A l'ombre de nos clochers décembre 2014

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N°14 Décembre 2 0 1 4 SUPPLÉMENT AU JOURNAL D I M A N C H E NO :

AGRÉGATION

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Si faire était aussi aisé que de savoir ce qu’il faut faire, les chapelles seraient des églises et les chaumières des pauvres gens des palais de prince. Jean Amadou

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CAHIER PAROISSIAL DOYENNÉ DE FRASNES-LEZ-BUISSENAL

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Une cloche annonce, réveille. Tous des cloches.

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Un lapin, ca ne sert pas à rien. Tondeuse bio.

POUR RASSEMBLER : IL SUFFIT PARFOIS D’UN FEU 19973-Tournai-N14-12-2014.indd 1

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DOYENNÉ DE FRASNES-LEZ-BUISSENAL

À VOTRE SERVICE M. l’Abbé Xavier HUVENNE, doyen, curé d’Ainières, Anvaing, Arc, Buissenal, Cordes, Dergneau, Ellignies, Forest, Frasnes-lez-Buissenal, Hacquegnies, Herquegies, Montrœul-au-Bois, Moustier-au-Bois, Oeudeghien, Saint-Sauveur et Wattripont, Grand Place, 10 - 7911 Frasnes-lez-Buissenal (Tél. 069/86 68 29) xhuvenne@gmail.com Permanences le mercredi de 18 h 30 à 19 h 30 et le vendredi de 9 h à 12 h à la cure.

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Et voici le dernier numéro du supplément au «Dimanche» Voici un travail de patrologie qui vous fera découvrir les différents niveaux de lecture. Je pars d’une homélie d’Origène.

M. l’Abbé Pierre Gendarme, curé d’Ellezelles, Grand-Monchaut, La Hamaide, Wodecq et Flobecq, rue d’Audenarde, 32 - 7890 Ellezelles (Tél. et fax : 068/54 24 56). Permanence le mardi de 9 h à 12 h. M. l’Abbé Philippe PARDONCE, Vicaire de l’Unité pastorale, place d’Anvaing, 22 - 7910 Anvaing (Tél. 069/22 21 82 ; gsm 0498/37 94 30) ; pardonce@yahoo.fr

Le Diacre François Moreau, Chaussée de Lessines 51 7890 Ellezelles (tél. 068/54 26 40.) Secrétariat décanal, Grand place, 10 - 7911 Frasnes-lez-Buissenal (Tél. 069/86 68 29 Fax. 069/86 85 58). Permanences : le mercredi de 18 h 30 à 19 h 30 et le vendredi de 9 h à 12 h. Il est conseillé pour les demandes de messes, de baptêmes ou d’autres sacrements, de prendre contact avec le secrétariat aux heures de permanences.

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M. l’Abbé Jean GERARD, Vicaire dominical, Chaussée de Renaix, 196 - 7500 Tournai. (Tél. 069/84 74 28.)

«Homélies sur la Genèse» : L’arche de Noé (Origène)

a) Vie d’Origène Origène est vraisemblablement né vers 185, à Alexandrie. Alexandrie est à l’époque un haut lieu du judaïsme et du christianisme. Il y avait dans cette ville une école très importante, trouvant dans la pensée grecque de nouvelles manières de penser. «La tradition théologique alexandrine est de type spiritualiste et volontiers mystique. Elle interprète l’Ecriture Sainte dans un sens plus allégorique que littéral ; c’est la philosophie platonicienne qui la marque» (Théo. L’encyclopédie pour tous», éd. Droguet & Ardant, Paris, 1992, p. 314). Pour sa part, Origène, issu d’une famille chrétienne, enseignera la grammaire, la catéchèse et la philosophie chrétienne. Quand il a plus ou moins trente ans, sous la pression d’un mécène, Ambroise, qu’il a converti à la foi, il accepte d’écrire. Vers 232, suite aux hostilités de l’évêque d’Alexandrie à son égard, il part à Césarée, en Palestine. Là, il sera ordonné prêtre et continuera à écrire. Il fut un ardent défenseur de la foi trinitaire, s’opposera souvent au marcionisme et aux mouvements gnostiques. En 250, lors de la persécution de Dèce, il est arrêté et torturé. Brisé dans sa santé, il meurt peu après probablement à Tyr. Origène écrira énormément ! «D’après les témoignages d’anciens, il a composé quelque 260 tomes de commentaires et près de 50 homélies. Il ne subsiste plus aujourd’hui que 31 tomes et 25 homélies» (Lacoste J-Y, «Dictionnaire critique de théologie», PUF, 1998, p. 833). De plus, la plupart de ces textes ne sont accessibles que dans des traductions de Rufin ou Jérôme en latin, faites au début du Ve siècle. Ces traductions sont assez approximatives. Toutefois, elle semble garder le style et le but d’Origène.

