MIRADAS AL EXTERIOR_07_FR

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> diplomatie Madrid a accueilli la Ve conférence des ambassadeurs

> l'interview rafael canogar : « J'ai cherché un langage universel »

> économie calzado camper, un style de vie

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MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Juillet-Septembre 2008 N˚7. 3e trimestre www.maec.es -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

Magazine d'inforMations diploMatiques du Ministère des affaires étrangères et de la coopération

L'ESPAGNE DANS LES

MISSIONS DE PAIX Avec les Nations Unies, l'Espagne participe à la prévention des conflits et aux aspects civils de la reconstruction analyse > l'ufi, les espagnols dans les organismes internationaux


 l'éditorial La politique extérieure de l'Espagne dans le cadre des interventions et des missions de paix Ángel Lossada

secrétaire d'État aux affaires étrangères

La politique extérieure de l'Espagne se fonde sur la défense de valeurs universelles qui nous sont communes en tant que membres responsables de la communauté internationale au sein de laquelle notre pays a su consolider et faire reconnaître son poids particulier, sa crédibilité et son regard dans le cadre d'un ordre international aussi dynamique que complexe. Notre objectif est de poursuivre une politique extérieure dans le cadre de laquelle le nom de l'Espagne devienne, partout dans le monde, synonyme de justice, d'humanité, de solidarité et d'engagement en faveur de la paix ainsi que de garantie de la sécurité et de la stabilité. Aujourd'hui, la nature des menaces à la sécurité et à la paix internationales n'est plus celle que nous avons connue par le passé. Même si les récents événements survenus en Géorgie tendent à prouver que les risques traditionnels existent encore, il n'en est pas moins certain que le niveau de violence entre États et le risque qu'une guerre directe éclate entre ceux-ci a considérablement diminué. Cet état de fait est en partie dû aux efforts de la communauté internationale qui s'est impliquée dans la recherche de solutions aux conflits à travers des processus de médiation et de négociation et, surtout, à la hausse significative du nombre d'opérations de maintien de la paix au cours des dernières décennies, ayant pour but de consolider les processus de paix et de gérer les crises au cours des phases post-conflit.

VOTRE boîte aux lettres. Miradas al exterior se veut un forum vivant et ouvert à vos suggestions et commentaires : opinion.miradas@mae.es

La violence politique et armée persiste, mais elle est essentiellement dirigée contre les populations civiles. Lors des conflits, neuf victimes sur dix sont des civils, ce qui génère de véritables crises humanitaires. La violence est le fait des gouvernements (comme nous l'avons vu au Kosovo dans les années 1990) et des acteurs non-étatiques qui ont fait leur entrée sur la scène internationale en faisant montre d'un potentiel et d'un protagonisme particuliers : milices, terroristes, guérillas, organisations criminelles… Les attentats terroristes qui se sont enchaînés de façon dramatique depuis le 11 septembre 2001, comme celui du 11 mars 2004 en Espagne, et qui pèsent encore douloureusement dans nos mémoires, ont établi une escalade de la déstabilisation et de la violence jusque-là inconnue et ont provoqué un changement de paradigme dans notre perception de la sécurité, avec l'irruption des « menaces asymétriques », et dans les instruments et mécanismes ayant pour but de les enrayer. Dans cette époque de mondialisation, les menaces lointaines (Afghanistan) peuvent être tout aussi importantes pour notre sécurité que celles qui nous sont plus proches. Ne s'agissant pas de menaces de nature purement militaire, elles ne peuvent s'affronter avec les seuls moyens des armées, mais avec une combinaison d'instruments plus complexes et une vision intégrale (sur le plan politique, diplomatique, humanitaire, de reconstruction, etc.). Ces menaces émergentes nous imposent, par conséquent, de nouveaux défis et de nouveaux objectifs pour les interventions et les missions de paix. Dans le nouvel ordre du jour international sur la sécurité, la priorité est à la lutte contre le terrorisme international, le crime organisé et la prolifération des armes ; autant de défis qui exigent la mise en place de stratégies et

de solutions intégrales. Et l'on pourrait en dire de même des États « faillis », des conflits régionaux, de la pauvreté ou de la dégradation de l'environnement. La communauté internationale, comme notre pays, doivent être prêts à faire face à ces crises irrégulières au cours desquelles nous devons gérer de multiples aspects comme leur dimension humanitaire (réfugiés et populations déplacées), la reconstruction économique et la capacité institutionnelle des États, la défense des droits de l'homme, les mesures de stabilisation et de renforcement des forces de sécurité, la démobilisation et le désarmement... Le tout en partant d'une vision intégrale et en utilisant des instruments toujours plus complexes qui mêlent, dans le cadre des opérations de maintien de la paix, des composantes militaires, civiles et de coopération. La mission de la FIAS (Force internationale d'assistance à la sécurité) en Afghanistan constitue un bon exemple de ce que nous venons d'énoncer. L'Espagne, avec ses effectifs militaires, se distingue également par le travail exemplaire de l'équipe provinciale de reconstruction que nous dirigeons dans la province de Badghis en comptant sur une aide matérielle importante de la part de l'AECID (Agence espagnole de coopération internationale pour le développement). Pour la sécurité et la liberté au sens large, le concept de « développement » est la clé d'un système de sécurité collectif fondé sur la prévention. L'étroite interaction entre les composantes du binôme sécurité/développement doit être profondément ancrée dans le respect des droits de l'homme, entendu comme la clé de voûte de la légalité et de la légitimité de l'action des États et de la communauté internationale envers les individus, et doit nous orienter vers un concept plus large de la sécurité qui dépasserait la seule sécurité des États pour inclure la sécurité des personnes. Il s'agit de créer des environnements sûrs où l'épanouissement des habitants soit possible, assurant le respect de leur droit à vivre dignement, sans crainte ni dans la misère, et dans lesquels, enfin, les droits de l'homme ne puissent être violés impunément.

Comité d'édition. Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération.

Premier vice-président : Directeur général de la communication externe. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinets du secrétariat d'État aux affaires étrangères, du secrétariat d'État à la coopération, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du secrétaire général de l'AECI (agence espagnole de coopération internationale).


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● l'éditorial

D'autre part, il convient de signaler que les causes profondes de l'instabilité sont complexes et peuvent aller du changement de régime au démembrement des États ou au changement climatique. Tout comme nous l'a démontré la crise du Darfour, derrière une guerre qui oppose en apparence un gouvernement musulman à une population chrétienne, se cache un conflit entre agriculteurs et éleveurs nomades pour le contrôle des rares ressources en eau de la région et dans lequel interviennent quatre états africains frontaliers. L'Espagne, avec deux avions de transport et un effectif militaire d'une centaine de personnes, participe à la PESD de l'Union européenne au Tchad (Eufor) dont l'objectif est d'apporter un soutien militaire à la mission des Nations unies (MINURCAT) à travers la protection des populations civiles, à faciliter l'aide humanitaire en créant un environnement de sécurité et à garantir la protection du personnel mandaté par les Nations unies. Par conséquent, la politique extérieure de l'Espagne défend la vision d'un multilatéralisme efficace, entendu comme le développement d'une société internationale plus forte, plus sûre, dotée d'institutions fonctionnant de façon plus efficiente et dans le cadre d'un ordre international fondé sur le droit, capable de nous fournir les instruments nécessaires pour intervenir en cas de violation de ses lois, en tant que membre responsable et solidaire d'une communauté internationale qui doit rester vigilante et active face aux États qui, pour leur part, manquent souvent des recours les plus élémentaires pour assurer la protection de leurs citoyens et de leur territoire. Le multilatéralisme efficace doit commencer par renforcer le rôle des Nations unies, desquelles découlent les principes de légalité et de légitimité internationales et où doivent être créés les outils de la coopération internationale sur la base d'une vision conjointe de notre sécurité collective. La vocation multilatérale implique également une participation active aux efforts

des organisations régionales pour intervenir dans des situations d'instabilité et de crise, comme l'Union européenne, l'OTAN, l'OSCE ou l'Union africaine... Aucun pays ne peut assurer à lui seul sa propre sécurité et la paix internationale sans un effort collectif, concerté et déterminé. L'Espagne est aujourd'hui le neuvième pays par ordre de contribution aux missions de maintien de la paix des Nations unies et, sous le mandat de celles-ci, nos forces participent, entre autres, à la mission de la FINUL au Liban avec 1 185 hommes, ce qui place notre contribution au troisième rang sur un total de 26 pays. Les forces du Salvador se sont jointes aux nôtres. Nous dirigeons la mission MONUC en République démocratique du Congo où le général Villegas a été désigné par le secrétaire général des Nations unies, au mois d'août dernier, pour diriger la plus importante et plus complexe opération menée jusqu'à ce jour. Nous maintenons également notre présence dans le cadre de la mission des Nations unies en Haïti (MINUSTAH), ceci n'étant qu'un exemple de la concertation et de la coopération de nos forces avec les pays latino-américains avec lesquels nous collaborons activement. En tant qu'État membre de l'OTAN, et sous le mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, nous participons à deux grandes missions : l'ISAF (avec près de 800 militaires) et la KFOR (environ 630 militaires). L'ISAF constitue actuellement le principal défi militaire pour l'Alliance atlantique. L'Espagne apporte des effectifs et des moyens importants à l'ISAF, mais nous défendons aussi une stratégie politique allant au-delà de la simple présence militaire pour travailler à la consolidation de la gouvernabilité, la reconstruction et la viabilité du pays en encourageant les Afghans à prendre en main leur propre sécurité et leur développement. Dans le cadre des conférences de Londres de 2006 et de Paris en juin dernier, l'Espagne s'est engagée à soutenir le développement en Afghanistan à hauteur de 150 millions d'euros jusqu'en 2010.

RÉDACTION. Direction : Julio Albi. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández.

Ont collaboré à ce numéro : David Merino, Luis Sánchez, Jacobo García, Ángel Zorita, Virginia Castrejana, Alexandra Issacovitch. Adresse : Direction générale de communication externe. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Nº 7. 3e Trimestre 2008. NIPO : 501-07-002-0. Publicité, impression et distribution : www.4ccomunicacion.com

Dans le cadre de la politique extérieure de sécurité et de défense (PESD) de l'Union européenne, l'Espagne a envoyé 323 militaires et 30 gardes civils rejoindre l'opération Eufor Althea en Bosnie-Herzégovine. En outre, notre pays soutient l'idée d'une coopération et d'une éventuelle intervention de la PESD dans la lutte contre la piraterie en Somalie, conformément à la résolution numéro 1816 du Conseil de sécurité des Nations unies prise en juin dernier, pour la protection des navires qui opèrent dans ces eaux ainsi que des convois humanitaires. Sans oublier le récent déploiement d'un contingent de 10 gardes civils dans le cadre de la mission d'observation en Géorgie. Voilà 60 ans que les missions de paix ont vu le jour, et 20 ans que l'Espagne y apporte sa participation. Les opérations et les missions de paix représentent aujourd'hui une dimension essentielle de notre politique extérieure et de coopération. Nous avons voté le plan national pour la prévention des conflits violents, qui vient compléter la gamme des instruments d'action extérieure et nous permet d'améliorer la coordination institutionnelle au niveau national comme avec les organisations internationales. La mise en œuvre de ce Plan incombe au Secrétariat d'État chargé des affaires étrangères. La stratégie de construction de la paix a été approuvée dans le cadre de l'AECID et, de la même façon, le Plan d'orientation de la coopération espagnole reflète cette priorité ainsi que la contribution des mesures de coopération à cet effort pour l'obtention de la paix et de la sécurité internationales et dans des domaines comme l'avancement des droits de l'homme et les processus de démocratisation et de consolidation institutionnelle. La construction de la paix, comme l'a signalé le président du gouvernement espagnol le 16 juin dernier, au musée du Prado, lors de son discours sur la définition des principaux objectifs de l'action extérieure espagnole en présence de l'ex-secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, est l'un des grands défis auxquels doit faire face la gouvernabilité internationale et exige de l'Espagne la poursuite d'une politique extérieure engagée. Publication éditée par la Dir. générale de communication externe du MAEC. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs.

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 action extérieure Depuis la fin de la guerre froide, en particulier ces dernières années, de grands efforts ont été fournis pour parvenir à atteindre l'objectif de l'Organisation des Nations unies : « le maintien de la paix et de la sécurité internationale » (Article 1, Alinéa 1 de la Charte). Dans ce but, et sans oublier l'expérience accumulée, un ensemble d'interventions pour mettre fin à un conflit ont été déterminés. À partir d'une perspective centrée sur les moyens militaires, qui restent essentiels, nous sommes ainsi passés à une perspective plus vaste dans laquelle la prévention entre en jeu et une attention spéciale est accordée aux aspects civils de la reconstruction post-conflit.

L'ESPAGNE DANS LES MISSIONS DE PAIX


miradas al exterior missions de paix

TEXTE : A. Spiegelberg de Ortueta. PHOTOS : EFE

● En premier lieu vient la prévention, reconnue par la Charte des Nations Unies qui consacre son Chapitre VI au « Règlement pacifique des différends », dans lequel les causes de conflits sont analysées et des mécanismes de règlement institués. Vient ensuite la réponse à un

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affrontement violent et là, sans doute, les opérations traditionnelles de maintien et d'imposition de la paix par des éléments de forces sont des éléments essentiels. Ensuite vient l'ensemble de mesures pour affronter les raisons de fond de la crise violente et où la reconstruction, comprise au sens le plus large, se révèle impérative et inévitable. Le fil conducteur n'est autre que de chercher à dépasser le conflit et mettre fin au cercle dangereux qui pourrait le reproduire. Cette perspective mondiale s'est traduite par le fait qu'actuellement, les interventions spécifiquement consacrées à la prévention des conflits violents d'une part, et les missions de consolidation ou de reconstruction post-conflit d'autre part, s'ajoutent de plus en plus souvent, avec leur personnalité propre, aux opérations de maintien et d'imposition de la paix stricto sensu. Notre pays est au premier rang de cette évolution et participe à toutes les interventions mentionnées au sein des

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● action extérieure

Nations unies et – en application du Chapitre Vii de sa Charte – des organisations régionales comme l'OTAN, l'OSCE et l'union européenne. Nous résumons ici cette évolution qui souligne la partie la plus novatrice de cette activité qui a toujours pour seul but la paix et la sécurité internationale.

● La prévention des conflits violents dans le monde. la nécessité d'intervenir par la prévention resurgit après la Guerre froide, avec l'ouverture de nouvelles perspectives pour le système des Nations unies. Les rapports du Secrétaire général, en 1992, sont particulièrement significatifs : « un programme de paix, de diplomatie préventive, d'établissement de la paix et de maintien de la paix », ainsi que le rapport de 1995 qui précise : « il est évident qu'il vaut mieux arrêter les conflits grâce à des mécanismes d'alerte rapide et une diplomatie discrète et, en certaines occasions, des déploiements préventifs, plutôt que de réaliser d'importantes opérations politico-militaires pour les résoudre une fois qu'ils sont installés ». le rapport du Comité des opérations de maintien de la paix – rapport brahimi – en 2000, constitue une avancée notable. Avec le Sommet du Millénaire, la prévention passe au premier plan, elle est reconnue dans des résolutions spécifiques de l'Assemblée générale comme les résolutions 55/281 du 13 août 2001 et 57/337 du 18 juillet 2003, ainsi que la résolution 1366 de 2001 du Conseil de sécurité sur la prévention des conflits armés. le Sommet de suivi de 2005 corrobore cette tendance et cherche à développer la culture de la prévention face à la culture de l'affrontement. Au niveau régional, de l'uE précisément, le Conseil de l'Europe de göteborg, en juin 2001, a approuvé le programme de l'UE pour la prévention des conflits violents. On peut lire dans son préambule : « La prévention des conflits violents est une question essentielle pour l'uE. C'est la raison fondamentale du développement de l'intégration européenne et elle reste l'élément inhérent au processus

L'ex-président du Gouvernement, Felipe González, en conversation avec l'ex-secrétaire d'État au Mexique, Jorge Castañeda, pendant les journées « Défis actuels de la paix et de la consolidation démocratique » à l'occasion du XVe anniversaire des Accords de paix du Salvador célébré à Madrid en 2007. EFE

d'élargissement qui projettera, à partir d'un continent toujours plus uni, des valeurs communes de sécurité, de liberté, de justice et de prospérité ». dans le programme de göteborg, il faut souligner en premier lieu que la prévention des conflits est envisagée comme l'un des objectifs prioritaires des relations extérieures de l'union dans le cadre du développement progressif d'une politique européenne de sécurité et de défense.

● Le Plan national de prévention des conflits dans le monde. le plan national de prévention des conflits violents dans le monde. dans l'union, nous participons à l'application du programme de göteborg, mais l'engagement de l'Espagne en faveur de la paix et de la sécurité internationale impliquait d'assumer un rôle plus actif. Au cours de la présidence espagnole, le 22 janvier 2002, notre plan national pour la prévention des conflits violents dans le monde a donc été approuvé.

Les OMP des Nations unies géraient au début de l'année plus de 20 opérations, impliquant un effectifde 130 000 personnes

Ce plan vient compléter les instruments de renforcement de notre action extérieure et améliore la coordination institutionnelle au nouveau national et dans les organisations internationales. Comme il est indiqué dans l'introduction de notre plan national d'action pour la prévention des conflits violents : « Notre pays possède une longue et fructueuse tradition historique dans ce domaine, car nous avons été une terre de rencontre et de cohabitation de cultures différentes et nous avons eu, dans un passé récent, une expérience de processus de transition fondée sur le dialogue politique, la consolidation des institutions démocratiques et le renforcement de la société civile. la projection de ces valeurs peut permettre à l'Espagne de jouer un rôle notable dans le développement de la culture de prévention des conflits violents ». L'essentiel du Plan concerne le système d'alerte rapide, largement fondé sur la collecte des informations liées aux situations pouvant évoluer en conflits armés, en application de l'instruction spécifique pour l'analyse des indicateurs de risque. Ces indicateurs concernent différents domaines : indicateurs démocratiques, indicateurs économiques et indicateurs sociaux. il s'agit de disposer d'une information précise et tournée vers l'action. Nous encourageons nos ambassades, qui reçoivent les demandes d'information, à compléter un formulaire précis, mais également à transmettre les suggestions qu'elles jugent opportunes. Ce système d'alerte rapide est lentement complété et amélioré, l'essentiel étant qu'il soit suivi de mesures de réaction rapide appropriées, tant politiques que relatives à la coopération.

● Mécanismes de règlement des conflits. les mesures à caractère politique sont diverses et sous-entendent différents niveaux d'implication : négociation, investigation, médiation, conciliation, accompagnement, règlements judiciaires… Elles nécessitent évidemment l'intervention de professionnels. Le négociateur principal accepte d'être régulièrement conseillé par des spécialistes de


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différents domaines. les interventions revêtent également des formes différentes : bilatérales, multilatérales au niveau régional (uE, OSCE), au niveau général des Nations unies, en intégrant par exemple le groupe d'amis d'un processus de paix déterminé. Selon les cas, il est aussi possible de recourir à une combinaison de tous ces mécanismes. la condition indispensable à toutes ces interventions est d'être invité par les parties en conflit à participer aux processus de paix.

● La prévention et la coopération au développement. parallèlement, la loi sur la coopération internationale pour le développement, qui considère la prévention comme une priorité, en particulier le plan directeur 20052008, a favorisé les mesures de coopération liées à la prévention des conflits. dans ce cadre, des programmes à impact rapide sur la prévention sont envisagés : défense des droits de l'homme, démocratisation, administration de la justice…. Dans les pays qui possèdent des bureaux techniques de coopération, il est prévu de mettre directement en œuvre ces programmes. dans d'autres cas, il faut recourir à d'autres voies, par exemple la collaboration avec des agences, fonds et programmes des Nations unies dans le cadre des mécanismes de coopération déjà établis. ● Les modèles du Salvador et du Guatemala. Même si les aspects politiques et de coopération de la prévention ont été mentionnés séparément, dans les processus de pais, ils forment en réalité un tout. la prévention est étroitement liée aux mesures de consolidation de la paix. Cela a, par exemple, été le cas des processus de paix au Salvador et au guatemala, où l'Espagne a joué un rôle très pertinent et qui restent une référence pour des interventions futures. Dans ces deux processus, la phase de prévention a été déterminante. l'Espagne a participé à la négociation des Accords de paix, toujours sur demande des parties, de manière indépendante, mais aussi en soutenant des initiatives de la région et des

Agents de la police nationale et de la garde civile en mission d'observation au passage de Rafah, dans les Territoires palestiniens. EFE

Nations unies, à travers sa participation aux groupes d'amis du processus de paix. lors de l'étape d'application des accords, l'Espagne a ensuite contribué de manière tout à fait remarquable aux missions de paix des Nations unies (ONuAC,ONuSAl, MINUGUA), avec des effectifs militaires, policiers (garde civile) et civils. la coopération espagnole a aussi fermement soutenu l'exécution du contenu des Accords de paix à travers une assistance technique et un financement.

● Les opérations de maintien et d'imposition de la paix (OMP). bien que cette présentation se concentre sur les nouvelles interventions et missions de paix, n'oublions pas les OMp traditionnelles qui, par ailleurs, disposent aujourd'hui d'une contribution espagnole considérable : Nous occupons la neuvième place pour le financement des missions des Nations unies. pour les missions comme la FINUL, nous sommes le troisième pays contributeur en termes d'effectif et, en application du Chapitre Viii de la Charte, nous participons très significativement aux effectifs militaires des missions de l'uE, comme l'EuFOr-AlTHEA en bosnie-Herzégovine, ainsi que de l'OTAN : la KFOR au Kosovo et l'ISAF en Afghanistan. la police et la garde civile jouent également un rôle louable lors des missions de

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la paix comme pour la MiNuSTAH, en Haïti. Il faut également signaler notre présence dans la Force de gendarmerie européenne mise à la disposition de la communauté internationale. Soulignons que le travail de perfectionnement des missions se poursuit au sein des organisations internationales comme des Nations unies. Avec cet objectif d'actualisation et de perfectionnement, la tâche accomplie par le Comité des opérations de maintien de la paix des Nations unies est remarquable. lors de la dernière session, le Sous-secrétaire général des Nations unies aux OMp a divulgué les données de janvier 2008 concernant le département des OMp : 20 opérations, un personnel autorisé représentant un effectif de 130 000 personnes incluant militaires, policiers et civils et un budget pour 2007-2008 s'élevant à 6,65 milliards de dollars. lors des débats, l'envergure croissante et la complexité des missions ont été soulignées. dans la situation de l'uE, le document du département des OMp « Opérations de maintien de la paix : principes et directives » et le rapport du Secrétaire général sur le rôle des Nations unies dans le soutien à la réforme du secteur de la sécurité ont été favorablement accueillis. Une fois de plus, il est apparu évident pour l'uE que le secteur de la sécurité est une condition préalable essentielle à l'établissement de l'État de droit ainsi qu'à la promotion et la défense des droits de l'homme dans les régions en situation de post-conflit. l'uE accorde également une attention spéciale à la protection des civils.

● Les missions de consolidation de la paix. En insistant sur les idées déjà exprimées, la nature civile de nombreux conflits rend les mandats des missions multidimensionnels. il s'agit de résoudre les causes profondes des conflits pour obtenir une paix durable, de chercher une réconciliation nationale permettant à l'État de remplir ses obligations envers la population. la responsabilité première d'établir des États viables incombe donc aux autorités locales. le contenu des mandats de ces

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Étudiants de l'école de musique Dessaix Baptiste, à Jacmel, au sud-est de Haïti, organisme dans lequel l'AECID a mis en œuvre plusieurs programmes. EFE

missions devient très varié : rétablissement de la sécurité des citoyens, administration de la justice, renforcement institutionnel, promotion des droits de l'homme, développement de l'économie… L'Espagne est venue défendre cette évolution des missions et la nécessité de mandats reflétant les mesures à adopter. La planification des missions civiles est toujours plus pertinente. C'est la raison pour laquelle la collaboration avec le ministère de l'intérieur, qui a désigné un commandant de la garde civile au MAEC dans l'unité OMP, est renforcée. Au niveau régional, nous participons activement à diverses missions de consolidation de la paix dans le cadre de l'OSCE, de l'OTAN et de l'uE. dans le cadre des Nations unies, soulignons notre intervention dans la MiNuSTAH. la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MiNuSTAH). pour son exemplarité, nous évoquerons la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MiNuSTAH), établie par la résolution du Conseil de sécurité 1524 (2004). L'énumération des objectifs de son mandat reflète fidèlement le contenu multidimensionnel de ces missions : la création et le maintien d'un environnement sûr et stable. La réforme de la police nationale haïtienne, le désarmement,

la démilitarisation et la réintégration. la démocratisation qui inclut non seulement le soutien au processus politique, mais également le dialogue national et la réconciliation, le bon gouvernement démocratique et l'extension de l'autorité de l'état à tout le territoire. Le renforcement des institutions et de l'administration de la justice et la contribution au développement social et économique du pays. Et tout cela doit être réalisé dans le cadre de la protection des droits de l'homme, en particulier des femmes et des enfants. Ce sont des objectifs réellement ambitieux qui imposent de conjuguer tous les efforts possibles. Pour faciliter l'exécution du mandat et rendre plus efficace l'action de la communauté internationale en Haïti, cette même résolution établit un groupe de base présidé par le représentant spécial et constitué par les différentes instances

Certains éléments des missions de consolidation de la paix ont un contenu de coopération au développement qui doit être mis en œuvre.

concernées, y compris les institutions financières. D'autres forums de convergence sont également prévus. l'ECOSOC a ainsi un groupe de conseil sur Haïti. de la même façon, la communauté des donateurs coordonne ses efforts lors de réunions comme celle de Washington, en 2004, et des réunions de suivi, dont la Conférence internationale pour le développement économique et social d'Haïti, qui s'est tenue à Madrid, le 30 novembre 2006. L'Espagne contribue très significativement à tous ces forums de coordination et participe à la MiNuSTAH, non seulement dans des domaines comme celui des forces de police, mais également dans l'administration de la justice, dirigée par un Espagnol. la coopération bilatérale continue de croître, comme cela a été mis en évidence lors des visites récentes réalisées au plus haut niveau.

