Mémoire Master 2 : Quels usages pour la télévision de demain face à l'arrivée du second écran ? 2013

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Mémoire Professionnel

QUELS USAGES POUR LA TÉLÉVISION DE DEMAIN FACE À L’ARRIVÉE DU SECOND ÉCRAN ?

Auteurs du mémoire : Maxime Petit & Alexandre Viot Directeur de mémoire : Laurent Tarneaud

Pôle Paris Alternance - 2013

PÔLE PARIS ALTERNANCE


Les Guignols de l’Info | CANAL+ Phrase gimmick de PPDA

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Mémoire Professionnel

Boom des nouvelles technologies, démultiplication des écrans et consommation éclatée, vers un nouveau modèle de télévision connectée. A l’heure où le téléspectateur traverse l'écran, remise en cause des audiences et des contenus. Quel visage pour la "Social TV" ?

Auteurs du mémoire : Maxime Petit & Alexandre Viot Directeur de mémoire : Laurent Tarneaud

Master II Marketing & Communication Pôle Paris Alternance - 2013

Les nouveaux usages de la TV face à l’arrivée du second écran

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Nous tenons à remercier notre maître de mémoire Laurent Tarneaud, pour la considération dévouée qu’il nous a porté et les relations de travail chaleureuses que nous avons entretenues tout au long de cette année. Nous remercions aussi tout particulièrement Jérôme Loré, directeur du développement produit VOD chez TF1, et Carolina Tomaz, responsable études innovations chez TF1, qui ont eu l’extrême gentillesse de nous recevoir malgré des emplois du temps très chargés, et qui ont pris le temps de répondre à nos questions avec un intérêt passionné. Merci donc pour ces aiguillages précis et cette vision d’expert. Enfin, nous remercions tous ceux qui ont contribué, de façon directe ou indirecte, à la réalisation de ce mémoire. Sans tous les citer, nous pensons à : Fouzia Kamal, rédactrice en chef adjointe du magazine professionnel CB News ; Hugo Vignaux, chef de produit digital chez TF1, et tous les autres…

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Introduction

p.10

A. Mutation profonde de la télévision : le média de masse éclaté

p.14

1.

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2.

3.

Evolution de la télévision en France -

L’âge d’or de la télévision (1945-1975)

-

Les années « télé » (1975-2005)

Sociologie du média TV -

Plus d’évolution cette décennie qu’en 50 ans d’existence

-

Fin de la prédominance sur l’information

L’essor des technologies : naissance de la « télé connectée » -

Le « différé » : ma télé partout et quand je veux

-

Les offres Triple-Play et état des lieux

-

Smart TV : un produit passerelle

p.17

p.20

B. Etude de marché « Vous, la télé et le second écran »

p.28

1.

Méthodologie

p.28

2.

Rapport de l’étude et enseignements tirés

p.29

3.

Enquête complémentaire Ipsos/FranceSoir

p.33

-

« Les français et les programmes télévisés »

C. Une télé qui se réinvente à l’ère de l’Internet

p.36

1.

p.36

2.

Délinéarisation : un consommateur qui butine -

Le smartphone : l’écran compagnon

-

La tablette : vers une convergence progressive

-

Le « cross-device » : prise de pouvoir du consommateur

Une audience redéfinie -

3.

p.39

L’impératif d’intégrer le cross-device

Bataille des acteurs pour imposer son modèle -

Le choc des titans

-

La norme HbbTV

-

Google TV vs. Apple TV

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p.40

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A. Rupture programmée : la Social TV extension d’Internet

p.46

1.

p.46

2.

3.

La Social TV, la télé du futur -

Dans le nuage, la télé partout

-

Le visage de la Social TV

-

Le Graphe Facebook, le métamoteur qui connecte à la télé

Potentiel de la Social TV -

Un retour à l’ADN du média

-

Quel contenu audiovisuel pour demain ?

Vers une interactivité toujours plus forte -

« The Voice », un cas d’école

-

La géolocalisation et enjeu de la protection des données privées

-

Du “broadcast to many” au “broadcast to one”

p.51

p.53

B. Interviews et témoignages d’experts

p.58

1. Jérôme Loré, Directeur du développement produit, TF1

p.58

2. Carolina Tomaz, Responsable études innovations, TF1

p.63

C. Réflexions projectives sur la Social TV

p.67

1.

p.67

2.

Eduquer le consommateur sur cette nouvelle télé -

Le choc des générations : choc de culture

-

Quelle perception de l’Internet ?

-

L’influence des générations digitales

Un premier pas vers la publicité interactive -

De la télévision augmentée : contenu additionnel sur second écran

-

Les applis sociales : finalités de la complémentarité

p.69

Conclusion

p.74

Annexes

p.80

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L’arrivée de l’Internet « média des médias », accompagnée du boom des nouvelles technologies mobiles - netbooks, smartphones, tablettes - a bousculé en profondeur le rapport au contenu. La télévision que l’on pensait immortelle, jusque-là grand mammouth de l’information depuis 50 ans voit son avenir plus qu’incertain. De ce postulat, on ne peut s’empêcher de soulever les problématiques et les enjeux de demain. La télévision deviendra-t-elle une simple extension de l’Internet ? Les chaînes historiques deviendront-elles de simples portails de contenu ? Autrement dit un éditeur parmi tant d’autres, on peut dès lors imaginer que la préférence sera le seul critère pour ces illustres chaînes. Mais comment faire face à cette mutation programmée des usages du spectateur ? Comment faire face à de nouveaux entrants tels que le géant Google, qui semble réserver à la télévision le même sort qu’à la presse il y a 10 ans en faisant de chacun non plus un bloggeur, mais un éditeur de contenu à part entière.

Des images que nous avons vues sur internet en catch-up, sur YouTube, Wat.TV ou DailyMotion, sur une télé classique, un smartphone ou une tablette, n’importe où, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. La question n’est pas en effet de savoir si l’écran de télévision va se démultiplier – c’est déjà fait – mais de savoir comment conserver une audience qui butine d’un support à l’autre. Tout l’intérêt du sujet et sa pertinence repose sur le changement radical, à la fois lent et progressif que s’apprête à vivre la télévision face à l’évolution des usages perpétrés par la génération Y. Cette nouvelle génération « d’ultra-connectés » tuerat-elle le modèle actuel en conservant ce mode de consommation éclatée ? Où bien se réappropriera-t-elle le média passé 35-40 ans, à un âge où la vie familiale est censée favoriser une consommation induite de ce type de média. Bien entendu, tout cela n’est qu’hypothèse car cette réflexion est basée sur un système de pensée et des références actuelles, à l’instant « t » 2013. Ce mémoire a pour but d’apporter des réponses et de voir plus loin, de ce que sera la télévision demain. Le second écran bouscule d’ores et déjà tout sur son passage, les opérateurs de téléphonie proposent déjà des offres « multi-écrans » pour faire converger les différents

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terminaux de la maison. A une époque où le terme de Cloud se démocratise et s’intègre peu à peu dans l’esprit de chacun, il va de soit que la synchronisation instantanée sur tous supports sera considérée demain comme normale. Reste encore le problème du data - débit autorisé au consommateur sur les bandes des opérateurs

- relativement

limité

sur les

terminaux mobiles et

qui bride

involontairement l’émergence d’une télévision plus nomade. Le déploiement de la 4G dans l’hexagone pourrait influer aussi sur les habitudes de consommations.

On ne pourrait introduire la télévision et le second écran sans parler de la multiplicité des termes employés : il n’y a pas aujourd’hui d’appellation définie. Le terme de Second Ecran est un dérivé de l’anglais Second Screen, quand bien même le terme de Companion Device pointe le bout de son nez outre-Atlantique. On ne peut alors que faire des suppositions sur cette télévision très interactive. On peut émettre l’hypothèse que la dénomination « Social TV » s’imposera tant la proximité avec les réseaux de partage et la notion d’intelligence intégrée font sens. La Social TV est une évolution programmée de la télévision connectée, elle n’existe pas encore. On sait que le contenu des chaînes traditionnelles tend à évoluer avec les usages, voir à disparaître dans le format que nous connaissons. La Social TV se veut 100% interactive car liée aux réseaux sociaux, et offrant des possibilités d’interaction sur le programme. Afin de traiter de l’évolution des usages de cette « nouvelle télé » et de ce modèle en devenir, il est essentiel de mettre en perspectives ces deux angles de problématiques. Cependant, nous ne nous attarderons pas sur les différences entre opérateurs et les capacités techniques de ces box, notre travail porte sur les nouveaux usages que vont induire ces progrès technologiques. À la problématique de l’usage vient s’ajouter la monétisation de ces écrans. Le secteur audiovisuel est en mal de modèle économique, les vieux JT ne font plus les audiences d’antan, les primes times peinent à recréer l’engouement, les acteurs historiques ne sont plus aussi indispensables depuis la TNT, la télévision de rattrapage bouscule tant la mesure d’audience que la notion elle-même ; et le problème de financement devient omniprésent. Comment trouver de nouveaux

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modes de rentabilité face à l’effritement de l’audimat ? De ce constat apparait toute la problématique de contenu des chaînes : il faut s’adapter. Cela explique la bataille des contenus actuelle en vue de régénérer de l’intérêt : les services de Replay qui évoluent dans une logique second écran en proposant une synchronisation sur tous les supports pour unifier l’expérience utilisateur ; mais encore la possibilité de réagir à un programme en direct via un tweet, un système qui ringardise le vote du public au numéro court surtaxé. Face à tous ces nouveaux modes de consommations pluriels, les chaînes et les groupes médias ne se posent plus qu’une seule question : comment capter un consommateur exigeant abreuvé de flux d’informations gratuits ?

Notre hypothèse dans cette introduction penche vers une télé désormais plus personnelle, connectée aux différents réseaux et personnalisée - à l’image de ce qu’est le smartphone à l’Internet 2.0 - ce média que l’on consommait en famille ou à plusieurs, tend, dans l’usage, à une consommation éclatée et plus solitaire. La télévision s’adapte donc à celui qui la regarde et n’impose plus sons et images, c’est un revirement de situation fondamental pour le média de masse. Evolution des usages et Social TV, la guerre du gratuit contre le payant, s’adapter pour ne pas disparaître. Télé en péril cherche modèle.

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A. Mutation profonde de la télévision : le média de masse éclaté 1. Historique de la télévision : la prépondérance d’un média de masse

Les premières traces de la télévision sont apparues en 1877 lorsque le scientifique français Constantin Senlecq publia une théorie basée sur la transmission d’images animées à distance. L'appareil baptisé « Télectroscope » promettait d’être à la vision ce que le téléphone était à l’ouïe. Inventé deux ans plus tôt par Graham Bell, le téléphone faisait déjà figure de révolution dans les échanges et la transmission, et allait permettre de grandes avancées pour la télévision. Le Télectroscope est un mot-valise formé du préfixe « télé » signifiant « loin » en grec, du mot « électro » pour l’électricité et « scope » la vision. Le terme est tombé en désuétude après l’arrivée du mot « télévision », entendu pour la première fois à l’Exposition Universelle de Paris de 1900. La première société de télévision, la « Baird Television Company » fondée en 1926 fit apparaitre le premier service expérimental mais régulier de diffusion télévisée. Une demi-heure par jour, la première chaîne de télévision du Royaume-Uni « BBC One » se mit alors à émettre la première émission régulière de l’histoire de la télévision. En avril 1935, est présenté à la Sorbonne le premier récepteur à tube cathodique pour grand public : le « Visiodyne », il accueillera cette même année la première émission de télévision régulière de France.

En 1936, les jeux olympiques de Berlin sont télévisés et les 150 000 spectateurs privilégiés assistent aux cérémonies et épreuves de cet évènement retransmis par câbles dans la plupart des grandes villes allemandes. 1939, la déclaration de la seconde guerre mondiale mit un coup d’arrêt aux émissions françaises avant que les allemands ne s’en emparent pendant l’occupation. La restitution de l’émetteur de la

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tour Eiffel en 1945 symbolisa alors la reprise officielle des émissions françaises sur les 1000 téléviseurs en service que comptait le pays. L’âge d’or de la télévision (1945-1975) : une fenêtre sur le monde

En juillet 1948, les français assistent en direct de leur poste de télévision, à la première arrivée du Tour de France, ou encore la grande messe du 24 décembre de Notre-Dame de Paris. Un an plus tard, arrive sur la RTF1 le premier journal télévisé au monde suivi du premier feuilleton télévisé français « Agence Nostradamus ». L’achat massif de téléviseurs en France va se déclencher suite à la retransmission du couronnement de la reine Elizabeth II d’Angleterre. Le nombre de téléviseurs est doublé, atteignant plus de 125 000 postes. La mondovision, résultat d’une diffusion simultanée d’un programme de télévision dans un maximum de pays du monde, arriva en 1962 grâce au satellite Telstar. Il permit de retransmettre les jeux olympiques de Grenoble en 1968 en direct dans 32 pays (plus de 600 millions de téléspectateurs réunis) mais aussi le premier pas de l’homme sur la Lune, la mythique nuit du 21 juillet 1969. Autant d’évènements historiques et planétaires qui ont donné à la télévision ce statut de « fenêtre sur le monde », procurant à chacun le sentiment exaltant de faire partie intégrante du spectacle, et le besoin indispensable d’en posséder une chez soi. En 1967, la télévision couleur fit son apparition en France sur la 2 ème chaîne de l’ORTF2. Début 1970, les changements vont en s’accélérant avec l’arrivée d’une troisième chaîne couleur et la disparition de l’ORTF. Le monopole de l’Etat est alors délégué à la Télédiffusion De France (TDF) et instaure les principes de concurrence entre les chaînes. 7 organismes autonomes sont créés, parmi lesquels : ►

3 sociétés nationales de programme au capital détenu par l’Etat : TF1, Antenne 2 et FR3, remplace aussitôt les 3 chaînes historiques de l’ORTF.

Une société de production (SFP)

L’Institut National de l’Audiovisuel (INA)

La création d’une Commission Redevance (taxe existante depuis 1933).

1

La Radiodiffusion-Télévision Française, créée le 9 février 1949, était la société nationale française chargée du service public de l'audiovisuel, jusqu’à son remplacement par l’ORTF en 1964. 2 L’Office de Radiodiffusion-Télévision Française, crée le 27 juin 1964, a été crée pour moderniser et donner plus d’autonomie à ce service public.

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Les années « télé » (1975-2005) En 1976, est lancé le 1er magnétoscope à cassette VHS par la marque japonaise JVC. Il sera commercialisé en France deux ans plus tard. Le 29 juillet 1981, est adopté la loi Fillioud mettant fin au monopole de la programmation et une haute autorité est alors créée. Celle-ci accorde alors les autorisations d’exploitations des stations de radio et de télévision, nomme les présidents des chaînes publiques et régule la concurrence. Douze ans après la création de la troisième chaîne couleur, la première chaîne à péage CANAL+ voit le jour. Annoncé comme un projet culturel par le Président de la République François Mitterrand, ce dernier insiste sur le fait qu’elle ne sera financée ni par la redevance, ni par la publicité.

Dans un espace temps très réduit, arrivent deux nouvelles chaînes privées mais gratuites : La Cinq et TV6. Cette dernière, positionnée musique et jeunesse, s’est définitivement éteinte un an après sa création, laissant place à Métropole 6 dit M6. La Cinq, « la télé qui ne s’éteint jamais » comme le scandait pourtant son slogan, subira finalement le même sort cinq ans plus tard, pour être remplacé par Arte. Cette même année 1992, est créé au mois d’avril le groupe France Télévision. Antenne 2 devient alors France 2 et FR3 devient France 3. En novembre, est lancé Canalsatellite et son premier bouquet satellitaire payant en analogique. Les français s’abonnent et accèdent alors via le décodeur de CANAL+ à de nouvelles chaînes telles que Canal J, Eurosport France, Monte-Carlo Musique et bien d’autres. Sa version numérique arrivera 4 ans plus tard, en absorbant son concurrent direct TPS et proposant une fusion des deux offres existantes. En 1994 débute « La Cinquième », chaîne de la connaissance et du savoir qui se transformera plus tard en « France 5 » (propriété du groupe France Télévision). Un après est lancé la 1ère télévision à écran plasma. Les français découvrent alors des écrans encore plus plats aux dimensions plus grandes. Parallèlement, le DVD Digital Versatile Disc est lancé, démocratisant ce nouveau support vidéo et condamnant la cassette VHS. La qualité d’image est bien meilleure et les usagers redécouvrent les films : choix des langues, sous-titrage, bonus, jeux, making-off, etc. Ce prolongement de l’expérience prouve que le DVD est devenu le marqueur de la nouvelle ère du cinéma à la maison. En 1999, arrive la chaîne d’information i>Télé pour contrer son concurrent direct de l’époque LCI, lancée 5 ans plus tôt par TF1.

