(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)
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LA FÉLICITE DU MÉCÈNE [Sous-titre]
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Du même auteur Aux éditions Polymnie’Script [La cave des Exclus]
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MEL ESPELLE
LA FÉLICITE DU MÉCÈNE
Polymnie ‘Script
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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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[Dédicace]
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[PrĂŠface]
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Chapitre 1 Newton m’a toujours dit : « Si tu rencontres tes problèmes financiers, prends-toi une colocataire ! » J’ai joué au millionnaire mais je n’ai pas gagné ! La poisse ! Brièvement je vous explique le topo : je vis un appartement à St James, assez grand ceci dit pour y faire dormir une équipe de rugby. Il y a deux chambres, une salle de bain, cuisine ; bureau, grande terrasse et living-room donnant sur les toits de ce quartier. Il a appartenu à Grandma Vera. Elle était actrice de cinéma et jusqu’à l’année dernière ma confidente. Puis l’alcool a eu raison d’elle ; après une soirée bien arrosée, elle a envoyé son roadster dans le mur. Tragédie. Toujours est-il qu’elle a bien vécue, on ne peut le nier si on en juge par le montant de ses dettes et le peu de cas qu’elle faisait de ses factures. Elle a fait de cet endroit, son Boudoir comme elle l’aimait l’appeler. L’endroit où elle recevait ses nombreux amants. Promis demain je fais le tri ! Ai-je dis la semaine dernière, et la semaine avant la semaine dernière, et la l’avantavant semaine dernière. « Prend un colocataire et tes ennuis s’envoleront ! » Newton c’est…un emmerdeur-né. C’est le voisin de la rue d’à côté. Le genre : « Tu me fais c***r même quand tu
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ne me parles pas ». Il n’a pas un seul ami, parce qu’il ne sait pas taire ce qu’il pense tout bas. On s’est croisé au cinéma, celui de mon quartier. Il allait voir le dernier Clint Easwood et dans la file d’attente n’a rien trouvé de mieux à dire que ma robe ne va pas avec le reste de ma tenue. Pour une costumière, se voir entendre dire cela, c’est une terrible ironie. Il n’aime personne et cela tombe bien, personne ne l’aime. « Voyez-vous cela, la grande Debra décide se mettre son appartement au service d’amateur de la résidence individuelle. Et qui vises-tu précisément ? Des pervers sexuels ? Des repris de justice soucieux de préserver l’équilibre de ce monde en offrant de supers clichés de leurs exploits à des feuilles de choux comme le Sun ou le Daily ? » Et il se tut un bref instant. « Quoi ? C’était ton idée ! Tu m’as dit… Laisses tomber. Dis-moi seulement que tu m’aideras à trouver quelqu’un ! J’ai dressé le portrait-robot de ce partenaire immobilier et cela donne à peu près ceci : il ou elle devrait accepter mon Sherlock, il ou elle devrait accepter… —Arrêtes ça tout de suite ! Elle devra t’aider à tenir ton carnet de rendez-vous à jour, laver ton linge en respectant les couleurs et les matières et ne pas omettre d’ajouter de l’assouplissant ; elle devrait également s’acquitter de la taxe des ordures pour celle plus lucratives des charges des parties communes. Vivre au dernier étage d’un immeuble de style regency comprend certains désavantages : voisins un peu chiants, voire carrément insupportables vivant avec leur cairnterriers, une pipe à la bouche et leur carte de club greffé à leur veste. Il y a quoi qui
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tourne pas rond avec toi ? As-tu à ce point des difficultés à constater certaines évidences. Cette personne devra avoir de bonnes références n’est-ce pas ? Disons une expérience comme majordome dans un établissement parisien comme le Meurice, ou le prestigieux George V ! Je la vos plutôt grande, bien faite, un ravissant chignon et un savoir-faire à la française. Passes une annonce dans la bonne rubrique, tu y gagneras du temps ». J’ai fini par le convaincre de m’aider à passer l’annonce. En deux mots, il était dit ceci : Dans le quartier de St James, appartement de haut-standing offrant un place de parking, un ascenseur, deux chambres et un immense dressing, cherche locataire homme ou femme pour une durée indéterminée. Si intéressé contacter le numéro suivant : 076-4335-….. Prix de la colocation fixée à 657£ J’ai pensé étant donné le côté sélectif de l’annonce que personne n’y répondrais. Or pendant deux jours mon téléphone n’a pas arrêté de sonner de neuf heures A.M à neuf heures P.M. Alors Newton et moi avons fixé la date de l’audition au mardi 18 septembre. Ils sont arrivés de tous les coins d’Angleterre. Avec Newton les entretiens individuels ne duraient en tout et pour tout moins de quatre seconde. « Trop banal », « Non ! », « Passez votre chemin ! », « La porte est derrière vous ! », « Pas intéressé, désolé ! ». Je fatigue. Commencé à neuf heures, il va
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bientôt être neuf heures dix et aucun des candidats n’a été retenu. « Les prochains tu me les laisse. —Tu veux quoi une colocataire ou une névrosée ? Il faut savoir trier pour éviter des surprises gastriques. (il soupira) Iris, soit gentil de me laisser faire, vas prendre un café et tu me remercieras quand j’aurai enfin déniché ta pépite ». Il est midi et on déjeune devant la baie vitrée, tel un vieux couple qui n’aurait plus rien à se dire. Newton a acheté des raviolis vapeurs, de la papaye et du jus de gingembre ; il n’aurait jamais du partir à Pékin l’année dernière, manger Chinois lui rappelle forcément de bon souvenir. Incroyable qu’il ait pu apprécier autre chose que sa petite personne. « Aucun profil ne correspondait à ton portrait-robot de la parfaite colocataire. Mets-toi à l’évidence Iris, tu ne trouveras jamais personne de compatible à ta personne. Fin de l’histoire. Passons à autre chose veux-tu ? Demain je pars une petite semaine à Oslo. Viendras-tu avec moi ? Hum…je connais ta réponse. J’ai un travail et des responsabilités. Qui mettre du beurre dans mes épinards si je déplace mon pion de mon échiquier ? Tu devrais sortir plus souvent, crois-moi, cela te permettrait de voir autre chose dans le reflet de ta glace fétiche. Mon taxi ne va pas tarder. On se voit ce soir ? C’est moi qui régale. —J’avais prévu de sortir.