● Les Missions de consolidation de la paix. Néanmoins, ces missions de reconstruction, même de longue durée, en raison de leur contenu, ne peuvent se prolonger indéfiniment et ne doivent pas négliger les stratégies de départ. la création de la Commission de consolidation de la paix des Nations unies, lors du


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La politique espagnole de défense et les missions de paix Luis Cuesta

secrétaire général de la politique de défense

Nous célébrons cette année le vingtième anniversaire de la participation des Forces armées espagnoles aux missions de paix. Durant cette période, la politique de défense espagnole a réaffirmé son engagement en faveur des valeurs universelles, consacrées par la Charte des Nations unies, de respect de la vie et des droits des personnes, ainsi que le renforcement des relations pacifiques et d'une coopération efficace entre les peuples de la Terre, comme le souligne notre Constitution. Pendant toutes ces années, les tâches de nos Forces armées ont été élargies. Elles ne se contentent plus de défendre nos frontières, mais doivent désormais défendre la paix au-delà de notre territoire, à travers de nouvelles missions à l'étranger, afin de projeter une certaine stabilité. Ceci n'est pas vain, notre objectif ultime est de contribuer à un système international toujours plus juste, pacifique et sûr, ayant la capacité d'affronter les anciennes et nouvelles menaces à la sécurité dans un environnement mondialisé. Articuler et renforcer le rôle de l'Espagne dans un concert de nations souhaitant la paix n'a pas été une tâche facile. Ces

nouvelles missions ont d'ailleurs été développées parallèlement à d'autres processus aussi importants, comme la modernisation de notre législation et la professionnalisation des Forces armées. Le catalyseur du processus de transformation et de changement de notre armée et de notre flotte a été précisément sa participation à des missions de paix hors de nos frontières. Cette fonction motive une adaptation continue de l'organisation de notre défense et des capacités militaires propres à une scène stratégique en évolution permanente. L'analyse sommaire de la législation et des directives de la défense nationale de ces dernières années met en évidence une véritable reconversion des Forces armées au cours des deux dernières années. Nous sommes ainsi passés de la conception territoriale de la défense, consacrée par la Loi organique 6/80, à la Loi organique 5/2005 de défense nationale qui, vingt-cinq ans plus tard, consacre une nouvelle conception des Forces armées, impliquant les modalités opérationnelles traditionnelles de défense et les missions liées à la sécurité découlant de nos engagements internationaux. En outre, la nouvelle Loi impose une double légitimité aux opérations hors du territoire :

une légitimité externe, dans le strict respect des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international conventionnel et une légitimité interne, car les nouvelles missions doivent reposer sur l'autorisation expresse des Espagnols par l'intermédiaire du Parlement. Pour leur part, les différentes directives de défense nationale, y compris celle de 2004 actuellement en vigueur, ont souligné la décision de rendre les Forces armées toujours plus importantes dans l'action extérieure de l'État pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans le monde. Nous pouvons distinguer trois grandes étapes dans l'évolution de la contribution espagnole aux missions de paix. L'étape initiale correspond à la participation des premiers observateurs militaires et des petites unités dans le cadre des Nations unies en Angola, Namibie, Amérique centrale, ainsi qu'a d'autres missions d'assistance humanitaire, comme celle du début des années quatre-vingt-dix aux réfugiés iraquiens d'origine kurde lors de l'opération Provide Comfort. Les guerres des Balkans ont donné lieu à une seconde étape où l'effort militaire était orienté vers des missions d'imposition de la paix, en agissant dans le cadre de l'OTAN, de l'UE et des missions de l'OSCE. La BosnieHerzégovine et le Kosovo représentent encore les principaux efforts de nos troupes pour parvenir à une stabilité définitive dans la région. La troisième étape commence après les attentats du 11 septembre 2001. L'Afghanistan et le Liban sont destinataires de missions de reconstruction et d'aide humanitaire très exigeantes

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auxquelles nos Forces armées participent actuellement, avec d'autres nations amies et alliées. Durant ces quatre décennies, plus de 100 000 soldats espagnols ont participé à 59 missions de paix et d'aide humanitaire dans plus de 30 pays sur quatre continents. La somme totale investie par l'Espagne dans les opérations de paix dépasse certainement 4 milliards d'euros. Lors de la dernière Législature (2004-2008), le montant des opérations est estimé à environ 1,4 milliards d'euros, avec plus de 75 000 passagers et 24 000 tonnes de matériel transportés pour cinq opérations différentes. Mais la dépense la plus lourde est le coût en vies humaines : 146 soldats perdu la vie pour accomplir leur devoir au cours des missions : ils ont donné leur vie pour que d'autres puissent vivre en paix. Par ces lignes, je leur adresse mon souvenir ému et ma gratitude pour avoir défendu la paix et la stabilité internationale. Tous ces efforts ont été soutenus par la majorité de la société espagnole qui valorise et apprécie toujours davantage le travail réalisé par les Forces armées à des fins humanitaires, à l'occasion de catastrophes civiles ou de tâches de reconstruction nationale. Nous devons nous sentir fiers d'avoir parcouru ce chemin ensemble, d'avoir fait de l'Espagne l'un des pays qui contribue le plus au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. À travers ces interventions et nos futures missions de paix, nous respectons et ferons respecter la légalité internationale, aidant à faire du multilatéralisme réel dans un environnement mondialisé une réalité.


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miradas al exterior missions de paix

● action extérieure

Sommet de 2005, a donc été opportune, car elle a permis de garantir en priorité le passage de la fin d'une mission à une situation normalisée de recherche d'un développement durable. pour l'Espagne, cette Commission doit remplir deux objectifs fondamentaux : maintenir l'attention politique sur les territoires en situation de post-conflit et garantir la coordination de la reconstruction. les activités de la Commission, récemment initiées, et la contribution à son Fonds sont, par conséquent, soutenues. Il ne faut pas non plus oublier que certains éléments des missions de consolidation de la paix on un contenu de coopération au développement qui doit être mis en œuvre. la SECi et l'AECid apportent progressivement leur contribution en faveur de cet objectif commun. le plan directeur 2005-2008, ou Stratégie de construction de la paix de la coopération espagnole pour le développement le prouvent bien.

● La Participation de civils aux missions de paix. le contenu des missions de consolidation de la paix, de reconstruction post-conflit implique un besoin croissant d'experts civils. le caractère multidimensionnel entraîne l'intervention de presque tous les domaines de l'administration. Si la participation de militaires et de membres des forces et des corps de sécurité de l'État aux missions de paix compte déjà une solide expérience et des systèmes de financement et de formation stables, la participation d'experts civils, plus récente, nécessite en revanche une attention spéciale. Cela représente un grand défi de coordination interne et internationale. les premiers points à résoudre concernent la sélection ou l'identification des candidats, leur formation et le financement de leur participation. ● La sélection des experts civils. Les Nations unies ont leur propre système de sélection, de formation et de financement. L' Unité des fonctionnaires internationaux du MAEC diffuse des informations sur les postes à pourvoir et procède au suivi et au soutien.

Réunion à Madrid du comité d'experts en administration de la justice en situation de post-conflit.

En revanche, les organisations régionales comme l'OSCE ou l'uE choisissent essentiellement le système d'experts nationaux détachés. le principe est que le pays qui présente des candidats doit supporter les principaux frais de ses ressortissants. En premier lieu, il faut procéder à l'identification de candidats potentiels. Dans l'UE, les Conférences de capacités civiles, organisées chaque année depuis 2004 pour connaître les offres possibles des États membres, ont été très utiles à l'Espagne, car elles ont permis de sensibiliser l'Administration à ces questions. dans certains domaines, nous obtenons ainsi des postes intéressants, comme dans les Équipes de réponse civile (CrT).

● Les experts espagnol en administration de la justice en situation post-conflit. S'il convient de participer à tous les aspects des missions de consolidation de paix, il n'en faut pas moins établir des priorités. Après l'expérience de ces dernières années, nous sommes parvenus à la conclusion que l'un des domaines dans lesquels notre pays est le plus efficace est celui de l'administration de la justice en situation de post-conflit. un comité d'experts composé de juges, procureurs, greffiers, avocats représentant les intérêts de l'État, conservateurs des hypothèques, médecins légistes, officiers de prisons, notaires … a été créé pour accélérer la participation aux missions de consolidation et conseiller les délégations espagnoles dans les forums. Pour développer les fonctions du comité, une magistrate inscrite à l'unité OMp du MAEC a été désignée.

d'autres comités, dans des domaines comme l'administration civile ou les droits de l'homme pourraient suivre.

● Formation de civils pour participer aux missions de paix. Une fois les experts civils sélectionnés, il faut leur dispenser une formation pratique pour leur intégration dans les missions. Même si les Nations unies ont été une référence constante pour cela, la formation en gestion civile de crises de l'uE nous a été très utile, en particulier notre participation au projet lancé par la Commission européenne en 2001. En 2002, nous avons organisé à Madrid une conférence pour établir des modules communs de formation en État de droit et Administration civile. les cours organisés par l'unité OMp dans ce cadre, en particulier ceux consacrés à l'administration de la justice en situation de post-conflit, ont déjà été élaborés. Cette expérience nous permet de mettre à jour cette formation en Espagne grâce à une nouvelle méthodologie et une sélection de formateurs ayant une grande expérience pratique sur le terrain. Nous pouvons ainsi mentionner les cours organisés par l'unité OMp, en collaboration avec les organismes comme l'iNAp, le Centre des études juridiques ou celui du Conseil général du pouvoir judicaire. depuis 2007, dans le cadre du programme de formation de l'AECID, l'Unité OMP assure aussi cette formation en Amérique latine. l'École diplomatique assume actuellement ces tâches. Arturo Spiegelberg est ambassadeur OMP


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● action extérieure

La Véme Conférence des Ambassadeurs a réuni à Madrid, du 8 au 11 septembre, 130 chefs de mission de l'Espagne à l'étranger. Ce rendez-vous bisannuel permet aux représentants diplomatiques de l'Espagne de passer en revue les divers aspects de la politique extérieure espagnole, en se concentrant sur ses priorités et sur le fonctionnement régulier des services diplomatiques et consulaires

Madrid a accueilli éme la V Conférence des Ambassadeurs TEXTE : JAVIER HERNÁNDEZ. PHOTOS : EFE, JAVIER HERNÁNDEZ ET JAVIER FERNÁNDEZ

● Le siège de l'AECID a été choisi pour l'inauguration des cérémonies de la Véme Conférence des Ambassadeurs, par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, sous la devise « Diplomatie publique et politique extérieure ». « La condition préalable au succès d'une diplomatie publique est l'attrait des valeurs et des idées que représente l'État et le niveau d'identification de sa société avec ces valeurs. Les atouts de l'Espagne sont cette image de

peuple tolérant et solidaire, de pont entre les cultures que nous confèrent notre histoire et notre situation géographique », a déclaré Miguel Ángel Moratinos. Au cours de son discours inaugural, il a rappelé en détail les axes de l'action extérieure dans différentes zones géographiques, ainsi que la gouvernance internationale, le multilatéralisme, la lutte contre la faim ou la Loi sur l'action extérieure « d'intérêt majeur ». Durant son intervention, le ministre a souligné que le rôle de la future Présidence de l'UE en 2010 serait un « moment crucial

pour développer toutes nos potentialités et garantir l'avenir de l'Europe et de notre pays ». Après le discours de Miguel Ángel Moratinos, l'ordre du jour du 8 septembre s'est poursuivi par des réunions avec la première vice-présidente du Gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, le second vice-président du Gouvernement, Pedro Solbes, et une réception organisée par le président du Gouvernement au palais de la Moncloa. José Luis Rodríguez Zapatero, convaincu que la croissance économique


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De haut en bas : Session inaugurale au siège de l'AECID : communication du ministre des Affaires étrangères et de la coopération avec la direction du ministère. Conférence de presse : présentation de la candidature de Barcelone au siège de l'Union pour la Méditerranée. Arrivée des ambassadeurs à l'Institut Cervantès pour la table ronde sur la diplomatie publique.

● action extérieure

de l'Espagne se joue de plus en plus hors de nos frontières, a insisté sur le rôle des ambassadeurs, qui doivent défendre la vigueur de l'économie espagnole. L'Espagne est actuellement le troisième investisseur mondial, après les États-Unis et la France. Il a donc a souligné l'effort que doivent fournir les ambassadeurs en faveur du soutien des entreprises espagnoles à l'étranger et de l'ouverture de nouveaux espaces d'investissement. L'ordre du jour de la première journée s'est poursuivi par un repas offert par le maire de Madrid, Alberto Ruíz-Gallardón, suivi des interventions de la secrétaire d'État à l'Amérique latine, Trinidad Jiménez et du secrétaire d'État à l'Union européenne, Diego López Garrido. La journée de travail s'est achevée par la présentation de la candidature de Barcelone comme siège de l'Union pour la Méditerranée, par le Maire de Barcelone, Jordi Hereu. Le siège serait installé au palais Art nouveau de Pedralbes. Miguel Ángel Moratinos a défendu la candidature espagnole comme siège de l'Union pour la Méditerranée afin de continuer à contribuer au dialogue dans la région. Le repas de gala s'est déroulé dans un Palais de Viana restauré. Le dîner était présidé par le prince et la princesse des Asturies. Philippe de Bourbon a tenu a remercier tous les ambassadeurs pour « la loyauté, la culture et la pleine disponibilité engagées dans [leur] mission quotidienne au service

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● action extérieure

de l'Espagne et des Espagnols ». Le 9 septembre, les ambassadeurs et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération se sont rendus à Saragosse, où ils ont été reçus par le président du Gouvernement de l'Aragon, Marcelino Iglesias. Miguel Ángel Moratinos a assuré le soutien du ministère à l'Aragon et la défense des intérêts « d'une communauté autonome aussi active sur les thèmes frontaliers, qui a toujours lutté pour briser la barrière des Pyrénées ». Ensuite, le maire, Juan Alberto Belloch, a accompagné la délégation pour une visite officielle de l'Exposition internationale de Saragosse. La délégation a ainsi eu l'occasion de découvrir les pavillons les plus remarquables. Les sessions du mercredi ont commencé par une visite au Sénat, suivie par les interventions du Secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Ángel Losada, du ministre de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, Miguel Sebastián, de la ministre de la

Miguel Ángel Moratinos : « la Présidence espagnole de l'UE sera un moment crucial pour développer toutes nos potentialités » Défense, Carme Chacón et de la Secrétaire d'État à la Coopération internationale, Soraya Rodríguez. L'après-midi, de nombreuses activités étaient organisées à l'Institut Cervantès, où les responsables de l'Institut, de la Casa América, Casa Asia, Casa Árabe, Casa África et Casa Sefarad-Israel ont pu présenter aux ambassadeurs leurs axes de travail et leurs objectifs. Ces institutions ont présenté dans le hall du siège de l'Institut Cervantès une sélection de leurs dernières publications, vidéos, brochures offrant un excellent aperçu de leur travail remarquable. La journée s'est achevée par

la table ronde « Diplomatie publique et politique extérieure » à laquelle Lluis Bassets, Antonio Casado, Pilar Cernuda, Angel Expósito, Fernando Jáuregui et Darío Valcarcel ont participé. Le jeudi 11 septembre, les ambassadeurs ont pu entendre les interventions du ministre de l'Intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, du ministre de la Justice, Mariano Fernández Bermejo, du ministre du Travail et de l'Immigration, Celestino Corbacho et du Secrétaire général des Affaires consulaires et migratoires, Javier Elorza. La clôture de la Ve Conférence des Ambassadeurs a eu lieu au Palais Royal où le roi et la reine ont reçu les 130 ambassadeurs. Le roi Juan Carlos a encouragé les chefs de mission diplomatique à « continuer de travailler avec espoir, persévérance et fierté à la projection extérieure de l'Espagne, grande nation dynamique et solidaire, engagée pour les valeurs de paix, de démocratie et pour les droits de l'homme ».

De haut en bas et de gauche à droite : Discours de réception du président du Gouvernement au palais de la Moncloa. Miguel Ángel Moratinos présente les journalistes qui ont participé à la table ronde. Le maire de Madrid reçoit les ambassadeurs dans les Jardins de Sabatini. Dîner de gala dans les jardins du palais de Viana. Le prince et la princesses des Asturies à leur arrivée au Palais de Viana.


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L'Espagne, une diplomatie ouverte sur le monde María Jesús Figa

sous-secrétaire du ministère des affaires étrangères et de la coopération

L'idée traditionnelle d'une diplomatie conduite dans les coulisses, le secret de salons élégants, convient peut-être aux romans historiques, mais elle ne correspond pas du tout à la réalité. Dans un environnement mondialisé, le service extérieur d'un État moderne doit être un instrument dynamique projetant la véritable image d'un pays, il doit pouvoir interagir avec une multitude d'acteurs dans un contexte international complexe. Aujourd'hui, outre les relations intergouvernementales, toujours présentes à travers les canaux officiel, la notion de « diplomatie publique s'est imposée ». Cette nouvelle pratique permet d'impliquer les citoyens espagnols dans l'action extérieure et de mieux présenter notre pays auprès des citoyens étrangers. Les 130 ambassadeurs et les représentants permanents auprès des organisations internationales du service extérieur de l'Espagne se sont réunis à Madrid au cours de la deuxième semaine de septembre, dans le but de coordonner, d'actualiser et d'améliorer le travail des ambassades et des missions à l'étranger. Si l'on imagine le ministère des Affaires étrangères et de la coopération comme le centre d'un système nerveux, ce rendez-vous était l'occasion

d'exercer et de renforcer ses membres : les bras et les mains qui nous permettent d'agir dans le monde. Si la Ve Conférence des Ambassadeurs avait pour devise « Diplomatie publique et politique extérieure », c'est parce que, comme l'a fait remarquer le président du Gouvernement dans son discours au musée del Prado, le 16 juin dernier, notre présence dans le monde doit s'accompagner d'une solide stratégie qui inclut non seulement les propositions du Gouvernement, mais aussi les idées et les valeurs des autres pouvoirs publics et des acteurs de la société civile, afin que notre politique extérieure reflète le ressenti de l'ensemble de la société. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a d'ailleurs souligné que la politique extérieure est une politique de l'État au service des citoyens, sensible aux intérêts des acteurs publics et privés présents à l'étranger, et fondée sur la défense des valeurs sur lesquelles repose la société espagnole : la paix et la sécurité, la démocratie et les droits de l'homme, le développement durable, la justice sociale et la solidarité avec les plus défavorisés. Au cours de cette conférence, l'accent a été mis sur l'importance de la prochaine présidence espagnole de l'Union européenne en 2010, défi en matière d'organisation et excellente opportunité pour montrer aux

pays européens et au reste du monde notre engagement en faveur de ces valeurs, et les objectifs prioritaires de notre action extérieure ont été présentés en détail : renforcer les mécanismes de gouvernance mondiale, contribuer à l'éradication de la pauvreté avec un volume d'aide officielle au développement s'élevant à 0,7 % du PIB en 2012, et élargir notre présence dans les régions du monde prioritaires pour l'Espagne. Un autre objectif essentiel est la mise en œuvre d'un service extérieur apportant aux citoyens espagnols vivant à l'étranger une meilleure assistance et protection. La Conférence des Ambassadeurs a mesuré les instruments de la diplomatie publique dont dispose le ministère des Affaires étrangères et de la coopération : l'Institut Cervantès et les « Casas », qui sont les caisses de résonance de nos bonnes relations avec nos associés privilégiés : Casa de América, Casa Árabe, Casa Africa, Casa Asia et Casa Sefarad-Israel. À l'occasion de la conférence, plusieurs grands journalistes ont également apporté leur contribution en participant à une table ronde. Les ambassadeurs ont pu entendre et découvrir les positions du Gouvernement, des députés et des sénateurs représentant les groupes parlementaires et ils ont visité l'Exposition internationale de Saragosse où ils ont rencontré le président de l'Aragon et le maire de la ville.

La présence à l'étranger des communautés autonomes et des municipalités espagnoles est de plus en plus importante et le ministère des Affaires étrangères et de la coopération apporte, à travers les ambassades et consulats, tout le soutien nécessaire au développement de leurs intérêts, l'un des objectifs de cette conférence était donc d'améliorer la connaissance de la réalité des régions autonomes et des villes, éléments constitutifs et déterminants de notre environnement. Les ambassadeurs s'efforceront, au cours des prochains mois, de soutenir les candidatures de Madrid, ville organisatrice des jeux olympiques de 2016 et de Barcelone, siège de l'Union pour la Méditerranée. Enfin, les ambassadeurs ont participé à la Journée du Coopérant, le 8 septembre, où toute la société espagnole a reconnu l'effort des individus et des organisations non gouvernementales qui contribuent généreusement à mener à bien l'aide espagnole au développement. L'Espagne a vécu un processus de modernisation politique, économique et sociale qualifié d'exemplaire. Elle doit transmettre l'image internationale d'un État moderne, pluriel et ouvert. Pour mettre en œuvre toutes les énergies possibles, la diplomatie espagnole constitue une excellente voie d'expression de cette riche réalité dans le monde.


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● action extérieure

La politique de développement de la présence d'Espagnols dans les organisations et les institutions internationales (OOII) a été conçue et mise en œuvre dans un cadre élargi, celui de la politique extérieure et multilatérale de l'Espagne. Cette politique représente l'un des éléments qui définissent la Politique Multilatérale de tout "État mûr" comme cela peut être observé dans d'autres États qui nous entourent. Pour développer le rôle et la position de l'Espagne dans le monde, il serait important d'aborder de manière systématique et compréhensive de nouvelles frontières, aussi bien géographiques que thématiques, pour la politique extérieure espagnole, parmi lesquelles l'aspect multilatéral devrait être une sorte de priorité. Compte tenu de la mondialisation, les organisations et les institutions internationales sont des acteurs essentiels des dynamiques qui nous concernent tous ; le fait de pouvoir compter sur des professionnels espagnols dans ces OOII représente un avantage à long terme pour notre pays.


miradas al exterior unité des fonctionnaires internationaux

TEXTE : Alexandra Issacovitch

● Dans la présence de l'Espagne auprès des organismes internationaux, notons ces trois éléments : la présence d'Espagnols, la participation des entreprises, des consultants, des ONG et autres organismes de notre pays dans l'exécution des projets et les services et, enfin, l'utilisation de la langue espagnole. Jusqu'ici, un effort a été réalisé dans la politique de quotas et de contributions bénévoles aux OOII, ce qui se traduit d'ailleurs par une plus grande participation des citoyens espagnols. L'Espagne partait avec un déficit historique dû à son entrée tardive dans or-

ganismes et institutions internationaux, à l'exception de sa présence dans l'Union européenne, car l'intégration de fonctionnaires dans l'UE avait été négociée dans le cadre du traité d'adhésion. Dès 2003, avec l'approbation du Plan d'action pour le développement de la présence d'Espagnols dans les organisations et les institutions internationales, l'effort réalisé par d'autres États européens est égalé et même dépassé. Au sein de l'État, le développement de la présence d'Espagnols a été verticalement assumé par toutes les autorités et institutions, grâce à un soutien politique et une présence dans les différents agendas. Elle s'est horizontalement structurée à travers un triple réseau - avec l'Unité des fonctionnaires internationaux (UFI) comme point d'intersection,

● action extérieure

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de coordination et de soutien - constitué par les sous-directions générales ayant des compétences multilatérales et par la sous-direction du personnel du ministère des Affaires étrangères et de la coopération (MAEC), par les missions diplomatiques espagnoles avec accréditation multilatérale (essentielles pour cet effort) et par les ministères et institutions de l'État intervenant dans des domaines multilatéraux.

