales

2

Une expérience de séjour différente, Création de gîtes à la ferme ; Visites d’exploitation des huertas

3 Office de tourisme «Granada Tours»

paysage des huertas : "endormez-vous dans un habitat traditionnel et agricole" paysage du rio darro : "laissez-vous bercer par le rythme du Rio Darro"

The Yellow Tree House par Pacific Environment Architects d'Auckland, New Zealand

paysage du dehesa : "Un lit pour apprécier les étoiles, contemplez les espaces ouverts" paysages des versants : "au coeur de la forêt, admirez Grenade baignée dans sa lumiere au matin" 198 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs


Vue sur un module d'habitat temporaire installé le long du versant

t

5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs l 199


15 1

se promener Pasearse

2

3

Cette action est centrée autour d'une idée. La revitalisation de la vallée du Rio Darro est la résultante de tous les choix effectués par les différents acteurs identifiés. La vallée devient interdépendante à Grenade, c'est devenu un paseo, un parc péri-urbain, coeur de l'émerveillement au quotidien des Grenadins et Grenadines.

valoriser

PASSAGEN _ Portbou, Espana

Installation qui permet de contempler et d'encadrer

200 l 5 : Création d’un parc agricole et culturel, projet de territoire dans la durée, en lien avec les acteurs le paysage

contempler / sublimer


boire

habiter cultiver

travailler

se relaxer

dormir

5 : CrÊation d’un parc agricole et culturel,consolider projet de territoire dans la durÊe, en lien avec les acteurs l 201


CONCLUSION Cette étude vise à montrer qu’un ensemble d’actions, au service d’un projet, ne peut être effectué sans une connaissance fine d’un territoire.

de confronter les différents regards et attentes. La synthèse d’enjeux qui semblent communs est à la base de ce plan guide. La suggestion et la création de nouvelles pratiques sont la conséquence de ce plan L’observation des pratiques guide, qui propose un étalement associées aux patrimoines agricoles dans le temps de la reconquête de de la vallée du Rio Darro, a montré la vallée. une diversité de paysages liés à l’eau. Les récits des liens entre les Il s’agit de proposer une force, qui pratiques et les paysages, selon transcende les limites administratives les différentes civilisations qui se et autres. La reconquête des sont succédées dans la vallée, patrimoines de la vallée du Rio Darro permettent de synthétiser des semble être aujourd’hui possible, connaissances et de comprendre grâce à la création de conditions les logiques territoriales. Il est alors favorables à de nouvelles pratiques. possible une prise de position face Il s’agit donc de considérer la vallée aux dynamiques en cours, qui sont comme une nouvelle opportunité, sectorisées et ne traitent pas de un nouveau champ des possibles. l’interdépendance des paysages. La technique, l’art, le terroir sont Interdépendance par cette eau des outils utilisés au nom de cette venue des montagnes, canalisée nouvelle vision. Concrètement, il sur des kilomètres, qui s’écoule dans s’agit de sauter le pas, entre une ces jardins ; par son architecture, «nature» jugée comme vierge de ces vues structurées, l’orientation toute présence, et une «culture» qui de ces bâtiments qui embrassent les motive et conduit une population lignes de forces du paysage ; par les à s’investir. Ce glissement des patrimoines associés aux pratiques, représentations sur la vallée du Rio passées ou actuelles, qui jalonnent Darro invite donc à provoquer une la vallée. La rencontre des acteurs, dialectique, à renouer un dialogue, qui agissent sur les paysages de la entre des populations et une vallée et/ou les influencent, permet géographie. 202 l Conclusion


Conclusion l 203


Si mon erasmus à Grenade devait être associé à un récit, il serait ordonné par la contemplation, l’exigence et l’audace. Quels étonnements de découvrir une telle richesse, de se sentir habitant et non plus seulement étranger. Que les serveurs te répondent en Espagnol, et non plus en anglais, lorsque tu annonces d’un ton enjoué que tu offres ta tournée de « cervezas » ! Quelle joie lorsqu’un ami espagnol devient un ambassadeur, qu’il te montre le « Grenade caché » des touristes. Alors, on pourrait tenter de résumer cette expérience et opportunité, rare et unique, grâce à trois verbes.

Écouter. L’exigence portée par l’école d’architecture de Grenade engendre une tension, entre une soif d’expériences et la rigueur demandée. Moi qui croyait pouvoir découvrir l’Andalousie, j’ai cherché des expériences le long de sa métropole, J’ai appris à voyager « à proximité », à découvrir des lieux qui, a priori, n’ont rien d’exaltant. Comment imaginer qu’en moins de 30 minutes, on puisse quitter la ville et déambuler dans la montagne ou la plaine. C’est une joie de pouvoir retrouver le temps de marcher le long du Rio.

