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L’ETE DES FURIES [Sous-titre]
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Du même auteur Aux éditions Polymnie’ Script Antichambre de la Révolution Aventure de Noms Cave des Exclus Chagrin de la Lune Désespoir des Illusions Dialectique du Boudoir Disciple des Orphelins Erotisme d’un Bandit Exaltant chaos chez les Fous Festin des Crocodiles Harmonie des Idiots Loi des Sages Mécanique des Pèlerins Nuée des Hommes Nus Obscénité dans le Salon Œil de la Nuit Quai des Dunes Sacrifice des Etoiles Sanctuaire de l’Ennemi Science des Pyramides Solitude du nouveau monde Tristesse d’un Volcan Ventre du Loup
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Vices du Ciel Villes des Revenants
MEL ESPELLE 5
L’ETE DES FURIES
Polymnie ‘Script
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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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[Dédicace]
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[PrĂŠface]
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Chapitre 1
Les expériences débutèrent le 13 mai 2016, le rapport indique des modifications sur les gènes de la paire de chromosomes n°12 et le Dr Kepler tira la sonnette d’alarme. Le sujet devait être détruit et le gouvernement donna son aval pour effacer toutes traces de ces modifications génétiques car depuis les dernières transfusions, le dit-sujet développant une sorte de trouble de la personnalité. Le Dr Kepler enverra un mail à tous les intervenants de ce projet nommé Werewolf : Incident conduisant l’arrêt imminent de tous les essais sur des porteurs sains ; Analyses envoyés à Washington D.C pour archives. Quelques semaines plus tard, Washington conclura en demandant la destruction immédiate du sujet par injection létale. Apprenant la chose par voie non-officielle le Dr Kepler quitta le Wisconsin avec Jay hayes et Paul C. Drew, les consignes étant de ramener un échantillon de la dite opération pour modifier en amont les protéines immatures. Le 7 juin, la jeep flanqué du logo de Lang franchit l’imposante murale de barbelé cerclant le Centre de Recherche génétique de l’Etat du Minnesota. Hayes
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comme Drew ignoraient qu’un tel complexe existait et hayes regarda Ann Kepler dans le rétro de la jeep. « Es-tu certaine de ce que tu fais là ? On est entrain de pénétrer Alcatraz là et à moins d’un bon plan de sortie, je doute qu’on parvienne à s’y évader. —Non ! J’ignore complètement ce que je fais, seulement je le fais parce que l’on ne peut voir des années de travaux fichus en l’air ! Ces données sont importantes et lang vous paie pour la fermer, alors roule à présent ! « Il y eut des contrôles et des plus paniquées le Dr Kepler leur remit son saufconduit, une demande d’autorisation concernant des prélèvements que l’on dira A et B, une demande de Lang. Et le sujet ne fut pas difficile à trouver. Leur pass leur permettait l’accès à l’aile C et le Dr Kepler usa de son prestige pour s’assurer pouvoir entrer et sortir sans être inquiétée. Le dr Brennan l’introduisit dans son pôle d’activité. « J’ai besoin de savoir comment elle va ? Murmura cette dernière en le suivant dans les couloirs aseptisés de ce bâtiment. Tout cela est si surréaliste ! —Dr Kepler je vous ai écrit pour vous faire part de mes inquiétudes quant à son avenir mas je préfère ne pas vous ménager. Elle est actuellement sous sédatifs et placée à l’isolement. Nous avons du la calmer car elle a un comportement qu’on pourrait qualifier de très agressif. Trois de nos confères sont actuellement à l’infirmerie et il nous est difficile de l’alimenter, déclara-t-il en repoussant ses lunettes sur son nez aquilin. Elle est ici ! » D’un coup de poing, Brennan déclencha le lever d’un rideau métallique et la
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lumière se fit dans la salle. Une femme se trouvait être là, accroupie sur son séant, leur présentant son dos recouverts de nombreux hématomes et scarifications en tout genre. « Mais c’est…. —C’est une femme oui. C’est notre individu B54. Nous avons reçu l’ordre de tout détruire. C’est la raison pour laquelle je vous ai contacté. —Mais c’est…. » Le Dr Kepler en perdit ses mots et la man sur le front tentait de recouvrir la raison. C’est une gosse ! Vous avez fait subir une batterie de tests sur une gosse ! Et vous avez obtenu des subventions pour cela ? Non, mais je rêve ! » Brennan ne répondit rien, les lèvres serrées il se contenta de lancer un regard noir à Kepler. « Vous avez détruit son système immunitaire ! En êtes-vous conscient ? Et fort à parier que tous ses systèmes vitaux présentent de graves lésions ! Vous avez torturé cette gosse ! Les sujets B20 à C36 sont des loups auxquels on administre de fortes doses d’enzymes chimiques pour….enfin tout cela est à but thérapeutique et vous venez de détruire notre profession ! C’est purement et simplement criminel. Où est son dossier ? Je dois le consulter immédiatement ! » Il lui remit trois dossiers papier et Ann Kepler fronça les sourcils. « C’est tout ? Je veux savoir sui elle est et qui sont les malades qui ont permis qu’une telle chose arrive ? —Elle est volontaire. Tout ce que vous devez savoir d’elle se trouve dans ces dossiers. Je ne peux malheureusement pas vous les laisser mais j’ai reproduit le
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contenu de nos recherches sur cette clé USB. A vous d’en faire ce que vous voulez et si je dois payer pour cela j’en assume l’entière responsabilité. » Le Dr Kepler fut sidérée par cette découverte qu’elle jugea criminelle. Devant le grand miroir sains-teint, elle observait la femme accroupie et inerte, probablement encore sous les effets de la drogue. Devant le micro, Ann Kepler tenta une approche. « Euh….mademoiselle ? Mademoiselle, Comment faites-vous pour attirer son attention ? —Depuis un certain temps nous n’obtenons plus de contact avec le sujet. —J’ai cru comprendre qu’elle s’appelle Joan ! Alors pourquoi ne pas l’appeler par son prénom ? Elle ne répond pas vu la dose de cheval que vous lui avez certainement administrée. Écoute, je…..j’ai été flattée que vous me contactiez pour récupérer vos données mais si je m’étais attendue à cela je ne serais pas venue. Maintenant je suis mêlée à tout cela et…vous allez nous remettre un individu dont on ignore tout du comportement. Un individu dont vous avez détruit les cellules cérébrales et immunitaires. Que sommes-nous censées faire d’elle ? —Lui trouver un nouveau foyer. » Hayes et Drew fumaient devant l’imposant 4X4 noir quand ils virent arriver le Dr Kepler et trois autres types dont un poussant un fauteuil roulant en blouse blanche suivis de près par des gorilles de la sécurité. « C’est quoi ce bordel ! Lança Hayes en jetant au loin sa cigarette. Qu’est-ce qu’elle nous fait encore ?
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—Comme d’habitude, elle s’acharne à sauver ce qui reste à sauver. » En voyant la femme inerte dans le fauteuil, hayes éprouva des difficultés à déglutir ; même dans cette semi-pénombre on arrivait à discerner les traits squelettiques de l’invalide et on eut cru un spectrale apparition aux deux doigts de la tombe. « C’est notre nouvelle assistance : Joan Wilkes ! Déclara Kepler en ouvrant la portière arrière du véhicule ; elle va venir avec nous alors montrez vous courtois, elle est encore sous le choc de l’annonce. —Elle plaise ou quoi ? —Non je ne crois pas Hayes. L’as-tu déjà vue plaisanter ? » On lui remit papiers, effets personnels et une quantité de pilules et drogues placés dans des sachets hermétiques soigneusement confinés dans des glacières portatives. Brennan éloigna le fauteuil pour s’assurer du confort de leur passagère. « Son pouls est stable et…. —Merci Brennan, vous n’avez plus à vous en soucier ! Maintenant elle est placée sous notre protection et je vous laisse à vos remords. » Ils roulèrent de nuit et se relayèrent au volent jusqu’à leur destination. Pas un ne parla, chacun absorbé dans leur propre pensée et après quatre cent kilomètres en amont, le ranch leur apparut entre la végétation boisée. A la date du 8 juin, Joan Wilkes descendit du véhicule talonné par Ann Kepler. Le ranch Lang 1 Moore restait un immense complexe à la frontière du Canada et on y avait accès par une route unique serpentant au milieu de nulle part.
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Dan Hemsworth déboula de nulle part et son regard se posa sur Joan. « C’est qui celle la ? » Il n’y allait pas quatre chemins et ce blond aux allures de viking voulait savoir ce qu’on leur rapporter. Il avait lu le mémo du Dr Kepler disant faire route pour récurer des pièces importantes à leur édifice. L’arrière du 4X4 n’offrait plus aucun espace de rangement et impressionné par l’ingéniosité de ses collaborateurs, Hemsworth s’en amusa connaissant le goût immodéré de Kepler pour l’ordre. « Ben, je sais pas. C’est une sorte de zombie. Elle n’a fait que pioncer depuis notre départ de Salem. Notre soi-disant assistante incapable de garder un œil ouvert. On va bientôt vite savoir ce qu’elle vaut. —Comment ça ? Non, ne dis pas que Kepler veut nous refiler cette gourde dans les pattes ? On a assez de boulot comme ça…. —relax Hemsworth, de toute façon Kepler ne compte pas nous voir s’immiscer dans ses affaires ; sur ce coup là elle est peu arrangeante, déclara Drew en la voyant glisser quelques mots à l’oreille de Wilkes. —Et bien c’est cool. On va bien s’amuser, je sens ça ! Bon. Briefing dans une demi-heure, désolé de vous casser le moral. » Kepler voulait faire son travail correctement et elle comptait défendre sa cause auprès de Lang. Il l’attendait dans son bureau, l’oreillette enfoncée dans l’oreille et en grande communication avec ses fournisseurs. Il lui fit signe de s’assoir et fronça les sourcils en découvrant Joan
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Wilkes franchement défoncée sur le fauteuil de cuir. « Je te rappelle Arthur, le reste de mon équipe vient d’arriver….non, non, tu me maile rien. Je n’aurais pas le temps de tout consulter….je te remercie. Et bien Ann, on dirait que cela s’est bien passé pour toi. Tu es finalement revenue et qui est-ce ? —C’est Joan Wilkes, elle est….elle va travailler ave moi, répondit-elle des plus gênées basculant lentement d’avant en arrière. Brennan me l’a suggéré pour mes travaux et….j’ai trouvé l’idée plutôt séduisante. —Tu te fous de moi ? Et sans me concerter. Dallas va péter un câble tu le sais ça ? Et je ne veux pas être à côté quand cela se produira. La gestion du personnel c’est son truc Ann et tu ne peux pas faire rentrer une autre biologiste dans l’équipe. —Oui, je le sais ça Russel mais mes travaux sont primordiaux ! Plus que l’avis de Dalals, c’est bien pour cela que tu m’as embauchée non ? Si c’est un problème pour toi alors ça sera également un problème pour moi mais dans la mesure où cela ne l’est pas, alors tout va bien dans le meilleur des mondes ! » Lang fixait Wilkes occupée à fixer le plafond. « Allô ? Est-ce que tout va bien ? Ecoute, sans plus attendre je vais aller me mettre au travail. Il est impératif que j’épluche toutes les données de Brennan et j’ai du pain sur la planche. On remettra à plus tard notre discussion. » Le Dr Kepler roula à vive allure au centre de recherches et invita Joan à s’assoir sur un tabouret. Ce dernier se dressait entre les logements du personnel, le hangar à véhicule et le logis principal
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comprenant le Q, la maison et les autres annexes ; derrière les cinq bâtiments comprenant le pôle scientifique se tenaient les trois enclos flanqués d’une clôture électrifiée. Fébrile, le Dr Kepler l’était. Elle ne connaissait rien de Joan Wilkes et le peu de choses qu’elle savait d’elle se tenait sur cette clef USB ; soit des colonnes entières de résultats de toxines, de taux d’albumine, etc. Après avoir enfilé sa blouse, elle s’empressa de lui faire une prie de sang. « C’est pour la forme d’accord, pour m’assurer que tout aille bien de ton côté. Peux-tu me parler de toi ? Pourquoi avoir accepté de te prêter à ses expériences, Tu sais qu’elles n’étaient pas sans risques ; On va arranger tout cela d’accord ? » L’aiguille s’enfonça sous la peau de Joan. Cette dernière ne semblait pas ressentir la douleur et ses yeux gris elle étudiait la pièce avec minutie. Kepler ouvrit un dossier installé sur la clef. Il s’agissait de photos montrant le sujet en confinement. Joint à cela une vidéo sur laquelle Ann cliqua. Une voix derrière la caméra disait : « Vous vous appelez bien Joan Wilkes c’est bien ça ? Et quel âge avez-vous Joan ? —Vingt-et-un ans. » Une voix chaude et cristalline. Kepler interrompit celle-ci pour en choisir une autre. Joan assise au milieu d’une salle semblait impassible, les mains posée sur ses cuisses ; Elle fixait la caméra de ses grands yeux gris bordés de longs cils noirs. Kepler la trouvait jolie, assez pour qu’on la remarque où qu’elle se rende. Une bouche mutine et un joli grain de peau sans parler de sa longue chevelure noire encadrant son visage d’ange.
