N /////// ITEM l’atelier photographie documentaire
DANN’ somin *
sous le soleil de l’exclusion *en créole, vivre dans la rue
photos MORGAN FACHE du 26 MAI au 3 JUILLET 2015
Présentation de l’exposition « Je t’amène si tu veux, je vais te montrer la misère. » Guerrier a peut-être su avant moi ce qu’au fond je tentais de comprendre. Cela faisait 15 jours que j’avais pris l’habitude de venir tous les matins dans l’un des deux seuls lieux d’accueil de jour pour les personnes en difficulté à St Pierre de la Réunion, dans la « Boutique de Solidarité de St Pierre ». Sans savoir pour autant pourquoi cet endroit m’attirait vraiment. Je n’avais alors pas d’autre but que de rencontrer, d’écouter les gens qui venaient prendre un café, de m’imprégner de leurs histoires. Jusqu’au jour où je me suis laissé embarquer par Guerrier, comme on se laisse emmener par un guide. C’est lui qui m’a fait rencontrer les personnes qui peuplent ces photographies, toutes ces vies invisibles devant lesquelles on passe en marchant vite, comme effrayés par des spectres. J’ai rencontré la vie de Guerrier et de toutes ces personnes comme on rencontre l’inconnu. En deux ans, je les ai vu changer – en bien parfois, mais souvent pour le pire. Les esprits et les corps ont souffert, ils se sont un peu détruits. Cette série est le fruit de ces rencontres et la chronique impuissante de ces dégradations. C’est une porte entrouverte sur la rue, sur une réalité que nous croisons tous les jours, dont tout le monde se détourne, mais sur laquelle tout le monde a déjà prononcé son jugement. Personne ne veut savoir, personne ne veut comprendre et regarder ces vies laissées pour compte. Elles sont pourtant de plus en plus nombreuses à hanter les ruines, les friches et les zones d’ombre, à mesure que les inégalités explosent. Exposition réalisée en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre
La précarité à la Réunion Avec environ 350 000 personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, La Réunion fait partie des départements français les plus touchés par la précarité. Une précarité «hors norme», en dehors des «standards métropolitains», qui concerne plus particulièrement les personnes âgées et les jeunes. C’est ce qui ressort de l’enquête sur les indicateurs sociaux réalisée par l’Insee. La principale cause est l’absence d’emplois et des revenus d’activité insuffisants qui a pour conséquence un recours massif aux minima sociaux. Ces derniers concernent 150 000 foyers réunionnais, soit 240 000 personnes. Ces minima sociaux ne suffisent pas pour autant à réduire de manière significative la pauvreté. Les minima permettent surtout de réduire l’intensité de la pauvreté. Le taux de chômage atteint 29 % à La Réunion en 2013, soit un niveau trois fois supérieur à la métropole qui compte 9,9 % de chômeurs, selon une étude de l’Insee. Les jeunes âgés de 15 à 24 ans sont les plus touchés, leur taux de chômage a augmenté de six points entre 2009 et 2013, passant de 53 % à 59 %. Les femmes demeurent davantage sans emploi que les hommes (29,7 contre 28,3 %), même si l’écart s’est réduit ces dernières années.
Il y a très peu de drogues dures qui transitent par l’ile de la Réunion car elle n’est ni productrice ni sur la route des principaux flux de trafics. Cependant, d’autres consommations sont très présentes comme par exemple le rhum qui fait des ravages sur l’île. La consommation de rhum est journalière pour la plupart des personnes en situation de précarité, à un rythme de une à deux bouteilles par personnes. La dépendance est totale et les effets sont ravageurs. Pour les drogues, on retrouve le zamal (cannabis) local consommé en très grande quantité et l’Artane ou rivotrille. l’Artane est ici l’ectasie du pauvre, c’est une drogue antispasmodique qui est prescrite contre la maladie de Parkinson, ou contre les effets secondaires lors de la prise de certains neuroleptiques. En pharmacie, le produit coûte 3 euros. Ce produit a des effets secondaires : vision brouillée, bouche sèche, nausée, énervement. Mais il a un effet euphorisant, qui, associé à l’alcool et/ou au cannabis est également «désinhibant». Autrement dit, il facilite le passage à l’acte. Il n’entraîne pas de dépendance physique. Mais associé à l’alcool, le consommateur peut croire qu’il est dépendant au produit, et le consommera dès lors pour se sentir mieux. Des associations présentes sur l’île tentent d’aider les personnes dans la rue, comme la Fondation Abbé Pierre. Il y a aussi beaucoup d’associations religieuses de toutes confessions qui distribuent des repas régulièrement. Les sans-abris connaissent souvent des personnes individuellement qui les soutiennent ponctuellement, en leur offrant vêtements ou nourriture.