204 l Conclusion

Montrer. Quelle fierté de pouvoir proposer un autre récit de Grenade, de son histoire, de ses contradictions. Grenade a été, est, une terre de conquêtes. Observer les nuances architecturales dans la basse-ville, où les minarets ont été convertis en églises. Regarder le sang séché sur la façade de la cathédrale. Comprendre que la guerre civile n’est pas très loin. Rencontrer des « abuelos », les vieux de la vieille, qui ont vu, sur les mêmes places aujourd’hui arpentées par des hordes de touristes, des personnes fusillées Découvrir des codes sociaux, apprendre à les respecter.


Relativiser. En pleine période d’élections présidentielles françaises en 2017, il est curieux d’observer comment les média espagnols traitent du vacarme qui se déchaîne depuis la France. On ne peut que ressentir une certaine forme de honte. Il est curieux aussi de pouvoir interroger les « acquis sociaux » que nous avons en France, lorsque l’on sait, par exemple, que le revenu médian de l’Espagne est de 630 euros.

En somme, c’est un voyage extrêmement personnel, bien que joyeusement partagé. Je tiens à remercier l’ensemble des organisations qui nous permettent de se saisir de telles opportunités. ¡ Hasta luego tio ! ¿ Qué esperas parà volver aqui ?

Conclusion l 205


206 l Conclusion


REMERCIEMENTS Bernard Brunet, un homme qui m’a accompagné depuis le début dans A Safae, qui est sûrement la personne qui m’a permis de trouver inspiration, cette école, de l’épreuve du concours d’entrée à ce diplôme. Sans sa force et courage, à distance. Bghit areft réhha chimch ta ana. rigueur, sa confiance et son exigence, je n’aurai certainement pas osé autant entreprendre dans le domaine du paysage. Qu’il en soit ici remercié. Léo, Danielle et Rémy, ma famille, pour les encouragements, la générosité, l’humour et l’affection que nous avons maintenu. Quelle joie de vous Cathie Barreau, pour son regard bienveillant, sa sollicitude et la sincérité avoir dans ma vie. dont elle fait preuve. Ses relectures, ainsi que ses conseils avisés, ont été d’une aide précieuse. Elle m’a fait aimer la rigueur. A mes amis, Arnaud, Arthur, Bertille, Tom, Elisabeth, Elliot, Gérard, Johanna, ,Marroua, Karim, Katrina, Simon, Morgane Mathilde, Sarah et Salma. Vous Jean-François Rodriguez, pour m’avoir permis de me libérer graphiquement. savez mes forces et mes points de vigilances. Et pourtant, vous êtes encore là. Merci. Marina Frolova, pour la clarté et la qualité des échanges autour de ce diplôme. Ce TPFE a été amendé, entre autres, grâce aux ressources Aux camarades, Giorgio, Jade, Clémence, Chiarra, Francesca et Olivia, qu’elle a su me procurer et qui ont permis d’adapter mon regard Français Aux enseignants qui m’ont tellement appris et supporté : Sophie, François, au contexte Espagnol. Denis, Manou, Serge, Lionel, Marie-Ange, Monsieur Brossaud, Monsieur Graziella Barsacq, pour ses interventions mémorables, qui invitent à oser Grey et Monsieur Bermond. et à créer. A Francis, pour son aide, son humour et ses ressources. Je persiste à dire que c’étaient des chaussettes entre des chaussures. A Paguy et Mamette, pour leur héritage de pied-noirs et de malices. A Papy et Mamy, pour leur héritage de spiritualité et d’audaces. Que serais-je aujourd’hui sans les personnes qui m’ont accompagné durant ces trois ans à Bordeaux ? Je tiens à remercier Alexandre, Alexis, Audrey, Benj, Camille, Charlotte, Christine, Constantin, Hervé, Laure, Louise, Marion, Milena, Morgane, Myriame, Nadia, Romain, Thibault, Sarah, Stanney et Vincent. Merci de m’avoir fait grandir.

Conclusion l 207


Lexique Acequia : mot d’origine arabe al-saqiza qui désigne les canaux au sein desquels l’eau est guidée. Les canaux sont approvisionnées depuis les différentes sources de la Sierra Nevada. Les acequias se divisent en deux groupes : - les acequias mères permettent la circulation de l’eau du début jusqu’à la fin du réseau d’irrigation. Elles forment la colonne vertébrale du réseau. - Les acequias secondaires se greffent sur les premières et permettent d’acheminer l’eau à chaque parcelle, ou à chaque groupe de parcelle.

pollution, poissons migrateurs, etc. Bustân : jardin de grande échelle, se définit comme un verger, palmeraie ou orangeraie, dont le sol est occupé par d’autres cultures.