● Effort conjoint de plusieurs institutions de l'État. L'effort de développement de la présence d'Espagnols au sein des organismes internationaux incombe à plusieurs institutions de l'État. Au ministère des Affaires étrangères et de la coopération, outre l'Unité des fonctionnaires internationaux (UFI), soulignons l'existence de programmes de l'Agence espagnole

ufi

des espagnols dans les organismes et les institutions internationales


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● action extérieure

L'effort de développement de la présence d'Espagnols au sein des organismes internationaux incombe à plusieurs institutions de l'État de coopération internationale et de développement (AECID), du bureau des droits de l'homme (observation électorale de l'OSCE et de l'UE), et la responsabilité de l'ambassadeur en mission spéciale pour le maintien de la paix. Voici les autres ministères concernés : Ministère de l'Environnement, du Milieu rural et marin, ministère de la Défense, ministère de la Justice, ministère de l'Intérieur, ministère de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, ministère de l'Économie et des Finances (ICEX inclus), ministère de l'Éducation, de la Politique sociale et des Sports, ministère du Travail et de l'Immigration, ministère de la Santé et de la Consommation, ministère des Administrations publiques et, enfin, ministère de l'Égalité. Le développement de la présence d'Espagnols dans les OOII n'est pas seulement un objectif quantitatif, il est aussi qualitatif. L'essentiel n'est pas que les Espagnols soient nombreux, mais qu'ils soient présents aux plus hauts niveaux, aux postes importants et dans les domaines essentiels. Certains Espagnols occupant actuellement des postes de haut niveau dans les OOII s'y trouvent parce, depuis une dizaine d'année, voire davantage, ils ont mené leur carrière

professionnelle au sein de ces organismes. Quel que soit leur profil, ils y sont entrés par différentes procédures de sélection et d'incorporation et ils croient tous fermement dans la politique de ces institutions. De nombreux fonctionnaires occupent aussi ces postes grâce à la politique de développement de la présence d'Espagnols au sein des OOII. L'Espagne a des représentants, des élus, à des postes politiques et des dirigeants dans de nombreux organismes dont elle fait partie. D'autre part, l'effort et les politiques mises en œuvre pour le développement de la présence espagnole dans les OOII doivent être fondés à chaque instant sur le respect de l'indépendance des fonctionnaires publics internationaux. Compte tenu de la mondialisation, les OOII sont appelés à tenir un rôle croissant et la présence de nos concitoyens - et, avec eux, les critères communs à notre culture et à notre société constitue un facteur de renforcement de la position internationale de l'Espagne et un objectif national à poursuivre pour notre politique extérieure. La société espagnole démontre un intérêt croissant pour travailler au sein des OOII. Cela signifie avant tout un choix professionnel exigeant qui requiert une solide formation générale et une spécialisation, ainsi qu'une excellente connaissance de l'anglais. Les motivations des candidats peuvent être très diverses : cela peut être la perspective de servir de grandes causes (engagement pour la paix, droits de l'homme, développement ou lutte contre la pauvreté). D'autres sont sensibles au prestige de la fonction

Quelques Programmes directement gérés par l'Administration espagnole PROGRAMME DES PERSONNES DÉTACHÉES AUPRÈS DE L'OSCE

UFI/MAEC

PROGRAMME DES JPO (JEUNES PROFESSIONNELS)

AECI

PROGRAMME DES VNU (BÉNÉVOLES AUPRÈS DES NATIONS UNIES) AECI EXPERTS AUPRÈS DES DÉLÉGATIONS DE L'UE :

AECI

PROGRAMME DES EXPERTS NATIONAUX DÉTACHÉS AUPRÈS DE L'UE : SECRÉTAIRE D'ÉTAT UE/

MAEC

BOURSES DE L'ICEX

ICEX

PROGRAMME POUR JEUNES COOPÉRANTS :

INJUVE/AECI/

PROGRAMMES IFIS

INEM

(INSTITUTIONS FINANCIÈRES MULTILATÉRALES) :

MINISTÈRE DE L'ÉCONO-

MIE ET DES FINANCES

La France, le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique, l'Allemagne, ... sont des exemples de pays ayant une politique de promotion de leurs citoyens publique internationale. A cela s'ajoutent parfois des salaires alléchants (au prix de sacrifices personnels, d'un déménagement à l'étranger, l'éloignement familial...) et en particulier le régime particulier dont jouit le personnel international. Certains sont attirés par la possibilité de voyager, la découverte d'autres cultures ou le travail dans des environnements multiculturels. Quelle que soit la raison ou la motivation, cette possibilité de faire carrière dans le domaine multilatéral se traduit par une attitude personnelle de vocation et d'engagement. Cela implique un choix qui affecte tous les aspects de la vie : environnement de travail différent, mobilité géographique constante, coût de l'expatriation, conditions de vie parfois difficiles et risques éventuels. Par ailleurs, les processus de sélection pour les OOII sont très différents de ceux auxquels sont confrontés nos citoyens au niveau national. Cette politique de développement de la présence d'Espagnols au sein des OOII est donc d'une importance capitale. Elle implique la collecte d'une grande quantité d'informations spécifiques mises en ligne sur le site Internet du MAEC, et des éléments de formation essentiels. www.maec.es onglet « Opportunités professionnelles dans les OOII ». Le Plan d'action pour le développement de la présence d'Espagnols dans les organisations et dans les institutions internationales précise que « le renforcement de la présence de fonctionnaires et d'experts de nationalité espagnole dans les organisations et les institutions internationales est essentiel pour la défense et la promotion des intérêts de l'Espagne... ». Autre objectif : "un besoin de politique active qui encourage en permanence la présence d'espagnols, en particulier des jeunes...". Et "il est nécessaire de renforcer le suivi et le soutien des espagnols qui prêtent service dans celles-ci".


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Développons la présence d'Espagnols au sein des organisations internationales Jorge Montealegre

directeur de l'unité des fonctionnaires internationaux

Depuis 2003, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération (MAEC) développe une politique systématique de promotion de la présence d'Espagnols dans les organisations internationales (OOII), une initiative dont la réussite dépend de l'implication de toutes les institutions et de tous les acteurs de l'État et de la société espagnole. Compte tenu de la mondialisation, il s'agit, en définitive, de reconnaître les OOII comme des acteurs essentiels de la formation des dynamiques internationales qui nous concernent tous, et de constituer, au sein du MAEC, une fenêtre de service et de soutien au citoyen et un instrument permettant d'améliorer notre présence internationale, en particulier au sein des OOII. Cette politique a impliqué et implique encore différents programmes et actions soutenus par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération : le développement et l'exécution d'un Plan d'action pour le développement de la présence d'Espagnols dans les institutions et des organisations internationales, l'établissement d'une Unité de fonctionnaires internationaux (UFI), chargée d'accélérer l'exécution du Plan et de coordonner les efforts existants, le développement d'un

site Internet fournissant des informations sur le travail dans les organisations internationales et sur les postes vacants, donnant aux candidats inscrits des informations spécifiques sur les postes à pourvoir. Cette politique est mise en œuvre dans les domaines suivants : D'une part, une politique d'information sur les opportunités professionnelles offertes par les organisations internationales à travers le site Internet du ministère (www.maec.es). Les publications suivantes ont ainsi été éditées par l'UFI : Guide pour les candidats aux postes des OOII , Guide des programmes de stages et de formation professionnelle dans les OOII, Guide d'opportunités professionnelles dans les missions de paix et Guide des opportunités professionnelles pour traducteurs et interprètes au sein des OOII. D'autre part, une politique de formation, qui inclut la promotion des OOII comme débouché professionnel dans les programmes éducatifs - du cadre scolaire et universitaire à la formation des fonctionnaires - ainsi que l'organisation de cours spécifiques pour les candidats. Parmi ces formations, mentionnons les cours en ligne d'orientation professionnelle concernant les OOII et le cours spécifique de préparation au concours d'entrée dans les institutions de l'UE. ❖ Il est également essentiel de

développer un réseau incluant tous les organismes et acteurs de l'État et de la société espagnole ayant un rôle significatif dans le développement de la présence d'Espagnols dans les OOII, y compris les ambassades d'Espagne accréditées auprès des OOII. Enfin, il est important de souligner la politique de promotion des candidatures espagnoles et de création de contacts avec les interlocuteurs des OOII. Notons aussi le développement de l'utilisation de fonds et de programmes de l'administration espagnole pour le développement de la présence d'Espagnols dans les OOII. Sur le site Internet du MAEC, il existe une rubrique « Opportunités professionnelles dans des organisations internationales ». L'objectif de cette rubrique est de fournir, d'un point de vue pratique et interactif, des informations sur les principales institutions et organisations internationales ainsi que sur les postes à pourvoir, les appels d'offres et les concours ou opportunités professionnelles qu'elles pourraient offrir, des conseils pour leur préparation et autres renseignements. L'interactivité du site Internet permet aux personnes qui souhaitent construire un parcours professionnel au sein des OOII d'obtenir des informations en temps réel sur les postes vacants correspondant à leur profil. Les personnes inscrites reçoivent par courriel des informations sur les postes à pourvoir correspondant

à leur profil ou à leur expérience professionnelle. Ce service d'information, qui compte plus de 34 000 citoyens espagnols inscrits, envoie plus de 9 000 courriers électroniques chaque semaine sur les postes à pourvoir et autres offres professionnelles au sein des OOII. Selon l'information qu'il recherche, le citoyen espagnol peut savoir quels sont les postes vacants disponibles dans les organisations internationales, en fonction de divers critères. Il peut également obtenir des informations spécifiques sur les postes à pourvoir correspondant non seulement à ses préférences, mais aussi à son profil et à son expérience professionnelle. Il est ainsi possible d'entrer directement en contact avec la représentation permanente de l'Espagne à l'Union européenne pour obtenir des informations sur les opportunités et les conditions pour initier une carrière au sein des différentes institutions de l'UE. Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération souhaite offrir, à travers l'UFI et son Plan d'action, un service public qui réponde aux attentes de la société espagnole, de par sa vocation et en raison de son besoin croissant de projection internationale.. Les chiffres suivants montrent que l'initiative connaît un succès certain : en 2003, 3 190 espagnols travaillaient dans les OOII. À la fin de l'année 2007, leur nombre s'élevait à 5 417.


 action extérieure en bref MAISON ROYALE

Le roi d'Espagne est le chef d'État le plus apprécié en Amérique latine ■ Sa Majesté le roi Juan Carlos est le chef d'État le plus apprécié dans la Péninsule et en Amérique latine. Il bénéficie d'une cote de popularité particulièrement élevée au Portugal ou en Colombie, où il obtient plus de 66 points sur 100 selon les données du baromètre latino-américain de la gouvernance pour l'année 2008. Viennent ensuite le président du Brésil, Luiz Ignacio Lula da Silva, le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, et la présidente chilienne Michelle Bachelet.

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Un général espagnol aux commandes de la plus importante mission de l'ONU

■ Le général espagnol Vicente Díaz de Villegas est, depuis le mois de septembre, le nouveau commandant de la mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC). Avec un contingent d'environ 18 500 personnes - 16 669 soldats, 714 observateurs militaires et 1 063 policiers en provenance de 57 pays -, c'est la plus importante mission déployée par l'ONU. Díaz de Villegas, qui possède une grande expérience des missions de l'OTAN en BosnieHerzégovine et au Kosovo, a été proposé par le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU et a été nommé par le Secrétaire

général de l'organisation, M. Ban Ki Moon. Après avoir demandé à plusieurs pays, dont l'Espagne, de présenter leur candidat le 4 juin dernier, l'ONU a considéré que Díaz de Villegas présentait le profil idéal pour commander cette opération de maintien de la paix.

VISITE DE BAN-KI-MOON

L'ONU souligne le rôle essentiel de l'Espagne dans la politique d'égalité ■ Lors de sa visite en Espagne, le 2 septembre dernier, le Secrétaire général des Nations unies a fait l'éloge du rôle de l'Espagne dans la politique d'égalité des sexes, en particulier dans le cadre des objectifs du Millénaire. Sa visite coïncidait avec la remise de décorations par l'Ambassadeur du Danemark en Espagne à la ministre espagnole de l'Égalité, Bibiana Aído, et au ministre des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos. Cette décoration a la forme d'un flambeau et symbolise les objectifs de développement du Millénaire en matière d'égalité des sexes. Le

Gouvernement danois prévoit de décerner une centaine de flambeaux aux personnalités, organismes, gouvernements et institutions engagés pour la cause de l'égalité entre hommes et femmes.

SIXIÈME PAYS EN TERMES DE DONS

L'Espagne s'implique davantage dans la lutte contre le sida ■ L'Espagne doublera sa contribution à l'Agence des Nations unies pour la lutte contre le Sida, ONUSIDA, portant son aide à plus de dix millions d'euros. L'Espagne devient ainsi le sixième pays le plus généreux en dons. Juste derrière les Pays-bas, le Royaume-Uni, les ÉtatsUnis, la Suède et la Norvège. Trois millions financeront la recherche d'un vaccin, solution à long terme pour arrêter la propagation de ce fléau qui touche déjà 33 millions de personnes, et 1,5 million seront consacré aux microbicides, option à court terme pour se protéger de l'infection. L'Espagne s'est déjà impliquée l'an dernier dans le financement de travaux concernant la

Le président du Gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, accueille le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, avant la rencontre à la Moncloa. EFE/

recherche d'un vaccin. Selon les données de l'initiative internationale du vaccin contre le sida, elle fait désormais partie des onze pays apportant des ressources. Le Gouvernement prévoit d'allouer plus de 400 millions d'euros d'ici à 2012 à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. C'est ce qu'a annoncé la première viceprésidente du Gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, lors de la XVIIe Conférence internationale sur le Sida organisée à Mexico.

ANNIVERSAIRE DÉCLARATION UNIVERSELLE

L'Espagne aura avant la fin de l'année un Plan national des droits de l'homme

■ La vice-présidente du Gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, a annoncé au mois d'août dernier que l'Espagne aura préparé avant le 15 décembre - date du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme - un programme recueillant et actualisant les droits fondamentaux reconnus par l'Espagne. Ce Plan, élaboré en collaboration par sept ministères et plusieurs ONG spécialistes en la matière, comprend, entre autres outils de protection, un département de justice spécial pour poursuivre les délits de racisme. Le projet inclura également un programme intégral de lutte contre l'exploitation sexuelle ou professionnelle des êtres humains. L'Espagne co-financera avec l'ONU la célébration à New York du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et le concert du Chœur des Trois Cultures, dirigé par Daniel Ba-


miradas al exterior nouvelles

renboïm qui a reçu le prix de la Concorde Prince des Asturies en 2002.

EUROPARL TV

Le Parlement européen inaugure une chaîne de télévision ■ À la mi-septembre, le Parlement européen a inauguré une chaîne pour rendre l'actualité accessible au citoyen : Europarl TV, chaîne de télévision en ligne, est disponible sur le site www. europarltv.europa.eu qui émet dans 22 langues des 23 langues officielles de l'Union européenne. Son objectif est de rendre l'actualité des pays membres accessible en temps réel à toute personne ayant un accès à Internet, pour couvrir l'activité considérable de cet organisme européen. Ce projet, lancé par l'un des vice-présidents de la Chambre européenne, le député espagnol Alejo Vidal-Quadras, dispose d'un budget annuel de 9 millions d'euros et d'un effectif de 70 personnes.

43 PAYS PARTICIPANTS

Barcelone souhaite devenir le siège de l'Union pour la Méditerranée

■ Le 13 juillet dernier, l'Espagne a proposé la candidature de Barcelone comme siège du secrétariat de l'Union pour la Méditerranée (UMP), lors du sommet européen de Paris au cours duquel la Présidence française de l'Union a présenté sa nouvelle initiative afin de relancer les relations euroméditerranéennes. Le président du Gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a soumis la candidature de la capitale catalane lors de son

intervention au sommet des chefs d'État de plus de 43 pays d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient. L'Union pour la Méditerranée a pour but de revitaliser le Processus de Barcelone, lancé en 1995 qui, ces dernières années, a été la clé de voûte de la coopération entre les pays de cette région. Le ministre des Affaires Étrangères et de Coopération, Miguel Angel Moratinos, a plaidé à Paris en faveur "des légitimités politiques, géographiques et historiques de Barcelone, qui détient la meilleure carte de présentation". Pour l'Espagne, le sommet de Paris marque le début de la transition du Processus vers l'Union qui conserve l'héritage de l'Association euroméditerranéenne. Participent au « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée” participent les 27 Etats membres de l'Union Européenne, en plus de l'Albanie, l'Algérie, la Bosnie, la Croatie, l'Egypte, l'Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Mauritanie, Monaco, le Monténégro, l'Autorité Palestinienne, la Syrie, la Tunisie et la Turquie. 43 pays européens et méditerranéens cherchent à consolider l'équilibre entre les deux rives par le développement de politiques euroméditerranéennes.

MISSIONS INTERNATIONALES

La sécurité des troupes à l'étranger est la priorité du ministère de la Défense. ■ Lors de la démonstration des nouveaux véhicules blindés « Lince » au siège de la brigade des parachutistes (BRIPAC), qui a eu lieu à Madrid au mois de septembre, la ministre de la Défense,

● action extérieure

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María Teresa Fernández de la Vega, en compagnie de Bernat Soria, ministre de la Santé, et de la Secrétaire d'État pour l'Amérique latine, Trinidad Jiménez, à l'Ambassade d'Espagne au Mexique. EFE

TOURNÉE OFFICIELLE

María Teresa Fernández de la Vega se rend en Amérique latine ■ La première vice-présidente du Gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, a effectué un voyage officiel en Amérique latine, du 2 au 12 août. Elle s'est rendue au Mexique, en République dominicaine et au Salvador, en compagnie de la Secrétaire d'État pour l'Amérique latine, Trinidad Jiménez et de la Secrétaire d'État à la coopération internationale, Soraya Rodríguez, afin de réaffirmer la volonté de l'Espagne de resserrer ses liens avec ce continent. Lors de ses rencontres avec les chefs d'État latino-américains, la vice-présidente a exposé l'initiative espagnole de réciprocité concernant le vote des immigrants aux élections municipales. Elle a ainsi présenté plusieurs programmes de l'AECID concernant, entre autres, l'égalité, l'éducation, le traitement de l'eau et la lutte contre la pauvreté. La vice-présidente a remercié le président mexicain, Felipe Calderón, pour son soutien dans la lutte contre le terrorisme et la délinquance

organisée et lui a fait part de la satisfaction des chefs d'entreprise espagnols installés au Mexique. En République dominicaine, elle a rencontré le président de la République, Leonel Fernández, et a présidé une cérémonie qui s'est tenue à l'Institut international de recherche et de formation de l'ONU pour la promotion de la femme (INSTRAW), aux cours de laquelle elle a annoncé que l'Espagne apporterait une nouvelle aide de 4,5 millions d'euros en faveur de l'égalité des sexes. En Haïti, elle a rencontré le président René Preval, pour poursuivre le renforcement des relations entre les deux pays, relations fondamentales dans la coopération pour le développement, la collaboration policière et les investissements espagnols. Au Salvador, elle s'est entretenue avec le président Elías Antonio Saca avec qui elle a discuté, entre autres points, du Sommet latino-américain qui se tiendra en octobre dans ce pays d'Amérique centrale.


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● action extérieure

Carme Chacón, a affirmé que la sécurité des troupes en mission internationale « était et restera la priorité numéro un du gouvernement ». Les nouveaux véhicules blindés ont été déployés en Afghanistan ces dernières semaines. La ministre a souligné que les nouveaux blindés, « de grande capacité et parfaits pour la zone d'opérations de la mission espagnole, améliorent la sécurité des soldats et permettent de réaliser des tâches telles que le ravitaillement en eau et en nourriture dans les zones où cela est nécessaire ». Nous disposons donc de 17 nouveaux véhicules blindés résistant aux mines. Les nouveaux « Lince » possèdent les systèmes de sécurité et d'armement les plus avancés (inhibiteurs, radios, armement,

équipements anti-émeutes), et ont été spécialement conçus pour résister aux engins explosifs artisanaux. Cette opération fait partie du Plan de renouvellement des véhicules blindés qui prévoit l'acquisition en trois phases de 395 véhicules d'escouade et de 180 véhicules de peloton (575 au total) pour un montant de 321 millions d'euros.

ANNÉE 2010

L'Espagne, la Belgique et la Hongrie présentent leurs priorités pour la Présidence de l'UE ■ Au mois de septembre, l'Espagne, la Belgique et la Hongrie ont présenté leurs priorités pour la présidence conjointe de l'Union européenne que les trois pays

exerceront à partir du 1er janvier 2010 - l'Espagne sera présidente durant le premier trimestre - priorités qui se concentreront principalement sur la « dimension sociale » ainsi que sur la « dimension énergétique et la lutte contre le changement climatique ». Le Secrétaire d'Etat pour l'Union Européenne, Diego López Garrido, a déclaré que les trois pays partageaient le souhait de "fomenter l'identité européenne" et de donner à leur présidence conjointe "une dimension essentiellement sociale" en approfondissant "l'Europe sociale" et insister sur des sujets comme la lutte contre la pauvreté, l'éducation ou l'égalité des sexes. L'autre grand axe sera la « dimension énergétique » face au défi auquel est confrontée

ECOLE DIPLOMATIQUE

Le roi et la reine ont remis leurs mandats aux membres de la nouvelle promotion

■ Le 18 septembre dernier, le roi et la reine ont remis leurs mandats à 47 nouveaux diplomates - dont 14 femmes - de la promotion la plus nombreuse à ce jour. Don Juan Carlos leur a demandé de s'appliquer à "défendre la paix, la démocratie et les droits de l'homme, des traits qui identifient l'Espagne actuelle". Le Ministre des Affaires Étrangères et de Coopération, Miguel Ángel Moratinos, leur a rappelé qu'ils seraient les diplomates du XXIème siècle et qu'en "oeuvrant pour un monde plus juste, ils obtiendraient un monde plus sûr".

l'Europe en termes d'approvisionnement énergétique et « la lutte contre le changement climatique », a expliqué López Garrido, qui a ajouté que les questions constitutionnelle et économique avaient également été abordées. Les trois pays considèrent que la politique de voisinage est aussi prioritaire. En ce sens, après avoir reconnu que l'entrée de la Croatie pourrait bien se faire lors de la présidence conjointe, le Secrétaire d'État a argumenté en faveur du "développement de la dimension sud qui doit être équilibrée avec la dimension de cette politique de voisinage". A ce sujet, il a mentionné, en particulier, l'Union pour la Méditerranée.

DIPLOMATIE

Création du Programme Entreprises Diplomates ■ Les diplomates pourront effectuer un stage pour acquérir une connaissance approfondie de l'activité des entreprises, afin de contribuer à l'expansion commerciale espagnole dans le monde, grâce au nouveau Programme entreprises diplomates, soutenu par le Cercle des entrepreneurs et par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Ce programme permettra aussi aux chefs d'entreprises et aux cadres de découvrir la complexité de l'action des diplomates dans les relations économiques et commerciales de l'Espagne avec les autres pays. Ce nouveau programme a été créé dans le cadre des activités de collaboration du Cercle des entrepreneurs avec différents collectifs afin de favoriser les relations entre la société et le monde de l'entreprise.


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DIPLOMATIE

Un ambassadeur spécial a été nommé pour négocier le vote des immigrants

TOURNÉE OFFICIELLE

Le ministre des Affaires étrangères s'est rendu au Proche-Orient pour montrer le soutien de l'Espagne au processus de paix ■ Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a effectué une tournée au Proche-Orient afin de montrer le soutien et la contribution de l'Espagne à la relance du processus de paix dans la région. Son voyage l'a mené en Égypte, en Israël, dans les territoires palestiniens, au Liban, en Jordanie et en Syrie. L'objectif de la tournée était de soutenir et d'encourager les parties concernées pour qu'elles parviennent prochainement à une paix juste et durable grâce aux négociations. Lors de son voyage, le ministre a analysé les conversations entre le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le Président palestinien Mahmoud Abbas : "elles sont extrêmement positives ; les parties ont une très bonne base pour parvenir à un accord". Il a aussi profité de l'occasion pour annoncer que le président du Gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, effectuerait une tournée dans la région avant la fin de l'année. En Égypte, il a revu l'agenda bilatéral avec les autorités égyptiennes et s'est entretenu avec le Secrétaire général de la Ligue

arabe, Amr Moussa. Il a ensuite parcouru les territoires palestiniens et a rencontré les principales autorités de Cisjordanie. Lors de son séjour en Israël, il est entré en contact avec les autorités israéliennes et avec des représentants des principales forces politiques. Ces rencontres témoignent de l'importance que l'Espagne accorde à la relance du processus de paix initié à Annapolis. En Jordanie, le chef de la diplomatie espagnole a rencontré les autorités du pays et a souligné « l'excellente tournure des relations bilatérales ». Au Liban, il a une fois encore exprimé le ferme engagement de l'Espagne dans la stabilisation de ce pays où plus de 1 000 soldats espagnols sont stationnés dans le cadre de la mission des Nations unies. Après s'être entretenu avec les principales autorités libanaises, le ministre des Affaires étrangères a visité la base espagnole Miguel de Cervantès. L'étape finale de la tournée à été Damas, où le ministre a reconnu le rôle fondamental de la Syrie dans le processus de paix et dans l'espace arabe et méditerranéen.

■ Au mois d'août, le Conseil des ministres a nommé Benito Secades ambassadeur spécial, afin de négocier des accords de réciprocité avec les pays d'origine des immigrants, pour qu'ils puissent voter lors des élections municipales espagnoles. Un pas en avant dans l'engagement du Gouvernement pour permettre aux immigrants qui résident légalement en Espagne d'exercer ce droit. Selon la Constitution, cette décision exige une réciprocité des pays d'origine des étrangers, d'où la nomination d'un ambassadeur en mission spéciale qui négociera avec les pays qui devront eux aussi permettre aux Espagnols émigrés de voter. Gonzalo de Benito est né à Madrid, en 1951. Il est diplomate depuis 1979. Il a été sous-directeur général de la Direction des étrangers, des réfugiés et des passeports et sous-directeur général de la section personnel à l'étranger ; il a également été ambassadeur d'Espagne au Pérou et en Suisse.

PROJECTION A L'ÉTRANGER

L'Espagne disposera d'une commission de diplomatie publique

■ Durant ce mandat, le Gouvernement va créer une commission de diplomatie publique, présidée par le chef de l'exécutif, José Luis Rodríguez Zapatero, chargée d'analyser la projection espagnole à l'étranger. Elle sera constituée par des membres du Gouvernement

● action extérieure

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et des représentants de la société civile, des médias, de la culture et de l'entreprise. Elle analysera, chaque année, la projection de l'Espagne dans tous les domaines et proposera de nouvelles lignes d'action.

