Ce que nous avons à défendre

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Ce que nous avons à défendre #001 25 mars 2021

capitaliste. C’est aussi une lutte contre l’aplatissement et la destruction du vivant et de sa diversité, lutte indissociable du combat féministe réfutant l’opposition binaire nature/culture et militant pour le droit des corps sur eux-même. La ZAD de la colline ne pourrait pas exister sans entraide, aux antipodes des principes économiques néo-libéraux, ceux-là même qui valorisent la compétition et justifient un bétonnage mortifère. Réclamons le droit de se réapproprier les espaces, le droit au respect et à la protection des milieux que nous habitons, à l’entraide, à l’art du soin. Les rapports du GIEC et les alertes des scientifique·x·s sont claires, nous n’avons pas le temps d’attendre pour révolutionner nos manières de faire société. Défendons la colline, défendons la ZAD, qui elle-même tente de nous défendre d’un futur au goût de béton et de cendres. La Zone à Défendre, c’est partout, et c’est nous touxtes. Sandrine Gutierrez Inspiration et pour aller plus loin : https://zaddelacolline.info/

En octobre dernier a fleuri une forme de résistance encore jamais vue en Suisse, une ZAD, une zone à défendre. Cette résistance, ce sont des personnes qui se sont unies et organisées pour habiter — et rendre habitable, même dans la pénibilité de l’hiver — un espace menacé d’être englouti plus profondément qu’il ne l’est déjà par la fosse à béton de l’entreprise LafargeHolcim. LafargeHolcim, qui creuse la colline du Mormont près de la Sarraz depuis près de septante ans, est une des entreprises les plus polluantes au monde. Éthiquement condamnable, elle est notamment tenue responsable par Greenpeace de violations des droits humains dans trentequatre pays. Récemment, cette entreprise a porté plainte contre les zadiste·x·s, et à partir de ce mardi 30 mars, la ZAD du Mormont est officiellement menacée d’expulsion par les forces policières. Pour LafargeHolcim, la Birette, partie de la colline que les zadistes occupent, n’est qu’un terrain duquel exploiter les ressources rocheuses afin de bétonner un peu plus ce qui est bétonnable, et faire du profit. Pourtant, cet espace, en plus de porter des vestiges celtes, voit exister un écosystème riche et particulier malgré sa petite surface. Sa flore peu commune voit se développer notamment des orchidées sauvages, et abrite chamois, chevreuils, reptiles, batraciens et une multitude d’oiseaux. Mais quelle importance face au soi-disant besoins invoqués par l’entreprise bétonneuse ? Celleux qui se soucient de la vie non-humaine ont tôt fait d’être étiqueté·e·x·s comme idéaliste·x·s, alors même que la destruction des écosystèmes dits naturels met gravement en danger les sociétés humaines. Découper et privatiser des terrains, définir des propriétés privées, posséder un milieu pour en extraire une valeur pécuniaire, considérer les espaces comme des ressources extractibles, coloniser… La norme influencée par le libéralisme dans lequel nous vivons, c’est tout cela, sans attention portée à la valeur d’un milieu pour lui-même. Ce que certain·e·x·s voient comme une appropriation illégale d’un territoire, je le vois comme une réappropriation légitime. La ZAD de la Colline ne défend pas seulement la zone de la Birette. Elle s’attaque à l’impunité avec laquelle LafargeHolcim détruit et maltraite. Elle défend la possibilité d’envisager d’autres manières d’entrer en relation avec un milieu, avec le non-humain, et de faire société. Elle ose la remise en question, la mise en commun et la vulnérabilité. Une ZAD est un lieu où les mécanismes hiérarchisés et genrés d’une société peuvent être déconstruits, remodelés en profondeur, dans une temporalité moins régie par la frénésie

Toute l’équipe de Mets tes palmes vous appelle à vous informer via le site web et les réseaux de la ZAD et vous encourage à soutenir leur lutte


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