(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)
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IMPUDENCE DES JOUETS [Sous-titre]
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Du même auteur Aux éditions Polymnie [La cave des Exclus]
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MEL ESPELLE
IMPUDENCE DES JOUETS
Polymnie
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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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[Dédicace]
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[PrĂŠface]
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Chapitre 1 Première échographie. Le stress est palpable dans la salle d’attente. Dakota ne cessait de se lever, de s’assoir et de se relever de nouveau. La main sur le front elle tentait de se maîtriser. « Ashton est en retard ! Il sait que c’est important pour nous et…j’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Tu crois que je devrais l’appeler ? Où est mon téléphone ? Non ! Je dois me calmer ! C’est…insupportable ! » Dakota travaillait comme adjointe du procureur dans l’Etat du Kentucky. Riche, respectée mais stérile ; lui Ashton, avocat en droit des affaires. Il allait venir, il avait toujours du retard. Dakota finit par s’assoir près de moi, impeccable dans son tailleur rouge et escarpins noir, cheveux auburn et lèvres pulpeuse. Une réelle beauté, très sensuelle et sûre d’elle. Elle inspira profondément et ramassa un magazine sur la table basse pour el feuilleter à la vitesse de la lumière. « Et ça va toi ? Tu as bien pris ton acide folique pour le fœtus ? Le Docteur est formel là-dessus. Ah, le voilà ! » Ashton arriva à vive allure, embrassa son épouse et se contenta d’un : « Salut Gill ! Je craignais que vous ayez commencé sans moi ! » A trois l’attente fut moins pénible. Je jouais sur mon Samsung quand mon regard croisa celui de Ashton. Grand, aux cheveux roux et fossette d’ange ; pas le genre moche. Le Docteur Crowe finit par ouvrir la porte pour laisser sortir sa précédente patiente et en nous voyant chercha un sourire au fond de son répertoire d’expression sans rien trouver de circonstance. Son
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rictus se perdit au coin de sa barbe poivre-grise. Il salua sa patiente, une espèce de quadragénaire maquillée comme une truelle à peinture et marchant crânement dans le couloir. « Allez-y entrez ! C’est à vous ! » Dakota entra la première et Ashton ferma la marche. Bureau aseptisé, photos de l’Afrique accrochées au mur et grande fenêtre éclairant son bureau aux inspirations exotiques. « Comment allez-vous Gill ? —je vais bien, répondis-je, me sentant observée par Dakota. —Elle va très bien mais elle dit souffrir de crampes au niveau de la paroi abdominale. N’est-ce pas Gill ? —Ce qui est tout à fait normal au stade de la grossesse. Il y a bien eu nidation si l’on se réfère à votre calendrier d’où les pertes rouges signalées la fois dernière. Je vais donc cette fois-ci procédé à l’échographie. Passez donc à côté, je vais vous examiner. » Mon cœur battait à tout rompre. Je m’allongeai près de Dakota qui me prit la main pour mieux s’approprier ce moment. Le liquide fut froid. Je serrais les dents. Derrière moi Ashton croisa les bras sur sa poitrine, pinçant son menton entre son pouce et l’index. Au contact de la sonde sur mon ventre je tressaillis et Crowe chercha à me réconforter par un sourire, les lunettes posées sur le bout de son nez. Il fixa l’écran de son moniteur ; on ne voyait que des formes indistinctes blanches sur fond noir et le bruit des organes immergés par du liquide. Le silence fut insupportable. « C’est parfait ! Nous avons là les prémisses d’un beau bébé ! —Dieu soit loué ! Chanta Dakota, les mains recouvrant sa bouche. C’est un miracle ! Un véritable miracle ! Comment peut-on en être sûr à cent pour cent ? » Mon cœur battait à vive allure et je retins mon sourire du mieux que je pus. « Nous avons son petit cœur ici. Vous voyez ? il bat à toute vitesse. il n’est guère très grand pour le
