Trajectoire du Vide

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(Page reste vierge image seulement pour finaliser le choix de la couverture)

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LA TRAJECTOIRE DU VIDE [Sous-titre]

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Du même auteur Aux éditions Polymnie’Script [La cave des Exclus]

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MEL ESPELLE

LA TRAJECTOIRE DU VIDE

Polymnie ‘Script

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© 2014 – Mel Espelle. Tous droits réservés – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.

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[Dédicace]

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[PrĂŠface]

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Chapitre 1 « Hey Negro ! Tu te souviens de moi ? Nox, cela t’dis qu’chose ? » Il a chargé sur le grand noir à bonnet portant une parka ; il a commencé à le bourré de coups dans l’abdomen. C’est comme ça la rue. L’autre négro va dérouiller sec. Une histoire toutefois banale de ce quartier de Londres où le taux d’insécurité avoisine les 85% et on étudié un truc comme ça en cours. Un inspecteur des stupés et venu pour nous parler de la drogue et lui et sa collègue ont sortit des chiffres « édifiant » pour remettre les termes de la blonde à queue de cheval. Marcus a balancé Johnson à Duick qui lui a donné Stux ; la merde finit toujours par remonter le courant. On roulait sur Devon Avenue quand Nox a arrêté sa vieille voiture pour sortir prestement, la capuche remontée sur la tête et la tête rentrée dans les épaules. D’autres nègres ont essayé de s’interposer alors Nox a sorti son flingue. « Tu diras à la petite pédale que tu suces que je ne veux pas le voir trainer dans mon quartier, pigé ! S’il racole encore et essaye de liquider sa taube, je le bute. Lui et toutes ces petites chiennes de négresses ! —On t’fera la peau Nox. A toi et à ta petite chatte…

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—Quoi ? Qu’est-tu dis ? Il attrapa Stanley par le cou et lui brisa le dos pour le mettre à genoux/ N’aies même pas cette idée négro ou je te fais bouffer tes couilles ! Et vous ! (en brandissant son arme vers eux) N’essayez pas de jouer aux plus malins sales babouins ! » Ensuite il a roulé sur la Madison street, l’Albert street et la Queens Str. sans dire un mot, le cure-dent coincé entre ses lèvres rondes et pulpeuses. Puis il s’est garé devant le square de jacques Ier, là où les dealers de Greenland revendent leur came. « J’en ai pour une seconde, restes ici et ne bouges pas ! » Il sortit ; même démarche, jambes un peu arquées et démarche de boxer, mains enfoncées dans les poches. Un chien aboyait au loin et le rire gras de nègres me parvint aux oreilles. On pourrait penser qu’il y a une embrouille, mais c’est une soirée ordinaire. J’ouvris alors ma sacoche pour plonger dans mes mathématiques. Au programme la trigonométrie et en ce moment je me situe plutôt bien. Sur une èmeclasse de 32 élèves je me situe à la ème 11 place ème et je compte monter à la 8 voire 6 si j’obtiens la moyenne en mathématiques, en français et en chant. Les autres matières ça va encore. L’année dernière mes résultats étaient trop moyens et aucun professeur ne me voyait gagnante/ « Elle s’absente trop souvent ! Et quand elle se donne la peine d’assister aux cours, elle n’est pas dans son état normal ! » Target est sur la banquette arrière et expire son haleine chaude vers moi. C’est un dogue argentin, un chien de combat qui a fait ses preuves en battant Snoopy, Harvey et Tyson. Il a perdu un œil et il porte des cicatrices ici et là ; il a trois ans

