Temps des Moribonds

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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LE TEMPS DES MORIBONDS [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Polymnie [La cave des Exclus]

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MEL ESPELLE

LE TEMPS DES MORIBONDS

Polymnie

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1

Waouh ! ce fut le cri que poussa Aen en voyant le titanesque paquebot amarré au port de New York City où l’attendait les quarante containers hebdomadaires prévus pour alimenter cette ville flottante. Tirant son trolley derrière elle, notre Aden s’arrêta un bref instant pour photographier ce mastodonte des mers, ce gigantesque paquebot portant le nom de Elysium et après avoir saisi une dizaine de clichés, elle poursuivit son chemin. Il y a trois jours de cela, le Cruser director (directeur de croisière) lui avait demandé de le contacter une fois à bord et c’est ce qu’elle fit une fois arrivée au 15 ème étage. Les réceptionnistes les accueillirent avec une tablette à la main. « Bonjour, bienvenue à bord ! Quel est votre nom ? » la charmante créature au tailleur impeccable afficha son plus beau sourire en s’adressant à Aden. C’est exactement comme disait la brochure, pensa Aden. Le paradis sur terre s’offre à vous ! Et on prit sa photo pour ensuite l’inviter à rallier le reste du personnel tout frais débarqué pour neuf heures. Une chance qu’elle fut à l’heure, car ici on ne rigolait pas avec le timing. Neuf heures : embarquement des personnels naviguant, onze heures : prise du poste pour accueillir les premiers passagers des 300 suites luxueuses. L’assistante du Director Cruser, une dénommée June

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Paltrow arriva le talkie-walkie chargé, prête à dégainer à tout moment. Pas le temps de lambiner ! Cette blonde, un peu maigrichonne mais assez avenante pour qu’on la remarque commença son éternel baratin de bienvenue. « Vous avez signé pour une croisière de six mois avec notre compagnie et le mot d’ordre est Pay for Value ! (payer pour un service) Ne l’oubliez pas, ici le client est plus qu’un roi ! Nous devons le dorloter. Maintenant une visite à la passerelle s’impose ! » Etait-ce à ce point nécessaire ? Aden suivit le reste en pestant car elle avait dans l’idée de faire un tour du paquebot avant de prendre ses fonctions et voilà que cette Paltrow les conduisait auprès des officiers, ce qui n’avait rien de bien stimulant en soi. C’était son premier séjour en mer, comme tous ces novices elle espérait se faire une idée de ce qui allait l’attendre pour le cas où elle aurait à changer d’avis avant le départ de ce colossal paquebot. Dans ce genre de réunion il en existait toujours qui léchait les bottes de la hiérarchie ou bien lançaient quelques blagues bien dosées pour détendre l’atmosphère ; là les petits malins bons élèves posaient des tas de questions techniques pour prouver à tous qu’ils maitrisaient leur sujet. Et le capitaine lâcha sa table et ses feuilles pour saluer les mains et répondre aux questions comme si on l’eut personnellement interrogé sur des problèmes mathématiques requérant des connaissances spécifiques pour ne pas rester en marge. Le capitaine Ekeberg repartit à ses commandes et Aden ne le lâcha pas des yeux se demandant bien ce qui l’avait poussé à accepter de travailler pour la croisière de luxe. Et bien, la paye forcément ! par mois il touchait pas mois de douze mille dollars. Douze mille, quoi ! Ce n’est pas rien. Dan Ekeberg. Aden se souviendrait de lui mais on ne pouvait pas en dire autant de ce commandant à la barbiche poivre-grise et aux lunettes carrées dissimulant son regard des plus jovial. Pourtant quand ils partirent, Ekeberg eut un dernier regard pour Aden sans qu’elle ne s’en

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aperçoive. Elle se fera des bons pourboires cette petite, songea-t-il en lorgnant du côté de timonerie. « On en est où là les gars ? Tout doit être opérationnel pour onze heures alors ne lambinons pas ! » Ils se rendirent à la blanchisserie. Une usine dans cette forteresse et située au 14 ème pont on pouvait y accéder que par l’un es des cinq ascenseurs réservé aux membres du personnel et Aden se dit que tous s’y croisaient ici. Tous les services se confondaient et l’un des majordomes la remarqua, lisant un journal économique accoudé à l’un de ses piliers. Lui se demandait à quel service elle appartenait : si elle était attachée au service de restauration, il la recommanderait à son client et il l’observait pardessus son journal. Paltrow expliquait le fonctionnement de la blanchisserie. Tout ici était automatisé. Il suffisait de rentrer son service, sa taille, ta pointure et préciser sa corpulence pour qu’un ordinateur puisse faire le travail. Tous passèrent avec Aden et ils s’amusaient de ce gadget. Sur un rail arrivait le costume sous une housse plastifiée, suivit par une paire de souliers parfaitement bien cirées. Aden s’approcha de l’ordinateur pour sélectionner Housekeeper (service d’étage) et June s’approcha d’elle. « Tu es confirmée. Oui tu as travaillé au Plazza Athenée n’est-ce pas et au Ritz. Tu parles le Français, l’Italien, le Russe, l’Allemand et le Japonais alors tu dois sélectionner « Confirmé ». Je te jure que les clients feront la différence et tu le feras ensuite par ta paye. » Son costume apparut. Un ensemble tailleur-pantalon bleu marine avec un chemisier blanc et pour ce genre de détails, Aden se dit qu’elle n’était pas loin de Paris et de ses palaces. Le majordome Leland Durand versa le bouton de sa veste pour se présenter à elle, au moment où elle faisait faire imprimer son badge par l’ordinateur. Il lut son nom avant de lui tendre une poignée de main.

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« Bienvenue à bord, Miss Hamill ! » Elle répondit par un bref sourire avant de prendre tout son barda sous le bras, le temps de surprendre le regard de Durand dans celui de Paltrow. Elle hocha la tête, acquiesçant la demande de Durand. Il aurait la nouvelle pour les suites 124 et 123. On s’arrachait les plus jolies femmes du paquebot afin d’être certains d’obtenir les faveurs des prestigieux clients ; Une jolie femme et les clients dépendaient beaucoup, les majordomes le savaient et jouaient des coudes, se marchaient sur les pieds pour ce marché. Elle ne tarda pas à trouver sa cabine sur le 14 ème pont, soit le pont N, en proue du paquebot. Emma se trouvait être là à défaire ses valises et en voyant arriver Aden l’accueillit par un franc sourire. Plutôt jolie femme cette Emma et elle en était à sa troisième croisière ; « Tu vas voir tu vas t’y faire très vite ! Certaines filles sont très agressives, prêtes à tout pour gravir rapidement les échelons et les deux autres qui partagent notre cabine sont d’impitoyables garces. Elles sont avec moi en réception et elles, elles visent les majordomes pour avoir l’assurance d’un bon salaire mensuel. Elles leur graissent les pattes et ils leur rendent un tas de servie comme les habitudes des clients et un tas d’autres choses fortes utiles sur ce paquebot. Si tu veux rester dans le coup alors ne te limite pas qu’à ton service. Le boss est pas mal, tu vas voir. Du genre beau gosse, déclara cette dernière en souriant d’une oreille à l’autre, si tu bosses mieux que les autres, il ne te lâchera pas. Tout ce qu’il faut c’est de rester compétitif. Avec les horaires que l’on fait ce n’est pas évident mais si tu ne te démarques pas des autres, alors ils te remercieront à la prochaine escale. Si tu n’as pas de petit copain alors trouves toi en un à bord pour tenir le coup, sinon, tout cela ne sera qu’un dur souvenir. —Tu te fais combien de pourboires par mois ? —Une centaine de dollars mais vous autres gouvernantes pouvaient vous faire entre 150 et 200 dollars ! On pourrait passer un marché nous deux. Je

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te file des tuyaux sur les clients et toi tu me verses ce que tu veux par renseignements. Je connais de bons plans pour ne pas rester à la traîne et pour commencer une visite s’impose chez le toubib. Il est très proche du capitaine alors si tu pouvais te faire bien voir de lui, tous te mangeront dans la main mais aucune de nous pour le moment n’y sommes parvenue. Il est très….comment dire ? De la vieille école mais qui’ sait ! Peut-être tes manières françaises pourraient le séduire ? » Aden se rendit aux étages sous des airs classiques et le Housekeeping manager suivit de son harem de gouvernantes leur donnait des informations de dernières minutes, là dans ces couloirs, ce qui n’avaient rien de professionnel, selon les dires de notre Aden, suivant ce troupeau. Stuart uckley, ce grand rouquin au collier de barbe venait d’être approché par June paltrow au sujet de notre gouvernante et contrarié, il répliqua qu’il savait que faire de son personnel. Cet incorruptible Irlandais ne pouvait pas supporter le fait que les majordomes lui dictent sa conduite. « Aden, tu t’occuperas des suites 123, 124, 121 et 122 pour commencer. Des clients particulièrement chiants mais compte tenu de ton expérience cela ne devrait pas être un problème pour toi ! Viens avec moi, les autres vous Mrs Marston. Il nous reste vingt bonnes minutes avant le coup d’envoi ! » Presque en courant Aden suivit Buckley jusqu’au 1 er pont, celui des piscines, des lounges, des parcs et du simulateur de surf ; la brochure disait : Mieux qu’un palace, l’Elysium vous propose trois cents suites toutes plus luxueuses les unes des autres ! Et la brochure disait vrai. La 121 par exemple valait largement ses treize mille dollars la semaine, contre dix mille pour celle du 2ème pont et sept mille pour celle du troisième. Trois femmes de chambre finissaient les dernières bricoles imitées par les stewards du room service. Buckley vérifiait tout sachant pertinemment que son assistante Mrs Marston était passée vérifier il y a moins de trente minutes de cela. Rien ne devait

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être laissé au hasard et muni de sa fiche check list, il vérifia la bouteille de crémant, la bouteille de fruits, le trousseau de la salle de ban, etc. Pour Aden qui connaissait le luxe des palaces cela ne changeait en rien de son expérience passée. La qualité avant toute chose. Le Cruser director, Mark Wynne apparut, suivit de Neil Hayes, le Hotel Manager (directeur d’hébergement) aussi impeccable que son supérieur et derrière lui fermait la marche Leland Durand. Aden ne parvenait à différencier les deux hommes : même allure, même barbe et même ténébreux regard, même fermeté dans leur poignée de main. « Sommes-nous prêts Buckley ? Questionna Hayes. —Oui, nous sommes sur le point de la rendre à la réception. Vu la quantité de malles qu’on va faire monter, j’aimerai plus de grooms sur le pont d’embarcation car je doute que tout soit près quand ces messieurs finiront leur brandy, Mr Buckley. —Oui, on s’en est occupé. Mrs Webb dit avoir reçu vos recommandations et je m’efforce de les honorer. » Buckley grognait dans sa barbe. Prestement ils sortirent tous les trois et restée seule Aden interrogea Durand du regard. « Oui ils se tirent dans les pattes quand l’occasion leur est donné de le faire. Tu as de quoi noter ? Je sais que Stuart n’aime pas trop que j’empiète sur son territoire mais notre chef de la réception s’arrange pour taire certaines informations. En fait des petites détails connus de nous seuls mais sui font toute la différence. Ce client par exemple dort complètement à poils, alors il ne supporte que le coton. Webb nous l’a fait savoir qu’à la dernière minute. Il aime qu’on le regarde s’habiller et ne veut qu’on l’appelle que par son prénom quand on est avec lui ici. il n’est pas très loquace mais il raffole que les femmes lui tiennent tête, c’est un petit jeu qu’il instaure facilement et n’hésite surtout pas à te montrer familière avec lui. La proximité c’est ce qu’il recherche par-dessus tout. Tu as tout noté ? Ah, oui et détaches tes cheveux quand tu es dans sa suite. Il te laissera un bon pourboire si

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tu le fais. Maintenant on va passer au client de la suite 122 et je vais te laisser mon numéro de téléphone de façon à pouvoir te contacter à n’importe quelle heure du jour sans avoir à passer par la réception. C’est notre petit arrangement d’accord ? » Elle nota tout sur son petit carnet concernant ses clients tout en tenant compte de la fiche Guest Request rédigé par la réception et à onze heures, les premiers clients des suites arrivèrent avec leurs bagages Louis Vuitton et leur liasse de dollars. Le service marketing de la compagnie déploya de colossaux moyens pour fidéliser leur riche clientèle de millionnaires et milliardaires d’Amérique, d’Europe et d’ailleurs. Le cœur battant à rompre, Aden continuait à gratter les conseils de Durand sur la quatrième page de son carnet. « Note absolument tout Aden ! Si tu omis la moindre chose il ira se plaindre à Hayes et nous le perdrons au profit des autres majordomes et gouvernantes moins perspicaces que nous autres, tu comprends ? Tu as écris qu’il aimait, à part sa dizaine d’oreillers et son eau minérale pour sa toilette, de voir de belles filles dans sa suite. Il aura tout un cheptel dans les suites 312 et 323 ; donc à part toi et moi personne ne le sait. Mr Dagget est un peu rock-in-roll et il sollicitera sans arrête ton conseil quant au menu du jour, les rendezvous de la journée proposées par l’équipe d’animation et si je t’appelle, lâche tout pour venir ici dans la seconde qui suit. Et puis demain tu te mettras en jupe. Tu as été embauchée uniquement pour ta plastique, nos clients apprécient payer pour ce qu’ils voient et apprécient ! » Et Scott Dagget arriva, escorté par Neil Hayes et l’assistante de ce dernier, soit une pimpante femme aux lèvres pulpeuses et regard de biches portant une robe rouge très ajustée mettant sa poitrine en valeur et hissée sur ses Louboutins toisa Aden du regard. « Votre suite Mr Dagget et votre majordome Mr Durand et votre gouvernante Miss Hamill…. —Et où est l’autre ? Comment elle s’appelait déjà ? Angie ? Où est-ce qu’elle est ? Vous l’avez remerciée ?

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Ah, ah ! Pourtant elle était bien correcte cette petite ! Je veux bien Durand mais trouvez-moi une autre fille, peut-être un peu plus blonde, sauf ton respect mais je les préfère blonde et plus….avec de beaux arguments vous voyez ? Déclara ce denier en imitant une poitrine généreuse. Vous avez qui en réserve ? —Mr Dagget, veuillez m’excuser ! On propose un menu qui vous plaira au restaurant le Bello et je vous conseillerais de déjeuner avec parcimonie car dans la journée vous apprécierez la tyrolienne avec Christopher Jones. » Dagget se perdit dans ses pensées ce qui permit à Joan Barret d’enchainer aussi vite. « Nous avons une autre gouvernante, Karen Beale qui elle va vous satisfaire. Je la fais monter de suite. —Non, laissez tomber ! Hamill restera. Ouais, elle fera l’affaire, déclara-t-il sans cesser de sourire, maintenant vous pouvez me laisser j’ai un tas de trucs à régler avec Durand et…. Hamill. » Après que Neil Hayes ait fermé la porte de la suite il se dit qu’il allait toucher le jackpot avec cette jeune gouvernante capable de rebondir aussi vite que Joan Barret et il se dit qu’il ferait en sorte de ne pas la laisser trop longtemps dans l’hombre de ses ainées. Lisant dans ses pensées, Joan attaqua : « Cette nouvelle gouvernante ne fera pas la saison. Elle a ce je ne sais quoi d’insolent ; Décidément Durand aura beaucoup de mal à trouver sa partenaire de terrain idéale. Je fais demander à Buckley de la surveiller. Il ne faudrait pas qu’elle ait des envies de grandeur avec nos clients. —gardes-toi de sortir cet argument à Buckley. Il est à deux doigts d’exploser et si tu vois ses gouvernantes comme des opportunistes il risque de voir rouge et sur ce coup-là, je ne te couvrirais pas. « Durand resta près de Dagget et pour Aden quitter la suite en duplex offrant une vue dégagée sur la rade de New York sonna les prémisses d’une journée bien chargée car peu après la suite 123, il lui fallut trouver l’office pour à la demande de la réception demandant à ajouter plus de produit d’accueil pour la suite de

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Dorian Farr. Escortée par deux femmes de chambres, la douce Edith Reynold à la chevelure flamboyante et au visage recouvert de tâche de rousseur et la grande maigrichonne Julia Fletcher, toutes deux parties pour une année sabbatique à bord de ce paquebot de luxe en étaient tous deux à leur troisième croisière. Tendues elles pouvaient l’être : la réception ne cessait d’appeler pour s’assurer que toutes les chambres de leur pont pouvaient être remises aux clients. Les grooms arrivèrent avec des chariots remplis de valises qu’ils ouvrirent sous le regard autoritaire et bienveillant de notre Aden. Tous arrivèrent en même temps et Aden fut seconder dans sa tâche par Buckley fidèle à sa vision de la qualité. Hogen Syed fut le second à monter. Cet homme d’affaire new yorkais et son assistante, une afroaméricaine d’un nouveau genre et rasoir à souhait prirent quartier de la suite et au vu de l’œil critique de l’assistante Anne Hopker, on pouvait deviner la gravité de la situation. Elle acceptait la croisière mais à certaines conditions et logeant dans la suite 111, cette dernière sans plus tarder alluma son PC portable pour se tenir informer de l’évolution de la bourse. Ces conditions étaient les suivantes : réveil à six heures par la réception ou non, petit-déjeuner uniquement composé de produits bio et sans gluten, pas de bruit de couloir après dix huit heures et accès illimité à la Wi-fi quelque soit l’endroit où elle se trouvait être. De son côté Hogen Syed passait pour un homme tout à fait normal. Pas un mot au-dessus de l’autre et pas non plus le genre de client à faire des histoires à tout bout de champ. « Vous pouvez nous laisser maintenant ? » le ton froid que prit Hopker surprit Aden qui n’eut pas le temps de prendre cette remarque pour elle car déjà la réception l’appelait pour une urgence de dernière minute : le client de la suite 105 se plaignait de la vue depuis son balcon. Kristy McLean employée du Desk et de la réception ne laissait jamais rien passer. Cette splendide afro-américaine à la peau blanche laiteuse menait la vie dure à ses collaborateurs et sa voix

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suave et chaude nous enduisait en erreur. Si quelque chose n’allait pas sur l’Elysium c’était forcément de la faute du service d’étage et elle prenait plaisir à torturer les nouvelles gouvernantes. Depuis peu elle savait par Emma Parks, que la petite hamill semblait être réservée, peu loquace, en retrait et bien que fascinante avec ses grands yeux bleus, on pouvait facilement la manipuler pour se la mettre dans sa poche. D’ailleurs la première vacherie avait été de lui faire croire qu’elle aurait des chances de gravir les échelons si elle fricotait avec le toubib. Ah, ah ! Toutes deux riaient bien derrière leur Desk. « Tu veux que j’aille voir Aden, proposa Edith, ainsi je pourrais passer par l’office pour y déposer les…. —Non ! Laisses tomber ! On ne va pas commencer à s’éparpiller ! On va à la suite 122 et ensuite on règle l’histoire du client mécontent ! » Si cela se sait, Buckley va lui passer un savon, pensa Edith en la suivant jusqu’à la suite 122. Dorian Farr discutait avec Durand qui les mains croisées devant lui et l’oreillette visée dans son pavillon lorgna discrètement vers Aden. « Monsieur Farr, soyez le bienvenue à bord ! Je suis la gouvernante Miss Aden Hamill et je serais près de vous tant que durera votre croisière. —Oui, et bien c’est parfait ! Merci Aden ! » Elle appréciait sa bonhomie, cet homme costaud et jovial à souhait était apprécié de tous. On le disait pingre et très près de ses sous. Durand aimait travailler pour lui car il était juste, amical et jamais sans arrièrepensées ; il tenait à payer des verres à Durand qui par principe refusait mais entre les deux hommes régnait une réelle complicité. « Miss Hamill vient de commencer son premier service ce matin. —Oh ! Et bien il faudra célébrer ça comme il se doit et espérons que l’ambiance des croisières vous plaise. Merci d’être passée Aden ! » Edith attendait à la porte quand Buckley passa à sa hauteur. « Ne reste pas plantée ici Edith ! Ce n’est pas comme s’il n’y avait rien à faire.

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—J’attends Aden pour aller à la 105 ! —Ce souci est réglé. Kristy lui a attribué une autre chambre. Un client mécontent c’est un client qui ne paie pas. » Et comme Aden sortit à ce moment là, il poursuivit : « Vous faisiez attendre vos clients à Paris ? Alors ici c’est la même chose. Il n’y aura pas de seconde fois Miss Hamill. Et je vous fais savoir que je n’aime pas vos manières. Vous pouvez y aller. » Kristy s’était bien fichue d’elle en appelant directement Buckley : « La gouvernante du premier étage ne m’a pas donné de précision concernant la 105. Je veux qu’on me dise qi nous devons offrir une boisson à Mr Wise ! » Buckley ne supportait pas les contretemps et il verrait à ne pas faire patienter Mr wise plus longtemps : une consommation offerte et ce dernier se plaindrait à tout bout de champ pour manger et boire à l’œil. Aden était sciée. Quelle image négative donneraitelle de sa personne ? à la 121 cela se passa autrement ; Frank Dunné étant au téléphone, Durand et Aden durent attendre la fin de la communication pour se présenter. A aucun moment il ne regarda Aden dans les yeux comme impressionné par cette dernière ; « C’est cool. Comment trouves-tu la suite Aden ? —J’ai toujours eu un faible pour l’Art Déco et je trouve qu’ici tout reflète le luxe et la grandeur. —Tu as un petit surnom ? Comment tes amis t’appellent ? » Elle baissa les yeux songeant à toutes les notes prises sous la dictée de Durand. Lui tout se qu’il kiffait restait la proximité avec le personnel, cela lui donnait un simulacre de vie ordinaire. —Mes amis m’appellent Blue, rapport aux reflets de mes cheveux. Je peux te montrer ? » Elle défit son chignon et sa vaporeuse crinière balaya ses épaules. Frank ne put contenir un sourire ravi et il la fixa avec intensité tout en se disant qu’elle était incroyable. Dieu qu’elle est bandante ! « Alors….alors cela sera Blue ; Elle est parfaite Durand, tu as fait du bon travail, murmura-t-il au

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géant aux joues creuses. Je veux qu’elle se sente ici comme chez elle. Dis-lui ça s’il te plait. —Tu n’as pas de souci à te faire. Aden est la meilleure. —Blue mon petit, peux-tu nous laisser ? » A midi l’Elysium fut prêt à mettre les voiles et à la passerelle les officiers s’affairent pour les manœuvres au port ; tout était réglé au millimètre près et faire sortir un paquebot de 375 mètres avec une puissance de cent vingt-sept mille chevaux restait un défi en soi. Au moindre choc s’était plus de seize mill six cent cinquante six passagers à évacuer car en cette saison le taux d’occupation était de 10%. En bas dans les entreponts l’ensemble du personnel se rassemblait au 14ème pont. Aden dans cette sphère lorgnait à gauche et à droite, ne sachant où poser son regard ; tous se connaissaient intimement et partageaient des anecdotes sans se soucier d’elle. Les gouvernantes arrivèrent celles du pont B-C-D et E. Zoe Cass, des ponts C et D dévisagea Aden froidement comme s’il eut s’agit d’une pestiférée. Rien d’étonnant à cela, on laissait à cette nouvelle recrue la gestion des suites des milliardaires et après avoir échangé un regard convenu à sa collaboratrice du pont D et E, notre britannique Jane Colle. Ces deux là se serraient les coudes pour affirmer qu’on ne pouvait faire confiance à une cruche de son genre. « Vous vous rendez compte, elle a déjà fait parler d’elle en ignorant une demande émanant d’un nouveau client, celui de la 102 et tout le monde sait combien il est difficile de satisfaire ceux qui laissent de bon pourboire à la réception et dans les étages ! Lança jane colley dans l’ascenseur les conduisant aux entreponts. —Vous verrez, ils la remercieront une fois arrivés à notre première escale, renchérit Zoe en ricanant et les yeux levés au ciel. Elle ne sera pas la première à essuyer les ires de Buckley, il est si perfectionniste ! » Aden tourna la tête, se sentant observée par la concurrence. Seule Amy Torrens des ponts F et G osa s’approcher d’elle, cette femme aux cheveux cours à

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la large frange ne supportait pas Zoe qui le lui rendait bien. Amy ne supportait pas le côté service-service de cette dernière trop fière pour accepter les critiques. « On dirait que tu t’es faite des ennemies ici. Les clients sont durs et manquent cruellement de compassion mais ces filles, elles sont pires. De vraies harpes Si elles le pouvaient elles te passeraient pardessus bord. Ah, ah ! Moi c’est Amy et je t’ai vue arriver ce matin. Surtout méfies-toi de Joan Barret, elle a ses chouchoutes et ses espions parmi les cabiniers, les femmes de chambres, les grooms et la réception. Si elle ne porte pas dans son cœur alors c’est irréversible. Elle balance tout à Paltrow qui elle taille dans le lard. En fait, méfies-toi de tout le monde ici. Dans les croisières il n’y a pas de fin heureuse excepté si tu t’en sors avec une promotion, mais elles sont plutôt rares ici ! On travaille comme des nègres mais aucun ne se plaint, cela fait partie de notre culture. Alors on courbe l’échine et on sourit ! » Vision bien austère de son poste, pensa Aden. La compagnie qui les embauchait se défendait bien sur le marché des croisières avec 82% des parts de vente. Et puis les employés contrairement aux autres touchaient un bon salaire, pour 65 heures par semaines, leur salaire avoisinait 900 dollars pour une femme de chambre, contre 1500 pour un barman et entre 3000 et 4000 pour un cuisinier. Sans parler des pourboires faisant gonfler le salaire moyen de beaucoup. Mark Wynne monta sur la tribune pour faire un bref discours sur la participation de chacun à ce beau projet commun qu’est le service en mer. Il fut bref et chargé d’émotion, puis il passa le relais à Hayes qui fit le pont sur les différents services. Au bout de vingt minutes son téléphone sonna. Durand cherchait à la joindre. Son départ n’échappa pas à Barret et encore moins à Hayes qui s’interrompit pour la suivre du regard. Durand la reçut à la porte de la suite 124. ‘ « Mr Dagget veut que tu fasses monter les clientes de la 312 et 323. Or elles sont actuellement au bar, tu pourrais appeler Com 0’malley pour les faire venir.

