Maze
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Mars 2013
Cher Lecteur, Chère Lectrice, Je suis le Magazine Maze, né au mois de Septembre 2011 de l’idée de Quentin et Baptiste, qui sont mes rédacteurs en chef aujourd’hui, je suis aujourd’hui rédigé par une équipe de 58 personnes, toutes bénévoles, agées de 14 à 24 ans. Je suis moi-même édité par une association à but non lucratif : Inspira-Maze. Personne ne gagne d’argent dans l’affaire, à titre personnel, et ce n’est pas le but non plus. Mon but est très clair : rendre compte du point de vue de jeunes qui s’adressent à d’autres jeunes, avoir un regard différent de celui des médias traditionnels « jeunes », écrits par des ... «moins jeunes». Je veux partager auprès du plus grand nombre toute la diversité de la jeunesse, par le biais de l’actualité, de la musique, du cinéma, de la mode, de la littérature, des jeux vidéo et de l’art. Je reste un média indépendant éditorialement, financé par les subventions publiques et les prix divers et variés que je peux remporter. Je ne suis plus, depuis le 27 février dernier, financé par la publicité qui était pour moi une source de revenus considérable, car j’ai décidé de la supprimer du site pour ton confort, cher lecteur, chère lectrice et mon indépendance. Il n’empêche que mes activités gratuites et bénévoles ont un coût non négligeable, et les subventions et prix ne sont pas suffisants et surtout stables pour que je me développe comme tu et je le souhaiterais. Si, cher lecteur, chère lectrice, tu as la volonté de participer au développement d’un type de média jeune jamais vu auparavant, contribuer au succès d’un magazine jeune et sérieux, et soutenir l’indépendance du magazine par la suppression de la publicité du site mazemag.fr, alors rejoins la société des lecteurs du magazine Maze.
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Mars 2013
ÉDITORIAL Baptiste Thevelein et Quentin Tenaud, Directeurs de la publication, rédacteurs en chef
On termine février avec une actualité très vive et on enchaîne sans voir les semaines passer sur Mars. Au moment où nous bouclons ce numéro, nous apprenons la disparition du chanteur Daniel Darc, icône des années 90 avec le groupe Taxi Girl et la chanson « Cherchez le Garçon », on se souviendra aussi de ses performances solo aux Vieilles Charrues en 2008 (on en a entendu parler), et au festival Le Rock dans Tous Ses Etats l’an dernier (là on y était). Le mois de février se clôt également avec l’annonce de la disparition de Stéphane Hessel, grand défenseur des droits de l’homme, de la jeunesse et auteur du livre « Indignez-vous », succès planétaire. Ce mois-ci, comptez sur nous pour revenir sur l’actualité qui a fait février, mais aussi celle qui fera mars. Nous nous intéressons effectivement à la situation politique en France, puisque Nicolas Sarkozy fait encore parler, mais aussi à la situation politique italienne. Nous introduisons aussi notre top/flop des actualités du mois, à ne pas louper pour pouvoir réagir sur notre site internet ! Du côté de la culture, vous serez servi en cinéma puisqu’entre plusieurs critiques nous vous parlerons aussi plus longuement d’hapiness therapy, d’Harvey Weinstein ou du projet «âmes vagabondes». Comme nous vous avions proposé nos prévisions pour les cérémonies de février, cette fois vous avez le droit au débrief des Césars et Oscars. En musique, de Suuns à Nick Cave en passant par Macklemore voilà de quoi rafraîchir votre iPod, et pour les inconditionnels, retour sur album et début de tournée de l’immortel groupe Indochine. Retrouvez dans nos pages art une interview de Nicolas Obery, auteur de la série graphique Fantasmagorik, puis une revue haute couture et un article sur Yves Saint Laurent dans nos pages mode. Enfin, nous nous intéressons à la poésie et les maths, au livre polémique de Marcela Iacub et à Oscar Wilde en littérature. Ne loupez pas une nouvelle, spécialement
écrite pour ce tout dernier numéro de Maze et le récapitulatif jeux vidéo sur la conférence de la playstation 4 ! Vous avez été plus de 18000 à vous rendre sur les pages du magazine Maze en version PDF, autant pour la version web, nous sommes extrêmement heureux de l’augmentation de notre fréquentation et de l’ouverture du magazine à de plus en plus de jeunes d’horizons différents. Pour vous remercier, nous avons décidé de supprimer la publicité de notre site, voilà, c’est cadeau, en revanche, vous pouvez nous aider en rejoignant la société des lecteurs du magazine Maze ! Non, il n’y aura rien sur la viande de Cheval et sur tous ces scandales dans ce magazine, il y en a déjà partout, pas la peine d’en rajouter, ne vous inquiétez pas (le pire c’est quand même les blagues sur le sujet). On se retrouve au mois d’Avril pour le numéro 18 (déjà, oui !), et on vous souhaite une excellente lecture. Si jamais vous avez des remarques à faire, des questions à nous poser n’oubliez surtout pas notre page facebook et notre profil twitter, ainsi que l’authentique adresse mail !
hello@mazemag.fr Le magazine Maze est la propriété et est édité par l’association loi de 1901 Inspira-Maze, déclarée le 11 mai 2012 à la sous-préfecture de Cherbourg-Octeville et parue au journal officiel le 26 Mai 2012. Identification R.N.A. : W502002188. Numéro SIRET : 75179355500010. ISSN 2259-7867. Les Directeurs de la publication sont Baptiste Thevelein (président de l’association Inspira-Maze) et Quentin Tenaud (vice-président). L’hébergement du site web mazemag.fr est assuré par la société OVH (2 rue Kellermann – 59100 Roubaix – France). Le Magazine Maze est le titulaire officiel et exclusif des droits de propriété intellectuelle portant sur le contenu du site en France et dans le monde entier. Il est interdit de reproduire et d’utiliser les marques et logos présents sur le site mazemag.fr et dans le magazine Maze, de copier, traduire, vendre, publier, diffuser et copier, numériquement ou autre, tout ou partie des informations présentes sur ce site sans autorisation préalable. Couverture : Nicolas Obery, série «Fantasmagorik». Maze est soutenu par la Ville de Cherbourg-Octeville et Créavenir-Crédit Mutuel.
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Sommaire
En Bref, et en critique !
ACTUALITÉ
29
Sarko Nostalgie
5
Top/Flop de Janvier
5
LITTÉRATURE
Twitter, une Trop Grande Liberté d’Expression ?
7
La Photo du Mois
8
L’Italie dans l’Impasse
10
Poésie et Mathématiques Dans le Cochon, tout est bon ! Des nouvelles de la parcelle-monde L’éléphant, nouvelle revue de culture générale La douloureuse beauté de Wilde
34 36 37 40 42
MODE Revue Haute-Couture Yves Saint Laurent, article croisé
46 47
JEUX VIDÉO Playstation 4 : retour sur la conférence
52
ART Rencontre Avec Fantasmagorik
56
MUSIQUE Suuns, un Mirage Mélodique Lumineux Indochine : aux Frontières de la vie nocturne Seattle, Ressource de Talents Nick Cave & The Bad Seeds Dernier taxi pour Daniel Darc Le Top 10 des singles du mois
14 15 17 18 20 21
CINÉMA Happiness Therapy, comédie de ce début d’année Césars et Oscars, le débriefing ! Harvey Weinstein, le nouveau maître d’Hollywood
24 25 27
La Rédaction Rédacteurs en chef
Ninon Legardinier
Juliette Kazandjian
Oriane Trochet
Directeurs de la publication
Rachel Portanier
Justine Targhetta
Peter Coffin
Baptiste Thevelein
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Samuel Ladvenu
Rédacteurs
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Coordinatrice de la rédaction
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Mélina Diago
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Pierre Van Godel, Mode
Emma Boittiaux
Michael Pantoustier
Pierre Burnel
Ewelina Spiewak
Mickael Marino
Correctrices
Florence Bousquet
Nadège Doustaly
Johanne Lautridou
Jodie Blin
Quentin Tenaud
Noa Coupey
SARKO NOSTALGIE
L’ÉDITO POLITIQUE - ACTUALITÉ
Même en gardant le silence, il est toujours aussi présent. A peine un an après sa défaite lors de l’élection présidentielle, le nom de Nicolas Sarkozy est sur toutes les lèvres. Et nombreux sont-ils au sein des rangs de l’UMP, à parler en son nom. Ses « Amis » se sont d’ailleurs constitués en association, pour entretenir la flamme. Ils en font tous partie, tous les cadres de la droite dite « classique » se réunissent désormais régulièrement pour revenir, lors de conférences, sur le quinquennat de leur mentor. Mais non contents de seulement célébrer sa mémoire, les « Amis de Nicolas Sarkozy » entretiennent depuis maintenant quelques semaines le mythe d’un éventuel retour en 2017. Il y a d’abord eu Alain Juppé, qui n’est pourtant pas réputé pour être le plus grand admirateur de l’ancien président de la République, indiquant que Nicolas Sarkozy « y pensait » certainement. Peut-être était-ce simplement une pique, ou l’arbre qui cachait la forêt de ses propres ambitions. Quelques jours plus tard, c’était au tour de Bernadette Chirac d’exprimer le souhait d’un retour de Sarkozy en vue de la prochaine élection présidentielle. A cela, on doit ajouter toutes les réactions des différents responsables politiques de droite à ces déclarations, disant à leur tour qu’il est probablement le meilleur recours en 2017. Mais tous ces gens qui se prétendent si proches de lui, ont-ils eu quelque information sur un éventuel désir de retour ? Lui, en tous cas, reste silencieux. Même s’il suit certainement l’actualité avec assiduité, Nicolas Sarkozy doit certainement jouir de sa retraite et des conférences rémunérées à plusieurs centaines de milliers d’euros, comme le faisaient déjà ses collèMaze
gues anciens chefs d’États. Il se peut même qu’il observe avec délice les commentaires sur un éventuel retour, flattant son ego, tombé bien bas après la défaite. Le souci de tous ces commentaires plutôt futiles et inintéressants, c’est qu’ils monopolisent un peu trop l’actualité politique. Ils montrent peut-être aussi une certaine incapacité de l’UMP à se reconstruire après la défaite, après sa guerre de chef, ses difficultés à construire un projet de société différent de celui des « incapables » socialistes. Le renouvellement et la parité dont la politique a tant besoin ne sont certainement pas représentés par l’hypothétique retour d’un ancien président qui est désormais bien le seul à ne jamais s’être épanché sur la question, à raison d’ailleurs, moins d’un an après l’alternance. Mais Sarkozy n’est pas un camouflet seulement pour la droite : il l’est aussi beaucoup pour la gauche au pouvoir, qui parfois bien empêtrée dans ses contradictions, trouve en Nicolas Sarkozy la cause de tous les problèmes qu’elle a aujourd’hui à régler. En tous cas, j’en connais un qui doit bien rire de tout ça. Et de loin.
- Kevin Dufrêche
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FLOP
Viande de cheval : le scandale. C’est le scandale sanitaire de ce début d’année 2013. Le mois de février aura été marqué par la découverte de viande de cheval qui n’aurait jamais dû se retrouver là. La polémique a débuté le 7 février dernier avec l’annonce de la découverte en Grande-Bretagne, de viande de cheval dans des plats cuisinés de la marque de surgelés Findus, censés contenir de la viande de bœuf. L’inquiétude se répand avec le rappel dès le lendemain de certains produits suspects, en France et en Suède. L’entreprise suédoise joue la carte de la transparence et met en cause un de ses fournisseurs, la société française Spanghero, qui admettra finalement que la viande incriminée provient de Roumanie, après avoir suivi un circuit commercial abracadabrantesque, passant entre autre par des traders chypriotes et un négociant néerlandais. L’ampleur de la crise s’accroît le 12 février, avec la nouvelle selon laquelle de la viande de cheval a été trouvée dans des produits de la marque Picard. L’Union Européenne est pointée du doigt pour des défaillances de contrôle de la traçabilité des produits ; pour parer aux critiques, Bruxelles procède dès le 15 février à près de 2 250 tests ADN sur des plats cuisinés censés contenir du bœuf. A n’en pas douter, on n’est pas près d’oublier ce nouveau scandale sanitaire qui aura forcément des suites judiciaires.
TOP
Taubira sur un nuage. On la présentait comme un des maillons faibles du gouvernement Ayrault. La garde des Sceaux a mis tout le monde d’accord ces dernières semaines. A elle seule, elle a porté à bout de bras à l’Assemblée nationale l’engagement 31 du candidat Hollande. L’ex-députée de Guyane et candidate à la présidentielle de 2002, a crevé l’écran durant des débats houleux, face à une opposition de droite vent debout contre une réforme considérée comme remettant en cause l’institution du mariage. Christiane Taubira se sera vraiment révélée sur cette séquence politique, en particulier grâce à des discours volontaires, dignes et remarquables, au point de susciter une certaine unanimité au sein des parlementaires, toutes tendances Mars 2013
ACTUALITÉ
« Ce type est un primate ignorant »
politiques confondues. Mêlant lyrisme, humour et coups de gueule pour s’opposer aux parlementaires UMP, elle s’est assurée de voir associé son nom à cette réforme sociétale primordiale, comme l’ont été en leur temps Simone Veil avec la légalisation de l’avortement (1975) ou Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort (1981). Cette aura acquise lors du débat parlementaire sur le mariage pour tous aura permis à la ministre de la Justice de voir grimper sa côte de popularité de neuf points au mois de février (44% d’opinions favorables), d’après un sondage réalisé par l’institut Opinion Way pour le quotidien Metro et la chaîne d’information en continu LCI. Une progression d’autant plus remarquable quand on sait que seuls 39% des Français se disent satisfaits de l’action du chef de l’État selon le même sondage.
- Samuel Ladvenu
La Phrase du Mois -> Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche, concernant le PDG du groupe Titan, Maurice Taylor, qui a renoncé à reprendre l’usine Goodyear d’Amiens-Nord. Le patron du groupe américain de pneumatiques avait eu auparavant un échange d’amabilités avec le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, par lettres interposées. Le magnat américain a laissé de côté les précautions superflues du langage diplomatique pour se justifier de l’abandon du projet de reprise de l’usine d’Amiens, déclarant notamment : « Les travailleurs français [de l’usine] touchent de hauts salaires mais ne travaillent que trois heures par jour. Ils ont une heure pour leurs pauses et le déjeuner, parlent trois heures et travaillent trois heures ».
