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LE SACRIFICE DES ETOILES [Sous-titre]
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Du même auteur Aux éditions Polymnie Antichambre de la Révolution Aventure de Noms Cave des Exclus Chagrin de la Lune Désespoir des Illusions Dialectique du Boudoir Disciple des Orphelins Erotisme d’un Bandit Eté des furies Exaltant chaos chez les Fous Festin des Crocodiles Harmonie des Idiots Loi des Sages Mécanique des Pèlerins Nuée des Hommes Nus Obscénité dans le Salon Œil de la Nuit Quai des Dunes Sanctuaire de l’Ennemi Science des Pyramides Solitude du nouveau monde Tristesse d’un Volcan Ventre du Loup
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Vices du Ciel Villes des Revenants
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MEL ESPELLE
LE SACRIFICE DES ETOILES
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Polymnie
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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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[Dédicace]
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[PrĂŠface]
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Chapitre 1 Il fallait être fou pour financer pareil programme et ce fut exactement ce que pensa Mortensen en se levant ce matin- là. Il travaillait au Laboratoire des génomes et avait eu vent des études de ses condisciples des millénaires passés. Des informations stockées dans la mémoire de son ordinateur ultra- perfectionné. Mortensen s’aspergea le visage au jet automatique avant de coller son nez contre la baie vitrée de son appartement. Il vivait sur le continent, le seul et unique, résultat de la tectonique des plaques. La dérive des continents détruisirent de nombreuses existences. Après des conflits ethniques, les guerres atomiques et bien des révolutions informatiques et culturelles, l’humanité connut un tout autre regain. Torse nu, la peau ruisselante du liquide de conservation des cellule dont la teinte ocre lui permettant de supporter les ultra- violets, Mortensen dont le regard bleu troublant balayait la ville protégée par une chape de verre servant à catalyser la lumière solaire pour l’envoyer sur d’imposants miroirs construits sur tous les toits de la gigantesque métropole. La femme se réveilla doucement gémissant à la manière des chats clones par les laboratoires du coin de la rue. Il n’avait pas trouvé le sommeil cette nuit- là…. Quelque chose l’avait tenu éveillé. Quelque chose qu’il pouvait ressentir comme la peau
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délicieusement douce de cette femme dénudée qui avait passé la nuit à ses côtés. Il quitta la pièce, une serviette autour des hanches pour aller se connecter à son ordinateur mère. Il se passa la main dans sa chevelure soigneusement peignée avant de récupérer une puce électronique dans le buste d’un androïde aux allures masculines. Ce dernier portait le nom de Atlas et ce dernier le suivait depuis toujours. « Tu veux encore voler mes fichiers ? » lança une voix tout à fait claire et des plus agréables ». L’homme sourit dévoilant des fossettes creusant son visage ovale. Longiligne et tout en muscle, Mortensen aurait pu servir dans une brigade d’intervention, mais le destin en décida autrement : il était l’un des astrophysiciens le plus important de son époque, mais aussi l’un des plus contesté. Du haut de ses 27 ans, Mortensen restait un grand mélancolique et il souffrait d’angoisses permanentes d’ordre métaphysique. Il savait qu’il ne continuerait pas à faire carrière. Il voulait braquer ses télescopes sur les cieux et trouver un endroit sur Mars point encore infestée par les colonies venues de la terre. Tout n’était question que de temps…. « J’ai passé une mauvaise nuit, alors je veux savoir ce qui se passe là- bas ». * Mortensen se rendit au département en compagnie de son robot, franchit un sas et tomber sur une immense foule amassée dans l’amphithéâtre du Sénat. Une capsule radiotélécommandée arriva pour le conduire à sa place. A son arrivée, l’homme assis derrière la tribune ne prit pas la peine de saluer son subordonné. Une barre de sourcils grise barrait son visage et le dos vouté sur son bureau, il se
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pinça l’arête de son nez ; un tic nerveux qu’il avait acquis depuis sa dernière nomination à la présidence du Sénat. Comme tous les sénateurs, l’Honorable Mortensen portait une étole pourpre au- dessus de son armure rutilante et le casque à la main pris place au milieu de ses collègues sous la curiosité générale. On chuchotait dans les rangs, trouvant bien peu ponctuel ce savant, un des rares humains dont l’ADN n’avait pas été modifié par la Convention Civile. Le président intima à son subordonné de poursuivre. « Je disais donc qu’il a fallu 3 millions d’années pour que ceci devienne possible et….notre imminent chercheur A.B Taylor a contribué à cette formidable aventure. Nos ancêtres, sur une échelle très courte, réduite à quelques centimètres avaient fait ce pari. Des ondes, des vols habités quittèrent notre minuscule planète pour le cosmos, incertain et infini. La réponse nous a été apportée il y a à peine 1million d’année, la preuve que la vie pouvait être possible loin de nos équations banales. Une étoile plus importante encore que notre soleil fatigué et à bout de vie, nous avait présenté son rayonnement comme une invitation. Jamais encore l’humanité n’avait gagné pareil espoir. Hier, notre technologie a reçu un écho de cette super- gazeuse baptisée L2. Elle émeut toutes les 10 minutes, une force magnétique tellement violente que le restant de sa galaxie tend à se concentrer sur elle- même. Cette étoile, pulsar si on veut la désigner par un terme scientifique ne va pas s’éteindre. Elle émet par des signaux que nos ordinateurs interprètent comme un code. Car il s’agit bien d’un code… » Il porta un verre d’eau à ses lèvres posa fièrement un regard sur Taylor, incrédule qui les sourcils froncés étudiait du regard les derniers rapports enregistrés par les ordinateurs.
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Des images représentant L2 sur divers angles. Il fit un gros-plan sur ce qui pouvait être un flux d’énergie d’une force titanesque. L’émotion le gagna bien vite quand ses yeux descendirent d’une vitesse incroyable la liste des gaz et matières constituant la nouvelle étoile. Mise à part le proton, l’hélium, l’hydrogène, on n’y trouvait de l’eau sous forme d’oxygène en quantité minime. « Ces rayonnements cosmiques ne sont que des codes. Plus exactement une mélodie… ». Un brouhaha secoua l’assistance et les majors réclamèrent le silence par plusieurs fois. Mortensen, le cœur battant à rompre sous son armure, comprenant des circuits intégrés dans ce métal l’isolant des rayons solaires meurtriers. Le scientifique aux traits épais cherchait l’expression de surprise sur la face de Mortensen. « Ce n’est pas possible » l’entendit –il murmurer et comme réponse à cela, l’orateur poursuivit avec la même conviction. — Une mélodie parfaitement ! Un air musical que nos ordinateurs tentent d’identifier. S’il vous plaît, je réclamerais le silence une dernière fois pour toutes. L’humanité bien avant nous y croyait et maintenant tous nos efforts devront être concentrés sur cette étoile. L2 subit des cycles de 2ans, soit à notre unité de temps, sa propre rotation. Elle émet vers la Voie lactée, cette mélodie qui….s’il vous plaît, il me faut le silence pour poursuivre. Je répondrais ensuite à vos questions. Nous recevons ses messages que depuis hier, ce qui signifie que la distance entre nos deux astres nous ramène à plusieurs milliers d’années avant ma propre naissance. Cela nous ramène aux différents cataclysmes que subit notre planète bleue. Alors nous ne sommes plus les seuls dans l’univers, il existe bien une intelligence extra- terrestre capable de communiquer avec notre intelligence artificielle.
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— Mozart. Le conférencier se tut en interrogeant du regard Mortensen, plongé dans sa réflexion. « Pardon ! » Et Mortensen se mit à glousser nerveusement avant de croiser les bras sur sa poitrine. — Cette entité nous envoie du Mozart. Devant l’ignorance des uns et l’inquiétude des autres, A.B Taylor crut bon s’expliquer. — Mozart était un artiste. Un musicien, génie de son époque composant de la musique classique pour le bonheur de l’humanité. Quand je dis l’humanité, il est important que je souligne que des sondes furent envoyées dans l’espace. Le génie de l’homme ne pouvait se limiter à notre monde. En 1978, cette date ne vous dira certainement rien, les Etats- unis, alors composé l’un des cinq continents envoyèrent deux sondes dans le bus de se faire connaître. Et dans ces sondes, des éléments représentatifs de notre planète. Des détails comme la musique que l’on écoutait sur terre, une mère allaitant son enfant, des animaux pour le moins disparus tout comme des bâtiments. Des messages de paix et si le contenu fait glousser certains vous seriez émus de voir à quoi ressemblez notre terre avant de connaître le chaos. Cette entité dont on ignore tout répond à notre appel par la Flûte enchantée de Mozart. Un silence plomba la salle noire de curieux, bouche- bée et incapables de raisonner. Taylor se cala dans son fauteuil avant de projeter l’image de l’exo planète accompagnant l’étoile l2 sur l’écran géant holographique. Les yeux de l’homme brillèrent intensément et quiconque pouvait apercevoir la lueur dans son regard vert. « Cette étoile….est un mystère de la science. Si l’on agrandit la réception de l’image…merci. Derrière cette épaisse couche de gaz, une nouvelle force pousse la réflexion de l’Homme
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vers de nouveaux calculs, nouvelles théories et équations. Pour certains le rôle de L2 aux titanesques proportions, produisant plus d’hélium que des milliers de soleils réunis, sera les prémisses d’une gloire pour les milliers d’années à venir. Ce qui résume le fait que grâce à cette étoile une nouvelle page se tournera. L2 est un mystère que la science étudiera avec soin puisqu’elle contient en son sein toutes les réponses que l’Homme se pose depuis qu’il est sur terre. Sommes-nous réellement seuls dans l’univers ? » * A. N Wharton comprit qu’elle devait survivre et ce, à n’importe quel prix. Comme d’autre elle fit partie du programme GENESIS et comme beaucoup elle fut contrainte d’accepter de repartir pour l’une de ses colonies du système solaire. A bord du Condor, l’un des plus puissants et rapides vaisseaux construit par la main des robots, Wharton suivait des yeux la rangée de petits vaisseaux pilotes glissant le long de l’astronef mise en quarantaine autour de l’orbite de la station d’arrimage Andromède. Son ultime chance se trouvait être là, dans ce va-et-vient de vaisseaux pilotés automatiquement depuis cette plate-forme. Hissée sur la pointe des pieds, Wharton se mordit la lèvre jusqu’au sang. Elle pourrait échouer et se voir condamnée à vivre toute sa vie sur l’une de ses bases extra-terrestres comme colons. Cette idée ne lui plaisait pas, peu acceptaient de faire partie d’un programme expérimental. Le taux de réussite ne dépassait pas les 89% en raison des conditions nonoptimales de cette implantation dans ce que les scientifiques appelaient les « Tréfonds de la galaxie ». On en sacrifiait un grand nombre alors que les cybers refusaient le transport qui à lui
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seul conditionnait les plus ambitieux de ces individus. Wharton ne voulait pas entendre parler de cela. Des frissons parcoururent son dos. Son système nerveux restait empaqueté dans les affres de la complexité cérébrale ; elle ne ressentait pas la douleur physique. Les scientifiques du programme GENESIS utilisaient des cobayes humains pour mener à bien leur projet. Wharton jeta un œil sur sa montre .n’ayant qu’un créneau de vingt minutes pour gagner l’un des sas de transfert. Un créneau si bref en tenant compte de la présence des cyber chargés de la surveillance physique, les drones tournaient sans relâche dans les boyaux du Condor et les humains, ceux qui n’étaient pas dans les caissons se méfiaient de tout, non pas qu’ils n’eurent pas confiance en l’équipage du Condor mais bien parce que les longs mois de confinement les rendaient nerveux. Notre Wharton se retrouva dans la coursiveEst. Usurper l’identité d’un autre ne lui possédait pas de problème de conscience ; depuis toujours elle déjouait la surveillance pour se rendre à un endroit ou à une autre du vaisseau. Elle croisa deux cybers indifférents à sa présence et elle pressa le pas quand elle passa devant les caissons contenant des corps cryonisés dont ceux de GENESIS. Pour s’en sortir Wharton devait faire diversion et pour se faire déverrouilla l’ouverture des portes. Le premier à sortir de sa coque fut C. R Dwayne dit Acturus, une force de la nature à la peau halée et aux muscles saillants. A peine fut-il délivré de cette protection, il observa Wharton activant fébrilement les commandes des fonctions vitales de cet cyber. Bien vite son corps se réchauffa en raison des bombardements ioniques et il débrancha lui-même les capteurs biochimiques disposés sur son torse.
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« Sommes-nous arrivés à destination ? Le temps ne semble pas s’être écoula comme prévu. Qui es-tu au juste ? —Ouvre pour moi les autres caissons ! je n’ai pas le temps de tout t’expliquer. » Il comprit ce qu’elle entreprenait de faire et il refusa de s’exécuter marchant dans ses pas sans la lâcher des yeux. « Tu sais au moins ce que tu fais ? L’ordinateur de bord vient de repérer une anomalie dans le system-me et dans moins de trois minutes va procéder à la fermeture des portes. Tu n’as aucune chance de t’en tirer. Ce que tu fais est considérer comme un délit. » Wharton pressa le pas, consciente de ne pas être au bon endroit, au bon moment. Il fut vain de se hâter, déjà on les prenait en chasse. Les alarmes se déclenchèrent et un gaz paralysant fut envoyé à travers la coursive où se trouvaient être les résidants on ne peut plus téméraires. La dernière chose qu’elle vit avant de se retrouver être coincée sur le sol fut le balai incessant des petits vaisseaux. M. J Dickens, le capitaine du Condor, le Jupiter 452 fut averti du désordre causé en soutes et sans se montrer surpris il suivait des yeux le mouvement d’une sphère chargée d’alimenter son vaisseau en énergie ionique. « Qu’on les mette au confinement. Je ne peux rien pour eux. Si je devais me préoccuper de touts les gusses qui tentent de se faire la belle, alors je ne serais plus aux commandes de ce vaisseau. Erreur de programmation ? —Pas cette fois-ci répondit Arrington sans lâcher des yeux la manœuvre, les yeux rivés sur ses moniteurs. Il s’agit de l’une de ces vedettes du Programme Genesis. » Dickens se tourna vers Arrington ; ce dernier haussa les épaules. Il ne faidait que répéter ce que les cybers venaient de lui transmettre. Il savait au regard de Dickens que quelque chose
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clochait, il le connaissait suffisamment pour savoir quand son capitaine manifestait certaines craintes de type relationnel. « Ce n’est pas comme si nous avions des criminels. Ces types sont justes fêlés. On les envoie le plus long possible effrayer ne pas effrayer nos heureux donateurs. Tu crois qu’elle est entrain de lire dans tes pensées en ce moment ? —Non, je me contrefiche de tout cela. Notre vocation est de convoyer ce vaisseau d’un point à un autre quelque soit le chargement. —Mais il s’agit de Génésis, ce n’est pas rien ! Combien croient-ils qu’ils valent ? Le Sénat a dépensé des millions pour que dalle et….toi et moi on n’est pas censé se poser de questions. Dickens il est possible qu’on ne revoie jamais notre planète Terre et ce que l’on gardera de tout cela en mémoire c’est le néant. Je parle de cette putain de galaxie, Dick ! —quoi, ce boulot ne te convient plus ? Penses à t’inscrire sur les programmes de colonie. Avec tes références tu pourrais gérer ta propre unité de colons quelque part en orbite sur une exo planète au hasard. —Ah, ah ! Très amusant ! Donc, tu ne feras riens ? Tu es le capitaine de ce vaisseau, soit le seul maître à bord et en ce moment deux anciens du programme Genésis font rester confiner ici pour le restant de leur jour, alors qu’ils ne faisaient que visiter l’antre de ce Condor. Tu ne partage pas mon avis ? » Dickens pianota sur le rebord du bureau avant de croiser les bras sur sa poitrine. Son subordonné ne le laisserait pas tomber et cette décision plutôt qu’une autre ne le rendrait pas plus détestable, pas moins humain. Il expira profondément caressant sa barbe de trois jours. « Cette option n’est pas envisageable.
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—Mais moi je ne suis au courant de rien, capitaine. Comme je te l’ai dit ces individus ont autant le doit que nous de visiter ce vaisseau. » Dickens ne répondit rien. Ses yeux parlaient pour lui. Il appuya son doigt sur un bouton de sa montre et la porta à sa bouche. « Dickens pour Cassiopée ! —J’écoute capitaine Dickens, répondit une voix féminine. Quels sont vos ordres ? —Il y a en ce moment deux passagers que les cybers de la sécurité ont conduits en zone de confinement. Il s’agit d’une grossière méprise. Soyez aimable de les conduire en plateforme d’embarquement et de leur remettre une capsule à mon nom. Merci. » Cassiopée raccrocha avant de se rendre ellemême en zone de confinement avec l’empreinte vocale du capitaine : un sceau pour la liberté de ces deux passagers. Les cybers ne lui posèrent aucune question et elle œuvra pour guider les deux privilégiés vers la passerelle d’embarquement. Wharton n’en crut pas ses yeux. Jamais elle n’oublierait ce Dickens. Grace à lui, Acturus et elle allaient survivre bien loin de cette réalité.
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CHAPITRE 2 Mortensen observait Neptune à travers le hublot de sa nouvelle station spatiale en orbite depuis plus de 8 ans. Neptune de quatre fois plus grosse que la planète terre et trente fois plus éloignée du soleil que l’orbite terrestre restait l’une des plus intéressantes des planètes. Les quatre anneaux brisés de la planète gazeuse Liberté, Egalité, Fraternité et Courage avaient plongé des siècles d’astronomes dans la plus grande perplexité. Au- delà d’une distance baptisée « limite de Roche » les débris rocheux des anneaux s’accrétés pour former des satellites ou lunes. La station mise en orbite ajoutait ses effets à ceux de Galatée, l’une des six lunes de Neptune afin de stabiliser les arcs, rôle important que joue parfaitement ce petit corps de moins de 10 kilomètres de diamètre situé dans un endroit adéquat. D’un bleu profond en raison du méthane contenu dans les couches supérieures de l’atmosphère, Neptune était caractérisée par des marques à la surface et des bandes nuageuses. Son énergie de deux fois supérieure à celle de la surface produite par les rayons du soleil la rendait fascinante. Sa période de rotation relative aux étoiles était de 16h et 7 minutes avec une orbite de 165 années terrestres. Les scientifiques accueillies sur la station orbitale ne se contentaient plus des clichés pris par les différents télescopes spatiaux : voir les tempêtes et les ouragans de ses propres yeux valaient bien les quelques jours passés en état de veille assisté par de performants ordinateurs. Mortensen fronçait les sourcils ne parvenant à trouver une réponse à toutes les questions qu’il se posait depuis la découverte de L2, remontant à trois mois. Le travail qu’il accomplissait depuis des années n’était pas celui d’une dilettante et de devoir retourner sur Neptune ne le réjouissait
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guère, ayant passé l’âge des rodéos spatiaux sans véritable ordre de mission. Il s’y était pourtant rendu de son propre chef pour recueillir quelques données. Il voulait comprendre si Triton appartenait réellement à la ceinture de Kuiper car tous pensaient que le satellite à orbite rétrograde avait été capturé par Neptune, tout comme Pluton. S’approcher de Triton ne lui permettrait nullement de percer définitivement le mystère. Comme las de contempler la surface de Neptune, Mortensen émit un bref soupir avant de se tourner vers les consoles informatiques : quelques-unes des plus performantes mises en orbite. — Il me faut davantage de données. La supernova L2 émet comme des milliers de soleil. Elle semble prête à s’écraser sous son propre poids et pourtant il lui reste assez d’énergie en elle pour émettre. Mon défunt père aurait sans aucun doute eut une réponse logique à cela. Il m’aurait dit en me regardant droit dans les yeux, « tu sais fiston, il y a deux certitudes en ce monde celle de n’appartenir à aucun schéma et celle d’appartenir à un schéma- type ». Vous en pensez quoi Taylor ? Vous devez penser que je suis devenu fou ; faire ce voyage seul dans l’espoir de trouver une clef dans l’unique but de m’attribuer tous les honneurs du congrès. Je ne suis pourtant pas fou, cette planète émet du Mozart. L’ordinateur- mère clignotant pour affirmer la conviction de Mortensen. Il n’était pas fou et cette histoire à vous tirer les cheveux ne serait bientôt plus qu’un mauvais rêve pour les astrophysiciens de la planète terre. Il resta de longues minutes perdues dans ses pensées. La conquête de l’espace devait servir à l’humanité, la terre s’épuisait inéluctablement et si les hommes de part et d’autres du système solaire se battaient pour subsister, d’autres gardaient confiance en ces hommes. Mortensen ne pouvait échouer,
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n’importe quelle catastrophe terrestre pourrait définitivement anéantir ce monde dès lors caduque. Il étudiait la supernova L2 minutieusement à en perdre la raison. L’isolement, l’incompréhension, la peur le rendait ivre de travail. En liaison avec la terre, rien ne lui semblait plus surréaliste que les sons lointains des émetteurs radio. Tapant furieusement le poing contre les parois de sa capsule, il voulait chasser la mélodie du virtuose Mozart qui l’obsédait. On lui demandait de revenir, trouvant inquiétant son acharnement à comprendre ce que la technologie de pointe ne pouvait définir. Il fut sourd à tous les appels en provenance de la terre et au bout de quelques semaines seulement, il sortit de sa torpeur pour prendre contact avec les membres du congrès. « Station Neptune, Mortensen à vous...Station Neptune, je répète Mortensen à vous... » En proie à des parasites, il pensa à un problème de fréquence avant de tenter à nouveau un contact avec la terre. « Mortensen à vous...Il n’y a personne sur cette foutue terre pour me répondre ? » Il tenta une autre approche quand une interférence plus stridente que les autres lui déchira le tympan. « Appel de la station Lune pour Neptune Mortensen ». Il tenta un sourire. « Station Neptune j’écoute. Que se passe- t- il sur la terre pour que personne n’intercepte mes ondes ? ». Un nouveau silence plomba l’atmosphère au grand mécontentement de Mortensen. « Appel de la station Lune pour Neptune Mortensen…..appel de la station Lune pour Neptune Mortensen ». Exaspéré le représentant principal du congrès se passa la main sur son crâne avant de serrer ses mâchoires l’une contre l’autre.
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« Je vous écoute la Lune, alors que se passet- il sur Terre ? J’ai ré- initialiser mes ordinateurs de commande et de navigation pour quitter Neptune. Je demande à ce que la terre surveille les calculs de mon vaisseau pour ne pas me retrouver avec une barbe longue de plusieurs mois. Vous m’avez reçu la lune ? » Mortensen se dirigea vers l’un des hublots de la station, l’oreillette et son micro flottant dans sa cabine. Un problème d’ordre magnétique perturbait la communication et l’homme comprit que Neptune ne lui permettrait pas son retour sur terre avant un long moment. Il devait réfléchir à cette nouvelle donnée, consulter les ordinateurs de vol et contacter la cité orbitale la plus proche de leur position. La tête dans la main, Mortensen prit sa sage décision d’appeler le capitaine de l’astronef, s’avérant être l’un des plus expérimenté de la flotte intergalactique. Le doigt appuyé sur le bouton de liaison, il attendit un bref moment avant que ce dernier ne débarqua dans son habitacle. Mortensen apparut dans toute sa superbe. Le jeune homme escorté par Atlas entra en finissant une discussion avec l’androïde sur l’impuissance du Sénat à prendre des bonnes décisions. Il s’interrompit en voyant le scientifique démolir les maquettes représentant les nouveaux Condors ; vaisseaux les plus rapides conçus par l’homme et sur lesquels il travaillait depuis toutes ces années. — Professeur ? Qu’est- ce qui ne va pas ? Lança- t- il en s’interposant entre les maquettes et son créateur. Doucement, je crois qu’il est nécessaire que vous preniez un peu de repos. Vous travaillez sans relâche et avec le dépaysement du au voyage vous risquez de claquer sur place. Atlas, fais en sorte que l’on ne soit pas dérangé.
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La tête au- dessus des maquettes détruites, Mortensen tentait de recouvrer la raison. — Oui tu as raison petit, j’ai besoin de repos. Mais j’en suis incapable vois- tu, pas face à un vaisseau qui ne fonctionne pas. Cette épave tombe en ruine et il m’est insupportable de m’en remettre à un vieux tas de ferraille, incapable de mettre au point une liaison avec notre base principale. La communication semble brouillée et les superordinateurs refusent tout échange de données. — Parce que nous sommes en autonomie depuis maintenant deux mois. Ne dis pas que MON vaisseau est un tas de ferraille, je m’y oppose catégoriquement. Je le pilote maintenant depuis plus de dix ans et ce vieux Condor, l’un de vos premiers prototypes ne m’a jamais lâché. Mortensen ne put retenir un rire sarcastique venu du fond de sa gorge. — Un de mes premiers prototypes. Aies la franchise de dire que ce vaisseau souffre de quelques avaries. Si nous avons atteint Neptune, c’est grâce à la compétence de certains hommes ici, capitaine. Des hommes comme vous ou votre second. Des hommes capables d’endurer des mois de solitude pour permettre à quelques fanatiques comme moi de toucher des doigts ce que l’on peut qualifier de caprice. Rien ne m’a obligé à me rendre aussi loin pour étudier des astres. — Rien effectivement mais je ne peux me plaindre de votre compagnie. Vous êtes plutôt un bon consultant et vos calculs s’avèrent exacts ; non pas que vous ayez un ordinateur connecté directement dans votre circuit intégré mais parce que vous faites preuves de perspicacité et de détermination. Le professeur gloussa avant de redresser une partie de sa maquette endommagée « Il m’arrive de piquer des colères quand un des boulons décide d’échapper à mon contrôle.
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C’est comme si aucun des paramètres étudiés n’avait plus aucune fonction dans l’ordre des choses. — Ne pensez pas maîtriser. Il n’est pas humain de penser que tout doit être parfait et là, je m’adresse à l’homme de foi que vous êtes. Il faut se faire une raison en pensant que des erreurs sur des tests de routine valent mieux que des ennuis en haut, à des centaines d’années- lumière de la Terre. —Quel bon sens capitaine. Je pensais également à vous pour l’un de mes tests. Grandeur nature. Oui tu l’as bien compris. Je compte lancer un nouveau prototype, ce modèleci ». Déclara le scientifique en tendant une maquette qui aussitôt passa en schéma en forme d’hologramme sur la paume du capitaine au regard écarquillé. — C’est un Condor B12….conjugué au modèle B8 et B11. Une prouesse électronique sans précédent. Un véritable bijou si on peut étudier ses lignes, ses performances…Il faudrait équiper les astroports de nouveaux réservoirs d’antimatière. Cet engin si je ne me trompe pas se déplacera à la vitesse de la lumière - ce qui me semble quasi- impossible étant donnée la lourdeur de l’engin - mais je ne mets pas en doute vos capacités. A qui d’autres avez- vous pensé pour cette opération- suicide ? Et pour quelle destination ? — Je pensais à une étoile. Celle qui nous est la plus proche. — Proxima du centaure ? Non (dans un ricanement bref) ce n’est pas possible. Ce projet est dément. Je veux dire que personne n’a jamais quitté le système solaire. Les rares fous, jusqu’à preuve du contraire ne sont jamais parvenu à nous contacter. Proxima est à des milliards d’année- lumière de notre Terre, le terme approprié serait : douce folie professeur et ce avec tout le respect que je vous dois.
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— J’en ai conscience. Le vaisseau qui partira ne reviendra pas, c’est un fait. Le but est de tester la capacité des ordinateurs de bord et la résistance des hommes qui voyageront à bord. La cryogénie rentrera en scène, un savant calcul pour permettre à ces cobayes de se réveiller aux abords de Proxima. Vous ne comprenez pas l’enjeu de la situation. Les risques sont calculés, mais il est indéniable que le succès peut être de taille. M.J Dickens éprouva des difficultés à déglutir ; ce que lui proposait le professeur était dément. — Quelle gloire éprouverai- je à me réveiller après des milliards d’années de vol ? La terre ne sera plus aussi hostile, l’Humanité aura eu des chances d’être anéantie par l’avidité des hommes. Je n’aurai plus de famille avec qui faire partager cette joie et notre solitude sera extrême. Comment peut- on accepter d’errer pendant de longues années près de cette étoile ? Que pensez- vous que l’on trouvera de passionnant dans cette aventure ? — C’est à toi de me répondre. Tu es l’un des meilleurs pilotes que l’on ait pu croiser jusqu’à là et tu sais ce que cela signifie. Cette mission portera ton nom et toute ta descendance aura le privilège de faire l’admiration de tout un monde des plus avides. Beaucoup de pilotes, pour le moins inexpérimentés accepteraient ce contrat. Cependant je comprends que d’autres pilotes plus pragmatiques refusent de servir cette cause, trop soucieux de servir au mieux cet Empire, cette dictature qui fait de ses citoyens des robots. Mais si j’étais l’un d’eux je me dirai que mon existence là- bas pourrait être un superbe pied- de- nez à cette despotique pseudorépublique. Loin de toute civilisation, l’envie d’être autre chose me pousserait à accepter. Néanmoins je n’ai aucune qualification dans ce domaine. Alors il me faut trouver ce pilote ».
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CHAPITRE 3 Le congrès avait placé ses meilleurs hommes et ordinateurs sur l’étude de l’étoile et Mortensen fut incontestablement écarté. Rien ne justifierait les deux années sacrifiées du savant au nom d’un engagement personnel. Mortensen avait la réputation d’être borné, narcissique et si sûr de lui que la moindre de ses erreurs d’estimation suffirait à lui faire perdre toute crédibilité. On lui choisit un successeur avec plus de bons sens, qui ne compromettrait pas les efforts communs pour son propre intérêt. Comment survivrait- il à l’ostracisme dont il allait être la victime alors que tous avaient encore besoin de lui ? Dans la salle où fut rassemblée l’élite de la Recherche Spatiale et Scientifique, Mortensen se releva aucune des accusations de ses disciples. Il avait failli, prenant le choix délibéré de partir contre l’avis de tous pour Neptune puis n’avait pas écouté les ordres de retours sur terre. La désinvolte altitude d’un haut représentant ne pouvait être tolérée dans ce département où régnaient la droiture, la rigueur et l’ordre. Mais il ne pouvait rester muet face au mensonge prodigué par ses pairs : «- cette planète existe, n’allait pas m’en prouver le contraire ! » lança l’homme avec hargne debout devant l’assistance sidérée par sa fougue. « Je le sais au fond de moi comme une certitude que ce pulsar L2 n’est pas seulement une étoile gazeuse dont mes hommes ont reçu un écho il y a deux ans de cela. Il se puisse qu’il y ait une entité quelque part dans l’univers qui cherche à nous joindre alors comment pouvezvous rester assis à attendre que les événements se passent ? Vos calculs ne suffiront pas à
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comprendre notre univers mais suffisent à vous rendre bête et impuissant ». Il rentra chez lui pour braquer son télescope vers les cieux ainsi à la recherche des réponses aux questions qu’il se posait depuis de longs mois. Tenter de localiser des objets célestes à travers la chape protectrice contre les ultraviolets relevait de la patience et du savoir- faire. Au bout de 10 minutes d’essai de réglages assistés par ordinateur, il colla son œil sur le télé- objectif. — Que regardes- tu encore Mortensen ? L’univers est en extension alors ne comptes pas pouvoir en atteindre le fond avant un bon bout de temps. L’homme soupira face au sarcasme de son ordinateur. Il l’avait appelé « Atlas » et vivait avec lui depuis la fin de son enfance. Un cadeau de son père récupéré dans le bureau de ce dernier. Atlas avait subi des transformations sur son unité centrale rendant plus performante sa mémoire vive. Entre l’homme et l’intelligence artificielle régnait une certaine complicité. Ils se comprenaient en dehors des chiffres, des plans de calcul. Mortensen avait plus confiance en Atlas qu’à certains humains vicieux et perfides. L’ordinateur pouvait tenir de longues discussions et était capable de raisonner sur n’importe quel sujet. Il répondait à tout un système d’ultra- miniaturisation composé de circuits intégrés et de microprocesseurs ; ainsi « dopé » Atlas ne connaissait aucune limite scientifique, la vitesse des électrons dans le silicium par exemple fut un exemple de ses exploits. — Il va falloir que tu m’aides Atlas. Il s’agit de t’infiltrer dans la centrale pour récupérer ce qui m’appartient. Tu te sens capable de le faire. Au moindre problème je te débrancherais pour
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éviter que tu finisses désintégré par l’équipe de sécurité du département. — A quel genre d’obstacles aurai- je droit ? — Les pires alors il va falloir trouver une diversion pour t’introduire où tu sais. — Je pense en être capable. Laisses moi seulement 20 minutes, le temps pour toi d’en savoir un peu plus sur la pépinière stellaire d’Orion. Pour la diversion, j’ai pensé à un courtcircuit vers le secteur du département. Les codes sont simples à percer et une fois que l’alarme sera déclenchée, je rentrerai dans l’ordinateur central en me faisant passer pour un pare- feu. Et jusqu’à maintenant ça marche….si je parviens à ta petite requête sans échouer n’oublies pas de me citer à l’ordre du jour. Mais Mortensen était déjà dans les étoiles et plus précisément dans la pépinière stellaire d’Orion. Le télescope fit un grossissement de la supergéante rouge Bételgeuse. Il pouvait presque la toucher des bouts des doigts malgré les centaines de milliers d’années-lumière qui les séparaient. En orbite sur Neptune, il avait eu le loisir de contempler les étoiles les plus proches comme jamais encore. L’ordinateur de bord, performant au point de recevoir des données venant des confins de la Voie Lactée à une vitesse de ¼ de seconde (vitesse que met la lumière du soleil pour atteindre la planète tellurique terre) fut mis à contributions. Là, dans ce modeste appartement il jouissait d’une quantité de matériel, d’outil de détection et de mesure accumulée depuis des années de passion. Puis le scientifique déchu orienta son télescope vers une naine blanche, née à plus d’une centaine de billions d’années terrestres. Etant passée du stade de géante jaune, elle avait grossi pour devenir une géante rouge puis
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progressivement s’affaiblir pour aboutir à ce que Mortensen étudiait de sa lunette astrologique. Quelque chose l’intriguait. Il la connaissait sans vraiment la connaître et pourtant. .. Et il détacha son œil de cette vision funeste pour se tourner vers la tour de son ordinateur, sorte de totem encastré dans un des murs. « Lorsque j’étais sur Neptune j’ai assisté à des navigations de comètes, victimes de perturbations gravitationnelles. Elles s’allumaient en s’approchant du fourneau central qu’est notre soleil. Ces astres transportent un quelconque message sur l’origine du système solaire et celles qui longeaient Neptune en avaient un. L’une d’entre elles avait une traînée de gaz et de poussière qui dépassait les 150 millions de kilomètres, soit la distance Terre- soleil. J’avais suffisamment d’instruments sur moi pour savoir dans quelle direction elle filait. Celle- ci fonce vers nous à une vitesse de 25 000 kilomètre par heure. Je l’ai découverte lors d’importantes interférences vers la terre. La comète a brouillé les ondes durant plusieurs jours et….j’ai été pris par une vision. — Quel genre de visions ? Oh, sache mon petit que tous tes dossiers sont à la maison, mais il va falloir à présent que je me taise un moment. Ta sécurité en dépend. Tu peux les consulter en les télé- chargeant derechef sur les unités centrales annexes. On reparlera de tout cela demain ». Resté face à ses souvenirs, Mortensen se rappela de son sauvetage sur Neptune et de la réaction du corps médical en l’apercevant le regard hagard, une barbe drue et les joues creuses. Son état d’apesanteur l’avait cruellement affaibli et les heures passées en cellule de réanimation ne furent pas vains. De retour sur terre, il fut suivit attentivement de peur qu’il ne souffrit du « mal du pays ».
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La nuit, il ne parvenait à fermer l’œil et le cœur battant à rompre il revoyait en boucle la comète percuté la lune. Le satellite de la terre. Son père avait raison : on appartenait ou non à un schéma plus ou moins défini. Mortensen savait que les songes qui le hantaient correspondaient à un message. La comète en était-elle la cause ? Il quitta alors son objectif pour enfiler son manteau et sa casquette arborant l’effigie du congrès de l’astrologie. L’homme avait besoin de changer d’atmosphère, Alors il se rendit à la VGS (voyage galactique par simulation). Un endroit parfaitement dépaysant représentant les cieux scintillant de la voie lactée. Une somptueuse hôtesse vous présentait un confortable fauteuil, puis vous laissez savourer une espèce de narguilé qui vous détendez pendant des jours entiers. Mortensen avait réellement besoin de cela et les yeux clos sous cette voûte purent pour la première fois depuis des mois dormir d’un sommeil naturel. Quand il se réveilla, une cyber- hôtesse lui souriait Les humanoïdes et les cyber- humains vivaient en étroite collaboration avec les humains. La technologie extraordinaire des sciences et leurs applications technologiques contribuèrent à la transformation très rapide de la biologie et de la génétique. La bioéthique n’avait pas rendu l’homme pire aux cours des derniers siècles, au contraire les dérapages antérieurs le poussèrent à améliorer son environnement. De là le programme CBR vit le jour. De nombreux généticiens, scientifiques rentrèrent en piste pour façonner ce qui allait devenir l’intelligence artificielle de cette planète. Leurs génomes humains furent combinés à des microprocesseurs et si la déontologie du
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programme fit grincer les dents dans la communauté des citoyens ayant voté le CBR, elle obtint des résultats positifs. La demande dépassa incontestablement l’offre contraignant les laboratoires, forteresses inviolables à recourir aux humanoïdes. Les cybers, qu’ils furent les subordonnés des humains, occupèrent les meilleurs postes, de plus grandes responsabilités et un avenir plus certain. La femme qui se pencha sur Mortensen aurait fait battre bien des cœurs. Magnifique naïade aux cheveux noirs, son visage était emprunt d’une certaine dureté et d’une forte potentialité à la séduction. Les cybers possédaient un œil protégé par une chape d’aluminium. Où était emmagasiné quantité d’informations sur leur identité. L’homme ne voyait que la poitrine de la créature : une magnifique gorge aussi généreuse que ses lèvres. « Etes- vous déjà allé dans l’espace ? Avezvous été saisi par la beauté des lieux. Il n’y a rien sur terre qui l’égale, rien qui vaille la peine qu’en s’émeut. Vous êtes encore bien jeune pour comprendre mes propos et mise à part la lune, Vénus et Mars, je doute que vous soyez allez plus loin. Vous ignorez la composition de Jupiter et Neptune, vous ne la voyez qu’à travers votre télescope. Ici, vous vendez du rêve, de la détente et je vous jure que aucune reproduction ne sera égaler la formidable attraction régnant audessus de notre tête. Parce qu’il s’agit purement d’une attraction entre deux corps. J’aimerai tant que vous compreniez. — Mais je vous comprends professeur Mortensen. Je vous connais bien plus que vous ne l’imaginez et vous n’êtes pas seul professeur, mais un être supérieur. J’ai lu toutes vos œuvres jusqu’à la dernière. Cette étoile L2 qui émet des signaux….et j’ai une théorie là- dessus. — Vraiment ? Alors je serai curieux de la connaître ».
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L’hôtesse se plaça avec grâce devant l’homme, le torse baissé et la poitrine aussi visible que la couleur violette de son regard félin. L’homme spécialiste de la biochimie et de la biophysique ne put s’empêcher de rougir non pas par le spectacle s’offrant à ses yeux mais par l’audace du cyber prétendant avoir la clef de toute cette aberrante découverte « Cette étoile a vu le jour dans les minutes suivant le Big bang. Ce n’est pas seulement une étoile mais une comète transportant un message sur les origines de notre cosmos. Le message est clair, L2 a subi des altérations, transformant ses molécules en séquence par l’heureux hasard d’une « mutation génétique ». Les ditesséquences ont su évoluer pour constituer des cellules, celles-là même qui permettent la reproduction des instructions. — Et quand intervient votre théorie ? —« L’univers savait quelque part que l’homme allait venir », d’après un certain physicien des temps passé. Il y a quelque chose au- dessus de notre tête qui nous a donné assez de molécules pour respirer, pour dire « je » et pour nous faire se reproduire. Ma théorie est la suivante légèrement influencée par la « théorie des cordes». Ne vous ait- il jamais arrivé de penser qu’avant le « Big- bang » il y avait un autre monde dont nous sommes seulement les vestiges. Voici mon hypothèse professeur ». Mortensen fronça les sourcils. — Je ne m’appuie pas sur de pareilles hypothèses vous devriez le savoir pour m’avoir lu. Je suis un adepte de l’empirisme qui plus est. Pour moi l’expérience est à l’origine de la connaissance de à notre savoir quotidien à notre savoir scientifique très théoriques et fondamentaux. De là, intervient une finalité pratique qui nous pousse à une application technologique.
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—Cette étoile aurait pu échapper partiellement à « la purée primitive » et…. — Et ensuite ? Qu’allez- vous me dire qui n’est pas été dit, écrit, controversé ? Votre tentative de méthode hypothético- déductive ne m’intéresse pas. — Alors vous n’êtes pas sans savoir que le quasar L2 est la plus ancienne des étoiles du super- amas M 156 localisé à plus de quelques millions d’années- lumière de notre amas local. Mon hypothèse astronomique est la suivante ; si cela est exact et si le soleil se meurt en perte d’énergie, il se puisse que quelque part dans l’univers, une nouvelle force cherche à nous aider ou du moins à rentrer en communication. Il se puisse que l’évolution extraterrestre ait gagné des millénaires de développement technologique qui vienne à transformer notre perception de la réalité. Il se puisse que sur terre, on est la réponse à l’intérieur même de notre propre évolution darwinienne. * Mortensen fut de nouveau assailli par la vision qui le poursuivait depuis son orbite sur Neptune. Les comètes à l’origine d’importantes perturbations sur la base- Neptune voyageaient depuis des milliards de milliards d’années et l’équipe de scientifiques installée sur place haussaient les épaules, indifférents à la navigation des corps célestes. Pour eux, les comètes restaient ordinaires et totalement insignifiante. Mortensen eut alors ses premières visions. Quelque chose comme une importante implosion balayant tout sur son passage. Un énorme « Bang », probablement une reproduction d’un phénomène quelconque. Il vint à penser que la cyber- hôtesse avait raison sur la théorie des Cordes.
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Le cosmos pouvait être constitué de plusieurs univers dans lequel chacun agissait indépendamment des autres. Tout comme le « cannibalisme galactique », les univers pouvaient s’attirer ou se capturer. Mais dans ce foudroyant « Bang », rien n’en révélait l’origine. Il pouvait s’agir de la mort du soleil, de la collision nucléaire de deux corps gazeux l’un contre l’autre ou deux ou trois autres hypothèses plausibles. Cette nuit- là, il ne trouva pas le sommeil et pour pallier à ce problème, consulta son ordinateur aussi muet qu’une tombe. Par mesure de sécurité il avait été déconnecté, la brigade de sécurité du département RSS ne plaisantait pas avec les pirates de l’informatique. Vous pouviez écoper d’une peine de 8 ans ferme sur Mars, parmi les reclus du système planétaire. L’ordinateur placé sous silence émit un son semblable à un vagissement pour marquer son approbation, Alors que l’homme entêté faisait les cents pas dans l’appartement. La cyber- hôtesse n’avait pas été au bout de son explication. Frustré comme tout homme de sciences qui se respecte, Mortensen la tête dans la main s’en voulut. L’hybride, mi- femme, mi- robot pouvait détenir une part de réalité dans son discours innocent mais pourtant si cohérent. Il sortit de chez lui en trombe pour finalement apprendre l’atroce vérité. Le centre de « voyage galactique en simulation » n’avait jamais eu d’hôtesse correspondant à la description apportée par l’éminent scientifique. * Aux premières heures du jour terrestre, il se rendit au centre de RSS. Il voulait rencontrer A.B Taylor, l’un des jeune expert en exobiologie, un prodige des lois chimique, un redoutable mathématicien
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récompensé par ses récentes théories sur les forces découvertes ; neuro physicien passionné de médecine et chercheur en biochimie, l’Honorable A.B Taylor membre permanent du congrès de l’astrologie était un véritable génie. Mortensen l’avait chaperonné sur les premières années, puis le petit oiseau avait pris seul son envol vers les cieux et à présent on se l’arrachait d’un département à l’autre. Il était l’investigateur de nouveaux engins spatiaux et de puissants satellites capable de photographier des galaxies à plus de 20 millions de Km de la Voie Lactée. Une légende circulait à son sujet, un certain nombre de personne restait persuadé que A.B était issu d’une procréation assistée par ordinateur, tellement son génie impressionnait les foules. Modeste le trentenaire disait avoir grandi dans un endroit reculé du monde, là où plus aucune végétation ne poussait, là où plus aucune espèce animale ne survivait sans assistance vétérinaire. Il avait tout à gagner en s’investissant dans le projet de sa vie, celui de trouver la vie ailleurs que sur la sinistre planète bleue. Quand leur regard se croisa, Taylor s’interrompit dans l’entretien donné dans la titanesque salle de conférence du congrès. Se tenait dans l’encorbellement de la porte celui par qui sa passion avait vu le jour. La gorge nouée il fut incapable de poursuivre et tandis que son cyber- secrétaire cherchait à capter son attention, Mortensen quitta la porte pour attendre dans le couloir guère plus de 3 secondes avant que le jeune professeur ne l’eusse rejoint. — Professeur Taylor, je savais que vous me rejoindriez. Puisse vous inviter dans un endroit plus propice à la discussion ? A moins que vous ne regretteriez déjà votre assemblée de jeunes larves scientifiques.
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— Non. Je vais vous avouer que j’attendais votre visite. Disons que j’ai besoin de vos avis sur une chose bien particulière…. » * Le laboratoire se trouvait dans les sousterrains du bâtiment de recherche. On s’y rendait par un ascenseur à bulle dont l’accès restait réservé à un nombre très restreint de privilégiés. Puis après avoir emprunté quantité de passages avec des sas de sécurité à ouverture rétinienne, les deux hommes atteignirent enfin le lieu de recherche où personne ne sembla les remarquer, ayant mis à faire que de lever la tête sur les membres du congrès. Fasciné par ce qui se passait dans cet endroit mythique, Mortensen oublia la présence de son hôte pour coller son nez contre la paroi d’un accélérateur de particules. Il fut ramené à la réalité quand A.B l’invita à le suivre dans une salle annexe, fermée et surveillée par des humanoïdes aussi impressionnants que dissuasifs. Que pouvait- on bien cacher ici aux yeux de tous ? Le cœur battant à rompre, Mortensen talonna le conférencier pour se diriger vers un genre de tube d’où émanait une couleur verte phosphorescente, presque insupportable aux yeux des humains. « Il faut que vous compreniez que ce que nous verrons ici doit rester entre nous, pour la sécurité du département. — J’ai bossé ici avant même que vous sachiez résoudre les énigmes sur les lois les plus élémentaires de ce monde abstrait. Alors à quoi dois- je m’attendre professeur ? » Taylor enfila des lunettes le protégeant des ultra- violets élevés au niveau du tube et après l’avoir ouvert en sortit un tube à essai
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hermétique, vraisemblablement vide. Mortensen, bon élève s’assit derrière un atelier et à l’aide d’une pince s’empara du trophée de son collègue. A vue d’œil, il ne vit rien bien après divers grossissement aperçut électrons et protons constituant les plus anciens atomes du monde (hydrogène, lithium-7 et hélium) fusionnant pour produire de l’énergie. Mortensen s’emballa en y découvrant les métaux comme le fer, nickel, chrome, cobalt, cuivre, zinc. Ce qu’il possédait sous ses yeux n’était rien d’autre que le résultat d’une transmutation nucléaire à l’intérieur d’une étoile à quelques minutes de sa jeune existence. Plus précisément à quelques heures du Big- bang. Mortensen n’en croyait pas ses yeux et retourna sur l’ordinateur collé au tube à refroidissement. Comment cela pouvait- il être possible ? — C’est incroyable. On détient ici le cœur de l’univers, l’océan primitif à l’intérieur même de ce tube à essai. Comment est- ce possible ? Ces atomes n’ont pas vieilli, n’ont pas subi la moindre interaction entre les particules. Tout semble s’être interrompu alors que l’univers à plus de 18 milliards d’années. Où avez- vous trouvé cette merveille de la nature ? Taylor s’assit près de Mortensen aussi tranquille qu’à son habitude. — Il y a quelques mois de cela, sur Mars. Une comète venue des confins de l’univers et dont la route a été déviée par divers .corps céleste de la ceinture de Kuiper. Assez violemment pour la scier en deux blocs. L’un s’abattant sur Mars et l’autre poursuivant sa route quelque part sur l’orbite d’une planète. Peu nous importe laquelle. Les scientifiques basés sur place ont été victime de violentes perturbations électromagnétiques à tel point que nos satellites non put établir de signaux radios pendant plusieurs jours. — J’ai connu chose similaire en orbite sur Neptune.