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2. Média TV : Plus d’évolution cette décennie qu’en 50 ans d’existence S’il est une évolution qui a fortement chamboulé le paysage audiovisuel français telle que nous le connaissions, c’est bel et bien l’arrivée le 31 mars 2005 de la TNT, la Télévision Numérique Terrestre. La France rattrapait alors son retard sur ses confrères en déployant la télévision numérique, la promesse était double : plus de chaînes et une qualité d’image inégalée. Son lancement s'était accompagné de 14 chaînes gratuites parmi lesquelles nous retrouvons 6 chaînes publiques (France 2, France 3, France 4, France 5, Arte, La Chaîne Parlementaire) et 9 chaînes privées (TF1, M6, CANAL+, TMC, NT1, Direct8, NRJ TV et W9). En septembre, arrivent 15 nouvelles chaînes payantes telles que TPS Star, Canal J, Sport+, etc. Malgré une mise en place technique périlleuse sur le territoire et l’obligation pour les foyers de renouveler leur équipement, cette évolution sonnait le glas de la télé hertzienne six ans plus tard. Le 29 novembre 2011, le numérique avait définitivement remplacé l’analogique dans l’hexagone. Cette évolution technologique aura aussi permit de forcer au renouvèlement le parc télévisuel des français, qui ont pu alors jeter leur vieux tube cathodique au profit d’une dalle noire trois à cinq fois plus grande que leur ancien modèle, considérant cela, la TNT a contribué à l’enrichissement de l’expérience télévisuelle utilisateur faisant du chez-soi un mini cinéma, un lieu de cocooning. Mais si la taille de l’écran a prit une plus grande place dans le salon des foyers, c’est avant tout l’offre télévisuelle gratuite qui s’est vue enrichie, y compris les services associés : guide électronique des programmes à l’écran, résumé de l’émission, fiche technique, sous-titres et traduction en plusieurs langues. En 2008, deux ans après l’arrivée des disques Blu-ray, une nouvelle étape est franchie avec le début de la télévision numérique HD sur la TNT. La télévision 3D arrivera dans la foulée. Fin 2012, ce sont 6 nouvelles chaînes HD viennent s’ajouter à la TNT gratuite, à savoir : 6ter, L’équipe HD, Chérie HD, Numéro 23, HD1 et RMC Découverte. Quand les chaînes thématiques sont apparues en 2005 – y compris les chaînes locales dans les grandes villes - peu croyait en leurs forces de frappe, sorties de nul part, sans capital marque, comment convaincre un annonceur d’acheter des écrans publicitaires sur un canal à l’audience si neuve ? Fort de ce constat, ces

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« newborns » du PAF3 ont su proposer une grille tarifaire défiant toute concurrence et attirer les annonceurs nationaux. Sept ans plus tard, le résultat est tout aussi probant que surprenant : ces chaînes n’ont pas seulement réussie à s’imposer et à faire partie de la vie des français, mais elles mettent à mal les acteurs historiques. Souvent cité en exemple, la perte de vitesse du Groupe TF1 avec pour principal actionnaire Bouygues inquiète le secteur entier et pour cause, il s’agit d’un premier signal de fumée qui laisse présager de grandes remises en causes du marché de l’audiovisuel. La leçon majeure qui est à tirer du succès de la TNT, c’est le potentiel du marché et de ses utilisateurs à adopter de nouvelles habitudes de consommation face à un nouveau modèle donné. Le bouquet de programmes qu’offre la TNT a thématisé la télévision et donc segmenté les audiences : chaînes généralistes, familiales, de divertissements, pour enfants, musicales, culturelles et d’informations continues. Chacun consomme selon son envie, chacun a ses programmes et ses rendez-vous quotidiens. Cette fin de l’hégémonie des acteurs historiques face à l’atomisation de l’offre a marqué avant tout l’entrée dans une nouvelle ère, celle du « freemium4 » : toujours plus de service, toujours gratuit. Le téléspectateur s’est habitué face à une offre élargie de la télévision à devenir plus critique dans son usage. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre de nos jours « il y a plus de chaînes, mais rien à la télé ». Ceci est une conséquence directe de l’agrandissement du spectre choix. Le téléspectateur zappe et paradoxalement, n’aime plus se voir imposer un programme. Sociologie de la télévision : fin de la prédominance sur l’information Pendant 50 ans, la télévision a vécu des jours paisibles, c’était le meuble de salon sur lequel tout le monde avait les yeux rivés pour être informé. La télévision était ce moyen de rester connecté au monde et de savoir ce qu’il s’y passait. L’information était verticale, le média masse informait les foules. Aujourd’hui tout a changé, l’information n’est plus seulement verticale, mais aussi horizontale grâce à la diversité des écrans et plurielle dans ses modes de consommation éparpillés. Le téléspectateur connait déjà l’information avant d’attraper sa télécommande. 3

Acronyme faisant référence au Paysage Audiovisuel Français, utilisé couramment pour parler du secteur. Le freemium est un modèle économique qui associe une offre gratuite en libre accès et une offre premium, haut de gamme, en accès payant. 4

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Principal responsable : Internet et la gratuité de ses contenus, que l’on parle d’accès à l’actualité pure ou de divertissement, la source est inépuisable. Le web, média des média, offre un accès en temps réel à n’importe quelle source d’information ou de divertissement contrairement à la télévision qui impose son contenu et ses horaires. Dans un contexte de désaffection de l’information télévisuelle, des chaînes d’un nouveau genre sont apparues sur la TNT : les chaînes d’informations continues, avec l’objectif de répondre à cette frustration des téléspectateurs. Présentées à l’américaine façon CNN, en boucle, toute la journée et en temps réel, ces chaînes répètent et actualisent les informations dans l’instant. Une manière de répondre à l’attente d’un public qui veut désormais être le premier à détenir l’information « avant tout le monde ». Dans un monde où tout s’accélère, ces chaînes d’informations continues

trouvent

leur

succès

dans

une

course

au

sensationnel

qui,

indubitablement, séduit un téléspectateur qui s’ennuie. Le rapport à l’écran de salon a donc bien changé et le monde dans lequel nous vivons n’est pas sans influence. Longtemps considéré comme un média de « désinformation » car seul détenteur de celle-ci, la télévision s’est vue remise en cause avec la démocratisation de l’Internet. Les événements historiques clés de l’histoire contemporaine permettent d’ailleurs de retracer le changement de relationnel au média. Lors des attentats du 11 septembre 2001 à New-York, chacun se souvient précisément des images des avions percutants les tours. En direct, le monde tremblait avec l’Amérique derrière l’écran de télévision. A cette époque, qui n’est pourtant pas si loin, la télévision vivait dans un moment tragique une de ses dernières heures de gloire. Post 11 septembre, la méfiance et la suspicion se sont généralisées dans la société occidentale, le monde n’était plus aussi sûr, il s’agit sociologiquement d’un changement d’état d’esprit : il y avait remise en cause. Les images de la guerre en Irak en 2003 sur les chaînes de télévision n’ont leurré personne et la montée en puissance d’Internet à cette époque a poussé les gens à s’informer par eux-mêmes. En parallèle à la même période explosait les réseaux de peer-to-peer5. Le secteur de l’audiovisuel s’est vu touché en plein cœur car les contenus exclusifs de divertissement « à succès » de type programmes et séries se sont retrouvées en libre service à la portée de clic d’un enfant de 10 ans.

5

Système de piratage par l’échange de fichier entre internaute de contenus soumis à la propriété intellectuelle.

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C’est dans un contexte aux multiples facettes que le téléspectateur a subitement changé, il y avait perte d’intérêt et baisses des audiences. La

télévision

ne

créait

plus

l’événement.

L’information

était

comparable.

Le divertissement gratuit. A titre d’exemple, l’élection de Barack Obama en 2008 s’est faite sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux alors tout neufs. Cette élection est un événement qui sert de marqueur sociologique pour montrer le contraste de consommation des écrans. L’Internet a bouleversé à la fois les comportements et les modes de consommation. Du partage entre internautes est née la victoire politique, non plus devant un spot télévisé chronométré. Aujourd’hui, le phénomène s’accélère et la télévision doit tout faire pour recréer de l’événement. En 2011, le dernier exemple en date, concernant le procès sur l’affaire Dominique Strauss Khan, pour le viol présumé d’une femme de chambre a marqué une rupture dans le traitement et la diffusion de l’information. Pour la première fois, la télévision était à la traine et fournissait des informations avec retard. Le grand coupable : Twitter, le réseau social à l’oiseau bleu dévoilait alors au monde sa puissance fulgurante par le biais des journalistes, qui présents dans la salle d’audience twittaient en temps réel. L’Internet a donc prit le pas sur la télévision et rien ne s’oppose à cette évolution qui semble aussi naturelle qu’inévitable. 3. L’essor des technologies mobiles et omniprésence d’Internet : accélérateur de changement de la télé connectée Il y a une quinzaine d’années, l’informatique semblait réservée à une élite de geek à lunettes et l’Internet faisait froncer les sourcils. En 2007, le tout premier smartphone au monde par Apple révolutionnait la téléphonie mobile en mettant dans chaque poche un ordinateur personnel, avec pour fondement technologique : le tactile. Aujourd’hui démocratisés, les appareils tactiles conquièrent le monde et notre façon de vivre et de consommer les contenus. L’essor et l’expansion de ces couteauxsuisses numériques ont un impact direct sur les médias existants : Internet est partout et la télévision de salon prend la poussière. L’histoire de l’Homme n’est qu’une succession de substitution, l’animal avait remplacé la force humaine, les machines le travail humain, le numérique transforme aujourd’hui notre façon de penser. En effet, l’accessibilité à l’information ne nous rend pas plus bête mais change radicalement notre manière de réfléchir, nous

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sommes beaucoup plus critiques et traitons en masse plus de données. Plus question de passer une journée sans « Googler » quelque chose, quand la réponse se trouve au bout des doigts, de façon simple, fluide et efficace. Une vidéo sur YouTube pour apprendre à faire une recette de cuisine ou voir le dernier épisode d’une série américaine encore inconnue en France, un article sur Wikipédia qui vient donner réponse dans l’instant à une question culturelle qui nous tracasse, un mot ou un synonyme dans le dictionnaire, le dernier morceau de musique d’un groupe à la mode ou bien les quelques pages d’un livre qu’on hésite à acheter… toutes ces requêtes permanentes qui viennent ponctuer nos vies quotidiennes, transforment et enrichissent de façon pérenne la « sphère culture » de l’intime. Ce changement profond des « habitus6 » cher au sociologue Pierre Bourdieu, marque une rupture tant dans la manière d’appréhender le contenu que sur le temps qui passe. Le temps vieillit vite. Plus question d’attendre, le consommateur est devenu capricieux et veut « tout » tout-de-suite. Nous sommes dans l’ère de l’instantané. De ce constat apparait alors très clairement l’impasse dans laquelle se trouve le média télévision : faire face à une évolution des mœurs à laquelle il ne peut pas répondre, de part sa condition d’origine « d’écran diffuseur », mais seulement s’adapter en proposant des services alternatifs et divertissants.

Le « différé » : ma télé partout et quand je veux Pléthore de noms existe pour décrire le service en différé – TV en Replay, Catch-Up TV, VOD ou VàD - nous utiliserons dans ce mémoire le terme le plus usité dans la profession : la TVR, la Télévision de Rattrapage. Depuis 2007, la télévision de rattrapage n’a cessée son essor. S’il est un service alternatif de la télévision qui fait fureur et qui génère des revenus publicitaires très rentables, c’est bien celui de la consommation de contenu en différé. Disponible dans les premiers temps uniquement sur l’Internet, la TVR est désormais accessible sur l’écran de télévision lui-même, mais aussi sur les seconds écrans smartphones et tablettes. Depuis son lancement, l’offre des programmes disponibles en rattrapage s’est énormément développée. En septembre 2012, selon le baromètre TV-replay.fr6

L’habitus est « un ensemble de dispositions durables, acquises, qui consiste en catégories d’appréciation et de jugement, qui engendre des pratiques sociales ajustées aux positions sociales. » Pierre Bourdieu

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CNC sur l’offre de programmes en télévision de rattrapage, 13 200 heures de programmes étaient disponibles sur les services de rattrapage des chaînes de la TNT, soit l’équivalent de 550 jours de programmes ! Mais c’est surtout la pratique qui se développe et la consommation de TVR qui progresse : 196,6 millions de vidéos sont visionnées en télévision de rattrapage sur les services des chaînes du panel GFK-NPA, composé notamment des six chaînes nationales historiques (TF1, France 2, France 3, CANAL+, France 5 et M6).

La TVR apporte aux téléspectateurs une vraie liberté dans la consommation car elle ne les rend plus tributaires du direct, les horaires de diffusion ne sont plus une entrave. Mieux encore, dans une société où le temps pour soi se fait de plus en plus précieux, tout se consomme à sa guise et un peu partout : dans un train, un bus, une salle d’attente, les téléspectateurs consomment du programme comme l’on referme un livre avec un marque-page. Pour les moins nomades et les moins équipés, reste la possibilité de se créer des grilles sur mesures et à leur goût tout en organisant au mieux leur emploi du temps. L’assurance de savoir qu’on ne manquera plus son programme révolutionne la consommation et donc la notion d’audience, désormais parcellisée entre le direct et le rattrapage. L’impact de la délinéarisation Le grand avantage de la télévision délinéarisée est qu’elle facilite l’accès au contenu et qu’en conséquence, elle peut mener à une meilleure fidélisation des audiences. L’évolution des usages ne met donc pas totalement à mort la notion de rituel inhérent à la pratique télévisuelle. En ce sens, la TVR a un poids beaucoup plus important que l’option d’enregistrement proposée par les box. Tout pousse à croire que l’enregistrement est un service équivalent, certes, seulement il nécessite de prévoir à l’avance quel programme l’on souhaite enregistrer. Hors, dans les nouveaux usages, le téléspectateur ne prévoit pas et aime se laisser guider par les offres thématiques. La TVR offre une possibilité de découverte de contenu auquel a priori l’utilisateur n’avait pas songé. L’écoute délinéarisée a d’ailleurs poussé les chaînes de télévision à produire des contenus adaptés à ces nouveaux formats audiovisuels : l’avènement du « format court » en quelques sortes ; les clips, sketches, reportages, extraits,

Les nouveaux usages de la TV face à l’arrivée du second écran

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courts métrages et web-séries s’avèrent parfaitement adaptés. On parle alors d’écriture « transmédia », une écriture des programmes audiovisuels qui renvoie les médias les uns aux autres (télévision, seconds écrans, internet). Face à cette nouvelle conception de la télévision, les plateformes de TVR actuelles dessinent les premiers contours de la télé de demain. L’écran de salon toujours préféré, même en TVR

Même si le nomadisme se répand de plus en plus avec les multi-écrans, les usages des téléspectateurs montrent que la télévision est jugée plus confortable que les autres écrans pour consommer des programmes de façon délinéarisée. Selon la dernière vague du baromètre du CNC/GFK-NPA sur la consommation de la TVR de septembre 2012, la consommation de télévision en ligne se fait à 52,5 % sur l’ordinateur, à 33,4 % sur le téléviseur, et à 14 % sur les seconds écrans. Dans un contexte d’amplification de la pratique de la TVR et de ses audiences, les chaînes en mal économique voient en ces nouveaux usages une possibilité de monétisation extrêmement lucrative. Apparait alors un phénomène plutôt cocasse : l’objectif pour les plateformes de TVR de redonner un rythme de coupures pub dans le délinéarisé. Plus simplement, il s’agit de plusieurs écrans publicitaires imposés durant le programme regardé, en plus du traditionnel « pré-roll » : la traditionnelle publicité de pré-visionnage. Ainsi, on peut considérer que pour une très rare fois, c’est la télévision qui a eu un impact sur le contenu web. Mais si la reprise des coupures pub durant un programme ressemble au retour d’une vieille habitude désagréable pour le téléspectateur, cela s’avère pour les régies publicitaires des chaînes de télévision une véritable mine d’or à proposer à leurs annonceurs. Grâce à des algorithmes de recommandations intelligents, les écrans proposés se fondent sur les critères utilisateurs – présents dans les cookies7 - telles que les préférences thématiques ou les habitudes de consommation constatées de l’utilisateur. De quoi cibler plus précisément le type d’écran à afficher et augmenter les tarifs.

7

Un cookie est un petit fichier qui s’enregistre sur l’ordinateur d’un internaute durant la navigation. Quand un internaute affiche une page web, un cookie envoie au serveur de la régie du site les dernières recherches effectuées par la personne. C’est ainsi que le ciblage publicitaire est possible.

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Les offres Triple-Play : naissance de la télé connectée En 2002, l’emblématique français Xavier Niel, à l’origine du Minitel dans l’hexagone, lance la marque « Free ». Un seul objectif pour cet entrepreneur : révolutionner le marché avec un Internet pour tous. Il lance alors un ovni dans le monde des FAI avec la Freebox, qui sera le premier boitier « Triple-Play ». Fini le bridage de connexion par forfait horaire et le vieux modem 56k, l’heure est au tout-en-un : Internet illimité – Téléphonie fixe – Télévision par ADSL. Le succès est immédiat et les autres FAI s’empressent alors de proposer leur offre. Entre temps, les performances du haut débit par ADSL n’ont cessé de grimper et la fibre optique est arrivée, ce qui a permit à ces box d’émerger comme de véritables incontournables. Dans cette conquête des foyers français, beaucoup d’acteurs ont péri, on pense aux funestes Wanadoo, Noos ou AOL. Aujourd’hui, l’offre appartient majoritairement aux 4 grands FAI : Livebox d’Orange, Neufbox de SFR, Bbox de Bouygues Telecom et la Freebox de Free, reste toujours le challenger Numéricable qui peine depuis de nombreuses années mais qui pourtant subsiste. Cette évolution technologique a eu un impact bouleversant pour la télévision, qui a donné naissance à la « télévision connectée ». Aujourd’hui plus que jamais, plus de la moitié de la population française reçoit la télévision via ces boitiers Triple-Play. Plus de 70 % des foyers français sont équipés d’un abonnement à Internet haut débit selon Médiamétrie au troisième trimestre 2012. L’ARCEP8, de son côté, dénombre plus de 23,3 millions d’abonnements haut débit et très haut débit à la fin du premier semestre 2012. La raison du succès s’explique par le fait qu’elles sont faciles, très complètes et directement proposés par l’opérateur. Avant 2002, les français étaient habitués à recevoir leurs 6 chaînes de télévision par voie hertzienne. Mais avec ces boitiers, cette même télévision est devenue numérique en offrant un panel de services inédits qui ont supplanté le désuet télétexte. Il est à prévoir que les box vont rester longtemps dans l’usage car elles ont initié les français au multi-play (programmes télé, télévision de rattrapage, vidéo à la demande et services supplémentaires) et ont aussi été parmi les premières à éparpiller l’offre télévisuelle, en permettant l’accès à des centaines de chaînes de télévision.

8

ARCEP : Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes. Autorité administrative indépendante Française dont la principale mission est d'accompagner l’ouverture à la concurrence sur le secteur des télécommunications, et de réguler les marchés correspondants.

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Comparaison des offres de services des différents FAI

Box

Fonctionnalités

Offres de VàD

Offres de TVR 17 offres

Bbox Sensation de Bouygues

160 chaînes incluses Media Center Enregistreur numérique Contrôle du direct Multi-écrans et Bbox Tab Jeux avec Bbox Games

6 offres (3000 références environ) MyTF1 VOD, Disney Channel, Avant Première, Canal Play, Dorcel VOD, Bbox VOD

Télécom

MyTF1, France TV Pluzz, M6 Replay, Arte +7, W9 Replay, NRJ12 Replay, BFM TV, Gulli Replay, RTL9, Paris Première, Teva, LCI, TV Breizh, Disney Channel Replay, Game One, Canal Plus Replay 33 offres

Freebox Revolution de Free

Livebox Play d’ Orange

Neufbox Evolution de SFR

LaBox de Numéricable

185 chaînes incluses Enregistreur numérique y compris à distance Contrôle du direct Télécommande gyroscopique Media center NAS, Multi-TV Jeux avec Freestore

160 chaînes incluses Enregistreur numérique Multi-écrans Cloud d’Orange Contrôle du direct TV 3D

170 chaînes incluses Multi-écrans Media center Multi TV Double tuner Logiciel media center Contrôle du direct Enregistreur numérique Application SFR TV avec moteur de recherche et de Recommandation Option alarme Home SFR

185 chaînes incluses Décodeur TVHD 3D Lecteur Blu-ray Media Center Enregistreur numérique Contrôle du direct Multi-écrans 2 programmes en simultané TV personnalisée Social TV : Facebook et Twitter en direct sur la TV TV 3D

14 offres (10000 références environ) Canal Play Infinty, Canal Play, Frissons Extrêmes MyTF1 VOD, I-Concerts, Vodéo.TV, PassM6, Freebox Replay Academy Video, VOD mania, Tennis Play, INA premium, Disneytek, Abctek

MyTF1, France TV Pluzz, M6, Arte, W9, NT1, NRJ12, LCP, BFM TV, NRJ Paris, Gulli, Manga, Game One,RTL9, TV5 Monde, AB1,MCM, Euronews, France 24, Boing, Boomerang, TCM, ABMoteurs, MotorsTV, Escales, Odyssée, Toute l’histoire, Animaux, Chasse & Pêche, Cyclo 13 offres

2 offres (7000 références environ)

MyTF1, France TV Pluzz, M6 replay, France 24, Orange Sport Info, NRJ 12 replay, Disney Channel, Arte HD, W9 replay

MyTF1 VOD Et portail TV d’Orange

17 offres

SFR Club Vidéo

MyTF1, France TV Pluzz, M6 Replay, Arte +7, W9 Replay, TMC, NT1, NRJ Replay, BFM TV, Gulli, Paris Premère, Téva, RTL 9, Disney Replay, Equidia, Game one Replay

25 offres (27 000 références)

37 offres

Canal Play, MyTF1 VOD, Virgin méga, Filmo TV, Arte VOD, INA Premium, Film d’Afriques, My Zen VOD, Nc3D, 300, Game One, Music 3D, Sundance Channel, Shorts TV VÀD, Disney Channel Avant Première, KZPLAY, MySVOD, Purescreens, Unitel Classica, Video Club Privé,Dorcel VOD, Dorcel Illimité, Pink Gay VOD, Gay VOD Club, Pink Iliimité, Dorcel 3D, Vidéo club privé 3D

France TV Pluzz, M6, Arte, W9, NT1, NRJ12, LCP, BFM TV, NRJ Paris, Gulli, Manga, Game One,RTL9, TV5 Monde, AB1, MCM, Euronews, France 24, Boing, Boomerang, TCM, ABMoteurs, MotorsTV, Escales, Odyssée, Ushuaia TV, Toute l’histoire, Animaux, Campagne TV Chasse & Pêche, Cyclo

1 offre (10000 références environ)

(*comparatif des offres disponibles au 20 mai 2013)

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Télévision connectée : états des lieux aujourd’hui

Avec les Smart TV constructeurs, les box opérateurs sont la seule réalité de télévision connectée à ce jour. L’état des lieux ci-contre, permet de constater le manque d’homogénéité de l’offre et les disparités de fonctionnalités à tarif équivalent.