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« Joan ? Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Questionna la même voix derrière la caméra. —Bien, répondit-elle. —Alors nous allons passés à un autre test, vous le voulez bien ? Regardez bien vers la caméra. Cela ne sera pas long. » Il y eut comme une sorte de déclic. Celle de la porte et entrèrent cinq hommes. La voix poursuivit : « Test n°12, sujet mis en relation avec des individus de mâle dégageant la même hormone, Code C23….regardons ce qui va se passer maintenant…. » Kepler sursauta et lâcha un : ‘ « Oh, mon Dieu ! » Joan venait de mettre les cinq hommes sur le carreau et un médecin passa entre les corps. « Les cinq individus correspondant à l’hormones synthétiques C23 ont été maitrisés et dans un état critique…. » Ann ferma prestement l’onglet de la vidéo et en tremblant se leva, les jambes flageolantes. « Nous avons créé des montres ! » Le projet Werewolf n’était autre que cela. Elle ouvrit la porte qui la séparait de la pièce réservé aux prises de sang et s’assit devant Joan. « Nous allons tout reprendre depuis le début Joan, expliqua-t-elle des trémolos au fond de la voix. D’où êtes-vous originaire ? » Joan sentait la peur chez Kepler, possible qu’elle entende son cœur battre derrière sa couche de vêtements. Nulle n’aurait pu le dire avec certitude. « Vous avez de la famille ici ? Des personnes que l’on pourrait contacter si vous avez des ennuis. Joan ? Je suis là pour vous aider….on vous a administré une sorte de programme génétique par le biais d’enzymes et….il me saura possible
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de les reproduire ici, dans ce laboratoire si vous me dites quand les essais ont commencé pour vous. —Je n’en sais rien. —Quoi ? Connaissez-vous la date du jour ? » Joan se perdit dans ses pensées. Son regard se teinta d’un teinte étrange et Kepler comprit qu’elle se trouvait être face à un sérieux problème, un énorme problème. Dans pareil cas elle ne pouvait agir seule, il lui fallait une aide extérieure et pour cela il n’y avait qu’une personne en qui elle pouvait avoir confiance. Sur son portable elle composa le numéro de Glen. « Salut Ann, qu’est-ce que je peux pour toi ? Demanda glen Pratt derrière la table de la salle de briefing.. —euh….je sais que tu es en réunion mais ce que j’ai à te dire est très important. Il faut que tu viennes ici le plus rapidement possible ! —Ok, je passerais après. » Sur le coup elle parut soulagée et derrière son écran d’ordinateur elle expira profondément sans oser regarder derrière la baie vitrée où se tenait Joan. Il arriva vers midi et trouva Kepler agitée et muée en une sorte d’accroc à la caféine. « Comment peux-tu m’appeler quand tu sais que je suis en réunion avec Dallas ? Après le coup que tu lui as fait elle ne s’en remettra jamais. C’était quoi cette idée de nouvelle biologiste ? Il y a déjà Hayes, drew, Hemsworth et se sont des pointures dans leur domaine. Voilà que tu te mets à recruter derrière son dos. Ce n’est pas top, ça. —Tu me feras des leçons de moral après si tu veux bien ! Là, je ne suis pas
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d’humeur à les écouter. Tu te souviens du projet sur lequel hayes et moi ont travaillé ? Bien-sûr que non, tu ne pouvais pas savoir ! Nous avions eu des consignes très précises, celles de dégager telle sorte de molécules pour les combiner à d’autres plus percutantes et tu te souviens avoir entendu Hayes dire que cela serait impossible ? Oh, pitié ne me regarde pas comme ça, je ne suis pas folle ! Enfin….pas encore ! J’ai récupéré un tas de données par Brennan et….il se puisse que l’Institut du Minnesota recueille nos résultats pour ensuite les traiter et les combiner avec d’autres et….le résultat est terrifiant Glen ! Ils injectent nos molécules sur des patients zéro atteints de certains fragments d’ADN spécifiques. On les combine ensemble comme ceci, déclara-telle en activant la fonction powerpoint de son logiciel. Tu vois un peu ce que cela produit ? —Non, la biologie ce n’est pas mon domaine en toute franchise. Tu devrais peut-être en parler à hayes ou à Drew, ce sont eux les cerveaux pas moi. —Ils produisent des surhommes. —Quoi ? Comment ça ? Tu veux dire que toutes vos recherches aboutissent à traficoter notre patrimoine génétique pour construire une sorte de monstres ? —Euh….hybride plus exactement ! Joan Wilkes est de ceux la. —Qui ? » Elle sortit des impressions de son imprimante pour les tendre à Glen avant de croiser les bras sur la poitrine. « Tu es la seule personne en qui je peux avoir confiance ici. J’ai sérieusement besoin d’un conseil. Elle est à côté. Elle dort sur la couchette et je ne peux pas me faire sortir de la tête que nous sommes
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face à un titanesque programme. Combien il y a-t-il de Joan Wilkes dans la nature ? Combien d’hybrides ont été testés, relâchés dans le seul but de tuer ? —Tu dois en parler à Lang. —Non. Non ! Je risque ma place et tout ce pour lequel j’œuvre depuis des années. Il ne comprendrait pas. Personne ne comprendra Glen et cela doit rester pour l’instant entre nous. Toi, moi et elle. » Il protesta en soupirant profondément. Il se mordit la langue inférieure, reposa les feuilles sur la table et se caressa le menton. « Je ne sais pas quoi te dire Ann. Tu pensais ramener un loup ici et tu reviens avec une femme programmée pour tuer, c’est bien ça ? Mais comment en avoir la certitude ? Se ne sont pour le moment que des hypothèses non ? —Non, malheureusement pas. J’ai une vidé sur laquelle on la voie clairement mettre cinq robustes hommes sur le tapis et ce n’était pas un putain de ring où les combats sont amicaux voire truqués ! Les types ont vraiment morflés. Elle se battait de façon étrange comme si son unique but était la destruction d’individus portant une hormone particulière. Actuellement je me penche sur la question et…. —Que sais-tu d’elle ? A-t-on raison de penser que quelqu’un la cherche en ce moment ? Essayes de te rapprocher d’une cellule policière pour savoir si son profil correspond à une personne recherchée. —Et ensuite ? Cela ne réglera par le problème de fond ? Il faut la voir comme une menace tant que je n’aurais pas annuler le pouvoir de cette molécule. —Comme tu voudras. Après tout c’est toi qui l’a ramenée ici ! »
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Les loups montrèrent des signes d’excitation dans leurs enclos. Cole s’en aperçut sitôt le retour du Dr Kepler et derrière la clôture observa une louve montrer des crocs, les poils hérissés et prête à passer à l’attaque. Notre dresseur se tourna vers Howe-davies. « Ils ont quoi à ton avis ? Je ne les avais encore jamais vu ainsi. Venir ainsi prêts pour nous provoquer. Il se passe quelque chose d’anormal. Contacte pratt. —Négatif ! Il est avec Kepler en ce moment. On va devoir isoler Calypso et Orion, elles se comportent de façon très agressive avec les autres. D’habitude elles ne font pas d’histoire, remarqua Brent Howe-Davies en basculant son fusil à cartouches à seringues hypothermiques pour s’emparer de son talkie-walkie. Howe-Davies pour Kipling…. —Ouais, j’écoute brent ! —Tu devrais ramener tes fesses dans l’enclos 2 on a un sérieux problème avec nos pensionnaires. —Ok, j’arrive ! » Il arriva à bord de son squad et administra une cordiale poignée de main à Cole, le dresseur à la chevelure flamboyante et fis de même pour HoweDavies concentré sur le comportement des louves s’en prenant aux plus faibles. Isaac Kipling fronça les sourcils, voyant l’alpha de la meute se faire chambouler par ses subordonnées. « Je vois. Un problème d’équilibre rompu. La place du leader est contestée. On va devoir les séparer avant qu’elles ne s’entretuent. —C’est aussi notre avis. On met les trois sœurs en cage et on voit comment se comportent les autres. On met Io en
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isolement et Calypso avec les quatre autres. C’est ok pour vous ? » Howe-Davies colla son œil à travers le viseur de sa lunette et tira. Une louve s’écroula et assise sur son séant ne sembla pas apprécier le contact de la seringue sous sa fourrure ; une autre ressentit la même et quand elles furent toutes à terre, Isaac marqua les autres à la peinture rouge. Un travail net et précis. Howe-Davies immobilisa les autres et une fois le calme revenu dans l’enclos en question, les hommes partirent les déplacer. « oh, non ! Regardez un peu qui se ramène ? lança Cole. Elle est surement à la recherche de son Pratt. » Dallas gara son 4X4 Mercedes non loin du quad de Kipling et elle en descendit telle une amazone sûre de sa victoire sur un ennemi composé de comportementaliste animalier. « J’ignore si vous vous montrez particulièrement brillants ou si vous faites cela dans le seul but de m’épater mais j’avoue que vous en tenez une couche. J’avais pourtant été formelle. Pas de commande pour les sédatifs tant que Hemsworth ne nous a pas donné le feu vert. Et là vous prenez des initiatives qui vous condamnent tous les trois à une énième conciliation avec les biologistes ! Qui a passé cette commande ? —C’est Pratt ! —Oui il me semble que c’est lui, renchérit Cole, le sourire aux lèvres, certaines femelles sot incontrôlables en moment de leur chaleur et avec Kipling on a pensé que cela serait un plus de prendre autre chose que nos lassos pour capturer les jeunes femelles.
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—Cesse un peu de plaisanter avec moi Noakes ! Où se plante-t-il d’ailleurs ? Vous êtes tous là alignés devant le peloton d’exécution et lui n’assume pas ses responsabilités. Où est-il ? —Avec Kepler, répondit Kipling en la défigurant froidement de la tête aux pieds, mais ça tu devrais le savoir puisque tu supervises les allées et venues de chacun de nous dans ce camp ! —Si tu étais un peu moins arrogant Kipling je pourrais presque te trouver intéressant mais là tu baises dans mon estime. —Navré votre Majesté ! » Cole se tourna afin de mieux ricaner. Une fois qu’elle leur eut tourné le dos ils partirent tous les trois dans des commentaires on ne peut plus amers. Kepler étudiait la prise de sang de Joan et décomposait toutes les molécules entre elles via son ordinateur. Un travail qui la tenait éloigné des autres à commencer par cette Dallas qu’elle ne pouvait souffrir. Entre les deux femmes aucune réconciliation nétait possible, chacune campant sur leur position. L’’une critiquait le travail de l’autre et la plus sage niait les faits disant qu’elle se refusait de rentrer dans pareille délire. Alors quand son téléphone sonna, le Dr Kepler balança Dallas sur répondeur. Dix minutes plus tard, la tornade rousse entra dans le laboratoire « Ainsi tu as une nouvelle sagiaire ! Où est-elle ? Tu compte la maintenir à distance de nous combien de temps encore ? Ann, je te parle, pourrais-tu avoir l’amabilité de me répondre ! —Ecoute Dallas je sais sue tu as l’impression de tourner en rond ici et que
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ta place ne se résume qu’à celui d’un gratte-papier mais là figures-toi que j’ai une tonne de travail et que pour l’heure je ne sus pas disponible pour un échange verbal avec toi quelque soit la forme. » Dallas s’assit sur le rebord du bureau de Kepler et les bras croisés sur la poitrine se mit à la fixer. « Tu sais il y a des règles pour tout le monde ici, y comprit toi et si tu ne les respecte pas ou si, je ne sais pas par quelle lubie tu décides de faire cavalier seul je vais m’arranger pour que tu n’obtiennes plus de subventions car une nouvelle biologiste c’est une nouvelle paye qui sera doublée après un an et qui croitra fonction exponentielle. Tu ne t’es pas dit que trois biologistes embauchés à plein temps nous suffisaient ? —Ce n’est pas ton problème c’est celui de Lang. Et puis j’ignorais que tu tenais aussi les rênes du laboratoire. J’ai budgété ce département et soumis à lang depuis des mois déjà toutes nos dépenses à venir et crois-moi bien nous sommes bien au-deçà des considérations matérielles. A bon entendeur ! —D’accord ! Pour cette fois je ferme les yeux mais la prochaine fois j’aimerais en être informée. » Dallas quitta le bureau dépitée. Elle avait pensé y trouver Pratt. Le Dr Kepler partit à la cafétéria du labo où se trouvait-être Joan. Cette dernière buvait un thé, seule dans la salle. Elle se servit un café encore chaud pour s’assoir devant Joan, un dossier à la main. « Je viens de lire tous tes résultats de la dernière prise de sang pour les comparer à celle du Minnesota et je viens à la conclusion suivante : tes cellules sont en
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constante mutation. C’est comme si une multitude de toi évoluait autour d’une seule Joan. C’est une sorte de gros brassage à l’échelle de la planète. Les instructions contenues dans ton DN circulent au sein des lignées et entre les lignées. En d’autres termes tu n’appartiens pas uniquement à la race humaine, tu appartiens également à la race….animale. Plus précisément à la famille des canidés et plus précisément au Canis lupus lupus, loup gris commun. Je suis arrivée à cette conclusion parce qu’ici nous récupérons certaines de leurs informations génétiques pour…. —Ann, tu es là ? Déclara Dan Hemsworth. Oh oui, elle est ici ! Avec sa nouvelle recrue….cela ne vous ennuie pas les files que je me pose un instant avec vous. Il y a deux ou trois choses que j’aimerais voir avec toi, mais cela ne sera pas long alors détendez-vous. D’abord, je suis ravie que tu fasses partie de notre équipe, Joan ! Tu vas voir c’est plutôt cool de bosser ici. Ensuite, on a une excellente couverture sociale et des tas d’autres avantages que je t’énumérerais plus tard. Je peux te parler Ann ? —Maintenant ? Euh….et bien. Je t’écoute. » Il lui fit signe de la suivre, elle ne comprend pas son subliminal regard et au moment où elle comprit, elle lâcha un : « Oh ! » de surprise. « Je reviens Joan, ne bouge pas d’une semelle. » Elle craignait qu’il ait deviné l’identité de la nouvelle. Non, comment l’aurait-il su, c’est absurde, résonna-t-elle à voix haute et nerveuse, elle croisa les bras sur sa poitrine et derrière la vitre, jetait un dernier regard à
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Joan avant de chercher à se donner de la contenance. « C’est quoi ce bordel Ann ? Tu ‘m’explique ? Je viens d’avoir un appel d’un certain Norton du Minnesota, une sorte de décérébré qui a cru bon me passer un savon concernant l’accord que tu as passé avec brennan. —Oui, c’est une longue histoire. Norton supervise les recherches du département génome pour faire simple et tout est réglo. Ils m’ont fait signé un tas de paperasse làbas et je ne crois pas devoir me justifier pour ce que j’ai fait. Tu comprends n’estce pas à quel point ce genre de recherches est important pour nous autres. Et j’avais avec moi deux experts biologistes qui ont également signé toutes les décharges en bonne et due forme. —Crois-tu vraiment qu’ils aient eu le choix ? Cela s’apparente à une prise d’otages. Lang pense que Norton va continuer à nous chier dans les bottes jusqu’à ce que tu lui fasses ton rapport par écrit, une sorte de clause de confidentialité. Tu disais pourtant que tout était réglo. —Je le croyais aussi, murmura ann en proie à une vive panique dont elle ne montra aucun signe extérieur. La signature d’un tel document signerait indubitablement son arrête de mort dans la profession et elle se refusait de rentrer dans les procédures complexes imposées par l’Institut du Minnesota. Ces derniers se déchargeraient de leurs responsabilités dans l’affaire brennan et la remise des preuves outre-département. « Est-ce que ça va Ann ? » Elle tarda à répondre, les larmes bordant ses yeux noisette ; « J’aimerai vraiment oui, mais
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apparemment rien ne fonctionne comme on le souhaite. Norton me menace directement et je ne crois pas être en mesure de lutter face à ce fils-de-pute ! —rien que ça. Je croyais que tu le voyais comme une sorte de génie. Un précurseur en la matière et voilà que tu te mets à le traiter de fils-de-pute comme s’il venait de te décevoir. Il fait seulement son boulot, comme nous tous d’ailleurs et si tu ne veux pas d’ennuis alors suis sa procédure et détruit les preuves qui t’accablent. Après tout ce n’est que ça la problème. —A-t-il dit chercher quelque chose en particulier ? Aurait-il fait mention d’un élément spécial qui compromettrait l’avenir de ce centre ? —Non ? Mais il n’est pas stupide. Il sait que tu t’es redue dans son centre le soir où il n’y était pas et que tu as eu accès à une zone sous haute-protection dont les subventions viennent directement des fons de Washington. —Du Pentagone, je suppose ? Leur projet avait pour nom, le projet WEREWOLF alors avec un nom comme celui-ci ce n’est pas dur de faire le rapprochement. —C’est possible. On n’a pas à se mêler de leurs affaires. Leurs recherches sont pour le moins confidentielles. Tu as quelque chose de particulier à me dire ? —On fait des recherches nous aussi. Soidisant pour améliorer les conditions de vie de certaines espèces dites menacées dont la réintroduction est un défi de taille compte-tenu de tous les lobbyings qui montent au créneau sitôt qu’on déplace une meute de trois miles de son territoire ! J’avoue que c’est flippant. »
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Son interlocuteur fronça les sourcils. « Et ensuite ? Tu ne crois plus en ce que tu fais ? —Jusqu’à hier je trouvais que mon métier était le plus beau du monde Dan et je me rends compte que la vérité est toute autre. Cette vérité est horrible et tu ne voudrais pas l’entendre. —alors détruis toutes les preuves Ann qu’on puisse se remettre à travail pour cet idéal qui t’es si cher ! » Elle retourna auprès de Joan et sortit son mouchoir pour s’en tamponner les yeux. « Ecoute Joan… ;tu risques d’être en manque de certaines drogues, notamment de trois d’entre elles qui ont la particularité de rendre accroc et il va falloir que tu sois sevrée. Le nom de Norton te dit-il quelque chose ? Questionna-t-elle le nez dans le dossier relatif à sa pensionnaire. —Non Je ne me souviens plus de rien. Je pensais te l’avoir dit. —Ils vont te poser des questions ici. Pour ne pas éveiller les soupçons il te faudra mentir si tu en ais capable. Pour moi c’est inédit et tellement de choses en dépendent. —Vous faites tout ça pour moi. Pourquoi ? Demain vous vous réveillerez et vous vous direz que tout cela a été vain. Je ne veux pas être celle qui est la cause de vos souffrances. —Avant de travailler ici, je bossais en neurochimie et l’esprit humain est des plus complexes. Le cerveau est une puissante machine capable d’interférer sur les multiples et personne n’est préparé à ce que tu es, ce que nous sommes tous face à un problème donné. Tout ce que je sais c’est que tu as fait partie d’un programme visant à modifier des aptitudes de réflexion
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et d’initiatives. Ta cognition est modifiée et si j’avais un scanner je pourrais faire la lecture de tes différents lobes cérébraux. Le centre n’en est pas équipé alors toi et moi on ne va pas se quitter pendant un long moment. » Peu après dix heures, hayes rentra dans le réfectoire nommé l’Arche pour le reste de l’équipe. Un endroit bien à eux équipé d’une salle de jeu, d’une salle home video et d’une kitchinette, sans parler des confortables sofas, canapés d’angle et méridiennes. Il lorgna de gauche à droite avant de voir Isaac allongé devant une émission sur le grand écran plat. Confortablement installé, rangers otés, il fixait l’écran sans vraiment regarder la diffusion en direct. « Tu es tout seul ici, Où est Ezra ? —Probablement avec Eason à parler du nombre de gosses qu’ils auront quand ils auront décidé de passer à l’acte. Il a le chic pour compliquer la situation. Tu lui veux quoi ? —Je viens de lire votre rapport sur le comportement agressif. Alors je voulais m’entretenir avec lui pour essayer de rectifier le tir. » Issac se redressa et son visage se durcit. « Cole a failli se faire arracher un bras toute à l’heure avec un louveteau. On a du le mettre sous sédatifs et vraiment parfois je me demande ce que vous leur donné à bouffer. Leur régime alimentaire ne semble plus leur correspondre ; Va savoir ce que vous mettrez dans leurs petites pilules. poursuivit-il marchant droit vers Hayes ; Je suis censé bosser avec des animaux et non pas avec des monstres génétiquement modifiés près à vous choper les couilles à la première occasion.