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— C’est la raison pour laquelle je vous contacte. Le rapport de la base indique le passage de dizaine de corps céleste, il y a plus de deux ans de cela. Une dizaine mentionnée par le rapporte de l’équipe en orbite. Une seule seulement nous est parvenue alors que sont devenues les neuf autres ? Elles n’ont pu être désintégrées et aucun trou noir n’a été enregistré aux alentours de Mars. J’ai peine à croire que tous les hommes aient été victimes d’hallucinations et pires encore de visions. — De visions ? Le front de Mortensen s’assombrit et la gorge nouée interrogea l’homme du regard. — Ces hommes vont être rapatriés dans les semaines à venir par ordre du congrès. Je sais que cela est invraisemblable mais mes équipes se penchent sans relâche sur ce nouveau mystère et comme je ne crois pas au hasard….Tout ceci n’est qu’un passe- passe de la mécanique quantique, les transgressions se produisent autour de nous, dans notre système solaire mais aucune loi encore ne nous autorise à définir cette évaporation. Nous avons besoin de vous Mortensen. Je sais que vos brillants états de service n’ont pu malheureusement évité de vous faire mettre à la porte, mais si vous revenez le sénat se montrera clément, parce que vous êtes l’un des plus brillants astrophysiciens. Mortensen expira plein de sarcasme avant d’opiner du chef. — Alors j’ai quelque chose à vous dire. Quelque chose qui concerne directement le sénat et ses foutus représentants, lèches- bottes et geignards en toute sorte. Vous leur direz que…. je me refuse à leurs extravagantes décisions. Le département des Engins Spatiaux en Vol Habité (ESVH) requiert mes compétences pour construire de nouveaux vaisseaux plus performantes que nos « Condors ». Taylor pouffa ironiquement de rire.
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— Pour atteindre la lumière c’est ça ? Ils n’ont pas besoin de vous, pas même pour relire leurs calculs. — C’est ce que tu crois. Tu oublies peut-être que les plus puissants ordinateurs tout autour de toi ont été conçus par mes calculs aussi futiles que cela puisse te paraître et là où la technologie a échoué, j’ai su relevé le défit. Mes cellules grises resteront plus fiables que les microprocesseurs que l’on t’a intégré dans le crâne. — J’apprécie vos flatteries. Mais personne n’est interchangeable dans notre civilisation, pas même moi. Alors votre fierté mettez la où je pense. Mortensen se leva précipitamment. — Tu peux aller te faire foutre toi et ta belle gueule de diplomate. J’ai mieux à faire que de cirer tes pompes, tu as bien meilleur public à l’étage. Vas les rejoindre avant qu’un autre ne prenne ta place. Je pense que nous n’avons plus rien à nous dire. — Vous avez tort de réagir ainsi. Professeur, je n’ai pas fini….professeur ? » * La cyber- créature descendit de son véhicule à propulsion nucléaire, à faible particules d’uranium, de celui que l’on mettait dans les engins spatiaux pour les propulser loin à travers le système solaire. Eblouie par les miroirs omniprésents sur la surface de la terre, Caesar régla sa vision avant de lever les yeux sur l’imposant immeuble dressé devant elle. Des Véhicules Rapides Assistés par Ordinateurs (VRAO) passèrent silencieusement au- dessus de sa tête tel un essaim de mouches migrant vers plus propices à une meilleure existence. De nombreux tunnels permettaient le
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passage du personnel d’un immeuble à un autre et le cyber y accéda par des ascenseurs. Une speakerine à la voix sensuelle annonçait les différents bulletins d’information sous l’indifférence de l’employée hybride. Caesar alluma son micro fixé sur son oreillette et avant même de franchir le sas d’identification, la porte s’ouvrit dans un chuintement. Les caméras la fouillèrent de la tête au pied à la recherche éventuelle de microprocesseurs. Les pirates usaient de mille ruses pour voler des dossiers jugés confidentiels. Elle sourit pleine de sarcasme avant qu’une seconde porte ne s’ouvrit sur une myriade de corridors en tube s’entre- croisant. Là, des Véhicules Lents Montés sur Rails (VLMR) permettaient de faire la navette d’un pôle à un autre sans se fatiguer. Caesar en emprunta un disposant de quatre places et se retrouva en un laps de temps à la porte de son département. Des humanoïdes s’affairaient d’un bureau à un autre aux services des employés colériques du matin. Le cyber traversa le bureau quand P.T Owens lui fit signe de venir. Membre du sénat et Directeur des Missions et Vols Spatiaux (MVS). Jamais rien ne lui échappait. Le visage rond séparé par une barre de sourcils autoritaire, il portait l’étole du Sénat. « Entrez par-là, cyborg ». Caesar s’exécuta sans la moindre émotion de contrariété. L’homme à la chevelure ondulante prit place près de la baie vitrée après avoir fait sortir ses subordonnés. « Que c’est- il passé avec Mortensen l’autre soir ? — Il s’est montré distant au point de se fermer à toute discussion ». Et Owens croisa les bras sur sa poitrine, sceptique et contrarié par les événements. — Vraiment ? Je ne crois pas un mot. Mortensen aime les femmes, vous auriez dû le
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séduire et non rentrer bredouille. Mortensen est notre dernière chance, hum….vous avez saisi ? — Non, Répondit- elle froidement. — Ne soyez pas stupide Caesar. Vous savez comme moi que nous avons perdu des vaisseaux au retour de missions intergalactiques. Ils ont été détournés par des champs gravitationnels d’une force sans équivalence. Dieu sait où ils se sont échoués à l’heure actuelle ! Mais je garde espoir qu’une base en orbite les a récupérées quelque part. Les meilleurs pilotes de la mission Jupiter 452 pour la plupart. Mortensen connaît mieux que personne l’univers ainsi que toutes les forces régissant notre monde. Alors de quoi avez- vous parlé si ce n’est de mission d’investigation ? — Je lui ai émis une théorie sur le mystérieux quasar L2. — Vous n’étiez pas là pour cela, il me semble. Vos convictions scientifiques ne regardez que vous. Si ces hommes ne reviennent pas dans les mois qui suivent, je serai contraint de….de m’exiler sur Mars pour les années à venir et vous, comme assistante médiocre que vous êtes, allez finir dans un refuge pénitencier basée sur Vénus sans aucune chance d’en réchapper. — Je sais à quoi je m’attends mais votre homme en question n’est pas prêt. — Pas prêt ? Lança rageusement Owens la main posée sur le front. Il reprit le fil de ses idées en fermant les yeux face à l’attitude nonchalante de sa gracieuse subordonnée. — Il est prêt croyez- moi, plus que n’importe qui sur cette planète pour relever ce défi. — Mortensen votre « dernier espoir » comme vous dites est possédé. Il n’est plus le même depuis son retour de Neptune et son renvoi à la RSS la profondément affecté. Je sais, pour avoir infiltré son réseau informatique, qu’il a travaillé de longs mois sur la nucléosynthèse qui est la base de l’origine des éléments chimiques. Il avait émis différents hypothèses selon lesquelles des
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« trous blancs » se trouveraient à l’intérieur même de notre galaxie. — Et tout cela c’est révélait plus ou moins exact lorsque le quasar L2 a daigné se présenter à la face du monde. Seuls les quasars émettent une telle énergie dans l’univers. Cependant L2 n’est pas dans notre Voie Lactée. Ce quasar est quelque part dans le super- amas de la Vierge et jamais aucun humain sur cette terre n’aurait la chance de pouvoir l’en approcher. La distance est si importante que lorsque nous aurions fait la moitié du chemin au bord des plus rapides vaisseaux, le soleil aurait déjà englouti Vénus, Mercure et….notre petite planète. Tout cela ne nous même à rien. — Au contraire. Mortensen cherche à cacher quelque chose sur cette théorie des « trous blancs », ces galaxies parallèles qui fascinent les scientifiques les plus acharnés de notre merveilleuse époque technologique. Il sait quelque chose que tous ignorent et un événement se produira avant même que ces calculs ne s’avèrent exacts et…. L’homme nerveusement pouffa de rire. — Alors il va falloir que vous trouviez une astuce pour le faire parler.
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CHAPITRE 4 Mortensen debout face à un immense vaisseau en phase d’assemblage contempla l’étendue du génie humain. Des millions d’années d’évolution séparaient l’homme préhistorique et sa pirogue, de l’homme de ce jour et de son astronef. L’homme restait l’espèce la plus évoluée de la biosphère ; hormis quelques insectes, matières organiques que la révolution des bombes à hydrogène n’avaient pas altérée. Non seulement il avait su comment tirer profit de son environnement, mais encore l’homme avait cette capacité de transformer la matière pour en créer une autre et une autre, inlassablement. Attentif à ce qui se passait devant lui, Mortensen effectuait des calculs pour s’assurer de la progression de l’installation des périphériques. Dans pas moins de 45 minutes, les moteurs ioniques installés sur le vaisseau seront définitivement fonctionnels. Les Condors 5 partaient dans l’espace à l’aide de propulsion chimique à l’hydrogène et leurs puissants moteurs à ions du gaz xénon et à fusion nucléaire leur permettaient de traverser des années lumière sans avoir à recourir à la force gravitationnelle des planètes du système. En général, les Condors effectuaient de courtes distances Terre- Uranus, mais par un nouveau dispositif des scientifiques du département, ces vaisseaux pouvaient gagner Pluton en quelques mois seulement. Cet exploit, on le devait aux travaux de Mortensen certifiant que n’importe quel astronef se déplacerait désormais plus que par les liaisons électromagnétiques régissant les lois du cosmos. L’équipage ne souffrirait ni de la distance, ni de la gravité, ni de l’oxygène. Tous applaudirent le savant pour ses brillantes études réalisées et les sociétés privées
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investirent des billions pour s’approprier la marque de fabrique. Mais tous ne l’entendait pas de cette oreille. On avait besoin de lui ailleurs, dans des domaines plus poussées où son, intellect serait mis à rude épreuve. Parce que la journée toucha à sa fin, Mortensen se délaissa les cervicales avant de saluer ses acolytes installés dans les divers secteurs de l’important entrepôt d’assemblage, puis il coupa son micro, clôturant pour de bon son activité professionnelle. Il quitta l’endroit quand la lumière s’éteignit au-dessus de la tête. Pour la réactiver, il devait seulement appuyer sur une touche fonction de son bracelet mais en vain. Comme il ne craignait ni l’obscurité, ni les pirates Mortensen progressa à son rythme. Soudain, d’une vitesse fulgurante il placarda l’intrus contre le mur déclenchant sur le champ l’alarme. Les sirènes se firent entendre et les lasers traversèrent la zone de pénombre. Dans 6 secondes à peine les humanoïdes de la sécurité débouleraient par les plafonds pour fondre sur l’ennemi public. Il compta dans sa tête et au bout de la 4ème seconde reconnut la femme. Celle du VGS (Voyage Galactique par Simulation) et son réflexe fut celui de couper court à l’intervention. « Professeur, est- ce que tout va bien ? » Entendit- il, sachant pertinemment qu’ils étaient filmés en gros plan. La cyber- créature allait être scanné pour une vérification d’identité et il en aurait le résultat par hologramme, accompagnée d’une charmante voix féminine. —Cyber- humain. De sexe féminin. Nom de code : Caesar, spécialiste en bioéthique, biochimie. Travaille depuis 5 ans au département des Missions et Vols Spatiaux (MVS). N’a aucun antécédent médical. Casier judiciaire vierge. A demandé ce matin à 9 heures, heure solaire de
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pénétrer légalement dans votre complexe. Demande accordée. Tout est en règle. — Oui merci (il lâcha la femme regrettant la douleur qu’il venait de lui infliger) Est- ce là une façon de rentrer en contact avec les membres du personnel de cette noble institution ? — Et comment auriez-vous souhaité que je vins à vous ? Mortensen soutint le regard lointain de la cyber- créature avant d’en éprouver de l’embarras. Caesar détenait une part de mystère en elle, non pas qu’elle fut mi- femme mi- robot mais parce que Caesar ne reflétait aucun sentiment. Il avait affaire à un mur, un élément inébranlable visiblement incapable de reproduire un sourire sans qu’on ne lui intime l’ordre. Alors Mortensen détourna l’obstacle pour poursuivre sa route, refusant de répondre à la sournoise question. — Je sais que vous avez questionné le personnel de la VGS. Pourquoi si ce n’était pour me revoir ? L’homme s’arrêta, un rictus au coin des lèvres. — Effectivement mais cela ne vous donne pas la prétention de vouloir me faire perdre mon temps. J’ai assimilé que je n’ai jamais rien à apprendre des autres. — Vraiment ? Alors apprenez cher professeur que l’équipe scientifique en orbite sur Neptune vient de décédée. Toute l’équipe pas un membre n’a survécu, excepté vous. Alors dans les heures qui suivent attendez- vous à devenir cobaye de la science. Alors pour la prochaine fois où l’on viendra à se rencontrer, apprenez que l’on a toujours besoin d’un plus petit que soi. Resté seul dans le couloir, Mortensen les yeux ronds comme des soucoupes ne sut que penser. Aucun membre de la RSS ne l’avait prévenu de ces décès et dans l’ignorance la plus totale vivait les dernières minutes de liberté avant qu’une
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équipe médicale de sûreté ne vienne le chercher pour lui faire subir une batterie de tests, le rendant inapte à un éventuel voyage intergalactique. Un frisson parcourut son échine dorsale avant qu’il ne prit la décision de prendre le taureau par les cornes. — Ils n’auraient pas survécus de toute façon (lança le médecin du Centre d’Examen Médicospatial, B.K Scott. Leur taux de dioxyde de carbone trop élevé ne permis aucune amélioration du fonctionnement de leur globules blancs. La cellule de décompression ne fit qu’allonger leur coma de quelques minutes avant de déclarer leur décès. C’est une première pour les stations orbitale et tout porte à croire que les ordinateurs à bord ont été perturbés par quelques forces magnétiques, les rendant inaptes à se ré- initialiser. Vous allez sûrement demander à voir les corps professeur ? — Ce n’est pas faux à moins que vous ne les ayez déjà remis à leur famille. Le médecin aux cheveux bruns portant un collier roux sourit. B.K Scott avait une gueule d’ange et on ne pouvait pas lui en vouloir d’être surnommé « L’Apollon des cieux ». Passé médecin- chef de son département, il supervisait les départs des astrophysiciens, des colons, des condamnés, des touristes ainsi que leur retour sur terre. Tous les dossiers restaient archivés dans son esprit et pouvait se souvenir du groupe sanguin de chacun. Il conduisit son illustre invité vers la chambre de cryno- conservation en lui lançant quelques vannes, puis après avoir eu l’autorisation de pénétrer dans la chambre mortuaire, il se tut comme respectueux des pauvres âmes cloîtrés en ces lieux. Ils passèrent une tenue hermétique dans un sas de sécurité et une fois apprêté furent livrés à une température proche du –25 degrés.
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A travers son casque, Scott souriait avant de montrer du doigt une imposante porte en aluminium laissant échapper un voile d’azote liquide à son ouverture. Là des caissons disposés les uns sous les autres renfermés les corps des scientifiques décédés. Scott fit appel à l’ordinateur de la salle pour en faire apparaître l’identité de chacun. Scott fonça les sourcils, ne parvenant à détacher son regard d’une femme brune à la moue boudeuse quand soudain la vision apocalyptique le saisit le faisant plier de douleur. — Professeur que se passe t- il ? Professeur, vous m’entendez ? Il se réveilla sur un lit d’examen aussi brusquement que s’il venait de faire une chute de plusieurs milliards de kilomètres de profondeur en un temps record de 1,10ème de seconde. Abasourdi Mortensen regarda autour de lui, en nage et si secoué que sa gorge en était sèche. Scott décontracté quitta son fauteuil pour se diriger vers son patient. Les électrodes vérifiaient le pouls de Mortensen, sa respiration et son flux sanguin. Tout fut normal, mais alors que s’était- il passé ? Mortensen s’assit au bord du lit et la tête dans les mains recouvrait la raison. Il se souvenait à présent être entré dans la salle de conservation des corps. Il se souvenait du cosmonaute. Une des pupilles de la noble institution de cosmologie. Elève assidue et passionnée, L.I Woolf avait obtenue du galon pour ses différents travaux sur la supra- conductivité. D’abord, en bouleversant les lois de la thermodynamique qui selon ses réflexions restaient tout à fait rectifiables avec la réalité. De manière absolue, « le rendement » (concept chimique). La grandeur qui affirme que l’énergie existe sous de multiples formes, variant par la lumière, la chimie, la thermie, l’électricité
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et la mécanique ; Woolf démontra qu’un facteur extérieur pouvait altérer de manière relative toute forme d’énergie. Tout liquide par exemple, pouvait être un canal de choix. La scientifique obtint des fonds de la RSS pour mener des expériences en fonds océaniques. Une équipe de jeunes bleus s’installa dans une base maritime à plus de 3000 mètres de profondeur, où la pression reste une réelle menace. Comme le département de recherche valida sa thèse, L.I Woolf se vit allouer une chaire pour présenter une nouvelle théorie sur la matière contre l’antimatière. Peu de monde se déplaça pour écouter la conférence, excepté Mortensen en quête de nouveaux génies. Woolf n’avait rien d’une vedette et pourtant, elle obtint les recommandations des grands sorciers du ministère, ce qui prévalut à un billet pour l’Orbite de Jupiter. Une chance plus qu’un avancement, celle de contempler de très près la géante gazeuse et mettre en application les différents travaux sur la supra- conductivité. Avant son mystérieux décès, la scientifique connaissait l’existence d’une autre force de la nature : le transfert. « Vous vous sentez mieux professeur ? — Je ne suis pas certain mais….je dirais oui, détenant une grande partie de la vérité. — Mais quelle vérité professeur ? Demanda Scott des plus curieux. Il s’assit en face de l’homme au regard lointain avant de comprendre ce qu’il cherchait à lui dire. Un temps passa sans que la réponse ne lui soit apportée puis Mortensen sortit de sa torpeur. — Le quasar L2 va imploser dans les jours à venir. Ou plutôt devrai- je dire quand les 5 milliards de milliards d’années à venir. La lumière attire la matière. La matière attire la lumière. C’est là toute la vérité. Les quelques 30 milliards d’années nous séparant de L2 vont bientôt se réduire.
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— C’est l’âge de l’univers, non ? —Trente milliards d’années pendant lesquelles, le rayonnement fossile nous a laissé un message. La chaleur détruit l’information laissée aux premières secondes de l’origine. L’abondance d’hélium a chauffé à des températures de plusieurs milliards de données. Par ce grand brasier initial, toutes les informations ont été démantelées. Alors plus de souvenir, nos repères s’évanouissent et notre monde amnésique nous éloigne de la vérité. — Cette théorie a été partagée pour beaucoup, j’en conviens mais pas par tous, à savoir vos collègues du congrès. — Le « temps zéro » est le mur de notre ignorance. Et si depuis que la cosmologie existe, on n’est pas autorisé à parler d’un « début » de l’univers. Je pense que…quelque part l’univers attendait l’homme à venir ». B.K fronça les sourcils, cachant son scepticisme. L’Homme depuis des milliers d’années avait conquis l’espace avec une extraordinaire félicité. Après des vols en orbite, habités, le lancement de satellites, de fusées à fissions nucléaires, les colonies expéditionnaires, des terres à acheter, de nouveaux espaces à conquérir. Le rêve de l’homme d’aller plus loin ne pouvait s’arrêter en si bon chemin. De grands visionnaires prédisaient la colonisation des galaxies avoisinantes. Mais qu’allaient- ils pouvoir y trouver ? Scott eut une lueur de compréhension à l’image des enfants découvrant la réponse à un problème posé. « Comme une forme d’entité développée capable de combiner des atomes pour en donner une forme ! — Oui, c’est exactement ça. La nature est en perpétuelle gestation. — Mais tout cela n’est autre que de la chimie et vous devriez être bien placés pour le savoir ! Ce qui nous entoure n’est autre que des particules
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élémentaires, des combinaisons d’atome et de formule basique régissant le monde, mais rien ne suppose que tout ceci ait une réelle fonction. Nous sommes seulement le fruit du hasard. — Alors vous êtes de ceux qui pensent que la musique n’existe sans partition, que l’univers entier régit à des époustouflants degrés d’agencement et d’organisation matérielle. La quantité fantastique de réactions chimiques parfaitement synchronisées se cache derrière des actes de notre vie quotidienne et qu’en est- il de l’univers hein ? Si vous arrivez à parler et à comprendre ce que je vous dis maintenant, pensez-vous que quelque part au- dessus de nos têtes, le schéma a pu être reproduit par hasard ou non ? — Alors qu’on nous rapporte la preuve professeur. S’il existe des forces extraterrestres aussi évoluées que vous le prétendez, alors nous n’avons pas d’angoisse à nous faire quant à notre salut. Tôt ou tard, elles se manifesteront pour sauver l’humanité entière et nous applaudirons vos études d’exobiologie. Mais cela ne vous sauvera pas. (Il inspira profondément avant de poursuivre) Vous n’êtes plus le même Mortensen. Quelque chose a changé en vous. (Il se leva prestement en se frottant le front) Vous êtes une tête brûlée professeur, un forcené de travail et un admirable homme de science mais depuis votre retours, l’on s’inquiète de votre….récupération. Il serait nécessaire professeur que….enfin, nous aimerions vous passer sous le scan. — Des conneries, je vais parfaitement bien ! Tonna le scientifique en se levant. — Vous venez de vous évanouir et comme vous revenez de Neptune, de tels symptômes peuvent être la cause d’un trouble psychique. On procède ainsi pour les voyageurs de longue distance. — Vous commencez tout juste à vous faire connaître. Vous n’avez fait aucune découverte
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récente depuis votre intronisation et vous n’êtes malheureusement qu’un petit merdeux de quoi ? Vingt-huit ans, et vous pensez que je vais vous écouter. Le sénat ne vous délivrera aucune médaille pour cela, je vous l’assure. — Il ne s’agit pas de moi professeur, mais de vous. Vous souffrez de visions d’après votre entourage et…. — Taylor ne fait pas partie de mon entourage. Le médecin décontenancé ne sut que répondre. Pourtant, il n’en était pas à sa première expérience. — Vous êtes en état de choc professeur ». Mortensen pouffa nerveusement de rire avant de s’emparer de ses affaires personnelles pour ficher le camp quand le médecin lui bloqua spontanément la route. « A l’extérieur, vous risquerez de vous blesser ou de blesser autrui. Alors acceptez l’aide médicale comme une thérapie cognitive. Rien de plus sorcier. Suspendu dans ses pensées Mortensen ne fut pas long à recouvrer bien vite sa véritable nature et reprit le dessus. — N’y penser pas et je vous promets que si vous venez à poser, ne serait- ce qu’un doigt sur moi, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous faire rayer de l’ordre des médecins et vous regretterez le jour où vous avez tenté de me laver le cerveau. — C’est pour vous aider. 2% de nos voyageurs n’en reviennent pas et vous pourriez être dans ces statistiques si vous ne faites rien pour. — C’est bien, j’essayerai d’en prendre bonne note pour l’avenir. — Il se puisse que vous soyez malade…. » Avant que le médecin n’ait pu finir sa phrase, Mortensen bondit sur l’homme pour le neutraliser et en faire un otage. Il ne semblait pas plaisanter et la seringue serrée fort dans la main menaçait la veine jugulaire de ce dernier.
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— Avancez naturellement et à la moindre fauxbond, je vous enfonce cette seringue dans le cou. Scott d’abord paniqué se prêta au jeu. L’équipe de surveillance enverrait bien vite ses redoutables humanoïdes à l’assaut du scientifique déchu. La théorie du Chaos. Quelque part dans ce coin de monde, une force connue ou inconnue, visible ou invisible, palpable ou non palpable déclenchait des phénomènes à l’autre bout du monde ; Mortensen se répétait cela dans le crâne avant de monter à bord de son véhicule et larguer son otage au pied de l’institut. Il partirait loin d’ici avant que les événements ne prennent trop d’importance. Il avait encore un ami sur lequel, il pouvait compter. * L2 émit plus violemment lors de son deuxième rendez- vous avec la terre. Au département de sciences, tous les scientifiques restèrent sans voix, laissant à leurs puissants ordinateurs le soin d’enregistrer les pulsations de l’étoile, ce soleil aux dimensions si titanesque qu’on ne pouvait que trembler face à son gigantisme. En à peine deux ans, références terrestre, l’étoile avait triplé de volume pour devenir une géante rouge. Les premières images envoyées par les 12 satellites les plus lointains causèrent un moment d’effarement parmi les illustres membres du département, les rares privilégiés à avoir obtenu l’exclusivité du phénomène. L’étoile ne fut par rouge contrairement à ce que les hommes pensèrent mais bien bleue comme notre Neptune. Ce monstre stellaire allait connaître une fin proche, n’ayant vécu seulement quelques millions d’années. Le calme précéda la tempête. Le brouhaha envahit la salle. La géante bleue allait imploser, se concentrer sur son propre masse pour n’être plus qu’un trou noir. Taylor secoua négativement la tête face à ce
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scénario. Si l’étoile émettait un message, la logique voulut que quelque force développée cherchait à nouer contact, or la distance terre et L2 localisée dans le super- amas ne suffirait pas à rendre possible cette équation. « Silence messieurs ! Silence… » Les visages convergèrent vers le professeur au milieu de ses pairs. « Nous avons fait la plus découverte de notre siècle et probablement de l’humanité. Cette étoile aussi mystérieuse soit elle, s’éteint inexorablement... Messieurs, s’il vous plaît ! Je demande le silence (tous se turent lentement) Votre tâche actuelle n’est pas de baisser les bras. Ce que nous ferons maintenant restera un précieux témoignage pour notre descendance et…. — Vous croyez ? Lança l’excentrique scientifique- cyborg Sydney reconnaissable par la coque recouvrant son œil. Il portait des cheveux argentés et devait bien mesuré plus de deux mètres. — Quand il n’y aura plus d’hommes sur la terre, mais que des hybrides et des humanoïdes ; l’humanité se sera éteinte tout comme cette étoile et quand ce soleil qui brûle son hélium audessus de notre tête cessera d’exister, alors à quoi aura servit notre indifférence. L’homme chercha du réconfort auprès des autres hommes, tous noyés dans leur immense déception. Taylor se leva et après avoir expiré profondément et face à ce géant prit la parole. — Ce qu’essaye de dire mon collègue c’est que….l’entropie de l’univers fait que rien dans notre univers n’est immortel. La matière se compose pour ensuite se décomposer et disparaître. C’est ce à quoi nous sommes tous voués et même si les Intelligences artificielles nous survivent, le désordre des structures feront que l’univers redeviendra ce qu’il était à son commencement. RIEN.
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Un chuchotement traversa la salle, puis l’érudit poursuivit avec le même flegme. — Nous ne pourrons rien faire pour cette étoile ; seulement éprouver de la frustration pour ce que jamais l’homme n’apercevra. Notre si estimé « voisin de palier ». Le message est clair et s’adresse à chacun de vous : ingénieurs, astrophysiciens, chimistes, biologiste et exobiologistes, médecins et neurologues, astronautes et pilotes de vaisseaux. Ce message venu tout droit de L2 est implicite. Vous ferrez tout ce qui est en votre pouvoir pour non pas renoncer à ce projet un peu fou, mais bien au contraire, il vous faudra mettre en commun votre savoir et connaissance pour répondre à nos « voisins de palier ». Si l’étoile se meurt, assistons- la dans son agonie. Alors faites marcher vos cellules grises ! En entendant les paroles déclamées par Taylor à l’intention d’un auditoire en quête de dépaysement et de gros frissons, Scott pouffa sournoisement de rire. Depuis des mois, personne sur terre ne connaissait la retraite de Mortensen. Des avis de recherches via les satellites ne permirent de le localiser. La terre connaissait une su- population au point que toutes les semaines, des vaisseaux de convoyage quittaient la planète bleue pour des destinations plus exotiques. Pour la Lune, les demandes affluaient de toute part du globe. L’on s’y prenait des mois à l’avance pour finalement se voir proposer des destinations moins prisées comme Mars. A la frontière des deux mondes, les terriens manifestaient une patience extraordinaire. Les ressources primaires ne manquaient pas et les progrès de la science contribuèrent à l’élaboration de diverses molécules capables de reproduire des enzymes, des vitamines, sucres et acides aminés, essentiels au corps humains.
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Cependant depuis des siècles, les humains furent conditionnés pour non seulement observer les cieux mais également une fois dans leur vie faire un voyage interstellaire. Pour exemple, Scott dès sa plus jeune enfance connut ces évasions qui allaient affecter à jamais sa vie. Contempler la terre d’en haut lui faisait prendre conscience de l’invraisemblable mystère de la vie. Taylor, homme de foi avait le sens de la rhétorique mais ne put convaincre ni B.K Scott, ni Sydney, un cyber- scientifique excentrique et mesurant plus de deux mètres. Les deux hommes se retrouvèrent par inadvertance face- à –face devant l’hologramme de la super géante L2. Leur réflexe simultané fut la réécoute des émissions sonores interceptées par les satellites balistiques de la lointaine Pluton. — Ce n’est à mon avis rien d’autre que le plus gros canular de tous les temps. Lança Sydney de sa voix caverneuse. — Je suis également de votre avis. Tôt ou tard nous connaîtrons la fin de mot de l’histoire. Le sénat cherche à recueillir des fonds pour investir de nouvelles bases et si possible en implanter sur Vénus. Tous ces fanatiques me font peur, qu’espèrent- ils au juste ? Un monde meilleur que le nôtre ? (Scott essaya un sourire timide avant de tendre sa main vers le géant) je me prénomme B.K Scott, médecin au CEMS. — Pas ces futilités avec moi, je sais qui vous êtes. — Et bien vous devez être le seul alors, depuis plus deux heures tous ces nobles gros cerveaux m’ignorent superbement. Les deux hommes éclatèrent de rire avant d’observer tous les impressionnants génies se congratulant d’avoir la meilleure équipe de scientifiques sous leurs ailes. Quand l’homme brun au visage d’ange tomba sur Caesar isolée de la presse dont la beauté ne lui fut pas ordinaire.
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Une superbe étoile parmi ces novae, ces corps célestes en fin d’existence. Le cœur battant à rompre, il cherchait à se concentrer sur L2 dont le doigt de Sydney enfoncé dans la couche stratosphérique dissipa le gaz. « Si je peux donner mon avis là- dessus, je dirai que vous êtes en quête de vous-même…. (Il s’aperçut alors que Scott ne l’écoutait plus, observant la cyber- créature dissimulée par l’ombre des autres)….et de l’autre. Elle s’appelle Caesar et travaille au département MVS (Missions et Vols spatiaux). Un sacré bout de femme qui prétend que notre système solaire serait perçu par des « trous blancs » et que les disparitions de ces hommes en seraient la preuve. Pour la petite histoire, quatre missions ont échoué et le sénat demande des comptes. Je reste persuadé que la perte de leur vaisseau n’est autre qu’un dysfonctionnement des ordinateurs de bord, les fameux OGS (Ordinateurs à Guidage Satellite). Ils ont dévié de leur trajectoire pour filer dans les confins de la galaxie. — Vraiment ? Quatre missions et aucune trace d’aucun vaisseau ? — Aussi vrai que tu me vois. Des ennuis colossaux pour le sénateur P.T et son assistante favorite, la belle cyber Caesar. Si tu es intéressé je tiens à vous dire que c’est cause perdue. Caesar est aussi inaccessible que notre L2. Dans un commun accord, ils éclatèrent de rire, attirant les regards vers eux. — Je ne crois pas à cette hypothèse sur ces trous de verre reliant une galaxie à une autre. — Et pourquoi ? » Abasourdi par le ton de la question, Scott resta coi. Où cet inconnu voulait- il en venir ? « Et bien parce que….parce que cela ne peut exister. C’est absurde de penser que des cortex d’une distance équivalente à 25 fois notre galaxie, dont le disque est de 90 000 années-lumière de diamètre, pour être concis puisse relier un amas
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d’étoile à un autre. Un couloir incommensurablement étendu que personne ne peut penser que les trous blancs soient des raccourcis. — Ce sont des toboggans. Vous savez ce que sont des toboggans docteur ? Et bien essayez d’imaginer la vitesse que l’on gagnerait à passer d’un point A à un point B en un laps de temps. Scott fronça les sourcils. — Alors on retournerait dans le futur à une vitesse grand V. Non en fait, on vivrait simultanément les événements d’une galaxie B en étant nous sur la galaxie A. On n’aurait pas ce décalage de plusieurs milliers d’années. Mais tout ceci n’est qu’illusion. L’homme ne pourra jamais démontrer l’absurdité de la théorie des galaxies parallèles. — Alors vous venez de répondre vous-même à la question. Oui (il se pencha sur son interlocuteur pour le maintenir dans la confidence) L2 Nous envoie des messages vieux de plusieurs milliers d’années. La « Flûte enchantée » de Mozart. Et voilà qu’un an après, nous recevons la fin de la symphonie. Les dernières notes de ce prodige musicien. Elle nous la envoyée par un canal encore inconnu et tous ici se persuadent que nos ordinateurs ont accéléré le temps…..balivernes. L2 cherche à nous atteindre et en a trouvé le moyen. — Je ne vous suis pas trop bien. Nous atteindre ? Vous ignorez alors à quelle distance elle se trouve ? — Tous ces hommes qui vous ignorent superbement, ignorent superbement la théorie que des hommes tentent de faire accepter par leurs pairs. — C’est absurde. — Oui je trouve aussi. Mais le plus absurde et que manifestement votre père, le sage sénateur et ambassadeur de Mars partageait la théorie.
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Le jeune médecin examina l’assistance autour de lui avant de plonger son regard dans celui du cyber. — Qui êtes-vous vraiment en fin de compte ? J’ignore tout de vous mise à part votre vision du monde se résumant à des aberrations cosmiques. Amusé Sydney rejeta la tête en arrière pour exploser de rire à la grande surprise de scientifiques. — Vous savez comme moi que votre père n’est pas devenu fou. — Peu importe, il est mort et je respecte sa mémoire. — J’ai connu votre père pour avoir été son pilote durant de longues années. Il était un visionnaire prédisant un jour la découverte de cette étoile particulière que nous humains avons baptisé « L2 ». Il s’est éteint à l’âge de 127 ans, il aurait aimé vivre plus longtemps pour assister à cet événement. — Mon père ne se préoccupait pas de telles futilités. Il avait trop de responsabilités pour ainsi perdre son temps. Alors le cyber attrapa Scott par le bras pour l’entraîner hors de la salle. Le sas s’ouvrit encadré par des humanoïdes visiblement plus paisibles qu’à l’accoutumée. Il ne manifesta aucune résistance et une fois à l’extérieur devint le point de convergence des étudiants en quête de modèles. On chuchota sur leur passage et une fois à l’abri des discussions et interrogations des curieux amassés par département, Scott se détacha de l’inconnu. — Qui que vous soyez vous ne m’impressionnez pas. J’aurai pu déclencher l’alarme pour vous faire arrêter mais mon civisme veut vous laisser une chance de vous excuser pour votre acharnement et…. —Ecoutez-moi bien maintenant (sa voix fut grave et menaçante au point que le médecin
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recula) J’ai vu l’impensable à bord d’un vol en orbite à proximité de Saturne. Nous avons observé une manifestation cosmique d’une rare violence. Une hyper- nova dégageant une énergie de 10 puissance 47 joules. Si cela intervenait dans notre galaxie, la nuit se transformerait en jour et la terre serait littéralement vitrifiée. Ce phénomène est semblable au Big Bang….Il fut décelé par un flash de rayon gamma, le premier du genre. Plus de 1 000 milliards de soleils rayonnant durant quelques secondes. — Et où voulez-vous en venir ? — Si un cataclysme survenait non loin de notre étoile, le soleil, il n’y aurait plus de vie sur terre. Le flot de particules cosmiques balaierait les molécules de notre atmosphère et chaque centimètre carré de notre planète recevrait une dose mortelle de radiation. Le phénomène se produit une fois tous les millions d’années et dans une galaxie quelconque. — Quel baratin me servez- vous ! Brusquement les cheveux de Scott se dressèrent sur sa tête et une suée froide coula dans son dos. Son cœur se mit à battre fébrilement en pensant à Mortensen. Et si ce dernier avait raison en disant détenir la vérité ? Face au malaise du médecin, le cyber chercha à illuminer son visage d’un sourire se voulant rassurant, mais Scott pétrifié par la peur resta sans voix. — Je ne savais pas que mon anecdote allait vous causer autant d’effroi. Docteur ? (il claqua le pouce conte l’index pour attirer l’attention de l’homme) Quelque chose vous tracasse ? — Et cette hyper- nova est supposée être L2 ? La voix fut chevrotante, empreinte d’une folle émotion. — Oui et votre père avait prédit sa mort avant de s’éteindre dans une sordide chambre de désinfection.
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— Le sénat m’a…. (La main sur le front, Scott frissonnait) m’a envoyé Mortensen de retour de Neptune. Il disait que l’homme était malade, qu’il avait visiblement perdu la raison. Je n’ai pas prêté attention (il éclata nerveusement de rire) Souvent après de longs vols, les terriens deviennent nerveux et après un isolement de quelques jours, ils retrouvent leur quiétude. Mais pas Mortensen. Il disait connaître la vérité concernant L2. Le sénat continue à le chercher aux quatre coins de notre système solaire. Ils veulent le retrouver….Pourquoi êtes-vous venez me parler de cela ? — Parce que j’ai besoin d’un avis médical ». La surprenante métropole se dressait sous le dôme. Des immenses tours habitables en aluminium résistant aux radiations et puissant catalyseur d’énergie. La cité s’étendait à la surface en d’imposants buildings. La moindre parcelle de terrain servait un bien collectif et si se loger restait une nécessité absolue, on ne manquait pas d’ingéniosité pour gagner du terrain et les pires inventions voyaient le jour. L’uniformité s’appliquait aux sinistres bureaux au cœur de la nation dont on avait accès par des portes gardées par toute une armée d’humanoïdes. Vu du ciel, les plus grandes métropoles présentaient un parfait quadrillage et toute autre cité n’étaient autre que leur copie conforme. Des villes entières furent érigées sur pilotis dans les régions les plus inhospitalières. Tous les littoraux gagnèrent plusieurs kilomètres en superficie et le gouvernement, l’unique tissait sa toile inexorablement. Le Gouvernement démocratique Terrien (GDT) devrait prendre en ce jour une décision qui allait marquer l’humanité au cours de ces derniers millénaires. Fallait- il ou non ignorer l’étoile L2 ? Les membres élus des sénats de chaque grande métropole devaient faire connaître leur
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voix par visioconférence ou physiquement si leur disponibilité leur permettait. Si le « oui » passait, La RSS triompherait dans son immense bond pour l’humanité. Quand Taylor franchir les portes du lieu mystique, il fut profondément ému par le spectacle se dressant devant lui. Les trois grandes pyramides dorées, scintillantes sous le soleil de midi ; une parfaite illustration du génie de l’homme. Tant de beauté réunit dans un même endroit suffisait à émouvoir les visiteurs. A la base de la pyramide centrale se trouvait une immense surface dallée dont des sentinelles humanoïdes surveillaient les allées et venues des visiteurs. Une oasis entourant l’ascenseur central apportant fraîcheur et clarté, l’architecte qui en avait dessiné les plans avait scrupuleusement pensé à en faire pénétrer la lumière par des verrières superposées les unes par-dessus les autres à chaque niveau. Les terriens ne connaissant plus la sensation de vertige ne souffrirent ni de la hauteur ni du vide au- dessus de leur pied. La délégation de sénateurs dans leur toge noire à rebord de pourpre et d’or attendait au premier niveau où elle disposait d’une vue panoramique de la métropole principale. Taylor colla son nez contre la baie vitrée pour jouir de la vision d’un monde édulcoré reposant à quelques 500 mètres de hauteur, quand VZ890 le rejoignit. Le sénateur de petite taille, au regard de chat soupira. — La vue est imprenable n’est-ce pas ? Depuis des siècles l’homme n’est parvenu à pareille merveille. Et voilà que nous contemplons le monde dans toute sa splendeur. L’homme dévisagea VZ8 avant de retourner sur la cité étendue à ses pieds. — Alors vous n’avez jamais été dans l’espace ? Se sentir en apesanteur entre deux corps et certainement plus excitant que de sentir la gravité vous maintenir sur cette plate-forme.