Dans le comparatif des offres proposées par les différents FAI, on remarque que l’offre réelle est très difficile à lire et surtout à comparer pour le consommateur. La télévision connectée par box présente de nombreux atouts qui ont profondément changé la manière de consommer la télévision. L’usage est désormais multiple et le réflexe « d’accès aux services connectés » est bien assimilé. A l’avenir, il va de soit que les opérateurs ne vont cesser d’améliorer les performances et services de ces box, en intégrant de nouvelles fonctionnalités. Dans l’ensemble, les box actuelles donnent le menu d’une télévision connectée en 2013 suivante :

Toutes couvrent les besoins en TVR, d’accès à la VOD et radios numériques

Un début des besoins secondaires : apparition de YouTube/ DailyMotion, intégration du multi-écrans, jeux et navigation web

Une organisation des services plus structurée que les Smart TV

Une interface intuitive facile à intégrer

Une fluidité généralement supérieure aux Smart TV

La Smart TV, un produit passerelle La Smart TV, c’est cette nouvelle génération de téléviseurs connectables avec lesquels vous pouvez recevoir la TNT et naviguer sur Internet sans passer par une box. Ce nouveau type de téléviseur tend à démocratiser l’usage d’Internet devant l’écran de salon. Mais si c’est bien cette fonction « connectée » qui est mise en avant par les constructeurs, la réalité est tout autre : les consommateurs qui renouvellent leur télévision se focalisent principalement sur les qualités de l’écran (résolution, taille de la diagonale, couleurs, design et finesse de la dalle). En revanche, l’option 3D est une technologie qui trouve difficilement son public, l’expérience utilisateur étant souvent décevante et trop contraignante avec le port de lunettes spécifiques.

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Aujourd’hui, l’achat de Smart TV est à relativiser car on ne peut pas dire que les consommateurs achètent un téléviseur pour bénéficier principalement de cette fonctionnalité, comme la présence d’un tuner TNT HD serait indispensable par exemple. Il s’agit pour la plupart d’un achat à l’aveugle. Les gens découvrent que le poste est connectable après utilisation au domicile, ils perçoivent cela comme « une option » et non une fonctionnalité fondamentale. Si l’achat s’effectue avec un manque de visibilité pour le consommateur, c’est que l’offre ne cesse d’évoluer : une nouvelle télé sort tous les 6 mois. Dans un secteur très concurrentiel, chaque constructeur adopte son propre langage : on parle alors de TV 3D active ou passive, d’écrans LED, LCD ou plasma, et même d’écrans HD ou Ultra-HD avec la technologie 4K. LG, Samsung et Philips vendent leurs téléviseurs sous l’appellation Smart TV. Panasonic se distingue avec « Viera connect » et Toshiba avec « Toshiba Places », leurs magasins d’applications respectifs. Dans leur campagne de promotions, tous mettent en valeur les applications vedettes du moment : Facebook, Twitter, Skype, YouTube, Picasa, Google, ainsi que les chaînes et les éditeurs avec lesquels des accords ont été passé. Tout est réuni pour perdre le consommateur. Pour preuve, il existe un écart entre le nombre de Smart TV achetés et le nombre de télévisions véritablement connectées. En 2011, 1,4 million de téléviseurs connectables ont été achetés, soit 30 % des téléviseurs vendus en 2011 selon GfK. Au troisième trimestre 2012, 13 % des foyers français sont équipés de Smart TV selon Médiamétrie et 58 % des foyers sont équipés de Smart TV l’ont connecté à internet. A en croire le Simavelec, Syndicat des industries de matériels audiovisuels électroniques, 75 % des téléviseurs mis sur le marché en 2013 sont connectables.

En définitive, la Smart TV est un produit passerelle qui se positionne entre la télévision connectée de demain et la télévision classique. Le terme est d’ailleurs proche du nouveau mot smartphone, tant les usages et les nouvelles possibilités sont communs. C’est une télévision hybride qui a fait le choix du compromis. Et le compromis se paye, bien que des usages épars soient en train de se développer sur les services les plus attrayants, force est de constater que les détenteurs de Smart TV ne semblent pas encore pleinement satisfaits de leur téléviseur.

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B. Etude quantitative « Vous, la télé et le second écran. »

L’étude « Vous, la télé et le second écran » nous a permis de récolter des informations sur les habitudes de consommations des écrans des français ainsi que leur prédisposition actuelle au second écran. Sous la forme d’un questionnaire en ligne réalisée sous Google Form, l’étude a été déployée par mail et sur les réseaux sociaux majeurs : Facebook, Twitter, LinkedIn et Viadeo.

1. Méthodologie La télévision étant un média de masse touchant le grand public, nous n’avons pas eu à recruter une population spécifique. Toutefois, le déploiement du questionnaire ayant été effectué sur les réseaux, nous pouvons considérer notre population de référence comme étant des « connectés ». L’étude est composée de quinze questions dont trois permettant de qualifier le sondé (sexe, âge et catégories socioprofessionnelles). Un pré-test à été réalisé en amont de la diffusion, ce qui nous a permis de reformuler plusieurs questions. Le questionnaire se décompose en sept groupes de questions, nous mesurons : 

L’équipement actuel de l’individu, télévision et autres devices

Ses habitudes de consommation de la télévision tous supports confondus, via un tableau à échelle de fréquence

Sa prédisposition actuelle au second écran en regardant la télévision, sa connaissance des nouvelles tendances

Son attachement à la télévision, chaînes et médias

Son envie d’interactions sur la télévision, avec l’évocation de la télévision de demain : « une télé sociale »

Son opinion sur le changement d’usage qu’engendre un second écran

Et enfin, sa fréquence de consommation du différé comparée au linéaire

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2. Rapport de questionnaire9 L’équipement des sondés : Quels écrans possédez-vous ? 100,0% 90,0% 80,0% 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% 20,0% 10,0% 0,0% Téléviseur

Ordinateur portable

Ordinateur fixe

Smartphone

Tablette tactile

Autre : liseuse

Le premier constat que nous faisons est celui du « suréquipement ». A l’heure de la convergence, les français multiplient leurs équipements. Niveau télévision, la majeure partie des sondés disposent d’une télévision par ADSL, via les Box de leur opérateur. Arrivent ensuite les télévisions classiques à 29% puis les télévisions connectées qui ne représentent que 15% du parc de nos répondants.

La consommation de la télévision selon les supports : 100% 90% Télévision

80% 70%

Smartphone

60% 50%

Tablette tactile

40%

Ordinateur portable

30% 20%

Ordinateur fixe

10% 0% Tous les 4à5 3à4 1à3 Jamais jours fois/sem. fois/sem. fois/sem.

9

Rapport du questionnaire en ligne consultable à ce lien : http://bit.ly/13wH7Vo

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Bien que la télévision ne soit plus cloisonnée au simple téléviseur, les français ont encore un lien très fort avec ce dernier puisque 65% d’entre eux la regardent quotidiennement à travers ce récepteur. En revanche, ils ne sont que 15% à la consommer chaque jour sur leur smartphone et ordinateur portable. Le téléviseur reste donc le récepteur de référence pour un visionnage quotidien, cependant les ordinateurs portables et supports mobiles (smartphone, tablette) sont davantage plébiscités pour les consommations plus fractionnées et hebdomadaires. Sans surprise, l’ordinateur fixe est le support sur lequel les sondés regardent le moins la télévision.

Interaction avec le programme : des progrès restent à faire

22% des répondants affirment regarder la télévision tout en surfant sur leur smartphone ou tablette pour réagir au programme. 6% ont essayé mais n’en sont pas convaincu alors que 27% n’ont pas encore essayé, mais pourraient être séduit par l’expérience. Enfin, 45% d’entre eux ne sont pas intéressés par cette idée, préférant se concentrer uniquement sur le programme qu’ils visionnent.

Quels usages via le second écran ? L’arrivée du second écran a transformé les usages et le rapport qu’entretenaient les spectateurs avec leurs programmes. La pratique d’une autre activité tout en regardant la télévision est de plus en plus fréquente. 13% des sondés attestent suivre le fil d’actualité Twitter, via le #hashtag (mot-dièse en français) du contenu qu’ils regardent et 17% vont jusqu’au site web ou application de l’émission afin d’enrichir l’expérience. On pense alors à l’application récente du Canal Football Club qui permet aux supporters de sélectionner un angle de vue différent de celui choisi pour le direct. Parallèlement, l’utilisateur peut visionner les ralentis des plus belles actions, accéder aux statistiques en direct, noter le match, les joueurs, chatter avec ses amis, etc. Dans un autre registre, l’application d’M6 permet aux spectateurs de l’émission Top Chef d’interagir en temps réel en se glissant dans la peau du jury pour noter les plats des candidats, suivre pas à pas les recettes les plus originales, et commenter l’émission. Le concept est également reproduit sur l’application MyTF1 et son émission phare The Voice.

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Ces dispositifs ont pour point commun de prolonger l’univers de l’émission et de faire vivre de nouvelles expériences aux téléspectateurs. On passe d’un visionnage passif à un visionnage actif. On « gamifie » l’expérience en y intégrant du jeu comme renfort d’interactivité. A titre d’exemple, l’application The Voice invitait les spectateurs à se mettre dans la peau du cinquième coach et à voter pour leur candidat favori. La chaîne a annoncé plus de 200 000 connexions lors de ses primes. 23% de nos répondants affirment surfer sur Facebook en parallèle de leur programme. Cette donnée illustre le caractère social et fédérateur de la télévision d’aujourd’hui. Bien que la présence d’une partie d’entre eux sur le réseau social n’ait aucun rapport avec l’émission qu’ils regardent, la majeure partie va y chercher une « sociabilité ». Ce besoin de partager et donner son avis est d’autant plus prononcé que l’attachement aux programmes se fait de plus en plus fort. Enfin les 41% de répondants restants pratiquent des activités sans rapport avec l’émission, preuve que la télévision s’allume parfois par réflexe, un usage de « meuble ambiant » faisant office de bruit de fond chez un téléspectateur dissipé.

Quel avenir pour notre téléviseur ? Nous avons souhaité savoir quel était l’avenir que présageaient les français au téléviseur actuel. Bien que 34% de nos répondants pensent que les terminaux mobiles remplaceront à terme notre téléviseur - et que ce phénomène est déjà en cours - ils sont 66% à penser que l’écran de télévision conservera sa place attitrée, les usages de ce média qui accompagne le quotidien étant trop ancrés pour muter. L’attachement aux chaînes traditionnelles Près de 7 sondés sur 10 s’avoueraient « attristés » d’apprendre la disparition des chaînes historiques. Alors que les Web TV se multiplient de plus en plus et que l’offre TNT arrive à maturité, voir au stade de « surabondance »10, un écrémage pourrait avoir lieu dans un avenir plus ou moins proche. Ce ratio témoigne de l’attachement tout particulier des téléspectateurs envers le média de masse et des chaînes historiques qui l’alimentent. 10

cf. voir partie II, interview de Jérôme Loré, TF1

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La télévision connectée, une technologie qui divise Nous évoquons dans l’étude la télévision du futur comme étant une « télé connectée » et « sociale ». De nouveaux services vont émerger et nous avons souhaité voir où se situent les utilisateurs au carrefour de la télévision et de l’Internet. 54% des sondés sont favorables à cette évolution permettant de prolonger l’Internet social sur son téléviseur. Ils sont séduits par l’idée d’une interface ultrapersonnalisée et connectée à leurs réseaux sociaux. A l’inverse, les 46% restants s’opposent à cette idée d’individualisation et préfèrent conserver leur télévision traditionnelle.

Linéaire vs. Délinéaire

Les 3/4 des sondés disent regarder « moyennement » à « très fortement » leur programme en direct. Ils consomment donc une télévision linéaire. À l’inverse, la consommation en TVR est plus hétérogène : 51% d’entre eux ne regardent que « très peu » à « jamais » des programmes en replay contre les 49% restants qui la regardent de « moyennement » à « très fortement ». Enfin, qu’il s’agisse d’une consommation linéaire ou délinéaire, on remarque que l’ordinateur portable apparait comme le premier écran alternatif. Nos répondants : 220 personnes, composées à 61% d’hommes et 39% de femmes. 2% 12% 12-18 ans 35% 18%

19-24 ans 25-35 ans

36-49 ans 50 et + 33%

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Catégories socioprofessionnelles :

Retraité Ouvrier Agent de maîtrise Employé/Salarié Cadre supérieur Etudiant 0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Fin de l’analyse de l’étude

3. Enquête complémentaire : les français et les programmes télévisés Une enquête Ipsos/France-Soir11 de 2010 classe les documentaires au 1er rang des programmes préférés des français, suivi de très près par les films. Consommation des 15 ans et plus 2%

1% Documentaires

5% 26%

12%

Films Séries Magazines d'info et talkshows Sport

14%

Jeux

24%

16%

11

Téléréalité Ne se prononce pas

Source : enquête Ipsos/France Soir : http://bit.ly/11kHHnk

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Alors que les documentaires et les films plaisent aussi bien aux hommes qu’aux femmes, un écart se forme sur les séries et le sport. Ce dernier, plébiscité par les hommes est délaissé par les femmes, davantage attirées par les séries ou les jeux télévisés. La téléréalité quant à elle fait face à une disparité bien plus générationnelle puisqu’elle s’adresse à un public jeune, à l’opposé des documentaires adorés des 60 ans et plus. Il en va de même pour les jeux télévisés et les magazines d’informations - talk show, s’adressant à une cible plus mature. D’après une récente étude de Médiamétrie, les français n’ont jamais autant regardé la télévision qu’en 2012. En effet, on parle de record d’écoute, puisque la consommation moyenne par jour et par personne atteint les 3h et 50 minutes ! Il s’agit là d’une consommation « en direct » à laquelle nous pouvons rajouter 4 minutes pour la moyenne de visionnage journalier « en différé ». Bien que le mode de consommation Replay croisse de plus en plus, le direct reste prédominant. 72% des répondants ont notifié regarder la télévision en famille, preuve qu’elle conserve son caractère fédérateur. Les contenus qui créent l’événement font succès

Les audiences de 2012/2013 démontrent que la mode est aux divertissements musicaux. Avec plus de 13 millions de spectateurs, la meilleure performance de 2013 – et de 2012 également - revient à TF1 et sa retransmission annuelle du célèbre « Bal des Enfoirés ». Parallèlement, on remarque que les télé-crochets musicaux font parties des émissions les plus populaires : The Voice, À la recherche de la Nouvelle Star, Star Academy, l’Eurovision, ou encore même Incroyable Talent, depuis 7 saisons désormais. Tous ces programmes ont pour point commun d’avoir rassemblé un très grand nombre de téléspectateurs autour de la musique.

Après la musique, nous retrouvons les événements sportifs sur le podium des meilleures audiences. Ces véritables rendez-vous transmettent des valeurs fédératrices, capables de mobiliser en masse à un instant « t ». On se retrouve autour d’une passion (la musique, la danse, la cuisine…), on partage un sentiment d’appartenance à une communauté, voir même à une nation quand il s’agit d’une affiche sportive d’envergure mondiale. Dans une dimension sociale, les individus ont

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besoin d’appartenir à des groupes et d’avoir des centres d’intérêts qui vont les lier à d’autres personnes. Ils éprouvent un besoin d’estime afin de disposer d’un statut au sein des sphères auxquelles ils appartiennent. Ce besoin s’exprime dans la communication qu’ils alimentent. L’interaction des programmes avec les réseaux sociaux en est la preuve. Certaines personnes cherchent alors à exister à travers un programme, via la considération éphémère que pourra leur apporter un tweet cité à l’antenne, un pronostic avéré ou toute autre trace qui leur assurera une visibilité momentanée. L’individu souhaite vivre à travers la télévision, il perçoit la réalité et son action à travers le média. De ce constat, il va sans dire que la télévision connectée et sociale saura trouver un public tant les usages de consommation de programmes sont liés aux valeurs individuelles. Pour illustrer notre propos, une citation sur la télévision de Marshall McLuhan12 extraite de son ouvrage Pour Comprendre les Médias (1964), semble alors plus que jamais d’actualité :

« L'obsession du voyage intérieur, à notre époque électronique, est aussi irrésistible que l'obsession des romantiques pour les voyages à l'étranger et la recherche du pittoresque. »

12

Herbert Marshall McLuhan (1911-1980) : Canadien de nationalité, était un théoricien de la communication,

éducateur, philosophe et sociologue. Etant à l’origine des études contemporaines sur les médias, McLuhan est principalement connu pour avoir formulé l’expression « Le message, c'est le médium », mais aussi « Le monde est un village ». Avant-gardiste, il avait très vite cerné l’évolution auquel le progrès technologique allait mener l’humanité et l’impact du média de masse sur les foules.