RÉUNION À PARIS

Le Ier Forum-UE-Asie centrale renforce la coopération sur le thème de la sécurité ■ Le 1er Forum Union européenne-Asie centrale, qui s'est tenu à Paris le 18 septembre dernier, a permis d'ouvrir une nouvelle aire dans notre coopération avec les pays d'Asie centrale sur les questions de la sécurité, du terrorisme, de la lutte contre le trafic de drogue et d'êtres humains et sur des sujets concernant l'énergie et l'environnement. Ce Forum, auquel participaient les ministres des Affaires étrangères, a confirmé l'engagement de l'Union européenne en Asie centrale, un an après l'adoption, en juin 2007, d'une stratégie concernant les pays de la région : Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan. Ont assisté à ce Forum les ministres des Affaires étrangères des pays d'Asie centrale, de l'Union européenne, la Commissaire européenne aux relations extérieures et de voisinage, Benita Ferrero-Waldner, le Secrétaire général du Conseil de l'Union européenne et haut représentant pour la PESC, Javier Solana, les ministres des Affaires étrangères des pays candidats à l'entrée dans l'Union européenne (ARYM, Croatie, Turquie)


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● action extérieure

CHAMBRE DE COMMERCE ESPAGNE-ÉTATS-UNIS

Antonio Camuñas, nouveau président

Le président du Gouvernement en conversation avec le ministre des Affaires étrangères et de la coopération lors de l'Assemblée générale. EFE

63e ASSEMBLÉE DES NATIONS UNIES

L'Espagne prend le flambeau de la lutte contre la faim à l'Assemblée générale de l'ONU ■ Le 25 septembre dernier, devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président du Gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero a centré son discours sur la défense des droits de l'homme, la lutte contre la faim et la pauvreté, priorités des objectifs pour le Millénaire, ainsi que sur la réforme du système financier international. Son intervention s'est déroulée dans le cadre du Débat général de la 63ème période ordinaire des sessions de l'Assemblée générale des Nations unies, qui s'est tenu entre le 20 et le 27 septembre. José Luis Rodríguez Zapatero a réclamé un moratoire universel sur la peine de mort pour l'année 2015, comme première étape pour parvenir à son abolition. Il a aussi évoqué la crise financière et la nécessité pour les pays riches de ne pas prendre prétexte des problèmes économiques pour ne

ainsi que des organisations internationales et régionales. L'Afghanistan a assisté à ce forum en tant que pays observateur, en vertu de sa proximité géographique et des problèmes qu'il partage

pas respecter les objectifs de développement pour le Millénaire de l'ONU. Il a rappelé les efforts de l'Espagne qui, ces quatre dernières années, est l'État qui a le plus augmenté son aide officielle au développement, et il a réaffirmé son engagement d'atteindre 0,7% du PIB en 2012. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, qui a participé à de nombreuses réunions avec ses homologues de plusieurs pays, a annoncé « une nouvelle contribution de l'Espagne, à hauteur de 200 millions, au fonds PNUD-Espagne », qui s'ajoutent au 528 millions apportés par notre pays lors de la création de ce fonds il y a de cela 2 ans. Les objectifs principaux de ce Fonds sont de faire avancer la réalisation des objectifs du Millénaire et de développer une ONU plus efficace. Le ministre a bon

avec les pays de la région. Les participants ont adopté une déclaration commune dont l'objectif est de renforcer le dialogue politique, la stabilité régionale et la lutte contre le terrorisme, développer la

espoir pour que, d'ici 2010, 15 pays s'unissent à ce projet, auquel se sont déjà joints le Royaume-Uni et la Norvège. Le président du Gouvernement a également assisté à une réunion convoquée par le Premier ministre britannique, Gordon Brown, afin d'analyser la crise financière et lors de laquelle l'Espagne, le Royaume-Uni et le Brésil ont proposé de créer un organisme international chargé de superviser et de contrôler les marchés financiers. Le président a aussi rencontré des chefs d'entreprises américains ayant des intérêts en Espagne. Il a pu leur démontrer la solidité du système financier espagnol et la capacité de croissance de l'économie espagnole. Entre autres cérémonies, José Luis Rodríguez Zapatero a été l'hôte de la IIIe Soirée latino-américaine et a présidé l'une des tables de débat lors de la Réunion de haut niveau sur les objectifs pour le développement du Millénaire. Il s'est en outre entretenu avec de nombreux chefs d'État et représentants de la société civile.

coopération pour stabiliser et reconstruire l'Afghanistan, combattre conjointement les trafics illicites, renforcer la coopération en matière d'énergie, d'eau et d'environnement.

■ L'entrepreneur madrilène Antonio Camuñas a été récemment élu président de la Chambre de Commerce Espagne-États-Unis, principale organisation chargée de veiller sur les relations économiques entre les deux pays. Antonio Camuñas a maintenu tout au long de sa carrière professionnelle un lien étroit avec les États-Unis comme avec la Chambre de Commerce. En 1985, il en a été le directeur général. La nomination d'Antonio Camuñas intervient à un moment crucial, compte tenu de l'imminente relève à la Maison Blanche. Selon le nouveau président de la Chambre de Commerce Espagne-États-Unis, « la Chambre va se renforcer de manière extraordinaire pour rendre les relations avec les entreprises et les autorités américaines directes et fluides et favoriser ainsi un plus grand nombre d'initiatives de coopération et d'investissement, une tâche très significative, étant donné les circonstances économiques actuelles défavorables ».

PRIX

Le Japon récompense l'École diplomatique d'Espagne ■ Le 25 septembre dernier, le Japon a décerné à l'École diplomatique d'Espagne le diplôme du ministère des Affaires étrangères du Japon. La Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, María Jesús Figa et le directeur de l'École diplomatique, Ignacio Sagaz, ont reçu cette distinction des


miradas al exterior nouvelles

mains de Motohide Yoshikawa, ambassadeur du Japon en Espagne. Lors de la remise de ce prix, le Chef de la mission diplomatique nippone - qui fut élève de l'École diplomatique espagnole - a fait part de sa joie et de sa satisfaction. Motohide Yoshikawa a souligné que l'œuvre de l'École diplomatique constituait une passerelle entre les diplomates japonais et espagnols et contribuait au renforcement des liens entre le Japon et l'Espagne.

ÉCONOMIE

L'Espagne devient le huitième pays en termes d'attraction de capitaux ■ En 2007, l'Espagne est passée de la seizième à la huitième place des pays attirant le plus fort volume d'investissement extérieur, selon le Rapport mondial des investissements 2008, publié par les Nations unies. L'Espagne a reçu 53,585 milliards de dollars en investissement étranger direct, presque le

double de l'année précédente (3% du flux mondial total), investissement stimulé par le rachat d'Endesa par l'italien Enel. Dans l'autre sens, les entreprises espagnoles ont investi 119,650 milliards à l'étranger, 19,3% de plus qu'en 2006 qui fut une année record, et 6% du total des flux mondiaux. Entre autres opérations, en 2008, le rachat de la banque néerlandaise ABN Amro par un consortium auquel participe la banque Santander s'est concrétisé et représente la plus importante transaction de l'histoire bancaire mondiale. Selon le rapport du Bureau de l'ONU pour le commerce et le développement (CNUCED), l'année 2007 a représenté un record dans les flux de mouvements d'investissement étranger, atteignant 1 800 milliards de dollars, soit 30% de plus que l'année précédente. Pour l'année 2008, néanmoins, la CNUCED prévoit une chute de 10% du flux d'investissements par rapport à 2007, dans un contexte de

crise financière, de pénurie de crédits et d'affaiblissement des bénéfices des entreprises. Au premier semestre 2008, la valeur des fusions et des acquisitions transfrontalières a été inférieure de 29% par rapport au second semestre de l'année 2007. Toutefois, malgré la mauvaise passe actuelle, la CNUCED compte sur un mouvement de reprise de l'investissement étranger à moyen terme et désigne les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et les États-Unis comme principaux destinataires. En 2007, les 10 pays à plus forte réception d'investissements ont été les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Canada, les Pays-Bas, la Chine, Hong Kong, l'Espagne, la Russie et l'Allemagne.

MÉMORANDUM DE COOPÉRATION

L'Alliance des Civilisations signe un accord avec le Conseil de l'Europe ■ Le haut représentant du

● action extérieure

Secrétariat général de l'ONU pour l'Alliance des Civilisations, Jorge Sampaio, et le Secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis, ont signé au mois de septembre un mémorandum pour développer leur coopération à travers l'échange d'information. L'accord concerne essentiellement la promotion et la protection de la démocratie, des droits de l'homme, de l'égalité, des sociétés non discriminatoires et solidaires et la lutte contre les discriminations. L'accord souligne également l'importance de la diversité culturelle, du dialogue interculturel et religieux, des échanges culturels, du renforcement de la citoyenneté, de la participation démocratique et de la promotion de la société civile. Les deux parties développeront des activités centrées sur les quatre thèmes principaux de l'Alliance des Civilisations : éducation, jeunesse, moyens de communication et migrations.

AU SALVADOR

L'Espagne participe au IVe Forum parlementaire latino-américain

Vue générale de l'inauguration du IVe Forum parlementaire latino-américain au siège de l'Assemblée législative du Salvador. EFE

■ Une délégation parlementaire espagnole, menée par le président de la Chambre des députés, José Bono, s'est rendue au Salvador pour participer au IVe Forum parlementaire latino-américain, qui s'est déroulé les 11 et 12 septembre à San Salvador. Le sujet principal de la réunion du Forum parlementaire latino-américain était la jeunesse et le développement. Il s'est articulé autour de plusieurs tables de travail

qui ont abordé, entre autres sujets, les effets et les bénéfices des nouvelles technologies, le rôle de la culture dans la politique et dans les Parlements, et le problème de l'accès à l'emploi et à la formation professionnelle. Durant leur séjour au Salvador, les parlementaires espagnols ont visité un projet sur le thème de l'eau mené par l'ONG espagnole Ingénieurs sans frontières dans le département de Libertad.

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 l'Espagne à l'étranger

INDE


ambassade d'espagne en Inde

La République de l'Inde est le deuxième pays le plus peuplé au monde et la plus grande démocratie de la planète avec 1 150 millions d'habitants et où l'on parle plus de 1 200 langues et dialectes. L'Inde, conformément à sa Constitution, est un État socialiste et laïque – il n'existe pas de religion officielle – et fut une colonie britannique jusqu'en 1947. Aujourd'hui le pays est constitué de 28 états fédérés et de 7 territoires de l'Union.

la plus grande démocratie de la planète

TEXTE : miradas al EXTErior. PHoTos : arcHivEs ET ambassadE

● L'Espagne a reconnu la souveraineté de la république de l'inde au moment de son indépendance, en 1947, mais les premières relations diplomatiques ne furent établies qu'en novembre 1956. depuis cette date, il convient de rappeler certains moments. Tout d'abord, la visite du roi d'Espagne Juan Carlos et de la reine Sofia qui ont effectué un voyage en inde en janvier 1982 sur invitation du président sanjiva reddy. cette visite, la première effectuée par un chef d'État espagnol dans le sous-continent indien, a principalement eu pour effet de renforcer les relations bilatérales et l'échange de points de vue. six ans plus tard, le Premier ministre rajiv Gandhi a effectué une visite officielle en Espagne, répondant à l'invitation du président Felipe González. durant son séjour dans notre pays, rajiv Gandhi a participé à différentes réunions dont le fil conducteur était le désir commun d'intensifier les relations commerciales et culturelles entre les deux pays. cette visite était la première effectuée par un chef de Gouvernement indien en Espagne. au début du mois de février 1993, le président du Gouvernement espagnol, Felipe González, s'est à son tour rendu en Inde pour une visite officielle. À ses côtés voyageait une importante délégation de chefs d'entreprises espagnols. l'objectif de ce voyage avait pour objectif, outre un rapprochement des relations politiques, d'activer les relations commerciales à un moment essentiel, en raison de la libéralisation économique que connaissait alors ce pays. la visite a abouti à la signature de plusieurs accords bilatéraux.

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● l'Espagne à l'étranger

Pour sa part, le prince des asturies, Philippe de bourbon, a visité l'inde en février 2001 afin d'inaugurer le XIVe salon de l'industrie, de l'ingénierie et de la technologie (iETF 2001) à New delhi, l'un des salons les plus prestigieux d'asie auquel 150 entreprises espagnoles ont participé. le prince Philippe, à cette occasion, a encouragé les entrepreneurs des deux pays à accroître leurs échanges. En 2004, la casa de la india ouvrait ses portes à valladolid sur une initiative de l'université de la ville et de l'ambassade de l'inde en Espagne, avec le concours des autorités des deux États. la casa de la india a accueilli en février 2005 la Première réunion d'experts inde-Espagne et, pour ce faire, a bénéficié de la collaboration de l'agence espagnole de coopération internationale et de la casa asia. cette réunion a permis de jeter les bases d'une meilleure compréhension mutuelle à partir de formules de coopération dans les domaines culturel, éducatif, économique, parlementaire et politique. depuis lors, la casa de la india de valladolid accueille la Tribune inde-Espagne, forum de dialogue dont le but est de déterminer des propositions concrètes destinées à l'élaboration d'un plan d'action conjoint. cette initiative a permis d'établir une plateforme de dialogue et de coopération entre les deux pays. la Tribune constitue en effet un espace de rencontre entre diplomates, chefs d'entreprise, économistes, universitaires, journalistes, coopérants, administrateurs culturels et autres acteurs sociaux. les rencontres s'organisent autour de thèmes et de domaines variés, aussi bien sur le plan économique, social, culturel ou géostratégique que dans

> l'Inde en chIffres Capitale : New Delhi Superficie : 3,2 millions de km². Population : 1 150 millions d'habitants (2007). Monnaie : Roupie indienne. Change : 1 euro : 57,55 roupies (janvier 2008) Langues : l'hindi, l'anglais, et 17 langues régionales reconnues par la Constitution parmi lesquelles les plus parlées sont : le telugu, le bengali, le marathe, le tamoul, l'urdu et le gujarati. Densité démographique : 330,7 habitants/km² (2006) Population urbaine (% total) : 27,8 (2007)

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Population active (millions)/Taux d'activité (%) : 460,5 / 73,2 (2007) Taux de fécondité : 3,07 (2000-2005) Taux brut de mortalité infantile (2000/-2007) : 67,6 Espérance de vie : 62,9 ans (2007) Taux d'alphabétisation : 61% (2007) PIB : 911,8 milliards de dollars (2006-2007) RNB par habitant : 825 dollars (2006-2007) IDH (valeur numérique/nº rang mondial) : (2005) 0,619/128


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ambassade d'espagne en Inde

● l'Espagne à l'étranger

Ambassade d'Espagne en Inde.

le domaine des relations internationales, en vue de faire progresser l'information et la compréhension mutuelle. durant cette période et parallèlement à l'initiative de consolidation des relations avec l'inde, initiées lors du sommet UE-inde tenu à la Hague le 8 novembre 2004, le Plan d'action envers l'asie et le Pacifique 2005-2008 a placé l'Inde parmi les pays prioritaires de l'action extérieure

de l'Espagne en asie. les relations bilatérales avec l'inde avaient été jusqu'alors peu nombreuses et le nouveau Plan d'action a permis d'apporter de nouvelles propositions pour ce pays, considéré comme l'un des principaux marchés émergents de par son poids démographique, sa forte croissance économique et son avancement technologique. En juillet 2008, le président José luis rodríguez Zapatero a effectué une visite officielle en Inde dans l'objectif de favoriser les relations bilatérales et d'ouvrir de nouvelles voies pour l'investissement espagnol. au cours des réunions qui se sont tenues avec le Premier ministre de ce pays, manmohan singh, celui-ci a souligné l'importance croissante de l'amérique latine pour les investissements indiens et la possibilité de travailler conjointement avec l'Espagne afin d'« explorer de nouvelles opportunités économiques » dans cette région ; il a par ailleurs affirmé que « certaines entreprises indiennes ont commencé à utiliser l'Espagne comme base de lancement de leurs opérations en amérique latine ».

● Relations économiques. le plus important partenaire commercial de l'inde est l'Union européenne, destinataire du cinquième des exportations indiennes. En 2007, les exportations espagnoles vers l'inde se sont élevées à 750 millions d'euros (ce qui représente une hausse de 48 % par rapport à l'année précédente) avec une forte présence des secteurs de la machinerie, des produits chimiques organiques et des matières plastiques. En valeur, les importations provenant de l'inde représentent plus de 1 800 millions d'euros avec, pour principales importations, les vêtements et accessoires de mode, les produits chimiques organiques, les articles en cuir et les carburants. En 2006, le montant des investissements espagnols en inde a atteint 55,8 millions d'euros et les investissements indiens en Espagne ont représenté plus de 7,7 millions d'euros. de nombreuses entreprises et banques espagnoles sont aujourd'hui présentes dans le sous-continent indien, comme bbva, banco sabadell, abengoa, aldEasa, dragados, duro Felguera, indra ou Navantia.

« Il existe une grande méconnaissance en Inde vis-à-vis de l'Espagne. » uNE ESPagNoLE EN INDE Nerea Vázquez García travaille à l'Ambassade d'Espagne à New Delhi

— Quelles sont les caractéristiques fondamentales qui pourraient définir les Espagnols qui vivent en Inde ? — il s'agit d'une communauté très hétérogène à tous les niveaux. Elle se compose de travailleurs expatriés, de missionnaires, de coopérants, d'étudiants, de fonctionnaires, de journalistes et de voyageurs qui passent ici plusieurs mois de l'année et considèrent l'inde comme leur second foyer. — Quel est le niveau d'intégration de nos compatriotes ? — la communauté espagnole se concentre dans les grandes villes, très cosmopolites. l'intégration est donc optimale. il est toutefois est inévitable que surgissent parfois quelques difficultés, normales quand on se trouve face à une situation qui nous oblige à nous adapter à

une culture différente, à une langue que peu d'Espagnols connaissent, à une façon différente de travailler et à des infrastructures parfois déficientes. Ces petits problèmes sont facilement résolus grâce au caractère ouvert, multiculturel et tolérant de l'inde. — Que pensent les citoyens indiens de l'apport des Espagnols ? Quelle opinion ont-il sur nous ? Et sur l'Espagne ? — on ne peut être vraiment optimistes. En général, la méconnaissance l'emporte. mis à part certains milieux intellectuels, la majeure partie de la population nous considère comme des occidentaux quelconques et, généralement, nous associe à la culture anglo-américaine. Nous voyons néanmoins s'accroître peu à peu le nombre des personnes qui considèrent l'Espagne comme

un pays européen, moderne, avec des entreprises de premier plan et une véritable influence culturelle. le fait d'avoir gagné l'Euro 2008 ou les médailles remportées durant les Jeux olympiques contribuent grandement à cette découverte progressive par les couches populaires. — Quels seraient vos conseils aux Espagnols qui souhaitent venir en Inde ? — venir avec un esprit ouvert qui permette d'affronter les problèmes posés par la vie au sein d'une société très différente et difficile, mais aussi diverse, très riche et dynamique. Et bien sûr, prendre les précautions nécessaires au niveau sanitaire et en matière d'hygiène. Par ailleurs, c'est un pays plutôt sûr, sans grands problèmes de délinquance ou de violence vis-à-vis des étrangers.


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L'Espagne et l'Inde consolident leurs relations

Ion de la Riva

ambassadeur d'Espagne en Inde

Les relations diplomatiques entre la République de l'Inde et l'Espagne, au cours des cinquante dernières années, ont été trop souvent empreintes d'une certaine langueur. Elles sont néanmoins toujours restées excellentes, et principalement depuis l'an 2000, lorsque le gouvernement espagnol a mis en place le dénommé « Plan-cadre AsiePacifique » qui, quatre ans plus tard, en 2004, est devenu le « Plan d'action Asie-Pacifique ». Depuis, dans le domaine politique, les relations entre l'Espagne et l'Inde ont acquis une importance particulière, en raison de son statut de plus grande démocratie du monde et de son rôle croissant dans la sphère régionale et internationale. Au cours de la dernière législature, un effort particulier a été accompli pour mettre à profit l'immense potentiel de la collaboration et de l'entente entre ces deux pays. Aujourd'hui nous sommes en mesure d'affirmer que deux nations si différentes et si éloignées géographiquement l'une de l'autre se trouvent en pleine dynamique d'approfondissement de leurs relations.

À New Delhi, ville conçue par les Anglais pour devenir la capitale de cet immense pays, l'ambassade d'Espagne occupe un magnifique bâtiment du quartier historique et se trouve actuellement en plein projet de restructuration pour surmonter le nouveau défi qui s'offre à elle : consolider l'essor des relations bilatérales entre les deux pays. Cet essor est aussi le fait d'une demande de la part de divers secteurs économiques, éducatifs et culturels, qui commencent à considérer l'Inde comme un endroit privilégié pour la croissance de leurs projets et pour le développement d'un flux touristique vers notre pays. Un important effort administratif a été entrepris dans ce sens par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération avec l'augmentation du personnel de la chancellerie à New Delhi, mais aussi avec l'ouverture d'un nouveau consulat général, d'un office de tourisme et d'un bureau économique et commercial à Bombay, la ville la plus peuplée de l'Inde et le premier centre économique et commercial du pays qui, jusque-là, dépendait de New Delhi. Grâce à ces changements, nous pouvons offrir un service personnalisé plus direct et plus rapide aux citoyens espagnols et indiens.

D'autre part, dans le but d'améliorer l'accueil du public, une procédure consulaire accélérée a été créée afin d'éviter les longues files d'attente qui se formaient chaque jour à l'extérieur du bâtiment. De même a-t on créé un service d'externalisation qui se charge d'accélérer et d'améliorer le dépôt et la remise de documents. Parallèlement, la mise à jour des listes électorales des Espagnols résidant à l'étranger (CERA) est en cours afin qu'ils puissent exercer pleinement leurs droits. Pour finir, signalons la prochaine ouverture de l'Institut Cer vantès de New Delhi, qui occupera un bâtiment en plein centre-ville et qui, au-delà de la réponse à la demande croissante de cours de langue espagnole, nous permettra de bénéficier d'un centre culturel de premier ordre qui permettra de faire connaître les divers aspects de la culture espagnole, encore peu connue aujourd'hui. Nous espérons que ce centre deviendra bientôt le point de référence de la culture et de la langue espagnole en Inde. Ces projets contribueront à renforcer l'image de l'Espagne, en créant un nouveau regard et en facilitant tous les échanges. Il est important de souligner

que tout ce travail s'effectue conformément aux directives et dans le cadre du Plan d'action Asie-Pacifique. Ce plan prévoit de renforcer les relations bilatérales, de même que le Plan intégral de développement du marché, spécifique à l'Inde, élaboré par le ministère du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme en vue de consolider les relations commerciales et les investissements directs. En définitive, l'ambassade d'Espagne suit un processus dynamique de modernisation de ses ser vices qui passe par l'augmentation de son personnel et l'adaptation de ses installations. Les importantes visites officielles de personnalités importantes et de parlementaires, ainsi que la tenue d'evénements économiques et culturels (forums d'investisseurs, festivals de musique et de cinéma ou points de rencontre comme la Tribune Inde-Espagne) et la prestation de ser vices aux citoyens espagnols sur des thèmes aussi variés que l'adoption, la création d'entreprise ou les échanges éducatifs, forment la priorité de travail des fonctionnaires et du personnel de l'ambassade d'Espagne en Inde. Une équipe très motivée et consciente de la tâche de représentation de l'Espagne qui lui incombe.


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● l'Espagne à l'étranger

camper

un style de vie Camper, c'est la vivante histoire d'une entreprise familiale et d'une grande famille de collaborateurs qui, durant plus d'un siècle et sur quatre générations, ont consacré leur travail à l'industrie de la chaussure. La marque Camper ne définit par une chaussure particulière mais un style de vie, une façon de penser et un apport très particulier aux méthodes de fabrication.


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TEXTE : miradas al exterior. PHOTOS : archives

● L'aventure de Camper a commencé en 1975, mais pour mieux comprendre les valeurs de responsabilité, d'engagement et de qualité revendiquées par une entreprise familiale comme Camper, il faut remonter 120 ans plus tôt. En 1877, Antonio Fluxá, un artisan chausseur, s'embarquait pour la Grande-Bretagne afin de se familiariser avec les nouvelles méthodes de fabrication industrielle. À son retour, il a formé un groupe d'artisans dans la province d'Inca (Majorque) et a introduit les premières machines pour la fabrication des chaussures : tout un symbole de modernité qu'il a su transmettre aux générations suivantes, sans oublier l'amour du métier, la fabrication de produits de qualité et le savoir-faire. Lorenzo Fluxá, fils d'Antonio, a vu le jour dans une usine de chaussures et a hérité le goût et l'enthousiasme de son père pour ce petit objet, qui va toujours par paire et nous relie au sol. Par son travail, il a poursuivi la tradition en prenant soin de la qualité et en développant le mode de fabrication industriel. Le tout, au milieu de changements historiques et sociaux, de l'apparition de nouveaux styles et de nouveaux concepts. C'est donc sur la base d'une tradition centenaire que Lorenzo Fluxá a créé, en 1975, la marque Camper. En 1981, la première boutique Camper ouvrait ses portes à Barcelone, présentant un concept révolutionnaire dans le monde des magasins de chaussures traditionnels avec l'intégration d'éléments graphiques et une exposition pratique par pointures. En 1992, l'expansion internationale de la marque commençait avec l'ouverture de filiales dans les principaux centres de la mode européenne (Royaume-Uni, France et Italie). Aujourd'hui, Camper est l'entreprise doyenne du secteur en Espagne et a maintenu son activité de façon ininterrompue à travers quatre générations. La marque Camper a reçu le Prix national de design en 1998, plus haute distinction officielle remise aux entreprises et aux professionnels dans ce domaine. Ce prix, remis chaque année par le ministère de l'Industrie et de l'Énergie et la Fondation BCD (Barcelona Centro Diseño) récompense une trajectoire et non pas une image en

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● l'Espagne à l'étranger

Principaux pays exportateurs de chaussures Chiffres en millions de dollars selon les dernières données publiées en 2005. Source OMC Espagne 2 189

Brésil 1.979

Roumanie 1.589

Allemagne 2.421 Belgique 2 522

Chine 19.052

HongKong 6 144 Italie 8 859

Évolution des exportations du secteur de la chaussure en Espagne Chiffres en millions de paires. Source OMC

136,8

126,8 108,5

2002

Camper est né sur les rives de la Méditerranée, perçue comme un espace d'intégration des cultures et de la diversité.

2003

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96,4

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particulier. Il témoigne de l'appréciation et de la reconnaissance envers une organisation, des moyens et une attitude qui ont permis de parvenir à un certain résultat dans la durée. Pour Camper, la remise de ce prix a signifié un encouragement et une reconnaissance qui lui permettent de poursuivre son chemin avec imagination et de proposer une offre variée à un public très divers.

