La lettre de la bibliothèque N°49

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Zoom

no 49 - Automne 2015

La lettre de la bibliothèque

sur...

Les magazines consacrés au Japon

Bibliothèque

Maison de la culture du Japon à Paris 101 bis, quai Branly 75740 Paris cedex 15 Tél. 01 44 37 95 50 www.mcjp.fr

De plus en plus de magazines tentent de répondre à l’intérêt croissant des amoureux et curieux du Japon. En plus des publications académiques et savantes, un certain nombre de revues existent désormais. Entre publications officielles, magazines commerciaux ou gratuits, voici une sélection de magazines disponibles dans notre bibliothèque : ■ Niponica Ce magazine mensuel est une publication officielle du ministère des Affaires étrangères du Japon. Diffusé en six langues (français, anglais, arabe, chinois, espagnol et russe), il a pour but de présenter le pays à l’étranger. Niponica est distribuée gratuitement par l’intermédiaire du service culturel des ambassades. Agréable et très illustré, Niponica présente les arts traditionnels, la cuisine, des localités, avec à chaque numéro un dossier spécial. ■ Zoom Japon Cette revue gratuite, née en 2010 chez Ilyfunet, éditeur du journal bilingue Ovni, et adossée au centre culturel Espace Japon, vise un lectorat français curieux de découvrir des sujets divers sur la société et la culture japonaises. Zoom Japon propose dans chacun de ses numéros mensuels un focus sur l’actualité, un dossier thématique ainsi que des rubriques : livre, cinéma, voyage et cuisine. Bien documentée tout en restant accessible pour tous, la revue suit également les événements culturels japonais en France.

Ouverture Du mardi au samedi de 13h à 18h Nocturne le jeudi jusqu’à 20h

Fermeture annuelle du 25 décembre 2015 au 4 janvier 2016 inclus

R. A. 4

G Photo : © BnF

■ Planète Japon Revue trimestrielle, Planète Japon se consacre à la culture populaire japonaise : J-Pop, manga, jeux vidéo, tout en proposant une sélection de livres et de DVD et une rubrique artisanat. Un grand dossier par numéro approfondit un aspect culturel ou social : le kabuki, les femmes japonaises, les « Japonais du Brésil », le marché de poissons de Tsukiji, les samouraïs, etc. Des reportages, des interviews et des articles sur les nouvelles tendances essaient de rendre l’accès à l’information sur le Japon agréable et varié pour la jeunesse française.

Pour aller plus loin, il existe par ailleurs un grand nombre de revues académiques, également disponibles dans notre bibliothèque. Pour ne citer que quelques-unes : Cipango, Ebisu (désormais disponible en ligne), Monumenta Nipponica, Social Science Japan Journal, The Journal of Japanese Studies…

Véronique Béranger, conservateur (BnF)

Fermeture Les dimanches, lundis et jours fériés

■ France Japon Eco Cette revue trimestrielle est publiée par la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Japon (CCFJ). Elle est la seule revue bilingue français-japonais spécialisée en économie. Répondant d’abord aux besoins des entreprises françaises ayant des activités ou voulant s’implanter au Japon, elle est spécialisée dans les relations économiques et industrielles unissant les deux pays. Des reportages, des interviews de représentants de secteurs en plein essor, renseignent sur les tendances du marché.

■ Hirag@na Times Revue commerciale, publiée mensuellement au Japon et distribuée sur abonnement, Hiragana Times est la revue pour se familiariser avec la langue japonaise ! Cette revue bilingue (japonais-anglais) propose aux lecteurs des articles traduits en vis-à-vis. De plus, la lecture de chaque caractère chinois (kanji) figure en syllabaire hiragana. De sujets d’actualité « Topics & Events », on passe à des articles facilitant la compréhension des us et coutumes, à des sujets de société et même à des jeux pour préparer le Test d’aptitude de la langue japonaise (JLPT). Dans chaque numéro, un cahier central d’exercices s’adresse aux apprenants de différents niveaux.

