Oeil de la Nuit

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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L’OEIL DE LA NUIT [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Polymnie ’Script Antichambre de la Révolution Aventure de Noms Cave des Exclus Chagrin de la Lune Désespoir des Illusions Dialectique du Boudoir Disciple des Orphelins Erotisme d’un Bandit Eté des furies Exaltant chaos chez les Fous Festin des Crocodiles Harmonie des Idiots Loi des Sages Mécanique des Pèlerins Nuée des Hommes Nus Obscénité dans le Salon Quai des Dunes Sacrifice des Etoiles Sanctuaire de l’Ennemi Science des Pyramides Solitude du nouveau monde Tristesse d’un Volcan Ventre du Loup

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Vices du Ciel Villes des Revenants

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MEL ESPELLE

L’ŒIL DE LA NUIT

Polymnie ‘Script

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1

Niniane m’envoya en mission : « Remis lui ce plis de ma part ! Allez, vas-y ! » Et je m’élançais entre cette marée humaine, grouillante et gesticulante ; une marée composées de jeunes seigneurs tous rutilants dans leur rutilante armure. Les tournois restaient pour eux la seule occasion de se distinguer auprès d’un parterre de femmes triées sur le volet. Ils n’avaient qu’à se pencher pour les ramasser, toutes les cueillir et ensuite s’en gratifier. Rapide et alerte, je passais entre les écuyers et tendit la missive à Eldreg au milieu des siens. Ce dernier me dévisagea de la tête aux pieds, de grandes boucles auburn descendraient en vrille sur sa peau laiteuse et un peu gêne par son gantelet saisit le pli. « De la part de ma sœur Niniane, déclamai-je bêtement comme un môme répétant sa leçon sous l’oreille attentive du précepteur. « Qui donc ? » Il me fallait donc répéter après m’être pliée dans une seconde courbette. Interloqué lui se tourna vers un autre chevalier portant une selle sur son épaule. « Malner ! Est-ce que le prénom de Niniane te dit-il quelque chose ? » Je crus bien m’évanouir net en voyant ce bel éphèbe aux allures d’Apollon. Il haussa les épaules en guise de réponse. La sueur ruissela sur mes tempes me semblait-il et m’agitant nerveusement j’aurai pu m’appuyer sur la mangeoire des chevaux pour me laisser aller à mon malaise. « Cette demoiselle veut

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que je défende ses couleurs. Et de quelle maison s’agit-il ? » « Celle des Highmore, parvins-je à déclarer la gorge sèche et au bord de l’évanouissement. —N’avez-vous point de champion pour vous représenter ? » Un champion, si mais il venait de mordre la poussière en un combat singulier ; or il restait encore de nombreux combats à gagner. Le dénommé Malner, celui qui derrière son heaume faisait battre tous les cœurs des demoiselles s’approcha de moi pour me dévisser. Quand cela se produit dans votre vie vous avez le choix entre : disparaitre sous terre pour que l’on vous y oublie bien vite ou bien filer sans demander son reste. « Qu’en dis-tu Malner ? —Il faut voir ce qu’on te propose. L’offre est-elle alléchante ? » Eldreg me tendit le papier en grimaçant. Un écuyer me bouscula, s’en excusa bien vite et reprit sa route soulagé de n’avoir point causé de dommages particuliers. Peste soit Niniane ! La prochaine fois elle fera ses courses elle-même ! Pour qui se prenait-elle à la fin ? Au loin le héraut sonna le prochain combat et un tonnerre d’applaudissement encouragea les vedettes à venir se présenter devant l’estrade du seigneur Aron de Val orens. Eldreg caressa le flanc de son destrier, un magnifique bai labourant la terre de son lourd pied. Quant à ce Malner il sortit l’épée de son fourreau pour en étudier le fil. Il n’avait perdu aucun combat jusqu’à maintenant et dans les tribunes, les filles se mordaient les lèvres pour ne pas s’évanouir d’aise en le voyant apparaître. Eldreg se passa le visage à grande eau et me regarda du coin de l’œil. Niniane n’aurait pas pu choisir plus piètre ambassadrice. « Demande à ta sœur quel est son prix ! » Et en revenant jusqu’à la tribune, le cœur battant à vive allure, l’accueil fut à la hauteur de mes exploits. « Et que lui as-tu répondu ? Il fallait lui promettre ce qu’il voulait ! Nimue, tu ne sers vraiment à rien. Et bien retourne le trouver et dis-lui que notre prix est le sien ! »

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En nage, je repartis donc dans l’autre sens, les chevaliers commenceraient leur combat sans moi pour les encourager. En arrivant sur place, force de constater qu’Eldreg n’était plus là. Fichtre ! Devais-je l’entendre ou retourner bredouille vers ma tyrannique ainée. Je vois déjà la scène qu’elle va me faire ; elle ne manque jamais de me houspiller en public. « Comment t’appelles-tu, sœur de Niniane des Highmore ? » Et là mon cœur s’arracha littéralement à ma poitrine. Malner se tenait derrière moi, ce Dieu venu sur terre pour troubler le repos des femmes quelque soient leur condition et leur âge. « Nimue… mon seigneur. —C’est un bien joli prénom. As-tu soif Nimue ? Tu ne t’arrêtes pas de t’agiter en tout sens et si tu continues ainsi, il ne restera plus rien de toi avant la fin de la journée. Allez ! Viens te rafraichir ! » Docilement je me suivis jusqu’à la tente portant les armoiries de la famille Greyfield, la sienne ; il revint avec une timbale d’argent et de l’eau glacée qui me figea dès la première gorgée. Lui me regardait du coin de l’œil constatant à quel point je ne savais pas boire correctement à une timbale d’argent. L’eau ruisselait le long de mon cou et ma gorge plate où jamais aucune poitrine n’apparaîtra. Maladroitement je lui remis le verre et lui resta coi. Dieu qu’il était beau ! Le soleil glissant sur ses boucles noires gonflées par le petit vent chaud apportant odeur de crottin, de cavaliers trempés par l’effort, celles plus aigres des écuyers et quand son odeur me parvint enfin je faillis défaillir. Comme toutes les autres je pourrais tuer pour avoir une chance de l’avoir à diner près de moi, le voir couper ma viande et me la tendre de la pointe de son coutelas. Ses narines frémirent et il expira profondément, les sourcils froncés et concentré sur son épreuve à venir. « Vous cherchez toujours un champion ? Je pourrais dès la première manche si vous n’y faites aucune d’objections.» En entendant cela Niniane poussa un cri de joie allant jusqu’à perforer mes tympans, repris en chœur

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par Inna, Deirdre, Juna et toutes les autres vierges regroupées ici et là. Ma sœur à défaut du bel Edreg aurait les grâces de ce Malner. Puis ayant honte qu’on nous voit ensemble elle se tourne vers moi. « Non ! Ne restes pas là Nimué ! Rends-toi utile ailleurs. La violence de ces jeux pourrait avoir raison de ta sensibilité ! Et puis tu serais bien plus utile auprès des vaincus de ta nouvelle famille ! » Elle n’avait pas tort : ma place se trouvait être dans l’espace réservée à mon époux. Cependant je refusais d’y aller car le seigneur Merryn en occupait les bancs avec sa cour de gens bien peu discrets pour qu’on les fréquente, pour la plupart des intrigantes et des noblaillons, très beaux certes mais au verbe acerbe critiquant ouvertement tout ce qui passait devant leur regard des plus pervers. Autant vous dire qu’à choisir je préférais passer le reste de la journée en compagnie des dames Levenez et Ilda puis plus tard sur les enfants : Nonn, Trifin, Solenn, Briz et Tririan ; aucun d’eux ne pouvaient me tolérer me trouvant trop rabat-joie et pas assez participative. Je ne devais pas revoir Niniane et sa cour de flagorneuses et de chevaliers avant le banquet de ce soir, l’occasion pour moi d’aider en cuisine où s’affairaient une vingtaine de marmitons, d’échansons, de cuisiniers et de bouchers. Le repas allait être démesuré comme tous les autres avant celui-ci. A sept heures je montai me changer et en me voyant arriver Niniane piqua une soudaine colère. « Mais tu as vu dans quel état tu es ? Une vraie souillon ! J’espère pour nous que personne ne t’a vu. Que penserait ton époux en te voyant ainsi ? Peu importe, de toute façon personne ne te remarque! Tu auras beau faire des efforts, tu resteras toujours la petite souillon que nous connaissons tous ! » Plus tard dans la grande salle, on se pressa pour féliciter les champions du jour et les belles dames richement vêtues accueillis ces hommes comme il se dut. Au son des busines, des flûtes à bec, des chalumeaux et des luths on chanta quelques ballades sous le brouhaha général. Les femmes gloussaient, les

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hommes s’enivraient et les gosses couraient au milieu des chiens. Dans mon coin je mangeai mon pain du bout des doigts en attendant l’arrivée des plats servis à la table d’honneur. Là-bas Niniane riait en glissant quelques regards ensorcelants du côté des jeunes seigneurs. En fait elle dévorait des yeux Eldreg, laissant Malner à Inna, cette autre jolie créature d’une beauté insolente. Je levai mon nez de mon assiette quand mon regard croisa celui de Malner. Oh, mon Dieu…Eldreg lui glissa quelques mots à l’oreille, ce qui le fit rire aux éclats. Riaient-ils de moi ? Cela ne fait pas l’ombre d’un doute ; on ne cesserait de me voir comme une pestiférée quand bien même j’étais à ce jour mariée et épouse d’un seigneur connu à travers tous le royaume pour être un pacifiste. En réfléchissant je trouvais stupide d’être ici ç jouer les chaperons auprès d’une sœur excentrique, égocentrique et égoïste passant le plus clair de son temps à refaire le monde en y ajoutant des touches de noirceur ici et là. Mieux valait pour moi les éviter qui plus est quand on n’arrivait à s’entendre sur rien. Le lendemain aux aurores je partis panser les chevaux. Le seul moment de la journée où l’on pouvait être tranquille, loin de la cohue habituelle de ces rassemblements mondains. Personne ici pour critiquer le choix de ma tenue ou ma coiffure ; libre je l’étais et pour le prouver je portais une robe assez grossière retenue par le cou par un anneau de bronze. L’air était chaud voire très pesant en ce début de matinées où les palefreniers s’affairaient sans relâche au près des nombreuses montures de leurs seigneurs. Pas moins d’une dizaine sans mentir, les plus fortunés en avaient une vingtaine parmi des somptueux lots à admirer pendant les lices. C’était à cela qu’on reconnaissait la fortune et par extension le pouvoir de chacun ; mon époux n’en avait que cinq à faire valoir mais parmi les plus rapides de son domaine. Il savait pourtant que si l’on venait à perdre les chevaux passeraient alors à un tiers comme dû, cela m’offusquait et me rendait triste. Ces chevaux formaient pour ainsi dire notre famille équestre.