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moment mais il est bien là, solidement accroché à la cavité utérine de Gill. Prenez-vous toujours votre traitement à l’acide folique ? Il ne sera plus nécessaire de continuer. Dites au Docteur Monroe de m’envoyer les résultats des examens sanguins. —Naturellement Docteur ! Approches toi Ashton et vois ton futur bébé ! » Elle le saisit par la main pour le faire voir par derrière l’épaule de Crowe. C’état étrange de voir cette petite forme évoluée dans le liquide amniotique et plus encore de voir son petit cœur battre à vive allure. Crowe me fixa de ses yeux bleus couverts par ses paumières tombantes, les lèvres closes. Il retourna à son écran en commanda une impression qu’il apporta à son bureau. « Alors comment va la future maman ? » Demanda Jackie mon amie de toujours, une asiatique originaire du Laos. Elle et Skin tenaient à fêter mon passage de célibataire à celui de mère-porteuse. Skin c’est la grande noire à la crête sur la tête ; elle ne parle pas, elle braille et sa grosse voix passe par-dessus celle des autres. On se retrouvait tous les jours dans notre pub sur la rue Adam’s street. C’est notre QG et on nous connait ici depuis des années. « Attends pour 50.000 dollars moi aussi j’accepte de me faire mettre en clope par le premier venu ! Quoi ? Jackie, je sais que l’idée te plairait aussi ! —Et comment allait l’autre hystérique ? —Comme d’habitude. As-tu pensé prendre ton traitement ? Non parce que j’ignore si tu sais mais tu dois maintenant prendre soin de toi ! C’est épuisant de l’entendre me recommander de mener une vie monacale, comme si j’étais la plus débauchée de toutes les débauchées de notre nation. En tous les cas je meure de faim. Je boufferais bien le cul d’un rhino ! Il y a quoi au menu ce midi ? —De la merde ! Que des lipides et des glucides ! Aucune protéine recensée pour ton bébé à venir. Dis tu sors avec nous ce soir ? On va essayer le Donut’s avec Shin-she et Pay-check Tu devrais venir avec nous pour une fois. On va fêter ça avant que tu deviennes grosse et impotente, tu sais le genre grosse baleine
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avec un taux d’hormones assez important pour changer la révolution de la terre. —Ah, ah ! J’aimerai beaucoup mais Dakota risque de lancer le FBI a mes trousses si j’enfreint la règne n°1 et je ne tiens pas à passer le reste de mes jours en prison pour crime fédérale. Elle a la loi de son côté et moi uniquement mon utérus que j’ai mis à leur service ; —Oh, putain ! Elle fait chier celle-là ! Tonna Skin en pianotant sur la table avec ses longs doigts manucurés. Elle est en mal d’enfants et elle nous enlève notre amie pour assouvir ses pulsions de maternité ! Je ne peux pas croire ça ! Moi ça me révolte. Et ça sera quoi après. Non Gill, ne te masturbe pas, ce n’est pas bon pour le bébé ! Ou bien. Gill ne mate plus de porno ou bien le bébé aura tout l’air d’un pervers sexuel à son arrivée ! J’ai connu une femme comme ça… —Oh pitié Skin ! Ferme-le un peu, tu veux ? —Fermes-la toi-même Jack, moi je ne peux plus t’entendre quand tu te mets à jouer l’avocate de madame la procureur, comme si elle avait besoin de cela ! Elle est pétée de thune et comme tous ceux qui ont l’argent dans ce monde, elle veut tout régenter. Cela me sort par les trous de nez. —Vu que ton nez est large, cela fait beaucoup de morve à éponger ! » Elles allaient s’en mettre plein la tronche pour ne pas changer. En temps normal je prenais part à leurs rixes verbales mais avec ces fichues hormones je me rangeais hors du ring, prenant trop les choses à cœur. La dernière fois j’avais fondu en larmes, un torrent de larmes. Quoi de plus normal quand on est enceinte. Mais bon ! « Vas te faire mettre Jack-je-me-mets-minableavec-seulement-un-verre-de-perrier ! Moi je suis là pour Gill pas pour t’entendre vagir grosse truie ! —Ce n’est pas trop demander de la fermer Skin, tu fouettes la merde à plein nez ! A quand remonte ta dernière douche anale ?