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O’malley c’est le Lounge Manager et il a un œil sur tous les clients et clientes de ses établissements. Il saura les ficher par leur carte bancaire. Fais eu plus vite et surtout ne remonte pas toute seule. » Collm 0’Malley servait un cocktail à l’Eden Lounge au moment où Aden l’appela. Il remit la tablette à l’un se ses serveurs afin de faire signer la clientèle dans la case prévue à cet effet. « Oui je peux quoi pour le service d’étage ? C’est toi Zoe, questionna ce dernier en gardant l’index appuyé sur son oreillette. —Non c’est Aden Hamill, je suis la gouvernante des Loft suites et vous avez en ce moment dans vos bars les clientes de la suite 312 et 323. —Alors Aden, je ne sais pas encore qui tu es mais il faudra me le demander autrement. Là je ne suis pas sur ton étage ; Ce n’est pas une commande que tu passes ! Pour cette fois-ci ça va mais la prochaine fois essaye de te montrer moins directive. Attends, je consulte mon Smartphone….oui elles sont au Saphir, toutes les quatre oui ! Et dis-moi un peu pourquoi tu veux les faire monter, ce n’est pas ton étage ça et l’exercice d’évacuation n’est pas prévu pour maintenant. Alors ? Je leur raconte quoi à mes clientes ? —D’accord, j’arrive ! » Et en la voyant arriver Colm lâcha un « Waouh » de surprise. « C’est la première fois que je vois ça, en général les filles ne montent pas. Elles ont tant à faire sur les étages. Comme je viens de te le dire elles sont au Saphir mais si c’est Durand qui t’envoie alors suis-moi. » Les filles observèrent Colm 0’Malley avec circonspection et toutes les quatre se retournèrent vers Aden quand il leur dit que le service d’étage leur offrirait une bouteille de champagne si elle suivait Aden. C’est Lizzy qui se leva la première. « C’est toi la gouvernante qu’on doit suivre ? » Elles portaient toutes des vêtements de luxe : Gucci, Versace, Chanel, Prada et alors que notre Aden les avait imaginée vulgaires et sans intérêt, elle fut surprise de leur prestance, de leur manière et de leur

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éclatante beauté et une fois loin de Colm, Lizzy poursuivit : « C’est ta première croisière hein ? Cela se voit. Mais tu t’en sortiras bien, je ne me fais pas de souci pour toi. Prends ma carte de visite s’il te plait et appelles-moi quand Le Prince demandera à être diverti. Le code sera : Faites-monter plus de glaçons pour la 124 et on rappliquera dans la seconde qui suit pour éteindre ce feu. Tiens, c’est pour toi ! » Elle lui remit 50 dollars dans la poche de son tailleur. « Pour bons et loyaux services ! » Et Durand leur ouvrit la porte avant de remettre à Aden la même somme. L’art et la manière de bien gagner ma journée, pensa Aden en enfonçant les billets dans la poche de don pantalon. Et puis il y eut le traditionnel exercice d’évacuation. Les sirènes envoyèrent des coups forts et audibles, puis une voix expliqua que les passagers devaient récupérer leur gilet de sauvetage se situant dans un placard sur lequel est apposé un petit panneau orné d’un gilet de sauvetage. Pour Aden ce fut une première et escortée par le cabinier John Lough, elle encouragea ses clients à revêtir des vêtements chauds et à emporter certains de leurs médicaments (si besoin est). John Lough connaissait son boulot, il en était à la fin de sa mission, une fois à Londres, il serait délivré de tout engagement auprès de l’Elysium. Et Aden le trouva très amical envers les clients qu’il dorlotait. Sa voix était posée et claire, il leur parlait avec attention tout en leur montrant le chemin vers le point d’évacuation. Le point de rassemblement des milliardaires se faisait à la loft Lounge, au niveau des canots, cela laissait aux membres d’équipage le temps de préparer les embarcation avec sa manœuvre de débarquement. En cas de dégât, il fallait attendre le dernier coup de long pour procéder à l’évacuation proprement dite. L’exercice dura moins de vingt minutes, ainsi Aden put également faire la connaissance du steward Matthew Trend responsable de son équipe sur le pont 1

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et 2. Il savait que faire correctement son job sur ce paquebot lui garantira un avenir certain à terre. « Comment ça se passe pour toi Aden, pas trop dur ? On va devoir travailler de conserve toi et moi. John Lough est un bon élément, comme tu as pu t’en rendre compte alors si tu as un souci avec le reste du personnel, tu m’appelles moi et personne d’autre afin de régler ton litige. Ce milieu est particulièrement dur et les autres feront tout pour te faire tomber de ton piédestal. Plus qu’ailleurs la compétition est très rude. C’est une culture, celle du fric. Alors ne te laisses pas dépasser ; » Trend et son regard doux ne laissa pas Aden indifférente. En est-il de même pour lui ? Elle le suivit du regard avant de retourner sur son pont. En tant que steward il s’en mettait plein les poches et il ne se le cachait pas : son salaire gonflait de façon à atteindre un bon chiffre à la fin du mois. Tous les clients lui remettaient quelque chose, parfois il rentrait dans une cabine pour ouvrir un rideau et ce service lui fut rétribué 10$ Parfois il partageait ses gains avec John Lough qu’il considérait comme son frère ; il l’appelait pour lui filer un coup de main : mettre les transats sur les ponts privés, remettre une cabine ou une suite en état après le passage rapide d’une femme de chambre. il connaissait toutes les manies de ses richissimes clients et lui aspirait à devenir un majordome aussi talentueux que Durand ou bien Peter Kinnear ou Nick Shuttleworth, Phil Brewstter. Ces derniers n’avaient plus rien à ne prouver à personne. Ils touchaient plus que le capitaine et la légende voulait qu’on les ait débauchés de leur précédent emploi après de longues et lucratives années sur la 5 ème avenue, dans les Emirats Arabes, en Angleterre et là où le dollar se trouvait être. Et puis Trend savait que pour réussir, il devait compter sur le soutien d’une gouvernante. Aden lui plaisait beaucoup, déjà il savait tout ce qu’il devait savoir sur elle : sa manière de se comporter avec les clients, son aisance à se fondre dans la

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masse, son charisme et le montant des pourboires qu’elle arrivait à récupérer « Comment tu la trouves ? Questionna John Lough out en récupérant les gilets de sauvetage mis à disposition des clients qui ne s’étaient pas trouvés être dans leur cabine au moment de l’exercice. —Elle est très discrète et si elle ne déçoit pas Durand alors c’est notre coup de pouce pour notre promotion Lough ! Ne la lâche pas d’une semelle et fais ce qu’il faut pour qu’elle ne jure que par toi. On doit se concentrer que sur elle et tout ça sera payant. »

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CHAPITRE 2 L’Elysium longeait la côte américaine, dans la mer des sargasses. Profitant d’un moment d’accalmie, notre Aden se rendit à la réception pour aller se présenter au Desk. Une dizaine de clients attendaient là pour des informations de dernières minutes à glaner, les hommes venaient surtout là pour séduire le personnel féminin. Une sacrée belle brochette, selon notre Aden, toutes ces femmes à la plastique parfaite auraient pu servir d’égérie à une grande marque de cosmétique ou dans la haute couture. Emma Parks eut le temps de glisser à sa voisine, la radieuse Kristy McLean : « Regarde qui se pointe ! Notre charmante voisine de cabine ! (Elle veut qu’on la regarde, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Comment cela se passe pour toi Aden ? Tu as l’air d’avoir survécu aux joies de l’embarcation ! Permets-moi de te présenter Kristy McLean, qui n’en est pas à sa première croisière au sein de la compagnie ! kate Brow, notre benjamine de seulement dix-huit ans ! Elle vient de Londres, du Savoy. Ensuite, juste à côté, on a Kerry Lonchraine sur l’Elysium depuis toujours. Elle s’est formée à paris au George V et ensuite à Londres au Savoy. A côté d’elle se trouve Lee Cassoni ; Elle nous a rejoint seulement l’année dernière mais avoue être ici pour les beaux clients que nous croisons. Lee, fais coucou de la main ma chérie ! Elle est originaire d’Italie mais a travailler à new York au Pierre et au Meurice. Décidément paris à la côte, ricana Emma le sourire aux lèvres, viens que je te présente aux autres ! » Toutes étudièrent brièvement Aden à la moue boudeuse et au regard d’une incroyable couleur. Puis Emma la fit venir par derrière le Desk pour gagner leur office. « Coucou les filles ! Je vous présente notre nouvelle gouvernante Aden Hamill qui s’occupe du pont des Milliardaires ! Elle vient d’intégrer l’équipe ce matin. Alors tu as ici Julie Morgan qui a fait ses griffes au Caesar Palace de Vegas pendant deux ans avant de

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passer par le Four Seasons de New York City. On peut donc dire que le booking n’a plus de secrets pour elle. Ensuiv te, Emily Bryant qui a commencé par le Carlyle de new York et le Bristol de Paris. Emily dansait comme étoile à l’Opéra Garnier. Juste à côté de notre gracieuse Emily, il y a Dany Tan ! Encore une toute jeune recrue de dix-neuf ans, six mois et trois jours. Dany a seulement fait un stage au Claridge’s de Londres, mais elle sait ce qu’elle veut puisqu’elle nous a rejoint. Ici c’est notre Asha Sharma qui a travaillé à Dubaï au Burj Al Arab, puis au Dorchester de Londres. C’est également un as du Booking. Les sœurs Wood, Sarah et Ada, qui ont trouvé au Corinthia Hotel de Londres et au Meurice. Toujours ensemble, les inséparables sœurs ! Là, nous avons Alessandra Neil qui a également travaillé au Ritz comme toi et à New York au Mandarin Oriental. Et pour finir, celle qui est notre mère et guide spirituel à tous, la femme que tu vois être au téléphone là-bas n’est autre que Chloe Webb notre vénérée manager ! Maintenant que tu connais tout le monde et si tu as cinq minutes bien-sûr je vais t’emmener faire un tour….Chloé je ramène Aden, je n’en ai pas pour longtemps ! » Chloe les bras croisés et en grande conversation avec son oreille lui fit un signe entendu. « Alors il faut que je te dise. Les gouvernantes vont toutes se crêper le chignon pour faire les suites des officiers et du capitaine. En général Stuart désigne une gouvernante, chevronnée, deux femmes de chambre et valets, cabiniers et tout le toutim. Il le fera ce soir au débriefing et attends-toi à ce qu’il ne te nomme pas. Tu vas trouver cela injuste mais c’est toujours comme ça qu’il procède. En fait Neil Hayes a toujours son mot à dire et il connait bien Jane Colley. Quant à Amy Torrens ils vont la dégager aux Bahamas. Joan Barret ne veut plus la voir près de nous, soit disant parce qu’elle ne correspond plus du tout à notre image. Et personne ne la regrettera ici. Elle se croit être supérieure à tous ici ! Avant notre escale aux Bahamas arranges-toi pour récupérer l’un de ses étages sinon d’autres plus malignes le feront. Une fois

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à Nassau Joan Barret arrêtera son choix sur l’une de vous. Alors je croise les doigts pour que tu récupères ses clients et j’ai la liste en question, déclara-t-elle en brandissant une feuille, Sur le pont 6, j’en ai dix, soit la 607 à la 616, pour celles-ci tu devrais mettre le paquet ! Ensuite sur le pont 7, j’ai la 707 jusqu’à la 716. Ces clients sont pour la plupart des célibataires mais qui dépensent sans compter. Des fils-à-papa pour la plupart mais qui paient rubis sur ongle. On les trouve toujours au casino quelque soit l’heure du jour. Ils n’ont après tout que deux étages à descendre pour aller rejoindre leurs machines à jeu préféré ! Et toi, qu’est-ce que tu as pour moi ? » La respiration d’Aden s’accéléra. —As-tu de l’inédit ? Des nouvelles croustillantes ? Qui couche avec qui par exemple ? Zoe Cass a-t-elle toujours des vues sur le beau Neil ? Mais il ne se la tapera pas ! Lui ce qu’il veut c’est une belle comme Krist ou Kerry, ces femmes sont des bombes, tu ne trouves pas ? Ecoutes on reparlera de tout cela ce soir mais toi n’hésites pas à me contacter si tu apprends quelque chose de croustillant ! » Ensuite on l’appela pour qu’elle vienne déjeuner. Beverky Charlin s’en chargea, les autres ne voulaient pas le faire en grande discussion sur les difficultés rencontrées depuisèmele départ de New York. Beverly l’accueillit au 15 pont là où se trouvaient respectivement la blanchisserie, les salles de meeting, le restaurant et le sel, ainsi que la salle d’étude et de repos et les cuisines. Plus loin vers la poupe on trouvait le cinéma, le mini golf, la piscine, la salle de fitness et de remise en forme et les deux Spas. La blonde Beverly aux longs cils de biche se précipita vers Aden. « Bon que tu le sache ou non, nous avons un temps de pause d’une heure réparti entre nous par roulement. Mais je ne vais pas t’apprendre ton métier. Mais souvent nous n’avons pas le temps de déjeuner, du moins nous assoir. Alors on prend le strict minimum pour tenir le coup. Viens suis-moi ! » Elle badgea à l’entrée de la grande salle.

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« Normalement Barret aurait du te remettre un badge avant que tu ne prennes ton service. Puisqu’il nous fat le scanner avant, pendant et après. C’est pour les statistiques parce qu’il ne leur viendrait pas à l’esprit de nous vouloir rentables. Même principe si tu choisis le restaurant avec son menu à la carte. Tu vois c’est assez grand et assez bon pour nous donner envie de revenir. Je vais te présenter aux filles. Les filles, voici Aden Hamill qui a rejoint notre staff pour les suites des milliardaires…. » Aucune ne se montra aimable. Un simple salut de la main avant de poursuivre leur repas, leur lecture ou leur envoie de SMS. « Euh….Aden, tu as ici Addison Breard pont 11 tribord et Daisy Hilfer, pont 12 et 13 sur bâbord. Ensuite il y a Ella Atsanie pour les parties communes, Heather de Près pont 10 et 11 bâbord, Kelly Rhode 12 et 13 sur bâbord et Noomi Lehave pour le pont 4 et 5 sur tribord. Maintenant je vais te montrer comment fonctionne le self. » Aden mangea du poulet et du riz thaï. Les filles parlaient de leurs clients et de la particularité des habitués et Aden remarqua que de toutes Beverly Charlin parlait le mieux, Heather avait été à l’université tout comme Jane Colley et Daisy Hilfer ; elles avaient toutes les trois un bon bagage culturel, quant en autres elles étaient des ambitieuses américaines et anglaises, prêtes à tout pour gravir les échelons et se forger une solide réputation dans ce métier. Si Beverly et Ella donnaient l’impression de s’entendre, une fois loin l’une de l’autre commençait les critiques et remarques peu flatteuses. Heather sirota son jus de goyave et poussa ses lunettes sur son nez en trompette. « Ils sont comment tes clients du pont supérieur ? C’est le pire des postes tu sais, celles qui sont passées avant toi se sont toutes cassées les dents. Rebecca ne va pas te lâcher. Tu vas l’avoir sur le dos à chaque minute de la journée. C’est maladif chez elle. Finalement les meilleures places sont celles des ponts

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inférieurs. On va dire que c’est plus cool. On subit moins la pression de Buckley. —C’est vrai, on est plus autonome, répliqua Daisy, cette coquette afro-américaine aux belles boucles soyeuses et châtains clairs. En bas on nous fait confiance, Rebecca préfère mettre la pression à Jane, à Noomi et à Amy. Parfois elles craquent, parfois elles menacent de partir. —Oui et les clients sont plus abordables, enchaina Addison, cette autre métisse aux yeux verts et à la moue boudeuse. Ils font moins d’histoires que ceux du pont 1, 2 et jusqu’à 7 confondus. Nous, on est les doyennes, on est des valeurs sûres pour le fonctionnement de ce paquebot. Les étoiles montantes du genre de Jane Colley ne sont pas destinées à rester. —Je dois y retourner. Kelly es-tu prête ? Questionna Noomi, cette mignonne petite blonde aux yeux malicieux. Si tu veux un conseil, Aden, n’essaye pas de la jouer trop solo. Ici on a plutôt bonne mémoire et je crois que tes prédécesseurs n’ont pas assimilés nos conseils. A bon entendeur, nous on file ! » Accompagnée de Beverly Charlin, notre Aden se rendit au bureau de Rebecca Marston pour y récupérer un badge et ne la trouvant pas, elles remontèrent toutes deux quand Amy Torrens et Jane Colley descendirent par l’autre monte-charge mais elles se croisèrent sur le palier et échangèrent des éclairs de haine. Une telle intensité de la part de Jane qu’Aden prit cela pour elle. « Quelle pétasse, celle là ! Murmura Beverly une fois qu’elles furent dans la cabine. Ella a du se taper Joan ou je ne sais pas qui pour en arriver là. C’est la petite chouchoute de Joan. Oui il en faut bien une ! Et elle lui passe tout. Elle tout ce qu’elle veut c’est baiser Neil. Si tu voyais comment elle le regarde….vraiment pathétique. Ne tombe jamais aussi bas qu’elle ! Tu lui voulais quoi à Colm ce matin ? Fais gaffe c’est le mec de Zoe mais il s’est tapé toutes les filles du desk. Ah, ah ! Et je n’exagère pas en te disant cela. Je le laisse

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au cinquième, j’ai du boulot. Tu vas aller retrouver tes milliardaires ? Et elle est comment notre rock star ? Toujours aussi déchainée ? Il parait que Durand dort avec lui, ce qui ne m’étonne pas, il a tellement peur que Kinnear lui souffle la place. Alors tu comprends, il donne de sa personne et comme Durand c’est Durand personne n’ose lui dire que c’est un enfoiré. Il a travaillé comme garde du corps pour des personnalités d’Hollywood. Il a un impressionnant carnet d’adresse et pendant la traversée inaugurale il était là avec ses anciens employeurs. Je peux te dire que ça l’a fait. Bon je te laisse. Si tu cherches à me joindre passe par le standard ! » La bombe Zoe Cass se trouva être à proximité de June Paltrow, de Neil Hayes et de Nick Suttleworth. Tous semblaient être de bonne humeur. Quand June la vit au niveau de la passerelle pour passer sur tribord, elle cessa de rire. « Aden ! Tout se passe bien pour vous j’espère ? Je tiens à vous présenter Nick Suttleworth, notre autre majordome et Zoe Cass que vous connaissez déjà. Cela tombe bien que vous soyez là, je me suis occupée de faire votre pass que voilà et il vous donne accès aux restaurants et aux autres parties communes du personnel. Je suppose que Beverly vous a expliqué son fonctionnement. Nick ? On se voit plus tard d’accord ? Et Neil, je veux que l’on discute pour le pot du capitaine, tu as une seconde ? » Ils se séparent mais pas assez vite car en un rien de temps Zoe fut sur Aden telle une vieille amie ayant des confidences à faire. « Tu faisais quoi à la réception toute à l’heure ? Tu as peur qu’on ne soit pas assez sympa avec toi ? Ici je connais tout le monde et tout le monde me connait. Emma parks ta grande copine et Chloe… je te propose qu’on a prendre un café ce soir, seulement toi et moi pour mieux apprendre à se connaitre. A moins que….tu sois devenue très intime avec Durand ; Durand et ses gros muscles. Si tu travailles avec Nick, tu pourrais être prise au sérieux. Nick c’est la coqueluche de nos riches clientes russes et tu sais comme moi qu’on est

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là pour s’assurer une bonne retraite, murmura la belle en le gratifiant d’un clin d’œil. On se voit après et ne me fait pas faux bond. » Vers trois heures de l’après-midi, Durand lui envoya un message afin de faire un court briefing avant la soirée du capitaine prévu Il prenait son café face à l’océan, le Smartphone ouvert sur une page d’un web journal économique. « Veux-tu un café ? Ne bouge pas, je t’en apporte un ! (Et il revint avec une tasse, deux sticks de sucre dans la soucoupe et un biscuit posé sur le côté) Aujourd’hui c’est peinard pour toi. Les clients s sont éparpillés au quatre vents et on ne les aura pas sur le dos avant dix huit heures. Après ça va être la course pour toi dans les couloirs. Tu ne songes pas à nous quitter à la prochaine escale, hein ? —J’ai fait la connaissance de mon staff, celui de la réception et ‘ai brièvement rencontré Suttleworth. Et puis Zoe veut que je prenne un café avec elle. —Et tu as refusé ? Sache qu’elle va te voler tes clients les uns après les autres après t’avoir fait passer pour une incompétente. Elle vient de convaincre Joan de rédiger un rapport contre toi. Le tout premier d’une longue série à venir. Je le tiens d’un cabinier qui les aurait surpris à parler de toi. —Et c’est toi qu’on est venu trouver pour me mettre en garde ? —Oui. La corruption sévit à bord. Tout s’achète. Les cuistots graissent la patte aux fournisseurs pour avoir les meilleurs produits du marché. Les serveurs s’arrangent avec les cuistots pour avoir les plus belles assiettes et les barmans s’empressent de récupérer les bons clients en fonction de l’addition laissée sur place. Les barmans s’entendent toujours très bien avec les grooms qui déchargent les bagages et soupèsent au poil de la valise la fortune de leurs clients. Plus la valise est lourde et moins ils ont de l’argent. Les riches trouvent toujours du personnel pour s’occuper de leurs innombrables petites valises ; les filles de la réception paient les femmes de chambres pour des détails sur des habitudes quand

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les gouvernantes de leur côte soudoient les cabiniers et les stewards pour recueillir les précieuses informations des majordomes. La corruption est partout que tu le veuilles ou non mais toi tu lui trouves un nom plus économico-politique : capitalisme, libre échange des capitaux, fluctuation, concurrence —Ah, ah ! Alors je dois jouer le jeu pour rester compétitive c’est ça ? —Dans une demi-heure, chambre 105. » Et elle s’y rendit le cœur battant la chamade. Il lui semblait que tout cela était irréaliste telle une mise en scène scénarisée et elle ouvrit la port de la porte de la cabine pour y trouver John Lough affairé à mettre un peu d’ordre dans la suite. Lough sans se préoccupait d’elle arrangea le lit quand elle arriva pour l’aider «Tu n’es pas obligé de repasser derrière moi, je connais mon boulot. A moins que tu aies quelque chose d’important à me dire ? » Il lui lança un regard noir et Aden eut alors un geste de recul avant de se lever. Il s’en voulut de lui parler ainsi mais il voulait seulement qu’elle le considère autrement que comme un de ces sbires qui elle donnait des ordres à tout bout de champ. Aden était très exigeante mais juste dans sa façon de faire. Elle parlait calmement et non de façon autoritaire comme Zoe Cass et notre Aden faisait preuve d’une diplomatie exemplaire. « D’accord, je te laisse travailler. » Elle allait s’en aller quand John se redressa. « Jane ne s’occupera pas des suites des officiers. Elle ne le sait pas encore mais ça ne sera pas elle. Stuart m’a mis sur la liste. Rebecca est venue me trouver toute à l’heure pour me décharger de six chambre. Elle veut que j’assiste au briefing de cinq heures trente. En général c’est plutôt bon signe. Rien n’est joué avant demain. Notre commandant Dan Ekeberg était professeur de sciences dans une université de la Pennsylvanie et depuis le décès de son épouse il travaille sur l’Elysium après avoir passé son brevet de marine. Ce soir il viendra nous saluer avant sa soirée et….comme je sais que tu viens de la Pennsylvanie. »

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Aden écarquilla les yeux. Comment savait-il tout ça ? John ne la lâcha pas des yeux avant de se décider à quitter la cabine avant lui. Le briefing eut donc lui à l’heure convenue et tous ceux des étages et certains de la réception furent là et sur son estrade devant son micro, Neil Hayes diffusait quelques informations. Puis il s’en alla avec pour laisser Buckley et le reste de son Staff. Ce dernier commença par dresser tous les changements de dernière minute concernant tous les ponts inférieurs et Beverly, Heather et Ella prirent souvent la parole pour pointer du doigt un problème rencontré puis il remonta vers les ponts supérieurs et Noomi et Amy commencèrent par un bras de fer concernant leurs respectifs étages et bien vite Rebecca les remis à leur place. Stuart de son côté semblait indifférent à leurs récriminations. « Si tu as un problème avec ça Amy, on pourra toujours te trouver autre chose à faire. On trouvera un temps Noomi pour parler de tout ça. J’ai noté tes doléances et on fera le nécessaire pour palier ce problème. A présent on voulait vous parer des suites des officiers. C’est pour toi Stuart ! » Jane piaffait d’impatience sur son siège. « Alors il s’agit des suites des officiers et…Zoe tu prendras donc ces suites avec Brianna et Meredith. En roulement avec Jamie, Faith et Shelby. Les cabiniers seront John Douglass, Thomas, ben et Louis ; cette distribution est provisoire bien entendu, les modifications surviendront aux Bahamas, une fois le nouvel état-major constitué. Avez-vous des questions mesdemoiselles ? » Aucune ne parla et Jane encaissait difficilement cette nomination. Zoe leva gracieusement la main. Ses questions succédèrent aux questions comme pour en mettre plein la vue à ses rivales : Voyez comme je maitrise bien mon sujet ! Aucune de vous ne m’arrive à la cheville ! Jane mise à la torture n’en pouvait plus. Et en début de soirée il y eut le cocktail du capitaine, tous les services furent mélangés dans cette salle commune et la flûte de champagne à la main le staff

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fut séduit par le discours plein d’humour du capitaine ; il était un homme affable que tous appréciaient ici. Aden dans son coin, le champagne et un petit four à la main, attendit que le capitaine vienne la saluer. Il avait un mot gentil pour tout le monde et quand vint son tour Aden retint sa main dans la sienne. « J’ai cru comprendre à votre discours que vous veniez de Pennsylvanie. Et d’où exactement ? » Il fronça les sourcils. Jamais il n’avait fait mention de la Pennsylvanie dans son discours. « C’est exact, Miss Hamill, lut-il sur son badge. Je viens d’une petite ville,’ Allentown. —Oh ! Tout comme moi ! Peut-être sans le savoir étions-nous voisins ! S’exclama Aden en offrant son plus beau sourire. Et quel emploi occupiez-vous dans le passé ? —Oui. J’étais professeur de sciences. —Si vous étiez au Cedar Crest College, vous avez du avoir mes frères. Tout le monde passe par Cedar ! » La conversation s’arrêta là. Zoe laissa la colère l’envahir : elle ne laisserait jamais cette petite sournoise marcher sur ses pieds de bande ! Neil n’avait rien perdu de leur brève conversation et depuis le début il voulait lui dire… qu’il était content de l’avoir dans son staff. Il aurait été la trouver si Beverly ne l’avait fait avant lui. « Il y a une hiérarchie à suivre et si tu veux ferrer un si gros poisson assures-toi d’avoir la bonne canne. Il est un peu gros pour toi, il te faudra trouver quelqu’un d’autre. Regarde du côté des serveurs, il n’y en a pas un qui de plaint ? —Salut les filles ! Tout se passe bien ? Questionna Matthew Trend en les prenant par surprise. Il a fallu que je me fraye un chemin jusqu’ici…. —Oh, oui ! Aden je te présente Matthew Trend ! —Oui le connais déjà. On s’est croisé pendant l’exercice d’évacuation. —Alors je ne sers plus à rien ! Matthew est steward mais parfois il fait des extras comme serveurs à l’Eden Lounge et au Saphir. Et quand il est vraiment fauché il descend à terre comme agent d’escale. En

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fait c’est un touche-à-tout. C’est bien ce que tu es Matt, non, un touche-à-tout ? —C’est à peu près ça. On ne peur tien te cacher Beverly. Vous sortez un peu ce soir ? Au Ciné ? Au mini Golf ?ne me dites pas que vous vous coucherez de bonne heure, je risque d’être un peu déçu. On pourrait faire quelque chose ensemble comme… aller faire quelques longueurs et brasses. Tu es partante Beverly ? —Oui sauf si tu emmènes les filles du Spa ou du fitness. Wynne débourse des millions en masse salariale pour se payer les plus belles pépées de la planète et Il les veut naturelles mais je reste persuadée qu’elles sont refaites de partout. Pour moi ça sera non, mais merci d’avoir proposé ! » Aden déclina également son invitation et elle monta avec les femmes de chambre et les valets pour le service de couverture : elles ouvraient le lit pour y déposer des cadeaux de marque comme du parfum, Guerlain, Chanel et autre belle attention offertes par la compagnie. Elles changèrent les serviettes de bain et arrangeaient la salle d’eau. Et John Lough ne les lâchait pas d’une semelle. Il était encore derrière elle quand elle quitta son service à onze heures. Claquée elle l’était et elle regagna sa cabine pour glisser sous son drap et le masque sur les oreilles ne tarda pas à s’endormir la tête assaillie par des milliers de visages, des conseils glanées ici et là. Zoe également dons son lit envoyait un message à son petit copain du moment, Colm O’Malley pour lui dire qu’Aden n’avait pas honoré leur pot de l’amitié. Te rends-tu compte ? elle est nouvelle ici et je lui ai tendu la main. Mais elle est trop snob pour accepter mon amitié ! Et Colm ne répondit rien, occupé à servir les clients agglutinés dans les lounges.

