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Introduction

Il faut avouer que Molière a tiré la comédie du chaos, [... il] avait aussi une autre sorte de mérite, que ni de Corneille, ni de Racine, ni de Boileau, ni de La Fontaine, n’avaient pas : il était philosophe, et il l’était dans la théorie et dans la pratique. Voltaire

Quelle figure littéraire moins étrangère à notre héritage culturel que celle du père de Scapin, l’homme de la comédie par excellence ! Mais en cette année de célébration du Quatrième Centenaire de la naissance, quel est donc le Molière d’aujourd’hui ?

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Pour introduire cette liste de ressources du Réseau des médiathèques du Mans, voici quelques pistes de lecture et d’écoute qui on l’espère aideront à retrouver l’auteur que l’on croit trop bien connaître.

Pourquoi ne pas commencer la relecture en ralliant l’expérience originale de Georges Forestier, aux Editions Portaparole. Son texte pour Le Tartuffe ou l’hypocrite est une reconstruction de la version de 1664 dans une démarche "génétique" qui laisse affleurer l’histoire par un « grattage de surface » de sa dernière version connue. Cet inédit en trois actes livre une pièce plus puissante, plus dynamique, et beaucoup plus comique.

La nouvelle édition des Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard, 2018) fera date. En rompant avec l’usage de présenter les textes dans l’ordre présumé de leur création, elle porte une réflexion salutaire sur la question cruciale de la maîtrise éditoriale de l’oeuvre. L’introduction par Georges Forestier campe un Molière sensiblement affranchi de ses légendes. Le lecteur pourra approfondir cette vision nouvelle de celui "qui nous a été largement dérobé", dans la biographie que lui a consacré le même auteur, parue aussi chez Gallimard.

Les éditions Garnier s’associent à l’évènement avec leur mythique collection des Classiques jaunes qui veille depuis 1896 sur un vaste patrimoine littéraire. En parallèle, la réédition du Théâtre complet de Molière, par Charles Mazouer (Bibliothèque du théâtre français) allie à l’édition soignée et entièrement renouvelée, le côté pratique du format poche.

Côté jeunesse, le coup de cœur des bibliothécaires penche pour Molière sa majesté l’acteur, par Pierre Senges, illustré par Serge Bloch à La Joie de lire. Il rappelle avec humour et invention les premiers pas de Jean-Baptiste Poquelin acteur et sa rencontre décisive avec la troupe de théâtre vouée à l’illustre destin. Ce beau livredisque hommage à Molière, est mis en musique par Arnaud Marzorati, sa compagnie Les Lunaisiens et les Pages du Centre de musique baroque de Versailles. Pour charmer les yeux, les oreilles des petits comme des plus grands.

Les collégiens voulant devenir savants pourront quant à eux consulter les quatre numéros du mensuel Virgule, n° 44 (sept. 2007), 66 (sept. 2009), 154 (sept. 2017) et 203 (févr. 2022) tous consacrés à Molière : avec des quiz, des jeux et une abondante iconographie …

La sélection musicale permettra de découvrir la musique au temps de Molière avec un accent sur une innovation du dramaturge, aussi danseur et musicien. À une époque où comédie et danse se côtoient déjà sur scène il a l’idée de les confondre au sein d’un même sujet, "afin de ne pas rompre le fil" ; il créé la comédie-ballet, pour les bons plaisirs du Roi. La première de l’histoire, "Les Fâcheux" est présentée à Vaux Le Vicomte en août 1661. Molière s’associe à Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique du roi pour une courte pièce, première d’une fructueuse association. Suivront une dizaine de comédies-ballets où danse et théâtre sont étroitement liés, la plus célèbre d’entre-elles étant Le bourgeois Gentilhomme (1670). En 1672 les "deux Baptiste" (comme les appelait Mme de Sévigné) se brouillent. Lully obtient le monopole du théâtre en musique et Molière perd les faveurs royales. Molière s’adjoint alors le jeune Marc-Antoine Charpentier pour travailler à des reprises de ses pièces et à la création du Malade imaginaire, en 1673. Cette collaboration sera cependant de courte durée ; au cours de la quatrième représentation du Malade en février 1673, Molière disparaît en emportant avec lui le genre de la comédie-ballet. Cette musique demeure cependant la meilleure introduction à celle de l’opéra de Lully.

Bonne re-découverte !

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