● Produit Camper. Camper ne représente pas une chaussure en particulier. Camper, c'est une façon de marcher. Il est impossible de comprendre le produit sans remonter à l'origine et à la tradition de l'en-

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● l'Espagne à l'étranger

treprise. Camper est né sur les bords de la Méditerranée, perçue comme espace d'intégration des cultures et de la diversité. De plus, la marque repose sur une tradition dans le monde de la chaussure alliant forme et fonctionnalité. Ses chaussures constituent donc un trait d'union entre l'origine et la tradition d'un côté et la réalité urbaine du marché de l'autre. Elles évoquent les valeurs stables du monde rural méditerranéen (confort, durée, simplicité) et les intègrent au monde urbain à travers un caractère informel et sophistiqué, un design soigné, une rhétorique qui n'est pas sans ironie et surtout, son imagination. Elles conjuguent confort avec imagination, tradition avec modernité, technologie avec esthétique. Camper offre une large gamme de produits, résultat direct d'un pari pour la créativité. Le premier modèle de chaussures commercialisé par Camper en 1975 était le « Caméléon ». Grâce à lui, la philosophie « casual » gagna du terrain en Espagne et donna lieu, à partir de là, à un fiévreux torrent de créativité qui consolida la marque. Le modèle Runner est apparu en 1981, devenant la chaussure de ville par définition, sachant allier l'esthétique urbaine et le confort des chaussures de sport. Un an plus tard, « Bachelor » créa une révolution dans l'univers des chaussures à lacets en leur apposant une semelle en caoutchouc. Vers le milieu des années 80, la jeunesse choisissait le modèle Palmera/ Spiral (1983) tandis que les rebelles préféraient les « Kenboot » (1984). En 1988 apparaissaient les « Twins », asymétriques et complémentaires et, deux ans plus tard, la marque lançait « Industrial » avec leur coque, avant-goût des tendances actuel-

Un rêve de famille département de communication de Camper

les. Les « Brothers » polyvalentes, fiables et contre-culturelles, sont nées en 1992. Un an plus tard, le modèle Terra marquait un retour aux racines majorquines. Alors que le rythme semblait s'apaiser, le modèle Mix explosa en 1995, avec une conception futuriste et une image high-tech. Cette même année, Camper a également rendu hommage au sport avec le retour au style rétro de son modèle Pelotas. La nouvelle collection de chaussures de la marque (le concept « Together ») naît de l'intérêt porté par Camper au monde de l'art, du design et de l'architecture, ainsi que de la volonté de donner carte blanche à un designer pour réinterpréter la marque et créer une édition limitée de magasins dans les plus beaux espaces et les plus grandes villes du monde. Ce projet a été étendu à la conception des chaussures avec des collections conçues en collaboration avec Jaime Hayón, Alfredo Häberli, Maria Blaisse et Bernard Wilhelm, auxquelles viennent s'ajouter d'autres projets d'artistes comme l'initiative « Locus Barcelona Ciudad de Creadores » lancée en 2004 où la chaussure Locus a été transformée par de grands noms du design indus-

Camper est le fruit d'un rêve, d'une tradition et d'une famille qui fabrique des chaussures depuis plus de 130 ans. Ses origines remontent à l'année 1877, lorsque Antonio Fluxà a inauguré la première usine moderne de chaussures sur l'île espagnole de Majorque. En 1975, la marque Camper a vu le jour, quand Lorenzo Fluxà, le

triel et graphique, des illustrateurs et des artistes comme Nani Marquina, America Sanchez, Chu Uroz, Lievore Altherr Molina, Philip Stanton ou encore Catalina Estrada, pour n'en citer que quelques-uns. Au printemps/été 2007 a été lancée la première collection de chaussures pour enfants : Camper For Kids, conçue pour symboliser un esprit Camper plus frais tout en suivant les mêmes principes de mode, de qualité et de fonctionnalité, avec la collaboration de Javier Mariscal pour le design graphique. Pour l'automne/hiver 2008 c'est la collection pour bébés qui sort sur le marché et nous attendrons le printemps 2009 pour découvrir la première collection premiers pas. Afin de s'adapter aux nouveaux besoins du marché, Camper s'est étendu et diversifié au cours de ces dernières années. En 2005, un hôtel d'avant-garde à vocation écologique, le Barcelona Casa Camper, a ouvert ses portes : projet 100 % Camper créé en collaboration avec Vinçon, Fernando Amat et Jordi Tió. En 2008, Camper a aussi misé sur l'innovation gastronomique en s'associant avec Albert Raurich, chef cuisinier au restaurant El Bulli, de 1999 à 2007, et père spirituel du restaurant Dos Palillos. Ce nouveau concept entend fusionner la philosophie des tapas espagnoles et de la gastronomie asiatique dans un cadre divisé en deux zones très différenciées et presque antagonistes : un bar espagnol des plus typiques qui permet d'accéder à un bar raffiné d'inspiration asiatique. La décoration intérieure a été confiée à Fernando Amat et Vinçon, la conception architecturale est l'œuvre de Jordi Tió et le design graphique d'America Sánchez.

petit-fils d'Antonio, a réinventé et modernisé la conception des chaussures. Avec l'expérience de deux générations d'artisans chausseurs, Lorenzo Fluxà a su combiner les méthodes traditionnelles et les nouveaux concepts esthétiques pour élaborer des produits alliant créativité et confort. À Majorque, « Camper » signi-

fie « paysan » et ce n'est pas dû au hasard. Les chaussures Camper sont créées par des personnes qui vivent en harmonie avec leur environnement, la campagne, mais qui abordent le design en pensant aux personnes qui vont porter ces chaussures et vivent principalement dans de grandes agglomérations. Camper s'inspire


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● Boutiques Camper. En 1981, Camper a ouvert sa première boutique à Barcelone. Après avoir commercialisé pendant sept ans ses produits dans de grands magasins, les chaussures avaient besoin d'un nouveau cadre. Dans ce but, Camper a mis en place un concept révolutionnaire de boutique de marque : le magasin de chaussures en self-service qui présente aux clients tous les modèles et toutes les pointures. Toutefois, les nouvelles boutiques n'étaient pas seulement des vitrines conceptuelles ou des affiches décalées décorant les murs, elles étaient aussi une fenêtre par laquelle la marque pouvait observer et se laisser observer. Lorsque Camper a commencé son ascension internationale, ses têtes pensantes se sont rendu compte que toutes les boutiques, toutes les marques, tous les espaces commerciaux dans toutes les villes du monde étaient identiques. Partant de cette constatation, ils ont eu l'idée de rendre chaque boutique Camper différente, dotée de sa propre personnalité. Aujourd'hui, elles sont un même reflet de l'esprit méditerranéen, de son ambiguïté entre culture et austérité, de sa tranquillité, son dynamisme, son optimisme, sa lumière, sa nature, sa tradition... mais en y entrant, on ne voit pas Majorque, on se contente de le respirer. Et toutes sont aussi le reflet de la dualité de Camper, de sa contradiction : ce ne sont pas des boutiques de luxe, ni des boutiques bon marché, elles ne sont ni européennes, ni américaines, ni asiatiques... elles sont Camper. Ces espaces sont ainsi devenus, dans leur ensemble, l'actif le plus important de la marque, car elles transmettent fidèlement ses valeurs et son image auprès du client. En suivant ce concept, Camper continue

des valeurs méditerranéennes tout en apportant une touche humoristique et joyeuse à ses modèles. Camper est plus qu'une entreprise, plus qu'un simple commerce. C'est avant tout une équipe unie par la créativité. C'est une maison ouverte, construite jour après jour par des collaborateurs qui sont

à innover en créant des espaces différents et particuliers : la boutique de New York, située à Soho, avec sa passerelle de chaussures et son ambiance majorquine caractéristique est l'une des boutiques phares de Camper. Mais il faudrait aussi mentionner la boutique milanaise de la rue Monte Napoleone, avec son inspiration japonaise et, bien sûr, les deux magasins de Londres, l'un dans Floral Street et l'autre dans Bond Street, où l'on trouve respectivement les chaussures exposées comme pour un banquet ou directement accrochées au mur par des velcros. Depuis 1981, Camper a ouvert 54 boutiques dans le monde (dont 21 en Espagne). Tous ceux qui déambulent dans Madrid, Barcelone, Paris, Rome, Milan, Berlin, Londres, New York, San Francisco, Sydney ou Hong-Kong peuvent découvrir un espace Camper unique où le temps passe plus lentement, qui sent la Méditerranée.

● Projets Camper. Au cours de la seconde moitié des années 80, Camper a été l'une des premières entreprises espagnoles à penser au parrainage comme moyen de communication. Les chaussures

devenus des amis. Designers, artistes, illustrateurs, décorateurs d'intérieurs, publicitaires. Pieds, mains et têtes pensantes sans lesquelles la marque Camper n'aurait pas pu devenir ce qu'elle est. Aujourd'hui, 33 ans après sa création, Camper est présente dans plus de 50 pays. On peut trouver des chaussures

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évoquaient un monde chaud et tout-terrain à une époque où les sports d'aventure se popularisaient. La marque a d'abord créé l'équipe Red Raiders Team qui a participé au Paris-Dakar. Elle a ensuite participé aux courses de voile avec une image plus méditerranéenne qui correspondait mieux à la philosophie du produit et de l'entreprise. Au début des années 90, le désir de doter le produit d'une culture et d'humaniser le message a émergé et conduit Camper à abandonner progressivement le parrainage sportif au profit d'actions strictement culturelles. C'est ainsi qu'au printemps 1994 fut présentée, à la Fondation Pilar i Joan Miró à Palma de Majorque, l'exposition « Chaussures usées d'artistes et ateliers d'artistes ». La collection se composait de plus d'une centaine de paires de chaussures de différents artistes comme Salvador Dalí, Joan Miró ou Eduardo Chillida. À côté de chaque paire de chaussure se trouvait une photographie des différents ateliers afin de pouvoir se situer dans la « géographie de l'œuvre » de chacun. En janvier 2001, l'exposition « Chaussures et art indigène » a été inaugurée à la FAD de Barcelone. L'exposition constituait un hommage à la diversité culturelle des peuples et à leur lutte pour la préservation de leur identité et de leurs traditions. Avec le soutien de l'organisation WATU/Acción Indígena, Camper a voyagé en Amérique, en Asie, en Afrique et en Océanie à la rencontre de plus de trente peuples de différentes cultures, pour qu'ils nous apprennent à marcher. L'exposition montrait le résultat de cette expérience sous forme de chaussures, de couleurs, de lumière, d'artisanat, d'art et surtout, à travers une manière de comprendre la vie.

Camper dans plus de 3 800 grands magasins en Europe, Asie, Amérique, Australie et Afrique du Sud. Plus de 200 boutiques Camper sont actuellement ouvertes, dont 31 en Espagne, le reste étant réparti dans les villes les plus importantes du globe : Londres, Paris, Rome, Milan, New York, San Francisco,

Le Cap, Hong-Kong, Sydney, Tokyo, Sao Paolo, Santiago du Chili, Zagreb, Bangkok, Séoul, Taipei, Beijing, Istambul, Shanghai, Belgrade, Mexico, Athènes, Tel Aviv, Singapour... Plus de 3,5 millions de paires de chaussures vendues chaque années et un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros.


 connaître l'Espagne 2016 pourrait bien devenir une année magique pour notre pays, dans le style de 1992, quand l'Espagne a accueilli les Jeux olympiques de Barcelone, l'Exposition universelle de Séville et où Madrid avait été élue Ville européenne de la culture. S'il faut attendre jusqu'en octobre 2009 pour savoir si la capitale de l'Espagne sera le siège des Jeux olympiques, en 2016, nous savons que l'une de nos villes sera Capitale européenne de la culture.

2016 la Capitale européenne de la culture sera espagnole TEXTE : DAVID MERINO. PHOTOS : tourspain et efe

● Aujourd'hui, les villes espagnoles qui ont annoncé leur candidature sont Alcalá de Henares, Burgos, Cáceres, Cordoue, Cuenca, Las Palmas de Gran Canaria, Málaga, Pampelune, Saint-Sébastien, Ségovie, Tarragone, Ténériffe, Valence, Saragosse et, conjointement, les villes asturiennes d'Avilés, Gijón et Oviedo. ● En attendant un avion. On raconte à Bruxelles que le concept de Ville européenne de la Culture – rebaptisé Capitale européenne de la Culture – est né en 1985, lors d'une conversation entre les ministres de la Culture de la Grèce et de la France, Melina Mercouri et Jack Lang, alors qu'ils attendaient leur avion à l'aéroport d'Athènes. La cité du monde antique par excellence, où l'exil était pire que la mort, devint peu après la première Ville européenne de la Culture.

Florence, Amsterdam, Berlin, Paris, Glasgow, Dublin et Madrid, entre autres, l'ont suivie. En 2000, ce fut le tour de SaintJacques de Compostelle. Un an auparavant, les ministres de la Culture de l'Union avaient rebaptisé l'événement Capitale européenne de la Culture et l'avaient intégré dans le cadre communautaire. Chaque année, deux États membres, l'un vétéran et l'autre de récente adhésion sont choisis pour accueillir cet événement. En 2016, il s'agira de l'Espagne et de la Pologne.

● Quelle la ville remportera le Melina Mercouri ? Melina Mercouri est née à Athènes, en 1920. En 1981, elle est devenue la première femme ministre de la Culture de son pays. Quatre ans plus tard, elle proposait au Conseil de l'Union européenne le concept de « Ville européenne de la culture », l'une des initiatives européennes les plus populaires sur notre continent.


miradas al exterior capitale européenne de la culture

● connaître l'Espagne

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La candidature de Cordoue, Patrimoine de l'humanité, s'appuie sur son histoire et la cohabitation de trois cultures dans la ville. Mosquée de Cordoue.


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miradas al exterior capitale européenne de la culture

Son engagement politique provenait de sa famille, son grand-père ayant été maire d'Athènes et son père membre du Parlement grec. Quand la dictature militaire des années soixante-dix voulut lui retirer la citoyenneté grecque, elle répondit : « Je suis née grecque et je mourrai grecque ». Peu de défis lui résistaient. Outre la politicienne, nous connaissons tous l'actrice et la chanteuse. Elle a été sélectionnée pour la Palme d'or de Cannes, mais aussi pour l'Oscar de la meilleure actrice, pour le film « Jamais le dimanche ». Elle a enregistré plusieurs disques, prêté sa voix pour la version grecque du film « Un tramway nommé désir », où elle interprétait la rêveuse Blanche Dubois. À partir de 2010, la contribution économique de l'Union à la Capitale européenne de la culture cesse d'être une subvention pour devenir le Prix Melina Mercouri qui s'élève à 1,5 million d'euros. L'initiative Capitale européenne de la culture a pour objectif de souligner la diversité des cultures européennes, ainsi que leurs points communs, pour promouvoir une meilleure connaissance entre les Européens et un sentiment d'appartenance à une même communauté. C'est précisément l'une des valeurs les plus appréciées par l'Union lorsqu'elle étudie une candidature. Le soutien populaire, en particulier de la part des habitants de la

15 villes espagnoles en lice Alcalá de Henares > Se présente comme siège d'une université de cinq siècles d'histoire, inscrite au Patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. En 2016, sera célébré le 400e anniversaire de la mort du plus illustre de ses habitants : Miguel de Cervantès, ainsi que la publication de la

capitales européennes de la culture

● connaître l'Espagne

ville, en est une autre. C'est la raison pour laquelle de nombreuses villes espagnoles ont créé des sites Internet et participent à de nombreux réseaux sociaux afin d'obtenir le plus d'adhésions possible. L'appel officiel aux candidatures pour 2016 sera rendu public en Espagne en 2009. Les villes intéressées pourront présenter leur demande jusqu'en octobre de l'année suivante. Ensuite, un comité constitué de sept membres des Institutions européennes et six personnes désignées par l'État étudiera les candidatures et présentera une liste réduite. Les villes qui auront été retenues auront neuf mois de plus pour compléter leur programme culturel. La lauréate sera désignée fin 2011.

● Un « prix » qui transforme la ville. Plusieurs études ont prouvé que l'attribution du titre de Capitale européenne de la culture peut servir de catalyseur au développement culturel et à la transformation des villes. Le nombre de touristes augmente en moyenne de 15%. Dans le cas de la ville irlandaise de Cork, en 2005, l'augmentation a été de 25% les trois premiers mois. Cela lui a en outre permis d'attirer de nombreux investissements et d'agrandir son aéroport. En 2008, Liverpool est Capitale européenne de la culture, conjointement

seconde partie de Don Quichotte. Avilés-Gijón-Oviedo > La région des Asturies a annoncé une proposition conjointe de trois villes qui, par de nombreux aspects, en constituent une seule : « le quotidien de ces villes est celui de 600 000 personnes qui vont d'une ville à l'autre, car elles se complètent ». Plusieurs monuments d'Oviedo sont inscrits au Patrimoine de l'humanité. Burgos > Son atout est l'une des plus grandes

découvertes scientifiques récentes : le gisement archéologique d'Atapuerca Patimoine de l'humanité. Sa proposition intègre un discours sur l'évolution humaine et le rôle de l'homme sur les villes en particulier et la vie de la planète en général. Cáceres > La proposition met l'accent sur l'engagement de tous les habitants de l'Estrémadure dans ce projet ainsi que la richesse de son héritage culturel : les remparts arabes de la ville, ses

1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Athènes. Grèce. Florence. Italie. Amsterdam. Pays-Bas. Berlin. Allemagne. Paris. France. Glasgow. Royaume-Uni. Dublin. Irlande. Madrid. Espagne. Anvers. Belgique. Lisbonne. Portugal. Luxembourg. Luxembourg. Copenhague. Danemark. Thessalonique. Grèce. Stockholm. Suède. Weimar. Allemagne. Avignon. France ; Bergen. Norvège ; Bologne. Italie ; Bruxelles. Belgique. Cracovie. Pologne ; Helsinki. Finlande ; Prague. République Tchèque ;Reykjavik. Islande ; Saint-Jacques de Compostelle Espagne. 2001 Porto. Portugal; Rotterdam. Pays-Bas. 2002 Bruges. Belgique ; Salamanque ; Espagne. 2003 Graz. Autriche. 2004 Lille. France ; Gênes. Italie. 2005 Cork. Irlande. 2006 Patras. Grèce. 2007 Luxembourg et sa région. Luxembourg ; Sibiu. Roumanie. 2008 Liverpool. Royaume-Uni; Stavanger. Norvège. 2009 Linz. Austriche ; Vilnius. Lituanie. 2010 Essen. Allemagne ; Pécs. Hongrie ; Istanbul. Turquie. 2011 Turku. Finlande ; Tallinn. Estonie.

innombrables palais, sa gastronomie et ses vins. Elle est également inscrite au Patrimoine de l'humanité. Cordoue > Elle se présente en tant qu'ancienne colonie patricienne et capitale omeyyade où cohabitèrent trois cultures. Elle revendique aussi son propre héritage dans l'Europe de la Renaissance et du Baroque. Cordoue est inscrite au Patrimoine de l'humanité. Cuenca > Ville inscrite au Patrimoine de l'humanité, elle met en avant

son caractère de ville paysage, où l'architecture populaire a fusionné avec l'environnement. Sa proposition est un pari stratégique de développement économique, social et culturel, fondé sur la durabilité. Las Palmas de Gran Canaria. La mairie souhaite que le titre de Capitale européenne de la culture constitue l'axe du plan de transfert du parc des expositions aux alentours de l'Auditorium Alfredo Kraus et implique ses acteurs culturels et


Las Palmas, Cáceres, Ségovie ou Saint-Sébastien sont en concurrence pour devenir Capitale culturelle européenne en 2016.

est dotée d'une université prestigieuse, d'une riche histoire et elle est mondialement connue pour sa fête patronale des Sanfermines. Saint-Sébastien> Sa priorité est que la ville devienne un espace où développer des projets de vie et une pensée libre. Sa candidature sera au service de la paix. Elle met en avant sa situation transfrontalière où cohabitent trois langues : le basque, l'espagnol et le français. Ségovie > Elle présente

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Mois EURopÉEn DE la cUlTURE

avec ville norvégienne de Stavanger. une étude de l'université de Liverpool démontre qu'outre l'augmentation du nombre de visiteurs, le statut de Capitale culturelle à apporté une hausse de l'emploi par rapport à la moyenne nationale. Dans des secteurs comme l'architecture ou l'ingénierie, l'augmentation a été de 138%. Cette étude souligne l'importance d'autres avantages, comme l'amélioration de l'image de la ville. Pendant les dix années précédant l'événement, les articles positifs sur la ville ont été multipliés par quatre dans la presse britannique. La transformation a également été remarquable dans des villes traditionnellement industrielles comme Glasgow, en Écosse ou Lille, en France, qui ont profité de ce grand événement pour orienter leur économie vers le secteur des services, essentiellement par le biais de la culture. La dernière Capitale européenne de la culture en Espagne était Salamanque, en 2002. Le statut de Capitale culturelle a permis de promouvoir la création de nouvelles infrastructures comme le Théâtre Liceo, le Centre des arts scéniques, le Centre d'art Salamanca ou la salle d'expositions Santo Domingo mais aussi, selon les données de l'université de Barcelone, de drainer plus de 550 millions d'euros en Castille et Léon et 250 millions d'euros dans le reste de l'Espagne.

ses économiques. Málaga > Elle met en avant son patrimoine culturel millénaire et son essence de ville qui a accueilli de nombreux peuples depuis sa fondation par les Phéniciens, il y a trois mille ans. La mairie créera sept nouveaux musées pour renforcer sa candidature. Pampelune> Jumelée avec Torun, ville polonaise qui pourraient partager le statut de Capitale avec une ville espagnole en 2016, cette ville de Navarre

miradas al exterior capitale européenne de la culture

En 1990, l'Union européenne a créé le Mois culturel européen, dont le concept se rapproche de celui de Capitale culturelle, mais de plus courte durée. Cet événement concernait surtout les pays d'Europe n'appartenant pas encore à l'Union, régis par des systèmes démocratiques et pluriels fondé sur l'État de droit. Bâle (Suisse) et Riga (Lettonie) ont été, en 2001, le dernier siège du Mois de la culture. Le Conseil n'exclut pas de reprendre un jour l'idée de Mois de la culture.

lE RappoRT palMER

Cette enquête, commandée par la Commission en 2005, a étudié toutes les Capitales européennes de la culture jusqu'en 2004 et a démontré que, en dehors de sa forte répercussion dans les médias, ce titre avait contribué au développement de la culture et du tourisme et avait stimulé la fierté des habitants des villes choisies. L'étude a prouvé l'impact positif à long terme pour le développement culturel de nombreuses villes. Aujourd'hui, toute candidature doit faire preuve d'un engagement durable pour la culture.

la culture comme aspect essentiel de la cohésion sociale, de l'éducation, de l'entretien et du respect du patrimoine historique, de l'ouverture vers de nouveaux horizons, du développement l'estime de soi et de la tolérance entre personnes d'origine différente. Elle est inscrite au Patrimoine de l'humanité. Tarragone> Elle se présente en tant que patrimoine mondial pour son héritage romain et médiéval : vitrine de la culture catalane et

exemple de la pluralité de la culture espagnole. Elle se centre sur sa vocation méditerranéenne et européenne. Son ensemble archéologique est inscrit au Patrimoine de l'humanité. Ténériffe> L'initiative du conseil municipal concerne l'île entière. Elle se présente comme « détentrice d'une culture particulière par son origine variée » et possède d'importantes infrastructures touristiques. Le Teide et la Lagune sont inscrits au Patrimoine de

l'humanité. Valence > La ville du Turia se distingue par son patrimoine culturel et historique et son architecture urbaine, ainsi que les installations modernes de la Cité des Arts et des Sciences. Saragosse > La capitale aragonaise se distingue par sa grande richesse culturelle et le vaste ensemble d'infrastructures touristiques et culturelles dont elle est dotée, surtout depuis la récente Exposition internationale sur l'eau.


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miradas al exterior patrimoine national

● connaître l'Espagne

Patrimoine National la valeur de l'authenticité historique

Autonome, mais dépendant du ministère de la Présidence, le Patrimoine national est un organisme public qui se consacre à la conservation et à l'entretien des biens de l'État espagnol affectés au service du roi et des membres de la famille royale ainsi qu'aux cérémonies officielles.


miradas al exterior patrimoine national

● connaître l'Espagne

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Palais royal de Madrid à la tombée du jour.

TEXTE : MIRADAS AL EXTERIOR. PHOTOS : EfE

● Le Patrimoine national comprend des palais, des parcs, des jardins et plusieurs couvents, églises et monastères. Parmi eux, les « sites royaux », anciennes résidences de la famille royale. La plupart se trouvent dans les environs de Madrid et étaient utilisés comme lieu

de repos, de plaisance ou comme résidence d'hiver ou d'été. Ils comprennent également les installations de service de l'ancienne Cour. Ces palais et monuments constituent l'un des ensembles les plus importants de l'histoire de l'Occident et sa constitution a été, des siècles durant, le moteur de la culture de l'Espagne, avec une forte influence en

Europe comme Amérique hispanique. C'est ainsi que l'on trouve dans le patrimoine national des biens comme le Palais royal d'Orient et le Parc du Campo del Moro, le Palais royal d'Aranjuez et la Maison du laboureur, le Palais royal de San Lorenzo de l'Escurial et l'hôtel particulier dit Petite maison du prince, les Palais royaux de la Granja et de Riofrio,


40 miradas al exterior

patrimoine national ● connaître l'Espagne

Parmi les collections du Patrimoine national, les collections de tapisseries et d'armures sont reconnues comme les plus importantes du monde le Palais du Pardo et le Palais royal de la Zarzuela. À Palma de Majorque, le Palais de la Almudaina. Appartiennent aussi au Patrimoine national les biens meubles qu'abritent ces palais, les biens déposés dans les édifices publics ainsi que les dons faits à l'État par l'intermédiaire du roi. font également partie du Patrimoine national les droits de patronage ou d'administration de fondations comme l'église et le couvent de la Encarnación, l'église et l'hôpital du Buen Suceso, le couvent des Descalzas Reales, la basilique royale d'Atocha, l'église et le collège de Santa Isabel, l'église et le collège de Loreto, à Madrid, le monastère de San Lorenzo de l'Escurial, le monastère de las Huelgas et l'hôpital du roi, à Burgos, le couvent de Santa Clara de Tordesillas, le couvent de San Pascual, à Aranjuez, le collège des Doncellas Nobles, à Tolède, et le monastère de Yuste, à Cáceres.

