MIRADAS AL EXTERIOR_06_FR

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> extérieur sommet ue-alC, 9 années de partenariat stratégique

> économie indra, une entreprise leader mondial de la technologie

> culture Chemin de saintJacques, 1 200 ans à marcher ensemble

> l'interview l'athlétisme espagnol se prépare pour pékin'08

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> extérieur ambassade d'espagne au Canada -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

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MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Avril-juin 2008 N˚6. 2º trimestre www.maec.es

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Magazine d'inforMations diploMatiques du Ministère des affaires étrangères et de la Coopération

le Ministre des affaires étrangères et de la Coopération nous fait partager sa réflexion sur lignes stratégiques de la politique extérieure de l'espagne et les grands défis internationaux

MORATINOS Une vision de la politique

extérieure espagnole

Un cycle d'espoir commence pour le Moyen-Orient

L'Europe a besoin d'une voix unique dans le monde

Nous avons une stratégie intégrale vis-à-vis de l'Afrique


 action extérieure


miradas al exterior miguel ángel moratinos

● l'interview

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“L'Europe a besoin

une voix unique dans le monde “

— Felipe Sahagún : Vous êtes déjà le deuxième ministre des Affaires étrangères, parmi les dix derniers ministres de la démocratie espagnole, pour la durée de votre mandat, et vous pourriez bientôt devenir le premier. Quel est le secret de cette durée ? — Miguel Angel Moratinos : D'abord, la confiance des citoyens dans le Gouvernement socialiste pour une deuxième législature et, ensuite, la confiance du Président du Gouvernement, qui a eu à cœur de me nommer une fois de plus à la tête de la diplomatie espagnole. J'imagine que l'excellente équipe de l'Espagne aux Affaires étrangères et la période excellente traversée par notre pays ont eu une influence décisive sur cette confiance. — Quel est le principal changement de l'agenda diplomatique depuis les années quatre-vingt, époque où vous dirigiez la Direction Générale du Maghreb et du Moyen-Orient ? — Il y a eu un bouleversement révolutionnaire, essentiel, même s'il a fallu du temps pour que les principaux acteurs concernés par les affaires internationales en prennent réellement conscience. Avant, comme le disait mon ancien ministre et prédécesseur Fernando Morán, l'Espagne était à sa place, au poste qu'elle occupait traditionnellement en Europe, en Amérique latine, en Méditer-

Il n'est pas facile de trouver une ou deux heures pour parler tranquillement avec le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Angel Moratinos, toujours entre deux voyages. Au début de son nouveau mandat, nous avons réussi à fixer un rendez-vous, dans son bureau de Serrano Galvache, au nord de Madrid. INTERVIEW RÉALISÉE PAR FELIPE SAHAGÚN (PROFESSEUR D'UNIVERSITÉ ET JOURNALISTE)

ranée, la relation spéciale avec les ÉtatsUnis... Aujourd'hui, l'Espagne est dans un environnement mondialisé, qui est autant affecté par les relations traditionnelles - bilatérales ou régionales - que par les grands défis transversaux. Cela modifie complètement les priorités quotidiennes d'un ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. De l'immigration aux politiques énergétiques, en passant par le terrorisme ou l'environnement, l'agenda est plein d'éléments transversaux qui changent la gestion traditionnelle de la diplomatie, celle qui était en vigueur jusqu'à la fin du XXe siècle. — Les ressources, pour gérer cet agenda, ont toujours été assez limitées. Depuis 2004-2005, une réforme du Service Extérieur a été mise en œuvre pour couvrir ce déficit. Qu'avez-vous obtenu jusqu'à présent et que comptez-vous d'obtenir au cours de votre second mandat ? — Je crois que nous avons beaucoup progressé. Le budget du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a augmenté d'une manière remarquable, presque 230 pour cent entre 2004 et 2008. Nous avons augmenté notre effectif diplomatique, le nombre de nos fonctionnaires, et l'organigramme a été renforcé pour les ambassades comme pour les consulats. — Pouvons-nous exprimer cette augmentation en chiffres ?


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● l'interview

— Treize nouvelles ambassades créées en quatre ans et un grand nombre de consulats, mais je reconnais qu'il reste encore un long chemin à parcourir, car nous devons nous adapter à ce que nous sommes : la huitième économie du monde. Nous devons aller de l'avant avec le Service Extérieur, donner à notre personnel diplomatique, à nos fonctionnaires et employés les encouragements et les stimulations qui correspondent aux changements expérimentés par l'Espagne. Il serait important, au cours cette nouvelle législature, que nous puissions voter la loi d'Action et de Service Extérieur, développer les mesures adoptées par le Conseil des Ministres en septembre 2006 et, enfin, inaugurer le siège que mérite le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de l'Espagne du XXIe siècle. — Quatre ans constituent une période suffisante pour établir un premier bilan mais, plus que sous forme de réussites et d'échecs, je vous demanderais de le présenter sous forme de satisfactions et de frustrations. — La première satisfaction vient de tout le travail que nous avons réalisé dans les relations multilatérales : l'apport renforcé de l'Espagne au principal mécanisme de gouvernance mondiale, l'ONU. Cela inclut aussi bien notre initiative d'Alliance des Civilisations, qui a eu le plus de poids à l'ONU, que notre présence au sein d'agences comme le PNUD, qui fait de nous un partenaire évident - et le secrétaire général des Nations Unies l'a souligné à plusieurs reprises - dans des domaines cruciaux comme le changement climatique, l'Alliance des Civilisations, la lutte contre le terrorisme ou les objectifs du millénaire. Un deuxième motif de satisfaction serait notre contribution européenne. — Qu'est-ce que vous retiendriez, surtout, de cette contribution ? — Tout d'abord, l'aide de l'Espagne pour débloquer le traité constitutionnel, même si les « non » de la France et des Pays-Bas ont fini par bloquer sa ratification, mais c'est nous, pays qui a dit oui au référendum, qui avons aidé la France, qui s'est prononcée pour le non, à établir ce qui est finalement devenu le traité simplifié. Par ailleurs, l'Espagne a facilité l'accord sur les nouvelles perspectives financières, qui nous permet

La confiance de l'électorat et du Président du Gouvernement, l'équipe des Affaires étrangères et la période favorable que connaît l'Espagne sont les clés de la continuité Depuis 2004 le budget du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a remarquablement augmenté de presque 230%, treize nouvelles ambassades ont été ouvertes (six en Afrique) ainsi que plusieurs consulats

de continuer à recevoir l'aide européenne jusqu'en 2013, malgré une croissance du produit national brut (PNB) supérieure à celle de l'Italie. Nous avons également été le pays qui a inscrit dans l'agenda européen le problème de l'immigration. — Une frustration ? — Pour quelqu'un d'aussi proche de la Méditerranée et du Maghreb que je le suis, voir cette région, si essentielle pour nos intérêts, ne pas trouver de voie d'intégration régionale, ne pas résoudre le problème du Sahara occidental et de la paix au Proche-Orient, affaire que je suis quotidiennement, presque en permanence. Ce sont les affaires que j'aurais aimé voir davantage avancer au cours de la première législature, mais enfin, une autre chance s'ouvre à nous. — De quel pays, de quel ministre avez-vous reçu le plus fort soutien ? — Peut-être, en Europe, par voisinage, harmonie et amitié personnelle, de Luis Amado, le ministre portugais, avec qui je partage un projet et bien davantage. Ce que j'apprécie le plus chez lui, c'est sa vision stratégique, sa capacité d'analyse conceptuelle de la marche du monde. Je dois aussi remercier Jack Straw de son aide au lancement du forum trilatéral avec Gibraltar. Par ailleurs, que ce soit en Europe, en Amérique latine ou dans le monde arabe, j'ai beaucoup d'amis. Parmi eux, je mentionnerais en particulier le ministre luxembourgeois, également camarade de parti et de petits complots confidentiels. — Le Maroc ne semble plus faire la une des journaux en tant que source de tension. Même la visite du Roi à Ceuta et Melilla n'a pas sérieusement perturbé ce calme, exceptionnel si on le compare avec les années précédentes. Quel est le secret de ce miracle ? — Plus qu'un miracle, j'appellerais cela une nécessité, et le secret réside dans le fait que la confiance a été retrouvée. Nous avons discuté avec sincérité, nous avons noué une relation très forte de contacts personnels, humains et institutionnels, et cela nous permet maintenant de comprendre que nous devons avancer main dans la main, travailler ensemble pour construire une relation privilégiée entre le Maroc et l'Union Européenne. La voie vers ce statut avancé, comme l'appellent les Marocains, doit être accompagnée d'une relation de


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confiance, de projection dans l'avenir, sans la moindre faille, entre le Maroc et l'Espagne. — Comment s'élabore cette relation au jour le jour ? — L'harmonie personnelle et politique du président José Luis Rodríguez Zapatero et de Sa Majesté le Roi avec le Gouvernement et le Roi du Maroc me semble essentielle, mais cette harmonie existe également entre ministres des Affaires étrangères. Il ne se passe, pour ainsi dire, pas une semaine sans que nous échangions une conversation téléphonique, et pas pour évoquer d'éventuels problèmes, mais pour partager politiques, tendances et initiatives sur des questions qui concernent nos deux pays - l'immigration, par exemple - ou pour préparer le sommet de la Méditerranée, qui se tiendra le 13 juillet. — À quoi attribuez-vous l'origine de cette nouvelle relation ? — Je crois que c'est l'assaut des clôtures de Ceuta et Melilla par les Subsahariens qui a été le détonateur : il a provoqué un passage à la coresponsabilité dans la gestion de ce problème, en collaboration avec l'Union Européenne, et ce qui aurait pu être une crise s'est converti en une meilleure entente, une grande solidarité dans les affaires importantes pour la sécurité et le développement de nos deux nations. — Quand vous avez reçu le portefeuille des Affaires étrangères, vous étiez l'un des diplomates européens qui avaient consacré le plus de temps et d'efforts au processus de paix au Proche-Orient. Le contexte n'a pas été favorable, certes, mais vous vous êtes impliqué personnellement dans quelques-uns des conflits les plus graves de la région. Comme dirait un bon supporter de l'Atlético de Madrid... « minute et résultat ». — N'oubliez pas que l'Atleti nous réserve toujours une bonne surprise pour la fin et je suis sûr que le Proche-Orient lui aussi finira par nous donner une bonne surprise. Je suis optimiste. Je viens de rentrer de la région. Il est vrai qu'elle a ces cycles d'espoir et de découragement, mais celui qui s'ouvre est un cycle d'espoir, toujours, bien entendu, avec les réserves qui s'imposent. — Des raisons à cet optimisme. — Toutes les parties parviennent à la conclusion qu'il n'y a d'autre issue pour la région

qu'une solution politique et diplomatique. Je crois que nous assistons au ProcheOrient à un nouveau modèle. Ce n'est pas celui de 1991, année de la Conférence de Madrid. Ce n'est pas non plus celui d'Oslo. Ce n'est pas davantage celui des efforts du Premier ministre Ehud Barak en l'an 2000. C'est une réalité nouvelle. Les communautés et familles arabes se trouvent ellesmêmes divisées entre Sunnites et Chiites. C'est n'est plus seulement un conflit israéloarabe, il y a d'autres acteurs, comme l'Iran, qui ont une forte influence sur la paix dans la région. On constate aussi une chose : que les États-Unis ne pourront obtenir cette paix sans un effort multilatéral, d'accompagnement, des principaux acteurs internationaux. L'union Européenne commence à comprendre qu'elle a de plus en plus de poids dans la région. Tout cela redistribue les cartes diplomatiques. La meilleure preuve en est le récent accord de Doha, peut-être, si ma mémoire est bonne, le premier accord obtenu par la Ligue arabe. C'est une solution des Arabes, conscients des risques qui sont en jeu. — De quels risques s'agit-il ? Quelles conditions doivent être réunies pour que l'accord de Doha ne reste pas lettre morte? — L'essentiel est que les forces politiques libanaises comprennent qu'elles peuvent être maîtresses de leur propre destin. Même s'il est vrai qu'il existe une interférence ou une ingérence extérieure, la vie politique du XXIe siècle est bien plus complexe et les acteurs, malgré les difficultés, peuvent dicter leur agenda s'ils se convainquent qu'avec le dialogue et la concertation, ils sont capables de mettre en œuvre cet accord. Si, une fois de plus, ils se laissent dominer par le doute, le sentiment fataliste et les ingérences extérieures, nous retomberons dans le conflit et dans la stagnation, ce qui ne convient absolument pas au Liban. — Je crains que beaucoup ne soient convaincus que l'idée des deux États, l'un palestinien et l'autre israélien, approuvée à Annapolis en 2007, sera très difficile à concrétiser. Est-il possible de faire un seul pas en avant, si la construction de nouveaux logements dans les territoires occupés ne cesse pas ? — C'est indubitable, et c'est ce que nous avons dit à nos amis israéliens et à

● l'interview

l'Administration américaine. Il faut bloquer les colonies parce qu'elles font partie de la négociation. Les questions du statut final, comme nous le savons tous, sont les réfugiés, problème complexe, Jérusalem, les frontières, le territoire, l'eau (qui a en partie à voir avec le territoire) et les colonies. Pour qu'il y ait une négociation future de démantèlement des colonies, on ne peut permettre que les actes unilatéraux d'expansion des colonies se poursuivent. — Quel est le problème de fond des colonies dans tout processus de négociation? — Je raconte toujours une anecdote ou, plutôt, un fait historique qui s'est passé à la fin de la négociation de Taba (janvier 2001) avec mon ami Shlomo Ben Ami, alors ministre des Affaires étrangères d'Israël. Nous étions en janvier, et les élections, que les travaillistes ont perdues, avaient lieu en février. Je lui ai rendu visite dans son bureau, le dernier jour de son mandat, les élections ayant été perdues, et Sharon constituant déjà son gouvernement. Ben Ami m'a dit : « Écoute, Miguel, je te confie une mission : surveille l'expansion des colonies, parce que selon mon expérience de négociateur à Taba, lorsque les cartographes venaient aux réunions secrètes pour tracer les frontières, il rencontraient d'énormes difficultés et, si cela continue, même avec la meilleure volonté politique de n'importe quel Gouvernement d'Israël, il sera impossible de définir des frontières. Par conséquent, c'est une question sur laquelle il faut être très exigeants. Non seulement pour les Palestiniens, mais pour qu'Israël puisse aussi parvenir à une paix définitive avec eux ». — La diplomatie espagnole soutient-elle les contacts secrets de la France avec le Hamas ? — Je crois qu'il doit y avoir un dialogue intrapalestinien. Nous l'appuyons fortement. Mais nous, les Européens, nous avons eu une attitude sur ce point que l'opinion arabe, et même l'opinion européenne n'ont pas bien comprise. Pourquoi n'avons-nous pas eu de contacts avec le Hamas ? Nous avons demandé au Hamas - j'ai été très clair à ce propos - ce que nous demandons à n'importe quel interlocuteur qui recherche la paix et la réconciliation dans la région : renoncer à la violence, reconnaître les accords négociés d'Israël avec l'Autorité palestinienne et, troisièmement, reconnaî-

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● l'interview

tre Israël. Pourquoi ? Parce que s'il existe la moindre volonté de réconciliation, il ne suffit pas d'annoncer une trêve de 40 ans. Une trêve ne reflète pas une volonté de paix suffisante. C'est ce que nous avons demandé au Hamas. — Qu'a répondu le Hamas ? — Qu'il ne reconnaîtrait l'État israélien qu'avec les frontières de 67. Laissons les Palestiniens trouver leur cadre d'unité, que nous encourageons, puisque nous voyons d'un bon œil l'unité palestinienne et le respect des institutions palestiniennes et de l'autorité légitime du président de l'Autorité Palestinienne. Je crois qu'il est à présent question, surtout après l'accord de Doha, de chercher à nouveau des canaux de dialogue intrapalestinien. — Pour le moment, cette réconciliation semble aussi difficile que la réconciliation entre les puissances arabes sunnites et l'Iran, et il ne sera pas facile d'avancer vers la paix après le désastre de l'Iraq, qui a conféré tellement d'avantages stratégiques à l'Iran, si l'on ne comble pas l'abîme entre Sunnites et Chiites. Même Henry Kissinger reconnaissait, l'avant-dernier week-end de mai, dans le Financial Times, la nécessité d'un accord global avec l'Iran. — Je viens de rentrer des pays du Golfe, où j'ai accompagné Sa Majesté le Roi, et j'ai pu le vérifier. Au Liban et en Palestine, nous vivons aussi l'influence de l'Iran à travers le Hezbollah et le Hamas respectivement. Il est indubitable que l'Iran est en train d'inciter la communauté internationale à le reconnaître comme un acteur régional incontournable. — Ce souhait s'est-il concrétisé dans une action diplomatique ? — L'Iran vient de faire parvenir à différents pays européens, y compris l'Espagne, une offre que ses dirigeants appellent 'paquet global de négociation' où il est question d'établir un système régional de sécurité dans lequel serait reconnu le rôle de l'Iran sur l'échiquier diplomatique de la zone. Nous sommes en train de l'étudier, l'Union Européenne est en train de l'étudier, en intégrant la question nucléaire et la position de l'Iran dans la région, mais je suis d'accord avec Kissinger sur le fait qu'il faille accorder un rôle régional positif à l'Iran. Naturellement, l'Iran doit répondre et ce que

nous lui demandons, c'est qu'en échange de cette reconnaissance, il agisse d'une manière responsable, en commençant par ne plus créer de tension en se dotant d'une capacité militaire nucléaire. En tant qu'acteur responsable et constructif, il doit inspirer notre confiance et cela, il ne l'a pas encore fait. C'est pour cela qu'il existe la voie diplomatique et les efforts de l'Union Européenne. Et l'Espagne, en tant que membre de l'U.E., œuvrera à créer les conditions qui permettront de trouver une sorte de passerelle politique et diplomatique entre les pays arabes modérés, qui sont profondément inquiets, et l'Iran. Sans oublier que, même s'ils sont inquiets, tous ces pays (Les Émirats, le Koweït, l'Arabie saoudite, l'Iraq...) ont des relations plutôt bonnes, du moins formellement, avec Téhéran. — Je me souviens qu'après la victoire du PSOE en 2004, chaque fois que quelqu'un posait une question sur l'avenir des forces internationales en Iraq, votre réponse était toujours la même : le retrait, et le plus tôt sera le mieux. Gardez-vous cette position cinq ans plus tard ? — C'est toujours une question piège. Notre retrait fut, tout d'abord, l'accomplissement d'une exigence absolue de l'opinion publique espagnole et d'un engagement pris dans le programme électoral du PSOE et du Gouvernement. Au cours de ces années, il a été prouvé que la situation ne s'est pas améliorée, qu'elle est encore très instable et que tous les efforts - et l'Espagne a fourni des efforts politiques, diplomatiques et financiers n'ont pas eu les résultats souhaités. À partir de là, nous respectons scrupuleusement la position de chaque pays. Beaucoup de pays se sont déjà retirés, mais nous ne sommes pas là pour juger si un retrait serait mieux ou pire. Nous avons nos convictions, ceux qui doivent les connaître les connaissent, mais nous essayons de respecter celles des autres. Aujourd'hui il faut nous tourner vers l'avenir, chercher davantage la réconciliation politique entre les communautés, et c'est ce que nous tentons de faire. — Comment l'Espagne se prépare-t-elle pour la nouvelle Administration américaine ? — Bien, je crois. Nous avons envoyé une première mission, présidée par le précédent secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Bernardino León et, la semaine dernière,

je me suis rendu à Washington où j'ai eu l'occasion de rencontrer les trois équipes des candidats. Les trois rencontres ont été profitables et tous les candidats partagent le souhait de renforcer les relations avec l'Espagne. L'équipe du républicain John McCain a fait part du désir de maintenir le meilleur niveau d'échange et de collaboration avec l'allié fidèle qu'est l'Espagne et avec le président de son Gouvernement, et j'ai rencontré une attitude semblable chez les candidats démocrates Hillary Clinton et Barack Obama, quand ce dernier s'annonçait déjà comme vainqueur des primaires. — Si la prochaine Administration américaine mesure ses relations avec l'Espagne en fonction de sa participation en Afghanistan, la réponse est-elle déjà faite ? Est-il possible d'assumer une augmentation du nombre de soldats espagnols en Afghanistan et dans les régions à haut risque, comme semblent l'accepter les Français et les Italiens ? — Si on juge l'Espagne en fonction de sa participation en Afghanistan, je crois que nous méritons une mention très bien, presque des félicitations. Nous sommes le dixième pays en force déployée et le neuvième des membres de l'OTAN, mais la solution - reconstruction et stabilisation - pour l'Afghanistan ne passe pas uniquement par l'effort militaire. Cela a été reconnu dans la stratégie politico-militaire approuvée au dernier sommet de l'OTAN à Bucarest. Par conséquent, il faut déterminer le futur effort économique et financier. Nous sommes à l'avant-garde pour les contributions, comme nous l'annoncions lors de la réunion de Londres de 2005, et nous sommes décidés à poursuivre sur cette voie. La conférence de suivi du 12 juin à Paris a été convoquée pour améliorer la coordination de l'aide et renforcer le rôle de l'ONU, mais surtout pour fixer une stratégie politique. — Une initiative concrète de l'Espagne ? — L'Espagne, la Pologne et les Émirats arabes unis ont présenté une proposition innovatrice de renforcement agricole qui permettra de combattre efficacement la culture et le trafic d'opium, qui empoisonne et empêche la reconstruction du pays. En supposant que l'Administration américaine nous jugera positivement. Il est impossible de deviner l'avenir, mais le 29 mai, au siège parlementaire, le représentant du PSOE, qui


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vient de rentrer de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, a déclaré que le secrétaire général de l'Alliance et des représentants du Congrès nord-américain avaient fait l'éloge de la PRT espagnole de Qal-i-Nau. Nous n'avons donc pas de complexe à avoir pour l'évaluation de notre contribution en Afghanistan. On peut faire plus, c'est vrai, mais ce que nous faisons est déjà bien. — Si Nicolas Sarkozy tient sa promesse de réincorporer la France aux commandements intégrés de l'OTAN, en échange d'un soutien sérieux des Américains à une véritable défense européenne, que peut et que doit faire l'Espagne pour contribuer vraiment à ce projet d'européanisation ? — M. Sarkozy fait ce que l'Espagne a fait il y a longtemps, donc, bienvenue à la rationalité. Je pense qu'il le fait à un moment important, car nous allons commémorer le 60e anniversaire de l'OTAN et il existe une volonté, une masse critique, politique, assez mature pour construire le pilier européen de la défense. Nous pouvons enfin briser les réticences et les doutes qui existaient entre atlantisme et européanisme. En Espagne, du moins pour les Gouvernements socialistes, nous avons soutenu qu'ils ne sont pas contradictoires. Nous pouvons et nous devons défendre une Alliance capable de faire face aux risques du XXIe siècle, mais, pour le faire efficacement, il faut nous appuyer sur une politique européenne de sécurité et de défense jusqu'à présent inexistante. L'Espagne va participer au débat conceptuel. Nous travaillerons avec la France et avec les membres les plus intéressés, comme le ministre portugais, M. Amado, et les Britanniques, pour disposer, à la fin de la présidence française, d'un concept stratégique de ce pilier européen de défense et du mécanisme de relation avec l'Alliance. — Le nouveau concept stratégique de l'Alliance sera-t-il défini dans un an ? — Il ne pourra pas être adopté en avril 2009, car à ce moment-là, les États-Unis viendront juste d'inaugurer leur nouvelle Administration, mais dans la déclaration qui sera adoptée lors de ce sommet, nous fixerons les principes essentiels et parmi ces principes, figurera la nouvelle relation de complémentarité qui peut et doit être établie entre la politique européenne de sécurité et de défense, et l'Alliance Atlantique. — Cuba et le Venezuela continueront à

Lors de la nouvelle Législature, nous devons voter la loi d'Action et de Service Extérieur, et développer les mesures approuvées en 2006 et pas encore mises en œuvre Je suis satisfait de ce que nous avons obtenu jusqu'à maintenant en ce qui concerne le changement de Cuba, car sans dialogue, nous n'allions nulle part, mais il reste beaucoup à faire

● l'interview

être des pierres d'achoppement dans les relations avec Washington. Êtes-vous satisfait de la réponse cubaine au changement de direction dans les relations avec Cuba que vous avez encouragé depuis 2004 ? Considérez-vous cette réponse comme une variable des changements internes dans l'île ou n'a-t-elle rien à voir avec ceux-ci ? — Je suis satisfait. Ce que le commandant Raoul Castro m'avait annoncé confidentiellement, ou publiquement, quand je lui ai rendu visite à La Havane, il l'a fait : le fait d'assumer la place de chef politique, le lancement de réformes économiques, de mesures changeant des attitudes du passé... Je suis également satisfait du mécanisme de dialogue politique et des droits de l'homme, même si, en toute logique, nous aimerions obtenir le plus grand nombre de libérations de prisonniers politiques. Nos amis cubains le savent et nous ne manquons pas une occasion de le leur dire, mais c'est ainsi qu'il faut agir, de la manière qui nous semble la mieux adaptée pour l'instant, dans le respect mutuel, en suivant les décisions qu'ils adoptent. Des décisions et des annonces bienvenues se sont produites, comme la signature du pacte de droits civils et politiques, et du pacte de droits économiques, sociaux et culturels de l'ONU, qui nous semblent importants. — Est-ce aussi la politique de l'Union Européenne ? — La position européenne a été approuvée avant que ces mesures ne soient prises, mesures qui montrent aux membres européens les plus sceptiques à propos du changement espagnol, qu'il s'agit bien d'un tournant significatif et que nous sommes dans une période de réformes à Cuba. Il s'agit donc d'une nouvelle période. Le changement entrepris par l'Espagne est parti de la constatation que nous n'étions capables d'exercer une influence. Nos ambassadeurs, y compris l'ambassadeur Espagnol, n'étaient même pas reçus au Ministère des Affaires étrangères cubain. Il n'y avait pas de dialogue. Ni critique ni constructif, rien. Les relations étaient gelées, tout simplement. Comment l'Espagne allait-elle rester dans cette situation, à période de réforme ? Pour pouvoir avoir quelque influence, nous devions de redevenir des acteurs, dans une relation de respect, avec les autorités com-

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● l'interview

me avec la société cubaine, société qui ne comprenait pas que l'Espagne ne soit pas présente. Nous poursuivons donc cette politique de dialogue et nous espérons, avec un respect mutuel, que nous continuerons à avancer. — Les crises avec le Gouvernement d'Hugo Chávez ont-elles été surmontées ? — Les catastrophistes qui demandaient la rupture n'ont pas vu juste. Imaginez que nous ayons succombé à la tentation, en raison des pressions, de rappeler notre ambassadeur ! Il a fallu beaucoup de sérénité, beaucoup de volonté de défense intelligente de nos intérêts, et c'est ainsi que la relation a pu revenir à la normale, l'échange reprendre, et que les intérêts espagnols au Venezuela sont bien protégés. C'est un exemple évident de bonne diplomatie du XXe siècle, du XXIe siècle et de toute diplomatie. C'est le B-A-Ba de la politique. Je ne suis pas très partisan de rappeler les ambassadeurs, et dans ce cas je l'étais encore moins. Cela aurait été absolument contreproductif et les faits nous ont donné raison. . — L'objectif de 2004, de doter les relations avec l'Amérique latine de beaucoup plus de contenu politique, pour atténuer les ennuis de certaines entreprises espagnoles avec les nouveaux dirigeants de gauche dans la région a-t-il été atteint ? — Nous avons toujours été au côté de nos entreprises surtout lorsqu'elles ont rencontré des difficultés dans la région. Plus que de défendre leurs intérêts - compte tenu qu'elle appartiennent à des groupes privés, c'est à eux qu'il incombe de les protéger - le Gouvernement s'est chargé de protéger les droits économiques de nos entreprises. C'est pour cette raison que nous continuons de compléter le réseau d'instruments conventionnels qui leur apportent une sécurité juridique (Accords de Promotion et de Protection réciproque des Investissements) et leur évitent des obstacles (accords pour éviter la Double Imposition). Sans oublier que, dans les contrats qui régissent leur activité, les parties contractantes sont les entreprises, d'une part, et les Gouvernement locaux, de l'autre, le Gouvernement espagnol peut collaborer, à la demande des entreprises (et c'est ce qu'il a fait), à la solution des éventuels contentieux. Dans ce sens, je crois que nous serons tous d'accord sur le fait que la meilleure manière

Pour la première fois nous avons une stratégie intégrale vis-à-vis de l'Afrique subsaharienne et le Plan Afrique 20062008 sera suivi d'un IIe plan 2009-2012. Pour l'Asie-Pacifique, nous sommes en train d'élaborer un Plan 3 Pour la présidence espagnole de l'Union Européenne en 2010, nous essaierons de renforcer le rôle de l'Europe dans la lutte contre le changement climatique, la croissance économique et une meilleure gestion commune de l'immigration

de défendre les intérêts espagnols en Amérique Latine est de maintenir un dialogue permanent avec tous les gouvernements. Tel a été l'objectif politique essentiel du Gouvernement lors de la dernière législature et nous nous y sommes tenus. — Comment pouvons-nous tirer parti des bicentenaires des indépendances pour construire et renforcer des liens, sans recevoir de volée de bois vert ? — La célébration des bicentenaires est l'occasion de consolider le genre de relation que nous avons développé avec l'Amérique latine. C'est une relation fondée sur la symétrie, la collaboration et la coopération de pays associés et alliés, avec lesquels nous pouvons concerter des politiques sur le plan bilatéral et multilatéral. Naturellement, nous n'ignorons pas qu'il existe un risque de politisation. Mais, tout en étant conscients de ce risque, l'occasion de travailler sur une idée d'avenir, avec des objectifs comme l'amélioration des conditions de vie de tous les citoyens latino-américains, le renforcement de la présence et de l'influence de l'Amérique latine dans le monde ou la consolidation d'une véritable citoyenneté nous semble essentielle. Nous sommes convaincus de pouvoir envisager l'objectif des bicentenaires sans complexes ni craintes, en toute conscience de l'opportunité qui nous est offerte et dans un profond respect. En outre, la commémoration des bicentenaires va se produire à un moment où toutes les relations avec le sous-continent se sont développées et approfondies dans tous les domaines : la présence d'entreprises espagnoles en Amérique latine et le réseau scientifique, culturel ou académique ont favorisé une extraordinaire intensité d'échanges en tout genre. Le phénomène migratoire a aussi agi en ce sens, avec ce que cela implique d'enrichissement mutuel. Les bicentenaires sont une occasion de renforcer ces éléments, aussi bien les anciens que les nouveaux, de rappeler à quel point cela nous unit pour travailler ensemble afin de surmonter les problèmes et réaffirmer nos valeurs communes dans un monde en transformation. Nous en sommes tous conscients et je suis convaincu que nous saurons profiter de l'occasion. — Bien qu'il reste encore un an et demi,


