(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)
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LE DORTOIR DU GUIDE [Sous-titre]
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Du même auteur Aux éditions Pollymnie’Script [La cave des Exclus]
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MEL ESPELLE
LE DORTOIR DU GUIDE
Polymnie ‘Script
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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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[Dédicace]
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[PrĂŠface]
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Chapitre 1 Les gosses se parquaient entre Lincoln avenue et Palm Street. L’inspecteur Hauser gara son véhicule non loin de là. Les dealers Soap et Target ramassaient des filles: ils les recrutaient jeunes, pour un job facile et sans prise de risques. Target avait un faible pour les jeunes garçons tandis que Soap affectionnait les Petites chattes, comme il les appelait. Elles leur servaient de mule et toutes prises selon le même profil : jeunes, attirantes voire provocantes et capables du pire, comme sa dernière recrue, 16 ans et deux fois pincées pour vente illégale de drogues. La brigade des mineurs la pistait depuis toujours et ce jour-là elle se dandinait devant Soap. « Putain ! Regarde qui s’amène ! » Sako cet autre afro-américain désigna du menton Hauser. « Tu veux quoi aujourd’hui ? —Où est Wilkes ? —Oh ! Oh, Oh ! On ne sait pas de quoi tu causes et même si on le savait, peut-être qu’on ne voudrait pas balancer une frangine. On a nos codes vieux, sourit ce dernier dévoilant une molaire en or. Il n’y a rien ici pour toi. » Ils se toisèrent du regard. Hauser ne craignait pas de débarquer seul dans ce quartier défavorisé où aucun commerce n’ouvrait en raison du fort taux de criminalité. Hauser sourit en retour. « Cela pourrait te valoir cher, hein ? A ta place je ne déconnerai pas, murmura-t-il, je crois que tu aurais tout intérêt de l’ouvrir et renoncer à ton baratin habituel si tu tiens à ta liberté conditionnelle.
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—Ouais, le negro dis-lui, renchérit Target, la main glissée dans son pantalon. Cette petite salope se fait lécher par Tyron et…. » La main de Hauser se referma sur le cou de Soap et de l’autre main enfonça le canon de son arme dans la bouche de son interlocuteur. « Je pourrais encore te le demander autrement et comme je sais que tu comptes vivre assez vieux pour t’occuper de ta mère. Alors crache-le morceau. » Haley dévissait avec Hathaway quand la voiture de Hauser se gara non loin de la leur. Remonté comme il l’était il sortit Frank de derrière son volant sous le regard ahuri de l’adolescente. « Non mais c’est pas vrai ! Ce n’est pas possible ! —Toi tu n’approches pas ! La défia-t-il de son index. C’est plus fort que toi, hein ? Elle (en désignant Haley du doigt) tu ne la touche pas. Je t’avais déjà prévenu mais il faut croire que tu sois un peu dur de la feuille. Alors je vais devoir me faire comprendre autrement. Tournes-toi…. —Putain ! Tu ne peux pas me faire ça ! Suis réglo. Dis-lui Wilkes. Je n’ai pas revendu de blanche depuis trois mos et je crois que tu te trompes de mec, vieux. Oh, putain ! Tu me passe les menottes sans même me fouiller et me dire mes droits ? Elle est où ton insigne et ton….même pas tu me demande si je veux coopérer ? J’ai un témoin tu vois et ce genre de bavure…. » Il lui colla violemment la tête sur le capot de sa bagnole. « A ta place, je ne l’ouvrirai pas ! Ce n’est pas bon pour tes affaires. Tu vas me suivre gentiment et toi aussi Wilkes. Cela vaut mieux pour tout le monde. » A la police Station de Saint-Louis, Wilkes craignait qu’Hathaway se mette à causer ; le jeune étudiant en droit, frère de dealer et fils de père purgeant une longue peine en prison, il n’en était pas à sa première arrestation. Il lui arrivait de dealer comme n’importe qui mais avait dit vrai : depuis trois mois on ne pouvait lui reprocher de s’accoquiner avec les autres de sa rue. D’ailleurs il la désigna du doigt. En panique Wilkes tourna la tête pour se tourner vers Gale. « Je