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CHAPITRE 3 Aden avait plutôt bien dormi dans sa cabine. Les filles avaient respectée son sommeil et le temps de chacune à la douche ; Aden apprécia sa douche chaude et la qualité es prestations que l’on trouvait à bord : toute ses cabines étaient équipées d’un poste Télé, d’une connexion à la Wifi, une penderie pour chaque couche, des sanitaires et une literie digne d’un grand hôtel avec ses oreillers en plume, ou synthétique et son sur-matelas assez moelleux pour sombrer dans le plus merveilleux des sommeils. « As-tu été voir le docteur ? On ne peut se passer d’un bon toubib, c’est une règle d’or. Tu sais ici on est à l’abri de rien et surtout pas du burn out ! Déclara Emma Parks tout en finissant son maquillage. Et puis le docteur Lance est plutôt cool. Tu verras. et pour avoir une chance de le rencontrer, dit à Stuart que tu dos mal et le tour es joué. Qu’es-ce qui t’effraie ? Quoi ? Il te faut quelqu’un pour s’occuper de toi ma chérie et ce quelqu’un, il s’avère que c’est notre toubib préféré ! » Stuart Buckley ne lâchait pas Aden ; il voulait tout contrôler avec elle et il la suivit dans tous ses déplacements pour s’assurer qu’elle correspondait à toutes ses attentes après avoir séduit leur Hotel Manager : Neil Hayes. Aden ne fut contrariée de l’avoir sur son dos. Tant qu’il est avec moi, il n’est pas là à parler dans mon dos, pensa Aden en ouvrant la porte de la suite 123 où se tenait Hogen Syed pendu à son Smartphone, arpentant la terrasse. Durand anticipait les passages de notre Aden et il se tenait là, dans le corridor, les mains croisées dans le dos. Il lança un regard noir en direction de Buckley et ce dernier apercevant le client se refusa à entrer. « Il demande à ce qu’on fasse la chambre maintenant, argua Durand à l’intention de sa nouvelle collaboratrice, et il veut que tu lui parles du spa. —Le spa ? Mais pourquoi fait-il appel à mes connaissances quand il t’a, toi ?

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—Parce que tu es jolie. Je crois que cela aide un peu. Et vraisemblablement il se fout du spa, tout ce qu’il veut c’est pouvoir discuter avec toi » Apercevant la jeune femme, Hogen raccrocha prestement pour arriver vers elle avant l’arrivée des autres, femmes de chambre et cabinier. « Mr Durand vous a-t-il parlé de mon avis d’essayer votre Spa ? Je compte profiter de la salle de fitness avant les premiers aficionados et alors je pensais à des soins. Que me conseillez-vous ? —Dites-moi ce que vous recherchez en particulier et il me suffit d’un appel pour privatiser cet espace le temps de vos soins. —Cela serait aimable à vous. Et comment trouvezvous ce paquebot ? C’est votre première expérience en tant que tel non ? Parlez-moi de l’ambiance à bord, en êtes-vous satisfaite ? —Oui c’est très grisant je dois dire. La Compagnie est des plus généreuses envers ses employés car nous ne manquons de rien. Tout est fait pour que les étoiles scintillent dans nos yeux. —C’est cool, répondit ce dernier perdu dans ses pensées, vraiment cool. Alors je vous laisse appeler le spa. Dites-leur que j’ai un créneau de oze heures à onze heure trente. Merci ! Appelez maintenant, ainsi je serai fixé. » Aden sortit son smartphone de sa poche et contacta le Spa. Les filles du spa se prenaient pour les reines de promotion. En concurrence avec les filles de la réception, elles affichaient clairement leur détermination, celle de sortir de leur environnement afin de gravir les échelons en quatrième vitesse. la spa manager, Hailey Simpson prit l’appel. Cette énigmatique afro-américaine fut d’abord une star du finesse en Californie après une courte mais onéreuse carrière dans le mannequinat. La belle à la peau légèrement hâlée, aux cheveux blonds et aux yeux verts en était à sa troisième croisière affichant un salaire mensuel de 3 000 dollars. « Hailey Simpson, j’écoute ! A qui ai-je l(honneur.

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—C’est Aden Hamill de la suite 123. J’appelle au sujet de mon client, Mr Syed. —Et d’accord, qu’est-ce qu’il veut ? » Aden fut prise de cours. Cela commençait très mal. En fait ce malaise venait du fait que Durand lui avait transmis la ligne directe du Manager et non la ligne des hôtesses chargées de fixer les rendez-vous. Crime de lèse-majesté ! Maintenant qu’elle avait ce numéro Aden ne pouvait plus raccrocher et aller jusqu’au bout de sa demande au risque de se voir traiter de tous les noms d’oiseaux par cette femme autoritaire, faussement accueillante au bout du combiné. « Mon client, Mr Syed est disponible de onze heure à onze heures trente et je me demandais s’il vous restais une place. —Aden, c’est ça ? Tu vois tu appelles sur ma ligne directe. Je ne prends pas ce genre d’appels vois-tu. Il serait possible que tu appelles Kendall McCall. Ne quitte pas, je te transfert ! —Non s’il vous plait ! Je n’ai pas le temps à perdre avec ce transfert ; Ecoutez cela ne demande qu’une toute petite seconde pour me dire si oui ou non il vous reste de la place. Mon client est tout disposé à vous remercier personnellement si votre réponse est favorable. S’il vous plait, madame. » Hailey éclata de rire au bout du fil et Syed laissa poindre un sourire sur ses lèvres. « Ok, Aden, laisses-moi jeter un œil sur le planning des réservations…. Nous avons de la place pour onze heures quinze. Que ton client vienne dix minutes avant pour qu’on lui remette sa serviette ! Et s’il te plait Aden, la prochaine fois passe par le standard du spa. J’ai noté, Mr Syed. Est-ce également bon pour Mr Syed ? » Ce dernier hocha la tête et leva le pouce en signe d’accord. Aden venait de remporter sa première victoire. Elle raccrocha des plus soulagées après avoir confirmée le rendez-vous. « Et bien, merci Miss Hamill ! Vous m’êtes d’une aide très précieuse. A charge de revanche. Si vous voulez

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le moindre petit coup de pouce, sachez que vous pourrez compter sur moi. » Il lui remit 100 dollars. Ce qui représentait une sacré somme. Le cœur battant à rompre, Aden quitta la suite suivit par Leland. « La prochaine fois que tu dois appeler sur une ligne directe, ne parle pas de tes clients. Il est évident que tu appelles en leur nom et cela leur fiche une pression de tous les Diables et personne n’aime se sentir dominer, qui plus est par une employée qui ne leur a pas été présenté. Dis seulement que tu appelles de ma part et cela passera très bien. Où est-ce que tu vas maintenant ? —Poursuivre ma ronde avant que Buckley ne me tombe dessus. C’est quoi son problème avec moi ? —Non pas avec toi, avec moi. Buckley ne supporte pas que les majordomes tournent autour de son personnel. Il se sent menacé, ce qui est légitime. Un dernier conseil. Tu veux toujours travailler dans la suite des officiers ? Si c’est oui, alors vas trouver Chris Harm, c’est l’ingénieur de l’Elysium. Il est très apprécié par Ekeberg. Ils sont comme cul et chemise. —Pourquoi fais-tu tout cela ? —Je me retribue au passage. Ne crois pas que je fasse ça gratuitement. Dis-toi seulement que t n’es pas indispensable ici et que d’une escale à l’autre, on peut trouver à te débarquer sous n’importe quel motif. Et comme tu sembles peu disposée à te montrer bête, alors je te donne des tuyaux pour faire fructifier ton potentiel. Chris Harm, n’oublie pas ! » Chris harm ingénieur en chef ne se montrait pas facilement. Cependant Aden devait agir vite car le lendemain le paquebot mouillerait en rade de Nassau. John Lough la renseigna. Il passait la majeure partie de son temps dans les cales de l’Elysium, dans les endroits connus des mécaniciens, électriciens, plaquistes, informaticien ; à savoir des endroits où aucun employés des ponts supérieurs ne s’y rendaient. Vers midi, Aden l’aperçut du côté es ascenseurs du personnel, remontant en compagnie d’un homme à cravate portant le badge de Directeur des manœuvres,

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Alfi Eward. Il était grand, blond aux muscles saillants sous sa chemise à carreaux. Aden se rendit près de lui. Elle appuya sur le bouton à sa place. Du coin de l’œil il la dévisagea après avoir salué son interlocuteur. « Est-ce compliqué à entretenir un si gros paquebot ? —Non, pas tant qu’on sait comment il fonctionne. » Elle tourna sa tête dans sa direction, de troisquarts de façon à ce qu’il puisse lire bon badge. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et en descendirent des employés en route vers la salle de restauration. Elle remonta avec lui.et comme d’autres montaient, Aden en profita pour se coller contre lui. « J’ai lu quelque part qu’il fait quatre propulseurs d’étrave équivalent à cent vingt sept mille chevaux de puissance pour atteindre une vitesse de vingt nœuds. Ce qui me fascine c’est la force qu’il faille pour arriver à déplacer plus de soixante mille tonnes sur les eaux. » Il ne répondit rien. Aden se mordit la lèvre avant de baisser la tête. Durand aura voulu me faire une farce. Harm n’est pas plus ingénieur que je ne suis attachée diplomatique. Les employés descendaient, montaient. Descendaient et montaient. Ils furent séparés par l’ordre des choses. Puis arriva Mark Wynne qui fronça les sourcils en découvrant Aden, la tête dans le cou. « Miss Hamill, comment allez-vous ? —Très bien Mr Wynne. Merci de vous en inquiéter. » Il se plaça entre elle et lui avant de sourire à l’intention de Chris Harm. « Tu as fini par lire mon mail ? Comment trouves-tu cette allusion ? C’est assez véridique tu ne trouve pas ? On est tous condamnés à passer à cela non ? —J’avoue oui, c’était plutôt pas mal trouvé oui. Je n’aurais jamais cru cela de toi Mark. Parvenir à constituer de la matière avec si peu de choses. » Vexée Aden jeta un regard contrarié à Chris. Elle avait tenté d’engager la conversation mais ce péteux n’avais pas daigné lui répondre. Qu’il aille se faire fiche, pensa-t-elle en s’engageant vers la sortie. En

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sortant de la cabine elle manqua de renverser Chloe Webb, magnifique et sculpturale Chloé. Mark lui retint la porte in-extremis et lança un : « Oh voilà notre déesse préférée ! » Quelle bande d’hypocrite ! Beverly Charlin la contacta pour déjeuner avec elle. En la voyant arriver, Beverly gonfla la poitrine en battant les sourcils, comme aveuglée par une sorte de halo surgit de nulle part. « Alors il parait que tu l’as mouchée la Simson ? —Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes là ? Qui a pu te raconter ça ? —Kristy de la réception. Ces deux là sont assez portées sur les critiques et Simson l’a appelé vers onze heures pour lui faire un bref topo concernant les réservations et tout le tralala. Elle a bavé sur son dos et elle n’a pas fait les choses à moitié. Elle aurait osé demander à Kristy à quoi tu ressemblais et elle aurait dit que tu n’étais qu’une intrigante. —Vraiment ? Je ne vois pas en quoi je n’ai fait que la contacter au sujet de mon client. —Mais comment as-tu fait pour avoir sa ligne directe ? —C’est l’avantage d’avoir un majordome. —Ah, ah ! Non sérieux, pourquoi n’es-ti pas passée par le standard. —Je n’en sais rien. Je voulais probablement impressionner mon client. —Je sens qu’on ne va pas s’ennuyer avec toi. Mais attends qu’on est franchi nassau pour faire un peu de zèle. Cela m’ennuierait beaucoup de devoir te dire au revoir après une si courte collaboration. » Elle allait avaler sa première bouchée quand son téléphone sonna. Elle activa son oreillette bluetooth pour communiquer avec Durand. « Je suis avec Mr Dunne, suite 121. Peux-tu venir s’il te plait ? » Durand l’attendait sur la terrasse en compagnie de ce dernier. Il lui fit signe de détacher ses cheveux et Aden s’exécuta prestement. « Blue est ici, Frank !

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—Ah ! Parfait ! S’exclama-t-il en quittant sa longue chaise. Blue ma petite caille je suis très embêtée, ce soir il y a un diner mondain et il s’avère que je n’ai pas de cavalière. Leland a fait référence aux trois beautés de la suite 312 et 323 mais elles ne me conviennent pas tout à fait. Tandis que toi…. Tu serais parfaite ! —Le personnel n’es pas admis à se joindre à la clientèle. —Oh, non, merde ! Et il n’y aurait pas une sorte de dérogation ? je dois contacter qui pour en discuter ? Mark Wynne c’est ça ? Non mais quelle fichue perte de te temps ! On va l’appeler ensemble d’accord ? ne bouge pas ! Ne bouge surtout pas ! » Aden interrogea Leland du regard. ce dernier semblait détaché de la scène, des plus indifférents. Frank était nu pied, il portait une tenue sportwear composé d’un polo Tommy Hilfiger et d’un pantalon de lin blanc cassé. Décontracté il se passa la main baguée sur sa blonde chevelure tirée en arrière sans cesser de regarder Aden. « Oui, Mr Wynne, c’est Frank Dunne de la suite 121§ 66Oui ? Mr dunne en quoi puissé-je vous être utile ? —Oui il s’avère que je sois en ce moment même avec votre charmante employée, Miss Hamill et je me posais une question à son sujet. Est-il possible de la réserver pour ce soir, au prix qu’il vous convient ? Pour être honnête avec vous je n’ai pas de cavalière pour le diner de ce soir et il s’agit d’une soirée dansante alors je suis particulièrement angoissé de n’avoir personne. —Mr Durand a-t-il étudié la question ? —Oui, naturellement ! répondit-il dans un éclat de rire ; Mr Durand a été parfait là n’est pas la question ! Mais vos filles n’ont ni la classe, ni le sex-appeal de Miss Hamill et je serais un homme heureux si cette dernière pouvait m’accompagner ce soir. —Mr Dunne, nous allons trouver une solution. Permettez-moi d’arriver d’une minute à l’autre… » Dunne raccrocha avec Wynne et s’écroula sur sa chaise longue, les Ray bans posés sur son nez. Derrière son écran teinté il étudiait à sa guise Aden.

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Peu de temps après Mark Wynne apparut et son attention se porté sur Aden les cheveux détachés. Pour moi que cela on collait un blâme à la responsable. « ne pouvez-vous donc rien faire Mr Wynne ? Ayez pitié d’un pauvre malheureux comme moi. —Mr Dunne, nous avons à bord des personnes célibataires qui ne demanderaient qu’à être honorée par votre compagnie. Nous pourrions chercher de ce côté-là vous ne croyez pas ? —Ah, ça c’est profondément navrant. Je ne suis pas venu sur l’Elysium pour chasser Mark. C’est me manquer de respect en m’envoyant flirter avec ces étrangères. Non, non, ce n’est pas envisageable ! » Frank s’appuya contre le rebord de la table de verre, les jambes croisées et les mains jointes entre ses jambes. « Mark, il ne s’agit que d’une soirée, bordel !ricana ce dernier en proie à une sorte de nervosité. Leland dit lui que je ne toucherais pas un cheveu de notre Aden si cela peut le rassurer ! Ou bien débarquez-moi à Nassau si aucune solution ne s’offre à moi. » Wynne ne bougeait pas d’un poil, conservant son sang-froid et son regard rieur souligné par des pattes d’oies. Les mains derrière le dos il attendait que Frank se calme de lui-même et trouve une solution à la crise qui était la sienne. « Oui je ne vois pas quoi faire d’autre si ce n’est arrêté cette croisière à Nassau, répliqua-t-il en ôtant ses lunettes. Et toi, mon petit cœur vois-tu une solution ? » Si Aden répondait favorablement à Frank, Leland pourrait tirer une croix sur leur partenariat. Et si elle répondit par la négative, Frank ne voudrait plus d’elle, refusant de se voir déçu une nouvelle fois. La main de Mark se crispa sur son poignet en comptant la somme d’argent que lui ferait perdre Dunne s’il descendait à Nassau. Cela n’état pas envisageable. Les compagnies d’assurance refuseraient de couvrir les frais et les actionnaires feront mauvaise presse du sens de la négociation de mark Wynne. « Mr dunne….

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—C’est Frank. En public vous pouvez m’appeler ainsi mais là il n’y a que nous quatre. Par conséquent nous ne sommes pas en représentation ; —Mr Dunne je comprends votre désarroi il est également le mien. Celui de ne pouvoir vous satisfaire de cette manière mais ne mettez pas mon employée dans l’embarras en lui demandant de prendre parti. —Vraiment ? Je te mets dans l’embarras Aden ? Très bien je vois. Alors je n’insisterai pas plus longtemps. Je resterais donc dans ma cabine à me faire chier. C’est vraiment cool, ça ! Si je m’étais attendu à cela…. Merci Mr Wynne. » Mark et Aden se dirigèrent vers la sortie suivit du regard par Leland. « Et une dernière chose ! Trouvez-moi une autre gouvernante pour demain. Je ne peux pas continuer avec celle-ci. » Mark Wynne la convoqua dans son bureau pour faire suite à cette entrevue dans la suite 121. Notre Aden fut des plus désœuvrées et la gorge nouée s’assit devant le bureau en acajou du cruser director. Il disait attendre l’arrivée de Joan Barret pour commencer. Quelle humiliation ! En seulement deux jours elle fut véritablement mauvaise. Elle se dit qu’elle irait tenter sa chance en France. Joan arriva et jeta un regard froid à son employée aux yeux turquoise. « As-tu commencé ? J’étais coincée sur le 10 ème étage. C’est l’inconvénient des grandes structures. Il faut de l’endurance pour venir à bout de ces kilomètres de couloirs. —Oui, comme je te l’ai dit par téléphone je préférais avancer l’entretien de ce soir à maintenant. —Oui, tu as bien fait. Vas-y te j’en prie, commence Mark. —D’accord. Alors voilà Miss Hamill. Nous avons des mauvais retours vous concernant. Mais également de nombreuses critiques positives à votre égard de la part de vos clients et des membres de l’équipage, de l’état-major et des surnuméraires. »

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A ces mots, le visage de Joan se voila et le sourire pincé s’effaça de ses lèvres pulpeuses. Elle n’avait pas le monopole des décisions arbitraires. « Ce qui vient à nous poser des questions quant à votre avenir au sein de notre compagnie. Alors deux alternatives s’offrent à nous, à vous dirais-je plus exactement. Soit vous acceptez de travailler en binôme avec Jane Colley ou bien vous acceptez de rompre le contrat sans préavis. Le terme de votre contrat s’établira sur les côtes du Brésil. —Alors je préfère rompre le contrat. —Est-ce votre dernier mot, Miss Hamill ? » Joan jubilait. Il n’y aurait là aucune rivale pour l’ascension de sa pette protégée Jane Colley. « Oui c’est mon dernier mot. Je peux supporter l’autorité quand il est pris à sa base mais l’autoritarisme ne me convient pas. —Je trouve que vous y allez un peu fort. L’Elysium est un paquebot de luxe qui répond à des exigences particulières. Pensez-vous qu’il soit profitable qu’un élément perturbateur signe avec la compagnie pour plusieurs semaines quand ce dit-élément ne répond pas à des critères bien définis ? Nous serions perdants et le temps c’est beaucoup d’argent. —C’est la raison pour laquelle je ne veux pas vous en faire perdre. Mais l’argent n’est pas seulement une notion de temps. Je sais également trouver mes intérêts où ils sont, soit dans les pourboires et la seule source de revenus à bord de l’Elysium restent vos clients. Alors tant que je reste dans la légalité, je peux encore m’en tirer à bon compte. Merci pour ce précieux temps que vous m’avez consacré ! »

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CHAPITRE Les Bahamas furent à portée de vue. En deux jours, Aden s’était faite 500$ de pourboire. Elle trouva une façon honorable de le faire fructifier. Par l’entremise de John Lough elle fit livrer une boite de chocolat à sa cabine avec un billet disant : Je compte bien ne pas me montrer ennuyeuse à l’avenir. Dites-moi ce qu’il faille dire à un ingénieur digne de ce nom pour rentrer dans ses bonnes grâces ? Lui sut exactement qui lui fit cadeau de ces petites douceurs et aux alentours de dix heures alla frapper à la cabine du Capitaine Dan Ekeberg. « Peux-tu me rendre un service ? Il y a à ce bord une jeune personne qui aurait besoin de tes lumières. » Alors que le paquebot entrait en rade de Nassau. Il envoya un message via la passerelle à son subordonné. « Ici, le capitaine Ekeberg, peut-on aller me chercher Wynne ? »Et ce dernier arriva ventre à terre. « Nous amorçons notre approche et en proie à un doute existentiel je me demandais si vous seriez aimable de faire le nécessaire pour ne rien changer à mes habitudes, excepté le fait d’avoir une personne chaudement recommandé par un tiers. —Cela peut se faire, Commodore. A qui songiezvous ? —Euh… son nom figure sur ce papier. Aden Hamill. Je vous en serais très reconnaissant. » Wynne alla trouva Joan pour lui faire part des désidératas du Capitaine Ekeberg et la pauvre malheureuse fit rouge. Non, cela ne pouvait être possible ! Les suites des officiers devaient revenir à la petite Colley. « Et pourquoi elle précisément ? Enfin, c’est absurde ! Elle a choisi d’être débarquée au Brésil. —C’est à la demande du capitaine. —comment a-t-elle fait ? Elle n’a pas quitté les ponts une seule fois ! —Je n’en sais rien mais c’est elle qui veut. »

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Sur les escales, peu d’employés avaient la possibilité de descendre mais les passagers vidèrent les ponts pour aller profiter des eaux transparentes des Bahamas et ainsi nager au milieu des dauphins et marcher sur le sable blanc. A genoux, Aden aidait la femme de chambre à remplir une couette à la 122 ; le briefing était retardé en raison des mouvements de va-et-vient sur les ponts et coursives de la part des passagers. L’ambiance était survoltée dans la salle. On allait annoncer le nouvel état-major et la liste des gouvernantes et femmes de chambres affectées aux suites. Tous les regards convergèrent vers Brianni, Meredith, Edith, Shelby, Janine et John, Douglas, Thomas, louis et Ben. On attendait un dernier changement de la part de la fantasque Joan. Neil Hayes poursuivit, les doigts agglutinés au micro de son pupitre. « Nous avons un changement et pas des moindres. Meredith sera remplacée par Aden pour les suites 101 à 105. Brianni prendra les suites 106 à 210… » Cette déclaration fut suivie d’un « Oh ! » de surprise et tous les visages se tournèrent vers Jane et Meredith, toutes deux destituées de leur fonction. Des éclairs de haine furent ciblés vers Aden, impassible et droite sur sa chaise. « De plus, Amy Torrens reprendra les pont 6 et 7 jusqu’à la mer des Caraïbes.. donc en tant que manager je me félicite que notre équipe fonctionne très bien et ait trouvé une vitesse de croisière. Tout le mérite vous revient et maintenant j’aimerai laisser la parole à Stuart. » Le housekeeping Manager monta à la tribune en tenant ses notes à la main. A peine s’il leva la tête pour regarder son public dans les yeux. « Pas de faits notoires à signaler. Les indices de satisfaction sont en constante augmentation et comme l’a souligné Neil, cela vient de votre entière implication. Les clients se disent être très satisfaits et la saison promet d’être excellente. »

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Son regard de plongea dans celui d’Aden. Il resta silencieux un court instant avant de poursuivre. « Avant de vous libérer je voulais souligner un dernier point qui concerne les gouvernantes et femmes de chambres des suites des milliardaires. Il est impératif que vous gardiez vos distances avec la clientèle. Je sais que nos clients ont certaines lubies mais notre proximité ne doit être synonyme de libéralisme. J’entends par là qu’il est très facile de vous voir comme des employés vulnérables prêts à tout pour un bon pourboire. Pour éviter tout malentendu j’ai affiché sur le tableau les choses à faire et à ne pas faire. Vous constaterez que la liste s’adapte à toute notre clientèle du pont 1 a pont 10. Merci de la respecter. Avec Rebecca nous travaillons à une nouvelle charte qu’on vous fera signer. Avez-vous des questions ? » Une dizaine de mains se leva. Rebecca répondit à toutes les questions avant de les lâcher. Dans le couloir, Noomi Lehave et Zoe Cass furent des garces et firent des allusions coquines quant à la nomination d’Aden. Ce genre de commérages ne pouvait être étouffé tant que les femmes à l’esprit vindicatif et cupide régnaient à bord. « Aden, s’il vous plait ! » Stuart Buckley l’invitait à patienter devant l’ascendeur du pont. A le regarder de plus près, elle le trouvait beau car énigmatique avec sa chevelure de feu et ses yeux d’une nuance de vert d’eau délavé. Chose étrange, il lui souriait. Pas ouvertement certes, mais suffisamment pour qu’elle entrevit ce léger sourire émacié dans sa barbe. l sentait bon, un parfum frais de la marque Hugo Boss. Dans son bureau il l’invita à s’assoir. « Surtout détendez-vous, je ne cherche pas à vous mettre mal à l’aise. Seulement nous devons parler de votre nouvelle prérogative. Travailler pour les officiers n’est pas n’est pas ce qu’il y a de plus reposant. Ils ont leurs pires manies comme la superstition et au moindre problème vous je vous invite à vous confier à moi. plus que jamais nous vous demanderons une franche coopération. Tous vos

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appels ne passeront pas par la réception mais par ma ligne personnelle. D’ailleurs veuillez m’excuser….Oui, Joan ?....c’est noté j’arrive dans une petite minute. Bon alors je ne fais pas vous apprendre votre métier mais Ekeberg est particulièrement exigeant. Ne vous fiez pas à sa bonhomie c’est un maniaque de l’ordre. Vous n’aurez que très rarement l’occasion de le croiser dans sa cabine mais montrez-vous très prudente, vraiment très prudente. Il aime à savoir qui travaille pour lui et le comportement que vous aurez sur le pont en présence de vos collaborateurs est crucial. Il ne tolérera pas toute mesquinerie, coup-bas et vous comportement se devra d’être irréprochable. » Buckley avait une voix douce qui apaisa Aden. Cette dernière l’écoutait, perdue dans ses pensées, bouche bée et lui enchaina après avoir jeté un œil sur sa montre. « Venez avec moi s’il vous plait. J’ai une urgence à traiter. Donc s’il vous plait, montrez-vous- exemplaire, c’est le seul conseil que je puisse vous donner. Voici votre pass pour vos cabines et au moindre souci appelez-moi ! » Elle allait monter quand June Paltrow la contacta. « Où êtes-vous ? J’arrive ! » Et toutes deux se retrouvèrent au niveau du pont d’embarquement, soit non loin de la réception. June lui tendit une poignée de main, étant encombrée par des dossiers à remettre à certains membres du staff. « Bon très bien, vous voilà être propulsée dans la fosse aux lions ! En deux jours vous avez beaucoup fait parler de vous et je ne parle pas seulement de vos rapports avec le staff. A l’avenir ce comportement est à éviter. Nous avons du convenir d’un arrangement financier avec qui vous savez. On ne pouvait prendre le risque de le voir débarquer à Nassau. Toujours est-il qu’il a demandé à ce que vous repreniez du service. Bonjour mesdames, Comment allez-vous ce matin ? » Les filles au desk y allèrent toutes de leurs commentaires. June s’entendait bien avec les filles de la réception au point de leur donner une certaine importance. Il faut noter la mémoire incroyable de

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June concernant les désidératas des clients, le numéro de leur cabine, le nom de famille, etc. Rien n’échappait à son contrôle : la carte des restaurants à bord, le nom du personnel en poste de telle heure à telle heure, les horaires de telle attraction, le nombre et les numéros des suites et cabines attribuées à telle gouvernante, etc. Comment fait-elle pour emmagasiner toutes ces informations ? Pensa Aden en l’écoutant discuter avec Kristy McLean sur un détail survenu lors d’une réservation. L’assistante du Cruser Director était une femme brillante, maitrisant plus de six langues, ayant de l’expérience dans tous les services et Wynne pouvait dormir sur ses deux oreilles tant que June gérait leur affaire. Elle leur remit des notes de services et des informations à remettre aux clients concernant les prochaines réjouissances jusqu’à la mer des Caraïbes. June était leur petite mère à toutes et à tous et cette femme aux traits fins forçait le respect par son aisance à rendre simple ce qui est difficile. Elle rit à une blague d’Emme Parks avant de tourner les talons en les encourageant pour le reste de la journée. « Oui, donc je vous disais que notre client à la suite 121 veut vous reprendre. Ce qui est plutôt inédit. On va monter ensemble. J’ai d’autres points à aborder. Docteur Lance, comment allez-vous ? » Un barbu aux cheveux poivre-gris striés dans un catogan arriva le sourire aux lèvres. A ses pieds des santiags mais Aden fut surprise par ses proéminence capillaire. Il n’avait rien d’un docteur des cabinets privés mais d’un bucheron du Grand Nord. Il souriait d’une oreille à l’autre, faisant saillir ses pommettes rondes. « Et bien comme le temps ma chère June ! Tant que l’on a pas besoin de moi à bord c’est que tout va bien alors je peaufine mon bronzage sur la terrasse de la véranda. —Ah, ah ! Je vous imagine mal vous prélasser à la véranda. Vous êtes plutôt à essayer de battre votre record sur les tapis du running. Docteur, je tiens à vous présenter notre nouvelle gouvernante Aden