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—je vois que tu as des réclamations à faire. Peut-être pourrais-tu passer demain de 10 à 12 ; —Te fous pas de moi Hayes ! Je n’ai pas forcément enfin de récupérer mon billet de sortie parce que vous autres biologistes de mes deux, prenez vos désirs pour des réalités. —Ah,, ah ! Il serait temps pour toi de changer de boulot. C’est confirmer. —Ouais, possible que tu me trouves pathétique mais au moins j’ai ma conscience pour moi. Ce n’est pas toi qui rentre dans les enclos, qui te confronte à eux tous les jours jusqu’à ressentir leur souffle chaud sur ta peau. Le moindre faux pas et tu perds l’ascendance sur ces bêtes qui cherchent constamment à enfreindre les lois. Nos lois ! Mais leur société est bien plus élaboré qu’on voudrait l’entendre et ce n’est pas en leur faisant avaler des petites pilules que leur nature sera aussi policée que vous l’imaginez. —Tu m’ennuies Kipling. Si j’étais toi je me trouverais bien vite une nana pour dissiper ton agressivité ; depuis quant n’astu pas tiré ton coup ? » Issac le fusilla du regard. Leur dispute restait de bonne garde. Ils auraient pu s’en fiche encore plein la tronche si Drew n’était pas rentré prestement. « hayes, c’est toi que je cherchais. On a un sérieux problème et j’aurais besoin de ton avis. —cela n’est pas surprenant. On fait des bêtises et on ne sait plus comment les réparer c’est ça ? » Hayes quitta l’Arche. Drew resta sur le pas de la porte à étudier Kipling. « Il y a quoi encore qui le dérange ? Tu lui aurais marché sur le pied que je comprendrais
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mais là, tu ne l’a pas provoqué. Ce n’est pas dans ta pacifique nature Hayes, à moins que tu aies décidé de semer le trouble dans son esprit. —Ne cherchons pas à comprendre. As-tu croisé Ezra tantôt ? —La dernière fois que je l’ai vu, il était avec Hemsworth. Ce que j’ai à te dire le concerne, du moins indirectement. Il m’a dit avoir parlé avec Ann à deux reprises et il y a quelque chose qui cloche avec notre super collaboratrice. Norton est sur son dos pour ce que tu sais et apparemment elle refuserait de se plier aux récriminations de ce dernier. Ce qui n’est pas lui ressemblé. Elle est très à cheval sur les procédures, alors je m’en inquiète. —Et qu’en pense Lang ? —Il ne veut pas se la mettre à dos. Il a pleinement confiance en elle et il sait que si la met sous pression elle cessera de se montrer efficace. Or d’après Dallas, il y aura bientôt un audit ; —Tu plaisantes là ? J’ignorais qu’on doive rendre des comptes à des industriels véreux. Tu penses à quoi là ? Fais-moi par de ton analyse, qu’on puisse progresser de conserve. —Et puis je pensais à Joan Wilkes. —Quoi Wilkes ? —Cette fille n’a jamais fait partie de l’Institut du Minnesota. Notre petite hacker favorite a fouillé dans la base de L’institut et il y a bien une Wilkes enregistrée dans les fichiers nationaux. Cette dernière serait originaire de Detroit. Age : 21 ans. Profession : aucune. La Wilkes en question aurait été placée de foyer en foyer. Cause : parents décédés. —Tu n’es pas sérieux là ?
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—J’aimerais ne pas l’être mais ceci expliquerait bien des choses. Primo : le comportement irrationnel de Kepler ; Secundo : la raison du mutisme de notre pseudo biologiste et tertio : le fait qu’elle attire l’attention de Norton. C’est bien elle qui recherche, le sujet B54 que l’on devait rapporter ici. Cela ne t’a pas effleuré l’idée ? —J’avoue y avoir pensé mais….cela presque d’un scénario d’Hollywood. La gentille scientifique sauvant de la mort un cobaye des recherches génétiques et pis je me suis dis que je devais cesser de délirer. Aucun centre de recherche ne prendrait le risque d’exercer son autorité en programment des vivisections sur des humains au risque de voir tout son personnel finir dans une prison fédérale pour le restant de leur existence. Qui prendrait un te risque ? » Les deux hommes s’interrogèrent du regard. Le temps demeurait chaud en cette nuit d’été et là-bas, le son d’une platine diffusait des airs à la mode. Une belle soirée en somme pour certains, pour d’autres, le début d’une longue descente aux Enfers. « Elle ne doit pas rester ici. —C’est aussi mon avis Hayes. Si elle reste nous aurons bien vite les fédéraux sur le dos. Reste plus qu’à convaincre Kepler de la faire partir. »
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CHAPITER Le lendemain, le temps fut pluvieux. Ann n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Elle avait lu et relu les rapports de brennan et pour cette dernière, la démission semblait de mise. A dix heures, elle leva enfin son nez de ses tubes à essai pour grignoter des barres protéinées. Dans la pièce avoisinante, Joan sommeillait, le corps recouvert de capteurs électroniques relevant tous ces informations corporelles. Hayes rentra prestement dans le local et d’un bond elle se leva. « Qu’est-ce que tu fais ? Où est-ce que tu vas ? Non, tu ne peux pas rentrer ! Hayes ? » Il ne l’écoutait pas, filant droit vers Joan. « Elle s’en va ! —Quoi ? Non ! C’est impossible ! Elle a besoin de suivi médical et je comprends ton désarroi Hayes, mais Joan est sous ma responsabilité maintenant ! —Ne joue pas à cela Kepler, tu risque de perdre gros à ce jeu et nous avec. On va fermer les yeux sur ce qu’il s’est passé depuis notre départ du Minnesota mais là il est de ton devoir de raisonner en tant qu’entité et non pas de façon individuelle ! Tu as berné Lang et nous autres par la même occasion. —Qui…qui d’autre est au courant ? —Il n’y a que Drew et moi. Il est venu me trouver hier et nous avons pensé qu’il serait judicieux de te ramener à la raison. —Ok ! Tu es contrarié Hayes et ça se comprend ! J’aurais du vous en parler mais vous auriez eu la même réaction que maintenant : vous débarrassez d’elle sans tenir compte de ce qu’elle est vraiment. Elle a besoin de nous, Hayes ! —Non. Ils fermeront le centre Kepler et il est hors de question pour moi de
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terminer en cellule pour une négligence de ta part ! Elle se lève et elle s’en va ! » Docile, Joan s’assit sur le rebord du lit et ôta ses capteurs bio émetteurs ; Ann bondit sur elle pour l’en empêcher. « Non ! Tu restes ici Joan ! Tu dois me faire confiance, tout va bien se passer ! —Ne lui donne pas de faux espoirs. Et puis tu ne sais rien d’elle. —Oh ! Et moralement parlant tu crois que ton raisonnement prévaut sur le caractère humain de ce cas clinique ? Parce qu’il s’agit bien d’un cas clinique Hayes ! Merde ! elle a servi de cobaye à Norton et tu me demandes de la leur livrer de nouveau pour qu’ils l’exécutent ? Es-ce là ta propre conception des choses ? Est-ce pour cela que tu es devenu docteur en sciences ? Pour sacrifier ta déontologie pour soutenir les penchants sadiques de certains ? Je refuse de laisser faire, tu m’entends ! Je refuse ! » Il resta un moment coi avant d’envoyer un brutal coup de poing dans une armoire. « Merde ! Merde ! Laisses-moi une seconde avec elle….s’il te plait. —hayes, tu es un excellent coéquipier. Probablement le meilleur mais je te demande de prendre en considérations mes doléances autant que les siennes. » Resté seul avec Joan, il attrapa un tabouret pour le placer devant Joan. Ann lui avait posé une poche de glucose en intraveineuse. Son visage tirait sur le livide et à peine rétablie d’une crise hypoglycémique, elle semblait éprouver des difficultés à garder les yeux ouverts. « Joan, le docteur Kepler et moi-même avons un léger différend à régler et cela ne sera pas si facile à régler si tu saisis toute
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la difficulté de cette entreprise. Ce que nous faisons est illégal…. » Ann tapa contre la cloison pour le convaincre de changer de tactique. Il posa sa main à plat sur sa jambe, expirant profondément avant de poursuivre. « Ce n’est pas personnel tu comprends ? Seulement on risque d’être limité dans le temps et dans nos actions parce qu’on enfreint certains règles. On sait que tu viens de Détroit et que tu n’as plus de famille mais je dispose d’un réseau de professionnels médicaux pour pourront te venir en aide, en Californie notamment et le Dr Kepler a des anciens partenaires en neurosciences qui pourront également te porter secours. —En Californie ? Questionna Joan à bout de souffle. —Oui et ailleurs, si tu acceptes cette collaboration à venir. C’est….c’est… » Il ne trouvait plus ses mots, perdu dans le regard gris de Joan. Il venait de ressentir pour elle ce qu’il n’avait jamais ressenti pour aucune femme avant elle : de l’empathie combiné à de la tendresse. Son intense regard le fit changer d’avis sur sa dite-décision jugée raisonnable ; comme Ann, il voulait y croire. Il s’adressait à un hominidé de la branche Homo-sapiens avec une peau, un cœur, des intestins, un foie, un cerveau, des muscles, des os et des hormones. Il ne pouvait ignorer cela et il savait qu’il la condamnerait à une longue errance sur terre s’il la laissait partir. Une larme ruissela le long de sa joue. Il n’avait pas de mouchoir à lui tendre et utilisa son pouce à des fins de nettoyage cutané. Au contact de sa peau il tressaillit. Son cœur battait fort. Joan le remarqua et alors baissa la tête.
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« Je partirais. Je ne peux être un fardeau pour vous. » Il quitta la pièce sans rien dire et une fois la porte refermée derrière lui, il détourna son regard de Kepler. Il ne voulait pas qu’elle devine son transport pour Joan car déjà il se savait perdu. « Elle peut rester. Nous n’avons jamais eu cette conversation toi et moi. Joan est là pour nous assister dans nos recherches et personne ne devra jamais savoir qui elle est. —hayes ! C’est génial ! Je ne sais comment te remercier ! On fera de l’excellent travail et on s’en sortira comme on ne s’en est jamais sorti ! » Les corbeaux volèrent bas dans le ciel et Ezra Wayne stoppa le moteur de son squat au fond de la vallée, là où l’un des émetteurs GPS clignotait depuis une heure. Il descendit de son véhicule, le fusil sur l’épaule, le canon tourné vers l’arrière et marcha vers la cause de sa présence. Il marcha sur plusieurs mètres avant de s’arrêter net devant le corps inerte d’un loup adulte mâle. En tant que vétérinaire, Wayne savait constater le décès d’une de ses protégés et celui-ci était bel et bien raide. Il sortit le talkie de sa poche et l’enclencha. « Ezra, j’en ai aucun un ici. Tu me reçois ? Ezra ! —Ouais je te reçois. J’arrive. » Vingt minutes plus tard il fut présent et accroupit près de Wayne fixait la dépouille du loup. « C’est quoi d’après toi ? —Difficile à dire comme ça. Probablement une intoxication alimentaire. J’ai fait des prélèvements salivaires et il va falloir qu’on les découpe. Si c’est une bactérie on ne sera pas inquiétée mais si c’est autre chose….on va avoir de la
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paperasse, Wallis et moi. Bon, écoute, tu me le ramène au centre, je vais envoyer ça à Kepler. —A ta place, je l’éviterai. Hemsworth pourrait très bien s’en chargé. C’est lui qui dose les molécules pour les loups de catégorie B. Je ne crois pas que Kepler sache seulement épelé le mot : engagement. —Hey, Kipling tes problèmes de misogynie ne concernent que toi ! Tu vas au labo avec les deux loups et tu leur remets ce putain de mémo à leur intention. Et j’insiste bien, tu le remets à Ann en personne ! » Kipling enrageait. De nouveau il allait devoir lui adresser la parole. Il chargea le loup à l’arrière du quad et fila vers le centre en maugréant dans sa barbe. Ezra craignait le verdict. Ces loups étaient ses bébés, il les avait fait naître, les avait nourri au biberon et deux de ses fils venaient de claquer. Comment ne pas ressentir pareille douleur ? Accroupit contre le fût d’un arbre, il s’alluma une cigarette. Un bruit attira son attention. A quelques mètres de là se tenait un énorme mâle aux babines retroussées. Le loup grognait, le poil hérissé. Il allait passer à l’attaque et Isaac eut le réflexe de pivoter son fusil pour tirer. Une seconde de moins et il se serait retrouvé en désagréable posture. Le Dr Morris, le doyen du camp et médecin ôta l’aiguille du bras de Cole Noales. Une dose à dose préventive pour éviter toute contamination par le sang. Cole en était à sa deuxième piqûre et il acceptait le traitement sans broncher. Morris posa une main rassurante sur son épaule.
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« Vous êtes tout à fait apte à reprendre le travail mon garçon ! Alors vous et moi on en reste là et j’espère ne plus vous revoir Cole. » Il sortit du bâtiment jouxtant le laboratoire. « Mordu par un loup. La transformation va peut-être avoir lieu, déclara Lee Wallis, le vétérinaire du parc. Il portait de longs cheveux et une barbe de trois jours, d’une beauté ténébreuse, il passait pour un joli cœur auprès des femmes de son entourage. —Très drôle Wallis, en as-tu d’autres en stock ? —Et bien ça peut se trouver. Fait gaffe Cole, on a deux loups à terre, de catégorie B dont on ignore la cause du décès. Ezra est dans la vallée à onze miles d’ici et il nous envoie les corps via Kipling. L. Il peut s’agir d’un virus ou d’une bactérie responsable de tout cela. J’opte plutôt pour une bactérie. —Moi aussi. Catégorie B, hein ? Alors je m’en vais botter le cul de nos biologistes. —cole, tiens-moi au courant si la situation empire dans les enclos. —Et toi, tiens-moi au courant de l’autopsie ! » Il contourna le bâtiment pour entrer dans le laboratoire. Joan dans sa pièce se leva en tremblant, percevant une menace. L’expression appropriée serait un état de panique et avant que notre Dr Kepler puisse intervenir, elle bloqua la porte à l’aide d’une table. « Joan ! Mais qu’est-ce que tu fais ? Joan ! —Salut Ann ! Est-ce que tout va bien ici ? —Euh….je peux quoi pour toi ? » Joan se boucha les oreilles et glissa sous son lit. Immédiatement Ann éloigna Cole
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de son bureau, des plus angoissées. Il ne devait pas savoir pour Joan et la voir ainsi risquerait de l’alerter sur l’étrangeté de la résidente. « Fais vite Cole, je n’ai pas beaucoup de temps. Tu veux quoi ? —D’abord m’assurer que tu vas bien. Ensuite on a du te dire que j’ai été mordu hier par l’un de tes louveteaux. Tu sais en général je suis blindé pour ce genre de cas de figure mais là….pas eu le temps de réagir. Il m’a arraché un bout de peau. Morris a du me poser une dizaine de points de suture et j’ai eu des piqures de rappel antirabique. J’ai besoin de savoir avec quoi vous les nourrissez ces petits. —Euh….je suis navrée de l’entendre. Seulement je…. » Ses yeux glissèrent vers la porte bloquée par les soins de Joan. « Parles en à Hemsworht ou Hayes, je ne suis pas en mesure de te répondre pour le moment…veux-tu bien m’excuser. —Non, Ann, je ne peux pas me contenter de cette réponse. Un louveteau d’un an et six mois de catégorie B exactement du même régime alimentaire que les deux morts que Wallis va se faire un plaisir d’autopsier. —Vraiment ? Je n’étais pas au courant. Attends une seconde. Catégorie B, correspond à….Oh, mon Dieu ! —Quoi ? —Non j’espère vraiment me tromper. On a procédé à des tests d’évaluation le mois dernier. Drew et moi avons isolés des cellules souches pour les analyser et il s’agissait d’antigènes. On avait remarqué que certains spécimens de catégorie B souffrait de polypes à l’^âge adultes. Or on sait que les polypes sont la conséquence d’une anomalie génétique.
