Quelles solutions pour l'hébergement des migrants? (TFE d'architecture) - Michaël Toussaint

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QUELLES SOLUTIONS POUR L’HÉBERGEMENT DES MIGRANTS ?

TOUSSAINT Michaël SCHMITZ David (expert) THIELEMANS Benoît et VAN MOESEKE Geoffrey (co-promoteurs)

Travail de fin d’étude

2018


UCL / LOCI

Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme


TOUSSAINT Michaël – Quelles solutions pour l’hébergement des migrants ?

PRÉFACE Cela fait maintenant trois mois que j’ai échoué dans ce camp au centre de Paris. J’ai faim, j’ai froid, ma famille et mes amis me manquent… Je m’appelle Mahomed, j’ai 31 ans et je suis originaire du Soudan du Sud, pays ravagé par la guerre et la misère. J’ai commencé mon périple il y a six mois, d’abord en remontant vers la Lybie, puis en prenant un bateau jusqu’en Italie. Je préfère garder cette partie de mon périple pour moi, je peux juste vous dire que ma femme n’y aurait sans doute pas survécu si elle était venue avec moi. J’ai débarqué à Catane, en Sicile. Ensuite j’ai continué ma route vers Rome pour enfin remonter vers la France. Le passage à la frontière franco-italienne a été particulièrement délicat. Beaucoup de migrants se font attraper par la police française et sont aussitôt reconduits en Italie où ils atterrissent dans des camps surpeuplés. J’ai donc eu la chance de passer cette frontière pour, à partir de là, me diriger vers Nice où j’ai réussi à me glisser dans un TGV en direction de Paris. Après trois mois de périple et plus de 3000 euros dépensés notamment pour payer les passeurs, j’ai décidé de m’arrêter ici, à Paris. D’autres migrants m’avaient parlé d’un camp situé près de la gare d’Austerlitz dans le XIIIe arrondissement. Après plusieurs heures à vagabonder dans cette ville inconnue, je suis enfin tombé sur cet ensemble de tentes vertes et bleues où grouillent un nombre impressionnant de personnes. Cela fait maintenant trois mois que je vis ici avec mes compagnons d’infortune. J’attends de pouvoir déposer ma demande d’asile. Les journées se suivent et se ressemblent. J’ai faim, j’ai froid, ma famille et mes amis me manquent…1 Les différents témoignages semblables à celui que vous avez pu lire ci-dessus, reportages et images que j’ai pu voir à la télévision, dans la presse ou encore sur les réseaux sociaux ces dernières années m’ont vraiment touché et la façon dont ces personnes sont traitées et parquées comme du bétail m’a révolté. Cela faisait un moment que je souhaitais m’impliquer dans l’aide apportée aux personnes ayant fui leur pays, mais jusqu’à présent je n’avais jamais concrétisé ce projet. D’une part par manque de temps et d’autre part par manque d’expérience dans ce domaine. Ce TFE est donc pour moi l’occasion d’apporter ma contribution à l’aide portée aux migrants.

1

Récit fictif basé sur : TALEB, Sara, « Mahmoud, migrant au camp du quai d’Austerlitz, veut juste pouvoir vivre normalement » – en ligne (05.09.2015) : <http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/05/portrait-mahmoudmigrant-soudan-quai-d-austerlitz-paris_n_8003712.html> [28.11.2016].

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REMERCIEMENTS Je tiens à adresser mes remerciements aux différentes personnes ayant rendu l’écriture de ce TFE possible. Tout d’abord, je souhaite remercier M. Schmitz ainsi que MM. Thielemans, Van Moeseke et Rondeaux pour le temps passer à encadrer ce travail et pour leurs précieux conseils m’ayant permis d’avancer. Je tiens également à remercier les différentes associations pour les informations qu’elles m’ont transmises dans le cadre de ce travail. Et enfin, je souhaite particulièrement remercier mes parents pour la relecture et la correction de mon TFE.

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TABLE DES MATIÈRES 1.

Introduction 1.1. Vague migratoire actuelle 1.2. Situation en Belgique 1.2.1. Centre d’accueil du Petit Château 1.3. Objectifs du travail

2.

Législation en matière d’accueil

3.

Nouvelles manières d’accueillir les migrants 3.1. Logement chez les particuliers 3.1.1. Concept 3.1.2. Mise en place du projet 3.1.3. Avantages 3.1.4. Inconvénients 3.1.5. Etude de cas a)

Plateforme BXLREFUGEES

3.1.6. Conclusion 3.2. Occupation des logements vides 3.2.1. Concept 3.2.2. Mise en place du projet 3.2.3. Avantages 3.2.4. Inconvénients 3.2.5. Etude de cas 3.2.6. Conclusion 3.3. Occupation des grandes infrastructures vides 3.3.1. Concept 3.3.2. Mise en place du projet 3.3.3. Avantages 3.3.4. Inconvénients 3.3.5. Etude de cas a)

Aéroport de Tempelhof

3.3.6. Conclusion

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3.4. Une tiny house dans le jardin 3.4.1. Concept 3.4.2. Mise en place du projet 3.4.3. Avantages 3.4.4. Inconvénients 3.4.5. Etude de cas a)

Tiny house à Montreuil

3.4.6. Conclusion 3.5. Commencer avec un toit 3.5.1. Concept 3.5.2. Mise en place du projet 3.5.3. Avantages 3.5.4. Inconvénients 3.5.5. Conclusion 4.

La position de l’ULB par rapport à l’accueil des réfugiés 4.1. Mesures prises par l’ULB 4.2. Un nouveau bâtiment pour étudiants réfugiés

5.

Conclusion 5.1. L’accueil au fil du temps 5.2. Limite de l’architecture dans la réponse aux besoins des réfugiés

6.

Bibliographie

7.

Sites Internet consultés

8.

Source des illustrations

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Statistiques des demandes d’asile en Europe en 2015

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1. INTRODUCTION 1.1.Vague migratoire actuelle Dans les années 2010, l’Europe a été confrontée à l’une des plus grandes vagues migratoires de son histoire contemporaine. Cette vague de migration a atteint un pic en 2015, année durant laquelle l’agence des Nations-Unies pour les réfugiés a enregistré 1 015 078 arrivées par la mer2. Ce mouvement de réfugiés est en grande partie dû aux différents conflits ayant lieu dans les pays du Moyen- et du Proche-Orient mais également dans différents pays d’Afrique et en Turquie. Face à cet afflux massif de personnes cherchant à fuir les violences perpétrées dans leur pays, l’Union européenne a tenté d’établir une politique d’accueil globale visant à répartir les migrants au sein des différents pays membres. Si plusieurs pays, comme la France et l’Allemagne, étaient favorables à cette politique d’accueil globale, d’autres, notamment des pays de l’Est, ne désiraient pas avoir des quotas, ce qui a mené à une division profonde au sein de l’Europe en terme d’accueil et à une crise de l’accueil. En effet, certains pays ayant fermé leurs frontières, un fort déséquilibre s’est créé dans la répartition des migrants au sein des pays de l’Union, déséquilibre renforcé par le désir de certains migrants de vouloir à tout prix rejoindre le Royaume-Uni ou l’Allemagne, considérés tous deux comme de véritables eldorados par beaucoup de migrants. Les différents pays acceptant d’accueillir des migrants ont donc fait face à un afflux massif de personnes que les organismes traitant les demandes d’asile ne parvenaient pas à prendre en charge. Les structures d’accueil ne pouvant, pour la plupart, accueillir que des personnes étant en procédure pour obtenir le statut de réfugié, de nombreux migrants, en attente de pouvoir introduire leur demande d’asile, se sont retrouvés sans abri. Beaucoup de pays ont dès lors installé des camps d’urgence pour éviter que des camps improvisés, où se regroupent des migrants, ne se forment. Ces camps ont la plupart du temps été installés très rapidement et avec des budgets limités ce qui a fréquemment conduit à l’installation de préfabriqués ou à la mise en place de grandes structures d’accueil dans des bâtiments inoccupés, souvent au cœur des villes. Par ailleurs, en plus de devoir mettre en place des structures d’accueil destinés aux personnes en attente de pouvoir enregistrer leur demande d’asile, les Etats ont également dû faire face à une saturation du réseau d’accueil des demandeurs d’asile, c’est-à-dire, les personnes ayant déjà introduit leur demande.

2

Données disponibles sur : UNHCR, « Operational Portal Refugee Situations : Mediterranean Situation » – dernière mise à jour (30.05.2018) : <https://data2.unhcr.org/en/situations/mediterranean> [20.02.2018].

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Les tentes du camp du parc Maximilien en 2015

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1.2.Situation en Belgique En Belgique, la saturation des institutions s’occupant d’enregistrer les demandes d’asile a conduit à la formation du camp du parc Maximilien en août 2015. En effet, dès ce moment-là, l’Office des Etrangers a commencé à limiter le nombre de demandes d’asile par jour. Un certain nombre de migrants se sont donc vus remettre un papier officiel les invitant à se représenter quelques jours plus tard. Certains journaux ont cité le chiffre de 280 personnes3 devant se représenter en août 2015. Différents organismes et associations ont contribué à mettre en place des conditions de vie décentes au sein de ce camp, mais après un mois sans réelle nouvelle mesure de la part du gouvernement fédéral, certains de ces organismes ont décidé de quitter cet endroit. En réponse à la formation de ce camp en pleine ville, l’Etat a décidé de mettre en place un centre de pré-accueil où peuvent se rendre les migrants en attente de pouvoir déposer leur demande. Ce centre était situé dans le bâtiment World Trade Center III à proximité de l’Office des Etrangers et était géré par la Croix-Rouge. Etant donné la rapidité avec laquelle ce centre a dû être mis en place, il n’offrait qu’un confort très rudimentaire et aucune intimité. Des lits de camp étaient disposés côte à côte et dans un premier temps, l’accueil ne se faisait que de nuit et les migrants étaient mis dehors à 6h du matin. Suite au départ des associations du parc Maximilien, le gouvernement a décidé d’augmenter la capacité d’accueil et d’assurer cet accueil 24h/24. Des repas étaient également proposés aux personnes hébergées. En avril 2016, le taux d’occupation du centre étant jugé trop faible pour justifier son maintien4, ce dernier a été fermé et les personnes y ayant trouvé refuge ont été invitées à se tourner vers d’autres solutions. En plus de cette saturation de l’Office des Etrangers obligeant le gouvernement à trouver des lieux d’hébergement pour les personnes attendant de déposer leur demande, l’Etat a dû faire face à une saturation de ces structures d’accueil pour les personnes ayant déjà déposé une demande d’asile mais n’ayant pas encore eu de réponse. De nouveaux centres d’accueil ont donc dû ouvrir dans l’urgence et le gouvernement a dès lors investi toutes sortes d’infrastructures : des casernes, des logements en préfabriqué de l’armée ou dans certains cas, des locaux de mouvements de jeunesse. Ces bâtiments n’étant pas prévus pour des centres dédiés aux personnes en procédure d’asile, la qualité de l’accueil en a souvent subi les conséquences d’autant plus que la plupart du temps, les organismes devaient composer avec un manque de personnel. Malgré l’ouverture de ces nouveaux centres d’accueil, en décembre 2015, le taux d’occupation était de 96,93% de la capacité d’accueil5 alors qu’on considère qu’il y a saturation à partir de 94%6.