Les calligraphies de Tanaka Shingai au département des Manuscrits de la BnF

Directeur de la publication

Sawako Takeuchi Rédaction

Chisato Sugita Pascale Doderisse Racha Abazied Cécile Collardey Conception graphique et maquette

La Graphisterie.fr Impression

Imprimerie Moutot Dépôt légal : 3e trimestre 2015 ISSN 1291-2441

râce à la générosité du temple de Kurama et de l’Association Sho International de Lyon, 38 calligraphies de Tanaka Shingai (1942–2007), calligraphe japonais de renommée internationale, viennent d’entrer au département des Manuscrits de la BnF. Le département conservait jusqu’à présent quelques œuvres représentatives de la calligraphie japonaise contemporaine, réalisées par des artistes comme Arakane Dairin, Kaneko Otei, Nozaki Yûkoku, Fujita Kinji. Mais le don de ces 38 calligraphies de Tanaka Shingai, marque la première entrée conséquente dans ce domaine au département des Manuscrits. Tanaka s’est formé avec le maître Goshin Yasui dans l’école de calligraphie du temple Kurama à Kyôto. Il en reprend la direction à la mort de son maître. À partir de 1987, Tanaka navigue entre la France (Lyon), plusieurs pays d’Europe et le Japon, et s’installe à Lyon en 1998. Ce don, réalisé grâce aux efforts conjoints des amis et élèves du maître, est dans la ligne des principes qui ont guidé toute la vie de Tanaka : la diffusion de l’art de la calligraphie au Japon et dans le monde. En effet, loin d’en faire

une discipline liée à une transmission réduite, Tanaka a ouvert son enseignement de façon très large, au Japon et en Occident, et a tenté de montrer le caractère universel de la calligraphie japonaise. L’ensemble est composé de calligraphies réalisées à l’encre sur papier entre les années 1980 et le début des années 2000. La plupart sont montées en kakemono, avec des encadrements aux couleurs et aux compositions soigneusement choisies. Il s’agit principalement de caractères uniques qui évoquent la nature, la féminité ou la spiritualité bouddhique ; certaines œuvres sont des calligraphies de poèmes, de maximes, appartenant à une longue tradition littéraire. On trouve également des œuvres figuratives, issues de son travail sur les signes (onna : la femme, tori : l’oiseau). À travers cette sélection, le spectateur peut admirer les différents styles calligraphiques de l’artiste, la variété du trait, et le choix très précis de l’intensité de l’encre, préparée avec soin en frottant un bâton d’encre sur une pierre, et en ajoutant plus ou moins d’eau. Le pinceau est par exemple chargé et intense, le trait est sec, pour évoquer le caractère

du Char (Kuruma), dont les roues sont figurées au bas du caractère. L’angularité des lignes évoque le bruit, la vitesse. La calligraphie semble donner corps à l’objet. Même jeu avec l’œuvre Itsukushimu. La « compassion » est ici évoquée à l’aide d’un caractère archaïque qui confère à la composition solennité et présence. L’encre diffuse à la surface du papier japonais et en fait ressortir la douceur. Tanizaki Jun. ichirô compare d’ailleurs très justement le papier japonais à la « surface duveteuse de la première neige ». « Une partie du caractère peut être élargie, une autre réduite, modifiant ainsi son équilibre originel. L’angle d’attaque du pinceau et la direction de la ligne sont aussi d’importantes variables. Il est très important d’arriver à saisir à la fois les caractéristiques, la personnalité que possède chaque signe, et comment il est possible de les développer » déclare Tanaka Shingai1. La variété de ces œuvres illustre parfaitement sa recherche. Le lecteur pourra les consulter, au hasard des mots et des formes, sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF. ■ 1. Benoît Rengade, Tanaka Shingai, Sho : calligraphes de Kyoto. Centon éd., [2006], p. 44 1


Regard sur le fonds

Histoire Bénédicte FABRE-MULLER, Pierre LEBOULLEUX, Philippe ROTHSTEIN

Léon de Rosny 1837-1914 : De l’Orient à l’Amérique

Art KUSUNOSE Nichiren, Christophe MARQUET

Ôtsu-e : imagerie populaire du Japon Arles : Éd. Philippe Picquier, 2005. 252p.