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Tout en brossant la robe d’un alezan j’enviai le sort de Niniane plus enviable au mien ; personne jamais ne la comparait à un déchet ; elle avait toujours su tirer parti de tout et sa beauté prévalait sur tout le reste. On la connaissait pour être une beauté, insolente et étincelante. Tous ne cessaient de la regarder car elle représentait à elle seule ce que les hommes convoitaient tant : la jeunesse, la beauté et l’insolence de sa condition. Bien qu’étant mon ainée, elle n’avait jamais manqué de propositions et par provocation disait avoir refusé les avances de mon époux qu’elle trouvait vieux et abimé par le temps : « sa peau est burinée et toute ridée ! A le voir on croirait vraiment un cuir desséché ! » Peste soit Niniane et ses délires verbaux. En me retournant prestement je tombai nez à nez devant Malner. On resta coi, tous deux incapables de prononcer la moindre phrase qui nous délivrerait tous deux de cette torpeur des plus gênantes. « Mes hommages….Madame ! » Finit-il par dire avant de filer. Ainsi il savait que j’étais mariée et comme tous les autres il se mettrait à me voir comme : une malheureuse captive venue ici dans le seul but de se distraire. Et je repris mon activité quand il revint sournoisement vers moi, tenant une selle sur son épaule. « Je sais que je ne devrais pas vous le dire puisque nous sommes officiellement ennemis mais vos deux chevaliers n’ont aucune chance de gagner s’ils continuent à monter comme ils le font actuellement. Je veux dire…. (il posa la selle sur la barrière) ils montent comme des écuyers sans tenir compte de la force adverse. J’ai eu un excellent maitre d’armes qui m’a toujours dit qu’il fallait avant tout percevoir la menace avant de vouloir l’affronter. Je ne vous dérange pas plus longtemps. » Il me tourna le dos et lentement se retourna vers moi pour s’apercevoir que je le fixais toujours, la bouche entre-ouverte. « Si toutefois vous avez besoin d’éclaircissement….Si votre époux a des chevaux à

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perdre, il ne pourrait s’y prendre autrement. Je me disais que je pourrais porter vos couleurs aujourd’hui ! Le seigneur Eldreg est partisan des échanges politiques entre nos diverses familles et même s’il n’a pas toujours été favorable aux idées du seigneur votre père il m’encourage à évaluer la position de votre époux. De ce fait nous pourrions mutuellement nous prêter assistance. —Mon époux est un pacifiste. Vous ne le verrez jamais assisté à pareilles manifestations de virilité. Je doute qu’il cherche à engager un autre chevalier aussi talentueux soit-il. Qui plus est, on a du vous dire des tas de choses horribles et fausses sur sa personne. Je vous demande par conséquent de ne pas y prêter attention. —Il n’y a rien de déplacé qu’on ait pu dire sur lui. Je sais qu’il est réfléchi et qu’aucune de ses décisions n’est prise à la légère. Il est philosophe et ouvert d’esprit. Je n’ai pas encore eu la chance de le connaître mais tout porte à croire que nous ne sommes guère différent l’un de l’autre. Alors je me battrais pour vous aujourd’hui si le désir vous en dit. —Je n’assiste très peu aux tournois, vous devriez le savoir ! Je préfère m’isoler un peu, me tenir loin de cette agitation. Je ne suis pas très intéressante et ma compagnie est des plus épouvantables. C’est tout juste si l’on ne me perçoit pas comme une menace. J’apprécie votre proposition mais sachez que vous ne gagnerez rien à représenter nos couleurs. —Je suis seul juge de l’affaire Madame ! Argua-t-il froidement sans exprimer autre chose qu’une solide détermination, ridicule quand on y songe, puisque n’ayant rien à lui offrir que l’opprobre et l’humiliation d’être ainsi associé à mon nom. Et puis je sais que comme les autres avant lui il visait ma sœur et sa dote. Sa famille est riche, pourquoi ne pas essayer ? Cette pensée me donna raison de refuser ses services. « Vous n’étiez pas là en fin de journée madame, mais j’ai mis quatre chevaliers à terre parmi les plus coriaces et je portais les couleurs de votre père ! Ce

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fut pour moi un immense honneur. Permettez-moi aujourd’hui de renouveler l’exploit en…. —Ma réponse est NON ! Votre réputation est à préserver ! —Tout comme la votre ! Il ne s’agit pas de trahir quiconque mais d’avancer à l’unisson ! Déclara-t-il en caressant l’encolure de mon cheval. Quiconque ici vous direz que je suis un homme moral, téméraire certes mais prompt au combat et je n’ai jamais manqué de discernement et je sais évaluer le danger pour mieux l’affronter. Mais je n’assisterai pas davantage madame. Passez une agréable journée ! —Attendez ! Je….parlez-moi de mes chevaliers. Comment doivent-ils s’améliorer ? » Il revint sur ses pas, posa la selle à ses pieds et me lança un bâton servant de cravache aux palefreniers. « D’accord ! Admettons que nous soyons tous deux en lice. Vous en face de moi et moi…..à cette distance. Que voyez-vous ? Je vous écoute. Gageons que vous n’évaluez vos chances de succès au plus grand pourcentage ! Et là, que voyez-vous ? Non, tenez-vous droite et n’abaissez pas votre garde ! Vous êtes en lice ne l’oubliez pas ! » Crispée sur le bout de bois que je tenais à pleine main je ne lâchais pas des yeux Malner. Il fut trois pas supplémentaires et se trouva être à portée de mon bâton. « Et là, que voyez-vous ? » Incapable de répondre je le laissais approcher. Le bout de mon arme touchait le milieu de son torse et ne sachant que faire je l’interrogeai du regard. « Alors quel est votre choix ? Allez-vous attaquer de front ? Pour cela il vous faudra faire un mouvement en arrière, ce qui vous privera à coup sûr de toute visibilité frontale…. (il passa derrière moi et tira sur mon bras pour simuler le mouvement à venir. Et je me mise à trembler, jamais un homme n’avais osé me toucher.) Détendez-vous d’accord ! Vos chevaliers sur le terrain sont bien moins crispés que vous ! Maintenant frappez-moi ! Allez-y ! »

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Mon geste fut gauche et incertain. Un gosse de cinq ans aurait mieux réussi et d’un geste de bras Malner para le mouvement, ce qui eut effet de m’effrayer. « Recommencez ! » Il regagna sa place initiale et des plus agitées je tentais de reprendre la pause. « Voilà, je fonce vers vous et que voyez-vous à cet instant ? » Un bel homme couronné de succès et qui me fixe de ses beaux yeux expressifs. C’est là ce que je vois et par pudeur je baisse les yeux, dès lors plus incapable de répondre. « Alors, que voyez-vous Madame ? La réponse saute aux yeux, regardez-bien ! Je me remets ici et dites-moi ce qui cloche ! » Niniane aurait trouvé ; du premier coup probablement si connaissant mieux que personne dans l’art de l’escrime ou bien : comment porter un coup à son adversaire pour l’immobiliser ? Ma gorge se nous et avec difficulté j’articulais : « Je ne sais pas. —Faites appel à vos sens ! Je suis ici et vous là, que voyez-vous ? Regardez-moi et vous comprendrez…. » Des hommes s’arrêtèrent pour nous observer. C’est à ce moment là que je baissais le bout de bois qui me servait d’arme fictive ; en aucun cas je voulais qu’on dise de moi que je batifolais dans la paille avec le chevalier de cœur de ces dames ! « Je vais devoir m’en aller. Je sis désolée. » Il accusa le coup avant de tenter une dernière parade : « Je voulais vous faire dire qu’ainsi disposée vous ne pouviez pas parer à mon premier coup. Mon deuxième vous aura déstabilisé et le troisième vous aurait fait mordre la poussière. Vos chevaliers sont ainsi exposés et ils ont besoin d’être guidés. Faites-le leur savoir et tout ira pour le mieux. » Tu parles ! Aucun d’eux ne m’écouterait se fichant bien de ce que j’ai à leur raconter. On ne s’adresse jamais la parole et aucun d’eux n’a entendu le son de ma voix. Il est décidé que je n’assisterai à aucune représentation en ce jour. Donc je sellais mon cheval pour me rendre sur la plage pour y apprécier le calme et le rivage ; la plage se découpait le long du rivage jalonné de dunes clairsemées et piquée de chardon, d’ajoncs et d’algues envoyées par le vent du large ; au-

