Cohérence du Schizophrène

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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LA COHÉRENCE DU SCHIZOPHRÈNE [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Pollymnie’Script [La cave des Exclus]

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MEL ESPELLE

LA COHÉRENCE DU SCHIZOPHRÈNE

Polymnie ‘Script

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1 Je’ poussais la porte cochère donnant sur la cour pavée tenant pas la main ma fille de neuf ans, Sophie. On avait été au parc Monceau et le mauvais temps nous avait contraints à rentrer plus tôt que prévu. « Ton ami a l’air d’être un véritable ami ! —Pourquoi dis-tu cela ? La questionnaije en posant la main sur sa tête brune. —Parce qu’il m’a offert une glace à la chantilly et à tenu à ce que je ne regarde pas à la dépense. Il te plait n’est-ce pas ? En tous les cas, moi je le trouve sympathique et c’est également l’avis de Madame AUffret. —Et en quoi son avis nous importe-til ? » Un homme nous coupa la route et Sophie de se crisper à ma main. « Veuillez m’excuser, je….vous devez être madame Bergman ? » C’était un Boche, probablement de la gestapo à en sujet son allure et son regard froid et imperméable. « Oui et c’est à quel sujet ? —je suis l’officier Hans B….des Renseignements de l’Abwehr madame et si vous avez quelques minutes j’aurais des questions à vous poser. » Mon cœur battit à vive allure, Sophie m’interrogea du regard avant de partir en courant vers l’escalier conduisant à l’intérieur de l’immeuble ; elle savait comment agir en

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de telles circonstances. Elle irait se réfugier chez madame AUffret, la voisine de palier pour y attendre mon retour. Elle savait que faire dans une telle situation. « Que me voulez-vous ? —Où peut-on discuter sans être entendu madame ? —Ici même je n’ai rien à cacher, arguaije en gonflant la poitrine. Lui de s’approcher discrètement de moi. « On pourrait peut-être aller chez vous ? » Je fis rentrer ce boche dans mon appartement sachant que je risquais gros en le faisant. « C’est vraiment charmant ici ! » Des plus nerveuses je m’allumais une cigarette assise devant lui. « Vous vivez ici depuis longtemps ? —Vous devriez le savoir, c’est vous qui travaillez pour le service du renseignement. Je ne vous propose pas de café, je n’ai malheureusement plus rien. » Je ne cessais de croiser et de décroiser les jambes, lui furetait du regard comme cherchant des indices qui lui permettraient de m’arrêter manu militari. Etrangement je me sentis vulnérable ; en tant de guerre quiconque l’était. Un long et pénible silence s’installe entre nous. Il me fixait intensément sans même sourciller. Puis il fouilla dans la poche intérieure de son manteau. Il en sortit une liasse de billet qu’il glissa vers moi. « C’est pour vous et la petite…. » Et je fixais l’argent placé sous mon nom. Il s’agissait d’une coquette somme qui améliorerait à coup sûr notre quotidien. « Et pourquoi cet argent ? Pensez-vous que je sois à acheter ? —Il y a assez pour que vous quittiez Paris pour vous installer à la campagne. Vous vous y installerez chez des amis à

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moi assez discrets pour ne pas qu’on les remarque. La police française mandatée par la Gestapo va bientôt arrêtée des juifs et….votre nom apparait sur une liste. Si vous suivez mes instructions il ne vous arrivera rien. —je ne suis pas juive ! Qu’est-ce qui vous fait penser que j’en suis une ? —Notre bureau a reçu deux dénonciations vous concernant. La Gestapo a rentré votre adresse et le nom de tous les résidants de cet appartement. » Mon cœur implosa. Les doigts posés sur mes lèvres, je fixais un détail de la nappe. La cigarette se consuma lentement entre mes doigts. Cet Hans fit davantage glisser la liasse de billets devant moi ; probablement une ruse pour me faire porter l’étoile de David et recenser tous les biens de mon appartement. « Je ne suis pas juive. Ni ma fille, ni moi ! —Je comprends votre désarroi madame mais à partir d’aujourd’hui vous aurez très peu de temps pour prendre votre décision. Partir à la campagne reste une solution. Je ne veux pas vous faire peur mais…si vous montez à bord d’un de ces trains en partance pour la Pologne, vous ne reviendrez jamais. Ils gazent les Juifs làbas. Ils le mettent dans de grands fours crématoires et…ils les gazent au Zyklon B. » D’un bond je me levai. Il m’imita et se rassit quand je retrouvai mon calme, du moins en apparence. « Je suis catholique et je refuse qu’on me prenne pour quelqu’un d’autre. Allez correctement vous renseigner sur mon cas et cessez de m’importuner. Maintenant soyez aimable de partir !

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—madame, j’ai….le double de mes clefs. (Il fit glisser une clef sur la table) Si pour quelques raisons vous prenez peur, soyez certaine de trouver un peu dé répits dans mon humble foyer. Tenez ! J’ai note l’adresse sur ce papier…Si toutefois vous me cherchez, j’occupe un bureau au Lutetia, vous n’aurez qu’à me demander auprès de mes collègues. Veuillez m’excuser….je dois y aller ! » Une fois qu’il fut partit j’allais frapper chez Bérénice vivant au-dessus. « Vraiment ? Il t’a dit cela ? Veux-tu que j’enquête sur lui ? Tu ne peux pas te laisser intimider de la sorte ! C’est un boche et ceux de l’Abwehr sont les pires ! ils connaissent toues les ficelles pour faire parler les moins loquaces et….à l’heure qu’il est il t’a signalé à la police comme étant juive ! —Oui je sais….je….suis terrifiée. Il est rentré chez moi et…il a croisé ma fille ! je ne peux plus faire comme s’il n’était qu’un visage anonyme sinon il pensera que je n’ai pas la conscience tranquille. C’est horrible ! —Je connais un ami qui pourra de cacher quelques temps. Qu’est-ce que tu en dis ? —Non ! Non ! C’est prendre trop de risques. La gestapo est sûrement à surveiller l’immeuble à l’heure qu’il est ! Sophie et moi n’avons pas d’autres choix que de rester ici ! ce n’est sûrement cet Allemand qui changera quoique se soit à notre façon d’être ! » Et dans la nuit, je fus réveillée par Sophie, cette dernière me secouait lentement. « Maman ! Maman ! On frappe à la porte ! » La panique me saisit. Il me fallait sauver ma fille ; le doigt posé sur