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Origène avait une connaissance de la Bible très importante. Il écrira un livre intitulé «Les Hexaples», qui est une sorte de synopse de six traductions différentes de l’Ancien Testament. Son but était d’analyser le texte hébreu par rapport aux différentes traductions grecques. En lien à sa connaissance de la Bible, Origène est aussi connu comme étant un «théoricien de l’herméneutique et un praticien de l’exégèse.» Il développera en effet les différents sens de l’Ecriture : le sens littéral, le sens spirituel, le sens moral et le sens allégorique. Grâce au sens allégorique, il va commenter l’Ancien Testament avec le Nouveau. C’est ce que nous allons voir à travers ce travail. Nous allons analyser comment Origène jongle avec les différents sens de l’Ecriture, comment il use des allégories et comment le Nouveau Testament éclaire l’Ancien Testament, et réciproquement.

Origène avait une connaissance très poussée de l’Ecriture. Mais, il est surtout connu comme étant celui qui a le mieux appliqué l’exégèse allégorique, à l’Ecriture. Ce procédé était déjà employé à l’époque hélennistique, aux VI-Ve siècles av. J.C., afin de défendre les auteurs sacrés accusés d’impiété et d’immoralité. Cette méthode suppose qu’il y a sous la lettre du texte un autre sens qui est caché. Origène appliquera cette méthode. Selon lui, il y a un sens spirituel présent dans toute l’Ecriture, qui est fondamental. Nous avons à demander l’Esprit du Christ pour qu’il nous aide à saisir ce sens spirituel déposé par l’Esprit sous la lettre. Cette méthode demande d’être très attentif aux mots du texte et à leurs différentes implications.

c) Présentation du texte choisi pour faire ce travail Pour faire ce travail, j’ai lu diverses homélies d’Origène sur la Genèse, et j’ai retenu celle sur l’arche de Noé. Cette homélie me semblait la plus adéquate pour ce travail. Il n’est pas évident de dater ces homélies, mais il semblerait, d’après les dires d’autres pères de l’Église, que celles-ci furent dites par Origène dans la dernière partie de sa vie, alors qu’il était encore à Alexandrie. Origène ne les auraient pas dictées à ses copistes, mais ce sont les copistes qui les ont prisent en sténo alors qu’Origène les disait. Ces homélies ne furent pas conservées dans leur version originale, en grec. Nous ne

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b) La méthode exégétique d’Origène

disposons aujourd’hui que d’une copie, en latin, datant du début du Ve siècle, faite par Rufin. Cette traduction reste fidèle à la pensée d’Origène, mais n’est pas très méticuleuse. En effet, Rufin n’hésitait pas à écarter certaines parties qu’il jugeait sans importance pour ses contemporains, à changer parfois l’ordre des phrases,… Toutefois, «Pour ce qui est de nos homélies, et du but spirituel qu’elles se proposent, nous pouvons faire confiance à rufin. Il met Origène à la portée d’un lecteur qui ne sait pas le grec, il ne le trahit pas» (Origène, «Homélie sur la Genèse», Source Chrétienne 7bis, éd du Cerf, 1985, p. 22). L’homélie sur l’arche de Noé est divisée en trois parties. La première s’attache au texte en lui-même, tel qu’il nous est donné dans le livre de la Genèse. Il explique essentiellement les différentes caractéristiques de l’arche : sa composition, sa taille, son «architecture»,… Par cette description, Origène veut démontrer que ce récit est tout à fait plausible. Origène s’en tient au sens littéral du texte. Toutefois,