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dessus de ma tête planaient quelques mouettes pressées de voir la mer se retirer pour gratter le sable mouillée de leur petites pattes ; certaines avaient la technique pour faire sortir les vers marins : elles martelaient les petites flaques d’eau salée pour en faire sortir leur pitance. Un ballet aérien d’ailes et de cris plaintifs. L’eau était froide et vous mordait la peau, les vagues se brisaient contre vos chevilles poussant vers vous petits crustacés, algues arrachées aux rochers ; le doux ressac vous apaisait, doux murmure incessant. Au loin le dardant soleil crevait les nuages et venait caresser la surface plane du large sur laquelle quelques pêcheurs remontaient leur filet. En tournant la tête, je vis Malner assis à l’abri contre cette dune, perdu dans ses contemplations de la nature. Possible qu’il m’ait vu et qu’il fasse semblant de ne pas me remarquer, avançant dans l’eau froide glissant entre mes jambes. Pourtant il avança vers moi, se baissa pour ramasser quelques coquillages et me rejoindre en toute indifférence. Il aurait pu dire : Tiens mais que faites-vous ici Nimué ? A la place de cela, il me tendit sa main pour me tendre des nacres. « Vous ramassez des nacres vous aussi ? Je sais que certaines femmes en ramassent pour leurs bijoux et j’ai toujours trouvé ça très joli. Temps superbe n’est-ce pas ? On craignait l’orage mais il ne fais pas assez chaud pour que les épreuves du jour se voient être annulées. Vous ne voulez pas de mes nacres ? » A contre cœur je les récupérais pour les glisser dans mon aumônière et lui fixait l’horizon sans vouloir me regarder ; chacun de nous reprendrait sa route sans plus s’ennuyer. « Je viens souvent ici pour m’y ressourcer avant un combat. Je nage jusqu’au promontoire là-bas et….je pense à ce qu’aurait été ma vie sans Eldreg pour l’avoir si bien agrémentée. J’ai été écuyer pour sa famille et je lui dois tant. Il est comme un frère pour moi. Le seul que je n’ai jamais eu. On sait déjà vu une fois vous et moi.

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—Vraiment ? Je n’en ai pas le souvenir. —Un jour j’ai accompagné Eldreg chez votre père et je vous ai vu. Vous portiez des vêtements d’écuyers et vous portiez les cheveux courts. Vous m’avez laissé une drôle d’impression. —C’est l’impression que je donne à tout le monde. C’est d’ailleurs la seule impression que je leur laisse. Il est vrai que je jouais toujours avec mes frères, leurs jeux étaient bien plus intéressants que les nôtres et père ne me disait rien quand je m’habillais de la sorte. Ah, ah ! Il me disait que je pourrais venir chasser avec eux si je savais tirer à l’arc. On a passé de bons moments ensemble. —Oui j’avais cru deviner. Et vous regrettiez ce temps où vous étiez une enfant sans obligations ? on est tous là à suivre la course du temps et avant qu’on ne s’en rende compte, il est déjà trop tard. La vie est bien courte. Je m’en rends compte quand je porte une arme et que je dois combattre pour mes idéaux. Je crains la mort vous savez. Demain je pourrais partir sans avoir connu l’amour. Or cela serait….je vous ennuie avec tout ça. Je parle un peu trop non ? —Cela compose avec moi. —Ah, ah ! Je vous aime bien Nimue. Vous êtes différente des autres. Quand je vous vois je peux pouvoir vous dire de ne pas me craindre, qu’on sera toujours de bons amis, fidèles et loyaux. A la place de cela je suis incapable de trouver les bons mots. —Mais pourquoi vouloir mon amitié ? —Parce que vous êtes indifférente à tout cela. La gloire, le succès, l’argent. Vous êtes vous-même et vous ne cherchez pas à vous cacher derrière un grand nom. Et puis vous êtes fragile. J’aimerai que mon épée soit la vôtre. Un seul de vos ordres et je balayerai de la surface de la terre vos ennemis. C’est aussi simple que ça. Je veux être là pour vous protéger. » Prise de vertige, je remontais vers les dunes pour m’y écrouler talonnée par Malner. Je ne pouvais croire le moindre mot de ce qu’il affirmait. « C’est plus compliqué que vous ne le croyez.

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—Non, Nimué ! Cela ne l’est pas ! Vous êtes mariée et si vous ne l’aviez pas été, je serais resté à ma place sans oser vous témoigner mon respect. Votre statut matrimonial vous place au-dessus d’un éventuel scandale car j’agis avant tout pour protéger les intérêts de votre époux. S’il vous plait, acceptez ma proposition ! —Et ensuite ? Mon époux n’a pas d’argent pour vous payer. Que croyez-vous ? Son domaine est une ruine et il m’a envoyé ici pour que je sensibilise les autres seigneurs à notre cause. Alos je suis ici en représentation bien malgré moi car depuis mon mariage je reste cloitrée dans mon sinistre donjon à voir tomber la pluie par le mur éventré. Toutes nos économies ont servi à équiper nos chevaliers et à pourvoir à leur entretien. Ces robes ont été réalisées de ma main et….il est vrai que nous comptons gagner quelques manches lors de ce tournoi mais c’est plus compliqué que nous l’avions imaginé. —Laissez-moi porter vos couleurs et je raflerais tout ! Nimue…je remporterai ce combat pour vous si vous acceptez de me faire confiance. . « A quoi tu penses ? —A rien, répondit-il avec froideur. —On pense toujours à quelque chose mais si on pense qu’il n’est pas important de le mentionner à vive voix. Moi je m’imaginais être une nymphe de l’eau, une naïade. Tu connais ? ce sont des êtres féeriques issue de la mythologie grecque. Contrairement à ce qu’on pense, elles ne sont pas immortelles et restent vulnérables comme toutes les autres créatures humaines faites de chair et de sang. J’ai toujours aimé entendre les récits des Dieux des temps anciens bien que se soit mal vu d’orienter sa pensée vers ces autres croyances. Je t’ennuie peut-être ? —Non. Tu peux continuer à me parler de tes déités celtiques, je n’en ai cure.»

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Etrangement je n’eus plus envie de poursuivre. Ses yeux fuyants se posèrent sur moi ; j’enfouis mes pieds sous le sable puis les recouvrit, les genoux sous le menton, une grande mèche de cheveux caressant le sol. « Tu ne veux plus m’en parler ? —Est-il vrai que…que tu vas épouser Inna ? —Qui ? Non. Elle me prête une relation intime avec elle, mais…je ne compte pas l’épouser. On te charge de recueillir ce genre d’informations ? Attends laissesmoi deviner. Niniane est derrière tout ça ? —Je ne peux rien te cacher. —Et toi Nimue, as-tu un soupirant ? Un galant ? Jolie comme tu es tu ne dois pas manquer de soupirants. » Vraiment ? Il me trouvait jolie ? Mon cœur se mit à battre un peu plus fort. Il s’allongea sur le flanc gauche pour poursuivre : « Tu pourrais avoir n’importe quel homme. Tu es jolie et de belle naissance, cela est suffisant pour te marier à un riche parti. Il jetterait le dévolu sur toi et le lendemain tu te ferais fiancée. A moins que tu le sois déjà ! —Noon, je compte rentrer dans les ordres. —Tu plaisantes ? —Non c’est l’absolue vérité. Je veux travailler comme soigneuse, ou guérisseuse, appelles cela comme tu veux mais je compte étudier la médecine. Je sais que cette science est réservée aux hommes mais en devenant religieuse, c'est-à-dire en prononçant mes vœux, je pourrais jouir de la connaissance et du savoir longtemps réservée aux hommes. —Es-tu sérieuse ? Nimue, regardes-moi. Tu aimes trop la vie pour rester enfermée entre quatre murs à prier plus qu’étudier. Tu aurais tout à y perdre. —Qu’est-ce que tu en sais ? Tu n’es pas moi Malner. Tout ce que j’aime, tout ce qui me fait vibrer vient de ce savoir. Je ne te demande pas d’approuver mes choix, tu en serais incapable, je te demande seulement de ne pas me juger comme tous les autres. Il me faut sans cesse me justifier, alors que c’auquel j’aspire est bien réel. Jamais je n’ai été aussi sûre de moi.

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—Alors suis ta voie Nimue et ne laisses personne penser pour toi. « Nimue ? Regardes moi…je te demande pardon. Je ne voulais pas te heurter, je voulais seulement souligner l’absurdité de tes propos. J’ignorai tout de lui et en même temps il me semblait le connaître. Son doux regard bordé de longs cils noirs me dévisagea et j’osai sourire. « Alors Nimue, acceptes-tu de me faire confiance ? je pourrais en vouloir à ta vertu, te tromper et feindre avoir eu tout rapport amical avec toi, ma belle. Ton père laverait cet affront par les armes ou par un mariage. —Ah, ah ! —On dirait que mes propos t’amusent. As-tu un soupirant contre qui j’aurais à répondre de mes actes ? —Non ». Mon regard scruta l’horizon. Un timide soleil apparaissait ; les mouettes planaient et tournoyaient au-dessus des roches cherchant où se poser pour déjeuner des restes des fruits de la mer. Laissant nos chevaux à l’écuyer, nous descendîmes jusqu’au liseret d’écume et les pieds dans les algues je laissais les vagues froides me lécher les orteils. « Donc tu n’as pas de prétendants, tu es libre. —Oui. Pas toi ? Questionnai-je sans oser le regarder. Toutes les femelles se précipitaient à sa suite, cherchant toutes à capter son regard ; je ne pouvais croire qu’il soit libre de tout engagement. « Pour dire vrai Eldreg et moi avons pas mal bourlingué. Nous avons fait deux campagnes avec les armées du roi et Eldreg est ici pour trouver une fiancée mais apparemment aucune ne retient son attention. Quant à moi je suis ouvert à toutes propositions. » Notre regard de nouveau se croisa. Je sortis de l’eau pour remonter vers lui, tenant serrée ma robe. « Et puis il y a ma sœur.