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—En langage clair, cela donne quoi ? —Les antigènes dégagés devaient résoudre le problème mais il est possible que l’effet ait été inversé. La polype a développé des cellules cancéreuses. Drew et moi nous en connaissions les risques, c’est la raison pour laquelle nouas avons combinées diverses molécules entre elles. —Et vos tests cliniques portaient uniquement sur l’anéantissement de potentielles cellules cancéreuses ? » Perdue dans ses pensées, Ann se caressa la lèvre inférieure. —Oui. Nous avions 67% de taux de réussite et avec tests sur les rats nous avions atteint plus de 92% de réussite concluante. On savait que nos molécules viendraient renforcer l’action des antigènes, mais cela ne justifie en aucun cas leur décès prématuré. —Alors je suis infecté par ce soi-disant antigène qui n’en est pas un ? Et quel remède pour moi ? —J’ignore les conséquences que cela peut induire chez l’homme. Pour cela tu devras subir une prise de sang. Drew s’en chargea, tu le trouveras dans son bureau. Maintenant laisse-moi travailler. » Il lui fut impossible de convaincre Joan de lui ouvrir la porte. Elle restait sourde à ses supplications, à tel point que Kepler dut faire appel à Hayes. Il arriva ventre à terre et trouva Kepler effondrée à la porte de la pièce annexe. « Elle refuse de m’ouvrir. Je suis là à essayer depuis quinze bonnes minutes. Elle a commencé à avoir un comportement inapproprié. A croire que quelque chose la terrifiait au plus haut point. Elle s’est barricadée et s’est planquée sous le lit.
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—Et tu veux que je fasse quoi ? Que je défonce la porte avec une hache. Elle finira par en sortir. Tu es au courant pour les loups de Wayne ? —Oui, mais ce n’est pour le moment pas ma priorité ! Dans une heure je dois lui faire une injection et…elle ne peut rester là-dedans au risque de mettre sa santé en péril ! —reprenons tout depuis le début. Que faisais-tu au moment où elle a littéralement pété un câble ? —Et bien, je….j’étais là devant mon ordinateur et…je tenais cet échantillon dans ma main. Ensuite Cole est arrivé. Je l’ai éloigné de mon espace de travail pour ne pas qu’il ait l’idée de regarder pardessus la cloison et c’est tout. —C’est tout ? Tu secoues ton tube à essai et c’est tout ? —Oui et Cole est arrivé ! —Tu devrais peut-être dormir un peu, Ann. Tu as l’apparence d’un zombie. Ton comportement risque d’attirer l’attention et c’est bien ce qu’on cherche à éviter non ? Vas te reposer et je m’occupe de la faire sortir de là ! » Il n’eut qu’à se tenir derrière la porte pour que Joan quitte sa cachette pour ouvrir la porte. Il n’avait pas eu besoin d’ouvrir la bouche pour la convaincre. « Test 23. Code B 125 ; —Quoi ? —Test 23, code B 125 ! » Répéta Joan en tremblant. Et mentionna à Kepler. Cette dernière ouvrit la vidéo de ce test et assise près de son confrère attendit l’arrivée du soin. Cette voix derrière la caméra demandait à Joan la plus grande de ses attentions. On vit entrer un homme et la panique la saisit. Elle hurla, courut au fond
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de la salle presqu’en trébuchant, s’arracha les cheveux d’horreur et tenta de s’arracher les veines de ses dents. « Test terminé ! » Disait la voix et une équipe de médecins entrèrent en grande vitesse dans la salle aux murs capitonnés. Hayes eut des difficultés à déglutir. « C’était quoi cette horreur ? —Son passé, murmura Ann les yeux embués de larmes. Les tests dont elle fut l’a victime. —Il nous faut Pratt avec nous. —Oui, il est déjà au courant. Je…j’e l’ai contacté hier peu de temps après notre arrivée. Il est le seul ici à ne juger personne, je savais que quoique je fasse, il ne parlerait pas. —Merci pour moi Ann, j’apprécie ta confiance. » Il arriva et les deux comparses lui laissèrent voir la vidéo après lui avoir exposé les faits. Une fois le visionnage terminé, il colla ses mains jointes contre ses lèvres. « Il s’agit de stimuli sensoriels comme on pourrait le faire pour exciter tel animal. La nature prévoit des substances chimiques, phéromones ou autres. Diffusées en petite quantité dans le milieu extérieur par les glandes exocrines, elles sont détectées par l’organe coméro-nasale. Or nous avons tout au long de notre évolution perdue cette structure vestigiale. —Ce que veut dire Ann…. —J’’ai compris ce qu’elle veut dire ! C’est parfaitement explicite. Ils ont produit des hormones de synthèse capable de suggérer des émotions. La biochimie a beaucoup évolué dans ce domaine. En plus de produire des effets physiques, émotionnels, ces hormones produisent
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également des effets comportementaux. Ce qui suppose que si Joan les ressent, il est fort possible que les animaux soient également sensibles à ses émanations chimiques. Ce qui expliquerait le comportement actuel de nos pensionnaires. Ils perçoivent Joan comme une menace. Elle est sur leur territoire non pas comme individu mais bien comme animal partageant un certain nombre de similitude sur le plan hormonal. —Et cela sous-entend qu’il y ait un composé B125 quelque part dans les molécules que nous fabriquons dans notre laboratoire. A quel pourcentage ? Ça c’est à nous de le savoir, précisa hayes. —Ce qui est certain c’est qu’elle ne peut rester ici » cette sentence laissa Kepler et Hayes dans leur réflexion et voyant leur mine déconfite, il poursuivit. « Enfin, rassurez-moi, vous ne comptiez pas la laisser ici en songeant à ce qu’elle pourrait se faire ? —Sauf si on parvient à isoler la gêne responsable, proposa Ann. On fait un prélèvement sanguin sur Cole et on compare ses analyses à celle de Joan et des loups actuellement en soin dans l’enclos 2. —Ah, ah ! A condition que vous y parveniez dans les plus brefs délais. Il en va de son équilibre psychique. J’ai besoin de la voir. Il me faut établir un premier contact pour évaluer ses risques de récidive. —Oui ! Bien-sûr, elle est à toi ! » Il entra dans la pièce lentement, respecta une certaine distance entre elle et lui, puis s’accroupit elle se tenait assise contre le mur, les bras protégeant son visage d’une éventuelle agression. Lentement elle ôta son bras pour étudier Pratt plus en détails.
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« Bonjour, je suis Glen Pratt et ici je suis embauché pour bichonner nos pupilles. Plus précisément je suis spécialiste dans les comportements animaliers après une expérience ratée dans une carrière militaire mais avortée suite à un morceau de shrapnel qui a failli m’arracher le cœur. On peut dire que je suis maintenant en expert en sauvetage en tout genre. Etant donné les circonstances actuelles, on va devoir collaborer ensemble ; du moins si tu acceptes de me faire confiance. —Cela serait-il une erreur ? Aurai-je tort de me fier à un parfait inconnu ? » Surpris par sa franchise réponse, il émit un gloussement approbatif et il remarqua ses cicatrices sur son poignet et les multiples cicatrices sur son cou ; elle se rapprocha de lui pour le sonder. Jamais encore une femme ne s’était approchée de lui de cette façon pour le sonder, il ressentit de la gêne par cette déroute attitude et elle se tenait à quelques centimètres de son visage. Joan aimait son odeur corporelle, elle le rassurait tout comme celle de Hayes et d’Ann. Pour Pratt, elle agissait par instinct. Derrière la cloison le Dr Kepler glissa un œil du côté de Jay Hayes, il paraissant tendu et il l’était vraiment, trouvant difficile de voir Joan se tenir si près de Pratt. « Tu fais ce que tu veux. Je ne te forcerai pas la main Joan. Tu es une personne majeure et mon travail n’est pas de forcer les gens à adhérer à mes méthodes mais bien à venir spontanément vers moi » Hayes le trouva prétentieux et Dr Kepler retourna derrière son PC pour se mettre au travail. Elle voulait soumettre ses précédentes recherches à son confrère pour lui changer les idées.
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« Vous savez que je suis autre chose que celle que vous voyezet que mes comportements affectent mon avenir. Alors soyez honnête avec moi, qui voudrait faire l’expérience d’une femme génétiquement programmée pour être….un monstre ? » Ann tendis à Hayes une feuille qu’il ne regarda à peine, absorbé par ses négatives pensées. « Vous n’êtes pas un monstre Joan. Ceux qui vous ont fait subir ces traitements le sont. » Au fond de sa poche son téléphone vibra. Depuis son arrivée au laboratoire on ne cessait de vouloir le joindre. Il s’agissait de Brent Howe-Davies. « Je suis navré, je dois décrocher….ouais Brent ! —Tu fais quoi depuis toute à heure ? On a besoin de toi ici ! Ezra s’est fait attaqué par un loup et il veut qu’on aille sur le terrain. Maintenant Pratt et pas dans deux jours ! » Il raccrocha, laissant Glen songeur. Ezra attaqué, il faudrait remplir des tas de papiers, traqué le loup responsable, le mettre en quarantaine, remplir de nouveau des dizaines de feuilles à consigner et estampillé : Sujet à risques. Et puis Ezra aimait l’ordre, les bonnes procédures afin de couvrir ses arrières à chaque bévue, il aimait que ses consultants fassent correctement leur travail et pour cela les mettait constamment sous contrôle. Pour Howe-Davies et Pratt cela ne constituait pas une épreuve, étant tout deux des anciens des Forces Spéciales et sans avoir à le leur demandé il pouvait compter sur eux. Endurant et performant, il pouvait survivre à des conditions extrêmes, parcourir de longues distances sans se reposer et se fondre dans la nature ; diriger
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Kipling et Noakes relevait d’une autre corrélation. Dans le civil, ils avaient tous deux travaillé pour des organismes privés subventionnés par le gouvernement en tant que consultants chargés d’apporter leur point de vue sur différentes missions scientifiques dont le seul but restait de favoriser les échanges entre les agents de terrain et les biologistes. « C’est à cause de moi que vous partez. Tout cela ne se serait pas produit je n’avais pas été là. —De quoi parlez-vous ? Vous pensez vraiment que vous pourriez avoir un rapport avec tout cela ? Sans vous mentir, il y a un rapport entre ce qui se passe làbas et votre présence ici. Les Docteurs Kepler et hayes étudient la question. On se revoit plus tard d’accord ? » On installa les loups morts dans la salle d’autopsie et Paul C. Drew se colla à la dissection du premier loup, près de lui Ezra supervisait les opérations. Ils commencèrent par l’examen des viscères abdominaux et thoraciques ; Ezra ôta ensuite le cerveau à l’aide d’une scie circulaire. Paul devait rechercher les parasites dans l’intestin au niveau de l’anus de l’animal, puis les bactéries à partir du mucus nasal. Ensuite, il se chargerait de tout analyser par culture cellulaire pour la détection de virus en immuno fluorescence. Tout en écoutant de la musique, notamment du bon jazz des années 30 diffusé via les ondes, il se mit à tout vérifier passant de sa centrifugeuse, à ses microscopes, de la balance aux spectrophotométries, des étuves incubatrices aux agitateurs, etc. Il travaillait en fredonnant ; Ezra quant à lui,
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le crayon dans la bouche, lisait les données listées sur son ordinateur. Entra Hemsworth, tenant à la main son PC portable. « Si cela peut vous aider, j’ai les résultats de la prise de sang de notre ami Noakes et je dois tout de suite vous dire que ce n’est pas folichon ; Je peux avoir votre attention ? —Vas-y dan, l’encouragea Ezra le crayon coincé entre les dents, les sourcils froncés. —Bon et bien….Paul, peux-tu lever le nez de ton vidéo microscope s’il te plait ? Merci. Je disais donc que cela n’est pas folichon. On a d’un côté des anticorps qui tentent de lutter contre une intrusion de toxines mais, et c’est là que je requiers votre attention, intervient une nouvelle substance que je suis venu à isoler ce matin après un long combat qui m’a pris la nuit. Cette fois nous y sommes ! (Il déplia l’écran de son PC pour peur présenter un tableau). Voici notre nouvelle molécule, capable de se synthétiser et te créer une nouvelle mutation dans le noyau même de notre cellule. —Il va falloir qu’on trouve un nouveau vaccin. —Ou pas. Cette molécule renforce le système immunitaire sur notre sujet, en l’occurrence Noakes. Imaginez un instant que l’on vous injecte une sorte de molécule de synthèse capable de décupler vos forces et de stimuler vos sens, trouveriez-vous juste qu’on trouve un remède à cela ? —Non, répliqua Paul, on ne connait rien à cette molécule et on ignore les effets secondaires. Cela serait dément, on ne peut
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pas prendre le risque. Alors selon toi il ne s’agirait que d’une molécule ? —Ouais. Si tu as mieux à proposer. En attendant je suis venu à cette conclusion et possible que kepler soit également de mon avis quand elle aura fini de câliner sa nouvelle recrue. —Je ne suis pas biologiste mais je pense que vous devriez collaborer ensemble pour….comment dites-vous apporter le soutien qu’il faille pour permettre à Lang de conserver la mainmise sur son parc. Si on ne suit pas les mesures de prévention à la lettre alors je ne vois plus ce qu’on fiche ici. tout pourrait être remis en question par ton manque de lucidité Hemsworth. —Mon manque de lucidité ? Ah, ah ! Et bien on peut dire que tu me témoignes là une grande gratitude ! sans cette lucidité, Wayne je n’aurais pas mis le doigt sur cet épineux problème qui m’a empêché de dormir cette nuit ; et je suis prêt à ajouter que je suis prêt à faire table rase du passé si hayes se montre un tantinet plus jovial. —Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis, Dan ! Pour le coup wayne a raison, nous devons songer à mettre Noakes en isolement tant que nous ignorons comment son système immunitaire évolue. —Oui, je ne m’y oppose pas. Appelle Keppler et hayes qu’ils se ramènent ici. » Drew fronça les sourcils, surpris par son attitude. Il ne supportait qu’on lui donne des ordres, il n’étais pas un laborantin ou un stagiaire, il était docteur en sciences et comptait bien qu’on continue à le voir ainsi. Ezra devinant que la tension allait monter entre eux, le fit, attendit de longues minutes quant il fut basculé au standard. On lui proposa alors de laisser un message.
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« Dis-lui de venir elle, et Dr hayes dans la salle 4 et fais-lui savoir qu’il est impératif qu’elle vienne avec Hayes ! » Ce dernier refusa, il avait du travail à faire. Il resta près de Joan pour lui faire un énième test salivaire. Il aurait aimé qu’elle lui parle mais elle se prêta à toute cette batterie d’examen sans rien dire. « Tout sera bientôt terminé Joan et tu seras libre de te rendre où tu veux. Tu….tu n’as aucun souvenir de ta vie d’avant ? Tu pourrais te souvenir d’un détail, quelque chose qui pourrait nous aider à…. En fait bien souvent on prend les problèmes quand ils nous arrivent sans se préoccuper de ce qu’il y avait avant. Souvent le milieu naturel interagit sur nos cellules. —Je…j’ai accepté de faire partie du programme. J’ai été trimballée de foyer en foyer quand j’étais plus jeune et je voulais gagner un peu d’argent pour m’en aller loin de Detroit. Un laboratoire cherchait des personnes pour tester de nouveaux produits et j’ai signé. Au début cela n’avait rien d’extraordinaire. Je n’avais pour ainsi dire aucun effet secondaire et puis un matin j’ai commencé à avoir la migraine. Je me suis enfermée chez moi et j’ai attendu que cela se passe. Quand j’ai fini par en sortir….une saison s’était écoulée. —Comment ça Joan ? —Et puis j’ai produit assez d’énergie pour survivre à des privations de protéines et….à l’hôpital, on m’a dit que mon cas était unique et quelques heures plus tard, Shane Norton était là avec trois autres personnes qui disaient que j’allais sauver bien des vies. Alors j’ai accepté de les suivre.
