Conspiration des Héros

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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LA CONSPIRATION DES HEROS [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Pollymnie’Script [La cave des Exclus]

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MEL ESPELLE

LA CONSPIRATION DES HÉROS

Polymnie ‘Script

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1

La terre se mit à trembler. Un bâtiment venait de s’écrouler, attaqué par le feu. La panique depuis des heures s’était emparée de la ville ; du moins ce qu’il en restait. Toute la partie nord brûlait et les sapeurs s’empressèrent de cesser la progression du feu. Le fleuve continuait à charrier des cadavres provenant de l’affluent. L’odeur des cadavres en putréfaction vous coller la nausée, tout comme l’odeur de la viande de porc et des bovins prisonniers des flammes ; les pauvres bêtes hurlaient dé désespoir, imitées par les femmes en proie à une vive panique ; certaines familles n’auraient plus de toit pour s’abriter et l’hiver n’avait pas commencé. Tous étaient frappés de disgrâce et le feu, seul, serait leur salut ; derrière la fenêtre en ogive, le spectacle de cette foule, c’était à qui survivrait dans cette pagaille. Les poutres s’écroulaient de l’autre côté de la rue, là où deux heures plus tôt, le feu fut maitriser. Des chevaux hennissaient et quelque part plus loin des hommes se battaient à l’aide d’armes de fortune. La peur me saisit car à tout moment, la folie meurtrière pouvait gagner chacun de nous. Le couteau à la main je restais là, figée à attendre le retour

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de bran. Parti depuis trois heures, il m’avait ordonné de rester là et de l’attendre ; depuis toujours je lui obéissais. Cette loyauté, un jour me conduirait à ma perte. Le ciel fut assombri par des nuages noirs. La nuit ne tarderait pas à tomber et avec elle, la menace d’une nuit apocalyptique ; mieux ne valait pas y penser, j’aurais toute la nuit pour y songer. La cloche de l’église sonnait à tout-va et son bourdonnement ajourait un peu plus à ce désordre. Les flammes semblèrent déjà gagner notre bâtiment ; la chaleur et l’odeur laissèrent penser que cette demeure serait mon tombeau. Une petite voix dans ma tête disait : Sors-toi de là Arzhen pendant qu’il est encore temps ! Tu ne prétends quand même pas mourir dans cette maison sans n’avoir connu l’amour ? Et torturée par cette petite voix dans mon esprit, dette douce voix venue pour me torturer. La fumée s’engouffra sous les portes, entre les boiseries et les soubassements. Sors-toi de là Arzhen ! Tu dois vivre et non pas mourir sous ces poutres calcinés ! le cœur battant à rompre, je quittas la fenêtre, quand des bruits de pas attirèrent mon attention. Bran se trouva être devant moi, l’arc à la main et le carquois pendant à son épaule. Il semblait avoir connu l’enfer. « Oh, tu es encore là ! Déclara ce dernier en souriant, l’œil brillant. J’ai cru t’avoir perdu (il me caressa la joue). J’ai été retardé. Un léger contretemps. Nous n’avons plus une seconde à perdre. Prends tes affaires et partons. Il n’y a plus rien ici pour nous. » On descendit jusqu’au fleuve où nous attendirent les cousins de bran, lourdement

