Commissaires des Rondes

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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LE COMMISSAIRE DES RONDES [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Pollymnie’Script [La cave des Exclus]

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MEL ESPELLE

LE COMMISSAIRE DES RONDES

Polymnie ‘Script

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1 La plantation de Pickeney s’étendait en amont de la rivière. On y cultivait de l’indigo et du coton. Marion travaillait avec les nègres dès le chant du coq. Son époux William était trop occupé à sa politique pour se soucier de la plantation alors Marion avait recruté un nouveau régisseur ayant aucune expérience du métier. Elle lui jeta le livre de compte poussiéreux et lui avait dit : « J’ai 150 Africains placés sous mon autorité et je refuse qu’un seul d’entre eux ne subissent l’épreuve du fouet ! » Depuis six mois, Marion n’avait vu son époux et depuis six mois s’évertuait à agir en toute âme et conscience. Marion était de sang-mêlé, une octavonne à la peau blanche et aux yeux verts. Elle avait usé de tous les stratagèmes pour se faire épouser de Pickeney et lui saluait son audace. Il aimait ses fougueux baisers et cette façon extraordinaire qu’elle avait de se mouvoir à travers les corridors de sa demeure de style palladien. Le père de Pickeney fit fortune en achetant trois esclaves et un lopin de terre, dont on pouvait encore apercevoir le sillage en bas du champ d’indigo, sur le flanc est de la rivière là où le bétail venait se désaltérer.

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Depuis la végétation avait repris ses droits et seuls les enfants de Mama Sugar y descendaient couper les roseaux et entretenir la digue, évitant qu’en qu’à d’averse, tout le lit de la rivière ne se retrouve à creuser la terre. Donc il vous suffisait de suivre la rivière pour découvrir la bâtisse érigée devant la forêt de grands pins. Marion avait vu le jour ici et sa mère, La Fleur l’éduqua dans le seul but de la sortit de leur condition et quand elle saigna, sa mère l’offrit au maître des lieux. Il la refusa naturellement ayant perdu son épouse depuis peu, mais il lui permit de s’installer dans la pièce avoisinant sa chambre. Et puis la fièvre jaune menaça de l’emporter lui aussi et ce fut sans compter sur la présence de Marion qui le soigna sans relâche, des jours et des semaines entiers. « Dis-moi ce que tu veux » lui avait-il dit pour la remercier de son implication et Marion répondit : « Je veux être la nouvelle intendante ». Il sourit sans s’imaginer une seule minute que La Fleur et elle avaient toutes deux œuvrer pour se débarrasser de la vieille Ornella. Et quand cette dernière mourut l’hiver 1785, Marion ne souffrit d’aucune concurrence dans la plantation, les autres filles étant trop occupées à plier l’échine pour manifester le moindre signe de contestation. Il lui fallut peu de temps pour se faire remarquer par le maître qui vit en elle, une alliée de choix : dotée d’une forte personnalité, incorruptible et pragmatique, Marion fit preuve d’un tel zèle que les bénéfices s’en dégagèrent. L’année suivante, Pickeney envisagea d’augmenter son rendement en achetant des esclaves provenant en autre de la

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Caroline du Nord ; de belles pièces d’Indes qu’il acheta à prix d’or sous les conseils éclairés de Marion. Il leur fallait du sang neuf et il ne lésina pas sur la dépense. L’indigo et le coton apportaient déjà du rendement, alors quand le tabac poussa dans les champs-ouest, le maître des lieux craignait une première année de perte en raison du climat de cette année 1786 et l’année suivante, la plantation vendit ses premières feuilles sur le marché local. Le bon sens de Marion fut loué dans toute la région et bien vite les épouses des planteurs firent le voyage de Géorgie et de Virginie pour voir de leurs yeux à quoi pouvait bien ressembler une maitresse de maison aux talentueuses méthodes. La réussite de Marion résidait dans le fait que les esclaves et elle, formaient une famille, unie et solidaire dans l’adversité. Comme dit précédemment elle n’hésitait pas à enfiler son tablier et retrousser sa robe pour se rendre dans les champs. Le chapeau de paille sur la tête, elle œuvrait de longues heures entières passant de l’un à l’autre des champs et tous la respectaient —en plus de leur offrir la protection dont ils eurent besoin, elle les chérissait tout à chacun— et cet amour n’était pas feint. Elle connaissait tous ses employés par leur prénom et si l’on tombait malade, elle se rendait en personne à son chevet pour le soigner. Pickeney appelé à Philadelphie afin de siéger au Congrès lui remit carte blanche et Marion se lança dans des travaux de rénovation : ici il y aurait un nouveau potager et on ferait pousser des pommes de terre et du maïs à la façon des amérindiens. Et puis la maison avait besoin d’une annexe pour y loger le personnel. Elle

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envoya six des Africains les plus méritants en ville de façon à ce qu’ils apprennent la menuiserie et les travaux de terrassement. Elle leur fit confiance et cela se solda une fois de plus par un franc succès. En trois semaines à peine, la demeure fut occupée d’une nouvelle aile. Et puis Marion voulait plus de chevaux pour les labeurs et n’ayant pas d’argent pour se les procurer, elle eut le bon sens de les louer aux voisins. En mars de l’année 1789, Marion du haut de ses 17 printemps fit une appel d’offre afin de recruter le dit-régisseur et ils accoururent de tout le voisinage afin de tenter leur chance. Elle recruta Collins, un grand gaillard aux manières un peu gauche. Il rougissait facilement et bafouillait continuellement ; Marion l’intimidait et la belle de s’en amuser. En compagnie de Collins, meilleur ingénieur que meneur d’hommes, notre Mrs Pickeney vit grand. Son tabac devait concurrencer celui de la Virginie et pour se faire, tous mirent les bouchées doubles. Elle acheta à crédit les terrains avoisinants et commença à planter sans attendre la belle saison. Le sol étant fertile et les Africains bons ouvriers, alors Marion ne pouvait attendre la saison chaude pour œuvrer. Et Collins la suivait partout, il ne la laissait pas une seconde seule et s’évertuait à anticiper ses besoins. Ils suffisaient qu’ils se regardent pour que Collins devinent ses intentions et sans même à avoir à remuer les lèvres, il se trouvait être à pied d’œuvre. La plantation avait des allures de chantier ; partout des tréteaux, des canalisations, des échafaudages, de la chaux et du mortier ; partout de la paille, des briques, des brouettes pleines

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d’engrais et des esclaves courant partout. Marion apprit à Collins à aimer la terre, à la vénérer et lui de voir naître en lui des inspirations de fermier. Accroupi près d’elle, Collins humait la terre, la malaxait et l’étudier avec minutie.

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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