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—Je doute qu’il veuille l’épouser. Je connais ses goûts en matière de femmes et Niniane est impulsive. —Mais elle est bien dotée ! —Alors c’est mal connaître Eldreg. Sa famille a plus d’argent qu’il en vaudrait pour partir en guerre demain. Quelque soit la date de sa promise, Eldreg attend plus d’une union. —Je ne sais pas que dire. Niniane est ma sœur et elle a des qualités qui ne laisseront pas ton ami insensible longtemps. —Parles-moi de toi. » Froidement je le dévisageai ramassant un bout de bois posé sur le rivage. « Je ne veux pas me marier ! Niniane aime Eldreg et cela ne remonte pas à aujourd’hui. Si elle prend les devants c’est bien parce qu’elle n’est pas insensible aux charmes de ton ami. —Qu’est-ce que tu aimes ? Parles-moi un peu de toi s’il te plait. Je veux davantage te connaître. Est-ce que mes questions te troublent ? —Un peu oui. —Alors je ne t’importunerais plus. Tu veux qu’on nage un peu ? » On sauta du petit rocher et la mer nous happa. D’un battement furieux de pieds je remontais crever la surface de l’eau quand malner attrapa mon visage entre ses mains. « Tu vois ce n’était pas si sorcier ! —L’eau est gelée. Regardes comme je tremble. Je grelotte. —et bien nage si tu ne veux pas finir en glaçon ! Viens sur mon dos, on va contourner le bloc de rocher pour atteindre cette autre plage. Comment te sens-tu à présent ? —Comme une grenouille. Je vais bientôt avoir les pieds palmés. » Et sur la plage le soleil caressa nos peaux humides et salées. Combien de temps étions-nous restés dans l’eau ? Nul ne put répondre et repu de fatigue, nous restâmes silencieux, appréciant cet instant comme si de toute notre vie nous avions connu pareille extase. Le bras tendu vers le soleil j’utilisais ma main comme

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d’une ombrelle et je vins à sursauter quand Malner joignit sa main à la mienne. « Pourquoi te cacher derrière le soleil ? Il te rend si lumineuse. A moins que tu finisses à toi-même ? Viens par-là… » Il m’attira contre son torse nu recouvert de multiples ecchymoses et la tête posée sur son bras j’humai l’odeur de son aisselle. Pour moi que cela les femmes autour de moi tombaient amoureuses et les yeux plongés dans celui de notre champion je me sentis me consumer de l’intérieur et plus encore au moment où ses lèvres se posèrent sur mon front. «Tu en épouseras une autre. Tu veux seulement t’amuser avec moi. Je connais les hommes et une fois qu’ils ont obtenu ce qu’ils veulent ils s’en retournent à leurs premiers amours. Mon père a de nombreuses maîtresses, tant qu’il pourrait repeupler certains villages décimés par les armées du roi. —Crois-tu vraiment que je veuille m’amuser avec toi ? —Est-ce un pari entre Eldreg et toi ? Avant-hier tu ignorais jusqu’à mon existence et il a fallu un pli de Niniane pour que tu te mettes à me trouver importante. Les filles comme moi n’attirent pas les hommes comme toi. —Et pourquoi Nimue ? » Il se redressa pour mieux me défigurer. Curieusement je me tenais prête à le défier, braver son jeu de séduction, ses belles manières et le renvoyer d’où il venait. « Et c’est quoi une fille comme toi ? Expliques moi Nimue ! —Tu sais bien de quoi je fais allusion. Une fille un peu naïve et sotte, pas assez jolie pour qu’on la regarde mais juste bonne à assouvir quelques fantasmes d’hommes. —Alors on arrête là Nimue ! Je vais te ramener au fort et on en restera là ! » Debout il chercha des yeux son écuyer. Sa demi-nudité ne m’effraya pas, bien au contraire ; j’imaginais sans difficulté les femmes avec qui il avait passé quelques nuits de passion s’agripper à ses épaules et le chevaucher jusqu’à plus soif. Pour me donner de la contenance, je croisai les bras sur

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ma poitrine aux petits seins ronds et fermes qu’il découvrait transperçant le linge humide. « Je vais te ramener avant que tu t’imagines des choses. Toi et moi on en restera là. J’aurais seulement voulu que tu me fasses confiance mais pour une fois j’aurais du m’écouter. Je voulais…je voulais te connaître et partager avec toi bien plus que je ne l’aurai fait avec une autre ! —Partager quoi ? Des caresses et des câlins ? Et ensuite ? —je…je n’ai pas connu de femme ! Tu aurais l’unique à qui j’aurais tout donné, mais à croire que je ne sois fait que pour me battre et tuer ! » Les larmes bordaient ses beaux yeux et je fus saisi de colère contre moi. J’avais tout gâché. Absolument tout ! Arrivée au Fort Niniane me héla ; impossible de m’arrêter tellement la honte me recouvrait. Dans la salle des ablutions, je me rinçai de la tête aux pieds. Sale tronche que j’avais là. Un visage terne, une boue boudeuse aux lèvres trop pleine et ces grands yeux inexpressifs. Comment pouvait-il me trouver attirante ? J’étais moche et pathétique. A l’ombre du muret je surveillai du coin de l’œil Briz et Trifin jetant des pierres aux cygnes. Ce jour-là il n’y aurait pas de sanction à tomber. Trois jeunes seigneurs descendirent l’escalier dont parmi eux Eldreg qui quand il me vit encouragea ses compagnons à poursuivre sans lui. « On dirait que votre famille a trouvé son champion. Je peux m’assoir ? Malner est parti s’entrainer et il est certain qu’il fera un carnage toute à l’heure en lice. Grand nombre mordra la poussière toute à l’heure ? N’assistes-tu pas aux jeux ? —Je m’épargne cette peine. Je n’aurai pas assez de souffle pour encourager notre champion. D’autres s’en chargeront à ma place, répondis-je avec dédain sans le regarder. Il a assez de flagorneurs autour de lui pour lui chanter ses louanges. —Tu as une façon bien particulière de voir la chose. J’espère que tu n’es pas fâchée par rapport à mon refus de la veille ? Tu vois je….

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—Tu es libre de faire ce que tu veux. Je n’en ai cure. Je ne fais que te délivrer un message et il serait sage d’en rester là. —Sage ? Et pourquoi donc ? » Il fronçait les sourcils. A dire vrai il était très beau ; lui préférant la beauté ténébreuse de Malner. Ses yeux verts glissèrent le long de mon visage et s’arrêta sur mes lèvres. « Personne n’aime les messagers alors si tu as quelque chose à dire en particulier à Niniane à toi de la quérir pour le lui exprimer à voix haute. —Et qu’aurais-je à lui dire en particulier ? —Que tu ne comptes pas lui faire la cour cela lui évitera une peine d’amour. Elle serait capable de m’en tenir rigueur. —Tu es toujours aussi directe avec tout le monde ou bien est-ce ma tête qui ne te revienne pas ? J’apprécie la franchise mais là j’avoue tomber des nues. Bon et bien je n’attendrais pas de toi des encouragements, ironisa ce dernier en se levant. Navré d’avoir causé tant d’affliction au sein de votre famille. » Il pouvait bien s’excuser, c’était la moindre des choses. Les filles assistaient à l’entraînement musclé des chevaliers et de leur maître d’armes et entre leurs gloussements et leurs halètements il devenait insupportable de les côtoyer. Ma sœur dans les bras d’Inna poussait des OH ! Et des Ah ! il fallait la voir trépigner de joie quand il mettait l’un de ses compagnons d’armes à terre. Elle jappa en frappant des mains, pensant rendre jaloux Eldreg par son attitude. Indifférent il se battait à deux dagues faisant tournoyer dans un sens et dans l’autre ses armes de prédilection. « Que fais-tu là Nimue ? Tu ne devrais pas être avec les petits ? —Mère veut que tu rentres. Elle dit que tu passes trop de temps dehors. » Niniane monta l’escalier quatre-à-quatre et moi derrière elle. Ma mère nous passa toutes deux un

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savon, Niniane pour se donner trop en spectacle et moi pour me comporter comme une soubrette. En fin de journée je croisais Malner dans le couloir et mon cœur s’emballa. Il fit quelques mètres avant de revenir sur ses pas. « Nimué ? » Prestement je me retournais courant presque vers lui, l’œil brillant et des plus fébriles. « Comment s’est passée ta journée ? —Bien ! Enfin non…J’ai passé une mauvaise journée. —Moi aussi. » A la lueur du jour faiblissant il se mit sous le vitrail. A l’extérieur les gagnants du jour chahutaient, s’apostrophaient et riaient à gorge déployée. Que faisait-il dans cette aile du châtelet ? Pourquoi n’était-il avec les autres ? « Tu n’étais pas près de ta sœur dans les gradins. Pourquoi ? —Niniane ne tient pas à ce que je reste près d’elle. On a eu un différend il y a quelques jours de cela. Une dispute qui a mis à mal notre fraternel amour et depuis c’est difficile. J’aimerai que cela s’arrange, mais… » Il baisa mon front et j’en frémis, puis il caressa tendrement ma joue. « Continues…parles-moi de la petite fille que tu étais. —J’étais espiègle. Mes frères et moi on a fait les quatre-cent coups. Mon père ne me punissait jamais parce que je passais toujours entre les mailles du filet. On a eu des jours heureux avant que la fièvre, la guerre et la maladie me les enlève. Mon père n’a pas supporté leur perte alors il s’est mis à abandonné notre foyer. Ma mère lui reproche encore sa conduite. Voilà pour l’essentiel. » Il enserra ma nuque et baisa de nouveau mon front. « Tu occupes toutes mes pensées Nimue. J’aimerai te dédier toutes mes victoires. Si je remporte ce tournoi je te remettrais la couronne et… —Non, je n’ai rien fait pour mériter cela. » Des bruits attirent notre attention. On montait par l’escalier et bientôt sur le palier apparut Eldreg et deux autres chevaliers ayant fière allure.