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armés ainsi que cette femme, autoritaire et assez jolie pour qu’on la remarque quelque soit la lumière dont on dispose. A bord de cette pirogue, on se serra pour ramer le plus rapidement possible vers ‘entrée du port. Ici et là les hommes se jetaient à l’eau pour ne pas finir en torche humaine. Certains se bousculèrent pour atteindre les embarcations au plus vite. Il devint difficile de passer sans risquer de tout faire chavirer. Cramponnée à la barque je ne cessais de fixer bran qui ramait tout en repoussant d’un coup de rame les quelques fous qui tentaient de grimper à bord. Une fois qu’on eut quitté la ville, je me tournais une dernière fois pour contempler ce qu’il restait de ce port. La pluie me réveilla. Ce furent de grosses gouttes froides qui s’abattirent sur nous. Des corbeaux passèrent en claquant des ailes et le clapotis de l’eau contre la barque continua à me bercer. Les hommes avaient cessé de ramer. Nous étions là sur le fleuve et trois d’entre nous doraient. Les oiseaux pépiaient dans les arbres alentour ; Bran me fixait de ses grands yeux verts. Il m’observait souvent à la dérobée quand il réfléchissait ; or ces derniers temps il réfléchissait beaucoup. Il me lança une pomme que je fus incapable d’attraper ; cette dernière atterrit sur Luern qui fut réveillé par l’impact. Je partis en de plates excuses, tout en ramassant le fruit roulant sous le plancher. « Nous allons poursuivre à pied. Le roi contrôle les voies d’eau et on s’avère être une cible de choix pour els archers. Je propose qu’on regagne la rive au plus vite. Réveilles les autres, on s’en va. »

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Les chevaliers se rassemblèrent sur la colline ; plus d’un millier d’hommes prêts à anéantir l’armée du roi Kenral et là les montures piaffaient d’impatience ; les faucons décrivaient des courbes dans le ciel et les chiens-loups attendaient qu’on les libère de leur laisse. C’était un matin de l’an 300 avant l’ère glorieuse de Marek II, descendant du grand Alménoril. Les cors sonnèrent imités par les buccins, les trompettes et les tambours ; la terre tremblait d’un bout à l’autre du comté, faisant choir les cailloux de leur monticule, ondoyant la surface des flaques. Les chevaux galopaient, l’écume bordant leurs babines et les épées se croisèrent dans un unique et terrifiant hurlement. A quelques lieues de là, Arzhen attendait le retour de Mordreg et Manner. Les deux hommes étaient partis depuis deux heures environ et des plus nerveuses, la damoiselle s’attendait au pire. L’épée à la main, elle avançait dans les fougères, observant la nature autour d’elle ; ce point d’eau traversée par une branche d’arbre, ces grands arbres habitaient par des corbeaux et les chevaux des guerriers. L’allure d’Arzhen n’offrait rien de bien flatteur : de longs cheveux épars aux reflets bleutés, une cape trop longue et maculée de boue, sans parler de son visage des plus las dont seuls ses yeux apportaient l’éclat nécessaire pour lui conférait une âme. Le capitaine de ces hommes

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dévisagea se demandant s’il ne devait pas l’assommer plutôt que de la voir s’agiter de la sorte ; le borgne cultivait la fâcheuse réputation de briser les crânes sans chercher à discuter. Il enfila sa gantière et avança vers Arzhen. « Sois sans crainte petite, ton prince charmant va revenir. Tu ne crois quand même pas qu’il t’abandonnerait au milieu de toutes ces brutes épaisses privées de raison ? —Je crois surtout que tu pues et que tu devrais te laver, tu empestes à des kilomètres à la ronde ! Il va bientôt faire nuit et je dois prendre une décision. Ils ont dit qu’ils partaient au nord n’est-ce pas ? Alors je vais les retrouver. Otes-toi de mon chemin Konwal ». Brusquement il la poussa et la hache à la main scruta les buissons. On approchait. Konwal fit un signe de tête à son second qui immédiatement dispersa le reste de la troupe. L’odeur pestilentielle n’était pas celle du capitaine mais celle des déserteurs, ces sauvages assoiffés de sang violant et pillant, brûlant et massacrant tout sur leur chemin. « Si tu tiens à ton pucelage, restes près de moi et ne joues pas les héros ». Les sauvages bondirent sur les soldats du prince et Konwal à lui seul en découpa une vingtaine et maculé de sang concentra son attention sur Arzhen. La petite ne craignait pas la mort, c’était une tueuse : rien d’étonnant alors à ce que Manner recherche sa compagnie. Epuisée par le combat, elle s’endormit sur le tapis de selle et quand elle se réveilla, Manner et Mordreg se tenaient là, près du feu éteint. D’un bond elle se leva pour étrangler notre chevalier aux boucles brunes et soyeuses.

