Ire des Abysses

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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L’IRE DES ABYSSES [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Pollymnie’Script [La cave des Exclus]

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MEL ESPELLE

L’IRE DES ABYSSES

Polymnie ‘Script

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1

Le serpent s’enroula autour de mon poignet ; une force impressionnante et un corps fluide, se tordant dans tous les sens, refusant mon étreinte. La petite langue pointue vrilla vers mon visage et ses yeux rouges me fixèrent sans me voir. On parle de vibrations que leur permettent de se déplacer. Un exercice périlleux pour lequel je risque ma vie à chaque instant. Prendre ce risque pour exister. D’un mouvement gracieux de hanche, je basculais le bassin en arrière pour former une sorte de pont et la tête en bas, je m’approchais lentement de l’animal : un cobra ondulant sous le tam-tam des musiciens. Je basculais la jambe par-dessus mon corps pour établir un parfait équilibre entre le ciel et la terre ; le cosmos et le néant. L’animal me fixait et gracieusement mon corps entier bascula sur le côté pour éviter une éventuelle morsure. Elle ne craint pas les serpents et les serpents ne la craignent pas. Bravant la mort je dansais au-dessus de ce tapis ondoyant d’aspics. Danser avec un python blanc tenait d’un art ancestral, presque divin que les ancêtres de mes ancêtres ont su faire leur pouvoir. Et je progressai devant un public ébahi, retenant son souffle. Les femmes de la cour tremblaient

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en me voyant passer si près de leur divine personne. Et je progressais sur la pointe des pieds, faisant basculer ma hanche de gauche à droite de façon très langoureuse ; à mes pieds des grelots, les mêmes avec lesquels depuis des mois je travaillais pour habituer les reptiles à mon contact. Je savais qu’à chaque instant les crotales pouvaient se retourner contre moi, leur mère nourricière. La mort subitement me prendrait et dans les bras d’Anubis je partirais. Les mélodieuses flûtes encadreraient mon trépas. Chaque mouvement était parfaitement intégré et pourtant je me risquais à prendre des périlleuses voies. Elle est la réincarnation d’isis. Le Pharaon Amnès II entouré des siens ne perdait pas une miette du spectacle, souriant et se délectant du spectacle. Il m’en fallait toujours et l’improvisation ne m’effrayait pas. Danser avec deux pythons blancs autour du cou m’excitait au plus au point. Ce jour là était le 32 ème anniversaire d’Amnès et on annonçait un mois de réjouissance. Plus que nous pourrions gagner en une année et il me fallait séduire ce public si précieux ; avec mes pirouettes et mes acrobaties je pouvais prétendre manger à ma fin pendant une année complète. Le numéro terminé je partis en coulisses sourde à tous ces applaudissements retentissant dans la grande salle d’Horus. « Où est la charmeuse de serpents ? Où est la fille au regard de feu ? Toi ! Notre Pharaon veut te voir….en privé ! » On m’escorta jusqu’à une arrière salle réservée aux proches de sa Divine Majesté ; on me laissa là, sans me prêter la moindre attention. Depuis la terrasse une vue imprenable sur Thèbes, la

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puissante cité d’Egypte. Amnès voulait voir mes serpents de plus près ; on apporta des caisses en osier et tous s’éloignèrent de ces dernières, tous excepté le Pharaon, fils légitime de Ra et d’Amon-Ré, d’Horus et d’Osiris. Il avança non vers moi mais vers la caisse contenant les aspics et d’un geste de la main commanda l’ouverture du caisson ; lentement je m’exécutais. Autour de lui des Grecs, d’Athènes et de Sparte ; une délégation entière venue assister à ce fastueux anniversaire. « Faites attention mon Roi ! Ces créatures mordent ! » Il n’en avait cure et le sourire pointa sur son visage aux pommettes hautes et saillantes. « Ne m’apprenez pas à me comporter face à ces beautés ! Répliqua ce dernier attrapa vaillamment un serpent à pleine main. Je sais d’elles plus de choses que vous n’en saurez jamais de toute votre vie ! » Il paraissait conquis, laissant l’animal apprivoiser son corps hâlé recouvert d’une large ceinture de pierreries à bretelles d’or. Il marcha là, au milieu de ses sujets, jouant de leur crainte folle. Me sentant observer je tournais la tête pour constater qu’un des Spartes me fixait avec curiosité. L’animal dont il fallait se méfier n’était pas celui dont on croyait. Il avança vers moi pour caresser le python autour de mon cou. « Et celui-ci mord-il ? —Que s’il se sent attaqué ! Lança un autre Grec derrière lui, le cœur battant à rompre dans sa poitrine. Tu devrais prendre garde Arès, celui-ci attaque par strangulation et cela survient toujours quand on s’y attend le moins ! » Toujours. C’était exagérer de parler ainsi. Ses doigts effleurèrent mon cou au passage et force de constater qu’il me fixait avec intensité. Il prit le serpent et se laissa enrouler ses