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et je lui donne à manger à la main pour qu’il sache que je suis le maître. Nox l’a dressé pour qu’il me défende et avec lui à mes côtés je peux dormir sur mes deux oreilles. Deux types arrivent. Deux nègres que je distingue dans le rétroviseur. Target se redresse sur son séant. Toc, toc ! « Hey, baisse la vitre! » C’est Djamal et son frérot Hassan, les autres ne font pas tarder à rappliquer. « Baisse c’tte vitre j’te dis ! » Si je le fais Target va se mettre à donner de la voix et Nox va rappliquer aussi sec. « Si tu veux me parler Djamal, tu le fais derrière la vitre. —Quelle pétasse celle-là ! Hey t’es qu’une pétasse poufiasse ! Cracha-t-il sur ma vitre laissant entrevoir ses dents en or. Il est où cette enfoiré de Nox ? Il est parti se faire bouffer la queue, hein ! Tu ne lui suffis plus. Moi j’sais qu’il descend se faire sucer chez Doria. Tout l’monde s’fait Doria ; elle pompe bien. Et toi ? T’as pas envie d’une énorme queue de black dans ton p’tit cul d’blanche ? —Hey NOX ! Cria Hassan devant le hall B. Faut qu’on cause mec ! DESCENDS on t’attend ! » Il arrive dix minutes plus tard, des plus décontractés. Les autres se sont posés contre une vieille bagnole carbonisée stationnée devant la nôtre. Ils s’échangent des check et Hassan lui remit une enveloppe Kraft. Contenu : 2700 Livres sterling ! « Il me devait ce fric Hazel ! Ce fric était le mien avec les intérêts. Maintenant on rentre… ». On vit devant le square Cromwell et des jeunes squattent les bancs pour imiter leurs aînés. On vide le coffre de la berline, il y a pour 120£ de courses dont de la drogue à faire passer, dissimulée dans des boîtes à

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couscous. Rick est là dans le hall et on dirait qu’il dort debout, les bras croisés sur la poitrine. « Il y a le blanbec qui est passé il y a une heure de cela…tu sais on pote qui pose plein de question… » Rick sert d’interphone à tous les résidents de l’immeuble ; à savoir une trentaine d’individus répartis sur 5 niveaux comprenant trois appartements par palier. Nous on occupe le 4ème étage avec sur le palier des étudiants au nombre de quatre, une mère et sa fille plus leur petit Bull terrier ; au 5ème il y a une putain qui « reçoit » tous les soirs et plusieurs fois dans la journée. On la voit jamais mais on l’entend distinctement. Appartement du milieu inoccupé et celui de droite est occupée par une famille de sept africains qui cuisinent du lever au coucher du soleil. Sous notre étage, une famille asiatique les Yong qui vivent en parfaits paranos, un couple hétérosexuel et une famille du coin, les Moore qui comptabilise quatre membres, des évangélistes d’après ce que j’ai compris. Au deuxième, une vieille folle, la Mère Nore qui vit avec son chat que l’on voit dormir sur le capot des voitures ; à côté d’elle des Africains dont elle se plaint continuellement : « Ils puent et ils parlent fort ! Je leur ai dit de retourner d’où ils venaient car ils représentent des nuisances pour tout le monde ! » Sur leur droite, un père un peu perché et son fils tout aussi perché du haut de ses 15 ans. Au rez-de-chaussée un vieux couple portugais les Dos Santos occupant les lieux depuis les années 70 et à droite de l’escalier un autre vieux et veuf dont on ignore s’il est encore en vie ou pas. Il y a des tags partout sur les murs. Des petites frappes de l’immeuble voisin

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venant marquer leur territoire jusqu’ici. L’escalier est à peu près propre bien qu’on y trouve quelques mégots et sticks ; des déjections animales au petit matin et des cochonneries tombées des poubelles mal fermées. On a notre rendez-vous celui de 8h30 à l’Hôtel Buch’Inn sur La Mary Street. On monte des arnaques Nox et moi. Je séduis des hommes sur le web, on l’attire ensuite à l’hôtel pour le dépouiller après l’avoir drogué. Pour l’affaire de ce soir, le type est chaud bouillant ; je le travaille au corps depuis trois jours déjà. On discute vite fait dans un bar ; si je le sens bien je l’emmène en face, si ça pue l’embrouille, je le laisse bien gentiment ici. Il a une barbe de trois jours, des cheveux un peu cuivrés et des yeux de chats ; il n’est pas très causant et se tient là à me fixer. J’ignore ce qu’il pense de moi. « Tu veux qu’on monte ? » Et dans la chambre d’hôtel on se tint assis l’un près de l’autre. « Tu as le fric ? « Salut ! Tu dois être Monroe ? Tu n’as pas une tête à t’appeler Monroe, ricana-t-il en hélant la serveuse. Je m’attendais à vois quelqu’un de plus mûre, j’avoue être surpris et quelque peu dérouté. Tu veux prendre quoi ? Mon ami va prendre un martini et moi…(il étudia la carte) Servezmoi un délicieux cocktail avec tous les alcools de votre cave réunie (la serveuse gloussait séduite par mon RDV de ce soir) oui le Toutafix fera l’affaire ! Merci..C’est plutôt sympa ici. Est-ce la première fois que tu viens ? Non, oublie ma question. Parfois je manque de délicatesse ; je