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Lang de foire aux paupières tombantes et musculature de sortit tout droit d’un livre de Jack London. Sans rien ajouter il quitta le quai pour s’engager dans la gare. Et là, la panique me gagna : personne ! Pas un rat ! Une ridicule salle de pas perdus dont il fallait sérieusement revoir la déco passée de mode puisque datant peut-être du 19ème siècle. Il sortit par une porte à double battant défoncée par un excité et calfeutré par un simple carton. A l’extérieur une rue étroite et un pick-up contre laquelle s’appuyait un cow boy aux cheveux roux et à la fossette d’ange. Soulagement de constater que je n’aurais pas à faire face à ce grizzli rock-in-roll. « Salut ! » Lançai-je en tendant une poignée de main convaincue à ce cow boy le pancarte à tête de cheval. Je crains sérieusement péter un câble dans ce décor naturel à la mise en scène de La petite Maison dans la Prairie avec cette chipie de Nelly Olsen, regardée et appréciée par le couple de ma première famille d’accueil. On emprunta une descente de vallon et là je découvris le ranch construit en forme de U autour duquel paissaient des chevaux. Deux gros molosses nous accueillir. De quoi sérieusement attenter à ses jours. Un border collie des plus fébriles tournait en rond en décrivant de grands cercles, les oreilles pendante et la queue recourbée en ces pattes arrières. Des plus tendues
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j’hésitais à descendre quand Gale ouvrit la portière si prestement que je viking aux longs cheveux dorés et affublé d’une barbe de trois jours. Disnous que tu as tout trouvé ! » Aucun des deux nouveaux arrivants ne me calcula. Le deuxième portant un gilet de cuir sur ses impressionnants pectoraux fouilla l’intérieur du pick-up. « Et je suis sensé faire quoi avec ça ? Putain Cole ! Comment veux-tu que je rafistole les clôtures avec ça ? —J’ai peut-être une solution Pratt, mais j’ai peur que cela ne te plaise pas…. » C’est à ce moment que je décidais d’entrer en action. « Salut ! » Poignée de main moite et poitrine comprimée. Aucune réponse de leur part ; on se serait dit cru à une manifestation de gros mâles alpha dans une foire aux rangers et soudainement interrompue par l’arrivée impromptue d’une salamandre. « C’est….la nouvelle. Joan Wilkes ! Déclara Cole, les bras par-dessus la rambarde du véhicule. Elle nous vient tout droit de Boston ! —Euh….de New York en fait ! » Notre viking revint à son inventaire et embarqua la caisse sans demander son reste. « Pratt, tu te ramènes là où quoi ? Ce n’est pas comme si nous n’avons pas de boulot ! » Et l’autre attrapa à son tours une caisse avant de partir sans plus lorgner de mon côté. « J’ai été ravi de te présenter Pratt et Hemsworth ! Sourit-il d’une oreille à l’autre. Tiens, voilà Dallas ! » Une rouquine, carré plongeant arriva presqu’en voulant, un dossier sous le bras. Rapide poignée de main à Cole et sans me regarder serra la mienne.
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« Cole, je veux tout le monde dans une heure, salle de briefing ! Et sors-moi Hayes de son putain de pieu ! On ne rigole pas cette fois-là ! Toi c’est Wilkes ! Enchanté ! Je m’appelle Dallas Howard, mais Dallas suffira ! As-tu fait bon voyage ? Je suis affectée à l’unité de contrôle et je travaille avec Pratt et Hayes, tu auras l’occasion de les voir plus tard ! Non, laisse tes affaires ! Je vais te faire faire le tour du propriétaire ! » Et en voiture Simone ! On monta dans la jeep, non plus celle-ci mais une autre stationnée dans le hangar aux véhicules : humvees, jeeps, SUV et remorques en tout genre. En fait il s’agit d’un rodéo, violent trekking dans l’enceinte du ranch. Certainement était-elle pressée d’en finir. Accrochée à la poignée de la portière je subissais les affres de la route découverte à plus de 67 miles par heure. « Là ! Sur ta gauche ! Le baraquement du personnel ! Au bout des trois baraquements, tu as le Mess et les salles annexes : salle de jeux, de musculation….maintenant nous allons passer devant le Centre de recherches….droit devant ! » Elle roulait à tombeau ouvert la garce ! Le centre se dressait devant nous, soit trois sortes d’hangar militaire avec deux annexes visiblement blindées. Là encore, il n’était pas question de ralentir. On se trouva bien vite devant une imposante clôture électrifiée dont les portes s’ouvrirent à l’aide d’un zappeur. On longea un grand étang sur notre droite et sans cesser de rouler décrocha son foutu smartphone. « Oui Livia ! Quoi ? Attends, je te mets sur haut-parleur ! Qu’est-ce que tu voulais me dire au sujet de Jo ?
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—Jo m’a dit de me référer au rapport d’Holly mais cette dernière ne veut rien en entendre parler. Oui je suis sereine mais on stagne au QG. Sérieux ! Il faudrait que tu ramènes tes fesses au plus vite ! —Ok, je fais au plus vite, je te laisse ! » Elle raccrocha immédiatement et poussa une boite vers un impressionnant enclos. « Voilà, on est arrivé à destination ! Ce pourquoi l’on te demande de bosser. C’est un centre de recherche financé en partie par le gouvernement, le reste des subventions proviennent de particuliers, de loobies ou bien de ONG ; tout un tas de partenaires qui croient en notre travail. (Elle fouilla dans sa boite à gants à la recherche d’une chewing gum à la nicotine) Tu vas rester ici deux mois et ce qu’on attend de toi c’est de la sobriété, de l’écoute et une grande maturité, tu saisis ? » Elle m’interrogea du regard. « On élève des loups en captivité et en semi-liberté. L’enclos 3, celui qui est le plus à l’ouest est notre nursery. Tu ne seras pas habilité à t’y rendre. Cette partie du camp est….hautement sécurisée et réservée aux titulaires du site. Maintenant, on rentre ! » Pied sur le plancher, elle poursuivit sur le sentier à vive allure pour atteindre l’autre porte et revenir vers le ranch et ses six paddocks. Elle se gara carrément devant le QG composé d’un ilot principal soit cinq bâtiments de taille différente et elle descendit du véhicule à vive allure. « Restes ici, je t’envoie Livia ! » Ah bon ? Attendre ici, super ! Dallas partie, je trouvais la plaisanterie assez moyenne. Arriva une espèce de punk : cheveux rasés sur le côté et peroxydées, piercing sur tout
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le long des oreilles et bouche XXL recouverte de rouge. « Salut ! Moi c’est Livia ! Je m’occupe de l’informatique ici : les pannes, les bugs, les pare-feux. Tout ça c’est mon domaine ! Elle t’a dit quoi sur moi Dallas ? J’ai décroché ce job après ma dernière année à l’université au MIT et cette année je vise une mention spéciale dans la programmation, parce qu’ici on s’éclate vraiment ! » Elle parla sans discontinué de ses exploits et après qu’elle se soit garée devant les baraquements. Il n’y en avait trois et une dizaine de caravanes disposées dans un même espace aussi grand qu’un terrain de baseball. Elle récupéra une clef dans le block B qu’elle me remit ensuite. « Tu as de la chance, il te reste une caravane ! Certains préfèrent dormir à plusieurs dans les mobil-home. Après cela dépend de l’usage qu’on en fait : salle de repos, nid d’amour douillet mais en hiver quand le baromètre descend à moins trente, on préfère de loin s’installer à la maison. Viens, je vais te montrer ton nouveau chez-toi ! Tu vas voir c’est vraiment paisible ici. il y a un squash, une piscine, un court de tennis….après avoir gouté à ces plaisirs tu ne voudras jamais plus nous quitter ! Vas-y, je te laisse découvrir ta nouvelle demeure ! » Waouh ! Il est certain que j’allais me sentir bien ici. il y avait là un grand écran plasma, un pc portable incrusté dans un bureau et en matière de nec plus-ultra on ne pouvait pas faire mieux ; grande cabine de douche avec une kitchenette. Banquette dans un espace de repos et un lit king size. «Je te laisse t’installer. Le briefing est dans moins de dix minutes et essayes
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d’être à l’heure. Dallas est à cheval sur les horaires ! Tu arriveras à t’y retrouver ? » Le cœur battant à rompre je trouvais le QG d’où sortaient des rires. Je franchis la porte tel un gladiateur quittant les souterrains sombres du Colisée pour se rendre dans l’arène. Un grand silence se fit. Dallas se tenaient au milieu d’une dizaine de personnes et posa son mug en me voyant arriver. Du pain et des jeux ! J’étais l’attraction du moment ; une sorte de pause récréative pour ces gens visiblement très indifférents à ma présence. « Vous tous ! Je tiens à vous présenter Joan Wilkes qui nous vient de New York ! Elle passera deux mois en notre compagnie. Dan ! Apporte-lui une chaise s’il te plait ! Bon, alors ici sur ma gauche se tient le Dr Kepler, Ann Kepler, en section I et attachée au pôle biologie….Ensuite, nous avons Lee Wallis, en section II du parc, en tant que vétérinaire…puis, Cole Noakes que tu connais déjà et qui est en section I en tant que spécialiste du comportement animalier, disons dans notre jargon qu’il est dresseur. A côté de lui le grand chevelu est Dan Hemsworth, en section II est biologiste à ses heures perdues mais sur le terrain on le connait plus sous la caquette de dresseur. Sur sa gauche….le Dr Brent Howe-Davies, notre maitre-penseur et comportementaliste animalier. Ensuite, Livia hanning, informaticienne en section I et aussi notre benjamine du groupe que tu connais déjà également. Près d’elle, Holly eason, section II s’occupe entre autre de toutes les questions relatives à l’administration du camp et un peu la grande sœur de tous ici ! N’ai-je pas raison
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Holly ? Sur sa gauche….Glen Pratt, comportementaliste animalier en section I. Viens ensuite, Paul C. Drew, en section I qui est également vétérinaire et biologiste. Et pour finir nous avons le Dr Jay Hayes, biologiste et attaché à la section II. Pour ma part, je suis Dallas Howard-Hugues et je suis administrative en section I Je pense n’avoir oublié personne ? —Si, les absents, plaisanta Hemsworth. On pourrait lui expliquer la différence entre la Section I et la section II ? La section II sert de réserve à la section I et comme il s’agit de deux unités différentes, le travail n’est pas le même. La section I a tendance à se la couler douce. —Où est-ce que tu vas chercher ça Hemsworth ? Protesta cole en souriant. Je n’ai jamais entendu dire que tu bossais à moins que j’aie été abusé par ton teint si frais, boucle d’or ! —Bon les gars, on peut continuer ? Intervint Dallais. Nous n’avons que vingt minutes pour débriefer sur une quantité de choses ; à l’ordre du jour nous avons ce problème de clôture. Justement on est où Cole ? —Les gars de la maintenance disent qu’on peut les renforcer de l’intérieur. Au total il faudra compter plus de cent vingt mètres de clôtures électrifiées sur le patioest. Pour le moment Russel dit qu’on peut faire sans, alors on a trouvé une solution intermédiaire. Je suis dessus et en fin de journée si tout va bien, ce problème sera résolu. » Hemsworth ricana. Le reste de la réunion fut barbante. Ils parlèrent de plein de choses qui m’échappaient complètement. Je pouvais faire semblant d’y prêter attention mais au fond de moi je m’en
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fichais complètement. Chacun ici attendait que l’autre eut parlé pour s’exprimer à son tour, pas comme nos réunions hebdomadaires du centre dans lequel l’anarchie régnait. Je ne tenais pas compte des regards en biais qu’on me lançait. Je rêvais de retourner dans ma caravane pour qu’on m’y oublie. J’ignorais encore ce que j’allais fiche ici, je n’avais pas fini le lycée et on m’envoyait ici au milieu de tous ces scientifiques. Il est clair qu’on n’attendait rien de moi ici. Tous se levèrent prestement pour retourner à leurs occupations et moi de rester à cette table, jouant avec mes doigts. « Wilkes ! Tu viens avec moi ! Lança Holly en posant la main sur mon épaule. Je dois voir deux ou trois trucs avec toi. Hey, Hayes ! Tu passeras me voir toute à l’heure, j’ai des papiers à te faire signer et j’aimerai les envoyer ce soir pour ne plus avoir à y penser. Viens, Wilkes ! » Je la suivis jusqu’à l’étage, dans ce qui devait être son bureau. Elle me fit signe de m’assoir au milieu de tableaux psychédéliques et de plantes vertes ; Elle prit un appel, puis en passa un autre ; après vingt minutes quand elle eut terminée, elle quitta son bureau pour aller voir Dallas occupant le bureau annexe. J’entendis des rires suivit d’un : « Vraiment il a dit ça ? » Holly, la bomba latina revint, la bouche en cul-de-poule et attrapa son talkie-walkie. « Brent, mon chéri ! Tu peux venir me voir s’il te plait ? Ah, ah ! Oui J’ai besoin de toi, alors ramènes tes fesses ! Il est incroyable celui-là ! Tu vas travailler avec lui, c’est un type extra ! Bon….voici ton badge ! Et il te faut signer ces documents….il s’agit de ton contrat de travail et derrière ces quelques feuilles, tu
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trouveras des avenants au contrat, comme ta fiche de prise en soin par l’hôpital le plus proche et cet autre papier avec tes antécédents médicaux….Tu peux aller remplir ça à côté dans le petit salon. Brent te récupérera là-bas. Prends ton temps afin de bien cocher les cases et su tu as des questions n’hésites pas à venir me voir ! » Je survolais le contrat pour me concentrer sur les dernières parties. Les questions étaient étranges, du genre : Avezvous été en Afrique dernièrement ? Avezvous eu des complications respiratoires ? Avez-vous été soumise à la radioactivité ? Il y avait en tout une vingtaine de pages. Quand Brent vint me chercher il ne me restait plus qu’une page à lire. Lui me fixait dans l’entrebâillement de la porte. « D’où est-ce que tu viens exactement à New York ? New York c’est une grande ville. —New jersey, répondis-je prestement. Il n’avait pas à savoir d’où je venais. Mais ma réponde glaciale ne sembla pas le décontenancer pour autant. Il poursuivit la casquette à la main et l’une des branches de ses ray-bans coincée entre se dents. « Je connais un peu cet endroit. On ne va pas dire que j’ai raffolé mais bon….ici c’est un peu loin de la civilisation mais tu vas voir, on s’en sort plutôt bien. Dallas, t’a expliqué un peu comment ça fonctionne ? ici tu rentres et tu sors quand tu veux, tu n’as de compte à rendre à personne. Si tu décides de ne pas venir travailler ici, ce n’est pas notre problème ; Chacun ici a sa conscience. L’ambiance est plutôt au beau fixe. Tu as terminé ? Ok…la paperasse, hein ! Viens, je vais te montrer ton job ! »
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Il me conduisit jusqu’au hangar de véhicules et de là, on roula jusqu’au bâtiment de recherches ; il y avait là un local sanitaire dans lequel je devais enfiler une blouse et des chaussures de sécurité. L’odeur de viande fraîche m’écœura. La tâche consistait à mettre de la viande en barquette selon le poids et l’âge des loups. Chacun avait leur petit nom et le nombre de repas pris par jour. « Tu t’en sortiras ? Si tu as un quelque souci, tu appuies sur ce bouton et l’un des personnels te répondra dans la seconde. Tu prépares les barquettes pour deux jours et ensuite comme je te l’ai montré, tu les mets dans les réfrigérateurs. Quand tu as fini, tu glisses les feuilles dans ces bannettes-ci….celles de Lee Wallis et de Paul C. Drew. D’accord ? Il est parfois possible de trouver des annotations dans cette colonne-là : commentaires. Ces annotations viennent Kepler, Hayes, Drew, Hemsworth et il s’agit de prises de médicaments. En général ils viennent euxmêmes doser les médicaments et….ils remplissent cette fiche… (En brandissant un bloc-notes posé dans une bannette fixée au mur). Tu vois, ce n’est pas bien sorcier ! N’oublies pas de poser ta blouse et les chaussures dans le local prévu. Ici, plus qu’ailleurs on est à cheval sur l’hygiène et j’évite de t’en parler aujourd’hui, mais il existe des tas de protocoles pour éviter la contamination bactériologique. Tu t’en sortiras ? Si tu veux un peu de lecture, tu trouveras dans la salle d’à côté des gros classeurs blancs pour t’expliquer en détail les manœuvres à suivre….je pense n’avoir rien oublié….Si tu cherches à me joindre personnellement, tu composes le 10. Je ne
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suis jamais bien loin. On se voit plus tard d’accord ? » Pendant deux heures je pesai les gros morceaux de viande hachée au gramme près, je la plaçai ensuite dans les barquettes prévues à cet effet. Mon ventre cirait famine malgré l’aspect rebutant de ces énormes tas de bidoches rougeoyantes et malodorantes. A midi trente, Brent revint. « On va manger ? » Il me ramena à l’îlot central comprenant le QG, le logis principal et trois autres pavillons équipé d’un bar, de tables, d’un écran plasma ; des équipements électroniques et Brent m’expliqua le fonctionnement de la cantine. « Chaque samedi, Holly nous soumet une liste de menus pour la semaine. A toi de cocher ce que tu veux manger au cours des repas du midi et du soir. Le petitdéjeuner et tout extra est moins compliqué à prévoir, à acheminer et stocker. Ainsi on évite la perte. Nos respectifs plats sont dans le réfrigérateur de la cuisine. Ils sont nominatifs bien évidemment. Dallas a prévu le coup pour toi….tu mangeras un délicieux hamburger et de la salade ! Ton plat est celui-ci. Bon appétit ! Je peux te laisser là cinq minutes ? » Pratt arriva et posa un journal sur la table avant de partir récupérer son plat dans le garde-manger. Il réchauffa son menu au micro-onde et s’installa à table sans même lorgner de mon côté. Puis Hayes et Hemsworth arrivèrent à leur tour, mais se placèrent loin de lui. « Hey, Pratt ! Tu connais la différence entre un babouin et un macaque ? Questionna Hemsworth et l’autre de ne pas lever le nez dans son journal. « Arrêtes un peu avec ça, tu vas me couper l’appétit !
