N°40

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n° 40 - Automne, octobre 2012

sur... Du nouveau à la bibliothèque

Bibliothèque

pour la rentrée

Chers amis lecteurs, afin de mieux vous servir, votre bibliothèque se dote d’un tout nouveau catalogue ! Outre son agréable interface, ce catalogue Aleph – conçu par la société Ex-Libris spécialiste des systèmes multilingues – offre de nombreuses fonctionnalités. En premier lieu, davantage d’options sont désormais disponibles et permettent de faire une recherche au plus près de vos attentes, que celles-ci soient très précises ou plus générales : en plus des champs auteur, titre, mot-clé, d’autres champs sont également interrogeables (éditeur, année, ISBN, cote...) ; de même, il est possible de parcourir des listes d’auteurs, de titres ou autres. Une fonction « Historique des recherches » vous permet de retrouver facilement vos listes de documents, de les croiser éventuellement afin de les affiner et de supprimer les doublons, de même qu’un « panier » sauvegarde les documents que vous sélectionnez le temps de votre connexion.

Maison de la culture du Japon à Paris 101 bis, quai Branly 75740 Paris cedex 15 Tél. 01 44 37 95 50 Fax 01 44 37 95 58 www.mcjp.fr

Ouverture Du mardi au samedi de 13h à 18h Nocturne le jeudi jusqu’à 20h Fermeture Les dimanches, lundis et jours fériés Fermeture annuelle du 23 décembre 2012 au 3 janvier 2013 inclus

En plus des fonctions de recherche, chaque lecteur adhérent (munis d’une carte B) dispose d’un compte personnel donnant accès à ses prêts en cours, permettant de prolonger ceux-ci, de consulter son historique, d’opérer un suivi de ses réservations. Ce catalogue sera bien entendu accessible sous peu en ligne : vous pourrez alors effectuer toutes ces opérations depuis les postes de consultation de la bibliothèque, ou directement depuis chez vous. Il va sans dire que ces recherches seront possibles en japonais également. Par ailleurs, pour les lecteurs qui l’ignoraient encore, le fonds audiovisuel est à nouveau consultable à la bibliothèque, grâce à votre soutien. Trois postes vous permettent de visionner des films, des documentaires et des méthodes de langue, et un poste est dédié à l’écoute des documents audio : un fonds unique régulièrement enrichi comptant plus de 2 000 documents s’offre ainsi de nouveau à vous. L’équipe de la bibliothèque est à votre disposition pour vous orienter et répondre à toutes vos questions concernant l’utilisation de ces nouveaux services. P. T.

Directeur de la publication

Sawako Takeuchi Rédaction

Chisato Sugita Pascale Takahashi Racha Abazied Cécile Collardey Tony Sanchez Conception graphique et maquette

La Graphisterie Impression

Imprimerie Moutot Dépôt légal : 4e trimestre 2012 ISSN 1291-2441 4

La lettre de la bibliothèque Rires japonais Dominique Rivolier-Ruspoli, spécialiste d’art japonais ombreux sont les Occidentaux qui croient que les Japonais ne rient pas. Et pourtant, le sourire que découvre le voyageur qui arrive au Pays du Soleil Levant, c’est le rire de la politesse ; il marque la distance nécessaire à l’équilibre des relations humaines. Montrer trop de colère, de tristesse ou de joie, c’est pour un Japonais prendre le risque de faire perdre la face à autrui, et par là même lui manquer de respect. Ce fut au cours des siècles une façon de se protéger des envahisseurs de tout acabit qui ont convoité l’archipel que les Chinois appelaient Cipango, pensant y trouver de l’or et que les Occidentaux n’eurent de cesse de vouloir s’approprier. Au Japon comme en Occident les dieux rient. Ainsi, dans le Kojiki (VIIIe siècle), « le récit des temps anciens », on raconte qu’Izanagi, le premier homme, et Izanami la première femme, engendrèrent quatorze îles peuplées de trente-cinq dieux. Amaterasu, déesse du soleil, n’acceptant pas la violence de son jeune frère Susanoo, dieu des mers et des tempêtes, se réfugia dans une grotte, plongeant ainsi l’archipel dans le noir. Okame, divinité de la gaîté se mit à danser devant l’entrée de la caverne ; tous les dieux accoururent en riant ; Amaterasu, intriguée, sortit et on lui présenta un miroir : elle crut apercevoir une autre déesse du soleil et éclata de rire. Le soleil se mit à briller de nouveau. Le Japon serait alors né d’un éclat de rire.