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Hamill que l’on a débauché au Plaza Athénée ! Miss Hamill s’occupe des suites des milliardaires et des suites des officiers. Quelle fulgurante ascension n’estce pas ? —Oui la voilà prête à gravir le K2 ou bien le mont Everest ? Ravi de vous avoir à bord Miss Hamill ! » Ils échangèrent une solide poignée de main et lui garda sa main dans la sienne pour sonder son esprit à la manière des hommes des magnétiseurs. Garde ma main dans la tienne et je te délivrerais de certains maux ! Aden baissa les yeux face à l’intensité de son regard bleu-gris. « J’espère que vous trouverez un peu de temps pour vous ménager. Les clients sont des plus énergivores et très chronophages. Bonne continuation Aden ! » Elles empruntèrent la coursive à la baie vitrée du pont 3. Sur la moquette cramoisie à bordure or, Aden imaginait ce que pouvait ressentir les clients en passant par-là. Une vive exaltation causée par la voute opalescente. Par tant clair des prismes de lumière venaient caresser le moquette et les murs donnant une impression de kaléidoscopes lumineux. Un frisson parcourut le dos de notre Aden. Elle aimait l’Elysium pour tout ce luxe, cette ostentation de luxe allant du mur au plafond, des boiseries aux lustres, des rampes des escaliers aux cabines d’ascenseurs avec son cuivre et ses moulures aux inspirations antiques ; une profusion de marbre de Cara sur les ponts A à I, robinetterie de cuivre pour certaines suites, du velours sur les fauteuils, etc. « Le pont A est particulier vous en conviendrait. J’imagine que vous dormez et vous réveillez en songeant à ce pont. Quand on m’a formé jau métier de gouvernante j’ai cru que j’allais avoir une syncope. La cuisine à côté c’est une panacée. Au moins en bas on parvient à se cacher dans la masse. Ici on a pas de bouclier anti-émeute. Or vous allez vite vous rendre compte que les officiers ne sont pas des tendres. Le revers de la médaille est qu’ils sont susceptibles de

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vous laisser un bon rapport. Voilà Mark qui nous arrive ! » Aden sursauta et en se retournant croisa le regard avec son patron, Mark Wynne. Nerveuse elle lui tendit une poignée de main plus molle que les précédentes. Il appuya sur le bouton de l’ascenseur convaincu que ce dernier arriverait plus vite. « June vous avez contacté le fleuriste pour les suites 602, 6011, 617, 717 et 715 ? —Oui c’est n cours, mark. Joan s’en occupe. Tu penses qu’on trouvera le temps pour dresser le prévisionnel? A onze heures tu seras disponible tu crois ? —Non, absolument pas. J’ai un entretien avec Chris que je ne peux déprogrammer. Mais je te fais confiance tu peux y arriver toute seule. Tu m’envoie le résultat par mail comme d’habitude. Allez-y mesdames !(Il les laissa entrer dans la cabine et son regard se posa sur Aden) June, on a combien de passagers en sortis ? Quatre mille cinq cent soixante, tu confirmes ? —Oui c’est exactement ça. —C’est plutôt bien non ? tant qu’ils ne sont pas dehors ils consomment sur l’Elysium. Descendez voir le chef de la restauration, je vais conduire Miss hamill sur son pont. » Cette dernière s’exécuta sans rien dire et Aden poursuivit avec mark Wynne après que la cabine se soit ouverte sous la véranda et son impressionnant dôme évoquant les constellations par ses milliers d’arabesques. Aden suffoqua en découvrant ce décor digne des contes de milles et une nuit. « Où est votre pass ? » La poste s’ouvrit sur la suite du Capitaine Ekeberg. La chambre n’avait été encore faite et immédiatement mark vit rouge. Il appela Joan barret. « Oui, Joan la suite 101 n’est pas faite. Faites-moi monter Buckey s’il vous plait ! —Neil m’a dit qu’il avait chargé Hamill de s’en charger.

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—Elle est devant moi mais apparemment la consigne n’est pas passée. Fais-moi monter Buckley s’il te plait ! » Il raccrocha et inspecta les lieux laissant Aden encaisser le coup. June l’avait retardée mais Buckley allait prendre par sa faute. Mauvais timing et tout tombait à l’eau. « Venez voir Aden ! On a une vue imprenable sur Nassau n’est-ce pas ? » Le cœur d’Aden n’était pas à des démonstrations de joie concernant cette ile des Bahamas. Elle se contenta de sourire, la vessie sur le point d’exploser et le souffle coupé elle tentait de prendre un air détaché se rappelant qu’elle avait connu le pire à Paris quand la gouvernante générale du Plazza Athénée disait ne rien pouvoir faire avec elle. Mark la défigurait, faisant courir ses yeux sur le visage parfait de sa jeune recrue. « Appelez votre femme de chambre et le cabinier. —Ma femme de chambre ? » Il ne répondit rien et monta en duplex pour mieux jouir de la vue offerte depuis les hauteurs de ce paquebot. Shelby ne répondait pas. mais que faisaitelle par tous les Saints ! Et le cabinier non plus. Que cela ne tienne. Elle contacta John Lough et Edith Reynolds qui la minute d’après firent leur apparition dans lla suite pour découvrir une Aden mortifiée. « S’il vous plait, cette suite est à faire en priorité ! » Ils joignirent leur force à l’unisson. Buckley arriva des plus essoufflés et mark wynne lui tomba dessus après un appel passé. « Buckley voulez-vous que notre paquebot coule ou reste à flot ? cette suite aurait du être faite en temps et en heure, soit après le départ d’Ekeberg pour nassau. Et force de constater que ce ne fut pas le cas. Quels étaient vos consignes pour Miss Hamill ? —Veuillez m’en excuser. Tout cela est de ma faute. —En ce qui concerne le sabotage professionnel des mesures disciplinaires doivent être prises. Je ne peux

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tolérer que votre équipe accorde de l’urgence à ce qui n’est pas. Venez avec moi Buckley ! » Une fois sortis, John Lough partit trouver Aden dans la salle de bain du Capitaine, une taie d’oreiller à la main et de l’autre un sac poubelle. « Merci beaucoup Aden ! —Merci pour quoi ? Je viens de vivre l’horreur et toi tu songes à me remercier. Il y a-t-il de l’ironie dans ton remerciement ? —Non pas le moindre. Ekeberg est le capitaine de ce rafiot. Alors merci ! » Répondit-il en lui envoyant un clin d’œil. Vers midi, leland durand vint la trouver dans la salle de restauration du pont N et le café à la main s’assit devant elle. « Tu as ton carnet sur toi ? Alors sors-le. J’ai quelques notes concernant Ekeberg. J’ai du graisser la patte à quelques sous-officiers débarqués à nassau. Notes ce que je vais te dire. Il aime boire son café froid, noir et sans sucre. Il aime écouter en boucle Rossini cela le détend. Ensuite pour le service de couverture arranges-toi pour être sur place quand il y sera. C’est un homme seul tu comprends. Alors potasse un peu l’œuvre de Rossini et les vieilles bagnoles des années 50. Il est passionné de mécanique. Et si tu veux l’émouvoir parles-lui de son chien Klint, un berger Allemand laissé chez sa fille. Autre chose, il va tomber raide dingue de toi si tu murmures plutôt que tu ne parles. Ne me demande pas pourquoi il raffole le son émit par un doux chuchotement. C’est peut-être propice à la confession. Voilà c’est à peu près tout. —Merci leland, repondit-elle en refermant son petit carnet. —On t’a dit qu’il voulait te reprendre ? —Oui June m’en a parlé. —Alors s’il te plait ne foire pas tout. Un client comme celui-là c’est mon gagne-pain. D’ailleurs à ce sujet un nouveau milliardaire va embarquer ce soir. Una anglais, Dean garner en suite 614. Il ne faut pas se fier aux apparences, ce dernier est plutôt humble mais

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in crache de bons pourboires. Il refuse mes services mais si tu venais à lui parler de moi, il réétudiera la question. —Ceux du pont A ne te suffisent plus ? —Hum….suite 614, c’est tout ce que je te demande. » A 16h30 les sirènes de l’Elysium retentirent en rade pour rappeler l’’embarcation prévue à 17 heures et Aden courut trouver le steward, matthew trend, occupé à plaisanter avec Emme Parks. Une entorse au règlement, pensa Aden ; ils étaient mal vu de surprendre des employés parler entre eux si ce n’était pas dans le cadre du travail. « Hey, voilà la belle Aden sauvée des Enfers d’hadès des ponts supérieurs ! railla ce dernier. —je peux te parler matt ? » Il interrogea Emma du regard. le sourire s’effaça de ses lèvres. Elle n’aimait pas cela, elle ne supportait pas qu’on lui vole la vedette ! elle lui parlerait ce soir dans l’intimité de leur cabine. « C’est à quel sujet Aden ? —Le client de la 614, c’est toi qui monte ses valises, —Oui il est question e cela , pourquoi ? —parfait ! je te laisse mon numéro dans ce papier tu le trouveras, murmura-t-elle en lui glissant le papier contenant quelques billets. Quand il monte tu me préviens. —mais je ne peux pas faire ça Aden. Je n’ai aucune idée de l’heure à laquelle il va monter ! Il peut très bien s’arrêter prendre un verre sur le pont G. » Il découvrit les billets dans le bout de papier et plongea son regard dans celui de son interlocutrice. « Ok, quand il est en cabine je te préviens. Et c’est tout ? Je ne te préviens que de cela ? C’est plutôt cool de faire des affaires avec toi. » Déjà Aden venait de disparaitre et Matthew éclata de rire ne comprenant pas grand-chose aux femmes. A dix-huit heures dix son téléphone sonna. Un appel de matthew. Elle lâcha tout descendre presque en courant dans la suite 614. Un type grand, maigre au visage émacié lui ouvrit. Il passa sa main dans ses longs cheveux bruns et brillants comme si l’on venait

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de le tirer du lit. Il dévisagea Aden pour se concentrer sur son badge. « Vous êtes le service de chambre, oui mais pour l’instant je n’ai besoin de rien, déclara-t-il des plus amusés. Le steward a laissé du champagne alors je ne vois pas ce que vous pourriez faire d’autre, Miss… Hamill, lut-il, les rides d’expression striant ses joues creuses et la commissure de ses yeux. —Bonsoir, Mr Garner ! Soyez le bienvenu à bord de l’Elysium ! Je suis votre gouvernante, Miss Hamill et j’espère que vous ferez un excellent voyage au sein de notre compagnie ! » Il s’accouda à la porte sans la lâcher des yeux. « Vous ne serez pas obligée de passer tous les jours. Je l’ai précisé à la réception. Je travaille beaucoup en visioconférence et…. Mes besoins sont relativement simples à combler. —Et bien c’est précisément là où je veux en venir Mr Garner. Quoi de plus simple que de s’en remettre à un majordome ? —Non, je ne tiens vraiment pas à être dérangé pendant tout le temps que durera ma traversée. —Vous pourriez toutefois changer d’avis si cette personne est apte à transformer vos visioconférences en quelque chose d’unique. Disons un genre de réalité virtuelle. —Et bien on ne peut pas dire que vous ne soyez pas du genre acharné vous ! —Il pourrait louer pour vous la salle de visioconférence du pont E. Votre réalité serait ainsi la nôtre. » Il se mit à réfléchir en se caressant avec langueur la barbiche. « Et combien un tel service me coutera ? en plus de la prestation de ce majordome aussi talentueux soit-il. —Mr Durand est un excellent négociant comme je vous ai laissé l’entendre. —Je peux réfléchir à cela demain ? Questionna-t-il perdu dans ses réflexions. —Mr Garner, je vous note sa ligne directe sur ce papier. Vous n’aurez qu’à le contacter dès votre réveil.

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On dit que la nuit porte conseille. La votre n’en sera que plus éclairée. Tenez ! Bonne soirée Mr Garner ! »

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CHAPITRE L’Elysium faisait route vers les mers chaudes des Caraïbes. A ix heures elle passa dans la cabine du Capitaine Ekeberg pour en contrôler la chambre laissée vacante par Edith. La veille au soir Buckley apporta quelques modifications, à savoir que Lough et Reynolds s’occuperaient des suites des officiers en remplaçant des deux autres ayant fait défaut. La suite étant nickel à l’inspection, elle allait sortir quand on ouvrit la porte et sur la terrasse, Aden vit approcher Chris harm. Il ne la vit pas et posa un rapport sur la table basse. Comme elle ne pouvait se cacher, elle décida d’apparaitre. « Je suis venu poser un dossier d’expertise à la demande du capitaine. —Bonjour Mr Harm ! » Ce dernier ne répondit pas et la tête baisée chercha à se donner un peu de contenant, mais en vain. Soit il est très timide soit complètement indifférent à ma personne ! Elle emprunta l’escalier à vis conduisant au duplex et depuis la rambarde l’observait. Il n’avait pas bougé d’un pouce et triturait ses doigts, point décidé à partir. Il s’assit devant son rapport, sortit un crayon de sa poche pour y apporter quelques annotations. Elle vérifia le mini-bar à l’étage, l’absence de poussière au petit salon, les cadres, les halogènes, etc. Il la regarda descendre et sa jambe battit nerveusement le sol. Il se racla la gorge et dans sa grande nervosité écorna les pages de son précieux rapport. Ne pouvant rester seule avec lui tout le temps que durerait son inspection, elle contacta Edith. « Edith, peux-tu ramener des serviettes propres pour la suite du capitaine s’il te plait ! » La timide femme rousse aux multiples tâches de rousseur apparut une pile de serviette dans les bras. une fois dans la salle de bain, les deux femmes s’échangèrent un regard complice. Chris harm regardait à travers la baie vitrée. Aden le trouvait bel homme, elle le comparait à un Dieu grec ; rien à voir

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avec Wynne ou Hayes, lui était lumineux et vraiment très beau garçon. « Restes un peu avec moi je vais vérifier la kitchenette ! » Toutes deux quittèrent la salle de bain et les battements du pied fou de Chris reprirent de plus bel. . Aden vérifia tout ce qu’il y avait à vérifier sous le regard lointain d’Edith Quand chris apparut dans le chambranle de la porte. Il resta là à ne pas savoir s’il devait avancer ou non. Le crayon à la main il prit un verre dans le placard aux portes de verres et s’en remplit un qu’il avala cul-sec. Edith aurait à nettoyer derrière lui. Appuyé là contre l’évier il l’empêchait de travailler. Il observait Aden sans la moindre pudeur. Accroupie notre gouvernante vérifiait que rien ne soit tombé derrière le meuble. Son travail n’était pas si différent du sien. Il devait tout vérifier derrière ses techniciens et trouver une solution à chaque problème. « Edith, allez me chercher un chiffon propre si vous le voulez bien ! » Il s’effaça pour la laisser partir telle une fusée sur sa rampe de lancement. « Euh….vous avez besoin d’aide pour…. Pour pousser ce meuble ? —Non ! Mr harm c’est mon boulot, répondit-elle avec un radieux sourire. —d’accord ! » Il retourna dans la pièce principale. On eut dit un enfant réprimandé et sur le point de fondre en larmes. Les bras croisés sur sa poitrine il fixait la couverture de son rapport. Edith revint avec le torchon et en moins de cinq minutes out fut remis en place. « Bonne journée Mr Harm ! » Il ne répondit pas et dans le couloir Aden sourit pour elle, se sentant avoir des ailes sans aucune raison apparente ; Elle appela l’ascenseur quand il la rejoignit. Se sentant observée elle tourna la tête vers Chris avant de tenter un sourire.

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« I fait une chaleur à crever à l’extérieur. Une chance pour nous que nous ayons l’air conditionné. Sur quel pont descendez-vous ? » Il ne répondit rien et son index se posa sur le bouton du F. Il leva la tête pour fixer le plafond et Aden l’imita. Et la tête toujours relevée, il posa les yeux sur sa lèvre charnue. « C’est votre première croisière ? Alors un baptême s’impose. » Aden sourit en se sentant rougir. Des employés montèrent dans la cabine pour aller se restaurer. Il recula davantage pour se retrouver près d’elle. Leur bras se toucha. Dieu qu’il est grand ! On dirait un géant ! Je suis ridiculement petite près de lui ! De nouveau il l’étudia. « Et pour vous, c’est votre première aussi ? —Non j’ai fait mes gammes sur le sister-ship de l’Elysium, Le Panthéon pour son voyage inaugural, il y a deux ans de cela. Je ne pensais continuer l’aventure mais Dan, enfin le commodore Ekeberg m’a convaincu de venir sur l’’Elysium. J’ai travaillé sur la maquette de celui-ci et je l’ai assisté sur sa construction sur les chantiers navals de France. C’est toujours gratifiant de voir son petit bébé évoluer en toute confiance. —J’imagine. Je voulais vous remercier d’avoir interférer en ma faveur. —Sans quoi ils vous aurez mis à la porte, c’est ça ? Aucune chance,, votre ami Durand est très persuasif. » Les étoiles plein les yeux, Aden le fixait en se disant qu’elle aimerait à se tenir contre lui à la proue du paquebot comme Jack et Rose dans le mythique Titanic de James Cameron. Ils arrivèrent sur le pont H quand la belle Aden marqua une pause à ses pensées. « C’est là que nos routes se séparent, Mr Harm. —Appelez-moi Chris. » Une fois sur le pont réservé aux espaces fitness, spa, piscines, squash, jogging track et autres axes sportifs. Depuis peu Aden discutait avec Sandra Guerre, une grande et jolie blonde aux allures de déité

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scandinave. En la voyant arriver, Sandra ne put s’empêcher de lui dire : « On dirait que tu planes à mille lieues de la terre, là. Qu’est-ce qui se passe là dis-moi ? Racontes-moi je veux tout savoir ! —Oui c’est plutôt inattendu. Il est….très séduisant et quand il me parle, alors je deviens complètement stone, répondit-elle en passant derrière le desk pour embrasser Sandra. « C’est un client ? Cette hypothèse n’est pas à exclure. Tu ne seras pas la première ni la dernières à le faire. Ils nous offrent des verres et dansent avec ils arrivent que parfois certains se montrent très démonstratifs. En tous les cas dans notre département bien-être, rien ne l’interdit. On est en contact permanent avec la clientèle et nous avons accès à certains ponts pour les exercices en pleinêtre. Ne me dits pas que c’est quelqu’un de ton service, tu me décevrais. —Sandra, revenons un peu sur terre. Je ne suis pas venue pour te parler de cela. Mon client de la 614 est-il passé ? » Elle consulta l’écran de son ordinateur. « Oui, il est encore là d’ailleurs, au jogging track. Pourquoi ? Aurait-il saccagé sa chambre ? Attends une seconde, j’ai un appel qui rentre…. Bonjour, la réservation de l’’espace bien-être de l’Elysium j’écoute !....Oui bien-sûr, toute l’équipe de l’Elysium vous attend pour midi trente ! je vous en prie, c’est nous qui vous remercions ! Nous vous attendons Mme Chandler ! Donc tu voulais savoir quelque chose sur Mr Garner en particulier ? —A-t-il réservé pour la semaine ? —Non, il a dit qu’il réserverait à la journée, répondit la blonde en prenant un air conscrit, l’Elysium propose pourtant de nombreux forfaits, mais il n’a rien voulu entendre. —Quand il sortira, remets-lui cette carte de visite. C’est celle du majordome Durand. —Tu crois qu’il a les moyens de se payer les services d’un majordome ? Et quand je vois comment

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travaille Nick Stttleworth, je me dis qu’on est vraiment peinarde à faire ce qu’on fait. Ce métier je n’en voudrais pour rien au monde. C’est très éprouvant. Et puis continuellement sous la menace de perdre les faveurs de son client. Tu sais que Durant travaillait avant pour les SEALS ? Il a travaillé pour le gouvernement avant de changer de voie. Il a amorcé un virage à 180° et il est très impressionnant avec ses airs de garde-dy-corps. —Sandra il est très important que tu remettes cette carte à Mr Garner, je t’en serais très reconnaissante ! » A la cantine, le choix d’Aden se porta sur un croquemonsieur avec salade. Elle se mit à table en se léchant les babines. Son téléphone sonna au moment où elle passa le premier morceau entre ses lèvres. « Rejoins-moi à la suite 123 ! » Durand avait le chic pour l’appeler quand elle se trouvait sur son temps de pause. Les employés bénéficiaient d’une heure et Buckley insistait sur le fait qu’il leur était impératif de se reposer. Il y avait suffisamment de personnel sur les étages pour permettre trois rotations dans la journée, soit de minuit à midi. Chaque partie pouvait donc se retirer à l’ombre et tirer profit de leur repos. « Mr Syed est ici et a demandé à te voir. Pour le moment il est au téléphone. C’est quoi le bordel avec la 614 ? Pourquoi Suttleworth est sur le coup ? —Je n’en sais rien ! J’avais pourtant remis ta carte à Sandra Guerra de là l’espace bien-être. je ne vois pas où ça à merdé. Il se puisse que Nick est les oreilles longues. —Bonne déduction Sherloc ! Et maintenant je suis censé faire quoi ? C’est une erreur de débutant et ne ma baratines pas là-dessus, le problème vient de toi. Tu as dysfonctionné à un moment ou à un autre. —C’est la deuxième carte que je lui remets. —Quand une fois aurait suffit ! C’était la deuxième de trop. C’est de l’harcèlement. Tu as eu mon potentiel client à l’usure et je ne vois plus comment te faire

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confiance maintenant. J’ai seulement eu tort de croire en toi. On va s’arrêter là toi et moi. » Le choc fut terrible pour Aden. La porte de la terrasse s’ouvrit sur Hogen Syed. Il tendit une poignée de main à Aden. « Vous allez bien Miss Hamill ? —Et vous-même Mr Syed ? » Il répondit par un sourire sincère avant de l’inviter sur la terrasse. Des plus calmes et le suivit, sous le regard implacable de Durand. « Vous voulez boire quelque chose ? Questionna Hogen en remontant son pantalon sur sa chemise. J’ai du Perrier bien frais et du jus de quelques fruits exotiques. Servez-vous, c’est dans le seau à champagne. Pour moi ça sera un Perrier…. » Il le décapsula et le but de moitié. « C’est cool….. ce métier vous plait ? —Je ne l’ai sûrement pas choisi par dépit Mr Syed. —Elle est piquante, j’aime ça. » Durand eut du mal à ne pas lui en vouloir. Elle était irrésistible pour reprendre le mot de Syed. Hogen la dévisagea de la tête aux pieds. Par sa faute il venait de perdre un contrat de plus de cent millions de dollars avec Garner. « Je devais déjeuner avec Mr Garner ce midi! Mais il semblerait que Mr Durand n’ait pas réussi à l’approcher. Nous allons donc essayer de trouver un autre moyen de l’aborder. Que préconisez-vous Miss Hamill ? » Par sa faute, il venait de perdre un contrat. Comment ne pas ‘en vouloir ? Idiote je suis, idiote je resterais ! Et son attention se porta sur Durand resté tout contre le bastingage. Lui devait bien avoir une solution. «Je vais trouver une solution Mr Syed, répliqua Durand, ce n’est que parti remise. Vous n’avez aucune crainte à avoir. Miss Hamill peut retourner à ce qu’elle sait faire de mieux. —D’accord. Vous avez entendu ? Vous pouvez retourner à vos étages ! »

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Par deux fois elle se trouvait être humiliée devant un client et la boule au ventre retourna sur le pont M. Comme il s’y trouvait un piano, Aden joua du Chopin, soit son Prélude en pour évacuer son stress. Elle jouait du piano pour taire ses angoisses. Le meilleur moyen pour elle de décrocher. Sa mère était une grande pianiste qui avait occupé les scènes du monde entier, bien qu’elle n’ait pas son talent, Aden jouait avec discernement, y mettant toutes ses émotions. Mark Wynne qui passait par-là l’entendit, stoppa net sa progression pour l’entendre. Il eut alors le désir de se tenir près d’elle pour jouer à quatre mains. Lui jouait de l’alto depuis toujours. Ensemble ils pourraient ravir les oreilles des plus mélomanes des employés. Il se dit que la petite Hamill était pleine de ressources et qu’elle ne resterait pas longtemps gouvernante ‘étage sur l’Elysium. June devait accepter un emploi de Cruser Director sur un autre paquebot de la compagnie maintenant qu’elle devenue crédible. Pour le service de la couverture du soir, Aden frappa à la cabine du capitaine. Il écoutait son Rossini en lisant le rapport de Chris Harm. Edith et Aden ouvrirent le lit, déposèrent des serviettes et le room service, fit le point sur les minibars. Au moment de partir Aden fit cette chose stupide de refermer trop prestement la porte de la baie vitrée de la terrasse de la mezzanine. La porte se referma sur son doigt. Elle put descendre l’escalier malgré la tête en ébullition et arrivée en bas elle s’écroula sur le sol Quand elle reprit connaissance, Ekeberg la tenait par la main pour prendre son pouls, un verre d’eau dans l’autre. « Le médecin est en chemin, répliqua Wynne en la voyant recouvrer lentement ses esprits, vous cherchiez à nous causer une petite frayeur Miss Hamill, c’est bien ça. —C’est Rossini….j’adore ce mouvement, murmura-telle en se redressent la tête molle. —Non, surtout restez allongée. Tant que le médecin n’est pas arrivé vous devez rester allongée.