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—On se demandait si tu avais perdu ton sens de l’humour, rétorqua Hayes, la casquette visée sur la tête. La réponse est qu’il n’y a pas de différence entre un primate et un autre primate, cette réponse nous vient droit de l’esprit embrumé d’Wallis. Il devrait arrêter la fumette pour se concentrer davantage sur les résultats de ses comptes-rendus : Bon appétit Wiilkes ! » La panique me saisit et mon cœur se mit à battre furieusement. « Cela se passe comment pour toi, à la préparation des gamelles ? C’est une tâche pas évidente, mais nos charmants petits pensionnaires te remercieront. —Noakes ! On se demandait où tu étais passé ! —Regardez qui je vous ramène ! —Bewley ! En chair et en os ! Comment vas-tu vieux ? » Les hommes se saluèrent d’un check et sans sourire le nouvel arrivant haussa les sourcils. « J’étais dans les bras d’une superbe sirène ! Alors il est évident que j’ai eu quelques difficultés à retrouver le chemin ! Une putain de naïades hayes, tu n’aurais pas su résister ! Des seins à vous faire croire en Dieu et une paire de miches comme on n’en voit plus ! Sacrément bandante, la gosse ! Mais qu’est-ce que je vois là-bas ? Questionnat-il en ôtant ses lunettes de soleil pour me tendre une poignée de main. Salut… Gordon Bewley, chargé de toute l’informatique du site. Et tu es ? —Joan Wilkes. —La Joan Wilkes qu’on attendait la semaine dernière ? Impressionnant ! On ne pensait pas te voir ici, c’est courageux de ta part…venir t’enfermer ici avec cette bande de tarés.
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—Parles pour toi, tu n’es pas plus sage que nous ! Railla Hayes. Tu te pose un moment où bien tu vas t’empresser d’aller saluer les autres ? —Ouais je vais aller voir Drew, une petite minute, mais gardez-moi une place au chaud, j’ai des tas de trucs bien croustillants à vous raconter ! Je te vois Hemsworth te lécher les babines d’avance ! Noakes, tu m’accompagnes ? Je vous prends Noakes, j’aurai peur que vous me le pervertissiez ! » Brent revint et s’assit en face de moi mais assis de trois-quarts afin de pouvoir écouter les discussions des autres. Dallas et Holly entrèrent et les propos changèrent de registre ; on parla plus sérieusement et de façon plus ennuyante. Holly volait la vedette à Dallas, la rouquine aux pommettes hautes qui alors se démenait pour capter le regard de Pratt, indifférent à ses sollicitations. Depuis le début il n’avait rien dit et quand il eut terminé la lecture de son journal, il se leva pour quitter la salle. Hemsworth blagua à son sujet, imité par Hayes. Le retour de Bewley changea la donne : il était un show man, donc constamment en représentation. Les uns et les autres riaient, excepté Brent. « On y va Wilkes ? J’ai encore des trucs à te montrer. Tu poses tout ça ici, dans la machine à laver. Tu fumes ? Le fumoir est ici. Je ne t’ai pas demandé si tu voulais un café ! Viens, je t’offre une clope ! » Dans le fumoir se tenait Russel Lang occupé à pianoter sur son PC portable. « Alors Wilkes, ça se passe bien ? J’espère que cette bande de machos ne t’effraye pas ? Brent, tu lui as montré nos « bébés » ? Je crois qu’il est important qu’elle voit ce pour qui elle se dévouera
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corps et âme pendant ces deux mois. Si Dallas te pose problème avec ça….tu me l’envoie ! Bon….je vous laisse le champ libre. Essayes de ne pas trop la crever, Brent, c’est son premier jour ! » On se rendit au-delà de la zone de barbelés et Brent roula jusqu’à l’annexe où se trouvait déjà Pratt. « Je l’emmène voir les bébés, je peux rentrer ? » Il ne répondit rien et je le vis porter une caisse remplie des gamelles que j’avais probablement remplies toute à l’heure. On entra dans l’enclos et une dizaine de louveteaux arrivèrent, un peu maladroits sur leurs petites pattes. Je me mis à sourire en les voyant se précipiter vers moi. J’en caressais un qui aussitôt se débattit pour me mordiller les avant-bras. « Ils sont déjà de bons crocs, murmura Pratt en repoussant un louveteau un peu téméraire, grimpant sur sa jambe pour attraper un morceau de viande qu’il tenait fermement dans sa main. Ceux-là sont nés en captivité, de deux portées différentes, poursuivit-il, ils sont nos bébés de l’année ! La portée précédente a rejoint leur élément naturel. Veux-tu voir leur mère ? » J’acquiesçais et j’ébauchais un timide sourire avant de le suivre vers un autre enclos, suivie par brent. « Tu restes derrière moi, d’accord et quoiqu’il se passe tu restes concentrer sur ma voix…. » Il disparut pour revenir suivi par deux louves, de colossales bêtes, hautes sur pattes et quelque peu fébriles. Elles lui léchèrent fiévreusement les mains en donnant de grands coups de pattes dans le vide. Je n’étais plus certaine de vouloir les approcher.
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« Approches-toi de moi doucement, murmura-t-il en me tendant la main. Elles vont t’identifier comme étant un membre de notre famille….approches doucement sans les regarder dans les yeux…Donnesmoi ta main…. » Je la lui tendis en tremblant et au contact de sa paume je tressaillis. Premier contact visuel échangé avec Pratt. Il y avait une telle intensité dans son regard…. »Ton pouls s’accélère….les loups ressentent la peur et tout autre émotion. Dis-toi que si tu es avec moi, il ne se passera rien….maintenant, tournes-toi….très lentement… (Il me retourna contre lui) Maintenant, ferme les yeux…. » Je m’exécutais et lentement mon cœur se mit à avoir un rythme régulier. « Ouvres-les yeux…. » Les deux louves se tenaient à mes pieds et rampaient craintivement, les oreilles couchées en arrière. « Tu les impressionnes. Elles te souhaitent la bienvenue à leur manière. La plus grosse sur la droite c’est Vega, c’est notre bêta et l’autre, l’Omega, porte le nom de Cassiopée. Si notre Vega ne s’était rapprochée, l’autre n’aurait pas suivie. Elles interagissent selon leur hiérarchie. Tu vas maintenant t’accroupir….tu dois le faire seule, j’ai pour elle le statut d’Alpha et ce titre ne peut-être remis en cause. Accroupis-toi….et si elles venaient à te lécher, n’aies surtout pas peur. » Je le fis quand Véga se redressa sur la jointure de ses pattes pour me renifler les cheveux, tandis que l’autre lui emboitait le pas. Véga me donna le premier coup de langue, ce qui eut pour effet de me faire rire. Cassiopée fut plus discrète. Je les caressai toutes deux, enfonçant mes doigts dans leur pelage gris et épais. J’aimais
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beaucoup cela, ce fut comme sautée d’un avion en plein vol. Du moins j’imaginais que cette sensation fut identique. « Tu peux te lever maintenant….fais-le lentement, sans précipitation. Recules vers moi sans lâcher Véga des yeux. C’est toi qui mène l’entretien, pas elle. C’est parfait ! Expérience unique, hein ? » Et puis, je me levais aux aurores pour faire du sport avant d’aller m’occuper des gamelles des loups, vider la paille des stalles des chevaux après les avoir sortis dans le paddock ; ensuite je devais panser les chevaux désignés sur ma feuille de route et tout cela à faire avant le milieu d’après-midi. Après quinze heures, j’avais pour devoir de préparer de nouveau des gamelles pour le lendemain. Travailler seule ne me dérangeait pas, au moins je n’empiétais sur le territoire de personne. A dix-sept heures Noakes vint me chercher. « J’ai un boulot pour toi ! Ramènestoi ! »Il était question d’ajouter une clôture sur la parie sud-est de l’enclos 2 et le travail était plus que physique. Il me montra comment procéder et disparut bien vite. Après une heure et seulement deux mètres d’avancer, Pratt me rejoignit. « Que fais-tu ici ? Tu n’es pas obligée d’accepter tout ce qu’on te demande de faire ! Il abuse un peu Noakes ! Donnesmoi ça je prends le relais ! » J’avais fantasmé sur lui toute la nuit dernière. Il ne le saurait jamais mais, j’en pinçai vraiment pour lui. On marcha de conserve. Lui tendait la corde et moi je serrai le piton sur le piquet. Je fantasmais une fois de plus sur ses biceps, ses abdos en béton et son cul aux formes bien arrondies ; je comprenais mieux pour quelles raisons Dallas le relookait
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inlassablement. Un moment sa main frôla la mienne. il ne réagit pas à ce contact mais moi, si ! Tout comme la veille je voulais qu’il me serre contre lui et me dise de fermer les yeux. Je ne cessais de le mater, était-il aveugle pour ne pas s’en apercevoir ? « A ce rythme-là on aura peut-être fini pour ce soir ! » Je ne répondis rien, occupé à fixer sa bouche bien ourlée soulignée par un duvet blond cuivré. Je planais à cent lieux d’ici mais la réalité me rattrapa quand le bruit d’un moteur m’arracha à mes pensées des plus inavouées. Dallas descendit de son imposant 4X4 et héla Pratt. « Qu’est-ce qu’elle me veut encore ? A croire qu’il n’y ait nul endroit sur terre pour se planquer !» Il m’abandonna pour se diriger vers elle et ils s’entretinrent tous deux, loin de mes oreilles. Il revint à moi, à vivre allure pour récupérer son gilet laissé par terre et sans un regard pour moi, déclara : « Je dois te laisser ! Un de mes loups est malade. Nous avons reçu son signal à douze miles d’ici et….laisses ça ! On continuera demain ! » Les écouteurs sur les oreilles, je remplissais les barquettes en cadence et arriva Drew croquant à pleine dent dans une pomme. Il revint avec un calepin pour s’assoir sur un grand tabouret. « Comment ça va Joan ? Je me pose ici un instant ici, si tu veux bien ! Est-ce que Hemsworth est passé ? Je ne vois pas où il aurait pu signer… —Non, je ne l’ai pas vu. Ils ne sont pas légion à passer ici, du moins, pas quand je travaille. »
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Et il me dévisagea de la tête aux pieds, cessant sa mastication. « C’est cool, je suis content de savoir que tout se passe bien pour toi. Dallas se dit être satisfaite de ton travail et….je comprends qu’il ne soit pas évident pour toi de t’adapter dans ce milieu très machiste mais sache que chacun t’apprécie ici. Nous allons introduire six nouveaux loups que nous avons été cherchés au Canada, Isaac et moi. Il ne t’a pas été présenté, mais ce type est une crème. Tu pourras te fier à lui, plus qu’aux autres. En disant cela je ne les critique pas, seulement ces gars-là sont assez impressionnants. J’aimerai vraiment que tout se passe bien pour toi ici. —C’est le cas, crois-moi ! Pratt m’a emmené voir les loups hier. C’était plutôt sympa. —C’est un magnétiseur. —Comment ça ? —il communique avec les loups de façon plus subtile. Il lui suffit de poser les mains sur ces bêtes pour qu’il sache exactement de quoi elles souffrent et….il les soulage. Je sais que cela peut te paraitre absurde mais Lang l’a recruté pour ce don unique qu’il a. —Tu veux dire qu’il sait tout de toi après un seul contact ? Est-ce vraiment possible ? » Paul d’un bond quitta son tabouret, les sourcils froncés et se dirigea vers la porte. « Lui et toi avez des tas de choses en commun, n’est-ce pas ? Tu m’excuseras si je ne peux prolonger la discussion avec toi, mais je file ! » Je partis déjeuner avant les autres. Ainsi j’avais plus de temps pour aller ensuite me reposer dans ma caravane. Mon steak et mes haricots verts cuisaient dans le micro-
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onde et je vins à sursauter quand un type derrière moi me tendit une poignée de main. « isaac Byrnes ! Et toi tu dois être Joan c’est ça ? C’est quoi ton histoire ? —Mon histoire ? —Oui ! On vient tous ici avec une histoire à raconter. C’est comme ça qu’on se distingue des plantes et rochers, nous sommes des êtres de chair qui ont forcément un passé. Les chiens se reniflent le cul pour faire connaissance, mais nous deux sommes civilités, alors on s’en tiendra au langage verbal. On sait vraiment peu de choses sur toi Joan et il parait difficile de te cerner. Je voulais avoir ma propre opinion sur le sujet et ne pas me fier à celles des autres mais….je crains que nos échanges ne soient corrompues par tant de mystères. Si tu ne réponds pas je vais penser que je tyrannise les nouvelles venues. Or c’est loin d’être le cas…. » Ne sachant que répondre je fus soulagée quand le micro-onde émit son signal. Il me serait difficile de manger avec lui à mes côtés, c’était comme s’offrir aux yeux d’une loupe grossissante. Il ne me regardait pas, il me scannait littéralement, le poing posé sur sa hanche. La télé tournait dans la pièce et privée de son, je tentais de consacrer mon attention sur autre chose. Et Dallas fit son entrée, le téléphone et le calepin à la main et avança vers Isaac. « On y va Isaac ! Les loups sont sortis de leur état de somnolence. Ils sont tous les six en état stable. Drew nous a donné le feu vert et tout le monde est prêt en haut. Joan, où en es-tu avec les gamelles ? —J’ai tout terminé. Cole m’a dit que je devais m’occuper de l’enclos des chevaux.