La Fondation Abbé Pierre c’est quoi ? Créée en 1992, la Fondation Abbé Pierre a pour objet d’agir afin que toutes les personnes démunies puissent accéder à un logement décent et à une vie digne. Son action s’articule autour d’actions en direction des plus défavorisés, du financement de projets liés au logement, d’accueil et d’aide aux sans-abri, de sensibilisation de l’opinion et d’interpellation des pouvoirs publics.
agir accueillir /
Grâce à un réseau de 30 Boutiques Solidarité (accueils de jour) et de 38 Pensions de Famille (lieux de vie) implantées à travers tout le pays.
construire / Par le financement (5,5 millions d’euros investis annuelle-
ment) et le soutien logistique et technique en direction de partenaires associatifs locaux, 600 à 700 logements très sociaux sont ainsi créés ou rénovés par an.
accompagner /
Le programme SOS Taudis a pour objectif de contribuer à l’éradication des 600 000 logements insalubres ou indécents dénombrés en France. Un habitat indigne que l’on ne saurait voir…
être solidaire / La Fondation initie des actions de solidarité internatio-
nale pour permettre à des familles démunies de trouver ou de se (re)construire un toit. Mais voir loin, c’est aussi considérer qu’un toit, ce n’est pas tout, et qu’il existe des conséquences sociales au mal-logement qu’il faut également prendre en compte.
interpeller communiquer / La sensibilisation fait partie des missions de la
Fondation. C’est par ses campagnes et ses publications (journal « Et les Autres ? », dépliants, éditions, site internet, réseaux sociaux…) et son travail auprès des médias que la Fondation Abbé Pierre diffuse ses chiffres et ses analyses.
observer / Chaque année, le rapport sur l’état du mal-logement
est un outil de décryptage de la politique du logement et de propositions. D’autres publications et recherches sont publiées régulièrement par la Fondation (guide sur les discriminations dans l’accès au logement, guide sur l’application de la loi Dalo...).
innover /
L’exclusion évolue, elle touche des publics nouveaux, sous d’autres formes parfois. La Fondation Abbé Pierre se doit d’expérimenter, de faciliter des innovations pour s’adapter à ces nouveaux phénomènes et y apporter des réponses.
BIO G RAPHIE
MORGAN FACHE / item Morgan Fache devient photographe documentaire indépendant en 2011 après avoir suivi une formation à l’Ecole des Métiers de l’Information à Paris. Il est membre du collectif item. De sa première vie en tant que travailleur social, Morgan Fache a gardé une sensibilité pour les sujets documentaires sur le long terme avec un travail sur les questions d’inégalité ou de communautés en gardant une approche sociale. Il s’intéresse plus particulièrement aux problématiques dans des territoires marqués par les stigmates culturels et sociaux du colonialisme. Il collabore régulièrement avec la presse (Le Monde, Jeune Afrique, La Croix) ainsi que pour des ONG, telles que Action contre la faim, ADT Quart Monde, OICEM (Organisation Internationale de Lutte contre l’Esclavage Moderne), ou encore la Fondation Abbé Pierre. Il réside actuellement à l’île de La Réunion et travaille sur toute la zone de l’Océan Indien. Prix/Récompenses: Finaliste du Grand Prix Gilles Jacquier (Photojournalisme) de Festival Press’tiv@l Info avec le travail sur «Occupy Gézi», Turquie. Sélectionné pour la «Bourse du talent #53», catégorie reportage avec le travail sur «Le Prince de Terre Sainte». Sélectionné au prix Pixpalace-Visa/l’ANI à Visa pour l’image (Festival international de Photojournalisme), avec le travail sur «Les enfants de la vie». Sélectionnné pour la «Bourse du talent #49», catégorie reportage avec le travail sur «Les enfants de la vie». Expositions: Exposition personnelle: «Dann’ Somin: Une vie dans la rue sur l‘île de La Réunion», à l’île de La Réunion Exposition personnelle: «De l’Inde à la Réunion, de l’Engagisme à la Liberté», à Lyon