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bras aux muscles saillants ; lui aussi voulait me prouver qu’il défiait la mort. Il avait de belles mains. J’aime les mains. Pourvues qu’elles soient fermes. Le fils du pharaon, un garçon de sept ans environ piaffait d’impatience voulant lui aussi toucher aux serpents et ainsi prouver à cette assistance qu’il restait le descendant vivant d’Amon-Ré. Sa mère derrière lui l’encourageait à se montrer brave et d’affronter sa peur, quand lui manifestement se hâtait de sortir du giron protecteur de la mère. Pourtant comme tous les enfants de son âge il eut un geste de recul quand le serpent avança sa tête vers lui. Et puis le garçon voulait voir les tigres. « Et bien qu’on fasse venir les félins ! ordonna Amnès déjà lassé lui aussi de ces bêtes dont le contact froid ne l’emballait plus guère. On fit donc monter Kâ et Bâ solidement tenus par les soigneurs. Les deux jeunes mâles se couchèrent à mes pieds après que je leur en eus donné l’ordre et les plus courageux purent venir les caresser. « Père, je veux ces tigres ! » Ils n’étaient pas à vendre ; je craignais cependant que le pharaon cède aux exigences de son héritier. Il voulait mes tigres comme on voulait une friandise. « Je veux les tigres ! Insista le petit croisant les bras sur sa poitrine. Je veux les tigres ! » Mes deux compagnons de voyage s’allongèrent sur le dos et renoncèrent à plaire, montrant des signes d’agacement. Ils me sentaient contrariée et comme je posais la main sur la tête de Kâ, ce dernier poussa un rugissement signalement la fin de la récréation.

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« Mon fils veut les tigres ! Que la femme emporte ses serpents, nous garderons les tigres ! » Mon regard glissa vers Plus tard ses mêmes mains enserraient furieusement mon cou. Il me serrait fort tout en me clouant au mur. Ne parvenant à respirer, je le laissais faire sachant que de lui je n’aurais nulle crainte à avoir. La petite mort vint me chercher et hoquetant dans ses bras j’entrevis le cosmos dans toute sa beauté. Il baisa mon front et se dégagea de moi après avoir rugi tel un lion après son bestial coït. Il me remit une pièce et s’en alla faisant claquer sa cape sur la pierre froide et rose du sol. Héré vint me voir. « Tu as su égayer le pharaon et sa cour. Ils en redemandent et le Pharaon te veut dans son lit ce soir. » Le raisin à la bouche je ne répondis rien, continuant à souper près de l’Africain Diogène qui afficha un sourire conquis sur son visage noir comme la suie. « Il la veut seule ou bien avec ses serpents ? isis ira mais fais-lui part de ceci : Elle est la réincarnation de la grande déesse Isis et à ce prix, il devra permettre qu’on quitte Thèbes au petit matin ! —Cela ne dépend ni de toi ni d’elle ! Ce sont les ordres du pharaon Diogène et si ce n’est pas elle, il trouvera à se divertir autrement ! » Si Amnès me réclamait je devais me montrer à la hauteur de ses attentes. On m’apprêta pour l’occasion : une tunique argenté à longue traine et tel un serpent je me rendis dans ses appartements escortés comme il se devait par quelques grands dignitaires d’Horus. Il n’était pas seul ; un Grec se trouvait également là et tous deux parlaient fort. Ils

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parlaient d’accord non respectés, de menaces qui se profilaient au nord, des ennemis toujours plus nombreux, etc. cela dura un petit moment avant que le Grec ne partit fou de rage suivit par ses sbires. Amnès le rattrapa. « Ictomèd ! Saches que si tu me tournes le dos tu te retrouveras bien seul ! Ne l’oublie pas ! Ne l’oublie jamais ! » On me fit rentrer et Amnès me dévisagea de la tête aux pieds. «

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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