3

Chiffre évoqué par la RTBF dans : RTBF, « Pour être reçus à l'Office des étrangers et chez Fedasil, ils passent la nuit sur des cartons » – en ligne (25.08.2015) : <https://www.rtbf.be/info/dossier/drames-de-la-migration-les-candidats-refugies-meurent-aux-portes-de-leurope/detail_devant-fedasil-ils-passent-la-nuit-sur-des-cartons?id=9061644> [23.02.2018]. 4 Fermeture annoncée par la RTBF dans : HUPIN, Baptiste, « Le centre du WTC III ferme: 92 demandeurs d'asile renvoyés au Samusocial » – en ligne (25.04.2016) : <https://www.rtbf.be/info/dossier/drames-de-la-migration-les-candidats-refugies-meurent-aux-portes-de-leurope/detail_le-centre-de-pre-accueil-des-demandeurs-d-asile-du-wtc-iii-ferme-ses-portes?id=9279591> [23.02.2018]. 5 Chiffre communiqué par Fedasil dans : MYRIA, « Compte rendu de la réunion de contact Asile du 19 janvier 2016 » – en ligne (19.01.2016) : <http://www.myria.be/files/20160119_Compte_rendu_de_la_r%C3%A9union_de_contact_Asile.pdf> [18.03.2018]. 6 Pourcentage de saturation définit par Fedasil dans : Fedasil, « Le réseau d’accueil pour demandeurs d’asile en Belgique » – en ligne (17.04.2011) : <https://www.micmag.be/le-reseau-d-accueil-pour-demandeurs-d-asile-en-belgique/> [04.04.2018].

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Figure 1

Figure 2

Figure 1 : plan d’un dortoir du Petit Château Figure 2 : plan d’un studio du Petit Château

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Toutefois, outre ces centres d’accueil établis dans l’urgence, la Belgique dispose de centres créés avant l’afflux de migrants des années 2010. On pourrait penser que ces centres sont donc des structures plus adaptées à l’accueil de personnes en procédure d’asile étant donné qu’ils ont été mis en place avant ce qu’on a appelé la crise de l’accueil mais ce n’est pas toujours le cas. Comme exposé dans le point suivant, traitant du centre d’accueil du Petit Château à Bruxelles, de nombreux manquements ont été pointés dans ces centres. 1.2.1. Centre d’accueil du Petit Château En 1986, la Belgique connut une forte hausse du nombre de candidats à l’asile suite à différents conflits dans le monde. Jusque là, la Belgique ne possédait pas de structure d’accueil à proprement parler. Le gouvernement fédéral décida donc d’utiliser le Petit Château, une ancienne caserne militaire. Aujourd’hui, ce centre est toujours l’un des plus importants de Belgique avec une capacité d’accueil de 813 places7. Sa gestion revient à Fedasil, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, même si le bâtiment est encore la propriété de la Défense. Cette gestion par deux organismes différents cause beaucoup de problèmes notamment lorsqu’il s’agit de travaux car l’accord du ministère de la Défense est nécessaire pour tout aménagement du bâtiment. En plus de ces problèmes liés à l’administration, ce bâtiment, comme cela a été pointé dans un rapport publié par le Médiateur fédéral8, ne présente pas un cadre idéal pour des personnes en procédure d’asile et en particulier pour les enfants. En effet, la structure générale du bâtiment, de par son utilisation passée comme caserne, rappelle le milieu carcéral alors que ce centre est censé être un centre ouvert et que son but n’est absolument pas de détenir les demandeurs d’asile. Ce sentiment d’appartenance à ce type de milieu est renforcé par la présence de barbelés sur le pourtour de la clôture délimitant le terrain. A cette sensation de se trouver dans un bâtiment de type carcéral s’ajoute l’état général des bâtiments qui présentent des signes de vétusté avancée. Au désagrément de vivre dans un bâtiment défraîchi, se rajoutent des risques liés à sa vétusté, notamment au niveau des incendies. Le quartier où se situe le Petit Château ne semble pas non plus approprié à la présence d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile et encore moins pour un centre prenant en charge des mineurs non-accompagnés. En effet, le quartier dans lequel s’implante le centre est un quartier jugé « à risque ». Le risque que des demandeurs d’asile soient en contact avec des réseaux de criminalité ou autre est donc plus important que si le centre était implanté dans un quartier plus calme. Enfin, la façon dont les espaces ont été aménagés, en particulier au niveau des dortoirs communs, ne permet pas aux personnes y séjournant de bénéficier du minimum d’intimité auquel tout être humain a droit. Les pièces sont aménagées de telle sorte que tous les occupants ne bénéficient pas d’un apport en lumière individuel et la promiscuité est dès lors source de nombreux problèmes, à fortiori dans un centre comptant autant d’occupants.

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Chiffre communiqué par Fedasil sur leur site : <https://www.fedasil.be/fr/petit-chateau> [04.03.2018]. Le Médiateur fédéral, Investigation sur le fonctionnement des centres ouverts gérés et agréés par Fedasil, Bruxelles : Catherine De Bruecker & Guido Schuermans, 2009. 8

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Patchwork de solutions d’hébergement présentées à la biennale de Venise de 2016

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1.3.Objectifs du travail A l’heure actuelle, le flux de demandeurs d’asile est en nette baisse et le taux de protection, après avoir connu un pic en 2016, suit également cette tendance à la baisse. Cette diminution de demandeurs d’asile conduit à la fermeture de nombreux centres d’accueil qui avaient ouvert dans l’urgence. Au 28 février 2018, la capacité du réseau d’accueil était de 22 765 places9 pour 33 370 places10 en décembre 2015. A côté de la fermeture de centres ouverts dans l’urgence de la crise de l’accueil, un déménagement du centre situé au cœur du Petit Château à Bruxelles est prévu dans les années à venir. En effet, le gouvernement projette de construire un nouveau centre d’accueil à Neder-Over-Heembeek pour remplacer le Petit-Château. Ce nouveau centre offrirait une capacité d’accueil de 750 places11 et regrouperait différentes fonctions : outre le centre Fedasil, on y trouverait un service de l’office des Etrangers et un screening de sécurité auquel est très attaché Theo Francken. Si ce centre peut sembler être une bonne solution pour remplacer le Petit Château, la Région bruxelloise ainsi que d’autres personnes, dont le bouwmeester de Bruxelles, Kristiaan Borret, pointent du doigt certains problèmes que la création d’un tel centre pourrait faire surgir. En effet, si de grandes structures comme le centre plébiscité actuellement par le gouvernement fédéral présentent de nombreux avantages tant au point de vue de la gestion que de la sécurité, elles excluent fortement les personnes y vivant du reste de la société. Dans le projet proposé ici, l’exclusion se ferait d’autant plus sentir que le centre serait placé hors de la ville, dans un territoire fortement isolé des lieux de vie. Hors, les occupants de ce centre étant autant de potentiels futurs citoyens vivant en Belgique, il importe dès lors de veiller à leur bonne intégration au sein de notre société. Pour se faire, de nouvelles manières d’établir et de penser ces centres d’accueil doivent être mises en place. Kristiaan Booret déclarait à ce sujet dans une interview12 accordée à la RTBF : « En matière urbanistique, il y a des réflexions actuellement sur un autre modèle. Un modèle à plus petite échelle: au lieu de construire de très grands centres de prisons, de très grands centres d'asile, on pourrait développer des entités plus petites avec différents degrés d'ouverture et d'accessibilité, et les créer dans la ville. Comme elles sont plus petites, elles sont plus faciles à intégrer dans un quartier, dans le tissu urbain. Elles ne vont pas dominer le quartier de manière complète, comme le fait le Petit Château. ». Ce travail visera donc à mettre en avant de nouvelles manières d’accueillir les personnes fuyant la guerre, la misère ou les catastrophes naturelles. Ces nouvelles façons d’accueillir les migrants, qu’elles soient déjà mises en application ou encore à l’état de projet, seront analysées afin de faire ressortir les avantages mais également les inconvénients qu’elles pourraient présenter. L’objectif est donc de mettre en avant des méthodes d’accueil favorisant l’intégration et respectant la dignité à laquelle chaque être humain a droit. 9

Chiffre communiqué par Fedasil dans : MYRIA, « Compte rendu de la réunion de contact Asile du 21 mars 2018 » – en ligne (21.03.2018) : <http://www.myria.be/files/20180321_PV_r%C3%A9union_de_contact_FINAL.pdf> [24.04.2018]. 10 Chiffre communiqué par Fedasil dans : MYRIA, « Compte rendu de la réunion de contact Asile du 19 janvier 2016 » – en ligne (19.01.2016) : <http://www.myria.be/files/20160119_Compte_rendu_de_la_r%C3%A9union_de_contact_Asile.pdf> [18.03.2018]. 11 Chiffre évoqué dans : BAELE, Myriam, « Que faire du Petit Château ? Le plaidoyer du Maître-Architecte bruxellois » – en ligne (28.08.2017) : <https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_que-faire-du-petit-chateau-le-plaidoyer-du-maitre-architectebruxellois?id=9690844> [23.03.2018]. 12 Ibidem

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Processus de demande d’asile en Belgique

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2. LÉGISLATION EN MATIÈRE D’ACCUEIL Avant d’étudier ces nouvelles solutions d’hébergement, il semblait important d’évoquer quelques notions juridiques en matière d’accueil. Lors de son arrivée en Belgique, et tant qu’il n’a pas déposé de demande d’asile, un migrant est considéré comme quelqu’un étant entré illégalement sur le territoire et il ne peut donc pas bénéficier d’un hébergement auprès des organismes gestionnaires de l’accueil. Les migrants transitant par la Belgique afin de rejoindre l’Angleterre ne peuvent, par exemple, pas bénéficier d’un hébergement. Ces personnes sont donc amenées à dormir dans la rue ou dans le meilleur des cas, chez un particulier qui a accepté de les héberger. Une fois sa demande d’asile introduite, un migrant bénéficie d’un hébergement au sein d’une structure d’accueil gérée par Fedasil ou d’autres organismes gestionnaires. Lors de cet hébergement, un accompagnement social, juridique, linguistique et médical sont proposés au demandeur d’asile. Il bénéficie également du couvert et peut participer à des activités d’intégration. Le demandeur d’asile peut rester dans cette structure pendant toute la durée de la procédure durant laquelle sa demande d’asile est examinée. Lors de la crise de l’accueil en 2015, des centres de pré-accueil ont vu le jour. Ces centres sont destinés à accueillir les personnes ayant voulu introduire une demande d’asile, mais n’ayant pas eu la possibilité de le faire. Elles étaient dès lors invitées à se représenter à l’Office des Etrangers quelques jours plus tard et en attendant, elles pouvaient se rendre dans un centre de pré-accueil. Lorsque sa demande d’asile est acceptée, un migrant obtient le statut de réfugié ou bénéficie d’une protection subsidiaire. Dans les deux cas, il dispose de deux mois pour trouver un logement. Passé ces deux mois, il doit quitter la structure d’accueil dans laquelle il était hébergé. L’accès à un logement étant très difficile pour ces personnes, de nombreux migrants ayant obtenu le statut de réfugié ou bénéficiant d’une protection subsidiaire se retrouvent dans une situation précaire, voir à la rue. Ces personnes ont également des difficultés pour demander l’aide du CPAS car elles ne possèdent pas de domicile et, donc pas d’adresse pour s’inscrire au CPAS. Quant à l’aide du CPAS de la commune dans laquelle le centre où ils ont été hébergés se trouve, elle est bien souvent difficile à obtenir d’une part à cause de la réticence du CPAS de ces communes qui rejette la responsabilité vers d’autres acteurs comme Fedasil13, et d’autre part parce que bien souvent les migrants ne se trouvent plus dans cette commune. A travers ce bref résumé de la législation en matière d’accueil, on peut se rendre compte de la complexité de ce sujet vu que le type d’accueil varie très fortement en fonction des statuts accordés et que les acteurs sont assez nombreux.