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—J’aime beaucoup ce mouvement. Ma mère l’a joué plusieurs fois au piano et…. —Miss Hamill est notre pianiste, crut bon déclarer Mark Wynne en l’allongeant. Vous êtes plutôt douée, il faut l’avouer. —J’ai encore des chambres à contrôler, parvint-elle à murmurer, le regard vague. Je ne peux pas rester allongée. » Le Docteur lance arriva, sa mallette en bandoulière sur son épaule. Derrière lui suivait Rebecca Marston, l’assistante de Buckley. Sur le banc de touche Aden devait se rassurer en sachant qu’elle serait immédiatement remplacée dans ses fonctions, mais tout cela l’angoissait. Lance prit sa tension. Basse mais rien d’anormal après un évanouissement. « Entre les insolations, let les pets maux, il me manquait votre évanouissement. Vous dormez bien ce moment ? Et vous mangez correctement, Il est important pour vous d’avoir une bonne hygiène de vie. On ne vous demande pas de courir le marathon mais c’est tout comme. Mrs Marston a couru celui de New York l’année dernière. Elle vous dira que la course dans les couloirs de l’Elysium est un bon entrainement en la matière n’est-ce pas ? —Ah, ah ! C’est sûr ! Mais je ne sais pas ce qu’il y a de plus dur entre le fait de courir sur le bitume dans toute cette pollution urbaine ou bien le fait de courir sur la moquette avec des chaussures absolument pas prévu pour la marche ? Il faudra me dire ce qu’il cloche avec tous ces paradoxes, Docteur. —Ah, l’humain est ses paradoxes ! Reposez-vous une bonne heure Miss Hamill et tout devrait rentrer dans l’ordre progressivement. Mon capitaine, veuillez à ce qu’elle se repose. » Tous trois sortirent et seule avec Ekeberg, Aden se couvrit les yeux. « Ma mère a joué ce morceau à Berlin. Quand j’avais neuf ans elle m’a emmené à la Scala de Milan pour le barbier de Séville. Depuis je l’associe à ce voyage. —Et vous jouez du piano ? —J’ai été au conservatoire pendant dix ans. »

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Aden s’endormit sur ce canapé. Elle se réveilla d’un bon à vingt-trois heures. Cette couverture chaude en était la cause. « Oh, mon dieu ! Quelle heure est-il ? C’est l’horreur je ne me suis pas réveillée ! —Calmez-vous ! Votre journée est terminée alors détendez-vous. Je peux vous faire monter un bon repas chaud. Vous devez avoir faim. » Aden tira sur la manche de sa chemise après avoir défait son chignon pour repeigner ses cheveux en désordre. « J’aimerai beaucoup que… ;que vous arrêtiez de courir, tout le temps et que vous essayez de vous reposer un peu. Asseyez-vous, je vous appelle le room service… Oui c’est le capitaine Ekeberg…. Pourriezvous me monter de quoi grignoter s’il vous plait….oui ça sera parfait. ..oui mettez ça, c’est parfait….dans cinq minutes d’accord ! » Cinq minutes plus tard le room service monta avec sa commande. Aden enfermée dans la salle de bain le laissa régler. La porte refermée elle déboula dans la pièce pour soulever la cloche du plat chaud. Elle se mit à table, la serviette sur posée sur les cuisses. Elle allait honorer ce repas gastronomique comme il se devait. Le regard d’Aden croisa le sien. Il détourna les yeux d’elle et retourna à l’étude de son dossier. « Quelle matière enseigniez-vous à l’université ? —J’étais au département de Sciences Appliquées. Je formais de futurs ingénieurs capables de produire de l’innovation. L’un de mes anciens élèves est ici sur l’Elysium et il semblerait que vous ayez fait sa connaissance. Je parle de Mr Harm. Il ne fut pas le meilleur de sa promotion mais certainement la plus courageux. Il était différent des autres et très singulier dans sa façon de penser. C’est une fierté pour moi de le voir rendu là où il est aujourd’hui. » Aden quitta la cabine du capitaine et frappa à celle de Durand. Il la fit rentrer et Aden remarqua tous les musques sous sa chemise. Un ancien des SEALS avait Sandra.

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« Je sors de chez le capitaine suite à un malaise. Mais il m’est insupportable de lui mentir pour gagner ses faveurs. C’est un chouette type qui pourrait être mon père. Je ne peux pas le berner en jouant les courtisanes. —C’est toi qui vois, je ne t’ai jamais forcé à rentrer dans sa cabine et simuler un évanouissement. —Je me suis coincée le doigt dans la porte ! » Il savait en la regardant qu’elle ne lui mentait pas. Il retourna s’assoir sur son lit et elle l’imita. « Tu es vraiment un ancien des Forces Spéciales ? —N’écoutes pas tout ce qu’on raconte sur moi. Le reste est un pur ramassis de conneries. C’est une sorte de fantasme collectif. Je fais ce boulot-là pour subvenir à mes besoins comme toi d’ailleurs. Ce travail paie plutôt bien et je n’ai pas à me salir les mains, ce qui est pas mal compte tenu mon passé. —Tu étais un mercenaire ? —On l’est tous à notre manière. On travaille pour quelqu’un qui nous exploite. Vrai ou pas ? Je veux être mon propre patron. Soit prendre des décisions seul. » L’intérêt de notre Aden allait grandissant. Avec lui son crédo était : Marche ou crève ! Et Aden ne voulait pas rester sur le carreau. Cette croisière multipliait ses chances d’être considérée. Travailler sur l’Elysium lui fournirait d’excellentes références et apporterait quelques lauriers de la gloire à son cursus. Leland la trouvait jolie quand elle réfléchissait. Elle avait une telle force en elle qu’il lui serait dommage de ne pas en profiter. Elle irait loin cette petite, songea-t-il en la découvrant sous cet angle-là. Celui d’une femme enfermée dans un carcan de convenances, s’appliquant à satisfaire un employeur cupide quand elle pouvait d’un battement de cil faire fondre les cœurs. « Tu as pensé que je pourrais te servir d’alibi auprès de tes copines de cabine. Elles se posent des questions sur toi et pas des moindres. Les réceptionnistes sont bruyantes. Une véritable ruche qui bourdonne autour d’une reine. Et cette McLean a un sacré tempérament.

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—je l’avais deviné oui. Elle semble faire la pluie et le beau temps dans son office. —Si tu veux qu’on te fiche la paix alors s’aborde ses plans avant qu’elle ne se mette à colporter de fausses rumeurs sur toi. Quand la rumeur gronde il n’y a plus aucun moyen de la stopper. —Et tu as entendu quelque rumeur sur moi ? —A ton avis ? Quand une jeune recrue monte sur l’Elysium et se voit attribuer la gestion des suites des officiers c’est forcément une source de papotage. Alors je te sers d’alibi pour ce soir. Je te ramène auprès de ces pintades dans une heure. On va faire assez de barouf pour taire ses langues acerbes. Cela te convient ? »

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CHAPITRE Kristy McLean cessa de sourire en voyant arriver Aden, queue de cheval haute, yeux de biche et moue boudeuse elle éprouva un sentiment de jalousie teintée de haine. Comment se montrer aimable en ayant appris que la petite Hamill s’était sentie mal dans la cabine du capitaine Ekeberg ? A présent tous les regards se posèrent sur cette naïade à la peau halée et à la poitrine ronde et ferme, au fessier rebondi et à la démarche de déesse ? « Bonjour Aden, je peux t’aider ? —Je crois bien oui, répondit-elle froidement en s’appuyant sur le desk au milieu des autres clients. J’ai besoin du nouveau listing des VIP. —Je l’ai remis ce matin à Buckley. Pourquoi ? —Sauf qu’il ne me la pas remise. Or il y a eu des nouveaux arrivants hier. —Cette liste ne te concerne pas, coupa Kristy assez fort pour être entendu par les autres. Elle concerne certaines de ton service pas toi ! » Ah, bon ! Elle veut le prendre comme ça ! Aden gonfla la poitrine, prête à passer aux hostilités. Carrie Collins mis son appel en suspens pour mieux écouter, à côté d’elle Dany an chercha du regard Emily Bryant qui elle sourit à l’intention de Julie Morgan avide de scandales. « Si c’est personnel tu devrais revoir tes priorités, tu ne crois pas Kristy ? —je te demande pardon ? —Derrière ce desk vous avez une copie des VIP qu’il vous suffirait de photocopier. Cela ne te prendra que deux minutes alors pourquoi tergiverser ? je te l’ai demandé gentiment, il me semble. » Carrie Collins se précipita à vers Aden sentant que le ton montait. « C’est la liste Aden. Il y a six nouveaux arrivants. Tu as de quoinoter ? » Elle savait qu’une fois le dos tourné, Kristy s’empresserait de contacter Buckley pour lui faire part de la trahison survenu en la personne d’Aden

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Hamill. Aden n’était pas stupide a point de ne pas deviner ses desseins. N’avait-elle pas anticipé en disant à Buckley qu’elle avait besoin d’une feuille VIP à jour pour soulager la charge de travail des filles du pont B et C. lui n’avait pas répondu, sauf qu’elle avait insisté disant qu’elle comptait privilégier les bonnes relations entre elles. « Contente-toi de faire correctement ton travail sur le pont A et ne te soucie pas de l’ambiance. Je suis là pour ça. —Mais ce n’est qu’une vulgaire liste ! » Il n’avait rien répondu à cela. Aden n’était pas la pire. Les filles comme Zoe Cass, Noomi Lehave, Kelly Rhode pour ne citer qu’elles, étaient de véritables harpies. Elles taillaient tout le monde et contestaient les ordres de Stuart Buckley non pas devant les clients mais devant ses supérieurs hiérarchiques. Leur jeu préféré revenait à le pousser dans ses retranchements en lui faisait avouer des choses incohérents au fonctionnement e son service. Buckley ne laissait rien transparaitre à son malaise mais par bon sang ne préférait par leur donner de la matière à réflexion. Il distillait ses informations et ne répondait jamais par la négative. Par contre il ne se gênait pas pour les réprimander par écrit. Le listing en main Aden remonta sur son étage, déchira la feuille en mille morceaux pour la jeter dans la première poubelle. Le majordome Nick Suttleworth la vit arriver et lui emboita le pas. « Bonjour Nick ! —J’ai un petit problème avec toi Aden qu’on va régler tout de suite concernant le client de la suite 614. Viens par ici, s’’il te plait ! Ce que tu magouille avec Durand ce n’est pas mon problème. Mais je ne peux pas supporter qu’un autre marche sur mes pieds de bande, en l’occurrence Durand. —Si tu as un problème avec lui, vas le voir. —C’est Garner lui-même qui m’a contacté. Regardemoi quand je te parle ! Tu as intérêt de savoir ce que tu fais Aden parce qu’ici c’est une fosse aux lions.

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Seuls les plus forts survivent et tu ne pourrais pas toujours te cacher derrière Durand. Il se lassera de toi comme il la déjà fait pour les précédentes. A ton avis qu’est devenue la fille que tu remplace ? Combien de temps avant qu’il ne te jette comme une vulgaire éponge après t’avoir pressée ? C’est son mode opératoire et tu ne dérogeras pas à la règle. —Tu as signé avec Garner alors oublie-moi. —Mon client veut te voir. Maintenant. » Dean ouvrit la porte de sa suite et en voyant Aden afficha un sourire. Il portait un simple t-shirt sur un jean apiécé aux poches arrière tombantes sur son fessier plat. Il se passa la main dans ses cheveux et les pieds chaussés de tongs il arpenta son salon à la recherche d’un dossier. « Votre ami du pont H m’a remis cette carte de visite et je me demandais si vous pouviez me présenter à votre complice. Je vous suis ? » Aden lui aurait sauté au cou pour le remercier de sa bienveillance. Elle le trouva à la véranda du pont A en compagnie de ses clients dont Dorian Farr. Il se leva pour l’accueillir tout en refusant de lâcher Dean Garner du regard. « Ah, Miss hamill ! Venez donc prendre un verre avec nous ! —Je ne bois que quand je dos, Mr farr ! » Il éclata de rire penché vers son seau à champagne. Déjà on s’empressait de lui remplir une flûte de champagne qu’elle prit par politesse. « Elle est charmante n’est-ce pas ? C’est ma gouvernante Miss Aden Hamill, fanfaronna Dorian Farr derrière ses lunettes solaires. C’est sa première croisière alors il faut un peu la ménager ou bien elle ne fera qu’une saison. » Elle répondit par un sourire et se tourna vers Dean garner visiblement incapable de se présenter de luimême. il ne semblait pas à l’aise et la main crispée sur sa pochette il ^ta ses lunettes Ray Ban pour s’en remettre à Aden. « Mr Garner, je vous présente Mr Dorian Farr et ses amis les Carter, Clive Williams et Mal Goddard ! »

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Leland Durand l’avait renseigné avant qu’elle n’apparaisse et flattés les hommes se levèrent tour-àtour pour lui serrer la main et celle de Dean Garner. « Dean Garner comme le Dean Garner de Londres ? Il y a eu un article dans le Forbes sur votre fulgurante ascension et je rêvais de vous rencontrer Mr Garner ! —Le plaisir est pour moi Mr Farr. —Et le majordome Mr Leland Durand que vous souhaitiez rencontrer ! Je vous laisse faire plus ample connaissance, je dois continuer mon travail. » Avec discrétion elle posa son verre sur le guéridon et disparut sans que personne ne s’en aperçoive. Excepté Mark Wynne discutant avec le Directeur de l’événementiel Ian Howell. Il l’observait depuis son arrivée avec Farr et aussi étrange que cela puisse paraitre il ressentit de la jalousie. La fin de journée mouvementée l’avait laissé chaos. D’abord Hamill et son malaise et puis le problème dans les cuisines en raison d’une courte panne d’électricité dans le secteur AZ1. Il n’avait pas une journée qui valait son pesant de cacahuète mais celle de la veille fut particulièrement osée. En tant que directeur de croisière il ne pouvait tolérer la moindre avarie, la moindre rébellion au sein de son équipe, le moindre ennui avec les officiers. La compagnie l’employait une fortune pour qu’il engrange des millions de dollars par jours. tout devait se dérouler comme sur des roulettes mais le malaise de la gouvernante Aden Hamill avait révélé une faille dans son incorruptible management. Le fait qu’elle soit belle comme un cœur n’arrangeait rien à son problème. Il devait se montrer inflexible envers elle ; jamais jusqu’à présent il n’avait senti pareil intérêt pour une employée encore moins pour une gouvernante incapable de se maitriser dans ses relations à l’autre et qui plus est, copinait avec le majordome Durand. « Bonjour Mr Wynne ! » Il l lui répondit par hochement de tête. Elle sut qu’il lui reprochait une fois de plus sa conduite.

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« Bonjour Miss Hamill ! Vous semblez avoir repris du poil de la bête. Vous travaillez maintenant dans les relations publiques ? —C’est à-dire ? —Il y a une hiérarchie à respecter ainsi qu’un organigramme. Une fois de plus vous oubliez votre place. Sans parler de l’échauffourée que vous avez eu ce matin avec Nick Shuttleworth. Cela commence à peser beaucoup, Miss Hamill. —Soyez rassuré, je descends aux Caraïbes. —Ce n’est pas la réponse que j’attendais. Je n’aime pas les grands airs que vous prenez quand on vous réprimande. Que vous descendiez dans les Caraïbes ne doit pas excuser votre incompétence. —Mon incompétence ? Alors maintenant c’est de ça qu’il s’agit ? —Oui. Vous êtes passée à la réception et causé quelques tors à l’équipe en place. Je ne veux plus en entendre davantage sur vous ou bien vous regagnerez votre cabine jusqu’à vous débarque ! » Aden ne sut quoi ajouer. Nick avait raison, sans Durand elle n’était rien. Le vent pouvait tourner et la propulser à des miles de là avec ses bagages et son passeport quelque part entre la Jamaïque et La Martinique. Les sourcils froncés, Wynne continuait à la regarder. Trop c’était trop ! L’ascenseur arriva et au dernier moment, Aden prit l’escalier. Elle faisait bien son travail alors pourquoi lui en vouloir à ce point ? Elle accusait avec difficulté le coup. On ne pouvait lui reprocher son incompétence puisqu’elle se battait à armes égales. Mais il y en aurait toujours à médire sur son travail et ceux-là étaient dangereux, une espèce de confrérie de requins aux dents longues de ceux qui rayent le parquet. Elle serra les poings et déglutit avec peine. Wynne est un imbécile, il n’entend rien dans son beau costume Armani ! Et elle pensait aller jouer du piano pour éteindre le feu brûlant sa poitrine. Aux Bahamas montèrent un groupe de pop-rock à la mode et ils logeaient dans les suites du pont B et Zoe Cass avait le privilège de pouvoir s’immiscer dans leur

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intimité. Les deux groupes logeaient dans quatre suites et Aden savait par expérience que les autres clients n’approuveraient pas le bruit de leur réunion nocturne. Juliette Wilkerson, l’assistante d’Ian Howelle à l’entertainment investissait les lieux pour tout régenter en compagnie des managers de ces derniers. Aden chercha à communiquer avec Zoe mais cette dernière l’envoya sur les roses. « Ce qui se passe sur mon pont ne te regarde absolument pas !alors n’insiste pas ! Moi je ne monte pas savoir si tes clients sont trop bruyants pour ceux des ponts inférieurs. Non mais sans blague ! » Elle ne l’entendait pas de cette oreille mais personne ici ne voulait l’entendre souligner des problèmes propres à ce type d’hébergement. « Aucun client ne se plaindra, Miss Hamill et si cela venait à se produire ils n’auront pas à payer leur place lors d’un concert. Alors tout va bien dans les meilleurs des mondes, répondit Juliette en lui tournant prestement le dos, vous n’avez pas à vous en soucier, ce ne relève pas de vos attributions ! » Au bord de l’écœurement, Aden ne comprenait pas qu’on puisse laisser cette troupe de musiciens disparates semer la zizanie. Sa rock star Scott Dagget ne faisait pas entendre parler de lui. Il buvait, fréquenter les filles mais s’arrangeaient pour laisser l’endroit propre et ses voisins de cabine en paix. L’un des groupes jouait ce soir-là au pont I, il n’y avait plus de place à vendre. Les clients ici comme sur terre déboursaient une fortune pour les écouter jouer. Aden ne comprenait pas leur engouement pour de la musique éphémère juste produite pour contenter la masse mais sans grande originalité. Vers dix huit heures, elle passa pour la couverture dans les suites des officiers. Ekeberg s’y trouvait être, une tasse de café à la main. « Comment s’est passée votre journée Miss Hamill ? —Pas aussi passionnante que je l’aurai imaginée. De Toute part j’ai du subir maints affronts. Ceux de la réception, puis ceux de Mr Wynne, puis ceux de Mrs Wililkerson au sujet du groupe qui va se produire ce

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soir. Pour tout vous avouer j’ai la tête dans un étau et je vais retrouver mon lit avec joie. —Je vous aurai offert un peu de café si vous m’aviez du que vous assisteriez au concert côté backstage. —Non, je laisse ce plaisir aux groupies de la réception. Je n’éprouve aucun attrait à ce genre de show. Je suis restée très classique, c’est là mon héritage familial. Et pour me consoler je me dis que tout cela sera terminé demain quand nous serons à St Martin. » Dan Ekeberg ne comprit pas un mot de ce qu’elle voulait dire ; ou plutôt il avait bien saisis ses propos. Aden Hamill allait le quitter. Or il avait l’intention de la garder près de lui pour tout le temps que durerait la saison. Et puis que penserait Chris Harm du départ de sa nouvelle amie ? la présence de la petite Hamill l’avait transformé : il trouvait le monde plus séduisant maintenant qu’il avait Aden. Dan posa sa tasse de café, se racla la gorge et appuya ses mains sur la commode tout en suivant du regard notre Hamill. « Et pour vous ? Comment fut cette journée ? N’estil pas difficile pour vous de passer tous vos repas avec les passagers de l’Elysium ? J’aurai des difficultés à me plier à cet exercice. Mais n’est pas capitaine de vaisseaux qui veut ! —Euh….Miss Hamill, vous avez assez de ressources pour retourner à new York ? Le prix des billets sont excessivement chers en cette période de l’armée et si vous n’avez pas réservé je crains que vous ne payez plein pot. Sans parler des chambres d’hôtel. cette escale à St martin va vous ruiner. Le Brésil est on ne peut plus abordable. On pourrait vous obtenir un billet d’avion en classe économique mais selon moi ce n’est pas non plus une solution ; vous allez perdre beaucoup d’argent car votre assurance ne couvrira pas un tel dommage. —C’est que je n’ai pas le choix capitaine, je me trouve être acculée suite à la décision de Mr Wynne.

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—Je ne crois pas qu’il ai pris une telle décision vous concernant. Il s’agirait probablement d’un malentendu. » Le sourire apparut sur les lèvres pleines d’Aden. Il est trop mignon à s’inquiéter pour moi ! Edith sortit, elle allait parachever cette conversation quand Ekeberg se redressa et caressa sa barbe poivre-sel. « Il cherchait seulement à vous faire peur afin de vous faire réagir. Retrouvons-nous dans trois heures nous reparlerons de cela devant un bon thé. Nous seront tranquilles sur le pont F. Que dites-vous à neuf heures trente au niveau du pont promenade ? —Mon pass sera désactivé une fois que j’aurais restitué mon uniforme. Par conséquent je n’’aurai pas accès à certaines zones. —C’est exact. Dans ce cas je viendrais vous chercher à l’endroit de votre choix. —J’aurai l’impression de vous pervertir. Capitaine, je suis flattée de toute cette attention mais je compte vraiment me reposer ce soir. Et je m’en voudrais terriblement de vous détourner de vos obligations. Bonne soirée mon capitaine ! » Le service terminé, Aden se rendit dans sa cabine. Kristy McLean, Kerry Loncraine et Emma Parks s’y trouvèrent être en grande forme. Elles avaient obtenu le sésame tant espéré : leur laissé-passé pour cette soirée sur le pont I et toutes trois choisissaient leur tenue en les commentant telles des pièces hautecouture dont elles en eurent l’exclusivité. D’un pas las, Aen gagna sa couchette et brancha son Smartphone pour y écouter sa playlist. Comme ces dernières monopolisaient la salle de bain, Aden devait attendre son tours avec une patience angélique. Mais Emma se jeta sur son lit, le sourire illuminant son visage encadré par une chevelure blonde cuivrée. « tu pourrais venir avec nous, tu sais. Nous avons chacune notre pass mais personne ne te posera de questions si tu monte avec nous. On est trois mais cela serait cool d’y aller à quatre ! »

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Aden la dévisagea méfiante. Elles ne pouvaient lui proposer de monter avec elles en sachant le grabuge commis ce matin-même au desk ? « Il est comment Durand au lit ? Questionna Kerry sous le regard choqué d’Emma. Il en a une grosse ? Il doit te faire couiner non ? —Arrête Kerry, cela ne te regarde pas ! Entonna Emma brulant d’envie d’en savoir plus de son côté. Il ne t’a pas proposé de l’accompagner ? ce n’est pas très gentleman de sa part ça. On pensait qu’il t’emmènerait au moins prendre un verre… » Elle se tut en voyant kristy sortir de la salle de bain habillée d’une robe parme au dos nu. Les deux s’exclamèrent en applaudissant. Les commentaires fusèrent : « Whouah, tu vas tous les faire tomber ! C’est vraiment toi la plus sexy de ce paquebot ! En route pour St Martin ! On va s’éclater !A nous le carré VI ! » Aden de son côté soupira, éteignant son Smartphone pour se concentrer sur Kristy qui ne demandait qu’une fois de plus qu’on la remarque. Puis kerry fit quelques pas de danse endiablés sous les rires de joie d’Emma. « Allez, viens avec nous Aden ! On va bien s’amuser. On se payer un verre par les clients, ensuite on va au concert et ensuite on va danser. Tout ça sans rien débourser. —C’est l’avantage de travailler à la réception, lança Kerry en enfilant une robe sein-nus devant ses copines de cabine, on obtient ce qu’on veut sans le moindre effort. On ne couchera jamais pour gravir les échelons, non ! » Cette attaque fut destinée à Aden, mais elle s’abstient de tout commentaire. Cela ne valait pas la peine. Ce genre d’interprétations ne l’atteignait pas. « Oui, on a trop de classe pour s’abaisser à un tel niveau, répliqua Kristy en fermant la robe de Kerry, on laisse ça aux débutantes inexpérimentées. On a une certaine éthique : jamais avec un homme qui ne paie pas sa chambre ! »

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Les trois filles s’éclaffèrent. Aden remit ses écouteurs et activa sa playlist pour quelque chose de plus sonore comme du bon hard rock. Les filles parties, Aden glissa dans son lit après une bonne douche chaude. Elle lit une vingtaine de pages de son livre de poche et allait sombrer dans un someil réparateur quand on frappa à sa porte. Chris Harm se trouvait là, an appui contre le chambranle de la porte. « Salut ! Désolé de te dérangé si tard mais j’ai deux pass pour le concert de ce soir alors je m’étais dit qu’on pourrait y aller ensemble. A moins que tu aies autre chose de prévu….euh….tu voulais peut-être te reposer ? —Non, c’est cool. Laisses-moi cinq minutes, j’enfile quelque chose ! » Elle referma la porte sur lui. le cœur battant à rompre, elle se précipita dans son placard à la recherche ‘d’une tenue adéquate à un tel événement. Il est là ! Il est là pour moi ! Calme toi ma vieille ou ton prince s’envolera avant les douze coups de minuit ! Elle se farda un peu, releva ses cheveux, enfila quelque chose de séant et sortit, son magnifique sourire en guise de carte de visite. En la voyant jolie comme un cœur dans un haut bustier échancré et croisé sur la poitrine, il poussa un : « Oh ! Whouah ! » un rien l’habillait et dans ce haut soulignant sa généreuse poitrine et cette robe fourreau soulignant la coube parfaite de ses formes, Aden n’avaient rien à envier au star d’Hollywood. « n’est-ce pas trop osé pour une première sortie ? —non, vous êtes parfaite ! Vous êtes renversante, articula-t-iil en la dévorant des yeux ; C’est moi qui ne vous honore pas avec ma vieille chemise et ma veste en cuir. Vous êtes une baby doll et moi, un pauvre rocker sur le déclin ! » Elle rit de bon cœur, l’œil brillant et le cœur battant plus que de raison. Ils prirent un verre sur le pont F. Dans le café bondé ils purent jouir de la vue vertigineuse de ce panorama. Installée contre la baie vitrée Aden sirotait son cocktail avec en arrière-plan une mer d’huile se

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confondant avec le ciel. Aden ne parvenait à se calmer. Pour elle, ce moment était unique à graver à jamais dans son esprit. Il suffisait qu’il la regarde pour qu’elle se mette à sourire, le feu aux joues. « Ainsi vous nous quitez demain ? —Qui vous l’a dit ? Questionna la belle en posant son verre sur la table composée d’une mosaïque de pierres opaques. —On va dire que j’ai mes sources. » Son téléphone vibra dans sa poche et Chris harm le dégaina pour répondre à mark Wynne lui proposant de prendre un verre exactement sur ce même pont. Il ne savait quoi lui répondre. Wynne lui parlerait sans aucun doute des milliers de détails, d’ordre technique, à régler. Mais ce soir-là il ne serait pas enclin à l’écouter. Il avait mieux à faire. « Vous êtes très sollicité, c’est la troisième fos que vous prenez ce téléphone ! —Euh, désolé oui. Même en repos je dois faire face à quantités de variables. Et ensuite que ferez-vous ? —Je retournerai à Paris. Je vais essayer le George V, les palaces sont ce qu’il y a de mieux en matière d’avancement. Comme vous le savez je ne compte pas rester gouvernante d’étage tout ma vie. » Il ne l’écoutait pas. Nerveux il s’agitait dans son fauteuil. Il la voulait pour cinq minutes, dix heures, six mois, toute la vie. Son regard s’embruma et il dissimula sa bouche derrière son poing. « Vous êtes ambitieuse. —Oui, sinon pourquoi avoir choisi l’Elysium ? » Dieu qu’elle était jolie ! Il partit commander une autre consommation et Aden laissa ses pensées voguer à leur guise. Chris était vraiment charmant et s’il lui avait demandé de rester, elle l’aurait fait sans rien attendre en retour. Mark Wynne et Neil hayes arrivèrent, trouvèrent Chris Harm au bar et échangèrent quelques mots ensemble. Aden les vit et son regard se ternit. Sur l’Elysium on ne pouvait agir sans faire preuve de discernement et flirter avec Harm n’était pas sans conséquences. Elle prit son sac pour s’en aller

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discrètement. Il comprendra, pensa-t-elle. Mais Chris la vit partir et se précipita à sa suite. « Mais où est-ce que vous allez ? —j’ai passé une bonne soirée Chris mais je préfère vous laisser à vos compagnons. Vous avez certainement des tas de choses à partager, sisons plus concrètes que mes petites histoires personnelles. Bonne soirée Chris et encore merci pour le verre ! —J’ai dit ou fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? Aden, s’il vous plait… —Bonsoir Miss Hamill, murmura Wynne. Aussitôt elle baissa les yeux, serrant la bandoulière de sa pochette contre son épaule. « Nous n’allons pas vous déranger plus longtemps, Neil et moi. On se voit plus tard Chris ? Passez une bonne soirée d’accord ? » Leur présence venait de jeter un froid et même parti, Aden éprouvait des difficultés à se détendre. « Retournons nous assoir s’il vous plait…. » Vers minuit elle alla gratter à la porte de Durand. Il ferma sa veste pour la faire rentrer et en colère elle se jeta sur son lit pour envoyer ses escarpins à travers la pièce. « Des soirées comme celles-ci je n’en veux plus ! J’étais avec Chris et Wynne a tout gâché ! Il n’avait pas à venir foutre son nez dans nos affaires ! Maintenant j’en garde un goût amer ! Ce n’est pas correct de sa part ! Maintenant je passe pour une névrosée aux yex de Chris ! —Pourquoi n’es-tu pas restée ? Tu voulais pourtant coucher avec lui ? —Non, je ne couche pas facilement et surtout pas dans ce contexte !Je ne comprends pas ce ‘qu’il cloche avec lui. C’est un loup, un prédateur, oui qui ne pense qu’à tailler en pièces ses employés. Il est doué à ce jeu-là et derrière son regard tendre ce n’est qu’un monstre ! —Combien de verres as-tu pris ? —Je ne suis pas bourée, Leland ! Seulement contrariée ! C’était une putain de nuit romantique et tout état parfait. J’étais prête à vivre un moment

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d’euphorie. Putain je n’arriverais jamais à rien si je me lamente ! Je ne sais pas ce qui cloche avec moi. Sitôt que je trouve quelqu’un de bien, je le pers aussi vrai que deux et deux font quatre. Et le pire dans l’histoire c’est que je ne le fais pas exprès. Il y a quelque chose qui ne va pas avec moi. » Après avoir fini se de lamenter, Aden tomba raide de fatigue sur le lit de Leland et la seconde d’après elle ronflait comme un sonneur. Leland la glissa sous ses draps et la borda. La pauvre malheureuse ronflait tant que cela aurait pu réveiller les voisins de cabine.