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Lui s’en va. Puis j’enfile mon trench Burberry pour descendre mon bouledogue anglais appelé Sherlock. Et dans le hall, un homme apparait. Plutôt grand, plutôt bel homme et quelque peu essoufflé. « Est-ce que le nom d’Iris Garner vous dis quelque chose ? —Oui c’est moi. —Dieu soit loué ! Je vous cherchais à l’interphone et… —Oui c’est sous le nom de ma grandmère Octavie Garner. Elle est décédée il y a quinze mois de cela et…je n’ai pas fait le changement depuis. Je sais c’est pas très judicieux de ma part mais le courrier continue toujours d’affluer à cette adresse bien qu’elle ne soit plus de ce monde et ceci explique cela. —Je venais pour l’appartement. Mais il semblerait que j’ai loupé l’affaire. —Non ! Je n’ai trouvé personne. J’ai reçu plus de vingt personnes et j’en vois d’autres demain à la même heure. Soit à partir de neuf heures. Vous n’aurez qu’à passer à l’heure exacte ! —Oui cela peut se faire. Voici ma carte… » Elle disait en belles lettres imprimées en relief: Chris Welling Consultant financier et Trader 66th St New York City. 861 67 34
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—Vous êtes de New York? Et près de la 5ème ? —Oui j’y ai un appartement que je sous-loue à un couple de britannique ». Très ironique comme situation, il faut en convernir ! Je me retrouve alors tenant d’une main la laisse de Sherlock et de l’autre sa carte personnelle. Cette situation me laisse pantois, parce qu’il est vraiment canon ! Pas le genre à laisser dormir dans la baignoire. Rapide examen avant de tenter un sourire. « Si vous avez une minute, je peux vous le faire visiter. —Je n’en demandais pas moins ! » Il étudie toute la déco de l’appartement : les tableaux, le vieux mobilier mélangé à du design chopé à Paris ; il s’arrête sur les liteaux de Londres au XXeème siècle et tombe ébahis en lorgnant sur un tableau des plus abstraits ; je crois qu’il a remarqué mes poissons tropicaux évoluant dans le large aquarium encastré dans la bibliothèque. Derrière les voilages « haute-couture » il jette un rapide coup d’œil dans la rue où passe quelques taxis et de grosses berlines allemandes. Ses pieds foulent les tapis d’Iran et le vieux parquet ; il touche les feuilles de mon bouquet de jasmin. A-t-il remarqué qu’il s’agisse bien de jasmin ? Il voit la chambre que je met à disposition de l’heureuse ou l’heureux élu. Il ne s’y attarde pas : l’endroit est sobre, bien éclairé et le lit est de format King size avec une literie qui ferait rougir d’envie celle des palaces du monde entier. Il ouvre la porte du dressing et découvre de grands placards vides, des présentoirs à chaussures vides, des cases vides, des portes-cravates vides et cet immense
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miroir trônant sur le mur. Grand-Ma Vera a pris un soin particulier à la déco de son Boudoir. Il accède à la grande salle de bain avec son jacuzzi, ses grandes vitres et sa robinetterie façon or se conjuguant parfaitement avec le marbre rose. Il y a toujours plein de produits d’accueil, des serviettes propres que la femme de ménage, Indra prend plaisir à disposer sur le rebord de la vasque. Puis l’Américain découvre la cuisine, très esprit année 60 avec une touche de modernisme dans ses équipements. Pour moi un lieu de transit : je ne cuisine jamais. Piano de marbre bleu, cette fois robinetterie argenté et fenêtres avec des mosaïques de vitraux de diverse couleurs donnant sur le jardin privatif, là où j’aime me prélasser en été. On finit par la terrasse, large à deux niveaux, l’un donnant sur le living-room et l’autre sur le salon ave son piano à queue et sa cheminée victorienne ; vieux fauteuils Chesterfield et sofa en velours cramoisie. Et là encore un jeu de lumière offert par tous ces miroirs baroques et glaces vénitiennes. « C’est très bien, mais je suis surpris que vous n’en demandiez que 657£ ou bien j’ai mal lu votre annonce ! —Non c’est bien ce prix. Je compte y installer trois personnes.
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[Epilogue]
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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France
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