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Problématique pointée du doigt par Caritas International dans : DUSSART, Anne, Accompagnement sur mesure : clé d’une intégration réussie, Bruxelles : Caritas International, 2011.

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Figure 1 : logement hors période d’accueil Figure 2 : logement durant l’accueil de trois migrants UCL / LOCI

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3. NOUVELLES MANIÈRES D’ACCUEILLIR LES RÉFUGIÉS 3.1.Logement chez les particuliers 3.1.1. Concept Le concept de loger des réfugiés chez des particuliers n’est pas nouveau. Pendant la seconde guerre mondiale, par exemple, de nombreuses personnes fuyant les abominations nazies ont été accueillies par des citoyens leur ouvrant leur porte. Même si la situation n’est absolument pas comparable, politiquement, et encore moins au vu des risques que prenaient les hébergeurs durant la deuxième guerre mondiale, le fait d’accueillir chez soi des personnes cherchant un refuge n’est pas novateur. Ce qui est par contre complètement nouveau, c’est la présence des réseaux sociaux et la facilité de communication qu’ils permettent. En effet, à l’heure actuelle, les réseaux sociaux et Internet en général ont pris une grande importance dans l’organisation de l’accueil des réfugiés. La facilité de communication et la réactivité de la communauté d’accueil permettent de mettre en place des solutions d’hébergement temporaire de manière très rapide. Cette grande rapidité d’action permet à des personnes qui n’auraient pas pu héberger des personnes durant une longue durée de les accueillir pour une nuit ou deux. Par ailleurs, les réseaux sociaux permettent une diffusion très large de l’information. De nombreuses personnes peuvent donc voir l’annonce aux quatre coins du pays, peu importe leur âge ou leur condition sociale ce qui permet d’avoir un réseau d’hébergement très vaste. A l’heure actuelle, le groupe Facebook d’hébergement de la plateforme citoyenne BXLREFUGEES compte un peu plus de 41 400 membres. Tous ces membres n’hébergent pas des migrants mais chacun apporte ce qu’il peut : transporter les personnes d’un point à un autre, fournir des vêtements, de la nourriture, héberger, etc. Cet accueil est entièrement basé sur du volontariat. La plateforme n’est là que pour permettre à cette forme d’accueil de bien fonctionner, mais si demain, plus personne ne souhaite accueillir de migrants chez lui, aucune alternative n’est réellement prévue. C’est pourquoi les différentes plateformes d’accueil rappellent régulièrement qu’elles ne veulent en aucun cas permettre au gouvernement de se soustraire à ses obligations en matière d’accueil. 3.1.2. Mise en place de la proposition Comme mentionné précédemment, cette solution d’accueil repose entièrement sur du volontariat. Les plateformes d’accueil se sont formées suite à des mouvements citoyens rassemblant des collectifs et des citoyens. Les collectifs ont permis de structurer ces plateformes tandis que les citoyens ont collaboré en mettant en place un réseau d’accueil très vaste qui permet d’héberger tous les soirs entre 200 et 300 personnes14.

14

Chiffres évoqués dans : Wavreille, Aline, « Hébergement au Parc Maximilien : dans les coulisses de l’opération d’hébergement des migrants » – en ligne (18.11.2017) : <https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_parc-maximilien-dans-les-coulisses-de-l-operationd-hebergement-des-migrants?id=9765691> [16.04.2018].

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Utilisation des réseaux sociaux pour répartir les migrants au sein des différentes familles d’accueil UCL / LOCI

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La communication s’effectue via les réseaux sociaux ou au moyen de sites Internet ouverts par les plateformes. Les personnes pouvant accueillir des migrants, ou prendre des passagers lors de leur trajet, postent un message sur les groupes, ou contactent les personnes qui organisent la répartition des réfugiés dans les différentes familles d’accueil. Ces annonces sont postées quotidiennement et les rencontres entre hébergeur et hébergé sont souvent encadrées par des membres responsables de la plateforme, qui s’assurent que tout se déroule bien. Régulièrement, après avoir accueilli un migrant, les personnes conservent ses coordonnées et ne passent plus forcément par la plateforme mais entrent directement en contact avec lui pour une nouvelle proposition d’hébergement. Durant leur séjour, les migrants bénéficient d’un repas, de sanitaires, de prises pour charger leur téléphone et dans de nombreux cas, les hébergeurs leur offrent les produits de première nécessité dont ils auraient besoin. 3.1.3. Avantages de la proposition Cette proposition présente le grand avantage de pouvoir être mise en œuvre très rapidement. En quelques clics, les annonces sont postées et les personnes peuvent être accueillies le soir même. Il n’y a pas besoin de mettre en place des structures complexes avec un accueil, des lits, des sanitaires, etc. étant donné que l’hébergement se fait chez des personnes qui mettent leur logement à disposition. Les espaces laissés à disposition des migrants, que ce soit un bureau, une chambre d’ami ou un canapé-lit retrouvent directement leur usage une fois la personne partie. Cette proposition favorise également une très grande interaction entre migrants et population locale. Ces échanges sont souvent l’occasion de changer la vision que l’on a de ces personnes fuyant les conflits qui déchirent leur pays d’origine. Beaucoup de personnes ayant accueilli des migrants témoignent que, malgré l’envie d’accueillir quelqu’un chez eux, elles avaient une grande appréhension à l’idée de laisser un inconnu venir dormir chez elles. La plupart des témoignages se poursuivent de la même manière : cette peur de l’inconnu, qui les faisait hésiter à se proposer comme famille d’accueil, a très vite laissé place à de magnifiques moments de partage. Souvent, les adieux sont même très difficiles pour les personnes ayant ouvert leur porte pour un soir. 3.1.4. Inconvénients de la proposition Malgré la belle aventure humaine que permet cette solution, elle comporte de nombreux inconvénients, à commencer par l’impossibilité d’utiliser cette façon d’accueillir des personnes de manière durable. En effet, on ne peut pas partir du principe que les particuliers doivent être prêts à accueillir des personnes chez eux pour une longue durée. Cet accueil a effectivement un coût et on ne peut pas demander à des personnes agissant bénévolement de prendre en charge ces frais sur une période de temps plus longue. Les plateformes d’accueil ont d’ailleurs souvent rappelé au gouvernement qu’elles n’existaient que de manière provisoire mais que c’était à l’Etat de trouver une solution d’hébergement durable15.

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BXLREFUGEES mentionne clairement sur son site que : « la Plateforme ne souhaite pas se substituer à l’Etat belge ».

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Yoon Daix, un des bénévoles de la plateforme BXLREFUGEES s’occupant de trouver un logement pour les migrants

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D’ailleurs, dans de nombreux cas, la solution d’hébergement, si elle est confortable pour une nuit, n’est pas vraiment envisageable sur du long terme. En effet, on imagine mal une personne loger de manière permanente sur un matelas au milieu d’un salon. En outre, cette solution ne permet pas aux personnes hébergées d’avoir réellement un endroit où elles sont chez elles. Elles dépendent toujours de la personne qui accepte de les héberger et ne sont pas vraiment libres d’aller et venir à leur propre guise. Plus grave, le fait que ces personnes n’aient pas d’adresse les empêche de percevoir un revenu d’intégration au cas où le statut de réfugié leur a été accordé. L’encadrement des personnes est également un point sensible dans cette proposition. En effet, même si la plateforme met en place des ateliers, des activités communes, etc., il n’y a pas de réel suivi psychologique ou médical assuré par cette dernière. Enfin, les personnes se proposant pour pas vraiment contrôlées. On pourrait personnes qui profiteraient de l’état de pour les utiliser à diverses fins telles que

héberger des migrants chez elles ne sont dès lors craindre des dérives avec des faiblesse dans lequel sont ces personnes, de l’esclavage, de la prostitution, etc.

3.1.5. Etude de cas a)

Plateforme BXLREFUGEES

La plateforme BXLREFUGEES a été mise en place en septembre 2015 lorsque le nombre de personnes ne pouvant pas être reçues par l’Office des Etrangers a fortement augmenté et que de nombreux migrants se sont retrouvés sans solution d’hébergement. Cette plateforme est née d’un mouvement citoyen autour duquel se sont rassemblés plusieurs collectifs, ainsi que de nombreux citoyens touchés par la situation dans laquelle se trouvaient de nombreux migrants. Depuis septembre 2015, la plateforme n’a cessé de grandir et le groupe Facebook qu’elle a ouvert pour organiser le logement des migrants comptabilise aujourd’hui plus de 41 400 membres. En plus de ce groupe Facebook, la plateforme a créé un site web regroupant toutes les informations sur son fonctionnement, des témoignages, ses objectifs, etc. Tous les soirs, de nombreuses personnes se rendent au rendez-vous de la plateforme pour accueillir ou transporter des migrants jusqu’à un endroit où ils peuvent être hébergés. Ce rendez-vous a lieu au parc Maximilien où la plateforme organise un dispatching et veille à ce que tout se passe bien. Martine est l’une de ces personnes qui a accepté d’héberger un migrant chez elle, voici son témoignage16 : « 7-14-21 Je viens de vérifier : mon premier hébergement était il y a tout pile 21 jours. Depuis, j'ai accueilli durant 14 nuitées 7 invités différents. Autant de belles rencontres et de soleils dans la maison ! 7 p'tits gars très différents les uns des autres, ayant entre 17 et 26 ans, venant du Tchad, du Soudan, d’Éthiopie et d’Érythrée.

16

Témoignage disponible sur le groupe Facebook de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés Bruxelles : <https://www.facebook.com/plateformerefugiesbxl/posts/580552425617057> [20.05.2018].

Travail de fin d’étude

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Deux jeunes migrantes dormant chez un bénévole de la plateforme BXLREFUGEES

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"Rholala, fais attention quand même Martine" me disent quelques personnes dans mon entourage. "Tu ne les connais pas, il pourrait t'arriver quelque chose !" Alors mettons les choses au clair : suis-je en danger ? Pour répondre à cette question, voyons donc ce qui s'est passé chez moi durant leur présence. Ils ont dormi dans le salon, beaucoup dormi. Ils sont restés au chaud. ils ont mangé, bu, fait leur toilette, lavé leurs vêtements. Jusque là, ça va pour moi, merci. Et pour eux, ben rien que des besoins physiologiques élémentaires satisfaits, des besoins indispensables à la survie. Ils se sont sentis en sécurité, autre besoin fondamental. Grâce à ça, ils ont pu se poser, se détendre et reprendre des forces. Toujours nulle trace de danger pour moi, merci. Ils ont fait exploser mon forfait internet en communiquant avec leur famille et leurs amis. Car ben oui, de nombreuses personnes s'inquiètent pour eux, se demandent où ils sont et comment ils vont. Ils ont écouté à fond les ballons des musiques qu'ils aiment. Deux d'entre eux ont passé des heures à danser dans mon salon. Certains, par bribes, m'ont parlé de leur parcours, de ce qu'ils faisaient avant de quitter leur pays, des raisons de leur départ, de ce par quoi ils sont passés avant d'arriver ici (et là je répète, c'est bien EUX qui ont besoin de sécurité), de leurs projets (systématiquement, pour chacun d'entre eux, le premier projet exprimé est celui de rester en vie (!!), suivi de près par "retourner vivre dans mon pays dès que la situation sur place le permettra"). Ils ont joué, entre eux ou avec moi : batailles de boules de neige jusque dans la maison, foot, "ne t'en fais pas", mikado. Ils m'ont fait des blagues. Ils m'ont accueillie chez moi lorsque je rentrais du boulot "Assieds-toi Martine, je te fais une tasse de thé". L'un ou l'autre a cuisiné. Ils ont fait la vaisselle, veillé à ne pas être une charge, se sont empressés de m'aider à porter les courses, à ranger, à nettoyer. L'un d'eux a adoré notre gare des Guillemins et le point de vue sur la ville depuis Cointe, me remerciant au retour de lui avoir fait voir de belles choses ce jour-là "parce que tu sais, Martine, nous, on est tout le temps avec nos problèmes et nos questions dans nos têtes : comment je vais trouver à manger aujourd'hui ?, où estce que je vais dormir ?, comment être en sécurité ?... Alors, on n'arrive même plus à voir qu'il y a des belles choses autour de nous. Même si ça n'a été que quelques minutes, ça me fait beaucoup de bien". Deux d'entre eux m'ont accompagnée à une fête pour l'anniversaire d'une amie. Ils y ont ri et dansé. Et ils y ont rencontré pas mal de gens qui leur ont ou m'ont posé des questions et qui ont pris conscience que c'était de p'tits gars comme eux dont il s'agit quand les médias nous parlent de ces horribles migrants qui viennent nous envahir et qui veulent tous venir chez nous.