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l’index je lui fis signe de partir se cacher ; elle savait où. En tremblant j’enfilais une robe de chambre et alla ouvrir. L’officier de l’Abwehr se tenait là et sans y être invité entra chez moi. « Préparez vos affaires nous partons ! Où est votre fille ? Dites-lui de se préparer et d’emmener que le strict minimum, nous n’avons pas une seconde à perdre ! Je vous expliquerais après…. —Ma fille n’est pas ici ! Et je ne bougerai nulle part. je ne vous ai pas autorisé à entrer dans mon intimité de cette façon ! —Où est votre fille ? —Sortez de chez moi, immédiatement ! —laissez-moi au moins essayez de vous sauver. —DEHORS ! » Il s’exécuta. Autant vous dire que je n’ai pas dormi de la nuit. Sophie et moi avons veillé jusqu’au petit matin ; nous étions à bout de nerfs, frigorifiées et terrifiées. Nous n’échangeâmes aucun mot de toute la matinée ; à midi ma fille brisa le silence serrant contre elle sa poupée. « Maman, je ne veux pas rester ici ! Tu m’avais promis qu’on partirait si les choses se gâtaient pour nous et aujourd’hui c’est le cas. J’ai peur maman et…Nous n’avons rien mangé depuis hier. On pourrait au moins essayer d’avoir une existence normale. Maman ? —je n’ai plus rien dans le placard Sophie ! Il reste un peu de pain et….j’irai acheter quelque chose à la voisine. Il n’y a rien à ajouter, c’est éprouvant pour toi comme pour moi. Tu sais dont il est question n’est-ce pas ? Cet homme essaye de nous faire peur mais nous ne céderons pas, tu comprends ? Une fois que nous

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serons remises de nos émotions, tout ira pour le mieux mais il est normal d’être très agité après la nuit que nous avons passée hier ! —Maman, je crois vraiment que cet homme essaye de nous dire quelque chose. Il est possible qu’il veuille nous aider.

Il se mordit la lèvre, serra les dents tandis que mes doigts s’affairèrent à panser sa plaie. Dans un livre du Bon Petit Chimiste, il était inscrit : « Ajouter sulfate d’amonium, potassium et une cuillère à café de Bicarbonate de soude (…) » Je ne suis pas chimiste. Il serra les dents et leva les yeux au ciel, crispant ses mains sur la barre de douche ; il semblait paniqué mais pas plus que moi. Il avait perdu beaucoup de sang et en perdrait encore si je ne cautérisais pas sa plaie à l’abdomen. « J’ai nettoyé la plaie et maintenant je vais… recoudre. Vous allez le supporter ? » Son visage se voila. Le Bon Petit Chimiste disait : « Mélanger une dose de Nitrate de soude avec thérébentine. » La sueur ruissela dans mes yeux. Mon teckel Noisette gratta à la porte. Lui haletait de plus en plus fort. Je pressai la compresse sur sa plaie et le fit renifler de l’éther avant de commencer à piquer. Il est Américain. La DCA a descendu son avion. Au fur-et-à-mesure j’épongeai le sang en songeant à Géorg vivant l’étage en-dessous ; cet Autrichien ne dort jamais et depuis deux jours doit s’étonner du remue-méninge dans notre appartement.

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Difficile de cohabiter avec un membre de la gestapo. Dix heures du matin sonnèrent à la pendule. « Astrid ? Astrid, tu es là ? » La porte s’ouvrit sur Isild. « Qu’est-ce que tu fais ? Tu n’es pas médecin et qu’est-ce qu’il va se passer s’il venait à casser sa pipe ? Tu prends de grands risques. De toute façon il est déjà mort. La Gestapo quadrille le quartier et vérifie l’identité de chacun. En l’espace de dix minutes je me suis faite contrôlée deux fois. J’ai trouvé du beurre et du chocolat. Tu te joins à moi ? —Je termine et j’arrive, répondis-je alors que la porte venait de se fermer depuis longtemps. L’Américain tourna de l’œil et s’effondra sur moi ; après l’avoir allongé sur le sol je poursuivis, la nausée aux lèvres. Les derniers coups d’aiguille ajoutés à l’odeur des produits chimiques m’obligea à me tenir non loin du pot de chambre. « Ah, ça y est ! Tu en as fini avec ton patient ? » Raille Isild en se levant ; comme tous les matins on prenait notre petit déjeuner ensemble, normalement à dix heures et autour d’une tasse de thé et de biscottes recouvertes de beurre et de confiture, nous voulions conserver cette part du passé. « Que vas-tu faire de lui ? Il va nous attirer les pires ennuis, Astrid, tu le sais ! Ils envoient des gens comme toi et moi en Allemagne et…je n’ai pas envie de finir comme tous ces Juifs ! —Arrêtes avec ça ! On fait ce qu’il parait être bon de faire. Si tu es excédée prends sur toi, je ne renoncerai pas en si bon chemin !

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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