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On les sépara avant qu’elle ne l’étripe et ne pouvant contenir sa colère, Arzhen lui tourna autour. « Tu pars et tu ne me dis pas où tu vas ! C’est me trahir Manner, parce que tu sais que je m’angoisse très facilement et Mordreg a une très mauvaise influence sur toi, trancha cette dernière en jetant un regard noir vers le prince. Tu lui obéis comme un petit chien et… —La ferme Arzhen, il n’a pas besoin d’une chienne trottant constamment à ses talons, répondit-il en ôtant sa ceinture. Si tu es trop angoissée, tu peux encore rentrer chez toi. Personne ne te retient ici. —Je ne te laisserai pas me manquer de respect Mordreg, tu n’es pas encore roi que je sache. Et qui voudrait d’u roi comme toi incapable de lever une armée pour veiller aux intérêts son père ? » La gifle partit. Aussitôt Manner bondit sur le prince pour placer un couteau sous sa gorge. Personne jamais ne lèverait la main sur sa protégée, pas même le seigneur Mordreg. Reprenant ses esprits, il finit par le lâcher remarquant toutes les épées braquées sur lui. « Ne t’avises plus de lever la main sur elle, crois-moi. —Sinon quoi ? Commences d’abord par lui apprendre les bonnes manières, ensuite donnes-lui ton nom et des enfants mais ne t’interposes jamais plus entre cette sauvageonne et moi. A cheval, tout le monde ! » L’averse les surprit et ils durent faire une halte dans un ancien fort abandonné. A l’abri, les hommes s’allongèrent sur la paille afin de délasser les membres endoloris et Arzhen de brosser sa monture, un magnifique alezan marron aux balzanes

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recouvertes de longs poils. Mordreg ne put s’empêcher de l’approcher. « Si tu continues ainsi, tu vas finir par ôter l’éclat de sa robe…Tu ne m’apprécie guère. Pourrais-je en connaître les raisons ? —Je n’ai pas à t’apprécier, déjà qu’il m’est insupportable de te voir pervertir Manner. Que lui as-tu promis pour qu’il se mette à te suivre dans tes lubies ? Je sais où vous étiez hier. Vos chevaux, eux ne mentent pas. C’est amusant de remarquer comme vous pouvez faire preuve de perfidie à mon sujet. —De la perfidie, dis-tu ? Manner et mon cousin ; il se destine à un bel avenir bien différent de ce que tu as à lui proposer. C’est un guerrier, le meilleur qu’il puisse m’être donné de rencontrer et je ne le laisserai pas tout gâcher pour une vulgaire idylle avec une sorcière. —Je suis une prêtresse de la lignée des Shâ-guls, l’ignores-tu ? » Il l’attrapa violemment par le poignet pour l’obliger à la regarder. « Tu l’as ensorcelé, je la sais. Il n’est plus le même depuis qu’il te fréquente et tes charmes ne font qu’ajouter du mépris aux sentiments que je nourris à ton égard. Une fois arrivés à la frontière, je… » Ses menaces furent interrompues par l’arrivée impromptue de Manner. Il passa de l’un à l’autre avant d’inviter Arzhen à le suivre. L’ensorceleuse disposa des bougies autour de ses ustensiles ; écrasa des plantes vertes dans de l’eau et récita des incantations destinés à éloigner les mauvais esprits de la pièce. La fumée se dissipa et avec précaution Arzhen posa des cataplasmes sur la plaie du chevalier. Une

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blessure de guerre vieille de plusieurs semaines en phase de guérison. Allongé non loin d’eux, Mordreg n’avait rien perdu du spectacle ; ni des regards énamourés de son cousin, ni de la voluptueuse poitrine de la jeune femme. Il vint à envier leur proximité et éprouva de la jalousie face à leurs sentiments si ouvertement exprimés.

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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