- Samuel Ladvenu
Maze
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Mars 2013
ACTUALITÉ
Twitter, une trop grande liberté d'expression ?
l'homme, il est inscrit que : "Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions" ..mais aussi que cette liberté a ses limites. La provocation publique, la discrimination, la haine ou la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe en raison de son origine ou de son appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est un délit passible d'un an de prison.
© Droits Réservés
Twitter est le réseau social à la mode. Il est le plus utilisé pour s'exprimer sur tous les sujets. La plupart des utilisateurs ont entre 15 et 34 ans (80%). Mais beaucoup de personnes l'utilisent pour dire ce qu'elles pensent vraiment sur des sujets sensibles ou tabous (la plupart du temps dissimulés derrière un humour noir), comme la religion par exemple. Les messages antisémites, homophobes, racistes... s'enchaînent en France et ailleurs. Ces messages sont souvent violents et probablement moralement dangereux pour les personnes concernées, car beaucoup n'hésitent pas à souhaiter leur mort. On retrouve des mots-clés (ou hashtags, mot-dièse) comme #UnJuifMort #UnBonJuif #SiJetaisNazi #UnBonMusulman #SiMonFilsEstPD #SiMonFilsEstNoir parmi les plus utilisés sur le réseau. D'un côté, cette liberté d'expression totale reflète réellement la société mais de l'autre n'est-elle pas dangereuse pour ses utilisateurs (car très peu de messages haineux, tweets, sont censurés) ?
En Amérique (l'origine du réseau social, c'est donc la loi américaine qui doit s'appliquer ) cette liberté d'expression est totale. Il est précisé dans le 1er amendement de la Constitution américaine que : "Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, qui interdise le libre exercice d'une religion, qui restreigne la liberté d'expression, ni la liberté de la presse, ni le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d'adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis (sans risque de punition ou de représailles)." Là-bas, il est donc tout à fait légal de faire des messages haineux contrairement à la France. La seule réussite de censure sur Twitter, pour la France, a été de supprimer les messages les plus haineux. Alors, qu'en deviendra-t-il à l'avenir ? La France réussira-t-elle à récupérer les données des utilisateurs ? Jusqu'où pouvons-nous aller dans la liberté d'expression sur internet ? Ces questions restent pour le moment sans réponse.
- Nadège Doustaly
Pourtant Twitter a été assigné en justice, l'union des étudiants juifs de France (UEJF) ayant saisi celle-ci. La France a demandé les données des utilisateurs aux messages à caractère haineux à l'Amérique, mais il y a peu de chance que celles-ci soient révélées car Twitter a certainement un important intérêt commercial à garder l'anonymat de ses utilisateurs. Si la France réussit à les obtenir, il faut savoir que "Le titulaire du compte n'est pas le seul responsable des propos illicites. Les contributeurs qui les approuvent publiquement risquent eux aussi des sanctions. Car, pour les juristes, retweeter, c'est approuver.", estime Me Christiane Féral-Schuhl, bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris. En France, notre liberté d'expression est pourtant limitée par des lois. Dans la Déclaration universelle des droits de Maze
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Mars 2013
ACTUALITÉ
© Droits Réservés - Slate
Maze
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Mars 2013
Il a surpris tout le monde en ACTUALITÉ annonçant sa démission. Depuis le jeudi 28 février 20h, Benoît XVI n'est plus le chef de l’Église catholique. "L'état de mes forces physiques ne me permet plus d'assurer le ministère qui est le mien" avait-il déclaré quelques semaines auparavant. Marqué par la longue agonie de Jean-Paul II, il est le premier à user d'une telle pratique depuis sept siècles. Benoît XVI reste malgré tout un pape mal aimé: un sondage récent indique que 6% des Français seulement, et 30% des pratiquants, considèrent que son action a renforcé l’Église. Considéré comme trop conservateur par certains, il a appelé, dans sa dernière homélie, les dirigeants de l’Église catholique "à se réorienter et à se renouveler". Le conclave se réunira dans les prochains jours pour désigner un successeur au pape démissionnaire.
- Kevin Dufrêche
Maze
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Mars 2013
ACTUALITÉ
L’Italie dans l’Impasse
Dimanche 24 février, avaient lieu les élections législatives italiennes, se déroulant dans une situation économique trouble pour le pays. Mais de cette élection ne sort qu’un seul constat : en l’absence de majorité stable, la Botte semble ingouvernable. gouverner le pays à la veille des législatives – son fonds de commerce. Ainsi, le comique fondateur du Mouvement 5 Étoiles a surfé sur le profond pessimisme de l’opinion italienne, tout en fondant sa campagne sur des propositions démagogiques : semaine de 20 heures de travail, salaire citoyen minimum de 1 000€ pour tous…
© Droits Réservés - Le Monde
Les yeux de l’Europe étaient braqués sur l’Italie ces derniers jours. Le pays connaissait un moment de vérité avec ce passage aux urnes et la zone euro dans son ensemble elle aussi. Celui-ci avait été rendu obligatoire avec la démission du gouvernement technocratique dirigée par Mario Monti le 8 décembre dernier, suite à la perte du soutien de la droite berlusconienne. Ces élections ont mis aux prises quatre forces politiques principales. La première d’entre elles est le Parti Démocrate (PD), dirigé par Pier Luigi Bersani, donné favori du scrutin. Parti très tôt en campagne, le chef du centre-gauche a souffert d’une présence médiatique plus faible que ces adversaires, de son manque de charisme, de l’impopulariMaze
té croissante du soutien à la politique de poursuite de l’austérité et surtout des saillies populistes de ces deux adversaires principaux. Avec au premier chef, Silvio Berlusconi. Revenu de nulle part, Il Cavaliere, conspué par la foule romaine au terme de son mandat de Premier Ministre il y a à peine plus de dix-huit mois, accusé d’avoir envoyé dans le mur le navire italien, est parvenu à se remettre en selle à grand renfort de promesses populistes, comme la baisse des impôts ou le remboursement de la taxe foncière, rétablie par le gouvernement Monti. L’autre menace dans ce scrutin pour le centre-gauche venait du Coluche italien, Beppe Grillo, un humoriste ayant fait du rejet de la classe politique traditionnelle – seuls 4% des Italiens faisaient confiance aux partis politiques pour
Le quatrième larron n’est autre que le Premier Ministre démissionnaire, Mario Monti, qui se présentait pour la première fois à une élection, lui qui avait été missionné par le Président de la République italienne, Giorgio Napolitano, pour former un gouvernement de techniciens. Cet indépendant s’est donc retrouvé à la tête d’une coalition de centre-droit au nom explicite : « L’Agenda Monti pour l’Italie ». Caractérisé par sa grande sobriété, vite considérée comme de la froideur, Il Profesore se trouvait confronté à une montagne, lui dont la crédibilité repose sur le rétablissement à marche forcée de l’Italie sur le chemin de la stabilité budgétaire, qui d’une manière ou d’une autre, est forcément une politique impopulaire. Pas de majorité claire. Le bilan de ces élections a jeté une incertitude supplémentaire sur la situation du pays. Le centre-gauche apparaît comme le timide vainqueur des législatives, 10
avec environ 35% des voix. A la chambre des Députés, le Parti Démocrate arrive en tête, avec une avance confortable sur la droite berlusconienne, profitant de la particularité de la loi électorale – le parti vainqueur obtient automatiquement 54% des sièges à la Chambre. Le problème vient du Sénat, où l’avance du centre-gauche n’est pas suffisante pour obtenir la majorité absolue. Elle n’est que relative et cela oblige Pier Luigi Bersani et ses troupes à négocier avec les autres formations politiques pour gouverner. Comme l’a reconnu le chef du Parti Démocrate « le pays affronte une situation très délicate ». S’il y a un vainqueur à cette élection, c’est bien le Mouvement 5 Étoiles du comique Beppe Grillo. Avec environ 25% des suffrages, il s’impose comme la troisième force politique du pays et comme un arbitre au sein des instances gouvernementales. Les « grillini » auront au total 162 représentants au Parlement et pourront ainsi porter leur programme de rupture avec la cure d’austérité administrée sous le contrôle de l’Union Européenne (UE). La plupart de ces futurs parlementaires sont d’illustres inconnus, choisis lors d’une primaire organisée au mois de novembre par le biais d’Internet. Ce sont souvent de jeunes gens, indépendants des partis politiques traditionnels. La ligne de Mars 2013
ACTUALITÉ
conduite qui semble se dessiner chez eux est le refus d’une alliance de gouvernement, tout en n’excluant pas la possibilité d’un soutien au coup par coup selon les lois proposées. Quant à Silvio Berlusconi, la coalition qu’il a emmené durant ce scrutin a réalisé un retour tonitruant, récupérant les voix de près de 30% des électeurs. On songe
de son côté à un possible accord de gouvernement avec le centre-gauche, alors qu’une alliance avec les centristes de Mario Monti est exclue. Ce dernier est le grand perdant de ce scrutin, lui qui souhaitait s’imposer comme l’arbitre d’une éventuelle coalition gouvernementale. Or, son résultat – environ 10% des suffrages – ne lui permet pas de fonder une majorité assez solide pour
mener la politique italienne en faisant alliance avec le Parti Démocrate. Les grands enseignements de ce scrutin italien sont donc le ralliement de plus de la moitié des électeurs à des candidats anti-austérité – Silvio Berlusconi, Beppe Grillo – et donc contre le diktat imposé par l’Europe dans le but de redresser les finances publiques d’un
pays dont la dette se chiffre à près de 1 200 milliards d’euros. Le second constat est la claque reçue par les partis politiques traditionnels, discrédités par des scandales de corruption ou d’abus de fonds publics à répétition. Un ras-le-bol qui s’est exprimé avec le raz de marée du Mouvement 5 Étoiles. La situation est donc
Pier Luigi Bersani (candidat de centre-gauche) © Droits Réservés - Le Monde
urgente face à cette menace de blocage politique. L’émiettement politique qu’entraîne le mode de scrutin italien y est pour beaucoup. Dès lors, la presse italienne a titré sur un « vote choc », un « Parlement bloqué », « une Italie ingouvernable ». Ainsi, les marchés financiers ont rappelé l’incertitude politique qui frappe le pays à l’issue de ce scrutin : le taux des obligations à 10 ans a grimpé à 4,83%, alors qu’il
n’était que de 4,17% le mois précèdent. Une large coalition semble à même d’éviter le chaos. Au risque de voir l’Italie, entraînant l’Europe dans son sillage, renouer avec ses vieux démons…
Maze
- Samuel Ladvenu
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ACTUALITÉ
Suuns, un Mirage Mélodique Lumineux Indochine : aux Frontières de la vie nocturne Seattle, Ressource de Talents
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Musique Nick Cave & The Bad Seeds Dernier taxi pour Daniel Darc Le Top 10 des singles du mois
Maze
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ACTUALITÉ
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MUSIQUE
Suuns, un mirage mélodique lumineux veulent de plus en plus dangereuse. Comme si ces montées annonçaient un drame tout proche. Une image du futur bien sombre. Le style indie est aussi de la partie avec Minor Work. Plutôt mélancolique, cette chanson transcende par son côté mystérieux. Les synthés répétitifs vous emmènent très loin, la batterie impose une cadence appréciable. Chaque fois que les chœurs résonnent, on se sent assez proche de la «pop». Mirror Mirror dégage quant à elle une force sans nom. Ce savoureux mélange entre indie-rock et psychédélisme met l’eau à la bouche. Les guitares s’entremêlent pour provoquer une douce apocalypse. Le «head banger» est irrémédiable.
© Droits Réservés
Montréal, quelle belle ville ! Connue pour son melting-pot ethnique, la métropole québécoise va finir par devenir un des grands lieux de la musique. Après les montréalais Arcade Fire, c'est le groupe Suuns qui nous réchauffe les oreilles. Avec la parution de leur premier album Zeroes QC, le quatuor a clairement défini son univers. De la noirceur, des gimmicks synthétiques et des beats hypnotiques... Un style résolument à part donc, qui mérite plusieurs écoutes pour se l'approprier. Suuns est de retour avec un nouvel album : Images du Futur. Sorti le 4 mars 2013 sur le label Secretly Canadian, ce disque a été enregistré parallèlement Maze
aux manifestations étudiantes. Même si cela n'a pas été une inspiration directe pour le chanteur Ben Shemie, les mirages mélodiques se veulent encore Le tube de cet album est sans plus intrigants. conteste Edie’s Dream. Bien Tout commence avec moins agressif, ce titre se veut Powers of Ten, un joli post- plus lent. Il devient presque virock qui fout la rage. Cette cieux avec cette voix retenue. puissance associée aux On frise l’obsédant... jusqu’à cordes et aux percussions un délicieux passage instruoffre une énergie dévas- mental. De l’éclectisme comme tatrice. C’est comme si on on l’aime ! ouvrait les volets d’un bon coup de pied pour laisser entrer le soleil. Trois minutes suffisent pour rentrer dans l’univers mystérieux de Suuns.
2020 est ce genre de titre psychédélique qui dérange. Il déroute et rend mal à l’aise, jusqu’à mettre à l’écart les plus étrangers à ce style. Au fur et à mesure, la voix de Ben Shemie et l’ambiance se
La tension reste maximale avec le titre Sunspot. On touche à la paranoïa et à l’hallucination dans certains passages. Comme un électro-cardiogramme, un léger son nous rappelle que nous sommes bien en vie. Très high, mais toujours conscient. Heureusement, on retrouve vite nos esprits grâce à Bambi. Proche des synthés de Zombie Zombie , ce titre dégage une chaleur inédite. Des vibrations érotiques 14
qui finissent par donner une ballade brûlante, un groove somnambulique. Holocene City garde la même ambiance : mi-rock, mi-électronique. Le jeu de guitare est plus mûre que sur le précédent album, plus réfléchi. L’ambiance légèrement floue se dévoile, tout comme les paroles. Le travail d’écriture se veut en effet plus abouti. Sur Images du Futur par contre, aucune parole. Juste un long voyage hypnotique. On se sent comme dans le labyrinthe de Shining. Une atmosphère de suspens vous angoisse, mais la noirceur devient attrayante. Difficile de ne pas s’approcher du danger tant vous le désirez. Un Mogwaï sombre. L’album se termine avec Music Won’t Save You. Pendant 6 minutes, on retrouve les pieds sur terre. Teinté de lassitude, ce morceau est parsemé de faux rires. Comme si l’expérimental nous ensorcelait... et que le sort que nous avait jeté Suuns avait marché ! Images du Futur est un deuxième album mélangeant postrock et psychédélisme. Ce savant mélange contemporain fascine par sa noirceur. Il dérange jusqu’à ce qu’on en devienne accroc. Pour voir Suuns en live, rendez-vous à Paris au Trabendo le 9 mai 2013.
