(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)
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SOUVENIRS UTÉRINS [Sous-titre]
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Du même auteur Aux éditions Polymnie’Script [La cave des Exclus]
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MEL ESPELLE
SOUVENIRS UTÉRINS
Polymnie ‘Script
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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
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[Dédicace]
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[PrĂŠface]
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Chapitre 1
La cloche sonna et les filles se précipitèrent pour entrer dans la classe et s’installer au plus près de l’estrade. Première de la journée : deux heures de littérature avec l’outrageux, Mr arrington. L’ambiance était comme tous les jours à son paroxysme quand nous savions qu’Arrington venait vous faire classe. Il allait alors s’en suivre deux heures d’excitation pour ces demoiselles de l’école privée de St Mary, située en plein cœur de la capitale. Jamais de mémoire d’élève, il y avait de classe plus assidue, plus à l’écoute du cours et plus coquette que celles de ma classe. Parfois pour ne pas dire, tout le temps, je les trouvais pathétiques à se comporter comme elles le faisaient. A qui se ferait remarquer. Il rentra dans la classe et le silence se fit, puis en une seule fois on entendit un : Bonjour Mr Arrington ! Et lui de sembler prendre peur ; tout ce parterre de femmes en fleur pouvait effrayer à juste titre. Il ouvrit sa besace mécaniquement. « J’ai corrigé vos copies et je m’attendais à mieux pour ce qui est de ce devoir. J’avais spécifié vouloir un plan en trois parties
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Au lendemain de mes 16 ans, Chris m’a demandé de vivre avec lui et j’ai accepté. Mon daddy est fou de rage. Il ne comprend pas que je puisse aller vivre avec un type de trente ans mon ainé ; comment lui faire entendre raison. J’ai entendu des mots forts de sa part, des mots que je ne suis pas prête d’oublier. Il ne veut pas me revoir. Or il n’y a jamais eu de sexe entre Chris et moi ; il a une petite copine depuis deux ans, alors où est le problème. Chris est bon avec moi et c’est le principal non ? Il est prof de sciences à l’université, fais des heures suop à l’hosto du coin dans le service pédiatrie et s’occupe de mômes en difficulté à St James. Mais daddy ne veut rien entendre à ce sujet ; il m’a dit que je devais faire un choix. Je ne peux pas croire ça, pas de sa part ! Il a travaillé dur pour arriver là où il est. Il est cadre supérieur à la City et gagne correctement sa vie. Belle demeure dans la banlieue huppée de Londres, roule en grosse berline allemande et est toujours tiré à quatre épingles. Mon frère est le seul capable de me soutenir dans cette épreuve. Il est au mitard depuis trois ans et ne va pas tarder à en sortir. C’est un néo-nazi préoccupé par le sort de ses semblables : il dit vouloir éradiquer toute forme de fanatisme dans le monde. Il est barjo mais je l’adore. C’est mon Charlie quoi ! Avec Tom et lui on a fait les quatre cent coups. Je vois Tom tous les jours, une façon pour moi de me tenir au courant d’après tout. Il vient me chercher après la classe et il m’offre un café. Il voit quelqu’un en ce moment, c’est ce qui le rend si nerveux. Il ne la baise pas ; il dit vouloir quelque chose de sérieux. Est-ce également son avis ?
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« Qu’est-ce que cela peut te foutre? Moi je ne te demande pas ce que tu branle avec ton Chris. Peut-être parce que cela ne me regarde pas, alors ne me bassines pas avec tes investigations. —Oh, si tu le prends comme ça. Désolée de vouloir me tenir au courant. Chris me paie l’université et le loyer. Il n’y a pas de honte à avoir de sortir avec quelqu’un, c’est on ne peut plus normal. On va dire. Et elle fait quoi dans la vie ? D’accord, j’arrête avec mes questions ! Et comment cela se passe au boulot ? —Ne prends pas tes grands airs avec moi, tu sais que cela au don de m’énerver. Tu n’as pas à devoir me faire la conversation. Si je voulais quelqu’un pour me tenir compagnie et bien j’irai m’assoir parmi ces petites putes là-bas et je ferais comme si on était de vieux pote. » Ouah ! Putain d’ambiance. Il n’a jamais pu encaisser Chris et quand ils se tiennent l’un en face de l’autre je devine qu’ils pourraient s’entretuer, là, sous mes yeux. Deux mâles se disputant un même territoire ou une même femelle. Le café avalé, Tom insiste toujours pour me raccompagner en bas de chez Chris. Il n’arrive jamais avant neuf heures et quand il tourne la clef dans la serrure, je m’empresse d’éteindre la télé pour me réfugier dans mes manuels. Il est tendu comme un string et défait rudement sa cravate. Il se posa en face de moi et me fixa dans le blanc des yeux. ‘ »J’ai une proposition d’emploi. Tu sais je t’avais parlé de cette offre, celle du grand laboratoire pharmaceutique à notoriété internationale. Ils vont peut-être accepter ma candidature, je dirais même plus j’ai toutes les chances d’être accepté.