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avez-vous déjà en tête un objectif concret pour la présidence espagnole de l'Union Européenne en 2010 ? — Il y a déjà un certain temps que nous préparons la prochaine présidence espagnole. Nous maintenons une relation étroite avec nos associés pour préparer en troïka le brouillon du programme, la méthodologie et les objectifs. Nous sommes également en contact avec la présidence qui prendra le relais. Le Traité de Lisbonne reste vivant et les processus de ratification se poursuivront. L'Union Européenne cherche des solutions efficaces au problème posé par l'Irlande. Je suis convaincu que lorsque l'Espagne commencera sa présidence, le nouveau Traité de Lisbonne sera en vigueur, l'un des premiers objectifs sera donc de mettre en œuvre et de consolider l'intéressante perspective du nouveau Traité. L'un des objectifs fixés pour notre présidence sera de renforcer le rôle de l'Europe dans la réponse au changement climatique, et de préparer le terrain pour obtenir un marché énergétique intégré et interconnecté. Mais surtout, de préparer l'Union pour faire face aux défis de compétitivité et de croissance. Sur ce point, nous souhaiterions accorder aux questions de R&D&I une attention toute particulière et renforcer le Traité de Lisbonne. D'autres aspects que nous souhaitons souligner - et sur lesquels nous travaillons intensément seront la défense de l'égalité de genre et les solutions à apporter au défi de l'immigration pour consolider un espace partagé de coopération judiciaire et policière. Face à l'extérieur, nous voulons en outre donner une nouvelle impulsion aux relations de l'Union Européenne avec l'Amérique latine et les Caraïbes. La Présidence espagnole de 2010 commencera avec de nouveaux compagnons de voyage, avec la Commission Européenne et le Parlement Européen tout juste nommés, et avec de nouveaux associés, de nouvelles structures et de nouvelles institutions, mais dans un même esprit : celui de travailler ensemble pour donner une nouvelle impulsion à l'Union Européenne et parler à l'unisson dans le monde. — Nous avons enfin une politique qui n'est pas néocoloniale pour l'Afrique et nous sommes conscients du temps perdu par rapport aux principales puissances émer-

gentes d'Asie. Vous avez visité au moins trente pays dans lesquels aucun ministre des Affaires étrangères n'avait mis les pieds et à votre agenda, sont inscrits les nouveaux défis mondiaux qui conditionnent aujourd'hui l'action extérieure de toute puissance. Quelles sont les prochaines étapes en Afrique et en Asie ? En Afrique, non n'allons pas seulement consolider le grand effort réalisé au cours de la dernière législature, nous allons continuer de renforcer et d'agrandir nos domaines de coopération. Nous sommes en train de nous en procurer les moyens. Outre l'ouverture d'Ambassades (six ces dernières années), de bureaux de coopération, commerciaux et autres départements ministériels, nous avons créé au Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération une nouvelle Direction Générale de Politique Extérieure pour l'Afrique, qui traduit, sur le plan pratique, la priorité que le Gouvernement va continuer d'accorder à la région subsaharienne. Pour la première fois, le Gouvernement a une stratégie intégrale à long terme par rapport à l'Afrique Subsaharienne. Le Plan Afrique 2006-2008, qui a représenté un point d'inflexion de l'action extérieure espagnole sur le continent, répond à des intérêts stratégiques, c'est pourquoi il y aura une continuité avec un IIe Plan Afrique 2009-2012, qui s'achèvera avant la fin de l'année, comme l'a annoncé le Président Rodríguez Zapatero dans son discours d'investiture. En définitive, l'Espagne ne peut pas vivre le dos tourné, comme par le passé, aux grands défis de l'Afrique subsaharienne, qui par définition sont aussi les nôtres, et qui ont à voir avec la conquête de la paix et la sécurité, la lutte contre la pauvreté, le progrès des principes démocratiques, la revalorisation du rôle de la femme, la réduction de la vulnérabilité et l'adaptation au changement climatique ou la question ordonnée et concertée des flux migratoires. — Comment peut-on récupérer le temps perdu en Asie et au Pacifique ? — Il s'agit d'une zone au dynamisme et à la vitalité énormes et à la présence de plus en plus forte. Notre objectif est de continuer à répondre aux exigences légitimes des différents secteurs de la société, en appuyant les actions dans la région des Administra-

● l'interview

tions locales et autonomes, des entrepreneurs, des agents culturels et sociaux. — De quelle manière ? Nous sommes en train d'élaborer un Plan Asie-Pacifique 3 avec le triple objectif de continuer à développer notre présence et notre visibilité dans la région, de consolider les réussites obtenues lors de la dernière législature et de chercher de nouvelles voies de renforcement de l'image et de l'action de l'Espagne dans la région. Nous continuerons de promouvoir un agenda de voyages et de visites de haut niveau, de renforcer notre réseau de dialogues politiques, d'ouvrir de nouvelles ambassades, de nouveaux consulats et bureaux sectoriels et d'accroître le nombre de fonctionnaires affectés en Asie et au Pacifique. Le soutien de nos entrepreneurs, la promotion du tourisme des Asiatiques en Espagne, l'ouverture de nouveaux centres de l'Institut Cervantes, les échanges d'étudiants universitaires, la politique de bourses, notre coopération au développement et à l'assistance humanitaire dans la région, et la promotion des Droits de l'Homme avec une attention toute particulière accordée à la condition de la femme et aux politiques d'égalité sont autant d'autres domaines auxquels nous prêterons une attention spéciale. De même que nous voulons approfondir le dialogue entre cultures et religions, le développement de la coopération en matière d'innovation technologique, d'énergies nouvelles et de changement climatique, et le développement des instruments de relation entre des sociétés comme la Maison de l'Asie, les Forums et les tribunes. Nous allons également continuer de travailler avec nos associés de l'Union Européenne à stimuler un dialogue plus étroit avec les Asiatiques dans le cadre d'UE-ASEAN et du processus ASEM, dont le sommet à Pékin a lieu au mois d'octobre prochain avec la présence du Président du Gouvernement. Enfin, nous ne pouvons oublier - comme je l'ai déjà expliqué - notre important engagement politique et militaire pour la stabilité et le développement de l'Afghanistan, et notre coopération dans la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues et d'êtres humains, une coopération que nous avons consolidée ces dernières années avec bon nombre de pays de la région.

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● action extérieure

Le Vème Sommet UE-ALC a créé de nouvelles attentes par rapport à cette relation birégionale de presque dix années. Le prochain sommet UE-ALC se déroulera en Espagne, en 2010, sous la présidence espagnole de l'Union. Nous avons deux ans pour réaliser les engagements de la déclaration de Lima et une présidence où l´Espagne devra orienter le rôle de l'Europe vis-à-vis de l'Amérique latine. Un engagement que l'Espagne assume avec responsabilité, comme elle l'a prouvé par sa participation à Lima.

UE-ALC TEXTE : natividad isabel peña. PHOTOS : efe

● Lorsque l'on évoque le passé du Pérou, nous pensons tous à la richesse de cultures millénaires et à l'époque légendaire de l'Empire Inca. L'histoire se poursuit avec le Pérou de la conquête et de la colonisation, de deux visions du monde, du temps et du sacré : le Pérou des batailles pour l'Indépendance et de la République construite au prix du sang et de terribles sacrifices. Cinq cents ans se sont écoulés, cinq siècles de fusion entre l'imaginaire préhispanique et les coutumes de l'Occident. Cette époque a laissé de magnifiques traces picturales et architecturales, dans des monuments qui cristallisent l'imagination, la spiritualité et la créativité des Péruviens. Comme ses habitants, Lima, la Cité des Rois, est un mélange de peuples, de styles et de for-

9 années d’Association stratégique mes. Plus que bien d'autres métropoles d'Amérique, le paysage urbain de Lima a réussi à préserver la texture ancestrale de sa riche tradition. Le centre historique de la ville, le « Da-

mero de Pizarro » ou damier de Pizarro, en raison du tracé géométrique de ses rues, caractéristique des anciennes villes de la Vice-royauté, est aujourd'hui Patrimoine Culturel de l'Humanité. C'est au


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Musée de la Nation, l'un des plus emblématiques de la ville, que les chefs d'État et de Gouvernement de l'Union Européenne, de l'Amérique latine et des Caraïbes se sont réunis pour analyser, consolider et poursuivre ce partenariat birégional qui a commencé à prendre forme dans les années 1960 et qui, aujourd'hui, quarante ans plus tard, se distingue toujours par son vaste potentiel et son caractère stratégique. Le Vème Sommet UE-ALC, qui s'est tenu du 15 au 17 Mai 2008, a été une réussite. Suivant la voie des réunions précédentes de Rio de Janeiro (1999), Madrid (2002), Guadalajara du Mexique (2004) et Vienne (2006), le Sommet de Lima s'est achevé sur une déclaration qui reflète le projet commun de plus d'un milliard d'habitants et d'un quart des États du monde. Il s'agit donc d'un projet ambitieux et l'Espagne, par son engagement et sa responsabilité, peut s'attribuer une grande part de son succès. « Le processus inexorable de mondialisation, dans un monde de plus en plus complexe, nous impose la nécessité d'affronter des problèmes et des défis extrêmement difficiles à résoudre à partir d'une position exclusivement nationale. » Ces paroles, prononcées par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Angel Moratinos, dans son allocution, résume parfaitement l'un des défis auxquels la société internationale actuelle doit faire face. Et c'est pour atteindre cet objectif - poursuit le ministre -, « que l'UE assume pleinement ses responsabilités croissantes en tant qu'acteur de la communauté internationale. » Un engagement auquel l'Amérique latine et les Caraïbes ne sont pas étrangères. « Répondre ensemble aux préoccupations prioritaires de nos populations » Le titre de la déclaration de Lima reflète l'esprit qui anime l'UE, l'Amérique latine et les Caraïbes, conscients des défis de la société internationale actuelle. Lors de cette rencontre birégionale, voici les priorités que les dirigeants des deux continents ont retenues : éradiquer la pauvreté, les inégalités et l'exclusion, assurer le développement durable et les besoins en énergie, parer au changement climatique et à la crise alimentaire.

Le partenariat stratégique UE-ALC doit être inscrit dans le cadre du rôle de l'Europe vis-àvis de l'Amérique Latine qui a connu un véritable essor lors de l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans l'UE. Le partenariat stratégique UE-ALC doit être inscrit dans le cadre du rôle de l'Europe vis-à-vis de l'Amérique latine, qui a connu un véritable essor lors de l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la Communauté Européenne, dans les années 1980, ainsi que la conscience du continent américain, de la Terre de Feu au golfe du Mexique, de la nécessité de renforcer les liens avec les partenaires européens face à la montée de l'Asie et des pays émergents, et à la croissance du réseau des interdépendances régionales qui s'inscrivent dans la dynamique de la mondialisation. Dans ce contexte, il est impératif d'améliorer la gestion des interdépendances communes et de promouvoir une gouvernance démocratique, améliorer la fourniture de biens publics mondiaux et régionaux et d'avancer ensemble vers un multilatéralisme efficace. Parmi les propositions portées à Lima par l'Espagne pour atteindre ces objectifs, nous en soulignerons trois. La première, portée par la France et la Grande-Bretagne et parrainée par la Commission Européenne, est l'élaboration d'un plan d'action concernant le changement climatique, UE-ALC agissant en tant que partenaires stratégiques. Cet engagement, détaillé au paragraphe 52 de la déclaration finale, se concrétisera par « la promotion de la coopération environnementale birégionale,

Parmi les propositions portées à Lima par l'Espagne, nous en soulignerons trois : l'initiative EUrocLIMA, la Fondation Euro-LAC et une proposition hispano-brésilienne d'aide a Haïti.

● action extérieure

avec une attention particulière accordée au changement climatique, sans préjudice des politiques nationales respectives. » Cela a donné naissance à une initiative environnementale spécifique, commune, et aussi ambitieuse qu'innovante : EUrocLIMA. EUrocLIMA doit « réglementer à tous les niveaux et garantir les synergies et la coordination des actions actuelles et futures en ce domaine », c'est-à-dire l'environnement, des deux continents. Parallèlement, EUrocLIMA envisage le développement de l'Alliance mondiale sur le changement climatique de l'UE, lancée récemment par les 27 Etats membres et particulièrement tournée vers les pays les moins avancés et les petits États insulaires. La deuxième proposition appuyée par l'Espagne, elle aussi prise en compte dans déclaration finale de Lima, est la création d'une Fondation, Euro-LAC, explicitement mentionnée au paragraphe 53. L'idée de créer une Fondation pour promouvoir des actions communes sur les questions d'intérêt commun, centre dynamique, flexible et durable, financièrement et institutionnellement, a déjà été évoquée par le Premier ministre, José Luis Rodríguez Zapatero, lors du quatrième Sommet UEALC, tenu à Vienne en 2006. Les efforts de la diplomatie espagnole, ces deux dernières années, ont conduit à son inscription, enfin, dans la déclaration de Lima, reflétant l'engagement de l'Espagne visà-vis du partenariat stratégique entre les deux continents, engagement qui doit se traduire par des actions concrètes, et non alimenter la vacuité de bonnes paroles. La Fondation, dont la viabilité devra être étudiée par un groupe de travail birégional qui présentera un rapport lors de la première Réunion des Hauts Fonctionnaires en 2009, a pour but de développer l'aspect international du partenariat UE-ALC. Ce n'est que de cette manière que la coopération politique et culturelle en cours entre les deux continents se verra renforcée. Enfin, l'Espagne et le Brésil ont mené une initiative conjointe d'aide humanitaire à Haïti, afin d'attirer l'attention des chefs d'État et de Gouvernement des 60 pays du partenariat birégional sur la grave situation d'urgence humanitaire que connaît actuellement Haïti. Cette initiative

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se concrétise au paragraphe 9 de la déclaration, qui inscrit « la nécessité d'une action urgente, efficace et permanente de la communauté internationale en faveur du relèvement et du développement » de ce pays. La situation d'instabilité politique et sociale que Haïti a connue ces dernières années a été l'objet d'une attention particulière de l'équipe dirigée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Angel Moratinos, attention traduite dans l'agenda intérieur et international de notre ministre. Le fait que Haïti ait été considéré par la Coopération espagnole, depuis 2005, comme un « pays à traiter d'urgence », la Conférence internationale pour le Développement de Haïti qui s'est tenue à Madrid le 30 novembre 2006, le voyage du ministre à Haïti, en avril 2008, pour rencontrer les autorités de ce pays et le représentant du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, M. Annabi, devaient figurer à l'ordre du jour de l'UE-ALC. Grâce aux efforts de la diplomatie espagnole, le paragraphe 9 de la déclaration reflète l'engagement commun de « répondre aux besoins alimentaires urgents et à long terme » de ce pays, et prévoit la convocation d'une conférence qui se tiendra en Espagne, en Juillet 2008, pour élaborer un programme de sécurité alimentaire et de développement rural dans le cadre du plan national haïtien et des efforts déployés par la communauté internationale. Cette conférence sera présidée par la France et l'Argentine, co-présidents de l'ALC-UE ». Un nouvel exemple du « multilatéralisme effectif » qui inspire la diplomatie espagnole. Ces faits prouvent que l'Espagne, consciente de son statut d'interlocuteur privilégié entre l'UE et l'Amérique latine et les Caraïbes, s'engage de façon responsable pour la consolidation du partenariat stratégique birégional. La proposition EUrocLIMA et la Fondation Euro-LAC sont deux exemples de cet engagement responsable, mais elles n'en sont pas les seuls. L'Espagne s'est rendue à Lima avec le désir d'aborder, lors des réunions du Sommet, la promotion de l'égalité des sexes, les droits des peuples autochtones et la coordination nécessaire des flux migratoires entre les deux continents, et elle y est parvenue (paragraphes 20, 25

José Luis Rodríguez Zapatero et Alan García, Président du Pérou, devant le Palais du Gouvernement de Lima. EFE

L'Espagne a porté à Lima l'objectif d'aborder l'égalité des sexes, les droits des peuples autochtones et la coordination des flux migratoires et 27 de la déclaration). Les efforts de la diplomatie espagnole pour maintenir l'engagement de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) vis-à-vis de l'Amérique latine - 2,8 milliards d'euros pour la période 2007-2013 - ont porté leurs fruits, la déclaration finale, au paragraphe 22, comporte une référence directe au mandat de la BEI pour développer les investissements au bénéfice de l'ALC. Malgré les avancées, il reste beaucoup à faire. Ainsi que le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Ángel Moratinos, l'a souligné. « Le dialogue birégional entre l'UE et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes n'a pas encore accordé suffisamment d'attention au « dialogue interculturel », du moins pas autant que notre diversité et notre richesse culturelle le méritent. Depuis la fin des années 1980, l'Espagne a fourni de gros efforts pour que l'UE considère l'ALC comme un partenaire politique, économique et de coopération. Compte tenu de la croissance d'autres zones géogra-

phiques comme l'Asie, ou de l'attention particulière consacrée ces dernières années par l'UE aux États d'Europe centrale et d'Europe de l'Est, désormais membres de l'UE, l'Espagne est parvenue, non seulement à maintenir l'attention de ses partenaires européens pour ses républiques sœurs, mais à devenir un interlocuteur indispensable. Le VIème Sommet UE-ALC se tiendra en Espagne, en 2010, sous présidence espagnole de l'UE. Après plus de trois décennies d'existence, notre relation birégionale ne peut que mûrir et se renforcer, et devenir un programme incontournable pour nos deux continents. Il nous incombe à tous de concevoir les nouveaux instruments de cette relation. Pizarro a fondé Lima en 1535. Presque cinq cents ans plus tard, les liens unissant l'Espagne à ses républiques sœurs ont acquis une puissance que le conquistador n'aurait jamais imaginée. Un engagement conscient et responsable qu'elle assume avec fierté, sachant que l'espagnol universel, l'Espagne historique comme l'Espagne actuelle plongent leurs racines dans l'Amérique latine. Une Espagne, en somme, qui aspire à projeter avec force sa double identité de pays européen et latino-américain pour rendre possible une relation meilleure et plus profonde entre l'Union Européenne et l'Amérique latine et les Caraïbes.


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Témoignage en direct

Anunciada Fernández de Córdova directrice générale d'organismes multilatéraux latino-américains

Répondre ensemble aux besoins de nos populations ❖ Par ce titre, le Sommet de Lima s'inscrit dans le processus de partenariat UE-ALC. Ce processus reflète à la fois le rôle de l'Europe vis-à-vis de l'Amérique latine, et la volonté de l'UE de consolider ses liens avec ce continent. Il contribue ainsi à surmonter la fragmentation politique et sociale, les fissures des inégalités et les déficits d'intégration, et œuvre au renforcement de démocraties stables, de sociétés solidaires et de processus solides d'intégration, dans l'intérêt des citoyens. ❖ Sans aucun doute, l'essor de l'effort de la Communauté Européenne en faveur du continent américain a explosé depuis l'entrée de l'Espagne dans l'Union Européenne. Il y eut alors un changement qualitatif et quantitatif du degré d'engagement de l'UE vis-à-vis de l'Amérique latine, le résultat le plus évident étant la naissance des Sommets bisannuels de l'UE-ALC, en 1999. Depuis le premier Sommet de Rio, l'élan n'est jamais retombé. ❖ Le Sommet de Lima s'est déroulé dans un cadre de changements majeurs, pour l'Amérique latine comme pour l'Europe. Après neuf années de partenariat stratégique, Lima représentait l'occasion de faire le point sur le développement des relations et d'envisager de nouvelles perspectives face aux profonds changements du monde actuel. ❖ Cette édition s'est concentrée sur deux thèmes : D'une part, la pauvreté, les inégalités et l'exclusion, et d'autre part, le développement durable. La lutte contre la pauvreté, les inégalités et l'exclusion constituent trois éléments clés pour la réa-

lisation de la cohésion sociale. Le changement climatique est un défi qui exige une réponse urgente et collective, et aborder la question de l'instabilité climatique est l'une des conditions de la réduction de la pauvreté. Lors du Sommet de Vienne, en 2006, il a été décidé d'ouvrir un dialogue politique sur ce sujet et, depuis lors, les questions environnementales ont acquis une grande importance dans l'agenda international, la coopération bilatérale dans ce domaine devient donc un objectif stratégique pour Lima. ❖ Dans la déclaration de Lima ces deux grands thèmes ont été inscrits à l'ordre du jour. Cela a permis de mettre en évidence l'inextricable interdépendance entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement due au changement climatique. ❖ L'ordre du jour sur la pauvreté, l'exclusion et les inégalités a été unanimement approuvé par les deux continents. Il consacre notre engagement à identifier de nouvelles possibilités de coopération bilatérale pour promouvoir le développement de politiques sociales efficaces, la croissance économique avec partage équitable, ainsi que la participation sociale et le sens d'appartenance. À l'initiative de l'Espagne, il aborde également des thèmes sensibles comme celui des migrations, pour lequel il a été décidé d'entamer un dialogue structuré et compréhensif, celui de la promotion de l'égalité des sexes, les droits des peuples autochtones, les prix des produits alimentaires ou l'engagement pour le programme Eurosocial. ❖ Programme pour l'environnement Le

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Programme pour l'environnement fait son apparition dans les Sommets et débouche sur des résultats concrets et des engagements financiers. LAC est la région qui présente le plus de convergence avec l'UE sur les questions du changement climatique, lors des forums internationaux. La déclaration fait état des grands défis mondiaux concernant le changement climatique, la coopération durable en matière d'énergie, la protection de l'environnement, la biodiversité, la gestion des ressources hydriques et l'accès à l'eau potable. Elle prévoit également un mandat pour l'élaboration d'un plan d'action sur le changement climatique et une initiative environnementale : EUrocLIMA, qui va recevoir une dotation initiale de 5 millions de dollars. ❖ Les processus de partenariat régional ont également été inscrits dans la déclaration, qui reconnaît à la fois les progrès réalisés et la nécessité de tenir compte des asymétries dans les différents processus (UE-MERCOSUR, UE-CAN et UE-Amérique centrale). ❖ Pour conclure, grâce à l'intense travail de négociations de l'Espagne, la déclaration inclut aussi l'engagement politique d'envisager la création d'une Fondation UE-ALC, ainsi que le Premier ministre l'avait annoncé à Vienne. À cette fin, un groupe de travail birégional est créé et devra présenter un rapport sur ce thème début 2009, rapport qui devra définir des solutions concrètes pour sa mise en œuvre et son financement. ❖ Par rapport aux déclarations précédentes, celle de Lima constitue le premier pas vers des résultats concrets. Nous avons conclu des accords sur les buts et objectifs communs, et plusieurs initiatives concrètes ont été mises en place. ❖ Tout cela nous permet d'aborder l'avenir avec optimisme. L'Espagne accueillera la prochaine édition du Sommet de l'UEALC, en 2010. Nous devrons relever le défi qui consistera à poursuivre sur la voie du partenariat birégional, et lui conférer l'élan nécessaire à la concrétisation des objectifs, afin que les résultats bénéficient aux populations des deux continents.

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● action extérieure

Créée en 1942, l'École diplomatique est un centre d'études supérieures chargé de préparer, grâce à son travail académique et de recherche, les nouvelles générations de fonctionnaires de la carrière diplomatique et du service extérieur espagnols. Cet organisme dépend du sous-secrétariat du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération

ÉCOLE DIPLOMATIQUE s'adapter aux temps TEXTE : mª pilar cuadra/sergio cuesta. PHOTOS : a. zorita

● D'immenses tapisseries, des gravures d'époques lointaines, des portraits d'anciens directeurs en uniforme diplomatique à la mode du XIXe siècle et de grands et lourds fauteuils semblant vouloir engloutir ceux qui s'assoient dedans, contribuent à donner à l'École diplomatique un air solennel, presque hiératique. Mais ce serait une erreur de penser qu'il s'agit d'une institution figée dans le temps. Il suffit de voir comme, tout au long de la journée, elle s'emplit d'un va-et-vient animé de professeurs et d'élèves qui mettent en évidence ce qu'est en réalité l'École : une entité vivante, qui a su s'adapter aux défis du XXIe siècle. L'Espagne a été l'un des premiers États à créer une École diplomatique (1942), bien que le premier précédent date de 1911, lorsque fut créé l'‘Institut libre d'enseignement des carrières diplomatique et consulaire et centre d'études marocaines’, parrainé par l'Académie royale de jurisprudence et de législation, avec l'aide du ministère d'État de l'époque. Ses étudiants les plus assidus, d'après le nombre de mois qu'ils passent dans l'école, sont sans doute ceux du Master de Diplomatie et Relations internationales, qui a réuni, lors de cette édition 2007-2008, cent vingt-et-un jeunes universitaires et diploma-

tes, dont la moitié vient de l'étranger : Guatemala, Mongolie, Arménie, Kenya, Palaos, Japon, Pérou… et ainsi de suite, jusqu'à 49 nationalités différentes qui ont cohabité au cours de la dernière année scolaire avec des étudiants espagnols pour étudier non seulement le droit international, les techniques de négociation ou le protocole, mais aussi les différentes cultures et visions du monde. En définitive, un microcosme dans lequel les élèves expérimentent au quotidien les relations internationales et les résultats de la mondialisation. Mais en réalité, les attraits et les motivations sont variés : « je l'ai choisi parce que, selon moi, l'école a les meilleurs professeurs, c'est un master interuniversitaire qui bénéficie du soutien de l'État, et en plus, on peut recevoir une bourse », explique un élève de la promotion 2006-2007. Quant au qualificatif de « diplomatique », ajouté à l'École, il s'explique par le fait que l'enseignement est traditionnellement axé autour des professionnels des relations extérieures. Les diplomates espagnols sont

Lors de la dernière formation, sont passés dans ses classes des élèves de 49 nationalités différentes

passés, au fil des ans, par cette école, pour se former d'abord, puis pour se recycler. Cette année, sera diplômée la 62ème promotion, qui compte parmi ses 47 membres quinze femmes, preuve que, bien que plus lentement que ce que certains souhaiteraient, la carrière diplomatique se féminise pour se rapprocher peu à peu de la parité. Au cours des prochaines années, lorsqu'ils seront sur le point de partir vers les représentations de l'Espagne à l'étranger, ils reviendront à l'École pour actualiser leurs connaissances sur des sujets culturels et de coopération, consulaires, administratifs ou communautaires, en fonction de leur affectation. Il existe également des formations pour les autres fonctionnaires qui doivent être affectés à l'étranger comme attachés, afin qu'ils soient formés sur des thèmes tels que la politique extérieure espagnole ou le protocole. Et pour faciliter la formation continue de ceux qui se trouvent à l'étranger, la formation habituelle sur l'Islam et la formation spécialisée sur l'état civil ont été dispensées cette année encore mais, pour la première fois, de manière virtuelle.

● Les fonctionnaires espagnols ne sont pas les seuls à passer par cette École. Outre les diplomates étrangers du Master, une formation pour diplomates arabes est dispensée chaque année, sous l'égide de


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Plusieurs salles et espaces de l'École diplomatique située sur le Paseo de Juan XXIII dans le quartier madrilène de Moncloa.

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● action extérieure

l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement. Également promue par l'AECID, une formation pour diplomates et fonctionnaires des pays des Balkans sur les mécanismes de financement avec des fonds de l'Union européenne est organisée au mois de juin . Parmi les formations ouvertes au public, celle qui bénéficie de la plus grande tradition est consacrée à l'Union européenne, dispensée trois fois par an depuis 1977, à titre d'introduction aux sujets concernant l'Europe. Et comme introduction au monde de la coopération, une formation sur la coopération pour le développement a été créée et a bénéficié d'un très bon accueil auprès du public. Autre nouveauté, le séminaire sur les droits de l'homme, qui en est déjà à sa deuxième édition.