«Origène aurait conscience de pécher s’il s’en tenait au sens littéral, s’il n’invitait pas les chrétiens à écouter au-delà ou plus profondément, toujours plus vers le Christ. Il faut ouvrir les Ecritures» (L. Villey, «Origène, lecteur de l’Ecriture», supplément Cahier évangile 96, éd. Du Cerf, 1996, p. 26). C’est pourquoi, dans la seconde partie, Origène tente de donner une explication spirituelle à la description de l’arche qu’il vient de faire. Il va lui donner un sens. Le paragraphe introduisant cette partie dit bien l’objectif d’Origène : «Prions d’abord maintenant Celui qui seul peut ôter le voile dans la lecture de l’Ancien Testament, et tentons de chercher quel genre d’édification spirituelle contient aussi cette magnifique construction de l’arche» (Origène, «Homélie sur la Genèse», Source Chrétienne 7bis, éd du Cerf, 1985, p. 89). Finalement, la troisième partie va donner un explication morale. Son but n’est pas de faire une morale philosophique, mais d’expliquer comment mener au mieux sa vie en relation avec Dieu.

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« Homélies sur la Genèse » : L’arche de Noé (Origène) (suite) Pour répondre à cette première question, je vais essentiellement me baser sur la deuxième partie de l’homélie. J’ai déjà cité le paragraphe introduisant cette partie. Origène, se basant sur «2 Cor 3, 14», prie le Christ de venir éclairer ce récit. Selon lui, le lecteur doit recevoir l’Esprit du Christ pour saisir au delà de la lettre du texte, le sens que l’Esprit divin a déposé dans le texte. Origène va employer plusieurs méthodes pour éclairer le texte. Il emploiera souvent le Nouveau Testament et les paroles du Christ pour cela. Par la suite, une série de parallèles seront faits entre Noé et Jésus, entre les animaux dans l’arche et les membres de l’Église, entre l’arche et l’Église,… Si on a conscience de ces parallèles, nous remarquons aisément comment le Christ donne un sens nouveau à ce récit. Noé est désigné par Dieu pour être l’architecte de l’arche. Si nous reprenons les parallèles, nous découvrons Jésus comme étant l’architecte de l’Église. Origène travaille souvent de cette façon là. Le but des homélies d’Origène est plus d’actualiser la Parole que de l’expliquer. Son style est tout différent des exégètes modernes. Selon Villey, «l’exégète restera d’abord un pasteur» (L. Villey, «Origène, lecteur de l’Ecriture», supplément Cahier évangile 96, éd. Du Cerf, 1996, p. 13). De plus, chaque passage est relu en relation avec le Christ en faisant des allégories. Origène est persuadé que dans l’Ecriture, ou l’Ancien Testament, tout le mystère du Christ est présent. Même dans les dimensions de l’arche, qui peuvent nous sembler superflues, Origène y interprète les dimensions du mystère du Christ. Un petit exemple nous aidera à comprendre. Prenons la largeur de l’arche. Il est dit qu’elle faisait 50 coudées. Or, le chiffre 50 est celui de la remise des dettes, de la rémission (cfr Lév. 25, 10). «Or le Christ, Noé spirituel, dans son arche, c’est-à-dire dans l’Église, où il sauve le genre humain de la destruction, a attribué à la largeur ce nombre de 50, qui est celui de la rémission. Car, s’il n’avait pas accordé la rémission des péchés aux croyants, la «largeur» de l’Église ne se serait pas dilatée à travers le monde» (Origène, «Homélie sur la Genèse», Source Chrétienne 7bis, éd du Cerf, 1985, p. 102103). Comme nous pouvons le constater, le Christ donne un sens nouveau et définitif à l’Ecriture. La proximité de Dieu que nous voyons dans le récit de l’arche de Noé s’ac-

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Comment le Christ est-il la clé de l’Ecriture, ou de l’Ancien Testament ?

tualise et trouve un nouveau sens par Jésus. Ce ne sont plus les animaux qui sont appelés à être sauvés mais tous les hommes, grâce à Jésus.

