Nostalgie du Bourreau by Mélanie Espelle

(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

LA NOSTALGIE DU BOURREAU [Sous-titre]

Du même auteur Aux éditions Polymnie’Script [La cave des Exclus]

MEL ESPELLE

LA NOSTALGIE DU BOURREAU

Polymnie â&#x20AC;&#x2DC;Script

[DÃ©dicace]

[PrĂŠface]

Chapitre 1

On nous fit rentrer à Westminster sans nous poser la moindre question. Si j’avais porté sur moi ma banderole de suffragette on m’aurait chassé de ce temple de la pensée en pestant à cette fureur. Il se tenait une séance privée, dite Conciliabule pour la Communauté des Lords avant l’’Assemblée participative du mois de mai 1910 et le nom de mon époux figurait sur une liste très prisée par le milieu ; ces spécimens de la haute tenaient à leur bout de papier, un délicieux sésame au goût de m’as-tu-vu ? Le trottoir fut rempli de gens pour le moins susceptibles de monter aux créneaux si j’avais ouvert ma bouche. « Plus de droit pour les femmes ! » A bas l’hérétique, au trou cette sorcière ! Je me faufilai dans l’entrée gardée par deux sentinelles en uniforme noire, austères et tout à fat guindé. Galerie de murs lambrissés, séparés par des portes vitrées et lustres à pampilles de cristaux. Le culte de l’ostentatoire, selon moi. La salle ne fut pas difficile à trouver et force de constater qu’on avait commencé les festivités sans moi ; une dizaine d’hommes et trois femmes dont lady Ann Compton, plus jolie qu’à son habitude dans son costume violet

à col de zibeline. En me voyant, elle leva timidement la main. « Ils viennent de commencer, Deirdre ! Vous n’avez rien manqué. Ils ne font que parler de chiffres et de données dont le sens m’échappe complètement. Asseyezvous vite et surtout ne parlez pas, cela risquerait de ronger leur optimisme. » Le franc sourire aux lèvres je m’installais près d’elle dans ces espèces de niches des plus inconfortables malgré le siège de velours cramoisi. Ann Compton me défigura. Ma tenue n’était pas au goût du jour à en juger par son regard. Et oui que voulez-vous le tweed fait si prolétaire ! N’est pas Ann Compton qui veut ! Ann était une vieille amie, l’une de ses fréquentations attentionnées qui constamment voulait régenter votre monde. Les discussions poursuivirent autour de nous et Ann de se pencher à mon épaule. « Vous rendez-vous à la campagne après ce conciliabule ? Lord Applegate est-il toujours bon chasseur ? » Et moi de na pas répondre ; rien jamais n’altérer jamais mon franc sourire, pas moins l’ivresse de Compton à vouloir me faire sortir de mes gongs. Chasser, faisait partie de mon vocabulaire ; je chassais les hypocrites, les ignares et les types plein de sarcasme. Tenue de soirée exigée ? Je n’ai jamais approuvé leur façon de faire. Il est vrai que ma tenue ne seyait guère à ce genre d’événement mais il fallait bien cela pour monter à bicyclette. Le type à sa tribune, un ventripotent aux longues moustaches grises ne leva pas son nez de son pupitre à mon arrivée et après seulement vingt minutes il se redressa sur son séant. « Le débat sur cette question est clos. Passons à l’évocation des députés des Pays de Galles, j’appelle Lord Granville !

Il fait mention du sort des mineurs et… Lord Granville s’il vous plait ! » Ce dernier sans se hâter souleva sa feuille pour y lire un ennuyeux compte-rendu de trois pages. Il parla, parla et personne pour l’interrompre. Alors timidement je levai ma main. « Oui, Lady…. (il se pencha vers son secrétaire, un espèce de rat des égouts qui lui glissa mon nez à l’oreille) Lady Applegate ? Que pouvons-nous pour vous ? —Il y a une lettre que j’aimerai vous lire et elle s’adresse directement au speaker de la Chambre des Lords, déclarais-je debout en m’éclaircissant la voix. Honorable Lord B. je suis actuellement électeur à la circonscription du Berkshire et…. —Milady, en quoi cette lettre concerne notre réunion, lança un homme assis non loin de nous qui depuis le début absorbait chaque mot envoyé par ses condisciples. Large front, traits fins et yeux perçants, il me laissa une détestable impression de déjà-vu. Le genre à toujours vous dire que tout ce que vous faites n’est pas conforme à votre rang ou à votre sexe. Sans me démonter je poursuivis. —…et je tiens à souligner le fait que depuis trois ans nous n’avons pas été entendu par nos élus dont voici le nom et la fonction, pour des raisons personnelles je tairais leur identité, il poursuit ainsi : toutes les mesures prises à l’encontre de l’anarchie se sont soldées par de cuisants échecs et… —Madame ! Ceci n’est pas une tribune pour vos plaidoiries de seconde zône ! Ici on traite des affaires de l’Etat, reprit ce dernier soulevant une vague de protestation à mon encontre. Nous ne