Les Ôtsu-e sont des peintures populaires de style naïf, produites par des artisans anonymes aux environs d’Ôtsu, non loin de Kyôto, entre le XVIIe et le XIXe siècle. Si les thèmes bouddhiques comptent pour une part non négligeable les premiers temps, les sujets profanes abondent par la suite, parfois avec une visée morale ou didactique. Ces peintures sont redécouvertes dans les années 1920 par le mouvement de défense des arts populaires mingei, grâce notamment à Yanagi Sôetsu qui voyait en elles des « images allusives et pleines d’humour », et « sans doute l’unique moyen pour des gens du commun de critiquer la société ». Son contemporain Kusunose Nichiren, graveur de sceaux de son état, entreprend de sauvegarder ce patrimoine menacé et reproduit une centaine de ces œuvres par une technique mixte de gravure sur bois et de pochoirs. Soixante-dix-huit de ses gravures sont présentées ici, accompagnées de commentaires originaux.

Estelle LEGGERI-BAUER (dir.)

Des mérites comparés du saké et du riz Paris : Éd. Diane de Selliers, 2015. 240p.

La Bibliothèque nationale de France recèle de nombreux trésors, dont un rouleau japonais du XVIIe siècle illustrant un récit philosophique et humoristique, reflet de la société de l’époque. Des mérites comparés du saké et du riz parodie le genre de la « disputation », forme de débat cher au Japon médiéval, en l’axant sur cette question fondamentale : faut-il boire ou rester sobre ? Un noble amateur de saké, un moine gros mangeur et un guerrier plus modéré confrontent leurs points de vue, tandis que se profile en filigrane la vision de « la voie du milieu » propre au bouddhisme Tendai alors influant. Pour mettre en valeur cette œuvre unique, Diane de Selliers, éditrice de livres d’art de grande qualité, s’est associée à la BnF ainsi qu’à une équipe de chercheurs de renom. Il en ressort un superbe ouvrage recouvert de soie, assemblant savamment les images du rouleau aux couleurs minutieusement retravaillées, la traduction du texte et des articles de recherche sur leurs significations et contexte.

2

Préf. par François Macé Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, coll. Documents et témoignages, 2014. 430p.

Homme aux centres d’intérêts et domaines de recherche multiples (linguistique, ethnologie, religions, épistémologie, etc.), Léon de Rosny se consacra non seulement à l’étude de la Chine, du Japon et des autres pays d’Asie orientale, mais aussi à l’Amérique centrale. Léon de Rosny est un pionnier et un passeur de cultures passionné de la seconde moitié du XIXe siècle. Maîtrisant une quinzaine de langues, il s’est construit au fil des ans une éducation éclectique, hors cursus classique. Il cumule les fonctions de chercheur, philologue ; il sera aussi traducteur, journaliste, photographe, dessinateur, éditeur, imprimeur… Il est notamment à l’origine des premières traductions de textes littéraires japonais en France. Cent ans après sa mort, cet ouvrage revient sur un itinéraire rare et une œuvre surprenante qui fascine encore.

Société Léna MAUGER, Stéphane REMAEL

Les évaporés du Japon : Enquête sur le phénomène des disparitions volontaires Paris : Éditions des Arènes, 2014. 253p.

Jôhatsu, « l’évaporation », ou l’art de disparaître sans laisser d’adresse, est un phénomène courant dans la société japonaise. Poussés par des raisons diverses – économiques, familiales – les évaporés partent discrètement avec l’espoir de se reconstruire ailleurs loin d’une situation d’échec et du sentiment de déshonneur sous-jacent. Léna Mauger, journaliste, s’est associée au photographe Stéphane Remael pour aller à leur rencontre et recueillir l’histoire de certains d’entre eux. Le livre qui en résulte égrène des récits poignants bâtis sur leur propre témoignage, ceux de leurs proches ou de détectives engagés pour retrouver leurs traces. En toile de fond, les photos d’un monde de misère humaine et de solitude révèlent un Japon de l’ombre où les liens humains semblent bien fragiles face aux priorités économiques et aux conventions sociales.

Littérature ISAKA Kôtarô

La mort avec précision Trad. par Corinne Atlan Arles : Éd. Philippe Picquier, 2015. 403p.