visuels presse
Les visuels sont disponibles sur demande en haute définition pour toute publication presse ou web relative à la promotion de l’exposition
Saint-Pierre, la nuit a été difficile pour Guerrier. Il l’a passée dans la rue à dormir là où il pouvait. Ses compagnons de chemin essaient de le réveiller car il est en plein soleil. En vain, Guerrier continuera sa nuit sur ce trottoir. ©Morgan Fache / item
Saint-Pierre, Ludovic et Estrella ont passé l’après-midi chez Jean-Luc. Ils viennent d’adopter un petit chien. Ludovic et Estrella squattent depuis plus de 11 mois, sur le parking d’un supermarché de Saint-Pierre. ©Morgan Fache / item
Saint-Pierre, Loulou vit à la rue depuis de nombreuses années. Photographié ici dans son squat. ©Morgan Fache / item
collectif ITEM
*item [ITEM] n.m. :
1. élément minimal (dans un ensemble organisé) corps que l’ont peut considérer singulièrement (dans un ensemble) 2. réponse spécifique à une question donnée élément de sens sur une problématique donnée Né en 2001, le collectif item est composé aujourd’hui de 6 photographes, Franck Boutonnet, Romain Etienne, Morgan Fache, Bertrand Gaudillère, Henri Granjean, Hugo Ribes, d’un graphiste scénographe, Yannick Bailly d’une réalisatrice-monteuse, Christina Firmino et d’une chargée de projets, Mika Sato. Le collectif item est une structure de production indépendante qui développe des compétences en matière d’écriture photojournalistique. Un savoir faire qu’il décline dans le domaine de la presse, de l’entreprise et des institutions. Le collectif item est un espace de travail qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Sa production photographique fonctionne dans un dialogue permanent entre travaux individuels et projets collectifs, sujets personnels et travaux de commandes.
ITEM L’Atelier
Ouvert en mai 2010, l’Atelier est un lieu de diffusion et de travail. Dédié à l’image documentaire, item l’atelier propose une programmation d’évènements, d’expositions et de rencontres pour donner à voir la diversité des écritures qui composent le champ du photo journalisme et du documentaire. La mise en espace est le résultat d’une collaboration entre les photographes et Yannick Bailly, scénographe du lieu. Le travail sonore de Christina Firmino, vient régulièrement enrichir le travail des photographes. Le collectif item, en tant qu’acteur culturel du 1er arrt de Lyon, se propose à travers sa programmation de tisser des liens avec divers publics, notamment avec les jeunes publics. Des ateliers d’éducation à l’image et des visites commentées sont mis en place.
infos pratiques
DANN’ SOMin
photos MORGAN FACHE / item exposition du mardi 26 mai au vendredi 3 juillet 2015 Vernissage mardi 9 juin à partir de 18h30 en présence du photographe et de la fondation Abbé Pierre /////// ITEM l’atelier
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C13/C18 Rue du Jardin des Plantes
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Rue Fernand Rey
Rue Bouteille
Rue de Farges
Place Sathonay
3, impasse Fernand Rey 69001 LYON (France) du lundi au vendredi de 10h à 17h le samedi de 14h à 18h Métro : Hôtel de Ville Bus : Mairie du 1er, Terreaux Station Vélov : Place Sathonay
Rue Sergent Blandan
CONTACTs item
Mika Sato Chargée de projets mika.sato@collectifitem.com +33 (0)7 60 72 39 14
/////// Collectif ITEM Tél : +33 (0)4 78 72 18 40 item@collectifitem.com www.collectifitem.com www.blog.collectifitem.com