Comment l’Ancien Testament est-il nécessaire pour comprendre le Nouveau Testament ? Par les différentes explications qu’Origène nous donne de l’arche de Noé, nous constatons que ce récit assez ancien nous parle encore aujourd’hui. Ce n’est pas qu’un récit mythique et dépassé. Apelles, un disciple de Marcion signalé dans la première partie de l’homélie, voit l’Ancien Testament comme étant «un grand mythe sans intérêt». Il va même jusqu’à dire «Il est donc clair que l’histoire a été inventée ; et puisqu’il en est ainsi, il est clair que cette écriture n’est pas de Dieu.» (Origène, «Homélie sur la Genèse», Source Chrétienne 7bis, éd du Cerf, 1985, p.87). Origène va donc défendre l’historicité du récit de l’arche, dans cette première partie, en essayant de démontrer qu’il n’est pas idiot de

croire au fait que le récit se serait produit un jour. Origène va s’intéresser au sens littéral. Sa question est «que dit la lettre ?» Nous pouvons ne pas être tout à fait d’accord avec Origène sur ce point. Mais nous ne pouvons pas être d’accord avec Apelles non plus. Il est faux de croire que ce récit n’est qu’une invention humaine, qu’il n’est pas de Dieu et qu’il n’a rien à nous dire aujourd’hui ! Les interprétations spirituelles et morales qu’en donne Origène le montrent très bien. Le récit de l’arche de Noé, mis en parallèle avec l’œuvre salvatrice opérée par Jésus Christ donne un tout autre éclairage pour comprendre la Nouvelle Alliance, ou le Nouveau Testament. Tout le Mystère du Christ est déjà contenu dans l’Ecriture. Le texte de l’arche est en quelque sorte un modèle de ce que Jésus fera avec l’humanité. C’est le plan de ce qui se passe dans le Nouveau Testament. Jésus est venu éclairer le Mystère, lever le voile. Rappelons nous ce que Jésus fit avec les disciples d’Emmaüs. «Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.» (Lc 24, 27).

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Origène emploie exactement la même méthode. À partir des textes de l’Ecriture, l’arche de Noé par exemple, il montre comment le Christ et son œuvre salvatrice sont annoncés derrière la lettre. Pour ce faire, l’interprète doit faire très attention à chaque terme, le sens dans lequel ce terme est employé,… Ainsi, le sens spirituel apparaît. Donnons un exemple. Dans le texte de la genèse, Dieu explique à Noé les dimensions de l’arche : sa hauteur, sa longueur et sa largeur. Nous en avons déjà parlé avec les chiffres attribués à ces mesures. Nous pouvons encore en dire quelque chose. Si ces mots sont mis en parallèle avec ceux de st Paul, ils acquièrent un nouveau sens assez significatif. «… qu’Il fasse habiter le Christ en vos cœurs par la foi ; enraciné dans l’amour, vous aurez ainsi la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur,…» Les dimensions de l’arche sont donc selon Origène, celles du mystère du Christ. Ici l’Ancien Testament éclaire d’une certaine manière le Nouveau Testament. Nous pouvons aussi donner comme autre exemple, que si nous mettons Jésus en parallèle à Noé, nous comprenons mieux grâce à Noé, la mission que Jésus a reçu de son Père. Il a à construire une arche afin de sauver les hommes. Cette arche, ce sera l’Église. L’Ancien Testament permet de comprendre le Nouveau. Le récit de l’arche est une des figures, un des types de l’œuvre du Christ. Comment le sens mystique est lié au sens doctrinal… et comment le sens moral est lié au sens doctrinal ?

a) Comment le sens mystique est lié au sens doctrinal ? En lisant cette homélie d’Origène nous voyons assez directement que plusieurs sens s’interpénètrent. Nous voyons dans la première partie, le sens littéral. Origène commente la lettre, afin de la référer à ce qui s’est passé, à l’événement historique. Il dégage ainsi le type, ou la figure. Ensuite, il va donner le sens spirituel. Pour cela, il va relire complètement le récit, mais en ayant en vue le Mystère. C’est-à-dire le Christ et l’Église. C’est le même modèle de récit. C’est la même figure. La structure des événements peut être vue en parallèle grâce au sens doctrinal, ce qui permet de donner le sens mystique. Par le sens doctrinal, tout est vu sous un nouvel angle. Nous pouvons toujours redonner le

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même exemple que tout à l’heure : le Christ est le véritable Noé. Origène va même expliquer cette affirmation grâce à l’étymologie du nom de Noé. Selon Origène, «Noé» veut dire «le repos». Mais celui qui va vraiment donner le repos, c’est le Christ ! De plus, c’est le Christ qui nous a libéré, qui nous a fait sortir de la condamnation. En effet, qui est le véritable Noé… ? Qui est celui qui nous donne le repos ? Nous constatons que le sens mystique et le sens doctrinal sont liés l’un à l’autre, tout en étant en lien au modèle donné par le sens littéral. Prendre conscience de la manière dont le Christ a agi pour nous sauver, en construisant l’arche qu’est l’Église, nous fait contempler le Mystère différemment. Le sens mystique sera tout différent. Voici un autre exemple : il était demandé à Noé de se faire une arche en bois équarris. Qu’en est-il pour Jésus selon Origène ? Jésus se fit également une arche : l’Église. Les bois équarris de celle-ci, sont les docteurs, les maîtres et les zélateurs de la foi.