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— Effectivement, j’ignore tout du monde extraterrestre si l’on peut le baptiser ainsi. Mes parents sont terriens et j’ai eu la chance d’avoir été conçue dans cet oxygène, contrairement à de nombreux bébés martiens ou lunaires. Pourquoi vouloir chercher ailleurs ce que l’on peut trouver ici ? Je me présente. Je suis VZ890 et j’appartiens au corps diplomatique de Titan. — Je suis heureux pour vous. Je sais qui vous êtes pour le lire sur votre badge. Sans se démonter face à l’humeur du scientifique, elle poursuivit avec la même allégresse. — J’ai lu quantité de vos travaux et j’ai particulièrement apprécié celui de la « sélection humaine ». La structure biochimique retient ses bons coups et ignorent ses bavures au point que l’ADN a su « bridé » le hasard pour une souplesse inouïe et une capacité d’adaptation à des conditions variées. La nature est ludique et généreuse et nous faisons partie de cette immense variété animale et végétale. L’homme est un accident de parcours dans ce cosmos vide et froid, un enfant du hasard « bridé ». Sans le hasard ne nous serions pas là. Taylor lassé du monologue du sénateur le citant détourna la tête vers les sas. — Je crois qu’il est temps pour nous de gagner nos sièges. — C’est curieux, je ne vous imaginez pas ainsi mais comme quelqu’un de plus arrogant, plus dynamique et je suis contente de constater que vous êtes…. — Normal ! Oui je n’ai subi aucune modification génétique et je suis tout ce qu’il y a de plus humain, contrairement à ce que l’on aurait tenté de vous faire croire. Bonne journée sénateur ». *
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Il tourna les talons pour s’engouffrer à son tour dans la salle installée sous le sommet du triangle. Pendant plus de trois heures, les avis divergèrent quant à la question de L2. Jamais encore un débat n’avait perdu en longueur. Les scientifiques d’un côté et les politiciens de l’autre défendaient leur point de vue à coups d’arguments tout au plus concevables. Sous le dôme, A.B Taylor gribouillait un dessin représentant un vaisseau pris dans ce qui pouvait ressembler à une lame de fond ; non pas qu’il s’ennuyait mais bien parce qu’il attendait le moment importun pour exposer son opinion. Néanmoins les politiciens perdirent le fil de l’histoire à l’image de pionniers perdus sur les terres inconnues et pour qui la boussole n’est plus d’aucune utilité. Peu d’entre eux avait quitté la surface terrestre pour les vols intergalactiques. Trop occupés disaient- ils pour se permettre de tels voyages en état de conservation artificielle, pour être exposés aux caprices de l’univers et finalement ne plus pouvoir revenir dans leur foyer pour être éjectés par accidents aux confins de la galaxie. De tels drames, pourtant rares ne furent pas à exclure des dangers rencontrés au- dessus. La MVS avait étouffé la disparition de ces cosmonautes. Trop de mystère non résolus risquant d’inquiéter les investisseurs. La réponse fut « non ». « Pourquoi ? » se répétait inlassablement A.B Taylor. — Ce projet ne verra pas le jour et nous défions quiconque de se lancer dans pareille entreprise. Nous avons des priorités et les citoyens que nous représentons souhaitent du concret, du palpable. Ils veulent être sûrs que nos décisions contribueront à un avenir meilleur. Ce n’est pas utopique de penser que nous pouvons améliorer la vie de chacun et vous, scientifiques êtes là pour veiller à ce que leur ordinaire
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ressemble à du rêve. Arrêtez- moi si je m’égare mais, L2 n’est rien d’autre qu’un passe-temps farfelu comme la science en connaît bien d’autres. Le débat est levé messieurs, ce fut un plaisir ! Caesar resta de longues heures sous le pommeau de liquide aseptisant et parfumé. Elle laissa couler le liquide sur ses cheveux, ses seins, ses jambes après cela, elle travaillerait un peu et peut être sortirait elle une heure ou deux pour se changer les idées. Son robot Orphée faisant don de prévoyance prépara les huiles de massage pour la cyber car après la douche le rituel voulait que la créature subir une série de palpations. Telle une nymphe des temps anciens, elle enroula son corps dans un drap avant de s’orienter vers la baie vitrée. De la fenêtre teintée, Caesar se demandait à quoi pouvait bien ressembler le monde avant que le chaos des guerres atomiques, la couche d’ozone réduite par les émissions des gaz carboniques, la montée des eaux destructrices dues au réchauffement de la planète ne viennent perturber l’écosystème de cette planète tellurique. Elle se dit que l’homme des temps anciens ne vénéraient pas assez leur planète tellurique pour la maltraitée de la sorte. Pour encore les décennies qu’elle aurait à vivre, son ultime combat sera celui de préserver la terre qui l’avait engendrée et la protéger des hommes si insouciants. Caesar savait que tôt ou tard on viendrait la chercher. Ce fut probablement pour cette raison qu’elle ne craignit ni l’immense robot, ni la bombe à défragmentation cellulaire. Elle ne souffrit pas de la minuscule flèche s’enfonçant dans son cou et avant que sa tête ne heurte le sol, son robot gisait en mille morceaux ça- et- là. Quand le colossal robot la ramassa sur le sol, Caesar laissa ruisseler une larme. La seule source de
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particule que les enquêteurs pourront identifier lors d’investissements sur le terrain. Depuis de longues heures, l’homme disséquait L.I Woolf dans la plus grande minutie. Non pas ses mains mais celle d’un robot ouvrait la peau sans en faire couler la moindre goutte de sang. Il aurait pu partir vaquer à autre activité laissant l’ordinateur opérer la chair du défunt professeur, mais B.K Scott voulait voir. Le cyber- scientifique croisé lors de la conférence au département de sciences l’avait empêché de trouvé le sommeil de longues nuits durant. Il avait tiré la sonnette d’alarme à sa façon. * Les corps des astronautes étaient infestés de rayons cosmiques. Pour les étudier, Sydney avait eu recours à des détecteurs spéciaux, empruntés dans les centres de vols et de missions. Les corps, source de radioactivité produisait du son, « un bruit de fond ». Les particules se mouvaient à la vitesse de la lumière et répondaient au nom d’électron, de neutrons et de noyaux complexes. Connus du monde ses sciences pour être le résultat d’une explosion de supernovae ou d’éruptions solaires, ces rayons cosmiques contribuèrent à l’évolution cosmique et biologique, apportant des mutations sur les molécules des gênes. B.K Scott ne faisait aucune découverte valant la peine de faire intervenir ses confrères de médecine et de recherches génétiques. Cependant, il se demandait comment ces poussières interstellaires avaient pu infiltrer un vaisseau aussi étanche que le leur. La moindre faille aurait suffit à tout faire imploser à bord, à commencer par la boîte crânienne des savants installés à bord et la terre aurait perdu leur contact. Il vint à penser que semblable événement avait du se produire pour les missions de la MVS. Des
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fissures dans la coque. Une implosion. Puis le silence radio. Tout savait que la vie tenait du miracle, un miracle appelé foisonnement nucléaire. Un miracle unique en son genre. B.K piqua du nez sur la console quand les micros disposé au- dessus de la table pivotante commencèrent à tintinnabuler comme des milliers de minuscules clochettes. Il se redressa si violemment qu’il manqua de choir. Ses songes l’avaient conduit sur une enquête en tant que médecin légiste, à bord d’une station spatiale. Des morts étranges frappant tout l’équipage et puis l’alarme se déclencha au moment où l’œil d’un cadavre s’ouvrit lui causant une frayeur terrible. Il comprit bien vite l’origine de l’alarme et désactivant la salle d’examen se précipita sur le corps de la femme gisant sur le matelas capitonné. La frayeur le tenaillait, l’obligeant à accélérer la cadence. En tout, trois cinq secondes avant que les pompes ne crachent un gaz de conservation des cellules. Si B.K ne parvenait à taire le système, le puissant gaz brûlerait ses poumons pour de longues minutes tandis que l’alarme générale du service retentirait de part et d’autre. L’alarme se tut et le cœur battant à rompre, le jeune médecin n’avait jamais pris une telle suée. Quelques années auparavant, quelque part sur Charon, le satellite de Pluton, les astronautes enregistrèrent une importante pluie de rayons cosmiques. La plus importante jamais enregistrer par l’homme et lorsque la terre reçut les données, l’espace- temps fut réduit à quelques secondes. A.B Taylor se dit comme tant d’autres, que ces particules ultra- rapides avaient franchi le système solaire depuis longtemps déjà. Alors que valait cet appel ? A en bien penser Taylor vint à penser au naufrage des vaisseaux de la MVS. Ils n’avaient pas échoué par hasard, pas avec le meilleur équipage et matériel. Sur Charon, les transmissions radio furent perturbées,
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Des blacks outs survinrent pendant plusieurs minutes endommageant les installations électriques non protégés au sol. Les terriens connaissaient le même phénomène sur terre lorsque ’intervenaient des tempêtes solaires. Taylor ne s’en remettant pas de l’échec cuisant et du peu d’intérêt que suscitait L2, ne fut guère plus enthousiaste en interceptant les messages gamma du satellite Charon. Il allait porter le verre d’eau à ses lèvres quand son vision- phone se mit à sonner. « Professeur A.B Taylor ? Equipe Luna 125, base : Mer de la Sérénité. 10h29 du matin. J’ai quelque message important à vous transmettre, à moins que je ne vous dérange…. Taylor fit signe à l’homme de poursuivre d’un air las et résigné. L’image passa sur un écran plat à haute résolution, le nec plus ultra du HighTech. — Je suis d’abord désolé pour le projet L2. Les membres de la politique sont des gens- foutre si je peux me permettre. — Venez- en aux faits, capitaine. L’homme eut un sourire désolé avant d’inspirer profondément. — Et bien….au nom de toute l’équipe, nous vous souhaitons un joyeux anniversaire ». La caméra zooma sur un groupe d’une vingtaine de personne flottant dans la salle dont les baies vitrées permettaient la vue magnifique de la Lune. Dans un même élan, le « JOYEUX ANNIVERSAIRE » atteignit les oreilles du professeur aussi surpris qu’amusé. Ses anciens élèves à 300 000 kilomètres de distance pensaient encore à lui. Il laissa échapper un sourire conquis. « Je ne m’attendais pas à tant d’honneur. Et qu’est- ce qui se passe en haut ? Je veux savoir s’il on a programmé des naissances et si les récoltes sous verre seront aussi meilleures que
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celle de Ganymède. Je pense souvent à vous les gars et l’idée me vient de….de passer vous voir ». Un « Ooooooh ! » général le remplit de joie. T.O Spencer, celui qui avait eu la folle idée d’appeler leur professeur était encore un jeune adolescent, noir à la mâchoire carré. Il voulait être le meilleur pilote de la galaxie et pour cela avait suivit des cours auprès de A.B pour mieux saisir les mystères de l’azur. A présent qu’il pilotait l’imposant astronef riche en cargaisons humaines, matériel, biochimiques et autres, le jeune premier gagnait en assurance tant et si bien que dans les mois à venir, on l’accréditerait de vols en orbite sur Uranus ou Neptune. « Et vous feriez ce voyage pour nous ? — En partie. A vrai dire, je pense que vous me seriez utile pour les prochaines recherches que je vais effectuer ». Les plus curieux s’interrogèrent du regard avant d’applaudir tels de jeunes enfants dont on promet cadeaux et distractions pour les prochains moments à venir. — Quel genre de recherches professeur ? (demanda T.O Spencer au paroxysme de la joie) Des recherches qui vous vaudront succès et gloire ? C’est aimable à vous de nous en faire profiter à titre de collaborateurs. — Pour l’instant, je ne peux m’avancer mais…. (Il se perdit dans ses pensées) Avez-vous subit des interférences sur vos radios ces derniers temps ? Les sourires disparurent des regards. — A quel niveau ? — Disons l’équivalent de tempête solaire. Un silence menaçant assombrit le comité. Les visages se troublèrent et certain cherchaient à faire diversion à leur façon. TO162 prit à nouveau la parole aussi éteint que les autres. — Qu’est- ce passa t- il que nous ignorions ? Vous êtes probablement le sixième à nous poser
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la question en à peine 24 heures et depuis deux ans, tout est calme au-dessus de nous. Pas le moindre problème géomagnétique. Enfin pourquoi ce subit intérêt pour nos émissions radios. Nous émettons énormément avec les Géantes parce que nous leur servons d’antenne de relais, mais nous n’avons subi aucune perturbation. De toute façon nos puissants radiotélescopes nous serviraient d’oies du Capitole. Est- ce tout professeur ? — Non. La station spatiale de Charon nous a prévenus de la présence de rayons cosmiques voyageant trois fois plus rapidement que la vitesse de la lumière, effectuant alors des pointes de 2 années lumières en ¼ de seconde. Or si mes calculs sont exacts, il se puisse qu’ils atteignent Mars dans précisément 3 semaines. — Et qu’est-ce que cela à de merveilleux ? Ce genre d’événements se produit perpétuellement et nous en sommes le fruit, le magnifique résultat de ce bénéfique apport atomique, renchérit T.O Spencer sous l’approbation de ses collègues soulagés par la nature des révélations de A.B Taylor. — Cette fois ci c’est plus grave. Je crains que les conséquences ne soient pas les mêmes. J’aurai besoin que vous scruter le ciel sans relâche, nuit et jour et que vos radiotélescopes reçoivent les basses fréquences en provenance de Jupiter. Jusqu’à mon arrivée sur la lune, j’aimerai que votre discrétion soit exemplaire. J’ai peur que le Sénat me coupe l’herbe au pied voyant là que de sombres pensées alarmistes ». Les humanoïdes chargés de la sécurité de la métropole ne furent pas longs à intervenir. Pas moins de 5 minutes après l’intrusion de B.K Scott chez Caesar. On se demandait toujours d’où ils sortaient, à croire que des entités entières végétaient encastrées dans les murs de chaque m² habitable.
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Le jeune médecin à la mine hirsute fut immédiatement drogué puis, jeté dans un véhicule prioritaire sans pilotes. Il se réveilla promptement piqué par la seringue du major braquant insensiblement un laser à lecture optique dans sa rétine, non pas pour y lire non pas le patrimoine génétique mais l’identité civile des citoyens frauduleux. Il en était à sa première infraction grave. « De la part d’un médecin, c’est surprenant ! » Ironisa Ulrich dont le professionnalisme n’était pas démenti. Fanatique de discipline et d’ordre, rien ne lui échappait pas même une minuscule pièce métallique manquante sur un des 120 humanoïdes affectés à son secteur. L’homme- cyber aux larges fossettes et au crâne aussi luisant que le plus brillant des miroirs administra une légère claque au prisonnier. Les cheveux tombant sur le front, telles des vrilles de vigne B.K se ressassait sa journée d’inquisition. Le cyber- scientifique Sydney avait littéralement disparu de la surface du globe ainsi que la splendide Caesar. Le sérum de vérité ne tarda pas à faire son effet et alors que le médecin luttait attaché sur son fauteuil, des dizaines de questions se heurtaient à la barrière de la conscience. Il ne comprenait peu de mots mais aurait tout confessé, de son vol de bonbons à l’âge de ses 9ans jusqu’à la surprenante découverte faite sur le corps de l’astronaute…. et alors que Ulrich le pressait de question, son esprit se concentré sur Caesar. « Elle a été kidnappée. — Et qu’est-ce qui vous fait penser cela doc ? — Elle est…elle est trop appliquée à son travail pour ne pas s’y être rendue depuis trois jours déjà. — Alors pour vous on l’aurait kidnappée ?
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Un sourire sarcastique se lit sur le visage cynique du major portait une combinaison aussi noire que son esprit. — Elle n’aurait jamais pensé partir. Pas après….pas après ce qui s’est passé là- haut. — Et que s’est –il passé là- haut. N’ayez pas peur mon garçon, vous avez toute mon attention ». Il se rapprocha de B.K pour lui prendre son pouls avant de reculer et visionner les derniers passages de la scientifique prises par les caméras de surveillance. Depuis trois jours en effet, par le moindre passage ni du cyber, ni du robot. Nulle trace de suspects, d’armes dans l’immeuble. Le calme habituel en apparence. « J’aurais dû le croire, mais je ne l’ai pas fait. — Qui ? — Mortensen. Je devais par ordre du sénat lui faire subir un scanner et l’histoire se répète. On le disait devenu fou tout comme mon père l’aurait été. Le scanner n’aurait été qu’un lavage de cerveau le même que l’on fait subir aux cosmonautes affectés par le « mal de l’espace ». — Le « mal de l’espace » ? — Oui. Les cosmonautes de longues missions peuvent souffrir de troubles psychiques et de visions. Les mêmes symptômes que les prisonniers enfermés dans une même pièce pendant de longs mois sans jamais en sortir. Les chocs post- traumatiques les rendent parfois inaptes à reprendre une existence commune et le sénat le fait interner. — Combien en avez-vous interner jusqu’à maintenant ? — Aucun. Je ne veux pas me sentir responsable de la bêtise humaine. — Un fin justicière. Et….parlez-moi des relations que vous entretenez avec la cyberscientifique de la MVS ? Est- ce votre maîtresse ? »
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Retrouvant comme une lueur de conscience, il se redressa plongeant son regard dans celui du policier, lui, gardant un œil sur le rythme cardiaque du médecin. « Non, je ne la connais pas. Elle ignore qui je suis. — Que faisiez- vous chez elle alors ? — Je voulais qu’elle me suive au laboratoire. — Pourquoi ? — Ils sont seulement dans le coma. Quelque chose les a maintenus en vie et j’ignore quoi. — Vous commencez à m’intéresser doc. (Il appuya sur une touche de sa montre- radiotransmetteur) Gammon, j’aurais besoin que vous veniez, j’ai un curieux individu devant moi. (Il releva la tête vers Scott plus attentif que jamais)Alors vous dites que quelque chose les a maintenus ? Vous devez tout de même avoir votre idée là- dessus. Un homme noir entra dans la salle aussi silencieuse que curieux. Bel homme d’une quarantaine d’année sur notre échelle du temps, il travaillait au Département depuis des années en tant qu’assistant auprès des gros bonnets de la Division 413, chargée des enquêtes sur les mœurs des citoyens. Puis, il postulat pour un poste à l’Autorité Publique. Un job qui consistait à veiller au travail des humanoïdes. Il mit au point de nouveaux paramètres pour rendre les robots plus performants sur le terrain et permis de nombreuses arrestations sur Terre et sur son satellite. Il alla se placer aux côtés de son collègue et croisa les bras très calmement. « Quelle était cette chose Doc ? — Je ne sais pas….probablement des atomes en pleine gestation. Que voulez-vous savoir de plus ? La chimie est très complexe et je ne crains pouvoir vous l’expliquer en quelques minutes ».
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Sentant que l’effet du sérum perdait en efficacité, Ulrich activa une seconde dose plus violente que la précédente, rendant ivre le pauvre homme de science. Le noir qui n’avait rien suivit au déroulement de l’enquête fronça les sourcils. B.K Scott ne voyait que la lumière des tubes de néons, les même que ceux brillant dans la métropole la nuit. Un filet de bave s’échappa de sa bouche pour aller souiller son pantalon en cuir et impuissant cherchait à se défaire de son engourdissement. Ses pieds engoncés dans ses bottes tremblaient fébrilement, toutes comme ses mains. « Avez- vous fait part de vos recherches à votre département. — Non. — Et pourquoi ? N’agissez-vous pas pour le bien public ? Si j’ai bien compris Caesar disparaît depuis trois jours sans donner le moindre signe de vie. En attendant vous faites la stupéfiante découverte de ces corps soit- disant morts mais qui finissent par s’avérer être dans le coma en raison de la présence de fortes activités atomiques. N’est- ce pas extraordinaire doc ? Je suppose qu’il nous faille retrouver les réponses à toutes ces questions. D’abord répondez à cellelà, où se trouve Mortensen ? — Il s’est accordé quelques jours de vacances. — Et où pensez- vous qu’il soit partit ? — Quelque part dans l’espace. Entre Mercure et Pluton. Il attend que L2 implose. — L2 ? Interrogea E.M Gammon. — Oui cette curieuse étoile découverte il y a deux ans. (Intervint le major)J’en ai vaguement entendu parler. Alors selon vous, l’étoile va exploser et est- ce que cela aurait quelqu’un influence sur nous, misérables terriens que nous sommes ? — C’est une hyper- nova…..elle détruira tout sur son passage…..sa propre galaxie…..Proxima du Centaure et la voie Lactée subira de violentes
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conséquences dont nous ne pourrions pas être témoins probablement. — Vraiment ? » Un large rictus se développa sur les lèvres de Gammon. Il n’en avait jamais entendu de si incroyables depuis ses nombreuses années de service au département de la Justice et de l’autorité Publiques (DJAP). « Qu’est- ce qu’on vous fait avaler comme sornettes docteur. — La nature est imprévisible…. L’homme noir se pencha au- dessus du jeune médecin pour l’impressionner. — Imprévisible comme vous ? Qui allait nous prédire qu’un gugusse atterrira dans notre bureau avec une effroyable effronterie ? De toute ma vie, je n’ai entendu pareille bêtise. Le gouvernement finance vos recherches et si vos confrères sont aussi frappés que vous, je vous promets que nos humanoïdes se feront un plaisir de vous interner pour cause de troubles pathologiques. — Je fais seulement mon travail. — Ulrich, il faut que je vous parle ». Les deux hommes sortirent, se regardèrent dans le blanc des yeux et secouèrent la tête persuadés que tout leur échappé à commencer par l’identité du suspect, son rapport avec la scientifique introuvable, son témoignage sur les incidents survenus sur son cadre de travail et enfin cette étoile L2. «Que pensez- vous de tout cela Major ? — Il nous vaut un spécialiste. Le meilleur dans son domaine capable d’appuyer les déclarations de ce type. —A qui pensez- vous ? — Ce grand chercheur dont tout le monde parle. Ce dénommé A.B Taylor. Je crois qu’il pourrait nous être utile ». La veille de son départ pour la Lune, A.B Taylor ne parvint à trouver le sommeil s’efforçant à
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chasser les propos du jeune médecin rencontré à la DJAP. La fin du monde….comment y croire. Assis à la table de culture biologique, il orienta son visage vers le singe Peggy jouant avec une balle trouvée sur le sol. Peggy avait fait de nombreux voyages intergalactiques avant de prendre sa retraite méritée dans le laboratoire biologique du chercheur en sciences. Peggy était un merveilleux compagnon de route, amusant et passionné par les jeux d’esprit. L’homme le prit dans le bras, le trouvant très nerveux. « Qu’est- ce qu’il y a Peggy ? Qu’est-ce qui t’effraie tant ma grande? Le singe lâcha la balle pour aller se réfugier entre les jambes de l’homme. Il montra ses dents avant de saisir la balle pour la taper furieusement sur le sol. — Qu’est- ce que tu cherches à me dire ? » Il poussa des cris plus assourdissants en se roulant par terre. Taylor se leva pour tenter de fuir la colère du primate. Ce dernier se précipita sur le rebord de la baie pour en tirer le store. La pleine lune éblouissait le ciel mais quelque chose de curieux se produisait sur tout le globe. Des milliers d’aurores boréales nappaient la surface atmosphérique d’électricité. Les détecteurs de rayons cosmiques prévinrent les stations spatiales et le branle- bas mis sur pied les meilleurs astrophysiciens de ces temps. Composés de protons à 85%, de particules alpha à 13%, d’électrons à 1% et de noyaux plus lourds comme le lithium. Cette énergie fantastique ne pouvaient provenir que de supernovae car étant de plusieurs milliards de fois plus grandes que celle que l’on arrivait à produire avec des accélérateurs de particules. Un proton par conséquent pouvait avoir une énergie équivalente à celle qu’il faut pour soulever une masse d’un kilo à quelques centimètres de hauteur. Pour qu’un gramme
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d’hydrogène puisse en faire autant sur terre, il faudrait utiliser toute la production mondiale d’énergie depuis 60 000 ans. Taylor fut sans voix et par conséquent incapable de répondre aux nombreuses communications de ses pairs. Le singe poussait des cris, tenant la balle dans la main et il la lança si fort contre la baie vitrée que l’homme en eut une peur bleue. Il braqua l’un de ses télescopes vers les cieux pour tout enregistrer et alors que le bras scrutait l’hologramme assisté par l’ordinateur de bord. Le singe se tut et les mains sur les oreilles ne supportant plus le son causé par les interférences. La lune avait certainement cherché à le joindre mais toutes les radiotélescopes n’avaient du émettre que des grésillements. Rien de plus. Il se connecta sur un des ordinateurs du centre pour contacter la Centrale Astronomique. Mais rien…..le singe sortit de sa torpeur pour se mettre lui-même au travail. Au bout d’une heure, Taylor quitta sa chaise suivit de Peggy refusant de lui lâcher la main. Il croisa d’autres astrophysiciens et biologistes travaillant d’arrache- pied sur le phénomène offert par la nature. Ils quittèrent le bâtiment pour appeler la VRAO stationnée non loin du lieu de recherches. * B.K Scott allait être relâché par la DJAP quand on leur apporta une femme aussi nue qu’un verre, incapable de parler et perturbée au point de répéter sans cesse la même chose : A.N Wharton. On retint le docteur pour lui montrer l’étrange femme dont aucune identité ne semblait avoir été enregistrée au fond de sa rétine. Pas de diode non plus à l’intérieur de son bras ; le seul moyen de repérer un individu sur terre.
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La créature se tenait au fond de la cellule, protégeant ses yeux de la violence des néons. Scott ouvrit la lourde porte blindée pour observer la femme. « Ne craigniez rien, je ne veux pas vous faire du mal. Comment vous appelez vous ? » La femme médusée passa ses doigts sur les lèvres du médecin, étonnée qu’un son puisse sortit de ce curieux orifice. En réponse à ce langage, elle fredonna de façon inaudible « la flûte enchantée » de Mozart, mais B.K Scott ne l’entendit pas. « Tu dois t’être égarée. Si tu es d’accord, on va sortir prendre l’air. Il l’aida à se redresser quand Ulrich le toisa du regard, d’un air menaçant. — Elle n’est pas en règle. Où comptez- vous la conduire docteur ? Encore à l’un de vos centres concentrationnaires pour lutter contre le « mal de l’espace » ? — Elle a besoin de calme pour se retrouver. Je vais effectivement la conduire où il faut et si dans 72 heures nous n’obtenons rien d’elle, vos humanoïdes n’auront qu’à venir la récupérer. — Si je comprends bien vous vous portez garant ? Combien de fois encore vous permettez à des sans immatriculés de se faire la malle, hum ? (il se rapprocha de Scott) Je veux votre rapport médico- légal signé par le sénat, sinon je la fais irrémédiablement bouclée pour complicité de non- loyauté envers mes subordonnés. Est- ce clair ? » Il leva les yeux au ciel tout comme ces milliers de curieux à travers le globe terrestre. L’inconnue aux cheveux bruns sut qu’elle n’était pas venue seule. Avec elle des milliards de milliards d’atomes capables de s’assembler pour former des cellules organiques, puis des molécules ? Ce déséquilibre fondamental engendrant des êtres humains. Les déchargent électriques
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frappent au hasard, dissociant et associant des fragments jouant un rôle important dans la création du ADN, capable de stocker des informations. Il se passa la main dans les cheveux, incrédule face à la puissance des rayons cosmiques. Le jeune médecin remit l’inconnue aux humanoïdessoigneurs du CEMS avant de prendre le chemin du département de la RSS. Il était plus de 22 heures mais ne fut point surpris de trouver tous les scientifiques à leur poste. Les puissants radiotélescopes remontaient le temps à 1 milliards d’années- lumière. La hyper- nova L2 avait fini par exploser 8 minutes et 20 secondes avant l’apparition des premiers rayons cosmiques. Le département sens dessusdessous se hâtait à prendre certaines précautions devant la nature du phénomène enregistré. Scott soutint le regard de Taylor avant d’oser un sourire triomphant. Mortensen manquait à la fête…..tout comme le défunt père du médecin. « Que devons-nous faire maintenant ? » Le professeur regarda autour de lui, craignant que la question de l’étranger n’engendre colère auprès des confrères du professeur. Le mieux serait de poursuivre toute existence mais…. « On a relevé des champs magnétiques de plus de cent mille gauss. La terre se met à trembler un peu partout dans le monde. De légères secousses, rien d’inquiétant si on n’en reste là. Ce qui reste le plus inquiétant….. (Il se perdit dans ses pensées) la plus inquiétant est l’erreur d’estimation. D’après nos savants calculs, les rayons auraient dû nous atteindre plus tardivement et de façon plus violente en admettant qu’il s’agisse de vestiges atomiques de la hyper- nova L2. — Il peut s’agir également des rayons provenant de divers corps célestes.
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— Bien entendu mais L2 a disparu. Aucun de nos radiotélescopes et télescopes capable de détecter des galaxies situés à plus d’1 milliard d’année- lumière ne l’ont retrouvée. Volatiliser. Envoler. Nous détections un fort rayonnement de rayons infrarouges qui signifie une très forte énergie. — Alors il ne nous reste plus rien à faire. La fin du monde prédit par Mortensen s’avérait être un sursis, professeur. — Pour combien de temps encore ? Il nous vaut retrouver Mortensen. Lui seul peut savoir ce à quoi nous sommes exposer. Quand il fut en orbite sur Neptune, son équipe fut victime d’hallucinations et de visions apocalyptiques après le passage d’une comète. Il se puisse que se soit la même échouée sur Mars, il y a 1 an et 6 mois de cela. Nous avons retrouvé dans un échantillon du corps céleste, des résidus nucléaires à l’état primitif, ce qui signifierait que la comète ait parcourut 500 000 années- lumière pour atteindre notre Voie Lactée. Cette comète viendrait de l’époque des protogalaxies apparues 500 000 ans après le Big- bang. — J’ai l’impression de ne pas faire partie de votre monde, ironisa Scott. Tout parut être de la science- fiction et je ne suis pas certain de tout comprendre professeur. — Alors il vous faudra accepter l’incroyable, car la mécanique quantique ne s’adaptera pas à vous ». La femme collée contre la paroi vitreuse cherchait à découvrir ce qui se cachait derrière ce large mur noir. Trop d’information lui venait tel un bombardement de données chiffrées, des codes dont il faudrait une clef pour comprendre. On l’avait habillée du costume blanc des contaminés du centre. Très près de la peau, le vêtement contenait de minuscules capsules de protéines, de sucre et d’acides aminés ainsi que des capteurs biologiques surveillant les organes
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vitaux. Plus de trois personnes assises derrière la baie étudiaient le comportement de la femme pour en déceler une particularité quelconque. Cette femme ne parlait pas, s’étonnait avec stupeur de tout ce qui l’entourait et visiblement souffrait de maladie mentale. La pellicule noire se souleva par laisser apparaître le corps médical impassible prêt à lui faire subir une batterie de tests psychologiques et psychomoteurs. En reconnaissant B.K Scott, elle émit un grognement en tendant la main vers lui pour l’atteindre. Mais en vain, la glace l’en empêchait. « Bonjour. Vous m’entendez ? » Elle porta la main à son cœur pour s’apercevoir que ce dernier battait la chamade. Cherchant des yeux la source du bruit, elle suscita la curiosité auprès des trois médecins chacun spécialiste dans un domaine particulier. La psychiatrie. La neurologie et un orthophoniste. Scott poursuivit, prenant soin d’articuler dans son micro. «Nous sommes médecins et tout ce que nous voulons et vous aider à retrouver votre passé. Tout comme votre nom, votre lieu de domicile. Enfin tout ce qui se rapproche de loin ou de près à vous. Nous allons vous faire subir des tests et votre collaboration nous est précieuse….si vous êtes prête ». Elle tourna longtemps autour d’elle comme cherchant une sortie, puis se mit à fredonner. « Que fredonne- t- elle ? Demanda la neurologue sans quitter l’écran des yeux. — Je n’en sais rien…..s’il vous plaît. Il faudrait que vous soyez concentrée. Regardez derrière vous. Un écran de couleur va apparaître sur le mur vous proposant divers animaux. Trois d’entre eux sont des mammifères seriez-vous les reconnaître, lança B.K. La femme bouche- bée avança vers les images pour les caresser mais chacune de ses tentatives se soldaient par un échec.
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— Que fait- elle ? Questionna le psychiatre à la voix nasillarde. — Mademoiselle s’il vous plaît ! Nous vous demandons trois mammifères. Si vous ne comprenez pas le mot mammifère, nous passerons à d’autres séries de questions ». Au son de la voix qu’elle ne connaissait pas, la femme examina le plafond. Le psychiatre éteignit son micro pour se retourner vers Scott. « Je crois qu’il n’y a rien à faire. Cette pauvre femme n’a visiblement pas la moindre idée de ce qu’on lui demande. Je peux l’emmener et éviter de vous faire perdre votre temps. La neurologue sourcilla. — Les scans n’ont rien révélé d’anormal. Il faut seulement être patient. Vous souvenez vous de cet homme que l’on a retrouvé sur cette plateforme. Il n’avait pas soufflé un mot pendant plus de 2 jours et puis brusquement il s’est mis à parler de son passé et de tout plein de choses qui on fait la stupeur des vôtres. — Mais cet homme était différent…. — Je ne vois pas en quoi professeur et si nous n’avions pas été là vous l’auriez fait interner. — L’erreur est humaine. —A un certain point oui ! » B.K Scott les laissa à leur querelle et ouvrit le sas de sécurité pour se retrouver avec la femme sous la curiosité de ses confrères. Elle ne bougea pas, attendant que l’homme lui tende la main. Son cœur s’emballa à nouveau et plus encore lorsqu’il prit sa main. Chaude et rassurante, l’étreinte lui fut une secousse d’émotion la première des nombreuses qu’elle allait découvrir. Les grands yeux améthyste de l’inconnue dévorèrent ceux du médecin. Il lui sourit l’invitant à se confier. « Comment t’appelles- tu ? Tu as bien un matricule. Le mien est B.K Scott ». Il sursauta au contact des doigts de la femme sur ses lèvres. Elle ouvrit la bouche pour en faire
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sortir des sons, mais rien ne vint. Il l’encourageait du regard, la sentant concentrée. « Bon….. (Elle chassa l’air de ses poumons avec difficulté, gonflant les joues et serrant fort la main de B.K dans la sienne)Bob….bonjour. — Oui bonjour (il sourit) je suis B.K Scott et toi ? — Bon….bonjour. Il sourit à nouveau ne s’attendant pas à ce que l’inconnue caressa sa joue et ses sourcils. — Tu as un matricule ? — Bonjour. Hello…. — C’est bien ? Je suis donc heureux de faire ta connaissance ». En même temps la neurologue entrait le début du matricule pour recenser tous les LO du système solaire. Plus d’un millier. Des brunes : 4 200 ; perdue : aucune ; ayant demandé résidence sur Terre : 320. Demande rejetée : 12. Groupe sanguin : AB+ : 3 dont l’inconnue. Approchaientils de son identité ? — D’où est- ce que tu viens ? — Guten tag ». L’homme fronça les sourcils. Elle employait les anciens dialectes des peuplades d’Europe. Mais pour quelle raison ? Il en conclut que l’inconnue était atteinte de folie et que son cas serait irrémédiablement classé. « Qu’est- ce que tu as dit ? Guten Tag ? — Guten Tag. C’est un dialecte ancien. D’où estce que tu viens ? » Au bout de 48 heures sans autres résultats que les salutations en dialectes anciens et l’unique mélodie qu’elle connaissait ; B.K Scott contacta la DJAP après la signature d’un membre du sénat. Il ne voulait pas être dans l’illégalité. Comme personne ne semblait la réclamer, le Département de Justice envoyait les nonimmatriculés dans les colonies minières de la Lune ou de Mars.
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Scott savait qu’elle aurait une chance de s’en tirer sur la Lune. Les équipes au sol traitaient correctement les criminels ou les simples d’esprits comme elle. Le trajet pour la Lune se faisait en quelques minutes seulement. B.K Scott supervisa les examens médicaux de routine et pâlit en apercevant A.N Wharton. Elle le reconnut bien évidemment serrant dans ses bras le peu de bagage remis à l’entrée du site. Alors que les enfants s’émerveillaient devant les 5 merveilleux astronefs stationnés à des kilomètres de là, les volontaires se terrèrent dans leur coin. Quand A.N Wharton passa devant le médecin, ce dernier leva sournoisement les yeux vers elle. « Tout va bien se passer tu vas voir ». Puis, elle suivit la presse d’explorateurs et propriétaires lunaires. Les humanoïdes les conduisirent à travers une large rampe d’accès, croisant ceux de retours de missions, las des 4 jours réglementaires de quarantaine. Mortensen croisa le regard azur de la femme et poursuivit indifférent à ce qu’il venait de regarder. Une nouvelle équipe médicale de cyber- assistant distribua des cachets pour le mal du transport. Ils pénétrèrent dans l’astronef d’une hauteur de 347 mètres. Les humanoïdes les aidèrent à s’installer dans les cellules capitonnés. Des sangles. Partout des sangles. A.N Wharton fut écartée du reste pour un espace réservé aux hors- la- loi. Puis l’ordinateur du bord les invita à prendre part au décollage. 10….9….8…..7…6…5…4…3….2….1…MISE A FEU. La femme sentit son cœur se décoller de son torse pour gagner le plafond et parmi les 140 proscrits, pas uns ne sembla souffrir. En quittant l’atmosphère terrestre, l’astronef prit de la vitesse pour gagner 90% de la vitesse de la lumière. Les premières secousses firent place à la douceur de l’apesanteur. Autour d’elle l’univers n’était qu’un vaste arc- en- ciel. Bleu dans la
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direction de la lune, vert - jaune sur les côtés et rouge vers l’arrière à cause du mouvement des galaxies dans l’espace. Puis en se rapprochant de la zone d’atterrissage, l’arc- en- ciel s’estompa pour prendre une teinte rougit. A.N Wharton serra les fesses craignant que la vitesse ne fût réduite à l’approche du sol lunaire. L’astronef se posa non loin de la mer de la Tranquillité. Une vingtaine d’édifices de formes circulaires illuminaient le désertique paysage. L’énergie provenait d’une centrale à fusion nucléaire. La forme en colimaçon offrait plus de résistance aux chocs de petites météorites et aux énormes écarts de température. L’absence de gravité était palier par le fait que les édifices tournaient : la force centrifuge tenait chaque chose collée aux parois extérieures, en simulant la force de gravité. De nombreuses biosphères reconstituaient artificiellement et équipées de panneaux solaires apportaient de l’oxygène par la photosynthèse chlorophyllienne. Les humanoïdes aux voix sensuelles aidèrent les passagers à enfiler leurs tenues de sécurité. Une larme ruissela de l’œil d’A.N Wharton sans qu’elle ne sache comment et pourquoi. A.B Taylor la remarqua et discrètement s’approcha de l’inconnue au regard mélancolique. « Cela fait toujours cela lorsqu’on voit la terre de si loin. Elle nous est si belle et si familière que l’on s’en émeut de la laisser, déclara-t-il en fronçant les sourcils décontenancé par la petite lueur au fond du regard de l’inconnue. Le monde est fascinant n’est- ce pas ? Je dois y aller mais l’on sera certainement appelé à se revoir. Au plaisir ! » A.N Wharton n’avait pas compris un traître mot et suivit du regard le professeur disparaître au milieu de la foule de colons. Les humanoïdes très patients aidèrent la créature aux grands yeux expressifs, soulignant une perpétuelle expression d’étonnement. Lors de l’injection d’une diode dans
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son bras droit, elle ressentit une vive douleur, la première depuis sa venue dans ce monde. Nouvellement baguée, enregistrée, habillée l’aventure pour A.N Wharton se poursuivit à bord des Véhicules Lunaires à Fusion Nucléaire (VLFN) ; de curieux engins munis de chenilles multidirectionnelles. Les secousses amorties par les pneumatiques, les « travailleurs volontaires » n’eurent pas accès au confort des autres transports mis à la disposition des novices. La traversée fut longue et épuisés les hommes repus de fatigue eurent des difficultés à quitter leur siège. Dans l’immense couloir pressurisé, on les obligeait à porter leur esthétique scaphandre et leur bouteille d’oxygène. Wharton souffrit de vertige et manquant d’air retint l’attention du chef de peloton. A.B Taylor intervint à temps avant que ce dernier ne se mette à siffler. « Je suis A.B Taylor. Tu devrais faire attention à ton matériel. Il t’est prêté pour toute la durée de ton séjour et l’équipement est la pièce principale de tout bon volontaire ». Après la traversée du couloir, telles des pensionnaires de quelconque institut, les femmes furent séparées des hommes. Elles prirent leur quartier au troisième niveau de l’édifice en colimaçon. Quand A.O entra dans l’espace couchette, elle feignit la surprise puis posa son barda sur un vulgaire matelas. Collée contre la baie vitrée Wharton s’amusait de la rotation du bâtiment sans se soucier de la présence de sa voisine de dortoir. « Vous vous en remettez ? Je vais être votre voisine. J’ai demandé à être volontaire pour faire partie de la prochaine expédition dans les cratères. Je suis géologue de profession et je passe plus de temps avec les pierres qu’avec les hommes. (En s’asseyant sur le rebord de la couchette pour se déchausser) et vous ? Que
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faites- vous ici ? (face au mutisme de la femme elle tenta un sourire) dites-moi si je parle trop. Parfois, j’ai tendance à trop délier ma langue ». A.N Wharton brusquement détourna son attention du décor pour s’asseoir près de la géologue à la chevelure noire à l’aspect étincelant, au regard perçant tirant sur le gris. A.O, la scientifique aux tâches de rousseur fut saisie par la douceur de la terrienne, pas seulement part les traits du visage mais encore par sa peau, une texture onctueuse, celle d’une pêche. A.O se laissa caresser par l’inconnue, cherchant à percer le mystère de leur langage. L’évidence fut la suivante : les hommes communiquaient à travers des sons, une mélodie loin de « la Flûte enchantée » de Mozart. Les sons produisaient des syllabes, des mots, des expressions. Un code et pour percer le mystère de ce code, Wharton avait dû retenir plus de 15 478 965 230 mots. — Je suis…je suis A.N Wharton. A.O perdue dans ses pensées n’ayant jamais rencontrée de toute sa vie une femme souffrant de troubles du langage parce que tout malade était soigné quelque pouvait être la maladie. « D’accord et qu’est- ce que tu espères obtenir sur la Lune ? Les colons viennent tous ici avec un rêve. — Je suis volontaire…pas colons. — Alors tu seras bien récompensée. Ils attribuent des terres après plusieurs mois de service. Ecoutes si jamais tu as besoin de quoi que se soit n’hésite pas à me contacter. Je travaille beaucoup, mais ma présence ne devrait pas te déranger. Si l’expédition dure plus longtemps que prévu n’hésite pas à me dire que je ronfle un peu trop la nuit ». A.N Wharton restée seule dans le dortoir retourna à l’observation de l’environnement lunaire. Elle avait appris sur terre que le jour précédait la nuit et la nuit au jour indéfiniment.
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Assez longtemps espérait- elle pour protéger l’humanité d’une toute autre nuit sans lendemain. * B.K Scott la tête dans les étoiles, observait la lune. Après les événements survenus sur la terre tous les yeux, télescopes et radiotélescopes étaient braqué vers les cieux. L’astronomie ne l’avait jamais intéressé et voilà que depuis plusieurs semaines, témoins de nombreux phénomènes chimiques, il ne pouvait que porter plus d’attention à l’univers. D’une vie ordinaire de médecin à la CEMS, il était à celle d’un enquêteur. La disparition de Caesar le bouleversait, plus que le départ de la curieuse inconnue pour la Lune. Il savait qu’elle ne reviendrait pas. Les majors de la DJAP avaient été formels : son laissez- passer ne devait être valable que sur le sol lunaire. La diode qu’on lui avait injectée dans le bras la tuerait sur le champ si son envie de retourner sur la terre se concrétisait. De telle mesure en dissuadait plus d’un. Un violent mal au ventre alitait B.K Scott. De quel droit se permettait- il d’envoyer une inconnue sur une terre hostile pour servir de cobaye à la science ou de main- d’œuvre. Il eut si mal au ventre qu’il alla vomir. Lorsqu’il retourna s’allonger un nuage sombre avait camouflé la lune. Il s’allongea en chien- de –fusil. Jamais il n’irait ailleurs que sur la Terre, il s’en était fait la promesse depuis la mort de son père. Le lendemain, il fut pris de violents tremblements qu’il prit d’abord par une crise de tétanie indolore. Les spasmes passés, la fièvre le paralysa au point qu’il fut incapable de se lever. La main sur le ventre, il cherchait à diagnostiquer le mal qui le tenaillait mais au bout d’une heure, la respiration sifflante il comprit qu’il était atteint d’un mal mystérieux.
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Le plus suicidaire aurait été de retourner directement chez lui. Robots parasites infectaient les lieux à l’affût d’une éventuelle rencontre. Non ! Mortensen ne voulait pas risquer sa liberté pour avoir commis une imprudence. Tapis dans l’obscurité d’une rue, un large manteau sur ses épaules, il attendait comme un félin sa proie. Avant d’être déprogrammé, son puissant ordinateur « Atlas » lui avait donné les codes d’accès de tous les bâtiments hautement sécurisés tels les hangars de constructions des astronefs, les centres d’opérations des missions, les grandes laboratoires et observatoires. La liste ne s’arrêtait pas là. Il avait également la liste des domiciles des plus grands astrophysiciens, chimistes, astronautes et divers membres des départements les plus utiles à sa fonction. Pour apparaître invisible aux yeux des meilleurs limiers du système solaire, Atlas persuada les autres Intelligences Artificielles à ne pas recevoir les ordres d’arrestation concernant le matricule de Mortensen. Toute cette démonstration de savoir- faire n’était autre qu’un immense piratage valant un épouvantable transfert pénitencier sur le sol de Mars. De l’infraction à la peine, le professeur poursuivait son existence sans être inquiété outre mesure, ayant grande confiance en soi, il chercha à percer le mystère de ses visions en se rendant sur la Lune. Que pouvait- il trouver làbas qui vaille le voyage ? Une géologue, peu connue et pourtant si prometteuse. A.O était sur Mars lorsqu’une météorite vint s’y échouer. Le corps solide composé de glaces, de poussières et de certains éléments rencontrés sur son chemin, avait terminé sa course après un long voyage de 500 000 années- lumières. Il ne tenait pas particulièrement à voir la comète même pour être connu comme le plus passionné des astrophysiciens, mais seulement savoir comment
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la sœur benjamine de Taylor réagissait face au défi imposé par la Nature. Ce soir –là il attendait en bas du domicile de Scott. Quelque chose l’inquiétait et il en ressentait la violence du malaise au fond de luimême. En entrant par effraction dans l’appartement du médecin, les néons crépitèrent au- dessus de sa tête et son cœur s’emballa en apercevant un halo lumineux s’évaporant dans l’atmosphère. Il s’empara d’une bouteille d’oxygène rangée dans une armoire prévue à cet effet et pénétra dans le lieu pour découvrir un B.K Scott, inerte ressemblant plus à une effroyable momie qu’à un être humain. Il se précipita sur le lit et examinant la rétine du médecin réalisant qu’il était toujours en vie. « Scott tu m’entends ? Si tu m’entends sersmoi la main….. (Il ressentit une légère pression) Scott, je vais t’envoyer de l’oxygène et on va sortir de là, n’es pas peur. Il revint avec une seconde bouteille quand B.K, la main sur le cœur rassemblait ses esprits pour évoquer un fait : « Je n’ai fait que mon devoir. Je ne pouvais pas savoir qu’elle était infectée. — Je vais te donner de l’oxygène, on n’en discutera après. Relax mon frère ». Dans un immense puits de forage destiné à extraire des molécules d’eau, les « volontaires » entassés les uns contre las autres attendaient les nouveaux ordres des ingénieurs. A plus de 1 250 mètres de profondeurs, l’équipe ne souffrait plus de l’apesanteur mais d’un autre mal connu des grands fonds marins : la pression. Equipés de lunettes puissantes à fonction de détection microscopique, les « volontaires » creusaient la roche pour atteindre d’hypothétiques sources. Travail éprouvant si on en croyait leur état physique après de longues journées passées sous terre.
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M.K Fass un colon lunaire affecté sur cette base après avoir fait ses preuves dans l’un des pénitenciers de Mars —le C21 dont l’orbite restait la plus longue des vingt autres—, posa ses affaires devant Wharton et fit glisser un microfilm devant elle. « Il existe une planète quelque part dans notre galaxie appelée L2. On raconte qu’elle émettrait un signal. Une sorte d’appel au secours vieux de plusieurs milliards d’années. Cette espèce d’exo planète n’existerait plus mais elle émet encore. Il est fort possible qu’elle se soit transformée en trou noir ce qui expliquerait cet apocalyptique raccourci spatio-temporel. Dans peu de temps le gouvernement nous racontera que tout cela n’était que des bobards. —Hey, laisse l’immatriculée A.N Wharton tranquille Fass ? Epargne-lui ton baratin » Lança V.V Brown une ancienne de l’Unité DDZ 24V attachée à la surveillance et sécurité des pénitenciers de Mars. —Je ne peux pas faire un pas sans que tu sois là. A croire que ma tête soit mise à prix ». Et il disait vrai. A trois reprises il avait tenté de fuir le C21 et à chaque tentative V.V Brown fut là pour carrer ses plans. La ravissante brunette aux pommettes hautes dévisagea A.N Wharton prête à l’arrêter si le besoin s’en faisait ressentir. « Notre V.V Brown est chasseur de primes. La meilleure de la galaxie et elle n’es pas ici par hasard. La DJAP éprouverait des soucis avec des non-immatriculés circulant librement. Les pénitenciers sont vides et…elle a finit par me convaincre de me ranger de la côté de la justice. —La question est la suivante : qu’allons-nous faire de toi Wharton ? » Sur Mars, la météorite échouée attisait toutes les curiosités et les jeunes scientifiques se relayaient. Si la planète bleue fut balayée par des aurores boréales, Mars avait subi autant et plus
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précisément en nombre important au niveau de la « messagère du ciel ». Spencer et son équipe s’en revenaient dans un état psychique proche de l’hébétement ou d’une immense lassitude. Leur vaisseau accosta non loin du mont Framaro et après les examens médicaux de coutume ne furent pas autorisés à retourner à leur quartier. A.O avertit du retour de l’astronef demanda un laisser- passer pour le block sans penser tomber sous le choc. Elle avait de l’affection pour Spencer, elle le trouvait amusant, spontané et plein d’entrain et leur liaison n’échappait à personne. Derrière le sas d’observation, la jeune scientifique épouvantée perdit l’usage de la parole et la main sur la bouche interrogeait les médecins du regard. « Mais…mais que leur est- il arrivé ? Enfin c’est horrible ! » Un des médecins, un dénommé RT371 prit la parole après une longue expiration. De toute sa vie, il n’avait vu pareille anomalie moléculaire. « Nous ignorons encore le mal qui les ronge. Ils semblent avoir été affectés lors de leur mission sur Mars. Nos équipes sur place tentent de comprendre mais nous restons pour l’instant sans réponse. Je crois que le mieux reste à les garder en quarantaine et d'en avertir la Terre dans de plus brefs délais. — Mais comment ? Je veux dire qu’ils étaient encore…normaux lors de leur orbite lunaire et là, je n’en reconnais aucun. — Calmez- vous citoyenne, nous faisons notre possible pour les maintenir en vie. Leur état critique se stabilise grâce au méthane que nous leur injectons à faible dose. Pour ainsi dire, ce que vous venez de voir doit rester entre ces murs afin de ne pas affoler les missionnaires en stationnement. Est- ce clair ? — Vous leur injecter du méthane ? Ce gaz ne leur permettra pas d’assurer la survie de leur fonction vitale. Il leur faut de l’oxygène !
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— L’oxygène ne leur est d’aucun secours. Ils se déshydratent lorsque nous leur en envoyons et seul le méthane aide à conserver leurs cellules. — C’est absurde ! Le méthane est un poison et tout le monde le sait ». Le médecin à court d’arguments s’éloigna de la femme pour retourner aux analyses sanguines des victimes, laissant Taylor dans un profond état de choc. Immédiatement, elle se mit sur son ordinateur pour étudier toutes les données de la mission, du commencement à leur atterrissage. L’hypothèse de la comète ne lui effleura pas l’esprit et elle se concentra sur une toute autre contamination due à un des passagers porteurs de bactéries indésirables. Fatiguée par de telles recherches, elle appela Taylor brisant le secret médical. « Penses- tu que cela puisse avoir un rapport avec la comète ? A.B secoua négativement la tête. — Je me suis rendue moi-même sur Mars pour l’étudier et si cela avait été le cas, j’aurais été moi-même contaminée. Le facteur- comète ne peut intervenir là- dedans. L’homme s’assit en face d’elle afin de formuler à nouveau ses propos. — Tu t’es rendue sur la planète tellurique avant le bombardement d’ondes magnétiques. Alors tu as été épargnée comme tout le reste de l'équipage. D’après tes analyses géologiques, il y aurait du méthane en grande quantité dans la roche. Lors du bombardement magnétique, il se puisse que certains gaz soient rentrés en scène. Je ne peux qu’avancer cette hypothèse. Ce qui conduirait à la conclusion que…du gaz voyagent dans notre système solaire et que….la terre s’en trouvera infectée tôt ou tard à faible proportion. Nos ordinateurs les détecteront. Il me faut l’avis de la RSS. Mais ils sont formels si nous n’avons aucune preuve de ce que nous avançons et pire encore, si les victimes sont en nombre insuffisant
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nous ne pourrons avertir les autorités. Il faut que je retourne sur Mars. — Et que penses- tu trouver là- bas. Des réponses ? — Fais-moi confiance, contentes toi de faire ton travail le mieux possible et je m’occupe du reste. Il y a un vol dans moins de 45 minutes et je te contacterais le plus rapidement possible. Prends soin de toi. Mortensen tendit une tasse d’un fortifiant breuvage au jeune médecin. Ce dernier hydraté à nouveau, les yeux dans le vague recouvrait le fil du mystérieux événement dont il était l’un des principaux intervenants. La vue troublée par de minuscules papillons Caesar se concentra sur ce qui aurait pu provoquer la mort prématurée de son organisme. Puis le corps d’une femme lui apparut en vision, d’abord très indistinctement, ensuite les papillons se regroupèrent en amas pour former une forme humaine. Quand brusquement une foudroyante implosion le secoua aussi violemment qu’un simulateur de G. Face à cette vision, le médecin se releva précipitamment pensant qu’on venait de le droguer contre sa volonté. « Qu’est- ce que vous faites ? » Mortensen calmement sortit une fiole de sa paume pour en observer la transparence. « C’est un antidote contre le sérum que l’on va injecter dans le sang. Le Département de la Justice et de l’Autorité Publique a des méthodes que je n’approuve pas. Ils avilissent les citoyens par des drogues et lorsqu’ils obtiennent ce qu’ils veulent, ils ne se soucient plus guère de votre réactivité face au monde. — Comment avez-vous obtenu cela ? Vous n’êtes qu’un….enfin qu’un homme de science, partagé entre vos galas mondains et vos essais sur des nouvelles théories. En quoi les méthodes de la DJAP vous concernent- ils ?