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—Oh, putain les filles ! Vous ne pourriez pas vous taire ! J’ai…un rencard ce soir. —WOUAHHH ! Tu es sérieuse là ? Et qui est l’heureux élu ? Dylan? C’est Dylan? Alors Steeve ? Marlon? Price? Dis-le nous Gill! S’impatienta Jackie. —C’est…roulement de tambours…Max. —Max ? Le beau gosse de chez Wellers & Cie ? Waouh, Gill que tu as de la chance ? Tu vas lui dire pour le bébé ou quoi ? Parce que s’il te met un doigt où je pense il risque de le sentir et alors prendre ses jambes à son cou. —Moi je crois que tu ne dois pas le lui dire, renchérit Skin. Les hommes n’aiment pas savoir que leur coup du soir s’est fait enfler par un bâtard cupide et sournois. Une espèce d’enfoiré d’avocat qui prend l’argent du contribuable pour se payer une villa sur la côté-est ! Ouais et puis l’écolo roule en grosse berline, ça consomme une blinde et j’ai lu quelque part que ça paie mon loyer à la semaine. —Ashton n’est pas un enfoiré, répliquai-je levant les yeux au ciel. Il est juste trop riche mais cela ne fait pas de lui l’ennemi public n°1 ! Bien-sûr que je ne vais pas le lui dire, cela serait dément de lui en parler ! On va faire le truc et basta ! Je veux seulement grimper au rideau et Max semble être dévolu à cette tâche. —Et comment ils vont l’appeler si c’est une fille ? —Maddison. —Mad quoi ? C’est une blague ? Et si c’est une petite queue ? Attends, laisses-moi deviner ! Mad-Max ? Ah, ah ! C’est une blague Gill, tu ne peux pas les laisser l’appeler n’importe comment ! Un prénom c’es pour la vie et tu as droit d’y mettre ton véto pour le bien du petit ! Songes-y ! —Ok, je leur soumettrais une liste de prénoms ! » Dans les rayons de la supérette je cherchais des produits comestibles pour le bébé à mettre dans mon panier. Dakota m’a laissé une liste d’aliments à consommer sans modération, modération ou bien à bannir de mon régime alimentaire. Une liste de trois pages. J’épluchais tous les emballages des paquets pour traquer les mauvais éléments pour ne favoriser
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que les protéines végétales ou animales, les sels minéraux, les vitamines et le phosphore, sans parler du calcium. Ashton rentra dans la superette à son tour. Après le rendez-vous de ce matin je ne pensais pas le revoir avant la prochaine échographie. Comme il me paie mon assurance maladie je me dois de les appeler à chacune nouvelle prise de sang dakota tient à ce que je l’appelé tous les jours et quand j’ai le malheur de remettre cela à plus tard elle vient carrément sonner chez moi. « Salut Ashton ! —Gill. Comment te portes-tu depuis ce matin ? —Oui je vais bien. Tes chevaux courent ce weekend ? J’ai presque envie d’y aller, parce que si je n’y vais pas tout l’Etat du Kentucky risque de m’insulter. Ah, ah ! On dira partout que je ne m’intéresse pas aux résultats des nos champions. » Il me fixa sans rien répondre. M’avait-il seulement écouté ? « Bon et ben je vais y aller ! Salue Dakota pour moi ! —Tu…je peux t’offrir un verre ? Enfin, disons…un verre d’autre chose qui ne contiendrait pas de caféine ou d’alcool. J’ai à m’entretenir avec toi, au sujet de ce que tu sais. Donne-moi ton panier. » Il me paya mes courses. Vingt euros pour son bébé. Je le suivis au Starbucks et commanda un café décaféiné et m’installa en face de Ashton. Cela me faisait étrange de penser que je portais son gosse. Je me demandais à quoi il allait ressembler ; un mélange de lui et de moi. Aurait-il mes yeux ou les siens ? C’est Ashton qui me trouva et me recruta. J’étais avec Bintie ce jour-là ; Bintie c’est la gamine que je garde une fois comme ça pour dépanner une voisine. S’il n’y avait pas eu Bintie, je crois qu’il ne m’aurait pas remarqué. Il disait rechercher une mère porteuse. J’ai rencontré Dakota et elle a immédiatement accepté. Je suis issue des minorités : ma mère est une quarteronne dont la peau est aussi basanée que cella de Dakota. J’ai des yeux verts pailletés d’or et des cheveux raides quand ils ne sont pas ondulés. « Alors que voulais-tu me dire ?