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devrais plutôt te demander ce que tu fais dans la vie. Tu disais travailler ? Dans quoi exactement ? Si tu ne veux pas réponde, ce qui est ton choix, alors il nous reste l’option de se regarder dans le blanc des yeux et attendre que les minutes se passent. Qu’est-ce que tu regardes ? (Il tourna la tête et aperçut Nox au bout de la salle, mâchouillant un cure-dent. Il le vit sans vraiment le vois, je suppose) Demain c’est mon jour de repos. Le premier depuis…un long moment. Je travaille à mon compte, sourit-il en remerciant la serveuse à qui il présente son American Express. Un gros poisson oui ! Un gros poisson qui paie avec sa carte de crédit…Il est possible qu’on dine mademoiselle, mon amie et moi avons plein de choses à nous raconter. (Hey merde !) Cela te convient ? —Vous décidez tout le temps pour tout le monde, comme ça ? Je veux dire que c’est un peu macho comme concept. Macho et réducteur ! Je vais me contenter d’un verre et ensuite…est-ce la première fois pour toi ? Ce genre de rencontres ? L’idée est qu’on prenne du plaisir tous les deux et je sais que tu es amateur de belles choses, comme les beaux châssis et les grosses cylindrées. —Qu’est-ce qui te fait croire ça ? Il afficha un large sourire et des rides d’expression se décidèrent à l’angle de son regard, les fameuses pates d’oies. Je travaille beaucoup, peut-être trop et je n’ai par conséquent peu de temps à consacrer à l’une et à l’autre de ces choses. Remontons le temps à quelques heures, hum. Tu m’as faite bonne impression tu sais. J’ai eu envie de te rencontrer.

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Effectivement Joel attendait assis sur l’escalier du 4ème lisant un livre de poche, un essai philosophique de Nietzsche. « Qu’est-ce que tu branles Jo ? Questionna Nox penché sur le trou de la serrure. T’as besoin d’une piaule confortable ? Hey, toi le chien ! Tu rentres en dernier ! » Difficile de garder l’appartement propre. Je range le matin avant de partir au bahut et quand je reviens après 17heures c’est de nouveau le chantier. Nox se fiche pas mal de la propreté, de l’hygiène et du confort. Moi je retire mes baskets quand je rentre et je passe par la salle de bain pour me laver les mains ; Tom lui se colle devant la télé pour tenir sa compta. « Tu veux quoi ? Haley ramènes les bières par là veux-tu ? —On ne te voit plus beaucoup à la salle de sport. Merci Haley. Tu ne veux plus combattre ? Doug t’a inscrit et…tu as déjà manqué deux cours. Si tu as des soucis tu peux m’en parler tu sais. Tu as des problèmes en ce moment ? Nox ! Tu as des problèmes ? —Qui n’en a pas ? Hale, tu branles quoi avec les bières ? Le personnel devient de plus en plus difficile à recruter. Il a fallu que je me fasse des macaques ce soir et j’avais de la tune à récupérer. Toi tu n’as peut-être pas de problèmes de fric mais moi j’en ai, figures-toi. Il y a le bahut d’Haley et la bagnole, le loyer et les extras. J’ai besoin d’assurer mes arrières. Tu piges ? Haley, putain tu branles quoi ? —Je ne suis pas ta pute Nox ! Si tu veux tes putains de bière, tu n’as qu’à lever ton gros derche ! Je sors, je vais faire un tour. Ça va je vais juste chez Grace. Et puis tu as mon téléphone, tu n’auras qu’à m’appeler pour que je chante une petite