Les nouveaux usages de la TV face à l’arrivée du second écran

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C.Une télé qui se réinvente à l’ère de l’Internet 1. Délinéarisation : un consommateur qui butine A l’ère des multi-écrans et de l’Internet perçu comme le « super média », le public de la télévision s’est considérablement fragmenté. Il y a encore quelques années, nos équipements - télévisions, ordinateurs, téléphones - étaient cloisonnés à des fonctionnalités

bien

distinctes

faisant

paraîtres

leurs

frontières

comme

infranchissables, et leurs usages nettement différents. Aujourd’hui, ils convergent tous vers un même résultat et répondent à une forte demande de mobilité. Petit à petit, le téléspectateur s’est détaché des rythmes de diffusions que lui imposait la télévision à heures fixes, s’appropriant une télévision mobile personnelle. Cet effet de nomadisme permet désormais au téléspectateur de consommer à son rythme des programmes divers, où qu’il se trouve : dans une gare, un train, à la faculté ou au bureau. Face à cette désertion du post de télévision traditionnelle, l’identification et l’analyse des audiences sont devenues de vrais casse-têtes pour les chaînes. Historiquement, la diffusion du contenu s’est ordonnée au travers d’une programmation linéaire, organisée en tranches horaires qui étaient alimentées par différents types de programme. Des rendez-vous réguliers, quotidiens comme hebdomadaires, étaient créés entre les chaînes et leurs téléspectateurs. A l’arrivée de la télévision de rattrapage plus communément appelée « Replay », les cartes

de

la

consommation

télévisuelle

ont

été

totalement

redistribuées.

La disponibilité du programme en diffusion différée laisse à tout un chacun le libre choix de visionner son programme quand il le désire, et non plus à heure fixe. La programmation et le rythme d’exposition du contenu se sont donc totalement délinéarisés, ce qui confirme la tendance de l’ATAWAD13 « Any Time, Anywhere, Any Device ». Le phénomène de l’ATAWAD traduit le souhait des individus à accéder à un contenu quelque soit le moment et le lieu, via n’importe quel écran.

13

ATAWAD est un acronyme déposé par DALLOZ en 2002

Les nouveaux usages de la TV face à l’arrivée du second écran

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Le smartphone : l’écran compagnon

Les individus ont développé une relation très particulière avec le second écran. On va même jusqu’à parler « d’effet Tamagotchi » pour les plus accros, dont l’interaction se traduit par l’entretien d’une vraie intimité avec l’écran. Les accroches des campagnes publicitaires du Samsung Galaxy S4 illustrent parfaitement cette idée : « Life Companion » ou encore « Mon Smartphone, ma vie. ». Le téléphone d’aujourd’hui répond à un grand nombre de besoins du quotidien qui ont considérablement modifiés les usages. Les prémices du téléphone intelligent couramment appelé « Smartphone » remontent aux premiers assistants personnels PDA, le Palm et l’Ericsson 380 sortis en l’an 2000. Au moment même où les nouveaux écrans tactiles recouvrables d’un clavier font leurs apparitions, les utilisateurs découvrent les premiers appareils photo megapixels et les connectivités au web mobile avec la norme HSDPA, ancêtre de la 3G actuelle. En 2007, la sortie de l’iPhone démocratise les smartphones en ouvrant le champ des possibles sur de nombreux usages encore inconnus. Doté d’un navigateur web, de raccourcis utiles (widgets e-mail, météo, bourse, horloge), un appareil photo, une bibliothèque musicale et une cartographie. Mais très rapidement le faible débit de connexion (Edge) oblige Apple à sortir 1 an plus tard sa version 3G. Les fonctions de géolocalisation sont ajoutées dans la foulée, et lorsque la version plus évoluée de son système iOS sort cette même année, Apple comptabilise déjà plus de 500 applications sur son Apple Store. La force de frappe du géant américain lui permet alors de verrouiller le marcher, se positionnant comme la référence en matière de smartphone et d’applications. Aujourd’hui, les smartphones sont devenus indispensables et particulièrement précieux. La typologie des 18-24 ans ne s’en séparent jamais, certains vont même jusqu’à s’avouer « très angoissés » à l’idée de perdre leur téléphone, selon une étude réalisée au Royaume-Uni en 2008 par le UK Post Office. On parle alors d’une névrose appelée « nomophobie », la contraction de « no mobile phobia » qui décrit la peur terrible d’être séparé de son téléphone mobile. L’étude va même jusqu’à révéler que ce stress est comparable à celui ressenti le jour de son mariage !

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La tablette : vers une convergence progressive Dans l’univers des seconds écrans, la tablette reste l’élément central en ce qui concerne les problématiques d’évolution de la télévision. Elle seule détient une place privilégiée tant son format est suffisant pour la lecture de contenu, que son utilisation est propice à l’utilisation à domicile. Les foyers français multiplient leurs moyens de connexion à Internet, intensifient leurs usages et la tablette marque selon son créateur Steve Jobs, « l’ère post-PC ». Le smartphone avait introduit les gestuelles tactiles, la tablette permet d’aller encore plus loin dans les usages, principalement grâce à son écran plus grand et sa mobilité à toute épreuve. Ce qui apparait comme une limite sur un smartphone disparait sur une tablette. Le visionnage de programmes longs type émissions, films et documentaires est peu commode sur un téléphone. Sont alors davantage plébiscités les formats courts type journal télévisé, clips et extraits vidéo. A l’inverse, la tablette qui bénéficie d’un véritable espace de visionnage, va induire des usages qui étaient jusqu’alors limités sur smartphone. La tablette a de ce génie qu’elle est pensée pour l’être humain, peu importe la position corporelle, allongée ou assise, dans un lit ou sur un canapé, il y a toujours une façon agréable pour la consulter. Un petit écran s’adapte au corps, alors que le corps doit s’adapter à un grand écran. Dans le cadre de la consommation de contenu audiovisuel à domicile, la tablette devient une télévision portative ultra commode. Peu importe la pièce de votre logement, la lecture d’un format long devient envisageable ; il en va de même pour la lecture de la presse, là où les yeux fatiguent vite sur un petit écran, la tablette y trouve une vraie pertinence, les acteurs de la presse ne s’y sont pas trompés en lançant presque tous leurs applications dédiés ou des « Kiosques » numériques. L’écran s’est démultiplié et c’est une réalité qui pousse à la désertion du poste de télévision. A relativiser, il existe encore très peu de « mobinautes » ou « tablonautes » exclusifs, mais les usages des nouvelles générations risquent de bouleverser l’ordre établi. Aujourd’hui, apparait la tendance de « cross-device » : le résultat d’une offre enrichie qui prolonge l’expérience client selon les programmes. L’écran connecté - qu’il soit grand ou petit, fixe ou mobile - est désormais apte à tout recevoir : de l’image, du texte, de la vidéo et de l’audio. L’écran au sens large, peut

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se rendre présent partout et pour tous, comme un monde de substitution dans lequel nous sommes perdu sans lui. Dans la culture du second écran, les téléspectateurs retrouvent les réflexes qu’ils ont toujours eus à l’époque phare de la télévision cérémonielle : la volonté d’être partout, de tout voir et tout savoir.

Le cross-device : prise de pouvoir ultime du consommateur Le phénomène de « cross-device », littéralement « multi-support » est celui de passer d’un écran à un autre dans l’écoute d’un contenu. Le consommateur a donc prit le pouvoir en consultant selon son humeur et ses envies les contenus qui lui plaisent. On peut considérer que ces usages sont désormais relativement répandu dans la société puisque les possesseurs de second écran représentent 55,8 % des équipés mobiles au 3ème trimestre 2012 selon le baromètre de l’économie numérique de Médiamétrie, soit 23,8 millions d’individus de 15 ans et plus. Ces multiples modes d’expérience du média prescrit par les qualités de l’objet nécessitent une sélection du terminal selon le contexte (moment, lieu, collectivité ou individualité) et l’usage que l’on veut en faire. Pour des contenus où l’audio est majoritaire (débats, informations), les smartphones et les tablettes sont plutôt bien adaptés, d’autant qu’ils permettent par leur mobilité de se cumuler à l’écoute d’autres activités. C’est la fameuse « double utilisation » du second écran qui révolutionne le genre et permet l’interactivité entre téléspectateurs et programme en direct. Mais dès que le contenu nécessite une dimension visuelle importante, la télévision redevient alors le relais pour regarder des films ou des programmes. Les supports se complètent et s’additionnent, et le consommateur d’aujourd’hui s’y adapte en butinant d’écran en écran. Il commence un programme sur un premier terminal, le poursuit sur un second, et parfois le complète sur un troisième. 2. Une audience redéfinie : l’impératif d’intégrer le cross-device Summum de la commodité pour les consommateurs, le cross-device s’avère être un vrai casse-tête pour les mesures d’audience et les analyses publicitaires. Si cela permet un maximum d’avantages pour l’utilisateur, c’est bien toute la chaîne de valeur qui s’en trouve bouleversée. Sur le marché des contenus à monétiser,

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nombreux sont les acteurs en concurrence : les FAI, les chaînes de télévision, les éditeurs mais aussi les constructeurs de téléviseurs et de second écran. Chacun cherche à tirer la couverture vers soi et à prendre sa part du gâteau publicitaire.

Pour être performante et rentable, la publicité interactive doit être liée à la mesure d’audience des terminaux mobiles, mais celle-ci reste encore à définir. Selon Médiamétrie, la mesure d’audience de la télévision sur les terminaux mobiles - VOD et TVR comprises - a déjà été intégrée dans les dispositifs de mesures. Ils mesurent à la fois la télévision et l’évolution du programme sur le web. Pour ce faire, la mesure d’audience va devoir évoluer et prendre en compte tous les nouveaux formats. Aujourd’hui, le problème reste la qualification de l’écoute, on ne sait pas qui consulte quoi, cela provient de l’anonymat des données au regard de la protection de la vie privée. Mais les annonceurs demandent toujours plus d’efficacité publicitaire. Médiamétrie entend donc passer d’un modèle « site centric » à un modèle « user centric », autrement dit faire remontrer les informations des utilisateurs et non pas des sites. Pour récolter des informations auprès des usagers, il faut passer par la même logique que la télévision, la création de panels représentatifs de la population.

3. Bataille des acteurs pour imposer son modèle Le choc des titans YouTube, qui comptabilise plus de 6 milliards de vidéos vues par mois affiche ouvertement son souhait de « dépasser la télévision » par la voix d’Eric Schmidt, président directeur général de Google. Début mai 2013, le site de partage de vidéos lance ses premières offres payantes avec des contenus professionnels. YouTube se place alors en concurrence directe face aux sites de streaming payants, et indirectement face aux bouquets de chaînes de télévisions à péage. Son offre payante de base, qui sera amenée à évoluer, comporte 53 chaînes thématiques ultra-spécialisées (sport, cuisine, dessins animés, animaux, séries télés, films d’horreur, etc.) pour un abonnement mensuel fixé à 7,99 dollars. D’autres encore plus ciblées vont même jusqu'à atteindre un abonnement mensuel de 6 à 8 dollars par chaîne, comme des contenus s’adressant à des publics très ciblés, comme par exemple les passionnés d’Harley Davidson !

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YouTube marque là une rupture avec son positionnement initial qui était de partager gratuitement tout type de vidéos amateurs. Depuis le rachat par Google en 2006, l’offre s’est étoffée avec des contenus professionnels, allant jusqu’à proposer depuis 2011 une douzaine de chaînes thématiques financées par le site lui-même. On y retrouve Doctissimo Play, Marmiton, Taratata on Air et bien d’autres thématiques ciblées. Jusqu’alors, le financement s’opérait uniquement grâce à la publicité qui rendait l’ensemble des contenus gratuits, mais YouTube s’est dit contraint de réagir face à l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché de la VOD. 1er site de vidéos au monde, YouTube est une véritable menace pour la télévision : à commencer par son modèle publicitaire. En effet, on retrouve sur YouTube des publicités provenant d’annonceurs présents en télévision. Bien que supposition extrême, plane alors un risque d’exode vers le « tout numérique » et le ciblage affiné dont lui seul est pour le moment capable. Parallèlement, on remarque que la puissance de diffusion de YouTube vers ses contenus délinéarisés lui confère un statut de concurrent direct face aux programmes linéaires. L’hyper diffusion de la plateforme lui permet d’être partout, quels que soit les terminaux de réception. A l’aube de la 4G en France, l’écart tend à se creuser tant le haut débit mobile boostera la vidéo en facilitant son visionnage où que l’on se trouvera. Le HbbTV : porte d’entrée sur le web Le HbbTV, Hybrid Broaband Broadcast TV, est un nouveau standard européen encore au stade expérimental dédié aux télévisions connectées et adopté par toutes les chaînes de télévision en France depuis 2009. Il permet d’enrichir le flux traditionnel par des contenus interactifs, indépendamment de la marque du téléviseur. Concrètement, le téléspectateur voit apparaître dans le coin de son écran une notification, une sorte de mini-bannière à l’identité de la chaîne. Ces bannières incitent à la navigation en appuyant sur la touche rouge : « Plus de services MyTF1. Appuyez sur la touche rouge », « France Télévisions : Infos Météo Sports. Appuyez sur la touche rouge », « M6 Beta test (News, Guide TV). Appuyez sur la touche rouge ». Le consommateur qui appuie sur la touche rouge n’est pas sans rappeler celui qui appuyait jadis sur la touche télétexte, tombé en désuétude. Et c’est bien sur

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ce réflexe ancré dans les mémoires que le HbbTV compte faire ses armes. Ce super-télétexte peut trouver son public parmi les usagers plus anciens. Lorsqu’on présente aux consommateurs les initiatives des principales chaînes françaises14, ils sont surpris par l’hétérogénéité des interfaces développées par les éditeurs. Celles-ci arborent des mises en page et des contenus très divers : supertélétexte, portail de TVR, passage gratuit-payant. Nous sommes face à un consommateur qui s’étonne du manque d’harmonisation. D’ailleurs, la plupart des consommateurs ignorent l’existence des fonctionnalités HbbTV. En revanche, le message qui « pop » sur l’écran est très mal perçu car il s’agit là d’une intrusion de plus dans l’enfer moderne des notifications. La bannière qui apparait vient proposer des services sans rapport direct avec le contenu visionné. De ce postulat, on peut estimer que le standard HbbTV n’a pas un grand avenir dans ce format là, tant il perturbe sans raison le téléspectateur durant son programme.

Google TV, vraie ou fausse révolution numérique ?

La Google TV est une tentative de Google pour marier le monde du web au monde de la télévision. Le marché des téléviseurs étant mature et dit « de renouvellement » Google a prit le parti de commercialiser une box en partenariat avec Sony, vendue sous l’appellation « Google TV by Sony ».

Adaptable sur les écrans actuels, elle délivre toute la multitude des services Google par le biais du système d’exploitation Android. Avec les mêmes gestures15 que les seconds écrans, les utilisateurs retrouvent un grand nombre d’applications reformatées pour la télévision et directement exploitables avec leur télécommande. Un accès à la plateforme « Google Play » est évidement disponible, accompagné d’un guide des programmes enrichi. Dans l’usage, elle s’utilise un peu comme une tablette géante et la navigation reste très agréable, cependant, on ne peut s’empêcher d’y voir une certaine redondance de service pas forcément pertinent pour l’utilisateur.

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Rapport du CNC sur les nouveaux usages de la télévision connectée De l’anglais : mouvement reconnu par une machine comme étant une commande.

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Mais le gros défaut de cette box est l’absence cruelle d’un tuner TNT et donc de la prise en charges des flux TV. Google semble vouloir éradiquer la télévision traditionnelle au profit d’un flux internet pur, un choix qui n’est pas exempt à la critique. Aussi, le système ne dispose pas d’une plateforme de VOD satisfaisante de type Netflix, surprenant pour le géant Américain.

Alors même que tout reste à venir, le marché de la télévision connectée semble déjà encombré et Google qui entend recentrer son offre en l’adaptant directement sur les téléviseurs existants, semble encore chercher un modèle propre dans ce domaine. A l’heure 2013, la Google TV n’est ni une révolution ni un succès de vente.

Le cas Apple TV Sur le marché des set-up box, il y a aussi l’Apple TV. Assez marginale en France, les retours de ce boitier sont très positifs et permettent d’éclairer sur les attentes du consommateur. L’Apple TV est avant tout appréciée pour ses qualités ergonomiques. Sa télécommande est intuitive et l’interface très simple, ce qui permet une prise en main quasi-instantanée. Sous un système d’exploitation plus fermé et représentatif de la marque à la pomme, le boitier ne propose pas d’application, hormis un accès à des contenus VOD en HD. Une fonction Airplay permet de faire basculer sur son téléviseur n’importe quel contenu depuis son iPhone ou son iPad. Cette capacité de synchronisation plug-and-play avec les terminaux Apple du foyer donne une idée de la dimension que pourrait prendre l’écran au sein de la maison connectée.

Question offre, des services populaires tels que : YouTube, Vimeo, Flickr et des radios sont accessibles. Une différence, un abonnement aux matchs de baseball de la MLB, Major League of Baseball, est disponible gratuitement ainsi que la chaîne Wall Street Journal Live. Soyons clair, il s’agit bien d’une version « bêta » de la télé connectée chez Apple, l’offre a été conçue pour le marché américain et s’avoue manquer de pertinence en Europe. Récemment, la chaîne américaine de divertissement TheCW a annoncé qu’elle sera la première « TV App » sur la box à la pomme en proposant gratuitement son catalogue. Sur le plan technique, l’Apple TV rencontre beaucoup moins de problèmes que la pluparts des télévisions connectées:

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l’expérience de navigation est extrêmement fluide dans les menus, ainsi que dans la lecture en streaming. Un détail qui n’est pas si anodin, c’est bien le confort d’utilisation d’une technologie qui amène à son usage. Selon les rumeurs, l’Apple TV pourrait se revoir baptisée « iPanel ». Ce nouveau produit – s’agit-il d’une télévision ou d’une box améliorée ? - repousserait alors les limites de la télévision connectée actuelle et aurait tout l’air d’une vraie « Social TV ». Après tout, Steve Jobs avait confié avant de mourir qu’après la tablette, son dernier rêver était de révolutionner l’usage de la télé de salon.