Il réconforte les «animaux» ou chrétiens, à l’intérieur et les protègent contre les «eaux», ou les «attaquants du dehors, gentils ou hérétiques, et à ceux qui soulèvent les flots des objections et les tempêtes des discussions». Les chrétiens, à l’intérieur ne sont pas tous «logés» de la même façon. Dieu avait commandé à Noé de faire plusieurs étages, et Noé fit certainement des niches de tailles différentes d’après la taille de l’animal. Pour Origène, grâce au sens doctrinal, il en va de même dans l’Église aujourd’hui. Tout le monde n’occupe pas la même place. «Ni les mérites, ni les progrès dans la foi ne sont les mêmes pour tous ; c’est pourquoi cette arche ne renferme pas pour tous le même logement (…) Cela montre que dans l’Église, bien que tous soit contenu à l’intérieur d’une même foi et baignés dans un seul baptême, tous ne progressent pas ensemble ni de la même façon, mais chacun à son rang.»

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Par le sens doctrinal, nous comprenons mieux la structure du Mystère de l’Église qui est le moyen employé par le Christ pour nous sauver, pour être en lien avec nous. Nous recevons un sens mystique. Il y a encore bien d’autres exemples, mais on sent que le sens doctrinal permet de contempler le Mystère à travers les textes de l’Ecriture. C’est véritablement une contemplation de la mission du Christ. La manière dont Dieu allait agir était déjà préfiguré dans l’Ecriture.

Pour répondre à cela, il n’y a qu’à regarder la troisième partie de l’homélie. Cette partie à pour objectif d’enseigner les chrétiens sur ce qu’ils ont à faire. Origène ne s’arrête donc pas seulement pour voir comment le récit de Noé préfigure déjà celui du Christ et de l’Église. Comme Origène dit : «Mais, puisque pour l’arche que nous nous efforçons de décrire, l’ordre de Dieu est qu’elle soit construite non seulement à deux mais à trois étages, prenons soin, nous aussi, à la double explication qui précède, d’en ajouter encore une troisième selon le précepte divin» (Origène, «Homélie sur la Genèse», SC 7bis, éd du Cerf, 1985, p.107). Ce sera l’explication morale. Origène repart du texte de l’arche, en utilisant à nouveau le système de l’allégorie ou le sens doctrinal. Il voit comment le modèle du récit de l’arche de Noé préfigure la tâche des chrétiens. La figure de Noé n’est plus Jésus ici, mais le chrétien. En effet, celui qui sera le constructeur de l’arche, c’est celui qui parviendra à se détourner du mal et à se mettre à l’écoute de la parole de Dieu. Il construit dans son cœur, l’arche qui va accueillir les paroles de Dieu. Origène désignera même cette arche comme une bibliothèque, qui va accueillir tous les livres nécessaires à élever l’âme. Le chrétien va la construire, avec «comme longueur, largeur et hauteur, la foi, la charité et l’espérance» (Ibid p.109). Nous voyons bien ici comment le sens doctrinal indique aux chrétiens de vivre différemment. En effet, selon Origène, «il ne suffit pas à un chrétien fervent de venir à l’église et de prendre part aux cérémonies liturgiques. Il faut encore qu’il lise assidûment les livres saints et se nourrisse de la Parole divine. Origène recommande aux fidèles de construire dans leur cœur une bibliothèque dont la Bible sera le plus bel ornement» (G. BARDY, «Origène», J. Gabalda et Fils éditeurs, Paris, 1931, p.184). Dans cette arches, les niches seront pour les

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b) Comment le sens moral est lié au sens doctrinal ?