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« Ah ! Tu es là Malner ! On t’a bien vu partir mais nous ignorions pour quelle raison. Viens, te joindre à nous si tu veux bien. La solitude te sied mal, toi qui aujourd’hui à tant de chose à célébrer. —Oui je disais justement à Nimue qu’elle avait manqué ma victoire et je la priais d’assister aux autres à venir. —C’est cause perdue mon frère ! Nimue ne s’intéresse guère à nos exercices. Allez, viens ! » Dans la grande salle, le brouhaha fut tel qu’on ne pouvait s’adresser à son voisin sans lui crier dans les oreilles. Les bouffons faisaient leurs numéros devant les grandes cheminées sur lesquelles rôtissaient des cochons, moutons et bœuf. Des danseuses s’exhibèrent faiblement vêtues et agitant leurs bras vers les chevaliers grisés par l’alcool. Il y en avait pour tout le monde, entre les jongleurs, les cracheurs de feu et le dresseur d’ours ; les faucons et le charmeur de serpents. Eldreg secoua Malner par l’épaule et l’encourageait à regarder du côté des danseuses plutôt que vers la porte de sortie. Niniane gloussait en chuchotant à l’oreille d’Inna contre qui elle se disputait le titre de plus jolies demoiselles de l’assemblée. Ses cheveux blonds ressemblaient à une rivière d’or et plus jolie que jamais, elle battait ses longs cils en fixant Eldreg sans pudeur. Ser Gorwal s’assit en face de moi à la place laissée vacante par Trifin. « Ta sœur est très en beauté ce soir. —Pas plus que d’habitude. Seulement Tu ne sais pas la regarder. » Il me lança un regard noir, porta son verre à ses lèvres et ses petits noirs s’embrassèrent soudainement. « Je ne suis pas là pour rechercher une femme contrairement à certains fillette ! la mienne me donne assez de mal pour convoiter celle des autres. Je suis seulement surpris que nos beaux seigneurs l’ignorent crânement. Pensent-ils trouver mieux ailleurs ? Qu’est-ce que notre Malner en dit ? »

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Il picora dans mon assiette. Il savait pour lui et moi. « Ma femme est très malade et je lui donne pas deux mois. —Elle doit être contente de savoir que tu fais si peu cas de sa personne et que tu la soutiens dans l’épreuve d’un accouchement difficile. —Ce ne sont pas tes affaires. Tu es bien comme ta mère. Tu prends les gens de haut et tu mets facilement une barrière entre ceux qui ne te reviennent pas et tu es prête à lécher le cul de ton insipide sœur. —Mon insipide sœur comme tu dis s’est occupée de moi quand j’étais malade et elle serait d’accord pour dire que les problèmes de sauté de ton épouse affectent tout le monde, petits et grands, pauvres et puissants. —Oui, tu es bien une Highmore. J’aime ce trait de caractère. » A présent il me regardait comme une vache regarde un poussin s’agitant devant elle. Il broya ses maxillaires et pianota sur la table, son regard glissa vers la table de Malnerqu’il cherchait à discréditer. « Alors pendant que ta sœur fanfaronne et joue les belles des champs, que fais-tu de tes journées ? Tu vas à la plage, escortée par un chevalier et son écuyer ? Ou bien tu te consacres uniquement à tes chevaux ? On est de bons amis Nimue, tu peux tout me dire, je t’écouterai avec beaucoup d’intérêt comme il sied d’écouter une femme qui aurait quelques confidences à dire pour soulager sa conscience. Parles-moi de ta virée de ce matin par exemple. —J’avais besoin de faire courir mon cheval. Qu’y at-il de mal à cela ? —tu l’aimes ? —Qui donc ? » Il sortit son couteau à la lame très fine et très affitée, piqua dans le morceau de chevreuil qu’il dépeça pour me tendre un morceau parmi les plus savoureux. « Il est le fils d’un de mes bannerets et une Highmore ne pourrait se mêler à ces parvenus. On pourrait alors parler de mésalliance et je doute que cette plaisanterie soit au goût de ton père. Il te

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faudrait un homme comme moi pour assoir ton statut d’épouse légitime. —C’est très flatteur mais je ne suis pas intéressé et sauf ton respect tu n’es pas le seul ici à disposer d’une armée capable de bouter l’ennemi hors de nos frontières. —Petite impertinente si tu n’étais pas une Highmore il ya longtemps que je t’aurais ramené à la raison à coups de trique et de ceinturon. —Alors plaise à toi que tu n’aies pas à te casser les dents sur mon opiniâtreté ! » Eldreg passa derrière les bancs, le verre à la main et s’arrêta à notre table. « Ser Gorwal ! Vos hommes ont fait montre de leur talent. Nous avons trinqué à leur santé. —Hum…vous pensez peut-être à Malner, les autres n’ont agi qu’en couards. Je perds des chevaux et des armures. Quel autre combat pourrait réparer cette injustice ? Je vous laisse à Highmore car à la fin c’est bien à elle que reviendra tous les mérites. » Son départ fut un réel soulagement. « T’importunait-il ? —Depuis des années mon seigneur. Nous avons appris à composer avec. » Assis comme il était il obstruait la vue à Malner mais Niniane ne perdait rien à notre tête-à-tête. « Fais-tu bonne chair ? Chevreuil et raisins secs ? Tu devrais te joindre à notre tablée et ne pas te contenter des restes que l’on sait être destiné aux écuyers. Alors quels sont tes pronostics pour demain ? Malner ou moi ? —Je n’ai pas suivi tous les combats, alors je suis bien mauvais juge en la matière. —Ne veux-tu pas parier ? On le fait sous seing privé, l’évêque ne sera au courant de rien, glissa-t-il à mon oreille. Les gains sont assez elevés. —Je n’ai pas d’argent. —Comme tu veux. Mais viens toutefois t’assoir près de nous. » Impossible. Comme il me fut impossible de fuir les questions de Niniane à son sujet. Acharnée comme à son habitude, elle voulait tout savoir et à midi les plus

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courageux se rendirent sur la plage à la lueur des flambeaux. Niniane me réveilla dans la nuit pour me raconter le succès de cette nuit sans précédente. Eldreg avait engagé la conversation avec ma sœur, ce qui la remettait sur son piédestal. « Te rends-tu comptes Nimue ? S’il remporte le tournoi demain contre Malner, il m’offrira la couronne ! C’est un immense honneur qu’il me fera et je ne vais pas pouvoir fermer l’œil de la nuit ! C’est dément ce qui m’arrive là ! » Et sous mes draps je tentais de prendre un air joyeux sans y parvenir. « Aides-moi à me déshabiller que je te raconte en détail ! Malner était là aussi et quand il a appris qu’Eldreg me remettrait la couronne, il l’a dit offrir la sienne à Inna s’il venait à gagner. A Inna ! Tu peux croire ça Nimue ! Pourquoi fais-tu cette tête ? Croyais-tu qu’il passerait à côté d’une aussi jolie femme qu’Inna ? Si tu avais renoncé à fricoter avec les canassons, il t’aurait peut-être remarqué mais navrée de te dire que tu n’es pas à son goût. Non ! Laisse mes cheveux ! Demain je les laverais, pas utile de s’en occuper ce soir ! Oh Nimue chérie, je suis folle de joie ! Insista-t-elle en me serrant dans ses bras. Je veux que tu portes ma robe verte ! Elle te plait non ? Alors tu la mettras et pour l’occasion je t’aiderais à te coiffer ! » On passa la matinée à s’apprêter, ni l’une ni l’autre avions dormi ; elle particulièrement excitée et moi effondrée par ce retournement de situation. Et avant le tournoi opposant Malner à Eldreg, je suivis Eldreg jusqu’à leurs tentes respectives. Niniane oublia son champion de la veille pour se consacrer uniquement à Eldreg et Malner assis sur son banc occupé à attaché les lanières de son armure me cherchait des yeux. Je le laissais à Inna pour retourner bien vite dans les gradins où l’ambiance se trouvait être à son paroxysme. Le combat commença et après vingt minutes de lutte effrénée, Eldreg fut victorieux. En transe Niniane m’embrassa avant de se ruer la balustrade et recevoir de la lance de son Eldreg la fameuse couronne de