● Activité publique. Les palais royaux sont le cadre d'importantes cérémonies d'État à caractère historique, qui conservent en grande partie le protocole traditionnel, comme les réceptions de gala des chefs d'État en visite officielle dans notre pays ou la présentation des lettres de créance au roi par les ambassadeurs étrangers en Espagne. L'ouverture de ces monuments et de

De haut en bas : Monastère de Yuste à Cáceres, Palais de la Almudaina à Palma de Majorque, Palais royal d'Aranjuez, monastère de l'Escurial et jardin du couvent des Descalzas Reales à Madrid.

Les palais royaux sont le cadre d'importantes cérémonies d'État à caractère historique qui conservent une grande partie du protocole traditionnel

leurs parcs et jardins au public ainsi que leur diffusion culturelle caractérisent aussi cet organisme. L'institution programme annuellement un grand nombre d'activités culturelles. Parmi celles-ci, des expositions temporaires et des concerts. L'an dernier, elle a organisé de très belles expositions comme « Trésors de feu. Arquebuserie madrilène » ou « La mode à la Grecque » et, en 2008, « Charles Quint à Yuste, mort et gloire éternelle », pour commémorer le 450e anniversaire de la mort de l'empereur. À partir d'octobre, le Palais royal de Madrid accueillera l'exposition « Des Lumières au libéralisme ». Dans le domaine musical, le patrimoine organise de nombreux concerts de musique de chambre, dont le célèbre Cycle Stradivarius. Dans le domaine de la restauration de monuments et jardins historiques, le Patrimoine national dispose d'équipes d'experts hautement qualifiés qui allient l'utilisation des technologies les plus avancées aux savoir-faire traditionnels. Ils ont récemment restauré la Maison du laboureur, à Aranjuez. Parmi les collections du Patrimoine national, les collections de tapisseries et d'armures, sont reconnues comme les plus importantes du monde. Citons également la collection d'horloges historiques, qui compte 634 pièces. On y trouve une horloge ayant appartenu à Philippe II, datant de 1583, dont la particularité est d'être équipée d'une lampe à huile pour lire l'heure dans l'obscurité. Le Patrimoine national édite aussi des livres sur ses collections et publie la revue trimestrielle Reales Sitios (sites royaux), à laquelle collaborent des experts de chaque domaine artistique et historique, reflétant le travail d'étude et de conservation mené à bien par cette institution. Les monuments et les collections royales confèrent au Patrimoine national un caractère d'institution culturelle unique où l'authenticité historique et la valeur artistique et symbolique dominent. Le charme essentiel de notre patrimoine réside sans doute dans le fait qu'il perpétue les fonctions ayant présidé à sa fondation ou sa construction.


miradas al exterior patrimoine national

● action extérieure

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Au service des cérémonies de l'État, de la culture et de l'environnement

Yago Pico de Coaña

Président du Patrimoine national

Le Patrimoine national a été créé pour administrer et gérer les biens que la couronne, monarchie parlementaire dans le cadre de l'État constitutionnel, a cédé à l'État, en en conservant l'usufruit pour le roi et la famille royale. Le Patrimoine national s'est ainsi engagé à être au service des citoyens, en mettant à leur disposition l'un des ensembles culturels les plus importants d'Europe et en assumant la conservation et la restauration des biens historiques meubles et immeubles, ainsi que la préservation et le respect de l'environnement, de la flore et de la faune des bois et des jardins qu'il gère. Les musées du Patrimoine national accueillent plus de trois millions de visiteurs par an, cette institution est donc l'un des principaux gestionnaires culturels d'Espagne. L'ouverture au public de monuments, parcs et jardins, l'étude scientifique et la diffusion culturelle caractérisent ces musées, il est donc fait un usage didactique des sites royaux où l'on favorise les activités culturelles, les études scientifiques et les

programmes d'enseignement, conformément à la loi sur le patrimoine national qui met l'accent sur cette orientation. La signature de plus de dix conventions avec des universités et différentes institutions, dont l'Université de Salamanque, pour organiser le Prix de la reine Sophie de poésie latinoaméricaine, les cours d'été de l'Escurial, en collaboration avec l'Université complutense de Madrid, les visites scolaires des sites royaux d'Aranjuez et de l'Escurial et les cycles de Matinées, à La Granja de San Ildefonso, en témoignent. L'agenda culturel est complété par des expositions temporaires, comme l'exposition prévue pour le mois d'octobre au Palais royal de Madrid, Des Lumières au Libéralisme 1788-1814, qui permettra de mieux connaître les événements historiques de cette intéressante étape de l'histoire de l'Espagne. Dans le domaine musical, soulignons l'organisation de concerts de musique de chambre dont le prestigieux Cycle Stradivarius. Le Patrimoine national accorde une importance particulière à l'environnement en consacrant une grande partie de sa gestion aux réserves naturelles et aux jardins historiques et

artistiques, afin de protéger les espèces et les espaces verts. Dans le domaine de la restauration de monuments et de jardins historiques, notons le remarquable travail réalisé à La Maison du laboureur du site royal d'Aranjuez. Parmi les différentes collections du patrimoine national, les collections de tapisseries et d'armures sont reconnues comme les plus importantes du monde et constituent le cœur du futur musée des collections royales. Les Bibliothèques et Archives historiques du Patrimoine national sont uniques. Parmi les premières, nous mentionnerons particulièrement la bibliothèque du Palais royal et celle du monastère de l'Escurial avec leur riche collection de manuscrits arabes et latins. Les chercheurs ont accès à ces bibliothèques pour étudier leur contenu, afin de transmettre ce précieux héritage de l'histoire de l'Espagne. Le Patrimoine national gère huit palais royaux, six hôtels particuliers, dix monastères et couvents de la Fondation royale, 20 000 hectares de forêt méditerranéenne et 589 hectares de jardins historiques, dont beaucoup sont inscrits au

Patrimoine de l'humanité en tant que Paysage culturel, les biens meubles et les collections d'art des fondations et palais royaux, les biens et droits affectés à l'usage et au service de la couronne et les dons faits à l'État par l'intermédiaire du roi. Ces lieux sont le cadre des cérémonies officielles, comme la remise des lettres de créance des ambassadeurs au roi ou la Pâque militaire, au Palais royal de Madrid. Le Palais royal du Pardo est la résidence habituelle des chefs d'État étrangers en visite officielle. Enfin, soulignons l'entière collaboration du Patrimoine national à la tenue des Sommets latino-américains des chefs d'État et de Gouvernement, ainsi que la mise à disposition du Gouvernement et du ministère des Affaires étrangères et de la coopération de bâtiments du patrimoine national pour la tenue de réunions bilatérales des chefs d'État et des Premiers ministres. Pour tous ces événements, la présidence, la gérance et les différentes directions du Patrimoine national ont collaboré avec toutes les directions générales compétentes du ministère des Affaires étrangères et de la coopération ainsi qu'avec le chef et les services du protocole.


 culture et société

Dernières retouches de Mordzinski avant l'inauguration de l'exposition à Madrid. EFE

Casa de amériCa

Exposición ‘Daniel Mordzinski, fotógrafo entre escritores’ ■ Auteur de photographies qui sont devenues des icônes de l'identité latino-américaine, comme celle de Borges dans un studio d'enregistrement de San Telmo ou de García Márquez sur des rochers, Daniel Mordzinski est un compagnon de voyage indispensable et le témoin des principaux événements du monde de la culture. Né à Buenos Aires en 1960 et installé à Paris depuis plus de deux décennies, il a parcouru le monde entier avec son appareil photo . Des centaines de reportages et de nombreux livres d'auteur sont le fruit de ces voyages. Son travail de photojounaliste et correspondant des plus prestigieux médias internationaux (El País et Clarín) ne l'a pas empêché de se consacrer au portrait créatif de poètes, romanciers et essayistes, les visages de ces derniers constituant un formidable atlas de la littérature latinoaméricaine contemporaine. À ce sujet, Casa de América a ouvert ses portes, au mois de septembre, à une magnifi-

que exposition regroupant 180 photographies de grand format. Ami et complice des intellectuels et artisans des lettres les plus diveres, Mario Vargas Llosa écrit dans l'un des textes du catalogue édité à l'occasion de l'exposition : « dire que Daniel Mordzinski a photographié les auteurs est insuffisant. Parce que les images de ces derniers, arrachées par l’appareil de Mordzinski au fleuve du temps et collées sur ces bristols que tous les éditeurs, auteurs et lecteurs connaissent, sont en réalité une interprétation profonde et respectueuse de leur personnalité ».

sCieNCe

La biologiste espagnole María Blasco reçoit le Prix européen de la Science ■ Le 8 septembre dernier, à Hambourg, la Fondation Körber a remis le Prix européen de la Science 2008, doté de 750 000 euros, à la biologiste moléculaire María Blasco pour ses recherches sur le cancer. María Blasco dirige le groupe de recherche en oncologie moléculaire du Centre national de recherches oncologiques (CNIO) à Madrid, depuis 1993. Ce prix, l'un des plus prestigieux d l'Allemagne, que la Fondation remet depuis 24 ans, couronne les travaux prometteurs de María Blasco sur les télomères – extrémités des chromosomes - et l'enzyme télomérase qui pourraient permettre d'obtenir de nouveaux médicaments pour lutter contre cette maladie. La Fondation Körber soutient les scientifiques européens qui travaillent sur des projets de recherche particulièrement innovateurs.

éCONOmie

The Economist et le Financial Times proposent un G12 incluant l'Espagne ■ Le quotidien Financial Times et la revue The Economist, deux des plus importantes publications économiques du monde, ont proposé en juillet d'élargir le G8 au G12, incluant désormais l'Espagne, le Brésil, la Chine et l'Inde. Ces deux publications ont souligné le besoin de modifier le groupe des pays les plus industrialisés du monde. Le FT affirme qu' « il faut s'élargir aux économies connaissant une croissance rapide telles que le Brésil et l'Inde et la Chine ». « Un G12 des plus grandes économies – poursuit-il – inclurait l’Espagne et garantirait que personne ne serait expulsé. Il couvrirait alors plus de 70 pour cent du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial ». The Economist, de son côté, souligne que la meilleure solution serait d’élargir l’organisme actuel de manière à inclure les douze économies les plus importantes du monde. Un G12 inclurait l’Inde, le Brésil, la Chine et l’Espagne dans le club et permettrait au Canada d’y rester ».

La Casa eNCeNdida (madrid)

Exposition sur la bande dessinée à Madrid ‘Viaje con nosotros’

■ 20 ans de trajectoire de six auteurs espagnols de bande dessinée – Keko, Gallardo, Mauro Entrialgo, Max, Micharmut et Miguelanxo Prado – est présentée à l'occasion de l'exposition « Voyagez avec nous », organisée par la Société d'État pour l'Action

« I have a Dream » du dessinateur Gallardo.

culturelle extérieure, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et la Casa Encendida. Il sera possible de visiter cette exposition inaugurée le 23 septembre au siège de Madrid de la Casa Encendida jusqu'au 26 octobre 2008. Ce projet a pour objectif de constituer un échantillon représentatif de la nouvelle bande dessinée espagnole née dans les années 80 et qui a atteint son épanouissement créatif deux décennies plus tard. Une exposition collective qui choisit le voyage comme thème et regroupe les œuvres de six auteurs qui, à travers un langage personnel et à partir de six foyers géographiques différents, Catalogne, Madrid, Pays Basque, Baléares, Valence et Galice, dessinent, chacun à sa manière, le panorama actuel de la bande dessinée espagnole sur la scène internationale. Peu de domaines artistiques s'efforcent, comme la bande dessinée, de créer un cadre propre à la diffusion de l'œuvre en liberté, à travers des fanzines et revues périodiques auto-éditées ou grâce à la complicité de petites maisons d'édition indépendantes. Chaque année, ont lieu en Europe différents salons et rencontres qui, dans une


miradas al exterior nouvelles

certaine mesure, ont intégré ces auteurs indépendants. En Espagne, les salons de La Corogne et d'Avilés se sont ajoutés au Salon international de la Bande dessinée de Barcelone, consolidé et commercial. Le Prix national de la Bande dessinée a été récemment créé. Max a été récompensé à l'occasion de la première édition.

L'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) estime qu'en 2020, près de 100 millions de citoyens chinois voyageront en dehors de leur pays. Le Congrès était organisé par Casa Asia et Caixa Forum, en collaboration avec Turespaña, Tourisme de Catalogne et Tourisme de Barcelone.

Casa ÁFriCa

Un regard tourné vers le continent voisin à travers la peinture ■ AEA Tubab : África es así, m’zungu ? » (« L’Afrique est ainsi : homme blanc : L’Afrique est ainsi, homme blanc ? ») Ce double titre ambigu, employant les mots

● culture et société

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tubab en wolof et m’zungu en swahili, est en soi un jeu qui propose et remet en question en même temps, le regard porté sur l’Afrique de celui qui vient d’ailleurs. L'exposition, confiée au peintre Juan Bordes par Casa África comme partie de son travail de soutien à la connaissance mutuelle entre les cultures

Casa asia eT CaiXa FOrUm

Le Ier Congrès international sur le Tourisme asiatique se tient à Barcelone

■ Le premier Congrès international sur le Tourisme asiatique, qui s'est déroulé à Barcelone les 25 et 26 septembre, a analysé l'essor du tourisme asiatique ainsi que le potentiel qu'il offre pour les marchés récepteurs de l'Europe, en particulier pour l'Espagne. Les responsables de la promotion touristique des villes telles que Paris, Londres, Barcelone et Madrid, ainsi que la Generalitat de Catalogne, ont exposé leurs stratégies pour attirer les touristes asiatiques. Le principal objectif est de parvenir à ce que l'Europe se positionne comme première destination dans un continent qui, actuellement, est un des principaux moteurs de la croissance du secteur touristique. Les touristes asiatiques ont un pouvoir d'achat élevé et sont attirés par les grandes villes, les monuments et les achats. Jusqu'à présent le Japon, la Corée du Sud, Hong Kong et Singapour ont été les principaux marchés à destination de l'Europe, mais désormais la Chine et l'Inde apparaissent comme de grandes puissances dans ce secteur.

Un groupe de Boliviens exécutent des danse typiques de leur pays, lors de la grande « marcha » de l'an dernier, dans les rues de Madrid. EFE

Casa amériCa

Vivamérica se déroulera des deux côtés de l'Atlantique ■ Le grand événement culturel, musical et festif organisé par la Casa de América pour célébrer le jour de l'Amérique latine, aura lieu cette année simultanément à Madrid, Santa Cruz de Ténériffe et à Bogotá, entre le 6 et le 12 octobre. Avec l'incorporation de la capitale colombienne, il sera pour la première fois possible de vivre ce Festival VivAmérica des deux côtés de l'Atlantique. L'an dernier, le Brésilien Car-

linhos Brown était chargé de la programmation musicale de VivAmérica, Cette année, cette responsabilité incombe à la mexicaine Julieta Venegas. Après le succès de la dernière édition, VivAmérica saute de l'autre côté de l'Atlantique et offre une semaine d'activités culturelles, couronnée par La Marcha, grand concert réunissant des interprètes connus de toute l'Amérique latine dans les principales rues des trois

villes. L'humour sera l'axe central de cette programmation. VivAmérica est une initiative de Casa de América qui bénéficie du soutien des principaux organismes latino-américains et des représentations diplomatiques des nations latino-américaines en Espagne et en Colombie ainsi que différentes institutions politiques, gouvernementales, autonomes et municipales des deux pays.


44 miradas al exterior nouvelles

● culture et société

africaine et espagnole, sera ouverte au public à partir du 14 novembre. Le peintre parcourt l'Afrique, source d'inspiration, et essaie de saisir dans son projet l'immensité du continent africain. La géométrie du sable, la sécheresse ou la forêt sont les principaux éléments dont il se sert pour réaliser cette tâche. Dans l'œuvre de Bordes, l'Afrique est chargée de stimulants formels suggestifs et peu reconnaissables. Il se déplace toujours au fil de l'abstraction, à travers de nombreux parcours visuels et de plans de lecture.

CASA ÁRABE

Les Nuits du Ramadan sont de retour à Lavapiés ■ Le festival Nuits du Ramadan, organisé par Casa Árabe, a réuni nos citoyens autour du mois sacré pour les musulmans, époque de jeûne et de purification, mais également de fêtes et de réunion familiale et alamis, à travers d’ateliers, de concerts et de projections de cinéma, du 24 au 27 septembre, dans le quartier madrilène de Lavapiés.

Dans la rubrique musicale, des concerts ont été organisés par le Sénégalais Oumar Pène, l'Algérienne Chaba Zahouania, la Mauritanienne Noura et les Marocains du groupe H-Kayne. Les amateurs du cinéma ont pu voir la version restaurée du film marocain Transes, d'Ahmed El-Maanouni (1981), projeté à la Filmothèque nationale. Les plus jeunes ont pu participer à des ateliers de calligraphie, de contes du monde, de marionnettes et de hip hop. Le festival prévoyait également un débat sur certains éléments culturels et les plats typiques de cette fête, dégustation comprise. D'autre part, l'Association socio-culturelle Ibn Batuta a organisé un tournoi de football pour tous les âges. Casa Árabe regroupe un consortium entre le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, les Gouvernements régionaux de Madrid et d'Andalousie ainsi que les mairies de Madrid et Cordoue. Les Nuits du Ramadan ont également bénéficié du soutien de nombreux organismes et associations du quartier de Lavapiés.

CLÔTURE EXPO ZARAGOZA 2008

Objectifs atteints ■ L'Exposition internationale de Saragosse a accueilli plus de cinq millions et demi de visiteurs pendant les 93 jours d'ouverture au public, chiffre qui permet aux organisateurs d'affirmer que l'exposition a été un succès et que les objectifs fixés ont été atteints. C'est ce qu'a déclaré le président de l'Expo Zaragoza,

Roque Gistau, en faisant le bilan de l'exposition, clôturée le 14 septembre par une cérémonie à laquelle ont assisté le roi Juan Carlos et la reine Sofia ainsi que le président du Gouvernement. L'Expo intitulée « Eau et développement durable », a informé, formé et diverti. Soulignons d'ailleurs

EXPOSITION

■ À l'occasion de la tenue à Mexico D. F., du premier Congrès de la culture latinoaméricaine du cinéma et de l'audiovisuel en Amérique latine, la SEACEX, l'Institut de la cinématographie et des arts audiovisuels (ICAA), la Filmothèque espagnole, le ministère de la Culture espagnol et le Centre national des arts de Mexico (CENART), ont organisé l'exposition « Buñuel. Entre dos mundos’. Inaugurée le 1er octobre au Centre national des arts de la capitale mexicaine, l'exposition rend hommage à l'œuvre et à la relation du cinéaste aragonais avec le Mexique. Elle a pour origine une exposition inaugurée simultanément à Madrid et à Calanda au mois de juillet dernier, à l'occasion du vingtcinquième anniversaire de la mort de Luis Buñuel. Compte tenu du contexte dans lequel s'inscrit cette exposition, pour la présentation à Mexico, les commissaires ont souhaité souligner le double caractère espagnol et mexicain

de Buñuel, pour mettre en évidence cette double appartenance. L'exposition, ouverte au public jusqu'au 27 novembre, est divisé en quatre volets. Le premier présente le visage mexicain du metteur en scène à travers ses photographies de repérages des films réalisés dans ce pays. Ce Buñuel photographe permet de comprendre comment il préparait ses films et apporte un nouveau point de vue sur le réalisateur aragonais. Le second volet, biographique, présente sa vie à travers de photographies, documents, prix, montages audiovisuels, etc. Il met en relief son éducation espagnole et le poids de cette dernière dans son œuvre au cours des années où il vivait à Mexico. Le troisième volet fournit un aperçu général de sa filmographie. Nous y trouvons, à travers des éléments significatifs, parmi lesquels des montages audiovisuels, les trente-deux films qu'il réalisa au cours de sa vie. Le quatrième volet est la projection d'un documentaire spécialement réalisé à cette occasion à partir de documents récemment filmés

l'excellent accueil reçu par les spectacles permanents comme celui de l'Iceberg, qui a réuni 1,18 millions de spectateurs ou « L'homme verseau » qui a enchanté 829 168 spectateurs. Les spectacles ont été particulièrement appréciés par les visiteurs (7,85 sur 10), tout comme la sécurité (8,44), l'ordre et la propreté (8,38), l'accueil et le professionnalisme du personnel (8,58) ainsi que la rapidité des guichets (7,68).

Les pavillons nationaux les plus visités ont été ceux du Qatar, du Maroc, de la Chine, de l'Amérique Latine et de l'Espagne. Les pavillons des communautés autonomes les plus visités ont été ceux de l'Aragon, de la Navarre et de La Rioja. Quant à la Tribune de l'Eau, espace de conception de la Charte de Saragosse, 350 conférences s'y sont déroulées, auxquelles 73 687 personnes ont assisté, et cent ouvrages sur le thème de l'Expo ont

Rétrospective de Buñuel à Mexico


miradas al exterior nouvelles

dans divers lieux d'Espagne et du Mexique. Ce documentaire propose un rapprochement du personnage et de l'œuvre de Luis Buñuel, à travers les conversations entre son fils Juan Luis et son proche collaborateur Jean-Claude Carrière.

eNTrePrises

Isolux obtient la plus grande concession électrique du Brésil ■ L'Agence nationale d'Énergie électrique du Brésil a accordé à la compagnie espagnole Isolux deux nouvelles concessions pour un délai d'exploitation de 30 ans. Le groupe espagnol devient ainsi l'un des principaux opérateurs de réseau électrique à haute tension du continent. Les revenus devraient représenter 4,23 milliards d'euros. Les lignes électriques traversent la zone amazonienne par les états de Pará et Amapá, dans le nord du Brésil, et s'étendent sur 1 240 kilomètres. Selon la compagnie espagnole, il s'agit, techniquement, des projets les plus complexes adjugés ces dernières années au Brésil. L'une des

été publiés. Après la clôture de l'exposition, deux défis se présentent : diffuser au niveau mondial les leçons apprises sur l'eau grâce à cette tribune sans précédent et maintenir en vie le parc qui accueilli l'exposition. Le président Rodríguez Zapatero a relevé le premier défi en annonçant que le Gouvernement espagnol assumera les points recueillis dans la Charte de Saragosse et, entre autres missions, il s'engage à présenter aux

lignes devra traverser le fleuve Amazone et nécessitera deux tours plus hautes que la tour Eiffel, 300 mètres de hauteur. En outre, la plupart des équipements à installer devront remonter le fleuve, à partir du port de Belém. L'autorité brésilienne a choisi Isolux parmi une vingtaine d'offres. La division concessions d'Isolux est le domaine d'activité du groupe qui connaît la plus forte croissance cette année. Elle gère cinq autoroutes en Espagne, au Mexique et en Inde, soit 590 kilomètres. Isolux a établi une facturation qui s'élève à 2,415 milliards en 2007.

VaLeNCe

« One way, one ticket », réflexion ironique sur la vie et la mort ■ L'exposition « One way, one ticket », qui se tient simultanément à Valence et Torrent, accueille des œuvres d'artistes contemporains sur le thème de la mort considérée comme un dialogue avec la vie. Loin d’émouvoir, elle « provoque la réflexion suivante : la vie est intimement liée à la mort », ainsi l'expliquait

Nations unies un cadre de réglementations sur l'eau et à préparer la Charte des droits et responsabilités des êtres humains envers l'eau. Quant à l'avenir de Saragosse, les autorités ont l'intention de transformer l'enceinte de l'Expo en un espace réservé aux entreprises. La Société d'État Expoagua a bon espoir de récupérer 370 millions d'euros grâce à la reconversion du parc de Ranillas en installation de pointe.

l'un des commissaires lors de la présentation de cette collection qui regroupe 63 pièces de 25 artistes. Elle sera ouverte au public jusqu'au 16 novembre. L'exposition est articulée autour d'une installation de Christian Boltanski sur la mort de l'homme ordinaire. Aux côtés de Boltanski, sont exposées des œuvres de John Heartfield, Renau, Antonio Saura, Markus Lupertz, Cristina Lucas, Julio González ou Antoni Tàpies, de l'Equipo Realidad et de l'Equipo Crónica, entre autres. Tous ironisent, ridiculisent ou jouent avec l'image de la mort, à travers des photographies, des sculptures, des toiles ou des installations. Chacune des œuvres exposées dans la Salle la Muralla de l'IVAM de Valence et dans l'EMAT de Torrent est, en définitive, la mise en scène d'une observation subjective et rigoureuse de la vie.

Casa seFarad-israeL

Cinéma et littérature se donnent rendez-vous au Hay Festival ■ En septembre, Casa Se-

● culture et société

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farad-Israel participe pour la deuxième année consécutive au Hay Festival de Ségovie, où des penseurs de toute la planète se sont donné rendez-vous dans le cadre d'un programme qui comprend des récitals, des débats et des rencontres. Casa Sefarad propose un dialogue entre cinéma et littérature, à travers la conversation d'Edgardo Cozarinsky et Jesús Ferrero sur leur double expérience de cinéastes et d'écrivains. Edgardo Cozarinsky est né à Buenos Aires au sein d'une famille juive, il s'est installé à Paris il y a plus de trente ans et, depuis une décennie, réside alternativement dans l'une et l'autre ville. Écrivain et cinéaste, auteur d'essais sur Henry James et sur la relation de Borges avec le cinéma, son premier ouvrage de récits était « Vaudou urbain » en 1985. Il a également dirigé des films mêlant magistralement fiction et documentaire. Il a récemment publié son premier roman qui s'intitule « Le ruffian moldave ». Jesús Ferrero est né à Zamora, a suivi des études d'Histoire ancienne à Paris et

Spectacle de pyrotechnie pour la clôture de l'Expo Zaragoza 2008. EFE


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● culture et société

s'est spécialisé dans le monde grec. Il a écrit en 1981 « Belver Yin », œuvre pleine d’exotisme et de sensualité qui a obtenu le prix Ciudad de Barcelona.« Opium », « Lucrecia Temple », « El efecto Doppler » sont autant d’œuvres de référence. La création poétique, le théâtre et l'écriture de scénarios cinématographiques (il a co-écrit Matador avec Pedro Almodóvar) complètent une longue trajectoire littéraire.

tion et l'Émigration, Consuelo Rumí Ibáñez a assisté à cette rencontre, ainsi que le secrétaire des Mouvements sociaux du PSOE, Pedro Zerolo, plusieurs académiciens et des représentants d'institutions non gouvernementales et d'organismes de la jeunesse d'Amérique latine.