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C’est très bien payé et je veux saisir cette toute nouvelle opportunité. —Et bien c’est cool. Tu as la réponse quand ? —Très prochainement. Qui dit nouveau job, dit nouvelle résidence. On pourrait aller à la campagne, se mettre au vert. Qu’est-ce que tu en penses ? —Et bien que c’est un peu prématuré. Tu n’as pas encore signé que tu parles déjà d’aller t’enfermer à la campagne. Qui te dit que je veuille y aller ? Je suis bien ici, voire très bien et je ne veux rien changer à mon train de vie. Les rares amis qui me restent sont là et…mon frère sort bientôt. Toi tu n’auras qu’à aller ou bon je semble quant à moi…je m’arrangerai pour trouver une chambre de bonne. » Il ne répondit rien ; qu’aurait-il répondu d’ailleurs : Avec quel argent trouveras-tu à te loger ? Ton père adoré te coupe les vivres et tu n’as pas de revenus ! Il jeta un œil sur mes cours, perdu dans ses pensées. Le soir après sa couche il corrige les dissertations des élèves de prépa, les examens des étudiants et à onze heures il immerge, un café à la main. Quand je l’ai connu, à l’époque où j’étais mineure, soit une adolescente mal dans sa peau, il ne se souciait pas de moi, jusqu’à ce que j’arrive en cours avec un œil au beurre noir. Je crois qu’il aime ça : la détresse d’autrui. « Il y a quoi à la télé ce soir ? Questionna-t-il en apparaissant en jogging et t-shirt d’un club de baseball. Tu ne t’allumes pas pour voir ? On pourrait décompresser pour une fois. Ainsi tu n’aurais pas à mater le poste en cachette. Tu sais tu vis ta vie comme tu l’entends ; tu n’as pas à me rendre des comptes tu sais bien. Je te sens tendue en ce moment.
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—Et selon toi je n’ai aucune raison de l’être ? Répondis-je froidement le nez dans mes cours. Mon père continue à me faire la gueule. Tom a une petite amie qui ne soit pas une repris de justice ou une pute à crack ; ce qui le rend exécrable. J’ai foiré mon trimestre àu lycée et je continue à positiver comme tu me l’as enseigné. Je suis de très près ton enseignement. —Tu veux qu’on bouge ce week end ? J’ai un pote qui organise une petite réception champêtre. On sera une vingtaine tout au plus. Rien de bien impressionnant. Je t’épargne le cercle très mondain de chercheurs et de médecins dont je suis habitué. Non, là il s’agira d’artiste. Des gens haut perchés qui gribouille des monstruosités et qui ensuite les exposent à la Tate Gallery. Tu pourras t’en faire des amis à défaut d’ennemis. —C’est généreux de ta part mais je doute faire bonne figure dans ce genre de soirée. Tu vas me présenter comme étant ta nièce ? Très peu pour moi, contentes toi de me faire la charité et sur le sujet des sorties on repassera. » Pourtant le lendemain soir j’acceptais d’aller au ciné avec lui. On état vendredi soir et quand on ne se fait pas un resto à domicile, on essaye d’’avoir une vie sociale, identique à celle des couples. Je crains nos sorties publiques non pas que je craigne de croiser des camarades de classe —ce qui reste peu certain à Londres, tentaculaire cité— mais parce que sortir avec lui implique un certain comportement de rigueur. Je dois troquer mes baskets Nike pour des escarpins et remiser mon momber pour une veste de créateur qu’il m’a récemment offerte. Dans la file d’attente je l’observais attentivement en
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me demandant ce qui l’excitait tant en moi. Mon sens de l’humour ? Je n’en avais pas. Mon charisme à tout épreuve ? Je ne souriais guère, trouvant la vie bien ingrate voire cruelle depuis toujours. Mon bel esprit ? Je n’étais pas capable de m’exprimer de façon cohérente. Personne ne semblait nous remarquer, excepté les vieux pervers ou hommes d’un certain âge me défigurant comme si j’étais un ovni tout droit débarqué de ma planète natale. Il paraissait nerveux de me montrer, il me cachait presque de sa silhouette soucieux de me préserver du regard et de la critique d’autrui. Non que ces messieurs et dames se rassurent ! On ne baise pas ensemble ! « Deux places pour (le film en question) » et moi d’ajouter que je bénéficie d’un tarif réduit, preuve à ‘appui : ma carte de lycéenne. Oui je suis encore mineure et ce détail est important à mentionner au moment de sortir son portefeuille. L’ouvreuse au guichet m’observa par-dessus mon moniteur. A-telle deviné ? On s’installa dans la salle, loin de l’écran, près des sorties de secours ; pour le cas où la foule déchainée viendrait à vouloir nous lapider. « Il parle de quoi ce film ? Questionnai-je en ôtant ma veste, encore un de tes films avec des personnages torturés ? —Oui c’est cela même. Je ne fais rien comme tu le voudrais, l’as-tu oublié ? » J’ai envie de pop-corn. Il m’en offrira sans que j’ai besoin d’assister, contrairement à daddy il n’a pas d’autres choix que de céder à mes caprices, mes lubies d’adolescence. Il a de l’argent et ne sait pas comment le dépenser, très clairement. Il m’entretient, appelons les choses comme