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pourrais avoir un verre d’eau ? » Lui la dévisagea indifférent à sa requête, prenant la déposition d’un afro-américain des plus stone car défoncé au crack. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait cet inspecteur, coéquipier de Hauser et certainement plus abordable que ce dernier. Depuis maintenant deux heures, Wilkes en eut assez de cette longue et angoissante attente ; « Je peux au moins aller aux toilettes non ? —Ne sois pas impatiente. Je prendrais ta déposition quand je l’aurai décidé et pas avant. —Ben….c’est ce qui m’inquiète ! » Une demi-heure plus tard on vira le drogué pour faire place à Wilkes. La jeune femme s’inquiéta de ne pas voir Hathaway et le cœur battant furieusement, elle serra davantage son sac à bandoulière sur son ventre. « Bon alors, tu faisais quoi dans cette caisse, tu m’expliques ? Et cette foisèci ne me baratine pas. —Je n’en avais pas l’intention. —C’est bien. —Ouais je trouve aussi. Je suis réglo ! Tu ne peux pas me garder ici. Vraiment ça craint et je ne veux pas avoir des ennuis cette autre pétasse des services sociaux/ elle est constamment sur mon dos depuis que tu as signé ce petit de rapport. —C’est pour éviter de te voir retourner en maison de correction. Alors, tu racontes quoi Halley ? —rien. —OK. Et tu crois que je vais te laisser partir alors que tu trainais avec cet espèce de dealer. Je crois qu’on ne se raconte pas tout. Tu me caches des choses Halley et je n’aime pas ça. Ce sont des petits copains qui m’ont dit où te trouver et tu sais que je n’aime pas ça : aller te chercher dans la rue quand je devrais être ailleurs à faire mon travail. —Mais personne ne te force à me suivre !
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—Oui, mentit-elle. —Pourtant ce n’est pas ce qu’affirme Lee Potts ! Tu as fini par te trouver une place au foyer ? J’ai cru comprendre que ta grand-mère ne pouvait plus subvenir à tes besoins. Il lui est arrivé quoi ? —Elle s’est luxé le col du fémur. —Tu étais avec elle quand cela s’est produit ? —Non….je vais au lycée. Je sais que je peux étudier comme n’importe qui, alors je me donne une chance de réussir. Je ne touche plus à la drogue, c’est mauvais même si le toubib du coin en vante les vertus. Ma grand-mère tient à la marijuana et il lui arrive d’être aussi défoncé que le pire des junkies. Et vous faites quoi pour elle ? Trop pauvre pour être admise en centre de désintoxication, trop pauvre pour subir les sévices de la justice du Missouri et trop peu intéressante pour vos investigations. —Qui te paie tes études ? Le programme d’aide sociale ? —Ouais. Après j’étudierai le droit comme Hathaway. Ru ne m’en crois pas capable ? » Il ne répondit rien, se contentant de la fixer. Il se perdit dans ses pensées au point de décrocher complètement. Il savait que bon nombre de jeunes des milieux défavorisés abandonnaient l’idée de poursuivre dans l’enseignement secondaire ; seulement 5% parvenaient au cycle universitaire et peu accéder au master et à un emploi bien rémunéré. Si Haley voulait y croire….Il retourna à l’écran de son PC. « Votre co-équipier a un sérieux problème ! lança-telle in-petto. Il est violent et ce qu’il a fait toute à l’heure….je ne peux pas rester à ne rien dire quand son comportement est inadapté à la situation. Et j’ignore pour quelle raison je suis ici ! » Il pleuvait à verse. Haley marcha quelques mètres quand Gale baissa la vitre de sa Ford. « Monte s’il te plait ! » Elle ne répondit pas, pressant l’allure. « Montes dans cette putain de voiture Haley, parce que si je viens te chercher…. » Elle s’exécuta et il alla se garer sous un pont non loin d’un entrepôt désinfecté. Ici personne ne les dérangerait. Haley
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fixait le rétroviseur extérieur, incapable de fixer autre chose.
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[Epilogue]
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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France
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