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fleurs. Il porta Niniane en triomphe sur le devant de sa selle et je lui enviais ce bonheur. « On dirait que ton soupirant a jeté l’éponge, murmura Gorwal assis derrière moi. Il en valait mieux ainsi, ce baronet se doit de rester à sa place. Ta sœur comme prévu épousera son seigneur et le moment venu je m’occuperais de toi. Tu n’auras rien à lui envié. » Les larmes me montèrent aux yeux. Qu’avais-je fait pour mériter pareil châtiment ? Avais-je eu tors de faire confiance à Malner ? Enfermée dans ma chambre je m’en voulais d’avoir été si stupide, naïve et sotte au point de me laisser berner de la sorte On frappa à la porte ; grande fut ma surprise en y trouvant Eldreg. « Nous partons dans deux jours et…il est vrai que cette semaine aura été brève certes mais forte plaisante sur le plan relationnel. Euh, je voulais que tu saches que…Malner est…enfin, il aimerait passer plus de temps avec toi. Tu vois je me retrouve à jouer moi aussi les messagers. Comme je te l’ai dis-nous partons prochainement, alors…il faudra me supporter comme chaperon. Acceptes-tu ? —Si j’accepte ? » Je n’étais qu’une jeune damoiselle de quinze printemps alors imaginez un peu le choc émotionnel que sa requête suscitait. Je vous laisse imaginer car le reste de la matinée fut pour moi les prémisses du paradis terrestre notamment quand tous deux m’attendirent pour une ballade à cheval aux yeux et à la barde de tous les invités seigneurs, barons, dames et damoiselles. Malner m’aida à me hisser sur ma selle et ses yeux brillaient autant que les miens. Oui j’étais sur un petit nuage. Quitter le fort fortifié par deux imposants murs d’enceinte flanqué de quatorze tourelles pour gagner la route principale fut pour moi le symbole d’un nouvel élan dans mon existence jusqu’à maintenant vide et sans intérêt. Sur notre flanc droit la mer s’étendait à perte de vue et au-delà de la route se discernait le bois et la grande cité de Talerme d’où la cheminée des foyers montaient haut dans le ciel.

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Malner me dévorait des yeux, le soleil caressant sa peau d’albâtre et donnant du relief à ses boucles ; certes moins disciplinées que celles de son ami mais de belles boucles que je devinais être soyeuses et sous la main. « J’ai été heureux de te voir hier dans la tribune. Tu resplendissais. N’aies crainte, poursuivit-il en se penchant vers moi, Eldreg est sourd. Un mauvais coup porté à son oreille lui aurait fait perdre l’ouïe. Il s’en remettra peut-être jamais. —Est-ce vrai ? » Il me répondit par un clin d’œil. Il devait se régaler de ma naïveté. Eldreg marchait cinq mètres derrière nous suivit par les écuyers. Je me disais qu’il aurait pu emmener Niniane pour se sentir moins seul car aussi longtemps que durerait la ballade, il se morfondrait dans son coin en me voyant comme celle qui lui arrachait la compagnie de Malner. Or demain il partirait et cette pensée me déchira le cœur. Pourrais-je survivre à son absence ? « Je vais te faire découvrir un endroit que j’ai découvert et que j’apprécie tout particulièrement. Làbas je t’apprendrais la fameuse botte secrète qui mettra à terre des rivaux. » Après une heure de folle chevauchée on arriva au point d’eau ; une sorte de cascade offrant une source d’une incomparable clarté et les pieds dans l’eau je ramassais de petites fleurs bleues poussant sur le bord de ce point d’eau. Dans cette petite clairière, au pied de cette chute je laissais divaguer mon esprit. Et si tout cela n’était qu’un rêve ? Discrètement je me pinçai mais la réalité me fit rougir la peau. L’odeur de la forêt emplit mes narines et le chant heureux des oiseaux me remplirent de grâce. Assise entre les deux hommes, il se passa un court silence et nerveuse j’ôtai les feuilles de mes fleurs sans oser regarder Malner, plongé dans ses contemplations. « Je vais faire un tour, lança Eldreg quittant sa place, ne vous souciez plus de moi et n’hésitez pas à crier si la solitude devient trop pesante. »

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Une fois seuls, Malner posa sa tête sur ma cuisse et timidement ma main entra en contact de ses cheveux. Un grand moment de bonheur. « La première fois que je t’ai vue j’ai pensé que mon esprit me jouait des tours. —J’ai du te paraître ridicule avec ce pli à la main ? Je n’étais pas tout à fait dans mon élément. Niniane me chargeait d’un message mais je me serais bien passée de le faire. —Non ! Je ne parle pas de cette rencontre. » Alors il se redressa pour mieux me regarder et l’intensité de son regard me fit détourner les yeux. « Nous venions d’arriver et surgit de nulle part tu étais là avec un seau d’eau visiblement trop lourd pour toi. Tu avais de l’eau partout sur ta robe bleue. Tu avais de l’eau jusqu’au cou. » Pour illustrer ses propos sa main se posa sur mon cou. « Gracieuse petite naïade aux longs cheveux noirs à la tresse ébouriffée et pleine de paille. Tu as choisi mon cheval et tu l’as fait boire. Je t’ai observée et tu m’as tout de suite plus, murmura Maldren en posant son front contre ma joue. Je voyais combien tu étais heureuse et intimidé je n’ai osé t’aborder. Tu es restée un petit moment près de mon cheval à lui caresser le chanfrein et l’embrasser. Tu souriais et tu riais. Pour rien au monde je n’aurai troublé cette félicité. Tu as caressé son encolure et… » Ses lèvres pleines se posèrent à la commissure des miennes. J’ai pris peur. « Non, sois sans crainte, je ne te ferais rien qui puisse t’effrayer. Je te respecte trop et j’ai pour toi beaucoup d’affection. Je respecte ta pudeur. —Ce que tu m’as dit sur la place, est-ce vrai ? N’astu jamais aimé ? N’as-tu jamais connu de femme ? —Non c’est un domaine qui m’est inconnu. J’ai eu des occasions de le faire mais…je t’attendais Nimue. Je savais que tu viendrais. Il m’a seulement fallu t’attendre. » Couché sur le flanc il me regardait tresser des fleurs entre elles ; je faisais cela pour m’occuper les mains. Dans deux jours il ne sera plus là pour me distraire. Il me fallait par conséquent en profiter sans

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pour autant y parvenir, tourmentée par son départ à venir. « C’est absurde…un jour tu en épouseras une tout comme moi un seigneur que je ne désire pas. Au moins tu auras eu le privilège d’être le premier à me témoigner son intérêt. » Prestement il se redressa, les sourcils froncés et il s’en alla en me laissant seule près de la petite chute. Plus tard on marcha tous les trois sur la côte. Le vent soufflait fort et les cheveux défaits je luttais contre les embruns et le sable fin. Les mouettes nous saluaient de leurs stridentes plaintes et la cote balayée par un timide soleil me troubla. On monta sur la paroi rocheuse et là Eldreg me tendit sa main pour me hisser sur les rochers ; arrivés en haut de la falaise, le panorama était renversant, beau à couper le souffle : tout ce dégradé de bleu et de vert et ces contrastes…Lui Malner ne voyait rien, perdu dans les méandres de son esprit « Ne t’inquiètes pas. Malner a besoin d’être seul pour réfléchir mais il te reviendra. Tu vois les pierres imbriquées là-bas ? On dit qu’il s’agit d’un ancien sanctuaire où les païens venaient accomplir divers rites au moment du solstice d’été. Cette région est magnifique ! Ces landes, son littoral. Plaise au ciel que vous restiez assez de temps pour en apprécier chaque détail. Malner dit que tu nages plutôt bien. » Il disparut sur notre flanc droit et en haut de la muraille, je me retournais donc vers Eldreg et ses belles boucles auburn. « Hier nous avons su profiter de la plage eet j’avoue aimer ces plaisirs simples où nous sommes en conjugaison avec la nature. » Nous descendîmes à la poursuite de Malner maintenant loin devant nous. Il marchait comme pour mieux me fuir et ralentie par le vent soufflant dans ma cape je pris à maintes reprises le bras d’Eldreg. « Là d’où je viens, il y a des monts escarpés et de longs fleuves serpentant d’un point à un autre. De vastes étendues forestières mais pas de mer. Alors quand nous disposons d’un peu de temps nous galopons sur les terres de mon père d’un fief à un autre. Si nos

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deux familles s’allient, les miens disposeront de ce beau littoral. » Le bonheur du se lire sur mon visage. Enfin il acceptait Niniane dans son cœur ! Dieu soit loué ! « oui cela ne fera pas le moindre doute. Nous autres Highmore jouissons à la fois de vastes prairies et d’un peu de ce littoral. —La paix. C’est ce qui nous importe le plus n’est-ce pas ? Alors autant la préserver le mieux possible et il est en notre pouvoir de le faire. Sais-tu que l’on entend la mer dans ce coquillage ? Viens écouter. L’entends-tu ? —Très distinctement. Je vais la faire entendre à Malner. » Tous trois assis dans le sable, on fixait la vaste mer devant nous des plus silencieux. Eldreg dessinait sur le sable, allongé et tourné vers moi quant à Maner, il fixait l’horizon, la tête soutenue par son bras. Aucun de nous ne parla, absorbé par nos propres réflexions et quand mon regard croisa celui d’Eldreg je sentis le sol se dérober sous mes pas.