- Antoine Delcours
Mars 2013
MUSIQUE
Indochine : aux frontières de la vie nocturne
Leur nouvel album était attendu comme l’un des événements musicaux de ce début d'année, et tout ce qu'on peut vous dire, c'est qu'ils ne nous ont pas déçus. A la fois lumineux, sombre, puissant, mélancolique et dansant, le douzième opus d'Indochine est une invitation à rejoindre la parade de la ville noire, à l'évasion urbaine nocturne, à un voyage imaginaire et sonore par le biais de cet album électrique et riche en différentes sonorités, même les plus osées, sur fond de textes engagés, rêveurs ou à thèmes universels.
© Droits Réservés - Yves Bottalico
Black Ouverture ouvre le voyage avec une intro énergique et citadine, accompagnée d'une lecture d'un texte de Mireille Havet par la poétesse Valérie Rouzeau. Au bout d'une petite minute, le puissant riff de guitare annonce Black City Parade, le titre éponyme de l'album, aux allures rock électrique et futuriste, enchaîné par un refrain à la fois pop, disco, funk et électro aux paroles accrocheuses ("I've got a way to see/I've got a way to me/Je t’emmènerai la nuit/Je t’enlèverai ici"). A la fois mélancolique (notamment à partir de 3 minutes et des poussières) et dansante, elle pourrait parfaitement devenir un futur tube. Même son de cloche pour College Boy, l'un des titres les plus forts de cet Maze
album, et sûrement le prochain single de l'album. Envoutante, planante et sombre, cette track aux sons acoustiques et new-wave dénonce l'homophobie et la différence, notamment dans le milieu scolaire. Les chœurs féminins subliment la chanson avec beaucoup de légèreté. La piste suivante, le lead-single Memoria est la parfaite transition entre La République des Meteors (onzième album du groupe sorti en 2009) et Black City Parade. Sur une ballade mid-tempo très indie pop, Nicola raconte les (ou plutôt, ses) sentiments après une séparation amoureuse. Une chanson forte, mais malheureusement un peu trop longue. Le Fond de l’air est Rouge, inspiré par le Printemps érable, 15
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Indochine : aux frontières de la vie nocturne - MUSIQUE
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est toute aussi puissante que les autres tracks présentes sur l’album. Un rock synthétique et sombre, qui me rappelle musicalement un morceau du dernier album de Garbage, Big Bright World. Quant à Wuppertal, l’une des pistes clés sur cet opus, est un hommage à la chorégraphe allemande Pina Bausch et à un documentaire consacré à la réinterprétation de l’un de ses ballets phares (Kontakthof), Les Rêves Dansants. Une ballade puissante aux rythmiques tribales, majestueuses et folles, le tout assorti avec un texte qui nous prend par les tripes dès la première écoute. L’un de nos coups de cœur sur cet album. Le Messie est un morceau digne d’un rock mélodique et lumineux, évoquant le retour d’un messie sauvant notre génération. Autant dire que cette track aurait pu parfaitement se retrouver sur les albums Un Jour dans Notre Vie (1993) ou Paradize (2002). Belfast est décidément l’un des titres les plus dansants de cet album. Une intro (à en tomber) très électro, rappelant les beats dance des nineties. Avant de savourer couplets et refrains addictifs aux sonorités pop-dance-rock à la Crystal Castles ou The Killers, avec texte poétique et mélancolique à l’appui, clin d’œil à l’écrivaine Sylvia Plath compris. Autre coup de cœur (et moment fort ) de cet album, j’ai nommé Traffic Girl. Mélodique et puissante, le texte co-signé par Lescop fait son petit effet, et l’intro, purement planante et asiatique, est juste excellente. Changement d’ambiance dès les premières notes de Thea Sonata, véritable petite perle pop acoustique à la fois jolie, douce et frissonnante s’avérant efficace. La première surprise de l’album on va dire. Et ne parlons pas de la track suivante, nommée Anyway. Vu le titre de la chanson, je m’attendais à quelque chose de très up-tempo, très rock... Que nenni ! Une ballade amoureuse, naïve et rêveuse, aux allures d’une comptine asiatique. Certaines paroles sont à méditer (selon moi !) : («Si tu reviens, je t’aimerais comme un dieu aime les siens/Je t’aimerais comme un dieu/Comme un chrétien envers son prochain»). Maze
Un pur moment d’évasion, avant le très électrique Nous Demain, autre coup de cœur,une track musicalement 80’s en mode Editors, un pur concentré de pop-rock et d’electro , style road-movie à la fois dramatique et romantique, notamment sur le refrain. Par contre, Kill Nico m’a laissée un peu indifférente. Même si musicalement, c’est puissant, ça ressemble parfois aux Kills, cependant les paroles ce n’est pas encore ça, et ça ne casse pas trois pattes et un canard. Or, ce petit détail négatif sera éclipsé par la sublime Europane (Ou Le Dernier Bal), une ballade rock acoustique nocturne et magique concluant le voyage urbain d’une façon majestueuse et merveilleuse. Et parlons des trois bonus aussi, valant vraiment le coup ! A commencer par Salomé, une chanson qui selon moi, est une vraie petite merveille pour les oreilles. Et de plus, c’est l’une des meilleures tracks du groupe sur cet album. Pop-rock très 90’s (période Wax) au texte poétique et romantique. On peut même considérer que c’est l’une des meilleures chansons du groupe depuis quelques années. The Lovers, titre écrit et composé par Tom Smith (Editors), est une jolie ballade nocturne, romantique et rêveuse. Et musicalement, on peut croiser l’ambiance des XX ou encore Beach House, bref une dream pop ambiante et mélancolique. Un genre plutôt inédit chez Indo. Enfin, Trashmen est sans doute, le Glory Hole version 2013. Une piste électro-rock décoiffante et dansante, parfaite pour conclure l’album en grande pompe. Pour conclure, c’est un album puissant, lumineux, électrique, varié et fait pour le live que le groupe français nous a concocté. Nicola et sa bande nous ont livré un des meilleurs albums de leur carrière, avec une production parfaite et une énergie infaillible.
- Marion Hermet et Elise Verger
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MUSIQUE
Seattle est une ville connue dans le monde entier. Malheureusement ou heureusement, ce n'est pas pour son architecture ou son histoire mais parce qu'elle est une ville référence. Beaucoup de séries américaines et films américains se déroulent à Seattle. L'exemple phare serait bien entendu Grey's Anatomy ou Dark Angel. Mais si Maze vous parle de Seattle aujourd'hui, c'est pour parler musique. Plus précisément, d'un phénomène du moment (non ce n'est pas le Gangnam Style ou le Harlem Shake), Ben Haggerty.
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Seattle, ressource de talents
Ben Haggerty est plus connu sous le nom de Macklemore. C’est un rappeur américain d’origine irlandaise. Il a d’ailleurs dédié une chanson à sa culture d’origine intitulé «Irish Celebration». Il a partagé de nombreuses musiques avec Ryan Lewis, avec qui il partage l’affiche de son dernier album intitulé «The Heist» (Le Hold-up en français). Quelques informations pour montrer sa popularité. Son clip ‘Thrift Shop’ a été vu près de 130 millions de fois sur YouTube, se classe numéro 1 au Billboard Hot 100 aux États-Unis (et sur Spotify US), vendu à plus de 2,2 millions d’exemplaires. L’album «The Heist» le 9 octobre 2012, qui s’est classé numéro 2 au classement Billboard 200 aux États-Unis, et vendant 78 000 exemplaires dès la première semaine. On peut donc dire qu’il s’agit d’un succès. En France, le phénomène Macklemore commence à arriver. L’album est composé de 15 titres. Les titres les plus en vogue du moment sont ‘Thrift Shop’, ‘Wings’, ‘Can’t Hold Us’ et ‘Same Love’. D’ailleurs, ce dernier s’inscrit dans l’actualité. En effet, il y défend explicitement la cause homosexuelle, le mariage entre deux personnes de même sexe. Il y explique qu’aujourd’hui la société est fondée sur l’oppression, que nous devenons insensibles à ce que l’on peut dire et ce que les gens disent. On ignore la haine et on la crée nous aussi. Ce n’est pas la première fois que Macklemore écrit une chanson engagée. Il l’avait déjà fait en 2009 avec ‘Otherside’ où il relatait ses problèmes avec la drogue. Voilà, il est plutôt rare d’apprécier un album dans son intégralité et ici c’est pourtant le cas. «The Heist» est une vraie réussite, récoltant dans la plus part des reviews américaines quatre étoiles sur cinq. Le score metacritic de l’album est 76/100. Découvrez aussi ce mois-ci The Lumineers, «Continued Silence EP» de Imagine Dragons, «Babel» de Mumford & Sons mais aussi «Some Nights» de Fun.
- Michael Pantoustier
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MUSIQUE
Nick Cave and The Bad Seeds - Push the sky away
L'australien Nick Cave, entouré de sa bande de "mauvaises graines", a dévoilé le 18 février dernier son quinzième album intitulé Push The Sky Away. Cet album est composé de neufs titres qui nous dévoilent une autre facette de ce grand maître du blues. Nous avions déjà We No Who U R et Jubilee Street. Bien qu'ils soit un peu court, c'est album très mélancolique et très profond, comme si le chanteur avait enfin décidé de casser cette carapace tout autour de lui ; mais aussi soigné jusque dans la pochette où apparaissent sa femme et lui. Il réussit à faire ressortir les fantasmes enfouis en nous. C'est en France, dans un manoir à Saint-Rémy de Provence que Nick Cave à décidé d'enregistrer cet album. On peut voir plusieurs thèmes récurrents dans cet album, les femmes dans Wild Lovely Eyes mais aussi de sexe dans Water's Edge ou encore Jubilee Street. Neufs jolies ballades qui nous emmènent toutes dans un univers très différent. La mer qui raisonne dans nos oreilles sur Mermaid. C'est un album parfait à écouter sur la route, dans une voiture décapotable, sur la route du soleil. Parfait pour s'endormir sous une nuit étoilée et pour rêver. Il sera au festival Beauregard du 5 au 7 Juillet, à Caen, en compagnie des Smashing Pumpkins et de bien d’autres groupes.
- Justine Targhetta © Droits Réservés
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MUSIQUE
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MUSIQUE
Dernier taxi pour Daniel Darc
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"Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie."
Quand la triste nouvelle tombe, cette phrase résonne bien évidemment dans nos têtes. Daniel Darc, artiste talentueux est mort à 53 ans. Chanteur du groupe Taxi Girl dans les années 80, il fera partis de la nouvelle vague. Une ère qui marque ses débuts dans le monde musical français. Le talent est là, le charisme aussi ; le style influencera bon nombre d'autres artistes. Le groupe devient culte. Entre punk et New Wave, le groupe va connaître un succès grâce au single "Chercher le garçon". Excès et départs, le groupe va se séparer fin des années 80. Poète maudit, artiste torturé, Daniel Darc chante la mélanco-
lie en solo maintenant. Épaulé par Jacno pour son premier album solo, Daniel continuera sa route. Collaborations, lecture de psaumes sur scène et victoire de la musique en 2005, sa carrière fût riche. Son talent aura illuminé les scènes de France. Son corps encré de noir reflète sa vie, une vie dans laquelle il n'a jamais trouvé son paradis. On espère que Darc est au paradis maintenant. Après avoir cherché le garçon, on lui dit au revoir, et merci.
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MUSIQUE
Le TOP 10 des singles du mois par les rédacteurs musique 1 - David Bowie - "The Stars (Are Out Tonight)" 2 - Lescop - "La Nuit Américaine" 3 - Depeche Mode - "Heaven" 4 - Miles Kane - "The Competition" 5 - Melody's Echo Chamber - "Crystallized" 6 - La Femme - "Hypsoline" 7 - The Strokes - "All The Time" 8 - Phoenix - "Entertainment" 9 - Yeah Yeah Yeahs - "Sacrilege" 10 - Disclosure feat. AlunaGeorge "White Noise"
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Happiness Therapy, comédie de ce début d’année Césars et Oscars, le débriefing !
Cinéma
Harvey Weinstein, le nouveau maître d’Hollywood En Bref, et en critique !
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CINÉMA
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CINÉMA
Happiness Therapy, la comédie surprise de ce début d'année
Il y a quelques semaines, quand le temps était gris et que nos salles obscures ne nous proposaient pas des films très joyeux, une petite perle de bonheur est arrivée sur nos écrans : Happiness Therapy de David O. Russel, ou Le manuel pour voir le bon côté des choses d’après son titre original (Silver Linings Playbook). plète l’authenticité de ce film. Happiness Therapy a aussi droit à une photographie digne de ses deux héros : décalée, la caméra abuse de travellings et d’entrées dans le cadre surprenantes. Niveau son, des Whites Stripes aux Eagles of Death Metal, le film devient rock’n’roll avec le reste de la bande originale assurée par le génial Danny Elfman.
