Châtiment des Bannis

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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CHÂTIMENT DES BANNIS [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Pollymnie’Script [La cave des Exclus]

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MEL ESPELLE

CHÂTIMENT DES BANNIS

Polymnie ‘Script

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1

LIVRE 1 Je suis à l’hôpital de Boston et je ne me souviens plus de rien. Les neurologues disent que la partie de ma mémoire cognitive a été fortement endommagée. En fait je me souviens que de mon enfance : des brides de souvenirs ponctuant ma mémoire. Dans cette chambre d’hôpital, ils viennent nombreux pour m’ausculter. C’est terrifiant de ne plus se souvenir de détails très importants comme son nom de famille, son lieu de naissance. Ils vont lancer un appel à témoin quand Mardi 6 juin, un type entra accompagné du Dr Morris. « Salut ma chérie. C’est moi Cole ton mari. Je sais que tu ne te souviens plus de rien mais on va y aller en douceur, d’accord ? —Comment…comment je m’appelle ? —Alex et je vais te ramener à la maison ». Il est bel homme avec ses boucles soignées et sa fossette d’ange. La maison. Alors j’ai une maison et un mari ? Je suis soulagée. Terriblement soulagée. Le Dr Laval dit que mes chances de rémission augmenteront sitôt que Cole m’aidera à reconstruire des souvenirs.

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Mon mari signe des tas de papiers sous le regard rassuré du corps médical. Il est calme, étonnement calme et je remarque son index grattant son front. Le Dr Gibson me tendit sa carte. « Si vous souffrez de céphalées n’hésitez pas à me contacter. Faites-vous confiance et tout ira pour le mieux ». En sortant de l’hôpital public de Boston, il me semble étrange d’être ici. « Tu veux qu’on aille prendre un morceau ? » La voiture est une imposante SUV immatriculée dans ce même état. L’intérieur est bien rangé, rien ne traîne hors de la boîte à gants et elle semble neuve. Je dois faire attention aux détails. Le Dr Gibson dit que je dois me concentrer sur les détails. Lui prend son Smartphone et j’entends la voix murmurer : »Vous avez trois messages… » Il raccroche sans même les écouter. « Ca va ? » Je réponds par un signe de tête. Il a le regard froid et ses yeux verts me fixent intensément. Il voudrait me dire quelque chose mais… On quitte Boston pour suivre la highway vers Lexington avant que le véhicule ne s’engage dans les routes de campagne. Après deux heures, la voiture se gare devant une demeure haute accueillant des panneaux photovoltaïque sur le toit. C’est une maison du future avec ses grandes baies vitrées et ses pierres blanches encastrées les unes dans les autres. On accède à la maison par un escalier de pierre et je trouve l’endroit des plus zen. Un havre de paix au milieu de toute cette verdure. Il m’aida à sortir de la voiture et au passage voulut m’embrasser. Pour moi il restait un inconnu, alors j’ai détourné la tête. « Oui…on va y aller en douceur ».

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Dans le garage sous la maison sont garées une BMW et une Lamborghini. Il est riche, très riche à en juger par ces trois véhicules. Et l’étage ! Que dire de l’étage ? Les pièces sont volumineuses offrant le nec plus ultra en matière de technologie. Un golden retriever arrive vers moi, l’œil brillant et la queue s’agitant frénétiquement. « C’est ton chien Paige. Tu lui as manqué ». La chienne frotta sa tête contre ma jambe et je m’accroupis pour la caresser. Je ne me souvenais pas d’elle non plus ! Je la serrais tout contre moi et elle me lécha le visage. « J’ai besoin d’aller me laver les mains.. . » Il m’escorta jusqu’à la salle de bain. Tout ce lux et ce bon goût ! Des robinetteries dorées aux vasques en marbre, je m’en trouvais être sonnée. Jake avait de l’argent. J’étais l’épouse d’un homme riche. Quand je revins il finissait de préparer des cocktails et m’en tendit un. « Ton préféré ma chérie. Alors trinquons à ton retour ma colombe ! » Il eut le même regard que tout à l’heure dans la voiture et cette expression je ne l’aime pas. Sans me lâcher des yeux, il posa son verre sur la table en verre et tenta un sourire qui sonnait faux. « Quand je leur ai dit que tu n’avais rien sur le plan physique, ils ont tous été soulagés et ils seraient tous là si je ne leur avais dit que cette soirée serait la nôtre. —Qui ils ? —Tes collègues de travail. Tu signes un important contrat mercredi et je veux que tu te reposes en attendant. Je sais que tu ne te souviens plus de rien mais…je ne devrais pas t’ennuyer avec tout cela. Nous irons à Lexington demain pour que tous constatent de leur propres yeux combien tu