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CHAPTIRE L’Elysium fit retentir ses sirènes au large de St Martin. Les passagers parmi les plus matinaux suivaient des yeux la manœuvre du paquebot. Aden prenait son petit déjeuner dans la grande salle du pont N. Ekeberg avait raison. Son vol du retour allait lui couter un bras, or elle n’avait pas cet argent. Elle aurait un départ dans une quinzaine de jour avec escale à Kingston. Un autre programmait une escale e Floride. Pour gagner paris elle aurait ainsi à débourser plus de trois mille euros. Cela n’était pas envisageable comme il n’était pas envisageable pour elle de retourner en Amérique. Elle prenait son café tout en réfléchissant à la marche à suivre. Elle pouvait toujours demandé de l’argent à Durand…. Wynne arriva et saluant les employés ici présent. En le voyant arriver vers les tables du milieu, Aden avala son café pour se précipiter à l’extérieur vers l’ascenseur principal, celui que la délivrerait de cet immonde Wynne. « Miss Hamill, bonjour ! » Et elle répondit faiblement sans même le regarder, concentrant son attention sur les boutons d’appel. Il fronça les sourcils avant qu’un rictus n’apparaisse à la commissure de ses lèvres. « Comment ça se passe sur vos étages ? —Cela suit son cours, je n’ai à me plaindre de rien. —June me dit que vous parlez russe et chinois. —Oui j’ai beaucoup voyagé en des temps anciens. —Il s’avère que j’ai un client récalcitrant sur le point G et…. —Ce n’est pas mon étage, coupa-t-elle froidement, hier j’ai eu la politesse d’avertir Mrs Wiilkerson que ses saltimbanques risqueraient de gêner mes clients qu’and elle a rétorqué que je devais me mêler de mes affaires. Je pourrais me montrer coopérative mais depuis hier matin la réception me tire dessus à boulets rouges et sabote mon travail en courtcircuitant mes relations avec le room service. Alors ne me demandez pas d’aller empiéter sur l’étage d’une autre, j’en serai contrariée. »

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Il monta avec elle sans la lâcher des yeux. « Vous avez un fichu caractère Aden, fichu caractère. J’ignore comment vous étiez au Plazza Athénée mais si vous étiez exactement la même que vous le laissez penser alors je comprends qu’il ne vous ait pas renouvelée. —Est-ce là votre façon de manager votre équipe ? Alors bravo ! Mais je ne comprends pas pourquoi la compagnie vous a propulsé au rang de Cruser Director parce qu’à ce rôle-là vous ne valez rien. Et vous voulez que je vous témoigne ma gratitude. Plutôt descendre à St martin et faire comme si tout cela n’a jamais existé. » Elle sortit sur l’étage ascendant. Alors Mark Wynne sut qu’il avait été trop loin. Cette situation, il ne l’avait pas voulue. Aden de son côté appela Durand et elle le retrouva dans la suite de Syed. « J’ai été trop loin, j’ai été stupide, bafouilla-t-elle, mais il m’a poussé à bout. Il a commencé à me parler de je ne sais quoi au sujet d’un client russe et j’ai paniqué parce qu’il semblait vouloir m’écraser. Et puis il a mentionné mon sale caractère et là j’ai vu rouge. Je lui ai fait entendre ce que je pensais de lui. Tous les palaces du monde entier font me blacklister parce que j’ai merdé Durand ! —On peut le dire oui, surtout qu’il n’a pas signé ta fin de contrat. Tu viens de te tirer une balle dans le pied, Aden. C’est dommage je commençais à m’habituer à toi ! Viens par ici. Tu veux un café ? Hogen est en conférence, il ne remontera ici que dans une heure. Tu veux un sucre avec ton café ? Avant de descendre il m’a remis cette enveloppe pour toi. Vas-y ouvre-la !» Des plus fébriles, aden l’ouvrit. Il s’agissait d’un chèque dont la valeur comprenait plusieurs zéros. Incrédule, Aden relit le montant : 20 000$ ! Non, cela ne pouvait être possible. En proie à un indicible malaise, elle interrogea Durand du regard. « Hogen veut te remercier pour le coup de main concernant Dean garner. C’est une coquette somme et tu mérites bien cette rétribution. Si tu avais échouée

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Syed aurait été très contrarié mais ses camarades des ponts inférieurs n’ont pas cessé de faire l’éloge de ta personne. Il semblerait que tu ais agi de façon remarquable concernant le groupe de rock en allant directement sensibiliser Juliette Wilkerson. Elle n’a pas apprécié ton intervention mais tu as su prendre des risques, Durand se pencha à son épaule. C’est ce que j’aime chez toi, cette prise de risques qui te caractérise si bien. Il est très probable que cette petite garce de Wilkerson ait fait un rapport contre toi à votre hiérarchie mais dis-toi que cela dans certaines circonstances, est nécessaire. —Hogen aurait simplement pu me dire merci. Pourquoi autant d’argent ? —Une façon de t’attacher à lui. Possible qu’il vienne à te proposer un emploi, non pas sur ce paquebot mais à New York. On va dire qu’il s’agit d’un coup de foudre professionnel. Bois ton café et surtout pas un mot à quiconque sur ce chèque. » Ce qu’elle s’empressa de faire, des plus fébriles. Jamais encore elle n’avait touché un tel montant en si peu e temps ! Durand ne la lâchait pas des yeux. « Une dernière chose Aden, quoi que dise Wynne et quoiqu’on te propose sur l’Elysium tu dois l’accepter. Le petit papa de Wynne a investi beaucoup d’argent pour cette compagnie. Actuellement trois paquebots de luxe sillonnent toutes les mers du globe et Wynne Junior comme tous ceux de sa catégorie, est un mégalo avec des idées novatrices. Dans moins de trois ans, il prendra la tête de cette compagnie et il voudra s’entourer que des meilleurs. A toi de lui prouver qu’il peut te faire confiance. » Aden profita des check-out de midi pour descendre voir Mark Wynne dans son bureau. Il l’invita à assoir et le silence les recouvrit tous les deux. Elle ne savait pour quoi commencer et lui attendait un signe de sa part. De toute sa carrière il n’avait connu ça. Il n’avait fait que penser à elle depuis ce début de matinée et son explication dans l’ascenseur l’avait dérouté. Wynne se sentit perdu, non pas qu’il n’ait pas les épaules assez large pour gérer son personnel mais bien parce

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que notre Aden ne le laissait pas indifférent. Et qu’avait-il ressenti en la voyant la veille en compagnie de Chris Harm ? De la jalousie. « Je tiens à m’excuser pour ce matin. J’étais en colère. —Non, c’est moi qui tiens à m’excuser. Je n’aurai pas du me montrer offensant. —Et moi réagir ainsi. Cela ne me ressemble pas. D’habitude je suis plus complaisante. » Il la fixait longuement, perdu dans ses pensées. Il eut envie de l’emmener à un concerto de piano et orchestre. Le premier venu. Et pourquoi Rachmaninoff et son N°2 Opéra 18 ? Il lui tiendrait la main et l’embrasserait sur ses lèvres. Elle n’en serait pas effrayée et il la tiendrait serrer contre lui, laissant l’émotion la submerger telle une vague de plaisir. « Maintenant je comprendrais que vous me mettiez à la porte, je n’ai pas vraiment été à la hauteur. —C’est le moins qu’on puisse dire. « Aden l’interrogea du regard. Allait-il le ficher hors de l’Elysium manu militari ? « A l’issue de votre saison j’aurai un poste à vous proposer comme chargée de relation publique, argua ce dernier les doigts joints les uns contre les autres. Le poste est pile dans vos compétences et l’offre sera en interne. June et moi étudions les possibles candidatures et je ne vous cache pas que nous avons plusieurs collaborateurs qui correspondent également à ce profil. —C’est gentil de penser à moi. Mais je compte vous faire faux bond. Mes valises sont bouclées et j’ai réservé un vol pour Paris. » Il prit une profonde inspiration, quitta son fauteuil pour s’assoir sur le rebord de la table, tout près d’Aden. « Donc vous abandonneriez vos clients, M. Durand et le Capitaine Ekeberg pour quelque chose de plus conventionnel ? Je pourrais vous faire une lettre de recommandation mais je n’ai vraiment pas l’envie. Et vous savez pourquoi ? Parce que je crois en votre potentiel Aden, vous êtes dotée d’un sacré

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tempérament et une bonne dose de folie. Vous pourriez gravir les échelons au sein de notre compagnie et nous vous transmettrais en temps et en heure des informations relatives à votre fonction. Estce que cela vous convient ? » Elle ne répondit rien. De nouveau il inspira profondément sans la lâcher des yeux. Si elle venait à refuser, il serait l’homme le plus incompris du monde. Rien ni même personne ne parviendrait à calmer sa frustration. Il devait l’obliger à rester, d’une manière ou d’une autre. « D’accord. Ce n’est pas ainsi que j’aurai du formuler les choses. Alors je vais tout reprendre depuis le début. Vous pourriez être une valeur sûre à ord de l’Elysium et je sais que Durand vous forme dans ce sens. Durand c’est notre dénicheur de talent, notre chasseur de tête en interne et la compagnie lui doit une fière chandelle. Ce n’est donc pas un hasard si vous retrouvez sur le pont A à gérer les milliardaires et nos officiers. Comme ce n’est pas non plus un hasard si je m’entretiens avec vous en cet instant. J’ai les oreilles très larges et tout ce qu’il faille savoir sur ce paquebot je le sais avant même que vous ne soyiez avertie. Certains événements sont des plus prévisibles et mon rôle est de les anticiper. Vous comprenez ? » Aden baissa les yeux pour fixer ses doigts. Mark Wynne repassa derrière son bureau. « J’aimerai vraiment que vous le compreniez. Si aujourd’hui je vous fais cette fleur ce n’est pas pour que demain vous me trahissiez pour un autre. » L’intérêt de notre Aden se manifesta par une expression de surprise. Que voulait-il ire par là ? « Je veux que vous me garantissiez votre loyauté. En tout point. Ce qui sous-entend une parfaite alchimie entre vous et moi. On pourra parler d’une relation fusionnelle pour ainsi dire. Ainsi cela nous évitera de longues heures de conciliation. —Pour votre compagnie ou bien pour vos avantages personnels ? —Restez sérieuse Aden, d’accord ? J’apprécierai votre discernement tant que vous êtes mon employée.

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Donc en tant que gouvernante d’étage vous êtes sous la responsabilité de Hayes et de Buckley, il ne peut en être autrement. Pourtant vous pourriez envisager de postuler en interne comme assistante dans notre compagnie. Nous avons deux autres paquebots et d’un simple coup de fil je pourrais appuyer votre candidature si vous le souhaitez. —Non l’Elysium est une excellente école. Si je m’en fais je crains perdre mes alliés de choix. ce qui serait un bien mauvais calcul. Réflexions faites je vais rester là et y parfaire mon expérience. —Alors c’est tout à votre honneur ! Maintenant, retournez au travail et continuez à donner satisfaction a vos clients. » Dans la coursive Aden explosa de rire. Il y avait de quoi être soulagé. Plus que jamais elle se sentait utile à quelque chose, elle n’était plus une simple employée mais un futur chef en devenir. A côté e cela elle devait continuer à se montrer prudente, rien n’était jamais acquis, surtout au milieu de ses collaborateurs aux dents longues. Le paquebot jeta l’ancre dans les aux de St martin. Les riches passagers s’apprêtaient à descendre sur terre pour leur excursion et sur les étages les filles parlaient du départ ajourné d’Aden Hamill ; certaines disaient avoir entendu Joan Barret parler de son possible avancement quant d’autres affirmaient que tout cela était du flanc. Buckleu n’aurait pas pu les renseigner, il n’était pas dans son devoir de les renseigner sur ce sujet. Lui comme à son habitude longeait les murs en prodiguant quelques conseils à son équipe. La rumeur gonfla si vite que Rebecca Marston dut a tuer dans l’œuf et elle prit Heather de Prez et Jane Colley à part. Kelly Rhode et Noomi Lehave. « Je tiens à rassurer tout le monde. Il n’y a pas d’affectation pour le moment. Chacun de nous garde son poste pour la saison. Donc je ne veux plus entendre parler de cette histoire, d’accord ? Aden n’a aucune faveur, aucun passe-droit quelconque. Elle est seulement ici à effectuer le travail qu’on lui demande

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de faire. Alors soyez assez intelligentes pour mettre un terme à de telles suppositions et si d’aventure il vous prenait l’envie de nuire à son travail, la compagnie vous remerciera. Cet avertissement est valable pour quiconque aurait envie de ternir sa réputation. Le mot d’ordre ici est collaboration, discrétion et professionnalisme ! » Ekeberg quitta la passerelle pour regagner sa suite. Or cette dernière était propre, on y avait changé les draps, le linge plat et le room service était passé. Il tourna en rond avant d’appeler Aden sur sa ligne directe. Etant la gouvernante en charge de sa suite il n’était pas obligé de passer par Marston pour la contacter. Deux minutes plus tard, elle se présenta à lui. « Merci d’avoir fait aussi vite. Non, rassurez-vous, je n’ai rien à constater, seulement le soulagement de vous savoir parmi nous. Wynne m’a fait savoir que vous êtes revenue sur votre décision. A savoir celle de quitter l’Elysium, ce qui est très bien. On ne peut se passer d’une bonne auxiliaire. Et comment cela se passe à l’office ? —Je vous demande pardon ? Questionna Aden en le voyant caresser son bouc poivre-gris. —Avez-vous des amis sur lesquels compter ? Je sais que parfois les relations humaines ne sont pas simples mais quand on est aux manœuvres, on ne peut se laisser dérouter. Vous lisez un peu ? Ce livre vous plairait. Il s’agit d’une biographie d’Henri II, le navigateur. On apprend bien plus sur les explorateurs des temps passés. Je peux vous proposer un café ? » Le téléphone d’Aden vibra dans sa poche. Durand cherchait à la contacter et alors que le commodore lui préparait son café, Aden décrocha. « Oui, qu’est ce que je peux pour toi ? —Scott Dagett veut te voir. Tu peux venir ? » Il raccrocha et Aden serra le livre du capitaine contre son sein. « Merci pour le livre, capitaine. J’aurais volontiers accepté votre café mais je dois y aller.

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—Ah, c’est un client ? Demanda Ekeberg les deux tasses dans chaque main qu’il posa ensuite délicatement sur la table basse. UN client mécontent ? Si c’est le vas, faites-lui savoir qu’en dédommagement je dinerais en sa compagnie. —Non, à ce jour mon client est plutôt satisfait par le travail de mon équipe. —Veuillez vous assoir Aden. Oui votre équipe est très efficace et les autres officiers semblent également apprécier leur travail. Et vous semblez très fière d’Edith Reynolds et de John Lough. Qui sont vos plus proches collaborateurs ? » Aden savait qu’en ce jour se jouait leur avenir. En Edith elle avait une foi. Cette galloise aux cheveux auburn et tâches de son clairsemés sur son visage, Edith jusqu’à maintenant restait discrète et très serviable. Quant à Lough, cet autre anglais, elle appréciait son franc parlé, cette aptitude à vouloir gérer les problèmes des autres. Il était malin, touche à tout et très réfléchi. Et puis également benty Hill et Inne Engelmann travaillaient avec Aden sur le pont G et en renfort sur le pont A. Les deux étudiantes, l’une de l’Oregon et l’autre du Nebraska s’entendaient bien. Benty cette grande et athlétique femme noire aux cheveux taillés en crinière était une véritable furie dans les ponts réservés au personnel mais une fois dans son rôle de femme de chambre de l’Elysium, on ne l’entendait jamais. Sa confidente de l’Oregon, cette descendante amérindienne au sang Cherokee et africain, juif et arménien adorait provoquer Benty qui toujours démarrait au quart-de-tour. « Inne Engelmann et Benty Hill ne me donnent aucune contrariété. Elles sont très fiables, murmurat-elle en se hâtant d’avaler le café. Merci pour le café, capitaine. —On pourrait se voir après, qu’en dites-vous, Apr-s votre service, par exemple ? » Après le service, elle n’y tenait pas. jouer avec les sentiments des autres ne lui ressemblait pas. Essoufflée elle arriva à la suite 124, celle de Scott Dagget. Comme d’habitude il demanderait des conseils

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quant au menu et au programme de la journée, ou bien la compagnie des escort-girl. Bon vivant Scott aimait à faire rire la gente féminine sans pour autant consommer. Ce milliardaire cherchait à se distraire en profitant de toutes les activités proposées à bord. Il dépensait sans compter du lever au coucher du soleil et ne tarissait pas d’éloge au sujet des prestations de l’Elysium. Plus que jamais Durand mettait la pression à sa coopératrice. Il ne voulait pas la voir succomber à l’euphorie du moment ? ce succès pouvait s’avérer destructeur si mal gérer et les retombées catastrophiques. Aden ne serait ni la première ni la dernière à se bruler les ailes après avoir tenté d’approcher le soleil. En la voyant rentré, il se précipita vers elle pour poser sa grosse main sur son épaule. « Tu veux ruiner mon fond de commerce ou quoi, La prochaine fois rapplique immédiatement. Il est sur la terrasse. » Il parut être fou de joie en la voyant arrivé et quitta sa chaise longue pour s’esclaffer. « J’avais fini par penser que vous étiez descendue à St martin vous aussi ? Durand a du vous le dire. Je descends boire un verre et il s’avère que je sois contraint de faire un choix. Deux de mes amis sont sur place et il est possible que j’avance mon départ. Donnez-moi une raison de ne pas le faire, Aden ! —Saint-Martin est une île et l’Elysium, un palace flottant. —Mon ami a un yacht de luxe qui rivalise d’élégance avec ce paquebot. Autre argument ? —Et bien l’Elysium est une tour de Babel. —Ah ! Et ce cosmopolite univers devrait être saluée comme une possible utopie ? » Les yeux bleus cristallins de Scott sondèrent ceux turquoise de notre Aden. « Non, Aden, vraiment surprenez-moi ! Donnez-moi l’envie de rester à bord. —Alors disons que vous resteriez pour le plaisir de notre compagnie ! Oui nous avons appris à nous faire

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confiance et nous savons anticiper le moindre de vos désirs, comprendre la moindre inflexion de voix de votre part. ce qui rend nos services uniques. —C’est… c’est une possibilité, rétorqua Scott sans la lâcher des yeux. Il est vrai que vous êtes irrésistible Aden. Si vous n’aviez pas signé sur l’Elysium je vous aurais séduit et fait l’amour des heures durant. Vous auriez adoré. Vous vous envoyez en l’air avec Hayes ? —Je vous demande pardon ? —Oh, allez Aden ! Vous pouvez tout me dire, au nom de notre mutuelle confiance. N’est ce pas ce que vous argumentiez à l’instant ? Comment pourrais-je vous croire qi vous doutiez de ma sincérité. Alors si ce n’est pas Hayes c’est qui ? —Personne ! Répondit-elle le sourire aux lèvres. —pourtant vous avez du avoir des tas de propositions. Il est plutôt bel homme cet Hayes et ses manières controversés plaisent aux femmes. Il a plus de tatouages que moi, sa peau en est recouverte et son côté bad boy fait fondre les cœurs. Alors si ce n’est pas lui, c’est Wynne ? —Scott, j’aimerai ne pas avoir cette conversation avec vous. —Et pourquoi ? répliqua Scott en croisant ses bras sur son débardeur à l’effigie d’un groupe de rock. Vous êtes encore vierge ? Aen, vous avez toujours votre pucelage ? Aucun homme n’aurait trouvé grâce à vos yeux. Et qui d’autre que moi est au courant ? » Oui, Aden était vierge mais elle se demandait comment Scott avait pu le deviner. Envoyait-elle des ondes aux hommes ou bien une hormone particulière émanait d’elle ? Scott souriait, les sourcils froncés. « Alors si vous avouez que vous êtes vierge je reste ! C’est difficile pour vous d’en parler ? Vous êtes vierge n’est ce pas ? D’accord, alors j’augmente votre salaire de 10% si vous me dites que votre hymen est intact. Vous rougissez là ! Alors je reste. Durand ! » Ce dernier coupa la communication pour s’approcher du couple.

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« Fais savoir à la réception que je reste. Aden a trouvé les arguments qui faillent pour me faire rester ! »

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CHAPITRE L’Elysium voguait vers les côtes brésiliennes et en ce septième jour, Aden ressentait les premières fatigues liées à son état nerveux plus que physique. Depuis qu’elle avait quitté New York, tous les événements s’étaient enchainés à grande vitesse ; un enchainement de programmes, de visages et d’émotion. Sur son temps de pause elle regagna sa cabine pour s’y reposer mais à peine eut-elle ôter ses ballerines que Chris Harm frappa à sa porte. « Salut. Comment vas-tu ? Je voulais m’assurer que tout aille bien pour toi depuis notre…. J’avoue que ce n’était pas ce que j’aurais espéré pour une première rencontre. Les conditions pour apprécier cette soirée n’étaient pas optimales et je comprends que tu aies envie de regagner en courant ton refuge. Mais je venais te dire que si tu me demandais une autre chance de pouvoir me rattraper. —De quoi parles-tu Chris ? Tu n’as pas à t’en vouloir de quoique se soit. J’accuse un peu le coup en ce moment. Je pensais pouvoir gérer mon stress et quand j’ai vu Wynne j’ai paniqué. Il est mon employeur, alors mets-toi à ma place. —Et c’est Wynne qui te met dans tous ces états ? Je ne crois pas qu’il aurait trouvé à redire sur notre échange autour d’un verre. Wynne n’est pas du genre à se préoccuper de cela. Il est terre-à-terre et pragmatique en toutes circonstances. Il est mon ami et n’aurait pas trouvé déplacé que je me trouve être avec toi. —Et tu le connais depuis quand ? —Depuis Boston. Nous étions tous deux à fréquenter le M.I.T avant que lui ne dévie complètement pour aller dans le Commerce. On se fréquente depuis longtemps à vrai dire. Mon diplôme en poche il m’a trouvé du boulot au sein de la compagnie et depuis nous sommes inséparables. Tu veux qu’on aille manger un morceau ? je t’invite au restaurant du personnel. Accepte s’il te plait !

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—Euh, non Chris… j’avais dans l’idée me reposer un peu. Une prochaine fois peut-être… —Comme ce soir ? » Aden ne répondit rien de peur de le vexer. Elle se contenta de sourire et ferma la porte derrière lui. au fond d’elle, Aden le regretterait. Toutes ces belles occasions manquées pour accomplir sa mission. Sa mère lui disait de prendre son temps ; l’amour véritable attendrait. A quoi bon précipiter les choses ? elle regagna son lit pour une courte sieste mais réparatrice. Vers deux heures Aden se rendit dans les impressionnantes cuisines de l’Elysium situées sur le pont K. celles-ci devaient servir les 27 restaurants et bars. Cela représentait seize milles repas par jour et proposaient quatorze menus. Darren Richman supervisait l’ensemble des deux cuisines. Bien que jeune, Darren Richman en imposait par son expérience dans les plus grands palaces de France. ce britannique amateur de gastronomie chouchoutait ses clients et rien ne serait trop bon pour eux. Nigel Ott son assistant introduisit Aden au bureau de ce dernier. « Je peux quoi pour vous Aden ? Aden du service d’étage, ajouta-t-il en lisant sa plaque. Vous êtes un peu loin de vos quartiers si je ne m’abuse. —Notre capitaine fête bientôt son anniversaire. —Comment le savez-vous ? Coupa-t-il froidement. —Je suis du genre à ne pas laisser filer ce genre d’information. Enfin, j’aimerai savoir s’il est possible de le surprendre ce soir. Je ne parle pas d’un de ces gâteaux mais vraiment d’un menu spécial. —Je vous écoute, déclara Darren sans sourciller. Et qui paiera la facture ? Vous ? —Oui je suis parvenue à rassembler une petite cagnotte, mentit-elle en posant tous ces pourboires sur la table. Je suppose que cela devrait suffire comme acompte. —Mille cent euros ? précisa Darren après avoir compter les billets. C’est bien assez oui. Vous êtes certaine de vouloir mettre autant ? La moitié aurait suffit.