● La contribution de l'École diplomatique à la politique extérieure espagnole ne se limite pas à la formation de ses professionnels ni à la diffusion de thèmes dignes de leur intérêt, elle soutient également la présence de citoyens espagnols dans des organismes internationaux grâce à diverses formations. Parmi celles connaissant le plus de succès, citons la formation sur l'observation électorale, qui facilite la participation à des missions d'organisations telles que l'OSCE. « La formation est fondamentale, car elle donne une vision de ce qu'est l'observation électorale, ses instruments juridiques, la manière de procéder et la manière d'observer », affirme Cristina Borreguero, qui a suivi la formation en mai 2005 et a été observatrice lors des élections parlementaires en Ukraine, en mars 2006. Pour ceux qui souhaitent participer aux processus de sélection d'organisations internationales, il existe également des sessions intensives pour les conseiller sur la meilleure manière de s'y prendre, et pour ceux qui ont déjà passé la première phase de sélection de l'Union européenne, des séminaires de préparation aux épreuves communautaires spécifiques sont organisés. L'École réalise également des activités hors de ses locaux. C'est le cas de la formation sur l'actualité de la politique extérieure espagnole, dispensée chaque année au mois d'avril au Centre d'études internationales de Barcelone. De même, en collaboration avec l'université Complutense

L'École est un instrument au service de la politique extérieure de l'État au sens le plus large de Madrid, une formation sur les relations internationales, la diplomatie et les moyens de communication est organisée dans les locaux universitaires. Ceux qui passent par l'École diplomatique se souviennent ensuite de ses salles de classe, mais aussi de nombre de ses lieux emblématiques. Ceux-ci comprennent, au moins pour les diplomates, le couloir au bout duquel se trouve la « redoutable » salle dans laquelle se réunit le jury du concours d'accès au corps diplomatique, couloir dans lequel résonnent pendant des heures les pas nerveux de ceux qui attendent d'être convoqués pour « réciter » leur sujet. Des heures consacrées à l'étude, mais aussi de leur capacité rhétorique et d'un soupçon de chance dépendra leur admission pour pouvoir grossir les rangs des fonctionnaires diplomatiques. Outre ce couloir « des pas perdus » et la salle du jury de concours, la bibliothèque, située au rez-de-chaussée, est un autre lieu emblématique. Elle abrite une collection fournie d'œuvres spécialisées, et comporte également une salle de lecture particulière. Vaste, habillée de bois et un peu sombre, cette salle a quelque chose du club anglais hors du temps. S'y côtoient les futurs diplomates, les élèves du master et quelques participants aux multiples activités de l'École, qui inspectent les étagères avec la curiosité du nouvel élève. Élèves et professeurs se retrouvent également dans la cafétéria, où Rufino, qui en est le responsable mais aussi une des « institutions » de l'École, leur sert un café. Rufino fait partie de l'École depuis l'année scolaire 1969-70, et a été témoin de plusieurs changements dans les plans d'études et le type de concours pour intégrer la carrière

L'une des formations de l'institution connaissant le plus de succès est celle sur l'‘Observation électorale’

diplomatique : « avant, le cours sélectif durait deux ans, donc ajouté à la période de concours et de stage, beaucoup d'élèves passaient plus de trois ans dans l'école… et on finissait par constituer une sorte de famille » . En raison de sa longue expérience, Rufino fait partie de la « mémoire vivante » de l'École. Pour l'anecdote, il raconte que « deux des responsables d'études, pendant les premières années que j'ai passées dans l'École, sont devenus ministres ». Il s'agit de José Pedro Pérez-Llorca, qui a été titulaire de plusieurs portefeuilles ministériels avec des gouvernements de l'UCD, dont celui des Affaires étrangères, et de Carlos Westendorp, qui a lui aussi été ministre des Affaires étrangères, mais avec le PSOE. La cafétéria donne sur une terrasse et des jardins, qui sont dans toute leur splendeur au début du printemps, lorsque les amandiers et les pruniers sont couverts de fleurs blanches et roses. La terrasse de la cafétéria, avec cette agréable vue, est non seulement un lieu de rencontre des élèves après les cours, mais elle sert également de cadre de réception après une cérémonie solennelle, comme la remise des titres par Sa Majesté le Roi aux diplomates nouvellement recrutés. L'acte en lui-même se déroule dans l'élégante salle des cérémonies, où trônent des tableaux de Leurs Majestés et une tapisserie représentant le blason de l'Espagne. On peut y lire : « legatione pro patria fungimur tanquam patria exhortante per nos ». Cette citation en latin est une légère modification d'une phrase du Nouveau Testament, et synthétise en quelques mots la principale fonction du diplomate : « nous transmettons les messages de la nation comme si la nation elle-même parlait à travers nous ». L'École diplomatique s'érige donc en instrument au service de la politique extérieure de l'État au sens le plus large. D'une part, elle sélectionne et achève de former les futurs diplomates ; d'autre part, elle est ouverte aux titulaires d'une licence, espagnols et étrangers, désireux de suivre une formation de troisième cycle en relations internationales grâce au master. Elle permet également à des diplomates d'autres pays d'entrer en contact avec la réalité espagnole et sert de forum à de multiples activités académiques, diffusant une image dynamique de la politique étrangère vers l'extérieur et vers notre propre société.


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Témoignage en direct

Ignacio Sagaz Temprano directeur de l'école diplomatique

Une école ouverte à la société civile ❖ L'École diplomatique est devenue, au cours des dernières années, un point de rencontre indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à la diplomatie et aux relations internationales, grâce à un large éventail d'activités académiques, d'enseignement et de recherche, qui font d'elle une référence nationale et internationale. ❖ Depuis 1942, l'École diplomatique réalise son activité en tant qu'unité dépendant du sous-secrétariat du ministère, mais son histoire remonte bien plus loin. Le roi Ferdinand le Catholique avait déjà des ambassadeurs permanents dans de nombreuses capitales européennes et c'est avec lui qu'a commencé la spécialisation des secrétaires du roi dans les affaires étrangères. Au XVIe siècle, l'Espagne disposait du réseau diplomatique le plus étendu d'Europe, et c'est l'empereur Charles Quint qui a institutionnalisé les organes du service extérieur en créant le Conseil d'État, en 1526. Notre pays, l'un des premiers du monde à posséder une École diplomatique, avait déjà créé, en 1911, un Centre de formation pour les membres des carrières diplomatique et consulaire, parrainé par l'Académie royale de jurisprudence et de législation, et avec l'aide du ministère d'État, est né l'Institut libre d'enseignement des carrières diplomatique et consulaire et centre d'études marocaines, prédécesseur de l'École. ❖ Actuellement, l'École diplomatique, qui occupe le même siège depuis 1942, sur le Paseo Juan XXIII de Madrid, dans un édifice singulier, œuvre de Martínez Feduchi, propose une grande variété de formations ouvertes à l'ensemble de la

société civile. ❖ Le travail de l'École s'était centré au départ sur la formation des fonctionnaires de la carrière, dans la phase de concours comme dans la phase de stage, précédant leur intégration du ministère. À présent, elle propose également un nombre important de formations spécifiques dans le cadre du programme de formation continue des fonctionnaires diplomatiques, qui a commencé au cours de la législature précédente, dans diverses matières et langues pour les diplomates intégrant leurs nouvelles affectations à l'étranger. ❖ Dans le but d'éveiller de nouvelles vocations pour la carrière diplomatique et d'étendre les formations proposées, l'École a créé il y a trois ans le Master interuniversitaire de Diplomatie et Relations internationales, grâce à l'accord de collaboration signé avec six universités publiques, le 11 juillet 2005. Ce Master répond à l'intérêt que montre l'École diplomatique, par son travail académique et de recherche, à devenir un centre de référence dans la formation d'analystes et de spécialistes en relations internationales. De plus, le Master prétend servir de préparation à l'examen d'entrée dans la carrière diplomatique et, par conséquent, son contenu correspond en partie au programme du concours d'entrée à celle-ci. ❖ Le Master est organisé chaque année et son règlement, publié au JO, régit l'admission des candidats, le plan d'études et les bourses mises à disposition des élèves espagnols et étrangers. Après avoir réussi les épreuves d'accès, les élèves intègrent l'École diplomatique où ils passent toute une année scolaire à

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étudier les programmes du plan d'études. Une fois les examens et épreuves passés avec succès, l'École diplomatique et les universités délivrent le titre de « Master interuniversitaire ». Soulignons que près de la moitié des 150 élèves inscrits sont étrangers, de multiples nationalités, dont un tiers sont diplomates. ❖ L'École développe également un programme de coopération externe avec d'importantes universités et académies diplomatiques, notamment du monde latino-américain. L'École participe, en collaboration avec différentes universités espagnoles, au développement de formations de Master en Relations internationales, dispensées à l'université catholique pontificale de Lima. Prochainement, des accords seront signés avec l'université pontificale Javeriana de Bogota et la Fondation globale démocratie et développement de la République dominicaine pour préparer des masters similaires. De plus, des accords de formation et échange, et d'échange sont en cours de négociation avec l'Institut Matías Romero de Mexico, le Foreign Service Institute des Philippines et l'Association des académies, instituts et écoles diplomatiques latino-américaines. ❖ Enfin, il convient de mentionner que l'École propose un nombre important de formations et de séminaires déjà habituels et éprouvés sur les relations internationales. Citons les formations et séminaires suivants : Islam, droits de l'homme, coopération pour le développement, observation électorale internationale, diplomatie et moyens de communication, gestion des crises internationales, fonction diplomatique à l'heure actuelle et le cycle de conférences : Rencontre internationale, ainsi que le lancement, il y a quelques mois, de formations virtuelles en ligne pouvant être suivies partout dans le monde. ❖ Ce regard porté sur l'École diplomatique reflète l'évolution de son histoire, déjà longue, qui répond aux exigences changeantes de la société espagnole, au service de laquelle elle a toujours été.

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 action extérieure en bref 100 soldats contribueront à la stabilité au Darfour

● Le Congrès a approuvé le 29 mai dernier l'envoi de 100 militaires à la mission de l'Union Européenne au Tchad -EUFOR TCHAD-RCA. La mission que l'UE déploiera dans la zone vise à contribuer à la stabilité dans un territoire frappé par plusieurs affrontements qui ont provoqué le déplacement plus de 180 000 personnes. Pour ce faire, elle soutiendra depuis le Tchad et la République Centrafricaine le contingent de l'ONU au Darfour, qui protège les réfugiés en provenance du Soudan. Les effectifs espagnols composent l'équipage de deux avions qui transporteront des casques bleus et évacueront les éventuels blessés. Il s'agit de la cinquième mission de nos troupes à l'étranger, une mission qui s'ajoute au travail des soldats espagnols en Afghanistan, au Liban, au Kosovo et en Bosnie. Le contingent total de la mission européenne au Tchad sera composé de 2 400 hommes.

L'Espagne et la Chine renforcent leur coopération militaire ● Le chef de l'État-major de la Marine espagnole, Sebastián Zaragoza Soto, a effectué une visite officielle en Chine en avril dernier pour développer les liens bilatéraux et la coopération entre les forces militaires des deux pays, et il a rencontré le ministre de la Défense chinois, Liang Guanglie. À l'issue de cette rencontre, le ministre Liang a souligné l'excellence des relations militaires sino-espagnoles au cours des dernières années, tandis que l'amiral Zaragoza a exprimé le désir de développer à l'avenir les échanges et la coopération, et a profité de l'occasion pour souhaiter à la Chine un grand succès dans le déroulement des Jeux olympiques de Pékin.

L'Espagne destine 150 millions d'euros à l'Afghanistan ● L'Espagne s'est engagée à consacrer 150 millions d'euros, au cours des deux années à venir, à la reconstruction de l'Afgha-

Antonio Zurera explique le projet au ministre des Affaires extérieures et de la Coopération à Cordoue. EFE.

Un film pour enfants pour la promotion de l'Alliance des Civilisations

● Le film Al-Andalus, du réalisateur cordouan Antonio Zurera, sera « la carte de présentation pour les enfants » de l'Alliance des Civilisations, a annoncé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération le 5 mars dernier à Cordoue, ville où le film se déroule. Le film raconte l'histoire de trois personnages, un enfant musulman d'origine perse nommé Reza, une petite fille juive, Myriam, et un ex-garde du califat, qui vivent dans le Cordoue du XIe siècle. Ils devront tous les trois protéger un coffret contenant un trésor, qui s'avérera être le livre d'Aristote « De la poétique », traduit en arabe à Cordoue, bien qu'Al-Andalus situe ce fait un siècle avant la date des événements réels, une « liberté que je me suis accordée en tant que

nistan, lors de la conférence internationale de soutien qui s'est tenue à Paris le 12 juin. Les fonds serviront à assurer la stabilité, ainsi que le développement social, économique et institutionnel de l'Afghanistan, par le biais de la stratégie nationale de développement du Gouvernement afghan. Civils et soldats espagnols travaillent sur le terrain

depuis 2005 pour établir des infrastructures de base permettant d'améliorer les conditions de vie de la population. Les grandes lignes d'action de l'Espagne en Afghanistan se centrent sur les communications, la santé, l'éducation, le développement de l'agriculture et le soutien au renforcement du pouvoir des femmes.

Accord contre les bombes à fragmentation ● 190 pays, dont l'Espagne, ont approuvé le 30 mai à Dublin le texte d'une convention internationale interdisant l'utilisation, la fabrication, l'acquisition et le stockage de bombes à fragmentation. Cet accord est dans la ligne de celui conclu à Ottawa en 1997, qui proscrivait les mines antipersonnel, car ces deux types d'armement touchent les victimes au hasard, et il s'agit souvent de civils. Le traité de Dublin ne permet pas aux pays signataires d'émettre de réserves, et pour qu'il entre en vigueur, il faut que l'instrument soit ratifié par au moins 30 États.

Le Prince des Asturies en visite en Pologne ● Le prince Philippe et la princesse Leticia ont effectué une visite officielle en Pologne, du 6 au 8 mai, et ont rencontré les hautes institutions de l'État ; ils ont participé à un forum hispano-polonais sur l'économie et l'entreprise, et ont inauguré les nouvelles


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installations de l'Institut Cervantes à Varsovie. L'Espagne considère la Pologne comme un partenaire stratégique et les deux pays organisent chaque année des sommets bilatéraux. L'économie du pays d'Europe centrale, dont le PIB, selon les prévisions, augmentera de 6% cette année, a connu une forte croissance depuis son entrée dans l'Union Européenne. En raison de son agrandissement, le centre Cervantes de Varsovie, qui occupe les locaux de l'ancienne ambassade des États-Unis, est à présent l'Institut Cervantes le plus grand du monde.

euro-méditerranéenne Ana Lindh pour le dialogue entre les cultures, créée en 2004, dans le cadre du Processus de Barcelone, par l'Union européenne et une dizaine d'États du Proche-Orient et du nord de l'Afrique, pour favoriser le dialogue dans la région. Son siège est à Alexandrie (Égypte) et c'est la première institution commune aux 37 pays membres du Partenariat euro-méditerranéen (les 27 de l'Union européenne et les 10 de la rive sud de la Méditerranée). Sa principale mission est de favoriser la compréhension entre les peuples. Elle porte le nom d'Ana Lindh en mémoire de la ministre des Affaires étrangères suédoise assassinée dans un centre commercial de son pays, en 2003.

Casa Árabe à Madrid est transférée dans les Écoles Aguirre ● La Casa Árabe et son Institut international des études arabes et du monde musulman (IEAM) ont été transférés, le 26 mars dernier, dans le nouveau local des Écoles Aguirre de Madrid, près du parc du Retiro, grâce à la cession de l'édifice par la mairie de la capitale. L'objectif de l'organisme est d'organiser des activités culturelles, scientifiques et diplomatiques qui contribueront à renforcer les relations du monde arabe musulman avec l'Espagne et l'Europe. Cet édifice emblématique néo-mudéjar a une superficie de 2 646 mètres carrés et possède des salles d'exposition, une médiathèque, une salle de conférence, une salle des ambassadeurs et plusieurs salles de cours. De plus, les deux corps extérieurs de l'édifice seront consacrés à l'exposition et à la vente de publications. La Casa Árabe abrite également un centre de documentation,

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Photo de famille de la cession des Écoles Aguirre comme siège de Casa Árabe. EFE/ E.Naranjo.

un centre de langue arabe et une librairie spécialisée. La Casa Árabe, qui possède des locaux à Madrid et à Cordoue, est formée par un consortium entre le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, qui fournit 60 pour cent de ses fonds, les gouvernements régionaux de Madrid et d'Andalousie, et les mairies de Cordoue et de Madrid.

Andreu Claret, directeur de la Fondation Ana Lindh ● Le journaliste catalan Andreu Claret est le nouveau directeur de la Fondation

Le socialiste Lluís María de Puig, président de l'Assemblée du Conseil de l'Europe ● Homme politique et historien, le socialiste Lluís María de Puig est le président de l'Assemblée du Conseil de l'Europe, l'institution, dont le siège est à Strasbourg, qui fêtera l'an prochain son soixantième anniversaire de la défense des droits de l'homme. Le Conseil est la seule institution européenne où sont représentés tous les États d'Europe. Son objectif est de développer un espace démocratique et juridique commun européen suivant la convention des droits de l'homme. Auparavant, Lluís Maria de Puig avait été président de l'Assemblée de l'Union Européenne Occidenta-

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Publication éditée par la Dir. générale de communication externe du MAEC. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Regards sur l'extérieur n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs.

Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Premier vice-président : Directeur général de la communication externe. second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinets du secrétariat d'État aux Affaires étrangères, du secrétariat d'État à la Coopération, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du secrétaire général de l'AECI (agence espagnole de coopération internationale).

rédaCtion

direction : Manuel Cacho. rédacteur en chef : José Bodas. directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. ont collaboré à ce numéro : Natividad Isabel Peña, David Merino, Noelia Monge, Jacobo García, Ángel Zorita, Jorge Fernández, Mª Pilar Cuadra et Sergio Cuesta. adresse : Dirección General de Comunicación Exterior. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID.

Nº 6. 2ème trimestre 2008. NIPO : 501-08-029-7. Dépôt légal : AS-3417-07 Publicité, impression et distribution : www.4ccomunicacion.com Miradas al exterior se veut un forum vivant et ouvert à vos suggestions et commentaires : opinion.miradas@mae.es

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droit de l'homme. Un objectif auquel travaillent toujours le Bureau des Droits de l'Homme du ministère et notre Représentation permanente auprès de l'ONU.

Lluís María de Puig souhaite la bienvenue à la chancelière allemande, Angela Merkel, au Conseil de l'Europe à Strasbourg (France). EFE

le (1997-2000) et président de la Commission de la Culture du Conseil de l'Europe (2002-2005). Il est le troisième Espagnol à présider la Chambre, après José María de Areilza et Miguel Ángel Martínez.

L'Espagne continue à promouvoir l'accès à l'eau potable comme droit de l'homme ● Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies disposera d'un expert indépendant sur la question des obligations des droits de l'homme relatives à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Ce spécialiste établira un dialogue avec les gouvernements et autres interlocuteurs afin d'identifier, de promouvoir et d'échanger de bonnes pratiques, en faisant valoir la troisième résolution promue par l'Espagne et l'Allemagne et approuvée en mars dernier avec le soutien de 46 co-sponsors. Cet expert aura un mandat de trois ans et sera chargé d'étudier précisément le contenu des obligations des droits de l'homme, y compris celles de non-discrimination ; il sera également chargé de formuler les recommandations pertinentes pour contribuer aux objectifs du millénaire, en particulier le septième, qui comprend une réduction de 50% du nombre de personnes ne disposant pas d'un accès durable à l'eau potable ni à l'assainissement dans le monde. Il s'agit de la troisième résolution que l'Espagne et l'Allemagne font approuver à Genève, pour que l'accès à l'eau potable et à l'assainissement soit reconnu comme

Israël proposera trois diplomates espagnols comme Justes parmi les Nations ● La Fondation Raoul Wallenberg proposera les diplomates espagnols Julio Palencia, Bernardo Rolland de Miota et Sebastián de Romero Radigales comme Justes parmi les Nations pour avoir aidé des milliers de Juifs persécutés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale en Bulgarie, en France et en Grèce respectivement. Une reconnaissance décernée par le Musée de l'Holocauste à ceux qui, sans être juifs, ont aidé les persécutés de manière altruiste et unique. Cette organisation non-gouvernementale, fondée il y a dix ans en hommage à un diplomate suédois disparu en janvier 1945 après avoir aidé des dizaines de milliers de Juifs à échapper aux nazis, rassemble des informations depuis des mois, et lorsque ses recherches seront terminées, elle présentera ses résultats au Yad Vashem, l'institution officielle israélienne consacrée à la mémoire des victimes de l'Holocauste. Jusqu'à présent, les Espagnols reconnus comme Justes sont les diplomates Ángel Sanz Briz, Eduardo Propper de Callejón, José Ruiz Santaella et son épouse Carmen Schrader.

Javier Jiménez-Ugarte publie «Pratique consulaire et immigration» ● Le diplomate Javier Jiménez-Ugarte, actuel consul général d'Espagne à Nador (Maroc), est l'auteur de l'ouvrage « Pratique consulaire et immigration ». Outre une « Introduction » à caractère autobiographique, et une présentation des « Limites de l'ouvrage », Javier Jiménez-Ugarte consacre un chapitre très schématique à la « Problématique consulaire ». Le reste de l'ouvrage est constitué d'un pratique «

Vade-mecum sur les visas », suivi de deux chapitres sur les « Notifications de rejet de demande de visas » et les « Résolutions des recours ». La valeur de l'ouvrage est complétée par une importante « Liste d'annexes », consacrées en grande partie aux approches, considérées comme pertinentes par l'auteur, sur les différents cas pratiques résolus avec plus ou moins de discernement, à la lumière des dispositions du décret royal 2393/2004 qui développe la loi en vigueur sur les étrangers.

Réunion des donateurs pour la Palestine ● Le ministre Miguel Angel Moratinos a assisté le 2 mai dernier, à Londres, à une réunion du Comité de liaison Ad Hoc, qui coordonne les politiques de coopération avec la Palestine. Le groupe est parrainé par les États-Unis et l'Union européenne, et c'est la première fois que l'Espagne participe à l'une de ses réunions. Après la dernière Conférence des donateurs pour la Palestine, notre pays est devenu le deuxième donateur européen, avec un apport de 240 millions d'euros entre 2008 et 2010. L'objectif du processus est d'arriver à une solution juste et durable entre les parties, fondée sur l'existence de deux États (Israël et Palestine) souverains et viables, qui cohabiteraient en paix à l'intérieur de frontières reconnues.

Le Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels et son protocole facultatif ● Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a adopté le Protocole facultatif du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. L'Espagne a participé activement à ce Groupe de travail des amis, qui œuvre depuis 2002 à l'élaboration de ce protocole. Le texte inclut non seulement tous les droits du Pacte, mais aussi des plaintes individuelles, des consultations publiques, une procédure d'enquête et un fonds fiduciaire. Ce proto-


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cole tente de rapprocher la protection des droits économiques, sociaux et culturels de celle des droits civils et politiques. L'étape suivante est son adoption juridique afin qu'il devienne obligatoire et que les groupes ou individus puissent ainsi disposer d'un mécanisme de plainte dans le cadre du Système des Nations Unies, protégeant ces droits, une fois les recours aux instances judiciaires internes épuisés.

L'ambassade d'Espagne à Londres décerne un prix de journalisme ● Le journaliste britannique Graham Keely, né en 1967 et installé à Barcelone depuis 2003, a remporté le premier prix de journalisme « Aliénor de Castille » pour son article « Spanish Eyes », publié dans le journal The Independent. L'ambassade d'Espagne à Londres a décerné pour la première fois ce prix, d'un montant de 2 000 livres sterling, qui récompense le meilleur article publié au Royaume-Uni « contribuant à la communication et à la connaissance mutuelle des peuples britannique et espagnol ». Le nom du prix est lié au personnage d'Aliénor de Castille (1244-1290), sœur d'Alphonse X le Sage et épouse du roi Édouard Ier d'Angleterre. Ce mariage est un exemple historique de la bonne entente entre la Castille et l'Angleterre, à cette époque, et aujourd'hui entre l'Espagne et le Royaume-Uni. Graham Keeley, licencié en Histoire et en Sciences politiques de l'Université de Manchester, a collaboré à de nombreuses publications britanniques.

Casa Asia et Casa África ont évoqué les microfinances pour le développement au CaixaForum ● Sa Majesté la Reine a présidé à l'inauguration, le 4 juin, de la rencontre « Micro-crédits pour le développement : Asie et Afrique », organisée par Casa Asia et Casa África, en étroite collaboration avec l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement

(AECID) et Microbank, la banque sociale de « la Caixa ». Ces journées, qui se sont tenues au siège madrilène de Caixaforum, ont bénéficié de la participation des plus éminents acteurs de la coopération espagnole et d'une représentation des principales institutions asiatiques, africaines et espagnoles consacrées au microfinancement. L'Espagne est le troisième donateur de micro-crédits du monde, après la Banque mondiale et l'Allemagne. Les journées avaient pour thèmes le microfinancement, le développement économique et l'éradication de la pauvreté en Asie et en Afrique ; il a été débattu du rôle que les institutions des pays européens devrait remplir pour atteindre ces objectifs, et ces journées ont également fait office de forum international pour échanger expériences et bonnes pratiques en matière de microfinancement, et ont permis la discussion entre les principales institutions asiatiques, africaines et espagnoles liées à l'application de mécanismes de microfinancement pour le développement économique. Lors de la cérémonie d'inauguration, le banquier et économiste du Bangladesh Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix en 2006 pour son œuvre à la tête de la Banque Grameen, a donné un cours. Yunus est l'un des principaux personnages internationaux à développer le concept du microcrédit et le prix Nobel lui a été décerné « pour ses efforts pour encourager le développement social et économique à partir du bas », de même que le prix Prince des Asturies de la Concorde, en 1998.

Des dirigeants hispanoaméricains des États-Unis à Madrid ● 60 dirigeants hispano-américains des États-Unis sont venus en Espagne du 6 au 8 juin, pour célébrer le Xème anniversaire du programme Jeunes dirigeants hispano-américains, grâce auquel 150 jeunes professionnels nord-américains d'origine hispanique se sont rendus en Espagne depuis 1998, avec le soutien du gouvernement et de diverses institutions espagnoles. L'Association a profité de cette occasion pour organiser sa IIIème Réunion

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à Madrid. L'objectif de cette initiative est de rapprocher la réalité de la communauté hispanique des États-Unis de la société, de l'administration et des moyens de communication espagnols. Parmi les 60 dirigeants hispano-américains venus en Espagne, il y avait le gouverneur de l'État du Nouveau Mexique, Bill Richardson ; la présidente de l'Institut caucus hispanique du Congrès, Esther Aguilera ; le vice-président de la Banque Harris, Ramiro Atristaín-Carrión, et le président de la compagnie d'électricité Liberty Power, David Hernández. Les dirigeants hispano-américains ont rencontré le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Ángel Moratinos, ont visité l'Exposition Internationale de Saragosse et ont participé à plusieurs tables rondes.

Le MAEC organise la rencontre euro-asiatique contre le terrorisme ● Des experts européens et asiatiques de la lutte contre le terrorisme se sont réunis à Madrid en avril dernier, dans le cadre du processus informel de dialogue établi entre l'Europe et l'Asie en 1996, et connu sous le nom d'ASEM d'après son sigle en anglais. L'objectif de cette réunion était de renforcer la coopération anti-terroriste entre l'Asie et l'Europe grâce à l'échange d'expériences. Au cours de la réunion, il a été question de mesures anti-terroristes, de coopération, d'assistance, soutien et solidarité avec les victimes du terrorisme, et de dialogue entre cultures et religions. Grâce à la participation de spécialistes des deux continents, des idées ont été recueillies en vue de la prochaine révision officielle de la Stratégie globale contre le terrorisme des Nations unies, qui aura lieu en septembre. Cette rencontre, organisée cette fois-ci par l'Espagne, se situe dans le prolongement de celles qui ont eu lieu à Pékin (2003), Berlin (2004), Semarang, en Indonésie, (2005), Copenhague (2006) et Tokyo (2007), qui impliquent la mise en pratique du Programme ASEM de coopération de 2002, dont l'Espagne a été co-sponsor.

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Le Président du Gouvernement annonce les priorités de la politique extérieure

● Le Président du Gouvernement a présenté, le 16 juin, les priorités de la politique extérieure espagnole pour les prochaines années, au cours d'une cérémonie organisée par l'Institut royal Elcano, au Musée du Prado. Il a insisté sur son engagement pour les droits de l'homme, la lutte contre la pauvreté et la promotion de la paix. L'objectif est que l'image de l'Espagne soit synonyme de « justice et de solidarité », en harmonie avec les objectifs du millénaire. De fait, lors de cette annonce, le président du gouvernement était accompagné de l'ex-secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. José Luis Rodríguez Zapatero souhaite renforcer la politique extérieure vis-à-vis de l'Afrique et de l'Asie. Pour cela, il effectuera trois tournées sur chacun de ces continents - et la septième au Proche-Orient - et il inaugurera de nouvelles ambassades. En ce qui concerne les zones prioritaires traditionnelles de notre pays, il a affirmé, entre autres, que la présidence espagnole de l'UE en 2010 stimulera les relations avec les États-Unis, et qu'il effectuera des déplacements en Amérique latine à un « rythme soutenu ». Il a également souligné la détermination de l'Espagne à parvenir à une gestion ordonnée de l'immigration et à être en tête dans la lutte contre le changement climatique.

Le ministre se rend en Amérique latine ● Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Ángel Moratinos, s'est rendu récemment au Venezuela et en Colombie, où il a rencontré les présidents des deux pays, Hugo Chávez et Álvaro Uribe, ainsi que ses homologues, Nicolás Maduro et Fernando Aráujo. Au cours de leurs réunions, les responsables de la diplomatie ont analysé des questions relatives à la stabilité régionale et aux relations bilatérales. De plus, Miguel Ángel Moratinos a abordé

avec son collègue colombien la question du développement des négociations entre l'Union Européenne et la Communauté andine. Cette visite du ministre en Amérique latine s'est déroulée quelques semaines après le voyage de cinq jours - accompagné de la secrétaire d'État Trinidad Jiménez - au cours duquel il s'est rendu à Haïti, au Pérou, en Argentine et au Brésil, toujours dans le but de renforcer les relations bilatérales et de favoriser les relations de la région avec l'Union Européenne.

privé supérieurs à 160 milliards d'euros au cours des six prochaines années. Le Mexique est la deuxième puissance économique de la région hispano-américaine, ce à quoi s'ajoutent de bonnes perspectives économiques pour les prochaines années. En outre, les entreprises espagnoles ont l'avantage supplémentaire de la marque Espagne, reconnue et valorisée au Mexique, et d'une langue commune.

● Le Congrès juif latino-américain (CJL) s'est réuni en juin, à Madrid, dans le but de promouvoir l'intégration de cette communauté dans la région. C'est la première fois que ce Congrès se tient en Europe. Concrètement, au siège du secrétariat général hispano-américain (SEGIB), où il a été débattu du présent et de l'avenir des 411 000 Juifs vivant dans 20 pays latino-américains, et de la meilleure manière d'établir des ponts entre les communautés juives de langue espagnole et portugaise.

combattre le terrorisme nucléaire, au Palais des Congrès municipal de Madrid. Les modèles de sécurité nucléaire de chaque pays y ont été exposés. Les objectifs étaient d'améliorer les procédures de contrôle, d'éviter le trafic illicite et d'échanger des procédures afin d'être mieux préparés pour une réponse au niveau international et pour gérer les conséquences d'une attaque avec ce type d'armes. Le gouvernement espagnol avait préparé un exercice simulant une menace nucléaire pour étudier et améliorer l'échange d'information à ce sujet. Au niveau national, plusieurs départements entreraient en jeu, dont les Affaires étrangères, le secrétariat d'État à la Sécurité, les Douanes et le Conseil de sécurité nucléaire. L'initiative globale pour combattre le terrorisme nucléaire a été lancée par le président des États-Unis, George W. Bush, et le président de la Fédération russe, Vladimir Poutine, lors du sommet du G-8 de Saint-Pétersbourg.