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Image d’Ôtsu. « Démon poursuivi par un rat avec une feuille de houx » Époque Edo (XVIIe- XVIIIe siècle) - Otsu City Museum of History

Zoom

Depuis la préhistoire, le sourire est présent : dans l’art japonais, entre le IIIe et le IVe siècle, durant l’époque Jômon, de nombreuses haniwa, petites figurines funéraires en terre cuite, semblent rire. C’est de cette époque que date le shintoïsme, religion animiste qui vénère par dessus tout la nature – une mythologie peuplée de kamis, esprits d’essences variées et sources de nombreuses légendes comiques. Dans un pays où éruptions volcaniques, incendies, typhons ou tsunamis rythment le temps qui passe, les plaisanteries fusent – une façon de calmer, même provisoirement, les angoisses de tout un peuple. On voit apparaître alors les emaki, ces grands rouleaux peints qui se lisent de haut en bas et de droite à gauche ; ils avaient parfois

pour vocation d’illustrer les contes populaires. Au XIIe siècle, c’est le moine Toba Sôjô qui réalisa le plus célèbre d’entre eux en mettant en scène des grenouilles, des singes ou des lapins pour caricaturer les prêtres, la noblesse ou les gens du peuple. Au XVII e siècle, les shoguns Tokugawa s’installent à Edo (Tôkyô) et vont régner sur le Japon durant deux siècles et demi. C’est une époque où l’archipel vit replié sur lui-même mais où, loin de la cour, et en dépit de la censure shogunale, les gens des villes s’amusent : c’est la naissance du kabuki, des spectacles comiques en tout genre, des images populaires bon marché, des estampes des plus grands artistes que l’on s’arrache, des poésies qui se moquent des haïkus classiques. Tout à Edo est prétexte à se distraire. Il existe toutefois un rire dans l’art japonais qui échappe au temps et qui prend également son essor à cette époque, c’est celui des moines zen. Les maîtres zen se servent de l’absurde pour éveiller l’esprit de leurs disciples. Apparaissent alors quelques génies du pinceau et de l’encre qui au lieu de se mettre au service du shôgun ou de l’empereur préfèrent le rire intérieur, celui qui permet de ne rien fixer dans le temps. Ce sont tous ces rires mêlés qui vont être présentés cet automne à la MCJP, nous permettant ainsi de mieux comprendre cette partie si riche de l’art japonais, et si peu connue en Occident. Pour un Japonais, il vaut mieux rire plutôt que de ne plus pouvoir vivre. ■ 1


Regards sur le fonds

Littérature YAMAMOTO Kenichi

Le secret du maître de thé Trad. par Yoko Kawada-Sim et Silvain Chupin Paris : Mercure de France, coll. Bibliothèque étrangère, 2012. 369p.

Musique Julian COPE

Japrocksampler : l’incroyable explosion de la scène rock japonaise Trad. par Claire Cuisinier Marseille : Éd. Le mot et le reste, coll. Attitudes, 2012. 395p.

Voici un ouvrage qui traite d’un aspect particulier et méconnu, mais néanmoins fascinant de la musique japonaise : le rock progressif, la musique underground et révolutionnaire des années 1970 à nos jours. Héritiers à la fois du rock occidental et de la musique concrète japonaise qui puise elle-même ses racines dans les traditions musicales d’Extrême-Orient, certains groupes tels que Satori, les Flowers Travellin Band, les Acid Mothers Temple, et tant d’autres pourtant méconnus dans leur pays, auront inspiré nombre de musiciens occidentaux. Julian Cope, musicien rock, critique musical et poète a mené l’enquête sur leur singularité. Il livre une analyse enjouée et passionnante sur la vitalité de la scène rock nippone qu’il connaît bien pour avoir lui-même partagé des scènes avec certains groupes.