Travail de fin d’étude

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Partage d’un repas entre des migrants et la famille qui les a accueillis

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Ils ont ri de plaisir quand je les ai embrassés pour leur souhaiter une bonne nuit, ils m'ont prise dans leurs bras pour me dire au revoir. Ils m'ont exprimé leur gratitude vis-à-vis de moi et des Belges qui sont si bienveillants à leur égard. Alors reprenons : suis-je en danger ? La réponse est NON. Absolument et définitivement non ! Le seul risque que je prends, c'est juste celui d'être touchée, de m'attacher à leurs sourires, à leurs regards, à leurs personnalités, le risque de m'inquiéter pour eux. Et ce risque-là, je le prends avec plaisir. Vraiment. Et je vais bien, merci ! » 3.1.6. Conclusion Cette solution semble donc être une bonne manière de fournir un hébergement aux migrants en situation d’urgence. Elle permet d’avoir une capacité d’accueil très importante et ce extrêmement rapidement pour un coût très faible. De plus, elle permet une interaction entre citoyen et migrants qui, la plupart du temps, s’avère extrêmement positive. Toutefois, cette solution ne peut être prônée sur du long terme, étant donné qu’elle se base entièrement sur la bonne volonté des citoyens. De plus, cette solution ne permet pas aux réfugiés de développer leur autonomie et les handicape en matière d’aide financière. Cette solution ne permet pas non plus un bon encadrement des personnes nécessitant une aide psychologique et médicale, ce qui est problématique. Cette méthode d’hébergement est donc à réserver aux cas d’urgence et ne peut être considérée comme une solution durable à la problématique de l’accueil des migrants.

Travail de fin d’étude

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Les logements vides au sein des villes actuelles

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3.2.Investir les logements vides17 3.2.1. Concept Cette première solution part du constat que de nombreux bâtiments sont inoccupés à l’heure actuelle et que, au sein de ce parc de bâtiments vides, se trouvent de nombreux logements. Rien que la Région bruxelloise compterait entre 15 000 et 30 000 logements privés inoccupés18 selon la cellule « logements inoccupés », ce qui représente entre 2,7% et 5,4% du nombre total de logements que compte la Région. L’idée est donc d’utiliser ces logements vides pour accueillir les demandeurs d’asile ainsi que les personnes ayant obtenu un statut de réfugié. L’idée serait donc de mettre en relation des privés ayant un logement inoccupé et un demandeur d’asile ou un réfugié afin qu’il puisse bénéficier d’un logement. L’occupation du logement serait divisée en deux phases. Durant les douze premiers mois, l’Etat apporterait une compensation financière au propriétaire du bien pour l’occupation de son logement. Le financement pour cette compensation pourrait provenir des économies effectuées dans le budget initialement dédié à la construction de nouveaux centres d’accueil et qui n’auraient donc plus lieu d’être. Cette période de douze mois durant laquelle le réfugié est directement plongé au cœur de la société, ce qui n’est pas le cas lorsque les personnes sont placées dans des centres très hermétiques, lui permet d’établir très rapidement des contacts avec la population locale. L’absence de loyer peut lui permettre de se focaliser sur l’apprentissage de la langue du pays, la recherche d’un métier, de suivre une formation, ou encore de s’inscrire à un programme scolaire. Après ces douze premiers mois, le réfugié devrait normalement avoir eu le temps de devenir indépendant, et de devenir un citoyen actif et intégré à la société. Les subventions de l’Etat seraient par conséquent suspendues et la personne deviendrait donc autonome. 3.2.2. Mise en place de la proposition Lors de la vague de migration qui a débuté vers 2010, on a pu se rendre compte de l’importance que prennent les réseaux sociaux dans les différentes situations que l’homme peut connaître. La plupart des migrants arrivant actuellement en Belgique possèdent un GSM et l’utilisent beaucoup pour se repérer lors de leur arrivée dans le pays où ils déposent leur demande d’asile. Les différentes ONG travaillant dans le domaine de la migration sont également très actives sur les différents réseaux sociaux qui permettent une diffusion très rapide et très vaste de l’information. Les demandes de bénévolats, de dons, etc. peuvent donc être émises très rapidement, tout en touchant un public très vaste, sans déployer des moyens onéreux.

17

Solution d’hébergement développée par Cecilia DANIELI, Omri REVESZ, Mariana RIOBOM (Society Lab) et présentée au pavillon finlandais De la frontière à la maison lors de la biennale de Venise de 2016. 18 Chiffres mentionnés par Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat dans : RBDH, « Logements vides : beaucoup trop ! » – en ligne (30.05.2013) : <http://www.rbdh-bbrow.be/spip.php?article999> [19.04.2018].

Travail de fin d’étude

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Base de données regroupant les profils des demandeurs d’asile et des citoyens ainsi que les offres d’hébergement, d’emploi ou de services UCL / LOCI

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La mise en place de cette proposition de logement s’appuierait donc sur les réseaux sociaux. Une application serait développée afin de permettre aux réfugiés et aux propriétaires de biens vides d’interagir. Le fonctionnement de l’application serait extrêmement simple : chacun doit créer un profil pour accéder à l’application. D’un côté, les propriétaires rentrent les données du logement qu’ils sont prêts à louer et de l’autre, les réfugiés encodent leurs besoins, leurs compétences, leurs formations, etc. Les informations sur les logements seraient intégrées à une carte interactive facilitant l’accès au bien par les réfugiés. Pour les personnes n’utilisant pas l’informatique, des points d’information seraient mis en place en différents endroits du pays. Ces points accueilleraient également des espaces récréatifs ainsi que de rencontre. Enfin, la base de données, en plus de recueillir les renseignements sur les logements ainsi que les profils des utilisateurs, pourrait intégrer les demandes ainsi, que les offres d’emploi, de cours, etc. sur la carte interactive. 3.2.3. Avantages de la proposition Premièrement, cette solution de logement permettrait d’éviter de construire de nouvelles infrastructures onéreuses et nécessitant d’utiliser quantité de nouvelle matière, tout en faisant meilleur usage des ressources étant déjà à disposition. Les différents vides urbains que forment les logements inoccupés et qui peuvent amener de l’insécurité et de l’insalubrité, seraient donc comblés grâce à cette proposition. Deuxièmement, cette proposition permet d’intégrer directement les migrants au sein de la société, en évitant de les loger dans des centres à l’écart de la société, ou dans des quartiers où le risque de ségrégation est élevé. Le fait de loger les réfugiés directement au cœur de la population facilite également leur apprentissage de la langue. En effet, l’immersion est une des techniques les plus efficaces pour apprendre une nouvelle langue. Cet avantage est sans doute le plus important, car il permet au réfugié de devenir rapidement un citoyen intégré et actif dans la vie de la population locale. Troisièmement, ce principe offre une grande indépendance aux réfugiés. De fait, la personne est chez elle, elle ne dépend pas de quelqu’un pour entrer comme cela peut être le cas lorsque des citoyens hébergent des réfugiés chez eux. Le fait que le migrant dispose d’un domicile à son nom lui permet de bénéficier d’un revenu d’intégration, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il est hébergé chez quelqu’un. Enfin, cette proposition permet aux populations locales d’être directement en contact avec les réfugiés, d’apprendre à les connaître et de tisser des liens avec eux. Dans beaucoup de solutions prônées jusqu’à présent en matière d’hébergement de réfugiés et, à l’image du Petit Château, les populations locales n’ont que très peu d’occasions de nouer des contacts avec les migrants. Cette solution permettrait d’aller à l’encontre de cette tendance.

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Cartographie des informations de la base de données

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3.2.4. Inconvénients de la proposition Malgré ces nombreux avantages, cette solution de logement comporte quelques faiblesses, notamment en ce qui concerne l’accompagnement et l’encadrement des demandeurs d’asile et des réfugiés. Effectivement, contrairement à la situation dans les centres d’accueil comme ceux gérés par Fedasil, les réfugiés ne sont pas en contact permanent avec des personnes pouvant les aider, comme des assistants sociaux, des professionnels de la santé, ou encore des assistants juridiques. Cette absence d’assistance pourrait impacter négativement le processus de demande d’asile, ce qui serait vraiment préjudiciable pour les candidats réfugiés. Certains réfugiés ont besoin d’un soutien psychologique important19, au vu des évènements qu’ils ont traversés dans leur pays d’origine. Il est important de ne pas les laisser sans assistance, ce qui pourrait être le cas dans la solution de logement proposée ici. Par ailleurs, ces logements ne permettent pas de créer de réels espaces de rencontre, comme on peut en trouver dans les centres d’accueil existants. Ces espaces ne sont pas à négliger, car ils permettent aux réfugiés de partager leur vécu entre eux et de tisser des liens avec des personnes ayant traversé ce qu’ils ont vécu et parlant la même langue qu’eux. 3.2.5. Etude de cas En Belgique, différentes ONG, comme Caritas ou Convivial, gèrent des logements de propriétaires solidaires, c’est-à-dire des personnes qui acceptent de louer leur bien à des demandeurs d’asile ou à des personnes ayant obtenu le statut de réfugié. Ces logements doivent répondre à certains critères20 : ils doivent être disponibles pour une durée minimale de 6 mois et doivent posséder leur adresse propre. Il ne peut pas s’agir d’un studio aménagé au sein d’une maison familiale et qui ne posséderait pas sa propre adresse par exemple. Le logement doit également pouvoir être directement habité par la personne et disposer d’un coin cuisine ainsi que de sanitaires. Les ONG assurent aux propriétaires une garantie sur le paiement du loyer, ainsi que sur la remise en état des lieux après la location par les personnes en procédure d’asile. Les réfugiés, quant à eux, peuvent demander une aide au CPAS pour avoir un soutien financier. En 2015, Caritas International estimait à 880 le nombre de logements mis à disposition par des propriétaires solidaires et gérés par des ONG21. Catherine et son époux font partie de ces propriétaires et voici leur témoignage : Pourquoi êtes-vous devenus propriétaires solidaires ? Catherine : « Nous avons vécu au Liban, à 10 kilomètres de la Syrie, pendant deux ans. Nous étions touchés par la situation et voulions aider concrètement. On a entendu l’appel de Caritas qui cherchait des propriétaires solidaires et on a répercuté cet appel auprès de nos amis. Grâce à notre petit réseau, nous avons trouvé une modeste maison à retaper. Et toujours grâce à ces amis et connaissances, nous avons détapissé, repeint, et trouvé des meubles. C’était super : tout le monde avait envie de faire quelque chose de concret, de tangible. 19