Réunion internationale à Madrid contre Le Congrès juif latinoaméricain choisit l'Espagne le terrorisme nucléaire ● L'Espagne a accueilli en juin la IVème pour se réunir en Europe Réunion plénière de l'initiative globale pour

Le forum d'entreprises hispano-mexicain génère des opportunités commerciales ● Le forum des investissements et de la coopération d'entreprises hispano-mexicain ouvrira ses portes le 30 juin prochain dans la capitale du pays aztèque pour faciliter l'identification des opportunités d'investissement et de coopération d'entreprises, ainsi que des partenaires potentiels au Mexique pour les entreprises espagnoles. La rencontre a lieu peu de temps après la visite d'État du président Felipe Calderón en Espagne, au cours de laquelle il a invité les entreprises espagnoles à rejoindre le nouveau Plan national d'infrastructures, récemment lancé par le gouvernement mexicain, qui prévoit des investissements du secteur public et

Ángel Lossada, secrétaire d'État aux Affaires étrangères lors de la réunion à Madrid.


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comparution du maec devant la commission des affaires étrang è res du congr è s

Dix points pour le consensus en politique extérieure et coopération

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Ratification Traité de Lisbonne, présidence espagnole de l'UE. Sur la scène européenne, l'Espagne doit ratifier le Traité de Lisbonne et préparer les objectifs et les priorités de la présidence espagnole de l'Union, prévue pour le premier semestre de 2010. Nous devons construire une Europe plus efficace, présente et solidaire dans le monde, mieux articulée dans le domaine politique, et plus prospère et soudée sur le plan social.

2 SDgr

Politique d'immigration commune et intégrale. Parmi les objectifs européens figure la consolidation d'une politique d'immigration commune et intégrale, s'articulant autour de la décision de l'ensemble des pays membres et affrontant ce défi qui n'affecte pas seulement l'espace méditerranéen.

3 SDgr

0,7% aide officielle au développement, encouragement au cycle de Doha. Nous pouvons diriger la lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde et consacrer 0,7% de notre revenu national brut à l'aide officielle au développement ; de même que

la coresponsabilité exige que nous dynamisions les négociations du cycle de Doha afin qu'elles aient un effet efficace sur le développement mondial, et qu'elles garantissent des normes sociales, la protection de l'environnement et la durabilité du milieu rural.

4 SDgr

Multilatéralisme et réforme des Nations Unies. L'Espagne, en tant qu'acteur européen, doit s'engager avec détermination pour les réformes du multilatéralisme, ce qui exige de notre part une plus grande implication dans l'actualisation des relations internationales, et de leurs mécanismes et institutions. Les processus de réformes des Nations Unies, la modernisation des organismes multilatéraux et du système financier international seront soutenus.

5 SDgr

Opérations de paix des Nations Unies et politique européenne de sécurité et de défense. Nous contribuerons, à la fois dans le domaine civil et militaire, à la stabilité internationale dans des opérations de paix directement organisées par les Nations unies, et nous favoriserons une véritable politique européenne de sécurité et de défense qui contribuera à la préservation de la paix et

à la sécurité internationale, conformément à la Charte des Nations Unies.

6 SDgr

Méditerranée, Processus de Barcelone, Union pour la Méditerranée. Notre vocation extérieure nous amène à consolider une zone euro-méditerranéenne comme espace de paix, de prospérité et de progrès grâce au développement du Processus de Barcelone, qui s'inscrit dans la proposition de l'Union pour la Méditerranée.

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Proche-Orient, Maghreb, Sahara occidental. Nous apporterons notre soutien politique et diplomatique pour parvenir à une paix visible et durable au Proche-Orient, ainsi qu'une collaboration efficace pour créer un Zagreb uni, et des solutions de dialogue et de consensus pour résoudre définitivement le contentieux du Sahara occidental, grâce à un accord juste, respectant le principe d'autodétermination dans le cadre des Nations Unies.

8SDgr

Amérique latine, Communauté Latino-américaine des Nations, processus de réformes à Cuba. L'approfondissement des relations entre l'Union Européenne et l'Amérique latine est un objectif qui stimulera la consolidation de la Communauté latino-américaine des Nations, qui se concrétisera par le soutien du secrétariat général latino-américain, la réalisation

des accords adoptés lors du Sommet de Santiago du Chili et la préparation des prochains Sommets, comme espace de rencontre et de concertation. En outre, les processus d'intégration régionale et sous-régionale seront accompagnés, le processus de réformes ouvert à Cuba sera soutenu à travers le respect mutuel et le dialogue constructif, et la commémoration des bicentenaires des Républiques d'Amérique latine sera favorisée en tant qu'opportunités de donner un nouvel élan aux relations politiques, sociales, économiques, culturelles et scientifiques en Amérique latine.

9SDgr

Environnement, énergie. Les accords internationaux et les actions bilatérales et multilatérales seront favorisés en matière de lutte contre le changement climatique en incitant à une politique environnementale de dimension européenne et à une politique commune pour la durabilité énergétique, fondée sur la sécurité de l'approvisionnement, la solidarité et la diversification des sources d'énergies renouvelables dans l'Union Européenne.

10SDgr

Action et service extérieur de l'État. L'aménagement légal de la politique et de l'action extérieure de l'État, qui prévoit des aspects de planification et de coordination des différents acteurs intervenant dans les relations internationales, ainsi que la modernisation et le renforcement du service extérieur seront abordés.


 l'Espagne à l'étranger Constitué de dix provinces et trois territoires, gouverné comme une monarchie constitutionnelle, le Canada est le deuxième pays le plus étendu au monde. Bien que séparés par la distance physique et par la diversité de leurs trajectoires historiques, le Canada et l'Espagne appartiennent au même tronc culturel et partagent les mêmes valeurs sociales et politiques.

LE CANADA le plus grand pays d'Amérique TEXTE : miradas al exterior. PHOTOS : archives

● Le nom de Canada vient du mot iroquois stadaconé, qui veut dire village, colonie ou ensemble de cabanes, et faisait initialement référence à une colonie située à l'emplacement de l'actuelle ville de Québec. L'explorateur français Jacques Cartier fut le premier à utiliser le mot Canada pour faire allusion non seulement à Stadacona, mais aussi aux autres colonies indigènes autour

du fleuve Saint-Laurent et de sa région, du moins depuis 1534. Dix ans plus tard, les livres et cartes dressées par les premiers explorateurs européens commencèrent à appeler cette région Canada. Cependant, la tradition indigène soutient que les premières nations vivaient sur le territoire canadien depuis très longtemps déjà. Et certaines études archéologiques confirment la présence de l'homme dans la zone nord du fleuve Yukon, il y a 26 500 ans, et au sud de

l'Ontario il y a 9 500 ans. En 1497, le navigateur italien Giovanni Caboto explora la côte atlantique au service de l'Angleterre, réclamant l'île de Terre-Neuve pour la Couronne. De son côté, Jacques Cartier explorait en 1534 le golfe du SaintLaurent, réclamant des territoires canadiens au nom de la France. Les Français colonisèrent la province de la Nouvelle-France en 1663 après avoir fondé Québec (1608) et Montréal (1642). La concurrence pour


ambassade d'espagne au

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Canada ● l'Espagne à l'extérieur

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> Données sur le CanaDa Capitale : Ottawa Superficie : 9 970 610 km2 Population : 31 612 897 (recensement 2006) Monnaie : Dollar canadien Langues : anglais (première langue officielle 73 %), français (première langue officielle 23,6 %), inuktitut (officielle sur les territoires arctiques). Densité hab/km² : 3,5 (2005) Population urbaine (% total) : 81 (2005)

À gauche : Bâtiment abritant le Parlement du Canada. En haut : photographies de l'Ambassade d'Espagne à Ottawa.

les territoires, les bases navales, le commerce des peaux et la pêche devenait de plus en plus acharnée, créant des conflits entre Français, Néerlandais et Britanniques et les tribus amérindiennes alliées. Il y eut quatre guerres franco-iroquoises entre 1689 et 1763 pour la souveraineté de Terre-Neuve. En avril 1713, fut signé le Traité d'Utrecht qui établissait un accord territorial entre la France et la Grande-Bretagne. La paix fut maintenue jusqu'en 1744,

Taux de Fécondité : 1,61 (2005) Taux brut de mortalité infantile (1/1000) : 5 (2005) Espérance de vie : 80,7 ans (2005) Croissance de la population (% annuel) : 1,1 Taux d'analphabétisme : 0,1% (2005) Habitants par médecin : 476 (2004) Dépense en santé % PNB : 9 (1997.2004) IDH (valeur numérique/nº rang mondial 2006) : 0,950/6 Revenu national brut par habitant en ppa dollars : 35.494

lorsque les Britanniques envahirent louisbourg. En 1763, les Britanniques s'emparèrent de la Nouvelle-France, obligeant les soldats français à quitter le Québec. l'acte de l'Amérique du Nord Britannique (BNA) de 1867 proclama le Dominion du Canada. Le BNA établit un système de gouvernement parlementaire sous l'autorité de la couronne Britannique. le canada fut proclamé dominion autonome au sein de l'empire britannique en décembre 1931 : le souverain devint monarque du canada, uniquement conseillé dans ce rôle par le Parlement canadien, le Parlement britannique cessant dont d'exercer son autorité sur le canada même si les décisions juridiques fondamentales étaient encore prises au Royaume-Uni. Finalement, le canada obtint son autonomie constitutionnelle avec le rapatriement de la Constitution en 1982. actuellement, le canada appartient tant à la Francophonie qu'au commonwealth des Nations. C'est officiellement un pays bilingue, la langue française étant largement répandue dans les provinces orientales du Québec et du Nouveau-Brunswick, en Ontario oriental et dans des communautés spécifiques le long de sa partie occidentale. Économiquement, le canada est une nation industrielle et technologique avancée, largement autosuffisante en énergie grâce à ses réserves étendues de combustibles fossiles, sa production d'énergie nucléaire et d'énergie hydraulique. Son économie est traditionnellement fondée sur l'abondance de ressources naturelles et sur le commerce, en particulier avec les États-Unis. avec sa richesse en ressources naturelles, sa main d'œuvre qualifiée et son environnement patronal moderne, le canada jouit de perspectives économiques solides.

l'Espagne et le Canada sont deux pays très orientés vers l'extérieur, qui défendent les valeurs démocratiques et la sécurité mondiale dans un cadre de coopération internationale. sur le plan international, le canada est un pays qui jouit d'un important prestige de par sa participation active aux différents forums et organisations multilatérales et ses contributions à la stabilité géopolitique mondiale. sa politique extérieure est marquée aujourd'hui encore par le legs de lester B. Pearson, diplomate canadien qui dirigea le département des affaires étrangères entre 1946 et 1957 et fut Premier ministre entre 1963 et 1968. Durant cette période, Pearson fit du Canada un pays défenseur du multilatéralisme et de la voie diplomatique pour la résolution des conflits.

● Relations entre le Canada et l'Espagne. Bien que la distance et la divergence de leurs trajectoires historiques aient séparé l'Espagne et le Canada, les deux pays font partie du même tronc culturel occidental et partagent essentiellement les mêmes valeurs sociales et politiques. cependant les contacts historiques n'ont pas manqué, certains d'entre eux s'étant prolongés pendant de nombreuses années. les pêcheurs espagnols, en particulier les Galiciens et les Basques, fréquentèrent dès le Xvie siècle les eaux et les rivières des provinces maritimes du canada et s'aventurèrent même dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent. Plus tard, les côtes occidentales du canada


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miradas al exterior ambassade d'Espagne au

Canada ● l'Espagne à l'extérieur

Les ressources naturelles et le tourisme sont des actifs de premier plan dans l'économie du Canada.

firent l'objet d'exploration par des marins espagnols qui parvinrent jusqu'aux côtes de l'actuelle Colombie-Britannique, où sont encore conservés des noms et souvenirs de ces navigateurs. Au XXe siècle, le Canada établissait sa représentation à Madrid en 1953, suite à la levée de la recommandation des Nations Unies qui, depuis 1946, demandait instamment la rupture des relations diplomatiques avec le régime espagnol. Le gouvernement canadien avait toutefois conservé pendant cette période un représentant commercial à Madrid. Aujourd'hui, l'Espagne et le Canada sont deux pays fortement tournés vers l'extérieur, qui défendent les valeurs démocratiques et la sécurité mondiale dans un cadre de coopération internationale. Ils collaborent étroitement dans la lutte internationale contre le terrorisme ; ils sont engagés dans la reconstruction de pays, comme l'Afghanistan ; ils ont été de fervents défenseurs de l'interdiction des mines antipersonnel et de la création de la Cour Pénale Internationale, et sont d'excellents associés sur le plan multilatéral, collaborant au sein des Nations-Unies, de l'Alliance Atlantique, de l'OCDE et de l'OMC. Ils partagent également un même intérêt pour le développement de leurs relations avec l'Amérique latine. D'autre part, l'Espagne et le Canada entretiennent d'excellentes relations culturelles et académiques. L'Espagne s'intéresse au caractère innovateur et original de l'art et de la culture canadiens et à la diversité culturelle et sociale du pays. Les questions concernant les nationalismes, le multilinguisme ou l'immigration sont l'objet d'étude dans les universités et dans les instituts de recherches espagnols. Les relations économiques bilatérales

ont augmenté de façon remarquable au cours des dernières années et présentent actuellement un grand potentiel de croissance. L'Espagne et le Canada entretiennent une étroite collaboration dans le domaine de la science et la technologie, qui donne lieu à des initiatives conjointes de grand intérêt stratégique. Les deux pays coopèrent de manière étroite et productive en matière de pêche et leurs Administrations entretiennent de fréquents contacts afin de favoriser les initiatives destinées à réaliser l'objectif commun de conservation des populations de pêcheurs et des écosystèmes marins. La valeur du commerce bilatéral a progressivement augmenté au cours de ces dix dernières années. En 2006, elle a atteint 1,816 milliard d'euros. Les exportations canadiennes en Espagne représentaient un montant de 833 millions d'euros en 2006. Actuellement, les exportations du secteur aéronautique, de produits agroalimentaires et de télécommunications sont en pleine croissance. Les exportations de l'Espagne au Canada en 2006 s'élèvent à 983 millions d'euros. Les principales exportations ont été des machines électriques, du fer et de l'acier, des chaussures, des véhicules, du combustible minéral et des produits si-

Les deux pays coopèrent en matière de pêche et leurs Administrations favorisent des initiatives destinées à réaliser l'objectif commun de conservation des populations de pêcheurs et des écosystèmes marins

dérurgiques. L'investissement direct canadien en Espagne s'élevait en 2006 à 2 155 millions d'euros, une augmentation de 19 % par rapport à l'année précédente. Cette donnée confirme la tendance de croissance continue de l'investissement canadien en Espagne, dont le chiffre a été multiplié par quatre ces cinq dernières années. Quarante-cinq entreprises canadiennes environ ont actuellement des investissements ou une présence commerciale en Espagne. L'investissement canadien en Espagne se concentre sur le secteur énergétique et minier, les technologies de l'information, le transport, l'impression, l'emballage et les services. Selon une étude du Club des Exportateurs et Investisseurs, le Canada est la destination d'investissement la plus valorisée par les entreprises espagnoles en dehors de l'UE. Au cours de ces dernières années, d'importants projets d'investissement espagnol au Canada ont été mis en œuvre dans les secteurs du transport et des communications, de la production d'énergies renouvelables, du gaz, de l'industrie chimique et des technologies de l'information. En définitive, l'Espagne et le Canada sont deux pays engagés dans une relation de coopération active, fondée sur des intérêts communs dans le domaine international, des échanges bilatéraux au niveau politique et économique et la collaboration pour la sécurité, les sciences, les relations académiques et culturelles. Soulignons également le dynamisme des échanges au niveau régional. C'est la raison pour laquelle nous pouvons affirmer qu'il y a de fortes raisons de considérer que la collaboration bilatérale peut et doit porter des fruits très significatifs à l'avenir.



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miradas al exterior

notre économie à l'étranger

● l'Espagne à l'étranger

Indra, entreprise espagnole d'électronique civile et militaire et de services informatiques, est une multinationale des Technologies de l'Information, numéro un en Espagne, et l'une des principales compagnies d'Europe et d'Amérique latine. C'est la deuxième compagnie européenne de son secteur par capitalisation boursière et l'une des trois entreprises espagnoles qui investit le plus en R&D. En 2007, ses ventes ont dépassé les 2 167 millions d'euros, dont un tiers pour le marché international. Actuellement, elle fait travailler plus de 23 000 personnes et ses clients sont répartis à travers plus de 82 pays. L'une de ses principales références est qu'un tiers du trafic aérien mondial est géré par des pays utilisant les systèmes développés par Indra. De même que quelques-uns des principaux métros du monde - Madrid, Paris, Shanghai - utilisent les systèmes modernes de billetterie développés par la compagnie.

INDra leader mondial

de la technologie


notre économie à l'étranger

TEXTE : miradas al exterior. PHOTOS : archives

● L'offre d'Indra s'adresse à des compagnies du secteur de l'énergie et de l'industrie, des télécommunications et moyens de communication, à des établissements financiers et des compagnies d'assurances, aux Administrations publiques et au secteur de la Santé, au transport et au trafic, et au secteur de la Défense et des Forces de Sécurité. Au fil des ans, Indra a développé une profonde connaissance du secteur et a établi des liens solides avec ses clients. Ces connaissances, unies à la technologie la plus avancée, permettent à la compagnie de créer une offre différen-

tielle qui potentialise le développement de solutions propres pour chaque segment de marché. Ainsi, Indra présente-t-elle une offre complète et précieuse comprenant le cabinet-conseil, le développement de projets et l'intégration de systèmes et d'applications, en passant par la soustraitance de systèmes d'information et de processus de marchés. Indra représente une référence remarquable dans les marchés sur lesquels elle opère, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Avec des références dans plus de 80 pays sur les cinq continents, environ un tiers de ses revenus annuels proviennent des marchés internationaux. S'il fallait énumérer les principales références de l'entreprise, avec son offre

miradas al exterior

● l'Espagne à l'étranger

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intégrale, il faudrait souligner qu'un tiers du trafic aérien mondial est géré par des pays utilisant les systèmes développés par Indra ; que quelques-uns des principaux métros du monde, comme ceux de Madrid, Barcelone, Paris, Shangai, Athènes ou Santiago du Chili, utilisent les systèmes modernes de billetterie développés par la compagnie ; que les pays qui ont fait confiance à Indra pour leurs processus électoraux sont nombreux ; que le réseau de défense aérienne de l'État espagnol est développé avec la technologie d'Indra, ou que les simulateurs de vol développés par cette société ont été qualifiés de meilleurs du monde par leurs utilisateurs. Mais aussi que quelques-unes des plus grandes entreprises font confiance à Indra pour leurs processus de développement, d'intégration et de cabinet-conseil, et que plus de 120 compagnies de services ont implanté les solutions technologiques apportées par l'entreprise espagnole.


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notre économie à l'étranger

● l'Espagne à l'étranger

● Histoire de l'entreprise. Actuellement, Indra est la compagnie espagnole de référence en Technologies de l'Information. Pour parvenir à ce point, l'entreprise à vécu plusieurs événements marquants qui ont façonné son histoire, parallèle au développement technologique de l'Espagne. L'origine des activités d'Indra remonte à 1921, quand fut créée à Aranjuez la première des entreprises qui donnerait lieu à la configuration, en 1993, de l'actuelle Indra. Cette année-là, Indra absorbait un vaste groupe d'entreprises, du secteur public comme du secteur privé, qui concentraient une grande partie de l'offre espagnole dans le domaine des Technologies de l'Information. Entre 1996 et 1999, Indra a développé son processus de consolidation et de croissance, en s'assurant une position dominante sur le marché espagnol, avec une présence internationale attractive, qui culmina avec sa sortie en bourse, en mars 1999. Entre 2000 et 2005, Indra a connu une forte croissance, supérieure à la moyenne du secteur, grâce à un modèle d'entreprise différentiel et à une plus forte présence sur les marchés internationaux, soutenue par la création de filiales dans des pays comme les États-Unis, la Chine, le Portugal ou le Brésil. En 2006, Indra a absorbé avec succès les entreprises Azertia et Soluziona. ● Chiffres principaux. Pendant l'année 2007, Indra a conservé son profil de compagnie à forte croissance, comme les années précédentes. Ainsi, au cours des cinq dernières années, la croissance moyenne de son chiffre de ventes a été de 10 %, bien supérieur à celui de l'industrie et de ses principaux concurrents. L'augmentation du nombre de contrats a été supérieure à celle des ventes, ce qui a permis d'accroître significativement le porte-feuille, qui s'élevait à 2,242 milliards d'euros fin 2007. La compagnie jouit actuellement d'une situation financière saine. Indra a aussi vu son capital humain croître en proportion de son expansion stratégique et géographique. À la clôture de l'exercice 2007, la compagnie employait

Le train de banlieue de Paris utilise la technologie de l'entreprise espagnole.

ACTIONNARIAT D'INDRA Reste Unión Fenosa Caja Madrid Casa Grande de Cartagena CajAstur

59,49% 15% 14,83% 5,68% 5%

23 482 personnes, 22 % du personnel de la compagnie intervenant sur le marché international.

● Dernières données. Indra a clos le premier trimestre de l'exercice 2008 avec un résultat net de 42,4 millions d'euros, ce qui représente une augmentation de 25 % par rapport à la même période de l'année précédente ; les ventes se sont élevées à 581,7 millions d'euros, soit 11 % de plus, et le Résultat d'Exploitation (EBIT) s'est accrû de 25 %, atteignant 62,7 millions d'euros. L'évolution de la signature de contrats a augmenté et s'élève à 837,8 millions d'euros, soit 12 % de plus que

La présence d'Indra sur le marché extérieur est très forte dans des pays comme les États-Unis, la Chine, le Portugal ou le Brésil

l'année précédente et de 44 % supérieur au chiffre des ventes de la même période. La marge d'exploitation sur les ventes (EBIT/Ventes) a été de 10,8 %, ce qui implique une croissance très appréciable par rapport aux chiffres du premier trimestre de 2007, qui se situait à 9,6 %, en partie en raison des frais d'absorption d'Azertia et Soluziona encourus au cours de l'exercice passé. La marge brute d'autofinancement générée pendant cette période a évolué de façon très positive, avec une croissance de 22 %. 73 % des ventes proviennent de la section des solutions et 27 % de la section des services, cette dernière ayant enregistré une croissance de 20 % au cours du premier trimestre de l'année. Par zones géographiques, le marché international a connu une croissance de 15 % et le marché national de 10 %. Quant à l'activité par marchés verticaux, dans une évolution générale favorable, soulignons la croissance du marché des Administrations publiques et du secteur de la Santé (+ 20 %) et du marché de la finance et des assurances (+ 16 %). Le processus de modernisation entamés par les administrations, conjointement avec les processus électoraux de ce premier trimestre, explique l'importante augmentation du premier segment, tandis que le niveau élevé d'investissement des établissements financiers espagnols, tant sur le marché national qu'international, constituent la base du second.


notre économie à l'étranger

Témoignage en direct

Regino Moranchel conseiller délégué d'Indra

Notre objectif est de devenir une entreprise intégrale ❖ Indra est la multinationale des Tecnologies de l'Information numéro 1 en Espagne et l'une des principales d'Europe et d'Amérique latine. C'est la deuxième compagnie européenne de son secteur par capitalisation boursière et l'une des trois entreprises espagnoles qui investit le plus en R&D. En 2007, ses ventes s'élevaient à 2 167 M€. Elle fait travailler plus de 24 000 personnes et intervient dans plus de 90 pays. ❖ Indra est un projet d'entreprise au long parcours, conçu et développé avec espoir et ambition. L'objectif que nous nous sommes fixé, devenir une entreprise intégrale, nous a conduits à développer et consolider une compagnie capable de concourir n'importe où dans le monde, nous avons donc dû développer à la fois une offre différentielle de premier plan, très compétitive, la force commerciale nécessaire et une capacité d'exécution et de livraison des projets dans des environnements divers et complexes. Aujourd'hui, nous sommes devenus une multinationale de premier plan dans notre secteur, avec une forte présence dans toutes les régions économiques importantes et avec un haut potentiel d'avenir. ❖ L'innovation est la base du marché d'Indra, et c'est aussi l'axe de notre responsabilité en tant que compagnie, et également la clé de la différenciation de notre offre de solutions et services. Notre engagement pour l'innovation nous a conduits à investir plus de 680 millions d'euros en R&D&I depuis l'an 2000. De plus, la nature de notre entreprise, avec son offre intégrale, nous oblige à orienter notre innovation vers l'identification et le développement de solutions d'entreprise pour nos clients, en allant au-delà des

solutions purement technologiques. ❖ Une grande partie de l'activité d'innovation d'Indra est liée à des projets concrets, avec une nette orientation vers la résolution des exigences technologiques émergentes du marché, c'est-à-dire, de l'utilisateur final ; mais la compagnie innove aussi dans ses propres processus de gestion internes. Preuve en est le réseau de Software Labs, tant en Espagne (Madrid, Malaga, Ciudad Real, Gérone, Lérida, Badajoz, Salamanque, La Corogne), que sur le plan international (Argentine,

Notre engagement auprès de l'innovation nous a conduits à investir plus de 680 millions d'euros depuis l'an 2000 Panama, Slovaquie et Philippines), qui fonctionnent comme une usine virtuelle 24 heures sur 24, durant toute l'année. En outre, chez Indra, nous avons fait de cette vision de l'innovation la base de la durabilité économique de la compagnie et la clé de notre gestion sociale et environnementale durable. C'est pour cette raison qu'Indra continuera de travailler sur le développement de solutions et de services qui répondent aux nouveaux défis de nos clients, en unissant et en additionnant les capacités et les compétences de toute notre organisation. ❖ L'offre d'Indra est fondée sur l'innovation et la création de valeur et s'adresse aussi bien au secteur public qu'au secteur privé dans leurs multiples domaines d'activité : administrations publiques, domaine

miradas al exterior

● l'Espagne à l'étranger

de la santé, secteur de la défense et de la sécurité, compagnies de télécommunications et de médias, d'énergie et de services, de transport et de trafic, d'industrie et de commerce, établissements financiers et compagnies d'assurances. C'est une entreprise proposant une offre intégrale. ❖ S'il fallait énumérer ses principaux apports, il faudrait expliquer qu'un tiers du trafic aérien mondial est géré par des pays utilisant les systèmes développés par Indra pour la gestion du trafic aérien et que quelques-uns des principaux métros du monde, comme ceux de Madrid, Barcelone, Paris, Shangai, Athènes ou Santiago du Chili, entre autres, utilisent les systèmes modernes de billetterie développés par la compagnie. Quelquesunes des plus grandes entreprises du marché font également confiance à Indra pour leurs processus de développement, d'intégration ou de cabinet-conseil, ainsi que de délocalisation. Plus de 120 compagnies de services ont implanté ses solutions technologiques. Soulignons également qu'elle a participé à plus de 200 processus électoraux dans le monde entier et, dominant le panorama espagnol en matière de santé numérique, Indra a développé des projets innovateurs d'imagerie numérique et de diagnostic ; en réalité, actuellement, les systèmes de gestion sanitaire implantés par Indra concernent les 2/3 de la population espagnole. Enfin, signalons que le réseau de défense aérienne de l'État espagnol est développé avec la technologie d'Indra et que quelques-uns des simulateurs de vol développés par Indra ont été qualifiés de meilleurs du monde par leurs utilisateurs. ❖ Grâce à tout cela, Indra est aujourd'hui une compagnie intégrale, avec plus de 5 000 employés dans nos installations et nos filiales hors de l'Espagne, et pour laquelle les échanges internationaux représentent un tiers des ventes. En nous appuyant sur la forte croissance et la haute compétitivité de nos solutions et services, l'expansion internationale représente notre plus grand défi, un objectif auquel nous consacrons non seulement nos connaissances professionnelles et technologiques, mais aussi nos rêves.

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 connaître l'Espagne

Le succès des trains à grande vitesse est phénoménal. Avec l'entrée en service de trois nouvelles lignes, l'Espagne dispose de plus de 1 500 kilomètres de lignes à grande vitesse, réseau qui bénéficie aux 19 millions de personnes vivant dans les provinces ayant un accès à l'Ave. En outre, 11 millions d'usagers peuvent utiliser des trains à haute performance, adaptables aux voies traditionnelles et à l'écartement européen, ce qui implique une réduction notable de la durée des trajets.

Espagne

réduit les distances grâce à la grande vitesse TEXTE : miradas al exterior. PHOTOS : efe

● Ces avant-premières, aboutissement de projets ingénieux, avec des ouvrages d'art tels le tunnel de Guadarrama - ses 28 kilomètres représentent une réelle prouesse -, concrétisent le pari de l'État pour les transports publics et les trains à grande vitesse, infrastructure pour laquelle l'Espagne sert de modèle à de nombreux pays.

À cet égard, les plans du ministère des Travaux publics sont très ambitieux : en 2010, l'Espagne sera le premier pays du monde, en nombre de lignes à grande vitesse (2 200 kilomètres), et en 2020, ce service couvrira l'ensemble du territoire national : 90 pour cent des citoyens résideront à moins de 50 kilomètres d'une gare Ave.

● Plan Stratégique d'Infrastructures et de Transports. L'inauguration de ces

trois nouvelles lignes à grande vitesse n'est toutefois que la première phase d'un ambitieux programme approuvé en 2005 : le Plan Stratégique d'Infrastructures et de Transports (PEIT). Il représente parfaitement notre pari pour un train de qualité comme moyen de transport de l'avenir : compétitif, durable, efficace, il permettra de favoriser le développement économique, la cohésion sociale et la structure territoriale. 48% des investissements prévus


miradas al exterior grande vitesse espagnole

> lignes à grande vitesse

LÉRIDA

BARCELONE

VALLADOLID SÉGOVIE

SARAGOSSE

et qui a le moins d'impact sur la faune et la flore de son environnement imméMADRID diat. Les nombreuses études comparatives sur les autres moyens de transport concluent que les différences quantitaTOLÈDE tives et qualitatives sont très nettement en faveur du train. Les rapports CIUDAD REAL scientifiques prouvent que le train produit moins de gaz nocifs, représente une économie d'énergie par CORDOUE rapport à d'autres options et réduit la pollution sonore. Les statistiques de l'Union internationale des chemins de fer montrent que le coût MALAGA SÉVILLE énergétique des trains à grande vitesse par passager et par kilomètre est 3,5 fois inférieur à celui d'une voiture et jusqu'à 5 dans ce programme pluriannuel et à long fois plus faible que celui d'un avion. terme sont destinés à l'amélioration et au Une ligne à grande vitesse occupe deux développement du réseau ferroviaire. En fois moins de surface qu'une autoroute. Le 2008, le ministère des Travaux publics al- train émet jusqu'à 40 fois moins de CO² que louera au chemin de fer 25% de son bud- les voitures et les camions, et les études get, soit plus de 4,6 milliards d'euros, pour estiment qu'à long terme, l'Ave signifie une que l'Ave poursuive sa course jusqu'à la économie de 85 000 tonnes de gaz à effet ligne d'arrivée fixée en 2020. de serre. Par rapport aux autres sources Le train est le moyen de transport le d'énergie, l'électricité contribue à respecter plus écologique, respectueux du paysage, les engagements de Kyoto et à lutter contre mieux intégré dans les centres urbains le réchauffement climatique.