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A. La rupture programmée : la « Social TV » extension d’Internet 1. La Social TV, la télé du futur Tout le monde en parle, tout le monde en dit tout et n’importe quoi. Mais qu’est-ce vraiment que la Social TV ? A quoi ressemblera-t-elle ? Et surtout, qu’apportera-t-elle de si révolutionnaire par rapport à la télévision traditionnelle ? Avant toute chose, il est important de souligner que la Social TV n’existe pas encore, dans son format abouti, et qu’il faut faire une vraie distinction avec la télévision connectée actuelle existante. La Social TV, litt. Télévision « sociale », définie toutes les nouvelles technologies apportant une interaction sociale et une dimension communicationnelle enrichie à l’expérience télévisuelle. Elle est l’évolution prochaine de la télévision connectée, son ultime aboutissement en somme, une télévision qui devient une simple extension de l’Internet. Issue du web 2.0, la Social TV apporte un lot de nouveautés du type : recommandations entre utilisateurs, intégration des réseaux sociaux pendant les flux, commentaires et votes sur un programme, espaces de chats et/ou visio, mais aussi des programmes télévisés sociaux, c’est-àdire des contenus pensés pour un usage « conversationnel ». Bien évidemment, si l’on considère aujourd’hui les usages communicationnels qui sont réalisés sur Internet en réactions aux programmes, la Social TV existe et est en quelque sorte une réalité. Toutefois, le terme étant galvaudé, nous ne considérons pas dans ce mémoire que la Social TV existe structurellement et de façon définie. La Social TV intègre dès le départ la logique de multi-device, l’expérience se vit sur différents supports, dans la logique de seconds écrans. Les contenus sont liquides et

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les terminaux reliés communiquent les uns avec les autres. La seule réalité de Social TV aujourd’hui, existe à travers les applications dites « Connect » des chaînes. Contrairement à ce que l’on peut lire, cette nouvelle télé « sociale » n’a pas vocation à tuer la télévision telle que nous la connaissons, mais plutôt à s’adapter aux nouvelles habitudes d’écoute en proposant un service aussi riche et infini que les plateformes web actuelles. Une télé avec mon Internet et mes réseaux sociaux dedans, une télé qui centralise tous mes écrans et gère mon réseau domestique. Cette nouvelle dimension d’interaction sociale apportée à l’écran de salon est assez cohérente, en effet la télévision est un média qui socialise par essence. 48 millions d’internautes dans l’hexagone, plus de 7,8% de la navigation qui s’effectue sur les seconds écrans16, une vidéo en ligne toujours en vogue, un investissement toujours de plus en plus important sur l’affichage display chez les annonceurs ; l’ensemble du marché digital ne cesse de croître. Autant d’éléments qui poussent à croire que le secteur de l’audiovisuel sera enclin à cette évolution. La Social TV a donc un double challenge pour s’imposer durablement : trouver un modèle économique viable et se faire accepter au sein des foyers. Qui dit « échange » sur la télévision dit réseaux. Facebook est le réseau social de la puissance puisqu’il recense en France plus de 22 millions de comptes actifs. A titre de comparaison, son second Twitter recense plus modestement 300.000 comptes actifs, soit environ 5% de la population. Toutefois, la typologie des utilisateurs de Twitter est différente de Facebook, il s’agit de profils bien plus qualifiés, on y retrouve en majorité des professionnels des médias, des technophiles avertis et des citoyens engagés en politique, qui trouvent dans les 140 caractères un véritable espace de vox populi. Face à cet engouement du public qui ne cesse de muer vers l’interaction sociale, on peut émettre l’hypothèse que le progrès sera accueilli relativement bien, tant il existe un affect réel pour les réseaux sociaux. On s’y connecte pour se divertir, se détendre, échanger un bon mot avec ses amis, et cet environnement conversationnel n’a rien qui puisse exclure la télévision.

Nous sommes à un moment crucial où la télévision se transforme. La télévision n'est plus cette boîte noire du salon crachant une communication à sens unique, mais une 16

Source : comScore Device Essentials, Décembre 2012

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dalle élégante qui propose une expérience à double sens. Dans la logique des réseaux sociaux, les téléspectateurs et les célébrités participent au « jeu de conversation ». Nous sommes en train de repenser fondamentalement la manière d’appréhender un programme télévisé, qu’il s’agisse de son contenu, de son audience ou de sa promotion. Au carrefour de la télévision, les réseaux sociaux couplés aux seconds écrans, dessinent une nouvelle opportunité de croissance pour les marques et les chaînes de télévision. Une toute nouvelle façon de s’engager avec leur audience d’une façon puissante et totalement innovante.

Dans le nuage, la télé partout Au cœur de la Social TV, il y a une technologie récente, pourtant développé par IBM dès le début des années 90 : le « Cloud » ou le « nuage ». Le Cloud décuple les possibilités de l’informatique et surtout des appareils connectées, l’information n’est plus stockée dans un disque dur natif, mais dans un serveur à distance. Ce service révolutionnaire permet alors de synchroniser une multitude d’appareils en temps réel. Résultat, mon activité sur un device est répercutée sur un autre, en totale harmonie. C’est la « dématérialisation » de la mémoire, et cela promet pour la télévision une application jusque-là impossible dans la lecture des contenus : la mobilité. Par essence, la télévision est un média « support ». Elle réceptionne une donnée qu’elle est capable de lire et de retransmettre, elle est vide de contenu au contraire d’un ordinateur qui charge en mémoire une information pour la retransmettre. Avec la généralisation des médias connectés, cette dichotomie est vouée à se généraliser, les terminaux mobiles ne stockeront pas l’info, ils consulteront dans le nuage un contenu qui s’affranchi de tout support. En conséquence, une émission ou une série télé commencée sur mon téléphone sera directement visionnable chez moi devant mon téléviseur à l’endroit où je l’ai laissé. Le Cloud fait passer la mobilité à un stade supérieur. La portabilité est réelle et se dissous dans le quotidien des utilisateurs sans qu’ils n’y aient à porter attention. Il est évident que cette accessibilité facilitée va engendrer un fort usage de la technologie. Autrement dit, c’est la capacité des appareils à disposer d’une fonction plug-and-play universelle qui définira l’usage massif de partage. La fonction Airplay disponible sur les appareils de la gamme Apple est probante, mais reste hélas cloisonnée aux seuls

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appareils estampés de la pomme. Les constructeurs d’appareils électroniques, qui ont compris l’envergure de « la discussion » des terminaux entre eux, ont décidé de former un consortium dans le but de créer une norme standard : la DLNA, Digital Living Network Alliance. Ce standard d’interopérabilité permet la lecture de contenu, le partage et le contrôle des devices indépendamment de leurs marques de fabrication. D’autres technologies semblables promettent la même finalité de partage d’écrans, il existe le système Miracast, qui repose sur une retransmission de l’image du téléviseur sur les terminaux mobiles de la maison par le biais des ondes Wi-Fi ; mais aussi le système SmartGlass de XBOX, qui transforme n’importe quel device en télécommande interactive, avec des fonctionnalités toujours plus nombreuses. Toutes ces technologies prouvent la volonté des industriels à banaliser l’usage du partage d’écrans.

Au regard des problématiques de la télévision connectée, ces protocoles qui permettent à deux interfaces de communiquer redéfinissent donc le rôle et la place des seconds écrans dans le foyer, ils sont des facteurs clés de succès importants, notamment dans le secteur de la VOD, bien qu’encore à un stade embryonnaire. En effet, les ayants droit étant maitres de leur contenu, il existe alors un problème de sécurisation du contenu dans la logique de partage. On peut donc statuer que ce sera désormais le contenu qui prendra le pas sur l’écran.

La Social TV sans visage S’il est un point sur lequel les spécialistes sont partagés, c’est bien sur le visage qu’aura la Social TV. Difficile de définir son interface et son mode de fonctionnement définitif tant le projet est encore en phase expérimentale. Comme nous l’avons exprimé précédemment, beaucoup considèrent que la télévision est sociale dès qu’il y a envoie de SMS pour faire voter un public ou une application mobile permettant de réagir, ces usages n’ont rien de révolutionnaires et ne peuvent pas définir l’envergure de la Social TV de demain. Quand nous parlons de Social TV, nous parlons d’une interface complètement neuve qui redéfinit le média TV et sa consommation. A titre d’illustration, la refonte récente

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du design YouTube adapté au web, nommé One Channel17, présente une suggestion de présentation des contenus et un système de suggestions par abonnement potentiellement exploitable sur la Social TV. La Social TV est souvent illustrée par un écran sur lequel cohabitent un flux télévisé et des commentaires. Le constructeur Samsung est le premier à proposer sur ses dernières Smart TV la possibilité de rajouter un fil de discussion Facebook ou Twitter à la droite de l’écran du téléspectateur. Mener deux activités simultanément sur le même écran semble créer un véritable engouement auprès des utilisateurs car il évite l’usage de plusieurs appareils en même temps. Afin de favoriser l’usage, Samsung a dédié un bouton sur la télécommande de ses télévisions connectées qui donne accès directement à l’interface de Social TV. Mais si la dimension interactionnelle séduit le consommateur dans le cadre d’une utilisation individuelle, on peut émettre l’hypothèse qu’elle sera tout autre dans un cadre collectif. En effet, les téléspectateurs sont enclins à un contenu enrichi et social quand ils sont seuls, mais pas quand ils regardent la télévision à plusieurs. Dans ce cas, l’usage de la Social TV rentre alors en contradiction avec le contexte. Il est aussi à souligner que se connecter à un compte de réseau social induit un caractère individuel et privé, avec un contenu potentiellement intime. Les français étant parmi les plus frileux au regard de leurs données personnelles, il va sans dire que la Social TV devra définir et limiter scrupuleusement les usages afin de fournir un verrouillage des informations des comptes consultés, sans lequel elle ne sera pas accepté par les utilisateurs. La saisie de texte est aussi un usage que devra définir la Social TV. Comment saisir sa requête avec aisance ? La sacro-sainte télécommande auquel personne n’ose toucher commence à montrer ses limites. La prochaine Apple TV promet d’intégrer son système de reconnaissance vocale intelligent Siri pour commander la télé connectée. Il s’agit alors d’inventer un nouvel usage et une nouvelle façon de faire. Seulement, même si ce palliatif semble intéressant, nous faisant basculer tout droit dans « Retour Vers Le Futur II » de Robert Zemeckis où l’illustre Marty McFly commandait sa télévision par la voix, qu’en est-il de la logique de second écran ?

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L’interface One Channel permet à l’internaute de « s’abonner » à des chaînes YouTube. Ces chaînes sont des agrégateurs de contenus qui centralisent les vidéos sur une seule et même page, avec une présentation claire et thématisée. Les ambitions de YouTube ne sont pas cachées, il s’agit de la stratégie à long terme de la plateforme, qui se montrera virulente et avant-gardiste sur le sujet.

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En effet, dans la logique d’écran collectif, tous les individus présents devraient être en mesure de pouvoir s’exprimer. Nous penchons alors vers les technologies de partage entre terminaux mobiles, qui permettraient de définir un environnement conversationnel entre les devices et donc se servir de n’importe quel écran comme télécommande. Chacun pouvant alors interagir et apporter son contenu personnel, un peu comme dans la vie de tous les jours quand les discussions se forment.

Le Graphe Facebook : le moteur de recherche qui connecte à la télé

Depuis le 30 mai 2013, les utilisateurs américains de Facebook bénéficient de la nouvelle fonctionnalité de « statut enrichi ». Ces statuts plus complets sont une première étape avant le lancement du Facebook Graph Search, le nouveau moteur de recherche intégré au réseau social, ayant pour volonté de défier Google. Contrairement à un moteur de recherche classique, le Graphe permettra d’effectuer des recherches dont les résultats trouveront une pertinence selon les liens existants entre nos amis et nos centres d’intérêt. Tout contenu partagé devient alors un résultat possible, mais aussi mesurable. Un vrai outil marketing de mesure d’audience pour les entreprises et les chaînes de télévisions.

Concrètement, ces statuts enrichis intègrent une fonction Social TV. Une nouvelle icône – un smiley – est présent dans la barre de statut (cf. images d’illustrations) ; lorsque l’on clique dessus, apparaît alors des actions pré-formatées, dans lesquelles l’ont retrouve l’action « Watching », littéralement « Je regarde ».

À gauche, la barre de statut avec l’action « Je regarde ». À droite, le statut de partage Social TV.

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Lorsqu’un téléspectateur partage le contenu qu’il regarde, il influence son réseau et propose une suggestion tangible de programme télévisé pour ses amis. Cette information est capitale dans la logique de Social TV puisqu’elle définie tout le processus de recommandation entre amis. Facebook connaît nos meilleurs amis, tout du moins ceux que nous lui avons renseignés, ceux avec qui nous avons le plus d’interactions et ceux avec qui nous partageons des centres d’intérêts communs. Au-delà de se montrer force de proposition, Facebook intègre toute la logique de networking à la télévision connectée et renforce l’usage conversationnel.

2. Potentiel de la Social TV Un retour à l’ADN du média

Grâce à la Social TV, la télévision trouve une certaine quintessence : elle redevient ce média social autour duquel le foyer se retrouve et qui, au fil du temps avait fini par se « désocialiser ». Le potentiel de socialisation est beaucoup plus vaste qu’à ses débuts puisque l’absence d’autrui n’est plus une limite.

« [...] en réalité et en pratique, le vrai message, c'est le médium lui-même, c'est-à-dire, tout simplement, que les effets d'un médium sur l'individu ou sur la société dépendent du changement d'échelle que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de nous-mêmes, dans notre vie. » Marshall McLuhan, Pour Comprendre les Médias Extension naturelle du contenu, la Social TV représente une multitude d’avantages pour les chaînes :

Un nouveau potentiel de recouvrement et de captation d’audience

Un enrichissement du programme et de nouvelles possibilités de format

Une « gamification » du programme : le téléspectateur traverse l’écran ce qui offre de nouveaux moyens de récolte de retour de satisfaction, de vote du public ou encore d’avis ou de questions en temps réel

Le recrutement d’ambassadeurs de marque comme sur l’Internet

Le développement de relations par affinités

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La mobilisation de l’audience et son implication dans le programme

L’élargissement de l’expérience via le second écran

Quel contenu audiovisuel pour demain ? De part l’érosion croissante des parts de marché détenues par les chaînes généralistes, un nouvel équilibre apparaît dans lequel chaque acteur se positionnera sur une dimension-clé de la valeur. La surabondance actuelle de l’offre télévisée pousse les chaînes du petit écran à s’affiner toujours plus, et à démarquer leur ligne éditoriale de celles proposées par leurs concurrents. Ainsi, les chaînes mesurent leur capacité à fédérer autour d’événements qu’ils leurs sont propres, l’exclusivité qu’elles détiennent sur un type de programme, comme par exemple une nouvelle série, ou encore leur capacité à proposer une prescription ciblée à une communauté bien identifiée. En constante recherche d’interactivité et de bénéfice client, celles-ci entendent satisfaire les préférences générales des consommateurs, mais aussi les situations d’usage où leurs « humeurs » les orientent vers tel ou tel type de programme, en fonction de leurs envies du moment. Tous ces facteurs nous poussent à dire que l’avenir des chaînes de télévision se situera davantage dans la production que dans la simple diffusion, afin de renforcer la valeur ajoutée de la marque et lui apporter un attribut unique dans ses programmes.

3. Vers une interactivité toujours plus forte L’interaction semble être le maître-mot quant à la réussite des programmes de demain. Véritable outil de mesure en devenir, les chaînes commencent à communiquer sur leurs « audiences sociales », à savoir la résonnance que celles-ci ont obtenu sur les réseaux sociaux. Des phénomènes invisibles sur les courbes de Médiamétrie, et qui pourtant font du bruit. Prenons l’exemple de la série « Bref » de Canal+ ou de tout autre programme très court, il parait impossible de mesurer leur notoriété sur un espace temps si réduit. Les réseaux sociaux sont là pour prouver qu’il se passe réellement quelque chose sur un programme, qu’un buzz se créé. Cette résonnance contribue à la construction de l’audimat, et grâce à cette « audience sociale », les chaînes ont une meilleure visibilité sur l’appréciation de leur programme. Elle permet aux chaînes de mieux évaluer les retombées qu’un

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dispositif mis en place peut récolter. A commencer par un constat très simple : dès lors que des chaînes prennent la décision de diffuser des tweets à l’antenne, l’interactivité augmente.

Là où le téléspectateur est distrait par son second écran, les chaînes cherchent à rassurer leurs annonceurs, il y a une double écoute nouvelle à conquérir. Le téléspectateur s’implique et s’engage dans le programme, allant même jusqu’à prendre la parole sur les réseaux sociaux. Dans ce no man’s land des audiences, les chaînes tentent donc de mesurer l’engagement des téléspectateurs. Le leader du live sur les réseaux Twitter l’a d’ailleurs très bien compris, puisqu’il s’est associé en décembre 2012 avec Nielsen, le leader mondial des études et de l’information. Le Nielsen Twitter TV Rating va permettre prochainement de mesurer l’impact précis de l’audience sociale sur l’audience télévisée. « The Voice », un cas d’école L’émission The Voice est la première émission de télévision en France qui exploite le filon du second écran et la logique de la Social TV, en intégrant dans la fondation du programme une présence impérative de l’internaute. Sans juger de la qualité du programme, ce télé crochet basé sur le « Talent Show » musical made in TF1, récolte des records d’audience à chaque prime time. La résonnance sur les réseaux sociaux explose avec plus de 5 millions de tweets publiés par les internautes sur la saison 2. Le soir de la finale, près d’un demi-million de tweets ont été recensés, élevant ce jour-ci le programme au titre de « leader sur les réseaux sociaux ». L’émission apparaissait alors dans le top 10 Twitter des « trending topics », sujets les plus populaires mondialement. Cette reconnaissance du programme n’est pas sans lien avec son animateur phare Nikos Aliagas, qui s’adapte en temps réel aux tweets des téléspectateurs et qui s’en sert comme guide pour l’émission. Par ailleurs, Nikos Aliagas très impliqué, va même jusqu’à fournir du contenu additionnel en pleine coupure pub, régalant ainsi l’audience connectée des « coulisses » : tweets, photos privées via Instagram18, réponses directes à quelques 18

Application de partage de photo disponible sur les plateformes mobiles. Racheté par Facebook le 9 avril 2012, Instagram s’est rendu populaire en lançant la mode des filtres photos au look vintage.

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internautes de la twittosphère, vidéos relayant le débrief d’un coach à son élève, etc. Tous ces messages donnent l’impression au téléspectateur de rentrer dans la sphère intime de Nikos Aliagas ; ils se sentent plus proches, comme intégrés à l’émission et donc plus en phase avec le contenu dans sa globalité. Tout cela engendre des vagues de commentaires et une interactivité sans égale avec le programme. The Voice apparait comme une émission communautaire forte, où le spectateur n’est plus cloisonné à son simple téléviseur, mais prend activement position pour défendre son « Talent ». De nombreux relais prolongent son expérience via l’application MyTF1-Connect. Ainsi, il lui est possible de s’immiscer dans la peau du cinquième coach ou encore d’accéder à la caméra 360. Grâce à Twitter, la chaîne mesure en temps réel la donnée d’engagement sur son programme, ce qui lui permet de maintenir une attractivité sociale forte pendant les moments creux de l’émission.

La Géolocalisation

Les annonceurs deviennent protéiformes dans le but de toucher une cible toujours plus qualifiée. La déperdition constatée sur un média de masse comme la télévision a pour conséquence d’engendrer une migration des annonceurs vers les supports web proposant des campagnes ultra-ciblées. L’avantage majeur de ces campagnes réside dans l’administration d’un message personnalisé, au bon moment et au bon endroit. C’est ce que l’on appelle plus communément la publicité géolocalisée. Cette géolocalisation publicitaire sous entend une interactivité des campagnes, mesurables en temps réel, contrairement aux campagnes linéaires de télévision. La protection des données privées : l’enjeu de la Social TV

Les stratégies publicitaires utilisent les nouvelles technologies pour augmenter leur efficacité. Avec l’actuelle géolocalisation, se pose la question de la protection de la vie privée et des données personnelles des individus. Celle-ci doit alors faire l’objet d’une démarche d’acceptation volontaire du consommateur, prêt à partager ses données de localisation physique. Dans une logique de protection, la personne qui

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reçoit ce message doit faire le choix positif de recevoir cette publicité géolocalisée, et dire « oui j’accepte » plutôt que « non, je refuse », sélectionné par défaut19. Ce premier élément représente une menace pour la réclame qui pourrait très vite être « boycottée » par des consommateurs de plus en plus exposé à la publicité. A l’instar des notifications push sur les smartphones d’aujourd’hui, les gens se protègent de ces notifications « parasites », éprouvant un sentiment d’intrusion. Le facteur clé de succès résidera donc dans la pertinence du message, en cohérence avec la bonne cible.