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berceuse pour t’aider à t’endormir. Viens Target on sort ! » Mon frère est en taule depuis trois ans et il lui reste encore deux ans à tirer. Il a demandé la conditionnel et d’après Joe (qui s’y connait un peu en droit) il y aura le droit. Mon frère Charlie c’est Putain de fils de pute ! Il aurait pu prendre pour dix ans mais une fois de plus il a réussi à réduire sa peine. Quand je vais le voir au parloir il parle de Nox comme étant le seul en qui je dois avoir confiance et pourtant selon moi Nox a un pète-au-casque. Target et moi on regarde les bagnoles passer sur le pont au-dessus de l’autoroute périurbaine. Je fume un pétard tout en relisant mon texte de français. Il se mit à pleuvoir et quand il pleut, on en a pout un moment. Charlie est un enfoiré. La capuche sur la tête je longeai la chaussée transformée en une reproduction miniature de Venise. On klaxonne derrière moi. C’est Joel dans son gros 4X4. Il a ses chevaux le week-end quand il n’est pas à son yachting. « Montes, je te dépose ». En temps normal j’aurai refusé mais là, il faut se mettre à l’évidence que c’est la voiture ou une un énorme rhume. « Tu pourras me déposer à la prochaine rue. Je vais m’acheter des clopes. Suis à court. Tu vis toujours avec ta meuf ? —Oui pourquoi cette question ? On vit ensemble oui. —J’ai besoin d’un endroit calme pour quelques jours. J’ai besoin d’une piaule quelque part et sur ce coup-là il faut que tu m’aides. Nox est un peu tendu en ce moment et il ne comprendrait pas que je veuille mettre les voiles. J’ai un peu de fric. On va dire 500 livres pour une quelconque piaule.

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—Pour quand tu dis ? —Dès ce soir en fait. Je ne crois pas que je ferais un soir de plus chez Nox. —Il y a de l’eau dans le gaz entre vous. Tu peux me dire ce qui ne va pas ? Ou ce qui ne va plus ? Nox ne vient plus s’entraîner au club et il se met à taper sur tout le monde. Je m’inquiète pour lui. —Mais tu ne sembles pas inquiet pour moi. Tu ne me demandes même pas comment je vais. Arrêtes-moi là…files moi 20 livres pour les clopes. Toi Target ne bouges pas, je reviens ! » Dans le drugstoire je me cachai derrière la colonne de gâteaux secs pour observer Joel dans gros et rutilant 4X4. « Mademoiselle ! On ne fume pas ici ! » Me lance le type, probablement un pakistanais ou un hindous. C’est la dernière clope de mon paquet et je compte l’apprécier avec ou sans son accord. Des jeunes rentrèrent à leur tour pour se ruer dans le rayon alcool. Je déteste cette ville et je donnerai n’importe quoi pour me tirer d’ici. A la télé je suis les infos sur la BBC tout en faisant les œufs brouillés pour mon petit déjeuner. On parle du budget du gouvernement alloué à la sécurité nationale, puis le journaliste dévie sur le député Conrad M. chargé de veiller à la bonne répartition du budget. Le toast coincé entre les lèvres, je ne perds rien du communiqué de presse de ce dernier. « Nox ! NOX ! Rappliques s’il te plait ! —Oui c’est quoi le souci ? Nox se grattait les couilles tout en déposant un rapide baiser dans mon cou. Tu ne vas pas en classe aujourd’hui ? Tu m’as fait quoi ? Des œufs Tu sais que je ne bouffe pas ça !

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—Où est le journal d’hier ? Tu te souviens de l’article sur le type, ex-taulard qui parlait d’évasion ? Te souviens-tu de son nom ?

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[Epilogue]

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Dépôt légal : [octobre 2015] Imprimé en France

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