CHaNGemeNT CLimaTiQUe

Les États-Unis approuvent le modèle espagnol À meNdOZa (arGeNTiNe) se déroule le IIIe Congrès en matière d'énergies des Jeunes descendants renouvelables ■ La vice-secrétaire à la d'Espagnols Démocratie et aux Affaires ■ 400 jeunes latino-américains d'ascendance espagnole se sont réunis dans la ville argentine de Mendoza en septembre pour débattre sur les politiques qui les concernent dans le domaine éducatif, professionnel et institutionnel avec des représentants du Gouvernement espagnol et des associations de jeunes, dans le cadre du IIIe Congrès des Jeunes Descendants. Ce Congrès qui, lors des éditions précédentes, s'était tenu dans les villes argentines de Buenos Aires en 2006 et Rosario en 2007, a abordé les thèmes de la participation politique de la jeunesse, l'égalité, l'insertion et la formation professionnelle, l'éducation, les nouveaux courants de communication pour jeunes ou encore le travail en réseau. Les conclusions du débat ont été présentées au Gouvernement espagnol pour être prises en compte dans les politiques publiques. Cette rencontre est soutenue par le département du Travail et de l'Immigration de l'Ambassade d'Espagne en Argentine et par la Fondation España. La Secrétaire d'État à l'Immigra-

mondiales du Département d'État nord-américain, Paula Dobriansky, a très positivement évalué le modèle espagnol de développement des énergies renouvelables en tant qu'élément efficace et propre dans la lutte contre le changement climatique. « L'Espagne a réalisé un grand travail, elle est désormais en tête des pays producteurs d'énergie éolienne », a-t-elle déclaré à Madrid au cours d'un forum sur l'avenir du secteur énergétique. La vice-secrétaire a souligné que l'Espagne figure parmi les cinq pays qui investissent le plus dans les énergies renouvelables. Elle a ajouté que deux entreprises espagnoles, Iberdrola et Acciona, sont classées parmi les 10 principales compagnies du monde productrices d'énergie éolienne. Le marché photovoltaïque espagnol est aussi celui qui a connu la plus importante croissance dans le monde en 2007, avec deux des trois principales usines photovoltaïques de la planète. Au début de l'année, Paula Dobriansky a rencontré à Washington une délégation d'entrepreneurs espagnols

pour évoquer la coopération dans le domaine des énergies renouvelables. Elle a rappelé qu'une autre entreprise espagnole, Abengoa, est en train de construire la plus grande usine mondiale d'énergie solaire dans l'État d'Arizona.

eXPOsiTiON À madrid

Exposition sur la renaissance du Vietnam à travers sa propagande ■ Jusqu'à la mi-janvier, il sera possible de visiter à Casa Asia Madrid, l'exposition « The Rebirth of a Nation », une sélection de 45 affiches de propagande vietnamienne qui recouvrent une période cruciale de l'histoire du Vietnam, des années 60 à la fin des années 90, et constituent un témoignage de grande valeur pour la reconstruction de la mémoire historique de ce pays asiatique. C'est la première que ces documents sont montrés hors du Vietnam. Ces images ont orienté le processus de reconstruction politique et économique du Vietnam et sont représentatives de la fonctionnalité de l'art d'avantgarde de cette période. L’exposition est complétée par la projection de cinq films du Cycle de Cinéma « Vietnam, Enfer et Paradis ». Chaque projection permettra au public de mieux connaître l'histoire et la culture de ce pays. Ces films ont tous été privés dans des festivals de cinéma.

aNNiVersaire

20 ans de présence féminine dans les Forces armées ■ Au cours du mois de septembre, le Musée naval de Madrid a accueilli l'exposition 8808/Vingt ans de

présence féminine dans les Forces armées. À travers cette exposition, le ministère de la Défense célébrait l'entrée d'un groupe réduit de femmes (vingt-cinq), il y a 20 ans, dans les Écoles militaires pour intégrer les Forces armées espagnoles, symbolisant la rupture des préjugés et des vieilles barrières et contribuant à l'enrichissement et à la modernisation de l'Armée espagnole. Vingt ans plus tard, la première femme admise, qui avait choisi la Marine, est capitaine de corvette, plus haut grade atteint par l'une de ces femmes. Aujourd'hui, 15 430 femmes sont présentes dans nos armées et plus de mille d'entre elles proviennent de l'immigration. Leur présence a constamment augmenté. À tel point qu'actuellement, un militaire sur huit est une femme, soit 12,3%. L'Espagne est la seconde des grandes nations européennes en termes présence féminine, devant le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie et seulement derrière la France. D'autre part, une réelle égalité existe au sein des Forces armées, au niveau de l'accès comme du déroulement de la carrière militaire. L'égalité est un objectif, le ministère de la Défense ayant articulé à cet effet différentes mesures réglementaires, dont le Plan Concilia, qui doit permettre la conciliation de la vie professionnelle et familiale du personnel militaire. Elle envisage, entre autres, des mesures de flexibilité horaire, de réduction du temps pour la garde et l'allaitement des enfants, permissions rémunérée pour conciliation ainsi que des mesures pour protéger les victimes de violence de genre.


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nouvelles le profil ● culture et société

Notre dette envers... Miguel Delibes

Auteur de l'école réaliste castillane, il nous laisse en héritage un Salon d'Automne littéraire rempli de personnages populaires, de scènes de chasse et d'épisodes de la vie rurale et provinciale de l'Espagne de la seconde moitié du XXe siècle par JaCOBO GarCÍa (JOUrNaLISTE)

Les saints innocents reviennent toujours

❖ L'univers fictionnel, essentiellement réaliste, créé par Miguel Delibes au cours de plusieurs décennies de dur labeur est l'univers de l'agriculture, de l'élevage, du pâturage, de la chasse et de la pêche que connurent nos parents et grands-parents et qui est sur le point de disparaître ou a déjà disparu. ❖ S'il quelqu'un, dans les lettres espagnoles, mérite le titre de Gardien dans le seigle, (titre original du fameux Attrape-Cœur de Salinger), c'est bien lui. Obser vateur minutieux et infatigable de l'âme des gens et des secrets de la nature dans les champs

de la Valladolid où il est né et a toujours vécu. ❖ Il nous a fait parcourir d'innombrables kilomètres en tous sens, sur les brisées des lièvres, perdrix et renards, tout au long de journées épuisantes mais aussi inoubliables. Il nous a raconté avec force détails le mode de vie d'une société rurale qui se refusait à rendre l'âme sur la terre compacte du plateau castillan. Vers la fin de sa carrière, il nous a invités à pleurer sur la tombe de l'exceptionnelle femme en rouge sur fond gris avec laquelle il avait partagé sa vie d'adulte. Aujourd'hui, il garde le silence, après nous avoir offert une œuvre dure,

directe, en clair-obscur, parfois ténébriste, mais sans trucs ni fards, cartes sur table. ❖ Son vocabulaire, riche et naturaliste, permet aux linguistes de se documenter et d'enrichir les dictionnaires de la langue espagnole, il nous rappelle que la terre sera encore là après l'écroulement du dernier édifice de ciment représentant un progrès et un développement purement matériels. Alors, l'Homo hispanicus, qui ne se rappellera plus comment se nommaient les choses du monde naturel, pourra choisir entre leur donner de nouveaux noms ou retrouver les noms qu'elles portaient. ❖ Son œuvre, qui appartient à la littérature agitée et sociale des années 1950, doit beaucoup au roman picaresque, aux grands peintres espagnols du Siècle d'Or et au documentaire « Las Hurdes » (Terre sans pain), filmé par Luis Buñuel en 1932, mais aussi au néoréalisme italien. Aux premiers, il a emprunté l'art du portrait et l'analyse crue d'une société divisée et désorganisée. Aux seconds, il doit le thème de l'amour, seule rédemption possible pour l'être humain. ❖ Marqué par le pessimisme de ceux qui ont vécu la guerre, son humanisme chrétien et un stoïcisme classique lui permettent de vivre un pied dans la culture et l'autre dans la nature – toutes deux sérieusement menacées. Ses sombres prédictions sur l'avenir de l'espèce humaine se réaliseront ou non, les sociétés

humaines évolueront vers ce magma indifférencié et orwellien tant redouté par l'auteurchasseur de Valladolid ou vers une communauté d'êtres plus libres et conscients. Mais si nos successeurs, au lieu de continuer à couper les arbres et s'empêtrer régulièrement dans des guerres civiles, ne changent pas d'état d'esprit, ses prédictions finiront par se réaliser. ❖ Pour certains êtres vivant à l'intérieur des terres, dans des cul-de-sac, qui n'ont jamais su ce qu'était la joie de vivre, Delibes a trouvé une expression qui a fait florès : les saints innocents. Il les a rencontrés en Estrémadure, dernier bastion du système des latifundia et donc, de l'extrême pauvreté, mais il aurait pu les rencontrer ailleurs. En pleine fièvre de développement et de consommation, il a osé nous rappeler que non loin de nous, survivaient difficilement des personnes tenues à l'écart des bénéfices de la société industrielle et urbaine. ❖ Les saints innocents du terroir ont été remplacés par d'autres, qui errent aujourd'hui à travers les champs et les jachères où vivaient jadis la famille Azarías et l’autres personnages de son célèbre roman. Venus d'ailleurs, ils cherchent à se faufiler dans la citadelle électroniquement surveillée du Premier Monde. Ils attendent un nouveau Delibes, capable de nous raconter qui ils sont et comment ils vivent, car nous l'ignorons. Comme d'habitude, nous regardons ailleurs.


 coopération Pour la troisième année consécutive depuis l'approbation du Statut du coopérant en 2006, le Gouvernement espagnol a célébré le 8 septembre la Journée du coopérant, reconnaissant le travail des coopérants espagnols dans la lutte contre la pauvreté.

Le 8 septembre a été célébrée la journée du coopérant TEXTE et photos : communication de l'aecid.

● Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, le Secrétariat d'État à la Coopération internationale et l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) se sont unis comme chaque année pour célébrer cette journée d'hommage au travail des coopérants et aux valeurs solidaires qu'ils représentent. Ces institutions publiques ont organisé, avec d'autres acteurs de la coopération espagnole – Communautés autonomes, Fédération espagnole des municipalités et provinces (FEMP), Coordination des ONG pour le développement (CONGDE) et Conférence espagnole des religieux (CONFER) – diverses actions en Espagne et à l'étranger, pour améliorer la reconnaissance sociale de ce collectif ainsi que la

diffusion et la promotion des valeurs que représentent les coopérant(es) travaillant pour le développement des peuples. Le 8 septembre, parmi les actions organisées en Espagne (outre la diffusion de plusieurs annonces publicitaires, visibles sur www.aecid.es), les coopérants espagnols ont été reçus au Palais de Santa Cruz par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Miguel Angel Moratinos et la Secrétaire d'État à la coopération internationale, Soraya Rodríguez. Au cours de cette cérémonie, une plaque commémorative rendant hommage aux coopérants décédés dans les zones de conflit a été inaugurée. La vice-présidente du Gouvernement, Maria Teresa Fernández de la Vega, a profité de son intervention, lors de la Ve Conférence des Ambassadeurs organisée à l'AECID, pour exprimer la gratitude du

Merci infiniment pour votre engagement et votre travail Soraya Rodríguez secrétaire d'état à la coopératiOn internationale

Cette troisième année de célébration de la Journée du coopérant depuis l'approbation du statut par le Gouvernement espagnol, en 2006, a

Gouvernement envers les coopérants et pour renouveler l'engagement d'atteindre 0,7% du PIB au cours de cette législature. Les acteurs de la coopération de différentes communautés, provinces et municipalités ont organisé des discussions, séminaires et réceptions qui ont contribué à faire découvrir la réalité de la coopération et le travail des coopérants au niveau local, en expliquant à la société comment les politiques publiques de coopération se concrétisent sur le terrain et comment ils y contribuent.

● Concerts de la Journée du coopérant. Le soir du 8 septembre, la Place de Cabestreros, dans le quartier madrilène de Lavapiés, a accueilli l'un des concerts de la Journée du coopérant, organisé par le Secrétariat d'État à la coopération internationale et l'AECID, en collaboration avec la municipalité de Madrid et l'Association La Corrala. L'acteur Jesús Cisneros a ajouté une touche d'humour à l'ambiance festive. Le spot de la campagne et des photographies des programmes de coopération espagnole ont été projetés sur des écrans et, après le lâcher de centaines de ballons qui ponctué la nuit de couleurs, le spectacle a commencé. La musique ethnique du groupe allemand Dissidenten nous a enchantés de ses sonorités arabes et indiennes. Sur la

été pour moi une expérience très gratifiante. Elle a eu une signification très spéciale, car elle coïncidait avec la Ve Conférence des Ambassadeurs. Nous avons ressenti le rapprochement, l'alliance entre le corps de nos représentants à l'étranger et les coopérants, autres ambassadeurs importants de la solidarité des Espagnols. Si cette journée a un sens, c'est surtout dans les pays où les

uns sont ambassadeurs et les autres coopérants. L'objectif général de la Journée du coopérant est, sans doute, de donner une visibilité au travail effectué à l'étranger par des milliers de coopérants et de reconnaître ce collectif, institutionnellement et socialement. Cette journée représente également une opportunité de découvrir plus profondément


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actualités

En haut à gauche : le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, accompagné de la Secrétaire d'État à la coopération internationale, au Palais de Santa Cruz, lors de l'inauguration de la plaque commémorative rendant hommage aux coopérants décédés dans les zones de conflit. En haut à droite : Réunion à Cuba, dans le cadre de la Journée du coopérant. Autres photographies : Concerts à Coslada et dans le quartier madrilène de Lavapiés. PHOTOS AECID.

les valeurs qu'ils défendent, les lieux et les personnes auprès desquelles ils travaillent, l'accueil qu'ils reçoivent, les tâches de coopération au développement réalisées et comment soutenir les personnes souhaitant s'impliquer dans cet engagement pour que tous les êtres humains vivent plus dignement. Et je crois que cet effort partagé entre l'administration centrale, régionale et locale, les ONGD, les reli-

gieux, et les médias commence à porter ses fruits. À l'occasion de la Journée du coopérant, ce que nous souhaitons transmettre, c'est que l'engagement dans la lutte contre la pauvreté se concrétise sur le terrain. Nous souhaitons aussi témoigner du fait que la coopération n'est pas uniquement un engagement envers les plus défavorisés, mais surtout un engagement à changer le

● coopération

place bondée, les chanteurs du groupe argentin actitud maria marta, avec leurs paroles revendicatrices et d'une grande profondeur sociale, ont fait danser un public multiculturel au rythme du hip hop latino. le vendredi 12, l'auditorium El lago de coslada a accueilli le concert par lequel la municipalité s'est jointe aux célébrations de la Journée du coopérant. a 22 heures, commençait le spectacle musical de la sucursal, groupe d'origine argentine installé dans le quartier du Raval de Barcelone, dont les rythmes évoquaient les meilleurs moments de la movida latina des années soixante et soixante-dix à new York. plus de trente Bureaux techniques de coopération de l'aEcid à l'étranger ont participé en septembre à la diffusion de la campagne de la Journée du coopérant, en organisant des activités, discussions, colloques, concours de photographie et accueil des coopérant(e)s dans plusieurs pays. le but étant de voir leur rôle dans la coopération reconnu et de renforcer les liens permettant de travailler en coordination, selon des objectifs et des valeurs communes.

monde pour qu'il devienne plus juste, égalitaire, pacifique et sûr. Pour avancer dans cette direction, il faut un engagement et du professionnalisme. Ces dernières années, je suis consciente qu'un énorme travail a été effectué pour soutenir ce collectif. Le statut de coopérant est un progrès qui soldait une dette vis-à-vis de la Loi de coopération de 1998 et générait un cadre réglementant les droits

et les devoirs des coopérants auxquels nous sommes tous soumis. Il reste beaucoup à accomplir, des points importants à améliorer. Nous nous engageons tous à poursuivre notre tâche pour étendre les droits définis par le statut (aides à l'éducation, accueil sanitaire, retour à l'emploi) et avec la future Loi de la coopération, prévue pour cette législature, nous pourrons aller encore plus loin.


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● coopération

TIRAGE À 5 000 EXEMPLAIRES

La traduction de Noces de sang en amharique renforce les liens entre l'Espagne et l'Éthiopie

■ l'ambassade d'Espagne à addis-abeba a accueilli la présentation du livre « Yedem Gabecha », traduction en amharique de « noces de sang» de Federico García lorca, réalisée par le grand poète et dramaturge ayalneh mulatu. cet ouvrage a été présenté par l'ambassadrice d'Espagne, carmen de la peña, par mohammud dirir, ministre de la culture et du Tourisme de l'Éthiopie, et par le traducteur lui-même. l'ambassadrice d'Espagne a déclaré que cette traduction représentait un grand pas en avant dans le développement des relations culturelles entre l'Espagne et l'Éthiopie, dans le cadre de l'accord de coopération culturelle signé en 2007. mohammud dirir, ministre de la culture et du Tourisme a confirmé que cette traduction représentait un événement extraordinaire rapprochant la littérature mondiale de la culture éthiopienne, très proche du thème de cette œuvre qui évoque les élans et les passions violentes, la mort, le sang, la fertilité et la sexualité, en nous confrontant au problème des tabous présents dans toutes les sociétés conventionnelles. 5 000 exemplaires ont été tirés pour la première édition de Yedem Gabecha (noces de sang), publiée avec l'aide de l'aEcid-ambassade d'Espagne en Éthiopie. ces exemplaires seront distribués dans les universités du pays, les bibliothèques, centres scolaires et maisons de la culture. nous espérons que ce livre

Déchargement de l'aide humanitaire à l'aéroport de Haïti. PHOTO AECID

PLUS DE 120 TONNES

L'Espagne envoie 6 avions d'aide humanitaire à Haïti, Cuba et en Jamaïque ■ Au mois de septembre, lors d'une opération sans précédent, l'AECID, à travers son Bureau d'action humanitaire, a coordonné trois opérations simultanées d'urgence pour faire face aux dommages occasionnés dans les Caraïbes par le passage des ouragans Hanna, Gustave et Ike. Grâce à la localisation stratégique du Centre logistique de coopération espagnole en Amérique latine, situé au Panama (qui s'ajoute à celui que l'AECID possède depuis des années sur la base aérienne de Torrejón de Ardoz à Madrid), inauguré récemment, et à l'étroite collaboration avec les Bureaux techniques de coopération et les ambassades des différents pays affectés, l'aide est arrivée immédiatement

et a été coordonnée avec les autorités locales et les agences des Nations unies opérant dans la région. Jamaïque. Le premier envoi est parti de Panama pour la Jamaïque le 2 septembre, avant le passage de l'ouragan Gustave et après la demande d'aide du Bureau de prévention des catastrophes et de gestion des urgences de la Jamaïque, qui avait apporté une liste de produits de première nécessité à l'Ambassade d'Espagne. Cet envoi de 6 tonnes de matériel à destination des personnes déplacées à cause de la catastrophe, comprenait des couvertures, des toiles d'abri et des kits d'hygiène. Haïti. A reçu trois des avions affrétés par l'AECID. Le 3, 17

tonnes de matériel servant à abriter 5 000 personnes arrivaient de Panama. Pour la première fois, les Nations unies ont également envoyé du matériel à travers l'AECID, profitant de sa capacité et de sa vitesse de réaction, ajoutant à l'envoi espagnol des chaloupes et des générateurs électriques, donnés par le Programme mondial alimentaire (PMA). Les vols suivants ont transporté plus de 12 tonnes de matériel sanitaire, ainsi que, entre autres, des générateurs donnés par la Protection civile, deux stations de purification d'eau, 32 tonnes de biscuits énergétiques. Cuba. Le premier envoi représentait 15 tonnes de matériel humanitaire composé de tentes de camping familiales, groupes électrogènes, réservoirs d'eau pliables, etc. Un second avion apportait 17 tonnes d'aliments fournis par le PMA. L'AECID suit l'évolution de la situation dans ces pays pour lesquels d'éventuelles actions d'aide à la reconstruction et à l'habitat d'urgence sont envisagées.


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sera aussi présenté à l'université d'addis-abeba, pour que cette oeuvre théâtrale soit largement diffusée auprès des étudiants.

BOLIVIE

IXe Festival international du cinéma et de la vidéo des peuples autochtones ■ sous la devise « célébrer la lutte des peuples autochtones du monde », le iXe Festival international du cinéma et de la vidéo des peuples autochtone, qui bénéficie du soutien du programme autochtone de l'aEcid, s'est déroulé à santa cruz de la sierra (Bolivie). la Bolivie est ainsi devenue la capitale mondiale du cinéma autochtone avec la neuvième édition de ce festival, qui a eu lieu dans les villes de santa cruz de la sierra et la paz, du 10 au 13 et du 14 au 20 septembre respectivement. depuis 1985, la coordination latino-américaine du cinéma et de la communication des peuples autochtones (clacpi) soutient plusieurs festivals internationaux de cinéma et de vidéo dans différents pays d'amérique latine comme le Brésil, le Venezuela, le pérou ou le mexique. la clacpi a

Affiche de l'exposition.

pour objectif la pleine reconnaissance sociale, politique et culturelle des peuples autochtone. Elle souhaite mettre en évidence la valeur de l'image et de la communication pour faire l'éloge d'un monde pluriel dans lequel les peuples autochtones peuvent construire l'avenir qu'ils désirent, encourager la production d'œuvres cinématographiques et vidéos donnant la parole aux peuples autochtones et respectant leur dignité, renforcer les liens unissant les porte-parole autochtones ou non de différents continents qui luttent pour un monde plus juste et pour une entière reconnaissance du droit à l'autodétermination. soulignons que cette édition a reçu plus de 250 œuvres, dont 86, en provenance d'algérie ou de pays parfois plus lointains comme l'australie, le canada, le Guatemala ou l'inde, ont été sélectionnées pour être présentées lors du festival.

CRISE ALIMENTAIRE

11,6 millions d'euros pour la coopération pour la sécurité et la souveraineté alimentaire dans les pays en voie de développement ■ compte tenu de la situation de la crise alimentaire mondiale qui affecte essentiellement les pays en voie de développement, l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement (aEcid) a lancé un appel extraordinaire pour aider les onGd à mettre en œuvre des projets de coopération en matière de sécurité et de souveraineté alimentaire dans les pays en voie de développement. cet appel à candida-

● coopération

Vue générale du pavillon espagnol à la Biennale d'architecture de Venise. EFE

tures est doté de 7,6 millions d'euros, somme prélevée sur les recettes fiscales (IRPF) supérieures aux prévisions, habituellement consacrée à l'augmentation des appels à candidatures pour les projets de coopération de l'aEcid. l'aEcid a aussi constitué une réserve de crédit de 15% (près de quatre millions d'euros) pour l'appel à candidatures permanent de l'exercice 2008 concernant ce type de projets. l'aEcid consacrera en tout 11,6 millions d'euros aux projets dont le but est de pallier la situation de crise alimentaire dans les pays en voie de développement. les priorités de l'appel à candidatures correspondent aux axes de la stratégie de lutte contre la faim de la coopération espagnole. son objectif est de promouvoir le respect, la protection et la garantie du droit à l'alimentation des populations souffrant de discrimination et en situation de grande vulnérabilité. cet appel donne priorité à l'intervention dans les pays définis comme prioritaires par le plan directeur de la coopération espagnole 2005-2008, où la souveraineté alimentaire figure parmi les lignes stratégiques sectorielles des documents stratégie pays, les pays moins avancés (pma) et les pays inclus dans la liste de

pays en crise de l'organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao) également concernés par les priorités géographiques de la coopération espagnole.

ŒUVRES DE 50 ARCHITECTES

XIe Édition de la Biennale d'architecture de Venise

■ le 2 septembre dernier, le projet qui représentera l'Espagne pour la Xie édition de la Biennale d'architecture de Venise a été présenté au siège du cercle des Beaux-arts de madrid. le ministère des affaires étrangères et de la coopération, à travers l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement (aEcid), collabore, depuis quelques années, avec le ministère du logement pour l'appel à candidatures de la Biennale d'architecture de Venise. pour cette édition, soledad del pino et Ángel Fernández alba ont été désignés commissaires du pavillon espagnol. leur projet, baptisé « de la construction à l'image sans papier », comprend des œuvres de 50 architectes espagnols appartenant à plusieurs générations et souhaite illustrer une vision actuelle et intégrale de l'architecture. la Xie Biennale d'architecture de Venise s'achèvera le 23 novembre 2008.