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es jolie ! Tu es une miraculée. L’accident fut d’une rare violence. La voiture a été pliée en son milieu et…tu aurais pu ne pas t’en sortir. A l’avenir je veillerai à ne pas te laisser sortir quand tu n’es pas dans ton état normal. Allez ! Je vais voir ce que Maria nous a préparé ». Maria ? Qui était Maria ? Des photos posées sur les étagères de la bibliothèque attirèrent mon attention. Elles nous représentaient Jake et moi dans des moments de grande complicité. Je paraissais plus jeune et plus désirable, au sommet de mon sex-appeal et lui transpirait le bonheur. Là au Népal à en juger par les serpas accroupis devant nous près de leurs immenses sacs et derrière la grande barrière de l’Himalaya ; sur cette autre, nous étions en Egypte au milieu d’un groupe d’amis probablement. Les autres photos illustraient encore des moments de grande félicité. Et puis il y avait tous ces livres…les avais-je tous lus ? Beaucoup de manuels sur la bourse, l’économie et des travaux sur les ponts et viaducs ; peu de romans, rien de bien excitant. MIT Année 2003-2004 et je l’ouvris en pensant m’y trouver dans le trombinoscope des élèves. Il y en avait un autre pour Yale, et pour Stanford. Mon regard croisa celui de Paige et cette s’empressa de venir à moi pour me témoigner son affection. « Viens-tu manger ma chérie ? » La cuisine me plus immédiatement avec son plan de table au milieu de la pièce et ses lignes épurées. « Tu as faim j’espère ! Maria a fait de la nourriture pour un régiment. Et on a une excellente bouteille ! Un excellent Bourgogne ! Qu’est-ce qu’il y a ? Alex, tout va bien ?

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—Tu as dit que j’avais eu un accident et que je n’étais pas dans mon état normal, pourquoi ? Avais-je bu ? Etais-je ivre au volant ? —Quoi ? Le Dr Gibson ne te l’a pas dit ? Il y avait de la drogue dans ton corps mais ne parlons plus de cela veux-tu ? —De la drogue ? Quelle sorte de drogue ? —Alex, écoutes, il se pinça l’arête de son nez. J’ai eu une journée assez éprouvante et ce genre de détail n’aura aucune incidence sur ton avenir. Je veux seulement que tu dîne un peu et qu’ensuite tu ailles te reposer. —Je n’ai pas faim. Je vais aller marcher un peu ». Et il me suivit marchant discrètement derrière moi. Ce chemin conduisait à un petit étang. La nuit venait de tomber et je n’entrevois que des formes. Mes derniers souvenirs me ramenaient à l’hôpital aux services des urgences. J’étais en panique et refusée de respirer dans le foutu masque à oxygène. Quelque chose n’allait pas, antérieur à cet accident. Jake disait que j’avais pris des drogues. Je m’assis sur un transat et fixais les feuilles à mes pieds. « Depuis combien de temps sommesnous mariés ? —Plus de dix ans, répondit-il accroupi près de moi. Il lança des petits cailloux dans l’étang. Il faut que tu y ailles mollo ma chérie. La mémoire te reviendra par brides successives alors il est inutile de vouloir charger la mule. Viens avec moi d’accord ? » Il me caressa la joue pour m’inviter à le suivre. Je partageais cette immense maison avec un inconnu et je n’arrivais pas à me détendre. Lui me fixait tout en mangeant

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calmement en face de moi. Je ne sais pas comment vous le dire mais je ne le sentais pas.il buvait son Bourgogne sans entretenir la moindre conversation. Nous n’entendions que le Tic-tac de l’horloge, même Paige allongée à mes pieds semblait se désoler de cette absence de communication. « Je travaille dans quoi ? J’appartiens à quelle firme ? —BIOGEN, un groupe que vises à réduire les déchets pour produire de l’énergie. On travaille ensemble et ça marche plutôt pas mal. Tu as la vie que tu as toujours rêvé d’avoir ma chérie et ce succès tu ne le dois qu’à ta persévérance. Si tu as fini de manger, je débarrasses ». Il quitta la cuisine et je le retrouvais assis dans le canapé, pianotant sur son ordinateur. « Je vais me mettre au lit. Peux-tu m’accompagner ? » Visiblement je l’ennuyais, pas le genre d’hommes qu’on peut solliciter à tort et à raison. La chambre identique au reste, épurée, moderne et sans rien à traîner sur les meubles ou au sol. Je pris une douche qui dura de longues minutes puis glissa sous ma couette rembourrée de plumes. Quelque chose dans notre relation clochait et je voulais le découvrir. Le lendemain matin, le téléphone sonna et en panique je fixai mon attention sur cet appareil. J’ai fini par décrocher. « Alex, c’est toi ? —Oui qui êtes-vous ? —Je pensais que ce salaud avait fini par te tuer ! —Quoi ? —J’ai appris que tu avais eu un accident et quand j’ai voulu en savoir plus, Jake t’a trouvée avant moi. Ecoutes ma chérie, il te