Art OBARA Kazuma

Reset, beyond Fukushima : will the nuclear catastrophe bring humanity to its senses ? Zürich : Lars Müller publishers, 2012. [n.p.]

L’ouvrage est certes très beau, mais est loin d’être un simple album de photographies. Ce recueil d’images et de textes est le fruit du travail acharné d’un photojournaliste japonais qui a su affronter les difficultés pour rendre compte de la réalité d’une catastrophe à la fois naturelle et humaine. Tout de suite après le 11 mars 2011, Obara Kazuma s’est rendu à Fukushima où il a rencontré des sinistrés, des secouristes, des bénévoles, des responsables, et, chose extraordinaire, il a pu approcher la centrale dévastée. Là, il a rencontré des travailleurs intérimaires du nucléaire, qui travaillent sur le terrain. En leur donnant la parole, il nous offre des témoignages touchants, uniques qui posent la vraie question, celle de la responsabilité, celle qui dérange… Cet ouvrage bilingue anglais-japonais a accompagné une exposition de photographies qui a eu lieu à l’Hôtel de Ville de Paris du 21 juin au 27 juillet dernier. 2

Le 28 février 1591, le shôgun Toyotomi Hideyoshi ordonna à Sen no Rikyû, le plus grand maître de cérémonie du thé de l’époque de se suicider. Quel pouvait être le crime de cet esthète sans égal, dans sa quête perpétuelle de la beauté absolue entre ciel et terre ? De quoi Hideyoshi, maître tout puissant du Japon aurait-il pu prendre ombrage ? L’art du thé recèlerait-il un sortilège pouvant rendre fou le cœur des hommes ? S’emparant avec brio d’un mystère non résolu ayant inspiré maints écrivains et réalisateurs, Yamamoto Kenichi – romancier très populaire en son pays mais traduit pour la première fois en français – retrace les dernières heures précédant l’aube fatale. On découvre ainsi comment la beauté a guidé de bout en bout la vie de Sen no Rikyû…

Laurent ZIMMERMANN (dir.)

D’après le Japon Nantes : Éd. nouvelles Cécile Defaut, 2012. 188p.

Comment le Japon se reflète-t-il dans l’art et la pensée en France au XXe siècle ? De quelle manière les hommes des lettres et des arts comme Roland Barthes, Jacques Roubaud ou André Malraux ont-ils décrit ce pays ? Cet ouvrage collectif rassemble les contributions d’auteurs qui se sont interrogés sur la réception du Japon en puisant directement dans la littérature et les arts japonais, ou encore, en rapportant et en analysant les expériences de personnalités marquantes telles que Dany Laferrière ou Léon de Rosny, et leur rapport au Japon. Un rapport parfois synonyme de malentendus, de contresens ou d’efforts pour tenter de comprendre la culture de l’Autre. Ces réceptions diverses, issues de parcours individuels et de rencontres singulières, qu’elles soient justes ou biaisées, donnent naissance à des points de vues à la fois riches et variés, auxquels il est nécessaire de laisser une plage d’expression à part entière.

Chantal CHEN-ANDRO, Cécile SAKAI et Xu SHUANG (dir.)

Imaginaires de l’exil dans les littératures contemporaines de Chine et du Japon Arles : Éditions Philippe Picquier, 2012. 328p.

Quelles ont été les évolutions de la notion d’« exil » dans la littérature chinoise et japonaise du vingtième siècle ? C’est l’une des questions que cet ouvrage collectif se propose d’aborder : les différents articles qui composent le recueil explorent ainsi les nombreuses facettes de l’exil sous des

angles politique, identitaire, linguistique et esthétique. Ils sont complétés par les témoignages d’auteurs tels que Philippe Forest ou Tawada Yôko, qui apportent l’éclairage de leur propre expérience. Cette somme de textes abondamment documentés montre que le déracinement, loin d’être stérile, est surtout source de création.