● connaître l'Espagne

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● La flotte AVE. Cet important programme d'infrastructures ne nous serait guère utile si nous ne disposions pas d'un investissement parallèle dans le matériel roulant. Un examen rapide de l'évolution de la flotte de Renfe au cours des trois dernières années montre des progrès substantiels. Le parc de trains à grande vitesse dont dispose Renfe est passé, des 18 Ave existants entre 1992 et 2005, à 110 trains en 2008. Lorsque les trains commandés seront livrés, Renfe disposera de 231 trains à grande vitesse : 129 à largeur fixe internationale (UIC) et 102 à largeur variable : écartement UIC et ibérique. Le plus ancien des trains Ave à écartement UIC est le train de la série 100, fabriqué par Alstom, mis en circulation en 1992 sur la ligne Madrid-Séville. Il développe une vitesse maximale de 300 km/h. Ces trains sont constitués de 2 motrices et 8 wagons, et leur longueur est de 200 mètres. Ils offrent 329 places assises réparties entre les classes Touriste, Preferente et Club. Le train dispose de 8 moteurs, il est équipé d'un système de freins électriques, d'un système automatique d'immobilisation et de stationnement ainsi que d'un système de freinage pneumatique. Quatorze ans après leur entrée en service, les trains Ave S100 sont arrivés à la moitié de leur durée de vie utile. L'Euromed appartient à cette série de trains à écartement ibérique, permettant


34 miradas al exterior grande vitesse espagnole

● connaître l'Espagne

de circuler dans le couloir Méditerranéen, entre Alicante et Barcelone. Ces trains, de la série S101, seront incorporés à la flotte AVE en 2009, dès qu'ils auront été redessinés et adaptés pour circuler sur les voies à écartement international. Le 26 Février 2005, les trains Ave S102, construits par le consortium TalgoBombardier, sont entrés en service sur la ligne Madrid-Saragosse-Lérida. Cette série comprend 46 véhicules. Ce train peut atteindre une vitesse maximale de 330 km/h. Il dispose d'un système de conduite automatique assistée par des systèmes de signalisation modernes. L'Ave S103 est conçu pour atteindre une vitesse maximale de 350 km/h. Il s'agit de la série la plus rapide circulant sur les voies espagnoles de trains à grande vitesse. Ce train à puissance de traction répartie, où les wagons possèdent leurs propres éléments de traction, permet de disposer de presque toute la longueur du véhicule pour l'espace consacré aux passagers et aux services proposés à bord. Cette caractéristique permet également une utilisation optimale de la capacité de traction, la moitié des essieux étant motorisés.

● Profil du voyageur. Les clients du service Ave présentent un profil précis qui a peu changé depuis son lancement. Les paramètres qui ont le plus évolué concernent les motifs des déplacements et le sexe des passagers, les femmes étant désormais presque aussi nombreuses que les hommes. En 1992, les voyageurs empruntant l'Ave choisissaient ce mode de déplacement dans le cadre de leurs loisirs, actuellement, la moitié des usagers de l'Ave utilisent ce moyen de transport pour des raisons professionnelles, et 29% pour des raisons familiales. ● Quinze ans de grande vitesse en Espagne. L'histoire de la grande vitesse a commencé entre Madrid et Séville, le 21 avril 1992. Ce jour-là, à 7 heures du matin, des gares de Santa Justa, à Séville et de Puerta de Atocha, à Madrid, partaient deux trains que Renfe avait baptisés Ave. En moins de trois heures, à 250 km par heure, ils allaient parcourir les 471 km d'une nouvelle ligne à écartement interna-

Quinze ans séparent ces deux images : le voyage inaugural de l'AVE vers Séville et l'arrivée du premier AVE en gare de Sants, à Barcelone.

tional, reliant Séville à Madrid, l'Andalousie à la Meseta, choisissant un tracé différent du trajet classique passant par le défilé de Despeñaperros. La grande vitesse faisait son entrée dans le système ferroviaire espagnol. Le lancement de l'Ave entre Madrid et Séville allait générer une demande spécifique de la part des villes se trouvant sur son parcours, comme Puertollano et Ciudad Real. C'est ainsi qu'une ligne spécifique, à haute fréquence, a été ouverte pour relier ces villes de La Manche à Madrid. Dans un premier temps, ce service était appelé « Navettes ». Actuellement, il se nomme « Avant ». Le 29 décembre 2004, des trains spécifiquement conçus pour les moyennes distances ont été mis en circulation sur le trajet Séville-Cordoue : les S104 fabriqués par Alstom-CAF, aujourd'hui exclusivement

L'Ave concerne 19 millions de personnes et 11 millions d'usagers supplémentaires bénéficient d'une importante réduction de la durée des trajets

réservés au service « Avant ». Le 15 novembre 2005, a été inauguré le Madrid-Tolède, service à grande vitesse moyenne distance qui connaît un grand succès : Deux millions de personnes ont emprunté cette ligne « Avant » depuis son inauguration. Utilisant l'infrastructure de la ligne Madrid-Séville, les travaux de prolongements entrepris à partir de Cordoue permettront bientôt la liaison entre la capitale et Malaga. En décembre 2006, le tronçon Courdoue-Antequera a été ouvert, réduisant le temps du trajet Madrid-Malaga à 3 heures et 50 minutes. Avec la construction de la ligne la reliant à Madrid, Valladolid est devenue une importante plaque tournante pour la distribution vers le nord-ouest de la péninsule et la côte de Cantabrique. En effet, les trains parviennent jusqu'à Valladolid par la ligne à grande vitesse, puis continuent leur trajet sur les lignes conventionnelles grâce à un changement d'essieux. Le 11 octobre 2003, la ligne MadridLérida, qui associe trains Ave S100 et trains Altaria, a été mise en service, à 175 km/h. Les essais concernant le matériel roulant n'ont commencé qu'en 2004, avec la signature d'un accord entre Renfe et le gérant de l'infrastructure ferroviaire de l'époque, accord qui a donné le signal de départ des essais d'homologation du S102 sur la ligne Madrid-Saragosse-Lérida. Les essais du système de signalisation ERTMS étaient lancés parallèlement. Ce système devait associer les équipements fixes et les équipements embarqués et a permis, dès mai 2006 de porter la vitesse d'exploitation commerciale du S102 à 250 km/h. Les trains S102 circulaient à 250 km/h entre Madrid et Lérida. Dès la midécembre 2006, une nouvelle étape importante était franchie avec l'ouverture du tronçon Lérida-Camp de Tarragone : désormais, l'Ave n'était plus qu'à 100 kilomètres de Barcelone. En Mai 2007, nouvel événement avec l'homologation du système de sécurité ERTMS, qui a permis de porter la vitesse commerciale des trains S102 à 300 km/h. Depuis février 2008, l'Ave relie Madrid à Barcelone en un plus de deux heures et demie seulement.


miradas al exterior grande vitesse espagnole

TÉmoiGNaGE EN dirECT

José salgueiro Carmona président de L'opérAteur renfe

Espagne, leader mondial de la grande vitesse ❖ L'arrivée de la grande vitesse à Barcelone, Malaga et Valladolid grâce aux lignes récemment mises en service, représente l'aboutissement d'un effort considérable en termes de travaux publics et un nouveau succès dans l'histoire du chemin de fer espagnol. Avec l'ouverture de ces nouvelles lignes, plus de 29 millions de personnes ont accès à un transport sûr, rapide, efficace et respectueux de l'environnement. La flexibilité de la flotte de Renfe permet à certains trains de circuler indistinctement sur des voies aux écartements internationaux ou ibériques, grâce à leur système d'essieux à largeur variable. ❖ Cette caractéristique est particulièrement importante pour Valladolid, principal nœud ferroviaire entre le centre de la péninsule et la côte de Cantabrique. Les AVE ne sont pas les seuls à arriver jusqu'à Valladolid. L'arrivée des trains à largeur d'essieux variable, les Alvia, a permis de réduire d'une heure la durée du trajet entre les villes de Gijón, Santander et Bilbao, et le centre de la péninsule. ❖ Mais ces nouveautés ne marquent pas la fin de la route. La construction de nouvelles lignes à grande vitesse se poursuit, et nous pouvons assurer qu'en 2010, l'Espagne sera le premier pays du monde pour les lignes à grande vitesse, avec 2 200 kilomètres de voies. Le pari pour ce moyen de transport permettra d'obtenir une plus grande cohésion, rapprochera les citoyens et les entreprises et donnera un élan aux relations économiques dans de nombreux secteurs. ❖ Pour toutes ces raisons, nous

sommes plus que jamais à l'heure du train. Que dire de la nouvelle liaison entre Madrid et Barcelone, qui permet de se déplacer entre les deux premières villes d'Espagne en un peu plus de deux heures et demie, sans arrêt, confortablement, et de centre ville à centre ville. Le 6 mai, deux mois et demi seulement après l'arrivée des trains Ave dans la capitale catalane, le nombre de passagers transportés par Renfe sur la ligne Madrid-Saragosse-Barcelone a dépassé le

million de voyageurs. 403 000 d'entre eux ont effectué l'itinéraire complet entre les deux capitales, chiffre qui représente une augmentation de 75 pour cent de l'utilisation des trains pour les déplacements entre Madrid et Barcelone. ❖ Des augmentations similaires et même supérieures ont été enregistrées sur les nouvelles lignes à grande vitesse. Dans le cas de la ligne Madrid-Valladolid-Côte Cantabrique, l'augmentation de l'utilisation du train dépasse les 100 pour cent et, dans le cas de la liaison MadridMalaga, elle atteint 89 pour cent. Cela démontre l'excellent accueil fait aux trains à grande vitesse en Espagne, pays dont la superficie justifie parfaitement le

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développement de ce mode de transport rapide, sûr, écologique, fiable et ponctuel. ❖ La ponctualité est l'une des clés du succès. En 2007, l'indice de ponctualité des trains à grande vitesse de Renfe a été de 98,54 pour cent, taux le plus élevé en Europe, et le deuxième du monde après celui des chemins de fer du Japon (Japan Railways). En Europe, Renfe dépasse largement les opérateurs britanniques, allemands ou suisses, et même français, pourtant pionniers de la grande vitesse sur le continent. ❖ La nouvelle étape du chemin de fer espagnol s'est accompagnée d'une refonte de l'offre de Renfe sur les longues distances. Désormais, les clients disposent de différents types de tarifs, selon un système flexible qui a pour but de mettre le train à la portée de tous les citoyens. Cela, associé à un système de réservation de billets par Internet, afin que les voyages en train soient simples et faciles dès l'instant où ils sont envisagés. ❖ Les lignes à grande vitesse ont également permis de créer de nouvelles lignes d'intérêt public : les « Avant », lignes à grande vitesse pour les trajets moyenne distance. Les nouvelles lignes Cordoue-Malaga, Madrid-Ségovie, Lérida-Tarragone-Barcelone ou Saragosse-Huesca se sont ajoutées aux lignes existantes, Madrid-Ciudad Real-Puertollano, Séville-Cordoue et Madrid-Tolède. Ces lignes sont largement empruntées par les voyageurs utilisant fréquemment le train pour leurs déplacements quotidiens, et qui bénéficient d'un système de tarification proposant des prix très abordables grâce à un abonnement flexible. ❖ La grande vitesse ferroviaire en Espagne a commencé en 1992. Depuis lors, les trains de Renfe sont devenus une référence mondiale en termes de qualité, d'efficacité, d'engagement envers le client et de ponctualité. Cette expérience et ce niveau de qualité constituent la meilleure garantie face aux nouveaux défis auxquels nous devront faire face à l'avenir.


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Chemin de saint-JaCques ● connaître l'Espagne

CHEMin dE saintJaCQUEs 1200 ans à marcher ensemble


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Chemin de saint-JaCques ● connaître l'Espagne

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il fut un temps où toutes les routes menaient à saint-Jacques-de-compostelle. Par mer et par terre, depuis le nord, le sud et surtout l'est, par le chemin français, LE chemin. durant douze siècles, des millions de pèlerins venus de tous les coins d'Europe ont partagé un projet commun : parcourir l'ensemble du premier itinéraire culturel du vieux continent, un chemin qui a contribué à forger la conscience européenne. TEXTE : DAVID MERINO. PHOTOS : EfE ET ARcHIVE

● La Route Jacobea a permis la circulation permanente d'idées sur un réseau d'une dimension extraordinaire. En Espagne, son influence se reflète dans la musique, la littérature et l'art. l'ordre de Cluny et ses monastères diffusèrent l'orthodoxie romaine au détriment du rite traditionnel mozarabe, mais ils ont aussi introduit l'art roman, nouveau style paneuropéen. Premier style à s'imposer dans l'ensemble du continent, depuis la chute de l'Empire romain. Goethe a déclaré que « l'Europe s'est faite en allant en pèlerinage à Compostelle ». Un mérite reconnu par le Conseil de l'Europe en 1987, lorsqu'il a proclamé le Chemin « Premier itinéraire Culturel Européen » en tant que « exemple de tolérance, de compréhension mutuelle et de solidarité, et espace pour le dialogue et la consolidation de l'idée de l'Europe ». Cinq ans plus tard, l'Unesco a inscrit le Chemin au Patrimoine mondial de l'Humanité pour « avoir exercé un rôle fondamental dans les échanges culturels entre la péninsule ibérique et le reste de l'Europe. » la route Jacobea a également reçu le Prix Prince des asturies de la Concorde en 2004, en tant que « symbole de la fraternité et de la structuration d'une conscience européenne. » ● De Jaffa a Iria Flavia. la légende de l'Eglise raconte qu'à la mort de Jésus, les apôtres se sont partagé les provinces romaines pour prêcher l'Evangile, l'Hispanie étant échue à Jacques le majeur. Quelques années plus tard, n'ayant pas rencontré de franc succès, il serait rentré en Palestine, où il fut décapité. la légende veut que deux de ses disciples aient transporté sa dépouille à travers la méditerranée, du port de Jaffa à Iria flavia, afin de lui donner une sépulture en Hispanie. En Galice, les bœufs qui tiraient le chariot funéraire s'arrêtèrent dans la forêt de libredón, ce qui fut interprété comme volonté divine désignant le lieu de la sépulture. C'est là que se dresse

aujourd'hui la ville de saint-Jacques-deCompostelle. la capitale galicienne doit son nom au saint et à « campus stellarum » le champ des étoiles, qui fait référence aux circonstances de la découverte de la tombe. au iXème siècle, un ermite aurait vu des étoiles filantes exactement au-dessus de l'endroit où reposaient les reliques de saint Jacques. la région faisait partie des domaines d'alphonse ii, roi des asturies, petit État isolé du reste de la Chrétienté, qui partageait alors la péninsule ibérique avec l'Émirat de Cordoue, en plein essor économique et culturel. la dynastie d'Oviedo profita des pèlerinages à saint-Jacques pour consolider son pouvoir et établir des alliances avec les autres royaumes d'Europe.

● Le Chemin français ou Chemin du Roi Sanche. Vers l'an 1000, outre les asturies, sont apparus d'autres royaumes chrétiens, anciens comtés de la marche hispanique, territoires créés par Charlemagne comme tampons entre son empire et al-andalus. l'un d'eux est devenu le royaume de Najera-Pampelune et son souverain, sanche iii le Grand, se proclama empereur de toutes les Espagnes, en réunissant sous son pouvoir tous les territoires chrétiens de la péninsule. L'influence du roi Sanche lui permit de consolider le Chemin français, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Un chemin qui, dans sa partie espagnole, commence au somport et à roncevaux et traverse Navarre, rioja, Castille, león et Galice pour atteindre la cathédrale de saintJacques. En dehors du Chemin français, la voie la plus fréquentée pour se rendre à saintJacques est le Chemin du Nord, qui arrive en Galice par la côte de Cantabrique. les pèlerins qui arrivaient par mer des îles britanniques empruntaient le Chemin anglais, partant des ports de la province de la Corogne. Pour arriver à saint-Jacques par le sud, les pèlerins disposaient du Chemin portugais et de la route de l'argent.

ProJEt oitokEn Oitoken est un programme conçu par le Gouvernement belge, en 1982, comme alternative à la peine des jeunes prisonniers condamnés pour des délits mineurs. Cette initiative envisage le Chemin Saint-Jacques comme une forme de rééducation et de réinsertion. Plus de 60% des prisonniers qui se sont rendus en Espagne pour parcourir la Route Jacobea ont réussi leur réinsertion sociale après leur libération.

LE PrEmiEr guidE touristiquE dE L'histoirE Le Codex Calixtinus contient les impressions du moine poitevin Aimery Picaud, recueillies durant son pèlerinage à Saint-Jacques, vers 1140, et il est considéré comme le premier guide touristique de l'histoire. Picaud divise le Chemin français en treize étapes et donne les distances entre les villages, les sanctuaires et les monuments qu'il découvre pendant son voyage. Bien que sa description de certains villages de la péninsule soit parfois peu favorable, les moines de Cluny attribuèrent ce guide au pape Calixte II, d'où le nom de l'ouvrage.


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Chemin de saint-JaCques ● connaître l'Espagne

● Qui sont les pèlerins Saint-Jacques? Chaque année, des millions de pèlerins se rendent à saint-Jacques-de-Compostelle, mais quelques centaines de milliers seulement arrivent de la façon traditionnelle : à pied, à cheval ou à bicyclette. En 2007, pour la première fois dans l'histoire récente, plus de la moitié des 114 000 pèlerins qui se sont rendus à saint-Jacques de cette manière étaient des étrangers. les pays européens d'origine de la plupart de ces voyageurs sont l'allemagne, l'italie, la france et le Portugal. les États-Unis et le Canada ont aussi envoyé un remarquable contingent de pèlerins. au total, les pèlerins étaient issus de 122 pays. En ce qui concerne l'Espagne, 55 326 personnes ont entrepris le pèlerinage. la région d'origine des pèlerins la mieux représentée est madrid, suivie par la Catalogne, l'andalousie, Valence et le Pays basque. le Chemin français dispose un vaste réseau de centres d'accueil, gratuits dans leur immense majorité, et choisis par 80% des pèlerins. Pour obtenir un logement, il suffit de montrer sa créanciale, laissez-passer de pèlerin. Ce document est tamponné à chaque étape de la route Jacobea et témoigne du parcours effectué. C'est précisément ce document qui permet d'obtenir, une fois arrivé à saint-Jacques, la « Compostella »

certificat qui, pour les catholiques, est supposée réduire de moitié le séjour de l'âme au purgatoire. s'il s'agit d'une année sainte, l'indulgence est plénière. au moyen Âge, la religion et la politique étaient inextricablement liées et il n'est pas surprenant que le pape Calixte ii, qui a accordé l'année sainte à saint-Jacques, fût l'oncle d'Alphonse VII, roi du León. cette décision signifiait que les pèlerins qui visitaient la tombe de l'apôtre une année où le 25 Juillet, jour de la saint-Jacques, tombait un dimanche, recevaient l'indulgence plénière : remise totale de la peine temporelle due pour les péchés. il s'agissait d'un privilège unique dans la Chrétienté. rome ellemême, Caput mundi, ne célèbre d'année sainte que tous les cinq lustres, c'est-à-dire tous les 25 ans. l'année sainte de saint-Jacques se produit selon une périodicité régulière de 6, 5, 6 et 11 ans. les dernières ont été 1993, 1999 et 2004, et les prochaines seront 2010 et 2021. Ces années-là, le nombre de pèlerins augmente considérablement. En 2004, plus de six millions de personnes se sont rendues à saint-Jacques.

● Terre d'opportunités. durant des siècles, les rois d'aragon, Navarre, Castille et león ont encouragé la création de nou-

velles villes et favorisé foires et marchés. les tarifs douaniers médiévaux témoignent d'un commerce de dimension mondiale, où s'échangeaient épices, huile et tissus d'al-andalus, de flandre, d'angleterre ou de Byzance. ils ordonnèrent également l'entretien des routes et des ponts romains, la construction de nouvelles infrastructures, ainsi que des hôpitaux, des auberges et des édifices administratifs. la nécessité d'infrastructures était telle que l'action des principaux saints que le Chemin nous a légués, santo domingo de la Calzada et san Juan de ortega, était orientée vers la construction de ponts et d'hôpitaux. la prolifération de nouvelles églises était tout aussi spectaculaire. Jusqu'en 1300, un grand nombre d'ermitages, d'églises, de monastères et de cathédrale ont été édifiés. certains chercheurs estiment qu'à l'époque de sa splendeur, entre les Xième et Xiiième siècles, le Chemin accueillait jusqu'à 500 000 pèlerins par an, dans une Europe qui ne comptait pas plus de 60 millions d'habitants. de fait, « les véritables pèlerins », comme l'écrivit dante dans l'un de ses textes, étaient les jacquets, ceux qui empruntaient le Chemin de saint-Jacques. les pèlerins se rendant à rome et à Jérusalem receM E R

LA COROGNE SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE

LUGO

C A N T A B R I Q U E SANTANDER

OVIEDO

BILBAO

PORTOMARÍN PONTEVEDRA VIGO

O CEBREIRO PONFERRADA LEÓN

ORENSE ASTORGA

FRÓMISTA

PALENCIA p o R T U g A l

VALLADOLID

BURGOS


O

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Chemin de saint-JaCques ●

vaient respectivement le nom de romieux et paumiers. de nombreux pèlerins s'installaient en Espagne. maçons, charpentiers, vitriers, mais aussi bouchers, épiciers ou jongleurs. on estime qu'aux alentours de 1200, un quart des habitants de la plupart des villes et villages situés sur le Chemin venait d'audelà des Pyrénées. le Chemin est peuplé de symboles. Certains servent à orienter les pèlerins, comme les flèches jaunes ou les différentes versions de la coquille saint-Jacques sur les chaussées, les bornes et les murs. les marcheurs peuvent se repérer grâce aux indications du Gr 65, route de randonnée qui coïncide avec le tracé du Chemin. la marque du Gr 65 est constituée de deux lignes horizontale, blanc-rouge ou jaune-rouge. au-delà de Compostelle, certains pèlerins empruntent une nouvelle voie après avoir honoré le saint. leur destination est finisterre, l'ancienne « fin du monde connu ». ils y accomplissent un très ancien rite de purification qui consiste en un bain, sur la Costa da morte, après quoi, ils brûlent leurs vêtements et attendent que le soleil plonge dans la mer, longtemps décrite comme « eaux ténébreuses de l'atlantique », pour renaître au matin suivant. Certains pensent que le Chemin de

saint-Jacques est l'héritier d'une tradition largement antérieure au Christianisme. Un périple vers l'ouest correspondant à un développement intérieur, dont les symboles auraient été christianisés par les ordres du Chemin : en particulier ceux de Cluny et du Temple. Certains pensent d'ailleurs que les Templiers disposaient de langages codés et leur attribuent l'invention du jeu de l'oie, sorte de carte codée, ce qui la rendait impossible à interpréter par leurs ennemis. les légendes, les miracles et une histoire pleine d'anecdotes ont fasciné les pèlerins du monde entier. À la fin du XVIème siècle, l'Espagne et l'angleterre étaient des ennemis irréconciliables et Philippe ii venait de subir la défaite de l'invincible armada, avec laquelle il avait tenté d'envahir la Grande-Bretagne. En mesure de rétorsion, 23 navires anglais commandés par sir francis drake partirent de Plymouth en direction des côtes galiciennes et ravagèrent la région de la Corogne Une fois dans Compostelle, le corsaire menaçait de détruire la cathédrale de saint-Jacques et les reliques du saint. mais l'archevêque Juan de sanclemente avait caché le reliquaire abritant les ossements de l'apôtre et emporta son secret dans la tombe. Ce n'est que 300 ans plus tard, en 1879, que le reliquaire fut retrouvé.

> lE CHEMin français dE saint-JaCQUEs SAINT-SÉBASTIEN f R A N C E RONCEVAUX VITORIA PAMPELUNE PUENTE LA REINA

A BURGOS

HUESCA

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 culture et société PhotoEspaña 2008 se réinvente avec plus de photographie, de musique et de projections ● Au mois de juin, a débuté la onzième édition de PhotoEspaña, le plus grand festival de photographie du pays, qui propose 69 expositions, avec des œuvres de plus de 200 artistes de 35 nationalités différentes, que vous pourrez visiter jusqu'au 27 juillet. Pour cette édition, le thème de PHE 2008 sera « Lugar » -« Lieu »-, envisagé dans ses dimensions idéologique, poétique, métaphysique ou simplement géographique. Pour la première fois en Espagne, vous pourrez découvrir « The home », de Bill Brandt, œuvre phare de l'un des grands noms de la photographie britannique. D'autres artistes et créateurs tels Javier Vallhonrat, Florian Maier-Aichen, Roni Horn, David Claerbout, Robert Smithson ou Cristina García Rodero rempliront d'images les rues de Madrid, mais aussi, entre autres, les murs du Musée Reina Sofía et du musée d'Art Contemporain. PhotoEspaña 2008 propose également La Noche de la Fotografía : un marathon photographique, des projections et de la musique dans le quartier de las Letras de la capitale. Vous y trouverez, en outre, ateliers, cours et séminaires, visionnage de portfolios et rencontres sur la photographie. Si l'édition de l'année dernière était tournée vers la France, cette année, c'est au tour du Portugal de participer à l'événement, avec des expositions à Lisbonne et dans l'Algarve.

ou James Cameron, qui ont aussi misé sur les films numériques en trois dimensions. Par ce nouveau système, le spectateur, équipé de lunettes polarisées, transforme les deux images perçues en une image en relief. Contrairement aux systèmes 3D actuels qui sont analogiques et projettent 24 photogrammes par seconde, cette nouvelle méthode, numérique, permet de projeter 144 images par seconde. La maison de production prépare actuellement son quatrième film, Holy night !, premier film numérique en 3D qui sortira en Europe en 2009. Les autres films produits à ce jour par Dygra Films sont « El bosque animado », « El sueño de una noche de San Juan » et « El espíritu del bosque », qui sortira le 5 septembre prochain.

S.M. la Reine Sofía et le Ministre grec de la Culture, Mijalis Liapis lors de l'inauguration de la Casa de la Lengua d'Espagne à Rhodes. EFE

Inauguration à Rhodes de la Maison de la langue Une maison de production d'Espagne espagnole à l'avant-garde ● En présence de Sa Majesté la Reine du cinéma numérique Doña Sofía, le ministre grec de la Culture,

● La maison de production de films d'animation espagnole Dygra Films utilise désormais le dernier système de tournage numérique en 3D, ce qui la place à la pointe des techniques cinématographiques. Elle rejoint ainsi les grands groupes audiovisuels : Dreamworks, Disney, Sony, Warner ou Fox, et des metteurs en scènes comme Steven Spielberg, George Lucas

Mijalis Liapis, a inauguré à Rhodes, après sa restauration, l'ancienne auberge de la langue d'Espagne, des Chevaliers de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, également connue par les Grecs sous le nom de Casa de España. Il s'agit de l'un des bâtiments médiévaux les plus importants de la vieille ville de Rhodes, après le Palais du Grand Maître.

Les travaux de restauration du bâtiment ont été réalisés par le Ministère de la Culture grec, par des architectes et des archéologues de la quatrième section des Antiquités byzantines du Dodécanèse, et ont été en partie financés par des fonds européens. D'après l'historien et chercheur espagnol Daniel Durán Duelt, qui a étudié l'histoire de la maison de la langue d'Espagne, ce bâtiment était, pour les chevaliers espagnols, à la fois point de réunion et centre administratif et social. L'Ordre des Hospitaliers avaient en effet construit à Rhodes des résidences nationales, les « maisons de la langue ». La plus grande était celle d'Espagne. Les chevaliers venaient des prieurés de Catalogne, de Castille-et-Léon, du Portugal, de Navarre, de la Châtellenie d'Amposta et des îles Baléares. Selon le professeur Durán, la restauration est « fidèle, permettant de comprendre et de voir, pour la première fois, comment était conçu ce genre de construction, car c'est la seule qui soit intégralement conservée et qui n'ait pas encore été restaurée ». Autre témoignage de la présence espagnole à Rhodes : la Casa Catalana, située à côté de la synagogue, et construite par des artisans catalans et valenciens. Présents durant plus de trois siècles à Rhodes, les Espagnols ont laissé un important héritage architectural, dont des fortifications et plusieurs bâtiments. De plus, trois maîtres d'origine espagnole, Juan Fernández de Heredia (1376-1396), Antoni de Fluviá (1421-1437) et Pere Ramón Sacosta (1461-1467) se sont distingués par leur œuvre de législation et leurs réformes administratives. Doña Sofía a pu entendre les explications sur l'histoire de cette citadelle, étroitement liée à la mythologie, comme presque tout en Grèce, puis elle a inauguré une plaque commémorative. La cérémonie a été suivie d'un concert du groupe valencien Capella dels Ministrers, qui a interprété de la musique aragonaise datant du XIIIème au XVIème siècle.