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— Vous oubliez peut-être que je suis recherché dans tous les recoins de la galaxie pour avoir manqué à mes devoirs de sénateurs de la RSS et en refusant cordialement une lobotomie. Si je suis revenu c’est parce que je sais que vous détenez quelque chose de confidentiel. Quelque chose qui bouleversera le reste de notre modeste existence ». Le médecin fronça les sourcils sous l’emprise du sérum avant d’éclater de rire tel un gosse face à une blague dont il venait à peine de comprendre le sens. « Je ne vous suis pas. — Alors il va falloir que vous m’écoutiez attentivement. (Il vint s’asseoir devant lui) Il s’est passé un phénomène d’une ampleur considérable. Des milliers d’aurores boréales ont recouvert la surface de la terre. Vous me suivez jusqu’à là ? Les autorités s’en sont emparés comme d’un fait magnétique dont en est capable notre astre. — Continuez. Il fermait les yeux face à l’effet du sérum. — Vous allez avoir des absences prolongées, rien de plus normal. Si vous ne comprenez pas je peux revenir en arrière. On n’est pas pressé. Mortensen agita sa main devant les yeux du médecin avant de passer un brassard autour de son bras. — L’univers a de multiples dimensions, divers représentations géométriques : microscopique, locale, macroscopique et globale. On m’a payé durant de longues années pour prouver au monde entier que cela ne pouvait être possible. Je vais vous injecter un nouveau sérum, le premier va peu à peu se dissiper et dans quelques minutes vous retrouverez toutes vos aptitudes ». Il sortit alors d’une minuscule boîte, une ampoule qu’il précipita contre la peau de l’interlocuteur pour le réveiller une nouvelle fois. Comme victime d’une claque, Scott se redressa poursuivit par la vision d’une femme. Le cœur
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battant à rompre, il fut surpris par l’émotion dans le regard de Mortensen et se retint de ne pas pleurer comme un petit enfant, submergé à son tour par l’invraisemblance des faits actuels. « Et en quoi puisse- je vous être utile ? — Vous avez vu certains de ces détails….dans votre laboratoire. Des particules en mouvement comme animées par une force inconnue. Vous avez vu tout cela, mais vous avez préféré détruire les preuves craignant que l’on ne vous arrête pour divagation. La question de la représentation géométrique s’applique maintenant. Qui est à l’origine de tout cela ? Qu’est- ce qui vous a fait peur au point de chercher le soutien de Caesar ? Dans quelques heures, les brigades de la DJAP lancera un avis de recherche contre vous, alors arrive mon tours de vous aider. Mais avant cela, j’ai besoin de savoir ce qui s’est passé « ensuite ». — Ensuite ? (il passa la main sur son visage en sueur) J’ai mis le corps en sûreté, dans un endroit à très basse température pour le conserver. Je craignais que d’autres événements ne se produisent. — Et où est- elle maintenant ? Un frisson parcourut le dos de B.K Scott. — Le corps a été déplacé. Le directeur du centre, PO815 est venu le récupérer. Il avait des consignes venant du département selon lesquelles les corps des cosmonautes devaient être remis aux enquêteurs de la CEMS. J’ai suivi les ordres à la lettre. Alors qu’attendez- vous de moi à présent ? Personne n’a accès aux enquêtes privées de la CEMS. Vous perdez votre temps. Mortensen se rapprocha doucement du médecin avant qu’un sourire apparut sur ses lèvres. — Ma plus grande qualité est la patience, mais à ce stade on peut la qualifier de vertu. Prise d’étourdissement, B.K Scott tendit le bras.
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—J’ai besoin d’un peu d’oxygène. Mes poumons….me font mal…. — NON. L’oxygène ne sert absolument à rien à moins que vous cherchiez à vous tuer. — Je vous ai déjà aidé à prendre la fuite. Tôt ou tard, ils me pinceront pour complicité. Je n’ai rien d’un criminel professeur. —Economiser votre souffle, votre salive et m’écoutez sérieusement. Vous avez échappé à une mort certaine parce que quelque chose vous a maintenu en vie et je dois mettre la main sur ce quelque chose avec votre aide. — Si c’est le morceau de météorite récupérée sur Mars en est la cause, il en reste encore un échantillon au laboratoire. Vous n’avez pas besoin de moi pour votre propre examen. — Ce cela avait été le cas, vous seriez à l’heure qu’il est tranquillement à examiner des corps pour le compte du sénat ! Votre corps possède à lui seul un redoutable antidote qu’il me faut déceler. Avez- vous été en contact avec quelque chose ou quelqu’un ? Je veux savoir qu’est- ce qui vous a maintenu en vie. Vous avez sûrement une idée non ? L’image de Wharton lui apparut distinctement. — Non….enfin oui. Je ne suis pas certain. Cela va vous paraître insensé mais….j’ai fait une curieuse rencontre à la DJAP. Une femme…. — Non ! On fait vraiment fausse route. — Attendez ! (il ouvrit les yeux dans un effort surhumain) Elle ne ressemblait à personne. Elle ne pouvait pas parler mais….j’ai senti quelque chose de très fort à son contact. — Oui vous êtes tombé amoureux mon vieux. — Elle…enfin écoute moi. Nous lui avons fait subir des tests neuropsychologiques avant de l’envoyer en tant que volontaires sur la Lune. Elle passait son temps à fredonner. Elle ne parlait pas, mais elle fredonnait….une douce mélodie. Cette mélodie je l’ai entendu quelque part mais je ne sais plus où. Les rares fois où les sons
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sortaient de ses lèvres, j’ai pu comprendre d’anciens dialectes. Elle venait de nulle part, identifiée sous aucune matricule et le plus impressionnant reste qu’elle cherchait à me dire quelque chose. Et puis, il reste cette vision qui m’harcèle. — Une vision ? Laquelle ? — Vous professeur. Vous demandiez de l’aide mais personne ne vous entend. — Alors vous parlez peut-être de cela ? Il fit pivoter l’objectif de son puissant télescope vers le médecin. Ce dernier docilement se pencha. La rétine de son œil se rétrécit instinctivement en raison de l’effet infrarouge. L2 était un monstre dépassant 150 masses solaires, situé à plus d’un milliard d’années-lumière. Une nébuleuse rouge l’engloutissait d’un diamètre de 5 années— lumière. Selon les estimations de l’ordinateur, elle remontait à 12 000 ans. Quelques milliers d’années, le système solaire fut balayé par des flots de rayons cosmiques et de retombées actives. Mortensen savait que les étoiles perdaient de la matière de manière continue mais au- delà de 60 masses solaires les étoiles préfèrent les séismes. Alors elles connaissent des instabilités vibrationnelles, sortes de puissantes ondes rebondissant à la surface et provoquant des bouffées de matière. Puis survint son effondrement….Un frisson parcourut le dos de B.K Scott. De quelle force ceci pouvait- il bien relever ?
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CHAPITRE 5 L’abondance des éléments dans l’univers reste surprenante, ce qui permet l’évolution chimique puis biologique. Parmi la grande diversité des molécules élaborées dans l’océan primitif, l’on y trouve les acides aminés, dont la séquence forme des protéines et des bases nucléiques dont l’ADN. Grâce à ses vingt aides aminés, la transmission du code génétique peut s’opérer. Les gênes deviennent des grandes chaînes moléculaires dont les quatre bases deviennent des chaînons. L’ADN entière à la forme d’une double hélice. Chaque animal, chaque espèce possède en lui des ribosomes rendant capables le lien entre les différentes protéines des fonctions vitales. Ainsi ils ne peuvent ni être déformés, ni être différent de la cellule génitrice. A.N Wharton possédait une série de molécules inconnues encore de l’homme. Complexe dans sa fonction, elle apporta la preuve aux généticiens que la disposition spatiale des protéines n’était pas seulement l’œuvre du hasard mais aussi celle d’un savant puzzle. Penchés sur les microscopes, ils se tiraient les cheveux. Comment avaient- ils pu passer à côté de cette incroyable mutation génétique ? L’un d’eux se leva prestement pour consulter les fichiers archivés. L’ADN prélevé dans un fragment de peau trouvée sur la tenue de l’un des membres de la Section des vols habités permit de déterminer l’identité de la substance : extraterrestre. Le cauchemar allait commencer….Mortensen fut dépêché d’urgence. Il s’était promis de ne plus jamais remettre les pieds dans ce centre, mais là, le jeu en valait la chandelle. Les hommes se turent en le voyant passer, parce que sa venue ne présageait rien de
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bon. On le disait fou, victime de quelques désordres psychiques. Les résultats combinés des ordinateurs et des scientifiques les plus expérimentés révélaient que la séquence d’ADN disposait de la même séquence d’acides trouvés sur un échantillon de météorite trouvé dans le laboratoire du jeune médecin pour le moins indisposé à travailler. Beaucoup parmi les éminents scientifiques ne reconnurent par Mortensen le menton dissimulé sous une barbe naissante, le crâne encadré par de longs cheveux brus tombant dans son cou en de fines vagues. Le regard suspicieux il passa de l’un à l’autre des représentants avant d’accepter s’asseoir. —Que savez- vous de ce météorite professeur ? » Demanda l’un d’eux pour pallier au mutisme de ses pairs. « Ce que je sais ? — Oui. Dites-nous ce que vous savez et ce que nous voulons entendre ». Le médecin B.K Scott assis dans un fauteuil gravitationnel avait tenu à faire partie de l’assemblée, usant de crédibilité pour siéger parmi les hommes les plus influents de ce département de recherches spatiales. « Je ne pense pas qu’il existe un rapport…. — Ce sont des foutaises ! N’êtes-vous pas sans savoir que des hommes ont été détournés de leur mission suite à ce que l’on pourrait appeler une épidémie foudroyante de je ne sais quelle merde bio- chimique et…. — Messieurs ! Ce n’est pas ainsi que nous résoudrons ces problèmes ! — Alors que savez- vous Mortensen ? Que nous cachons depuis tout ce temps ? » Scott toussa pour attirer l’attention sur lui. Des sondes lui permettaient de respirer et un ingénieux système le maintenait en vie sans affecter ses organes vitaux. « Je crois que l’ordre du jour n’est pas de savoir ce que le professeur cache dans son
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esprit, mais de savoir pourquoi nous en sommes là aujourd’hui. De savoir ce que nous avons négligé dans le passé. Mortensen ne détient pas plus la vérité que vous et moi, il est tout aussi spectateur et je suis en mesure de vous expliquer clairement ce qui s’est réellement passé. « Et que s’est –il passé docteur ? — Quelque chose cherche à rentrer en contact avec nous ». Un brouhaha envahit le comité. Il fallut plusieurs minutes au maître des recherches pour faire taire les hommes excités pas l’incompréhension et le mystère que leur proposait cette énigme. « L2 a implosé et… — Silence messieurs ! Silence ! Laissez le docteur exposait son opinion ! — Cette hyper- nova que nos puissants ordinateurs ont décelé dans notre univers, situé à des billions de milliards de milliards d’annéeslumière de notre amas nous donne la réponse. En implosant à quelques 10 puissances 67 minutes du Big bang, L2 est parvenue à se frayer un chemin et ce météorite en est la preuve. — Continuez docteur. — Je ne suis pas un professionnel de la matière mais je sais aujourd’hui que cela est possible. — Et comment ? Je vous demande. — Par les trous de verres. — Poursuivez. — Admettons que….l’un de ce vortex est conduit une partie de la matière à se déplacer et…. — Silence ! Silence, je vous prie. — Et que nous soyons impuissants face à ce que la nature nous offre après des millions d’années d’attente, de réflexions, d’interrogations, poursuivit Mortensen calmement aussi serein qu’à son habitude. Nous aurions tort de ne pas admettre que l’univers
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nous permet de découvrir une origine à ce monde. Si l’homme est homme, quelque chose a su donner à la matière une formidable capacité à se concentrer, s’organiser, respirer et communiquer. « Où voulez- vous en venir professeur ? — Il existe autour de nous une force que l’homme a longtemps négligée. Si cette force est extraterrestre nous devons lui donner un nom. Alors appelons- la : raison. Si non qui pourrait parmi vous, nommer cette force qui caractérise chaque élément de ce Monde. Au- delà du moindre matériel, de la moindre conception, il existe un but prédéfini à chacun qui constitue un tout, un ensemble homogène que le hasard n’aurait pas pu perpétuer. Le médecin sourit devant les propos du professeur. Il triomphait et intérieurement vivait l’un des plus beaux moments de son existence. « Assez de philosophie professeur ! Nos citoyens ne cessent de mourir aux quatre coins de notre système solaire. Alors avez- vous une réponse à cela ? — Non. Notre connaissance a ses limites. —J’ai une réponse – lança le médecin devant le regard inquisiteur des scientifiques – Je serai probablement obligé de porter ces appareils pour les années à venir, tout comme je sais que les personnes directement exposés aux radiations survenus lors des fameuses aurores boréales n’en souffriront pas. Alors pourquoi suis- je le seul à en souffrir ? En examinant les corps des astronautes que l’on m’avait remis, je pris le soin de les exposer à la lumière noire. Ces derniers ont répondu en produisant un fort taux d’hélium. Or tout le monde sait que l’univers à son commencement n’a jamais autant produit d’énergie. Une énergie issue d’électrons et de protons a détruit des informations. Cette énergie a détruit les informations enregistrées dans mon ADN.
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— Comment êtes- vous encore en vie si votre ADN a perdu de ses séquences ? — J’allais y venir. Les corps des astronautes baignés dans un coma ne répondent plus à notre gaz si précieux qu’est l’oxygène, mais restent sensibles aux neutrons, zinc, chlore, fer, méthane et la liste est longue de dix autres composants chimiques. Mon organisme répond aux doses de méthane et à l’hélium. Je ne suis pas à plaindre. Grâce à ses nouveaux composés, je suis à même de respirer dans l’espace sans assistance d’oxygène tant que mon corps acceptera cette merveilleuse mutation génétique. — Une mutation génétique dites- vous ? —Oui. J’en suis une victime. Tout comme ces hommes que vous rapatriez sans même savoir de quoi ils souffrent. Un silence plana pendant lequel Mortensen fut oublié remplacé par une vedette de choix. Les scientifiques se concertèrent avant de finir par poser une question. — Que devons-nous faire docteur ? — Laissez- moi gagner la Lune et vous aurez la solution à vos problèmes. — Approuvez- vous cette décision Mortensen ? Sorti de son mutisme, l’homme se caressa la barbe avant de sourire. — Je crois qu’il est tout à fait sage de laisser faire. — Vous l’escorterez professeur et nous tiendrons informer des changements survenus sur nos équipes en quarantaine. De vos mains reposent la survie de l’humanité, n’est- ce pas là le rôle que vous convoitiez tant ? » A.N Wharton admirait la terre dans le poste d’observation lunaire dont avait accès les visiteurs, les colons et toute personne souhaitant s’y rendre. Depuis des semaines, elle prenait son travail à cœur, conjuguant ses efforts à ceux des autres volontaires. Un condor se posa sur la piste au loin. Le sourire aux lèvres, elle sut qu’un
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événement allait jouer en sa faveur. Il valait seulement être patiente….La veille au soir, elle s’était rendue dans le quartier des soins sans autorisation. Les malades se portaient mieux et respiraient sans assistance médicalisée. Etrange revirement de situation. Un robot appelé Charlee ne la quittait plus, non pas qu’elle en trouvait le besoin, mais parce que l’intelligence artificielle l’avait choisie parmi toutes les nouvelles recrues. Wharton se serait passée de ce formidable aide de camp, mais ici comme ailleurs, il était bien vu d’avoir un assistant dans toutes les tâches domestiques à réaliser à la base ou dans les mines. Charlee parlait beaucoup et son savoir fut pour un considérable atout aux yeux de la jeune créature. Auprès de lui, elle n’avait crainte de se confier et Charlee savait lire en elle comme dans un livre ouvert. —A quoi penses –tu ? Tu n’as rien dit de la matinée. Oh, je sais ! Tu penses encore à ces astronautes malades. Tu ne devrais pas tant faire, ils sont en voie de guérison et cela grâce à nos équipes médicale. — Je crois seulement que le monde a besoin de moi. — Vraiment et en quoi les humains auraient besoin d’une volontaire comme toi ? — Je sais des choses que le monde ignore. — Oui je n’en doute pas mais pour le moment tu n’es utile qu’à cette colonie. Désolé de te décevoir ». Mortensen s’installa avec son fidèle Atlas dans une biosphère. Ce choix en raison de toutes les compositions chimiques et physique identiques à celles trouvées sur la planète terre. Les plantes avaient en elle le secret le destin de l’univers. Si les hommes avaient été capables de les récréer dans un monde hostile, ils pouvaient dès lors apprivoiser la chimie mieux que Dieu lui- même. Après s’être débarrassé d’une presse grouillante
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de fanatiques de nouvel ordre, il emprunta un tunnel vers la coupole dressée non loin des édifices. Depuis son dernier passage sur la lune, il avait enregistré une variation minime des cellules photoélectriques. Variation subie par une augmentation des rayons violets et ultraviolets. Rien de bien étrange puisque la planète tellurique fut balayée par des ondes électromagnétiques. Le plus grand mystère venait de leur origine. Il se mit dès lors au travail laissant le médecin examiner les derniers patients en voie de guérison. Là un autre chapitre devait s’ouvrir. Il fut subir les convalescents à des rayons ionisants. B.K Scott obtint les réponses escomptées. Quelque chose avait modifié la structure de leur ADN. Le nez dans les tubes à essai comprenant divers échantillons des liquides corporels de ses sujets, il vit ce qu’il n’avait jamais soupçonné de voir. Les compositions chimiques au nombre de six atomes dont le carbone, l’oxygène, l’hydrogène, l’azote, le soufre et le phosphore n’avaient pas changé mais, certaines protéines étaient alimentées de façon étrange tant dans les cellules humaines que dans les cellules végétales. Or tout le monde sait que certaines bactéries transforment l’énergie solaire, physique et chimique par le phénomène de la photosynthèse. L’énergie dégagée n’est plus solaire mais chimique. L’ensemble dégradé forme de l’eau de vapeur d’eau que nous respirons. Si nous avons besoin d’oxygène pour respirer, certaines cellules hétérotrophes disposent d’une autre ressources pour fabriquer de l’énergie sans oxygène ni mitochondrie. Cette voie anaérobie s’appelle la fermentation. Bien qu’elle soit moins rentable, elle permet à certaines cellules de vivre sans ce précieux oxygène. Les deux hommes situés à deux distances respectives se grattèrent la tête simultanément. Les hommes revenus d’une
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mission sur Mars et soignés sur la lune avaient survécu. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient ramené des échantillons extraterrestres. Quelqu’un par négligence avait transporté des pores d’un endroit à l’autre, contaminant les plantes qui ensuite façonna les cellules humaines en un étrange puzzle. Le système immunitaire de quelques individus pouvait résister à des attaques mortelles à condition que leur protéine possède une forme complémentaire de l’antigène. Mais comment remonter à la source de cette trouvaille ? A.B eut accès à des données sur une base de Mars. Les scientifiques peu après le Krach de la comète délimitèrent une zone de sécurité autour du cratère. AB Scott s’en revenait de sa énième expédition dans les profonds cratères sans rien remonter d’autres que des fragments de roches composés de carbone pour la plupart. Il appela l’équipe scientifique basée sur la lune et fut mis en relation avec Mortensen. Aussi surpris l’un que l’autre, ils se dévisagèrent avant d’engager la conversation, mettant de côté leurs différends. — Ravi de te voir Mortensen, je m’inquiétais pour toi vieux frères. La mâchoire serrée, il ne répondit rien partagé entre le dégoût et la colère. — Je suis toujours en vie et tes petits copains du département ne sont pas parvenus à me lobotomiser, si c’est ce que tu veux savoir. — Je suis vraiment navré pour tout ça mais j’ai quelque chose qui pourrait te plaire. — Ah oui et quoi ? Le fait que tu voles sur un vaisseau qui m’appartient ? Ce dernier tenta un sourire avant de poursuivre. — J’ai plusieurs échantillons de roche devant moi et tu vas être heureux de connaître leur origine. — Poursuis.
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— Ils viennent de la planète L2, répondit ce dernier en attendant qu’un sourire apparut sur le visage de son confrère – je savais que ça allait te rendre ton sourire. Ton étrange planète a distribué un peu de son patrimoine sur Mars et tu vas être heureux d’apprendre que…. Il y eut une interférence. —…..des cellules se forment spontanément à partir de substances matérielles du milieu ambiant grâce à une force vitale. — Nouvelle théorie que tu cherches à développer. Tout microbe ou bactérie provient de l’air. Il ne peut par conséquent y avoir de mitose. — C’est là où nous nous trompons. Les cellules que j’ai sous mes yeux sont pluricellulaires. Elles contiennent la même information génétique, la même séquence. — Tout comme notre ADN, lança Mortensen perdu dans ses pensées. — Oui tout comme notre ADN. Ce qui laisse à penser que nous allons faire la connaissance d’une nouvelle gêne. Il y a ou plusieurs porteurs dans votre base qui pourront vous apporter la réponse. Donnez- moi la réponse le plus rapidement possible, il me tarde de faire leur rencontre. Il fut ordonné un examen de santé pour tous les membres du personnel. B.K Scott et l’équipe médicale prirent leurs fonctions le plus rapidement possible. Partout dans les édifices en colimaçon, les robots passèrent pour prélever sur chacun une parcelle de sang pour analyse. Wharton se prêta au jeu. Une goutte de son sang fut envoyée dans le centre d’étude médicale. Un immense laboratoire à la pointe de la technologie. On y étudiait la neuroscience afin de venir en aide au robot et au cyber- humain. Si l’un deux venait à perdre ses aptitudes, la science cognitive intervenait dans l’apprentissage d’un mode d’acquisition et de construction d’un savoir. Les scientifiques construisirent des systèmes
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visant à reproduire artificiellement les démarches intellectuelles de l’être humain. Associés en réseaux dont la structure et les composants imitant quelques-unes des fonctions du cerveau humain en reproduisant les structures de base. Les ordinateurs étaient des patients à part entière dont il fallait sans cesse améliorer pour répondre à la demande toujours plus importante des hommes. Mortensen et son nouveau protégé supervisait les analyses derrière leur moniteur, quand B.K Scott ne trouva ni de gêne supplémentaire, ni d’anomalies chromosomiques. Las les deux hommes se regardèrent avant de soupirer profondément. — Il y a forcément quelque chose qui nous échappe. A.B Scott m’a parlé des cellules en pleine mitose. Maintenant nous savons qu’il existe un lien entre la contamination, les ondes électromagnétiques, les comètes et nous. Faites marcher votre tête Scott. Il y aurait- il un fait qui vous ait particulièrement marqué ? — Pas que je sache. En même temps nous savons que la cause de nos tracas est extraterrestre. Nous savons que des modifications génétiques peuvent survenir spontanément. Mortensen gratta la fine barbe recouvrant son menton avant d’opiner du chef doucement. — Spontanément (perdu dans ses pensées il fixait la galaxie en hologramme devant lui) si Taylor tient à son chromosome supplémentaire, nous serons en face d’un homme surnaturel que pas même les ordinateurs ne pourraient imiter. Cet être serait capable non seulement de s’adapter à toute atmosphère, mais son cerveau serait capable d’assimiler des milliers d’informations en un temps record. — Vous voulez dire qu’elle ou lui aurait une gêne capable d’emmagasiner dans la mémoire centrale qu’est son hypothalamus des centaines de variations sensorielles ? Pourquoi n’y avais- je pas pensé plus tôt ? Nous pouvons scanner le
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cerveau de chaque colon pour ensuite les envoyer à cet ordinateur – en tapant sur le dessus d’un moniteur à écran holographique – le résultat sera immédiat et l’ensemble ne me prendra que trois minutes. — Non…..je crois que nous prenons trop d’avance sur les événements. Ce fait ne se produira que dans une trentaine d’années à venir tout au plus. — Et si vous vous trompiez... — Je vous demande pardon ? — Oui si ce que nous cherchons n’est pas humain. Il peut s’agir d’une entité douée de raison qui attendrait le moment favorable pour apparaître. — Et vous pensez à quoi docteur ? — Si j’étais l’une de ces entités où pensez vous que j’irai pour ne pas éveiller les soupçons de quiconque. — Dans un corps humain. — Et lequel précisément ? — Dans celui d’un nourrisson. —Bingo ! Un bébé. Vous souvenez vous du programme de vaccination des embryons ? Il a été démontré que les enfants nés d’une vaccination in- utero développaient des défenses autres que ceux dont la vaccination avait lieu directement dans les cellules immunitaires. — Je me souviens oui. Le projet Genesis, un véritable fiasco. — Et pourquoi professeur ? — Parce que les bébés issus de la première vaccination réagissaient mal à leur environnement maternel. Leur système immunitaire se fragilisait à la moindre exposition d’ultraviolet, quant aux autres, ceux pour lesquels ont avaient modifié leurs gênes supportaient les fortes variations. Les recherches ont du être annulées au profit d’autres plus fiables. — Et qu’est-ce que le centre a fait de ces enfants ?
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— Il a envoyé les plus résistants sur Mars et les autres ont subi une radiothérapie. Fin de l’histoire. — Pas tout à fait, déclara ce dernier en adoptant un sourire triomphant, les enfants envoyés dans les colonies martiennes sont tragiquement décédés suite à des complications génétiques. Seul une enfant a survécu pour des raisons que l’on ignore. Pendant des années, elle aurait été placée dans un centre de recherches, servant de cobaye à la science. A l’heure d’aujourd’hui, elle aurait 20 ans et en captivité dans une cellule dorée. Alors je crois que nous tenons notre être suprême ». Penché sur l’épaule de B.K Scott, le professeur Mortensen le regardait interroger les fichiers du CRG – Centre de Recherches Génétique – basé sur la planète bleue. Là des centaines de visages défilèrent sous leurs yeux. Des hommes comme des femmes, résidant dans ledit centre depuis des mois voire des années pour certain. Ils ne s’en plaignaient pas, ayant le nécessaire et le superflu et les chercheurs ne les retenaient contre leur gré, bien au contraire. Soudain, B.K Scott s’arrêta sur le portrait de Wharton et les sourcils froncés comprirent que la DJAP l’avait entourloupé. A.N Wharton portait pour matricule MO555. La colère le submergea. « Les salauds ! — Quelque chose ne va pas ? — C’est….c’est la femme dont je vous ai parlé. Celle que nous envoyée comme volontaire – il éructait et son regard balayait l’écran devant lui – le centre l’aurait jetée à la porte en découvrant qu’elle avait perdu la raison ! On s’est cordialement fiché de moi ! — Le centre ne ferait jamais une chose pareille, c’est contre toute déontologie. Que disent- ils sur elle ? — Les données sont effacées. — Atlas peut les retrouver s’il n’y a que cela.
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— Non, le mieux serait de la rencontrer en personne. — Mais si cette femme a perdu la raison à quoi bon. Nous allons nous heurter à une barrière d’incompréhension. — laissez- moi faire professeur. Cela c’est mon domaine ». La jeune volontaire s’assit sur le tabouret présenté par les deux hommes. Toute présentation aurait été inutile, parce qu’A.N Wharton les connaissait par leurs exploits. Silencieusement ils s’étudièrent du regard. Mortensen se frottait nerveusement le menton sans lâcher la femme du regard. Elle lui disait quelque chose. Ce visage il l’avait déjà croisé dans son inconscient. Peut-être dans un rêve ? Quant à Scott, il jubilait heureux de se retrouver près de celle qui avait hanté ses pensées. Son regard était électrisant, plein de curiosité et empreint d’une infinie douceur. A.N Wharton respirait la fraîcheur, la candeur et la sensualité. « Je vous le répète A.N n’ayez pas peur, détendez-vous. Nous vous avons seulement fait venir pour savoir comment les choses se passent pour vous. Elle interrogea Mortensen du regard avant de s’essayer à un sourire. — Je vais bien. Je suis calme et détendue. — Etes-vous au courant de ce qui se passe autour de nous ? — Oui. L’humanité court à sa fin, mais je savais que vous viendrez me chercher. Les deux hommes se regardèrent abasourdi. — Qu’entendez-vous par : l’humanité court à sa fin ? Avez- vous entendu quelqu’un en parler ? Lança Mortensen des plus nerveux sur sa chaise. — Je ne serais pas là si tout allait bien n’estce pas ? Vous recherchez les réponses à vos questions et vous savez que je suis votre dernier recours.
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Il y eut un silence pendant lequel le médecin cherchait à recouvrer la raison. — Alors dites-nous ce que vous savez – lança le professeur la mâchoire serrée – si fin du monde il y a ! — Mais vous le savez déjà professeur, alors je ne tiens pas à rééditer votre théorie. — Wharton, coupa le docteur en souriant pour chasser un malaise, dites-nous d’où vous venez. Avez- vous des souvenirs de votre ancien foyer ? — Oui, en se perdant dans ses pensées, d’où je viens les températures avoisinaient les 400°. D’interminables tempêtes magnétiques ébranlaient la surface de ma planète….on y trouve de l’eau en faible quantité, suffisamment pour que des cellules y prolifèrent. Quand on y levait la tête, notre vision était balayée par des anticyclones et des vents soufflant à plus de 300 kilomètres heure. Un spectacle que seul l’univers peut offrir. Mortensen se mit à rire nerveusement, d’abord doucement puis de façon ironique et déplacée. — Vous voulez dire que….que votre monde est une exo planète dont on n’aurait pas encore recensé l’existence ? Vous êtes sacrément imaginative, mais cela ne prend pas avec moi. — Professeur s’il vous plait ! — Alors c’est ça votre spectaculaire personnalité docteur ? Déclara-t-il en se levant contrarié par la suite des événements. Alors continuez sans moi. J’ai un véritable travail à finir ». B.K Scott le suivit du regard avant de saisir les mains de Wharton dans les siennes. « Continuez, ne faites pas attention à lui. — Je ne sais pas si je peux vraiment me sentir à l’aise avec vous. Mortensen se retourna une dernière fois pour glousser. Le sas d’entrée allait s’ouvrit sur son passage quand….
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— Nous avons intercepté une de vos sondes. Pionner 11 ». Le professeur s’arrêta immédiatement. D’où tenait- elle ces informations ? Encore un rigolo qui cherchait à se faire remarquer du corps scientifique. « Nous en serions restés là, mais – elle sourit pour elle- même, les larmes aux yeux – nous avons aimé vos messages et comme notre planète se mourrait nous n’avons pu résister à votre invitation. — Qui nous ? — Vos voisins ». Alors le professeur bondit sur elle pour la fiche à la porte. Il en avait assez entendu. B.K Scott se plaça au milieu d’eux et les mains en bouclier sur le torse du professeur le menaçaient d’avancer. Il l’entraîna loin de la jeune femme en alerte. « Elle nous mène en bateau, ne voyez-vous pas ! — professeur calmez- vous….. — Cette femme a tout inventé en se servant de faits réels. Elle vous manipule et il n’y a qu’un mot pour cela ! FOLIE. Je ne cautionne pas ce genre d’enquête ! — Calmez-vous donc, je n’ai pas dit que j’y croyais une seconde mais cela faut le coup de l’écouter. — Elle nous fait perdre notre temps avec ses histoires à dormir debout ! Elle est dérangée et…. La douce mélodie de la Flûte enchantée de Mozart parvint à leurs oreilles. B.K Scott se souvint et Mortensen frissonna d’effroi. Wharton se lançait dans une interprétation de cet air mélodieux, une larme ruissela sur sa joue. « Vous avez su composé cet air, vous avez été capable d’envoyer des sondes jusqu’à nous et vous avez le choix de croire ou non à notre existence. Vous avez rendu cet instant possible, alors ne me tournez pas le dos ».
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A.N-X s’allongea sur sa couche et quand elle ferma les yeux, elle se vit courir dans un champ de blé. Une culture céréalière disparut du mode alimentaire des hommes. Elle tourna sur ellemême, les bras levés au ciel. Un ciel dégagé sans chape de verre, érigé dans le seul but de catalyser la lumière solaire. Alors elle tomba à genoux pour rendre grâce au ciel d’avoir rendu ce moment possible. Au- dessus d’elle à des années-lumière de la planète bleue, les étoiles émettaient l’une après l’autre, comme des milliers de témoins. Tout s’arrêterait un jour si A.N taisait son secret…..un secret remontant à la naissance de l’univers. * La titanesque métropole Véga se levait avec l’astre solaire timide et si lointain. Les baies vitrées des immeubles aux miroirs réfléchissants reprenaient la silhouettes des véhicules, celles des humains, celles des robots et celles des humanoïdes de toutes sortes. Partout des écrans géants diffusaient des informations en continu sur la vie dans les colonies. Mortensen marchait parmi les terriens très soucieux de ce qui se passait au- dessus de leur tête. On parlait de contamination extraterrestre et la veille le scientifique A.B Taylor fit un retour attendu au congrès. De cruciales informations sur l’origine possible de la dite- contamination intéressa tout le monde. Mortensen leva les yeux vers le ciel avant de pénétrer dans un édifice annexe du département des sciences. Aussitôt des robots l’escortèrent pour le conduire au 67èm étage du bâtiment. Les portes s’ouvrirent lentement sur une pièce servant d’endroit de stockage, appelée le « Temple ». Aucune lumière naturelle ne pénétrait le lieu hautement sécurisé. L’homme avança et s’installa aux commandes du savoir.
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Après une rapide lecture de son empreinte digitale, Mortensen put consulter les dossiers classés privés. Depuis son retour du sol lunaire, les choses n’allaient plus comme il le voulait. Le programme Genesis lui posait un sérieux problème. Il visionna les vidéos prises dans le CMM –le Centre Médical Martien- qui remontait à une dizaine d’années. On y voyait des enfants du même âge évoluer au milieu d’une grande salle aux murs blancs. Autant de petites filles que de petits garçons. Mortensen téléchargea les données sur un sa montre. Il ferait le tri des données plus tard. Atlas enregistra simultanément les mêmes informations sur son disque dur. Les enfants que l’on envoyait sur Mars avaient dû se soumettre à une série de tests psychologiques. Les plus réfléchis d’entre eux firent mis à l’écart et parmi eux, une petite fille aux boucles brunes. Elle portait l’immatricule A.N Wharton Une enfant effacée qui n’avait rien d’extraordinaire. Mais elle était la seule à avoir survécu. Mortensen reconnaissait ce regard. Perdu dans ses pensées, le scientifique expira profondément. Tout cela pouvait avoir un rapport avec ce qu’il avait trouvé auparavant. « Atlas, crois-tu que cette femme ait un rapport avec tout ce qui se passer actuellement sur Mars et la lune ? Je veux dire par là, crois-tu que l’enfant qui a jadis survécu à un mal inexpliqué soit aujourd’hui capable de développer une certaine….aptitude à la survie. Cette A.N n’est autre que MO555. Alors tout porte à croire qu’elle possède la clef de tous ces mystères galactiques. — Tu as répondu toi- même à la question. Mortensen soupira à nouveau la main dans sa chevelure. Pourtant il n’était pas certain de ce qu’il avançait. — Son système immunitaire est identique au notre et elle a exactement le même nombre de
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chromosomes. Pourtant elle a survécu à la pire des catastrophes survenues sur Mars au cours de ces vingt dernières années. Donne-moi un tuyau Atlas. Il y a forcément un truc qui nous a échappé. Un indice échoué dans les méandres de mon esprit. L’ordinateur passa en mode veille puis se réinitialisa. — Tu veux un indice Mortensen alors interroges ta mystérieuse créature. Toutes les réponses se trouvent en elle. — Super Atlas, merci pour ton aide. Je vais réfléchir à la question par moi- même, si tu vois ce que je veux dire. La jeune femme expirait sur le carreau. La buée s’y forma et de son doigt en dessinant un cercle, puis un triangle. B.K Scott la regardait faire, fascinée par ce qu’elle représentait. Depuis qu’il l’avait prise sous son aile, le médecin se sentit utile. Il pouvait l’observait des heures entières sans qu’elle ne s’en aperçoive. Alors il remarqua quelque chose d’étrange en elle. La pupille de ses yeux limpides tirant sur le gris ne s’obstruait nullement à la lumière diurne. Comme si ses rétines ne percevaient pas les rayonnements atmosphériques. Il l’invita à s’asseoir devant des appareils ophtalmologiques pilotés par des ordinateurs indépendants. Il attendit les résultats en se mangeant les ongles. Aucune réaction à la lumière visible. Aucune pour les infrarouges, les ultraviolets, les rayons X. Ses yeux absorbaient une quantité surréaliste de Watts sans que son système lacrymal ne réagisse. Sa cornée ne fut point endommagée et le plus étrange fut que tout ce rayonnement se transforma en énergie. Les ordinateurs la mesurèrent en raison des interférences électro- magnétique. Un puissant champ qui brouilla leur travail d’analyse. Mortensen ne pouvait y croire. Une fois le compte- rendu sous ses yeux, il traversa les
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salles suivi par ses assistants pour interroger la jeune patiente. — Nous avons tes résultats et toute porte à croire que le corps médical du CMM ait manipulé ta cornée pour la rendre insensible à toute agression venant des divers rayonnements. Te souviens-tu de quoi que se soit qui puisse nous aider ? Comme elle ne bronchait pas, il poursuivit se perdant un peu dans ses idées. — Tu es capable de produire de l’énergie, tes yeux servant de catalyseur à toute réception. Il se puisse qu’une telle forme d’énergie ait servi à faire quelques expériences inédites. Mais également à sauver des vies. Tu sais comme moi que la terre, ainsi que son satellite et Mars ont subi des variations électro- magnétiques suite à la présence d’un corps céleste sur la surface de Mars. A.N Wharton ne réagissait toujours pas. — Je suis ni géologue ni physicien mais je sais que ta présence a permis de sauver des vies. Je ne sais pas trop comment, mais je reste certain que rien n’est dû au hasard. La DJAP te relâche. Tu atterris sur la Lune et c’est exactement là que tout survient. Comme si précisément quelqu’un savait ce qu’il se passait. Il est possible qu’on cherche à nous manipuler. Je crois en une conspiration –il se caressa le dessus du crâneenfin je ne peux écarter l’hypothèse que tout cela n’est pas le fruit du hasard. Il éclata de rire nerveusement face au mutisme de la jeune patiente et à l’absurdité de ses propos. — Oui évidement tu n’as plus de mémoire et vraisemblablement aucune idée de ce qui passe autour de nous. Je suis prêt à croire tout et son contraire à la condition que l’on m’apporte des preuves et…..je ne vais pas te retenir plus longtemps. Tu as besoin de repos. Toutes ces dernières semaines ont été éprouvantes pour
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toi…comme pour nous tous d’ailleurs. Le congrès veut des résultats que je ne suis pas sûr de pouvoir leur fournir. En attendant je nage dans la semoule. Il se leva pour quitter la pièce. — Ils me parlent dans leur sommeil. — Qui ils ? — Tous ces personnes qui sont endormies et qui ont vu la lumière. Prestement B.K Scott se rapprocha d’elle, sans la lâcher des yeux. Il savait qu’elle n’était pas folle. D’après son électroencéphalogramme, on pouvait remarquer une activité cérébrale en continuelle progression. « Mais de quoi me parles- tu ? — De vos patients qui ont sombré dans un profond sommeil. — Et que disent- ils ? — De regarder le ciel. Avant la fin du mois, Jupiter 452 reviendra et à son bord les hommes que vous aviez perdu. Capables de tuer pour prendre le pouvoir. Ce dont ils ont besoin c’est assez d’énergie atomique pour quitter cette terre. B.K Scott se frotta le dessus de son crâne. Comment la jeune créature pouvait être au courant de ses vaisseaux en perdition ? Personne d’autres que les membres des délégations étaient au courant de l’échec de cette mission. « Tu sais qu’il est question de quelques-uns de nos meilleurs pilotes ! Ils sont en perdition depuis des mois et….Dieu seul sait ce qui leur sont arrivés. Mais ce qui est certain, c’est qu’ils ne sont pas prêts de revenir. L’univers est si vaste et nos meilleurs satellites sondent l’infini sans le moindre espoir. Mais là encore on s’appuie sur des hypothèses mathématiques. — Ils ont compris bien avant vous le pouvoir dissimulé à l’intérieur des comètes ». A.B Taylor prit la communication du médecin, alors que ce dernier remettait ses échantillons
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de comète au Laboratoire de Sciences. Il demanda à examiner les individus placés sous coma artificiel pensant avoir trouvé une piste Depuis qu’il était revenu de sa mission sur Mars, il restait plongé dans ses études. Il était si près du but qu’il ne pouvait relâcher son attention. De ses recherches viendraient le succès ou l’échec et étant donné sa nouvelle position, il ne pouvait décevoir le Congrès et ses anciens collègues. Le scientifique ne refusait jamais l’aide des autres professionnels et notamment du jeune médecin auquel il avait foi. « Qu’est- ce que je peux faire pour toi ? —Trois fois rien Taylor. En fait j’ai un service à te demander. Vois- tu j’ai eu une information sur les comètes. Il s’avère qu’elles aient des pouvoirs en elles. Non seulement elle dégage de l’énergie, une impressionnante force électro- magnétique, mais en plus de ça de source sûre, elles sont à l’origine du malaise survenu à bord des astronefs de nos pilotes. — Et quel est ce servie dont tu tiens tant à ce que je te rende ? — J’ai besoin que tu me rendes comptes de tes résultats avant de les transmettre au Congrès. — Qu’est- ce que tu me caches toubib ? — Pour le moment rien. Je ne suis pas en mesure de te donner plus d’informations. — Tu es trop secret. Et que veux- tu savoir au juste ? — Donnes moi les comptes- rendus pour le moment. Je suis tenu au secret médical et si mes supérieurs l’apprennent je risque de perdre ma place, tout comme toi la tienne. Pour le moment restons dans la confidence. Le moment venu te saura, mais pour l’instant….nos responsabilités sont mises à contribution ». A.B Taylor leva la tête lentement. La situation commençait à lui plaire. Là où on parlait de confidentialité, Taylor y voyait une certaine forme d’excitation. Celle de braver les interdits, de
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transgresser des lois et de se faire à l’idée que la curiosité est source d’instruction. « Dis- moi toubib, j’ai besoin d’interroger ta patiente. Est- il possible que tu me l’as rapatrie ici ? » Le médecin fronça les sourcils. Il était hors de question qu’il laissa A.N Wharton partir loin de lui. Elle était devenue sa propriété et interdisait à quiconque de lui parler et même de s’en approcher. « Négatif. Pour le moment elle est placée sous haute surveillance. Les mesures sanitaires draconiennes m’interdisent de violer la procédure. — Tu es devenu un homme de principe. J’ai seulement besoin de l’interroger quelques minutes….par radio si cela peut te rassurer. Alors qu’elle est ta réponse ? — C’est faisable. Transmets- moi tes données et je t’accorde toute interview avec la fille ». L’écran de transmission se coupa. Taylor pencha la tête sur un laser servant à fissurer les résidus de la comète baptisée Sharon et classée parmi les roches à risques traversant notre système solaire. Les lunettes de protection sur ses yeux couleur améthyste Taylor manipulaient avec prudence les échantillons, quand il fut pris d’un violent mal de crâne. La main soutenant la tête, il râla sentant son cœur s’emballer avec violence. Les alarmes se mirent en marche et un e crachée de méthane balaya la pièce et le plan de travail. Taylor se releva remerciant ses ordinateurs pour sa survie. En moins de deux minutes son cerveau pouvait être privé d’oxygène, paralysé par une substance pour le moins incomplète à reconstituer. Le caillou diffusait une vive clarté proche de celle des néons. Il n’avait jamais vu cela se produire devant lui. Son ordinateur de travail identifia rapidement le
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rayonnement fossile, datant de la naissance de l’univers. Puis brusquement l’homme s’évanouit. A.N Wharton s’agitait dans sa cellule au point que l’équipe médicale comprenant des robots et des androïdes arriva à grande vitesse. Scott fut alerté par son ordinateur de bord et sans se poser de question se leva d’un bond pour courir vers la cellule de la patiente en observation. Une voix féminine lança que le personnel devait se ternir éloigner des sas placé en quarantaine. L’équipe médicale savait exactement que faire en cas d’alerte. Ces derniers temps, tous restaient sur le qui-vive redoutant une attaque bactériologique, comme cela s’était produit sur la base lunaire. « C’est quoi ce bordel ! Hurla le médecin en tapant sur l’ouverture automatique ». Les robots debout derrière le lui dissuadèrent de rentrer. C’était la consigne, pas de corps étranger dans les cellules stériles. Derrière le plexiglas, A.N étendue sur le sol voyait A.B agoniser. Elle savait qu’elle pouvait l’aider mais personne ne lui en donnait les moyens. L’ordinateur du centre déverrouilla la porte et le jeune médecin pénétra la zone censée être complètement impropre à tout microbe, germe et bactérie. Il s’accroupit devant elle et passa la main devant le regard translucide de son sujet. La question était de savoir si elle le voyait, derrière cette brume masquant sa raison et son esprit. « Dis- moi ce que tu vois ? — Ils approchent ». D’un bond il la hissa sur pieds et l’accompagna jusqu’à la sortie. Tous s’écartèrent paniqués à l’idée que leur supérieur perdait la tête. Aussitôt les alarmes retentirent et tous les membres rassemblés dans le corridor furent recouvert d’un gaz désinfectant. Il fallait protéger tout l’environnement, susceptible d’être contaminé.
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« Docteur B.K Scott vous ne respectez pas la procédure ! Le patient que vous sortez doit être tenue en quarantaine pour le bien de tout le personnel du centre et…. — La ferme ! Coupa- t- il furieux contre de telles mesures. Mais la voix de l’ordinateur reprit de plus bel, d’un calme extraordinaire étant donné les circonstances. Il n’en avait cure car il en valait de l’existence de son incroyable sujet d’étude. — Docteur, je vais devoir faire un rapport. Votre comportement mérite une sanction que le CML approuvera. — Et bien faites ». Il s’enferma dans une salle attenante qu’il prit soin de verrouiller de l’intérieur. Là, il coupa toutes les connections avec l’ordinateur du centre pour être seul avec sa protégée. Il avait quelques manipulations à faire dont la pose des capteurs sur le corps de la créature. Evanouie dans ses bras, la tâche lui demanderait davantage de temps et c’est bien ce qu’il n’avait pas. Dans peu de temps, la matrice du CML enverrait ses agents pour neutraliser le médecin. Peut-être le relèverait- on de ses fonctions ? Personne ne pouvait dire. « Dis- moi ce que je dois faire A.N. Dis- moi ce que je peux faire. Ses fines mains encadraient le visage de la femme ayant recouvré la raison. Elle leva les yeux vers lui et une larme ruissela sur sa joue. — Laisses-moi partir. Je vous en prie ». Mortensen braqua son télescope vers les cieux. Quand il ne travaillait pas, il réfléchissait, les yeux braqués vers l’infini. Depuis des heures, il arpentait les salles de travail et d’observation Spatiale. Plusieurs fois Mortensen essaya de joindre le CML sans obtenir la moindre réponse. Il savait que le personnel ainsi que la plupart des colons avaient reçu l’ordre de ne pas quitter le sol
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lunaire sauf contrordre. Une chance pour lui que le congrès lui garantissait un couloir spatial. Ses laissé- passés restaient valables tant qu’il menait à bien la mission qui lui était assigné. Celle de déterminer l’origine des troubles des scientifiques et des colons revenus de Mars. Sur la terre, les groupes de pression prenait le Congrès en grippe. Tant qu’on leur cacherait la vérité, les terriens refuseraient de rester calmes et de se laisser faire. La dernière attaque bactériologique avait faite des ravages et personne ne souhaitait revivre une situation similaire. Mortensen n’était pas responsable de ce désordre mais cela n’empêchait pas les citoyens de le tenir comme tel. L’homme se disait qu’il aurait dû raccrocher depuis longtemps. Il n’était plus fait pour jouer les scientifiques pour un gouvernement peu reconnaissant de son travail. Soudain, il fronça les sourcils. Il avait un contact radio. L’un des puissants ordinateurs traça la provenance. Ce dernier émettait à hauteur de la ceinture d’Oort. Un vaisseau. Ce dernier était bien loin de sa base. Il pensa immédiatement à Jupiter 452 en perdition depuis des mois. Un rictus pointa au coin de ses lèvres. Les probabilités de se tromper étaient maigres et Atlas confirma l’identité de l’astronef. Jupiter 452 pouvait tenir plus d’une vingtaine d’année en parfaite autonomie mais ces derniers messages annonçaient rien de rassurant. Détourné par une force gravitationnelle encore inconnue à ce jour, tous le croyait perdu. Que dire des autres vaisseaux que l’équipe du MVS cherchaient en vain ? Jupiter 452 essayait de rentrer en contact avec les bases les plus proches mais la Ceinture de Oort empêchait une bonne réception des canaux de communication. L’homme quitta prestement sa lunette et suivit par Atlas quitta le laboratoire.
