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Partenaires 143 / Mai 2012
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La Médiathèque départementale a 30 ans
Un nouveau plan pour la lecture
Depuis sa création en 1982, la Médiathèque départementale du Nord s’est développée sur le territoire. Elle s’est aussi transformée pour suivre l’évolution des pratiques culturelles. Et c’est loin d’être fini… « En 1945, l’État a décidé de créer dans chaque département une bibliothèque centrale de prêt afin d’aider les petites communes à développer la lecture. Cependant, en 1982, dix-sept départements – dont le Nord – n’en avaient pas encore. Jack Lang, ministre de la Culture, a décidé que tous devaient en être dotés, que ces équipements seraient décentralisés et gérés par les Conseils généraux. » MarieOdile Paris-Bulckaen, directrice de la Médiathèque départementale du Nord (MDN), évoque les différentes étapes qui ont jalonné ces trente ans : l’ouverture dès 1983 d’une annexe à Hazebrouck, puis en 1986 au Quesnoy et en 1996 à Caudry ; le déménagement du siège de Lille à Hellemmes dans les années 90 et le récent déménagement du site de Flan-
dre à Bailleul ; l’introduction dans les collections des documents audio et vidéo ; l’informatisation du fonds ; le développement de la formation des partenaires (les bibliothécaires salariés et bénévoles travaillant dans les bibliothèques-relais) ; le premier plan de développement de la lecture voté par les élus en 2000. Aujourd’hui, la MDN compte 79 équivalents temps plein avec des services centraux et, dans chacun des quatre sites, un responsable territorial, un pôle d’assistants de conservation du patrimoine (bibliothécaires ou discothécaires), des chauffeurs-magasiniers et une personne chargée de l’animation (prêt d’expositions, etc.). Au total, les collections rassemblent 750 000 documents et la MDN travaille avec 335 des 600 communes de
moins de 10 000 habitants que compte le Nord. L’évolution actuelle tend à réduire les déplacements des bibliobus et médiabus, en incitant les bibliothèques-relais à travailler en réseaux et, lorsque c’est possible, à venir sur les sites de la MDN pour choisir leurs documents. Du coup, les assistants de conservation ont de plus en plus un rôle de conseil, de formation et d’animation. À l’heure de préparer le nouveau plan de développement de la lecture (voir encadré), l’ensemble du personnel se pose aussi beaucoup de questions sur le numérique qui prend une place croissante et pourrait à terme remettre en cause l’existence même des médiathèques.
Le site de Bailleul, ouvert l’été dernier, offre de grands espaces et permet aux bibliothécaires relais de venir choisir leurs documents sur place.
Paroles d’agents Patricia Le Gall, bibliothécaire, site d’Hellemmes
« Arrivée en octobre 1982, j’ai connu les débuts de la MDN dans d’anciens vestiaires de la DDASS, rue Saint-Bernard. Il n’y avait pas beaucoup de place ni pour les gens ni pour les documents. Le déménagement à Hellemmes a été un gros changement, mais le plus gros chambardement a été l’informatisation, vers 93-94. Ça nous a fait gagner beaucoup de temps. Aujourd’hui, le métier change dans le sens où les gens empruntent de
moins en moins de documentaires car ils trouvent l’information sur Internet. Mais ils veulent toujours lire des romans, du terroir, des policiers… Cela reste un métier passionnant parce qu’on est dans un lieu culturel où on a les moyens de travailler correctement. » Pascale Leignel, discothécaire, site d’Hellemmes
« La discothèque a été créée dans les années 84-85 et, pendant longtemps, le travail consistait à constituer une col-
lection de vinyles d’abord puis de CD, formée de l’actualité musicale et de classiques. Aujourd’hui, si on continue à acheter et à prêter des CD, on s’interroge sur les nouveaux supports. Mais l’offre ne s’adapte pas encore à la demande. À Hellemmes, nous sommes trois collègues pour la musique et chacun a ses spécialités. Moi, c’est plus le jazz. On passe les commandes, on catalogue les disques quand ils arrivent, on les équipe d’une cote et d’une fiche… Depuis 2010, on essaie aussi de consacrer une partie de l’enveloppe musique à des animations. Et, comme les bibliothécaires, nous sommes chargés d’un territoire sur lequel nous allons régulièrement. »