Publicité sur Social TV : du « broadcast to many » au « broadcast to one » L’intérêt de la Social TV se situe dans la personnalisation et l’interactivité des contenus avec l’utilisateur. L’effet escompté étant de coller au plus près des centres d’intérêts du téléspectateur, la géolocalisation permet aux annonceurs d’adapter leurs messages aux territoires géographiques. A titre d’exemple, une offre promotionnelle sur les vols d’Air France pourra directement pré-renseigner l’aéroport de Marseille pour un spectateur localisé à Cassis. Grâce à ce ciblage géographique, l’efficacité du message est renforcée et la publicité pourra être mieux acceptée de part sa pertinence. La déperdition y sera donc plus faible in fine, puisque le message n’aura été adressé qu’aux personnes géographiquement éligibles. L’évolution d’un spot télévisée de masse vers une publicité télévisée géolocalisée présente tout de même certaines limites, à commencer par l’inégale répartition de la demande. Comment s’assurer qu’un espace publicitaire vendu dans la région Ile-deFrance sera également occupé dans une région moins attractive telle que le Limousin ? Cela pourrait vite relever de l’ordre du casse-tête infernal. Cependant, il est d’ores et déjà possible d’approfondir davantage le push commercial, via un bouton call-to-action. Par exemple, lorsque Peugeot diffuse massivement un spot TV pour son nouveau Crossover, un bouton d’action apparait sur sa Social TV, via la norme HbbTV, proposant au téléspectateur de prendre rendez-vous dans la concession la plus proche de chez lui afin de venir l’essayer. Il s’agit là d’une exploitation directe de la géolocalisation interactive.

19

On parle ici du système « Opt-in » et « Opt-out », sous entendu « j’accepte » ou par défaut « je n’accepte pas »

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De part la mobilité croissante des consommateurs liée à leur suréquipement, la publicité doit s’adapter aux nouvelles tendances. La géolocalisation apparait alors comme le futur fil rouge de la publicité télévisée puisque l’intégration du web aux différents supports va permettre, en plus de multiplier les espaces d’affichages, de délivrer des contenus adaptés aux emplacements des spectateurs de demain. Le salon est donc devenu un endroit idéal pour des publicités géolocalisées auparavant réservées aux supports mobiles. A l’avenir, les publicités d’une manière générale ne consisteront plus à distraire ou informer massivement, elles devront créer une expérience de marque bien plus profonde, qui s’obtiendra par l’intérêt du spectateur. Cela suppose que le format standard des spots télévisés en 30 secondes sera repensé, et devra s’adapter aux nouvelles exigences des consommateurs. Il sera alors fonction de leurs centres d’intérêt et de leur position géographique. La publicité sera perçue comme intelligente, avec

des contenus plus riches et

adaptés à chaque consommateur. C’est alors que nous déboucherions dans l’ère de la promotion pertinente, où les marques bénéficieraient d’une meilleure image grâce à une relation plus étroite avec leurs consommateurs.

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B. Interview et témoignages d’experts 1. Interview de M. Jérôme Loré, TF1 Directeur du développement produit VOD « Une télévision qui s’adapte aux nouveaux usages » Boulogne-Billancourt, siège social de TF1. C’est dans l’atrium, un lieu zen et convivial qui joint la célèbre tour cylindrique, que nous reçoit Jérôme Loré. Esprit d’entreprendre, bâtisseur, déterminisme assumé, Jérôme Loré assure la direction du développement produit VOD chez TF1. Fort de son expérience chez Canal +, il a su marquer de son empreinte la plateforme de la première chaîne de télévision européenne grâce à une connaissance incomparable de l’opérationnel ainsi qu’une expertise de quelques années dans le secteur de l’audiovisuel.

MyTF1.fr est la plus grosse plateforme de VOD et TVR de France, à la fois sur le web et la mobilité. Aujourd’hui, la plateforme MyTF1 se veut généraliste et disponible sur les multi-supports. S’il est une chose sur laquelle Jérôme Loré insiste, c’est bien la dichotomie qu’il existe sur la télévision connectée, entre l’IP TV et l’OTT 20, qui s’oppose techniquement au réseau managé des opérateurs. La fonction de l’opérateur en IP TV, c’est de garantir le débit. Avec l’émergence des téléviseurs connectés, cette stratégie s’oppose aux opérateurs télécoms qui ont mis en place et investis dans les infrastructures et qui ont développé des services spécifiques (VOD, IP TV) avec des réseaux dédiés à la télévision. Le web est d’une certaine manière – même si on ne l’a jamais appelé comme ça – de l’OTT, car l’IP TV équivaut à être sur un ordinateur, c’est de « l’Internet ouvert ». L’OTT est aussi une opportunité inespérée pour de nouveaux fournisseurs de contenus - presse écrite, radios, chaînes de télévision - de pouvoir lancer des services sans un investissement insurmontable : on songe alors à BBC avec l’iPlayer où le précurseur de la VOD outre-Atlantique Netflix.

20

Over-The-Top Content (OTT) : c’est une position stratégique dans une chaîne de valeur, qui consiste pour un acteur de l’OTT à utiliser les structures existantes installées par un autre acteur pour fournir un service.

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Aujourd’hui, le business model de la télévision connectée se base sur deux leviers de financement. Il y a le BtoB, ou les chaînes de télévision font payer une redevance annuelle aux opérateurs. Par exemple, pour disposer du service MyTF1 Replay sur sa box, un opérateur doit donner un cachet à TF1. Enfin, le second modèle de monétisation est la publicité, inhérent à la télévision. Sur les services de TVR, cela se manifeste par des pré-rolls et des mid-rolls durant la diffusion des programmes. Ce mode de financement si lourd explique l’absence des services de replay sur les télévisions connectées des constructeurs. Même des leaders sur le marché comme Samsung et LG n’ont pas les moyens de payer un si gros chèque aux chaînes de télévision. Pour créer un bouquet cohérent, il faudrait qu’ils achètent plusieurs droits d’exploitation et c’est hors de leur portée. Il est très important de noter que les services digitaux ayant su créer une vraie rentabilité et un vrai business model sont des services qui ont su construire des plateformes. Sur le digital, c’est la plateforme qui fait la différence, et les success story sont probantes : Facebook, Amazon, iTunes, etc. Chez TF1, et très probablement chez les chaînes concurrentes, l’objectif est de créer un véritable écosystème de marque, le plus riche possible. Etre présent sur un maximum de terminaux en développant et adaptant les plateformes de VOD et de TVR car c’est là que se joue le match.

Surprenant, le nouvel acteur qui risque de bousculer la télévision connectée et l’IP TV est la console de jeux, renommée pour l’occasion « plateforme de divertissement ». Il a été constaté que les gens ne veulent pas avoir plusieurs box sous

leur

téléviseur.

Les

box

sont

encombrantes,

nécessitent

multiples

branchements et surtout, plusieurs télécommandes. L’enjeu pour les constructeurs de consoles est de proposer une box polyvalente, qui va au-delà de la simple console de jeu. L’idée est d’en faire un media-center, un hub qui centralise tous les services et devices de la maison. Et bien entendu la télévision en fait parti intégrante. La dernière XBOX de Microsoft n’est pas présentée comme une console de jeu mais bien comme une box qui centralise l’intégralité des services multimédias. Les premières communications pour la prochaine PS4 de Sony positionnent de la même manière le produit. Et ces consoles de jeu ne sont pas exempts d’innovations

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qui bouleversent les usages. On va de plus en plus vers une gamification de l’expérience, le jeu est un vecteur puissant au sein de la chaîne de valeur OTT. Jérôme Loré : Point de vu d’un opérationnel « La Social TV n’a pas d’avenir » « Pour moi, la Social TV ne marche pas et n’est pas un modèle viable. Il faut faire très attention aux préjugés actuels. Même la télé dite connectée aujourd’hui est marginale. Il y a les chiffres de vente et les utilisateurs réels. C’est un phénomène intéressant, mais la télévision traditionnelle restera longtemps telle qu’on la connaît. Pourquoi ? Car la télévision n’est pas personnelle, ni dans son usage ni dans son ergonomie. La télévision se regarde à plusieurs, elle est familiale, au centre du salon, c’est un média de masse qui crée une présence à l’intérieur du foyer. La Social TV prédit la disparition de cette consommation partagée au profit d’une consommation individuelle. Il est vrai que l’on consomme souvent la télé seul, mais le média et le support ne sont pas faits pour ça. La réalité est en 3 dimensions, il y a aujourd’hui la télé traditionnelle (TNT et IP TV) contre les multi-supports, ensuite le linéaire contre le délinéarisé, et enfin le délinéarisé pur, c'est-à-dire cette télé consommée en OTT seul. Pour TF1, la réalité du marché est dans les rendements publicitaires, la Social TV reste un phénomène à la marge. Personne aujourd’hui n’a envie que son flux soit redimensionné avec une timeline Facebook ou Twitter. Ce n’est pas qualitatif car on ne maitrise pas l’interaction, cela peut dégrader le programme et aucune chaîne ne le souhaite. Imaginez le JT de 20h, avec un flux Twitter d’insultes sur le présentateur ou son invité ? Nous ne pouvons pas en tant que chaîne généraliste et familiale approuver une telle évolution. Le vrai phénomène, c’est qu’on sait qu’à partir d’une certaine génération, c’est-à-dire chez des gens ayant un mode de vie urbain, à Paris ou dans les grandes villes de France, les gens consomment la télévision en faisant autre chose. Ils s’envoient des mails, et sont principalement sur leurs réseaux sociaux favoris, etc. Nous, notre objectif est de se réaccaparer cette écoute perdue. Je penche plus sur une utilisation des seconds écrans de façon complémentaire. On regarde la télévision, on fait autre chose en même temps, sur un second écran, et c’est à la télévision de capter cette

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attention du téléspectateur perdu. Proposer un enrichissement du programme, créer du dialogue, donner du contenu exclusif. Cela fait sens.

Une nouvelle fonction est apparue, celle de « Community Manager ». Ils sont chargés de faire vivre et d’animer une communauté autour d’un centre d’intérêt. Les programmes de télévision restent encore des programmes fédérateurs de masse. Les gens sont prêts à se parler, à propos d’une émission de divertissement comme pour un événement sportif au moment où ça se passe. On se rend compte que le téléspectateur est impliqué, le phénomène est prit au sérieux, Médiamétrie nous fournit désormais des baromètres d’interactions (tweets, relais Facebook). « La télévision est au cœur d’une chaîne de valeur »

Face à toutes ces tendances qui prédisent la mort de la télévision, il ne faut pas oublier qu’il y a une économie de programme qui tient sur un fil : que ce soit le cinéma ou les programmes de télévision. La cohérence est assurée par la « chronologie des médias » et dans les programmes télé, il y a une chaîne de valeur. Et c’est bien parce que chacun des acteurs jouent son rôle que ça fonctionne. Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui des séries comme Dr. House ou Grey’s Anatomy se vendent en DVD à des millions d’exemplaires ? Qu’est-ce qui crée le phénomène de piratage ou de visionnage de série en streaming ? C’est la télévision ! Nous sommes le média de masse qui propulse un contenu. Notre business model tient sur la force de médiatisation, quelque chose qui ne passe pas à la télé, n’existe pas. Aussi, un programme n’existe pas sans chaîne de télé. Le seul cas totalement marginal est la série House of Cards produite pour être diffusée uniquement sur Netflix, mais l’expérience fut un raté. Cela vient confirmer que la télé fait exister un programme.

Autre exemple et pas de moindre importance, la bataille autour des droits du football entre les chaînes historiques, les matchs parviennent encore à créer l’événement. Le sport est un programme que l’on consomme en direct, en linéaire. Personne n’a envie de voir un match 3 jours après. Chez TF1, notre positionnement est de créer l’événement, c’est le cas de The Voice, on regarde le concours de chant en direct.

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Un événement qui arrive sur un réseau confidentiel réduit la portée de l’événement, il y a quelques années, avant l’arrivée de BeIN Sport, Orange avait acheté l’exclusivité des matchs de football du samedi soir. Pour pouvoir les regarder, il fallait être abonné à l’offre Orange. Tout le monde s’est plaint et ce n’était absolument pas rentable pour Orange. De cette anecdote, on revient aux fondamentaux, c’est la chaîne qui crée de la valeur et de la médiatisation.

Pour conclure, la télévision va perdurer dans sa forme actuelle. Il y a 5 ans, un projet était d’intégrer dans les téléphones des antennes de réceptions de norme DVB-H, pour que les terminaux mobiles deviennent de véritables télévisions portatives. Un click équivalait à presser ON sur une télécommande, l’image était instantanée. Cela a été un échec cuisant, notamment économique car il fallait que les constructeurs de téléphones payent une sorte de dîme aux chaînes de télévisions pour subventionner le projet. L’idée était de faire décoller les usages de la télévision sur mobiles. Mais les chaînes ont voulu rentrer dans une course à la création de programmes courts dédiés, qui a été un bide notoire. Les gens veulent les mêmes programmes de la télévision classique sur leurs seconds écrans. En ces termes, la télévision malgré les phénomènes multiples, a encore un bel avenir devant elle. »

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C. Réflexions projectives sur la Social TV

1. Eduquer le consommateur sur cette nouvelle télé

Le choc des générations : un choc de culture

La Social TV de demain se situera à un véritable carrefour générationnel. Deux générations à la culture fondamentalement différente vont se faire face. Nous y trouverons les générations dites « anciennes » à commencer par la génération silencieuse qui englobe les enfants nés entre 1925 et 1942, décrite comme une génération loyale et ayant le sens du devoir. Aujourd’hui qualifiée de seniors, ils ont une très faible connaissance de l’information et des communications, ayant grandi bien avant la démocratisation de la télévision24. Cette génération a donné naissance aux « baby-boomers » entre 1943 et 1959. Au sortir de la seconde guerre mondiale, ils sont entrés sur le marché du travail avec des conditions d’emploi exceptionnelles et pour une poignée de privilégiés, ont eu la chance de grandir avec les tout premiers postes de télévision dans le foyer, une révolution. La génération suivante, dit « génération X », née entre 1960 et 1977, s’est trouvée en pleine ascension du média TV puisque 70% des foyers disposaient d’un téléviseur en 1970. Ils ont grandi avec l’antenne râteau et la télévision comme principale fenêtre sur le monde. Grâce à ce média, ils ont été témoin du déclin de l’impérialisme colonial, mais aussi de la fin de la guerre froide en 1989, lors de la chute du mur de Berlin. Les 3 générations précédemment énoncées s’opposent technologiquement aux générations plus récentes, à savoir les générations Y et Z. La « génération Y », née entre 1978 et 1994 est cette génération née avec l’informatique. Ils ont appris à vivre avec les écrans : la télévision dans ses heures de prédominance, l’ordinateur avec le réflexe Internet, le téléphone portable et son évolution récente en smartphone. Ils ont connu le téléchargement illégal, gratuit et illimité et ils ont vu apparaître la « télé-réalité ». La génération Y est tombée dans le

24

En 1939, seuls 300 postes de télévision étaient recensés sur l’ensemble du territoire français.

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chaudron de la technologie dès la naissance, ils se sont emparés des réseaux sociaux et affiche un besoin continu de rétroaction : cette génération surconsomme.

Enfin, la « génération Z » qui est la dernière venue regroupe tout les enfants nés après 1995 et d’une manière plus représentative, tous les enfants nés post-11/09/01. Elle est très liée à la génération Y et aura toujours connu ce que les anciennes générations appellent les NTIC25. Egalement appelée « cyber-génération », ils ne concevront plus le fait de vivre sans technologie à portée de main. Le smartphone connectée devient alors une extension du corps humain, le « troisième membre » en quelque sorte. Aux prémices des révolutions technologiques, les nouvelles générations sont enclines à la sur-connexion et tout pousse à croire que l’avenir des médias devra passer par une digitalisation. Quelle perception de l’Internet ? Alors que les plus anciennes générations observent l’Internet d’un air méfiant, les nouvelles générations Y et Z, accordent plus de confiance à ce média qu’aux médias traditionnels, et notamment à la télévision qu’ils jugent manipulatrice. L’Internet divise, tant sa densité est infinie. L’émergence du web dans les années 1990 a bouleversé les échanges des générations présentes. Elle symbolise l’écart crée entre nos générations dites « anciennes » et « actuelles », tant leurs usages d’aujourd’hui s’opposent sur la toile. Alors que les Y et Z surconsomment le réseau, la génération silencieuse et les baby-boomers restent majoritairement hermétiques à l’Internet. Quant à la génération X, directement confrontée à la démocratisation du web, cette adaptation se fait avec volonté mais apparaît comme charnière. Cette génération est la moins préparée, elle a évolué en plein moment de transition, il a fallut qu’ils apprennent pour faire face à leur réalité. L’influence des générations digitales La norme d’aujourd’hui est dictée par les générations digitales. La télévision de demain suivra donc le chemin que lui réserve cette évolution. L’essor fulgurant des réseaux sociaux a poussé à l’interactivité, allant même jusqu’à bouleverser le rapport 25

NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.

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entretenu par les marques et leurs consommateurs. Nous sommes aujourd’hui à l’ère de l’instantanéité et du décomplexé, par exemple Facebook peut faire office de SAV public pour un client mécontent, qui peut alors romancer et faire partager sa mésaventure à la communauté. Le commerce sur l’Internet à explosé et certains métiers d’intermédiaires vont être contraints de se réinventer radicalement, les exemples flagrants sont les agences de voyages ou les cabinets de recrutement. Les réseaux sociaux permettent de faire des rencontres, de retrouver des amis d’enfance ou de se renseigner sur des candidats avant l’embauche. Ils constituent également d’immenses caisses de résonnance pour l’actualité du monde entier 26. Que l’on y soit actif ou passif, les réseaux ont changé nos vies modernes.