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Tout démarre avec un ex-prof d’histoire, Pat, qui a découvert sa « bipolarité » après avoir disjoncté en prenant sur le fait sa femme et son amant. Sortant de l’hôpital psychiatrique au début du film, il va tenter de reprendre sa vie en main, et, surtout, de faire lever l’injonction posée par sa femme pour repartir d’un bon pied avec elle. Il va rencontrer sur sa route Tiffany, une jeune veuve devenue dépressive : les deux personnages, volontairement ou non, deviennent inséparables. Joués par Bradley Cooper (bien mieux dans ce rôle que dans ses films d’action ou dans les Very Bad Trip) et Jennifer Lawrence (qui montre bien qu’elle est capable d’autres choses que les Hunger Games), ce couple nous emporte dans ses tourments, ses émotions et aussi dans sa joie de vivre qui grandit tout au long du film. Couple, j’ai dit couple ? Eh bien oui, Happiness Therapy est une histoire d’amour pas comme les autres. Au lieu de vouloir lier deux personnes que tout oppose, ici ce film trouve son romantisme dans la pathologie commune de ses deux héros qui semble rendre impossible leur rapprochement. On a donc droit à des scènes de joggings agrémentées d'engueulades, de discussions sur les effets secondaires des différents médicaments psychotropes, de céréales au dîner au restaurant, etc, comme on dirait, c’est très « festif ». Et puis il y a la danse, aussi, qui va rythmer la plus grande partie du film jusqu'au final en beauté pour notre plus grand bonheur tant il fait passer d’émotions. A côté de cette trame centrale, on a le père de Pat (joué par Robert de Niro, bien dans son rôle) supporteur très parieur de football américain avec des tocs énormes qui le poussent à croire que telles ou telles choses entraînent la victoire d’un match (la position de la télécommande, le mouchoir dans la main, ou, plus gênant, la présence de Pat devant le match…). On a aussi sa mère, interprétée par Jacki Weaver, touchante protectrice de son fils. Bref, un casting qui comMaze
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On pourrait tout de même regretter un côté trop lisse et prévisible de cette histoire, malgré les quelques rebondissements, mais l’attachement à Pat et Tiffany est tel qu’on n’a qu’envie de se laisser porter par cette histoire. La recette de ce film est donc du bonheur là où on ne l’attend pas et on sort du cinéma avec le sourire. C’est surement ça qui a dû plaire au grand public, avec son accueil très positif et unanime, mais aussi aux critiques, et surtout aux juges des prix cinématographiques. En effet, Happiness Therapy compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de prix à travers le monde, dont 13 remportés par Jennifer Lawrence en tant que meilleure actrice et de nombreux autres vantant aussi Bradley Cooper, la distribution et le meilleur scénario adapté (Silver Linings Playbook étant à la base un livre de Matthew Quick sorti en 2009). Ce film a aussi créé la bonne surprise à Hollywood avec ses 8 nominations aux Oscars (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur, Meilleure actrice, Meilleur acteur dans un second rôle, Meilleure actrice dans un second rôle, Meilleur scénario adapté, Meilleur montage), dont encore une victoire de la meilleure actrice pour Jennifer Lawrence, où il était l’un des seuls à défendre le genre de la comédie. Alors, si vous avez le cafard, si les amours ce n’est pas trop ça en ce moment, si le soleil n’est pas là ou tout simplement si vous voulez vous faire plaisir et faire une thérapie de bonheur, alors filez voir Happiness Therapy tant qu’il est encore dans nos salles obscures !
- Laurie Montagner 24
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CINÉMA
Césars et Oscars, le débriefing ! Le temps d'un week-end, nous avons eu le droit à deux des plus prestigieuses cérémonies du cinéma. Deux longues soirées pour récompenser le meilleur du cinéma français et le meilleur du cinéma américain. Retour sur ces deux évènements. sage à vide vers 22h. On a eu aussi du mal à comprendre si l’humour moqueur à propos des dernières cérémonies était un moyen de nous divertir ou de se dédouaner de ces affaires un peu embarrassantes. Sûrement un peu des deux …
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Commençons par la Cérémonie des Césars. Tout a commencé avec le discours du Président de la 38e Cérémonie, Jamel Debbouze. Grand sourire aux lèvres, arborant un costume dont il semblait très fier, il nous a livré un discours fidèle à luimême et donc très drôle. Il avait déjà la lourde tâche de ne pas nous décevoir, ce qu’il a réussi haut la main en nous amusant et en nous surprenant. Prenant au premier degré sa fonction de Président, il s’est amusé à reprendre l’anaphore présidentielle de François Hollande et à constituer un Gouvernement avec Samir Nacéri à la Justice, Gérard Depardieu aux Affaires Etrangères et au Tourisme et Vincent Maraval aux Finances et à l’argent. Avec ce gouvernement nous étions préveMaze
nus, les deux cibles préférées de toute la soirée étaient annoncées. Entre Debbouze et De Caunes, le jeu était de se moquer des récentes affaires qui avaient touché le cinéma français. De Caunes justement présentait pour la 9e fois la Cérémonie, impeccable, drôle et satirique, à son habitude. On peut lui reprocher son manque d’originalité pour son entrée qui était calquée sur celle de l’année dernière. A part cela, rien à redire. Il a raillé les uns et les autres toute la soirée et a affiché une belle complicité avec le Président, qui avait fait installer, pour l’occasion, un téléphone rouge, afin d’imposer ses vues sur la « dernière cérémonie libre des Césars ». La cérémonie donc, était divertissante, même si elle a connu un sérieux pas-
Mais le problème principal de la cérémonie fut le palmarès. Il a été sans surprise. On s’attendait à une victoire d’Amour, on l’a eue, par K.O. Le film a raflé les principales récompenses : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleur acteur, meilleur scénario. Un palmarès classique, une sorte d’hommage aux grands noms du cinéma qui portent le film, mais un cruel manque de surprise. Cependant, cela valait le coup d’attendre ce beau moment où Emmanuelle Riva a eu le droit à une standing ovation et son discours fut par la suite touchant et émouvant. Il a duré plusieurs minutes, mais ni Jamel Debouzze, ni Antoine De Caunes n’ont tenté de l’arrêter par un quelconque procédé humoristique. Comme De Caunes l’a dit pour le César d’Honneur de Kevin Costner, « la classe internationale » pouvait tout à fait correspondre à Emmanuelle Riva. Autre beau moment, le César d’Honneur. Un discours sincère de Michel Hazanavicius d’abord, puis le discours de 25
Kevin Costner, visiblement très touché. Par ailleurs, De rouille et d’os a réussi à arracher 4 Césars, c’était presque inespéré pour l’habitué de la cérémonie qu’est Jacques Audiard. La seule surprise a peut-être été Le prénom, qui avec deux Césars pour ses seconds rôles a permis à une comédie de s’imposer, ce qui est (trop) rare. Un palmarès sans réelles surprises donc, qui a laissé bredouille Camille Redouble, qui détenait le plus grand nombre de nominations. Noémie Lvovsky repart une fois de plus sans rien, mais cette année cela est d’autant plus cruel qu’elle avait 13 chances de victoires. Soirée amère donc pour elle. Soirée divertissante, parfois touchante mais sans surprise pour nous. Le 24 février s’est ensuite tenue la cérémonie des Oscars. Il été plus que jamais difficile de prédire qui gagnerait quoi, sauf dans quelques catégories qui étaient sans réel suspense. Ainsi Anne Hathaway a remporté l’Oscar du Meilleur Second rôle féminin et Daniel Day Lewis a remporté l’Oscar du Meilleur Acteur pour Lincoln. Il entre ainsi dans la légende en étant le premier acteur à remporter trois Oscars du meilleur acteur. Il s’est fendu d’une Mars 2013
Césars et Oscars, le débriefing ! - CINÉMA
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petite plaisanterie en avouant qu’avec Meryl Streep ils avaient échangé leurs rôles il y a trois ans, car il devait incarner Margaret Thatcher et Streep était alors le premier choix de Steven Spielberg pour Lincoln. Beau moment donc lorsque ces deux grands acteurs étaient réunis sur la même scène. Pour le reste, il y a eu, il faut bien le dire, pas mal de surprises. Ang Lee remportant 4 Oscars pour L’Odyssée de Pi semblait tout de même impensable il y a encore quelques jours … Malheureusement il est le film qui a remporté le plus de statuettes dans la soirée, devançant Les Misérables, avec 3 Oscars. Ce qui peut paraître cher payé … Difficile à croire mais Lincoln et Argo repartent avec seulement deux Oscars alors qu’ils étaient les grands favoris et qu’ils sont considérés comme les meilleurs films de l’année 2012. Argo remporte tout de même l’Oscar du meilleur film, le plus convoité, et décerné cette année par Michelle Obama, en direct de la Maison Blanche. Là-dessus rien à redire, beau spectacle. Le très bon Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow ne repart qu’avec une seule statuette, celui du Montage, ce qui est décevant mais peu surprenant. Jennifer Lawrence a remporté à seulement 22 ans le trophée de la Maze
meilleure actrice pour Happiness Therapy. Elle est la plus jeune lauréate de l’histoire des Oscars. Elle était considérée depuis quelques jours comme favorite, mais gagner aux Oscars pour une comédie relève toujours de l’exploit ! C’est aussi la preuve que l’Académie se modernise un peu depuis l’année dernière, et que la compétition est beaucoup plus ouverte. On ne récompense pas que les drames ou biopics désormais. Magnanime, Lawrence a souhaité un bon anniversaire à Emmanuelle Riva qui fêtait ses 86 ans et qui rentre dans l’histoire des Oscars en étant l’actrice la plus âgée à être nominée. Le Django de Tarantino repart aussi avec deux statuettes, celle du meilleur scénario original, familière à Tarantino, car il est aussi tristement habitué à toujours être snobé par l’Académie pour un autre prix. Et l’excellent Christophe Waltz remporte l’Oscar du meilleur second rôle masculin, son deuxième, une fois de plus pour un Tarantino. Enfin, la cérémonie était placée sous le signe de la musique. On a eu le droit à une belle prestation de Skyfall d’Adèle, qui remporte d’ailleurs l’Oscar de la meilleure chanson. On a aussi vu le casting du célèbre Chicago de Rob Marshall
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et on a assisté à une jolie prestation de Goldfinger pour honorer la franchise James Bond. Le présentateur de la cérémonie a fait son travail, livrant de bonnes blagues et se révélant sympathique et amusant, même s’il avait un peu trop tendance à rire de son propre humour … Belle cérémonie donc mais un palmarès pour le moins surprenant voire décevant. Mais un palmarès qui est aussi diversifié et qui ne sacre pas un seul film mais plusieurs, ce qui n’est pas non plus déplaisant. Ce qui montre aussi que le changement est en marche au sein de l’Académie. Deux années de suite, des acteurs gagnent pour une comédie. L’année dernière un acteur français, cette année une jeune actrice, qui a une belle carrière devant elle. Cette année l’Oscar du Meilleur Film ne va pas de pair avec celui du Meilleur Réalisateur, ce qui n’était pas arrivé depuis vingt ans. Espérons que tout cela n’est pas qu’une illusion.
- Philippe Husson
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CINÉMA
Harvey Weinstein, le nouveau maître d'Hollywood
Voilà bientôt deux ans que Harvey Weinstein est le maître incontesté de la course aux Oscars. Il a fait gagner The Artist l'année dernière, a fait triompher Jennifer Lawrence cette année ; ce producteur de soixante ans est aujourd'hui aussi l'un des Hommes les plus influents d'Hollywood. Cela vaut bien un portrait et un retour sur son parcours.
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Près de 300 nominations aux Oscars et environ 90 victoires. 4 Palmes d'Or à Cannes. Voici les statistiques totalement impressionnantes de la Weinstein Company. Cette maison de production ne part pourtant de rien. En fait, les frères Weinstein ont créé la société Miramax Films en 1979. Ils ont connu un beau succès et ont lancé plusieurs grands cinéastes d'aujourd'hui, comme Quentin Tarantino, pour ne citer que lui. Victime de son succès, la société est rachetée par Disney en 1993. Les Weinstein continuent de travailler dans leur maison de production mais ils rentrent en conflit avec Disney dans les années 2000, car ils ne peuvent produire au-dessus d'un certain budget sans l'accord de la société mère. Par conséquent, ils créent ensemble la Weinstein Company en 2005. Ils vont connaître d'importants problèmes financiers et la société va devoir se restructurer en 2010 : elle se
concentre désormais sur la distribution. C'est ainsi que tout a commencé. C'est ainsi que Harvey Weinstein va s'imposer à Hollywood.
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Il détient la combinaison qui permet, à chaque fois, de remporter un ou plusieurs Oscars. Il sait comment influencer les votants et ainsi les pousser à voter pour les films qu'il produit. Déjà en 1998 il arrive à imposer Shakespeare in Love dans plusieurs catégories, dont certaines des plus prestigieuses. Ainsi le film remporte l'Oscar du meilleur film, du meilleur scénario original, de la meilleure actrice. Judi Dench s'impose même comme meilleure second rôle alors qu'elle n'apparaît pas plus de dix minutes dans le film ... Augmenter le nombre d'interviews, le nombre de projections, accentuer la présence d'un film à un festival, réaliser des campagnes Mars 2013
Harvey Weinstein, le nouveau maître d’Hollywood - CINÉMA
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publicitaires marquantes, il sait comment faire parler d'un film, le mettre dans tous les esprits, surtout celui des votants de l'Académie.
concurrents, comme ceux qui abordent les "libertés historiques" prises par Steven Spielberg dans Il faut sauver le Soldat Ryan. On l'a aussi accusé d'avoir commandité la publication d'articles visant à dénoncer l'utilisation, visiblement abusive, de jeunes indiens pour Slumdog Millionnaire.
