(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)
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LA JOIE DES
MARTEAUX [Sous-titre]
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Du même auteur Aux éditions Polmnie’Script [La cave des Exclus]
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MEL ESPELLE
LA JOIE DES
MARTEAUX
Polymnie ‘Script
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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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[Dédicace]
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[PrĂŠface]
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Chapitre 1
On grimpa l’escalier quatre à quatre. Cachée là où j’étais où ne pouvait me trouver. Je retins ma respiration. Plus de bruit. Uniquement l’eau ruisselant à la gouttière. « Ingrid ? Ingrid, tu es là ? » Je ne répondis rien. « Ingrid ? Il nous faut partir… » Mon cœur battait la chamade. Partir ? Pour aller où ? Cela pouvait être un piège tendu par les Allemands pour nous faire tomber, nous les Rimsky. Les pas martelèrent le parquet. Ils venaient dans ma direction. Hans soupira et je fermais les yeux pour me concentrer sur ma respiration. « Je sais que tu es ici Ingrid et je ne n’ai pas de temps de jouer à cache-cache avec toi. Ils ont chargés les trains jusqu’au denier juif et ils font commencer à fouiller les immeubles pour y déloger les éventuelles récalcitrants. » Je me mordis la langue, incapable de bouger. Je n’avais plus de famille et je devais croire cet Allemand. « Ingrid, c’est maintenant qu’il faut partir, tant qu’il est encore tant ! » Il s’alluma une cigarette. A bout de nerf, je poussai la porte de placard pour m’extirper hors de ma cachette. Hans se tenait là dans cette cuisine abandonnée
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dans la partie ouest du ghetto. Il me dévisagea froidement, les lèvres serrées. Il y avait du sang sur la manche de son uniforme. Le sang des miens. Cet officier allait probablement m’exécuter d’une balle en pleine tête. « Voilà, tu es raisonnable. J’approuve ton choix. Nous n’avons que vingt minutes avant qu’il ne nettoie ce ghetto. » Il posa sa main sur mon cou mais je me dérobais bien vite, voyant en lui le plus grand criminel de tous les temps. L’horreur avait un visage. « Tu ne feras pas d’histoire d’accord ? » Etant incapable de parler, je le suivis dans l’escalier vide de ses principaux occupants polonais, tchèques, croates ; plus aucune discussion, rires, pleurs, que le crépitement des armes au lointain. Dans la rue cette odeur de poudre, de feu et de sang ; d’urine et de merde. Il y avait des cadavres dans la rue. « Non, viens par là ! » Il m’attrapa le bras pour me guider au milieu des morts, des valises éventrées au contenu répandu sur la chaussée. Plus loin il y avait ce cordon de soldats, le fusil mitrailleur encore fumant. On salua Hans d’un Heil Hitler et terrifiée je marchais devant lui. J’étais sa prisonnière, celle qu’on conduisait au bucher. Lui ne parlait pas, me poussant férocement à l’extérieur du convoi de camions de l’armée allemande posté là en lisière des block A et B. des soldats courraient ça-etlà avec leur chien. « Avances ! » Je m’exécutais en trébuchant, la vessie sur le point de lâcher. Je perdis mon soulier dans la course. L’étreinte de sa main sur mon bras me glaça d’effroi. Il restait des juifs à abattre :
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des individus anonymes collés contre un mur que l’on fusillait juste sous nos yeux. « Je ne peux plus ! Je ne peux plus… » Hans se montra plus violent et alla me jeter contre un véhicule portant les fanons du parti nazi. A l’entrée du ghetto, des nazis dans leurs beaux uniformes s’approchèrent de mon bourreau. « Sturmbanfûhrer, qu’avons-nous là ? —Une prisonnière à interroger. La Gestapo m’a chargé de la conduire à l’extérieur de la zone sécurisée ! Voici mon laisser-passer ! » Il le leur brandit et d’un signe de tête on le laissa passer sans chercher à en savoir davantage. Je me fis dessus. Un liquide chaud qui coula le long de ma jambe refusant de s’arrêter. Hans me poussa loin du mur fortifié et recouvert de barbelés. Plus j’avançais et moins je me sentais vivre, une partie de moi était restée dans le ghetto. Hans me fit marcher assez longtemps pour que je ne sente plus mes jambes ; la raison me lâcha et telle une momie je me laissais guider. « Tu vois le porche là-bas, Tu y vas sans moi, tu prends la porte de droite et tu montes jusqu’au troisième, porte de gauche, je t’y attends. Vas-y ! » Une fois en haut de l’escalier, je m’écroulai sur la marche, la tête dans le creux de mes mains. Penchée au-dessus de la rambarde, je vomis tripes et boyaux avant de m’écrouler devant la porte de gauche. On montait et d’un bond je fus de nouveau sur pieds. Hans me fit couler un bain et se mit en devoir de me laver la tête de toutes les immondices qui pouvait s’y trouver.
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[Epilogue]
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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France
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