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P.T Owens, un des illustres membres du Congrès et directeur de MVS était en réunion quand Mortensen fit son apparition. Ils avaient l’habitude de réunir en collège dans la grande sphère du Forum, là où toutes les décisions importantes se prenaient. Le bâtiment baptisé le Palladium offrait une vue sur la forêt de gratteciel dont la hauteur dépassait les 510 mètres. Les sénateurs avaient la tête dans le ciel et pour une civilisation prônant le culte du gigantisme, la tour ronde n’avait rien d’une construction originale. Quiconque pouvait y entrer par les différentes entrées perçant la colonne dont le diamètre donnait le vertige. Tous les regards des sénateurs convergèrent vers le scientifique au regard hagard et mal rasé. Il était porteur d’une bonne nouvelle et sur le trajet n’avait cessé de se la répéter. P.T fit signe à ses gardes du corps postés non loin de l’entée que tout allait bien. L’intrus n’étant pas ce qu’on pouvait appeler une menace directe. « Ils reviennent ! Ils arrivent ! — Vous pourriez être plus clair professeur ? —Jupiter 452 émet un signal depuis la ceinture d’Oort. Répondit- il des plus essoufflés. Les membres s’interrogèrent du regard. P.T se leva prestement sans exprimer la moindre surprise. Les traits de son visage étaient durs et il ne manifestait qu’une forme de mépris pour ses subordonnés. Il se voulait être le seul maître à bord dans son département et ici lorsqu’il était en représentation. — Je suis au courant oui. Mortensen n’était pas certain qu’il dise vrai. Ce dernier ne voulait seulement pas perdre la face auprès des autres sénateurs qui lui demandaient des comptes. — Vous interrompez notre réunion, ne le voyez- vous pas ?
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— Je ne peux pas croire que c’est tout l’effet que ça vous fait ? Voyons sénateur, il s’agit de nos meilleurs pilotes et leur retour révèle notre supériorité technologique. Ces appareils sont des prototypes conçus par mes équipes et c’est une…. — Et bien je n’hésiterai pas à vous faire citer en tant que….consultant. Le scientifique lui lança un regard noir quand un autre sénateur prit la parole au milieu de l’assemblée. — Où on est- on avec nos malades ? Les citoyens nous réclament plus de clarté que nous ne sommes pas en mesure de leur donner parce qu’amont vos recherches ne sont pas concluantes. — Je m’efforce d’être clair pourtant. —Arrêtez professeur. Comment expliquer à ces pauvres bougres que tout cela est le résultat d’une rencontre entre un météorite et notre champ électro- magnétiques. Savez- vous combien de comètes traversent notre espace intersidéral ? Assez pour ne pas s’alarmer. — C’est pourtant ce qu’il s’est passé ». Un autre renchérit : « Ce ne sont pas des preuves ! Vous nous décevez professeur. D’autres scientifiques appuient le fait que cela est dû à la prolifération d’une bactérie hostile à notre milieu. Point. Et c’est le rapport que nous rendrons public. — Comment ? Nous ne pouvons cesser nos recherches…. — Vos recherches ne sont pas à la hauteur de nos attentes. Nous avons des citoyens à rassurer. — Des femmes et des hommes sont actuellement placés en coma artificiel parce que votre soit- disant votre petite bactérie ne se propage pas à l’air libre, elle ne survient que lors des rayonnements émis par la météorite. Alors à
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moins de vous dire qu’il ne s’agit nullement d’une bactérie, mais de quelque chose de plus grave. — Cessez de voir le mal partout. Le résultat est officiel. Nous suspendons les recherches. Les patients du CML resteront sur la Lune jusqu’à ce que le traitement soit trouvé. Jusqu’à là nous vous rendons votre liberté. Il n’en crut pas ses yeux puis expira profondément prêt à foncer dans le tas pour envoyer quelques coups de poings et claques à toute cette bande de sots et faux- culs. —A votre place je ne prendrais pas cela à la légère. Les conséquences pourraient être plus graves que l’on ne pense. Owens sourit plein de sarcasme. Déjà les robots chargés de la sécurité des sénateurs entourèrent le scientifique dont la présence en ces lieux n’était plus désirée. —Cela sera tout professeur. Merci pour votre aide si précieuse. On essayera de se souviendra de vos recherches ». L’alarme retentissait dans la grande tour en forme de cylindre abritant le Centre d’Examens Médico- spatial (CEMS). Les sas de sécurité se refermaient simultanément de part et d’autre de l’aile menacée de contamination. Tout le corps médical affecté à cette zone cessa son activité pour suivre à la lettre les consignes d’évacuation. L’équipe de robots chargés du nettoyage par décontamination se mirent immédiatement au travail. Ces androïdes ne craignaient aucune forme de mal, quelle fusse humaine, végétale, animale ou dans ce cas virale. Ils recevaient des consignes directement par leur oreillette et traitaient toutes les informations de façon autonome et consciente. D’abord il leur fallait couper l’aération et gelé les conduits d’oxygène acheminant l’air vers les cellules d’examens. Ensuite, par équipe ils devaient condamner les accès conduisant aux ascenseurs et autres moyens de déplacements.
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Puis quand la zone fut sécurisée, les robots restaient sur place et veillait à ce que la décontamination fit son effet. Pour cela toutes les données captées étaient envoyées pour être traitées par le centre de coordination des équipes, là où était jalousement gardée la matrice du CEMS et c’est précisément là où se rendaient le médecin et sa charge. Il devait faire vite avant que les soupçons ne s’abattirent sur lui. Il avait placé son sujet dans une caisse hermétique, se déplaçant par la seule force de gravité. Tous le laissèrent passer après une rapide lecture de sa rétine. Il n’avait pas été contaminé, sachant parfaitement qu’il avait été immunisé contre le mal venu de l’espace. Il passa sa rétine au scanner afin de permettre l’ouverture des sas. « Docteur Scott, vous avez un message en provenance de Galatée. Dois- je vous le faire parvenir ? Lança une voix mielleuse au- dessus de sa tête. Galatée était l’esprit de la matrice, celle qui prenait les décisions les plus importantes. En quelque sorte, le maître à bord. Galatée était un hybride, mélange entre un humain et un humanoïde. Mais elle tenait plus de l’humanoïde que l’humain, voire du cyborg. Le médecin soupira devinant que Galatée savait pour Wharton et lui- même. — Envoyez le moi… » Il se caressa le dessus de son crâne rasé et attendit que l’hologramme apparut. Galatée avait les traits de ces anciennes peuplades d’Asie, celles aux yeux de chat et à la chevelure noire. La créature avait un regard terrifiant, entre l’insensibilité et la cruauté. Ses paupières étaient recouvertes d’une pellicule verte lui donnant quelque chose de maléfique et de malveillant. « Que cherches- tu à prouver en agissant de la sorte ? » Le corps que tu transporte doit être mis à la disposition du corps médical. Nous trouverons un
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virus capable d’éradiquer le mal dont souffre certain de nos concitoyens. « Elle n’est plus d’aucune utilité pour la science et tu le sais autant que moi. En tant que directeur du centre, vous m’avez laissé carte blanche pour ce qui est de…. — Il me semble que tu sois dans l’incapacité de prendre des décisions justes pour le bien de la communauté. Ce corps est contaminé et pour cette raison ne quittera nos locaux. Est- ce clair pour toi ou dois- je limiter quelques-unes de tes prérogatives. — Enfin Galatée ! Tu sais toute la haute estime que j’ai pour toi. Je ne prendrai jamais une mauvaise décision qui nuirait à la santé publique, sachant pertinemment que cela nuirait à ta crédibilité. On forme une équipe et depuis tout ce temps déjà, tu as appris à me faire confiance. Il est dans notre devoir en ce jour de prouver que nous appartenant à l’élite chargée de veiller au bien de tous. Il faut que tu me laisses faire Galatée et notre travail sera ainsi récompensé. Galatée ne le lâchait pas des yeux, cherchant à lire dans son esprit. — Tu as déjà contourné plusieurs règles ces derniers temps, dans le but d’assouvir tes propres pulsions et fantasmes. La première fois, je fermai les yeux et me suis montrée clémente par la suite, mais aujourd’hui, l’enjeu n’est plus le même. Des vies sont menacées et la réussite comme l’échec dépende de notre clairvoyance et de notre capacité à effectuer notre tâche correctement. — Alors je te remercie d’être aussi conciliante. —Tu as l’obligation de me transmettre toutes tes recherches ainsi que les entrevues avec A.B. J’ai cru comprendre que vous vous êtes mis d’accord pour un compromis ». Il sut dès lors que Galatée avait des espions partout. Des mouchards électroniques pas plus gros qu’une fourmi, s’introduisant partout pour
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se raccorder aux ordinateurs. L’entité semihumaine devait craindre une menace venant de son personnel et non une menace extérieure. Elle avait tout à penser que B.K Scott la trahirait parce trop impétueux pour rester derrière un écran d’ordinateur. C’était un homme de terrain qui plusieurs démontré son orientation à défaire les codes de conduite. Il ne répondait à aucun critère et c’était bien pour cette raison que Galatée l’avait choisi parmi plus de 1500 candidats. Il avait ce que les autres n’avaient pas et ce trait de caractère le rendait unique et imprévisible à la fois. Quand la planète bleue connut ses heures sombres, les hommes creusèrent des galeries, donnant naissance à des habitations troglodytes, puis des colonies furent creusés dans la roche de chaque côté des colossaux puits descendant au plus profond de la croûte terrestre. Là un ballet incessant de VTFN (véhicules terriens à fusion nucléaire) descendaient et montaient les parois desservant quantité de bases regroupées en forme de congrégations. Au centre des puits, des puissants réacteurs servaient à la ventilation, à la production d’énergie et au transport des terriens. Pour éviter tout chamboulement du au déplacement des plaques tectoniques, l’homme avait conçu des structures capable de supporter des modifications de terrain et des chaleurs apocalyptiques survenant lors des éruptions volcaniques. Des systèmes écologiques clos permettaient l’approvisionnement en oxygène et en air. Le dioxyde de carbone était recyclé notamment et les déchets solides et liquides servaient à la production d’énergie. L’homme ne manquait jamais d’ingéniosité pour parvenir à ses fins. L’intellect humain faisait preuve de créativité et de détermination pour survivre dans un environnement hostie à ses
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origines. Sydney avait compris que personne ne lui chercherait des poux dans la tête s’il disparaissait un court moment de la surface de la terre. Comme tout système n’étant pas infaillible, il avait payé pour qu’on lui désactive son code barre imprimé au fond de sa rétine. Il ne supportait pas ce système où chaque individu était fiché, surveillé dans ses moindres faits et gestes et n’étaient connus que sous une immatriculation. Le cyber scientifique voulait une existence plus proche de la nature et bien moins compliquée que celle régit sur terre ou dans leur système solaire. Aux yeux de la DJAP il avait disparu et les membres du département de Justice ne permettaient plus aucune réhabilitation à qui enfreignaient les règles. On les envoyait sur le sol lunaire ou martien comme « volontaires ». Sydney avait rendezvous ce jour-là avec un proscrit, un dénommé F.J William au regard d’acier façonné par des années de lutte contre l’administration pénitencier. Les deux complices échangeaient des renseignements depuis de longs mois, tous deux à la solde de partisans modérés. Ils n’interviendraient pas maintenant. Il était encore trop tôt pour eux. Non plus tard….quand le chaos reviendra…. Quand Taylor se réveilla. Il n’était pas seul. Autour de lui des robots s’activèrent pour lui venir en aide. Il se souvenait s’être évanoui et après, le trou noir. Le scientifique était encore conscient bien qu’étant dans un coma artificiel. Il voyait des choses se produire plus ou moins chronologiquement. D’abord cette pluie d’astéroïdes s’abattant sur la terre, puis le visage de cette créature croisée sur la lune A.N Wharton qu’il ne parvenait à effacer de son esprit, puis la galaxie dans toute sa splendeur. Ensuite, il assista à la mort d’une étoile de façon accélérée. Tout ce spectacle était
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merveilleux. Comment croire que cela n’était que le résultat d’incroyables réactions nucléaire que l’homme ne pouvait quantifier. Le cœur d’A.B Scott s’emballa. Il était à présent dans une pouponnière d’étoiles. Elles étaient là à rayonner plus violement que notre propre soleil. A nouveau l’image de la terre parcourut par des ondes électro- magnétiques. Il tressaillit avant de se relaxer complètement. Puis notre soleil devint une naine blanche dépassant alors les 100 000 degrés. Non cela n’était pas le soleil ! Il se trompait. Il se concentra pour percer l’origine de ce nouvel astre. Ce n’était ni la planète bleue ni notre étoile. Les yeux ouverts, le scientifique allongé sur le lit d’examen cherchait à sortir de ce terrible engourdissement. L’homme nu à la peau tannée et au crâne rasé fut arrêté par les membres de la DJAP. Complètement hagard, on l’avait trouvé sur la voie publique. Comme il n’avait aucune immatriculation, la DJAP procéda à son arrestation. Il ne manifesta aucune résistance. Tout lui semblait être inconnu. Il tâtait ses membres, très curieux de son apparence. Il fut placé dans un caisson de sécurité avant que l’équipe chargée de l’interroger ne fut dépêchée sur place. On devait suivre la procédure. Le géant deviendrait alors la propriété du GDT. C’était ce qui pouvait lui arriver de mieux. Il toqua contre la paroi vitrée des plus interloqué. E.M s’assit derrière le sas de protection et ajusta le micro devant lui. — Bonjour. Sais- tu pour quelles raisons tu es là ? L’inconnu sursauta, essayant de connaître la provenance du bruit. — Tu n’as pas d’immatriculation, alors de savoir qui tu es, tu seras C.R Dwayne et tu resteras dans nos locaux jusqu’à nouvelle ordre. Tu comprends ce que je viens de te dire ? »
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Interloqué l’homme tourna sur lui- même. Soudain, il eut un rictus au coin des lèvres. La DJAP avait de nombreux moyens pour faire parler les plus réticents, mais l’heure n’était pas aux démonstrations de pouvoir. Ils allaient l’anesthésier localement afin de lui injecter une électrode dans l’avant- bras. Une énorme mandibule sortit du plafond, une sorte de bras articulé dans la fonction était d’enserrer les crânes. Ensuite, une visière se plaçait devant les yeux de l’individu. Il voyait passer des images censées les détendre. Ces sensations pénétraient instantanément l’hémisphère cérébral droit où était localisée la douleur. Une fois le casque ôté, l’individu ne se souvenait plus de rien. Ni de la douleur, ni des images. Acturus caressa son avant- bras. Quelque chose l’avait légèrement piqué. Mais quoi ? « C.R Dwayne, nous allons à présent vous remettre un uniforme. Tu vas accomplir une grande mission. On a besoin de volontaires comme toi sur Mars. Je présume que tu n’as encore jamais quitté le sol terrien. Alors c’est une aubaine pour toi ». Il fronça les sourcils quand le sas s’ouvrit. Une équipe d’androïdes l’attendait au- delà de la porte, prêt à intervenir à la moindre tentative de fuite. Sans faire d’histoires C.R Dwayne traversa le sas qui se referma derrière lui dans un sifflement étrange. Puis E.M se caressa le menton, perplexe. — C’est le neuvième que l’on enregistre depuis seulement trois jours. Je crois que l’on devrait prévenir le congrès. Nos rebelles refont surface. Il nous faut prévoir une attaque surprise, alors il est temps pour nous de nettoyer tous les cafards du plancher. Scott prépara ses outils de travail quand il se précipita sur A.N Wharton.
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« Non ! Ne touches pas à cela, susurra- t- il en l’intention de la créature. Il venait d’accéder au Temple, l’endroit le plus secret du site. Le temple était une pièce de stockage, là où tous les scientifiques conservaient une trace de leurs recherches, travaux et aboutissements. Des milliers de microprocesseurs, tous plus performants les uns des autres servaient de banque de données. Nulle lumière diurne ne venait endommager les puces électroniques, reliées entre elles par des cathodes. Pour lire les informations stockées, il fallait se munir d’un gant à lecture digitale. Ainsi l’émission apparaissait par fluorescence, qui n’était autre que le choc des électrons sur des atomes. La lecture se faisait dès lors sous forme d’hologrammes développés, proposant plusieurs fenêtres de guidage. B.K Scott venait pour étudier les données du programme Genesis, certains qu’une partie de la vérité se cachait dans le passé. Il enfila les gants et se mit au travail. Il accéda aux vidéos prises par le CMM montrant les enfants préalablement sélectionnés. Il y avait l’immatriculation de tous les enfants ainsi qu’une capture vidéo de ces derniers. L’enfant interpella sa réflexion. Elle ressemblait étrangement à A.N Wharton. Le jeune toubib sélectionna la vidéo n° 6547 qui mettait en scène l’enfant. Une voix- off lui posa la question : « Sais- tu pour quelle raison es- tu là ? L’enfant confortablement assise sur un tabouret baissa la tête, le sourire aux lèvres. — Oui. J’ai été choisie pour faire partie du programme Genesis. — Et sais- tu de quoi est- il question ? —Servir la science en confiant nos cellules immunitaires au Centre Médical Martien. La voix- off soupira. — C’est correct. C’est un grand honneur de servir le CMM ».
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Brusquement l’enregistrement se coupa. Certaines vidéos avaient été sabotées afin de taire des vérités honteuses. B.K Scott choisit une autre vidéo. La dernière du lot. Il voulait l’identité des personnes chargées du programme. Pour percer toute exactitude, il devait les retrouver eux. Le GDT taisait ces renseignements et pour le gouvernement d’ailleurs, Genesis n’avait jamais eu lieu. Personne n’ayant été en mesure de confirmer l’authenticité de ce programme touchant à modifier le système immunitaire humain. La LDC (ligue des droits des Citoyens) aurait alors attaqué ce genre d’expérimentation. Elle avait assez de pouvoir pour condamner quiconque violait les principes fondamentaux de la liberté individuelle. La vidéo s’ouvrit sur une vidéo parasite. Un virus qui n’avait vraisemblablement pas été filtré par le système de nettoyage. B.K ne parvint à s’en débarrasser. Elle s’ouvrit instantanément. « Bonjour je suis T.T Varius et j’ai été affecté au programme Genesis. J’ignore si je serai encore de ce monde quand vous lirez ce programme, car je fais l’objet de poursuites judiciaires. Le médecin reconnut là la voix off de l’interview. — Sachez que je n’ai jamais soutenu ce projet et que j’y ai été affecté contre mon gré. Il est certain que ces enfants sont encore en vie, quelque part dans notre système solaire. Nous mettons tout en œuvre pour les retrouver et si vous m’écoutez, soyez aimable de prévenir un maximum de personnes sensibilisées pas ce sujet. Ces enfants ont fait preuve d’un courage certain et d’une pugnacité à toute épreuve ; je ne suis malheureusement que leur porte- parole. Il faut les aider, parce que seuls, ils sont vulnérables… J’ai confiance en vous, alors je vous supplie de les aider.
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Interruption de la vidéo. B.K Scott se perdit dans ses pensées puis se tourna vers Wharton. Il avait une piste pour ses recherches. Jamais il n’aurait pensé que tout cela aurait pu avoir un lien avec un programme à portée scientifique comme celui- ci. Il avait été dans le faux. Puis il comprit quelque chose. La vidéo virus était antérieure à tous ces fichiers. L’auteur avait dû se manifester bien plus tard. Voire des années après le drame. Une façon de se repentir. Si l’homme se disait être menacé par les autorités, il ne devait pas être sur terre, mais quelque part dans le tréfonds de la planète. Comme il ne pouvait agir seul, il devait rentrer en contact avec Mortensen. Ce dernier suivit de son fidèle Atlas quitta l’enceinte du Congrès. P.T Owens était une plaie. Un imbécile qui ne comptait que sur sa popularité pour prendre des décisions. Il vouait une haine féroce envers Mortensen dont il ne parvenait à se débarrasser. Il ne pouvait tolérer sa désinvolture et son indifférence quant au règlement régit par le Congrès. Sa lobotomisation avait été un cuisant échec. Tous pensaient de lui qu’il avait été frappé par le « mal de l’espace » depuis son retours en orbite de Neptune. Tous pensaient qu’il avait perdu la tête et pourtant jamais Mortensen n’avait été aussi près de la vérité. Le programme L2 avait vu le jour grâce à son intervention et P.T Owens devait admettre que le scientifique n’était pas totalement dans l’erreur. Il entra dans son bureau suivit par ses gardes du corps. Là, les mains derrière le dos il observa les buildings érigés vers le ciel. Sa mégalomanie le poussait à constamment être le meilleur. En tant que membre du Congrès, il se devait de garder une certaine droiture. « On en est où en est- on avec le vaisseau Jupiter 452 ? Lança- t- il à l’ intention de son
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assistante Niobé, un robot aux formes sexy et à la bouche pulpeuse. —D’après nos derniers calculs. Il approcherait de la ceinture d’Oort. Il ferma les yeux en soupirant. — Est- ce tout ? comment se fait- il que Mortensen ait eu l’information avant moi ? Je suis entouré d’incompétents qui tentent à me ridiculiser auprès des autres membres du Congrès. Une bande de bras- cassés. — Il se puisse que Mortensen soit équipé d’une lunette plus…. — Des foutaises ! A présent, il me faudra attendre leur signal et les intercepter avant que le RSS ne s’en charge. Pour ça, j’ai besoin d’un vaisseau plus rapide pour les remorquer. Trouvez-moi des pilotes compétents et… ». Brusquement on frappa à la porte avant qu’Ulrich ne la franchit sans y avoir été invité. C’était sa façon d’être et rien ni personne ne le changerait. Le pernicieux sourire aux lèvres, il avança vers le sénateur dont l’étole rouge à bord dorés tombait sur son torse. Le major de la DJAP ne se perdrait pas en futilités, car le temps lui était compté. Il portait sur l’œil droit une lunette à lecture bio- chimique capable de lire à distance les codes inscrits dans la rétine des individus croisés lors d’un contrôle d’identité. « Je crois avoir une piste sur l’enlèvement de Caesar, votre employée. — Vraiment ? — Et vous n’avez l’air nullement surpris. Cette nouvelle aurait du vous faire sauter au plafond. Les deux hommes se toisèrent du regard. Le sourire ne quitta pas le visage du major de la DJAP. Il ne pouvait souffrir le sénateur et ne le cachait à personne. — Suivant nos hypothèses elle aurait cherché à fuir quelque chose. — Et pour quelle raison l’aurait- elle fait ? Non, réfutez cette hypothèse. Elle était mon meilleur
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élément au sol et je sais parfaitement quels desseins l’animaient. Ulrich s’esclaffa. —Une cyber- scientifique difficilement programmable. Il arrive parfois que l’on ait des difficultés à se faire entendre. Elle travaillait sur le programme L2 n’est- ce pas ? Pourriez- vous m’en parler ? — Je n’ai malheureusement pas le temps. Je suis attendu. — Vos petits camarades du Congrès seront se montrer patients. Nous avons une fugue à élaborer. Nouveau silence pendant lequel le sénateur exécrait cet intrus. — Le programme L2 est….un programme spatial. L’exo- planète découverte il y a maintenant deux ans émettrait un signal des plus mystérieux. Il semblerait qu’une force extraterrestre chercherait à rentrer en contact. Nous avons perdu son signal mais….il s’avérerait qu’elle soit localisée dans le super- amas de la Vierge. — Et croyez- vous que tout cela ait un rapport avec ce qui nous tombe sur le nez ? — Je ne vous suis pas. — C’est vous le scientifique. Avez- vous déjà entendu parler des trous noirs au cours de votre carrière ? P.T ne supportait l’humour railleur du cyber. Il passait à ses yeux pour un imbécile et cela le rendait fou de rage de ne point être respecté par personnalité si influente. — Ce quasar aurait vraisemblablement été aspiré par un trou noir. — Et c’est là que l’histoire devient intéressante. Cette soi- disant exo- planète aurait trouvé un raccourcis jusqu’à notre galaxie, menaçant la vie sur nos colonies extra- stellaires par l’explosion d’astéroïdes. — C’est à peu près cela.
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— Vous m’envoyez ravi, déclara ce dernier en affichant un sourire conquis, sans lâcher des yeux son interlocuteur. —Etes- vous seulement venu pour me parler de ça ? — Non –il sourit de plus bel- bien- sûr que non ! Le meilleur reste à venir. Des morts inexpliquées et puis la ferme intuition que quelque chose se trame au- dessus de notre tête. — Cela n’a rien d’un complot. Tout cela n’est que des coïncidences, rien de plus Major. — Je n’ai pas parlé de complot. Mais eux en sont persuadés. Savez- vous combien de criminels sont remontés à la surface ces derniers temps ? Neuf. Des types sans plus aucune immatriculation. Je crois que la perspective de travailler comme volontaires sur Mars ou la lune ne leur déplait pas. — Je l’ignorais. — Il va falloir stopper cette hémorragie. Faites une déclaration publique dans laquelle, vous mentionnerait avoir trouvé un remède contre ce mal inconnu qui terrorise plus d’un. Et tout rentrera dans l’ordre. Quant à la très sensuelle Caesar il se puisse qu’elle nous revienne plus tôt que l’on ne pense ». Il partit et laissa le sénateur planté près de la baie vitrée. Il allait devoir mentir aux citoyens pour la bonne cause. L’antidote au virus serait une sournoise calomnie. Il se perdit dans ses pensées. Tôt ou tard, il perdrait le contrôle de la situation. Mortensen avait une fois de plus raison : il ne s’agissait nullement d’une bactérie, mais d’un mal plus grave. L’heure était à la prévention. De nouvelles mesures devaient être envisagées pour éviter toute propagation. La mise en quarantaine ne suffirait pas. Il leur fallait un vaccin. A.B Taylor se leva lentement, en tremblant de tous ces membres. Il avait survécu et ne savait
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comment. La réponse se trouvait dans le fort taux d’hélium emmagasiné dans son corps. Tout comme Mortensen il avait subi une mutation génétique. Les rayons cosmiques, propriété de L2 nourrissaient la voie lactée de plus de 92 éléments de classification dont les protons, électrons et autres particules. Tout ce micmac favorisait une certaine énergie. Ces rayons constamment déviés par les champs magnétiques des milieux qu’ils traversaient n’arrivaient que transformés. Il brancha immédiatement des capteurs sur son corps sous le regard ahuri des androïdes. Son corps recensait une majorité de particules Alpha (l’hélium), des protons (hydrogène), d’électrons à faible quantité et des noyaux plus lourds comme le lithium. Il avait une énergie capable de soulever une masse de plusieurs tonnes ! Il se frotta les yeux avant de se débrancher. Il voulut savoir l’origine de cette force. Le morceau d’astéroïde recueilli sur le sol martien. Il détenait la clef de la guérison. Cela ne faisait plus aucun doute. * Quand Varius se réveilla, son réflexe fut de s’assurer que son arme à électrons fut bien près de lui. L’homme aux cheveux courts et raides s’assit sur le rebord de sa couche, la tête entre les mains. Depuis toutes ces années, la culpabilité le rongeait. Il savait cependant que son message serait lui et connut du grand public. Son chien, un berger allemand arriva sur lui, la gueule entreouverte. L’animal provenait d’une insémination artificielle, d’un clonage issue d’une cellule souche secrètement conservée à l’ISG, l’institut de Survie Génétique. Sorte d’Arche de Noé où toutes les espèces animales, végétales et humaines pouvaient être sauvegardées. Des milliers de chromosomes étaient ainsi conservés dans l’azote liquide. Toute sa vie, T.T
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Varius avait travaillé sur cette grande complexité qu’est la génétique. Il savait qu’un virus infectant une cellule, pouvait intégrer son patrimoine génétique dans l’ADN d’une cellule parasitée. Les maladies génétiques avaient été éradiquées depuis plus d’un siècle. Le tri des cellules embryonnaires porteuses de maladies génétiques était devenu techniquement possible ; soulevant néanmoins la troublante question d’éthique. Fallait- il ou pas modifier les enzymes responsables des désordres génétiques dans l’ADN fœtal ? Le chien Fidelio vint lécher la main de son maître en remuant fébrilement la queue. Varius vivait un squat dans les profondeurs de la terre, la lumière qui lui provenait venait des néons produits en grande masse. Il se caressa la nuque avant de se lever torse- nu. Sa première attention fut celle de mettre en marche une vidéo, non classée dans les archives du Temple. Il était l’un des protagonistes et donnait une interview à une enfant d’une dizaine d’années. « Que feras- tu une fois libre ? — J’irai sur terre. On dit que l’on y respire sans masque à oxygène et puis il y a de l’eau. C’est là que la vie a pris forme à son commencement. Je rêve de pouvoir un jour y poser le pied (elle se tut, les mains posées sur ses cuisses) voir la lune dans le ciel doit être un merveilleux spectacle. Et puis assister à un coucher de soleil, assise sur le bord de l’eau. Tout cela doit être féerique. S’il est permis de rêver, j’aimerai traverser un champ de blé sous un beau ciel bleu, accompagnée par le chant mélodieux des oiseaux. Je crois que cela serait le plus beau des rêves. Pourquoi pleures- tu ? — Parce que je n’ai pas le pouvoir de donner vie à tes rêves ». Il interrompit la vidéo, la gorge nouée. Il n’avait pas su protéger l’enfant. Elle était probablement morte à l’heure qui l’était, tuée par les soldats de l’AGD (l’Armée des Gouvernements
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Démocratiques) chargée de faire régner l’ordre dans les colonies galactiques. Cet organisme ne comprenait que des robots, imposante structure en métal capable de résister à des températures extrêmes. Ils fonctionnaient par énergie nucléaire, commandés à distance par une tour de contrôle nommée la Rotonde. Ces soldats, fruit de la fusion thermonucléaire restaient les pourvoyeurs de la mort. Qui les croisaient n’était pas certain qu’un lendemain. T.T Varius se souvint du jour où il prit cette décision : sauver les enfants au péril de sa vie. L’astronef devait gagner un territoire neutre quand une attaque fut déclenchée contre le vaisseau- pirate. Les enfants furent mis dans des capsules à moteurs à hydrogène. Ces dernières devaient pouvoir suivre l’attraction de la force gravitationnelle de la planète tellurique pour être ensuite catapultées vers la terre. L’ordre de mission échoua. Un problème informatique vraisemblablement. Et Varius était responsable de la disparition de ces enfants. On frappa à la porte de son refuge. Pris de panique, il n’osa pas ouvrir. La DJAP avait des espions partout. Il ne pouvait se permettre une négligence. On frappa à nouveau. Grâce à la caméra, il put lire l’immatriculation de l’intrus. Mortensen scientifique au RSS. Il avait dû lire son message, mais comment avait- il put le retrouver si rapidement ? La main sur son arme, il accepta d’ouvrir la porte, ayant assez d’armes chez lui pour lever une attaque contre un ennemi venu de nulle part. « Varius, je sais que tu es ici alors ouvres avant que je ne défonce cette porte ! — Il n’y a personne ici de ce matricule-là. — J’ai lu ton message et j’ai pensé qu’il était temps de faire connaissance. Ils s’étudièrent minutieusement. T.T Varius était du type caucasien avec un fort pourcentage de métissage provenant d’une population
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d’origine polynésienne. Ce dernier avait un appareil pour lire les informations enregistrées dans la rétine de l’intrus. Ainsi il sut immédiatement à qui il eut affaire. — Comment m’as- tu localisé ? — Mon cyber- robot. Il a été programmé pour pirater des systèmes –il se pencha à son oreille comme pour se confier- disons que tu as laissé bon nombre d’empreintes lors de ton passage au Temple. A croire que tu attendais notre arrivée dans les heures qui suivaient. Alors nous voilà. — Qu’est- ce qui te fait croire à la véracité de l’enregistrement ? — Parce qu’on a des ennuis en haut. Des ennuis d’un autre genre, disons de source inconnue. Et on a besoin des compétences d’un expert en biogénétique. Quelqu’un capable de décoder des données défragmentées et trouver le chaînon manquant. — Oui j’ai jadis travaillé pour….pour la recherche génétique. J’y ai consacré mon temps pour ce qui me semblait être la plus noble des quêtes. Mais cette époque est bien loin. Comme tu peux le constater, j’ai fermé boutiques. — Des individus tombent dans le coma et j’ai bien peur que nos compétences soient limitées dans ce domaine ». Il lui parla de tout depuis le commencement. Cela lui prit du temps mais il voulait être certain que Varius comprendrait. Les bras croisés sur sa poitrine, il laissa le scientifique déchu parler de ce qu’il savait. L’interrompre ne servirait à rien. Il savait de quoi était capable le Congrès et dans ce nouveau trouble, les plus faibles seraient sacrifiés pour la survie des autres. On appelait cela la sélection naturelle. Mortensen se tut quand il pensa que son interlocuteur avait décroché. « On a besoin de toi. Le monde a besoin de ton savoir.
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— Non je…je me suis juré de ne pas remonter. Je suis un terroriste pour beaucoup et ils ne tarderont pas à m’envoyer dans un pénitencier martien pour y purger une éternelle peine. Tu sais comme moi que je n’y survivrai pas, personne n’y échappe, excepté par une mort certaine. — Ton retour pourrait être une sorte de bombe à retardement. Tu as des choses à dire, mais tu attends le moment favorable pour briser le secret. Ta mission serait de te pencher sur ce virus venu de l’espace et nous apporter les réponses que l’on souhaite et comme tout a un rapport plus ou moins direct, bien qu’il nous manque les pièces du puzzle. — Je ne tiens pas à m’exposer aux yeux de tous. Mes recherches sont pour le moins confidentielles. — Même si tu pouvais l’aider à retrouver la mémoire. — Quoi ? La mémoire de qui ? Mortensen posa le bras devant l’homme puis se baissa lentement sur lui. — Elle était avec toi sur Mars et elle a survécu grâce à toi. Aujourd’hui plus que jamais, elle aurait besoin de savoir qui elle est et tu sais de qui je parle ». Le soleil se coucha sur la terre. A.N Wharton n’avait jamais encore vu pareil spectacle. Les rayons solaires balayaient les panneaux solaires disposaient sur les impressionnants édifices. Les mains posées sur la baie vitrée, elle puisait les ultra- violets que lui transmettait le soleil. Cette étoile qui permit la vie sur terre. Wharton connaissait cette étoile, non parce qu’elle l’avait vu plusieurs fois se coucher mais parce qu’elle l’avait vu naître, environ 200 millions d’années après le Big Bang. Comme la lumière voyageait à 300 000 km/secondes, il lui avait fallu du temps pour lui parvenir, mais elle l’avait vu et elle savait qu’elle ne se trompait pas.
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En fermant les yeux, l’éloignement des corps céleste perdait en millions d’années- lumière de distance. Cela revenait à dire que la lumière qui m’était plus de 9 460 milliards de km par an, c’était considérablement réduite en seconde. L’amas de la Vierge, la galaxie d’Andromède, le petit Nuage de Magellan, le grand nuage de Magellan, l’amas globulaire, la marge de la voie lactée puis les étoiles, Bêta du Centaure et Alpha du centaure avant de parvenir au soleil. Avant d’atteindre l’amas de la Vierge, elle avait observé le plus vieil objet, un pulsar à 11 milliards d’années- lumière. Soudain, elle ouvrit les yeux. Quelque chose qu’elle n’avait jamais vue observé auparavant se déplaçait dans l’espace galactique. A.B Taylor courbé au- dessus de sa table s’activait pour extraire un peu de son sang. Il savait que le remède résidait en partie dans les cellules de son ADN, un nouveau code venait de s’inscrire. Grâce à l’échantillon de sang récolté, il saurait quels enzymes et quels anticorps avaient été modifiés. La génétique n’était pas son domaine, mais il savait où chercher. Le sang fut confié à un ordinateur qui aussitôt se chargea d’établir les synthèses par l’addition de nucléotides. Les données apparurent immédiatement à l’écran. L’ADN comprenait des nouvelles gênes, provenant d’une bactérie étrangère qu’il baptisa 455 comme la fin de son immatriculation. Cette dernière était inoffensive et avait permis la fabrication d’une nouvelle protéine. Il enferma la capsule de sang dans un bracelet métallique et hermétique à toute attaque radio- chimique et quitta les lieux. Il devait rentrer en contact avec Galatée. Les nouvelles recrues de la DJAP recevaient une formation intensive dans l’enceinte même de l’imposant édifice de forme hexagonale. On y apprenait le maniement des armes.
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Il s’agissait en particulier de fusils d’assaut à charge d’ions, capable de s’adapter à l’obstacle choisi. Ces armes étaient individuelles, ne répondant qu’à l’empreinte digitale du détenteur. C.R Dwayne fut équipé d’une solide armure en fibre de verre et composants pétrochimiques, capable de protéger l’homme des charges radioactives. Une oreillette posée sur l’oreille gauche leur permettait de recevoir les ordres à distance et tout comme les cybers ils possédaient une lunette capable de lire les rétines des colons, enregistrer des données et prévenir d’une quelconque menace provenant de l’air. Le géant à la peau hâlée n’avait jamais vu autant d’engins, de matériels, d’armes sophistiquées et d’ordinateurs dans un même endroit. Puis il y avait ce gros cristal qui l’intrigua. Le capitaine A.E crut bon instruire le nouveau membre de son unité d’infanterie. Les volontaires ramassaient pour eux le cristal qu’ils acheminaient sur la planète bleue. Là on chauffait le matériau jusqu’à ce qui passa de la forme solide à liquide, puis gazeuse. Suite à cela, il se transformait en milieu complètement ionisé, le plasma. L’homme qui le renseigna savait qu’il avait besoin d’homme comme C.R Dwayne, une force de la nature qui forcerait le respect. Il l’avait vu à l’œuvre : il apprenait vite, se déplaçait étrangement vite, une vélocité inégalité. Les humains se faisaient rares dans ces corps d’élite, on ne pouvait réellement se fier à ces entités leur préférant les cyber- robots et les robots. Placer des humains dans les rangs de la DJAP était une façon déguisé de se débarrasser des rebelles au système, des hommes déchus de leur fonction. Ils acceptaient de se faire enrôler et partaient pour les colonies afin d’y établir l’ordre, le pouvoir et illustrer la suprématie du
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Gouvernement à travers la galaxie. Mais le cristal avait une autre fonction, celle de produire des ultrasons (sonars) destiné à détecter des véhicules non- identifiés comme les VTNG (véhicules terrestre non gouvernementaux) fabriqués dans des usines clandestines. La DJAP craignait des menaces venant du sol, des profondeurs de la terre là où l’autorité était bafouée. L’entité Acturus devenue C.R Dwayne cherchait un moyen pour quitter la surveillance des androïdes postés en sentinelles devant les entrées et sur le chemin de ronde du grand dôme central. Il apprenait vite, analysant tout ce qui se trouvait dans son champ visuel. Il savait que pour mener à bien son objectif, il devait tenir compte des sentinelles, des MRT (Moniteurs Radiotélécommandés) sur lequel apparaissait le visage de tel ou tel chef des opérations chargés de faire passer des informations. Puis il y avait les portes étanches à lecture optique, actionnées sous autorisation. Tous ces paramètres devaient être pris en compte au point qu’il était impossible de s’évader de l’enceinte. Les recrues qui quittaient le centre, empruntées un long couloir suspendu dans le vide et qui devaient les conduire dans des vaisseaux d’escorte spatiale (VES) appartenant bien évidement à la AGD. Aucun moyen d’en échapper, les recrues étant enregistrées, pointées et acheminées vers les vaisseaux de la « dernière chance ». Pourtant C.R Dwayne allait rendre possible cette évasion et pour cela il n’eut besoin d’aucune aide interne. Il posa sournoisement la main sur un des sentinelles postées devant une issue et la vida de ses programmations initiales. Il était devenu à présent un voleur de données, un caméléon et un stratégique fugitif. Quand les sirènes du centre retentirent C.R Dwayne était déjà loin. Le directeur du centre tut
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immédiatement alarmé. Il quitta la serre suivit par des robots chargés de maintenir l’ordre. De toute sa carrière, il n’avait assisté à pareil désastre : on disait le système de sécurité infaillible. A croire que tout système connaissait des failles. L’homme portait l’immatricule RT4500 et n’avait jamais souffert de pareil échec depuis sa carrière. Immense homme, il avait une mâchoire carrée, des joues creuses, un regard taciturne. Il avait acquis ses galons tout à fait légitimement en combattant des rebelles dans la ceinture d’Oort. Une légende vivante qui continuait d’impressionner qui croisait son chemin. La tête rasée, il enfila un casque et des gants afin de se rendre immédiatement combattif. Il se rendit à la plate- forme où avait lieu les acheminements vers la galaxie. « Qu’est- ce que nous avons ? Demanda ce dernier en lisant rapidement les renseignements qui défilèrent sous ses yeux. Lancez la procédure et faites suspendre tous les vols jusqu’à nouvel ordre….qu’est- ce que vous attendez ! » Soudain, la sirène retentit de nouveau. Huit autres venaient de disparaître de façon tout aussi mystérieuse. RT4500 devait craindre un désordre sans précédent. Il devait immédiatement contacter la DJAP et le Sénat. Tout crime ne devait pas rester impuni. « Que sais- tu, que tu ne m’ais rien dit ? Neuf de mes nouvelles recrues viennent de se tirer avec armes et munitions. Les vols sont suspendus et le reste des troupes sont retenues au Grand carré (endroit pour la quarantaine). Dis-moi ce que tu sais ! » Le cyber visible dans l’écran du moniteur portatif affichait sa bonne humeur. « Le Sénat est prévenu des risques potentiels d’une insurrection. Je leur ai fait savoir que neuf détenus ne portaient pas d’immatriculation, dont C.R Dwayne notre leader. Il est possible de le
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tracer via sa puce électronique dont le champ d’action permet un quadrillage précis. J’ai la situation en main. Cette….chose nous conduira où l’on veut savoir. — Cette chose ? Insinuerais- tu qu’elle n’est pas humaine ? —C’est ça oui. Les analyses sanguines révèlent un fort taux de….cette chose est d’origine extraterrestre. Nous sommes face à la plus grande énigme de notre humanité. Je contrôle la situation. Laisses partir les vaisseaux et reprends ton travail où tu l’as laissé ». La communication s’interrompit. Ils étaient face à un problème de taille. A.N Wharton se rendit dans le quartier médical où devait se tenir lieu sa première confrontation avec son passé. Assise sur un grand tabouret elle attendait patiemment la suite des événements. Derrière l’écran opaque, le médecin Scott les bras croisés sur la poitrine fixait sa protégée les yeux dans le vide. A ce même instant Mortensen et T.T Varius firent leur apparition. Le médecin n’eut aucune considération pour la nouvelle personnalité qui venait de faire son entrée dans leur intimité. Ce dernier parut se figer en voyant la jeune femme installée au milieu de la pièce capitonnée. « Je ne suis pas certain que cela en vaille la peine. Elle n’était qu’une enfant et il est possible que remuer le passé fasse surgir des choses peu agréables ». Lança le scientifique manquant cruellement de courage, poursuivi par les affres du passé. Une main rassurante se posa sur son épaule. Celle de Mortensen lassé de cette grande démonstration de sentimentalisme de son invité. Il était temps de rassembler les indications manquantes. — On te demande seulement de la saluer. Il est possible que ta présence agisse sur elle comme un électrochoc. Nous avons besoin d’en savoir un peu plus sur elle.
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— Arriverez- vous à me convaincre de la fiabilité de votre programme ? — Elle est d’origine inconnue, fichée nulle part. Son patrimoine génétique a été entièrement modifié dans un but qu’il nous faut éclaircir. On pourrait la qualifier d’aberration chromosomique, mais avant d’apporter pareil étiquetage, on se doit d’être certain de ce que l’on avance. Vous avez été un membre de Genesis pour ne pas dire l’un de ses investigateurs. Vous devez en savoir plus que nous. Or le sénat nous fait obstruction et tant que nous ne paraissons pas crédible A.N-X n’a aucune existence réelle. Un élément d’un programme n’a jamais classé dans nos archives. — Je rentre et je ressors, c’est ce que vous voulez. Ensuite, vous m’oublierez aussi vite ». La porte s’ouvrit dans un chuintement et T.T Varius fit son entrée sans lâcher des yeux l’inconnue à l’étrange regard dans lequel des milliers d’âmes pouvaient s’y perdre. « Bonjour….je suppose que tu ne te souviens plus de moi mais, on s’est jadis rencontré. Tu n’étais qu’une petite fille à cette époque et bien des choses se sont passées depuis ». D’un regard interrogatif, il scruta l’écran afin d’y discerner la silhouette des deux hommes. Comprenant qu’il était seul avec la créature, il avança prudemment. D’un bond, A.N Wharton se leva, les lèvres entrouvertes. Le cœur battant à rompre, elle se précipita sur lui, les larmes aux yeux. Il lui suffisait de fermer les yeux pour voir des événements horribles se produire. « Aidez- moi…s’il vous plait » Susurra- t- elle avant de s’évanouir inerte sur le sol. Elle entrevit les cieux s’ouvrir, se déchirer en des centaines d’éclairs et puis les ténèbres recouvrirent la terre, effaçant toute trace de vie. Wharton était arrivée trop tard et n’avait pu rien arrêter. Il était là pourtant et il lui tenait la main. Sa voix la vit revenir à elle. « Reprenez votre souffle. Ce n’est rien.