Besoin mis en avant par le CIRE dans : CIRE, L’accompagnement des demandeurs d’asile et réfugiés : Repères pour les professionnels de la santé mentale, Bruxelles : CIRE, 2015. 20 Critères énoncés dans : OTTHIERS, Serge, « Des propriétaires de logements vides veulent accueillir des réfugiés » – en ligne (02.09.2015) : <https://www.rtbf.be/info/regions/detail_des-proprietaires-de-logements-vides-veulent-accueillir-des-refugies?id=9069460> [19.03.2018]. 21 Ibidem

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Système fonctionnant dans un premier temps grâce à une base de données tendant à disparaître au fil du temps au profit des relations directes entre personnes UCL / LOCI

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Certains ont donné du temps, d’autres ont acheté un frigo, des matelas, et des couettes. » Vous avez donc trouvé plus qu’une habitation ? Catherine : « En effet, un groupe de volontaires motivés s’est créé. Tous les jours, quelqu’un passe voir Nabil et Fadia. Parce que, dans leur culture, c’est rare de rester seul. Et c’est remarquable, mais nous voyons déjà que des liens d’amitié se tissent. Il y a des échanges culturels qui se font. C’est beau à voir. Tous les volontaires veulent goûter leur café. » Comment voyez-vous ce soutien à l’avenir ? Catherine : « Nous espérons les soutenir jusqu’à ce que les enfants aillent à l’école, ou que Nabil et Fadia aillent en cours de langue, en formation, ou au travail. En fait, jusqu’à ce qu’ils se créent un peu leur propre réseau. Mais pour l’instant, ils ont besoin de nos contacts. Et puis, si un jour, ils déménagent, notre groupe de volontaires sera prêt à accueillir une famille suivante. »22 Les actions menées par ces ONG pourraient être les prémices de la solution envisagée précédemment. En effet, le fait de vouloir mettre en relation les propriétaires d’un logement et les réfugiés est la base de cette proposition, mais l’idéal serait de simplifier les échanges entre propriétaire et migrants à la recherche d’un logement au moyen de l’application proposée dans cette solution par exemple. L’application permettrait également de diversifier les offres afin qu’elles ne se limitent pas à du logement, mais qu’elles puissent également traiter des propositions d’emploi, de service, etc. 3.2.6. Conclusion Cette solution apparaît comme une évolution plus pérenne du logement chez le particulier. En effet, cette solution se base toujours sur un réseau de volontaires, mais dans cette proposition, le demandeur d’asile ou le réfugié bénéficie de son propre logement avec une adresse lui permettant de percevoir un revenu d’intégration au cas où sa demande d’asile a été acceptée. Cette solution permet donc un hébergement pour une durée relativement longue et non pas pour quelques nuits. De plus, cette solution permet une identification de chaque personne faisant partie du réseau, étant donné que les échanges se font au moyen d’une application où la création d’un profil est nécessaire. Enfin, cette solution implique une participation de l’Etat afin que la charge financière ne soit pas entièrement assumée soit par les ONG - comme c’est le cas actuellement en ce qui concerne les demandeurs d’asile - soit par des particuliers - comme c’est le cas dans la solution d’hébergement chez le particulier. Mais cette solution n’est peut-être pas à privilégier dans tous les cas. Le contact avec d’autres personnes n’étant pas aussi évident qu’avec le logement chez un particulier, certaines personnes pourraient se sentir délaissées. Cette solution d’accueil serait donc à privilégier dans des situations où la personne est déjà depuis un certain temps dans le pays et n’a plus besoin d’une assistance importante. 22

Témoignage recueilli par Caritas International et disponible sur : Caritas International, « Trois questions à Catherine, propriétaire solidaire » – en ligne (04.05.2016) : <https://www.caritasinternational.be/fr/asile-et-migration/trois-questions-a-un-proprietairesolidaire/> [02.05.2018].

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Immeuble de bureaux converti en centre d’accueil pour migrants

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3.3.Convertir les immeubles de bureaux23 3.3.1. Concept Sur un principe semblable à celui d’investir les logements vides, cette proposition suggère d’investir les immeubles de bureaux laissés à l’abandon. En 2013, on estimait à 1 400 000 m² le nombre de bureaux vides à Bruxelles24. Ces espaces étant souvent situés à des endroits qui sont bien connectés avec le reste de la ville, ils pourraient favoriser une bonne intégration. Beaucoup de villes en Europe ont déjà commencé à utiliser un principe semblable en prenant des espaces appartenant à l’Etat et qui n’étant plus exploités, pour y accueillir des centres d’accueil d’urgence pour les demandeurs d’asile. On peut notamment citer les exemples de Berlin avec l’utilisation d’une partie de l’ancien aéroport Tempelhof, ou de Paris avec l’aménagement d’un ancien entrepôt de la SNCF dans le XVIIIème arrondissement. La proposition analysée ici considère que la conversion des immeubles de bureaux en camps d’urgence pour réfugiés est la première phase de transformation du bâtiment, une phase qui répond à l’urgence d’héberger des personnes qui n’ont nulle part où aller, et ce de manière rapide. Le bâtiment connaîtrait ensuite plusieurs autres phases de modification expliquées dans le point suivant. 3.3.2. Mise en place de la proposition La première étape de cette proposition serait de faire un recensement des bureaux vides actuellement afin d’estimer le potentiel de conversion de chacun. Sur cette base, l’Etat pourrait donc choisir le ou les bâtiments à investir et lancer le processus d’aménagement qui se déroulerait en quatre phases principales. Dans un premier temps, le bâtiment serait aménagé en centre d’accueil d’urgence. L’objectif principal serait donc d’offrir un endroit abrité où les demandeurs d’asile peuvent venir et bénéficier de repas, ou encore recevoir des vêtements propres. Cette première étape ne demanderait que très peu d’aménagement, les sanitaires des bureaux pouvant servir pour le centre. Lors de cette première phase, le bâtiment serait entièrement consacré à la protection et à l’enregistrement des demandeurs d’asile et aucun espace ne serait ouvert au public. Dans un deuxième temps, le bâtiment continuerait à accueillir un centre pour demandeurs d’asile, mais des kitchenettes, ainsi que des douches seraient ajoutées dans les différents étages afin d’améliorer les conditions de vie des occupants du bâtiment. Ces éléments permettraient également une première division de l’espace afin de le structurer plus facilement dans la suite de la transformation. Lors de cette phase, le rez-de-chaussée deviendrait public et accueillerait des cours de langue, une bibliothèque, une cafétéria, etc. afin de favoriser les relations entre les citoyens locaux et les demandeurs d’asile.

23

Solution d’hébergement développée par Duy An TRAN, Lukas BEER, Ksenija ZDESAR, Otto BEER (Enter the Void) et présentée au pavillon finlandais De la frontière à la maison lors de la biennale de Venise de 2016. 24 Chiffre évoquée par la RTBF dans : Rédaction RTBF, « La transformation de bureaux en logements : un phénomène à Bruxelles » – en ligne (28.02.2013) : <https://www.rtbf.be/info/regions/detail_la-transformation-de-bureaux-en-logements-un-phenomene-abruxelles?id=7937233> [04.11.2017].

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Phases de transformation d’un immeuble de bureaux en bâtiment d’habitation

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La troisième phase marquerait l’apparition d’unités de vie individuelles qui seraient donc des sortes de petits appartements. Cette transformation marquerait aussi le changement de statut du bâtiment. Il ne serait plus uniquement destiné à l’accueil de réfugiés, mais pourrait également être ouvert aux personnes plus démunies qui n’auraient plus d’endroit où loger. Cette étape serait la charnière entre le centre d’accueil pour réfugiés et l’immeuble accueillant uniquement des unités de vie individuelles, et s’apparenterait de ce fait plus à un immeuble à appartements. La dernière phase serait celle où l’entièreté des plateaux de bureaux seraient aménagés en unités de vie individuelles qui seraient destinées à accueillir non seulement toute personne dans le besoin, mais également des étudiants qui pourraient bénéficier de petits appartements à prix bas. Lors de cette dernière étape, les commodités communes qui avaient été maintenues pour le besoin du centre seraient remplacées par un espace partagé sur chaque plateau où les personnes pourraient se rencontrer et échanger. Le rez-de-chaussée resterait quant à lui public et le toit pourrait devenir un espace vert également ouvert au public. 3.3.3. Avantages de la proposition Tout d’abord, cette proposition, comme celle d’investir des logements vides, présente l’avantage d’utiliser des structures existantes et ne nécessite donc pas la construction de nouveaux bâtiments. Des économies de budget peuvent ainsi être effectuées afin de réinvestir l’argent dans d’autres actions. En plus des économies de budget, des économies de matière peuvent être réalisées, ce qui n’est pas négligeable à une époque où l’épuisement des ressources naturelles est de plus en plus souligné par la communauté scientifique. Le fait d’utiliser des espaces laissés à l’abandon dans les villes permet également de favoriser un contrôle social et un climat plus sûr. Par ailleurs, ces grands espaces permettent une gestion plus facile des personnes y vivant. En effet, toutes les personnes se trouvant au même endroit, le nombre de responsables peut être diminué. La distribution de repas et l’accès à des soins médicaux s’en trouvent également simplifiés. Enfin, investir des grandes structures telles que les immeubles de bureaux permet de créer de réels espaces de rencontre et de partage, ce qui n’était pas le cas dans la proposition d’intégrer des logements vides. Le fait de disposer de grands espaces permettrait également d’une part, aux différentes associations et ONG œuvrant dans le domaine de la migration d’installer des services d’aide aux demandeurs d’asile au cœur des bâtiments qui les abritent. Et d’autre part, de les transformer en partie en espace public afin de favoriser les interactions entre citoyens et demandeurs d’asile.