Histoire TAKAHASHI Tetsuya

Morts pour l’empereur : la question du Yasukuni Trad. par Arnaud Nanta. Préf. par Stéphane Audoin-Rouzeau Paris : Les Belles Lettres, Collection Japon, 2012. 170p.

Le sanctuaire shintô Yasukuni, situé au centre de Tokyo depuis 1869, célèbre le souvenir de 2 500 000 personnes, essentiellement des soldats japonais tombés au combat pendant la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels se trouvent plus d’un millier de criminels de guerre. Professeur de philosophie, Takahashi Tetsuya explore dans cet ouvrage la nature et les contradictions de ce site, pomme de discorde entre le Japon et ses voisins chinois et coréens. Questionnant la relation entre religion et politique, et plus largement le nationalisme moderne, l’auteur pointe le problème moral, civil, politique et géopolitique qu’est la persistance en ce lieu de l’idéologie du temps de l’empire colonial.

Botanique Cédric BASSET

Cultiver les plantes de Chine et du Japon Paris : Éditions Ulmer, 2012. 360p.

Sans équivalent pour les amoureux des jardins japonais toujours plus nombreux, cet ouvrage présente plus de 1 300 plantes, dont 760 en photo. La plupart, encore méconnues chez nous, apportent leur lot de floraisons, feuillages, fruits attrayants ou rameaux insolites, susceptibles d’agrémenter les jardins sous nos climats. Conifères, arbres et arbustes, vivaces et bulbeuses, etc., chaque espèce y est décrite avec les clés pour réussir leur culture, le tout formant un répertoire agréable à parcourir qui conviendra aussi bien aux amateurs de plantes extrême-orientales qu’aux curieux. L’auteur, Cédric Basset, a séjourné plusieurs fois en Chine, en Corée et au Japon, et cultive actuellement près de 5 000 espèces originaires de ces pays dans sa pépinière en Bourgogne.

Alimentation KAI Minori

Wagashi : petite encyclopédie de gâteaux et friandises traditionnels japonais Tokyo : Éd. de Tokyo, 2012. 118p.

Ce magnifique livre illustré tient de l’encyclopédie dans sa volonté de présenter sous tous ses aspects le monde sans pareil des délices sucrés japonais. Au fil d’un voyage dans les différentes régions du Japon, cette remarquable introduction nous plonge dans l’histoire des wagashi, explicite le rapport étroit qu’entretiennent ces gâteaux avec l’art du thé, nous renseigne sur les différentes catégories de douceurs et certains établissements prestigieux perpétuant des traditions parfois plusieurs fois centenaires… Surtout, l’ouvrage laisse entrevoir, à travers des exemples de gâteaux ou sucreries réputés, la richesse culturelle et esthétique de ces quelques bouchées aux évocations multiples.

Manga NISHI Jean-Paul

À nous deux, Paris ! Trad. par Corinne Quentin Arles : Éditions Philippe Picquier, 2012. 187p.

Il était une fois, un jeune Japonais attiré par la France… mais quand celui-ci découvre à ses risques et périls la capitale française afin d’y passer une année d’études, il n’est pas au bout de ses surprises... Nishi Jean-Paul raconte cette fabuleuse expérience dans ce manga où il livre une multitude d’anecdotes toutes aussi croustillantes les unes que les autres avec un humour sobre et irrésistible. Les dessins et le scénario volontairement dépouillés exposent les difficultés, ou les menus ravissements du quotidien, à travers le filtre de son regard tour à tour admiratif, perplexe, jouant tout autant de l’autodérision que de la critique vis-à-vis de ces étonnants Parisiens. Beaucoup d’étudiants étrangers cherchant leurs repères dans la jungle parisienne s’y retrouveront, et les autochtones y auront sans doute quelques petites leçons à prendre.

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