«Espagne 1957-2007», un témoignage de l'art espagnol à Palerme ● Jusqu'au 14 septembre, vous pouvez admirer des chefs-d'œuvres de l'art


miradas al exterior actualité

contemporain espagnol au Palais Sant’Elia de Palerme. Espagne 1957-2007 est une exposition monumentale qui propose 77 œuvres des plus grands artistes espagnols contemporains, à partir de la naissance du groupe El Paso, en 1957. Vous pourrez voir, entre autres, des œuvres de Picasso, Miró, Dalí, Chillida, Gordillo, Canogar, Barceló, Tàpies, Millares ou de l'Equipo Crónica. L'exposition comprend cinq sections : Donquichottisme tragique, avec des œuvres de Daniel Canogar, Rafael Canogar, Equipo Crónica, Esther Ferrer, Juan Muñoz, Dionisio González, Francisco Leiro, Txomin Badiola ou Jordi Colomer ; le Mysticisme païen réunit Jordi Bernadò, Antonio López, Carlos Pazos et José Suárez ; l'Existentialisme baroque est représenté par Eduardo Arroyo, Miquel Barceló, Carmen Calvo, Dalí, Perejaume, Picasso, Jaume Plensa ou Isidoro Valcárcel ; le Ténébrisme hispanique expose des créations de Millares, Palazuelo, Hernández Pijuan, Manuel Rivera, Saura et Tàpies, et enfin, la section Abstraction symbolique et formelle est illustrée par des œuvres de Chillida, Equipo 57, Luis Gordillo, Miró, Jorge Oteiza, Susana Solano et Juan Uslé.

Façade du Palais Sant'Elia de Palerme qui accueille l'exposition « España 1957-2007 » EFE

Télévision culturelle hispanophone: un pari ambitieux ● La Televisión Educativa y Cultural Iberoamericana, programme de coopération des Sommets latino-américains des Chefs d'État et de Gouvernement, vient de présenter la chaîne Noticias Culturales Ibe-

● culture et société

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Francesc Torres au MACBA ● Pionnier du langage de l'installation, Francesc Torres (Barcelone, 1948) apporte une réflexion critique sur les diverses manifestations de la culture, la politique, la mémoire et le pouvoir, à travers ses installations multimédia qui lui confèrent une place singulière dans l'art des dernières décennies. La rétrospective présentée jusqu'au 28 septembre au Musée d'Art Contemporain de Barcelone (MACBA) comprend une sélection de travaux réalisés depuis la fin des années soixante, ainsi que des œuvres récentes. Cette exposition montre, en outre, des aspects inédits ou peu connus de son travail comme, par exemple, l'influence de la pratique poétique dans son œuvre et, en particulier, l'importance du dessin et du travail sur l'image qui relie Torres avec le langage de la peinture. L'exposition permet de découvrir un artiste préoccupé par l'image, proche du peintre. Torres apparaît en peintre de l'histoire à travers des thématiques

roamericanas (NCI) à laquelle participent, outre les États-Unis, 22 pays de langue espagnole et portugaise. La programmation de NCI comprend des journaux télévisés quotidiens qui reflètent l'activité culturelle et éducative de l'Amérique latine, et environ quinze programmes thématiques (coopération, créativité, science, opinion, cinéma, théâtre, danse, musique, littérature et débats), présentés du point de vue des créa-

constantes dans son vocabulaire : la machine, la vitesse qui efface le paysage, la sculpture préhistorique. Avec les images, à travers les associations d'objets, Torres synthétise le vocabulaire qu'il a mis en place dans ses installations et ses travaux de sculpture. l'artiste que nous découvrons ici est profondément soucieux des qualités physiques des œuvres : les tonalités de couleur, les méthodes de constitution de l'image et les liens matériels avec certaines traditions artistiques. Le titre de l'exposition donne une information très claire sur la position de l'artiste après sa longue trajectoire. Torres associe l'expérience familiale de la résistance au fascisme et à la dictature de Franco au problème de la mémoire collective et au rôle essentiel de la guerre comme expression de l'affrontement entre idéologies, à la vitesse comme élément important de la bataille ou à la compétition comme sublimation de l'inimitié en temps de paix.

teurs et tournés vers les citoyens, c'est-à-dire une programmation « des gens, pour les gens ». NCI-Noticias Culturales Iberoamericanas peut être vue partout dans le monde à travers le portail Internet du programme TEIb, elle est mondialement transmise par la chaîne internationale de Televisión Española (TVE), diffusée en Amérique latine par plusieurs partenaires et aux États-Unis par HITN-TV de New York.


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● culture et société

«Primavera española» au Musée des Beaux-Arts de Boston ● Le Musée des Beaux-Arts de Boston (MFA) accueille jusqu'au 27 juillet deux expositions qui illustrent la richesse artistique de l'Espagne. De El Greco à Velázquez : l'art du règne de Philippe III, à travers les œuvres des grands maîtres espagnols du XVIIème, et la première rétrospective consacrée par un musée nord-américain au peintre contemporain réaliste López García. Ces deux expositions sont organisées par le MFA, en collaboration avec la Société d' État pour l'Action extérieure de l'Espagne (SEACEX). De El Greco à Velázquez présente 60 peintures et sculptures, dont onze œuvres de El Greco et sept de Velázquez. L'exposition présente des chefs-d'œuvres majeurs issus de collections privées, de musées nord-américains et européens et de la collection du MFA, tels que le Portrait de Fray Hortensio Félix Paravacino (1609) de El Greco et celui de Luís de Góngora y Argote (1622) par Velázquez. La rétrospective consacrée à Antonio López (Tomelloso, Ciudad Real, 1936) expose 55 œuvres réunissant peintures, sculptures et dessins issus de collections privées et de différents musées et institutions internationaux, et offre un aperçu de son travail artistique à travers trois des thèmes essentiels traités par le peintre : paysage, nature morte et portrait.

«Iberoamérica: la mirada urgente» : 25 ans de témoignages ● Une trentaine de photographies marquantes, caractérisées par leur intensité dramatique et leur valeur de dénonciation, composent cette exposition qui rend hommage au courage des photojournalistes. L'exposition « Iberoamérica : la mirada urgente » expose les images qui ont été récompensées au cours des 25 années d'existence du Prix international de Journalisme Rey de España. Ces prix ont permis à l'Agence Efe et à la Coopération espagnole de développer un journa-

lisme d'excellence et la communication entre des populations hispanophone et lusitanophone. Entre autres images impressionnantes, la photographie du Brésilien Sebastiao Salgado, récompensée en 1987, fait partie d'une série consacrée aux ouvriers des exploitations aurifères de Sierra Pelada.

Onze restaurants espagnols parmi les 100 meilleurs ● Dans le sillage de Ferrán Adrià, chef de El Bulli, la haute cuisine espagnole est devenue l'une des plus appréciées au monde. Le classement annuel du magazine spécialisé Restaurant le prouve : 11 restaurants espagnols apparaissent parmi les 100 meilleurs de la planète. El Bulli (premier), Mugaritz, d'Andoni Luis Aduriz, à Rentería (quatrième) et Arzak, du vétéran Juan Mari Arzak (huitième) sont parmi les dix premiers. Le magazine distingue également El Celler de Can Roca, de Joan Roca et ses frères (26ème place) ; Martín Berasategui, à Lasarte (29ème) ; Can Fabes, de Santi Santamaría, à Sant Celoni (31ème), et l'Asador Etxebarri, à Axpe (44ème). Au-delà des cinquante premières places, on trouve encore El Poblet, à Denia (66ème) ; l'Akelarre, à San Sebastian (74ème) ; le Sant Pau, de Carme Ruscalleda, à Sant Pol de Mar (75ème), et l'Àbac de Barcelone (100ème). El Bulli d'Adrià est entré dans l'histoire de la gastronomie en étant désigné meilleur restaurant du monde pour la troisième année consécutive, et pour la quatrième fois depuis la création de ces récompenses en 2002. L'établissement de Roses (Gérone) a partagé le podium

« El Bulli » restaurant de Ferrán Adriá à Roses (Gérone).

avec The Fat Duck, du britannique Heston Blumenthal, et avec le restaurant français de Pierre Gagnaire. La liste des meilleurs restaurants est constituée chaque année à partir du vote d'un jury composé de 650 experts internationaux, dont 30 espagnols.

Promotion de vins espagnols en Pologne ● 30 viticulteurs espagnols non distribués en Pologne ont participé, le 10 juin dernier, à la quatrième Foire des Vins espagnols de Varsovie, afin de promouvoir leurs crus dans ce pays d'Europe centrale. Parmi les événements, un séminaire sur les vins espagnols s'est tenu en présence de nombreux importateurs, distributeurs, restaurateurs et journalistes. Une dégustation de mets nationaux a également eu lieu, à laquelle ont participé les producteurs de vin participants et un groupe choisi de professionnels polonais. La Foire a été organisée par l'Institut espagnol du Commerce extérieur (ICEX), en collaboration avec le Bureau des affaires économiques et commerciales de l'ambassade d'Espagne à Varsovie et la Chambre de Navarre.

Carreras fête les 50 ans de ses débuts au Liceo ● Le ténor barcelonais Josep Carreras a fêté avec son public, par un concert prestigieux, le 50ème anniversaire de ses débuts au Théâtre du Liceo de la capitale catalane. La représentation - en plein air et gratuite - était retransmise sur un écran géant de 36 mètres carrés, sur la plage de San Sebastian, à côté du Club de natation de Barceloneta. Le chanteur a interprété un récital au répertoire varié et populaire, allant du baroque à la chanson napolitaine, en passant par le tango. Josep Carreras a chanté pour la première fois au Liceu, en 1958, El retablo de maese Pedro, de Manuel de Falla. Carreras s'est produit dans les meilleurs théâtres du monde et, avec Luciano Pavarotti et Plácido Domingo, il a amené l'opéra dans les très gran-


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L'Espagne, la France et l'Italie gagnent du terrain dans le domaine de l'énergie solaire Emesa va construire la gare modale de Calatrava à New York ● La gare intermodale conçue par Santiago Calatrava pour le « ground zero » de New York – où se trouvaient les tours jumelles - sera en partie construite par l'entreprise espagnole Emesa, filiale d'Isolux, qui a remporté le premier des trois contrats de ce bâtiment par lequel transiteront environ 250 000 personnes par jour. La gare modale fait partie du futur réseau de transports de New York, dont le coût dépassera 1,3 milliard d'euros. Les autorités municipales prévoient que ce réseau, reliant le sud de Manhattan et le New Jersey, entrera en fonction dès 2009. L'architecte valencien a expliqué que le bâtiment évoquera un oiseau, symbole de la vitalité, de l'espoir et de la liberté de millions de new-yorkais.

des salles avec le spectacle Les trois ténors. Mais, ainsi qu'il l'a récemment déclaré, chanter dans sa ville est toujours un événement « spécial ». Parmi ses concerts les plus mémorables, celui qu'il donna sur la Rambla, en face du Liceu, après la destruction du théâtre par un incendie, en 1994 est inoubliable. Très émouvant également, le concert de l'Arc de Triomphe, en juillet 1988, organisé en remerciement des témoignages de solidarité reçus durant ses onze mois de lutte contre la leucémie. Cette expérience a changé sa vie et l'a poussé à créer une importante fondation à laquelle il consacre une grande partie de son temps.

● Les organisateurs d'Intersolar, la foire européenne la plus importante dans le domaine de l'énergie solaire, ont déclaré que l'Espagne, la France et l'Italie étaient en train de développer une technologie solaire thermique avec plus de dynamisme que jamais. 210 000 mètres carrés de nouveaux collecteurs thermiques solaires ont été installés l'année dernière dans les trois pays méditerranéens. L'édition 2008 d'Intersolar s'est tenue à Munich, du 12 au 14 juin. 21 entreprises espagnoles du secteur de la technologie solaire étaient présentes. Nous avons constaté sur place que l'Allemagne est toujours en tête du marché européen, avec une production de 6 500 mégawatts, même si sa croissance tend à ralentir. Heureusement, les pays du sud de l'Europe, parmi lesquels l'Espagne, occupent une place de choix et développent très rapidement ce nouveau secteur.

Lancement de la 2ème édition du concours littéraire pour les jeunes d'Amérique latine ● Casa América a lancé la seconde édition des prix « Los jóvenes cuentan », récompensant des recits latinoaméricains, dans le but de resserrer les liens interculturels des deux rives de l'Atlantique et de montrer que les préoccupations des jeunes Latino-américains rejoignent celles des jeunes gens de la péninsule Ibérique. Son objectif est aussi de découvrir de jeunes talents littéraires en langue espagnole et leur offrir l'opportunité de voir leurs textes reconnus et diffusés. Le concours est ouvert à tous les jeunes latino-américains de 15 à 18 ans, qui peuvent envoyer leur manuscrit à l'adresse électronique concursoderelatos@casamerica.es jusqu'au 31 août prochain. Le prix, pour le lauréat, sera un voyage culturel dans une ville latinoaméricaine s'il est Espagnol, et dans une ville es-

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pagnole s'il est Latino-américain. Ce voyage sera sponsorisé par la Casa de América et par le BBVA. La maison d'édition Editorial SM collabore également à ce concours et publiera un recueil des récits sélectionnés.

RTVE se mondialise ● En mai dernier, a été présenté le nouveau site Internet de la radio-télévision espagnole qui permettra d'accéder, dans le monde entier, aux contenus informatifs et aux programmes des deux consortiums publics. Le nouveau média en ligne permet de choisir le moment où l'on souhaite regarder la télévision espagnole ou écouter Radio Nacional. Depuis n'importe quel point de la planète, à partir d'un accès à Internet, il sera possible de voir tous les programmes proposés par TVE 1 et par La 2 durant la semaine écoulée. L'offre du site Internet www.rtve. es propose aussi les journaux télévisés déjà diffusés, ainsi qu'un résumé d'une durée de 4 minutes présentant l'essentiel de chaque journal. Grâce à Internet, l'utilisateur peut télécharger le programme qui l'intéresse, avoir accès au Canal 24 Horas ou visionner les matches de la sélection espagnole. Il s'agit d'une télévision à la carte, proposant en outre plusieurs blogs, ceux de présentateurs de journaux télévisés comme Lorenzo Milá, Ana Blanco, María Casado et David Cantero, ainsi que ceux de correspondants à Pékin, New York, Rome, Londres ou Berlin. Le nouveau site Internet de RTVE permettra également d'accéder à l'histoire de TVE, lorsque auront été numérisés plus d'un million d'heures d'images d'archives.

Le Gouvernement et les Communautés Autonomes décident d'un commun accord d'améliorer le système éducatif ● Le Ministère de l'Éducation, des Affaires politiques et sociales et des Sports et les conseillers des communautés autonomes viennent de parvenir à un accord sur les 10 objectifs prioritaires du système éducatif espagnol. Selon les déclarations de la ministre Mercedes Cabrera, à l'issue de la Conférence sur l'Éducation, la


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Le spectacle nocturne le jour de l'inauguration. EFE

L'ExpoZaragoza est ouverte ● Le coup d'envoi de l'Exposition Internationale de Saragosse a été donné en juin. Son objectif est de transmettre l'idée de la valeur de l'eau et de trouver des solutions pour un monde où des millions de personnes vivent sans eau potable. La capitale aragonaise accueille des expositions de 105 pays sur le thème de l'eau et présentera 5 000 spectacles de musique et de théâtre jusqu'à la mi-septembre. Saragosse devient ainsi la ville de l'eau, ressource essentielle à la vie. L'Expo souligne l'importance de l'accès à l'eau comme Droit Humain universel et partage les objectifs des Nations Unies pour que la population mondiale dispose d'une eau accessible, économique et de qualité, et cela, en quantité suffisante. L'Expo, qui devrait être visitée par 6 millions de personnes, organise un forum sur « L'Eau et le développement durable ». Plus de 300 experts participeront à la Tribune de l'Eau, dirigée par le mexicain Eduardo Mestre, qui rédigera la Charte de Saragosse proposant des solutions intégrales pour une meilleure gestion de cette ressource, et pour lesquelles l'engagement des gouvernements sera sollicité afin d'améliorer la situation de plus d'un milliard de personnes manquant d'eau potable à travers le monde. Les expositions transforment les villes dans lesquelles elles sont organisées.

C'est à elles que l'on doit, entre autres, l'Atomium de Bruxelles, la Tour Eiffel de Paris ou la restauration de la Cartuja de Séville pour l'exposition universelle de 1992. L'exposition de Saragosse, aménagée sur un terrain de 25 hectares, a vu naître des édifices emblématiques tels la Tour de l'Eau ou le Pavillon Pont, œuvre de l'architecte iraquienne Zaha Hadid. De nouveaux ponts et de nouveaux bâtiments ont été construits, mais aussi des places, un amphithéâtre et l'aquarium fluvial le plus grand d'Europe. Après l'Expo, beaucoup de ces nouvelles constructions seront destinées à promouvoir le tissu industriel de l'Aragon et deviendront le siège des collectivités publiques et de l'université. Aux 900 millions d'euros investis dans l'exposition, il faut ajouter plus de 1,5 milliard consacré à l'amélioration des infrastructures de la ville.

S.M. le Roi salue le Président du Mexique, Felipe Calderón lors de l'inauguration de l'exposition. EFE

plupart des objectifs ont pour principal objectif de lutter contre l'échec scolaire « ou, ce qui revient au même, faire en sorte que les élèves réussissent scolairement ». Parmi ces dix objectifs prioritaires, signalons l'augmentation du taux de scolarisation des enfants de moins de six ans, la réduction de l'abandon scolaire prématuré, l'augmentation du pourcentage d'adultes en formation permanente ou l'augmentation de la part de PIB consacrée à l'éducation. Les collectivités publiques se sont aussi engagées à encourager les programmes de qualification professionnelle initiale, à garantir une offre suffisante de places en formation professionnelle et à réaliser les campagnes nécessaires pour favoriser l'augmentation du nombre d'élèves accédant aux cycles de formation du second degré et obtenant un diplôme. D'autre part, tous les enfants âgés de 3 à 5 ans auront une place gratuite garantie en maternelle dès l'année scolaire 2008-09. Le Gouvernement investira 428 millions pour atteindre cet objectif, ce qui représente une augmentation de 145 pour cent pour les trois dernières années. Ainsi, grâce au financement conjoint des Communautés autonomes et du Gouvernement central, la gratuité des trois années de maternelle sera garantie pour la première fois dès l'année scolaire l'année 2008-2009.

Des indigènes brésiliens en Espagne pour sauver l'Amazonie ● Deux chefs de la terre indigène Raposa Serra do Sol, dans l'état de Roraima, se sont rendus en Espagne dans le cadre de la campagne « Anna Pata, Anna Yan » (Notre Terre, Notre Mère), afin de recueillir des soutiens dans la lutte pour la protection de leurs territoires dans la forêt amazonienne. Lors de leur séjour à Madrid, les deux représentants des peuples Makuxi et Wapichana ont rencontré des responsables du Gouvernement et des membres de la Commission de Coopération du Congrès des Députés. Ils ont également remis à l'ambassade du Brésil une lettre, signée par Caritas, Entreculturas, Manos Unidas, Survival International et Uyama, sollicitant de l'aide pour sauver leur territoire. Les Makuxi, les Wapichana et trois autres peuples indigènes luttent depuis


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plusieurs décennies pour que le Gouvernement brésilien protège leur territoire. Le président du Brésil, Lula da Silva, a officiellement reconnu le territoire en 2005, mais un groupe de puissants riziculteurs qui en occupent une grande partie refuse de quitter cette zone. Des recherches menées par des scientifiques brésiliens et américains montrent que le meilleur moyen pour stopper le déboisement de l'Amazonie est de protéger les territoires indigènes qui occupent le cinquième de l'Amazonie brésilienne.

« La belleza del Urushi » arrive à Madrid ● Du 13 juin au 27 juillet, l'association japonaise de maîtres laqueurs Nihon Shikko Kyokai, en collaboration avec l'association catalane Urushi 21, présente une sélection de ses œuvres au Musée national des Arts décoratifs de Madrid, sous le titre « La belleza del Urushi ». Cette association réunit les artisans japonais qui maîtrisent encore les techniques traditionnelles de laque d'objets et de meubles. « Urushi » est le nom d'un type de laque et, par extension, c'est aussi le nom de la technique et des objets qu'elle permet de produire. Son brillant, sa chaleur et sa qualité sont appréciées depuis l'Antiquité. Les œuvres exposées mêlent influence de la tradition et évolution inévitable des styles. Les pièces exposées ont été choisies pour l'exposition annuelle organisée au Japon et ont pu également être admirées à Barcelone, au siège d'Artesania Catalunya. Cette exposition a pour objectif de réunir deux cultures aussi différentes que la culture japonaise et la culture espagnole, en présentant des chefs d'œuvre de l'art de la laque à travers les créations actuelles de laqueurs espagnols et japonais.

Cristina Garmendia transmet aux entrepreneurs le pari du Gouvernement pour la R+D+I ● La Ministre des Sciences et de l'Innovation, Cristina Garmendia, s'est

rendue auprès du comité directeur de la Confédération espagnole des Organisations patronales pour présenter le pari du gouvernement pour la R+D+I, l'un des axes prioritaires de son mandat. La ministre a mis l'accent sur la nécessité de « coordonner les politiques d'enseignement supérieur universitaire, la recherche, le développement et l'innovation, et de renforcer le développement industriel en collaborant étroitement avec les ministères de la Santé, de l'Industrie et de l'Éducation ». Cristina Garmendia a profité de sa présence au siège de la CEOE pour quitter officiellement le comité directeur, dont elle faisait partie depuis 2006. Lors de son intervention, elle a affirmé que l'en-

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treprise « joue un rôle essentiel pour l'avenir économique » et que, pour la première fois dans l'histoire de notre démocratie « la recherche, le développement technologique et l'innovation des entreprises sont réunis dans un même ministère ». La ministre des Sciences et de l'Innovation a promis que l'Espagne se positionnerait « au moyen d'actions concrètes », dans des secteurs émergents comme l'énergie, les nanotechnologies, la biotechnologie ou les technologies de l'information. Elle a, en outre, insisté sur le soutien apporté par le ministère à « l'innovation dans les secteurs représentant une possibilité de réinventer les processus de production, afin que notre pays soit compétitif en termes de qualité et de valeur ajoutée ».

La Foire du Livre de Madrid devient une référence mondiale de ce secteur. ● La 67ème édition de la Foire du Livre de Madrid, qui se déroule du 30 mai au 15 juin, a été le théâtre de plus de 450 événements culturels : présentations de livres, conférences, remise de prix, rencontres, ateliers pratiques, expositions et environ 3 000 séances de dédicace. Lors de la foire du livre la plus importante d'Espagne, les lecteurs ont pu découvrir la littérature des jeunes auteurs Latino-américains grâce à un programme d'activités complet. Plus de 30 auteurs d'Argentine, de Bolivie, du Brésil, du Chili, de Colombie, de Cuba, d'Equateur, du Salvador, d'Es-

pagne, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Pérou, du Portugal et du Venezuela étaient invités. Parmi les auteurs présents, nous avons pu voir Mario Vargas Llosa, Julia Navarro, Matilde Asensi ou Rosa Montero. L'écrivain britannique Ken Follet - auteur de best sellers comme « Les piliers de la Terre » - était également présent lors du rendez-vous culturel madrilène, et a dédicacé plus de deux mille exemplaires en trois heures. Le roman et le récit sont les genres les plus appréciés par les lecteurs espagnols, suivis par la littérature pour les jeunes et les enfants.


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Le flamenco revient à Beyrouth

● Le flamenco est revenu au Palais de l'UNESCO de Beyrouth, le 14 juin dernier, avec le spectacle « Tan Sólo Flamenco », de la compagnie d'Isabel Bayón, avec laquelle l'Institut Cervantes a repris son cycle culturel dans la capitale libanaise. À la fin du spectacle, les danseurs ont reçu une véritable ovation. Le directeur de l'Institut Cervantes a déclaré : « les artistes espagnols sont très bien accueillis, qu'ils présentent du flamenco, du jazz ou de la musique latine, et la société libanaise était très attachée à la vie culturelle ». C'est peutêtre pour cela que, malgré l'instabilité politique et les épisodes militaires, 1 267 élèves se sont inscrits à l'Institut Cervantes entre janvier et juin 2008, soit neuf élèves de plus qu'en 2007. Le succès de « Tan Sólo Flamenco » est un bon signe du retour de Beyrouth à la normalité.

Le Ministère de la Santé lance le programme «La santé voyage aussi» ● Cette année encore, avec l'arrivée de l'été, le Ministère de la Santé et de la Consommation a mis en place le programme La santé voyage aussi 2008 pour rappeler à ceux qui voyagent à l'étranger qu'ils doivent se rendre dans un centre de vaccination internationale. Cette recommandation est particulièrement importante pour les personnes qui se rendent dans des pays tropicaux ou des destinations peu fréquentes. Afin d'éviter une attente inutile et pour améliorer l'accueil sanitaire, ces centres ont organisé un système de rendez-vous préalable. Il est aussi conseillé aux voyageurs de s'informer sur les vaccins nécessaires dans un délai suffisant, car certains traitements nécessitent une période assez longue pour être efficaces. Le Ministère de la Santé et de la Consommation recommande également aux personnes qui rentrent de voyage d'informer leur médecin de tout symptôme lié à leur séjour à l'étranger, car certaines maladies ne se manifestent pas immédiatement. En 2007, les centres de vaccination internationale, agréés par le Ministère de la

Santé et de la Consommation, ont accueilli 238 600 voyageurs, soit presque 20% de plus que l'année précédente. Pour conseiller les voyageurs, les experts tiennent compte des facteurs personnels (âge, sexe, antécédents médicaux, statut vaccinal...) et des données liées au voyage qu'ils vont effectuer (destination, durée et type de voyage, époque de l'année...). Une fois l'information obtenue, ils recommandent des mesures préventives afin d'éviter les risques liés aux aliments et aux boissons, à l'environnement (soleil, altitude, insectes...), à l'hygiène personnelle et aux maladies sexuellement transmissibles. De plus, les vaccins nécessaires sont recommandés et administrés et, s'il le faut, la chimioprophylaxie antipaludique la mieux adaptée est prescrite.

IIème Rencontre HispanoFrançaise de Cinéma ● Madrid a accueillien juin la seconde Rencontre Hispano-Française Cinématographique, à laquelle ont participé plus de 150 professionnels du secteur de la production, de la distribution et de la projection. Le programme était complété par une rencontre entre acteurs des deux pays, en particulier les plus jeunes d'entre eux, parrainés par Carmen Maura et José García. La rencontre a eu lieu à l'Hôtel Palace de Madrid. Les discussions ont eu pour thèmes la situation du marché cinématographique en Espagne et en France ainsi que les difficultés et les opportunités de coproduction. Un tiers des 172 films espagnols tournés en 2007 étaient des coproductions. Cette formule garantit un meilleur financement et la possibilité d'accéder à des marchés plus variés. Cette réunion a été organisée conjointement par l'Institut de la Cinématographie et des Arts Audiovisuels (ICAA) et par l'agence chargée de la promotion extérieure du cinéma français (Unifrance).

L'Espagne est toujours le pays qui arbore le plus de pavillons bleus sur les plages ● En 2008, l'Espagne est toujours le

pays du monde qui compte le plus de pavillons bleus, avec un total de 455 plages et 72 ports, signe international récompensant le respect de certains critères comme l'accessibilité, la qualité des eaux, l'information environnementale aux usagers ou le respect de la législation. Les provinces qui comptent le plus grand nombre de plages bleues sont Alicante, Tarragone, A Coruña, Pontevedra, les Baléares et Gérone. Par communautés autonomes, c'est la Catalogne qui occupe la première place, suivie de la Galice, de la Communauté Valencienne et des Baléares. Une plage espagnole sur sept, soit moins de 5% du littoral, obtient un Pavillon Bleu, mais dans le monde, un Pavillon Bleu sur six est attribué à l'Espagne. La campagne Pavillon Bleu se déroule chaque année dans plus de 40 pays, sur quatre continents, sur un principe d'indépendance, de volontariat et avec la participation d'environ deux mille municipalités situées sur le littoral. Grâce au soutien du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUMA-UNEP), et de l'organisation Mondiale du Tourisme (OMT). L'initiative est née en France, en 1985. Elle a été lancée par la Fondation pour l'Éducation Environnementale et s'est développée au niveau international à partir de 1987, Année Européenne de l'Environnement.

Barcelone accueille le Festival Sónar ● La quinzième édition du Festival Sónar de Barcelone, dont le nom officiel est Festival International de Musique Avancée et d'Art Multimédia, a débuté le 19 juin dans la capitale catalane. Plus de 500 artistes provenant d'une quarantaine de pays ont pris part à l'événement avec 174 interventions musicales. L'édition a été marquée par l'influence du cinéma et des nouvelles technologies et par une forte présence féminine. Parmi la très riche programmation, notons le retour de figures historiques comme Yazoo, Soulwax, Madness, Ben Watt ou le duo américain Matmos, les voix féminines de Goldfrapp, Camille, Roisin Murphy ou Yelle et la présence de célébrités catalanes comme CaboSanRoque ou Suite on Clouds, enfin, des musiciens africains comme Konono Nº 1 ou Buraka Som Sistema.