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Installation de tentes dans l’aéroport de Tempelhof pour accueillir les migrants

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3.3.4. Inconvénients de la proposition Contrairement à la proposition consistant à investir des logements vides, cette solution nécessite de transformer l’espace et implique donc des travaux. Ces travaux ont un coût qui rend cette solution plus onéreuse que celle d’investir des logements vides, mais pose également la question du phasage des travaux. De fait, la solution présentée montre plusieurs étapes de transformation des immeubles de bureaux, ce qui pose la question de l’accueil des demandeurs d’asile durant ces travaux. On ne peut décemment imaginer de faire vivre des gens, qui pour certains, sont en état de fragilité psychologique et physique, dans des lieux baignant dans la poussière et le bruit. Les trois premières phases de transformation posent également la question de l’intimité à laquelle devrait avoir droit n’importe quelle personne. Si l’aménagement des premières phases est idéal pour accueillir un grand nombre de personnes pour une durée d’occupation très courte, il ne l’est pas pour y faire vivre des personnes pendant plusieurs semaines. Ces problèmes d’intimité combinés à un grand nombre d’occupants sont souvent source de conflits entre des personnes hébergées. Enfin, cette solution, comme celle de l’hébergement chez un particulier, ne permet pas au migrant d’avoir une adresse personnelle, ce qui, comme cela a été mentionné ci-avant, est problématique en matière d’aide sociale. 3.3.5. Etude de cas a)

Aéroport de Tempelhof

En 2015, la ville de Berlin doit faire face à une saturation de ses structures d’accueil. Dans l’urgence, elle ouvre un centre dans l’ancien aéroport de Tempelhof où 720 places sont mises à disposition25. Dans un premier temps, les migrants sont logés dans des tentes où des lits superposés ont été installés. Par la suite, des boxes faisant entre 12 et 25 m² ont été aménagés. En 2016, ce centre hébergeait 1300 personnes26 dans des conditions d’intimité extrêmement précaires. Normalement, le centre devait accueillir les personnes pour une durée maximale de six semaines, mais lors d’une interview réalisée en 2016 par Grey Hutton, certaines témoignaient être là depuis plus de six mois. Voici trois récits de vie à l’aéroport de Tempelhof27 confiés par des réfugiés à Grey Hotton : Issa, 25 ans, Bagdad (Irak) « Je suis à Tempelhof depuis novembre 2015. Je vis ici avec deux amis de Bagdad. On a vraiment de la chance car on est seulement trois dans ce box – ils sont plus nombreux dans les autres. Je ne peux pas vraiment me plaindre. La principale différence entre ici et Bagdad, c'est que là-bas, je me sentais en sécurité quand j'étais chez moi, mais pas du tout dès que je mettais un pied dehors. Ici, c'est l'inverse : quand je suis dans mon espace, je ne me sens pas à l'aise, mais dès que je sors je suis bien mieux. »

25

Chiffre évoqué par Le Point dans : AFP, « L’ancien aéroport de Tempelhof à Berlin accueille ses premiers réfugiés » – en ligne (26.10.2015) : <http://www.lepoint.fr/monde/l-ancien-aeroport-de-tempelhof-a-berlin-accueille-ses-premiers-refugies-26-10-20151976916_24.php> [26.04.2018]. 26 Chiffre évoqué par Grey HUTTON dans : HUTTON, Grey, « Avec les 1300 réfugiés de l’aéroport de Berlin-Tempelhof » – en ligne (30.05.2016) : <https://www.vice.com/fr/article/vdqdya/tempelhof-germany-refugee-camp-photos-876> [26.04.2018]. 27 Récits disponibles sur : Ibidem

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Boxes accueillant les migrants dans l’aéroport de Tempelhof

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Ahmed, 31 ans, Hassaké (Syrie) « Je vis ici depuis environ six mois avec mon cousin de 12 ans. Je faisais un Master en économie agricole quand j'ai quitté la Syrie. On vivait dans une région où les milices fourmillaient ; les autorités étaient absentes. Mon cousin a été confronté à de nombreuses violences. On avait peur des traumatismes qui allaient en résulter. Comme c'est encore un enfant, il est plus facile pour lui de vivre dans un petit espace comme celui-ci, mais ses parents et sa maison lui manquent beaucoup. Je ne connaissais pas les gens avec lesquels je vis maintenant, même si on vient du même village. Je vais bientôt commencer mes études à l'université technique de Berlin, et je me demande où je pourrai réviser quand ça va commencer. Je vais avoir besoin d'un endroit avec davantage d'intimité. Je ne sais pas encore comment je vais faire. » Omar, 20 ans, Damas (Syrie) Je suis à Tempelhof depuis octobre 2015. Je vis avec sept autres personnes que j'ai rencontrées ici, et on s'entend très bien. Je suis célibataire, donc c'est plus simple. Mais si j'étais marié ou si j'avais une famille, je leur dirais de ne pas venir ici car les conditions de vie sont désastreuses. Il y a seulement des hommes dans notre box, et ça ressemble un peu au service militaire. La nourriture n'est pas bonne, mais comme la plupart d'entre nous étions dans l'armée, on est habitués – les toilettes étaient néanmoins plus propres dans notre caserne. Les lumières sont allumées à six heures du matin et s'éteignent à 11 heures du soir. Et si tu es en retard pour un repas, tu ne manges pas. 3.3.6. Conclusion Cette solution d’accueil semble très efficace en terme de capacité d’accueil. Vu que les grandes structures permettent d’accueillir un nombre important de personnes et de les encadrer facilement. Toutefois, cette solution ne semble pas idéale sur du long terme. Etant donné qu’il est très difficile de rendre ces grands espaces intimes et que de nombreux problèmes peuvent découler de ce manque d’intimité. La proposition met en avant une évolution de l’organisation interne du bâtiment qui pourrait rendre plus privatifs certains espaces, mais la question est de savoir où iront les occupants durant ces phases de transformation. Les premières phases de cette solution, ou tout au moins les deux premières, semblent plutôt réservées à un accueil d’urgence qui ne peut se prolonger comme c’est le cas à l’aéroport de Tempelhof. Les phases suivantes permettent un accueil plus long, en créant des espaces plus intimes qui se rapprochent de vraies chambres.

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Installation d’une tiny house dans le jardin d’un particulier

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3.4.Une tiny house dans le jardin28 3.4.1. Concept A l’origine, les tiny houses ont été créées pour offrir une nouvelle manière de vivre dans des maisons plus petites en prônant la simplicité. Ces petites habitations ont été popularisées aux Etats-Unis durant la crise immobilière de 2008, car elles offraient une solution de logement abordable pour beaucoup de personnes tout en affichant une durée de vie bien plus longue qu’une caravane ou un camping-car. Actuellement, le concept des tiny houses continue à se développer et ce même en Europe. Ce succès s’explique par le fait que ces habitations présentent de nombreux avantages, comme un faible impact sur l’environnement par rapport à une maison « classique », ou encore une grande mobilité grâce au fait qu’elles soient montées sur une structure semblable à celle d’une remorque. Le projet analysé propose d’utiliser ces tiny houses pour accueillir les migrants. Ces tiny houses étant très facilement déplaçables, elles pourraient être installées dans les jardins de particuliers prêts à accueillir des demandeurs d’asile ou des réfugiés chez eux. L’idée ici n’est pas uniquement de développer du logement d’urgence qui ne serait que temporaire, mais bien de construire des logements respectueux de l’environnement, pouvant être utilisés sur du long terme aussi bien par des migrants que par des locaux. Le but de cette démarche est non seulement de créer de la mixité sociale, mais également d’aller à l’encontre de la logique spatiale des villes et de leur périphérie en amenant les réfugiés aux cœurs des villes. En effet, dans de nombreux cas, les réfugiés sont rejetés en périphérie dans des bidonvilles qu’ils aménagent avec ce qu’ils trouvent autour d’eux. Cette démarche permet également une répartition plus homogène des réfugiés et évite ainsi de former des camps de fortune où ils sont tous concentrés. 3.4.2. Mise en place de la proposition Comme expliqué ci-dessus, les tiny houses seraient implantées sur les terrains de volontaires et ce pour une durée minimum permettant de trouver un emploi et ainsi de devenir indépendant. La tiny house occuperait une surface de plus ou moins 10 m² pour un logement pouvant accueillir au maximum quatre personnes29. Les particuliers, mettant à la disposition de migrants une tiny house, seraient répertoriés sur un site Internet semblable à ceux que proposent Air BnB, Blabla Car, etc. Il suffirait donc aux migrants de se connecter sur ce site pour identifier les lieux où ils peuvent être accueillis. Avec ce concept, on voit encore l’importance que prennent les réseaux sociaux et Internet en général dans les différentes stratégies d’accueil qui se mettent en place.

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Solution d’hébergement développée par D.A.T. PANGEA + QUATORZE (IMBY – In My Back Yard) et présentée au pavillon finlandais De la frontière à la maison lors de la biennale de Venise de 2016. 29 Selon les plans de la tiny house proposée par D.A.T. PANGEA + QUATORZE à la biennale de Venise de 2016.

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Plans et coupe d’une tiny house simple

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Les tiny houses seraient construites selon le principe de l’ossature bois et sur base de répétitions de modules simples. L’ossature bois permet de bien isoler la tiny house et donc d’avoir un confort thermique que l’on ne retrouve pas dans le cas de caravane « classique ». La structure habitable est elle-même montée sur une structure semblable à celle d’une remorque afin de fournir une grande mobilité à la tiny house et d’ainsi pouvoir l’installer un peu partout. Quant au principe de travailler avec des modules simples en bois, il permet d’intégrer la fabrication de ces structures à une formation qui aborde la construction de structures à ossature bois. Cette formation s’adresserait aussi bien aux professionnels du bâtiment qu’aux étudiants dans le milieu de la construction, mais l’enjeu serait de rendre ces formations également accessibles aux réfugiés qui souhaiteraient obtenir un diplôme, ou approfondir des connaissances. Ce serait aussi une occasion pour eux de travailler sur un projet ayant trait à l’accueil de personnes ayant un vécu semblable au leur. Chaque tiny house intègre une cuisine, un sanitaire, ainsi qu’une toilette, en plus d’une pièce de vie, et d’une couchette placée en mezzanine. Au cas où la tiny house ne serait pas assez grande pour accueillir une famille, il serait possible d’en placer deux côte à côte afin de doubler l’espace disponible. 3.4.3. Avantages de la proposition Cette proposition d’accueil offre une grande indépendance aux réfugiés. En effet, même si la personne loge sur le terrain de quelqu’un d’autre, elle possède son propre logement et ne dépend donc de personne pour y accéder. Le fait de loger sur le terrain d’un habitant autochtone permettrait aux réfugiés de tisser des liens avec la population locale, mais également d’avoir un soutien et une aide pour s’intégrer plus facilement. Pour les habitants, c’est également l’occasion d’apprendre à connaître ces personnes au vécu souvent très pénible. Cet échange entre population locale et nouveaux arrivants serait extrêmement bénéfique culturellement parlant. D’un point de vue constructif, la facilité de production de ces tiny houses induirait un coût relativement bas, entre 11 500€ et 14 400€30. La fabrication au cours de formations permettrait de réduire encore l’impact économique de la production. Un autre avantage de ces tiny houses est leur grande mobilité. Si à un moment donné, le propriétaire qui mettait une partie de son terrain à disposition ne souhaite plus participer au projet, il peut effectivement le signaler, et la tiny house peut être déplacée, de sorte que la personne retrouve l’entièreté de son terrain. Au cas où l’afflux de réfugiés diminuerait, les tiny houses pourraient continuer à être utilisées comme abris pour les plus démunis, ou comme des annexes de maison, ou encore comme caravane pour voyager.

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Coût estimé par Noam GOLDSTEIN, membre d’une équipe réalisant des tiny houses à Berlin.