2. Un premier pas vers la publicité interactive

Le 30 septembre 2013, les téléspectateurs français des principales chaînes du PAF ont été plongés dans une expérience unique. Il est approximativement 20h45 quand en pleine coupure pub, un spot de publicité se démarque et surprend à proposer de « Shazamer » la publicité en cours. Ce terme directement issu des nouvelles technologies fait référence à l’application mobile Shazam, rendue populaire dès 2007 dans les campagnes de publicité de lancement pour l’iPhone pour sa fonctionnalité « magique » de reconnaissance auditive. Shazam permet de reconnaitre de façon quasi-instantanée une musique à l’écoute. Une fois l’application lancée sur le smartphone, il ne faut pas plus de 5 à 10 secondes pour se voir fournir toutes les informations complètes de la chanson (titre, artiste, album, pochette du CD). Cette opération initiée par l’opérateur mobile SFR, jamais réalisée auparavant, proposait aux spectateurs ayant shazamé le spot TV de poursuivre l’expérience en vivant sur leur mobile le concert de Mai Lan27 en direct, au Studio SFR à Paris. À travers ce moment de partage avec les téléspectateurs, SFR implique instantanément l’audience dans sa publicité. L’intérêt est alors décuplé, faisant passer le téléspectateur du statut de passif à celui d’actif.

26

L’Internet et plus particulièrement Facebook, a joué un rôle crucial dans la révolution tunisienne, qui donna suite à un ensemble de contestations populaires appelé le « Printemps Arabe » 27 Chanteuse et héroïne de la campagne de publicité SFR faisant la promotion de son offre « Très haut débit mobile : Dual Carrier ».

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En haut à droite du spot publicitaire, apparait le logo de l’application mobile Shazam.

Ce dispositif a permit à l’opérateur de réunir 60 000 shazamers au moment du concert, d’engendrer plus de 640 000 tweets et de se placer dans les sujets les plus commentés sur Twitter via le hashtag #ShazamSFR28. Fort de ce premier succès, l’opération a été reconduite à Noël 2012 pour promouvoir l’offre « 4G ready » de SFR, avec l’humoriste et acteur Gad Elmaleh. Shazamer la publicité permettait de voir la suite de son sketch.

Les possibilités sont immenses et Shazam entend bien exploiter la moindre brèche en diversifiant sa stratégie vers le monde de l’audiovisuel. Son président Andrew Fisher, affirme avoir récemment signé des partenariats avec de grosses chaînes américaines telles que Discovery Channel ou HBO, mais également avec TF1 à travers un partenariat exclusif. Shazam comptabilise en 2013 plus de 12 millions de téléchargement en France et contribue de façon unique au développement de la synchronisation publicitaire entre la télévision, la radio et les terminaux mobiles. L’objectif visé est de rendre actif les spots publicitaires pour prolonger l’impact des campagnes, tout en renforçant l’engagement auprès des consommateurs.

28

https://www.youtube.com/watch?v=V11S_DMsq0Y

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Les redirections possibles proposées par l’application sont multiples :

Centre d’appel

Site mobile

Store d’applications

Vidéo

Couponing

Réseaux sociaux

Géolocalisation via un plan

Etc.

L’interaction en 2013, ne se résume plus à regarder une publicité et « liker » d’un pouce en l’air la page Facebook de l’annonceur. Nous rentrons dans une époque où la télévision doit créer l’événement à tout prix, les marques doivent être prêtes à répondre en temps réel pour créer un engagement digital avec les téléspectateurs.

De la télévision augmentée : du contenu additionnel sur second écran

La dernière expérience connectée remonte au 4 juin 2013, lors de la diffusion de l’émission « Futur par Starck » sur la chaîne Arte. Ce programme animé autour du célèbre designer français Philippe Starck, proposait une expérience de télévision augmentée en simultané sur le web, tablette et smartphone. Le second écran était donc à utiliser dans une logique de complémentarité. Tout au long du documentaire, un code de synchronisation à 3 chiffres figurait dans le bas de l’écran TV permettant au téléspectateur de coordonner son device avec des contenus additionnels. Une fois le code renseigné sur l’application Arte, les contenus « extras » défilaient de manière synchronisée avec le documentaire.

Ce

dispositif

de

second

écran

permet

d’entretenir une interactivité constante en alimentant

une

source

d’informations

complémentaires tout au long du documentaire : biographies, photos, vidéos, bonus, etc.

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Dans la lignée des publicités, les programmes télévisés de demain disposeront de contenus enrichis. Le média de masse que l’on regardait en famille est donc en passe de devenir un média de niche avec des contenus thématiques multi-écrans. Les téléspectateurs créeront de façon autonome leur propre expérience selon le degré d’interactivité choisi. Le dispositif « Connect29 » de l’application MyTF1 est également positionné sur ce même crédo puisqu’il a pour objectif « d’aider l’internaute à avoir de la matière première ». Dans la lignée de The Voice et Secret Story, le symbolique journal télévisé de 20h est lui aussi devenu interactif depuis le mois de mai 201330. Les téléspectateurs ont désormais la possibilité d’approfondir ou prolonger un sujet en temps réel, visionner des témoignages exclusifs, interviews en version longues, diaporamas, cartes, photos, archives… accédant alors aux coulisses en vidéo. L’ensemble de ces dispositifs a pour effet immédiat d’augmenter l’impact du programme et l’engagement des téléspectateurs.

Les applis sociales : finalités de la complémentarité L’écosystème de la TV de demain s’est enrichi d’applications sociales basées sur les programmes télévisés. Il est désormais possible de savoir ce que ses amis sont en train de regarder, de suivre l’audience et le buzz généré sur les réseaux sociaux. « TVcheck » met un mur à disposition de chaque programme et sur lequel les télénautes peuvent se checker, liker, commenter et recommander. Des espaces virtuels privés peuvent également être créés afin d’interagir avec sa communauté. La télévision sait rassembler et le fait différemment depuis l’arrivée du web. Le live reste au centre de la consommation et les chaînes ont tout intérêt à renforcer l’engagement de leurs flux en direct via des services nouveaux et des contenus additionnels. Face à l’écran, les téléspectateurs ne sont plus seuls puisqu’ils partagent désormais leurs avis sur ce qu’ils regardent avec des milliers d’autres. A l’heure de la convergence entre le contenu et les réseaux sociaux, la dimension relationnelle ne peut être que renforcée autour des programmes télévisés.

29 30

Visuels disponibles en annexe http://videos.tf1.fr/infos/2013/avec-connect-le-jt-de-tf1-devient-interactif-7966505.html

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Déclin ou renaissance de la télévision ? Telle était la grande question d’étude de ce mémoire, les nouveaux usages viendront-ils détruire ou réinventer l’écran sédentaire dans la foule des écrans nomades ? A l’issu de ce travail de recherche, il est évident que la télévision, connectée et/ou sociale, a un avenir incontournable devant elle mais qu’il est encore trop tôt pour en dessiner avec certitude les modes d’existence futurs. De grands flous subsistent quant au visage de cette Social TV, qui reste encore aujourd’hui un labyrinthe. Comment réussir à intégrer les réseaux sociaux à la télévision épisodique d’une façon aussi efficace que lors des événements télévisés ? L’on pense évidemment à la place privilégiée qu’occupe Twitter, mais aussi à toutes les problématiques que le réseau engendre, qui dit conversation dit bruit et il va de soit qu’une curation des informations diffusées devra se faire. Se pose la question de l’ergonomie, qui on le sait, sera la pierre angulaire de la Social TV, mais aussi la question de l’équipement du public. Faudra-t-il acheter un nouveau modèle de télé plus performant et connecté ou bien suffira-t-il d’une « superbox » nouvelle génération ? En ce sens, les FAI continueront-ils d’être le mode d’accès prioritaire à l’interactivité ou bien l’OTT avalera-t-elle l’ensemble du marché de l’audiovisuel public ? L’extrême disponibilité des contenus dans plusieurs terminaux et plusieurs plateformes forme aujourd’hui un écosystème riche, mais aussi une sorte de surenchère qui complexifie la télévision connectée sans forcément surenchérir l’usage. Le déploiement du multi-écrans a déjà commencé et les premiers usages nomades sont une réalité, aujourd’hui et maintenant auprès des générations Y et Z, de véritables « mordus » du digital. Fort de ces enseignements, les chaînes de télévisions font d’ores et déjà face à la prise de pouvoir du téléspectateur, à l’ère du « me-power », elles se construisent sur chaque support numérique une identité forte. L’écosystème digital sera la clé de la réussite, la réalité est donc des applications mobiles « Connect », ainsi que des sites de TVR et VOD de plus en plus riches et ergonomiques. L’objectif est de conquérir le téléspectateur coûte que coûte, sur le premier ou le second écran. On ne peut plus le perdre. S’il fait du bruit digital, s’il converse, que ce soit avec le programme.

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Le second écran rempli de vrais usages neufs et va amener dans un avenir proche de plus en plus de services. La Social TV sera une télévision éclatée et plurielle, où la complémentarité des écrans jouera son rôle avec sens. Dans ce nouveau monde du-tout-connecté, le Cloud va donner toute sa résonnance à la Social TV puisqu’il va permettre d’aller au-delà du multimédia pour connecter la télé au monde physique. C’est la fin de la barrière technologique, les objets communiquent et la télévision devient le tableau de bord du foyer et notamment le cœur de la domotique à venir. L’essor de la Social TV commence d’ores et déjà à bouleverser la télévision, mais surtout le rapport à la machine. La télévision ne sera plus un média muet mais un « média 3.0 » avec lequel il sera possible d’interagir. Les services seront alors des agrégations d’applications multiplateformes enrichies, ou le consommateur devient un utilisateur « réhumanisé ». Cela ne concerne pas seulement les échanges à distance entre personnes autour d’un programme, mais l’usage global au sein de la société dans ses institutions et collectivités. Ce sont les modes de relation et de communication qui se trouvent transformés.

La Social TV est une opportunité extraordinaire pour les éditeurs de contenus vidéo, puisque la notion de chaîne « canal de diffusion » s’amenuise, loin d’une mise à mort de la TNT, il faudra attendre que les moyens techniques déployés sur le territoire soient opérationnels - fibre, 4G, 5G, ultra haut débit – pour commencer à prendre en considération cette possibilité. Quand certains prédisent une télévision où chacun devient éditeurs - particuliers, marques, institutions - et donc un âge d’or des platesformes de partage. Nous souhaitons apporter une nuance réaliste. Comment les auteurs seront-ils rémunérés ? Quelle sera la chaîne de valeur dans la chronologie des médias dont aucun de ces acteurs ne peut actuellement se passer ? Il s’agit là d’un modèle en gestation et beaucoup de fantasmes sont actuellement nourris, tant par la presse que les fans de technologie. Le modèle de Social TV le plus abouti aujourd’hui n’est pas une victoire de l’interface, mais la plateforme américaine Netflix, l’Amazon de l’audiovisuel. Prévue pour 2014 en France, Netflix, qui dépense 300 millions de dollars par an dans l’expérience utilisateur, fait peur aux acteurs de la SVOD dans sa capacité à s’octroyer le marché. Netflix est à la fois une technologie, grâce à son algorithme de recommandation, et un modèle low cost éprouvé.

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La grande gagnante de la « révolution télé » programmée sera incontestablement la publicité. Le potentiel de ciblage, de segmentation et de mesure d’audience des publics visés sera incroyable, décuplé en puissance. C’est même un retour en arrière auquel on risque d’assister, passant du « broadcast to many » au « broadcast to one » avec la publicité géolocalisée. Même si les lignes de la protection des données personnelles restent encore troubles et soumettent de très justes interrogations, il y a fort à parier que la gestion du tracking sur la télévision de demain se fera en toute transparence avec l’utilisateur. Il va de soit que l’usage d’une télévision où l’on partage comme sur le web un peu de qui l’on est, est voué à s’imposer tant l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel préparent l’écran de demain. N’oublions pas l’adage populaire : ce qui fait peur aujourd’hui sera accepté demain, l’adoption des smartphones englués à nos doigts en est la preuve vivante.

Dans un écosystème de terminaux connectés, où la télévision devient sociale et la consommation délinéarisée une banalité, il apparaît comme une évidence d’éduquer un téléspectateur en perdition, qui n’a ni le temps ni l’envie de s’intéresser à ces évolutions. Attention cependant aux projectives de « mort du linéaire ». Bien que les contenus soient liquides, les chaînes ne pourraient pas économiquement se permettre de rompre avec un usage ancré depuis plus d’un demi-siècle. La permanence de la télévision n’est donc pas remise en cause, bien au contraire. Le développement de cette multitude d’éléments qui la constituent, ou la relayent, va diversifier les usages et accroître les conversations numériques. La véritable nouveauté dont nous sommes actuellement aux prémisses, est cette interactivité décomplexée où les utilisateurs traversent l’écran de télévision. On se réapproprie paradoxalement le contenu à une époque où l’on sent une désaffection du média. Avec la Social TV, on rentre dans l’intime des animateurs et des programmes pour vivre une expérience personnelle. On ne parle plus de soi à la première personne, on partage de qui l’on est. Sociologiquement, c’est donc un usage « conversationnel » des technologies où chacun devient le média en prenant part au dialogue. Cela fait écho à l’un des fondements sociétal de l’humanité : la parole. En 1978, Marshall McLuhan postulait déjà sur l’impact du message de masse diffusé par « l’institution télé », avec une clairvoyance sur son pouvoir d’influence hypnotique sur

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les foules, quasiment aussi fort que l’obéissance en une haute autorité (cf. expérience de Milgram31) : « Automatiquement, les nouvelles deviennent le monde réel du téléspectateur et ce n'est pas un substitut de la réalité, elles sont en elles-mêmes une réalité immédiate. » Avec une moyenne record de 3h 50 par jour32, les français n’ont jamais passé autant de temps devant leur télévision qu’en 2012. La télévision de demain continuera d’assumer son rôle de prescripteur quand bien même elle plonge dans l’interactivité. Qu’adviendrait-il d’une télévision qui ne proposerait plus aucun programme ? Une télévision qui ne suggèrerait plus rien ? La télévision offre la déconnection, un instant de repos où le cerveau humain se met en veille. Face au tsunami Internet, il faut aujourd’hui reconstruire un modèle adapté à l’évolution de nos sociétés et aux nouvelles générations pour qui les usages se sont façonnés avec les nouvelles technologies. Multi-écrans, réseaux, complémentarité. Le média TV se réinvente tout en conservant son ADN, média d’information et de divertissement, il sera capable de suggérer à chaque instant un contenu suscitant l’intérêt du spectateur en connaissance de son profil. Plateforme intelligente, géolocalisation, habitudes d’écoute par thèmes et horaires. Les échanges réguliers avec cet « hypermédia » permettront de répondre favorablement au besoin de repères des consommateurs face à « l’hyperchoix ». La grande constatation que nous faisons à travers cette étude, est que nous sommes passés d’une télévision de pénurie, à une télévision de masse. Seul le vecteur « événement » semble pouvoir encore rassembler et créer le rendez-vous. Nous nous dirigeons tout droit vers une télévision où la diffusion impersonnelle, dites « de masse » s’est consumée, laissant place à une Social TV qui se voudra ciblée et adaptée aux intérêts de chacun. Voici donc une télé collective par essence mais qui me ressemble, Ma télé n’est pas morte.

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Reconstituant la célèbre expérience de Milgram de 1963, le documentariste Christophe Nick a tourné pour France 2 en 2010 "Le Jeu de la mort". Le documentaire vise à démontrer la croyance absolue de l’individu pour le média TV. L’autorité d’un animateur peut pousser un candidat à commettre des actes qu’il croit être de torture. 32 Selon l’étude Médiamat Annuel 2012, réalisé par Médiamétrie.

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A. Fiches de lectures

Fiche 1 CB News « Le second écran » et Stratégies no1707

p.82

« La télé passe au second écran » Fiche 2 Rapport du CapDigital « Publicité interactive sur TV connectée »

p.84

Fiche 3 Rapport du CNC « Usages de la télévision connectée »

p.86

B. Questionnaire quantitatif (questions et résultats)

p.88

C. Chiffres clés de l’étude ComScore

p.93

D. MyTF1 Connect

p.96

Cas d’école « The Voice » expérience familiale gamifiée

p.97

Conclusions interne de la chaine

p.100

E. Bibliographie

p.102

F. Lexique et mots d’initiés

p.104

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Articles de Presse Spécialisée : CB News - Stratégies Auteur du dossier CB News n°14 : David MEDIONI Date de publication : Septembre 2012 Titre : Second écran : la fin de la télé ? Structure : Dossier de 12 pages « La bataille des chaines » composé de 3 articles. 1. « TV connectée, chaines thématiques, web : Les télés se déchainent » 2. « Jeter les vieux JT et trouver de l’audience » 3. « La multiplication des écrans segmente une offre de plus en plus marketée »

David MEDIONI : Diplômé de Sciences Po Bordeaux. Journaliste à CB News et journaliste-blogueur associé à l'Express.fr. Il publie régulièrement dans Mediapart.

Magazine historique de la publicité en France, CB News, crée par l‘iconique et défunt Christian Blachas, dresse dans ce dossier spécial un tableau plutôt critique de la télé en l’état actuel : fin du monopole de l’actu et de la création de contenu, elle doit se renouveler à défaut de devenir un écran parmi les autres. Si c’est bel et bien les habitudes de consommation qui sont pointées du doigt, il faut voir comme principal responsable les multiples possibilités qu’a offert l’Internet avec l’explosion des terminaux mobiles. En ces termes, la télé pourrait devenir une simple extension de l’ordinateur, un triomphe de Google en quelque sorte. Les chaines historiques devront trouver un écosystème basé sur le second écran, tablettes, smartphones, ordinateurs pour exister face aux nouveaux entrants, et notamment d’un nouveau type : YouTube par exemple, a lancé en octobre dernier 13 chaines thématiques pour gagner les premières parts de marché. Mais si la télé se rapproche du web, on peut déjà deviner son visage de demain avec les plateformes de replay existantes : MyTF1, M6 Replay ou encore Pluzz de France Télévisions. Le programme n’est pas proposé, il s’inscrit et se confond dans l’expérience utilisateur. Mais si cette nouvelle télé est connectée, elle est aussi sociale. Les réseaux sociaux

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ont fait muter le web 2.0 dans une nouvelle ère, il ne sera plus possible de revenir en arrière, c’est ici qu’émerge le terme de « social TV ». Cette télé sociale est la clé de la télévision de demain qui devra imaginer des programmes propices à l’interactivité. Nous irons vers plus de personnalisation et moins de linéarisation. Selon Olivier Mazeron, Directeur Général de Group M Interaction « Les contenus devront être nécessairement liquides, traverser tous les écrans (…) et profiter à toute la chaine économique ». Aujourd’hui, 74% des téléspectateurs regardent un autre écran devant leur télé, selon une étude CSA-NPA (sept.2012), face à cette fragmentation des écrans il faut créer des convergences programmes/multi-devices. Cet enrichissement du programme séduit particulièrement les « multitaskers » accro aux tablettes, un relais pour les chaines et les annonceurs de garder la main sur le téléspectateur. La distinction entre télévision et web deviendra quasiment inexistante pour l’utilisateur et il va de soit que le système de recommandation aux communautés deviendra alors crucial. Mais si fournir de l’interactivité est une chose, être intéressant pour créer de l’audience en est une autre. C’est toute la face cachée de l’iceberg, le PAF est en pleine crise de perte d’intérêt, les téléspectateurs d’aujourd’hui arrivent à 20h déjà informés. Le 1er aout 2012, le JT de France 2 a dépassé celui de TF1 pour la première fois depuis 14 ans, un signe parmi tant d’autres. Nous avons aujourd’hui un téléspectateur très différent d’un téléspectateur de 1995, l’un venait chercher une info « rare » quand l’autre l’a déjà vu sur l’Internet ou sur les chaines d’informations continues. Les conséquences sont plurielles car l’information d’aujourd’hui va très vite, c’est la course au sensationnel : on storytellise au risque de tomber dans l’infotainment. Pourtant, cet infotainment tant décrié est le format qui captive le plus d’audience, Le Petit Journal de Canal+ en clair ou On n’est pas couché de France Télévisions sont probants. Seul mais ensemble, c’est la social TV. Mais alors, rupture ou continuité ? Rien ne fait bouclier à une plausible extinction du meuble de salon vers un écran multifonctions pour des contenus et service divers. Dans un tel scénario, les chaines historiques disposent d’un avantage certain, la préférence et le savoir-faire. La bataille des chaines de télévision sur ces nouvelles terres numériques s’annonce passionnante tant elle redistribue les cartes de l’audiovisuel.