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—C’est très bien ! Ensuite tu pourras aider à finir cette clôture. —Elle pourrait se joindre à nous, tu ne crois pas ? Cela lui permettrait de voir comment on travaille ici. —Non, ce n’est pas une bonne idée, il y a tant à faire ici et cela ne serait que perte de temps. —Pourtant je t’ai entendu dire à plusieurs reprises que tu aime que chacun ici s’imprègne du travail des autres. Ce n’est pas ce que je t’ai entendu dire Dallas ? —Très bien. Pose ton assiette ! On part maintenant ! » Ils se trouvaient être tous aux enclos : Hemsworth, Noakes, Wallis, Hayes, etc. Tous se tenaient là pour ne rien manquer de l’intronisation des loups. En retrait je tentais de discerner la scène, mais mis à part les cages on ne distinguait rien. Grognements et grincements des crocs contre le métal se firent entendre et devant l’entrée des cages, Glen Pratt officiait avec le savoir-faire d’un dompteur de félins. Dallas voulait être aux premières loges et discutait avec Hemsworth, ce géant viking. Il lorgna dans ma direction et trouva quelque chose à dire à Dallas qui partit dans un franc éclat de rire. Parlait-il de moi ? Possible ; il ne m’appréciait guère. Tout comme Hayes et Noakes. On fit sortir les loups, les uns après les autres. Ce n’étaient pas de louveteaux mais des loups probablement adultes. Pelage gris et noir, mâchoire fine et pattes hautes, ces loups paraissaient faméliques et en mauvaise état. Pratt les prit en main les uns après les autres et s’attarda sur l’un d’eux, plus maigrichon et surtout plus craintif.
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« C’est une femelle, déclara Isaac, elle a un an mais elle est en très mauvais état. On va bien vite la remettre sur pieds avant de la lâcher. On veut voir comment ils se comportent entre eux. Ils établiront bien vite leurs propres codes et leur hiérarchie. On a dégagé deux forts caractères, celui qui a une selle sur le dos et l’autre, tout noir là-bas. Si les choses venaient à mal tourner, on devra les séparer. Ils ont une forte tendance à s’entretuer. C’est pratt qui te plait ? Tu n’arrêtes pas de le regarder. —Quoi ? Non, je….Paul m’a dit… qu’il était magnétiseur. Je trouve cela… incroyable, c’est tout. —Oui c’est son truc. On a tous un talent ou bien un don particulier qu’il faille exploiter. Quel est le tien Joan ? —Je n’en sais rien. —Allons, tu ne serais pas là si tu n’avais rien de particulier à vendre. Si tu veux venir te confesser, tu sauras où me trouver. » Je suis très maigre. Je n’ai que la peau sur les os. Un sac d’os. Je me regardais dans la glace Qui voudrait d’une femme comme moi ? Et puis je portais des scarifications sur tout le corps, des entailles aux poignets remontant à l’une de mes tentatives de suicide. Ma peau du dos était marquée par des trous de cigarettes. Je n’avais plus rien d’humains. Les larmes me montèrent aux yeux. Ma vieille peluche dans mes bras, je fixais la la matière du couvre-lit. Et je fermais les yeux….mon esprit se déplaça en dehors de mon corps. C’était une sorte de voyage sensoriel. Cette pensée me conduisit où je voulais. Ils étaient attablés autour de la table du QG et débriefaient ensemble et
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Dallas trônait, jouant nerveusement avec son crayon. « Alors qu’est-ce qu’on fait pour elle ? —Il nous faut l’isoler et augmenter son apport en protéines, déclara Paul en tendant une feuille à Hayes. Il serait dommage de la perdre. Tu sais comme nous que nous avons fait des pieds et des mains pour la récupérer. Elle est en sécurité ici. A tour de rôle on pourrait la surveiller pour s’assurer qu’elle s’alimente correctement. —C’est une solution Drew, mais on ne peut pas instaurer ce genre de surveillance accrue, excepté si on la place en quarantaine. Lang s’y opposera. Il dira que ce n’est pas nécessaire à son épanouissement sur du long terme. Elle doit faire ses preuves au sein de la meute et maintenant ! —Je partage l’avis de Drew, argua Pratt tout en se caressant le menton. On a besoin de savoir comment elle réagit. On ne parle pas de conditionnement mais d’adaptation. Elle a subit assez, crois-moi Dallas. —Et ensuite ? Questionna Hemsworth. Une fois qu’on la relâchera, elle va essuyer un revers de fortune par les autres. Je pense comme le boss, cela ne lui apportera rien. —Ouais Pratt, il ne faut pas être trop sentimentaliste, argua Hayes. Les loups, et tu devrais le savoir, agissent indépendamment de notre volonté. On aura beau les materner, une fois livrés à eux-mêmes ils ne s’en sortent pas. Cette fois-ci évitons la casse. —Alors elle ne survivra pas. Elle est trop abime et on a observé toute à l’heure que les mâles la mordaient à diverses endroits. Pratt la examiné de plus près et
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ce genre de morsure est typique des exclus. Si on la relâche maintenant elle ne pourra s’en sortir seule. Ils ne la laisseraient pas chasser sur leur territoire. —Bon ! Et bien qu’est-ce qu’on fait ? On ne va quand même pas voter à main levée drew quand tous vos avis se valent ! On peut essayer un jour ou deux et si vraiment cela ne marche pas et bien on avise différemment ! » Agacé pratt quitta sa chaise pour aller s’en griller une. Prestement je glissai mes pieds dans mes rangers pour aller prendre l’air et espérer le croiser. Mais au dernier moment je me ravisai. Cette idée était plus que stupide. Il serait là à me regarder et il se dirait : dieu que tu es laide ! Tu es vraiment repoussante et je ne m’étais pas trompée à ton sujet, alors éloignes-toi de moi ! Il me fallait courir un peu et si possible de bonne heure le matin. La nature se réveillait. C’était su beau. Comment avaisje pu passer à côté de telle merveille ? Ici la promesse d’une nouvelle existence s’offrait à moi. Je ne pourrais y renoncer. Je quittais l’enceinte du camp pour courir à travers les vastes étendues forestières. Cet endroit était paisible et reposant, ici il n’y avait pas de violence, pas de drogue. Le monde était comme il devait l’être : un havre de paix. Je fermai les yeux pour apprécier le vent frais caressant mon visage. La porte du QG s’ouvrit sur Hemsworth qui d’un pas décidé avança vers Paul consultant son PC portable. « On a eu des petits problèmes hier avec Pratt. Il n’est pas toujours d’accord sur la façon à laquelle on administre ce parc.
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—Si tu as un problème avec lui, Dan, vas le trouver et tirez ça au clair tous les deux. —Fais chier Drew ! Tu sais ce que je pense de ses méthodes de travail. Il sabote nos plans et nous on passe pour des amateurs quand Monsieur décide de la jouer solo. —Tu ne saisis pas certaines valeurs que lui et moi partageons. Il ne ressent pas de colère, n’a pas de préjugés et accepte tout le monde sans chercher à vouloir s’imposer par la force ; —Ah, ah ! En d’autres mots, tu le vois comme le Messie ! Les gars et moi on pense que Pratt cherche à cavalier seul en nous prenant pour ses sous-fifres ; il a Dallas dans la poche et Lang porte tout crédit à ses démonstrations d’affection pour nos Canis lupis et il devient difficiles de les approcher parce qu’il a ce pouvoir que l’on n’a pas sur ces créatures à sang chaud ! Il est leur Alpha et cela devient problématique. —Pourquoi ? Parce qu’il ne développe pas tout un tas de théorie sur nos petits bébés ? Lui, n’est pas là à débattre sur le sexe des anges, il est efficace, là où nous échouons. —Possible. Et qu’en est-il de la petite toxe de New York ? —Quoi ? » Aussitôt Paul lâcha son portable pour se dresser devant Hemsworth, arborant son plus beau sourire. Il poursuivit, les sourcils froncés : « De quoi parles-tu ? —Il en pince pour elle, cela saute aux yeux. Dallas l’a très bien remarqué et cela la met hors d’elle. Personne n’est autorisé à fréquenter son bel ange et surtout pas une anicienne toxicomane, accroc au
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crack. Tu pensais sérieusement qu’on ne le serait pas ? Ta petite junkie est entrée dans l’enclos avec lui l’autre matin et il paraissait si….transporté à son retour. Possible qu’il la trouve à son goût. A croire que tout cela va également échapper à ton contrôle. —Et bien c’est ce que je lui souhaite, répondit ce dernier après un silence contrarié par cette révélation. Joan est une chouette fille ! » Je rentrais au camp, une compresse posée sous ma narine. Le sang coulait abondamment de mon nez et souillait mes vêtements. A l’infirmerie, je cherchais à mettre la main sur du paracétamol, en proie à une violente migraine. Hayes arriva derrière moi. « Qu’est-ce qui t’arrive Wilkes ? Tu es tombée sur un grizzli ou quoi ? Ok, viens ici, je vais voir ce que je peux faire ! » Docile je m’assis sur le tabouret. Mon nez piquait affreusement au point de me faire pleurer. Il extirpa le mouchoir imbibé de sang de ma narine et approcha une bassine de dessous mon nez et appuya sur ma tête pour me faire pencher sur l’avant. « Ok. Voyons ce qu’on a….le sang est clair et sans caillots. Tu as souvent ce genre de complications? » Il approcha un scanner pour sonder le fond de mon œil avant de se lever et fouiller dans un placard. « Tu sais si tu es sous traitement, tu devrais respecter les doses et ralentir un peu sur tes activités physiques. Je suis moi-même accroc à la course et la musculation. On ne peut faire autrement si l’on veut être crédible auprès de la nature environnante. Tu as la chance d’arriver en plein été, après septembre cet endroit
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devient plus hostile et on doit alors pousser nos limites physiques. Je ne peux rien pour toi et j’insiste pour que tu te repose. » Il dégagea une mèche de mon visage, ce qui eut pour effet de m’effrayer. «Je vais mieux…merci… —Oui, si tu le dis. » Après une rapide douche je m’allongeais sur le lit pour écouter de la musique. La musique avait ce pouvoir de m’éloigner des autres. Et puis j’entendis des grognements. En panique je me redressais pour gagner les fenêtres de ma caravane. Aucune trace de loups. C’était étrange….je les avais clairement entendus. Mon cœur battait à vivre allure et la main en suspend sur la poignée de porte. C’était effrayant….comme une sorte de cauchemar dans lequel on ne peut fuir, excepté dans le réveil. J’ouvris la porte pour tomber nez-à-nez sur Paul. « Joan ? Est-ce que tout va bien ? Jay m’a dit que tu pissais le sang de retour de ta ballade…est-ce que ça va ? Je peux rentrer ? » Et je refermai la porte derrière lui. Son regard se posa sur mes dreamcatchers, mes gris-gris nombreux et divers posés audessus des vitres. Il m’interrogea du regard avant de se caresser sa barbe de trois jours. « Dis-moi ce qu’il se passe Joan, tu n’as pas l’air d’être dans ton assiette. Si cela ne va pas, tu peux prendre ta journée, personne ne trouvera rien à redire. Tu as le droit de ne pas te sentir bien et... —Je vais bien. Hayes a seulement extrapolé un peu. Je ne veux pas qu’on… qu’on me prenne pour quelqu’un de faible. Une ancienne fumeuse de crak, parce que je vais vraiment mieux !
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—Je le sais. Je le sais. —Ils me voient tous comme une junkie et….je veux leur prouver qu’on peut me faire confiance, même si cela doit prendre du temps. » Toute la journée des gémissements se firent entendre dans ma tête au point de me rendre folle. Où que je me rende, quoique je fasse je les entendais. Je fermais les yeux et je vis la petite louve dans son enclos. Elle recula en grognant et s’enfuit, la queue entre les jambes pour aller se mettre à l’abri dans sa cage. Elle retroussa les babines, agitée par une présence auprès d’elle qu’elle ne pouvait discerner. Après mon travail je me rendis aux enclos et Hayes de venir vers moi. « Ça va mieux toi ? On a un souci avec nos nouveaux arrivants. On a du les séparer et la louve est en piteuse état. Elle ne mange pas. Ce qui n’annonce rien de bon. A ce régime-là on risque de la perdre. Drew avait une fois de plus raison. Quand ils sont comme ça mieux ne vaut pas les approcher. Paul a failli se faire bouffer ce matin et Pratt n’a pas réussi à s’imposer. —Où sont-ils ? —Qui donc ? Si tu espères voir nos petits nouveaux, ils sont assez imprévisibles. On a du les shooter pour éviter qu’ils ne s’entretuent. Mais viens pas là….je vois bien que tu es curieuse et que tu brûle d’envie d’être utile à quelque chose ! » Il me mit dans l’enclos avec leurs bébés et comme c’était pour eux l’heure de manger je fus ravie de jouer les mèresnourricières. Hayes ne me lâchait plus d’une semelle, veillant sur moi comme un infirmier le ferait. J’étais aux anges au milieu des loups, très réceptifs à mes
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caresses et mes sollicitations de jeux. Qu’il était plaisant de se sentir utile à ce système patriarcal. Dallas arriva : « Hayes, je peux te parler ? » Elle se trouvait être partout et nulle part à la fois. Où que j’aille elle s’y trouvait, marchant dans les pas feutrés de Pratt. Je l’entendis distinctement dire : « Qu’est-ce qu’elle fait là ? Drew lui avait donné sa journée, il me semble, alors elle ne doit risquer sa santé pour de telles subtilités. Où est Pratt ? —Il est descendu dans la vallée avec Howe-Davies et Drew. Cela avait l’air sérieux. Tu veux que je le contacte sur son talkie-walkie ? —Non laisses tomber, dis-lui seulement que je les attends tous les trois pour le briefing. On s’était mis d’accord pour une heure précise et je ne tiens pas à la repousser, Lang est très embêté avec ces histoires de loups qui se mettent à agir de façon anormale. On se voit plus tard Hayes ! Et fais-la sortir de cet enclos, je e veux plus l’y voir !» Elle remonta à bord de son puissant 4X4 et Hayes se mit à ricaner ; « Elle est culottée celle la ! Restes ici un instant je vais contacter les gars ! » Il me laissa au milieu des louveteaux. Ils me mordirent les avant-bras, devinant qu’ils n’étaient plus au centre de mes préoccupations. Hayes partit, je me levais pour me rendre discrètement vers l’enclos de la louve. Il me fallait marcher vite et ne pas attirer l’attention des autres employés chargés de l’entretien des locaux. La cage semblait être vidée de son occupante et les mains collées au grillage j’espérais sa venue. Alors je fermais les yeux….Je vis la louve lovée au fond de la cage, le museau
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sous la queue. Aussitôt elle se redressa sur ses pattes pour me fixer de son regard noir, celui d’un prédateur acculé et sur le point de passer à l’attaque. Elle se mit à grogner, relevant les babines e découvrant des crocs acérés. Je ne devais pas éprouver de la peur. En ouvrant les yeux, je me retrouvais être en face d’une paire d’œil perçant. Les babines retroussées, elle me fixait prête à attaquer. Je soutins son regard dans le mien. « Tu n’es pas seule ici. Tout peut te paraître étrange, disproportionné mais ce monde est beau. Il faut t’en convaincre et aller de l’avant. On survivra toutes les deux à cela. Regardes ce que je t’ai ramené ! (Je sortis des morceaux de viande d’un sac plastique que je posais devant elle) Ce n’est pas grand-chose mais c’est un bon début, non ? » Elle renifla le bout de viande avec crainte puis se laissa tenter. En ma présence elle mangea. Ce fut pour moi une victoire prise sur l’ennemi. Elle grogna et s’en retourna dans sa cage, le poil hérissé. « Qu’est-ce que tu fais Wilkes ? —Rien, je…euh…désolée, mais comme je ne te voyais pas revenir je me suis approchée un peu trop près de la cage. » Le briefing se passa sans moi, naturellement. Livia me rejoignit sur le canapé dans le QG, une sucette coincée entre ses lèvres ourlées. Elle m’interrogea du regard avant d’ouvrir la bouche. « Cela se passe comment avec ma sœur ? Oui, je parle de Dallas, c’est ma grande sœur. On ne croirait pas comme ça mais on a le même patrimoine génétique à quelque chose près. On a toutes les deux des cheveux roux cuivrés et des yeux verts. Je