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Figure 1

Figure 2

Figure 1 : modules de vie composant une tiny house Figure 2 : plan d’une tiny house double UCL / LOCI

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3.4.4. Inconvénients de la proposition Cette proposition présente un gros inconvénient au niveau du suivi offert aux personnes. Il est évident que, même si les migrants peuvent être en contact régulier avec les habitants chez qui ils logent, ces derniers ont rarement une formation adéquate pour effectuer un suivi psychologique approprié pour des personnes ayant souvent vécu des expériences extrêmement traumatisantes. Pour palier à ce problème, le projet « In my backyard », en France, propose un suivi psychologique offert par le Samu Social de Paris à travers le programme ELAN31. Un autre problème est le fait que les réfugiés ne possèdent pas vraiment d’adresse étant donné qu’ils vivent sur le terrain de quelqu’un d’autre. Se pose donc la question des aides sociales qui ne peuvent être obtenues, comme déjà signalé, que moyennant une adresse à fournir au CPAS. Si les réfugiés venaient à perdre toute aide sociale au profit d’un toit, la proposition ne serait pas vraiment bénéfique car ils perdraient ce qui est souvent leur seul soutien économique et vivraient donc au crochet des personnes qui mettraient leur terrain à disposition. 3.4.5. Etude de cas a)

Tiny house à Montreuil

En 2017, l’association Quatorze lançait le projet In My Backyard en réaction au mouvement Not In My Backyard. Le principe de ce projet est que des propriétaires volontaires proposent d’accueillir une tiny house de 20 m² sur leur terrain pour une durée minimale de deux ans. Au bout de ces deux années, les propriétaires ayant mis à disposition leur terrain peuvent soit continuer d’accueillir des personnes dans le besoin, soit demander à l’association de démonter la tiny house, ou encore racheter cette dernière. Chaque tiny house peut accueillir deux personnes et le coût de sa construction est pris en charge par l’association. Ce mouvement est dans la lignée directe des initiatives d’accueil de migrants chez des particuliers, mais permet une plus grande autonomie à chacun. A travers cette solution d’hébergement, l’association Quatorze veut stopper la logique spatiale qui consiste à exclure en périphérie les personnes étant le plus dans le besoin, comme c’est le cas quand on les envoie dans les banlieues. Comme mentionné ci-avant, l’association Quatorze travaille en collaboration avec le Samu Social afin de permettre aux occupants des tiny houses de bénéficier d’un suivi social. Ce programme baptisé ELAN permet d’offrir un accompagnement psychologique, un accompagnement à l’ouverture des droits et à la santé, et un accompagnement vers l’emploi et un logement pérenne. La première tiny house de ce mouvement a été construite à Montreuil en novembre 2017. La conception de la maison, pensée pour être construite exclusivement au moyen d’assemblages, a permis sa construction au moyen d’un chantier co-construction, un mode participatif qui se base encore une fois sur l’enthousiasme de volontaires. Cette construction a été l’occasion de mettre en place une formation aux techniques de l’éco-construction.

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ELAN est un dispositif d’accompagnement des personnes réfugiées chez des particuliers mis en place par le Samu Social en France.

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Intérieur de la tiny house imaginée par l’association Quatorze

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Dominique et Carole sont les propriétaires qui ont accepté cette tiny house dans leur jardin, voici leur témoignage32 : « Nous avons entendu parler du projet à travers notre AMAP. On s’est décidés le jour même. Ma compagne et moi, ça nous a souvent travaillé de voir combien, en France, on avait du mal à accueillir et intégrer ces gens, et ce projet nous correspondait bien : on avait un terrain de 50m2 derrière notre maison dont on ne savait pas trop quoi faire. Héberger des réfugiés chez nous – comme le font beaucoup de personnes en France– aurait été assez compliqué, car nous avons deux jeunes enfants et pas beaucoup de place à l’intérieur. Mais avec cette petite maison dans le jardin, il y a une certaine autonomie. Et nous avons apprécié le fait que les personnes auront un accompagnement social à travers le programme ELAN du Samu Social de Paris. Nous ne savons pas encore qui va emménager dans la maisonnette , mais on le saura dans les prochains jours. On a hâte de les rencontrer. À priori, ils seront deux colocataires : une séparation a été installée dans la chambre pour plus d’intimité. Nous avons demandé à ce que soit des personnes qui puissent communiquer en français ou en anglais pour que l’on puisse échanger avec eux. L’idée c’est quand même qu’ils soient proches de la famille. On ne va pas tout planifier avant, mais on imagine que l’on partagera régulièrement des repas ou d’autres activités. Le projet prévoit que ces personnes restent au maximum un an. L’objectif, c’est qu’ils trouvent un travail et deviennent indépendants. D’autres viendront ensuite : nous nous sommes engagés sur deux ans. Ce projet est reproductible, et on espère que beaucoup d’autres personnes nous emboîteront le pas : c’est aussi pour ça qu’on le fait ! » 3.4.6. Conclusion Cette solution représente une bonne alternative aux logements chez les particuliers. En effet, installer des tiny houses chez des propriétaires volontaires permet de garder cette possibilité d’échange que l’on trouvait dans l’accueil des migrants par des citoyens volontaires, mais apporte également plus d’intimité à chacun. Le manque d’accompagnement par des professionnels reste un point faible de cette proposition, mais comme le démontre l’exemple du projet français, des solutions peuvent être trouvées pour assurer un suivi social. Toutefois, cette solution de logement repose toujours sur la bonne volonté de propriétaires, ce qui pourrait poser problème si peu de personnes acceptaient de construire une tiny house sur leur terrain. De plus, le problème d’adresse propre et donc de revenu d’intégration reste un problème dans cette solution.

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Témoignages disponibles sur: France 24, « À Montreuil, la petite maison dans le jardin qui accueille les réfugiés » – en ligne (31.10.2017) : <http://observers.france24.com/fr/20171031-tiny-house-refugies-jardin-montreuil> [19.03.2018].

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Réutilisation comme toiture de la structure d’hébergement pour migrants

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3.5.Commencer avec un toit33 3.5.1. Concept Cette proposition part du constat que beaucoup de moyens d’accueil mis en place actuellement le sont pour des durées très courtes, sans réflexion sur le long terme. Cela entraîne donc une surconsommation de matière, ainsi que des dépenses sans réel investissement. L’idée est ici de mettre en place des solutions d’accueil rapidement, mais en pensant à leur utilisation « post-migration ». Le principe est de construire des logements simples de forme triangulaire qui peuvent accueillir directement des demandeurs d’asile et des réfugiés. Une fois que l’afflux de demandeurs d’asile diminuerait et que la majorité des personnes ayant obtenu un statut de réfugié n’auraient plus besoin d’aide pour se loger, les structures triangulaires seraient progressivement déplacées sur le dessus de nouvelles constructions afin d’en constituer le toit. Cette solution permettrait de réutiliser entièrement les structures mises en place dans le cadre de l’accueil des migrants, ce qui signifie une économie de matière ainsi qu’une revalorisation économique. 3.5.2. Mise en place de la proposition Les modules seraient constitués d’éléments préfabriqués pour faciliter la mise en œuvre sur le terrain, ainsi que pour construire rapidement les abris. Les matériaux utilisés seraient des matériaux de taille standard afin de diminuer les coûts de production. Chaque module triangulaire ferait 480 cm de côté et aurait une profondeur de 90 cm. La taille des abris pourrait donc varier en fonction du nombre de modules mis l’un à la suite de l’autre. Lorsque la structure serait utilisée pour de l’hébergement temporaire, les finitions intérieures et extérieures seraient très simples afin de ne pas engendrer de coût inutile. Ces abris temporaires permettraient aux réfugiés de bénéficier d’un endroit chaud et sûr pour se reposer, incluant un accès à de l’électricité, mais n’incluant pas de pièce d’eau. Une fois que l’utilisation de ces modules comme moyen d’accueil temporaire ne serait plus justifiée, des nouvelles structures formant la base de maisons seraient construites à proximité afin de constituer une nouvelle zone résidentielle. Une fois ces bases construites, les éléments qui servaient jusque là d’abris pour les migrants seraient hissés sur le dessus des structures afin d’en constituer le toit. Les finitions intérieures et extérieures pourraient dès lors être modifiées pour offrir quelque chose de plus esthétique.

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Solution d’hébergement développée par Satoshi OHTAKI (Start with a Roof) et présentée au pavillon finlandais De la frontière à la maison lors de la biennale de Venise de 2016.

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Plans et coupes du mode d’hébergement

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3.5.3. Avantages de la proposition Tout d’abord, cette proposition permettrait d’apporter une réponse rapide à l’accueil des réfugiés vu que les pièces seraient préfabriquées. De plus, le gros avantage de cette solution est la facilité de réemploi des structures d’accueil temporaire une fois que leur utilisation en tant que telle n’est plus justifiée. A une époque où le recyclage et la réutilisation sont prônés, ce projet octroie une seconde vie à chaque module. Contrairement aux éléments préfabriqués utilisés actuellement dans le cadre de l’accueil des migrants et qui sont démontés une fois qu’ils ne sont plus occupés, ces modules triangulaires pourraient encore être utilisés pendant de nombreuses années. Cela éviterait donc un gaspillage écologique, mais aussi économique étant donné que l’assemblage et le démontage coûtent cher en main d’œuvre. Limiter ces opérations permet donc de réduire les coûts. 3.5.4. Inconvénients de la proposition Malgré l’avantage que présente la rapidité de mise en œuvre de cette proposition, le peu d’intimité qu’elle offre dans le cas de dortoirs reste un problème. L’idéal est donc d’utiliser la configuration « chambre simple » mais cette configuration ne permet pas d’héberger autant de monde que la configuration « dortoir ». Une solution serait de mettre en place les différentes configurations sur un même site et de permettre aux personnes les plus fragiles, comme les familles ou les personnes fragilisées psychologiquement, de pouvoir bénéficier d’un espace plus intime que celui qu’offrent les dortoirs. Un deuxième inconvénient est que cette solution n’intègre ni sanitaire, ni espace de préparation pour les repas. Ces éléments devront donc être placés dans des infrastructures séparées, ce qui est loin d’être confortable pour les personnes hébergées. On ne peut considérer qu’un mode de logement n’intégrant ni sanitaire, ni espace pour cuisiner soit une solution de logement pérenne. Un autre facteur à prendre en compte est que ces constructions, si elles sont regroupées dans des friches, risquent de contribuer à former un effet ghetto semblable à celui que l’on retrouve dans les camps « traditionnels » de tentes. Un tel effet aurait forcément un impact négatif sur l’intégration des migrants et ne permettrait pas un échange avec la population locale, échange que l’on retrouve dans d’autres solutions d’hébergement. Enfin, cette solution ne prévoit pas d’encadrement pour un suivi social. Cet encadrement pourrait être mis en place dans des structures voisines à celles destinées à héberger les migrants, mais cela nécessiterait évidemment encore la construction de nouveaux bâtiments où ce suivi pourrait être mis en place.

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Phasage de la proposition avec réutilisation de la structure d’hébergement comme toiture UCL / LOCI

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Conclusion Cette solution est très intéressante d’une part dans la logique de réutilisation des structures qu’elle propose. En effet, à l’heure actuelle, le réemploi est de plus en plus mis en avant dans notre société et cette proposition d’hébergement propose une manière de réutiliser les structures d’accueil de façon très efficace. Et d’autre part, elle permet de loger un grand nombre de personnes et ce assez rapidement. Son utilisation en cas d’arrivée massive de personnes serait donc intéressante. Toutefois, cette solution d’hébergement reste très rudimentaire, on pourrait comparer les structures à des tentes en dur et équipées de l’électricité. On ne peut donc concevoir que ce moyen d’hébergement soit utilisé sur une longue durée. Pire, celui-ci présente un risque de formation de ghettos qui serait négatif pour l’intégration des migrants.