En rentrant au fort Niniane se précipita sur moi toutes griffes dehors et prise dans une violente crise de nerfs. Les cheveux en pagaille et la manche de sa robe déchirée, elle gesticulait dans tous les sens devant ma malheureuse mère alitée suite à une nouvelle attaque. Néanmoins elle trouva assez de force en elle pour quitter son lit et choisir la cathèdre, ses longs cheveux blancs tombant sur sa gorge maintenant creuse. Avec difficulté elle respirait, levant une main molle en direction de Niniane pour réclamer le silence. « Mais mère ! Elle m’a pris MON fiancé et vous allez la laisser faire ? Elle a tout manigancé dans son coin

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en agissant par calcul et déloyauté !Oui, c’est bien de toi que je parle ! Approches-toi ! Tonna-t-elle en me saisissant par le bras. Mets toi à la lumière pour que mère voit combien la fille qu’elle a mise au monde a l’âme corrompue ! Une vile créature sortie tout droit des Enfers ! —Niniane, n’as-tu pas précipité ta sœur dans les bras de ce Seigneur ? N’as-tu pas favorisé son destin en agissant de la sorte ? Il n’y a que toi à blâmer et personne d’autre. Nimue n’y est pour rien et ta sœur ne doit pas être ton ennemi, mais ton allié. Elle œuvre pour le bine de notre famille, il faut voir cela ainsi. » Niniane se calma, les lèvres frémissantes et l’œil fiévreux. Elle croisa ses bras et ses longues manches tombèrent sur le sol en une longue traine verte offrant aux regards sa longiligne silhouette, gracieuse et élancée tel un cygne glissant sur les flots et du cygne elle en avait le tempérament. Je lui enviais ses longs cheveux blonds coulant jusqu’à mi-cuisse. Face à son insultant éclat, je me réfugiais dans l’ombre loin de la clarté des bougeoirs. « Elle sait que je l’aime, murmura-t-elle la gorge prise par les larmes remontant avec violence. Qu’estce que tu as fait pour qu’il s’intéresse à toi ? Quel charme as-tu utilisé contre lui ? Je ne veux pas croire qu’il veuille Niniane ! Elle n’a pas une once de classe ! Toujours pataugeant avec les gosses et montant ses chevaux…En épouse de métayer, elle aurait été parfaite, tiens ! Mère, vous savez bien qu’elle n’a jamais eu d’ambition ! Pas fichue de coudre, de broder correctement et elle rebute les hommes par son insolence ! —Silence Niniane ! Cela suffit. Laisses-nous seules un instant veux-tu ? Je dois m’entretenir avec ta sœur. » Partie avec sa servante, ma mère me tendit une main tremblante et je posai un genou à terre pour la lui baiser. Elle me tapota la tête e, basculant la tête en arrière fatiguée par tant d’agitation. La lumière creusait ses traits et lui donnait un aspect cadavéreux or plus tôt, ma mère assumait ses quarante ans avec

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orgueil. Tous admiraient sa vergue et son ardeur au combat. Que restait-il à présent de cette femme que la guerre avait conduite à vivre dans ses derniers retranchements ? « Tu ne sais à peine lire le latin et tu ignores tout du grec. Tu ne sais pas courdre et broder comme ta sœur et ta voix ne s’élève pas aussi glorieusement que celle de Niniane. Qu’irais-tu faire là-bas au milieu de ces inconnus ? Chanteras-tu pour les distraire ? Ou lirastu les poèmes d’Ovide dans leur langue originale ? Je doute qu’ils recherchent ta compagnie, toi qui n’as pas les aptitudes requises pour briller dans une cour aussi élitiste que la leur. Tout cela n’est que pure folie. Mais en même temps quand je te regarde je me dis qu’Eldreg a raison de te choisir. —Mère je vous jure que je n’ai pas comploté pour duper ma sœur et cet homme ! C’est tout juste si je… —je le sais ma chérie. Les hommes ont des désirs inavoués et celui d’Eldreg est de faire valoir son droit de Seigneur. Naturellement tu iras là-bas pour y parfaire ton éducation et le moment venu il t’épousera. —Combien de temps avant qu’il ne m’épouse ? Pourquoi lui vaudrait-il tant de temps pour se décider ? Faites accélérer le mariage mère, il y va de notre survie à tous ! —Que veux-tu dire ? La réponse dépend de ton père tu le sais et Eldreg n’était pas son premier choix en toute franchise. Il faut parfois se montrer patiente ma douce. —Mère, je…je ne pourrais attendre indéfiniment ! Vous devez le convaincre de m’épouser en dépit de l’avis de mon père ! —Et pourquoi soudain es-tu si pressée ? T’es-tu donnée à lui ? Interrogea mère en me caressant doucement la joue, le regard si lointain. Aides-moi à regagner mon lit…Il est possible que nous restions ici plus longtemps que prévu. Ma santé ne me permet plus un si long trajet…Le seigneur Tibalt est bienveillant et nous reçoit avec les honneurs dus à notre rang. Nous y sommes bien. A présent j’ai besoin de me reposer,

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vois avec Myra ce dont tu aurais besoin pour ton trousseau. » Quittant la coursine je vins à croiser Gorwald et son regard de rapace me sonda. Il pouvait me pourfendre ici, me laisser me vidant de mon sang dans cet endroit isolé du reste ; crier « A l’aide ! » Ne me servirait à rien. L’épée battant sa jambe, il marchait la main gantée de fer posée sur le fourreau de son arme. « Alors tu as réussi. Que Dieu te pardonne ce geste de désespoir ! —Mon seigneur, je… —Plus un mot ! » Il m’attrapa par le cou pour me coller contre le mur. Une empoignade qui me fit suffoquer de douleur et de peur. « Je veux une Highmore et c’est toi que j’aurai un jour dans mon lit. Nous avons passé un accord avec ton père et si tu tentes de violer cet accord… »Il me relâcha et je crachais plus que je ne crachais, ne parvenant plus à respirer, la tête prise dans un étau annonçant la mort par strangulation. « Si tu tentes de violer cet accord, notre petit banneret sera condamné à mort pour avoir osé poser la main de ma fiancée. —De quelle fiancée parles-tu ? ta femme…elle est encore en vie. Tu ne peux déjà être engagé ailleurs. » Je me débattis violemment, il me serra contre le mur et souleva ma robe d’une main alerte et crispée à son bras, je ne pus retenir la violence de ce geste ; il pénétra mon sexe et il fut indifférent à ma douleur. « Tu es vierge. Dans moins de deux mois tu le seras encore ou je fais décapiter ton preux chevalier qui a osé tourner en dérision ses propres frères d’armes. » Il porta ses doigts sous son nez pour les renifler ; fixant son serre-taille de cuir, j’e ressentis de la flétrissure pour avoir été visitée de la sorte. « Qu’il se tienne à distance de toi et il aura la vie sauve. » Il baisa mon front et poursuivit sa route. Quant à moi je fis quelques pas avant de m’écrouler par terre en sanglots, incapable de marcher tellement je souffrais. Plus tard au moment de l’ultime banquet donné pour nos champions, Malner entra dans ma chambre

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précédée par notre nourrice Brit appuyée sur un large bâton. Elle souffrait de gouttes et la peau tannée et ridée, Brit ressemblait à un parchemin jalousement conservé dans la fraicheur d’une salle d’étude. « je ne comprends pas Nimue. Tu ne voudrais plus partir avec Eldreg ? Tu n’auras pas meilleure offre et… Nous partons demain et nous ne reviendrons pas avant… —Ne m’approche pas ! » Lançai-je en reculant, les larmes inondèrent mes yeux. Il ne pouvait m’approcher, plus aucun homme ne pourrait m’approcher après ce qui venait de se passer dans la coursive. « D’accord ! D’accord ! Je ne veux pas t’effrayer par mon attitude des plus désinvoltes. Nous partons demain aux aurores et…Dois-je insister Nimue ? Doisje te dire de reconsidérer ta réponse ? —non. Je vais rester ici, près de ma mère. Elle est souffrante et Niniane partira à ma place. Mon père ne s’opposera pas à leur union. Il était convenu…qu’elle l’épouse. — Nimue, je… » En tremblant je reculais pour me réfugier derrière la chaise. « Que s’est-il passé depuis ce matin ? Aurait-on cherché à t’influencer ? Nimue, dismoi ce qu’il se passe, j’ai besoin de savoir pour ne pas avoir à m’imaginer le pire. Dis-moi ce que je dois savoir. Nimue ? —je déçois tout le monde dans mon entourage et je n’arrive pas à croire que tu…Il y a des tas de jolies femmes ici. Des femmes qui te rendraient heureux, alors pourquoi moi ? Tu peux toutes les avoir, mais tu t’es dit qu’une proie aussi facile que moi pourrait satisfaire ton égo de chevaliers. Il est facile pour des hommes comme toi de rire de la naïveté des pucelles. —Tu sais bien qu’en ce qui me concerne ce n’est pas vrai. Je t’ai avoué mes sentiments, un peu de matière cavalière, je te l’accorde mais mes sentiments sont sincères. —Alors si tu dis m’aimer, respecte mon choix et éloignes-toi à jamais de moi ! »

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Il resta interdit devant la table ; Brit assise près de la cheminée reprit son ouvrage et souffrant de cataracte, filait avec dextérité comme à ses premières fois. « Brit et moi allions nous mettre au lit. Et je n’ai plus qu’à te souhaiter un bon retour. Adieu. » Il glissa à genou devant moi et terrifiée je détournai les yeux de cet amant éconduit et souffrant le martyr. Collée à l’extrémité de la tenture murale, je me refusais de le regarder. « Tu dois t’en aller, je t’en prie…Tu ne peux rester. Pars…et ne reviens plus. —Je suis ton épée, je t’en ai fait le serment. Tu ne peux m’éloigner de toi. Appelles et j’accoure ! —je veux que tu partes. —Oui je partirais si tu me dis être heureuse et que ce choix t’appartiens. Je veux en avoir la certitude ou bien je resterais à veiller sur les tiens au nom de l’accord tacite qui nous unit l’un à l’autre. Jures-moi que cette décision est la tienne. Jure-le Nimue ! Jurele sur les Saintes Ecritures ! » Il attendit un petit moment et s’il avait levé les yeux à ce moment précis, il eut vit des larmes inondant mon visage. N’ayant plus de jambes je tombais sur mon lit pour pleurer. « Dis-moi ce qui te trouble Nimue. Parles-moi. » Le visage dissimulé derrière ma manche, je me ressaisis bien vite en songeant à Gorwal et à ses mains…Il ferait décapiter mon amant. On frappa à la porte. Gorwal ? J’attrapais Malner pour le cacher dans la garde-robe. Et Niniane entra en me bousculant. « J’avais peur que tu te sois endormie. Ah, ah ! Tu pourrais et tu te dois d’assister au banquet ! J’ai besoin de rafraîchir ma coiffure et me changer. Aides-moi ! Dépêches-toi, un peu ! Ah, ah ! quand je pense à tout cela, j’en frémis…regardes, je tremble. Eldreg m’a offert son bras toute à l’heure et si tu avais vu la tête des autres filles…elles sont toutes vertes de jalousie car officiellement je passe pour être sa fiancée ! Oh Nimue, Niniane prit mes mains entre ses siennes, tu ne peux pas savoir quel est ce bonheur qu’est le mien ? Toi aussi, un jour tu seras heureuse