différentes vertus et progrès. Dans le récit de la Genèse, il est toutefois dit de mettre dans l’arche des animaux purs et impurs ! Origène fera donc remarquer que dans notre cœur en en est presque de même ! Dans l’arche qu’est notre cœur, assez naturellement, il y a aussi des animaux impurs, tels que la colère ou la méchanceté. Elles amènent l’homme à pécher, mais Origène dit que nous ne pourrions pas vivre sans. «Comme on ne peut ni pourvoir à la descendance d’une race sans la concupiscence, ni assurer la correction et l’éducation sans la colère, on dit qu’elles sont nécessaires et qu’il faut les garder» (Origène, «Homélie sur la Genèse», Source Chrétienne 7bis, éd du Cerf, 1985, p.113). Par l’allégorie, ou le sens doctrinal, Origène donne les sens moral.

Conclusion Par ce travail, nous découvrons une méthode pour lire et interpréter l’Ecriture différente de la méthode historico-critique. Origène va plutôt considérer les textes tels qu’ils sont et ensuite, il va chercher à «les faire

parler». Origène excellait dans cette discipline. Nous avons vu grâce à lui comment le Christ et le Nouveau Testament éclairent l’Ancien Testament ou l’Ecriture. Mais nous avons aussi constaté juste après que la réciproque est tout aussi vraie. Les Ecritures éclairent le Nouveau Testament. Dans les textes de l’Ancien Testament, nous pouvons trouver en quelque sorte des traces nous annonçant le Mystère, c’est à dire le Christ et l’Église. Nous pouvons dire que l’Ancien et le Nouveau Testament ont un même degré d’importance. Cette constatation est très pertinente pour notre époque où l’on néglige trop souvent l’Ancien Testament. Le sens de certains textes n’est pas facile à comprendre, mais Origène nous montre par des allégories, que ce sont tout de même des textes à travers lesquels Dieu se révèle ! Nous avons pu le constater aussi, Origène n’en reste pas qu’à l’explication des Mystères, ou au sens dit spirituel. Il va aussi, en employant toujours le sens allégorique, nous montrer comment le texte nous interpelle toujours aujourd’hui, pour mener notre vie de chrétien. C’est le sens moral.

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RÉGION PASTORALE D’ATH

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Journal «Dimanche» Le réabonnement, c’est maintenant ! Chères lectrices, et chers lecteurs, Chaque semaine, Dimanche vous fait découvrir la vie et les activités de nombreux chrétiens, ainsi que de multiples réalités de votre région, de Belgique et d’ailleurs. En plus d’être ce témoin privilégié de la vitalité du monde chrétien autour de nous, il poursuit sa mission d’information et de réflexion malgré l’arrêt, à regret et pour raisons économiques, des cahiers mensuels. Retrouvez dans ce journal un courrier de réabonnement pour l’année 2015. À bientôt, I L’équipe de Dimanche.

MCBF

«Nous vivons un temps de surinformations et nous ne parvenons pas toujours à démêler le vrai du faux, l’essentiel de l’accessoire. Pour notre information religieuse, nous ne pouvons pas nous contenter de quelques bribes à l’occasion d’un JT ou d’une émission «Devoir d’enquête». Le journal Dimanche a vraiment évolué. À chaque parution, de grands thèmes sont traités, nous assurant ainsi une information de qualité et, ses articles de fond viennent parfaire notre formation religieuse, chose indispensable si nous voulons progresser dans la foi et pouvoir nous mettre au service de la communauté.» (Message adressé aux abonnés de leur paroisse par Georges et Maria Buttol, responsables locaux du journal Dimanche depuis 20 ans).

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DIOCÈSE DE TOURNAI Retrouvez l’agenda du diocèse sur www.diocese-tournai.be et l’information en continu sur www.InfoCatho.be

La maison de Mesvin, baromètre du diocèse Pour une réunion de travail, comme pour suivre une formation biblique, Mesvin est un lieu incontournable du diocèse. Plusieurs milliers de personnes profitent chaque année de cette belle infrastructure.