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—J’inclus le prix de votre prestation, la marchandise et une façon de vous attacher à moi. —ah, ah ! je vous aime bien Aden, déclara-t-il en souriant. Et vous avez une idée du menu ? —Quelque chose de simple qui lui rappelle la maison mais un peu plus élaboré. Il aime l’œuvre de Rossini alors je veux que son palais chante et qu’il se dise que cet anniversaire soit le plus abouti sur le plan culinaire que tout ce qu’il aurait pu connaître avant. A vous de le surprendre. » Ekebreg entra dans sa cabine après son service et fut surpris d’y trouver un plateau sous cloche sur lequel il put lire : Mes compliments à notre capitaine Ekeberg, de la part du Service d’Etage ! Et il comprit immédiatement d’où venait cette fortuite attention. Alors il appela Aden pour qu’elle se joigne à lui. cette dernière n’aurait pas accepté s’il ne l’avait contrainte à se joindre à pareilles agapes. Détacha deux personnes pour les servir à table mais Ekeberg refusa leur aide. Des plus émus, il laissa Aden déboucher la bouteille de grand cru français pour le servir. « C’est comme à la maison n’est ce pas ? —Et vous avez pensé à tout cela vous-même ? Alors Aden, je vous en remercie. —Oui avons pensé que vous apprécierez cette attention. » Ce dernier quitta la pièce pour aller se réfugier sur la terrasse. Il avait besoin d’un petit moment à lui pour accuser le coup. La nuit étoilée l’apaisait et les bras croisés sur la poitrine il tentait de recouvrir la raison. « Je vais…je vais peut-être vous laisser. —Non, non restez. Votre présence ne m’importune pas. Ce n’est qu’un court moment désagréable à passer. Ensuite j’irai me délecter de tous ces plats. —J’en ai fait trop. Maintenant je vais retourner à ma cabine. » Il l’attira à lui et l’enveloppa avec affection. Il se sentit en vie près d’elle. Lentement elle passa ses bras autour de sa taille et il la serra fermement, agrippant tous ses espoirs en cette femme attentionnée, jolie

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comme un cœur qui en cette soirée unique lui offrait bien plus qu’un repas. « Pourquoi ne pas aller diner capitaine ? Il y a là de quoi ravir vos papilles, argua cette dernière en jouant les maitres d’hôte. Darren Richman vous a gâté, monsieur. C’est un service à la française comme on trouve au Ritz ou au Crillon. Il a même pensé à mettre du caviar en garniture et des truffes pour la notre grand luxe proposée par l’Elysium. J’espère que vous avez assez de place dans votre estomac pour ingurgiter tout cela. Alors nos commencerons par quoi, capitaine ? » Plus tard elle rejoignit Durand sur le pont N, devant une tasse de café qu’il avala cul-sec avant de l’entrainer à sa suite sans que personne ne remarque rien. « Alors, il a aimé ta petite surprise ? —Il en fut ravi oui. Il a picoré et goûté à tous les plats. Richman a fait de l’excellent travail. Et pour toi, comment fut le reste de la soirée ? —Et bien je suis allé faire un tour en réception et j’ai soudoyé la belle Lee Cassoni. Elle m’a parlé de ce lieutenant monté à St Martin. Ce James Felton. Je ne le sens pas. Tu vois de qui je veux parler ? —Il est plutôt amical. Il ne me donne pas l’impression d’être plus hautain que les autres. Pourquoi me dis-tu cela ? Qu’aurais-tu remarqué chez lui qui ne te plaise pas ? Questionna Hamill des plus intriguées glissant derrière lui ans la cabine du monte-charge. « Ecoute, je ne le sens pas. Ma grande copine Cassoni me dit qu’il déjeune à part après son quart et j’ai interrogé les autres lieutenants comme Betham Brown, Christopher Wallet et tous tirent la conclusion suivante : ses compétences font de cet homme, un second au tempérament bien trempé. Il connait son bouot, ça c’est indéniable mais il est trop obtus pour que notre Ekeberg puisse faire de lui un allié de choix. dans la même intervalle j’ai appris que sa nomination ne venait pas de notre capitaine en personne mais

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d’un auxiliaire récemment embauché par la compagnie. —Mais où est le problème ? Je ne vois pas, s’hasarda Aden les sourcils froncés. —Réfléchis ma petite. S’il y a le moindre souci à bord, c’est Ekeberg qui prendra et lui se lavera les mains parce que l’on ne peut rien attendre d’un homme comme lui. Ce genre d’homme j’en ai fait mon fond de commerce et son profil correspond exactement à ce que je crains qu’il puisse nous arriver, soit une faille dans notre système. » Aden ne voyait toujours pas ce dont il parlait. Arrivés à leur étage, Durand sortit le premier suivit par notre belle gouvernante. Prestement il gagna la cabine de ce dernier et Durand referma la porte derrière lui après un rapide regard jeté dans la coursive. « Je ne veux pas t’inquiéter ma belle mais seulement te mettre en garde contre d’éventuels problèmes qui pourraient survenir à bord. Tu comprends ? Ekeberg pourrait vouloir se convier à toi et c’est là que Felton te cherchera les pouls dans la tête. C’est ainsi que j’agirais à sa place. L’intimidation puis le chantage affectif avant de s’en prendre au grand manitou ; Il va falloir que tu fasses attention d’accord ? ne te convie à personne d’autre qu’à moi ou bien tes beaux rêves s’envoleront. —Pourquoi tant de précautions pour cet officier ? Il est seulement là pour faire son travail comme nous tous, non ? Je ne crains ni les commérages, ni les faux-semblants. Ce genre de rumeurs ou de menaces ne m’atteignent pas. —Si je te demande de te méfier de lui, c’est qu’il y a une bonne raison. Il est trop bienveillant, trop amical et cela me fait dire qu’il cache quelque chose. —Ekeberg arrive à détendre son personnel et… —Aden, tu ne connais pas ses motivations. —Il pourrait également ne pas être celui que tu penses qu’il soit, railla Aden agacée par cette discussion. Il pourrait seulement vouloir faire son travail et ce milieu est un véritable panier de crabes

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alors il s’avère que personne n’en sot épargné sur ce paquebot. —Tu connais le chef de la sécurité ? » Aden fronça les sourcils. Installé ans son fauteuil il l’interrogeait du regard. Si elle s’était attendue à devoir parler de cela à Durand, Aden se serait abstenue de descendre le trouver. Durand refusait de croire que son Aden pouvait être aussi naïve. « Allen Styles. C’est notre chef de la sécurité. Il a travaillé comme mercenaire en Afghanistan pendant plus de trois ans et ils nous arrivent d’échanger lui et moi. Cependant nous n’évoquons jamais notre passé, on se concentre uniquement sur notre futur ; —Et que crois-tu qu’il puisse se produire sur l’Elysium ? Nous ne sommes pas en guerre et ce n’est pas une rixe entre employés qui changera le cours du dollar à la Nasdaq. Durand, tu devrais apprendre à te détendre. » Un silence se fit et Aden se jeta sur le lit et la tête posée dans la commissure de son bras, elle se dit que son ami n’avait aucune raison de monter au créneau. La fatigue inexorablement la gagnait et déjà ses yeux se fermaient dans un langoureux battement de cils. « Aden, je ne veux pas qu’il t’arrive le moindre problème ici. —Oui, cela serait regrettable, murmura-t-elle la pensée embrumée par une invasion d’images se succédant les unes après les autres. Il la rejoignit sur le lit et Aden somnolait, les poings serrés contre son visage, le corps en position fœtal. Il la laisserait dormir dans sa cabine, sur son lit et il resterait à la veiller parce qu’elle était tout ce qu’il n’avait jamais rêvé de posséder une fois dans sa vie. Une fois réveillée, soit à six heures, elle regagna sa cabine pour croiser Emma parks dans la salle de bain. Elle se levait toujours la première afin d’avoir un peu plus de temps pour lisser sa blonde chevelure et elle sourit d’une oreille à l’autre en voyant Aden apparaitre, sa chemise propre sous le bras et la mine défaite.

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« A ta tête, je vois que tu as passé une nuit assez courte. Il est comment Durand au pieu ? Il te fait jouir au moins ? Questionna cette dernière en lingerie devant la glace psyché de la petite salle de bain. On peut dire que tu as tiré le gros lot. Peter Kinnear n’est pas mal non plus, tu ne crois pas ? Il serait plus mon genre. Beau, ténébreux et quand il est là à te regarder, alors tu deviennes toute chose. Je sais qu’il a une fiancée à Londres mais il n’y a pas de mal à regarder, n’est-ce pas ? Et c’est vrai ce qu’on raconte sur le boss ? Il t’aurait faite une fleur pour que tu reste plus longtemps sur l’Elysium alors que cette garce de barret voulait que tu t’en ailles ? —cela ne s’est pas vraiment passé comme ça, déclara Aden en glissant sous la douche. —On est comme une grande famille Aden ! Dis-toi que tout finit par se savoir, souligna la belle en soulevant ses beaux cheveux pour les serrer en un chignon parfait. Aden appréciait cette douche. Cette caresse chaude la détendait et elle pensa à Chris harm. Que penseraitil d’elle s’il apprenait sa prétendue liaison avec ce majordome ? Il se dirait : cela m’apprendra à être aussi complaisant avec une belle naïade de la compagnie ! Aden était vierge et comptait le rester le plus longtemps possible, tant qu’elle n’était pas certaine des intentions de son compagnon. Emma l’peaufinait son maquillage et leva son regard de biche vers sa rivale la taille enserrée sous une serviette propre. « Tu sais je t’envie. En fait, tout le monde t’envie ici. Tu as fait en quelques jours ce que certaines ont pu accomplir à l’issue d’une saison. Durand et puis le capitaine….un beau palmarès. —Quoi le capitaine ? —Arrêtes, on sait tous qu’il en pince pour toi. On raconte qu’il est là à t’attendre dans le couloir et trépigne en te voyant arriver. Enfin c’est ce qui se raconte. Mais cela ne m’étonnerait pas, tu es trop craquante et les officiers sont des hommes comme les autres. Tu aimes être le centre de toutes les intentions

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n’est-ce pas ? C’est si grisant d’être la reine de la ruche mais en tant qu’amie dévoué je dois te mettre en garde contre ta démesurée ambition. Ce que tu a érigé aujourd’hui peut-être défait demain. Et tu veux savoir comment ? Ici ce n’est pas la rumeur qui tue mais l’isolement. Plus tu vas gravir les échelons et plus tu te sentiras seule, incomprise et constamment à devoir remettre ton titre en jeu. Pour rester compétitive, c’est un sérieux marathon dont les plus endurantes parviennent à franchir la ligne d’arrivée. » Plus tard Aden aidait les filles à changer les draps dans les suites quand Joan Barret déboula à vive allure, sans crier gare. Derrière elle, Neil Hayes et Stuart Buckley devenus pour ainsi dire, transparents dans leur rôle de manager. « Stuart il faut vraiment repenser certains détails comme nous en avons parlé avec Mark et ce qui comprend la participation de tes gouvernantes dans le travail incombé aux femmes de chambre. Il n’est pas envisageable de les voir accroupies à quatre pattes quand nous leur demandons pas de s’adonner à pareil zèle. C’est limite dégradant. —Oui mais nous avons des délais. Je préfère voir mes gouvernantes prêter main-forte plutôt que voir les clients se plaindre. —Oui tant que les clients sont contents nous n’avons pas à intervenir sur ce point Joan, renchérit Neil hayes après avoir échangé un bref regard à Aden. O gagne du temps, ainsi elles n’ont pas à repasser dans les suites ou cabines pour contrôler si le travail de vérification est fait simultanément. —Dans ces conditions autant leur donner un chariot et des chiffons ! Entre nous Start, crois-tu que les palaces parisiens accepteraient pareilles insanités ? On passerait presque pour des laxistes tout ce dont nous craignons Neil. —Nous en parlerons plus tard Joan. On peut poursuivre ? » Le trio part, aden et Inne Engelmann éclatèrent de rire. Aden la fit taire en voyant Stuart revenir. Il

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stoppa net devant la gouvernante avant de s’essayer à un sourire. « Il se passe quoi avec le capitaine ? » Aden se redressa craignant que la soirée d’anniversaire ne soit parvenue aux oreilles de la direction. « Je ne vois pas de quoi tu parles…. —Il s’est plaint de ton travail ce matin. Vous êtes venus en retard et il a noté que le travail n’avait pas été bien fait. Ce qui ne te ressemble pas, Aden. Son café froid n’a pas été retrouvé et on ne peut pas se permettre de telles bévues avec le capitaine. Les clients, on arrive toujours à les gérer mais Ekeberg c’est différent. On ne peut rien négocier avec lui. Il demande par conséquent qu’une autre prenne ta place et Hayes a pensé à nommer une autre à ta place. » Le cœur de notre Aden cessa de battre. Comment Ekeberg pouvait lui affliger pareilles humiliation ? « Nous en parlerons pendant le briefing. Ce n’est qu’un concours de mauvaises circonstances. Tu ne peux blâmer personne et surtout pas ton équipe qui fait de l’excellent travail. Seulement le capitaine est un homme plein de principes. » La soirée de la veille fut plutôt une réussite. Ekeberg et elle parlèrent de musique en savourant ce bon vin. La capitaine s’était monté décontracter jusqu’à rire des blagues d’Aden. Elle ne comprenait plus rien. Emma avait raison en disant que son titre pouvait être remis en jeu à tout moment. Toutes les autres allaient se gausser en apprenant ce revers de situation. Non ! Elle ne pouvait admettre sa destitution puisqu’elle n’avait faite aucune erreur ! Avant de descendre pour le briefing, notre Aden partit le trouver à la passerelle. Bien qu’elle n’y eut pas accès elle demanda à l’officier de quart de le prévenir de sa présence. Puis arriva l’officier en second James Felton qu’elle rencontrait pour la seconde fois. Il dévisagea Aden, arborant une mine glaciale. « Vous rencontrez un souci, mademoiselle….Hamill ? Il y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous ? dites-moi toujours.

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—Oui j’aimerai vraiment voir le capitaine. —Ah ! Vous m’envoyez navré, je crains que cela ne soit pas possible, expliqua Felton. Vous savez ce n’est pas la procédure habituelle et si l’on vous surprend ici je crains que vous n’ayez des ennuis. Le mieux serait de prendre contact avec Mr hayes et ensuite on verra ce qu’on peut faire. » Salaud ! pensa-t-elle avant de rebrousser chemin. Ce fils de pute est un salaud ! Alors elle contacta Durand qui disait être Hogen Syed à quelques minutes d’une importe visioconférence. Il lui donna cependant rendez-vous sur le pont E et lui sortit de la salle pour entendre ce qu’elle avait de si important à lui dire. « Il ne veut plus travailler avec mo, Leland ! Notre collaboration est terminée, soi-disant parce qu’il aurait été contrarié par notre travail et il a demandé à Hayes de lui trouver quelqu’un d’autre. On ne peut pas prendre les gens et ensuite les jeter, comme cela, sur un coup de tête ! C’est cruel, vraiment sadique et….je ne peux pas croire cela de lui. —Et de qui as-tu appris cela ? —D Stuart. Il était passé me voir dans une suite avec Hayes et cette harpie de Barret et il est revenu sur ses pas pour m’annoncer ma déchéance ! —Et ensuite qu’as-tu fait ? —Et bien j’ai attendu une petite demi-heure avant d’aller le voir sur la passerelle mais felton m’a explicitement dit que je devais suivre le protocole. —Et toi tu ne trouves pas cela étrange ? » Il la saisit par le bras pour la conduire un peu en retrait du large couloir et il posa un index sur ses lèvres. « Joan ne te trouve pas très réfléchie et là, je lui donne raison. Pourquoi Ekeberg ne voudrait plus travailler avec toi quand tu lui donne satisfaction ? Je ne vois aucune raison de valable pour devoir se priver de toi. Aden, voyons! Tu arrives parfois à me rendre dingue, vraiment. » Nerveuse elle éclata de rire et Durand ressentit de la colère. On s’en prenait directement à son Aden sans passer par des chemins de traverse, des voies

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déroutées. Aden était sa petite protégée et si elle venait à quitter l’Elysium, Durand ne se le pardonnerait jamais. Il enserra le visage de la belle entre ses robustes mains et grogna. « Il va falloir que tu apprennes à prendre sur toi et…. Joan convoite la place de June. Elle est follement éprise de Mark Wynne et comme tu peux t’en douter, ce n’est pas réciproque. Mais Joan se voit mariée à Wynne et elle ne supporte pas l’intérêt qu’il te porte. Tu nuis à tous ses rêves de grandeur et si elle pouvait te jeter par-dessus bord, elle le ferait. —Sauf qu’il ne s’agit pas de Wynne là. —Elle va saboter ton travail jusqu’à ce que tu jette l’éponge. Tu ne seras pas sa première victime. Ne rentre surtout pas dans son jeu. Fais comme si tu n’étais au courant de rien et laisses-moi gérer la suite d’accord ? —Et que feras-tu Leland ? Questionna la belle après avoir recouvrer ses esprits. Autour d’eux des clients passèrent par cagues successives et aucun ne semblait les remarquer bien trop préoccupés par leur emploi du temps des plus chargés. Bientôt les restaurants du pont A, F et G se rempliraient de clients avides de plats tous plus originaux les uns que les autres, gouteux et succulents mets venus des antres de ce paquebot. Durand suivit du regard un couple dont l’homme consultait sa montre en soupirant. « Ce que je ferais ? Tu n’as pas à me le demander Aden. Mets-toi dans la tête que mes combines ne concernent que moi et moins tu en sais et plus tu resteras intègre et la petite oie blanche que l’on connait. Contente-toi seulement d’opiner du chef quant tes supérieurs commenceront à grincer des dents, murmura ce dernier et quand enfin il la regarda, il sut qu’il prenait également cette histoire trop à cœur. Aden tu fais du bon boulot. Ne laisse personne te persuader du contraire. » Et le briefing eut lieu. Les premières minutes furent consacrées aux tâches de chacun sur les étages et Stuart insista sur le fait que tout le monde devait

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rester à sa place pour ne pas jeter la confusion dans l’esprit des clients. Aden se raidit, se sentant concernée par cette remarque. Puis on parla des multiples détails relatifs aux désidératas de la clientèle. A un moment donné toutes les gouvernantes voulurent prendre la parole pour faire-part de leur expérience sur le sujet. Stuart du étouffer leur ardeur et une fois le calme de retour, il passa à la partie chiffrée. L’Elysium affichait des pics de satisfaction et cette riche clientèle dépensait plus que de raison toute activité confondue. La sculpturale Beverly Charlin se tourna vers Aden pour lui lancer un regard noir électrique dans le seul but de l’intimider. Aden ne releva pas la provocation et attendit que les autres pestes encouragées par Jane Colley et Noomi Lehave cessent de la fustiger du regard. A aucun moment Stuart ne parla du changement de gouvernante pour la suite du capitaine. Jusqu’à la fin elle attendit. Stuart attendit les questions de son personnel d’étage avant de les renvoyer à leur travail. Et c’est tout ? Pensa Aden en relisant ses notes d’un air détaché. Tous se séparèrent et Aden tarda avant de faire de même cherchant à accrocher le regard de Stuart occupé à classer ses notes. « Euh….Stuart, voulez-vous bien m’excuser mais je viens au sujet de la suite du capitaine. J’aimerai savoir de quoi il en retourne. —Pour le moment vous êtes maintenue à ce poste, répondit-il sans la regarder. On n’en saura d’avantage plus tard. On étudiera cela plus en détail. Vous avez des questions relatives à votre poste ? —Non, je…. » Elle s’interrompit en voyant débouler Zoe Cass, l’énigmatique Zoé aux yeux électriques. « Je peux vous parler Stuart. C’est au sujet de ce que vous savez. Il est impératif que je sache dès à présent. —Ecoute Zoe, pour le moment rien n’est décidé. —Oui sauf que Rebecca m’a demandé de voir directement avec vous, suite à votre discussion avec Joan. Il me faut une réponse immédiate Stuart. Ditesmoi seulement si vous pensez que je puisse convenir

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parce que je suis tout à fait disposée à démarrer dans l’heure. —On n’en parlera plus tard Zoe, répéta-t-il agacé par le côté acharné de sa subordonnée. —Vous montez sur les étages maintenant ? Il faut que je vous parle d’un autre sujet. » Elle le talonna jusqu’à la porte et Aden restée en plan resta interdite à se demander si elle ne devait pas se ruer sur Zoe pour aller lui dire d’aller travailler plutôt que faire perdre le temps aux autres. Toutefois Aden se sentait rassurée, elle se trouvait être en sursis. Pour combien de temps du moins ? Durand se chargeait de la suite et cela la mettait dans un flou dont elle se sentait prisonnière. Jamais elle n’aurait fait confiance en un homme si ce dernier n’avait un minimum de tenue, de crédibilité et de savoir-être. Après son déjeuner, elle reçut un appel de la cabine 101, soit celle du capitaine Ekeberg. Le cœur battant à rompre, elle remonta en quatrième vitesse pour aller frapper à sa porte. « Ah, Aden, vous avez fait vite ! Entrez je vous prie. Je vous offre un café ? —Volontiers ! » Il revint de la cuisine avec deux tasses. Aden ne parvenait à se calmer. « Asseyez-vous un peu Aden et détendez-vous un peu. Mon second Felton m’a dit que vous êtes passée ce matin à la passerelle ? Alors je voulais savoir à quel sujet vus vouliez me voir. —Et bien on m’a fait savoir que vous ne vouliez plus me voir travailler pour vous et…. —Et donc vous vouliez contester les ordres de vos supérieurs ? Posa-t-il froidement. —Oui je voulais vous l’entendre dire. —Et ce, devant mes hommes ? Quel genre d’intrigante êtes-vous ? Pernicieuse et revancharde ? Le diner d’hier soir ne doit pas être un moyen de parvenir à vos fins. Je n’aimerai pas que notre relation soit instrumentalisée de la sorte. Ainsi je vous rembourserai le diner d’hier afin qu’il n’y ait pas de confusion entre nous. Vous comprenez n’est-ce pas ?

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Je suis la capitaine de l’Elysium et je ne voudrais pas qu’on dise partout que vous et moi ayons une relation quand je dois me montrer irréprochable en toutes circonstances. Le fait que vous soyez passé à la passerelle n’a rien arrangé à notre petite affaire. Après le repas d’anniversaire j’ai bien pensé ne pas vous revoir. » Aden tomba des nues. Ainsi tout cela était vrai. « Donc j’ai appelé Hayes pour qu’il me trouve quelqu’un d’autre. Il m’a certifié que vous étiez l’une des meilleures et tout à fait entre nous, je pense que vous êtes la meilleure. Certainement guidée par les conseils éclairés de Durand. Alors maintenant donnezmoi une seule raison de vous reprendre. Une raison qui n’ait pas été évoquée lors de nos précédents échanges. » Acculée, Aden ne sut quoi répondre. Je suis fiche, pensa la belle en se mordant la langue. « Aucune idée Aden ? Donc nous en resterons là vous et moi. Finissez votre café et je ferai savoir à Hayes que vous n’avez pas été tout à fait sincère dans votre rapport à l’autre. —Si c’est votre décision capitaine, je ne peux la contester, déclara-t-elle en posant la tasse sur la petite table basse. Je n’ai plus qu’à retourner à mon travail et vous souhaitez une excellente fin de journée, capitaine. » Plus tard Aden frottait une tache sur un tapis à l’aide d’une brosse à dent. Cette damnée tâche finirait par partir. Tout cela ne serait jamais arrivé si elle s’était contentée de faire seulement son travail de gouvernante et restée à sa place comme l’avait suggérée Joan. Jouer c’était surtout accepter de perdre et Aden avait perdu. Elle frotta avec plus d’entrain tant et si bien que la tâche finit par se décoller. Soulagée elle regarda le milieu du tapis. Toute sa vie n’avait été qu’une suite de moments exaltants et de longue descente aux Enfers. La nausée lui ganga les lèvres. Il ne lui restait plus qu’à prier pour que tout se passe bien avant leur approche des côtés du Brésil.

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A dix-huit heures pendant le service de couverture, Rebecca Marston la contacta sur son téléphone, lui demanda de venir dans son bureau. « Oui, Aden s’il vous plait, entrez ! Les choses ne vont pas comme nous l’eussions souhaité avec vous et le capitaine ne donne pas suite à votre contrat. Il a du vous en parler n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si vous n’aviez pas été au courant. Nous vous changerons donc avec Zoe Cass. Vous permutez toutes deux. Elle prendra vos suites et vous les siennes. —Tout mon étage ? —Oui, soit le pont B et C. vous laisserez vos femmes de chambre et vos équipiers à Zoe et…. —Elle ne saura pas faire. —Zoe a plus d’expérience que vous et elle est plus compétitive. Je ne doute pas un seul instant de ses compétences ; cette décision ne vient pas de moi mais dans haut après une brève délibération. Il semblerait que vous n’ayez pas tout à fait été à votre travail ses dernières vingt-quatre heures et vos clients ne cessent de se plaindre quant à votre baisse de productivité. —Mes clients ? Non, ils ne sont jamais plaints. —Ne pensez pas tout mieux savoir que les autres, ce trait de caractère est insupportable, vraiment. Vous prenez le pont B et C et ce n’est pas négociable sur l’Elysium. Et puis, ce ne sont pas VOS clients ! Dois-je vous rappeler que vous n’êtes ici que depuis une semaine et qu’il vous faille mesurer vos propos ! » La coupe fut pleine. Depuis le début, l’épée de Damoclès pendait au-dessus de sa tête. « Vous remettez vos pass et badges au chef de la sécurité une fois que vous aurez terminé votre service soit dans dix minutes à partir de maintenant. » Tous se féliciteront de con infortune et tous diront d’elle : Nous le savions ! Elle se prenait trop au sérieux avec son air hautain et ses sourires ravis ! en trainant des pieds elle se rendit au poste de Allen Styles. Lui ne se trouvait pas être sur place et comble de l’humiliation elle se retrouva être bloquée pendant vingt minutes sans avoir accès au pont réservé au

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personnel. Elle ne pouvait pas se cacher sans qu’on l’eût regardé de travers ; Toujours digne, Aden conservait un port altier et un regard crâne et plein d’assurance. Allen Styles arriva à grands pas. « Vous auriez du me sonner plutôt que de devoir attendre dans cette coursive. Mrs Marston m’a effectivement dit que vous passeriez mais je ne vous attendez pas avant une heure. C’est une chance pour vous que vous me trouviez ici. Entrez, je vous prie… » Allen Styles devait bien mesurer deux mètres. Son nez était droit et son regard vous sondait ; barbe de deux jours et cheveux ébouriffés sur la tête, pour Aden il faisait figure de patriarche. « Donc voilà votre nouveau pass….votre badge et... Je comprends ce que vous endurez. Ils ne sont pas tendres en haut. Par le passé j’ai eu quelques ennuis avec Joan Barret. Elle se figure être la propriétaire de l’Elysium. Il fallait bien quelqu’un comme vous pour la remettre à sa place. —arrêtez, vous me donneriez presque l’envie de vous serrez dans mes bras, sourit Aden la gorge nouée. —Non, vraiment je suis sincère. Vous leur manquerez en haut. Pour une fois qu’on avait quelqu’un pour les ternir par les couilles. Et ils ont mis Zoe Class à votre place. Quel gâchis, commenta ce dernier perdu dans ses pensées. Vraiment un beau gâchis. Ils vont s’en mordre les doigts. Zoe n’est pas taillé pour les suites des milliardaires. Franchement à quoi joue Hayes ? Votre téléphone est de nouveau paramétré. Vous recevrez uniquement les appels du pont B et C avec les émissions vers la réception. Vous pensez que ça ira ? —Oui de toute façon il faut que ça aille. —C’est bien d’entendre ça. Tu ne te laisse pas abattre facilement. Je n’ai plus qu’à te souhaiter bonne chance pour la suite. Si vous croisez Durand, passez-lui mon bonjour. » Après sa douche, Aden contempla son reflet dans la glace et ce qu’elle vit fut une femme entêtée mais contrainte de rogner son frein pour survivre dans

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cette jungle symbolisée par ce luxueux paquebot de croisière. Elle coupa la musique de son enceinte et se précipita sur son netbook. Elle entra ses identifiants afin de surfer sur les annonces en interne de la compagnie. Etait-ce de toutes les annonces défilant sous ses yeux aucune n’attira son attention. Pas de compétences pour l’un ou l’autre de ses postes. Puis elle cliqua sur l’organigramme et elle s’arrêta sur le portrait de Joan barret. Cette dernière souriait d’une oreille à l’autre, très photogénique elle affichait un regard conquérant. Puis elle passa sur la fiche de June, l’assistante de Wynne. Elle ferma les pages pour se rendre sur les pages réservées à l’état-major. Son attention se porta sur James Felton jugé singulier par Durand. De beaux diplômes dont un en tant qu’ingénieur informatique obtenu dans l’université de la Virginie, celle érigée par Thomas Jefferson. Il avait travaillé sur des plates-formes pétrolières, en Arabie Saoudite et disposé e nombreux atouts financiers au Texas et en Alaska. En plus de cela, il maitrisait un bon nombre de langues. Elle allait poursuivre quand Kristy McLean et Emma Parks entrèrent en gloussant et stoppèrent net en découvrant Aden assise sur son lit et adossée contre le mur. Emma se jeta sur l’autre lit jumeau, les jambes en tailleur et l’air navré. « On ne pensait pas te trouver ici mais avec les autres de ton département. Il y a une sorte de pots de dernière minute. Les filles se sont passées le mot et on a appris pour tes étages, c’est…c’est vraiment moche. Ecoute, on va boire un verre sur le pont J alors on apprécierait que tu te joignes à nous. —Non c’est gentil à toi Emma mais j’ai encore du travail. Une prochaine fois peut-être. —Tu ne devrais pas t’isoler des autres. C’est comme ça que tu risques de perdre la face. —Vraiment ? C’est ce que tu crois ? Questionna Aden en referma l’écran de son ordinateur portable. Je suppose que vous autres de la réception ayez des plans infaillibles pour vous sortir de toute impasse. Je serais alors curieuse de savoir comment vous faites

