2 pages de opera de paris

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© Photo Josse/Leemage

L’OPÉRA DE PARIS

Au Second Empire, on aime le faste et le luxe et le Palais Garnier en devient en quelque sorte le symbole.

Le Palais Garnier dans toute sa splendeur

R

ayonnant au coeur du 9ème arrondissement de la capitale, le palais imaginé par Charles Garnier reste pour bon nombre d’entre nous l’Opéra de Paris même si depuis 1989, l’édifice situé place de la Bastille est à regrouper sous cette même enseigne. L’aventure commence en 1858 lorsque Napoléon III prend l’initiative de construire une nouvelle salle parisienne pour accueil-

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lir les opéras. Il veut que cette « Académie impériale de musique et de danse » soit un endroit fastueux, où la haute société de la capitale pourra se divertir et se montrer. Un concours international est lancé pour trouver l’architecte qui saura proposer un projet à la hauteur des attentes. Pas moins de 171 concurrents sont en lice et c’est le méconnu Charles Garnier, âgé seulement de 35 ans, qui l’emporte haut la main, plébiscité par un jury unanime. Les travaux commencent en 1861 et rencontrent vite des difficultés. Des problèmes techniques tels que la nécessité de pomper

l’eau de la nappe phréatique, atteinte très rapidement en creusant les fondations, des problèmes financiers occasionnés par les dépenses supplémentaires qui surviennent au fur et à mesure des incidents techniques, des problèmes politiques avec la guerre de 1870 et la chute de l’Empire, interrompent à plusieurs reprises le chantier. Ce n’est finalement que 15 ans plus tard que ces travaux gigantesques, qui ont nécessité les talents de nombreux peintres, sculpteurs, mosaïstes, marbriers, ébénistes, doreurs, ferronniers, tapissiers et autres ornemanistes, aboutissent à l’inauguration du Palais. Toutefois, Napoléon III ne verra pas l’édifice dont il avait rêvé, étant décédé en exil deux ans plus tôt.


Top 5 Artistes de l’Opéra aujourd’hui

1. Musiciens

2. Chanteurs

3. Danseurs

4. Étoiles

5. Micro-ville

174 musiciens accompagnent ballets et opéras aussi bien au Palais Garnier qu’à l’Opéra Bastille

Tandis que les solistes sont des artistes invités, 112 artistes du chœur et 4 maîtres de chant sont employés à plein temps.

L’impressionnant corps de ballet compte 154 danseurs et 14 premiers danseurs.

Il y a 18 danseurs/ danseuses « étoile », le niveau le plus élevé qui consacre les meilleurs.

Il n’y a pas moins de 150 corps de métier impliqués dans le fonctionnement de l’Opéra aujourd’hui.

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’obscurité est imposée dans les salles de spectacle pendant les représentations.

L’école de danse

Cette année marque le tricentenaire de l’École de Danse de l’Opéra, créée par Louis XIV en 1713.

Le Grand Lustre

Il s’agit alors de codifier l’art chorégraphique redevenu très en vogue à la cour du Roi, notamment sous l’influence de Lully qui y introduisit avec succès l’opéra-ballet ; et aussi de former les artistes selon les critères établis : primauté de l’harmonie, coordination des placements mais dédain de la prouesse. La réputation de l’école ne se fait pas attendre et elle est toujours de renom-

mée internationale, vivier de 95% des danseurs du Ballet de l’Opéra qui sont recrutés par concours à l’issu de leurs 8 années d’école, elles-mêmes sujettes à un examen annuel afin d’être admis en classe supérieure. Après avoir été intégrée au sein même du Palais Garnier pendant plus de 100 ans, l’école fut transférée en 1987 à Nanterre (Hauts de Seine). Le corps de ballet de l’Opéra de Paris dont la plupart des danseurs sont issus de l’École de danse.

Merveille de cristal, il éclaire de sa magie – et de ses 400 ampoules – les spectateurs et confère une ambiance toute particulière à la salle. Le lustre spectaculaire qui se détache après d’inquiétantes oscillations et tombe sur le public dans le roman de Gaston Leroux publié en 1910 « Le fantôme de l’opéra », pèse plus de 7 tonnes. L’écrivain s’est inspiré d’un événement qui s’est réellement produit le 20 mai 1896, lorsque la rupture d’un contrepoids entraîna la chute du lustre sur le public pendant une représentation. Il y eut de nombreux blessés et une femme – une concierge passionnée d’opéra– y trouva la mort. Cet épisode dramatique fut également repris dans un ballet chorégraphié par Roland Petit, lui aussi intitulé « Le fantôme de l’opéra ». Aujourd’hui reconnu pour l’esthétique incontestable dont il illumine la salle, le grand lustre ne fit pas l’unanimité à ses débuts. Charles Garnier dut se battre contre ceux qui craignaient qu’il ne gêne l’acoustique ou la bonne vue des spectateurs situés en hauteur.

Le plafond de Chagall

Les 5 parties qui constituent le décor imaginé par Chagall affichent cinq couleurs différentes dédiées à différents compositeurs : vert pour Berlioz et Wagner, jaune pour Tchaïkovski, bleu pour Mozart et Moussorgski, rouge pour Ravel et Stravinsky et blanc pour Debussy et Rameau. Dans l’anneau central se côtoient Bizet, Beethoven, Gluck et Verdi. La coupole de la salle était à l’origine ornée d’une peinture de Jules-Eugène Lenepveu, peintre favori de Napoléon III. En 1964, alors qu’André Malraux est ministre des affaires culturelles, il décide d’un axe artistique complètement différent et sollicite Marc Chagall pour concevoir le nouveau plafond. Chagall hésite plusieurs mois avant d’accepter puis se lance dans l’entreprise. Il réalise des maquettes qui prendront vie aux ateliers des Gobelins sous les pinceaux de Roland Bierge (alors chef d’atelier des décors de la Comédie Française) et de deux assistants. Huit mois plus

tard, les 220 m2 de panneaux sont installés au plafond par-dessus la peinture précédente et se dévoilent au public lors de la soirée du 23 septembre 1964. Ce n’est pas sans controverse que l’œuvre est accueillie et aujourd’hui encore, elle suscite des désaccords entre les esthètes. Sa modernité, ses couleurs vives et l’opposition radicale au style Second Empire qu’elle semble défier, ont cependant ravivé l’attrait pour l’Opéra de Paris un peu boudé après guerre et le Palais Garnier peut s’enorgueillir de cette peinture monumentale d’un maître majeur du XXème siècle.

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