V. Minet / Maison diocésaine

de l’entretien des lieux (bâtiments, parc et cuisine notamment), tandis que les autres employés sont chargés de l’accompagnement spirituel et de l’animation qui, rappelle Vincent Minet, consiste à «mettre une âme» dans ce large espace. Comme les deux autres maisons diocésaines (à Mons et à Bonne Espérance), la vie de Mesvin est intimement liée à celle du diocèse. «Dans les conclusions du synode, raconte le directeur, le besoin de convivialité a été souligné. Pour être communauté, il faut se voir, s’entendre… Bref, passer du temps ensemble. » C’est de là que les projets naissent. Derrière les mots de Vincent Minet, on devine le nombre de rencontres et de discussions dans les couloirs de cette maison diocésaine qui ont abouti sur une activité nouvelle organisée en Église.

Les nombreux groupes accueillis à la maison diocésaine de Mesvin, près de Mons, ont remarqué quelques changements ces derniers mois : les personnes à mobilité réduite peuvent enfin entrer normalement dans les bâtiments via une rampe d’accès. Les personnes âgées avaient préalablement du mal à monter l’escalier. Heureusement, le menuisier a offert le bois et des volontaires ont aidé à couler le béton. «A chaque fois que des besoins sont là, la Providence nous a aidés », remarque Vincent Minet, animateur en pastorale et directeur de la Maison diocésaine. «Plutôt qu’un problème de moyens, c’est une question de volonté». Mesvin entamera l’année prochaine, en 2015, deux autres chantiers : la rénovation en profondeur du parc de cinq hectares, et plusieurs aménagements intérieurs pour une plus grande convivialité. Comme le souligne le directeur, « la maison atteindra alors les meilleures conditions possibles pour accueillir les groupes». C’est la mission essentielle de cette maison diocésaine. A Mons, point central sur le territoire du Hainaut, elle accueille des personnes ve-

nues des quatre coins du diocèse. Vincent Minet constate : «C’est pratique pour les commissions dont certains membres viennent de Comines autant que de Chimay.» La large capacité d’accueil des six salles de la maison ainsi que de la chapelle font rêver les participants aux réunions venus d’autres diocèses. Le 11 novembre dernier, une réunion interdiocésaine rassemblait, par exemple, des groupes de préparation au mariage venus aussi bien de Bruxelles que du Brabant wallon qui enviaient la qualité de ce lieu. Cela explique la fréquentation : Mesvin a accueilli 6000 personnes en une seule année (2013).

Chaque personne qui vient, c’est le Christ qui entre Au-delà des statistiques, cette maison diocésaine répond à une philosophie que résume l’animateur en pastorale : «Chaque personne qui vient chez nous, c’est le Christ qui rentre.» Une équipe de sept personnes travaille à assurer un accueil chaleureux, convivial et familial de ces «pèlerins d’un jour». La moitié de cette équipe s’occupe

Des travaux à prévoir en 2015 Pour améliorer cette qualité conviviale, plusieurs nouveaux travaux sont espérés en 2015 : d’abord, la chapelle a besoin d’une isolation sonore pour que le recueillement intérieur ne soit pas perturbé par les discussions dans les couloirs voisins. Ensuite, les personnes les plus âgées ont souvent besoin d’une sieste après le repas pour mieux participer aux réunions de l’après-midi. Un nouvel espace détente qui devrait s’appeler «Bethanie» est prévu pour permettre ces temps de pause, au calme. Ces deux aménagements s’ajouteront aux dispositions déjà existantes : d’excellents repas, des ressources en livres, icônes et chapelets grâce à une antenne de la librairie Siloë, la perspective d’une belle promenade dans le parc, etc. Mesvin est un lieu où il fait bon aller. I Anne-Françoise de Beaudrap La maison de Mesvin a besoin du soutien financier. Pour verser un don : BE8806 80 92 22 9041.

Médias Catholiques Belges Francophones (mcbf.be) – CCMC asbl – Chaussée de Bruxelles, 67/2 à 1300 Wavre – tel : +32 (0) 10/235 900 – info@mcbf.be Directeur de rédaction et éditeur responsable : Jean-Jacques Durré – Directeur adjoint : Cyril Becquart – Accompagnement des paroisses : Anne-Françoise de Beaudrap. Les contenus rédactionnels et les images fournis par les paroisses et les Unités Pastorales sont publiés sous leur entière responsabilité. Fil info : redaction@mcbf.be – L’actualité en continu : www.InfoCatho.be En coréalisation avec Bayard Service Édition – Parc d’activité du Moulin, allée Hélène Boucher BP60090 – 59 874 Wambrechies CEDEX

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