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pour rester dans la lumière sans manquer de jouer à la comédie. Cela doit être épuisant, non ? » Le sourire aux lèvres, Emma se tourna vers Kristy en sous-vêtements prête à passer sous la douche. « Et bien je présume que tu n’es pas assez garce. Kristy devrait t’enseigner quelques leçons en la matière. C’est bien elle qui m’a tout appris. Elle fait celle qui n’entend pas mais je sais très bien qu’elle écoute aux portes. Elle aurait entendu une conversation te concernant selon laquelle Joan projetait de te ramener bien vite à la réalité. J’ai tenté de te prévenir mais tu es très suffisante. Il faut parfois batailler ferme pour obtenir de toi une réponse ou bien l’esquisse d’une conversation. Maintenant tu veux que je te dise ce que j’ai entendu ce matin ? » Elle changea de lit pour gagner celui d’Aden. Elle défit son chignon, ébouriffa ses cheveux et ôta ses escarpins qu’elle envoya voler au loin. «Jane Colley aurait fait la connaissance du très séduisant Chris Harm, notre ingénieur en aéronautique. Leur rencontre fut des plus inattendues mais Jane pense avoir trouvé l’amour. Le plus incroyables est qu’il est en très bon terme avec Ekeberg. Il fréquente Wynne depuis l’université et il est d’après Jane, très sensible à sa beauté. —Pourquoi me racontes-tu tout ça ? —Parce que Joan cherche à t’atteindre en déplaçant ses pions les uns après les autres. Elle est forte à ce petit jeu-là. Maintenant que tu es dans son collimateur, ce n’est plus qu’une question de temps. »

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CHAPITRE A quatre heures du matin les filles la réveillèrent par leurs éclats de rire et leur maladresse. Impossible ensuite pour elle de se rendormir et à six heures du matin, Aden se leva pour une rapide douche. Elle prit son petit déjeuner au milieu des autres lèves-tôt quand la silhouette de Wynne se découpa au loin. Il la vit à son tour et marcha droit vers elle après avoir serré quelques poignées de main. « Bonjour Aden…vous ne commencez qu’à neuf heures. Seriez-vous tombée du lit ? —J’ai toujours pris l’habitude de me lever de bonne heure, répondit la belle sans lever le nez de son café. —C’est très bien. » Il eut envie de s’assoir en face d’elle et de lui parler de ses insomnies. Il la voulait près de lui mais il s’interdisait de telles pensées tant qu’il n’était pas certain des sentiments d’Aden à son égard. Il ne trouva rien d’autre à lui répondre et tourna les talons. Aden avala son reste de café pour se précipiter vers les ascenseurs. Wynne la talonna et la laissa entrer avant elle. « Vous allez sur quel étage ? » Aden ne répondit pas et appuya elle-même sur le pont B. d’autres montèrent à leur tour dont Rebecca. Tous deux échangèrent quelques mots mais lui n’avait d’attention que pour Aden tapie dans cet angle, tel un animal apeuré, serrant contre sa poitrine le listing des chambres laissée par les gouvernantes du soir. « Oh, Aden, je ne vous avez pas vue ! Restez concentrée surtout et tout se passera pour le mieux. Vous verrez, c’est moins contraignant que le pont A. A toute à l’heure Mr Wynne ! » Les premières heures sur les ponts B et C furent éprouvants. Les six femmes de chambres et les deux équipiers n’avaient rien de comparables à ceux laissés en haut. Aden dut composer avec Courtney Hanson, Althea Davis, Giselle Roberts, Feith Stout, Meagan Barajas et Lela Lloyd et Rene Hull, Rod Driscoll. Mais toujours elle s’appliquait dans ce qu’elle faisait, mettant la main à la patte et s’adressant à eux comme

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à des amis intimes auxquels il fallait prendre soin. Les clients quittaient de bonne heure leur cabine et laissaient leur suite dans un état lamentable. Les vêtements trainaient partout et la literie se trouvait être retournée comme en vue d’un grand ménage de printemps ; là encore les chambres restaient luxueuses avec leur décoration néo-classique, artdéco, urbain et factory. Toujours les grandes baies vitrées et les terrasses couvertes et leurs transats. Aux alentours de midi, Durand apparut à la porte de la suite occupée par Aden et ses sbires. Le revoir ne lui fit aucun effet, préférant étouffer ses sentiments de colère sous sa morne indifférence. « Manges avec moi ce midi. J’ai des choses à te dire. Dans une demi-heure cela te va ? » Elle le retrouva au self des employés au moment où l’espace disposait e moins de places possibles. Docilement Aden suivit Durand à une table et commença à manger sans le moindre plaisir. « Comment cela se passe avec Zoe ? » Il cessa de saler son plat pour l’interroger du regard. « Elle bosse bien et tu le sais. Qu’est-ce que tu veux entendre Aden ? Hum…tu aurais aimé que je te dise que tu nous manque sur le pont supérieur ? Tes clients ne feront pas la différence, bien heureusement. » La gorge nouée Aden arriva à l’hypothèse que Durand filait ses tuyaux à toutes les gouvernantes travaillant de conserve avec lui. Zoe ne pouvait savoir seule que Frank Dunne aimait les femmes qui lui tiennent tête et que Scott Dagget….Aden ne devait plus penser à tout cela et surtout ne pas l’évoquer à haute voix au risque de passer pour ennuyeuse. « Et comment va Ekeberg ? —Comment veux-tu qu’il se sente ? Il doit se sentir soulagé, tu ne crois pas ? Tu te soucies de lui ? C’est touchant mais tu dois rester concentrée sur ton avenir. Au rythme où vont les choses tu ne resteras pas longtemps gouvernante. —c’est pour me remonter le moral que tu dis cela ? »

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Ils poursuivirent en silence. Arriva Zoe Cass. Elle rayonnait dans son bel uniforme bleu-marine et vint s’assoir près d’Aen comme pour mieux l’offenser. « la matinée fut riche en émotion, n’st-ce pas Durand. Je pense que l’on fera du bon travail toi et moi, du moins c’est ce que crois Barret. Elle est intuitive et ne se trompe jamais concernant ses diagnostics. Reste à savoir si le capitaine appréciera mon dévouement. Il m’a complimenté ce matin et comme tu me l’as fait noter, il apprécie qu’on lui parle d’autre chose que son train-train ordinaire. Je me demande seulement s’il envisage de… —Ecoute Zoe, avant que tu n’arrives Aden et moi étions à échanger sur certains aspects de nos respectives professions et cela nous ennuie que tu viennes nous interrompre dans nos réflexions. —Je comprends mais maintenant tu ne travaille plus avec Aden mais bien avec moi. Il nous faut optimiser notre temps en échangeant sur des points importants, tu ne crois pas ? » Le capitaine Ekeberg serra quelques mains avant de marcher droit sur la table d’Aden Hamill. Zoe croyant qu’il venait pour lui, affichant un radieux sourire et gonfla la poitrine en battant des paupières telle une biche au fond des bois. Le capitaine avec sa barbe poivre-grise taillée en bouc se tenait droit devant Aden. Il ne sut comment entamer la conversation. « Capitaine, vous vouliez un renseignement en particulier ? interrogea Durand. —Oui, c’est exact ! Il parait difficile de vous contacter maintenant que vous n’êtes plus sur mon étage alors je voulais savoir à quelle heure est programmé le spectacle de lumière ce soir, Miss Hamill. Vous pourriez peut-être me renseigner ? —C’est que je ne travaille plus pour vous, Capitaine et l’aide de Mr Durand pourrait vous être profitable. Ne croyez-vous pas ? » Ekeberg ne souriait pas. Il repoussa ses lunettes sur son nez et poursuivit : « Mais cette requête s’adresse à vous, répliqua ce dernier les mains sur les hanches. Vous pensez

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pouvoir me renseigner pour dans une heure ? Ditesmoi sur quel numéro je peux vous contacter ? —Sur le 18112. —D’accord, alors restons en contact vous et moi. Mr Durand, Miss Coss, au plaisir de votre compagnie ! » Ekeberg partit tous les regards retournèrent à leur plateau et toutes les discussions reprirent de plus bel. Zoe ne parvenait à encaisser l’intrusion du capitaine dans leur conversation. Il ne pouvait l’avoir ignoré pour cette Aden, pensa-t-elle en déglutissant avec difficulté. Et plus insupportable encore, le regard de leur capitaine posé sur Aden. Cela ne faisait pas l’ombre d’un doute, il la convoitait tel un diamant brut sous l’œil avisé du joaillier. Alors toutes ces rumeurs étaient fondées : Ekeberg la voulait pour lui seul. Et que dire de Wynne ? Il lui bloqua l’accès à la borne de badge et régla l’addition via sa carte à lecture magnétique. « Je vous offre le café Aden ? Ajoutez un café s’il vous plait ! Vous le prenez noir et sans sucre c’est cela ? » Il récupéra le breuvage qu’il lui tendit sans la lâcher des yeux. « Il vous rencontrez des ennuis avec le capitaine ? J’espère que vous ne lui avez pas causé quelques tracas, ce qui serait fort contrariant. Zoe Cass vos cause-t-elle quelques ennuis ? Je suppose que Durand vous a parlé de Mr Syed. Je me suis longtemps entretenu avec ce dernier et il vous encourage à prendre le poste dont je vous ai parlé, celui concernant les relations publiques. Si vous êtes toujours motivée je vous positionne immédiatement sur l’offre. Le service d’étage ne semble plus vous convenir. —Il n’y avait-il pas une façon plus noble de m’évincer ? Vous me retirez mon étage pour me renvoyer aux ponts inférieurs pour ensuite affirmer de telles suppositions. J’aime ce que je faisais en tant que gouvernante.

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—je n’en doute pas mais vous devez viser plus haut. Et il est de mon devoir d’encourager mes employés à évoluer. Le poste que je vous offre est placé sous ma tutelle. Aden, que dois-je faire pour vous convaincre que vous ferez l’affaire ? —Vous le savez très bien. Rendez-moi mes étages, ensuite je verrai quelque suite donner à votre requête. Pour l’heure je ne peux me décider, Mr Wynne. Merci pour le café. » Remontée sur le pont B, elle y croisa Peter Kinnear, le majordome et fut séduite par son aspect physique. Rien d’étonnant à ce qu’on le trouve beau avec son regard d’un bleu acier et ses cheveux vrillant sur son crâne, visage emprunt d’une grande noblesse et cœur pur, il passait pour un enfant de chœur comparé aux deux autres affiliés au service des milliardaires et millionnaires. Sourire ultra-brite et flegme britannique Kinnear électrisait les foules. « Ainsi Miss Hamill, je fais votre connaissance…. Et j’en suis profondément honoré. Il est à espérer que nos étages vous conviennent. Ce soir aura lieu la soirée du personnel comme vous le savez et cela sera l’occasion pour nous de faire plus ample connaissance. Vous y assisterez n’est-ce pas ? » Elle songea à Chris harm dont elle restait sans nouvelles de lui ; à ce sujet elle ne pouvait croire un mot de ce qu’avait raconté Emma à son sujet la veille au soir. Chris, très sensible il est vrai n’aurait pas trouvé correct d’aller se consoler dans les bras de Jane Colley. A une semaine depuis le départ de New York aurait lieu la soirée du personne sur le pont I, au niveau du casino royal, des cinémas et théâtres. June Paltrow et Mark Wynne accueillit ce petit monde en leur remontant un sac garni d’accessoires festifs. L’on se massait aux portes du théâtre et pour l’occasion les filles avaient revêtues leur plus belle robe. June lâcha un : « Waouh ! » en voyant arriver Aden plus magistrale que jamais dans sa robe noire à col mao ouverte sur le devant dévoilant sa poitrine ronde et ferme. Cette dernière ne faisait pas dans la demi-

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mesure affirmant son penché pour le classique et le sensuel poussé à l’extrême par son décolleté échancré et la fente sur sa jambe laissant entrevoir sa jambe fuselée et interminable. June la gratifia d’un baiser comme pour se rapprocher physiquement de cette déesse au sex-appeal indéniable. Queue de cheval haute et regard souligné de khôl, Aden en imposait par son allure de femme fatale. Wynne ne la lâcha pas des yeux et immédiatement son sexe gonfla à la vue de sa poitrine à demi dénudée. Oui, elle était dangereuse et pour s’en convaincre il fallait observer les représentants de la gente masculine dont le regard lubrique trahissait leurs pensées. Les autres gouvernantes se pressèrent autour de la nouvelle arrivante pour la complimenter sur sa robe Balmain. L’afro-américaine, Ella Atsanis des parties communes aux yeux verts et aux mèches dorées l’entraina à sa suite vers les places disponibles. « Wynne va faire son traditionnel discours et ensuite on se rendra au buffet où le champagne coulera à flots ! Ensuite on pourra danser jusqu’à l’aube, déclara cette beauté métissée en illustrant ses propos par des mouvements aériens évoquant une danse charnelle. C’est toujours au moment du buffet que les couples se font pour la saison. Personne n’est assez stupide pour manquer cette soirée, crois-moi. Quand je te dis que les couples se forment, jette un œil sur ta gauche. Kristy tient à ferrer son toubib préféré. C’est plus fort qu’elle mais à chaque fois elle se ramasse en beauté. » En tournant la tête, Aden vit de quoi il retournait. La plantureuse kristy discutait avec le docteur Mark Lance et une foule d’admiratrices attendaient leur tour en gloussant. A distance il salua Aden qui lui répondit par un timide sourire ; « Tu le connais, on dirait, souligna Ella des plus surprises. —On s’est croisé une fois sur le pont en compagnie de June. C’est tout. Après le discours de Wynne et les petits fours, Aden éprouva l’ivresse dès les premières gorgées de

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champagne. Difficile pour elle de rester concentrée sur tous ces visages agglutinés autour d’elle. Elle sourit béatement en voyant arrivé Chris Harm en compagnie de Neil hayes. Tous deux la défigurèrent avec envie s’attardant un peu trop sur son décolleté et Ella qui depuis le début n’avait pas lâché Aden d’une semelle rougit en voyant Chris l’observer, les sourcils froncés comme l’incriminant d’avoir fait boire sa belle. « J’ignorais que tu viendrais, sourit Aden, ses chaussures plate-forme à sangles portées à la main. Je te présente Ella Atsanis, également gouvernante. Ella, voici Chris Harm, notre ingénieur en aéronautique ! —On se demandait si tu….si vous accepteriez de prendre un verre au bout du pont ? Il y a un excellent bar dansant, le Caesar si toutefois vous avez la permission de minuit. » Ella éclata de rire. La réponse pour elle fut sans équivoque : ce n’était pas tous les jours qui lui seraient permis de sortir avec Neill Hayes, leur Hotel Manager ; déjà elle tremblait d’excitation, l’œil brillant de mille feux. Aden en appui contre le bras de Chris remit ses talons noirs à brides argentées ayant depuis peu recouvré son sérieux. A quelques mètres de là se tenait Joan Barret profitant de la disponibilité de Mark pour lui sauter dessus. Sans vouloir se montrer maladroit il lui pria de d’excuser et rejoignit hayes et le reste de la troupe avant qu’elle ne quitte la grande salle. « Vous nous quittez déjà ? —On va boire un verre au Caesar, répondit Chris serrant contre lui le bras d’Aden. On repassera ici plus tard, tu n’auras qu’à nous laisser une ou deux bouteilles au frais. » Aden trouva Chris enjoué, plein d’esprit et à l’aise. Les effets du champagne probablement et une fois au Caesar, ils s’installèrent à un carré donnant sur les mers des Caraïbes ayant conservées sa couleur bleuturquoise de la journée. Ella sur son petit nuage ne parvenait à redescendre et le nez dans son cocktail cherchait appui auprès de sa nouvelle amie. Ils

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parlèrent de sujets et d’autres, jusqu’au moment où Aden voulut danser et sur la piste se déhancha imitée par la diablesse d’Ella sui cachait bien son jeu. Chrs les avant-bras posés sur ses cuisses brûlait d’envie de s’envoyer en l’air avec Aden. Hayes tenta d’attirer son attention mais rien n’y fit. D’autres clients vinrent se frotter au couple Aden-Ella et dans l’esprit de Chris cela ne pouvait être toléré. « On put se joindre à vous ? Questionna mark Wynne par-dessus l’épaule de Neil. —Oui, je me demandais si tu allais finir par rappliquer. » Aussitôt Mark Wynne s’assit imité par le docteur lance. Sur la piste Aden riait aux éclats ayant trouvé en la personne d’Ella une amie de circonstances. Les voir s’amuser fut très contagieux pour les autres spectateurs qui alors se ruèrent sur le dancefloor. Les rythmes enfiévrés de la musique en ravissaient plus d’un. Ella et Aden zoukèrent sous l’œil de tous ces mâles en rut. Assoiffées elles se rendirent au bar pour commander de nouveaux verres à mettre sur la note de Mr Neil hayes dont elle désigna l’emplacement du doigt. Le serveur s’exécuta tout en dansant derrière son comptoir. La musique était des plus enivrantes au point de ne plus pouvoir s’assoir. Sur sa banquette Chris ne pouvait plus tenir et son pénis gonflé par l’excitation devenait gênant dans son entrejambe. Elles retournèrent à leur table pour mieux repartir d’un regard complice. Seuls discutaient Lance et Haynes. « Euh…Chris, je vais ramener Ella à la proue de l’Elysium et ensuite je vais aller retrouver ma cabine. Tu nous accompagne ? » Une fois dans sa cabine, Aden fouilla dans son aumônière pour y trouver ses clopes. Elle poussa le hublot pour fumer en toute clandestinité quand elle remarqua une secousse. Les moteurs venaient de stopper. Aden regarda l’heure sur son smartphone : 02h15 du matin. Elle termina sa cigarette puis se démaquilla. A 02h30 on toqua à la porte de sa cabine.

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« Durand ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? » Il la poussa à l’intérieur de la pièce. « Habilles-toi chaudement et ne garde avec toi que le strict minimum. —Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Questionna la belle en le suivant du regard. Je n’ai pas l’intention de ressortir mais de dormir un peu. Je ne peux pas mettre un pied devant l’autre. —D’accord. Des pirates sont montés à bord de l’Elysium et ils font bloquer les accès aux différents ponts. Ils vont s’en prendre aux cabines des ponts supérieurs et au coffre-fort de ce paquebot. —Tu n’es pas sérieux là ? Mais l’officier de quart aurait donné l’alerte. —Non. Il y des complices à bord. Ce n’est qu’au changement de quart que les choses vont s’accélérer. Pour l’instant cela nous donne une fenêtre de tirs de deux heures. —Mais…. » Aden abasourdie ne savait trop si elle devait y croire. « ….combien sont-ils ? —Peut-être dix, peut-être moins mais sils sont très organisés. Nous sommes dans un détroit, ce qui a poussé l’Elysium à réduire sa vitesse. Aucun mal ne sera fait aux passagers s’ils coopèrent mais, il faut mieux se préparer à toute éventualité. » Un frisson parcourut la racine des cheveux d’Aden. « Mais comment les identifier ? Et… quelle merde ! On devrait prévenir le capitaine. —Non. Pour le moment ni toi ni moi ne sommes au courant. Habille-toi suis-moi sans te poser de questions. » Plus tard Durand frappa à la porte d’Allen Style. Il écarquilla les yeux en les découvrant tous deux sur le palier de sa cabine. « Il se passe quoi Durand ? —Des pirates sont à bord et avant l’aube ils feront entendre leur revendication. —Oui, rien d’anormal. On laisse les eaux territoriales des Caraïbes derrière nous pour pénétrer la zone Atlantique et son lot de contrariétés. Fais chier, il fallait s’attendre à leur présence ! Dans les prochaines heures cela risque d’être le carnaval à

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bord si l’on ne trouve pas une issue à cette attaque. Tu penses à qui Leland ? —Il pourrait y avoir un ou deux officiers de compromis et des complices dont divers services. Tout ce que je sais ce que l’Elysium s’est immobilisé pour changer de cap. Cette manœuvre n’est pas la procédure. —Je te fais confiance. Une chance pour nous que tu sois à bord mon ami. Maintenant on fait quoi ? —On attend leurs revendications. On ne peut se manifester avant au risque de les rendre furieux et il est de notre devoir de protéger les passagers de l’Elysium. Je veux avoir accès à tes caméras de surveillance. Peut-on se rendre à ton QG ? » Ce qu’ils firent et une fois dans la salle sécurisée face à toute intrusion, Durand se mit derrière une console et remonta les enregistrements des coursives des ponts d’embarquement. Rien de bien suspect. Les clients habituels et les membres du personnel. Quand Styles sortit de sa torpeur, glissant un doigt vers le moniteur. « Là tu vois ? Mets sur pause et agrandis l’image. A ton avis que fichent ces clients sur cet annexe ? Regarde, on les retrouve sur cet enregistrement. Les caméras scannent leur visage ce qui rend la recherche plus facile. Ces trois types ont pu monter à bord lors de notre escale à Saint Martin et disposer d’assez de temps pour saboter le paquebot. Regarde, on les voit encore ici et là ! Je dois prévenir Ekeberg, c’est la procédure et je sais que tu la désapprouve urand mais là on a à faire à une équipe très organisée. —Quelle chambre occupent-ils ? On doit avoir accès au lsting des nouveaux arrivants. —Ah ! Alors il faut que je réveille mon équipe. Oui durand je suis la procédure. Je pense que ton amie devrait retourner se coucher. —Me coucher ? mais la menace n’est pas écartée. —Il y aura une enquête suite à cette intrusion et si l’on apprend qu’à un moment ou à un autre tu te trouvais être loin de tes zones autorisées alors tu risques gros et nous avec.

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—Alors je la raccompagne. Tiens-moi au courant si tu as du nouveau Styles. —Je préfère garder ce type de renseignements pour mon équipe Durand, je suis désolé mais…. —C’est la procédure oui ! » Il entra dans sa cabine suivit par Aden en proie à une vive agitation. Elle tournait en rond dans la pièce sans cesser de passer ses mains dans les cheveux relevés en une queue de cheval. Depuis la première fois de sa vie elle se trouvait être en situation de crise. De son côté durand quadrillait les informations qu’il avait pour en tirer une substance quelconque. « Aden, détends-toi il ne se passera rien. Ces hommes repartiront comme ils sont venus. —Mais s’il leur venait à l’esprit de vouloir faire feu ou d’incendier l’Elysium, alors n’ai-je pas toutes les raisons de paniquer ? —Ecoutes tu me rendrais un grand service si tu pouvais garder ton sang-froid. Tu n’as aucune raison de paniquer d’accord ? Ils ne s’en prendront pas aux passagers et membres du personnel. »

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CHAPITRE Aden prit son service comme d’ordinaire sans rien remarquer d’anormal. Cependant, elle se précipita à la réception pour s’entretenir avec Emma Parks. « Il faut absolument que je te parle ! —Là maintenant ? Est-ce vraiment urgent parce que ce n’est pas vraiment ma pause. Dis tu en fais une tête. Il s’est passé quoi hier avec le boss ? Questionna cette dernière le large sourire sur les lèvres. A ce que je vois tu n’as pas beaucoup dormi. » Les autres filles du desk ne la lâchaient pas des yeux, un regard qui semblait vouloir dire : Maintenant que tu couches avec le patron tu viens t’afficher devant nous ! « Emma, j’ai besoin que tu me rendes un petit service. —Oui bien-sûr ! Tu es une reine pour moi depuis tes succès de la veille, aurait-elle pu ajouter. —Je veux le listing de toutes les personnes montées à bord depuis Saint-Martin. —Ton service a déjà la liste. Tu veux quoi d’autres, que je t’invente de fausses identités ? Tu sais comme tu es sur le pont B et C, tu devrais peut-être descendre moins souvent. Les autres communiquent via le téléphone et si Buckley te voyait là, il piquerait un phare tu sais. —Le capitaine est-il passé vous voir ce matin ? Avant que vous ne preniez le service ? —Je ne sais pas. Il faut demander à l‘équipe de nuit. Ce n’est pas dans ses habitudes. Autre chose peutêtre ? Tant qu’on y est demande-moi les horaires de marée à Rio de Janeiro. » Les autres filles gloussèrent derrière. Aden tourna les talons soulagée de constater que personne n’était au courant de la présence des pirates à bord. Aden ne parvenait pas à se concentrer, elle n’était pas à son travail et Durand la pipa. Peu de temps après is se retrouvèrent tous deux dans une cabine du pont B. « j’ai du nouveau pour toi, Aden concernant les passagers embarqués à Saint-Martin. Nous avons ce type là, celui de la caméra de surveillance. Paul

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Loverdge, Howard Chatterton et Juin Evans sur le pont G. Puis nous avons Hayley Fraser, Charlie Green Faye Jones, sur le pont F. Ainsi que Ben Hills et kenneth Barrow sur le même pont. Ceux-ci ont attiré notre attention. Seulement trois sont montés à Saint-Martin pourtant, soit Kenneth Barrow et ben Hills alors qu’ils étaient enregistrés pour un embarquement à new York. Apparemment rien ne laisse penser qu’ils sont amis mais ce Kenneth Barrow sert de jonction entre ces trois cabines. Ne me demande pas comment je le sais, je le sais c’est tout. . —Et que suis-je censée faire maintenant ? —rien. Moins tu en sais et mieux ça sera. Comment se passe ta matinée ? —Tu ne vois pas à quel point je suis tendue ? » Il s’en alla sans rien ajouter d’autre et livrée à ellemême Aden échafauda un plan pour le cas où le paquebot viendra à couler. Pendant le briefing à aucun moment ses supérieurs reparlèrent des pirates à bord. Pour cette novice des voyages en croisière, elle se dit que le service de sécurité venait de tuer le poussin dans l’œuf Elle partit rassurée mais au moment où elle allait remonter sur ses étages l’alarme retentit demandant à tous les membres du personnel de rejoindre leur passerelle d’évacuation. « Ceci n’est pas un exercice ! Veuillez rejoindre votre point de rassemblement ! » Aucun des membres d’équipage ne semblait être en panique. Disciplinés ils prirent leur gilet de sauvetage pour rallier leur point de contrôle et Aden les imita. Son téléphone se mit à sonner. « C’est Wynne, Aden. J’aimerai que vous montiez sans plus attendre dans la cabine du capitaine. —Non, ce n’est pas possible ! Je suis sur le pont N et on ne me laissera pas monter. —Aden, nous n’avons pas une seconde à perdre alors débrouillez-vous pour être là dans moins de cinq minutes. Vous comprenez, il est très important que vous soyez là Si l’on vous cause le moindre ennui appelez-moi ! »

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On la laissa monter. Là aussi les clients attendaient devant leur propre point de rassemblement. Ils étaent patients et disposés à jouer le jeu. En frappant à la porte de la cabine, ce ne fut pas Wynne qui lui ouvrit ni le capitaine mais un homme qu’elle ne connaissait pas. Un grand type roux à la fossette d’ange. « C’est vous Aden Hamill ? Entrez je vous prie ! » Il referma la porte derrière elle et vit là des femmes et des hommes arborant un gilet pare balle et des lunettes solaires sur leur nez. Les fameux pirates ! elle s’était faite une idée fausse de leur description. Ces individus ressemblaient plutôt à des représentants des forces de l’ordre ou à un organisme paramilitaire mais pas à des pirates des romans d’aventures. « S’il vous plait, asseyez-vous ! » proposa Kenneth Barrow en lui proposant une chaise. « Cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps…. » Mark Wynne en grande discussion sur la terrasse avec le capitaine Ekeberg et le second de Barrow, ben Hills. « Détends-toi Aden, détends-toi. C’est ta première croisière ? Alors ça te fera un petit souvenir à raconter. Respires, d’accord ? » Barrow sortit à son tour et seule avec les autres pirates, Aden se mordit les lèvres en triturant ses mains. Son regard vint croiser celui du capitaine suspendu au téléphone. Il transmettait des ordres à la passerelle dont celui de mettre en panne. De temps à l’autre il lorgnait du côté d’Aden. Elle paraissait calme, très sûre d’elle une fois de plus, ce qui le rassura. Ils rentrèrent et le cœur de notre Aden se mit à battre rapidement. « C’est simple capitaine, il me faut ces coordonnées et il me les faut maintenant. Quant à vous Wynne vous savez ce que vous devez faire. Coopérer et aucun mal ne sera fait à vos employés et clients. —Vous savez que cela m’est impossible. Si je vire cet argent alors tant que je ne suis pas sur le continent. —Vous essayez de gagner du temps n’est-ce pas ? Cela ne prend pas avec moi.

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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