Le dieu de la Mort ne chôme pas. Sous une apparence humaine, il se livre à une enquête sur tel humain pendant sept jours, avant de décider si celui-ci mourra prématurément ou non. Étranger aux mœurs humaines, il partage sans émotion son travail avec d’autres fonctionnaires de l’au-delà, s’abandonnant juste au plaisir de la musique terrestre. Créateur d’univers souvent au carrefour du thriller, du fantastique et du roman d’initiation, Isaka Kôtarô tisse sa toile entre six personnages, six récits, ménageant son suspense et mettant à jour quelques thèmes universels de la comédie humaine.

MINATO Kanae

Les assassins de la 5e B Trad. par Patrick Honnoré Paris : Éditions du Seuil, coll. Policiers, 2015. 242p.

Ce titre, très remarqué au Japon, est le premier roman de l’auteure, qui écrira par la suite Shokuzai, adapté au cinéma par Kurosawa Kiyoshi. Au centre de ces deux œuvres, le personnage marquant d’une mère dont la fille a été assassinée. Ici, la mère enseignante, dans un discours d’adieu à sa classe de 5e B accuse nommément deux élèves et leur annonce sa vengeance. Les chapitres suivants adoptent le point de vue d’autres protagonistes, de la déléguée de classe aux garçons accusés, jusqu’à ce que la boucle soit bouclée avec la mère de nouveau, et la révélation d’une machination glaçante. Harcèlement entre écoliers, fossé entre les sexes, poids des traditions familiales… En plus d’être un thriller bien tourné, ce roman offre une vive critique de certains aspects de la société japonaise.

la littérature policière japonaise : les déformations corporelles extrêmes, « les monstres », les enquêtes scientifiques « à la Sherlock » et les relations amoureuses tout en nuances. On est véritablement happé par une intrigue pleine de rebondissements et un style unique, oscillant entre perversion, érotisme et grotesque.

Architecture Bruno TAUT

La maison japonaise et ses habitants Trad. Daniel Wieczorek Douai : Éditions du Linteau, 2014. 349p.

Si l’Europe a commencé à découvrir la civilisation et l’art japonais à la fin du XIXe siècle, l’architecture est longtemps restée méconnue. En 1933, Bruno Taut, architecte allemand fuyant l’Allemagne nazie, se rend au Japon où il séjournera trois ans. Voyageur infatigable, curieux de tout, avide de visiter les hauts lieux de l’architecture locale, il tient scrupuleusement un journal qui servira de base à cet ouvrage publié au Japon en 1937. Son regard sur la maison japonaise, très éloigné de la condescendance habituelle des Européens d’alors, est bienveillant et admiratif : il interroge le moindre aspect des choses, des sujets techniques aux questions économiques, sociales, voire philosophiques. Agrémenté de ses propres photos et croquis, ce livre d’une grande richesse est un témoignage émouvant qui a aussi contribué à faire prendre conscience aux architectes japonais de la valeur de leur habitat traditionnel.

Cinéma Robin GATTO

Hideo Gosha, cinéaste sans maître EDOGAWA Ranpo

Le démon de l’île solitaire Trad. par Miyako Slocombe Paris : Wombat, coll. Wazaru, 2015. 311p

Le démon de l’île solitaire (Katô no oni, 1930) est un roman fantastico-policier dont la narration, plutôt classique, mêle enquête et suspense. Peu après son mariage, une jeune épouse est assassinée dans sa chambre pourtant fermée à clé. Anéanti par la douleur, son mari engage un détective privé, tué à son tour, mais qui laisse une série d’indices menant à une île où se déroulent des expériences effrayantes. On retrouve dans ce roman de nombreuses thématiques chères à Ranpo, maître incontesté de

Intro. par Christophe Gans La Madeleine : LettMotif, 2014. 2 tomes : 292p. 392p.

Cette monographie richement illustrée de photographies inédites est le fruit de huit années de travail de Robin Gatto, journaliste, traducteur, réalisateur et monteur. Elle est aussi la première en langue française consacrée à Gosha Hideo, réalisateur iconoclaste et grand spécialiste de chambara (films de sabre) et de yakuza eiga (films de yakuza yakuza), ou encore de kuruwa monogatari (histoires de prostituées), encore méconnu du grand public français. Les deux tomes regroupent une longue partie biographique, des témoignages et entretiens, une filmographie complète ; ainsi que des analyses des films et séries disponibles. Un travail remarquable pour découvrir ce réalisateur que l’on surnommait « Gosha Jet-de-Sang ». 3


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