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avec ce Gorwal. Pourquoi ces larmes ? Je suppose qu’il s’agisse de larmes de bonheur car il ne pourrait en être autrement pour toi comme pour moi ! Enfin bref ! Apporte ma robe bleue à galons d’or ! » Dans la garde-robe, Malner me saisit par le bras. Il savait à présent, je ne pouvais plus revenir en arrière. « Nimue ! Que fais-tu par tous les saints ! Dois-je moi-même venir coudre cette robe ? » Il voulut me serrer contre lui ; je m’y dérobais refusant ses caresses. « Il faudra que tu apprennes à aller à te dépêcher ! Mon destin se joue ce soir dans la grande salle et tu dois d’y assister. Du moins la première heure, ensuite tu seras libre de retourner à tes écuries. Ah, ah, ah ! » On sortit toutes deux et dans l’escalier de la tourest, Malner nous emboita le pas. « Malner ? Qu’il est aimable de nous escorter ! Notre champion…Ah, non tu ne l’es plus puisque celui de Wassels de Cobridge ! Inna a bien de la chance ceci dit de t’avoir pour elle ! Prends mon bras Malner et parles-moi de tes intentions concernant Inna de Wassels de Cobridge. Dans la grande salle, en haut dans la galerie les musiciens jouaient de la busine et un tonnerre d’applaudissement retentit quand les champions des joutes et des tournoirs apparurent accompagnés par leur écuyer tenant leur écu aux armoiries de leur famille. Tilburg le seigneur des lieux remit les trophées à Eldreg et Malner ayant totalisé à eux deux un grand nombre de points entre les diverses épreuves. Eldreg fit un discours pour souligner la qualité de l’accueil du seigneur Tibalt qui dans son beau costume d’apparat l’embrassa comme un fils. Niniane aussitôt attrapa son bras pour ne plus le lâcher et la main sur le visage prenait les flatteries des admirateurs d’Eldreg pour elle et difficile de l’imaginer plus heureuse. Assise près de ma mère, je fixais mes mains craignant que l’on me surprenne dans ma détresse ; soit le cœur battant avec fracas, la sueur ruisselant sur mon dos et l’œil humide prêt à déverser un torrent de larmes.

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« Comment vas-tu Nimue ? —Euh…je…monseigneur…je… » Eldreg me fixait de ses grands yeux verts hypnotique. Il paraissait nerveux ; pas autant que moi mais nerveux tout de même. « Tu es très en beauté. —Merci. » Il continuait à me fixer sachant que tous les regards convergeaient dans notre direction ; les langues se délieraient car l’annonce du départ de ma sœur en surprit plus d’un ; ils s’en doutaient un peu mais ignoraient que l’événement fut si prématuré. « Lady Highmore votre cadette est ravissante et j’ai été flatté de faire sa connaissance. Me permettrezvous de lui écrire ? » Près de nous les discussions se turent et les oreilles se penchèrent pour ne rien perdre de la conversation. Ma mère qu’on avait apprêtée pour l’occasion tenta un sourire qui se figea sur son visage en une horripilante grimace. « Nimue en sera ravie. —J’aimerai si vous me le permettez, m’entretenir avec votre fille. Cela ne sera pas long nimue, je ne tiens pas à accaparer ton temps et ils ne commenceront qu’à servir dans dix minutes. —Mon seigneur, je… » La main de la mienne se posa sur la mienne et la mort dans l’âme je le suivis à travers l’assemblée festive et agitée, haute en couleurs et offrant ce qu’elle avait de meilleure en cette soirée de fête où tous plus que jamais avait un rôle à jouer. En bas de l’escalier, il m’invita à continuer vers la galerie du cloître. Il m’invita à m’assoir et comme une feuille je tremblais. « Un bien belle cérémonie d’adieux pour nous autres glorieux combattants. J’ai obtenu bien plus de trophées que la majorité des chevaliers aguerris que nul autre cependant toutes ces victoires seraient vaines si je n’avais la garantie d’avoir votre amitié en toute légitimité. C’est un moment spécial que je vis Nimué. Un moment que j’aimerai partager avec toi. Ce que je ressens en ce moment est…unique, à jamais marqué par la présence d’une femme, d’une jeune femme belle et énigmatique. —Eldreg, je…

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—Laisses-moi terminer ! Tu es délicate et spontanée, franche et intelligente ! Tu as toutes les qualités pour siéger avec moi sur le royaume de mon père quand le moment viendra ! » Sa main se posa sur la mienne que je dégageai bien vite. On pouvait nous surprendre dont Niniane rendue susceptible et vulnérable par tous ces événements survenus au cours de ces deux dernières semaines. Fermant ma poitrine de mes bras je n’en menais pas large. « J’ai fait part à Malner de ma décision de rester ici. Ma décision est irrévocable. —Pourquoi ? Pourquoi ? » Sa main se posa sur ma joue qu’il caressa comme pour mieux se faire entendre. Il sortit un collier de sa manche et au moment où il voulut passer le bijou autour de mon cou je reculai en panique et n’ayant nulle envie d’afficher la pierre sur ma poitrine. Cependant je cédai pour mieux m’en libérer. Pitié, pensais-je quand ses lèvres se posèrent sur ma joue. « Pourrais-je espérer te voir sourire de nouveau avant mon départ ? Regarde moi…Tu trembles ? Et tes yeux sont humides. Es-tu donc en peine de me voir partir ? Oh nimué…laisses-moi te serrer dans mes bras, viens…Tu as le droit de pleurer. —Je ne pleure pas. Ce cadeau est inattendu. Je ne pensais pas disposer d’autant de ressources pour te séduire et maintenant je me trouve être dans tes bras, espérant le moment où tu recouvriras la raison. J’aime un autre homme. Comment pourrais-tu envisager de m’aimer quand mon cœur appartient à un autre ? » Avouais-je en le serrant contre moi, faisant fi de la blessante attitude de Gorwald. Après ce qui c’était passé dans le couloir je décidai de me hisser hors de l’eau, faire de ma faiblesse une force et agir pour mon bien propre au risque de perdre à jamais l’homme que j’aimais. Malgré mes révélations son étreinte ne fut pas plus lâche pour autant, au contraire, il me sera avec enthousiasme et souleva mon visage pour mieux m’étudier.

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« Alors il ne s’agira que d’un mariage d’intérêt entre nos deux familles. Le mariage n’est qu’un commerce et tu en seras le prix un prix qu’il me plait d’accepter. Pars demain avec nous et deviens mon épouse ! » Dans l’obscurité, je marchais à tâtons pour atteindre le mur d’enceinte et déterminée je partis vers la plage. Malner m’y attendit avec deux chevaux qu’on chevaucha sur la plage jusqu’à un cabanon de pêcheur. On y entra et Malner me fixait intensément. « Je sais tout : des menaces de Gorwald et ton choix ultime de ne pas nous suivre ! Pourquoi ne me l’avoir pas exprimer en toute exemption ? Je vécus dans la crainte et cette journée fut la pire de toute ma vie. Peux-tu comprendre cela ? —il a proféré des admonestations sur toi et j’ai craint de te perdre ! Il disait qu’il te tuera s’il apprenait que je n’étais plus vierge ; il te ferait décapiter pour trahison et j’ai agi comme tu l’aurais fait ! Tenter de t’écarter pour que tu puisses vivre. Comment peux-tu me blâmer pour cela ? J’ai accepté les avances d’Eldreg comme tu me l’as suggéré et… maintenant je ne sais plus quoi penser de tout cela ! —Nimue tout cela est de ma faute. Je n’aurais jamais du faire ce que j’ai fait. Te voilà condamnée à taire tes sentiments alors que j’ai agi comme un égoïste. Je t’ai fait te perdre. Mais je te promets que moi en vie, Gorwald ne te touchera pas. » Le mal était déjà fait. Toutes ces belles promesses ne suffiraient à me réconforter. Il posa ses mains sur mes épaules. « Je ne veux pas que tu prononces son nom. Jamais plus ! e le maudis lui et sa famille, tous autant qu’ils sont ! J’aimerai qu’il fut mort…son nom m’inspire que le dégoût. Je maudis son nom et je regrette le jour où il fut présenté aux miens ! —T’a-t-il touché ? Nimue ? A-t-il posé les mains sur toi ? » Je m’écartais de lui et dos à lui je cherchais où poser mon regard dans cette obscurité. « Non. Il ne s’est rien passé. Seulement je n’aime pas ses manières. Jures moi de te protéger ma sœur ! Elle aura besoin d’une épée

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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