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— Comment pouvez- vous en être certain ? Acceptez de partager mon secret…Au moins une fois, laissez- vous faire et voyez ce que je vois. Regardez ». Il fronça les sourcils, quand A.N porta sa main à son cœur. A présent elle le savait : il la suivrait jusqu’à la mort. Leur destin s’emmêlait étroitement. Le cœur battant à vive allure, il enserra la main dans la sienne se sentant étrangement attirée par cette dernière. Une énergie insoupçonnée envahit ses sens et sa conscience. Un voyage vers l’inconnu s’offrait à lui et il l’acceptait sans se poser la moindre question. Alors elle vit ce qu’elle vit…les yeux ronds comme des soucoupes, il se releva prestement incapable de prononcer le moindre mot. « Que se passe- t- il ? Questionna B.K Scott en caressant le visage de Wharton. Elle est brûlante et je vais la faire se reposer si vous n’y voyez aucun inconvénient. LO m’entendez- vous ? Tout va bien se passer, je vais prendre soin de vous ». Ce dernier lança un regard interrogateur au scientifique posé derrière lui. Il semblait déconfit comme ayant vu le Diable ou une facétie d’un chaos à venir. Ses yeux convulsaient masqués par un voile d’incompréhension. Les mains de Wharton restaient froides et elle grelottait, ce qui fit penser au médecin qu’elle était sous un choc émotionnel — il lui suffisait de constater sa pupille dilaté pour s’en rendre compte— mais B.K Scott n’était pas dupe. Il savait que les deux précédents interlocuteurs avaient partagés un moment d’intimité. De ce que l’on partage dans un moment purement chimique, lorsque deux être comprennent qu’ils sont les sujets d’une attirance physique. Il se tourna vers Mortensen ; quelque chose avait changé en lui et le médecin éprouva un sentiment de jalousie. *
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Un tonnerre d’applaudissement crépita dans l’immense amphithéâtre du Sénat. Tous les représentants se tenaient là dans leur chair en forme de capsule dans laquelle ils grimpaient à l’entrée de l’impressionnant endroit et qui les conduisait à leur respective place. Mortensen laissa son fidèle robot à l’entrée de la salle et monta à bord de son engin à propulsion ionique. Et dans l’assistance se tenait également A.B Taylor, épuisé par ces derniers jours de recherche et qui détourna prestement la tête en apercevant son rival de toujours. Portant une toge blanche et une étole écarlate sur ses épaules, Mortensen ressentit l’électrique ambiance au sein du Sénat ; on se toisait du regard, échangeant de subtiles informations : un sourire froid, un sourcil circonflexe, un tic nerveux, enfin une multitude de signaux sous forme de paralangage qui en disait long sur l’état d’esprit de certains hommes. L’heure était aux délibérations. Le code rouge allait être plébiscité. Ce genre de procédure d’urgence bloquerait tous les vols interstellaires pour une durée indéterminée. Plus aucun mouvement ne serait autorisé, ce qui voulait dire une totale autarcie pour les vols habités, les bases satellitaires et planétaires, ainsi que tous les points de transit seraient gelés. Certains sénateurs s’offusquaient qu’une telle mesure puisse voir le jour. Pourquoi ne pouvait-on pas se tenir à une simple quarantaine ? Les avis furent partagés, bien que la majorité des voix fût pour ce projet. L’objectif était celui d’éviter la propagation du virus et la psychose de la population terrienne. Puis l’épineux sujet de la relève de l’équipe médicale actuelle fut abordé en parallèle. Pour beaucoup le problème venait de la CEMS (Centre d’Examens Médico-Spatial) dont on disait que les membres avaient perdus toute efficacité. Balivernes ! Mortensen n’en crut pas ses oreilles.
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Le Sénat allait relever B.K Scott de ses fonctions pour le faire remplacer par W.O Hujiki, un autre favori tout destiné à reprendre le contrôle du Centre. Tout cela n’avait pas de sens. Taylor baissa la tête, culpabilisant d’avoir ainsi soutenu cette décision. Mais il savait que Scott et Mortensen lui cachaient certaines vérités, mettant à mal les recherches autour de ce cas de figure si inattendu. Les deux hommes s’étudièrent minutieusement et fou de rage, Mortensen quitta la tribune sans y être invité. « Pourquoi réagis-tu ainsi ? N’aies-tu plus solidaire au Sénat ? Tu sais comme moi que Scott souffre de quelques troubles émotionnels. —Qu’est-ce qui te fait penser cela ? » Répondit Mortensen en toisant son adversaire du regard. Sans se démonter, le scientifique laissa apparaître un rictus au coin de ses lèvres. Il ne voulait plus perdre de temps, or le temps allait le manquer s’ils ne prenaient pas les bonnes mesures. « Ce jeune garçon monnaye ses services et on ne peut accéder à aucune de ses recherches sans avoir à échanger des informations. Jamais encore on a dû travailler ainsi et tu le sais bien ! Ouvres un peu les yeux, ce cadet est dépassé par tous ces événements et la CEMS ne désemplie pas. A chaque heure, de nouveaux cas se font admettre et tous souffrent des mêmes symptômes, des mêmes troubles. B.K Scott sabote le travail et il s’est persuadé de pouvoir tout régler seul. Or ma sœur est actuellement entre la vie et la mort, maintenue artificiellement par des machines. Si tu veux mon avis, je crois que la réponse se trouve sous nos yeux, mais que nous sommes incapables d’en détenir la raison parce que certaines informations restent la propriété d’un seul homme. —Qu’est-ce que tu recherches Taylor ? La gloire ou le salut de ta sœur ? Alors écoutes- moi bien à ton tours, murmura-t-il en se penchant à
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son oreille, si j’apprends que Scott a fait l’objet d’une enquête quant à ses compétences, je te jure que tu seras le prochain que l’on maintiendra artificiellement et je me ferai une joie de te prolonger dans un caisson hermétique. As-tu bien compris ? Alors arranges-toi pour qu’il soit dégagé de toute accusation non-fondée ». Quand Scott apprit la nomination de son remplaçant à la tête du département, il s’enferma dans une salle de travail. Il avait besoin de faire le point et de recouvrer la raison. Il avait toujours fait du bon travail. Cette mise à pied injustifiée l’anéantissait indubitablement. Cette annonce fut si prématurée qu’il resta de longues minutes à essayer de comprendre les raisons qui lui valurent une telle considération. W.O Hujiki arriva suivit par sa nouvelle équipe composée de cybers et de robots. Le scientifique au teint hâlé et aux yeux bridés prit immédiatement ses fonctions sans même attendre le départ de son prédécesseur. Le Sénat attendait des résultats et accordait à cet homme les pleins pouvoirs. Il caressa le collier de barbe et sa moustache avant de vérifier par données hologrammes tous les cas pathogènes remis au Centre. Le cas A.N Wharton attira son attention. Plusieurs données furent reliées à ce cas des plus mystérieux dont un dossier datant de plus de dix ans : le programme secret Genesis. Un intérêt soudain illumina son visage et après avoir brièvement échangé avec son adjoint, un cyber au regard vide d’expression, il ordonna qu’on la programme pour une dissection. La porte opalescente et étanche s’ouvrit dans un chuintement Wharton savait que quelque chose de grave était sur le point de se produire et elle le sut plus encore à l’arrivée inattendue de B.K Scott dans sa cellule. Il s’assit près d’elle, les larmes bordant ses yeux d’un bleu si diaphane qu’on pouvait y sonder son âme. Les lèvres
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serrées, il fixait le sol à ses pieds sans oser lever la tête. « Tu as fait ce que tu as pu et tout cela n’est pas de ta faute. Ne t’inquiète pas pour moi. —Pourtant tu as toutes les raisons de m’en vouloir. Je ne sais toujours pas qui tu es et mon plus grand tort fut de penser que je pourrais t’aider. —Mais tu y es parvenu. Que serai-je devenue sans toi ? Personne n’oubliera ce que tu as fait ». Elle enserra ses mains dans les siennes affectueusement. B.K Scott éclata en sanglots et se reprit prestement, les doigts posés sur l’arête de son nez. A.N Wharton l’observait, apprenant le chagrin qu’elle causait. Les humains étaient encore capable de pleurer, de s’émouvoir et d’accepter leur faiblesse quand tout autour d’eux tout n’était que robotisation, nanotechnologies, sciences combinatoires, modifications génétiques et perfection du génome humain. « Qu’est-ce qui te fait le plus peur ? » Il fronça les sourcils, plongeant ses yeux dans ceux de la créature assise tout près de lui. « Dis-moi ce qui t’inquiètes tant. —Ils vont procéder à toute sorte d’examens sur ta personne. Ils vont t’ouvrir pour analyser tes fluides, de charcuter encore et encore pour comprendre ce qui leur échappe tant. C’est toi qu’ils veulent et se fichent que tu puisses avoir un cœur et des organes identiques aux nôtres. Ils se persuadent que tu es la réponse à toutes les réponses qu’ils se posent. « Mais n’est-ce pas le cas ? —Non. Tu es de la race des humains et je refuse que tu puisses leur servir de cobaye. —Alors je vais t’emmener avec moi…Si tu crains tant pour moi, il existe un endroit dans l’univers où tu ne craindras rien. Fais-moi confiance ». Elle sera davantage sa main dans la sienne et ferma les yeux. Il fut pris d’une soudaine
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secousse, un étourdissement proche de l’évanouissement et avant qu’il ait pu dire ouf, il se retrouva à des milliers d’années- lumières de la terre. Il vit ce que les autres virent bien avant lui. Son esprit avait échappé à son enveloppe charnelle et à présent, il voguait dans l’univers infini, dans cet océan d’atomes et de protons, de neutrons et de toutes ces autres particules élémentaires régissant ce cosmos. Tous deux furent plongés dans une sorte de coma qui laissa l’équipe de Hujiki dans une vive interrogation. Aucun signal ne répondit et on les enferma soigneusement dans deux caissons hermétiques. Partout sur la terre, des milliers d’individus furent plongés dans le même état et la tour Alpha, chargée de recenser et de répertorier tous les habitants de la planète tellurique et de son satellite s’emballa. Les informations furent immédiatement envoyées au Sénat qui les transmit à la CEMS, qui les achemina à divers pôles de contrôle. Cet évènement sans précédent fut suivi par l’intervention de l’AGD qui dépêcha ses redoutables soldats vers les zones urbaines les plus attractives. Les principales voies d’accès furent fermées au transport et les véhicules s’immobilisèrent au-dessus des océans, des déserts et des réserves naturelles d’oxygène. Là, une nouvelle procédure d’urgence remplaça la précédente. Après le Code rouge, l’AGD prit le contrôle de chaque parcelle de terre et fut décrétée l’Etat martial. Atlas plongea le corps inerte de Mortensen dans une solution hydraulique. Ce dernier le corps recouvert de capteurs voyageait dans les mêmes cieux qu’A.N Wharton. Tout ce qu’elle voyait, il l’entrevoyait à distance. Atlas se servit des capteurs encéphales pour enregistrer l’image perçu par son bienfaiteur et un des ordinateurs retransmit les données sous formes de courbes avant de parvenir à définir une image
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sur un écran. Quand le robot fut certain de pouvoir les lire, il les copia sur son disque dur central intégré dans sa coque et effaça le lien de transition par mesure de sécurité. L’AGD pouvait sous ordre de la DJAP faire une perquisition au domicile de Mortensen et tout confisqué. Piqué par la curiosité, il démarra la lecture de son enregistrement. Il vit un Condor, le Jupiter 452 sortir de la Ceinture d’Oort. Non, cela ne pouvait être possible ! Peu de temps auparavant Mortensen avait intercepté un message radio émise à partir de ce vaisseau. Cette précognition prenait forme. Par des calculs, Atlas pouvait estimer la vitesse de ce dernier et le temps qu’il mettrait pour atteindre sa destination. Mais étrangement le Jupiter 452 semblait être à l’arrêt. Atlas avança l’enregistrement puis revint prestement en arrière… Oui, il n’avait pas rêvé, il n’y avait pas un Condor, mais plusieurs vaisseaux, ceux que la MVS avait renoncé à chercher, car échoués dans les confins de la galaxie. Ils s’étaient donné rendez-vous dans un point précis du système solaire, à moins qu’ils ne fussent devenus des corps célestes dégagés de toute force gravitationnelle. L’espace-temps avait été déformé par une Force inconnue des ordinateurs, ce qui expliquait certaines analogies avec les messages envoyés par le Jupiter 452. Le professeur Mortensen avait une fois de plus raison. L’enregistrement poursuivi sur J.T Arrington, l’un des meilleurs pilotes que la flotte interstellaire eut pu connaître. Avec lui, M.J Dickens le pilote favori de Mortensen que celui-ci avait encouragé à piloter ce tout nouveau prototype de Condor B 12, en mission vers Proxima du Centaure. Les deux hommes s’étaient portés volontaires pour cette expédition, sachant que leur nom resterait gravé dans la mémoire
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collective comme étant les pionniers en matière de vols expérimentaux. Puis, l’astre de la terre explosa dans une vision des plus apocalyptiques. Des débris sous formes de météorites percutèrent la terre qui fut déplacé de son champ gravitationnel. Un autre plus puissant effaça toute forme de vie sur terre, rendant la planète impropre à toute existence bactériologique. Le robot en eut assez et cessa la vision envoyée par Mortensen. Mais s’il avait poursuivi, il aurait vu…
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CHAPITRE 6 Acturius se demandait pour quelles raisons les humains prenaient peur aussi facilement. L’homme au crâne rasé huma l’air avant d’oser sortir de son refuge. Il se méfiait surtout des petits androïdes, très véloces et sournois qui passaient d’un point à l’autre à la recherche de nouveaux yeux à scanner. Les gros du fait de leur taille restaient plus faciles à localiser. Le fugitif n’était plus répertorié comme étant X, il était redevenu Acturus le protecteur d’Arion, l’une des rescapées de l’Arche. Mais sans Arion, il n’était rien à l’identique de ces cellules privées de la cellule-mère et dont les fonctions se retrouvent anéantis par l’absence de la matrice. Il leva le nez et attendit que les VRAO de l’Armée aient déchargés leur lot de soldats surhumains. D’eux aussi, il avait appris à se méfier bien qu’il sache exactement à quelle sorte d’armes il aurait à faire si on l’identifiait comme fugitif. Si la puce dans le bras de Acturius ne fonctionnait plus, l’AGD avait divers moyens de le localiser et aucun officier ne perdait espoir de le retrouver. Leur seule crainte néanmoins restait la découverte du monde souterrain et la solidarité des rebelles pour cacher ce proscrit. J.F Williams le dirigeant de la colonie-est, la titanesque cité de Rispa se frottait les mains. Audessus de sa tête, le Gouvernement Démocratique Terrien (GDT) pouvait se faire du souci. L’heure était à la revanche et tous les moyens seraient mis en œuvre pour se faire entendre. L’homme descendit de la cabine d’ascenseur, en compagnie d’une dizaine d’individus reconnaissables à l’emblème qu’ils portaient sur leur poitrine. Ils marchèrent à grands pas dans les couloirs de cette impressionnante fourmilière où grouillait la vie dans toutes ses formes : animales, végétales et humaines. D’immenses
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plantes tapissaient les voutes, rampant sur les murs et sous les dalles transparentes. Et puis les animaux, non effarouchés par l’activité ambiante coexistaient avec l’homme sans servir de sujets à la science. Les enfants courraient ça-et-là, grimpant sur les structures en poussant des cris de joie. Les hommes se séparèrent au carrefour d’un ensemble de réseaux, qui n’étaient autres que des passerelles en formes cylindriques. Mallone en emprunta une, précédé par Sydney avec qui il avait lié une sincère amitié. Docilement, ils laissèrent le tapis roulant les conduire à l’entrée d’un sas qui s’ouvrit sur leur passage. Là des cybers de sexe féminin discutaient autour d’un atrium d’où bruissait l’eau d’une fontaine aux teintes néons. Ces dernières gloussèrent en voyant leur congénère leur lancer un clin d’œil. Puis après une série de passages, ils atteignirent enfin leur but. La salle offrait une vue imprenable sur la fosse. Des milliers de véhicules s’y déplaçaient dans un ballet aérien semblable au vol de certains moucherons. Bien qu’ils fussent sous terre, la lumière ne manquait jamais, tout autant que la vie, l’amour et l’entraide. Varius se leva à l’arrivée des deux protagonistes. « J’espère que vous n’avez manqué de rien et que vous avez pris vos aises. (Puis il se tourna vers l’immense cyber) C’est l’homme dont je t’ai parlé. Il revient de la surface et a tenu à nous rencontrer. Sydney a travaillé auprès de la RSS avant de se lasser de toutes ces belles théories sur la suprématie du gouvernement. Alors vous pouvez parler sans crainte. Vous comme lui avez plié votre bosse pour nos colocataires du dessous. —Je me suis rendu à la CEMS comme convenu. Mortensen voulait que j’identifie une personne que j’aurai pu croiser il y a des années de cela. Je vous sers un verre d’eau ? Tiens…Je ne sais pas si le programme Genesis, vous dit quelque chose
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professeur mais je ne passe pas une journée sans penser à ses gosses… (Il posa ses fesses contre le rebord de la table, perdu dans ses douloureux souvenirs). Je crois qu’ils perdent tous la tête en-haut. —Pas étonnant avec Mortensen aux commandes, ironisa le robot sans lâcher des yeux le scientifique déchu. Et qu’avez-vous de nouveau à nous apporter ? —Je crois qu’on peut faire quelque chose pour eux. —Qui eux ? —La fille et B.K Scott. —Hors-de-question ! B.K Scott dirige le Centre. Sa disparition risque de ne pas passer inaperçue et on ne prendra pas de tels risques pour un tel homme, sauf si tu peux nous garantir qu’il nous sera d’une grande utilité. Sydney sera d’accord pour dire que cette petite expédition risque de nous couter cher en logistique. —Il ne travaille plus à la CEMS. —Qui le remplace ? A tous les coups, ils ont mis W.O Hujiki à la tête du Centre d’Examens. Cela change la donne, alors je crois que l’on peut y réfléchir et prendre une décision. J’ai travaillé assez de temps avec eux pour savoir comment ils pensent. Hujiki est le profil type du parfait dirigeant formé par l’AGD. Il est autoritaire, agi sans se poser la moindre question et rend l’existence de ses subordonnés assez insupportable. Pourquoi vouloir le sauver lui et pas un autre ? » Demanda le géant en posant ses poings sur la table. Assis dans son coin, les mains croisées sur sa ceinture F.J Mallone, la cheville posée sur sa rotule ne perdait pas un mot de l’échange de deux scientifiques. —Parce que c’est celui qui connait le mieux la fille. J’ai quelque chose à vous montrer…Il s’agit d’un enregistrement sous forme d’hologramme que j’ai copié lors d’un bref moment de panique
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dans la salle où eut lieu notre entrevue. Regardez bien et vous comprendrez où je veux en venir. L’hologramme s’alluma au-dessus de la table. A.N Wharton apparut à l’écran. Les deux hommes furent subjugués par sa rayonnante beauté. Le cyber ne put camoufler un franc sourire des plus conquis. La créature assise en tailleur se tenait en lévitation et les mains jointes en forme de sphère, ne fut pas longue à matérialiser un globe dans lequel s’entrechoquèrent des milliers de particules. Sydney se rapprocha, toucha la boule incandescente qui immédiatement s’agrandit pour former un amas de galaxie. « C’est l’univers. Cette femme tient l’univers entre ses mains. —Quelle chose fascinante…Peut-on agrandir cette partie ? Demanda l’humain au sourire carnassier, des plus émerveillé par le spectacle s’offrant à ses yeux. Mais n’est-ce pas notre galaxie ? —C’est exactement ça. On peut identifier l’Amas de la Vierge ici et…la Galaxie d’Andromède, le Petit nuage et le Grand nuage de Magellan. Notre Voie Lactée se tient ici…ainsi que Bêta et l’Alpha du Centaure. C’est prodigieux ! Regardez comme la matière semble prendre vie. Et c’est autre partie est… Il se suspendit dans sa réflexion avant d’échanger un regard interrogateur à sa nouvelle relation. —Les étoiles semblent se concentrer vers un même point. Il est possible qu’il puisse s’agir d’un trou noir près du super- amas de la Vierge. Oui c’est bien ça. Nous l’avions localisé lors de la découverte de cette étoile, enfin cette supergazeuse devenue quasar portant le ne nom de L2. Le super- amas M156 a perdu son invité. —Je ne comprends rien, essayes d’être plus clair ! —Mortensen avait raison du début à la fin. C’est cet homme qu’il nous faut et cette…chose.
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—Elle se prénomme A.N Wharton et elle est la propriété de la CEMS. Si on doit la faire sortir, je veux être certain que Mortensen suive sans faire d’histoires. —Oui je peux essayer de le convaincre. Nous sommes de vieux amis après tout. Quand agissons-nous ? Le plus tôt serait le mieux ». B.K Scott montra des signes d’agitation. Là dans son caisson, son électrocardiogramme monta en flèche, tout comme son encéphalogramme. Hujiki était des plus perplexes et son agitation secouait le reste de l’équipe médicale soucieuse de lui être efficace. La mort cérébrale dans lequel ils étaient plongés menaçait les compétences de cet homme. Il caressa son collier de barbe avant de taper contre la paroi du cylindre. L’heure était toujours aux délibérations et un message sous forme d’hologramme apparut devant le visage du responsable. « L’ISG pour la CEMS … » Lança un androïde féminin au visage recouvert d’une épaisse cellule visqueuse. « Nous rencontrons un souci sans précédent survenu après l’analyse de cellule bactérienne. —Veuillez être plus claire Cassiopée ? Que s’est-il produit dans vos établissements qui puissent vous causer tant de tracas ? —Le système immunitaire de nos patients a produit d’important antigène capable de lutter contre toute infection. Nous avons isolés ces antigènes et nous les avons reproduits grâce à la mitose, mais… —Et bien quoi ? —Nous les avons administrés à des cellules affectées et à d’autres sains. Le problème est que la cellule ainsi protégée perd son code génétique d’origine. En deux mots : nous avons à faire à des gênes plus résistants certes, mais également capable de se reproduire et chose
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plus surprenante, de se substituer aux protéines. Ce que je veux dire c’est que… —Les cellules se suffisent à elles-mêmes. —Exactement professeur. Ce qui soulève nos préoccupations est le nouveau code génétique dont nous avons à faire. Il semblerait que...Dans notre jargon nous appelons cela, une transmutation génétique ». Immédiatement Hujiki coupa la transmission. Ce n’est pas ce qu’il attendait de ces recherches et désappointé fixa intensément Wharton, flottant dans le liquide devenu son second foyer. La dissection était prévue pour dix heures et quand le moment arriva le sas s’ouvrit pour laisser passer trois scientifiques camouflés sous une tenue. On l’aida à enfiler son heaume plastifié et il ordonna l’extraction du corps du cobaye. Des trappes s’ouvrirent pour laisser en sortir de longs bras articulés. Le caisson se vida complètement à travers un tuyau apporté par un robot et des lanières passèrent sur le corps de Wharton pour l’en cercler. Là, les bras articulés vinrent se placer au-dessus du corps et un laser entra en action. « N’est pas peur. Tout cela va bientôt prendre fin et bientôt nous nous retrouverons. —Comment peux-tu en être certaine ? Je ne vois que la mort ici, répondit B.K Scott en laissant couler des larmes sur ses joues. Comment as-tu pu me faire ça ? Tu savais que je tenais à toi et tu m’as délibérément écarté de ton funeste destin. —Tu ne pourras pas me sauver ». Soudain une attaque terroriste survint. W.O Hujiki n’eut pas le temps d’activer l’alarme qu’il se retrouva plaqué au sol par une force inconnue. Et quand il reprit conscience, il n’y avait plus aucun corps dans les caissons. Tous les deux vides. Ils avaient eu à faire à des professionnels de l’évasion, des criminels encouragés par l’appât du gain mais en aucun cas à des citoyens
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honnêtes qui jamais ne seraient risqués à enfreindre les lois. Ce genre d’attaque ne pouvait être humaine ; seules les machines demeuraient capables de pénétrer des réseaux informatiques des plus complexes ; les superordinateurs allongeaient des milliers d’algorithmes à la seconde —de quoi mettre en déroute les pare-feu de CEMS et rendre caduque toute contre-attaque—, et impuissants tous les responsables se concertèrent sans proposer la moindre issue. C’est précisément le moment que choisi les cyborgs pour se lever ; au fil des siècles, ils avaient acquis une certaine indépendance et beaucoup dans leur communauté occupaient des postes à responsabilité, et ce, à travers toute la République. A vrai dire, ils attendaient ce moment depuis toujours et l’heure de la revanche avaient enfon sonné. Tandis que les alarmes résonnaient dans l’imposant édifice, ils se rassemblèrent un peu partout : bâtiments, rues, villes, cités, colonies, etc. A tel point que la DJAP fut bien vite déroutée —depuis toujours on leur interdisait de tel rassemblement, que l’on jugeait contraire aux principes de la République— et les premiers manifestants de se voir réprimander par les Forces de l’Ordre, dont de robustes robots haut de quatre mètres réputés pour dissuader les plus téméraires. Et la terre trembla de part et d’autre de la planète Terre. L’alarme retentissait dans les tunnels du monde souterrain où la résistance se préparait à remonter en surface pour repousser l’offensive des machines de la DJAP. En surface les cyborgs paralysaient tous les réseaux de communication, de déplacement terrestre et aérien, des robots dont ils changeaient la trajectoire et l’objectif. Les stations orbitales ne reçurent plus aucun appel et désœuvrés entamaient leur processus d’autonomie.
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Rien n’ébranla la détermination des cyborgs devenus des machines à détruire. P.T Owens monta sur la passerelle reliant un département à un autre et observa impuissant cette révolte. La dernière en date remontant à plusieurs années révéla les failles d’un système jugé trop autocratique. Le Sénat et toute la haute magistrature, les forces militaires, si fiers de leur gouvernement ne pensèrent pas à modifier les fonctions sensorielles des droïds. Depuis tout temps on matait les révoltes : détruisant les responsables, envoyant leurs complices dans des centres pénitenciers tout maintenir un semblant d’ordre. « Il était temps… (Et il appuya sur sa montre à hologrammes) Mortensen ? Où es-tu mon frère ? Les cyborgs tentent de prendre le pouvoir et tu n’es pas au CEMS pour tenter de les en empêcher ! L’AGD est sur place et dans moins d’une heure tout cela sera terminé. Une fois de plus les cyborgs courent à leur perte. Mortensen où te caches-tu ? Ce dernier suivait la progression du Jupiter 452 et les autres vaisseaux et après les minutieux calculs d’Atlas ils ne tarderaient pas à se faire remarquer de la MVS et une escorte interstellaire voguerait vers les Condors pour leur assurer un retour triomphal. Puis soudain, les vaisseaux disparurent. Mortensen éloigna son œil de la lunette astronomique. « La théorie des Trous de verre, mon ami. Ils ont trouvé le chemin pour revenir à la maison. C’est bon d’entendre cela, non ? —Je serai heureux de t’écouter débattre sur ce point. —Owens que veux-tu ? Vu de mon poste d’observation le sort des cyborgs me semble complètement dérisoire face à ce qui arrive droit dessus. Connectes-toi et regarde un peu…reçoistu la connexion ?
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—Non les cyborgs ont brouillé la communication. Trouves un moyen de me le faire parvenir. —Oui je pourrais mais…Attends une seconde ! » Les vaisseaux venaient de se multiplier. Les vaisseaux au nombre de dix se déplaçaient à la vitesse de la lumière. Atlas enregistrait leur vitesse et les chiffres défilaient sur le moniteur sans jamais voir s’arrêter. Nerveux comme il pouvait l’être Mortensen griffonna des données sur son écran quand on tambourina à la porte. « J’ai de la visite Owens. Restes en ligne un instant, cela ne devrait pas être long ». Et la porte fut soufflée. P.T Owens sursauta. « Merde ! Oh merde ! Mortensen, est-ce que tu es là ? Est-ce que tu vas bien mon pote ? » La fumée envahit la pièce et l’obscurité masqua le moindre relief. Sur son pont, le jeune sénateur trouva un recoin de mur pour s’y protéger et là consulta en direct le kidnapping de Mortensen. Au dernier moment il put identifier les assaillants. Ils portaient le sceau de la résistance : une sphère barrée d’un éclair rouge. Suivit de son cyber-garde, il descendit le parapet pour gagner son véhicule. Les tirs succédaient aux tirs alors passer à travers les mailles du filet semblaient être impossible excepté avec un radar de trajectoire de tir. Partout des ondes ultraviolets traversaient les rues, pulvérisaient les véhicules et ralentissaient les massifs robots. De leur côté, leurs équipements suppléaient celui de la DJAP et beaucoup des rebelles en payaient les frais. Puis sa montre clignota. Il venait de recevoir un message. « Voilà Owens, ce message passe par un enregistrement programme par Atlas et voilà ce que j’ai pour toi ». Le Directeur de la MVS put constater l’avancée rapide de toute une flotte de Condors. Ils étaient plus d’une centaine et leur nombre augmentait de façon exponentielle. Un
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frisson parcourut son échine et la sueur ruissela le long de sa tempe ; s’il ne prenait aucune initiative, la terre subirait une menace venue d’ailleurs. « Attention, ils arrivent droit sur nous ! Evites-les ou nous allons tous y passer ! Attention Gulliver ! » Le VLPI (Véhicule Léger à Propulsion Ionique) esquiva le tir en partant en vrille mais ne peut échapper aux deux prototypes fonçant droit sur eux. L’impact fut imminent et P.T Owens fut projeté loin du véhicule partit dans un nuage de débris, de fumée et de flammes. « A.N Wharton m’entendez-vous ? » Les battements de son cœur reprirent. « Wharton êtes-vous avec nous ? » Et la rescapée tressauta, s’agrippant à ce bras, labourant la chair de ses ongles. Au-dessus de la table, un scanneur photographiait son corps de long en large et des milliers d’informations défilaient sur un écran consulté par des cybers voués à la Résistance. Et le sas s’ouvrit sur V.V Brown équipée d’une armure identique à celle des membres d’élites de la LCU (Ligue des Colons Unis), un uniforme gris, le nec plus ultra en matière de technologie. « Je ne devrais pas être ici mais bien à me battre quand d’autres ont depuis longtemps abandonné la Foi. J’ignore qui a eu cette idée mais…Oui c’est bien elle. —Brown il nous faut plus qu’une simple identification. Il faut nous dire ce que tu sais d’elle. Tu étais sur la lune n’est-ce pas et tu es rentrée en même temps à la demande de la MVS. Dis-nous ce que tu aurais remarqué d’anormal chez cette femme. —Rien. Je…je faisais seulement mon travail, figures-toi. J’étais en mission et cette mission ne sous-entendait pas de filer cette…j’ignore ce dont vous êtes au courant mais rien ne serait arrivé si ces imbéciles n’avaient ouvert la boite de Pandore.
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—La boite de Pandore ? Qu’est-ce que c’est ? » Questionna F.J Williams au micro ce qui fit sursauter Brown des plus nerveuses. En face d’elle le major C.L Harnett échangea un bref regard avec son sbire, le lieutenant M.Y Cliffman. « Tout cela n’est pas arrivé par hasard et je ne veux pas être mêlée à tout cela d’accord ? Vous me ramènerez bien vite à la surface et…je suis sous contrat avec la DJAP. Mon absence va finir par se faire remarquer et ils ne seront pas là avec le rapprochement avec votre mouvement. —C’est peut-être ce que nous souhaitons. Regardez autour de vous Brown et remerciez le ciel d’être encore en vie. Jamais nous n’avons abandonné notre Foi, vous vous faites des illusions ; un jour seulement nous noms sommes dis qu’il fallait penser par nous-mêmes et non pas accepter bêtement les ordres venus d’une politique corrompue par quelques lâches de votre genre, car la vérité se tient ici. —Votre religion n’est pas meilleure que la nôtre, seulement vous vous figurez tout savoir sur prétexte que l’on vous persécute. Il leur est facile de vous exterminer mais ils ne le souhaitent pas car dans les profondeurs de la terre, votre combat se trouve être enraciné. —Assez parlé ! Tonna le major Harnett en l’attrapant par l’avant-bras pour la conduire devant Wharton. Si elle pouvait se réveiller maintenant que dirait-elle de toi ? Quels pourraient être ses premiers mots ? —Ses mots ? Ses propos n’avaient rien de cohérents. Elle parlait sans cesse d’une étoile morte…un truc dans le genre. Je ne me souviens pas de tous les détails. J’ai dit ce que je savais alors laissez-moi partir ! » Derrière la vitre F. J Williams posa la main sur l’épaule de son subordonné : « Je prends le relais ». Dans un chuintement la porte s’ouvrit et V.V Brown soupira en voyant arrivé l’un des gros bonnets de la résistance, ce lieutenant des FLI
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(Forces Libres Interstellaire) au regard d’un bleu translucide identique à celui de Wharton. « Nous ressentons de forces vibrations icibas. La pression est réellement suffisante pour réduire nos vaisseaux les plus légers en un tas de ferraille. La faute en est impartie à ces grosses turbines aspirant l’air dans nos conduits d’aération. On pourrait risquer la mort par asphyxie à tout instant mais sur le milliard d’individus vivant aucun ne prendrait le risque de remonter à la surface. Et vous savez pourquoi ? —Oui je pense avoir obtenu la réponse. A présent j’aimerai pouvoir rentrer et ne pas vous faire perdre davantage de temps. Comprenezvous quand je parle ? —Il y a assez de plutonium pour tous nous faire sauter c’est une certitude Brown mais le réacteur ne peut-être activé qu’à distance par un Condor. Le type qui l’a mis au point devait être sacrément parano et suicidaire. Cette planète est vouée à la destruction et au cours de ces dernières semaines vous avez fait la connaissance d’une charmante personne prénommé A.N Wharton dont la conception de l’univers dépasse nos plus vives espérances. Il existerait une exo-planète propre à toute vie quelque part dans notre galaxie ou ailleurs et un raccourci pourrait nous y conduire ». Des plus hilares, V.V Brown éprouva quelques difficultés à recouvrer la raison. « Des trous de vers ? Décidément votre cerveau aurait besoin d’être oxygéné ! Cette Wharton, en désignant du doigt le cylindre où se tenait la rescapée, est une femme ordinaire ayant été privée d’immatriculation pour je ne sais quelle raison. La DJAP voulait mon rapport sur les sa capacité a réintégré la société et je l’ai validée. Elle fut positive à tous les tests et…elle faisait du bon boulot, personne n’a trouvé à se plaindre de son comportement. Il y avait ce robot Charlee, il ne la quittait pas d’une semelle et disait pouvoir s’en
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occuper. Alors je les ai laissé tous deux sur la base lunaire. —Et vous n’aviez rien remarqué d’anormal en cours de ces longues semaines ? Rien qui n’ait pu défrayer la chronique sur notre astre favori ? Essayez de vous en souvenir car nous sommes en guerre et dans peu de temps régnera le chaos. Les robots ne font jamais les choses à moitié et avant de reprendre le dessus les humains accuseront d’importantes pertes. Tu appartiens toujours au genre humain Brown et que tu le veuille ou non nous servons les mêmes intérêts ». J.F Williams suspendit son regard. Un sourire apparut sur le visage de notre Brown et un nouvel éclat de rire la secoua. « Quelque soit votre résolution de départ, jamais aucune structure construite ne sera assez grande pour tous vous recevoir. Avez-vous songé à cela ? Vous faudra-t-il opérer à une sélection ? Les Forces Libres Interstellaires, hein… —Notre avenir dépend de chacun pour aujourd’hui et demain ». M.A Mortensen vint à se réveiller et son premier réflexe fut d’activer sa montre sans recevoir aucune communication. Il lui faudrait un nouvel algorithme pour définir et remettre à jour les dernières minutes dont il n’avait plus aucun souvenir. La tête entre les jambes, il tenta d’activer son mot de passe. Il échoua dans sa manœuvre. Par mesure de sécurité, Atlas verrouillait tout afin de rendre hermétique toute tentative d’infiltration. « Atlas, pourquoi faut-il que tu me couvres ainsi ? » Il activa les stores et ce qu’il vit lui coupa le souffle : des capsules se croisaient en tout sens, d’énormes cylindres permettaient le déplacement des transports collectifs ; de grosses turbines permettaient l’aération des nappes phréatiques et évitait ainsi la condensation de l’air. Ils puisaient l’énergie du seul réacteur connut à ce
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jour : le noyau terrestre composé à 80% de fer et de nickel. Leur monde évoluait seulement à l’intérieur du manteau supérieur, le risque du déplacement des plaques tectoniques révélait être un problème et la croute océanique certainement plus fine mais également plus dense ne pouvait concevoir d’importants forages. Dans le manteau inférieur, d’énormes puits descendait jusqu’au noyau externe large de plus de 2270 km. Ce monde-ci ne différenciait guère du monde extérieur à la seule différence prêt de cette vertigineuse descente large de plus de 30 à 65 km. Là tout un réseau de galeries, de grandes artères identiques à celui d’une fourmilière. Mortensen avouait ne rien connaître de ce monde souterrain dont le gouvernement se gardait bien de reconnaître comme tel. De son côté C.R Dwayne se fraya un chemin parmi les décombres de la grande cité. Les quartiers de la division 3, 5, 11 et 14 furent évacués ; les bâtiments TR6, 8,10 de la division 11 furent pulvérisés et un certain nombre de ponts, à savoir ceux de la jonction entre la division 1, 2, 7, 8 et 12 et 13 connurent le même sort. La pagaille échauffa les esprits des plus pacifiques, profitant de l’occasion pour faire entendre leur revendication. La DJAD face à cette nouvelle provocation dépêcha des cybers dans les foyers de développement : Zone 6, A6 et A8. Le ciel se transforma en un champ de champignons du à la destruction des robots. Allongé car blessé P.T Owens attrapa la cheville de C.R Dwayne. « Aides-moi soldat. Aidesmoi ». Dwayne le redressa et étudia la blessure saignante à la poitrine du sénateur. S’il le laissait là, ce dernier se viderait de son sang. Alors il le jeta à travers de son épaule et traversa la rue sous les faisceaux ioniques. « J’ai un message à faire porter….au sénat. Les Condors ont franchi la ceinture d’Oort et…j’ai
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ici la preuve de leur arrivée. Qu’est-ce tu fais ? » L’arme de C.R Dwayne le tenait en joue. « Je ne connais pas de chose sur toi l’humain mais mon intuition me dit de me méfier de tous les représentants du gouvernement. —Quoi ? Tu appartiens à l’AGD…et tu dois leur faire parvenir cet enregistrement le plus rapidement possible. —Sinon quoi ? Me tueras-tu, toi qui ne dispose plus que de trop peu de temps pour le leur livrer en mains propres », dit-il en consultant la jauge des flux corporels de ce dernier. Il lui restait 85% de sang et son cœur continuait à pomper à 90% de sa capacité. « Si je m’exécute que me donneras-tu en échange de ce service ? —Tout ce qui sera possible de te donner. Que veux-tu ? —Une prisonnière placée sous la protection de votre gouvernement. Si tu me dis où je peux la trouver, je te sauve. Sinon…j’active ton processus de destruction. —Cela ne sera pas simple, mais je peux essayer ». Sa vue s’obscurcit et au prix d’effort compliqué il parvint à rester éveiller. Une lancinante douleur le terrassa et il espérait avoir assez de temps pour transmettre son message. Le protecteur d’Arion enfonça ses doigts dans la blessure du sénateur pour le maintenir éveillé. Il hurla de douleur et haleta avant de chercher à se redresser. « Tu vas m’aider à la retrouver au prix de ta vie. Ainsi l’on sera quitte ». Il le chargea de nouveau sur son épaule et courut à travers les ruelles et artères. Ici et là tombaient des dromes, des capsules et d’autres véhicules de différentes tailles et fonctions. Quand les autres fugitifs de l’AGD le reconnurent par identification faciale et coururent à son devant en prenant soin de quadriller le secteur. « Qu’est-ce que vous me voulez ?
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—Nous t’avons suivi depuis l’AGD et nous combattons les mêmes ennemis, répondit K.A Urbens en pointant son index vers le ciel. Mars se passera de nous autres. Nous sommes huit avec divers chefs inculpations. On est prêt à se battre. —Et rejoindre la résistance, poursuivit G. G Newton une ravissante femme de type afro métissé caucasien. Seuls nous n’y arriverons pas, les Phantoms nous prêterons main forte si nous parvenons à les atteindre. —Les Phantoms ? —Oui ils servent d’œil à la Résistance et errent tout autour de nous. On ne peut les voir mais eux nous observent. Pour les atteindre il nous faudrait atteindre une de leurs portes. —Et elles ne sont pas accessibles de l’extérieur », répondit Newton en abattant l’un des dromes chargés de sécurisé le périmètre d’intervention des robots. « Il nous faut pénétrer certaines zones dites vierges, c’est pour nous le seul moyen de nous en sortir. —Alors ne perdons pas de temps ! —Attends…ce type que tu portes appartient au sénat. Son nom est P.T Owens et au moins que tu ais une bonne raison de le sauver, il ne fera pas partie de notre évacuation. —C’est mon prisonnier et nous venons de passer un accord. Mais si cela pose problème, je peux encore me passer de vous ». La CEMS bouclée nul ne pouvait en rentrer ou en sortir et dans le corridor E.F3, notre Taylor s’impatientait fait comme un rat depuis que l’AGD avait décrété l’Etat martial. Il rouspétait, furieux d’être ainsi retenu prisonnier suite à un sabotage de la sécurité. Tantôt les mains croisées sur la tête, tantôt les poings serrés il tambourina contre les parois matelassé du sas quand son adjoint V.R Orlovsky l’intima de se calmer. « Que je me calme ? C’est le chaos à l’extérieur ! Les machines prennent les commandes et tu voudrais que je me calme ? Ne
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me touche pas ! Il est possible qu’ils soient à la charcuter. La révolution est en marche et tu voudrais que je me calme ? —Dans ton intérêt oui. Tu n’aurais jamais du quitter la CEMS et le Sénat te tient responsable de tous les maux subis au cours de ces dernières heures. Je ne pourrais rien si tu ne te montres pas plus conciliant. —Responsable de quoi au juste ? Je fais seulement mon boulot vieux et si tu n’es pas content s’est pareil ». Lentement la porte s’ouvrit. Des robots chargés de la sécurité du site se tenaient là, l’arme au poing et après avoir identifiés les deux hommes les escortèrent dans la salle B5 où se tenait la conférence de presse. Depuis deux heures les sénateurs ne parvenaient à se mettre d’accord sur la marche à suivre afin d’éradiquer tout mouvement de contestation. La loi antiémeute craint par tous les citoyens perdait tout son sens en ce jour funeste. La DJAP peu convaincante dans sa méthode d’intimidations favorisait la fuite des leaders. Taylor s’installa en compagnie de Peggy son chimpanzé et aussitôt prit la parole. « Ce gouvernement présente de nombreuses failles et les cybers l’ont parfaitement compris, riposta Taylor quand son tour vint, et aujourd’hui nous colle une rouste, comme pour nous prouver à quel point nous sommes ridicules avec toutes nos lois et... —Sénateur Taylor depuis quand travaillez-vous pour nous ? —Je ne fais que démentir ce concept d’hégémonie. Depuis que l’Humanité est l’Humanité, les civilisations ne survivent que si l’Homme accepte ses erreurs. Or nous sommes bien trop arrogants pour affirmer n’avoir pas su lire convenablement dans les astres et ainsi accepter que le ciel nous tombe sur la tête. —Sénateur Taylor…
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—Et je dirais même qu’il serait temps pour nous tous de nous réveiller, d’ouvrir les sas et de laisser entrer le savoir. La majorité d’entre vous n’a jamais quitté le centre de la métropole par crainte d’être réduit en cendres par la trop forte émission d’ultraviolet. Or récemment j’ai subi une mutation génétique que la science semble ignorer parce ce trop occupée à taire la découverte d’une exo planète. —Silence Taylor ou prenez la porte ! » Un silence se passa pendant lequel A.B Taylor pensa à Mortensen et ses angoisses toutes naturelles concernant le rôle du Sénat pour les sciences et tout autre département. « Je veux seulement ajouter quelque chose avant de prendre la porte et vous laisser à vos élucubrations. Au-dessus de nos têtes existe une réelle menace et le jour où le chaos régnerait ici, vous viendrez à vous souvenir mes avertissement et ceux du professeur Mortensen. Alors messieurs du Sénat, en se levant, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une bonne journée ! » En sortant du bâtiment poursuivit par Orlosky soucieux de l’état mental de son collègue, le chaos régnait dans la grande artère : véhicules calcinés, partiellement détruits, bâtiments marqués par l’impact des robots et autres projectiles. Ici et là les humains et humanoïdes courraient se mettre à l’abri escortés par des robots domestiques jouant les anges-gardiens ; le ciel privé de sa teinte naturelle virait au gris ou noir dans les endroits où brûlaient certains immeubles et au loin de grosses turbines tournaient afin de renouveler l’air des sphères où l’on entassait les plantes. Les salves retentissaient inlassablement malgré les appels à la réédition de la DJAP. Espoir vain. « Que comptes-tu faire maintenant Taylor ? Disparaitre dans les ténèbres et laisser le Sénat savourer sa victoire, et ensuite ?
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—Ils se fichent de nous, tous autant qu’ils sont ! Ici ou ailleurs nous sommes en danger. Il y a une force extraterrestre capable de modifier nos génomes, faire de nous des entités dont les cellules viendraient à se régénérer au contact d’une autre entité, celle-là plus difficile à déterminer, mais mon devoir est d’accompagner Mortensen dans sa croisade. —Mortensen est…il s’est mis volontairement au ban de notre société car il n’est plus tout à fait le même depuis cette pluie de météorite et nous sommes sans nouvelles de lui depuis deux heures maintenant. Nous avons perdu sa trace et je reste persuadé que tout cela ait un rapport avec la révolte ; il est fort possible qu’il en soit le précurseur. —En admettant, il ne peut se trouver bien loin et peut-être qui sait avec ce P.T Owens. Trouvesle lui et tu auras Mortensen. Maintenant laissesmoi vaquer à mes occupations ». Quand P.T Owens revint à lui, une violente douleur lui martela le crâne. Son premier réflexe fut de remettre en marche sa montre. Cette dernière n’émettait plus. Il devrait naviguer à vue dans cette immense jungle urbaine et jamais il ne s’était senti si petit, si vulnérable. Au-dessus de sa tête des Véhicules d’Extraction passaient d’un point à un autre, attrapant en plein vol des cybers devenus ennemis publics. L’un d’eux fut extrait juste sous son nez. Et le passage des VE s’accompagne de violentes vibrations, si brutales que notre Owens poussa un hurlement de douleur. Le ciel devint orageux et parcouru par de grands éclairs. La panique commença à gagner les habitants de la colonie, les immenses écrans ne diffusèrent plus aucun programme et la terre gronda. Il devait rejoindre au plus vite la MVS et ficher le camp au plus vite ; il restait les automates, les fameux AIT (Automate à Impulsion Terrestre) différents des AIS (à Impulsion Solaire), les premiers
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permettaient de quitter le sol propulsés par la force tellurique donc à alimentation électromagnétique. Il pensa aux Condors et à leur grand nombre. Une flotte entière venant d’ailleurs. Il devait gagner la MVS et mettre ses gars sur le coup. Quelque part sous terre les alarmes retentissaient dans l’imposante fourmilière. Les militaires de la FLI prenaient armes et équipements pour défendre leur bastion et déjà les sapeurs veillaient à éteindre tout début d’incendie. De son côté J.F Williams étudiait du regard A.N Wharton recouverte de capteurs biothermiques. Il observait silencieusement. « Williams il est temps de rencontrer ce Mortensen ». Il se tourna vers Zerta, une cyber, l’une de ces créatures extralucide capable de comprendre l’esprit humain dans toute sa complexité. —J’aimerai seulement savoir à quoi elle pense en ce moment. —Elle voit des choses que nul autre ne peut voir, excepté ceux qu’elle a approchés au plus près. Elle veut s’en aller. Sa place n’est pas ici. —Que vois-tu d’autre Zerta ? —La mort. Sa présence est un don mais à la fois une malédiction. Si elle te demande de la tuer, n’hésites pas une seule seconde. Le salut de l’humanité se trouve dans son sacrifice. Mortensen est également de cet avis et demande à te voir. Il la suivit à travers le dédale de couloir et à leur arrivée, M.A Mortensen crayonna le résultat de ses calculs. « Ils approchent vite on peut parler de 900 000 km/s, c’est plus que la vitesse de la lumière dans le vide c’est trois fois le tour de la terre. Je tiens évidemment en compte l’inclinaison de notre planète et celui de notre astre. En supposant l’existence de ce fameux trou
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noir, ils seraient là dans quelques minutes tout au plus. Williams. Le temps nous est compté. —Et que suis-je censé faire ? Dérouler le tapis rouge devant l’équipage et les accueillir en héros ? —Propulsés en dehors de la galaxie d’Andromède et toujours à la vitesse de la lumière, il leur aurait fallu plus de quatre millions d’années pour nous atteindre. Comprenez mon excitation face à l’exploit accompli par ces hommes. Cela ne leur aura pris qu’à peine quelques années ; enfin, minutes si l’on prend en considération cet invraisemblable couloir spatiotemporel, cette porte des étoiles qui va nous être ouverte. On ne pouvait rêver mieux pour l’Humanité. —Ce que dit Mortensen est qu’il faille nous attendre au pire. —Non pas tout à fait. L’idée est… —Les autres qui reviendront seront transformés. N’avez-vous point observés cela dans vos visions si pessimistes de l’avenir ? Le mot d’ordre serait fuir, au plus vite tant qu’il est encore temps. —De combien de minutes disposons-nous ? —Une quarantaine de minutes selon mes calculs. Mais la physique n’obéit à aucune loi absolue. Là où je vois des minutes, Atlas parle en termes de secondes et si j’interrogeai un nano physicien il me dirait qui leur faudrait plusieurs heures. —Les yeux de l’Oracle. —Elle a raison. Seul l’oracle permettrait de voir et d’ainsi apprécier la distance. —En supposant et comment atteindre l’Oracle sans nous faire remarquer ? La surveillance risque d’être très accrue à l’extérieur et la DJAP vous tombera dessus avant que vous ne fassiez un pas Mortensen. —Un appât pourrait faire diversion.