Carmenes : L’étymologie de « Carmen » vient de « Karm », extension de terres entourées de murs et plantées exclusivement d’arbres, très proches les uns des autres. Ce sont des propriétés situées à l’intérieur de la ville, composées d’une maison et d’un espace de terrain cultivé, dans Acequiero : La personne chargée de surveiller le bon fonctionnement lequel alternent fleurs et arbres fruitiers. du canal d’irrigation et de la distribution des eaux conforme à usages et coutumes. Climax : Etat final du développement d’un écosystème, c’est-à-dire situation d’équilibre entre les différentes espèces végétales dans un milieu Almunia : les almunias à Al-Andalus étaient des espaces à double activité, donné, précis. à degrés variables : c’étaient des noyaux de production agricole très étendus, mais aussi des centres de plaisance appartenant à l’aristocratie Gulistân : jardin de plaisance modeste, d’odeur et de loisirs, situé à côté de la demeure. Anthropoécosystème : Écosystème dont la qualité est assurée par la bonne gestion réalisée par des hommes Paysage : Le paysage peut être perçu comme une structure matérielle vécue, une construction symbolique propice à un récit et un objet de Bando : Groupe de personnes que assurent le nettoyage et l’entretien médiation. Le paysage exprime aujourd’hui, sous ces multiples facettes des acequias. matérielles et symboliques, la globalité et la continuité de l’espace vécu dont il est devenu, par là même, un instrument d’analyse et de gestion. Barranco : Ravin avec des parois étroites et escarpées produites par le passage de l’eau qui entraîne une érosion diffuse. L’eau n’arrive pas à Talweg : un terme allemand, formé des deux substantifs Tal, signifiant « former un réseau de rivières ou de ruisseaux. vallée », et Weg, signifiant chemin : il signifie littéralement chemin de vallée. En français on dirait plutôt ligne de collecte des eaux. Bassin versant : Un bassin versant est un territoire qui draine l’ensemble de ses eaux vers un exutoire commun, cours d’eau ou mer. Le bassin Ripisylve : la ripisylve est la végétation bordant les milieux aquatiques. Elle versant est limité par des frontières naturelles (les lignes de crêtes ou peut former un liseré étroit ou un corridor très large. Ce mot vient de « lignes de partage des eaux). De part et d’autre de ces lignes, les eaux ripa » qui veut dire rive et de « sylva » qui veut dire forêt. La ripisylve est des précipitations et des sources, ainsi que tous les éléments dissous indispensable au bon fonctionnement de la rivière. ou en suspension (sédiments, pollution...), s’écoulent vers des exutoires séparés. Le bassin versant constitue le territoire pertinent pour traiter les Riyâd : patio central dans un ensemble architectural que représente la causes en amont d’un problème lié aux eaux de surfaces : déficit d’eau, maison. 208 l Lexique


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Cette étude questionne un storytelling, apprêté à la consommation touristique, à propos d'un grand site paysager, l'Alhambra. En effet, la mise en récit du territoire est restreinte à ce monument, occultant par ce fait d'autres patrimoines, notamment agricoles. Le récit élaboré est centré autour d'un “âge d'or”, celui du basculement entre la dynastie nasride et la civilisation chrétienne. En somme, le récit sublime la reconquista, en utilisant un registre épique. Conséquence, l'Alhambra devient une icône qui résume un territoire, une époque, et concentre le « potentiel imaginaire ». La construction d'un autre récit, sur une autre échelle, tant physique que temporelle, permet de faire ressurgir l'interdépendance entre l'Alhambra et sa géographie, à savoir la vallée du Rio Darro. En effet, cette eau sublimée dans les jardins provient d'un réseau d' « acequias », de canaux. Cette eau magnifiée à l'Alhambra dépend d'un aménagement qui s'étend sur une échelle vaste. L'objectif est donc de décloisonner les limites physiques du jardin, pour proposer un glissement des représentations à l'échelle de la vallée. La cueillette de données permet de définir d'autres patrimoines, oubliés et abandonnés, dans cette unité géographique (canaux, moulins, exploitations agricoles...). Ces patrimoines agricoles sont porteurs d'une identité plurielle. Ce sont les traces du passage de toutes les civilisations qui se sont succédées à Grenade. Par la suite, il s'en est suivi une quête d'un autre récit en plusieurs chapitres selon trois axes : la vallée du Rio Darro conquis, la vallée du Rio Darro sublimée et la vallée du Rio Darro abandonnée. Faire ressurgir ces patrimoines agricoles est inévitablement lié à l'idée que de nouvelles pratiques, et donc de nouveaux paysages, doivent émerger. La reconquête de ces espaces délaissés s'appuient sur différentes actions qui s'enchaînent, selon 5 pas de temps, entre 0 et 25 ans. C’est un nouveau récit, à la reconquête des patrimoines agricoles de la vallée du Rio Darro, qui est proposé ici.

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