Harvey Weinstein a plusieurs méthodes. Il faut recevoir le soutien de figures du cinéma, comme par exemple les petites-filles de Chaplin pour The Artist qui déclarent que leur grandpère aurait adoré le film. Il n'hésite pas non plus à participer activement au montage d'un film, à couper certaines scènes dans le but de le rendre plus accessible. Il sait aussi qu'il n'a pas le choix et qu'il doit participer lui-même à la campagne pour les Oscars. Il va donc, sans hésiter, sur des plateaux de télévision pour défendre un film. Il utilise d'ailleurs beaucoup la télévision, pour les publicités et pour ses talk-shows, de formidables moyens de faire parler d'un film. Si Jean Dujardin a eu tant de succès aux Etats-Unis c'est parce qu'il a fait la tournée des plateaux télé. Il s'est forgé un capital sympathie en étant absolument partout. Une campagne pour un Oscar est particulièrement difficile, coûteuse et agressive. Harvey Weinstein a été accusé d'avoir fait publier des articles embarrassants pour ses Maze
Tout semble bon donc, pour remporter la précieuse statuette. Weinstein semble de plus imbattable à ce niveau-là. Il a incroyablement réussi à imposer Jennifer Lawrence cette année comme meilleure actrice. Qui aurait pensé il y a encore quelques mois qu'une jeune fille de 22 ans, jouant dans une comédie, pouvait remporter l'Oscar ? L'année dernière il a fait gagner à The Artist les récompenses du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur, entre autres. Il a aussi offert à Meryl Streep son troisième Oscar pour La Dame de Fer. Ce sont d'ailleurs ces deux actrices qui le définissent peut-être le mieux ... L'année dernière, aux Golden Globes, Meryl Streep l'avait surnommé "Dieu". Tout simplement. Cette année, aux Golden Globes, Jennifer Lawrence l'a remercié d'avoir fait tuer tous ses adversaires. La
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salle a ri, mais elle a très bien saisi l'allusion aux pratiques douteuses mais efficaces d'Harvey Weinstein. Il est incontestablement le producteur le plus influent à l'heure actuelle, et il restera probablement parmi les plus influents de l'Histoire du cinéma. Ses pratiques demeurent critiquables mais elles ont maintes fois fait leurs preuves. Harvey Weinstein est aujourd'hui l'un des maîtres d'Hollywood, s'imposant et se faisant respecter. Il a aussi participé à l'élection de Barack Obama, en lui donnant notamment plusieurs milliers de dollars. Il a lui-même orchestré l'apparition de Michelle Obama pour remettre l'Oscar du meilleur film. Il figure dans la fameuse liste des 100 personnalités les plus influentes de 2012 publiée par le Time. Et il risque bien d'y rester.
- Philippe Husson
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En Bref, et en critique ! - CINÉMA
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Arnaque à l’anglaise (Sorti le 06/02/13) Ou le film qui porte très bien son nom ! L’humour anglais est ici le seul intérêt du film, le reste est une assez bonne « arnaque » : le générique du début nous montre le film en entier mais résumé en dessin animé, puis le premier quart d’heure du film recommence ce résumé dans une version rêvée par le personnage principal, pour enfin passer au film qui semble après coup être une pâle répétition. Dommage que cette histoire de faussaire à moitié talentueux n’ait pas été mieux tournée, ou plus recherchée, car le casting n’était pas des plus mauvais : Colin Firth que l’on voit partout, la pétillante et (habituellement) drôle Cameron Diaz et Alan Rickman aussi « snob » qu’en Rogue dans Harry Potter. Bref, loin des meilleurs films au scénario signé des frères Cohen.
Les Misérables (Sorti le 13/02/13) C’est évident, ce film ne peut pas plaire à tout le monde. Mais, pour une adaptation d’une comédie musicale ellemême adaptée du célèbre roman de Victor Hugo, Les Misérables de Tom Hooper a tout ce qu’il faut pour plaire : de belles images, de beaux costumes, de très belles chansons mais surtout un superbe casting. Avec Hugh Jackman dans le rôle du célèbre Jean Valjean, Russel Crowe en Javert, Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen pour le couple Thénardier … Que des têtes d’affiches qui se révèlent aussi bons chanteurs qu’acteurs (si si, même l’ex-Gladiator !). On peut néanmoins regretter de nombreuses longueurs pesantes, le film atteignant presque les 3h, qui gâchent un peu le charme de l’histoire, elle aussi ternie par le manque d’émotions de certains passages.
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Hôtel Transylvanie (Sorti le 13/02/13) Le dessin animé de ce début d’année est signé Sony Pictures : Hôtel Transylvanie. C’est l’histoire d’un Dracula effrayé par les humains, qui a bâti son hôtel à monstres afin de les protéger et de faire la fête, notamment pour les 118 ans de sa fille Mavis. C’est à ce moment-là qu’un jeune humain réussit à entrer dans cette forteresse et va se lier avec la jeune vampire pour son plus grand bonheur. Très sympathique, avec des graphismes originaux, Hôtel Transylvanie et son histoire très mignonne plaira aux petits et aux grands. Le top, surtout compris par ces derniers, sont les nombreuses références à tous ces monstres cultes, de Frankenstein aux loups-garous, en passant par la Momie. A voir en famille ! Maze
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Passion (Sorti le 13/02/13) Le retour de Brian De Palma est bien signé avec Passion. Remake du film Crime d’Amour sorti en 2010 d’Alain Corneau, il raconte l’histoire de deux femmes collègues dans une multinationale, Isabelle (interprété par Noomi Rapace, connue pour son rôle de Lisbeth dans le Millenium suédois) et Christine (Rachel McAdams, séduisante en supérieure plutôt perturbée), perdues dans leurs passions, fascinations et autres 29
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En Bref, et en critique ! - CINÉMA manipulations jusqu’au point de non-retour. Cette histoire bien ficelée est bien tordue, très renversante à s’y perdre, on ne voit jamais vraiment la différence entre le rêve et la réalité (au point de pouvoir se donner un bon mal de tête). Certaines prise de vues sont vraiment superbes, comme le split-screen central ou les ombres des stores qui donnent un plus à l’ambiance très « voyeuse » du film. Même s’il faudrait le voir plusieurs fois pour bien tout comprendre, Passion rend accro et à cran.
rès de mafieux, il se lance dans un réseau afin de diriger tous les paris de la moitié des USA. Mais c’est là qu’une bande de policiers pas très officielle va tout faire pour mettre fin à l’empire Cohen, quitte à en laisser sa carrière ou sa vie … Eux qui traquent les gangsters emploient des méthodes tout aussi douteuses que leurs proies, et l'avancée de ces "presque héros" tient le spectateur en haleine durant tout le film. Le plus réside dans les deux personnages principaux : les sergents John O'Mara et Jerry Wooters, interprétés respectivement par Josh Brolin et Ryan Gosling, qui nous emportent vraiment dans cette reconquête de LA.
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Hitchcock (Sorti le 13/02/13) Pour les fans du maitre du suspense ou non, ce biopic éponyme d’Hitchcock nous plonge dans la vie du cinéaste au moment (fatidique) du tournage de Psychose. Bien mené, on y apprend beaucoup sur sa vie, comme sa passion pour les blondes qu'on a appelées hitchcockiennes, l’importance de sa femme dans la réalisation de ses films mais aussi toutes ses affaires d’argent et de production avec Hollywood. Mais le personnage d’Hitchcock est très tournée vers le kitsch : rondeurs, accent british et mimiques à l’appui, on rit plus que l’on ne voit son côté plus « torturé ». Néanmoins, cela donne un certain charme à ce film qui aurait pu être de trop.
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Flight (Sorti le 13/02/13) On pourrait s’attendre à un énième scénario catastrophe en avion avec Flight, mais ce film en cache un autre : derrière ce crash spectaculaire avec « seulement » 6 victimes dans l’avion (qu’aucun autre pilote n’aurait pu poser de la sorte), on a toute une affaire sur la morale face à l’alcool, la drogue, jusqu’au procès. Le pilote (superbement joué par Denzel Washington) se retrouve confronté à son alcoolisme profond qui lui gâche la vie mais qu’il ne veut pas s’avouer. Cet anti-héros se retrouve entraîné dans une spirale infernale avec des enjeux humains, syndicaux et personnels pour finir, ou non, en prison. Le plus de ce film pour les fans d’aviation dans l’âme sont les scènes de vol très réalistes, on se sent vraiment dans le cockpit, on est très immergé et on ressent donc toute la tension du moment. [On adorerait vraiment vous proposer des critiques de films pas encore sortis, ou vraiment très récents, mais pour cela il nous manque la confiance des distributeurs qui se disent pour le moment qu’un média jeune n’a pas grand intérêt et refusent systématiquement de nous accorder (à l’exception de la FOX), des projections presse, des DVD presse. B.T. Rédacteur en Chef]
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- Laurie Montagner
Gangster Squad (Sorti le 06/02/13) Attention, mafia ! Dans ce film très typique américain, on respire l’esprit de Los Angeles à l’époque de la corruption. Mickey Cohen (Sean Penn), parrain suprême de la ville, a déjà tout : trafic de drogue, armes, prostituées et hommes de toutes professions corrompus. Pour parfaire son palmaMaze
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Poésie et Mathématiques Dans le Cochon, tout est bon ! Des nouvelles de la parcelle-monde
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Littérature L’éléphant, nouvelle revue de culture générale La douloureuse beauté de Wilde
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Poésie et Mathématiques
« Imaginez. Fermez les yeux et imaginez un espace sans limites, ou bien les événements infinitésimaux qui sont à l'origine des révolutions nationales. Imaginez comment pourrait commencer et finir une partie d'échecs parfaite : victoire pour les blancs, ou pour les noirs, ou partie nulle ? Imaginez des nombres tellement immenses qu'ils dépassent le total des atomes de l'univers, imaginez que vous comptiez avec onze ou douze doigts au lieu de dix, imaginez que vous puissiez lire un livre d'une infinité de façons différentes. » Daniel Tammet est paru en France L'Eternité dans une heure, un ouvrage destiné à briser cette frontière. Il est signé Daniel Tammet, génie célèbre pour avoir récité 22 514 décimales du nombre Pi comme pour sa touchante autobiographie Je suis né un jour bleu qui dépeignait son autisme. Son nouveau livre nous montre en effet que mathématiques et littérature arpentent la même voie, celle de l'imagination et de l'infinité des possibles, que nous vous proposons de suivre dans cet article.
Poésie et mathématiques semblent être à première vue deux notions que tout oppose. Le mois dernier pourtant Maze
Les divers thèmes abordés dans cet ouvrage, au nombre de 25, sauront éveiller la curiosité de chacun, les chapitres "Le zéro de Shakespeare", "Le livre des livres", ou "Les calculs d'un romancier" pour les plus littéraires ou "Seuls dans l'univers ?", "Les équations d'Einstein" pour les esprits plus scientifiques. Pourtant, au fil des pages, quand le chapitre sur Einstein aborde
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ra l'harmonie musicale, ou quand celui sur le romancier nous parlera de calcul différentiel ou intégral, nous comprendrons que les barrières que nous avons toujours bâties en nous entre le monde sensible des arts et le monde rationnel des sciences n'existent peut-être pas. Ce livre est l’occasion pour nous, pour la première fois de notre vie, de réellement réfléchir, de façon bien moins étroite que l’on vous y contraint à l’école. A l’aide des nombres, Daniel Tammet vous offre des brins de réponses à la question de l’infinité des grains de sable sur Terre, à la place de l’Homme dans un univers si vide. Il vous pousse à vous interroger sur la magie qui fait peut-être encore rêver votre âme d’enfant : la Princesse au petit pois ou la traversée de l’armoire pour rejoindre Narnia. Il vous ouvre même les portes à la compréhension des parties à la fois hasardeuses et straté Mars 2013
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giques d’échecs, ou à l’origine des éternelles inégalités entre les hommes. C’est en étudiant la poésie médiévale que nous appréhendons mieux les mystères des nombres premiers, et à l’aide du calcul intégral que nous comprenons l’œuvre de Tolstoï. Même l’économie est présente, puisque l’on vous fait réfléchir également sur les thèses de J.M. Keynes. En mêlant toutes ces pensées de nature différentes, nous élargissons le champ de nos possibilités de réflexion. Une fois notre réflexion ouverte, nous nous apercevons de la lourde place du zéro dans les pièces et poèmes de Shakespeare, et nous en comprenons l’origine. La beauté du nombre Pi nous apparaît enfin concrètement, et n’a plus l’air d’une excentricité de mathématicien. Même si les échecs vous font mal à la tête, quelques lignes de cette ouvrage vous permettront de comprendre la grandeur et la beauté
qui se cachent dans ce jeu. C’est pourquoi Maze vous recommande chaleureusement d’aller découvrir cet ouvrage magique, quels que soient vos préjugés à l’encontre des nombres ou de la littérature (ou des deux), puisque c’est votre meilleure clé pour prendre goût à l’un et à l’autre. Daniel Tammet jongle parfaitement entre Dickens, Pythagore, Flaubert et Leibniz et quels que soient vos a priori, tous les chapitres de ce livre vous intéresserons.
- Léo Labinski
« L’enfant ne pouvait espérer compter chaque grain de sable, ou lire chaque page de chaque livre publié, mais, comme Archimède et comme le Siddhartha des sutras, il avait compris qu’aucun cosmos ne contiendrait jamais tous les nombres. Il savait qu’avec les nombres il pouvait imaginer tout ce qui existait, tout ce qui avait existé et tout ce qui pourrait exister un jour, sans oublier tout ce qui existait aussi dans les royaumes de la réflexion, de l’imagination et des rêves. » Daniel Tammet Maze
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Dans le cochon, tout est bon !
Le scandale fait vendre, Marcela Iacub l'a bien compris. Stratagème douteux pour se faire une réputation dans le milieu du livre ou bien véritable inconscience ? Difficile à dire. Néanmoins la sortie de ce pavé fait polémique entre les anti-DSK, ses défenseurs et les autres, qui trouvent cela juste honteux.
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Le scandale fait vendre, Marcela Iacub l'a bien compris. Stratagème douteux pour se faire une réputation dans le milieu du livre ou bien véritable inconscience ? Difficile à dire. Néanmoins la sortie de ce pavé fait polémique entre les anti-DSK, ses défenseurs et les autres, qui trouvent cela juste honteux.
projet te concernant auquel je n'aurais pas dû participer. Les gens avec lesquels j'ai travaillé m'ont un peu dégoûtée après coup parce qu'ils se sont servis de moi comme d'un instrument pour te nuire. Et ce n'est pas cela que je cherchais. Je te jure. Je ne voulais pas te nuire mais essayer de comprendre ce phénomène étrange que tu es. [...] Il m'a fallu te faire croire que j'étais éprise de toi, que j'étais folle de toi."