pouvons, certainement à votre grand regret traités des affaires appartenant à la Chambre des Communes d’où ma nécessité de vous rappeler que vous n’êtes pas à votre place ! » Ann Compton de me tirer discrètement par la manche. « Et qui donc êtes-vous Monsieur, pour parler si fort en présence des représentants de ce même Etat dit libéral et révisionniste ! —Lady Applegate, cela suffira, déclara l’homme à la tribune, juge à la cour royale et membre de la pairie depuis des générations avant notre ère. L’autre parut soulagé de l’intervention de ce juge aux sourcils broussailleux, un peu voûté et vieux morse que j’aimerai voir ronfler sur sa banquise mais pas ici. Et il poursuivit : Nous n’avons ni le temps, ni la volonté d’écouter vos délibérations de révisionnistes ! —Je parlais seulement à Monsieurlangue-de-bois que de tels hostilités ne peuvent être tolérés dans ces hémistiches de notre monarchie constitutionnelle au risque de passer pour réfractaires à toute avancée politique et sociales. Vous êtes le seul adversaire que je me glorifierai d’attaquer si l’on me donnait les armes. —Entendez-vous cela Hamsworth ? Bientôt je le crains Lady Applegate portera au pinacle les républiques libérales, tonna un homme sur la gauche. Une sorte d’ours mal léché au regard tombant et autoritaire, froid comme de l’acier et au visage ovale. Il me fit penser à un général romain revenant de campagne. Ave Cesar, moritari te salutant ! Je devais pour autant m’avouer vexée. Des rires éclatèrent ici et là.

« Je n’ai pas saisi votre nom monsieur ! Pour le cas où nous viendrions à nous croiser à l’un de ces colloques parlant de libre expression entre les députés du Commonwealth. —Ce que précisément vous n’êtes pas ! Députe. Veuillez faire montre de circonspection et de retenu quand bien même l’on vous tolère ici. A présent laiisez-nous méditer sur le sort des électeurs gallois, si vous le voulez bien ! » Hamsworth se tourna vers moi, de troisquarts, le bras posé sur le dossier de son banc. Echec et mat ! Il me fallait quitter la salle, la tête haute. Docile je m’assis, prenant le parti d’en sourire plutôt que de filer, la queue entre les jambes. Ann Compton médusée me fixait sans mot dire. Petite sotte, pourquoi ne pas arriver à tenir votre langue ? Semblait-elle vouloir exprimer. L’autre général romain que je décidais d’appeler Titus pour des besoins de compréhension posa les avant-bras sur le dossier vde devant lui et les sourcils froncés écoutait son sbire tenir son long et épuisant monologue. Mon époux rentra tard ce soir-là. Il rentrait de plus en plus tard ces derniers temps. Le café à la main et adossée eu chambranle de la porte je le vis ôter son couvre-chef, un béret de golfe allant de pair avec sa tenue de golfeur. « Comment c’est passé votre journée ? » Il répondit par un : Hum et s’affala dans son fauteuil-club, son préféré pour ensuite se faire servir un repas froid et son brandy. « Avez-vous fait sensation à cette causerie ? Dites-moi que vous êtes parvenue à leur clouer le bec, cela me remplirait de joie ! » J’étais nue sous mon déshabillé bleu roy aux reflets noirs et sans plus attendre je m’installais

sur ses genoux. « Pas cette fois-ci. Qui est Hamsworth ? Aucun de ces gentlemen n’a daigné m’écouter, j’imagine que je faisais trop désordre avec ma tenue de chasse et mon chapeau à plumes de faisan. Si vous aviez vu la tête de Lady Compton ! Je crois qu’elle en causera des mois encore. —Hamsworth n’a pas plus de cervelle qu’une huître. Vous n’auriez pas du vous laisser intimider. Et qui d’autres étaient sur place ? O’Connel ? Brighton ? Styren ? Questionna-t-il en caressant ma jambe nue, remonta jusqu’à la hanche pour y découvrir ma nudité. Dites-moi que les petits sont au lit et que vous avez renvoyé les domestiques. —Les domestiques sont au lit et les petits ont été renvoyés par mes soins. Quoi ? Ai-je eu tort ? Oh avant que je n’oublie, Carla vous souhaite un bon anniversaire avec quelques jours de retard mais un joyeux anniversaire quand même ! Elle aimerait que je l’accompagne à Paris. Je lui ai dit que j’en parlerai à mon chériadoré pour qu’il se montre aimable et m’octroe la permission de m’encanailler à Montmartre. D’ailleurs, n’aviez-vous pas dans l’idée d’aller saluer George ? —Il est à Rome en ce moment. Vous disiez que tous les petits étaient couchés ? »

[Epilogue]

Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France