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—Et ensuite ? Il nous faudrait des laissezpasser et le Sénat ne semble plus vous faire confiance. Et tous les trois pensèrent à A.N Wharton. Un appât de choix. Leur réflexion s’interrompit quand notre humanoïde-robot Atlas la moitié du corps détruit par les frappes ioniques arriva suivit part B.K Scott soucieux de se faire entendre. « Je ne veux pas de…Mortensen ? Alors les choses sont plus graves que je ne l’eusse pensé. Mon taux d’enzymes est élevé, anormalement élevé et mon ADN pourrait prouver la synthèse de cette protéine. La trouver, l’isoler et la répertorier. Cela vous prendrait quelques minutes tout au plus. C’est une mesure nécessaire pour ne pas dire essentielle. —Nous vous avons déjà apporté une réponse. —Qui est loin d’être suffisante. Cette enzyme plantée dans notre ADN agit comme une antenne capable de s’adapter à son environnement. Wharton est mon patient-zéro et… —Elle était, répondit Zerta sans cesser de sourire. Elle n’est plus la propriété de la CEMS et c’est en femme libre qu’il vous faudra à présent la considérer. Vous en avez fait beaucoup pour elle, l’heure est venue pour vous de vous retirer. —Balivernes ! Et le grand Mortensen est également de cet avis je suppose ? La DJAP se fera un malin plaisir à m’interroger et je ne pourrais les berner face à ce mauvais calcul. —Vous avez besoin de repos Scott. Tout cela est bien éprouvant pour un seul homme. Zerta va vous montrer vos appartements et s’assurer que vous ne manquiez de rien. » Restés seuls les deux hommes s’observèrent. « Nous en étions à l’Oracle et nos moyens d’action. Votre robot est en piteux état. —Il est encore fonctionnel. Je ne me fais pas de soucis pour lui. Il est programmé pour s’autodétruire. Atlas est un prototype de genre SS3, conçu il y a 33 ans de cela, au jour de ma
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naissance. Un spécimen réalisé et conçu par les meilleurs ingénieurs de ce globe. —Modèle SS3 vous dites ? J.F Williams fixa le géant aux traits grossiers et aux muscles d’acier. Les SS3 restaient les plus sophistiqués en la matière : plaques en uranium, circuit intégré sous un blindage composé d’un coffre-fort à codes. Pour en venir à bout de ce géant de technologie il fallait avant tout passer par des procédures informatiques d’une complexité sans précédant. Comme il avait la possibilité de s’autodétruire, Williams comprit qu’il avait des données confidentielles à protéger. —Violer l’intimité de l’Oracle, est-ce là l’idée Mortensen ? —Atlas reste en dehors de tout cela, veux-tu ? Nous devons prendre connaissance du temps qu’il nous reste pour…Les choses ne sont plus ceux qu’elles sont Atlas et il nous faut établir des priorités. Les Condors approchent et nous pouvons avoir à gérer une nouvelle menace. —Ils seront ici dans trente-sept minutes et vingt-deux secondes. Ce que l’Oracle compte je le compte aussi. Si tu dois te ranger du côté de la Résistance, choisis bien tes armes Mortensen. Eux ne font pas dans la demi-mesure ». De son côté K.A Urbens donna l’arrêt à son escouade. Un barrage de l’AGD devant la porte n°32 et aucun moyen de passer à travers. Audessus de la sphère les patrouilleurs de l’AGD survolaient les immeubles, scannant tout individu portant une quelconque immatriculation. Alors Acturus glissa vers Urbens. « Ce ne sont pas ce barrage qui va nous arrêter. Celle que je cherche est ici, alors avançons sans traîner. —Non, attends ! C’est trop risqué. Leurs robots font nous tailler en pièces ou bien nous expédier en orbite sur Mars ou ailleurs. Nulle envie de séjourner dans l’une des bases.
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—Je vois deux robots, trois droïds et l’un de ces engins à grand bec. —Un extracteur…de classe 8. Les pires. On ne les entend jamais venir. Ici on les appelle les Grands Muets ». Haut de trente mètre, soit environ dix étages l’engin au nez prolongé se posa dans la rue. Il révélait une capacité de 300 individus stockes dans l’abdomen d’acier de ce dernier ; soit 300 caissons hermétiques ayant chacun une autonomie de 450 heures avant l’assemblage avec les astronefs en partance pour les colonies interstellaires. De leurs puissantes maintes ils attrapaient tout suspect pour ne les relâcher que sous l’ordre de l’AGD. Urbens ne voulait pas finir dans le ventre de cet édifice flottant. « Quel est ton plan ? —On pourrait commencer par le plus gros en l’immobilisant. Quoi vous ne savez pas vous battre ici ? Ce ne sont que des robots et ils ont des failles sous leur blindage. —Nous sommes trop peu nombreux ». Soudain la colonne d’humains stoppa net sa progression, le nez fixant le dôme anti-ultraviolet. Une pluie d’étoiles leur tombait dessus, des météorites à peine plus gros qu’un poing ; de l’or scintillant sur tout la surface du globe. Ils levèrent tous la tête : robots, hommes, humanoïdes ; tous regardèrent avec la même concentration. Placée sous le Code Rouge, la terre, son satellite et les planètes avoisinantes de recevaient ni m’étaient plus. Les seules fréquentes acceptées restaient celles de la Rotonde, la principale tour de contrôle localisée dans la cité de Rispa. Déjà retentissait les alertes à la prudence et au calme. « C’est quoi ce bordel ! » Lança C.R Dwayne -Acturus et protecteur de notre A.N Wharton. De son côté Taylor répondit à ses subordonnés :
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« Ce bordel c’est un bombardement de matériaux comme celui survenu il y a des milliards d’années de cela quand la terre se trouva dans sa première phase d’agrégation après le Big Bang, des corps célestes de la taille de la Lune et celle de Mars entrèrent en collision et ont provoqué un intense dégagement de chaleur. Sous l’effet de cette chaleur extrême élevée, les éléments chimiques fondirent. —Pourquoi ne détections-nous cette pluie de météorites que maintenant ? —Le Code Rouge est une aberration Orlovsky. Je m’évertue à te le faire comprendre. La situation est loin d’être brillante. L’Oracle est la seule capable de nous en dire plus. » Ils franchirent un énième sas et un énième contrôle de rétine. L’Oracle se situait en hauteur, dans ce qu’on appelle plus communément l’Observatoire ou l’Omphalos dans le jargon du Sénat. Ce lieu se voulait être « le nombril du monde » en comparaison à celui de Delphes, l’antique cité grecque anéantie comme tout le reste lors des grands mouvements tectoniques survenus des milliers d’années de notre histoire. Avec ces imposantes colonnes et son chapiteau, Omphalos ne recevait en son sein que scientifiques et sénateurs, peu de citoyens s’y rendaient exceptés sous invitation. Les ascenseurs desservaient trois plates-formes et une fois arrivaient au sommet, les deux hommes suivirent le protocole pour accéder à la grande salle réservée à l’Oracle. « On parle bien d’or n’est-ce pas ? Or ce métal précieux n’est-il pas attiré par le fer ? —Le noyau terrestre en est composé à 80% oui. L’Iridium, le platine et l’or se fondent en lui. Nous n’avons rien à craindre de cette pluie. —Tu le crois vraiment ? ». Et V.R Orlosky entra le dernier dans la grande salle bleue pour s’immobiliser face à une surprenante apparition,
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là devant la baie vitrée observant le bombardement, les bras croisés derrière le dos. « Ils arrivent. La terre se trouvera détruite à 75% de sa surface. Les humains ne sont pas assez forts pour survivre à un tel chaos. —L.I Woolf ? Mais comment est-ce possible ? Je te croyais dans le coma et à la CEMS. Est-ce bien toi ? » Woolf se rapprocha de lui. Oui c’était bien elle. Il tenta un sourire mais bien vite se reprit. L’équipe médicale l’avait disséquée jusqu’à ce que son cœur se remette à battre. Encore un mystère offert à la science. L.I Woolf fut placée en observation pendant une heure ; un laps de temps pendant lequel les scientifiques crièrent au miracle. De part et d’autres du système terrien (les diverses colonies) martienne, lunaire, etc. d’autres cas furent enregistrées. Tous ayant été frappés par le mal inconnu, placé dans des caissons en raison de leur état végétatif et notés comme décédés. Alors que c’était-il passé ? En réponse à cette question, Peggy poussait des hurlements et s’agita dans tous les sens, prise d’une frénétique pulsion de destruction. Le regard ferme de Woolf suffit à la faire taire et bien vite le calme revint dans cet atrium. « Il y a bien longtemps que l’on ne s’était pas croisé. Quel est donc ton nouvel ami Taylor ? Je ne parle pas du primate mais de bien ce bel homme. J’ai autrement connu un Orlovsky appartenant au département des génomes. — Oui il s’agirait de mon aîné. Il est quelque part en orbite sur Mars ». Perdue dans ses pensées, elle ne le lâcha pas des yeux. L’heure n’était pas aux interrogations mais bien à l’action. Ses grands yeux fixèrent les deux scientifiques et revinrent vers Orlovsky. Les alarmes se mirent à retentir de part et d’autre. Une intrusion, pensa immédiatement Taylor tandis que Peggy se cachait les yeux en secouant la tête.
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« Il nous faut interroger l’Oracle. —Et pourquoi ? Quelles réponses pensez-vous trouver ici ? » Taylor sut que quelque chose n’allait pas. Une voix retentie, plus agréables que jamais : « Veuillez garder votre calme et vous soumettre au contrôle d’identité ! Toute opposition se fera sanctionnée. Je répète veuillez garder votre calme ». Les BIP BIP des scanneurs et le chuintement des portes entrèrent en action. Descendant du plafond, un long tube qui s’avérait être un tripode se posa au sol, se déploya et sonda la pièce. L.I Woolf se laissa scanner. Et la mélodieuse voix reprit : « Veuillez garder votre calme, vous êtes en état d’arrestation ». A peine eut-elle cligné les yeux que le tripode sauta sur sa tête et une aiguille s’enfonça derrière sa nuque. « Fuyez avant qu’il ne soit trop tard » Parvintelle à murmurer avant de tomber inconsciente, face contre terre. « Que se passe-t-il ici Taylor ? —L’Oracle est sur la défensive et je crains que les visites ne soient terminées pour aujourd’hui. Suis-moi j’ai peut-être une idée ! » Le bombardement continuait encore et encore. Derrière la baie vitrée Zerta fixait A.N Wharton, le sourire aux lèvres. Dans peu de temps il y aurait bien plus qu’un bombardement et la cyber armée jusqu’aux dents se préparait à toute éventualité comme celle de défendre J.F Williams et les humains de la FLI. « Tu sais que je ne te veux aucun mal comme je sais que tu es ici pour venir en aide à l’humanité. Ton sacrifice n’a pas de prix mais je refuse que tu te sacrifie pour ceux qui n’en valent pas la peine. Tu es importante à nos yeux comme tout le sera davantage pour ceux qui viennent. Ici tu n’es pas en sûreté. J’ai un endroit sûr à l’abri de la folie destructrice des hommes. Nous te préserverons du chaos.
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—Combien…combien de personnes peuvent monter à bord d’une Arche ? —Il n’y aura pas la place pour tout le monde si c’est ce que tu veux savoir. Seuls les plus forts survivront, c’est ainsi depuis les origines de ce monde. —Alors je reste ici. Faites évacuer ces gens pendant qu’il est encore temps ! Zerta, il faut les faire partir ! C’est ici que nous devons commencer l’évacuation. Nous avons moins de vingt minutes. —Je n’ai pas à prendre cette décision ». Et la cyber s’éloigna de la baie vitrée en entendant le chuintement de la porte ouvrant sur Mortensen et Atlas. « Que se passe-t-il en haut Zerta ? —Il y a eu une intrusion et l’Oracle a réagi comme elle devait réagir. —C’est Taylor, murmura A.N Wharton, il voulait savoir. —Cela ne sent pas la bonne nouvelle. Zerta, nous avons deux Eagles P23 près à partir et dix neuf VTNG de classe A31 sont prêts à mettre les voiles. Ton capitaine t’attend sur le pont avec sa petite armée disposée à fiche une raclée à qui voudrait nous barrer la route. —Ils approchent, marmonna Wharton les mains collées sur la baie, tentant d’établir le contact visuel avec Mortensen, seul Atlas fut réceptif à la détresse de la créature et son regard glissa vers le bouton coup-de-poing chargé programmer l’ouverture de la porte blindée. » Tout autour d’eux, les résistants s’organisaient pour leur évasion, partout des véhicules de transports montaient et descendaient la colonne d’air ; des soldats reconnaissables dans leur costume bleu-roy avançait au pas de charge, leur casque d’identification sur la tête, les mêmes capables de lire des données à plus de 250 miles. Sur leur brassard l’emblème de la résistance et tous ces Phantoms ne craignaient pas la mort, prêts à se sacrifier sur l’autel de la liberté.
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—Tu ne prendras pas part aux festivités ? Un officier tel que toi devrait-être en premières lignes. —Et le contraire te surprendrait Mortensen ? —Pas le moins du monde. Je devrais me montrer surpris ? Avec tes brillants états de service, on pourrait te voir à la tête d’une division. La FLI devrait avoir ça en stock. Tu en penses quoi Atlas ? —Hum…je pense comme toi. On devrait passer à l’action ». Une secousse les fit perdre l’équilibre et Zerta leva le nez au moment où une voix annonça les mesures sécuritaires : « Onde de choc, bombardement ionique survenu à 12km de la surface de la terre. Evacuation immédiate ! Je répète, évacuation immédiate ! » Une lumière rouge clignota et Atlas tapa de son gros poing sur le bouton afin de libérer A.N Wharton. —J’ai mon propre vaisseau. Il n’est pas immatriculé ce qui rend sa détection impossible. J’aurai besoin d’un copilote tel qu’Atlas pour me suppléer. Nous disposons que de vingt minutes pour rejoindre le hangar 1345 et embarquer. —Scott. —Quoi Scott ? —Il doit partir avec nous, murmura A.N Wharton. Une seconde secousse les fit tomber et la voix enregistrée balança son commentaire : « Onde de choc, bombardement ionique à… » La communication fut interrompue et l’obscurité disparut par à-coup ; le second bombardement venait de toucher les réacteurs, endommageant fortement le N°3 alimentant toute cette colonne. « On n’a pas une seconde à perdre ! » Zerta courait devant jusqu’aux plate- formes de débarquement quand une troisième onde de choc détruisit une passerelle qui dans sa longue chute à travers la cheminée emporta tout : infrastructure, véhicules et robots pilotes. « Estce que tout va bien ? Rien de casser ? Alors
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dépêchez-vous ! » Les alarmes devinrent plus nerveuses et la panique envahit les membres de la FLI. Ils montèrent à port d’un Nomade, ces petits véhicules en forme de capsules passant d’un boyau à l’autre avec une capacité de chargement de 30 personnes. En haut sur l’écran était indiqué sa direction et le temps estimé pour le prochain départ. —Modifie-moi tout cela Atlas ! Le cyber ne fut pas long à changer les paramètres et une fois à son bord, Zerta commanda à distance la préparation de son vaisseau, un Colombus de la première catégorie, soit le L986, ce qui fit glousser Mortensen. —Et comment veux-tu que l’on quitte cet endroit avec un L936 ? J’espère que tu sais le piloter mieux que tu ne vois l’avenir. Le hangar 1345 grouillait de civils et de paramilitaire et autour du L936, des cyborgs terminaient les dernières vérifications d’usage. Le Colombus avec son long nez profilé offrait en apparence les mêmes capacités de navigation que les autres prototypes de cette série de Colombus et sa force d’attraction résidait dans sa grande autonomie et sa rapidité du fait de son poids n’excédant pas les 12 tonnes. Une L’hologramme de J.F Williams apparut au moment où Zerta se glissa sur son fauteuil de pilotage. —Zerta nous avons reçu un nouveau message de la Terre. Attendez-vous à y rencontrer le chaos ! Surface détruite à 70% et perte humaine se chiffrant à 30%, les cybers ont mis la branlée au DJAP mais accuse des pertes montant à 65% et il vous faudra une sacrée chance si vous comptez vous rendre à la base sous-marine de l’Atlantis. —Non Williams ! Changement de programme, déclara Zerta, convaincue par le bien fondé de sa mission, j’emmène tout ce beau monde dans le désert du Grand Mangeur d’Hommes. Si tu ne vois pas d’objection.
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—Es-tu sûre de ce que tu fais ? Tu prends des risques en te rendant là-bas et je te convie une précieuse cargaison. —C’est le dernier endroit où ils penseront nous chercher Williams et si nous voulons avoir une chance de nous en sortir, c’est là que mon bébé atterrira ! Tu as autre chose à me dire ? Atlas j’ai besoin de toi ici ! Williams, tu n’as plus qu’à nous souhaiter un bon voyage ». Les moteurs se mirent à vibrer et le véhicule démarra dans un chuintement ; à l’arrière Mortensen se pencha vers Wharton pour lui expliquer le principe chimique des gaz et leur rôle dans la propulsion du véhicule. A.N Wharton n’écoutait pas, concentrée sur ce qu’elle voyait. Le cœur de la colonne semblait les attirer et au milieu des autres véhicules à propulsion ionique, le ridicule L936 prit de la vitesse, gagna les différents degrés de la colonne pour emprunter un couloir horizontal dans lequel des robots s’affairaient à colmater les brèches. Zerta slaloma entre les nombreux véhicules pendant de longues minutes ; minutes pendant lesquelles aucun ne parla. Les droïds affectés au service de ces voyageurs passèrent entre les sièges pour leur proposer des masques à gaz et des kits de survie. « Accrochez-vous, ça va secouer ! » Ils furent aspirés à travers un autre conduit vertical pour atterrir au milieu d’un flot de véhicules terriens, ceux-là étant matriculés. Le Colombus fut alerte à la manœuvre ; or de tous côtés les robots-sentinelles s’évertuaient à détruire tous VTNG (Véhicules Terriens NonGouvernementaux) et un trait passa si près d’eux que Zerta se crispa sur le manche. Atlas de son côté scanna les plaques d’un VTPI (Véhicules Terriens à Propulsion Ionique) pour se l’octroyer et ainsi devenus invisible, le Colombus continua sa route à travers le boyau, un long serpentin faisant partie d’un important complexe routier.
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« Et bien tout se passe pour le mieux, railla Mortensen en quittant son siège pour féliciter le travail d’Atlas. On va pouvoir tous se détendre et envisager l’avenir sous un meilleur jour. —A votre place, je ne serai pas si optimiste Professeur. Nous en sommes qu’aux prémisses de ce qu’on pourrait appeler une promenade de santé. Retournez à votre siège et restez-y jusqu’à nouvel ordre ». Plus le véhicule remontait et plus les ondes de choc furent perceptibles. Progressivement on entendit des BOUM-BOUM et après avoir suivi la rampe, le Colombus accéléra et fit sa sortie à la surface de la terre ; nul changement d’atmosphère et là de nombreuses ramifications déroutait, l’on se serait cru sur la toile d’une titanesque araignée et plus la véhicule remontait et plus le cœur de Wharton battait. Les colossaux immeubles contribuaient au sentiment d’écrasement et cette forêt de buildings terrorisa A.N Wharton qui n’avait jamais vu pareil spectacle : des immeubles en feu et cette pluie d’or balayant l’horizon ; à l’intérieur de ce conduit, à l’intérieur ce cette protectrice tranchée, ils assistèrent à la Révolte des Cyborg. Partout les représentants de l’AGD prenaient les événements au sérieux et cette révolte bien vite fut étouffée dans l’œuf. Le Sénat materait les rebelles défavorables à ce système et plus jamais l’on n’évoquera ce 30/04 de l’année 6006. Certains édifices montraient des signes de cette énième tentative de prise de pouvoir et déjà des robots se trouvaient être sur pied-de guerre. Un cyber approcha et se pencha vers Zerta : « Nos radars ont intercepté des humains en détresse. Ils envoient des balises pour signaler leur position et nous devons d’agir au nom de la Force Libre Interstellaire. —Combien sont-ils ? —Nous en comptons trois.
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—Envoyez-moi les coordonnées ! Je vous laisse au volant de mon joujou Atlas. Je vais aller me faire une beauté et Wharton fera de même… suis-moi ». Wharton déboucla sa ceinture pour suivre Zerta à travers le Colombus. Après l’espace de pilotage, l’on trouvait la zone réservé aux civils (espace confiné avec sa kitchenette et son séjour ; plus loin les cabines et lits couchettes destinés aux membres de l’équipage) et au fond l’armurerie avec son impressionnante cargaison d’armes et d’armures, des véhicules légers pour six personnes et une quantité de Globes (petites sphères servant de détecteurs de vie dans les régions les plus insondables et inhospitalières de la Terre). —L’on ne sait jamais sur qui l’on va tomber Wharton alors il faut se préparer à toute éventualité de combat, répliqua Zerta en empruntant une échelle, cette tenue ne te sied guère. Je l’ai toujours pensé. Elle passa derrière un écran et sélectionna une tenue rouge lie-de-vin avec des armes légères et faciles d’utilisation. La robe apparut sur un rail, prête à l’emploi et aussitôt des petits robots de cinq centimètres quittèrent leur emplacement pour déshabiller Wharton et l’aider à passer sa tunique à une bretelle découvrant sa jambe droite. Les robots lui attachèrent les cheveux en une natte complexe et solide ; on lui attacha des sangles sur la cuisse, aux chevilles et au bras afin d’y recevoir les armes. « Là tu es comme il faut. Une véritable partisante. Le bracelet te servira d’émetteur et de transmetteur. Tu ne seras plus jamais seule Pour l’activer, il te faut appuyer sur ce bouton et une image hologramme apparait. Oui, c’est exactement ça ! Tu apprends vite. —Une bible d’information ? Si je le pointe dans n’importe quelle direction il me dit ce que je veux savoir…Zerta de Classe 12, Capitaine au sein de la
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FLI. Ancien Agent de l’AGD et soumise au contrôle n°B543. —J’ai été génétiquement modifié et ma naissance n’a rien d’un hasard. Pour les Sénateurs je suis un cobaye comme tout ceux de mon espèce que pourtant l’on n’hésite pas à sacrifier quand la nécessité s’en fait ressentir. Tu connais tout cela n’est-ce pas ? Je ne me contenterais pas de rester tranquillement à attendre mon destin et la Résistance a besoin d’espoir et tu seras leur figure de proue…je vais m’assurer qu’on te livre à bon port ». Le véhicule s’immobilisa et le bourdonnement de l’alarme des portes retentit. Zerta lui jeta une arme capable de mettre à terre les gros robots de l’AGD et elle-même se munit des meilleures armes du Colombus. Les cybers firent monter les rescapés dont G.G Newton, P.T Owenss et K.A Urbens. Wharton passa de l’un à l’autre en panique. « Il y avait un autre homme avec vous ! Où estil ? Où est-il ? —Tu parles de Dwayne ? Il est partit, répondit Newton à bout de souffle, il a dit que son devoir l’obligeait à marcher vers l’Ouest. Il a parlé d’un grand désert. Les autres nous sont tombés dessus…les tirs venaient de partout et ce fut une terrible erreur de penser que nous serions plus fort que les montres de l’AGD. —Il s’appelle Acturus et c’est moi qu’il cherche ! —Plus maintenant ! On s’en va Wharton ! Alors ne sois pas si sentimentale. Il n’ait pas question de nous voir fondre en larmes, tu saisis ? » P.T Owens allongé sur la couchette laissa les robots courir le long de son corps afin de réparer les dommages corporels subis lors de l’attaque. Le Directeur de la MVS respirait avec difficulté et les larmes aux yeux, A.N Wharton posa les mains sur son cœur. Là, elle vit la galaxie
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la happer, si violemment qu’elle en vomit et la tête au-dessus du lavabo vomit tripes et boyaux. —Vous n’avez pas l’air dans votre assiette, ironisa P.T Owens assis sur le rebord de sa couchette. C’est bizarre comme je me sens d’attaque (il vit craquer ses cervicales et phalanges). On m’a retrouvé comme mort non ? C’est toi Wharton ? —Oui, c’est moi. —C’est marrant, je…je te voyais plus extraterrestre. Tu sais qui je suis hein ? Je m’occupe de la MVS, je suis chargé des Vols Spatiaux et j’ai d’abord pensé que Mortensen avait pété les plombs…tu sais quand on part pour de longues missions, on n’est pas sûr d’apprécier la vie sur terre. Alors quand il a commencé à parler de cette planète L2 et des mutations génétiques survenues sur le sol lunaire et martien pour tous les membres (il quitta la couchette pour observer le ciel orange). Je ne l’ai pas pris au sérieux et voilà ce qu’il nous tombe dessus ! —Vous avez entendu parler de moi ? —Oui. On a parlé de la rescapée du Programme Genesis ; on a reçu des infos de la CMS et…Tu as vu ce ciel ? Viens par là… » A.N Wharton quitta le lavabo pour la baie vitrée et tomba des nues devant le spectacle offert à ses yeux. Un camaïeu de bleu et jaune, le bleu pour la mer et le jaune pour la couleur du ciel où peu d’oxygène filtrait à travers les ultra-violets. Le Colombus survolait ce qui devait être un lac. « Tu n’avais jamais vu ça auparavant hein ? Et tu es quoi au juste ? Une sorte de cyber ou quelque chose de moins aboutie ? —Tu as observé le ciel et tu as vu. D’autres n’ont pas eu cette chance, l’anticipation est un avantage si l’on sait se montrer pragmatique. J.T Arrington contrôlera le Sénat et…tu auras les moyens de l’arrêter. Il te fat agir maintenant. —Tu sais ce que je pense de tout cela ? »
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La porte s’ouvrit sur Mortensen et d’Atlas. Mortensen portait une armure grise légère et ultrasophistiquée, de quoi survivre sous n’importe quelle latitude et permettre aux fonctions vitales de poursuivre leur activité de longues heures durant. —Le sénateur Owens ? Si je m’étais attendu à pareille surprise. Tu as repris du poil de la bête, on dirait. Atlas a quadrillé le secteur et un Condor vient d’atterrir non loin de là ; par conséquent l’on doit s’assurer qu’il y ait des survivants avant que la GDT ne reçoit la confirmation de cet atterrissage. Il peut s’agir du Condor 452 et nous disposons que de vingt minutes avant la visite inopportune de l’AGD. Sur ce coup-là nous devons nous unir et agir vite. —C’est aussi mon avis. Combien sommesnous ? —Sept et quatre membres de l’équipage. On peut leur faire confiance, ils sont loyaux à la Ligue et par extensions à Zerta. La petite restera à l’arrière avec Atlas, nous autres partirons vers le Condor. Seras-tu des nôtres ? On aura des tas d’échantillons à prélever et…laisses tomber ce genre de détail. —A quelle heure prévoyez-vous votre sortie ? —Dans un peu moins de trois minutes à partir de maintenant ». Le Colombus L936 se posa au milieu de nulle part. Son entrée dans l’atmosphère fut vue de tous mais interprété comme le passage d’un corps céleste, probablement d’un vaisseau en détresse frappé en pleine orbite par l’armée stellaire basée sur le sol lunaire. Le Colombus L936 et ses 378mètres de long pour 234 de large, montrait des signes de faiblesse notamment sur son aile droite en partie arrachée par quelques armes de destruction, celles de l’AGD surveillant toutes les entrées. Les réacteurs ne tournaient plus et leur radar de guidage rendu inutilisable gisait arraché sur le
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côté. Après premières analyse, l’équipe de la LCU se déplaça avec précaution en milieu des décombres et Zerta à l’aide de son bracelet à rayonnement biomorphique quadrilla le périmètre sans déceler la moindre trace de vie. Elle et les autres cybers entrèrent à l’intérieur du vaisseau et laissant leurs espions, les Armpodes, de petits parasites chargé de prendre possession des dernières balises de guidage. Ils eurent des interférences. Dans le cockpit du vaisseau. Deux survivants. Zerta passa devant les capsules contenant des corps humains en état de veille, soit une centaine de corps ; autant en bas et en haut. Elle les démembra à 500 hommes et femme d’équipage entassés là dans les soutes. L’alarme se déclencha et les Armpodes volèrent vers les émetteurs pour les neutraliser. Zerta devait faire vite. Le temps allait leur manquer. Ils disposaient à présent moins de dix minutes. Les sas s’ouvrirent l’un après l’autre et avec prudence, Zerta progressait dans le ventre de ce monstre. Quand soudain elle s’arrêta et arma sa grenade qu’elle dégoupilla pour lancer dans une coursive. BOUM ! L’explosion fit sursauter Mortensen resté en arrière à observer les échantillons de matières stockées dans de grands cylindres ; tous portaient des immatriculations : PT657, PT658, etc. et plus il remontait et plus en observait de divers aspects et couleurs. Il posa la main sur l’un de ces cylindres et le liquide se déplaça pour reproduire la forme de sa main. Des cellules extraterrestres capables d’imiter un autre corps. « Incroyable…je n’en crois pas mes yeux, il contacta Atlas à l’aide de sa montre holographique, Hey Atlas ! Qu’est-ce que tu fais mon grand ? Arrêtes un peu de rêvasser si tu veux ! J’ai quelque chose pour toi…tu vois ce que je vois ? Tu en penses quoi ?
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—Ce sont des organismes multicellulaires fonctionnant de matière autonome. Des bactéries. Il te faut ramener l’un de ces cylindres ici. Je t’envoie du renfort. Et magnez-vous le derche, je vois de l’activité filant à 300 miles heure et prête à fendre sur vous. —Oui t’inquiète. (il appela Zerta sur son émetteur) C’était quoi ce boucan ? Le comité d’accueil ? Pas le temps de serrer tout le monde dans tes bras ma grande, on doit se tirer. Zerta poussa du pied le reste d’un robot de type AG4 des gardes chargés de la sécurité et se déplaçant toujours par deux. L’autre ne devait pas être bien loin ; elle eut à peine le temps de se retourner que l’autre AG4 lui tomba dessus et un triple saut arrière lui permit de sauver ses fesses. Il gisait maintenant au sol désarmé et surtout réduit en morceaux. —Oui c’était le comité d’accueil. Mortensen si tu m’entends toujours tires toi ! Il y a deux hommes dans le cockpit mais pas assez de temps devant soi pour les présentations alors je vais les contraindre à sortir. Et dans les cieux l’AGD identifia le Colombus de LCU et le Colombus L936, les six vaisseaux fonçaient droit sur eux et Atlas assis derrière le poste de contrôle activa le périmètre de sécurité, une sorte de sphère qui les maintiendrait à l’abri des décharges d’ions. A ses côtés Wharton se sentit impuissante. Et G.G Newton se précipita vers le siège du copilote. « Je crois que vos amis sont dans la merde ! On pourrait peut-être faire diversion qu’est-ce que tu en penses ? Urbens et moi on a connu pire. Laisses-nous cinq minutes pour les expédier aux Enfers ! Urbens opina du chef et arma son fusil capable de neutraliser les vaisseaux en vol. Atlas leur ouvrit la porte et tous deux sortirent, l’un couvant les arrière de l’autre. Alors Wharton ferma les
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yeux et se concentra sur ce qui pouvait l’entendre à l’intérieur du Colombus L936. J.T Arrington sur son siège de pilotage fut pris d’un soudain mal de tête ; M.J Dickens se tourna vers lui pour l’interroger du regard. Le capitaine du Condor attrapa son barda posé près de lui et débloqua les derniers sas avec une fulgurante rapidité. —Hey, mon vieux, tu tiens le coup ? —Ouais… je crois que oui. Je crois qu’on me parle dans ma tête. Il y a une vois qui…qui me dit de nous tirer d’ici au plus vite. —Et tu as trouvé ça tout seul ? Il y a cinq cent hommes à bord et notre précieuse cargaison ! Il est hors de question d’abandonner le navire, lieutenant ! Si ces parasites de l’AGD doit venir nous ramasser, alors on les attend calmement ici avec ça (en tapotant son sac) et quoique te dise cette petite voix dans ta tête et bien tu l’oublies. —Non je crois vraiment qu’on doit se tirer d’ici Dickens et au plus vite ! Il y a autre chose à bord qui n’est pas l’AGD. —Et bien on va l’attendre calmement. Mortensen sortit avec trois robots portant deux cylindres chacun quand il vit le ciel se strier de traits rouges et jaunes ; le support aérien de l’AGD et Mortensen jura dans sa barbe avant de contacter Atlas. —Atlas mon grand ! Tu ne vois pas ce qui nous tombe dessus ? Si tu ne fais rien on va tous y passer, crois-moi ! —On y travaille Mortensen ! Je ne peux les commander à distance. Newton et son boy-scout vont nous les faire tomber au sol et après on avisera. Tu m’as toujours fait confiance alors ce n’est pas le moment de te trouver un autre Dieu. —Zerta ! Zerta ! Il faut qu’on décampe ma chérie, plus le temps de flâner alors rappliques avec ou sans tes rescapés ! —Négatif Mortensen ! Je suis à deux mètres du cockpit alors sois patient ou tires-toi si tu crains
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pour tes fesses ! Moi j’ai une mission que je compte honorer ! 
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CHAPITRE 7 L’explosion de la porte blindée fut violente et résonna sur deux niveaux. Aussitôt Zerta s’y engouffra et envoya deux Armpodes aux contrôles de ce vaisseau. Pas âme qui vive, excepté les ordinateurs de bord transmettant des dernières données. Notre capitaine avança à pas feutré. « Je sais que vous êtes là. Je suis capitaine de Classe 12, au sein de la FLI.et membre de la LCU. Je ne vous veux aucun mal et il est dans votre intérêt comme du mien d’apparaître maintenant ! —Sinon quoi ? Répondit Dickens en se dévoilant. Sinon quoi Zerta du FLI et membre de LCU ? Vous nous réduirez en pièces comme vous l’avez fait pour nos deux gardes. —Capitaine Dickens, heureuse que vous soyez en vie ! La sortie se trouve être derrière moi alors à moins que vous attendiez quelqu’un d’autre, je vous invite à me suivre, vous et Arrington ! Il ne vous sera fait aucun mal excepté si vous décidez de jouer les trouble-fêtes. » A quelques mètres de là, Newton et Urbens couché dans le sable rendus invisibles par leur combinaison dite « caméléon » prirent en cible deux vaisseaux dans le viseur et tirèrent. Ils tournoyèrent avant de se crasher dans les dunes. « Toujours aussi précise sergent, voyons voir ce que tu peux avec les gros VE. Si tu les loupes, on rentrera à bord ce soir ». Elle visa et tira. La charge partit pour atteindre un propulseur. L’un des VE (les Véhicules d’Extraction) gita sur le côté avant d’essayer de recouvrer son assiette ; un second tir l’immobilisa ce qui permit à Atlas d’envoyer l’un des parasites du Colombus, une sorte de torpille qui une fois arrimée sur n’importe quel vaisseau falsifiait les données informatiques et rendait inutilisable les commandes.
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—J’adore ces joujoux Urbens. Ils me feront presque croire en notre sainte-mère la Terre ! » Il lui répondit par un sourire avant de voir un drome au-dessus de leur tête. Un drome de reconnaissance scannant les individus pour les envoyer aux fichiers de l’AGD et le commandant T.O Hauser, les bras croisés sur la poitrine sourit reconnaissant là ses deux déserteurs. Choix n°1 : les neutraliser. Choix n°2 : les tuer. Choix n°3 : les ignorer. « On fait quoi pour eux Commandant ? Demanda E.M Gammon, le capitaine de l’Unité n°23 de l’ADG. —Ce qu’on a toujours fait de mieux : se débarrasser des responsables. Equipes au sol et renfort aérien prêts à réduire en cendres ces deux vaisseaux. Je veux des actions nettes et zéro perte du côté des humains. Allez, on se bouge ! Allez ! Allez ! » Hauser, ce roux à la fossette d’ange voulut échanger avec les autres vaisseaux quand il observa un black out du côté des ordinateurs, tous tombèrent hors circuits les uns après les autres. « On a quoi là ? On a quoi ? » La panique se saisit d’eux et l’un des cybers pris la parole. « Ils ont avec eux un cyber de prototype SS3 et un seul est capable de nuire à nos appareils. Le dénommé Atlas appartiendrait à M.A Mortensen. Il va falloir nous poser si l’on espère pouvoir décoller un jour. —Si Mortensen est à bord de ce Colombus il se puisse que l’autre soit avec elle et c’est une belle prise commandant. Votre ticket gagnant pour le Sénat. Trois robots me suffiront. —Alors on se pose ! Qu’est-ce que vous attendez ? Le drone abattu, Newton et Urbens se replièrent tandis que les vaisseaux se posèrent autour du site. Il y eut des échanges de tirs et des robots mis hors état. G.G Newton jubilait heureuse d’en découdre avec l’AGD. Non loin de
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là, Zerta et les autres quittèrent le vaisseau au pas de course. Dickens ne pouvait se résoudre à abandonner sa cargaison et accablé de chagrin suivit Zerta vers son Colombus. « Atlas ! On décolle ! —J’en ai bien l’intention. (Il passa sur la fréquence de Newton. Newton ! Plus le temps de s’amuser, on décolle dans deux minutes. Je t’envoie la relève. —Tu entends Urbens, on fout le camp ! » Deux robots sortirent du Colombus pour les couvrir et une fois à bord Newton posa son joujou pour se précipiter vers le cockpit où elle fit son débriefing : trois robots détruits, un VE hors circuit et le vaisseau-amiral à terre. L’AGD ne pouvait se remettre de ce cuisant échec et le Colombus fut prompt à décoller laissant à terre les deux robots couvrant son arrière. « Ne vous réjouissez pas trop vite ! Ils vont nous donner la chasse dans tout ce maudit système solaire et… —Mes hommes sont en bas, coupa Dickens rendu furieux par cette perte, nous n’aurions pas du partir si vite et ainsi compromettre la vie de mon équipage ! —Capitaine Dickens, permettez-moi de me présenter, je suis P.T Owens, sénateur et Directeur de la MVS. Votre équipage ainsi que votre cargaison vous sera restitué une fois que vous en aurez fait la demande. Un formulaire qu’il vous ait possible de remplir maintenant pour… —Fais chier! —C’est aussi mon avis, répliqua Mortensen sortant de l’ombre. Nous avons pu récupérer quelques uns de vos cylindres et peut-être pourrais-tu m’en dire plus ? Leur origine et votre façon de les extraire de leur milieu naturel. Atlas et moi voulons faire les choses correctement. » Arrington quitta la passerelle et croisa en chemin la petite Wharton. Il s’arrête pour mieux l’observer : ce visage ne lui était pas inconnu et
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pourtant il ne saurait dire dans quel contexte il l’avait déjà croisée. Et Zerta sourit en le voyant se retourner vers la belle. « Qui est-ce ? —Une trouvaille comme vous-même. L’AGD la voulait et puis le MVS avant que la Résistance ne lui mettre la main dessus. Elle a un rapport avec le programme Genesis sans que rien ne soit confirmé. —Le programme Genesis et…comment a-t-elle pu vous arriver… vivante ? On sait que ce programme fut un fiasco aussi bien sur le plan génétique qu’anthropologique et vous voudriez me faire croire qu’elle en est l’une des rares survivantes ? » En guise de réponse Zerta redressa les sourcils. N’ayant rien perdu de la discussion Wharton quitta le corridor pour gagner sa cabine et après que l’écran noir se soit matérialiser derrière elle, notre créature s’écroula sur son lit couchette, la main sur le cœur. Il battait fort et ses battements cardiaques alertèrent Atlas sur la passerelle ; il les entendit et comprit qu’il y avait quelque chose en Wharton qui modifierait le cours des choses. Il plongea son regard dans celui de Mortensen étudiant les données des fichiers de Dickens. « Ses battements de cœur Mortensen. Les pulsations à fréquences régulières opérèrent une pression sur les événements et plus ils accélèrent et plus le temps s’effritent. Tu entends ce que je dis Mortensen ? —Oui tu parles d’une sorte de… chaos, répondit ce dernier en levant le nez des colonnes chiffrées. Il interrompit sa lecture pour étudier le visage de son co-équipier de longue date. Tu crois que…Oui ! Tout s’expliquerait alors ! L’implosion de L2, les perturbations que cela a entrainés et…ce gigantesque cataclysme dont nous ne sommes pas responsables ! Tout ce qui la touche, l’émeut aurait donc des répercussions sur le reste ; à savoir notre perception du monde,
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notre échelle de temps et nos cellules mères affectées par un drôle de champ gravitationnel qu’on aurait pu voir comme un bouleversement génétique. Atlas, tu es un génie ! Concentronsnous sur ce qui n’aurait à ce jour échappé ! » Arrington arriva dans la pièce où se tenait déjà Dickens, la tête dans la main. Autour d’eux les échantillons de plantes s’acclimataient à leur nouvel environnement ; le vaisseau de Zerta tenait lieu de laboratoire dans lequel on entreposait quantité de cellules visant à la culture diverse ; une sorte de micro cosmos à échelle réduite. Si chaque citoyen des différentes cités conservait leur propre culture il en était de même pour les Colombus et vaisseaux de taille plus ou moins importante dont les vols interstellaires devaient leur permettre une longue autonomie. Les poings sur les hanches, Arrington se mordit la langue. « Alors, on fait quoi capitaine ? —Ces hommes nous offrent l’hospitalité, on ne peut passer outre. Nous n’avons pas le choix. Ils se sont mis en danger pour nous, répliqua ce dernier les sourcils froncés. Ce vaisseau est capable de tenir la distance mais pas avec l’AGD à nos trousses. C’est une opération-suicide que celle d’essayer de leur filer entre les pattes ! —Dickens ! Ils ont nos cultures et nous n’avons aucune idée de l’endroit où nous nous rendons. Si nous perdons la partie, notre mission aura été vaine. Nous n’avons que très peu de temps devant nous et… » Un chuintement de porte accompagna l’arrivée de Newton qui alla se servir un verre avant de gagner la table et étudier minutieusement les deux hommes. Comme tous elle avait espérer leur retour —le Sénat ne pouvait croire en leur perte ; raison pour laquelle on n’envoya aucune mission de secours—, Newton partagée entre l’excitation et la crainte se laissa attendrir par le
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parcours de ces deux hommes, physiquement au bout du rouleau et psychiquement perturbé par ce qu’ils venaient de vivre, soit la perte de leur vaisseau et de leur équipage. —Où est-ce que vous étiez ? Nous avons craint le pire vous savez ! En fait mon nom est G.G Newton et j’ai quitté l’AGD pour des raisons personnelles. Il devient difficile de faire carrière quand comme moi le monde n’est pas si rose qu’on le croit. On va dire que tout part à veau l’eau et… tant qu’il y aura encore des hommes pour tenir tête au Sénat alors, c’est un bon début. —Je partage votre avis, lâcha Arrington s’essayant à un sourire d’usage. Savez-vous où nous nous rendons précisément ? Quelque chose comme une destination certaine ou dans ce genre ? —Non ! Pas la moindre idée mais ces hommes qui nous guident savent ce qu’ils font. Vous devriez peut-être vous détendre ou bien quitter ce vaisseau pendant qu’il est encore temps ! » Dickens croisa les bras sur sa poitrine. Sa présence allait leur permettre d’éclairer certains points. Selon lui des plus cruciaux. « Que s’est-il passé ici ? —N’avez-vous donc reçu aucune information au bord de votre Colombus ? Les cybers ont tenté de prendre le contrôle des principaux Départements. Le reste n’a que peu d’importance. Zerta s’applique à nous trouver un endroit paradisiaque sur lequel passer nos prochaines années. —Et pourquoi les cybers auraient tenté un coup d’Etat ? Questionna Arrington. Il y avait-il pour eux un soudain intérêt quelconque ? Ils ont été intégrés aux programmes sénatoriaux et jouissent des meilleures positions dans tout notre système. Cette partie de l’histoire m’échappe complètement. » Le sas s’ouvrit sur P .T Owens affichant un large sourire conquis.
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« L’intérêt vient des failles de notre système justement, répondit-il à la place de Newton. Je pense qu’il nous est devenu absurde de nous en remettre à des dirigeants corrompus. Admettons cette vérité : nous marchons depuis toujours sur des braises. Notre terre s’appauvrit et nos ressources s’amenuisent de façon exponentielle. Selon les calculs de la Division 913 censée s’occuper des relations des citoyens entre eux et appuyé par les dires de nos généticiens, nous évoluons vers quelque chose de plus sélectif. —Tu parles d’une sélection en masse ? L’interrompit Dickens maintenant debout et marchant autour de la table. Une sélection d’ordre naturel qui pousserait chacun à s’éloigner de son voisin. Est-il encore possible de parler d’humanité ? —Oui, la Résistance sait encore quand il faut user de tempérance, railla Newton sans lâcher des yeux Dickens. Depuis longtemps le GDT fait de mauvaises prévisions parce que gouverner par des robots et cybers incapables de raisonner comme on le souhaiterait. —Ne mettez pas les œufs dans le même panier, argua Arrington. Nous nous tenons dans ce vaisseau à parler de la pluie et du beau temps parce que nous l’avons décidé ainsi. Ces choix nous concernent tous directement et il serait absurde de tous nous reléguer au rang d’antiquité. » P.T Owens opina du chef passant de l’un à l’autre des protagonistes. « Absurde certes mais essentiel à rétablir notre vérité. —Votre vérité n’est pas la nôtre Sénateur ! Mes hommes se trouvent être dans les soutes de MON vaisseau, sans parler de toutes nos cultures ! Des années de recherche pour en arriver là ! Dois-je alors accepté vos contestations et me résigner à vous suivre dans votre quête de nouvelle religion ? Je ne peux pour
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l’heure me résoudre à cela ! Désolé mais pour moi, la récréation est terminée ! » M.J Dickens quitta seul la pièce, emprunta le couloir. Zerta le vit passer devant lui ; elle l’aurait certainement arrêtée mais elle se devait de voir Wharton. Cette dernière semblait l’attendre assise devant l’écran noir servant de porte ; un écran à ouverture vocale commandée par l’ordinateur de bord. « Salut ! Je peux rentrer ? (La porte s’ouvrit devant Zerta) Nous sommes sortis de leur vigilance mais le plus dur reste à venir. L’AGD ne nous lâchera pas si facilement d’autant plus s’ils te savent à bord. Mais cette information ne pourra leur être révélée, exceptée si l’un ou l’autre quittait le navire. Tu connais cet homme n’est-ce pas ? J’ai vu à ton regard qu’il ne t’était pas inconnu. —Il ignore que je le connais. Parfois il me semble déjà avoir vécu cette situation. —Tu parles d’échos ? Tu es une rescapée du Programme Génésis, alors il est fort possible que ton esprit est subi une programmation comme Mortensen l’a subtilement noté lors de son étude sur la viabilité de ce projet expérimental. On enfermait des sujets dans un endroit connu uniquement du CMS et ces personnes subissaient des tests cognitifs. Le passé, le présent et le futur n’étaient plus trois valeurs de temps mais une seule réunie appelée Axe Spatio-temporel. Ces cobayes souffraient alors d’un désordre cognitif puisque incapables d’évaluer l’information et de la faire leur. —On les appelait les Spectres, comme incapables de dissocier le temps, il devenait alors plus facile de leur priver de leur identité. Soit soixante cinq sujets inadaptés à notre monde et envoyés dans les colonies les plus éloignées. Plus personne ne s’intéressa à eux. Un chapitre entier fut refermé.