Se servir de la littérature pour salir un peu plus la réputation déjà entachée d'un homme, voilà la seule inspiration qui est venue agiter l'esprit de cette femme, juriste et chercheuse au CNRS. Girouette insaisissable, on se souvient de son livre intitulé Une Société de Violeurs qui traitait de la question du viol après la surmédiatisation de l'affaire DSK. Elle prônait alors une analyse froide de l'agression sexuelle et dénonçant la montée au créneau abusive des féministes, mais elle emprunte désormais le chemin inverse avec Belle et Bête, installant la tête de Dominique Strauss-Kahn sur le billot et maniant sa plume comme une hache. Sacrifice prémédité ou véritable inconstance ? Des mails troubles circulent sur le net, dont celui-ci, censé émaner de la juriste franco-argentine. "Après tant de mensonges et d'esclandres, je me sens obligée maintenant de te dire la vérité. [...] Je me suis laissé entraîner dans un Maze
Donnant à qui veut l'entendre des raisons elles-aussi obscures sur les motifs qui l'ont poussée à écrire ce livre, Marcela Iacub avance censément trois explications plausibles à son projet. La première est que DSK la fascinait autant qu'il la révulsait, à tel point qu'un irrépressible besoin de comprendre cet homme était né, doublé d'une tendance suicidaire -ce qui est sa seconde justification- censée avoir trouvé en ce "cochon" une arme de destruction massive pour qui l'étudierait. L'ultime raison peut laisser sourire. Marcela se compare tout simplement à une sainte (oui, oui) : " je suis une sainte (...) je voulais le sauver ". Peut-être que le chemin de la rédemption n'est pas le même pour tout le monde dans ce cas...
à partir de ma situation : une nonne qui tombe amoureuse d’un cochon. Une nonne qui se détourne de la grandeur de l’amour divin pour se vautrer dans les ordures.” C'est en vain que Strauss-Kahn aura tenté de faire interdire la publication de cet amas de racontars romancé à souhait, et présenté comme un "champ d'expérimentation littéraire"- comme le précise Marcela Iacub dans une interview : "Pour les scènes sexuelles, j'ai été obligée de faire appel au merveilleux". Basé sur le sexe, ce livre voit donc sa colonne vertébrale réduite en cendre, et l'on peut penser que la victime après coup est bel et bien cette fameuse Iacub, manipulée impunément par plus forte qu'elle. Paru sur les étals le 27 février, on ne peut que vous encourager à passer votre chemin et à acheter de VRAIS LIVRES, traitant de la VRAIE LITTÉRATURE. [Cet article n’engage que son auteure et non pas l’ensemble de la rédaction du magazine Maze, B.T. et Q.T. Rédacteurs en chef]
- Marine Roux
“Je voulais créer une théorie de l’amour
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NOUVELLE CINÉMA
Des nouvelles de la parcelle-monde L'équipe était composée de Jean-Marc, philosophe reconnu mondialement, d'André, vieil astrophysicien de renom, de Sam, jeune informaticien de génie, que les tests de QI donnaient pour surdoué, et de Camille, artiste engagée de vingtneuf ans. Le Président de la République en personne les avait convoqués dans son bureau à l'Élysée pour les sommer de travailler ensemble. « Il faut que la France devienne une puissance dans le domaine de l'universologie. Il en va de la survie scientifique de la Nation. » Le Président, qui croyait à l'aboutissement du projet, leur avait donné des crédits illimités. Depuis que les Américains avaient été les premiers à fabriquer une parcelle-monde, et que les Chinois s'étaient lancés dans la course, il était devenu urgent que les forces françaises se penchent sérieusement sur l'universologie.
À l'intérieur de la création, c'était le big bang : des étoiles se formaient et l'univers commençait à s'étirer, à se coaguler. Brillant Perkington se rendit compte qu'il pouvait, à partir de son ordinateur, interagir sur ce monde en bombardant de données sa création. Les jours suivants, il tenta d'ordonner les étoiles et les planètes : la première parcelle-monde était née ! La nouvelle fit vite grand bruit, et les équipes du monde entier cherchèrent à former à leur tour des parcelles-mondes. En moins de trois années, six univers avaient déjà été créés et des dizaines avaient été avortées. Brillant Perkington, la veille de Noël, annonça sur les chaînes universelles qu'il comptait maintenant œuvrer pour peupler son univers le plus abouti d'une humanité qu'il espérait éduquer. Son pari fou lui coûta la vie, il fut assassiné deux jours plus tard par un catholique fanatique qui refusait, comme son Église, que l'homme se mette à se prendre pour Dieu. Le souvenir de Brillant Perkington perdura, et le Président de la République nomma donc une équipe pour créer une nouvelle humanité dans un nouvel univers artificiel et l'éduquer. Rien qu'en consommation énergétique, le projet coûtait quinze milliard de nouveaux euros. Pour éviter tout débat stérile sur son coût, le projet fut tenu top secret. On chargea Jean-Marc de conceptualiser la pensée de cette nouvelle humanité. Avec des collègues philosophes, ils débattirent pendant des semaines sur l'utilité ou non de passer par la religion pour éduquer l'humanité, autour de tables rondes décentralisées sur tout le territoire français.
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Cette discipline était née, presque par hasard, quelques années plus tôt, lorsque Brillant Perkington, de l'université de Harvard, avait combiné dans le monde clôt de son laboratoire physique et informatique. Il avait eu l'ingénieuse idée de bombarder de données binaires des neutrons dans un accélérateur de particules. Il espérait pouvoir modeler une nouvelle matière en fonction de ce qu'il avait programmé sur son ordinateur, supposant que les neutrons bombardés prendraient la forme de ce qu'il cherchait, non sans de gigantesques coûts énergétiques. Alors qu'il cherchait à synthétiser ainsi du pétrole, qui venait à manquer sur terre, l'incroyable s'était produit : Brillant Perkington avait obtenu, dans une incroyable explosion de lumière qui avait manqué de le brûler vif par son intensité, une boule noire de la taille d'un ballon de football. Sur l'écran de son ordinateur, un immense zoom sur sa création lui fit comprendre qu'il venait de mettre au monde par hasard un univers en formation. Dans la boule noire zoomée des milliers de fois, les atomes se fissuraient, se cognaient les uns contre les autres. Maze
André dût, avec Camille, créer le design de la terre qui allait accueillir l'humanité, que Sam modélisa. Il fallait que l'univers soit logique par rapport aux lois de la physique et de la biosphère, tout en ayant, selon les vœux du Président, « de la gueule ». Le six février, on bombarda la parcelle-monde pour créer cette terre viable que l'on nomma pompeusement « Nouvelle-France » par pur patriotisme et pour faire plaisir aux autorités mécènes, bien que les membres de l'équipe l'appelèrent entre eux tout simplement « Terre ». Le seize février, après vérification de la qualité de l'eau et de l'air rendu pur par les premières plantes, on y envoya des animaux dessinés par Camille et numérisés par Sam. Voyant que tout avait l'air de marcher, on envoya Adam et Ève, qui ressemblaient bizarrement au Président et à son épouse, sur cette terre artificielle. Les deux êtres semblaient se plaire sur leur caillou perdu dans leur univers. La France avait une longueur d'avance sur les autres pays du monde qui n'arrivait pas encore à assurer la qualité de l'air nécessaire à la survie de leurs humains : on sabra le champagne. D'autres humains vinrent s'ajouter sur la planète. Ils furent en quelques jours cinquante hommes et femmes nomades. Ce fut là que les premiers ennuis commencèrent. L'un des 37
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humains les mieux bâtis vola la nourriture d'un plus faible comme si elle lui revenait de droit : ce fut la guerre parmi le troupeau et l'équipe dût sévir. Elle envoya une maladie qui ravagea le cinquième des effectifs entre deux pleines lunes. Les humains implorèrent les premiers Dieux qu'ils s'étaient imaginés et promirent de ne plus se battre. Pour les récompenser, Jean-Marc suggéra qu'on leur offre le feu. André ajouta à ce cadeau la roue et Sam leur numérisa quelques graines. Camille leur construisit un charmant petit village près de la mer. Le village se développa et arriva le mois de juin qui fut marqué par la naissance d'une nouvelle génération. Cette dernière, qui avait grandi en sédentaire et qui avait connu l'abondance, se divisa et fonda une autre cité à quelques kilomètres de son berceau. Au mois de septembre, ce fut la guerre entre les deux villes, et il fallut à nouveau intervenir. Les récoltes furent détruites par l'équipe et la famine créa un climat de morosité sur la planète artificielle qui déboucha sur une autre guerre, au mois de décembre. Nouvelle punition, nouvelle guerre. Nouvelle punition, nouvelle guerre. Le serpent se mordait la queue, et, au mois de janvier, Camille perdit patience :
premiers États multiplia naturellement les querelles, et les guerres. Le moral de l'équipe baissa, et André eut une autre idée : « Je propose qu'au lieu de chercher à tous les tirer vers le haut, on en éduque quelques uns qui finiront par avoir une influence sur le long terme ! »
« Quoiqu'on fasse, ils se battent. C'est usant. » Elle décida de quitter l'équipe pour toujours. Ce fut un coup dur, car le couple vivant qu'elle formait avec Sam qui lui apprenait l'informatique appliquée à l'universologie était l'un des moteurs principaux du groupe de chercheurs. André eut l'idée de ne plus punir les humains, mais de récompenser les plus sages. Cela eut pour effet d'attiser la jalousie entre les humains qui s'entretuèrent. Entre-temps le nombre de cités était passé à cinquante, et certaines s'étaient réunies pour former des royaumes et des empires. La naissance des Maze
Ce fut la naissance des premiers prophètes qui, éclairés par la divine parole, allaient de villes en ville prêcher l'amour et la paix. Le prophète Sham eut le plus d'influence car Sam, qui voyait en lui son Fils spirituel, eut l'idée de lui faire accomplir des miracles que programmait le virtuose de l'informatique sur son ordinateur. Malheureusement, Sam fut confronté à un problème. Un autre ordinateur s'était connecté sur leur création et cherchait à l'influencer à son tour. 38
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Des nouvelles de la parcelle-monde - LITTÉRATURE CINÉMA « Sans doute une équipe concurrente, en conclut André un brin anxieux. Il faut agir ! » Le mécontentement programmé par l'autre ordinateur amena à sa perte le prophète Sham qui fut exécuté en place publique. Sam eut l'ingénieuse idée d'utiliser les armes de l'adversaire pour transformer cette défaite en victoire : il fit passer son Fils spirituel pour un martyr et ses disciples fondèrent son Église dans la plus grande ville de la terre. Les conversions de masse eurent pour effet d'enrichir la civilisations shamesque, qui se développa dans toute sa grandeur. Mais, à la frontière de l'empire, des hordes de barbares, sans doute programmées par l'ennemi, devenaient dangereuses, très dangereuses. En quelques siècles, elles ravagèrent l'empire shamesque et l'équipe s'avoua temporairement vaincue. Une période d'obscurantisme s'abattit sur la terre : maladies, famines, guerres et manques cruels de connaissances réduisirent la population mondiale... A chaque fois que l'équipe cherchait à dégager du lot une ville, un royaume ou une personne, l'ennemi programmait une douloureuse riposte, utilisant même la religion shamesque pour parer les hérésies de l'équipe... Que faire pour que le monde retrouve sa splendeur d'antan ? Ce fut Jean-Marc qui fit inventer l'imprimerie. Cela eut un impact considérable et la connaissance se développa très rapidement. Mieux éduqués, les hommes purent riposter et contrer les coups du mystérieux ennemi qui pestait sans doute devant son ordinateur. André, qui avait dans sa jeunesse conduit des skippers, eut l'idée de placer ses espoirs dans un marin qu'il guida vers un nouveau continent, ce qui apporta la richesse au monde. L'équipe avait repris le dessus. La révolution industrielle arriva vite. Les pays s'enrichirent considérablement, et leur développement alla de pair avec celui des Arts et des Sciences. Bientôt, Jean-Marc fit même former des philosophes athées pour que l'humanité puisse grandir toute seule. Ces philosophes d'un genre nouveau eurent énormément de succès, et beaucoup parmi l'humanité artificielle se sentirent fiers d'être les seuls maîtres de leur existence, libérés des Dieux. Hélas, l'ennemi redébarqua un jour où l'on s'y attendait le moins. Il fit plonger les places boursières mondiales et la misère se mit à grandir, comme une faim féroce dans le ventre d'un affamé. Bientôt, le mécontentement se développa. Des partis extrémistes qui stigmatisaient des communautés furent portés au pouvoir, comme le KMY chez ce qui était au autrefois l'empire shamesque. Leurs chefs firent du chantage avec les démocraties, et plus personne n'écoutait les Dieux qui cherchaient à calmer le jeu. Les athées de JeanMarc avait réduit la parole du divin au silence et cette avancée se retourna contre l'équipe, qui avait peut-être un peu vu trop gros. Il y eut une terrible guerre mondiale qui fit des millions de morts et des génocides de masse. Tout semblait perdu, quand André comprit qui était derrière tout ça. « Le KMY ! K pour le son « qua » et MY pour le son « mille » ! C'est Camille qui est depuis le début contre nous ! » Maze
Les services secrets français traquèrent Camille et on la trouva au bout de dix jours dans un cybercafé de Nantes. Elle semblait comme possédée par le démon et visiblement très fière d'elle. L'équipe put reprendre les choses en mains. Sans soutien divin, le KMY fut vite défait et la paix, tel un phénix consumé, reprit son cours sur les ruines du monde dévasté par la guerre. Le progrès et les Arts furent insufflés de nouveau et l'humanité connut une période de croissance et de prospérité. Ce fut à l'âge de quatre-vingt-deux ans et dans la plus grande quiétude qu'André mourut, après avoir pris des mesures testamentaires pour être enterré sur la terre qu'il avait créée. On programma son enterrement qui fut grandiose. À son tour, Jean-Marc mourut, sept mois plus tard, fauché par un camion alors qu'il marchait dans la rue. La légende dira ensuite qu'il était frappé d'une idée géniale, qui allait changer la face de son humanité. Il ne resta donc plus que Sam dans l'équipe, qui donnait de nombreuses conférences dans les plus prestigieuses écoles d'universologies. Son emploi du temps très serré, la gloire, la reconnaissance du Président de la République, et les années qui filaient avec ses conférences, lui firent laisser de côté le monde qu'il avait créé, et il finit par l'oublier. Cinquante années passèrent, et, cette nuit-là, le vieux Sam eut un drôle de songe. Des humains gigantesques, en blouse blanche, peuplaient son rêve et lui annoncèrent qu'ils étaient les scientifiques qui avaient créé il y a treize milliard d'années la parcelle-monde dans lequel il évoluait. Il lui expliquèrent que c'étaient eux qui avaient éduqué l'humanité et qu'ils étaient très fiers de sa réussite. Sam se réveilla en sursaut et descendit dans son laboratoire. Au milieu de dizaines de parcelle-mondes récentes, il retrouva la première parcelle-monde qu'il avait créé avec l'équipe des années plus tôt. Par réflexe, il la brancha sur son ordinateur. Un vague de chaleur l'envahit soudain. C'était la fierté de voir qu'il avait donné le souffle de vie à cette humanité qui grouillait sur son écran, dans la fourmilière des villes qui s'étendaient sur des kilomètres de haut, de large et de hauteur. Dans les universités, des étudiants recevaient le savoir imposant de chercheurs. Parmi eux, Sam s'intéressa à un étrange scientifique, qui ressemblait fortement à Brillant Perkington. Il donnait une conférence sur la naissance de l'univers. Lorsqu'il eut fini son exposé, vivement applaudi, le vieux scientifique regagna son laboratoire. Quelle ne fut la surprise de Sam, lorsqu'il le vit bombarder dans un accélérateur de particules des neutrons de données binaires ! Un téléphone sonna. C'était le président de la République shamesque. Le scientifique décrocha et Sam écouta avec attention la conversation. « Vous êtes un espoir pour notre Nation. À vous de créer des parcelles-mondes habitables. Vos crédits sont illimités. » La boucle était bouclée !