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elles sont. Il le fait depuis deux ans. Daddy ne veut pas entendre parler de cette histoire. Je revenais avec ma box de pop corn pour m’apercevoir qu’une femme occupait le fauteuil à sa droite ; elle est potable et semble le brancher. Ils parlaient du réalisateur en question. Oui elle est jolie et s’affiche trop comme la garce qui vient s’installer près du beau gosse pour un plan cul. Je pourrais me montrer jalouse, possessive mais il n’en est rien. « Oh ! Vous êtes accompagné ? C’est votre fille ? » De quoi je me mêle. A moi de répondre : « Chris est mon colocataire. Ce soir c’est sortie ciné mais allez-y vous pouvez poursuivre sans vous soucier de moi, j’ai l’habitude. » Alors elle se leva, salua Chris et quitta son fauteuil pour descendre plus bas. Quoi qu’est-ce que j’ai dit ? Ce film est embarrant. Cela baise à tout va ; une histoire de conflits extraconjugaux et il y a même une tentative de viol sur le personnage principal. Daddy ne m’aurait jamais laissé voir cela. Pourtant il n’est pas dupe il sait que je mate des pornos, que j’ai un sex-toy et que je ne suis plus vierge. On rentra après un arrêt au snack bar. Il ne parlait pas trop ce soir, pas très causant. Je crois qu’il s’en veut de m’avoir montré ce film ; d’habitude il cause toujours après une projection. Il a toujours plein de choses à raconter, un vrai prof toujours dans son rôle de prédicateur. Daddy a appelé samedi matin, à dix heure quinze. Après quatre mois de silence il a enfin appelé. Il veut qu’on se voie dans la journée. Je suis fébrile, complètement excitée à l’idée de le revoir après notre dernière rixe verbale.
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« Tu as l’’air bien, dit-il en me présentant une chaise. Comment se passe le lycée ? Je suis passé voir ton proviseur pour…me tenir au courant. Je ne veux pas te donne r l’impression que je ne m’intéresse plus à toi. Tu continues à être ma fille et si tu as besoin de quoique se soit. » Il est blond avec des rides d’expressions autour de son regard vert. S’il avait vécu dans le passé je l’aurais imaginé comme un leader, un peu comme ce William Wallace. C’est un leader-né, un tempérament de guerrier qui sait exploiter au mieux dans sa carrière professionnelle. Après le décès de ma mère il a mené Charly à la baguette, un peu trop peutêtre ; il avait de grandes inspiration pour lui mais mon frère tient plus du viking sans foi ni loi qui poursuit sa quête à corps perdu. « Tu as besoin de fric ? » Je l’interrogeai du regard avant de fixer attentivement la carte des thés proposés dans ce salon huppé. « Tu sais…j’ai un peu d’argent pour toi. Je l’avais mis de côté pour ton premier appartement. —Papa, je suis bien où je suis. Chris est classe et…. —Chris est…j’ignore ce qu’il veut au juste et mon devoir est celui de te protéger des types comme lui. Non, attends ! Il pourrait ne plus avoir à enseigner si cela se savait. J’ai contacté mon avocat comme tu le sais. Il a tout intérêt à conserver son profil de bon enseignant s’il ne tient pas à ce qu’une enquête de mœurs soit ouverte. C’est dans son intérêt comme dans le mien. —Je suis bien avec lui. —Comment tu le sais ? Je t’ai toujours laissé voir les petits copains que tu voulais
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et je ne t’ai jamais empêché d’avoir des fréquentations comme celle de Tom, mais là tu vas un peu loin. » Il allait me reparler de Tom. Je ne voulais pas entendre parler de cela. Tom était intouchable ; il pouvait braquer une banque, détourné des fonds, kidnapper sans que cela change l’opinion que j’avais de lui. Daddy devait se le fourrer dans le crâne une bonne fois pour toutes. Il avait saisis son avocat, il fallait que Chris fasse de même pour se préserver du scandale.
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[Epilogue]
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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France
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