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—Dakota est…très émotive depuis qu’elle sait le fœtus arrimé. On attend cette grossesse depuis dix ans maintenant et c’est une bénédiction divine que ce bébé à venir. Elle serait toutefois soulagée que tu viennes t’installer à la maison. Nous te dédommagerons bien entendu. J’ai conscience de te demander plus que ce qui était prévu mais c’est pour la bonne cause. Elle suit un thérapeute qui pense qu’il serait bénéfique qu’elle se joigne à tes efforts au quotidien pour se faire au rôle de mère. Tu réfléchis d’accord et comme tu n’as pas de petit ami…personne n’aurait à redire au fait que Dakota veuille te materner un peu. —Et vous me demanderez quoi après ? De partager votre lit ? Ma réponse est non ! Ecoute Ashton, je t’apprécie beaucoup mais ce que vous me demandez n’est pas envisageable. Ma liberté n’a pas de prix et Dakota est…fébrile. Je crois que cela préjudiciable au gosse. Son taux de stress semble avoir atteint son paroxysme et Crowe me recommande le repos, un environnement sain que je ne peux trouver qu’au milieu des miens. Je n’aime pas cette idée de vivre sous votre toit. —D’accord. J’accepte ton choix, répondit-il le sourire aux lèvres comme soulagé quelque part de ma réponse. L’important est que tu ailles bien. » Derrière je vis passer Holly, cette plantureuse latino qui bossa avec moi le temps d’un été dans un garage aux abords de la ville. « Gill ? Je savais que c’était toi ! Tu as une mine superbe ! Tu ne me présentes pas ? » Les présentations faites, elle ne lâcha pas Ashton des yeux. « Tu sais je bouge ce soir avec un groupe d’amis, tu es la bienvenue tu t’en doutes bien ! Et si ton ami veut passer…plus on est de vous et plus on rit. Tu as toujours mon numéro de téléphone ? je te laisse ma carte pour le cas où tu m’aurais effacé par mégarde de ton répertoire… (Elle en glissa une à Ashton) Tu as des projets en ce moment ? J’ai ouvert une boutique sur madison Street que j’inaugure dans les jours à
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venir. Tiens-moi au courant pour ce soir, ainsi j’aurai l’occasion de lui en parler. Ciao ! » Holly quoi ! Une vie à cent à l’heure. Des quantités de projets, d’amants ; une pêche d’enfer, jamais fatiguée, toujours sur le pied de guerre. Enfin cette tornade latino passée, je retournais à mon café sans lâcher Ashton des yeux. Il en a dans le pantalon et tout cela par amour pour sa belle. J’en éprouvais de la jalousie, jamais homme ne s’tait saigné autant pour mes beaux yeux. Il me raccompagna chez moi. J’occupai depuis trois ans dans un petit immeuble à trois étages. Je connaissais bien les voisins et je m’entendais plutôt bien avec eux. « Merci c’est cool, déclarai-je à Ashton pour ne pas avoir à le laisser entrer dans ce désordre. Je récupérai mes courses, arrachées des bras de Ashton. —Si tu as besoin de quoique se soit d’autre, tu as mon numéro. Mon téléphone est constamment allumé et ne crains pas de me déranger. As-tu réglé ton problème de plomberie ? » La tête sous l’évier, il s’activait à régler ce problème de plomberie. Je voyais l’heure qui tournait. Dans moins d’une heure, je sortais avec Max. Je ne pouvais manquer ce rencard, promesse d’une soirée enivrée. Tout juste le temps de ranger mon appartement et me faire belle pour l’occasion. Et puis il y avait plein de choses compromettantes ici comme un paquet de cigarettes laissé par Devon, une bière vide, un carton de pizza ; des magazines Penhouses avec des titres comme Grosse cochonne en gros sur la page. Blythe avait laissé des tas de cochonneries sur la terrasse. Oui je m’en voulus de l’avoir laissé entrer. Il s’essuya les mains sur mon torchon à carreaux, le dernier propre qu’il me restait. « Merci Ashton mais maintenant je dois te mettre à la porte, je dois sortir dépanner une amie, mentis-je, et le temps va finir par me manquer. » Alors que je sortais de mon immeuble en courant, Dakota eut la bonne idée de m’appeler. « Mais tu as
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l’air essoufflée Gill, qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce qui se passe ? Gill ? —Tout va bien Dakota, je marche vite car je suis en retard. Je peux te rappeler plus tard ? » Je lui raccrochai au nez. Max m’attendait au pilier de bar et son sourire à lui seul éclaira l’ensemble de la salle. Ses yeux brillaient de mille feux et on discuta comme de vieux amis pendant une heure trente, bras contre bras. « Je suis enceinte ! —
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[Epilogue]
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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France
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