Laurent Lemaître, bibliothécaire, site de Bailleul
« J’ai commencé à la MDN comme chauffeur de bibliobus dans le Cambrésis puis la Métropole. Titulaire d’une maîtrise d’histoire, j’avais envie d’évoluer et, au fil des années, j’ai passé les différents concours. Il y a bientôt 5 ans que je suis assistant qualifié et j’ai l’impression d’avoir grandi ! Aujourd’hui, je m’occupe des acquisitions de BD et suis chargé du fonds régional en musique. Je coordonne aussi deux réseaux. Il s’agit
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d’organiser des réunions, d’aider sur le terrain les bibliothécaires à faire leurs acquisitions, à “désherber” (trier les documents pour faire de la place), les soutenir dans leurs animations et les former. Il faut être assez polyvalent. C’est un métier très enrichissant car on rencontre beaucoup de monde et on ne fait jamais la même chose. On est toujours en veille, même le week-end, on lit ou on écoute des disques ! » Fabienne Raux, responsable du site de Caudry
« J’ai exercé le métier de bibliothécaire dès l’âge de 17 ans tous les étés à Valenciennes, tout en faisant des études de commerce. Mais j’ai réalisé que ce n’était pas ce que je voulais faire et j’ai passé le concours de bibliothécaire territorial. J’ai été embauchée en 1996. Depuis 1998, je suis à Caudry. Au début, nous n’étions que trois et je faisais beaucoup d’acquisitions, maintenant je travaille surtout au développement du réseau. On est devenus plus des agents de développement culturel. On doit aller sur le territoire et aider à la mise en œuvre d’équipements de culture publique et de réseaux. »
« En 2011, un cabinet d’études a travaillé sur l’action de la MDN depuis dix ans. Les résultats sont positifs puisqu’il constate un développement important des bibliothèques, mais il reste encore pas mal de choses à faire », explique Marie-Odile ParisBulckaen, directrice de la Médiathèque départementale du Nord. « L’objectif est que chaque Nordiste puisse avoir un équipement de lecture publique à moins de 20 mn de chez lui (à pied en ville, en voiture en zone rurale). Il faut donc améliorer le maillage du territoire et faire évoluer les bibliothèques existantes en les transformant en lieux de vie et de rencontre entre générations et en les équipant en Wi-Fi. Nous souhaitons aussi développer la notion de réseau. » Ce projet sera discuté le 25 mai avec toutes les personnes désireuses de se mobiliser autour de la lecture publique (élus, bibliothécaires relais, mais aussi associations, enseignants, éducateurs, etc.)
Mouloud Kab, chauffeurmagasinier, site du Quesnoy
« J’ai exercé de nombreux métiers (animateur radio, commercial, routier…), je suis arrivé ici en 2003 et je m’y plais bien. Je peux me gaver de bouquins et de musique et j’ai l’impression d’œuvrer pour les gens. Je travaille en lien avec les assistants pendant les tournées avec le bibliobus : pendant que l’assistant(e) conseille, je me charge de la manutention et de l’informatique. Chargé de l’entretien mécanique des véhicules, je
suis aussi responsable de la sono quand il y a des festivités dans une des bibliothèques de notre territoire. Ici, j’ai découvert des ouvrages que je ne pourrais pas me permettre d’acheter. Par exemple, j’adore la poésie. » Dossier réalisé par Françoise Poiret-Colonge (textes) et Christophe Bonamis (photos) LE MENSUEL DU PERSONNEL DU DÉPARTEMENT / NUMÉRO 143 / MAI 2012 8-9/ zoom
La médiathèque départementale a 30 ans 2-6/ au jour le jour Rencontres territoriales
11 / infos RH 35050 : l’accueil RH a deux ans
13 / un jour avec Le service Architecture et Patrimoine
14/ rencontre Sofia Forget, zen en son jardin
Photo de une : Joël Monguin, chauffeur magasinier à la médiathèque de Caudry.