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. e n v e r s .. en dette punset eduardo te) o u r n a l is G a r c ía (J o b o c Ja r pa

le club des bons conseillers ❖ Les économistes de la fin des années cinquante et soixante avaient un énorme avantage sur les autres, puisqu'ils sortaient de la faculté avec une Bible infaillible. Au lieu de la remettre à Moïse, comme il le fit avec les Dix Commandements, Dieu nous l'a transmise à travers l'économiste allemand Karl Marx. L'inspiration divine s'exprimait surtout dans le fait que Le Capital expliquait le fonctionnement du monde dans un langage vraiment hermétique. ❖ Armés de tels dogmes, les économistes, politologues et sociologues se lançaient dans le monde en toute tranquillité sachant que, dans le fond, tout pouvait s'expliquer par la différence entre la valeur réelle des choses et leur valeur d'échange. L'inconvénient de ces vérités énorme et néanmoins terriblement abstraites était qu'il était difficile de les appliquer concrètement au monde réel. Elles servaient à tout mettre sens dessus-dessous, mais au bout d'un certain nombre d'années, il fallait tout reprendre à zéro. Ou, pis encore, à partir de moins que zéro. ❖ Eduardo Punset a fait partie de la liste interminable de ces jeunes gens furieux qui voulurent changer le monde à coup de théories. Nous ne

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de l'économie à la politique, de la politique à la biologie, ce vulgarisateur infatigable ne saurait renoncer au prosélytisme en faveur de la science, convaincu qu'il s'agit du meilleur moyen de sauver le monde.

lui reprocherons pas d'avoir essayé d'améliorer l'état des choses au moyen de la politique, puisqu'il a lui-même fini par se rendre compte que ce n'était pas ainsi qu'il atteindrait ses objectifs. Malgré cela, sa période politique à tout de même duré et l'a vu circuler, du Parti Communiste au CDS d'Adolfo Suárez, en passant par CiU. Mais il est arrivé un moment où cette illusion s'est dissipée, et à partir de cet instant, sa vie a pris une tournure plus singulière. Car en abandonnant la politique, il s'est mis à œuvrer à notre bonheur dans une tout autre perspective. ❖ L'angle d'attaque choisi par cet optimiste, né à Barcelone en 1936, est la science, matrice de l'économie. Dans tout autre pays, ce choix n'aurait rien eu de particulier, mais dans le nôtre, cela requiert autant, sinon plus, de courage, de constance et de rigueur qu'un engagement politique. Punset doit être un surhomme, car non seulement il a essayé, mais il a réussi. ❖ La science, en laquelle on croyait à peine en Espagne, est devenue un bien vacant dès qu'il a commencé à mettre les mains à la pâte. Il semble que le secret de son succès soit bien plus complexe que la simple capacité à pouvoir expliquer en termes intelligibles des choses franchement compliquées, une capacité que possèdent d'autres scientifiques sans pour autant connaître ce succès médiatique. Nous ne pouvons nier que le fait d'être un personnage connu et d'être aimé par les caméras contribue également à cette réussite. Mais Punset doit probablement son succès au fait qu'il croit en ce qu'il fait. ❖ La modestie et la candeur avec lesquelles il s'exprime lui valent cet intérêt, car le public l'apprécie de plus en plus et nous faisons tous partie de ce public. Et c'est là, me semble-t-il, que

réside son mérite, dans son extraordinaire intelligence émotionnelle, cette découverte relativement récente bien connue de sa fille Elsa, sûrement parce qu'elle la perçoit chez son père depuis sa plus tendre enfance. ❖ C'est donc à la fois une question de foi (en la science et en soi-même), de capacité intellectuelle, d'intelligence émotionnelle et aussi, pourquoi pas, de l'objectif personnel d'améliorer notre vie. Pourquoi faut-il que les gens passent leur temps à se disputer — doit penser Punset — si, au fond, comme la biologie nous l'enseigne, tout se réduit à durer plus que n'importe qui et que n'importe quoi. Dans notre cas, celui des organismes les plus complexes, il ne s'agit que de continuer à avancer, peu importe vers où, et pour cela, la meilleure compagnie est celle d'un conseiller qui ne nous oblige pas à nous retourner vers le passé à tout bout de champ.


 coopération L'AECID, la Fondation Carolina, l'Institut de la Jeunesse d'Espagne et l'Organisation latino-américaine de la Jeunesse (OIJ) ont été les hôtes et les organisateurs de la rencontre pour le Renforcement du Tissu des Associations de Jeunes comme Instrument de Développement, qui s'est déroulée à Cartagena de Indias pour encourager la participation des jeunes latino-américains à la politique régionale.

Leire Pajín, Secrétaire d'état à la Coopération Internationale, et Eugenio Ravinet, Secrétaire général de l'Organisation latino-américaine de la Jeunesse, ont participé activement à l'événement et l'ont clôturé. PHOTO AECID.

Les jeunes latinoaméricains unissent leurs voix TEXTE : noelia monge. photos : aecid

● « Nous sommes préoccupés par le fait que l'on ne nous écoute pas », « nous pouvons apporter beaucoup aux politiques pour la jeunesse » ; « nous savons ce que nous voulons et comment l'obtenir, et nous avons besoin de lieux pour y parvenir ». C'est ce qu'ont exposé 110 jeunes aux 28 intervenants et aux autorités ayant un lien avec les politiques générationnelles, lors de la rencontre Renforcement du Tissu d'Associations de Jeunes comme instrument de Développement. Les jeunes constituent le groupe démographique le plus nombreux en Amérique latine. Dans certains pays de la région, ils représentent presque 70% de la population. Il y a toutefois une caractéristique commune à l'ensemble de la jeunesse latino-américaine : elle est très peu représentée dans les secteurs politiques décisionnels, et n'a qu'un accès difficile aux sphères d'influence et à l'élaboration des

Le rendez-vous a réuni plusde100 jeunes.

politiques publiques, y compris celles qui les concernent directement. Néanmoins, ce groupe d'âge se caractérise aussi par sa volonté de participer, et il le fait à travers des associations et organisations locales où sont identifiées les problématiques qui les concernent et proposées options et solutions. Cet événement a permis la rencontre des représentants d'initiatives de jeunes et d'experts des domaines liés à la jeunesse. Les droits des jeunes, l'approche générationnelle à partir d'une perspective multiculturelle, ethnique et de genre, la coopération au développement et la définition

du rôle des jeunes dans la Communauté Latino-américaine des Nations ont été les thèmes essentiels des activités qui se sont déroulées pendant ces quatre jours. La rencontre s'est organisée autour de tables rondes sur les instruments nécessaires à l'élaboration des politiques concernant les jeunes, l'implication des jeunes dans le monde associatif comme instrument de développement, et autour de débats sur la culture, moteur idéologique. Les espaces de discussion et l'interaction constante entre les participants, les intervenants, les invités et les organisateurs devraient permettre de renforcer les associations présentes.

● Jeunesse en réseau. L'une des principales réussites de la rencontre a été la création d'une plateforme associative pour les jeunes latino-américains, favorisant la société civile, non discriminatoire de la diversité ethnique, sexuelle ou idéologique des participants et ayant pour objectif de promouvoir les politiques publiques permanentes concernant les jeunes. Ce réseau de jeunes latino-américains est conçu et interconnecté avec divers supports multimédia et outils quotidiens pour ce secteur de la population comme SSSqFacebookSSSq. L'un des objectifs de la rencontre de Cartagena de Indias est qu'elle se pérennise et devienne annuelle dès 2008, Année latinoaméricaine de la Jeunesse. C'est le moment idéal pour que les jeunes fassent entendre leurs voix aux plus hauts niveaux. L'impact que peuvent avoir les initiatives représentées lors du Sommet latino-américain des Chefs d'État et de Gouvernement, qui se tiendra au Salvador, dépendra de la possibilité d'élaborer une voix collective unique qui provienne « d'en bas » et soit représentative de la jeunesse. La réalisation des objectifs dépend de l'investissement réel des organisateurs, des agences de coopération et des gouvernements qui gèrent les politiques concernant les jeunes, et doivent démontrer leur engagement vis-à-vis des jeunes latino-américains.


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Inés Alberdi, nouvelle Directrice générale Du Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme ● La sociologie espagnole Inés Alberdi a été nommée Directrice générale du du Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme, UNIFEM, et succède à Noeleen Heyzer. C'est la première fois qu'une espagnole est nommée à la direction générale d'un fonds, d'une agence ou d'un programme des Nations Unies pour le développement. L'UNIFEM a été créé en 1976, pour répondre à la demande des organisations de femmes qui avaient assisté à la première Conférence mondiale des Nations Unies sur la Femme qui s'était tenue au Mexique en 1975. Le Fonds a pour objectif de fournir une assistance technique et financière au développement d'initiatives novatrices qui encouragent la prise de pouvoir des femmes et l'égalité des sexes dans le monde. Actuellement, les travaux du Fonds ont une influence sur la vie des femmes et des petites filles de plus de 100 pays. Le Fonds offre aussi la possibilité aux femmes d'être entendues au sein des Nations Unies, et contribue au respect des engagements en vigueur en faveur des droits de la femme L'UNIFEM encourage la reconnaissance des droits fondamentaux des femmes ainsi que leur sécurité et oriente ses activités vers quatre objectifs stratégiques : réduire la pauvreté et l'exclusion des femmes ; mettre un terme à la violence contre les femmes ; réduire la propagation du VIH/SIDA chez les femmes et les petites filles, et soutenir le rôle des femmes dans la gestion publique et la reconstruction après les conflits. L'UNIFEM, dont le siège central est à New York, dispose de quinze bureaux régionaux à partir desquels sont gérés des projets en Asie, en Amérique latine, aux Caraïbes, en Afrique et en Europe de l'Est. Le Fonds est alimenté par les contributions bénévoles des états membres des Nations Unies et l'Espagne est le second donateur avec une contribution de 11 millions d'euros en 2007, dont 3 millions ont été intégralement consacrés au Fonds pour éradiquer la

violence contre les femmes. l'UNIFEM gèrera environ cent millions de dollars Inés Alberdi (Séville, 1948) a reçu une sérieuse formation académique et possède une expérience internationale dans le domaine de l'enseignement, de la recherche sur les genres, ainsi qu'une importante expérience politique au niveau national. De plus, sa connaissance du fonctionnement des Nations Unies a été prise en compte, car elle a été conseillère au sein de l'Institut international de Recherche et de formation pour la Promotion de la Femme (INSTRAW).

Inés Alberdi. PHOTO EFE.

XIIème édition de l'École Judiciaire «Juan Carlos Ier» ● Le Centre de Formation de la Coopération Espagnole à Antigua (Guatemala) a accueilli la XIIème édition de l'École Judiciaire « Juan Carlos Ier », qui s'est tenue pendant trois semaines dans le cadre du Programme latino-américain de Formation Technique Spécialisée. Plus de 200 juges et magistrats d'Amérique centrale et des Caraïbes ont participé à des activités de formation afin d'actualiser et de renforcer leurs connaissances juridiques dans des matières d'extrême importance comme la violence contre les femmes, le trafic illégal d'êtres humains, la protection de l'environnement et l'inspection judiciaire, ainsi que sur l'évaluation de l'investissement des organismes judiciaires. L'objet de ces cours est d'aider les des juges et les magistrats à offrir aux citoyens un meilleur accès à la justice et à remplir leur rôle dans la consolidation de l'état de droit.

● coopération

L'École Judiciaire « Juan Carlos Ier », à laquelle ont déjà participé plus de 2 000 élèves depuis 1997, reçoit le soutien des plus grandes institutions juridiques d'Amérique centrale et des Caraïbes, du Conseil général du Pouvoir judiciaire d'Espagne (CGPJ), et de l'Agence espagnole de Coopération internationale pour le Développement (AECID). La délégation espagnole se composait de magistrats, de procureurs, de professeurs d'université, d'avocats au Tribunal Constitutionnel et de médecins légistes. Les professeurs provenant d'Amérique centrale et des Caraïbes étaient d'éminents juges et juristes du Guatemala, de Panama, du Costa Rica, du Salvador et de République dominicaine. Selon Juan Pablo González González, membre du CGPJ, « l'École Judiciaire « Juan Carlos Ier » contribue de manière décisive à concrétiser le principe programmatique de la formation continue qui constitue non seulement un droit, mais aussi un devoir du juge et la responsabilité des organes gouvernementaux du pouvoir judiciaire ».

L'Espagne est le pays qui augmente le plus son aide officielle au développement. ● Le Comité d'Aide au Développement (CAD) de l'OCDE, composé des 22 principaux donateurs du monde a présenté un rapport avec les données de l'aide officielle au développement mondial relatives à 2007. D'après ce document, l'Espagne occupe la première place en termes de croissance annuelle avec une augmentation de 33,8 pour cent par rapport à 2006. Dans l'absolu, l'Espagne se situe à la septième place des 22 états membres du CAD en y consacrant 5,744 milliards de dollars (presque 4,2 milliards d'euros 1). L'Espagne a gravi un échelon par rapport à 2006 et a consacré 0,41 pour cent de son Revenu National Brut (RNB) pour combattre la pauvreté, ce qui situe le pays à la neuvième place en termes de taux d'effort (quatorzième place en 2006). Ce pourcentage nous situe au-dessus de la moyenne des membres de l'Union Européenne appartenant au CAD, c'est à dire 0,4 pour cent, et bien au-dessus des membres du


50 miradas al exterior actualités

● coopération

Images de l'avion et du chargement sur la base aérienne de Torrejón et conférence de presse simultanée, à l'aérodrome, du Directeur de l'AECID et de l'Ambassadeur de Chine en Espagne. PHOTOS JAIME MIRA.

0,95

0,93

POURCENTAGE D'AOD NETTE SUR LE REVENU 0,90 NATIONAL 0,81 0,81 BRUT

0,54 0,49 0,41

Espagne

Belgique

Autriche

Irlande

Pays Bas

Danemark

Luxembourg

Suède

Norvège

0,43

G-7 (0,23 pour cent). Selon le rapport, les principaux donateurs du monde ont apporté l'an dernier 103,7 milliards de dollars en aide, c'est à dire 8,4 pour cent de moins que l'année précédente. L'OCDE indique que cette chute était prévue et qu'elle s'explique par la baisse des opérations d'allégement de la dette du Club de Paris, en particulier en Irak et au Nigeria. D'ailleurs, sans compter les apports pour l'allégement de la dette, l'aide a augmenté de 2,3 pour cent. Concrètement, celle de l'Espagne, sans compter ces apports, a augmenté de 47,6 pour cent. Néanmoins, le CAD signale que les donateurs devront faire un grand effort dans les années à venir et augmenter leur aide

au développement afin de respecter les engagements pris. Face à cette baisse généralisée, le rapport reconnaît que neuf membres communautaires du CAD ont tout de même augmenté leur volume d'aide, dont l'Espagne, qui est le pays qui augmente le plus les ressources destinées à cette tâche (+33,8 pour cent). En plus de l'Espagne, l'Allemagne, l'Irlande, le Luxembourg, l'Autriche, le Danemark, la Finlande, la Grèce et les Pays Bas ont participé à cet effort. L'Espagne continue à faire de la coopération au développement une politique prioritaire, afin d'atteindre, durant ce mandat, 0,7 pour cent du RNB pour lutter contre la pauvreté.

Inauguration à Oran d'un Centre de Formation à l'Entrepreneuriat ● Le 25 mai dernier à Oran (Algérie), un Centre de Formation à l'Entrepreneuriat a été inauguré. Il a été financé par l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) et exécuté par le Ministère des Petites et Moyennes Entreprises et de l'Artisanat d'Algérie ainsi que par la Fondation CIREM de Barcelone. L'AECID œuvre dans ce domaine, en Algérie, depuis 2004 et soutient la modernisation et la création de nouveaux emplois de la part des petites et moyennes entreprises algériennes. Jusqu'à présent, il existait un jumelage entre les viviers d'entreprises d'Oran et

de Valence, depuis juillet 2007, ainsi que de nombreux échanges professionnels. Depuis 2004, l'AECID a consacré près d'un million d'euros à ces projets. Dans le cadre de leur Plan National de Promotion des petites et moyennes entreprises, les autorités algériennes ont demandé à la Coopération espagnole d'exporter l'expérience pilote d'Oran à 14 centres de formation et de viviers d'entreprises de l'ensemble du pays.

Prix Santiago de Compostela de Coopération Urbaine 2008 ● Le consortium de la ville de Saintl'Agence Jacques-de-Compostelle, Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) et la Direction Générale de Coopération Extérieure de la Xunta de Galicia ont convoqué l'édition 2008 du Prix de Coopération Urbaine Santiago de Compostela. Il s'agit d'une récompense dont l'objectif est de souligner l'importance qualitative de l'espace urbain en tant que catalyseur de la vie des cités, ainsi que de reconnaître et d'encourager les initiatives publiques de création et de restauration des zones de cohésion dans les villes historiques d'Amérique latine à travers la transformation et l'amélioration de l'espace urbain. Le prix est doté de 180 000 euros et la présentation des projets devra se faire entre le 15 juin et le 15 septembre 2008.


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De l'aide pour les personnes touchées par le tremblement de terre en Chine ● Le 16 mai, un avion du Ministère de la Défense, affrété par l'AECID, a quitté la base aérienne de Torrejón de Ardoz, chargé de matériel sanitaire pour donner des soins aux personnes touchées par le tremblement de terre qui a secoué le sud de la Chine, et en particulier la province de Sichuan. Quelques jours plus tard, un autre avion décollait de l'aéroport de Barajas avec cinq tonnes

Casa África décerne le Griot d'Ébène au Festival de Cinéma Africain de Tarifa

● La Casa África a décerné le Griot d'Ébène au meilleur documentaire du Festival de Cinéma Africain de Tarifa à la coproduction « Victimes de nos richesses », dirigée par Kal Touré et tournée en 2006. Le Griot d'Ébène est la plus grande distinction de la sélection officielle du concours « Al otro lado del Estrecho », doté de 10 000 euros et d'un trophée, décernés par l'institution. Le Festival de Cinéma Africain a réuni pendant les dix jours des projections près d'une centaine de films africains et plus de 5 000 spectateurs. Ainsi, l'événement est-il devenu une référence, permettant à plus de 150 professionnels du monde du cinéma de se réunir lors des journées professionnelles et autres activités.

L'Espagne apportera 500 millions d'euros pour pallier la crise alimentaire ● Le Président du Gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a assisté au Sommet de l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO) qui s'est tenu à Rome, et a indiqué que face à la crise alimentaire qui touche plus de 800

millions de personnes, ce n'étaient pas les mots qui comptaient mais les actes, et il a annoncé que l'Espagne y consacrera 500 millions d'euros dans les quatre prochaines années. Il a ajouté qu'il espérait que cette crise soit un « signal d'alarme » pour plus puissants, car « il dépend d'eux » que de nombreux enfants « ne meurent pas de faim ». Lors de son intervention durant la séance plénière, le Président a fait savoir que le Sommet devraient remplir deux objectifs : premièrement, renforcer le rôle des Nations Unies face aux divers organismes, aux pays et aux sociétés qui attendent une solution pour mettre un terme à cette grave crise alimentaire ; et deuxièmement, que les pays développés augmentent leur don à la coopération pour le développement. Face à « tant de pauvreté », le Président a déclaré qu'il ne comprenait pas comment certains pays de l'OCDE pouvaient réduire leur contribution à la coopération pour le développement. En ce sens, il a souligné l'engagement de l'Espagne auprès des plus faibles et a proposé d'organiser en automne dans notre pays, une réunion de Haut Niveau pour évaluer les mesures adoptées lors du Sommet de Rome et rédiger une « Charte des Droits de Sécurité Alimentaire ». En attendant, la Coopération espagnole met en place des mesures immédiates comme les programmes d'extension de la protection sociale des petits agriculteurs et de leurs familles, en particulier dans les

● coopération

de matériel destiné aux refuges. Le chargement, fourni par le Bureau d'Action Humanitaire de l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID), a été expédié sans frais de transport par un vol commercial de Air China, avec la médiation des autorités chinoises. D'autre part, l'Espagne avait mis un million d'euros à la disposition de la Croix Rouge Chinoise au début de cette situation d'urgence, répondant ainsi à la demande de 20 millions de dollars de la Fédération Internationale de la Croix Rouge. L'AECID a été répondu à cette urgence dès le premier instant, par le biais de son Bureau d'Action Humanitaire et de l'Ambassade d'Espagne en Chine.

Le Président du Gouvernement espagnol lors de son intervention au Sommet de la FAO. PHOTO EFE.

pays les plus pauvres de la région sub-saharienne, ainsi que les programmes spécifiques concernant les enfants de moins de cinq ans, les plus vulnérables durant ces crises. Par ailleurs, dans le cadre du Fonds Espagne-PNUD pour la réalisation des objectifs de développement du Millénaire, une cellule spécifique consacrée à la Nutrition, à l'Enfance et à la Sécurité Alimentaire a été créée et financera des projets de toutes les agences du système des Nations Unies. D'autre part, lors de la réunion de la FAO à Rome, il a été constaté qu'il n'y avait pas de concordance entre l'origine et les solutions à la crise alimentaire mondiale. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, a quant à lui déclaré que « le monde a besoin de produire plus de nourriture de toute urgence » et a demandé d'augmenter la production d'aliments de 50 pour cent d'ici 2030. Il a également exigé un consensus sur les biocarburants, sujet qui divise les dirigeants politiques et économiques du monde entier.

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● diverses

Cette section est une porte ouverte à tous les lecteurs. Un point de rencontre construit par les lecteurs, où vous pouvez envoyer vos comptes rendus. Toutes les institutions, organismes et fonctionnaires du MAEC qui souhaitent voir figurer leurs œuvres dans cette section doivent les envoyer à l'adresse suivante : Revista « Miradas al exterior » Dirección General de Comunicación Exterior. Serrano Galvache, 26. 28034 MADRID

> « Voilà comment nous avons gagné l'Expo. La bataille diplomatique pour l'Expo Zaragoza 2008 », José Manuel Paz Agüeras. Editions elazar. Collection particulière. Ce livre reprend la chronique des quinze mois d'intense campagne diplomatique qui ont abouti à la nomination de Saragosse pour accueillir l'Exposition universelle 2008. Le livre reflète les vicissitudes de cette campagne dans laquelle une petite équipe « l'équipe ZH2O », dirigée par l'ambassadeur pour l'Expo, José Manuel Paz Agüeras, a réussit à battre les candidatures de Trieste et de Salonique après une bataille complexe et difficile, où le manque de moyens a été compensé par l'enthousiasme des acteurs. Le soutien à l'Expo espagnole des institutions aragonaises et des institutions de l'État, les contacts avec le BIE, la stratégie de nos concurrents et la lutte pays par pays pour obtenir des soutiens en Amérique latine, aux Caraïbes, en Asie, en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, voilà le contenu de cette histoire qui reflète aussi la constance et la

ténacité de l'Aragon dans sa volonté d'accueillir l'Exposition universelle de 2008 qui vient d'être inaugurée.Jose Manuel Paz Agüeras entre dans la carrière diplomatique en 1973 et a occupé divers postes diplomatiques et consulaires en Bolivie, en Allemagne et aux États-Unis jusqu'à sa nomination au poste de Secrétaire général technique du Ministère des Affaires étrangères, en 1985. Il a été ambassadeur d'Espagne au Zimbabwe, dans la Principauté d'Andorre, et il est actuellement ambassadeur d 'Espagne dans l'ancienne République yougoslave de Macédoine. Il est l'auteur de plusieurs publications sur le service extérieur et d'essais historiques et politiques.

> « Boquerones en Brooklyn » Juan Fernández Trigo. Editorial Seix Barral. Dès que Fernando rencontre Maria dans une boîte de nuit et s'immisce dans son aventure avec Barnaby, l'harmonie de leur monde se brise, et ne sera rétablie qu'avec la disparition de l'un d'entre eux. Dans cette histoire de suspense, à la

trame complexe, les personnages reconnaissent qu'il faut éliminer quelqu'un, mais ne s'entendent pas sur la personne à éliminer. Sexe, intrigue, mafia, criminalité et... anchois se mêlent habilement dans ce récit du diplomate Juan Fernández Trigo, ambassadeur d'Espagne à Port-au-Prince (Haïti). Un thriller captivant au dénouement totalement inattendu.

> « Sortir de la ruelle du Chat », Manuel Montobbio. Editorial Icaria. La Commission européenne, la Fondation FRIDE, l'Institut royal Elcano et la Fondation CIDOB ont uni leurs efforts pour présenter « Sortir de la ruelle du Chat. La déconstruction de l''Orient et de l'Occident et la gouvernance mondiale ». Notre ambassadeur d'Espagne en Albanie plaide, dans son ouvrage, pour un nouvel ordre mondial selon lequel la Terre apparaît comme un vaisseau spatial où l'humanité doit assumer la difficile tâche de sa conservation pour les futurs équipages. La recherche de nouveaux paradigmes pour « Ce voyage » est envisagée par l'auteur à travers les idées fondatrices de cet ordre mon-

dial et qui sont au nombre de quatre : démocratie, développement, paix et culture. Selon l'auteur, ces idées devraient être redéfinies en commençant par la suppression des préjugés sur l'Orient qui déforment la réalité. L'auteur l'explique au moyen des miroirs convexes et concaves - comme dans la ruelle du Chat, à Madrid - qui nous empêchent de voir clairement la situation. Pour sortir de cette ruelle du Chat, il nous propose, en outre, des idées fondatrices : les perspectives, objectifs, principes et valeurs, attitudes et outils qui nous permettront de construire. Parmi cellesci, la tolérance, qui doit être développée comme antidote au fanatisme. L'auteur a une vision optimiste d'un avenir où prédominent l'Alliance des civilisations, le dialogue, le pari sur le multilatéralisme contre le choc des civilisations... En tout état de cause, la lecture de ce livre intense fournit une boîte à outils intellectuels extrêmement utiles pour analyser le voyage du vaisseau spatial terre. En outre, ce livre fournit des citations et commentaires de l'auteur pleins de poésie et de nombreuses références à des écrivains aussi divers que María Zambrano, Amin Maalouf, Samuel P. Huntington ou Robert A. Dahl.

> « Discours de l'ours », Julio Cortázar. Editorial Libros del Zorro Rojo. La Casa de América de Madrid a accueilli la présentation d'un livre pour enfants écrit par Julio Cortazar et illustré par Emilio Urberuaga. « Discours de l'ours » est le seul conte pour enfants écrit par l'auteur argentin. En


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● diverses

Nouvelle-Guinée. Les éditions en français et en anglais constituent un outil de travail utilisé par un grand nombre d'acteurs de l'humanitaire. La traduction espagnole de ce livre, élaborée grâce à l'Institut des études sur les

réalité, pour « deux enfants », ceux de son ami, le peintre et poète Eduardo Jonquières. Jusqu'à présent, ce récit n'avait été publié que dans les célèbres « Cronopes et Fameux » (1962). L'éditeur, Alejandro Garcia Schnetzer, a extrait ce texte et en a fait un conte magnifique pour enfants à partir de 6 ans, avec la collaboration d'Emilio Urberuaga, qui signe là l'une de ses plus brillantes illustrations. Un conte ingénieux et amusant sur les aventures nocturnes insolites d'un ours sympathique vivant dans les tuyauteries d'un immeuble, provoquant ces bruits mystérieux que l'on entend parfois, la nuit, chez soi.

> « Evaluer l'action humanitaire. Réflexions sur le terrain », plusieurs auteurs. Editorial Icaria. Ce livre, publié en son temps par Active Learning Network for Accountability and Performance in Humanitarian Action (ALNAP), recueille pour la première fois un ensemble d'expériences de personnes très impliquées dans l'évaluation de programmes humanitaires, et fournit des exemples de leçons tirées de ces processus. Il s'agit de l'évaluation de neuf opérations d'aide humanitaire menées sur les cinq continents, dans des endroits aussi divers que le Nicaragua, les Balkans, le Tadjikistan ou la

conflits et l'action humanitaire (IECAH) permettra, entre autres, de faire connaître la nécessité et l'opportunité de l'évaluation de projets dans ce domaine.

> « La casa de Dostoievsky », Jorge Edwards. Editorial Planeta. Prix du roman latino-américain. L'écrivain chilien Jorge Edwards se sent « optimiste » à propos de la situation actuelle à Cuba et estime que les changements en cours, s'ils semblent « petits vus de l'extérieur», constituent des « progrès » et « sont importants ». « Ces changements créent une dynamique irréversible de l'histoire, à mon avis », a déclaré Edwards lors de la présentation de son roman « La casa de Dostoievsky », lauréat du Prix Planeta-Casamérica du roman latino-américain 2008, qui vient d'arriver en librairie en Espagne et dans plusieurs pays hispanoaméricains. Le roman récompensé, qui cristallise d'une certaine manière

le retour littéraire d'Edwards à Cuba, recrée à travers la fiction « l'affaire Padilla » et le schisme que fit naître, dans l'intelligentsia de l'époque, la persécution du poète dissident. L'affaire Padilla brouilla Edwards avec

certains de ses amis comme Mario Vargas Llosa et Julio Cortazar. Le livre a été présenté à la Casa de América sous la forme d'un dialogue avec la journaliste et écrivain Nativel Preciado, qui a également conversé avec l'écrivain colombien Fernando Quiroz sur son roman « Justos por pecadores », finaliste du même prix. Dans ce roman, Quiroz, rédacteur culturel et chroniqueur au journal « El Tiempo », recrée quelques unes de ses expériences avec l'Opus Dei, dont il fit partie lorsqu'il était très jeune, et les méthodes de captation utilisées par l'ordre.

> ‘« Voyage au Soudan », Pablo de Jevenois. Carnets d'Exils. Editorial Luis Llera Libros. Dans Voyage au Soudan, trois amis affrontent un pays presque inconnu avec, pour tout bagage, le rêve et la volonté. Sans livres, cartes géographiques ni références, sans programme, sans provisions ni moyens de transport, ils se lancent vers un monde qui

s'ouvre à eux à mesure qu'ils avancent à travers déserts sans fin, paysages de légende, hameaux et villages, oasis ombragées. C'est « l'anti-voyage » de ces temps modernes. Parcourant une voie presque totalement inconnue à travers les paysages de la Nubie, suivant au hasard ceux qu'ils rencontrent, dépendant de la générosité et de la sympathie de gens très différents de l'image que nous en offrent habituellement les médias. Il ne s'agit pas seulement d'un voyage à travers les déserts, mais aussi à travers le temps, une rencontre surprenante avec le peuple, l'histoire et la culture du Soudan.

> « Portugal, Iraq et Russie. Aspects diplomatiques de quelques missions sensibles ». José Antonio de Yturriaga Barberán. Editorial DosSoles. Pour ces mémoires, José Antonio de Yturriaga a choisi les trois étapes les plus intéressantes de sa longue expérience diplomatique : en premier lieu, le Portugal et la « Révolution des œillets » qui s'est achevée par l'assaut contre l'ambassade d'Espagne à Lisbonne. Un événement que l'auteur a vécu minute par minute, tout comme le processus de démocratisation qui a commencé à partir de


miradas al exterior publications

experis en la carrera de un iza en cada caso la situación

jo y la del jurista y el desparpa

os en la pluma.

8-84-96606-29-6

Barberán José A. de Yturriaga

IA PORTUGAL, IRAK Y RUS

OMÁ TICA S SEM BLA NZA S DIPL S SENSIBLES DE UNAS MISIONE

el Presidente Aznar.

TICAS DE UNAS SEMBLANZAS DIPLOMÁ

époconcierto postcomunista, a ecibe, entre otras, las visitas

RÁN YTURRIAGA BARBE JOSÉ ANTONIO DE

RUSIA PORTUGAL, IRAK Y ES MISIONES SENSIBL

s cogido para estas memoria din su dilatada experiencia con el claveles”, que culminó que n Lisboa, acontecimiento la misión en Bagdad durante Rusia mo, su embajada en la

VALIJA DIPLOM ÁTICA

la révolution. Ensuite, l'Ambassadeur Yturriaga évoque sa mission à Bagdad, pendant la guerre entre l'Iraq et l'Iran, et l'évolution des différentes étapes du conflit. Enfin, il relate son expérience durant son ambassade dans une Russie traumatisée par la confusion postcommuniste. Époque où le président, Boris Yeltsine, a reçu a Moscou Leurs Majestés le Roi Juan Carlos et la Reine Sofia et le président José María Aznar.