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Fiche de lecture 2 Rapport de synthèse sur la Publicité Interactive sur Télévision connectée, issu des groupes de réflexions de Think Digital. Auteur du rapport : Hadmut Holken, Holken Consultants & Partners Date de publication : Juillet 2012 Titre : Publicité interactive sur TV connectée

Les questionnements de ce rapport ont porté sur les fortes mutations opérant dans le secteur de l’audiovisuel par l’arrivée de nouveaux usages via l’interactivité, mais aussi sur les enjeux que soulèvent la géolocalisation et la personnalisation des données (des contenus et de la publicité) sur le média télé. La convergence des médias et des technologies bouleverse l’ensemble de la filière et nécessite de repenser les usages, dans une logique de cross media omniprésentes. Les groupes de réflexion ayant conduit aux conclusions de ce rapport ont été menés en parallèle d’actions concrètes, avec notamment le test réel d’un prototype de télé connectée réalisé auprès d’un échantillon de téléspectateurs représentatif de la population. Le rapport se penche aussi avec attention sur le nerf de la guerre : la monétisation de cette nouvelle télé par la publicité qui va créer un nouveau marché. L’interactivité sur la télévision induit un changement de paradigme, bien plus fort que la TNT, point de départ de la révolution numérique. Aujourd’hui, le numérique est déjà sur la télévision via l’IPTV, cette télévision par ADSL qui rend la publicité interactive facilement accessible mais qui demeure cependant marginal. Mais la mutation définitive interviendra lors du passage du modèle traditionnel de télévision au modèle de plateforme sociale. Cette social TV induira une mutation des contenus, des services associés, des supports et des consommations. S’appuyant sur le phénomène de l’ubiquité ou ATAWAD (Anya Time, Anya Wa, Anya Device), la délinéarisation des programmes répond aux fortes attentes de personnalisation, de mobilité et de convergence. Conséquence pour la publicité, elle migre d’un mode « broadcasta one-to-man » à un mode interactif de point à point (one-to-one) et à une

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communication personnalisée, ce qui est extrêmement nouveau. Le télénaute prendra contrôle du dialogue comme sur le web. Cette rupture change profondément la nature des rapports entre annonceurs et téléspectateurs au profit de la personnalisation. Le client devient « consomm-acteur » et l’annonceur propose une nouvelle expérience de marque via l’interactivité. Mais c’est surtout la mesure d’audience, jusque-là estimée en télévision, qui deviendra comme sur le web ultrapointue et en temps réel. De quoi mieux cibler des clients de plus en plus protéiformes, changeants et plus du tout fidèles aux marques. Mais si le rapport au contenu change, c’est surtout la notion d’éditeur de contenu qui se voit dérégulée : la marque devient un média personnalisé. A titre d’illustration, la marque Salomon devient un média en éditant de manière hebdomadaire des émissions de « free ride » consultables comme une chaine de télévision. Si de la publicité interactive est proposée sur ce type de plate-forme de marque dédiée, la publicité traditionnelle se transforme alors en marketing direct, un éden pour la relation client. Comme tout nouvel usage, son intégration est lente, en ce qui concerne l’intégration de la télévision dans le multi-devices, il y a une maturité du consommateur qui ressent de moins en moins de freins grâce à l’Internet et la démocratisation des smartphones. Cette publicité pour social TV intègre aussi la géolocalisation, ce qui permet d’établir des tactiques d’implémentation de campagne pour « penser global, agir local ». Par exemple, un voyagiste comme Air France peut avoir envie de proposer des offres directement en partance de l’aéroport le plus proche : j’habite Marseille, pourquoi me proposer un prix et un vol en partance de Paris ? Telle est la démarche de la social TV : Le mass-média télé devient local. Mais si la personnalisation et la géolocalisation sont les forces de la social TV, elles posent la même problématique que celle des réseaux sociaux : la gestion des données personnelles. Certains voient en cette évolution un monstre d’intrusion, et à juste titre. Pour cela, la social TV prévoit un gestionnaire de préférences, qui se veut totalement transparent en montrant au télénaute comment il est ciblé, et quels sont ses centres d’intérêts. Il est à noter que la Google TV propose à l’internaute de faire de « l’opt-out persistant », c’est-à-dire qu’ils effacent régulièrement les cookies dans leur moteur. Face à cette perception négative, il faudra donc éduquer le consommateur, pas tout le monde n’a le niveau ni le temps de s’intéresser à ce sujet.

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Fiche de lecture 3 Rapport d’étude de la CNC sur les nouveaux usages de la télévision connectée en France. Auteur du rapport : Le Centre National Cinématographique et QualiQuanti Date de publication : Décembre 2012 Titre : Les nouveaux usages de la télévision connectée.

Cette étude du CNC est très complète, elle met en exergue les relations complexes entre technologies, usages et évolution sociologique. Ce qui ressort de cette étude, c’est que le téléspectateur moderne disposent d’une foule de moyens pour connecter sa télévision à internet : les box FAI, les téléviseurs connectables dit Smart TV, les ordinateurs et même les consoles de jeu. La télévision devient un terminal d’accueil de la maison qui recentre et rassemble services et seconds écrans. Cette étude, réalisée par l’institut QualiQuanti, analyse la satisfaction des utilisateurs et l’attractivité de ces nouveaux services sous l’angle de vue de l’usage. Véritable colonne vertébrale de l’étude, les motivations et les freins sont passés au peigne fin. Le rapport constate dans un premier temps le confort des nouvelles générations de télévisions, la télé en 2012 a un grand écran, un son et une image époustouflante. Ce média sédentaire du foyer favorise la consommation collective au contraire de l’Internet. La possibilité d’accéder au web sur sa télévision pourrait ouvrir le web à une consommation collective, ou du moins partagée ponctuellement. Dans le PAF, ce sont bien les box FAI qui dominent le marché. Pionnières, elles ont éduqué les téléspectateurs à l’interactivité et leur ergonomie est bien assimilée. Avec la démocratisation du format box par l’ensemble des FAI, une singularité du marché français, l’offre s’est standardisée et l’on retrouve plus ou moins la même qualité de service entre les différents opérateurs : la TVR, la VàD ainsi que la radio sont désormais des incontournables même si la fluidité de leur usage est déterminante dans le choix des usagers. Autre usage, beaucoup de consommateurs disent connecter leur ordinateur à la télévision via un câble HDMI, ou VGA pour les plus anciens. Ils profitent alors des

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avantages de l’Internet sur grand écran. C’est ainsi que sont nés les télévisions connectables, appelés officiellement « Smart TV » par les constructeurs Samsung, LG, Sharp et Philips. Paradoxalement, le rapport fait état de la différence flagrante entre les ventes de Smart TV et les télévisions connectables réellement connectées. La Smart TV est encore marginale en France, le service est sous-exploité, la fluidité est inégale selon les modèles de téléviseurs et surtout, l’usage a des difficultés à rentrer dans les mœurs. Le consommateur manque de curiosité, il reste encore trop attaché à la télévision traditionnelle et ne va pas naviguer dans les menus, il préfère la box, qui centralise les contenus multimédias. Dans ces contenus multimédias, il a l’offre de télévision dite « délinéarisée » qui vient à l’encontre du traditionnel flux de programme linéaire. La VàD et la TVR sont des audiences qui à part entières et plus qu’un simple levier de diversification pour les chaines. Il s’agit là du vrai nouvel usage de la télévision à l’ère des années 2010 toutes générations confondues : les heures d’écoute de la télévision ne sont plus imposées, on consomme selon son emploi du temps personnel. La télévision connectée est une réalité, mais n’est qu’une version embryonnaire de ce que sera la télévision de demain. Des technologies nouvelles apparaissent comme la norme HbbTV qui est à relativiser tant elle s’avère inopportune dans l’expérience utilisateur. Il y aussi « la télé sociale », celle qui incrémenterait vos réseaux sociaux dans votre flux mais qui suscite beaucoup de controverse parmi les professionnels de la profession tant la notion de contrôle disparait. On assiste à une bataille concurrentielle entre les géants, tout le monde veut imposer sa norme et créer le modèle qui sera le standard de demain adopté par tous. Une bataille qui l’on peut le comprendre, va bouleverser totalement les usages et les contenus. Enfin, le rapport conclu sur l’importance d’une télécommande de qualité, aujourd’hui, le terminal qui pilote l’écran pour la navigation n’est pas commode et c’est sans là l’un des freins majeurs à l’expansion de son usage. Chez certains constructeurs, l’écran de smartphone ou la tablette peuvent piloter l’écran de salon, mais l’étude révèle que, contre toute attente, un utilisateur allume sa télé « pour déconnecter ». L’usage du second écran pour commander sa télévision est donc malvenu, on tombe dans une navigation complexe plus gadget qu’appropriée. Le consommateur est donc enclin au changement mais souhaite un cloisonnement des usages.

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Questionnaire quantitatif (220 répondants) Vous, la télé et le second écran. http://bit.ly/17zw7t9 Date de publication : 2 mai 2013

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MyTF1 Connect Date de lancement : Janvier 2013 Retrouver le live TF1 et interagir en direct depuis son PC, smartphone ou tablette.

Des contenus interactifs directement reliés à Twitter

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The Voice : Une expérience familiale gamifiée Livetweet, de la « discussion » entre téléspectateurs

Vote du public sur second écran

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Le téléspectateur remporte « des points »

Construction de l’engagement : dès 200 points, il se qualifie au tirage au sort.

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La fonction « Instant Replay » pour twitter 30 sec de vidéo à son réseau

Sur le site web : le téléspectateur peut prendre le contrôle de la caméra de l’émission

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Conclusions interne de TF1 sur l’émission « The Voice » Extrait d’un document interne TF1

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Conclusions 1. La source du dispositif multi-écrans : le programme / l’éditorial 2. Son plein épanouissement de consommation : les 5 écrans 3. Le dispositif multi-écrans permet aujourd’hui de concevoir des contenus différents

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Bibliographie

Livre Blanc des Nouveaux Contenus Utiles, avril 2013 Par : Entrecom & Observatoire des Smart TV Les marques étaient déjà des médias, elles sont maintenant des empires médiatiques et conversationnels. Un laboratoire de veilles des usages et des technologies de la communication à l’heure du digital.

Livre « Segmentation des audiences » Par : Jacques Durand http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1992_num_94_1_2400

« La segmentation des audiences : les différentes méthodes d'analyse des publics. » Communication et Langages. N°94, 4ème trimestre 1992. Page 73 à 80.

Livre Blanc des Tendances Clés du Digital en France, mars 2013 Par : comScore Ce rapport présente les tendances majeures du marché français en termes de comportements en ligne, vidéo en ligne, mobile et search. Ce rapport fait également un focus sur les médias sociaux, le retail et les seniors.

Social TV & TV connectée www.socialtv.fr

SocialTV.fr décrypte au quotidien toute l’actualité de la social TV et de la télévision connectée. Des informations sur l’évolution de la consommation de la télévision (second écran, applications TV, TV connectée) et de ses enjeux marketing (engagement, publicité, transmédia) pour mieux comprendre ce nouvel écosystème audiovisuel et digital.

Observatoire des Smart TV www.observatoiredessmarttv.com

Par Pascal Lanot : Spécialiste des médias et de la publicité Et Laure Dasinieres : Consultante en Communication web, Docteur en sémiologie

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Conférence Campus TF1 Publicité « La Consommation » le 23 Avril 2013 http://www.tf1pub.fr/campus-tf1/conso/

Thème : La Consommation. Nouveaux comportements, nouvelles plateformes de distribution, nouveaux modes de consommation des contenus, comment émerger et accompagner ces nouvelles mutations? -

Intervention de Frédéric Bailly (TF1) « Le dispositif multi-écrans »

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Intervention de Olivier Abecassis (TF1) « The Voice : une expérience familiale gamifée »

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Intervention de Nikos Aliagas (TF1) « Le téléspectateur traverse l’écran »

Interview de Daniel Bô, Brand Content, lundi 21 mai 2012. http://www.entrecom.com/campus/

Brand Content mesure les conditions de l'efficacité. Une question cruciale pour toutes les directions de la communication. Pour la sortie de son dernier ouvrage, Daniel Bô, le pape du Brand Content en France, échange sur les "clés d'une stratégie de contenu".

Livre « Pour Comprendre les Médias : Les Prolongements Technologiques de l’Homme», 1964 Par : Marshall McLuhan Grand classique sur les télécommunications et les médias, cet ouvrage nous a permis de mettre en perspective la télévision d’aujourd’hui avec la vision des années 1960 sur le média de masse. Le génie de l’auteur est remarquable tant il avait su être visionnaire sur la massification du message à travers la télévision et la croyance presque dogmatique qu’allait lui allouer les foules.

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Lexiques et mots d’initiés Par ordre alphabétique

ADVERGAME : jeu vidéo publicitaire qui cherche à promouvoir l’image d’une marque. Le mot « advergame » est un néologisme qui vient de la contraction de advertising (« publicité ») et de game (« jeu »). APPS : abréviation d’applications. Une app est une forme légère de logiciel en ligne qui peut fonctionner sur un ordinateur ou sur un appareil mobile. Elle peut prendre la forme d’une adresse URL ou être en « natif » téléchargeable depuis les plateformes Apple Store ou Android. BRAND CONTENT : le contenu de marque ou pro-gramme de marque (funded programming) est un genre créatif à part entière, différent de la publicité. Il associe une logique de communication de marque (par exemple : dans le cadre d’un lancement de produit, d’une campagne de recrutement) à la présentation d’une offre média traditionnelle (par exemple : fiction, reportage, jeu). CATCH-UP TV : littéralement « télévision de rattrapage », elle définit à la fois un type de service et un mode de consommation d'émissions de télévision. Ce service consiste à proposer aux téléspectateurs équipés et reliés, la rediffusion d’un programme peu de temps après sa première diffusion et généralement pendant une période de quelques jours. Passé ce délai, soit le contenu est inaccessible ou supprimé, soit il devient payant. La catch-up TV nécessite obligatoirement l’accès à un réseau interactif (ADSL, câble, WI-FI, WiMAX, etc.). CROSS-DEVICE : phénomène de convergence entre les différents supports à l’heure de la multiplication des périphériques (téléphone, tablette, PC). Les contenus sont multi-écrans et accessibles d’un terminal à un autre. DATA : données statistiques ou informatives numériques compilables dans un tableur de type Excel. Mais pas seulement : tout contenu ou activité en ligne peuvent être appréhendés comme des données.

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DIGITAL NATIVE : personne ayant grandi dans un environnement numérique (ordinateurs, Internet, téléphones mobiles, baladeurs MP3...). EMPOWERMENT : appropriation ou réappropriation de son pouvoir. FOLLOWERS : personnes qui vous suivent sur Twitter. GRAPHE SOCIAL (SOCIAL GRAPH) : diagramme qui illustre les interconnections entre les gens, les groupes et les organisations. Le terme peut être considéré comme le réseau social lui-même. HASHTAG : mot-clé qui permet de faire une recherche sur un thème, de suivre une conversation ou de marquer un sujet sur Twitter. INFOTAINMENT: Genre de programme fournissant à la fois de l’information et du divertissement, mot-valise, il est souvent utilisé dans le cas d’une critique négative.

IP TV : la télé est connectée via les box SFR, Bouygues, Orange, etc. Cela concerne aujourd’hui 9 millions de foyers en France. LIKER (AIMER): sur Internet, dire qu’on aime un site ou quelque chose en cliquant sur un bouton comme : I like (« j’aime »). LIVETWEET : possibilité pour le téléspectateur d’interagir avec un programme de télévision en temps réel via Twitter. Le livetweet est le à l’heure actuel le levier d’interaction le plus efficace et le plus plébiscité par les utilisateurs.

OPEN GRAPH : nouveau moteur de recherche prochainement lancé par Facebook afin de concurrencer le géant Google. Intégré au réseau social, le système basé sur une recherche prenant en compte les interactions sociales de l’individu est censé fournir des résultats plus pertinents. C’est aussi le successeur de Facebook Connect, qui permettait à des sites tiers d’interagir simplement avec le réseau social, par la réception et l’envoi d’informations à Facebook. L’Open Graph transforme le réseau social en système ouvert permettant des interactions plus pérennes.

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PRE-ROLL : format d’affichage des publicités vidéos sur Internet qui consiste à afficher le message publicitaire vidéo pendant quelques secondes avant la visualisation d’une vidéo de contenu (bande-annonce cinéma, émission, vidéo communautaire, catch-up TV...). Le format pre-roll dure généralement de 10 à 20 secondes. RECONNAISSANCE D’OBJETS : en utilisant les capteurs de la caméra/photo d’un smartphone ou d’une tablette connectés à Internet, cette technologie basée sur les formes d’objets préenregistrés et reconnus redirige vers le site concerné ou vers des offres ciblés sur l’objet identifié. RICH MEDIA : un contenu Rich Media intègre différents médias – sons, vidéos, photos, métadonnées – présentés de manière interactive et temporelle au sein d’une interface de consultation ergonomique. La capacité du support à synchroniser l’audio et/ou la vidéo avec les autres supports est l’une des caractéristiques du Rich Media.

SMART TV : appellation constructeurs, télévision équipée pour recevoir Internet, la Smart TV permet d’accéder à des contenus et des services particuliers : vidéos (en catch-up ou VOD), applications ou surf sur Internet. Elle ouvre une nouvelle ère où les frontières entre la télévision et Internet s’estompent. Attention, dlle est à différencier de la Social TV qui n’existe pas encore ! STORYTELLING : le storytelling consiste à utiliser une histoire plutôt qu’à mettre en avant des arguments marque ou produit. La technique du storytelling permet de capter l’attention et de susciter l’émotion.

TIMELINE : récit chronologique.

WEB TV : site proposant la diffusion de pro- grammes originellement destinés à la diffusion TV ou spécialisé dans la production de programmes originaux uniquement destinés à une diffusion sur Internet sous formes de contenus thématiques ou de contenus produits pour le compte d’entreprises.

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RÉSUMÉ

PÔLE PARIS ALTERNANCE


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