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Migrants accueillis par des étudiants de l’ULB dans le Centre d’action laïque

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4. LA POSITION DE L’ULB PAR RAPPORT À L’ACCUEIL DES RÉFUGIÉS 4.1.Mesures prises par l’ULB Depuis le début de la crise de l’accueil des migrants en septembre 2015, les étudiants de l’ULB se mobilisent pour permettre un meilleur accueil de ces personnes. Cela a commencé en septembre 2015 avec la création de l’association ULB Students with refugees et un hébergement de personnes dans un bâtiment du campus de la Plaine à Ixelles début octobre, lors du démantèlement du camp du parc Maximilien. Cet hébergement a été mis en place par des étudiants bénévoles au sein du Centre d’action laïque et a été assuré durant un mois, tous les jours, à partir de 20h. Malgré leur bonne volonté, cet accueil n’était pas possible sur une plus longue durée, tant d’un point de vue logistique que d’un point de vue de l’emploi du temps des étudiants bénévoles. Après ce mois, et décidés à poursuivre leur action sous une autre forme, les étudiants ont décidé de créer la plateforme Belgian Students with refugees. Ils en profitèrent également pour adresser un message aux autorités publiques afin de leur rappeler leurs obligations en matière d’accueil. De son côté, l’ULB a assez rapidement mis en place des mesures34 pour permettre aux réfugiés souhaitant poursuivre leurs études de bénéficier d’un soutien dans leurs démarches administratives. C’est ainsi qu’un welcome desk pour les étudiants réfugiés fut créé. Ce welcome desk aide les étudiants réfugiés sur le plan administratif, mais également lors de l’inscription et des frais liés à cette dernière, lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue ou encore au moment de la recherche d’un logement. L’ULB a d’ailleurs libéré dix logements afin de les mettre à disposition des étudiants réfugiés. De plus, l’université a ouvert dix chaires post-doctorales destinées à des chercheurs réfugiés. Dès la rentrée 2016, ces postes ont accueilli des chercheurs, hommes et femmes, venus de Syrie et d’Irak. Toutes ces mesures prouvent bien la volonté de l’ULB et de ses étudiants d’accueillir ces réfugiés au sein de son université, qu’ils soient étudiants ou chercheurs. L’ULB a d’ailleurs collaboré plusieurs fois avec la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés en organisant, par exemple, des collectes de vêtements et de produits de première nécessité destinés aux migrants. Enfin, plus récemment, l’ULB a été le premier établissement en Fédération Wallonie-Bruxelles à se déclarer université hospitalière. Cela signifie qu’elle s’engage dans l’accueil et le suivi de migrants, c’est-à-dire des demandeurs d’asile, des réfugiés, mais également des personnes sans papiers.

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Ces mesures ont été détaillées lors d’une conférence <https://www.ulb.ac.be/solidaire/docs/DP-refugies.pdf> [26.05.2018].

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Les différentes unités et leurs échelles permettent de rendre des lieux plus ou moins intimes UCL / LOCI

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4.2.Un nouveau bâtiment pour étudiants réfugiés Au vu de la politique d’accueil favorable de l’ULB, il semblait intéressant de développer un projet destiné aux étudiants réfugiés sur un des sites de l’université. Etant donné sa situation, le site de la Plaine serait un endroit idéal pour accueillir ce nouveau bâtiment. En effet, ce site accueille deux grandes universités que sont l’ULB et la VUB, ce qui crée déjà une sorte de multiculturalité qui ne pourrait être que bénéfique aux migrants poursuivant leur cursus en Belgique. De plus, même si pendant longtemps, les deux universités occupaient chacune le site sans vraiment se préoccuper l’une de l’autre, elles semblent vouloir se recentrer autour de projets communs, à l’image du learning center qui devrait voir le jour sur le campus de la Plaine. Un projet collaboratif entre les deux universités ayant trait à l’accueil des migrants serait donc quelque chose d’extrêmement intéressant et positif. Enfin, le campus de la Plaine n’a jamais vraiment été aménagé de manière homogène et la division entre l’ULB et la VUB se ressent très fort lorsque l’on se promène sur le site. Ce projet, en plus de réunir les deux universités autour d’un sujet commun, serait l’occasion de redonner une unité à ce territoire scindé en deux. Le projet s’implanterait donc naturellement à proximité de la limite administrative séparant le terrain des deux universités. Le projet en lui-même se développerait sur quatre niveaux : un niveau aménagé pour permettre de mener des actions de sensibilisation et d’échange avec la population locale ; un niveau accueillant des services d’aide médicale, administrative et psychologique, ainsi que des services communs ; et enfin deux niveaux destinés à l’habitation. Chaque niveau comporte quatre macro-unités qui sont elles-mêmes organisées autour de trois ou quatre unités. Les macro-unités sont des endroits où les différents habitants d’un appartement peuvent se retrouver. Elles sont des lieux de partage et d’échange entre les occupants. Chaque macro-unité possède un salon, une cuisine et une salle à manger. Comme dit précédemment, ces macro-unités sont organisées autour d’unités. Ces unités se composent d’une ou deux chambres ainsi que d’une kitchenette et d’une salle d’eau. Ces unités sont plus privatives que les macro-unités mais dans le cas d’une unité composée de deux chambres, la kitchenette et la salle d’eau sont à partager par les occupants des deux chambres. Enfin, ces unités sont divisées en micro-unités qui sont les chambres à proprement parler. Ce sont les endroits les plus intimes où chacun peut s’isoler lorsqu’il le souhaite. Chaque micro-unité est meublée d’un lit, d’un bureau et d’une armoire. Cette division du logement en différentes unités permet de graduer le niveau d’intimité, ce qui est très important dans des appartements destinés à accueillir des personnes ne se connaissant pas forcément.

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Figure 1 : hébergement chez un particulier ; figure 2 : occupation des logements vides ; figure 3 : occupation des grandes infrastructures vides ; figure 4 : tiny house ; figure 5 : commencer avec un toit ; figure 6 : projet pour étudiants réfugiés

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5. CONCLUSION 5.1.L’accueil au fil du temps Au travers de l’étude des différentes solutions, on a pu remarquer qu’aucune n’était adaptée à toutes les situations. Certaines sont plus propices à être mises en place pour un accueil d’urgence et de type court. Ce type de structures d’accueil serait donc plutôt utilisé dans l’accueil des migrants lorsqu’ils arrivent dans le pays, qu’ils demandent l’asile en Belgique ou qu’ils ne font que transiter. D’autres solutions plus durables, avec une possibilité d’y inclure un bon encadrement, pourraient, quant à elles, être utilisées pour héberger les personnes en attente d’une réponse à leur demande d’asile. Enfin, les solutions durables, mais pour lesquelles l’encadrement est plus difficile pourraient être réservées à l’hébergement de personnes ayant obtenu le statut de réfugié ou bénéficiant d’une protection subsidiaire. Il est donc primordial de bien prendre en compte les points positifs et négatifs des différentes solutions d’hébergement afin de les utiliser dans les situations les plus propices. 5.2.Limite de l’architecture dans la réponse aux besoins des réfugiés Pour conclure, il est essentiel de préciser qu’il n’est pas possible de solutionner tous les problèmes au moyen de l’architecture. Bien que l’architecte puisse apporter des pistes de réflexion sur la manière d’accueillir ces personnes, il n’est pas le seul acteur. De fait, la politique d’accueil est gérée par les pouvoirs publics qui décident de la direction à donner à celle-ci. Si le gouvernement ne souhaite pas accueillir de migrants (ce qui n’est pas vraiment le cas en Belgique mais qui l’est bien dans d’autres pays d’Europe), l’architecte peut entamer toutes les pistes de réflexion qu’il souhaite, cela ne changera rien au fait que l’Etat n’accueillera pas ces personnes. En Belgique, l’accueil est actuellement soutenu par le gouvernement et il est donc intéressant de penser, en tant qu’architecte, à de nouvelles manières d’héberger les personnes afin de leur garantir de meilleures conditions d’accueil et de favoriser leur bonne intégration au sein de la société.

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6. BIBLIOGRAPHIE AFP, « L’ancien aéroport de Tempelhof à Berlin accueille ses premiers réfugiés » – en ligne (26.10.2015) : <http://www.lepoint.fr/monde/l-ancien-aeroport-detempelhof-a-berlin-accueille-ses-premiers-refugies-26-10-2015-1976916_24.php> [26.04.2018]. AFP, « Berlin : des mini-maisons pour héberger des réfugiés » – en ligne (09.08.2017) : <https://www.lesoleil.com/maison/berlin-des-mini-maisons-pourheberger-des-refugies-7855daab5ce60bda1b1541def1e72f5e> [13.04.2018]. AGIER, Michel, Aux bords du monde, les réfugiés, Paris : Flammarion, 2002. AGIER, Michel, Gérer les indésirables : des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Paris : Flammarion, 2008. AGIER, Michel, Campement urbain : du refuge naît le ghetto, Paris : Payot et Rivages, 2013. AGIER, Michel (directeur) & Lecadet, Clara, Un monde de camps, Paris : La Découverte : 2014. AGIER, Michel, MADEIRA, Anne-Virginie, Définir Universitaires de France / Humensis, 2017.

les

réfugiés,

Paris :

Presses

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8. SOURCE DES ILLUSTRATIONS Couverture – Medium, https://medium.com/trt-world/how-6-eastern-europeannations-have-hunted-down-refugees-in-policy-and-in-practice2e6040ab9264, consulté le 20.05.2018. p.8 – Le Monde, https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/visuel/2015/08/27/eneurope-une-politique-d-asile-en-ordre-disperse_4738349_4355770.html, consulté le 03.02.2018. p.10 – The Migrationist, https://themigrationist.net/2015/12/22/a-janus-facedeurope-awaits-refugees-in-2016/, consulté le 05.04.2018. p.12 – Dessins de l’auteur. p.14 – Archdaily, https://www.archdaily.com/867339/7-architectural-solutions-forasylum-seekers-shown-by-the-finnish-pavilion-at-the-2016-venice-biennale, consulté le 06.03.2018. p.16 – Dessin de l’auteur. p.18 – Dessins de l’auteur. p.20 – Facebook, https://www.facebook.com/plateformerefugiesbxl/photos/a.1571572346232 47.1073741829.153279105011060/544802225858744/?type=3&theater, consulté le 02.04.2018. p.22 – Facebook, https://www.facebook.com/plateformerefugiesbxl/photos/a.1571572346232 47.1073741829.153279105011060/544802175858749/?type=3&theater, consulté le 02.04.2018. p.24 – Facebook, https://www.facebook.com/plateformerefugiesbxl/photos/a.1571572346232 47.1073741829.153279105011060/523055621366738/?type=3&theater, consulté le 02.04.2018. p.26 – Facebook, https://www.facebook.com/plateformerefugiesbxl/photos/a.1571572346232 47.1073741829.153279105011060/513836282288672/?type=3&theater, consulté le 02.04.2018. p.28-38 – Archdaily, https://www.archdaily.com/867339/7-architectural-solutionsfor-asylum-seekers-shown-by-the-finnish-pavilion-at-the-2016-venicebiennale, consulté le 06.03.2018. p.40 – The open mind, https://www.the-open-mind.com/nazi-era-tempelhofairport-reborn-as-shelter-for-refugees/, consulté le 09.05.2018. p.42 – News Deeply, https://www.newsdeeply.com/refugees/articles/2017/06/22/berlinstempelhof-the-camp-too-controversial-to-customize, consulté le 09.05.2018.

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p.44-48 – Archdaily, https://www.archdaily.com/867339/7-architectural-solutionsfor-asylum-seekers-shown-by-the-finnish-pavilion-at-the-2016-venicebiennale, consulté le 06.03.2018. p.50 – France 24, http://observers.france24.com/en/20171106-france-tiny-houserefugees-backyard, consulté le 12.05.2018. p.52-56 – Archdaily, https://www.archdaily.com/867339/7-architectural-solutionsfor-asylum-seekers-shown-by-the-finnish-pavilion-at-the-2016-venicebiennale, consulté le 06.03.2018. p.58 – ULB, http://www.ulb.be/solidaire/docs/dossierpresseULBStudentsWithRefugees.p df, consulté le 18.05.2018. p.60-62 – Dessins de l’auteur.

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