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faut t’enfuir maintenant ! Trouve un prétexte, n’importe quoi, mais ne reste pas dans cette maison ! Moi je te crois Alex, je sais qu’il t’a fait du mal et qu’il recommencera, alors tires-toi ! Tu m’entends, tires-toi ! —Qui êtes-vous ? J’ai besoin de savoir qui vous êtes ? —Voyons Alex…c’est moi Prends tes affaires et rejoins-moi où tu sais. Je suppose qu’il a ton portable ? Je n’ai pas essayé de te joindre et…tu vas y arriver ma belle, parce que tu es battante. Quittesle maintenant !J’espère te revoir bien vite ». Le type a raccroché et je suis restée paralysée de longues minutes sans savoir que faire. C’était une blague, on me faisait une putain de blague-là ! J’étais en panique, en total désarroi. Paige me regardait, haletant et l’œil vif. Si elle pouvait parler elle me révélerait des choses. Et quand il rentra, je tentai de recouvrer la raison et un semblant de calme. « J’ai de violentes migraines et je dois me rendre à l’hôpital, le Dr Gibson dit que je dois me rendre en consultations si elles persistent et c’est le cas. —Je ne l’ai pas entendu s’exprimer à ce sujet. —C’est que tu n’étais pas près de moi ». Son regard me défigura et un rictus apparut à la commissure de ses lèvres. Il m’attira contre lui pour me serrer dans ses bras. Je n’arrive pas à me détendre et l’appel reçu me trotte dans la tête. Jake sent à quel point je suis nerveuse et son étreinte se fit plus forte. « Vas te reposer et tes migraines passeront naturellement.

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—Jake… —Chut ! Jake posa son index sur mes lèvres. Reposes toi et je vais te monter un chocolat chaud ». Quelle tuile ! Je ne voulais pas non plus tomber dans la paranoïa mais cet appel me retourna le cerveau. Je voulais dans les placards et dans mes armoires à la recherche d’indices. Tout était si parfaitement rangé ! L’immense dressing ne me révéla rien de particulier et je vins à me souvenir du téléphone celui contenant trois messages sur le répondeur. Jake avait mon téléphone. « Ma chérie, tu m’as appelé ? —Non ! » Répondis-je en cherchant un sac de voyage. En bas le téléphone sonna de nouveau et mon cœur se mit à battre avec emportement. Au-dessus de la balustrade, je tendis l’oreille sans rien entendre que des éclats de rire. Puis de nouveau le silence. Le sac de voyage était vide. Nulle trace de papier, d’échantillons de savons et de gel-douche. Vide. « Alex ? Où es-tu ? » Oh non ! Jake se trouvait être au milieu de la chambre. « Je dois m’absenter une petite heure, tu arriveras à survivre ? Qu’est-ce que tu faisais dans le dressing ? Tu te cachais ? Je pensais que tu avais mal à la tête, mais tu sembles visiblement aller mieux. —Non, mais je me dis qu’en faisant autre chose, elles disparaitront. C’est une idée comme une autre pour ne plus les remarquer. Tu ne veux pas que je t’accompagne ? —Non, tu es mignonne, restes sagement ici ». Il s’en va à bord de son 4X4 et restée seule je me mets à la recherche d’indices. On dirait que quelqu’un à fait le ménage dans cette maison. La cave. Il y a toujours

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une cave dans une maison et les caves servent de réserve pour les documents et divers objets devenus inutiles. Mais la cave est fermée à clef. Paige a ramassé l’un de ses jouets et insiste pour que je lui lance le leurre. « Tu sais des choses toi. Il est injuste que tu ne puisses pas te confier ». Mes recherches sont interrompues par des klaxons. Jake ? Ce n’est pas la voiture de Jake. Un étranger se tient devant la porte d’entrée. « Oui je peux vous renseigner ? » Lui me dévisage de la tête aux pieds. « Alex c’est moi ! Ouvres moi la porte ! —Je ne sais pas qui vous êtes ! — Je suis Nathan ton ami de toujours. Le seul sur lequel tu aies pu compter. Alex, je me suis rendu à l’hôpital et ils m’ont dit que tu avais subi un traumatisme crânien qui t’a partiellement endommagé les lésions cérébrales. Ouvres-moi cette porte Alex ! Alex ! Je suis ton meilleur ami et je veux t’éloigner de ce psychopathe avant qu’il ne soit trop tard. Alex ! Fais-moi confiance ! » Je lui ouvris la porte et il me serra dans ses bras.

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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