> ‘« Rouge et vert. Alimentation et cuisines du Maroc » Isabel González Turmo, Fatima El Ouardani et Abdeslam El Aallali. Ediciones Trea. Casa Árabe, à Madrid, et l'Institut européen de la Méditerranée, à Barcelone, ont tous deux accueilli la présentation de ce livre, résultat de l'enquête menée entre 1998 et 2001 dans douze villes du Maroc. Son objectif était d'approfondir le fait culinaire et alimentaire du Maroc, à un moment où le pays vit des changements importants dans la production et la distribution des aliments, avec l'ouverture à la mondialisation qui en découle, la modification des réseaux de marché et des systèmes de vente et la conceptuali-

sation de la cuisine provoquée par le développement du tourisme et la diffusion des cuisines ethniques. Le régime alimentaire, dans son développement, dans son rythme et sa saisonnalité ; la préparation et la conservation des aliments ; l'apprentissage culinaire ; les repas et la cuisine rituelle, ou les comportements, attitudes et opinions sur les aliments sont analysés dans cette œuvre qui nous propose une vision complète de la tradition et de la modernité de la cuisine actuelle de ce pays voisin. Cette l'étude a été menée par Elizabeth Gonzalez Turmes, docteure en anthropologie sociale et spécialiste de l'anthropologie de l'alimentation, et Fatima El OUARDANI et Abdeslam El Aallali, docteurs en sciences biologiques et membres de la Commission internationale d'anthropologie de l'alimentation.

(GraJosé Antonio de Yturriaga en Derecho nada, 1936) se licenció Sevilla y es por la Universidad de se de MaDoctor por la Compluten Ayudante Profesor fue que la drid de al Privado y de Derecho Internacion y Encargado de Derecho Diplomático Invitado Consular así como Profesor Internaen la Academia de Derecho cional de La Haya.

Autor de numerosas publicaciolas NU en el nes (“Participación de ación”, “Reproceso de descoloniz protection gional conventions on the t”, “Straits of the marine environmen navigation”, used for international of fishe“The international regime en la jurisdicción ries”, “Ámbitos de sobre el DeConvención de las NU sido Embaha etc.) Mar”, del recho Moscú y jador en Bagdad, Dublín, e ante las Representante Permanent NU en Viena.

> « Dommages collatéraux. Un espagnol dans l'enfer irakien’. Ignacio Rupérez. Editorial Planeta. Le conflit irakien a connu une évolution si constante et absurde qu'il a fini par engloutir l'ensemble de la population du pays et affecter le reste du monde. L'auteur, ambassadeur d'Espagne en Iraq jusqu'en Février 2008,

relate les événements, avec le mérite d'avoir vécu au cœur du drame et d'avoir connu ce pays, aujourd'hui plongé dans une spirale de détérioration douloureuse et imprévisible, en des temps meilleurs. Le témoignage et l'avis d'Ignacio Rupérez sont présentés avec simplicité et sincérité, comme si, avec ses délicates affectations à La Havane et à Bagdad, personne ne l'avait engagé à chercher les ennuis, mais une fois dedans, il n'avait d'autre choix que de les raconter.

> « Économie pour une planète surpeuplée ». Jeffrey Sachs. Editorial Debate. Nos idées sur les marchés, le pouvoir et la souveraineté nationale n'ont pas encore intégré les réalités d'une planète surpeuplée. Nous sommes pris dans une bataille entre idéologies rivales, dont aucune n'affronte les véritables défis qui consistent à préserver et accroître la prospérité économique dans un monde affecté par d'immenses inégalités, une pression sans précédent sur l'environnement, une population mondiale qui augmente vertigineusement et des conflits politiques et culturels aigus. Ce livre propose une manière

● diverses

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de reformuler les pensées et les mesures économiques pour affronter ces réalités. Il montre que nous pouvons renforcer la gouvernance locale afin de surmonter les défis mondiaux. Il explique comment la coopération internationale doit accepter la concurrence sur les marchés pour relever les défis concernant la population, l'environnement, la pauvreté et les droits de l'homme. Il montre surtout que la société dans son ensemble, entreprises, chefs religieux et politiques, individus doivent commencer à réfléchir aux réalités du XXIème siècle et admettre que les règles du jeu économique ont changé.

> « Le livre de l'eau ». Félix Romeo, Arundhati Roy, Francisco García Olmedo, Pedro Arrojo Agudo, Habib Ayeb, Miguel Solanes, Andrei Jouravlev. Editorial Debate. Les deux tiers du corps humain, comme de la planète Terre, sont constitués d'eau. L'élément liquide est nécessaire à la vie et il détermine, entre autres, récoltes, inondations, communications. L'eau, qui est inodore, incolore et insipide, est en outre parfois invisible. Le changement climatique, la désertification, la sécheresse et la pollution marine, parmi d'autres phénomènes, doivent nous alerter sur la nécessité de gérer rationnellement et durablement les ressources hydriques, indispensables à la vie. C'est la raison pour laquelle, dans le cadre de l'Expozaragoza, plusieurs experts ont souhaité se joindre à des initiatives de vulgarisation et de sensibilisation du public sur la question de l'eau.


 l'interview

Carlota Castrejana et Jesús España sont passionnés de sport et revendiquent l'égalité des hommes et des femmes en athlétisme. À l'horizon des Jeux de Pékin, tous deux défendent l'esprit olympique et la compétition entre sportifs. Ils s'accordent sur le rejet du dopage et analysent les possibilités des athlètes espagnols lors du grand rendez-vous sportif de l'été

PÉKIN 2008 LE RENDEZ-VOUS EST À


miradas al exterior carlota castrejana et jesús españa

● l'interview

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carlota castrejana et jesús españa

● l'interview

TEXTE : Pepe Bodas PHOTOGRAPHIE : javier Hernández

Deux mois avant le début des Jeux olympiques de Pékin, les pistes d'athlétisme du Conseil supérieur des sports, à Madrid, fourmillent d'athlètes. Deux de nos sportifs les plus reconnus, Carlota Castrejana (Logroño, 1973) et Jesús España (Madrid, 1978), s'y entraînent quotidiennement en attendant la confirmation de leur participation aux Jeux olympiques. Pékin 2008 les attend. — Ils ne sauront pas s'ils vont à Pékin avant la fin du mois de juillet, lorsque auront lieu à Ténériffe les championnats d'Espagne d'athlétisme. À l'heure actuelle, les seuls athlètes qui sont sûrs de participer sont ceux des disciplines de marche et de marathon. Ont-ils des chances d'aller au rendez-vous olympique ?

— Jesús España : En effet, il n'y aura pas de sélection définitive pour les Jeux avant le 27 juillet. Pour aller à Pékin, il faut réussir une performance minimale. Carlota l'a déjà réussie depuis 2007, mais moi, je dois y parvenir. De plus, nous devons prouver que nous sommes en forme, car dans certaines disciplines, il peut y avoir plus de trois candidats, nombre autorisé par épreuve. Par exemple, pour le 5 000 m, qui est mon épreuve, il y aura forcément plus de trois athlètes ayant réussi la performance minimale. — Carlota Castrejana : Moi, je suis plus sereine. J'ai déjà réussi la performance minimale exigée et il est improbable que plus de trois sauteuses de triple saut y parviennent. Cela me donne beaucoup de sérénité pour planifier les Jeux, même si, bien sûr, je dois prouver lors des championnats d'Espagne que je suis en forme. Ma mission, aujourd'hui, est de me maintenir en forme. De plus, l'exigence des Jeux olympiques est maximale. On peut être le meilleur athlète espagnol ou européen, mais il faut encore se battre pour aller aux Jeux. — Donc, vous vous voyez participer sur les pistes du nouveau stade de Pékin. — J. E. : Si en ce moment même, je me vois courir à Pékin, quelquefois je doute. Je suis dans une phase d'entraînement important et si tout va comme ces dernières années et je n'ai pas de lésions m'empêchant d'être

à un bon niveau, j'y serai, en plus, avec la possibilité de faire un bon résultat. Mais c'est très compliqué d'en parler à l'avance. En 2004, j'ai eu une mauvaise expérience avec les Jeux olympiques. J'avais le niveau et la performance pour aller à Athènes mais j'ai eu une blessure assez grave qui m'a empêché de participer. En ce moment, c'est ce qui m'inquiète le plus. Cependant, le problème des lésions semble être assez bien contrôlé et la préparation en très bonne voie. — C. C. : Quelquefois nous parlons de la contrariété que peut provoquer une déception aussi grande que celle de ne pas participer à des Jeux olympiques alors qu'on s'y est préparé. À ce moment-là, la seule chose que peut faire un sportif, c'est tirer la leçon de l'expérience et essayer de faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Un sportif apprend chaque jour à perdre et à gagner. À tomber et à se relever. Une mauvaise expérience influe d'une certaine manière, mais vous rend plus fort. — José María Odriozola, président de la Fédération espagnole d'athlétisme, a récemment affirmé que Pékin serait probablement le rendez-vous olympique auquel participera le plus grand nombre d'athlètes d'Espagne. Quelles sont les chances de notre athlétisme à ces Jeux olympiques ? — J. E. : S'il en est ainsi, ce sera déjà un

LE PROFIL DE CARLOTA CASTREJANA Née à Logroño en 1973, Carlota Castrejana est un cas atypique dans le sport espagnol, car elle a pu concourir à deux éditions des Jeux olympiques dans des disciplines aussi différentes que le basket et l'athlétisme. À Barcelone’92, elle faisait partie de l'équipe olympique de basket qui a remporté la cinquième place. Avocate de profession,

son changement de sport pour les pistes a été rapide et dès 2000, elle était championne d'Espagne de triple saut, titre qu'elle a revalidé depuis, grâce à sa technique et à sa taille de près de 1,90 mètre. Elle a été 41 fois internationale, Prix national du sport en 2002, elle est l'actuelle championne d'Europe sur piste couverte, et

elle a été finaliste lors de plusieurs championnats du monde. Ses chances de médaille à Pékin sont une réalité au vu de sa progression

au cours des dernières années. Photographies, de gauche à droite, podium aux derniers championnats d'Europe sur piste couverte, et

diverses participations internationales, comme les championnats d'Europe de Madrid de 2005, où elle a été médaillée d'or.


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succès. En outre, le président Odriozola n'a pas l'habitude de faire des prévisions à la légère. Il est peut-être trop optimiste mais son estimation, faite à partir de nombreuses analyses, est assez sérieuse. Pour moi, le seul succès assuré est celui de Paquillo Fernández. Il nous y a trop habitués. Il remporte des médailles depuis des années. Et je crois qu'il pourrait même décrocher l'or. En plus, il le mérite. Avec l'Équatorien Jefferson Pérez, c'est actuellement le meilleur marcheur. Non seulement pour son parcours, mais aussi pour sa manière de s'entraîner. Pour les autres, ce sera plus difficile. C'est très compliqué de parler de médailles. Les athlètes vont aux Jeux très bien préparés et il pourrait y avoir beaucoup de quatrième et cinquième places, ce qui est aussi important… La différence entre remporter une médaille ou un diplôme olympique est minime. Elle est énorme en ce qui concerne les répercussions, mais objectivement très petite pour ce qui est du résultat. Je pense que le niveau des athlètes devrait être mesuré en fonction des diplômes olympiques obtenus et même, selon le niveau avec lequel nous arrivons à la compétition. — Barcelone 92 a vraiment constitué un avant et un après pour le sport espagnol ? Comment évaluez-vous l'athlétisme espagnol actuellement ? — C. C. : Sans aucun doute. Non seulement

en raison du succès des Jeux olympiques de Barcelone eux-mêmes, mais également en raison des quatre années de préparation pour y participer. La création en 1988 du programme d'aide au sport, ADO, doit d'ailleurs être associée à ces bons résultats. Notamment pour son action dans des petites villes. Moi, je l'ai senti et vécu personnellement dans ma ville - Logroño -, où la promotion du sport a été spectaculaire. — J. E. : Ces dernières années, l'athlétisme se professionnalise beaucoup, mais il n'est pas au niveau d'autres sports. En effet, beaucoup de sportifs de haut niveau peuvent se consacrer au sport grâce à des programmes tels que l'ADO. Ils procurent stabilité et sécurité. Car même si vous aimez beaucoup le sport, pour atteindre un niveau de compétition de Jeux olympiques ou de championnats d'Europe, il faut une spécialisation. Et cela n'est possible qu'en étant professionnel. Vous ne pourriez pas vous consacrer corps et âme à quelque chose sans des aides comme celles que fournissent ces programmes s'adressant aux sportifs. — C. C. : Nous, nous sommes des privilégiés. En plus de l'ADO, nous avons des bourses de la Fédération et un parrainage privé. Mais il y a beaucoup de gens qui travaillent autant que moi et qui n'ont pas de ressources pour les aider. — J. E. : Celui qui fait de l'athlétisme pour

● l'interview

CARLOTA CASTREJANA « Les Jeux olympiques ne sont pas propriété de la Chine. Ils sont à tous les pays et à tous les sportifs qui y participent » « Il faut trouver l'équilibre dans la liberté d'expression… Et ce point se trouve dans la compétition elle-même et dans l'esprit qui anime les Jeux » « Le niveau de l'athlétisme espagnol est actuellement le plus haut de l'histoire » « Les Jeux olympiques ne doivent pas être politisés, comme certains veulent le faire»

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● l'interview

l'argent est très limité. Dans ce sport, il faut s'engager par ambition sportive, pour essayer d'améliorer ses résultats. Et si vous disposez d'un soutien financier, c'est mieux ; vous êtes plus détendu, plus tranquille. Actuellement, le niveau de l'athlétisme espagnol est plus haut que jamais. Avant, les athlètes espagnols, nous excellions dans des spécialités très précises, mais maintenant nous pourrions remporter des médailles dans n'importe quelle discipline. De plus, nous vivons un moment d'égalité de niveau entre hommes et femmes. Une médaille remportée par un homme a la même valeur qu'une médaille remportée par une femme. Nous sommes égaux. L'athlétisme est un sport égalitaire. Et même en sauts, le niveau féminin est supérieur au niveau masculin. Dans chaque spécialité, il y a aujourd'hui une athlète ayant des chances de décrocher une médaille. Carlota Castrejana, en triple saut ; Concha Montaner, en longueur ; Naroa Agirre, à la perche, et Ruth Beitia, en hauteur. Cette dernière a peut-être les chances les plus fortes, car Ruth obtient toujours de bons résultats au niveau mondial. D'après moi, elle représente la possibilité de médaille la plus sérieuse à Pékin. — C. C. : Moi, je ne voulais pas mentionner le nom de Ruth Beitia pour ne pas lui mettre la pression… En ce qui concerne l'égalité

des hommes et des femmes en athlétisme, en effet il en est ainsi. Nous sommes égaux. Les bourses sont les mêmes, les prix… — J. E. : Plus de pression que celle que subit déjà Ruth… En réalité, la pression est celle que chacun s'impose. Prenons par exemple le cas de Paquillo. Il doit être l'un des rares athlètes qui ne signeraient pas tout de suite pour être seulement vice-champion olympique. Car il a des possibilités et beaucoup de chances de remporter la médaille d'or. — Francisco Javier « Paquillo » Fernández est le meilleur athlète espagnol de l'histoire ? — J. E. : Pour un athlète de fond comme moi, Paquillo et Fermín Cacho sont des références. Paquillo a été champion d'Europe… Il a remporté un succès dans toutes les compétitions auxquelles il a participé. En raison de ses résultats, il mérite d'être le meilleur athlète espagnol de tous les temps. Et s'il décroche l'or à Pékin, cela ne fera aucun doute. — C. C. : Fermín Cacho a marqué un avant et un après dans l'athlétisme espagnol. Depuis les Jeux olympiques de Barcelone, son image dans ce sport est incomparable. Son triomphe aux Jeux de 92 est sans précédent. En athlétisme féminin, la grande référence est sans aucun doute Marta Domínguez. — Les améliorations techniques ont-elles une influence sur le rendement et les

performances ? Et dans des cas comme celui de l'athlète sud-africain Oscar Pistorius, qui concourt avec une prothèse aux jambes ? — C. C. : Les améliorations techniques font généralement partie de l'attirail, du marchandisage qui accompagne les Jeux olympiques. Il est évident que tout évolue et s'améliore. Et cela est perceptible au niveau de nos performances. Mais une performance ne s'améliore qu'avec un entraînement quotidien. Voilà ce qui est réellement important. — J. J. : Pékin ne va pas être une révolution. On ne va pas y trouver une piste très différente. Quant à Oscar Pistorius, je dois dire que je me réjouis pour lui. Son esprit de dépassement est enviable et admirable. À sa place, un autre ne ferait peut-être même pas de sport. De plus, il défend un groupe de personnes - les personnes handicapées - et c'est très bien de les soutenir. Néanmoins, le fait qu'il concoure à des Jeux olympiques est plus controversé. Il faudrait analyser d'autres facteurs. — Est-il possible qu'Oscar Pistorius ait un avantage ? — J. E. : Je pense que oui. Sa façon de courir est différente. Elle a quelque chose de mécanique, elle n'est pas normale. La fatigue musculaire est inférieure… Les soléaires, les muscles jumeaux, les articulations, etc., sont moins sollicités. D'autre part, je pense

LE PROFIL DE JESÚS ESPAÑA Athlète madrilène, spécialiste des épreuves de fond et demi-fond, il fêtera ses 30 ans pendant les Jeux de Pékin. Entraîné par Dionisio Alonso, sa discipline présente le sérieux handicap de concourir avec l'ensemble de l'élite africaine. Et pourtant, son palmarès international est impeccable, comme le prouve sa septième

place à l'épreuve de 5 000 mètres lors du dernier championnat du monde d'Osaka, où il a eu l'honneur d'être le premier athlète blanc dans le palmarès de la finale. Il a été champion d'Europe du 5 000 mètres (photo de gauche) en 2006. Il lui sera difficile de décrocher une médaille aux Jeux olympiques, compte tenu de la présence

de nombreux athlètes africains, mais ses 13:15.44 au 5 000 m sont une garantie suffisante pour l'emmener

en finale. Il détient le titre de champion d'Espagne depuis 2003 pour les distances de 5 000 et 3 000 m

sur piste couverte, et deux médailles de bronze européenne au 3 000 mètres sur piste couverte.


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qu'on a fait trop de bruit autour de ce sujet. De plus, pour l'instant, Pistorius n'a pas réussi la performance minimale pour aller à Pékin, qui est de 45:55. Mais s'il y parvient, il pourrait participer. Et s'il ne l'obtient pas, il pourrait être sélectionné pour le relais 4x400, quel que soit son temps. — C. C. : Le sport est une compétition, il ne doit pas récompenser des cas comme celui d'Oscar Pistorius. Même s'il peut y en avoir d'autres. Suite à l'avis du Tribunal d'arbitrage sportif (TAS), l'athlète sud-africain pourrait participer à Pékin avec ses prothèses. La décision du TAS m'a surprise. Ils ont tranché exclusivement pour Pistorius, qui a eu une défense spectaculaire, avec les meilleurs experts techniques. Avec une grande équipe d'avocats. Avec de très bons rapports médicaux. En effet, la décision crée un précédent, mais elle n'est pas applicable aux autres. C'est un arbitrage dans un tribunal international. — À propos, que pensez-vous du dopage dans le sport ? — J. E. : Les athlètes sont très contrôlés. La lutte contre le dopage est très intense et s'améliore sans cesse. En athlétisme, ceux qui se dopent sont une minorité. Mais les contrôles ont beau se renforcer, il y en aura toujours pour tenter de tricher, de prendre la voie la plus facile, comme dans n'importe quel autre domaine de la vie. Il existe des programmes de la Fédération espagnole

d'athlétisme, de l'IAAF, pour lutter contre le dopage. Je crois que nous sommes sur la bonne voie, même si je n'arrive pas à comprendre la philosophie des Américains, lorsqu'ils jugent les cas de dopage comme celui de l'athlète Marion Jones. Aux ÉtatsUnis, on punit plus le mensonge que le fait de s'être dopé. — C. C. : Moi, le cas de Marion Jones me rend furieuse. C'est une sportive qui avait tout. Elle m'a beaucoup déçue. Je la suivais de près, je concourais auprès d'elle, je la voyais aux échauffements… En analysant son cas, on se rend compte à quel point le dopage est dramatique et grave. Il fait qu'une personne médiocre devient une idole mondiale… Décroche des contrats millionnaires… Il vous transforme en quelque chose que vous n'êtes pas. — J. E. : Ce qui est beau dans le sport, c'est la compétition. Et la lutte entre plusieurs sportifs dont les performances sont similaires. Ceux qui se dopent prétendent qu'ils ne le savaient pas. Ceux qui le reconnaissent sont peu nombreux. Dans un sport individuel comme l'athlétisme, l'athlète est le seul responsable de ce qui pénètre dans son corps. — Un autre sujet polémique dans l'antichambre des Jeux olympiques est la situation des droits de l'homme en Chine et le cas concret du Tibet. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

● l'interview

JESÚS ESPAÑA « On devrait être évalué en fonction des diplômes obtenus, voire du niveau avec lequel nous arrivons à la compétition, pas uniquement en fonction des médailles» « Paquillo Fernández mérite d'être le meilleur athlète espagnol de tous les temps » « On lutte beaucoup contre le dopage et on s'améliore sans cesse… mais il y en aura toujours pour chercher à tricher, à prendre la voie la plus facile » « Dans un sport aussi individuel que l'athlétisme, l'athlète est le seul responsable de ce qui pénètre dans son corps »

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● l'interview

madrid 2016 a passé la première étape Madrid se rapproche de son rêve olympique. La candidature a atteint son premier grand objectif : être sélectionnée par le Comité d'évaluation du Comité international olympique comme ville candidate pour accueillir les Jeux olympiques de 2016. Elle sera en compétition avec Tokyo, Chicago et Rio de Janeiro. Dans l'évaluation des projets, Madrid a obtenu un score maximal de 8,4 points, seulement deux dixièmes de moins que la ville en tête de liste, Tokyo, avec 8,6. Elles sont suivies de Chicago (7,4) et Rio de Janeiro (6,8). Madrid a, en outre, obtenu la meilleure note dans sept des onze critères, parmi lesquels figurent le soutien populaire, l'héritage ou encore le transport. À l'annonce de la nouvelle, Alberto Ruiz-Gallardón, maire de Madrid, a assuré que la capitale « reste dans la course olympique avec plus de conviction que jamais ». Pour sa part, Mercedes Coghen, conseillère adjointe de Madrid 2016, a exprimé sa reconnaissance à toutes les personnes qui ont travaillé sur le projet. « Je suis très contente, car nous avons amélioré le projet technique et c'est une excellente nouvelle ». Jaime Lissavetzky, secrétaire d'État au Sport, a lui aussi exprimé son enthousiasme devant cette nouvelle : « Nous disputerons la finale à quatre pour être ville olympique en 2016. Nous sommes prêts à recevoir ce grand honneur ». Les prochaines dates clés pour le projet de Madrid sont le printempsété 2009, lorsque le Comité d'évaluation du CIO se rendra dans la capitale espagnole pour prendre connaissance de tous les points du dossier présenté par la ville, et le 2 octobre de la même année, date à laquelle sera communiqué à Copenhague le nom de la ville choisie pour accueillir les Jeux.

un jour d'entraînement Les dernières pluies à Madrid relâchent les intenses sessions d'entraînement. En tout début de matinée, Carlota Castrejana et Jesús España ont reçu ‘Miradas al exterior’ pour commencer ensuite la session matinale. Deux heures d'entraînement, repas, sieste et retour sur les pistes. Le compte à rebours pour Pékin exige un effort supplémentaire, c'est pourquoi le coureur de fond accumule plus de kilomètres que jamais et la sauteuse perfectionne sa technique.

— J. E. : Personnellement, j'ai une très mauvaise vision des choses. L'attitude de la Chine n'est pas nouvelle. Lorsque les Jeux olympiques ont été attribués à Pékin, cette situation était déjà connue. Si réellement on ne voulait pas organiser de Jeux olympiques à Pékin pour des raisons extra-sportives, cela aurait pu être décidé avant. — C. C. : Je pense que les Jeux olympiques ne doivent pas être politisés. On ne doit pas non plus les utiliser pour laver l'image des uns ou des autres, ni pour attirer l'attention sur des sujets d'ordre non sportif. Il est évident que nous sommes tous en faveur du Tibet et condamnons ce mépris des droits de l'homme. Mais les Jeux olympiques sont autre chose. Ils représentent la compétition. Les Jeux olympiques ne sont pas la propriété de la Chine. Ils sont à tous les pays et à tous les sportifs qui y participent. Ils vont se dérouler sur le sol chinois, mais au moment où ils commenceront, le 8 août 2008, les Jeux olympiques deviendront la compétition de tous les sportifs présents. — Les sportifs ont-ils pensé mener une action significative de condamnation ? — J. E. : Peut-être qu'une manifestation aura lieu mais personnellement, je préfère que

cela ne se fasse pas, car je pense qu'il y a d'autres lieux pour cela. Au niveau sportif, je ne pense pas que cela puisse arriver. Après tant de temps passé à se préparer pour concourir aux Jeux olympiques, y renoncer pour un tel motif... Ce n'est pas à nous, sportifs, d'intervenir. — C. C. : Il faudra trouver l'équilibre dans la liberté d'expression. Chacun a ses idées et a le droit de les exprimer, mais toujours avec le respect qui se doit aux Jeux et à l'esprit olympique. Les sportifs eux-mêmes devront trouver ce point. Non seulement en ce qui concerne le problème du Tibet, mais aussi d'autres sujets qui touchent la Chine depuis des années. À mon avis, ce point d'équilibre concernant la liberté d'expression se trouve dans la compétition elle-même et dans l'esprit qui anime les Jeux. — Carlota, vous avez laissé le basket-ball pour l'athlétisme et vous avez connu le succès dans ces deux sports. Quelles seraient les différences fondamentales entre un sport d'équipe comme le basket et un sport aussi individualiste que l'athlétisme ? — C. C. : Le basket et l'athlétisme n'ont rien à voir. Un sport d'équipe enseigne la dis-


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cipline, le sérieux, la force et, bien sûr, le travail en équipe. Mon expérience dans le basket m'a donné confiance dans le travail en équipe. De plus, grâce à l'équipe, si un jour vous êtes fatigué, si ce n'est pas votre jour, cela passe plus inaperçu. Mais en athlétisme, vous ne dépendez de rien ni de personne. Pour le meilleur et pour le pire. Le sport individuel permet d'être soi-même en tout. C'est toujours vous qui assumez la responsabilité et vous ne pouvez pas la partager, ni dans les bons moments ni dans les mauvais. Pour moi, qui apprécie le sport en général, la participation - à dix-huit ans - aux Jeux olympiques de Barcelone, dans la sélection espagnole de basket, a été une expérience incroyable. Ça a été comme une première étape. Ensuite, je me suis lancée dans l'athlétisme, un autre de mes sports préférés. Maintenant, je crois qu'à cet âge-là on ne réfléchit pas trop, on mise plus avec le cœur qu'avec la tête. À l'époque, j'ai laissé passer des propositions intéressantes pour jouer au basket aux États-Unis et dans des équipes espagnoles ou européennes, et j'ai décidé de recommencer à zéro. J'ai même renoncé à entrer dans une université amé-

ricaine. — Quelles sont vos expériences de relations avec les représentations officielles de l'Espagne et la communauté espagnole lors de vos déplacements à l'étranger ? La situation difficile vécue à Beyrouth par les membres de l'équipe espagnole de tennis féminin est très récente. — J. E. : J'espère ne pas me trouver dans une telle situation, même si je suis sûr que le soutien reçu de l'ambassade dans de telles circonstances doit être très important. Normalement, nous n'avons pas de contact avec l'ambassade espagnole dans les pays dans lesquels nous nous rendons, mais nous sentons la présence d'Espagnols lorsque nous sommes en compétition. Ils s'approchent de nous et nous encouragent, ils nous transmettent leur émotion. — C. C. : Moi aussi j'ai plus vu les membres de la communauté espagnole que les représentants de l'ambassade. Plus le pays où nous sommes est lointain, plus la culture est différente, plus nous sentons le soutien de nos compatriotes. De notre côté, nous leur transmettons l'ambiance que nous apportons d'Espagne… Nous sommes la sélection nationale.

À huit heures, le huitième jour du huitième mois de l'année 2008, commencera la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin. La délégation espagnole qui se rendra dans la capitale chinoise sera probablement moins nombreuse que celle présente à Athènes il y a quatre ans, où 332 sportifs avaient concourus. Néanmoins, l'Espagne pourrait occuper la cinquième ou sixième place par le nombre de participants. Notre sport, qui vit peut-être le meilleur moment de son histoire, se montre prudent quant aux chances de médaille, même si l'objectif est de dépasser les 19 médailles obtenues dans la capitale grecque (trois d'or, onze d'argent et cinq de bronze) et même les 22 de Barcelone 92 (treize d'or, sept d'argent et deux de bronze), record à battre à ce jour. Les bons résultats obtenus dans les compétitions disputées en 2007 et au début de l'année 2008 permettent aux responsables du sport espagnol d'être optimistes. À ce sujet, le secrétaire d'État au Sport, Jaime Lissavetzky, a rappelé récemment que l'Espagne a obtenu l'an dernier 18 médailles aux championnats du monde des modalités olympiques. D'après ces résultats, l'une des médailles pourrait être celle de l'équipe de basket masculin. D'autres sports dans lesquels l'Espagne aurait de grandes chances sont le hockey, le water-polo et la natation synchronisée. Également le tennis, le cyclisme et la gymnastique artistique. Et comme toujours, l'équipe espagnole de voile. L'Espagne vit sans aucun doute le meilleur moment sportif de son histoire. Et le rendez-vous olympique pourrait le confirmer. Nous le saurons en août.


-).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

GOBIERNO DE ESPAÑA -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Recuerda que en el extranjero

Tu Embajada puede ayudarte -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

Los consulados pueden > Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país > Prestar asistencia a detenidos > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación > Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos, así como otros trámites administrativos. Infórmate en > www.maec.es


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