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L'éléphant, nouvelle revue de culture générale, accessible à tous
L'éléphant est une revue trimestrielle publiée depuis la fin du mois de Janvier, un mook (le mix entre le magazine et le livre, c'est à dire disponible en librairies notamment). Un nouveau concept, qui pourrait sembler déjà-vu, mais qui bouscule tout de même tous les codes de la presse magazine qui se sectorise de plus en plus.
On adore, et c'est aussi ça qui est impressionnant : c'est limpide, fluide, agréable à lire, pas un défaut à l'horizon pour le premier numéro de cette revue, peut-être un peu complexe par endroits mais on se sent guidés, et on apprend sans le voir, on voit la philo d'une manière totalement différente des cours - et heureusement ! - on découvre même presque.
L'éléphant, c'est une revue de culture générale, qui aborde tous les sujets possibles dans ce domaine, de l'histoire à la littérature en passant par l'actualité, la science, la philosophie, tout y est clairement exprimé, on prend du plaisir à apprendre sur tout un tas de sujets insoupçonnés.
15€ en librairies et kiosques.
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- Baptiste Thevelein
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La douloureuse beauté de Wilde Quel défi s'est lancé le prince des lettres anglaises d'alors ! Reprendre un épisode biblique, voilà un exercice qui n'était pas aisé. Un brin provocateur et de sa plume la plus fine, Wilde en fit pourtant un joyau qu'il rédigea entièrement en français, une première pour lui. Il justifiera ce choix de la manière suivante : "J'ai à ma disposition un instrument que je maîtrise, et c'est la langue anglaise. Il y en a un autre que j'ai écouté toute ma vie, et j'ai voulu toucher une fois ce nouvel instrument pour voir si je pouvais en tirer quelques beautés...". L'esthétisme musical, la couleur de la langue française, voilà ce que cherchait Wilde, après s'être tant illustré dans son propre pays avec notamment son roman Le Portrait de Dorian Grey, et sa pièce de théâtre, L'éventail de Lady Windermere . Et à bien lire Salomé, les mots en effet diffusent peu à peu une couleur sonore peu commune ; celle d'un symbolisme ardent dans cette époque où les mœurs, du moins britanniques, s'évertuent à rester les plus conventionnelles possible, les rôles des hommes et des femmes y étant clairement définis, et souvent, douloureusement respectés. Wilde en fera l'expérience, emprisonné et condamné à deux ans de travaux forcés pour s'être affiché ouvertement avec son amant, Bosie, deux ans plus tard. Cette Salomé rédigée en langue étrangère a été grandement influencée par les descriptions faites par Huysmans, un auteur décadent, de deux tableaux de Gustave Moreau, La danse de Salomé, et de la décollation du Baptiste, descriptions présentes dans le roman A Rebours, lu ''avidement'' par Dorian Grey. Cette vision de Salomé chez Wilde résonne elle aussi comme un symbole de résistance dans l'oeuvre de l'écrivain, connu pour sa prise de position subtile contre le pouvoir en place. Puisque la création ne peut Maze
s'ébattre librement sous l'époque victorienne qui condamne tout écart à la morale, c'est ailleurs qu'éclora le véritable drame identitaire !
sait partie des principaux acteurs du mouvement de l'esthétisme anglais, recherchant l'alliance entre beauté extérieure et beauté intérieure.
La pièce réutilise les bases d'un épisode biblique du Nouveau Testament issu des évangiles de Marc et de Matthieu et met en scène Hérode, un tétrarque, c'est à dire un roi, traître à son rang, qui a supprimé son prédécesseur. Sans cesse tiraillé entre le désir de rédemption, désir qu'il entretient en gardant captif un prophète, Iokanaan (Jean le Baptiste), et le désir de posséder ce que la terre porte de plus beau, Salomé, la fille du roi assassiné, Hérode voit tour à tour ces deux absolus le mener à sa perte, fin naturelle pour un simple humain. Cette fin signe du même geste l'impossible alliance entre la pureté et la beauté, entre Iokanaan et Salomé, cette princesse à la beauté foudroyante et animée d'un désir absolument irrépressible pour le prophète, celui dont émane la parole de Dieu et qui ne peut ni ne veut se laisser tenter par la plus belle des créatures terrestres, réduisant à néant les possibles suggérés par ces trois personnages complémentaire. Toute la tension dramatique se construit autour de ce point qu'est l’inassouvissement des désirs des personnages : Hérode désirant et n'atteignant jamais rien, Salomé furieuse de n'être pas désirée par le seul homme dont elle espère attirer l'attention, et enfin Iokanaan, inadapté au monde naturel, simple réceptacle de la parole divine, ne possèdant aucune volonté propre, et se tenant là à dispenser la parole sainte.
Mais dans cette fin du XIXème siècle où la magie déserte peu à peu le monde, remplacée par les découvertes scientifiques et les vérités froides, l'absolue beauté n'est plus qu'une chimère, à l'image de Salomé dont les pieds délicats esquissent les pas d'une danse sacrée et gâchée dans le sang d'un mortel, rappelant qu'ici les espoirs sont morts. Ce n'est pas le baiser sur les lèvres de Iokanaan une fois qu'elle l'eut fait décapiter qui apaisera cette "princesse sacrifiée", comme le chante Nicola Sirkis dans son dernier album. Non, rien ne peut apaiser les espoirs déçus, seule la mort de cette beauté et du désir signera la fin de cette pièce débarrassée des fioritures des intrigues secondaires. L'acte seul se justifie par ce coup porté à l'essence même de la conscience artistique, à savoir que rien ici ne peut déjouer le destin qui cloisonne les vies, et que chacun reste aveugle, sourd ou perdu face aux actes des autres.
C'est dans ces trois figures d'un même visage que Wilde insère son talent, jusqu'à produire en filigrane un portrait en tout point semblable à l'idée qu'il se fait d'un esthète : un être de désir subjugué par la beauté insaisissable et la pureté, toute aussi hors d'atteinte. Il va sans dire que l'auteur irlandais fai
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«Je me demande pourquoi ici tout à échoué» chante Nicola, et nous nous le demandons aussi. Tragédie poignante puisqu’elle fait appel à ce que chacun a de plus sensible en lui, Salomé resplendit ainsi débarrassée des sept voiles qui cachent sa nudité ; et nue est la vérité au sortir de cette danse des sens et des aspirations. Joyau de la littérature, cette pièce parue en 1893 et immédiatement censurée en Angleterre, reste une des plus belles interprétations de cet épisode biblique raconté en seulement quelques lignes dans le texte liturgique. Oscar Wilde lui aura ainsi apporté la charge sacrée qu’il lui faisait défaut.
- Marine Roux Mars 2013
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Yves Saint Laurent, article croisé
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Revue Haute-Couture Alors que nous sommes encore (pour la majorité) en train de nous battre contre les températures glaciales voir même avec la neige, les couturiers, eux, ne se sentent absolument pas concernés et présentent ainsi leurs collections Haute Couture pour le printemps-été qui se fait désirer. En effet, au coeur de l'hiver, ils nous apportent un rayon de soleil avec leurs créations fraîches et légères.
compagnée d'une traîne, très légère et vaporeuse. Chanel nous livre ici une collection inspirée du siècle dernier, tirée des romans de Jane Austen et compagnie, avec toutes ces robes longues, ces gants, le tweed,etc. En dépoussiérant tout cela Chanel prend ainsi la tête de proue de la tendance naissante du néo-vintage, dont nous aurons certainement l'occasion de reparler. Loin de tout cela, Jean-Paul Gaultier nous transporte à l'autre bout du monde, avec une collection directement inspirée du Rajasthan et de la culture indienne. Ainsi nous sommes transportés dans un tourbillon de couleurs, de perles, de bijoux, d'or et de soie.on notera le bel effet des voiles de couleurs vives flottant tel des capes assortis à de simples robes noires, mêlant exotisme, élégance et originalité.
© Droits Réservés - Dior par Raf Simmons
Tout d'abord, on remarquera une tendance générale parmi les défilés : les tenues restent très sages, rien de bien osé ou provocant, tout se fait dans la finesse et le détail. En effet, à part peut-être chez Versace, la totalité des créateurs nous proposent des robes très longues, très élégantes, quelquefois assorties d'une traîne comme chez Chanel ou Alexis Mabille. Qui dit printemps dit fleurs, ce que n'ont pas oubliés les créateurs puisque tous ou presque nous proposent des "robes-fleurs" des robes faites de pétales de fleurs (Dior), ou entièrement brodées (Elie Saab) créant ainsi un effet fleuri, ou tout simplement un tissus imprimé de fleur (Maison Martin Margiela). Raf Simons chez Dior nous propose aussi des robes "gonflées', offrant comme une carapace, donnant du volume et réveillant les robes. Simons réveille sa collection avec des couleurs orange/rose/jaune, jonglant avec celles-ci soit sur des tenues entières, unies, ou en les ajoutant par petites touches a des pièces plus classiques sous forme de broderies ou de collants. On notera aussi l'audace des superpositions avec des tenues "trompe l'oeil" imitant la superposition de plusieurs jupes, plusieurs bustiers, etc.. jouant encore avec les couleurs et créant ainsi un effet graphique et visuel original. Pour finir, on se devait de mentionner le Make up du défilé : en effet, touche originale, les modèles avaient sur les lèvres, en plus du rouge à lèvre traditionnel, des strass de couleurs, attirant ainsi le regard et apportant une touche féerique. Chanel reste dans le traditionnel et le classique avec l'éternel tailleur en tweed, jouant néanmoins la carte de l'originalité avec l'utilisation de plumes, sur les robes ou encore en bibis perchés sur la tête des modèles, de la dentelle, des drapés, des fleurs, on remarquera notamment cette grande robe violette en mousseline légèrement transparente, acMaze
© Droits Réservés - Versace
On notera aussi les robes très originales de Stephane Rolland, à effet d'optique : en effet la robe semble découpées au niveau du genou (le tissus étant remplacé par un tissus transparent "invisible") et le bas semble tenir tout seul. Chose étonnante pour une collection printemps-été, Iris Van Herpen et Versace ont choisi d'utiliser de la fourrure. Chez Versace la fourrure est déclinée dans toutes les couleurs : rose, jaune,.. cassant le côté froid et hivernal de cette matière. Giambatista Valli et Alexis Mabille quant à eux ont choisi de travailler le tulle, donnant ainsi un côté plus féerique à leur collection. Mabille nous transporte ainsi dans une collection sortie de Versailles avec ses grandes robes et ses couleurs pales violettes, rose, bleues, présentées sur un podium rose bonbon. De tous ces défilés on retiendra donc essentiellement une tendance vers la longueur (robes ou jupes), les broderies, les grands voiles de soie, etc : la mode s'assagit. Mais l'originalité n'a pour autant pas été laissée de coté, ni les couleurs pétantes, réveillant les collections par petites touches. Comme à chaque printemps, les tenues aussi fleuriront, mais cette année, peu ou pas de liberty : on préfèrera les broderies où les robes faites de pétales.
- Jodie Blin 46
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Yves Saint Laurent, article croisé
Si en juin dernier une polémique avait éclaté dans le monde de la mode à propos du récent changement, par Hedi Slimane, du nom de la Maison de Haute Couture Yves Saint Laurent (ou YSL) en Saint Laurent, elle fut vite oublié quand le maître Slimane présenta la collection pour femme Saint Laurent P/E 2013 à la Fashion Week de Paris. Le défilé se fait décor noir et très minimaliste. Quand la musique, rock, commence à gagner en intensité les premiers mannequins arrivent. Elles sont coiffées de capelines noires, et habillées de vestes étriquées et pantalons slim sombres, ainsi que de gros noeuds de mousseline noire. Slimane puise dans l'ADN de la maison et fait revivre la robe saharienne créée par Yves Saint Laurent à la fin des années 60, la rayure banquier au travers de smokings élégants et les manches gonflés de chemisiers en tissu transparent. Et quand alors que le noir semblait s'imposait dans tout le défilé, l'arrivée de mannequins vêtues de gandouras colorés vient contrasté cette collection qui donne un nouveau ton à la Maison : Saint Laurent se veut jeune, rock, élégante et désinvolte.