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—Alors je comprends que ton histoire intéresse Mortensen. » Ce dernier était à ses plantes ; des tubes en grand nombre reposant dans les cylindres et aidé par les puces du labo, il en préleva leur substance concentré sur les minuscules mouvements des microcellules au pied d’œuvre. les bactéries ressemblaient fort à celles collectée sur la lune peu de temps après l’impact des météorites. Il pensa à l’exo planète L2 et il se dit que bien des mystères n’étaient résolus. Le rictus au coin des lèvres, il préleva des échantillons de cellules et les classa ; jusqu’à maintenant pas moins de 123 bactéries d’espèces différentes répondant toutes au même génome. « Ces cellules sont des répliques de notre propre hérédité. Une sorte de miroir si j’en crois mes analyses. Atlas, tu sais comme moi que ces cellules permettent de ramener un individu à la vie en combinant les particules manquantes. Certaines peuvent se muter, d’autres se greffent et d’autres se régénèrent pour former une sorte ce cellule unique. « Alors nous assistons à la création du monde ! Lança Atlas en se souvenant de Wharton faisant graviter une curieuse sphère dans la paume de sa main. Ces cellules se déplacent car indépendantes. Leur intelligence est supérieure à toute autre forme de vie terrestre. —Ils le savaient mais ont préféré le taire au monde entier. —Car qui les posséderaient posséderait le monde entier ! —Elles répondent pourtant tous à un schéma bien défini. On peut donc parler de hiérarchie entre elles. Ce qui fait de ces cellules une potentielle menace pour toute espèce humaine et végétale se trouvant à proximité. —Comment le savoir ? —En pressant sur le bouton d’extraction ! L’effet catapulte Mortensen. Bombardées elles
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sont protectrices, une sorte de cataplasme à tout mal dont souffre l’homme mais si on décide de les implanter volontairement elles réagissent dès lors à un stimulus. —Alors on ne peut pas vraiment parler de conscience propre ; sauf si hiérarchie. Or je m’en suis injecté une dose à titre expérimental et je n’ai rien vu d’autre que le néant, l’infinie cosmos s’ouvrait à moi. Et c’est bien elle que j’ai vu Atlas. C’est bien elle ! » Notre Wharton partit s’entretenir avec Arrington mais P. T Owenss contraria ses projets en surgissant de nulle part. Leur regard se croisa ; le Colombus stoppa ses réacteurs pour entamer sa descente vers un boyau s’enfonçant à trente miles sous terre. Une sorte de tunnel pour éviter le contrôle en surface. Les lumières du vaisseau s’éteignirent simultanément et dans l’a semi-pénombre Owens se rapprocha de Wharton. « Tout va bien. Ce genre de véhicule sait amorcer ce genre de descente. Zerta a fait mention d’interférences causées par les capteurs censés nous rendre invisibles face aux radars des unités de surveillances. Il est sage d’éviter les contrôles et plus nous passerons inaperçus et plus…. —Oui je suis au courant ! Veux-tu bien m’excuser. —Non, attends ! Pourquoi partir si vite ? Déclara-t-il en riant. Tu n’as aucune raison de me craindre. Nous sommes tous susceptibles de finir dans ces réseaux de la FLI et mon seul boulot consiste à maintenir un semblant de gouvernement tant que notre situation ne sera pas réaffirmer. Que voulais-tu dire par Arrington et le Sénat ? Aurais-tu vu ou entendu des choses ignoré du grand public ? —Non. J’ai parlé sans raison. Tout ce stress en est la principale raison… » Il l’attrapa par le bras pour la pousser dans une pièce loin de toute pièce servant de lieu de
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repos pour les membres de l’équipage, lieu choisi par Dickens pour réfléchir. Là tapis dans l’obscurité il ouvrit les yeux en entendant la porte s’ouvrir. Il aurait pu se manifester ; il l’aurait fait si un violent mal de crâne ne l’avait cloué sur cette couchette. « Ne me cause pas le moindre tort avec tes absurdités ! La situation se veut très complexe comme tu peux le voir. Nous allons devoir nous serrer les coudes face à l’adversité. Echafauder des hypothèses reste la prérogative de Mortensen quand il n’est pas à délirer sur la fin du monde. » Il la dévora des yeux. Wharton sut qu’il chercherait à quitter le Colombus avec elle plutôt que tout seul. Elle était la clef de son succès ; il la voulait pour lui seul, ce petit bout de femme à la moue boudeuse et au regard si énigmatique. A. N Wharton sursauta quand il posa la main sur sa joue. « Mais la fin du monde comme on le connait n’est pas pour maintenant, tu es d’accord avec moi n’est-ce pas ? Ils ont arrêté les turbines. Ainsi nous passerons le reste de la journée dans ce boyau, c’est un peu difficile à imaginer pour un sénateur. Se retrouver là coincé à débattre du sort de notre équipe des plus inhabituelles. Tu avais pressenti ces événements ? Tu savais que cela se passerait ainsi ? » Wharton ne répondit rien et sortit sans demander son reste. Arrington se trouvait être dans la salle des machines, assis devant le panneau de contrôle et ses trentaines d’écrans. Il ne broncha pans en voyant arriver l’intrus ; il fixait la planète terre devant l’un des moniteurs et perdu dans ses pensées laissa approcher Wharton à un bon mètre de lui. « J’ignore si un jour je remarcherai la surface de la terre. Là-bas dans cet infini cosmos nous rêvions de pouvoir un jour remarcher parmi les citoyens de ce monde. Mais ce n’était qu’un rêve,
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des pensées abstraites. Nous autres pilotes sommes en continuel sursis ; notre vie appartient d’autres plus cupides. Mais ce sort nous l’’avons accepté car nous sommes les garants de cette nouvelle foi. » Leur regard se croisa ; un regard intente. Il lui fit signe de venir s’assoir près de lui. Dans le cockpit du Jupiter 452 il avait la planète terre en visuelle sur un de ces grands écrans ; on y voyait ses sphères gravitant autour de la surface soit une centaine des globes de la taille d’un dixième de la lune. Ces globes servaient de capteurs solaires et de puissantes antennes servant de ponts radiophoniques entre une cité et une cité interstellaire et une autre. Et puis il y voyait ses lumières, des milliards de points identiques à une constellation. —Et quelle est cette nouvelle foi ? —Tu veux vraiment savoir. Sitôt que tes yeux se seront posés sur ces cellules tu comprendras que notre sacrifice n’aura pas été vain. Jason et les Argonautes n’ont pas hésité à braver mille dangers pour atteindre cette toison d’or. Mais ça, c’est de l’histoire ancienne, ce que l’on appelait jadis de la mythologie. J’ai étudié cela étant gamin dans la grande bibliothèque de la cité d’où je viens. Le monde d’autrefois n’était pas seulement bercé par de belles fables ; les Anciens regardaient vers le ciel et ils cherchaient à percer les mystères du cosmos. —Là d’où je viens, les hommes aussi savaient voir. Ils ont été choisis pour aider notre monde. C’est ce que tous refusent. » Il l’étudia avec minutie ; pour lui elle n’avait rien d’humaine, certainement un cyber au service de la RSS (Recherches Scientifiques Spatiales). Plus il la regardait et plus il comprenait combien la complexité des genres jusqu’à maintenant restait indéchiffrables. Il avait bâti des thèses sur l’évolution possible de toutes espèces biochimiques et humaines, leur possible
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corrélation et les failles qu’une telle collaboration. Il avait toujours pensé que les Cybers chercheraient à s’affranchir des Gouvernements démocratiques ; le temps seul accomplirait son œuvre. « Et toi d’où est-ce que tu viens ? As-tu été génétiquement modifiée. Zerta me parle du programme GENESIS et s’il s’agit bien de cela, je ne devrais peut-être pas m’entretenir avec toi de ces choses sans grande importance. Vous autres entités êtes connues pour ne pas vous soucier des problèmes de vos voisins, alors qui es-tu vraiment ? » Il aurait voulu comprendre ce qui le motivait à vouloir lui faire confiance. Il se sentait prêt à risquer sa vie pour lui plaire et quand elle posa sa main sur son avant-bras il la laissa faire, sans rien soupçonner de machiavélique. « Le soleil va bientôt se coucher. Nous n’apprécierons pas le spectacle de là où nous sommes mais si tu fermes les yeux, tu pourras être en admiration devant de telles splendeurs. » Zerta depuis un moment suivait chacun des déplacements de Wharton ; depuis leur départ il lui semblait percevoir quelque chose d’anormal. Partout où elle se déplaçait une sorte d’halo la suivait, on aurait dit une tracé phosphorescente. Comme toutes les scientifiques Zerta voulait des conclusions logiques aux questions qu’elle se posait. K. A Urbens fit irruption dans son cockpit en combinaison blanche, celle de l’équipage du Colombus, il n’avait pas prévu d’atterrir sur ce vaisseau appartenant à la FLI, non pas qu’il craignait pour ses libertés mais bien parce qu’en tant qu’ancien soldat de l’AGD il voulait en savoir plus : des faits concrets, une suite logique à cet événement survenu peu de temps auparavant. « Qu’est-ce que tu veux Urbens ? Pourquoi n’es-tu pas dans ta cabine à admirer le beau
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coucher de soleil ? Si tu t’ennuies, je ne peux rien pour toi. —Il ne s’agit pas de cela Zerta. Tu ne trompes personne en nous ayant conduite ici. Tes intensions sont claires non ? Nous sommes officiellement des Hors-la-loi, des proscrits et de loin j’aurai préféré rallier une colonie plutôt que d’avoir à vivre dans ses souterrains. —Qu’est-ce qui s’est passé pour toi la nuit dernière ? Tu as vu la voute céleste et tu t’es dit : je vis un cauchemar dont j’aimerai m’en tirer bien vite avant que le ciel ne me tombe sur la tête ? Je ne t’ai pas poussé à faire ces choix-là. Tu es un grand garçon et moi je pilote ce Colombus depuis des années, ce qui me détourne de mes priorités. —Et quels sont tes priorités Zerta, questionna ce dernier les bras croisés sur la poitrine. Conduire ce Colombus c’est certainement très excitant pour qui comme toi n’a plus rien à perdre. Mais moi j’ai une famille, une bonne épouse bien aimante et des marmots qui serait heureux de pouvoir revoir leur père…vivant, quelque soit le lieu de mon exil. Tu comprends n’est-ce pas ? —Alors tu me reproches de t’avoir tiré du merdier dans lequel tu étais ? Je ne suis pas là pour assurer tes arrières ! On est tous un peu agité ici et je ne te laisserais pas saper le moral de mes troupes. Compris ? Alors, ne te mets pas entre moi et la mission. C’est le seul conseil que je puisse te donner. —Je vais essayer d’en prendre note. » Cela ne sentait pas bon. Zerta le suivit du regard ; il s’en alla convaincu d’avoir été piégé. Il y avait trop de paramètres à tenir en compte et Urbens ne suit vraiment à quel saint se vouer. Elle parlait de ce sauvetage comme d’une mission de grande envergure. Dans les cabines du vaisseau, chaque membre vaquait à leur occupation et rien ne semblait
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troubler ce calme propre au recueillement. Et dans sa cabine, allongée sur le flanc Wharton fixait un détail de sa couchette. Elle ne dormirait pas cette nuit, la raison étant la présence de ces hommes à bord de ce Colombus. Comme une goutte de sang sortit de sa narine, elle s’essuya le nez. Elle sortit une bande de gaze de l’armoire, le passa sous le jet d’eau avant de l’appliquer sous sa narine pour stopper l’hémorragie. Wharton s’inquiétait trop. Elle ne pourrait jamais les sauver sans craindre de se perdre l) où elle n’avait pas sa place. Elle pouvait toutefois compter sur Mortensen, Atlas et Dickens. Le reste elle ne pouvait si fier. De son côté Arrington rendit visite à son capitaine de toujours, le seul homme qu’il acceptait de suivre au tréfonds de l’univers. Or ce dernier acceptait mal le fait d’être coincé auprès de ces étrangers peu soucieux de lui prêter main-forte, chacun se préoccupant de leur propre survie. « Ces hommes, ces espèces de forcenés ont nos échantillons Capitaine et…. —Que veux-tu que je fasse ? Tu ne cesse de me le répéter Arrington et nous n’avons pour l’heure aucun solution. Nous sommes contraints à faire bonne figure et accepter notre sort. —L’AGD va finir par nous coincer et tu sais comment ? Ils font interroger notre équipage et fouiller la carcasse de notre vaisseau pour traquer le moindre indice et peu de chance que l’on y échappe. —Oui, c’est très rassurant. D’autres choses à me faire part ? —Oui. Il y a une névrosée du Programme Génésis. Je t’en parle parce que son nom est Wharton, tout comme cette Wharton que tu as laissé partir quand nous étions en orbite autour de cette exo planète LG56. »
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Dickens fronça les sourcils, des plus sceptiques. Les probabilités de croiser la même personne d’un point précis de la galxie ou une autre en un si laps de temps était nulle. Dickens se redressa sur son séant sans lâcher Arrington des yeux. « D’accord, tu as toute mon attention. Que sais-tu d’elle ? —Et bien j’ai retracé con parcours. Plus précisément j’ai piraté l’un des ordinateurs de bord. Le type même d’informations que l’on aime trouver dans la boite génératrice d’un Colombus. Elle aurait été interceptée par l’AGD avant de se retrouver comme cobaye au CMS. Eux n’aiment pas les individus un peu différents des autres, ce n’est pas d’aujourd’hui, tu le sais comme moi et voilà que Mortensen la tire de cette impasse. —Où veux-tu en venir ? —Je ne crois pas qu’elle soit là par hasard. Si c’est la même entité dont croisée sur notre Condor alors il y a des chances pour qu’on nous manipule. Quelqu’un ou quelque chose met tout en œuvre pour nous coincer. Ils savaient que nous reviendrions et je n’aime vraiment pas la tournure que prennent les événements. —Le Sénat tu crois ? —Oui….il pourrait s’agir du Sénat d’où la présence de cet Owen à bord. Tu ne t’es pas posé la question de savoir ce qu’il fichait ici ? Tu parles d’une coïncidence ! Il va appuyer sur la gachette et plus personne n’entendra parler de notre retour. Et Wharton lui sert d’outil pour sa propre promotion. Les cybers se révoltent et lui s’en sortira indemne, tu vois ce que je veux dire ? —Oui je te reçois cent sur cent. »
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CHAPITRE Les membres de l’chargés de rapatrier les restes du vaisseau de Dickens furent reçus par le Directeur, cet imposant cyber au regard rieur. « Vous deviez assurer la sécurité du site et arrêter les fugitifs mais à la place de cela, c’est le chaos ici plus qu’ailleurs ! Le Sénat se lave les mains de tout cela et nous autres sommes encore sur le terrain à tenter de colmater les brèches ! Dites-moi que nous avons quelque chose Hauser ! Quelque chose de valable pour ne pas perdre la face ! » Les jambes écartées et les mains jointes derrière le dos, Hauseur souriait. « A vrai dire nous avons de bonnes nouvelles concernant le Colombus L936, immatriculé pour servir de vaisseau terrestre au Condor comme vous le savez et parmi les membres de l’équipage nous avons questionné un cyber dénommée Cassiopée. Cette dernière dit escortée Dickens depuis plusieurs années. Entre eux règne une sorte de code de déontologie. —et ensuite, Dois-je l’interroger moi-même pour comprendre ce qui aurait pu faire défaut à l’AGD ? Ce n’est pas comme si nous avions manqué de moyens. Nous devions intercepter Dickens avant son entée dans notre pseudoatmosphère et les petits malins de la LCI ont brouillé les pistes. —Cassiopée dit que le vaisseau a subit toute sorte d’avaries ce qui les auraient contraint à accéler leur rentrer dans la zone de contrôle. —Et vous avez cru en son baratin ? Hauser, emmenez-la moi ici ! » Hauser savait que RT45000 demanderait à interroger Cassiopée et quand il vit arriver une blonde toute réservée, il se dirigea vers elle, les bras levés dans un mouvement de jovial échange. Derrière la métropole continuait à brûler. Terrifiée Cassiopée blémit.
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« Cassiopée ! Vous êtes une héroïne et à ce titre le Sénat vous remettra une médaille pour brillants services rendus à l’Humanité. Nous avons pensé à tort que votre vaisseau se trouvait être en perdition quelque part dans la Ceinture d’Oort. Quel soulagement pour nous d’apprendre que vous avez survécu ! Mais approchez je vous prie ! Vous n’avez aucune crainte à avoir, étant actuellement en de bonnes mains, probablement les meilleurs de cette foutue Institution en toute modestie. Peut-être souhaitez-vous boire quelque chose ? —Vos hommes m’ont déjà interrogée et je leur ai répondu ne rien savoir sur les intentions de Dickens. Alors pourquoi insister ? —Oui, c’est exact ! J’apprécie vraiment votre disponibilité. Dehors comme vous avez pu vous en apercevoir c’est la débandade. Les cybers sont quelque peu irrités en ce moment et l’on attend leur revendication. Nous sommes prêts à faire des compromis. Ce n’est pas comme si nous étions à jamais fermer à tout dialogue. » Il lui tendit un coktail qu’elle accepta, toutefois très crispée. « Les autres membres de l’équipage diraient la même chos : Dickens prend ses propres décisions. Les machines ne sont là que pour exécuter ses ordres. Il leur donne l’illusion de contrôler mais il n’en est rien. —Oui cela peut-être terriblement frustrant mais c’est légal jusqu’à preuve du contraire. Vous autres cybers êtes bien au-dessus de tout cela, n’est-ce pas ? Ou bien je me trompe, certains vous relègue encore au rang de subalternes. —Certains mais pas Dickens. C’est un excellent pilote ! Il a fait tout ce qu’il était bon de faire pour nous tirer de là. —Vous tirer de là ? Donc avouez-vous avoir été en perdition à un moment ou un autre de votre mission ? Quelles décisions aurait pris Dickens qui vous fasse douter de son intégrité ? Il
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y a bien un moment où votre libre arbitre aurait éprouvé des difficultés à obéir. —Non, pas que je sache. —Pourtant l’un de vos supérieurs dit que vous avez permis le transfert d’une capsule hors de votre Condor. Cette opération n’avait rien de réglementaire d’après l’un des membres affectés à la sécurité des passagers, Questionna Hauser. —Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez. —c’est parfait ! Merci d’avoir répondu à nos questions. Maintenant vous pouvez y aller ! —Et que se passera-t-il pour….Dickens ? —Et bien, il sera arrêté, condamné pour piratage et envoyé ailleurs ! C’est ce que nous faisons avec nos criminels ! Hauser, soyez aimable de la raccompagner à la porte. » B Taylor suivait Acturus depuis un moment quand ce dernier stoppa net pour vocaliser son attention sur la passerelle qui venait de s’écrouler sous leurs yeux. les pertes humaines se chiffraient en centaine de victimes de part et d’autres de la cité ; les cybers tiraient sur tout individu humain et réalisaient un carnage. Cette révolte devait cesser et pour se faire, Taylor devait se rendre là où l’on aurait le plus de chance de l’entendre : au RSS. Là-bas se trouvait être une antenne de communication, parmi l’une des plus puissantes de cette planète et escorté par Acturus il parvint à couper la communication des cybergs. Ainsi les unités agiraient en toute individualité et finiraient par s’essouffler. Cela leur prit moins d’une heure pour en arriver à leur objectif et notre scientifique allait saboter le reste du département quand Acturys ponta le nez vers un EPI stationné dena le hangar. « C’est quoi ça ? —Un Engin à Propulsion Ionique. Il a été conçu passer inaperçu. Notre billet de sortie. —Tu sais piloter ça ? —On peut toujours essayer oui ! »
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Ils montèrent à bord de l’engin et Taylor s’assit derrière le tableau de bord. Orlovsky n’y comprenait rien non plus et ses yeux passèrent d’une commande à une autre sans se décider à lancer la procédure de pilotage automatique. « On devrait peut-être y renoncer. Il y a tout un tas de touche et aucune qui nous permette de décoller ! —A votre place j’éviterai de touche à n’importe quoi, prévint M. K Fass derrière les trois hommes assis au cockpit. Acturus allais se lever pour faire face quand Fass activa une goupille paralysante. « Toi, restes assis ! Je ne veux pas d’ennui avec vous autres. Ce vaisseau est le seul moment de transport que j’ai trouvé pour fuir cette putain de planète. —Alors on pourrait convenir d’un arrangement ? Proposa Taylor. Nous on veut quitter cette métropole le plus discrètement possible et ce véhicule nous a fait de l’œil. —Je ne crois pas non ! Le mieux serait que vous quittiez ce véhicule avant que je ne me mette à voir rouge. —Tout le monde a ses raisons de vouloir fuir et tout à un prix pour les hommes. Les machines ne peuvent être corrompus mais nous autres sommes prêts à négocier ce transport, argua le jeune Orlovsky des plus calmes. —Et que me proposez-vous qui ait de la valeur au-delà de cette planète ? » Acturus étudia Fass les sourcils froncés. Il remarqua alors le début d’un code-barres sur le cou de cet homme. Seuls les colons portaient un tel code au cou afin de les scanner le plus facilement possible à travers leur combinaison. « Colon lunaire, hein ? Combien d’années ? —Ce n’est pas votre problème ! Quelle sorte de vie aviez-vous chacun de vous à vouloir négocier ce vaisseau ?
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—L’important n’est pas là, moi je crois que vous ne savez pas où aller. Possible que vous nous ayez suivi, après tout vous êtes dans votre bon droit de tenter l’aventure ailleurs. Mais alors, qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ? —Ah, ah ! Tu es un petit malin toi. Tu pourrais être sénateur cela nous changerait des guignols que nous avons en ce moment ! » Orlovsky plongea son regard dans celui de Taylor. Ce dernier haussa les sourcils. —Et ensuite, on devient quoi toi et moi ? On se colle une balle dans le crane en se tenant par la main ? Si c’est fuir que tu souhaite alors tu risques de ne pas y parvenir sans notre aide. —Il a raison ! la cité est à feu et à sang et l’’AGD semble reprendre le contrôle de la situation. Nous n’avons alors pas une seconde à perdre ! » Une secousse tira Harnett hors de sa couche. La terre tremblait et les alarmes se mirent alors à émettre en continu. Le major de la résistance se précipita vers ses moniteurs pour comprendre les raisons de ces soudains tremblements de terre. Quelque part, on faisait sauter les tunnels. Les cybers utilisaient leurs dernières volontés pour frappe là ces unités clandestines et ainsi les forcer à sortir. « Harnett pour Zerta ! » Il attendit un cours instant que la liaison se fit. La pilote chevronnée semblait sortir de son lit. « Il se passe quoi Harnett ? —On est attaqué per les cybers. Ils s’en prennent à nos infrastructures soit le tunnel B54 et toute l’ère de la station Spartacus IV. Je sais que c’est un peu loin de votre position mais restez sur vos gardes ! On va devoir évacuer. —Quoi ? Harnett ? Mais….non ! C’est insensé, vous allez vous faire canarder de toute part et aucun de vous ne survivra. L’AGD va vous cueillir ! Harnett tu ne peux faire évacuer le Spartacus IV, c’est de la folie ! Harnett ? Harnett ? »
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Ce dernier venait de couper la communication et s’apprêtait à en passer une autre au reste de son unité exhortant chacun à fuir. Pour Zerta cette annonce lui fut impossible à digérer. Notre pilote connaissait harnett depuis toujours et cette dernière ne pouvait concevoir sa perte. Cela revenait à l’amputer de plusieurs membres. Elle ne pouvait laisser faire ça. De ce fait elle contacta J. F Williams également membre de la FLI et il prit la communication. « Je viens d’être contacté par Harnett. Cela ne semble pas aller pour le mieux. J’ai seulement besoin de savoir si vous avez prévu une issue de sortie ? Nous comptons nous rendre au Grand Désert et nous serons heureux d’en escorter certains ! » Arrington entendit la conversation de derrière la porte et fronça les sourcils. Le Grand Désert « Le Grand Mangeur d’Hommes ». Cette idée lui semblait être absurde, cette route était jalonnée d’épreuves et ils risqueraient de mourir. Il connaissait les obstacles et les risques encourus. Perdre le Jupiter de cette manière et ensuite errer dans les boyaux de ces souterrains dans l’attente d’une occasion de se tirer à la barbe de la surveillance terrestre ne l’enthousiasmaient guère. Alors que notre Arringon écoutait à la porte, Atlas se tenait dans le couloir. En une fraction de seconde, Arrington remarqua la présence du géant et tourna la tête dans sa direction. Leur regard se croisa et le pilote hocha la tête, convaincu de se trouver face à un ami. « J’hésite à rentrer dans le cockpit, cette Zerta est le seul maître à bord et elle nous a clairement fait comprendre que nos avis ne prévaudraient par sur la route à suivre. » Atlas ne répondit rien. Il se contentait de fixer son interlocuteur, les lèvres serrées et l’œil bionique sondant l’esprit torturé de cet Arrington. Depuis son arrivée à bord, Atlas remarquait une
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sorte de tension palpable entre les différents membres de cet équipage. Ce type de droiïd savait interpréter les émotions humaines et il afficha un sourire sur son visage arrondi au crâne rasé. « Zerta commettrait l’erreur de vous suivre. Vous avez délibérément causé la perte de votre vaisseau. Alors je crois qu’on en restera là nous deux. » Il ouvrit le sas pour pénétrer à l’intérieur du cokpit. Les pilotes avaient toutes sortes de commandes spéciales pour accéder à la table des opérations ; ceci étant prévu dans l’éventualité d’un naufrage, d’un tentative d’abordage et bien plus encore. Atlas savait que le pilote Harrington pouvait entendre leur conversation, son casque audio étant équipé d’un brouilleur. Zerta le dévisagea de la tête aux pieds. « On va devoir mettre les voiles Atlas, prévins les autres de notre départ imminent. —Ce n’est pas une bonne idée Zerta. Certains ennuis peuvent être évités et il y a à bord de ce Colombus des individus que je ne crois pas pouvoir suivre au-delà des grandes Dunes. —ne sois pas stupide Atlas, chuchota-t-elle penchée vers lui, ce n’est pas comme si nous avions le choix. les cybers cette unité dont je fais partie cherche à prendre le contrôle du gouvernement et dans un dernier espoir pilonne certains secteurs souterrains. Crois-tu qu’il faille laisser faire ça ? —Tu es un cyber, tu sais quoi penser de tout cela. Si j’étais toi je ne mettrais pas en danger le reste de l’équipage pour un idéal. Nos passagers sont bien plus précieux que ces individus que tu espères sauver. —Ah, ah ! Je pensais que tu étais doué de raison Atlas. Mortensen aurait du modifier ton unité centrale pour te rendre on ne peut plus lucide et pragmatique. Toi comme moi sommes des pirates ! Ce que nous obtenons est issu du vol
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et il n’y a aucun idéal, aucune déontologie dans que ce que nous entreprenons. Nous le faisons parce que nous ne savons pas faire autre chose. Nous sommes programmés pour accomplir une certaine tâche et pas une autre ! » Atlas fixa un point du décor. Elle avait raison. Zerta avait malheureusement raison. Notre Wharton ouvrit les yeux au moment où le colombus s’ébranla. Quelque chose se tramait à bord. Urbens, la tête entre les jambes tentait de recouvrir la raison. Fuir l’AGD comprenait sa part de risques. Ici il n’était pas non plus tout à fait libre. Ici on le voyait seulement comme une arme sur pattes, une sorte de surhomme conditionné pour survivre à des conditions extrêmes. Il savait que sa première erreur fut cette femme quil avait prise pour femme selon les anciens rites et il était père de famille quand d’autres guerriers refusaient de s’encombrer d’un foyer. Il se caressa le dessus du crâne et G. G Newton toqua contre le blindage translucide de sa cellule. « Tu veux quoi Newton ? —Tu n’as pas remarqué qu’on est en mouvement ? Si nous voulons avoir une chance de quitter ce Colombus, c’est maintenant ! On pourrait utiliser une capsule à nous deux et gagner la résistance, tu en penses quoi ? Urbens se redressa. Il ne dormait que quelques heures dans son caisson individuel servant de moyen de rétablissement cellulaire ; on y entrait dans l’idée de soigner des ecchymoses, éviter les crampes et permettre aux os de synthétiser. Urab enfila sa tenue, celle propre à l’équipage du Colombus et se suspendit au rail servant de piste d’entrainement pour les plus déterminés. « Tu as remarqué le sénateur Owen ? —Qui ne le remarquerait pas ? Il a été blessé lors des émeutes et il ne semble pas nous avoir remarqués si c’est ce qui te préoccupe. On pourrait être très loin avant qu’il ne s’en aperçoive. Qu’est-ce qui te préoccupe ? Urbens,
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je sais quand quelque chose ne va pas, alors ne fais pas semblant de prendre ça à la légère. —Owen tôt ou tard remontera à la surface. Possible que ces petits camarades du Sénat cherchent à le contacter. Son absence risque de se faire remarquer et c’est alors là que nous pourrons attaquer ! Nous sommes toujours dans une situation de combat. —Ce sénateur aussi charismatique soit-il ne m’aspire aucune confiance, tout comme cet Arrington qui fouine partout depuis qu’il est là. Il croit que personne ne le remarque mais on le repère de loin. Ton sénateur ne fera pas un bon chef d’équipe et je doute qu’il ait jamais tenu une arme dans à la main. Urbens, nous avons une brèche de vingt minutes pour armer les capsules. —Je suis partagé Newton. —Ok, laisses tomber ! De toute façon tout cela c’était bidon depuis le début ! Cet Acturus t’a monté la tête avec toutes ces histoires. Si l’humanité venait à disparaitre, il n’y aurait malheureusement pas de seconde chance pour nous. Où qu’il puisse s’y trouver maintenant, j’espère pour lui sera pétri de remords. » Dickens se rendit dans la salle où se trouvait Wharton. Ils s’échangèrent un long regard. Elle voulait le remercier pour son engagement passé. Il avala deux pilules, l’une pour les vitamines et l’autre pour les protéines qu’il fit passer avec une solution aqueuse conçue pour fortifier les os quand Wharton ouvrit enfin la bouche. « Dans moins de dix minutes, le Colombus se trouvera au niveau de la porte 123 et je sais que vous n’avez pas l’intention de partir là-bas. Zerta compte prêter main-forte à la résistance. Notre départ la soulagera. —Vous étiez sur le Jupiter n’est-ce pas ? Vous aviez tenté de déjouer les plans de la surveillance. Peu tente l’expérience. Vous aviez eu du cran.
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—Je voulais avoir une chance de m’en sortir. Vous auriez fait de même si vous vous étiez retrouvé enchainé à ce vaisseau en route vers des colonies inhospitalières. —Oui. J’aurais tout fait pour m’en sortir. Et quel est votre plan ? —Nous sommes des déchets. La gravité fera le reste. Vous pouvez encore y renoncer, capitaine. Cela doit valoir le coup. » Plus tard, les trois compagnons se jetèrent depuis le sas d’évacuation des déchets. Ils furent aspirés par les puissants aspirateurs. Ce système permettait aux vaisseaux de changer des pièces sans avoir à se poser. Un précieux gain de temps. Là contre la paroi, Dickens se servait de puissants aimants pour avancer. A leur pied, le tunnel s’offrait à eux comme un trou noir absorbant toute énergie. Ils auraient à monter sur douze kilomètres d’ascension vertigineuses en sachant qu’à tout moment ils pouvaient se retrouver écrasés par une pièce de métal défectueuse. Arrington ne parvenait à avancer rapport à l’aération des souffleries et le passage des véhicules ; en tout une vingtaine d’engins par minutes Il se retourna pour avoir le temps d’apercevoir ce cylindre traversé l’espace pour venir percuter Wharton. Dickens plongea dans le vide pour la récupérer. In-extremis il la retint avant qu’elle ne disparaisse dans les voies horizontales. En raison du choc, Wharton ne bougeait plus. Dickens la tenait fermement avant d’envoyer des câbles le long de ses jambes. « C’était moins une Dick ! parla Arrington dans son micro. J’espère que la vue d’en haut en vaut le détour. On pourrait prendre la voie rapide et se trouver une sortie sans avoir à risquer nos fesses à chaque mètre. Tu en penses quoi ? —On va se poser sur cette plate-forme là-bas et ensuite on cherchera une issue valable.
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Penses-tu pouvoir utiliser ce tas de ferraille pour… » Dans sa lunette il perçut du mouvement, soit des points lumineux avançant à vive allure vers leur emplacement. Nous sommes des déchets, pensa Arrington en envoyant un câble vers la plate forme et une fois parvenu à destination, il bondit sur l’un des objets en apesanteur, flottant dans l’obscurité. « A toi de jouer Dickens ! » Et le capitaine se servit de l’apesanteur pour accéder à la plaque immobilisée par Arrington. Une fois dessus, il marcha à son extrémité et envoya un autre câble en direction de la plate-forme. La gravité fit le reste et une fois tous trois en sûreté, Dickens roula vers le conduit au moment où des faisceaux lumineux s’approchèrent de leur ancienne position. Les véhicules poursuivirent leur route sans se soucier des trois intrus. « Et maintenant ? Un plan peut-être pour nous sortir de ce trou à rat ?» Dickens ne répondit rien occupé à charger ses armes. Il ne pouvait attendre de l’aide de la part des résistants ; ils devaient agir seuls. « On reste invisible et on atteint le surface. Peu importe le temps que cela nous prendra mais on ne s’expose pas à des risques inutiles. L’AGD a le reste de notre unité et on ne peut faire confiance en personne. —Alors pourquoi elle est là, elle ? —Elle connait un paquet de trucs qui pourra nous être très utile. Ce n’était pas un hasard si elle se trouvait être à bord de ce vaisseau. C’est la seule garantie que nous ayons pour ne pas crever ici. Il faut la voir comme notre billet de sortie. Elle meurt, tu meurs. Pas d’autres questions ? —Je n’ai jamais douté de tes compétences, mais tu vois là, je ne la sens pas, argua ce dernier la main posée sur le bras de Dickens. Je reste persuadé qu’ils nous cachaient quelque
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chose. Quelque chose d’assez gros pour filer les pétoches à un sénateur et on est là à prendre la tangente sans être certains de ce que l’on cherche. » Wharton revenue à elle depuis peu, ouvrit la bouche : « Nous attendions votre retour. A la CEMS nous avons des cas inquiétants de mutation génétique avant même votre entrée dans notre système solaire par ce trou de verre et… —Trou de verre ? Comment sais-tu qu’il puisse s’agir d’un trou de verre, lança Arrington accroupi devant elle. Qui a la CEMS est informé de cela ? Qu’est-ce qui te fait croire que nous étions en mission ? —Votre cargaison à bord du Condor. Mortensen ne pourrait continuer sans cela. Il s’agit d’importantes découvertes qui changeront notre perception de l’univers. Le Sénat savait que vous reviendriez et c’est peu de temps avant votre atterrissage forcé que les cybers sont entrés en rébellion. » Arrington interrogea Dickens du regard. Ce dernier se leva, intrigué, la bouche entrouverte. « Et donc le Sénat a tout intérêt à nous capturer en vie. Voilà, Arrington, la raison pour laquelle nous devons nous battre ! —Dickens j’ai besoin de savoir où je vais. Si je fus ton second sur le Condor et qu’on a fini par atterrir c’est que tu crois en moi. Vrai ? je me suis toujours efforcé de suivre tes ordres sans me poser de questions mais là….c’est trop gros ! Pourquoi devrions-nous faire confianceà ces cybers ou tout autre créature qui s’agite audessus de notre tête ? je pense qu’on devrait se trouver un vaisseau et se tirer bien vite d’ici. » Dickens resta silencieux. Il ne lâcha pas des eux son subordonné. « Tu as peut-être raison. On a fini par s’extirper de ce merdier mais notre équipage est ici, retenu par ces injurieux fonctionnaires. Et je refuse de laisser quiconque derrière moi !
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—Arrington a raison ! lança Wharton. Nous n’avons aucune chance de nous en sortir en haut. Ils auront eu la bonne idée de poster des sentinelles à chaque coin de section et nous ne servirons à rien à votre équipage si nous sommes nous-mêmes arrêtés. Il convient de trouver un plan pour nous sortir de là au plus vite sans attirer l’attention sur nous. —Je commence à bien l’aimer, ajouta Arrington. Il y a certainement des vaisseaux en état e marche ans le soin. On pourrait en emprunter un. Dickens ? Il est dangereux de rester à ici à attendre qu’un robot à huit yeux nous cueille. » Ils évoluèrent avec précaution dans la pénombre sur plusieurs kilomètres de galeries souterraines avant de déboucher au-dessus d’un grand hangar, une zone de transit pour les vaisseaux légers. Une centaine de véhicule se trouvaient être là et autant d’hommes et de robots pour assurer leur maintenance et le transport des troupes. Ils repérèrent deux vaisseaux : le Véloce et le Dangerous. Avec dextérité ils descendirent pour se frayer un chemin vers la zone de fret. Arrington allait monter à bord quand un type le stoppa dans son élan. « Où est-ce que tu vas l’ami ? —Désolé vieux, pas le temps de discuter, murmura-t-il en le posant avec délicatesse par terre. Il entra le premier et s’assura que la voie était libre jusqu’au cockpit. Dickens se rua aux commandes pour déconnecter l’ordinateur de bord avec la tour de contrôle. « On ne peut prendre aucun risque d’être pisté, tu comprends ? » Dans un vrombissement le vaisseau s’envola et franchit la porte du hangar. Le moment choisit par Harnett pour déboucher là, escorté par ses hommes. « C’était qui ceux-là ? Qui leur a donné l’ordre de décoller ?
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—Major, c’était un officier avec un capitaine et une femme ! Nous avons pensé que les ordres émanés de vous et… —Aucun vaisseau ne doit quitter la base ! Nous avons eu un appel du Colombus du Capitaine Zerta et trois individus manquent à l’appel. Mettez-moi deux vaisseaux sur le coup pour les ramener ici, vous m’entendez ? Exécutions ! » Et J.F Williams, le chef de la résistance apparut en hologramme à C.L Harnett. « Alors Harnett, nous avons intercepté ce trio ? —Affirmatif ! Un vaisseau, le Véloce vient de quitter le hangar du Spartacus IV et nous avons mis deux autres véhicules sur le coup. Zerta a d’ailleurs demandé à vous voir. Certains de ses passagers auraient des informations confidentielles à vous remettre et…. —La fille est avec eux ? —Oui. Mais il semblerait que la communication soit coupée à bord. Nous sommes donc dans l’impossibilité de procéder au scan. Pour cela nous devons les approcher pour avoir une confirmation visuelle de leur identité. —Faites-le nécessaire, je compte sur vous ! Et prions pour qu’ils n’échappent pas à notre contrôle une dois de suite. » A ord du Véloce, les deux pilotes durent naviguer avec précaution pour éviter d’attirer l’attention. Il y avait tant de vaisseaux en tout genre flottant parmi ces boyaux. « Il suffit d’une pichenette pour tos les envoyer dans le mur, plaisanta Arrington concentré sur l’itinéraire suivre pour filer. —Tu as pu remarquer qu’on est suivi. Et ces pilotes sont plutôt doués. —Ouais mon capitaine, je les ai ans mon viseur. Sais-tu piloter un vaisseau Wharton ? —Je pense que je pourrais apprendre. » Amusé par sa réponse, arrington jeta un regard complice à son supérieur.
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« Il faut plusieurs années pour maitriser un engin comme celui-ci alors si tu n’es pas pressée on pourrait revenir te chercher dans quelques années. C’est un bon ami à toi le sénateur Owen ? —Il a son rôle à jouer comme nous tous. Il n’est pas meilleur ni pire que toi. Seulement il a une longueur d’avance sur toi. Il sait de quel côté vient le danger. A ta place je prendrais immédiatement sur la droite. —Et pourquoi ? —Prends sur la droite Arrington. Fais-lui confiance. » La seconde d’après arriva une patrouille sortie de nulle part. elle ne peut intercepter le Véloce caché dans la boyau près à refaire surface dans l’artère principale. Arrginton des plus sceptiques étudia avec minutie Wharton debout derrière lui. « Comment savait-tu qu’ils se trouvaient être ici ? Ou bien cette suggestion te venait d’une expérience similaire. —Je vois des choses que vous ne voyez pas. je vois votre avenir. —Vraiment ?Et que peux-tu dire de moi en me voyant ? » Wharton se perdit dans ses pensées. « Tu peux poursuivre. La voie est dégagée. Mais à ta place je me concentrerai sur le présent. —Tu es une petite marrante toi ! » Ils atteignirent la porte 1324 deux heures plus tard et obtinrent l’autorisation de quitter l’espace sécurisée. Les sas s’ouvrirent et le Véloce déboucha dans un large tunnel vide. « Et maintenant Capitaine ? Pensez-vous qu’il faille faire demi-tour ? Nous pourrions avoir tort tu sais. Wharton pourrait se tromper dans ses prédilections et moi un peu trop naïf je pourrais appuyer sur le mauvais bouton qui nous propulserait alors dans ce boyau et advienne que pourra ! —Ne fais pas grand cas de ta peur Arrington, elle est somme toute naturelle.
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—Je me pose seulement la question chef, sans chercher à vouloir vous effrayer tous deux. Alors prêts pour le grand saut ? » Il enclencha les moteurs et le véloce monta de plus en plus rapidement pour atteindre la lumière et une fois le boyau franchi, Wharton fut surprise par le spectacle qui s’offrait à elle. Comme des milliers de points lumineux scintillaient autour du vaisseau et les mains sur les parois, elle les observa évoluer avec longueur. Ce spectacle l’émeut plus encore quand un animal marin les frôla. Elle prit peur et recula. « Ce sont les titans des mers. Ces monstres étaient là bien avant notre arrivée. Mais nous les avons réveillés d’un long sommeil, révéla Dickens en suivant des yeux la courbe prise par deux autres monstres marins s’agitant devant le vaisseau. Ne sont-ils pas merveilleux ? » Rassurée Wharton se rapprocha pour mieux les observer. En quelles circonstances de telles créatures avaient-elles vues le jour ? La gorge nouée par l’émotion, Wharton posa la main sur le vitrage et ferma les yeux. « Ces créatures sont menacées… —Comme nous tous apparemment. A la différence près que ces bêtes ont plus de six mètres de cuirasse sur le dos. Leur exosquelette est si épais qu’on ne se risquerait pas à les taquiner. —Mon père avait l’habitude de dire qu’elles seront encore là quand l’homme ne sera plus. C’est tout un écosystème que nous avons détruit mais la nature reprend le dessus quand la main de l’homme s’efface. —L’on se condamne à vivre dans la solitude. » Un rictus apparut sur les lèvres d’Arrington. Le Véloce remonta et au cours de sa remontée, Wharton resta silencieuse, imité par Dickens et son sbire. Deux heures après le vaisseau creva la surface de l’océan et les étoiles brillèrent au firmament rappelant aux spectateurs combien
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était vain leur existence sur cette terre. Le Véloce se propulsa le long de cette surface aqueuse et noire et Dickens put lancer les deux moteurs annexes pour entreprendre leur longue croisière. Wharton décida d’aller se coucher. « On dirait qu’elle te plait. —Elle pourrait nous surprendre. —Nous surprendre ou te surprendre ; Dickens ? On entend ton cœur battre jusqu’à Jupiter et tu mérite d’être heureux. Elle pourrait être ta prochaine conquête. —Mets-toi en pilote automatique. Tu prends le premier quart. T as besoin de te reposer. Je te réveillerais si d’aventure je n’arrivais pas à trouver comment arrêter toute cette machinerie. » Harrington posa la main sur l’épaule de Dickens et se rendit aux couchettes ;Se sentant observée, Wharton tourna la tête. Ils échangèrent un long regard. Wharton entendit battre son cœur dans sa poitrine. « Tu ne dos pas ? Je pensais que tu dormais. —Non. Je vous écoutais parler. Je ne veux pas que tu te méprennes sur les intentions de ton capitaine. Il est en mission tout comme toi et pour rien au monde il ne sacrifierait son honneur pour sauver ne serait-ce qu’une cellule de cette créature qu’on a vu flotter dans cette mer. —Alors tu ne le connais pas, répondit Arrington en s’asseyant sur le rebord d’une couchette. Il ne laisse tomber personne, c’est pour cette raison que tous les membres de l’équipage a accepté de le suivre au-delà notre mission, soit au confins de notre système solaire. Il a promis de tous nous ramener et il l’a fait. Je ne méprends pas sur ses intentions parce qu’il a la Foi. Il n’a a que cela qui nous sauve quand nous ne croyons pus en l’humanité. » Wharton posa les pieds à terre pour mieux étudier Arrington. Les mains posées à plat sur sa combinaison, elle semblait préoccupée.
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« Je t’ai vu dans mes songes. Tu dirigeais un astronef et à son bord les derniers de notre espèce. Il arrive parois qu’on ne fasse pas parti d’une unité mais d’un tout. Nous avons reçus les échos d’une planète qui se meurt. Le Jupiter de toute évidence a traversé le même canal que les ondes radio émise par cette planète. —Il pourrait s’agir d’une étoile. Les scientifiques peuvent se tromper. —eux oui mais pas nos ordinateurs. Le sénat a gardé les infirmations pour elle quand peu de temps après la terre et les autres planètes ont subit de nombreuses interférences avant de se voir être bombardées par des ondes cosmiques. —Et tu pense que nous sommes la réponse aux questions que tu te poses ? N’importe quel gusse venu de l’espace pourrait convenir à ce rôle alors pourquoi nous ? —La réponse se trouve être dans vos caissons. Mortensen le savait et il prend d’énormes risques à vouloir connaitre la vérité. —Donc fuit la présence de Zerta et de ces autres excités étaient ta réponse, Ce n’est pas ainsi que l’on voudrait te voir réfléchir. —que transportez-vous dans ces caissons ? —Tu devrais le savoir toi tu devines notre avenir à tous ! Il est peut-être sage de ne pas le savoir. Tu risqueras de ne plus vouloir dormir, répliqua ce dernier en se penchant vers elle. Ce ne fut pas simple mais nous y sommes parvenus. Il y aura un jour un centre de recherches qui portera le nom de notre vaisseau, le Jupiter ; Peut-être que dans quelques centaines d’année tu te souviendras de moi comme étant celui qui n’aura pas cru à toutes ces fables balancée par nos sénateurs. Alors tu diras à qui voudra l’entendre : Arrington n’a jamais failli à sa mission seulement il était un peu dur de la feuille. Tu piges ? —Mortensen savait où vous trouver comme il a su me trouver.
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—Et ensuite ? Où veux-u en venir ? Il n’est pas dans notre désir de retourner auprès de Zerta et quand bien même nus le voudrions, il y a ces idiots de l’AGD qui nous tomberont dessus pour nous faire passer le goût de l’évasion. —il doit savoir. —Négatif. Ce Mortensen est incompris et tu veux savoir pourquoi ? Il veut voler le feu sacré pour le remettre aux hommes. Mais cela comprend un risque n’est-ce pas ? Son sacrifice. Tu le sais mais tu le laisse faire don de sa personne pour donner une chance à l’humanité. —cela serait me donner un pouvoir que je n’es pas. Mon on est limité. —hein, hein. Tu as dit faire partie du programme GENESIS et si j’ai bonne mémoire les petits chanceux envoyés en Colonie occidentale auraient pu décider du sort de la terre. C’est un privilège que nous avons de t’avoir près de nous. Owen lèvera sa propre armée, de petits mercenaires qui lui obéiront au doigt et à l’œil pourvu qu’il te retrouve. —Tu as raison. La nuit porte conseil. Dormons. » .
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[Epilogue]
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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France
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