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sais qu’elle n’est pas toujours facile mais elle a un cœur énorme. Elle a fait des pieds et des mains pour que j’intègre cette structure avec seulement un master en programmation informatique. Lang était un peu réticent à l’idée que je puisse m’installer ici. Lui c’est un vieil ours mal léché, du moins c’est comme ça qu’il se définit. Mais tant qu’on fait correctement son travail, il ne trouve rien à redire. Tu comptes rester là longtemps ? —Non. Uniquement la saison. Paul ma dit que se serait temporaire. —Tu parles de Drew ? Questionna-t-elle d’un air pincé. Ouais c’est bien son genre : prendre soin de la veuve et de l’orphelin ! C’est cool pour toi. Et ensuite, tu verras quoi ? Tu retourneras dans le New Jersey ? Il faut mieux pour toi les gens de la ville ont du mal à s’acclimater à cette région ; tout y est très rude et ici mis à part le centre, on a guère d’échappatoire. —Je ne partage pas vraiment ton avis. —Je me doute bien ! Tu as l’air assez solitaire, pas du genre à dépendre d’un certain mode de vie. Tu as un petit copain à la New Jersey ? —Non. Je suis célibataire. —Célibataire toi ? Non, ça alors ! Belle comme tu es, je me suis dis que tu avais certainement tous les hommes de ta ville à tes pieds ! Pas même un rencard en vue ? Ici ne compte pas te faire qui que soit ! Ce sont tous de vieux garçons, des célibataires endurcis si on en juge à leur palmarès de chasse. Trop passionnés, trop vieux jeu ! Il te faudra m’accompagner en ville si tu espères avoir des chances de te poser et fonder une famille un jour ou l’autre ! » Amen ! Elle quitta l’espace de lecture pour aller je ne sais où. Restée seule je
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fermai les yeux…Livia quitta le bâtiment pour se rendre au briefing et avança sa chaise pour s’assoir près de Jay Hayes. « J’ai raté quelque chose ? De quoi pariez-vous avant que je n’arrive ? » De nouveau je saignais du nez. Je courus vers la sortie. Il pleuvait à verse dehors et prestement je gagnais ma caravane. Le sang perlait et tombait dans le lavabo. En panique j’allais à mon lit, sortit ma peluche de dessous mon oreiller pour la serrer contre moi. Cette peluche était mienne depuis peu, un cadeau de mon frère avant qu’il ne meure. Isaac insista pour que je parte en ballade avec lui. Je venais à peine de finir mon petit déjeuner qu’il me fit monter dans on pick-up. On quitta le grand parc pour accéder à la grande route et là il emprunta un sentier forestier, caillouteux et étroit. « C’est ici ! Déclara-t-il un cure-dent coincé entre ses molaires. Nos derniers relevés GPS ont été émis ici. Livia est formelle. Il y a une anomalie avec le système. Viens avec moi ! » Il descendit et attrapa dans le coffre de son véhicule un fusil contenant des fléchettes paralysante et sans rien ajouter d’autres, il passa en éclaireur pour grimper un versant de colline. La montagne nous entourait de part et d’autres, je n’avais pas pensé qu’on puisse s’en approcher si rapidement. Et en haut du sommet on trouva Paul et un autre type que je ne connaissais pas. «On est là Drew ! Ezra, comment vastu vieille branche ? —Mal, très mal. On vous confie des loups pour vos petites expériences et quatre d’entre eux ont été aperçu par mon équipe sur le versant est de cette
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montagne. Un peu loin de vos bases non ? Nous autres de la section II avons du mal à y voir clair avec vos ratés. Nous avons suivi deux pistes qui nous ont conduits à ce canyon, celui de la Long River. Lang nous paie pour qu’on les trace physiquement pour s’assurer qu’ils se comportement normalement et aucun de vos capteurs ne semblent fonctionner correctement. Où sont-ils rendus maintenant ? Seul Dieu le sait ! —Mais cela va s’arranger Ezra, renchérit Isaac, ce n’est pas comme si nous n’avions aucune piste. On a ramené du renfort avec nous en la personne de Joan Wilkes. Tu as déjà entendu parler d’elle n’est-ce pas ? —Non ! Et je m’en contrefous ! Trouvez-moi ces loups et qu’on en parle plus ! » Isaac me fixa avant de partir ver le canyon quand Paul posa la main sur mon épaule. « Euh….Joan ! Nous avons très peu de temps devant nous ! Tout au plus une demi-heure avec les derniers relevés qui marquent leur emplacement à douze miles d’ici. C’est maintenant impossible de les localiser mais c’est là que tu interviens. Je sais que tu en ai capable. —Quoi ? Non…. —Joan, c’est notre dernière chance. Tu es notre dernier espoir et tout le camp te sera reconnaissant qi tu ramènes nos loups au bercail. Tu as ce don de télépathie en toi et…. —Ramènes-moi au camp Paul. —Non ! J’ai toujours eu confiance en toi Joan. Tu te souviens la fois où tu as trouvé
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ce gosse au milieu de nulle part. Tu disais avoir entendu leur voix. Et l’autre fois, tu as été épatante. —Ecoute, écoute Paul ! J’ai du me convaincre que tout cela n’était pas réel. J’essaye d’avoir une vie normale maintenant et tout cela est loin derrière moi à présent. C’est trop difficile pour moi. —Je refuse de croire ce que tu me dis. Tu communiques avec eux en ce moment. Pratt l’a ressenti tout comme Isaac. Ils parlent tous d’eux d’ondes et de dérèglements sensoriels. Tu lis dans leurs pensées et Hayes trouvait étrange que tu te sois mise à saigner du nez à quelques heures d’intervalle au moment même où nous étions à débattre sur le sort de nos loups. Isaac parle de toi comme une nouvelle magnétiseuse et….tous ces petits gars seront là pour t’aider à y voir plus clair. Aujourd’hui c’est Isaac, alors ne gâches pas tout. » Lentement je le suivais le long de la rivière marchant dans ses pas ; de temps en temps il s’arrêtait net accroupi devant une empreinte, le cure-dent coincé entre ses lèvres et le fusil posé sur sa cuisse. « Tu es morte de trouille Joan ! Quand as-tu cessé de croire en toi ? Tu sais quand Lang est venu me chercher j’ai bien pensé qu’on se fichait de moi. Enfin on m’offrait un emploi digne de ce nom et j’ai alors sauté sur l’occasion. Avant ça je….travaillais comme consultant le FBI puis la NSA. De bons jobs en soi mais je ne m’éclatais pas assez, alors qu’ici, c’est une véritable famille que j’ai trouvé. S’il te plait Joan, accroupis-toi près de moi….Tu les entends n’est-ce pas ? Ils sont dans ta tête. Fais les revenir, toi ils t’écouteront. »
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Je fermai les yeux. Des grognements emplirent mes oreilles et je vis les quatre loups courant entre les arbres se confondant avec la nature environnante ; l’un d’eux s’immobilisa pour se retourner, les babines retroussées. « Dis-leur de venir Joan, murmura Isaac. Restes concentrée. Ils finiront par revenir. » Des hurlements se rapprochèrent. Ils étaient là tapis dans l’obscurité à nous fixer de leurs grands yeux jaunes. « Restes concentrée Joan. » Depuis combien de temps étions-nous ici à attendre leur retour ? Je scrutais les arbres autour de moi. Le silence régnant alentour ne présageait rien de réjouissant. Quelques oiseaux pépiaient, mais trop loin pour qu’on les distingue vraiment. « Elle sait ce qu’elle fait ? Questionna Isaac à l’intention de Paul, tous trois marchaient derrière moi, le fusil à la main. Si on ne les trouve pas avant ce soir Lang aura raison de nous mettre à la porte ! —Tais-toi ! » Je fermai les yeux. Des tas d’images m’assaillirent. Un cervidé attaqué en pleine nuit, tailladé par des crocs affamés. Des pattes de loups courant le long d’une rivière. Et puis je vis une sorte d’excavation. Là où ils avaient passé la nuit. Pas de loups dans les environs. Ils étaient à quarante miles d’ici, peut-être plus. Il serait difficile de les rattraper. Demain ils ne seront plus qu’ne légende dans l’histoire de ce centre. Je me tournais vers Paul.
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« Ils ne reviendront pas. Ils sont déjà loin. Peut-être vous vaudra-t-il attendre la saison prochaine. —Elle plaisant là ? Drew, contacte Lang sur le champ et dis-lui bien de mettre tous ses hommes sur le coup ! On n’a pas une seconde à perdre ! Isaac et moi on va descendre jusqu’à la Long River et on va se poster là pour le cas où ces petits malins reviendront. Et contacte Pratt pour qu’il se ramène. Seul. Je ne tiens pas à avoir l’autre hystérique sur le dos. Madame procédure me tape vraiment sur le système. » Ils arrivèrent une heure et demie après l’appel de Drew et Lang fut également sur place. « On a des nouvelles Paul ? On en est où là ? —On va se déployer et relever toutes les pistes. Ils peuvent être ici et là ! On va finir par les retrouver ! » On nous distribua des fusils supplémentaires et je fis route avec Pratt. Il marchait sans se retourner pour s’assurer que je suivais. Contrarié il pouvait l’être ; en moins d’une semaine tous ses loups lui filaient entre les pattes. Livia était-elle seule responsable de tout cela ? C’était là un problème de puces mal programmée et cela allait leur couter cher. Cependant le problème pouvait venir d’ailleurs. Nous devions emprunter un passage. Pratt venait de relever des empreintes fraîches près d’une mare de boue et il voulait absolument se convaincre que les loups avaient suivi cette piste. Il avançait de plus en plus rapidement et je peinais à le suivre. Quand mon pied glissa sur les feuilles humides. Je glissais sur plusieurs mètres
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pour atterrir dans une sorte de ravins. Je pense m’être évanouie une fraction de seconde mais à mon réveil, le soleil avait décliné La douleur me saisit à la cheville, aux coudes et aux côtes. Le plus violent fut cette douleur lancinante à la cheville. J’ai crié mais personne ne m’a entendu. Tous m’avaient abandonné. J’allais crever ici. La nuit finit par tomber. La peur fut à son paroxysme quand j’entendis les premiers nocturnes partir chasser. C’était l’horreur et à chaque nouveau bruit ma vessie menaçait de se répandre ; je ne pourrais jamais survivre à cette nuit. Dompter cette peur pour ne pas me retrouver privée de raison. J’ai tenté de grimper. Mais en vain. Je n’y voyais plus grand-chose et armée d’un bâton, je guettais le moindre signe d’activité animale. J’entendis des voix. On m’appelait. Je répondis en hurlant mais la fatigue eut raison de mes forces. Il me fallait me mettre à l’évidence : ce n’est pas ce soir qu’on me retrouvera. Le froid ne tarda pas à tomber. J’ai fini par y arriver. Ce fut long et compliqué mais une fois arrivée en haut de la crête, je pus enfin respirée. Des grognements retinrent mon attention. Là dans cette pénombre, un animal me guettait. Je longeai la rivière. Cette dernière était assez large pour ne pas être franchie à pied et encore moins à la nage, à en juger la puissance de ces courants rugissant sur les rochers, barrière naturelle de son lit. La lune seule éclairait mes pas. Soudain il fut là. Je ne vis que ses yeux jaunes et ses crocs. Je ne devais pas bouger et me convaincre qu’il s’agissait là que d’un gros chien. L’animal me fleura à
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distance quand j’en discernai trois autres disposés en cercle autour de moi. Ses grognements n’eurent rien d’accueillant. Le plus gros avança vers moi, imité par tous les autres. J’étais sur leur territoire et ils sauraient le défendre. Comment devaisje me comporter ? Leur tourner le dos et m’enfuir doucement ? Ou bien piquer un cent mètre avec une cheville enflée ? Peu de chance de m’en sortir. J’allais m’assoir et accepter mon sort, quand une masse noire bondit sur le gros loup et un combat s’en suivit, mêlant chaos et incertitude. Ce même loup, celui qui avait provoqué le plus gros vint se placer devant moi, dégageant ses babines ensanglantées. Le menace était clair, il ne laisserait aucun autre de ses congénères m’approcher. « Hey ! Hey ! » Entendis-je hurler derrière moi. Des faisceaux lumineux se braquèrent dans notre direction contraignant les loups à se disperser et le loup devant moi gémit après qu’une seringue se soit enfoncée dans son pelage. « Tout va bien Orion, murmura Pratt en marchant doucement vers la louve. Tout va bien ma belle. » Il tenta de la caresser mais cette dernière s’y opposa furieusement. Il finit par y arriver et en douceur, l’aida à s’allonger sur le flanc. Avant de s’endormir, elle me fixait en gémissant. Les grognements me réveillèrent. Un énorme loup me sauta au visage. La terreur fut telle que l’urine coula entre mes jambes. Kepler m’aida à me relever et ses doigts parcoururent mon visage. Dans ma tête ce fut le chaos. Pas moyen de revenir dans mon corps et essoufflée, je m’accrochais avec toute la rage du
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désespoir à Kepler. Elle finit par se lever pour gagner la porte. « Elle ne va pas bien Paul. Je pourrais la mettre sous sédatif mais cela ne ferait qu’empirer les choses. Elle est émotionnellement agitée. Paul ? Est-ce que tu m’écoutes ? Il s’est passé quelque chose là-bas et tant que nous ne savons rien, il sera difficile de poser un diagnostic sur ce mal qui la ronge depuis deux jours. il me faut faire un rapport complet et…. —Détends-toi Ann ! Il ne sait rien passé là-bas. Joan a seulement besoin de repos et c’est précisément ce que tu vas noter dans ton rapport. Fais-moi confiance d’accord ? —Je ne sais pas. Je dois suivre le protocole pour le cas où les faits auraient raison de nos compétences. Et je préfère que tu ne la vois pas pour le moment. —Quoi, tu plaisantes ? —Tu l’as dit toi-même : elle a besoin de se reposer. Il nous faut éviter tout facteur de stress et bien que tu ne veuille pas l’admettre, tu en fais partie, murmura cette dernière. Je me considère comme neutre dans cette histoire et Lang me donne les pleins pouvoirs. Je fais ce qu’il me semble bon de faire et tu aurais fait pareil à ma place. —Ok. Je m’incline devant tes salutaires actions. Je reste joignable si changement de sa part. » Et Ann revint vers moi. Je voyais clair à présent. On m’avait allongé dans une petite pièce servant de modeste bureau ; en bas de la fenêtre, un lit de camp se trouvait être là et sur lequel on m’avait allongée. Des livres et des dossiers se dressèrent l’un à côté de l’autre et tous soigneusement classifiés et protégés par une vitrine. Cela devait être son bureau et sa chambre à
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coucher quand trop fatiguée pour rentrer dans son logis, elle préférait le confort spartiate de cet endroit. Elle ouvrit un dossier qu’elle posa sur sa table et saisit un crayon dans la poche de sa blouse. « Tu vas mieux ? Questionna cette dernière en notant quelques mots dans son rapport. —Je me suis faite pipi dessus. J’ai besoin de me changer….où sont les WC ? » Ann me tendit du linge propre comprenant un pantalon et une blouse avant de me diriger vers une salle de bain jouxtant des sanitaires. Une fois lavée, je quittai ce lieu pour pousser une porte affichant un Area Restricted. Il fallait un pass pour y accéder. Quand au loin je reconnus la silhouette de Jay Hayes et celle de d’Isaac. Alors je fermai les yeux pour les entendre. « Ce n’était vraiment pas beau à voir. Le membre pendait mollement au tronc. Ils se sont acharnés sur Saturne. D’habitude ils ne font que se taquiner un peu mais là….Pratt est démuni comme tous les autres d’ailleurs. Un tel comportement agressif ne peut-être ignorer. —Ce sont des loups, pas des petits chiots ! On leur a mis la pression et ils n’ont pas aimé être ainsi pistés de la sorte. On leur file au train et tu connais les méthodes d’Ezra ? Il n’arrive pas à mettre la distance entre lui et nos petits protégés. Il fallait bien que cela arrive. —De quoi parles-tu ? Saturne est l’un des leurs ! Tu n’as pas vu dans quel état ils nous l’ont ramené ! On pourrait presque faire un puzzle avec son pelage. Ils sont très nerveux en ce moment et je ne suis pas
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le seul à l’avoir remarqué. Il y a quelque chose chez eux qui ne tournent pas rond.
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[Epilogue]
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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France
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