COLLECTION FEMME P/E 2013 PART I : JULIA NOBIS
Pour la première partie de sa première campagne, Hedi Slimane choisi Julia Nobis qu'il photographie dans une série de somptueux portraits en noir et blanc où l'on découvre les nouvelles pièces de cette collection P/E 2013, tandis qu'Edie Campbell fut choisi pour être en couverture de la deuxième partie de la collection P/E 2013 avec le chanteur américain Beck. Aussi, après un cliché assez mystérieux du torse tatoué de Christopher Owens pour la présentation de la campagne homme P/E 2013, c'est une collection de clichés eux aussi en noir et blanc de la mannequin Saskia de Brauw qui est dévoilée. Slimane travestit ainsi la jeune femme pour lui faire aborder un look de jeune homme élégant, androgyne, ravivant le smoking cher à Yves Saint Laurent. Pour la pré-collection A/E 2013, le directeur artistique de la Maison a choisi Sky Ferreira, une délicieuse chanteuse et mannequin américaine qu’on a pu apercevoir dans la campagne de publicité de CK ONE, un parfum Calvin Klein. La nouvelle égérie féminine de Saint Laurent apparaît dans une série de portraits sensuels en noir et blanc, visiblement la signature d’Hedi Slimane, avec les nouveaux produits de la marque notamment en dentelle ou en cuir. Visiblement, Hedi Slimane a su donner un nouveau souffle à la Maison parisienne, mais si cependant aujourd’hui les initiales YSL font à nouveau polémique c’est à cause du création de la maison Yves Saint Laurent : Yves Saint Laurent. En effet, après deux versions de la Guerre des Boutons en 2011 et de la vie de Coco Chanel en 2009, ce serra donc deux versions de la vie du couturier vu par deux points de vues différents que nous verrons sortir en salle prochainement. L’une sera réalisé par Jalil Lespert et l’autre par Bertrand Bonello.
COLLECTION HOMME P/E 2013 SASKIA DE BRAUW
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Yves Saint Laurent, article croisé CINÉMA MODE
CHARLOTTE LEBON & PIERRE NINEY dans le film de JALIL LESPERT A droite, VICTOIRE DOUTRELEAU & YVES SAINT LAURENT
Dans le film de Jalil Lespert, ce sera l'excellent Pierre Niney qui incarnera Yves Saint Laurent. Si le nom de Jalil Lespert ne vous dit rien c'est qu'il ne s'agit pas d'un réalisateur très connu. Jalil Lespert a longtemps été un acteur habitué des seconds rôles, avant d'être nommé meilleur jeune espoir masculin aux Césars en 2001 pour Ressources Humaines de Laurent Cantet. Cependant, Jalil Lespert ne se fait pas remarquer et tombe un peu dans l'oubli en restant cautionné à des petits rôles. Mais en 2011 il réalise un film, Des Vents Contraires, du roman éponyme d'Olivier Adam. Très bien réalisé, le film ramasse un faible succès de la part du public et réalise seulement un peu plus de 300'000 entrées. Bien-
tôt, Jalil Lespert serra donc de retour avec un film sur la vie d'Yves Saint Laurent (ici incarné par Pierre Niney) et de son compagnon, l'homme d'affaire français Pierre Bergé (Guillaume Gallienne), avec Charlotte Lebon dans le rôle de Victoire Doutreleau. Le film dispose du soutien et de l'accord moral de Pierre Bergé qui a notamment déclaré : "On m'a souvent proposé de faire un film de fiction sur Yves et moimême. Je n'avais jamais été convaincu des différents projets. Jalil Lespert est venu me voir avec sa sensibilité, son enthousiasme, sa vision créatrice, j'ai vite compris que j'avais face à moi le réalisateur capable de raconter cette histoire". années qui marquent l'histoire du couturier et l'histoire de la mode, puisque Saint Laurent renverse les codes, crée un basculement. Et pour incarner YSL, le réalisateur a choisi Gaspard Ulliel. L'acteur change, il apparaît aminci sur une des premières photos du film. Quant à l'acteur qui devrait incarner Pierre Bergé, Bertrand Bonello aurait choisi Jeremy Renier. En revanche, on sait que le film serra produit par Luc Besson. Décidément la guerre du biopic est déclarée. Depuis le succès de La Môme, avec Marion Cotillard et réalisé par Olivier Dahan, le biopic est devenu un genre "bankable" et à concours, comme on pu le prouver récemment La Dame de Fer ou Lincoln. Ici, la lutte oppose Bonello, soutenu par Besson, qui risque de devenir un "blockbuster", à Lespert, appuyé par Pierre Bergé, qui, on l'espère, nous proposera un film plus intimiste sur la vie du couturier.
- Antoine Delcours
GASPARD ULLIEL dans le film de BERTRAND BONELLO A droite, YVES SAINT LAURENT
Le biopic sur Yves Saint Laurent est signé par Bertrand Bonello, qui s'était fait remarqué au Festival de Cannes en 2011 avec son long métrage L'Apollonide. Le scénario est lui aussi assuré par un grand monsieur, Thomas Bidegain, qui est l'auteur du scénario d'Un Prophète, Grand Prix du jury à Cannes en 2009, ou plus récemment de De Rouille et d'Os de Jacques Audiard. Bonello souhaite mettre à l'écran l'époque 1965-1976, dix Maze
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Playstation 4 : retour sur la conférence
Une belle nuit en ce 20 Février 2013, les petits animaux de la forêt sont endormis et le givre couvre de son blanc manteau les toit des maisons et la végétation se pare d'un écrin de cristal, pendant que se déroule toute cette beauté nocturne, quelques millions de gamers Européen, cafetière remplie et confortablement installés devant leur écrans sont fin prêts pour suivre la conférence de presse du géant Sony à New York aux alentours des 18h heure locale et minuit chez nous. Bataillant avec tout le courage disponible à cette heure pour suivre une retransmission Anglophone et un stream qui se voulait des plus chaotique tant les records d’audience affichés ont flingués les connexions, je m’en vais maintenant vous relater ce qu’il s’est dit à propos de cette annonce surprenante de début d’année.
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En bon show à l'Américaine, la conférence à commencé par un bon gros trailer avec de jolies images blindées de textes dont la seule phrase choc que j'aurais retenue est: "Playstation veut gagner la guerre de la réalité" qui sonne comme une jolie promesse à base de jeux aux graphismes et possibilités de jouabilité plus vraie que nature, parmi les différentes images de jeux montées à la perfection pour faire grimper l'adrénaline en flèche sur de la bonne musique rock épique, Playstation nous a expliqué vivement sa philosophie. Vient ensuite une intervention de Andrew House, CEO de Sony Computer Entertainment qui introduit la conférence en expliquant que le salon ne sera plus le centre principale du jeu, et c'est déjà une bonne nouvelle! Concrétement on a eu droit à beaucoup de discours avant qu'on nous
mette l'eau à la bouche avec la présentation du jeu du futur développé à partir des attentes du "gamer" et des concepteurs, et soudain le logo officiel nous apparaît, la prochaine Playstation sera bien la Playstation 4! Ce qui peut étonner là dedans, c'est la superstition Nipponne pour le chiffre 4, espérons juste que ça ne porte pas préjudice autant aux ventes qu'aux différents médias qui seront proposés à l'avenir. Et voici venir le game designer de Crash Bandicoot Mark Cerny qui aura opéré en tant que Lead System Designer, outre son brillant historique de la Playstation depuis ses débuts et toutes les possibilités de connectivité qu'elle offre, on peux voir soudainement une petite image qui nous montre une échelle allant à un nuage, et voici le Cloud qui ne surprend qu'à moitié étant donné la possibili-
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té qu'un Cloud nous offre comme la possibilité de sauvegarder directement sans utiliser un disque dur, chouette fonction quand on voit sa progression complètement pinée suite à un crash de la console ! Ce n’est pas comme si c’était la partie de la conférence la plus attendue et c’est pour ça qu’elle viendra au bout d’un petit quart d’heure, la fameuse fiche technique au sens large de la Playstation 4, on nous promet une architecture proche d’un ordinateur superchargé et surtout 8 Giga-octet de mémoire vive ce qui double la capacité de la Playstation 3, mais c’est surtout que la machine se dote d’une puce graphique de chez AMD qui vient directement d’une architecture PC, on ne peux donc que s’en réjouir ! 52
C’est toujours dans cette optique de nous en mettre plein la vue que voici venir enfin cette tant attendue manette, parce qu’après tout, une bonne console doit aussi être dotée du moyen de contrôle adéquat et ceux qui ont pensé à tout sauf à la Dreamcast en lisant cette phrase, mon amitié vous est acquise! Le nouveau contrôleur de la Playstation 4 se veut désormais épuré, rond dans sa conception générale, avec des joysticks non plus en forme de champignons mais incurvés et bien entendu, un mini-pad au milieu et la disparition des classiques boutons «Select» et «Start», cependant deux nouvelles fonctionnalités prennent vie avec le bouton «Share» et... Une prise casque sur la manette! Un capteur bleu permettra également de reconnaître le joueur en foncMars 2013
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tion de son profil. Et pendant que la démo techniquement du moteur graphique Unreal Engine 4 passe en fond, on nous explique qu’elle sera déjà dotée d’une nouvelle technologie très économique qui combine le processeur et la puce graphique sur le même socle, réduisant le coût en électricité et boostant les performances de la bête, une Playstation verte en somme.
surtout un sacré pied de nez aux fabricants de boîtiers d'acquisition console qui permettait avant d'enregistrer en vidéo une partie de jeu, et n'oublions surtout pas l'application mobile Playstation qui permettra d'afficher des infos de jeux (cartes et autre) en temps réel sur votre smartphone.
La côté drôle de la chose est qu’il y a toujours ce petit côté «Eh le joueur PC! Vient faire de la console parce que nous on a fait une machine qui pourrait être meilleure que la tienne!» ça me semble pas faux sur le principe étant donné la nouveauté de leur système de gestion des graphismes, il ne restera plus qu’à voir en situation réelle ce que ça pourrait donner mais comme d’habitude, soyons confiants !Imaginez-vous jouer une partie, avoir quelque chose à faire, donc éteindre votre console, et reprendre directement ou vous étiez arrêté sans avoir besoin de relancer le jeu, eh bien maintenant avec le "mode pause" c'est possible, et c'est aussi également possible pour tout joueurs voulant retransmettre en direct leur parties de jeu, grâce à Ustream ça sera désormais possible, ce n'est bien évidement pas une innovation mais c'est
Et maintenant mon ptit bonhomme tu nous proposes quoi pour acheter ta grosse boîte plein de technologie?
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à accomplir des mission! Avec tout ce contenu et surtout toutes ces jolies promesses d’avenir pour une console de salon en interaction totale avec les joueurs et le matériel, offrant un système de réseau social exclusif, un système de stockage Cloud et autant de fonctionnalités, on ne peux souhaiter qu’un avenir radieux à cette prochaine console! La balle est dans le camp de la concurrence.
- Gianni Santangelo
Bien entendu mes chers amis, une sortie de console de cet envergure n'aurait absolument aucun intérêt si on ne vous promettait pas monts et merveilles qui permettrait déjà de tester le moteur graphique de la console et d'exploiter ses capacités! Parmi les jeux annoncés, nous retrouveront notamment Killzone Shadow Fall, DriveClub, Knack, une bonne surprise de légèreté déjà pour l'humour du trailer mais aussi pour l'univers Jack and Daxter avec des graphismes à la Pixar, le monstrueux Diablo 3 des studios Blizzard et mes deux préférés qui seront inFAMOUS: Second Son et Watch_Dogs, une sorte de Matrix-like ou il faudra pirater les systèmes d'une ville énorme pour arriver
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FANTASMAGORIK : NICOLAS OBERY
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Fantasmagorik Rencontre avec Nicolas Obery Graphiste français et directeur artistique d'une agence de publicité, Nicolas Obery a récemment signé une série intitulée Fantasmagorik. Il est également le nouveau graphiste du festival Aquitain Garorock.
Avec la série Fantasmagorik, vous avez crée un univers en noir et blanc, sombre, étrange voire perturbant, plein de figures représentant super-héros ou super-vilains, des armes ou des simples humains, parfois des personnages de jeux vidéos ou des artistes … Comment vous est venue l'idée de cette série ? Nicolas Obery: J'ai repris un travail que j'avais réalisé, pour la fin de mes études, il y a 20 ans, et qui consistait à créer un monde parallèle, fantastique, onirique, et donc fantasmagorique (d'où son nom). C'est un univers très dark qui fait ressortir le côté sombre des personnes et de la nature.
gamme pour ma série.
On vous associe d'ailleurs régulièrement au Steampunk, vous revendiquez vous de ce mouvement ? Nicolas Obery: Je suis bien passé par ce mouvement dans cette série, j'en suis assez fan. J'ai utilisé beaucoup de détails issus de cet univers : pièces mécaniques, côté fantastique, masques, armes … J'ai donc mélangé mon style à celui du Steampunk !
Avez-vous déjà pensé à vous tourner vers le street-art, votre travail étant assez proche de certaines réalisations de street artists qui se dirigent, quant à eux, vers des collaborations avec des marques ? Nicolas Obery: C'est un univers que j'aime beaucoup ! Mais il y a déjà pas mal de monde en place ... Ma cote commençant sérieusement à monter depuis 6 mois, je réaliserai certainement quelque chose en street-art cette année !
Vous travaillez beaucoup avec des marques de street wear, notamment Nike ou Adidas et vous avez même réalisé le design de planches de skate. Êtes-vous un adepte de sports urbains ? Nicolas Obery: J'ai travaillé pour ces marques dans le cadre de concours, spécifiquement, et aussi par passion ! J'aime beaucoup l'univers Street Wear, et les planches de skate sont un très bon support pour mes visuels ! Et cela vous arrive de skater ? Nicolas Obery: Plus maintenant ...
Vous avez réalisé le visuel du festival Garorock. Est-ce la première fois que vous produisez un personnage pour un événement culturel de cette ampleur ? Comment êtes-vous arrivé à réaliser ce projet ? Nicolas Obery: Oui, et j'ai été directement contacté par Guillaume (Kashima, ancien graphiste du festival (http://www. delasoup.com/), ndlr) pour ce projet. Il me suit depuis mon portofolio Behance !
Avez-vous d'autres projets en tête ? Une exposition, de nouvelles collaborations ... ? Nicolas Obery: Je vais essayer de faire une expo sur Paris, cette année, et certainement des collaborations avec d'autres artistes. Je vais aussi essayer de réaliser prochainement une sculpture d'un de mes visuels, "Gun", qui a été exposé aux Etat-Unis au mois de janvier-février à la Phone Booth Gallery, Long Beach (Californie), et de monter un site regroupant tous les artistes travaillant dans l'univers Fantasmagorik.
- Louison Larbodie
Pensez-vous que travailler pour la publicité vous influence ? Nicolas Obery: Je travaille depuis pas mal d'années sur la création de visuels publicitaires dans le luxe et la cosmétique, ce qui m'a permis de garder une esthétique haut de
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