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● diverses

Cette section est une porte ouverte à tous les lecteurs. Un point de rencontre construit par les lecteurs, où vous pouvez envoyer vos comptes rendus. Les institutions, organismes et fonctionnaires du MAEC qui souhaitent voir figurer leurs œuvres dans cette section doivent les envoyer à l'adresse suivante : Revista « Miradas al exterior » Dirección General de Comunicación Exterior. Serrano Galvache, 26. 28034 MADRID

> « Hacerse el sueco en las antípodas. Manual de supervivencia para viajeros despistados » [Faire le sourd aux antipodes. Manuel de survie pour voyageurs distraits], Mark McCrum. Éditions Ariel. On dit que nous vivons dans un « village planétaire », mais malgré les voyages de plus en plus fréquents et rapides et l'interculturalité, le côté village l'emporte sur l'aspect planétaire. Les traditions locales ne disparaissent pas facilement et chaque culture conserve ses particularités. Un voyageur distrait peut, à cause d'elles, provoquer un incident international. Ce livre drôle et intelligent est un manuel de survie. Il permet de savoir où et quand un mot ou un geste censé être aimable peut être en réalité offensant, et de découvrir les coutumes singulières concernant civilités, cadeaux, repas, rendez-vous, mariages, obsèques ou superstitions dans les lieux les plus variés de la planète. > « Cumbres » [Sommets], David Reynolds. Éditions Ariel. Hitler et Chamberlain à Munich en 1938 ; Roosevelt, Churchill et Staline à Yalta en 1945 ; Kennedy et Khrouchtchev à Vienne en 1961 ; Nixon et Brejnev à Moscou en 1972 ; Carter, Sadate et Begin à Camp David en 1978 ; Gorbatchev et Reagan à Genève en 1985. Six sommets politiques qui ont modelé le XXe siècle, de l'explosion de la Seconde Guerre mondiale à la fin de la guerre froide, en passant par le partage de l'Europe après la guerre, l'extrême tension

nucléaire entre les superpuissances, dont le point culminant fut la crise des missiles de Cuba, et les tentatives d'apaisement de la poudrière du Proche-Orient. Six moments historiques majeurs, six mises en scène du pouvoir de la diplomatie, racontés par David Reynolds dans ce livre passionnant, où il nous montre comment les leaders affrontaient leurs opposants, jouaient leurs atouts et étaient soumis à d'insupportables pressions physiques et émotionnelles durant ces rencontres dont les résultats pouvaient signifier la vie ou la mort de millions de personnes.

> « Las armas de ayer »[Les armes d'hier], Max Marambio. Éditions Debate. Trente-cinq ans après le mardi 11 septembre qui mit fin au rêve révolutionnaire et à la paix au Chili, ce libre dresse des chapitres méconnus de l'histoire de cette insurrection armée et de ses principaux acteurs à travers le récit de l'un des témoins privilégiés de ces années agitées : un jeune militant de gauche poussé par ses convictions révolutionnaires à se placer sur le front de ces événements essentiels pour toute une génération latinoaméricaine. Après l'attaque du Palais de la Monnaie, le jeune révolutionnaire s'impose une dernière mission désespérée : défendre l'ambassade de Cuba et faire en sorte que l'arsenal abandonné par les Cubains soit remis à la résistance qui tente d'échapper à la répression de l'armée de

Pinochet. Son récit fascinant des dix longs mois de résistance dans l'ambassade, auprès des réfugiés et des persécutés du nouveau régime, appartient à l'odyssée des héros anonymes de ces années-là.

> « Anuario Internacional 2008 »[Annuaire international 2008]. Fondation CIDOB. La Fondation CIDOB (Centro de Investigación de Relaciones Internacionales y Desarrollo [Centre de recherches sur les relations internationales et le développement]) vient d'éditer son Annuaire 2008. Le maintien de l'hégémonie des États-Unis dans un monde de plus en plus multipolaire, la guerre contre le terrorisme, la situation au Proche-Orient et en Méditerranée, l'évolution du Pakistan et de l'Afghanistan, le processus d'intégration européenne, la situation en Amérique latine et le rôle de la Russie et de la Chine sont les principaux sujets traités par Xavier Batalla, directeur adjoint de Vanguardia Dossier, dans son article consacré à l'analyse des relations internationales

en 2007. L'Annuaire analyse également la conjoncture économique internationale, l'évolution et l'action extérieure de l'UE, ainsi que la sécurité énergétique sur le vieux continent, les relations extérieures de l'Espagne et, entre autres, le commerce extérieur espagnol. La 19e livraison de l'Annuaire international CIDOB offre un suivi systématique du panorama international et de la politique extérieure espagnole. Cette année, l'espace habituel Perfil de País (Profil de Pays) est consacré au Nigeria et aux pays qui l'entourent. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 140 millions d'habitants et deuxième puissance économique du continent, est un élément clé en Afrique de l'Ouest, région à laquelle la politique extérieure espagnole s'intéresse de plus en plus. Ce chapitre analyse en détail la période que traverse actuellement le géant africain ainsi que le processus d'intégration régional en Afrique de l'Ouest.

> « Colección Cultura y Desarrollo » [Collection Culture et Développement]. AECID Le numéro 7 de la collection, « Gestión Cultural e identidad: claves para el desarrollo » (Gestion culturelle et identité : les clés du développement) se présente comme une combinaison d'éléments théoriques alimentés par l'expérience d'années de gestion, d'étude, de réflexion, d'écriture et de mise à l'épreuve des textes et des réflexions concernant l'action de différentes instances publiques,


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privées et du secteur tertiaire, ainsi que d'expériences dans le domaine de la formation. L'auteur, Hector Ariel Olmos, part du concept de la gestion culturelle comme tremplin du développement humain, si elle est fondée sur un concept ouvert et opérationnel et si elle tient compte de l'identité des sociétés où elle est mise en œuvre. Dans un monde où les identités reviennent au premier plan, toute action de développement qui n'en tient pas compte est vouée à l'échec.

> « Muchas veces me pediste que te contara esos años » [Tu m'as souvent demandé de te raconter ces années-là], Juan Cruz. Éditions Alfaguara « Muchas veces me pediste que te contara esos años » [Tu m'as souvent demandé de te raconter ces années-là] est un livre sur l'amour, le journalisme et le temps qui passe. C'est un livre où nous traversons de nombreuses aventures, de nombreuses villes, de Milan à Londres, de Buenos Aires à Madrid, partant de l'expérience de journaliste de l'auteur pour aller vers une littérature dominée par l'évocation et la poésie. C'est la chronique d'une lassitude, de la vie réelle pleine, débordante d'expériences, de sentiments et d'amitiés d'un homme qui n'a cessé de partir alors qu'il voulait rester, qui est parvenu à l'étape du bilan, héros épuisé, chargé de souvenirs. Juan Cruz est né en 1948, à Puerto de la Cruz, Ténériffe. Il a été journaliste au quotidien El País depuis sa fondation, en 1976. Il a occupé de nombreux postes dans ce journal et, selon ses missions, il a voyagé dans le monde entier.

> « Los mares de Wang »[Les mers de Wang], Gabi Martínez. Éditions Alfaguara « Pourquoi venez-vous de si loin pour voir nos mers ? » C'est par cette question d'un chauffeur de taxi clandestin qui vient de l'embarquer aux abords de l'aéroport de Pékin que commence l'intense périple de Gabi Martínez, sa passionnante exploration personnelle des zones côtières de la Chine. Nanjing (Nankin), Shanghai, Guangzhou (Canton), Hong-Kong, Macao : l'idéologie officielle communiste y cohabite pleinement avec le système économique de marché libre ; des millions de paysans de la Chine continentale y affluent à la recherche

d'un emploi ; les bulles euphoriques de la Chine sans uniformes, vêtue de couleurs et entièrement livrée à une surconsommation effrénée s'y développent. La méthode de l'auteur est d'aborder les gens : cadres, jeunes, prostituées, escrocs, vendeurs ambulants, étrangers installés dans le pays, chefs d'entreprise, guides touristiques ; une infinité de portraits éclair et de dialogues réels vibrent dans les pages de ce livre, illustré, en outre, de 120 photos prises par l'auteur. Ce long contact avec une culture au caractère tellement opposé à la sienne aboutit à une profonde réflexion de l'auteur, européen contemporain, porteur de l'individualisme le plus pur, intellectuel à l'esprit ouvert, convaincu de son droit à interpeller le monde, à satisfaire la curiosité naturelle de celui qui le parcourt à la recherche de réponses.

> « Religión y espiritualidad en la sociedad japonesa contemporánea [Religion et spiritualité dans la société japonaise contemporaine] », Federico Lanzaco. Université de Saragosse. Casa Asia a présenté en octobre « Religión y espiritualidad en la sociedad japonesa » [Religion et spiritualité dans la société japonaise]. Ce livre s'interroge sur la prétendue « irréligion » du japonais d'aujourd'hui dans une société hypertechnique et hypercapitaliste. Partant d'un aperçu de différentes pratiques religieuses existant au Japon – shintoïsme, bouddhisme, taoïsme, nouvelles religions, christianisme et confucianisme –, il analyse les raisons pour lesquelles ses habitants adoptent une attitude critique

● diverses

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vis-à-vis de celles-ci. Malgré tout, les principes de la spiritualité nipponne, qui plonge ses racines dans la tradition et son idiosyncrasie, sont encore fondamentaux dans la vie de la majorité de la population. Les statistiques officielles sont surprenantes :

211 millions de croyants, alors que le Japon ne compte que 127 millions habitants. C'est la réalité éclectique et plurielle du Japon. Un même citoyen ne voit aucun inconvénient dans le fait de croire en plusieurs religions.

> « Memoria 2007 [Rapport 2007] », Casa África. Casa África a récemment publié son rapport d'activités pour 2007, où la première année d'existence de cette institution, dont le siège se trouve à Las Palmas de Grande Canarie, est minutieusement passée en revue. Le contenu de la publication présente les conventions signées l'an dernier, ainsi qu'un rapport détaillé des activités divisé en quatre sections : académie, économie, culture, et coopération et programmes sociaux. Il contient également, en annexe, les principales activités prévues pour cette année. > « Los judíos hispano-marroquíes (1492-1973) [Les Juifs hispano-marocains] ».


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Jacobo Israel. Éditions Casa Sefarad-Israel et Hebraica Ediciones Avec ce nouveau livre, l'auteur souhaite offrir une vision générale de l'histoire et des caractéristiques sociales et culturelles des Juifs hispanomarocains, groupe singulier sur le plan lingüistique et culturel, tant dans le judaïsme marocain que dans le groupe séfarade ou judéo-espagnol. Dans la première partie de l'ouvrage, sont recueillies les chroniques de cette zone géographique avant l'arrivée des Juifs espagnols et les chroniques les concernant à partir de 1942. Dans la deuxième partie, sont présentés la culture, la société et l'organisation développées par les juifs hispano-marocains, afin que cette communauté, qui a disparu et ne survit que dans l'exil, soit mieux connue et appréciée.

Viana Rehabilitación del Palacio de

également une brève notice historique signée par l'ambassadeur José Antonio Urbina. L'ouvrage est disponible dans la rubrique de publications du site internet du MAEC.

> « Instrumentos de la nueva Diplomacia Pública Española » [Instruments de la nouvelle diplomatie publique espagnole]. Editeur : Dirección General de Comunicación Exterior. Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación [ministère des Affaires étrangères et de la Coopération] La Direction générale de la communication extérieure a V CONFERENCIA DE DIPLOMACIA PÚBLIC

> « Rehabilitación del Palacio de Viana »[Restauration du Palais de Viana]. Editeur : Dirección General de Comunicación Exterior. Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación [ministère des Affaires étrangères et de la Coopération] À l'occasion de la restauration du palais de Viana, la Direction générale de la communication exterieure a édité un livre commémoratif de photographies où elle rend compte de l'important rafraîchissement de ce siège historique du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Ce livre, préfacé par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, parcourt en photos la richesse architecturale et artistique de l'un des monuments les plus représentatifs du patrimoine de l'État. Ce livre présente

EMBAJADORES

A Y POLÍTICA EXTERI

OR

MADRID 8-11 SEPTIEMBRE 2008

Instrumentos de la nueva Diplomacia Pública Española

édité cet ouvrage, matériel de travail de la Ve Conférence des ambassadeurs, en collaboration avec l'Institut Cervantès, Casa América, Casa Asia, Casa Árabe, Casa África et Casa Sefarad-Israel. L'ouvrage propose un aperçu de la nouvelle diplomatie publique mise en œuvre dans le travail de ces établissements. Avec une introduction de chaque institution, il nous donne une vision des principales activités du dernier exercice à travers des photographies. Un autre ouvrage a également été édité, « Líneas Generales de la IX Legislatura » [Grandes lignes de la IXe législature], recueillant les interventions parlementaires du ministre des Affaires

étrangères et de la Coopération et des secrétaires d'État dans cette nouvelle étape du gouvernement. Ces deux publications peuvent être consultées dans la rubrique des publications du site internet du MAEC.

> ‘« La gran apuesta . Globalización y multinacionales españolas en América Latina » [Le grand pari. Mondialisation et multinationales espagnoles en Amérique latine]. Ramón Casilda et Santos M. Ruesga. Éditions Granica. Nous vivons plongés dans un processus de mondialisation aux dimensions diverses, mais où la composante économique domine. Les transformations multiples qu'il entraîne sont, dans l'ensemble, bénéfiques pour les consommateurs comme pour les entreprises des pays développés et en voie de développement. L'importance de la présence espagnole pour les économies latino-américaines ne réside pas seulement dans le volume d'investissement, elle l'est aussi d'un point de vue qualitatif, puisqu'elle s'est concentrée sur des secteurs stratégiques pour le développement et le bien-être de la population comme les télécommunications, le secteur énergétique, le système financier et, entre

autres, les infrastructures de transports. Outre le fait qu'ils génèrent des emplois et fournissent des biens et des services déterminants pour la compétitivité des autres secteurs économiques, ces investissements contribuent notablement à étendre la couverture de services de base à la majorité de la population, aidant ainsi à améliorer la cohésion sociale et territoriale. Extrait du prologue de José Luis Rodríguez Zapatero, Président du gouvernement espagnol.

> « Extremo Occidente »[Extrême-Occident]. Juan Carlos Castillón. Éditions Debate. À quel moment les États-Unis ont-ils cessé d'être une prolongation de l'Europe ? C'est l'une des questions auxquelles l'auteur tente de répondre à travers une histoire pleine d'anecdotes pour nous expliquer un pays que nous avons du mal à comprendre, précisément parce qu'il ressemble beaucoup au nôtre. Après avoir vécu pendant vingt-etun ans aux États-Unis, il peut nous parler de l'origine de ce peuple à partir de sa propre expérience au sein de la communauté de Little Havana à Miami. Pendant ces années, il a connu quatre législatures: Reagan, Clinton et les deux Bush, et il a pu être témoin de l'attitude de ce peuple face 11 septembre, aux guerres qui lui ont succédé ou aux campagnes électorales postérieures à 1980. Nous découvrons ainsi dans ces pages, passés au crible de l'ironie de ce spectateur sceptique, les relations des Nord-américains avec Dieu, les armes, la peine de mort, leurs voisins, la justice, l'Europe et la guerre.



 l'entrevue

« J'ai cherché un langage universel » Le maître Vázquez Díaz fut le premier échelon de sa carrière. Mais Rafael Canogar n'a jamais stagné, il a toujours évolué vers de nouvelles formes d'expression picturale d'avant-garde à la recherche d'un langage universel. Et il l'a fait sans tenir compte de la solitude, de manière viscérale, en acceptant avec résignation d'être considéré comme un déserteur par ses propres compagnons. S'il est l'un des plus grands peintres et graveurs contemporains, Canogar fuit les projecteurs et affirme que le succès peut être un piège, raison pour laquelle il faut rester vigilant. Il défend la liberté et l'indépendance de l'artiste et soutient avec conviction que l'art doit être, avant tout, critique. Il se trouve actuellement plongé dans une sorte de synthèse de tous les chemins parcourus. Il déclare que sa peinture est aujourd'hui abstraite en apportant une nuance : il désire travailler à partir de la réalité. Son objectif : continuer à chercher pour trouver les réponses à de nouvelles interrogations.

Rafael Canogar


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● l'interview

TEXTE : luis sánchez PHOTOGRAPHIE : Ángel zorita

— Vous êtes arrivé dans la peinture le plus classiquement du monde, en tant qu'élève de l'atelier de Daniel Vázquez Díaz. Quelles étaient les conditions pour être admis par un maître si prestigieux ? — Beaucoup de choses sont dues au hasard. Il n'y a pas d'artistes dans ma famille ; je suis le premier, nous n'étions donc pas conscients de l'importance de l'apprentissage. Toutefois, à l'époque, je désirais bel et bien devenir peintre. À treize ans, quand ma famille s'est installée à San Sebastián pour des raisons professionnelles, j'ai eu la chance d'emménager dans la même maison que Jesús Olasagasti, peintre basque reconnu, à qui mon père a demandé de regarder mes dessins. Olasagasti m'a recommandé à un autre peintre basque, Martiarena, auprès duquel j'ai étudié tant que nous avons vécu à San Sebastián. — Martiarena a donc été votre premier maître. — Quand ma famille est revenue à Madrid, Martiarena m'a suggéré de continuer à peindre, mais auprès d'une personne expérimentée en tant que peintre et professeur. C'est lui qui m'a recommandé auprès de Daniel Vázquez Díaz, un parfait inconnu pour moi comme pour ma famille. J'ai dû lui montrer quelques travaux et, en effet, il m'a admis comme élève. Vázquez Díaz, professeur de l'École des Beaux-Arts de San Fernando, avait toujours six ou sept élèves particuliers chez lui. J'ai passé cinq ans avec lui. — Quelle valeur accordez-vous à ces cinq années d'apprentissage auprès de Vázquez Díaz ? — Cela a été fondamental pour ma formation. J'ai rencontré un homme d'une grande honnêteté et un peintre qui savait dis-

cerner si ses élèves avaient quelque chose de personnel et s'il le fallait, encourager et soutenir cela. Son enseignement ainsi que la compagnie des autres élèves ont été très importants. Dans l'atelier, il y avait une ambiance exceptionnelle : Nous allions souvent, en compagnie de Vázquez Díaz, voir des expositions, au cinéma, nous avions des discussions sur tous les sujets... L'atelier était également intéressant pour ses expériences, pour sa mémoire. Je me souviens que dans le studio était accroché un petit tableau de Vázquez Díaz qui représentait une chambre avec une grande caisse en bois. Selon Vázquez Díaz, c'était le premier appartement occupé par Juan Gris et la caisse en bois était la chambre où il dormait pour ne pas avoir froid. — Est-il vrai que les élèves de Vázquez Díaz, dont vous-même, participaient plus ou moins à l'élaboration de ses tableaux ? — Ce concept d'atelier appartient à une autre époque, quand le peintre pouvait engager des apprentis. Ce n'était pas notre cas, nous ne travaillions pas dans son studio. Il y avait un studio spécifique pour les élèves. Il est vrai que lorsque j'ai intégré l'atelier à l'âge de quatorze ans, c'est la peinture de Vázquez Díaz qui m'a immédiatement le plus intéressé, c'était comme un miroir pour moi. J'ai donc commencé à peindre comme lui et parfois, Vázquez Díaz a estimé que je pouvais l'aider dans la réalisation de certains tableaux. Mais je vous assure que cela a été ponctuel, plutôt anecdotique. En outre, à cette époque, Vázquez Díaz peignait peu : il disait qu'il préférait bavarder avec ses élèves, commenter leur

travail. Je crois qu'il rajeunissait en notre compagnie. Cela faisait un moment qu'il avait laissé la peinture de côté, car il s'occupait aussi de sa femme malade. — Permettez-moi de vous poser une question un peu banale : est-il possible d'apprendre à devenir peintre ou bien est-ce réservé à ceux qui ont une vocation et des aptitudes ? — Il est nécessaire d'avoir des qualités, mais on peut aussi apprendre. Ce que j'ai appris auprès de Vázquez Díaz, c'est son amour pour la peinture, son honnêteté. Il m'a donné les bases dont j'avais besoin, qui ont ensuite influencé toute mon œuvre. J'ai quitté l'atelier au bout de cinq ans, dire adieu à tout cela a été difficile. Même si j'étais déjà sur une autre voie, l'abstraction, Vázquez Díaz m'encourageait à rester pour aider d'autres élèves. Mais j'avais réellement besoin de me séparer, de créer mon propre espace. — Vous avez choisi de ne pas suivre la voie tracée, vous avez pris des risques. — C'est ma manière d'être. Vázquez Díaz a été le premier échelon, mais pendant ces années d'apprentissage j'étais de plus en plus intéressé par les artistes contemporains, je recherchais des documents et des livres sur Gris, Picasso, Miró. Déjà, lors de mon premier voyage à Paris, alors que j'étais toujours à l'atelier, j'ai découvert l'informalisme, un mouvement qui, dès le début, m'a beaucoup intéressé. — Nous parlons de l'année 1950. Le contraste entre le Paris de cette époque et la ville où vous viviez, Madrid, en plein franquisme devait être incroyable. — En effet. Nous avons oublié ce qu'était le franquisme, mais si nous faisons un effort de mémoire, si nous revenons en arrière, nous nous rendons compte qu'il était vraiment surprenant d'y trouver cette misère et ce laisser-aller intellectuels. Je me souviens que lorsque les membres du groupe El Paso, dont je faisais partie, exposaient à Madrid, ils étaient victimes de terribles attaques. Cela ne nous inquiétait pourtant pas. Au contraire, cela confirmait que nous étions sur la bonne voie. — Les chiens aboient, la caravane passe. — Plus ou moins. Toutefois, de nos jours, vous pouvez être nouveau ou original, personne n'est plus surpris, dans le monde


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Avec Vázquez Díaz j'ai appris l'amour de la peinture, l'honnêteté

Le groupe El Paso a connu le succès beaucoup trop tôt. La traversée du désert que nous étions prêts à supporter a été plus brève que nous l'avions imaginée

L'art que nous pratiquions dans le groupe El Paso était une sorte de cri, un appel exalté pour attirer l'attention, en faveur du changement

de l'art. Ces attaques qui, à l'époque, nous donnaient conscience d'être à l'avant-garde, ont aujourd'hui disparu. — Au fond, il s'agissait également d'une réaction esthétique face à la pénurie morale du franquisme. Sans doute. Moi, je me suis immédiatement senti attiré par les nouvelles façons de communiquer, d'exercer ce sens de la liberté. Les nouvelles formes artistiques d'avant-garde nous ont fourni une armature ; disposer d'autres références et pouvoir comparer nous a beaucoup aidés. Tous les artistes de ma génération ont grandi auprès de parents qui avaient vécu la guerre civile, dans l'un ou l'autre camp. Chez moi, on ne parlait jamais de politique et le peu qui était dit exprimait un rejet du régime dans lequel nous vivions. Ma formation artistique et sociopolitique était donc fondée sur le rejet du régime et l'intérêt pour de nouvelles façons de penser. Dans mon parcours, j'ai cherché un langage universel, mais j'ai toujours refusé le pamphlet. — Pouvons-nous considérer la création du groupe El Paso comme la première réaction de l'avant-garde picturale et culturelle de ce pays face au franquisme ? — En effet. Une réaction qui est partie de l'atelier de Vázquez Díaz, des gens qui le visitaient et qui venaient voir ce que nous, ses élèves, faisions. Après de nombreuses années à l'étranger, Salvador Dalí est passé par Madrid et est allé rendre visite à Vázquez Díaz dans son atelier. C'est là que je l'ai rencontré. Durant son séjour à Madrid, en 1953 ou 1954 si je me souviens bien, Dalí a donné une conférence au théâtre María Guerreo, qui était plein à craquer en raison de l'intérêt que suscitait ce représentant de l'avant-garde. La manière dont il a commencé sa conférence était très intéressante : « Picasso est un génie, moi aussi ; Picasso est communiste, moi non plus ». Quoi qu'il en soit, les artistes importants qui passaient par Madrid rendaient visite à Vázquez Díaz. J'ai ainsi pu faire la connaissance de plusieurs peintres, critiques, écrivains. J'ai rencontré le poète Manuel Conde, qui a rejoint par la suite le groupe El Paso, et nous sommes devenus très amis. J'ai aussi fait la connaissance de Luis Feito, grâce à Manuel Conde…

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— Un noyau de personnes qui partageaient plus ou moins les mêmes idées se constituait peu à peu. — En 1955, le premier local qui défendait ouvertement l'abstraction picturale, la galerie Fernando Sen, a été ouvert à la Puerta del Sol. Il n'a probablement pas fait beaucoup d'affaires avec la vente de tableaux, mais ce local a eu une certaine répercussion sur le monde artistique. Le mouvement grandissait : quand Manolo Millares a quitté les Canaries pour s'installer à Madrid, il est entré en contact avec nous, tout comme Antonio Saura, entre autres. Nous avons commencé à nous réunir dans les cafés, surtout au Teide qui était tout près du Café Gijón. Mais nous avons toujours refusé de participer aux réunions du Café Gijón. Un groupe prêt à livrer bataille a surgi de ces réunions, non pas tant pour défendre une esthétique mais comme mouvement d'action pour créer une structure favorable à la connaissance et à la diffusion de l'art contemporain. — Quel a été le rôle du groupe El Paso dans ce mouvement ? — Le groupe y a activement participé, mais toujours en collaboration avec d'autres personnes. Je dois mentionner, par exemple, José Luis Fernández del Amo, premier directeur du Musée d'art contemporain de Madrid, qui s'était installé dans une cour de la Bibliothèque nationale. C'était un musée modeste, avec très peu de fonds et de personnel, mais beaucoup de volonté et l'envie d'agir. Fernández del Amo nous a aidés à monter une exposition très importante, puisque tous les grands noms de la peinture contemporaine y étaient représentés. Dans le musée de la Bibliothèque nationale, nous avons également monté une exposition de tous les grands maîtres de l'École de New York. Cette exposition était parrainée par le MOMA. Les membres du groupe El Paso, dont je faisais partie, ont aidé à la monter, car le musée dirigé par Fernández del Amo manquait de personnel spécialisé. Les membres du groupe donnaient aussi des conférences, nous collaborions avec des musiciens, des architectes, nous imprimions des bulletins d'information... — Tout un travail d'agitation et de propagande.


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● l'interview

L'artiste qui veut faire avant-garde est appelé à évoluer pour ne pas perdre sa cohérence

En fait, j'ai toujours fait le va-et-vient entre l'abstraction et la figuration. En ce moment je suis plongé dans une sorte de synthèse

Le mercantilisme s'est installé dans le monde de l'art pour le prostituer et le manipuler

— Mais je dois avouer que le succès est arrivé trop tôt. Nous étions disposés à lutter et à vivre dans ces conditions le temps qu'il faudrait puisque nous ne connaissions pas autre chose. Pourtant, notre œuvre a attiré l'attention... — C'est bien de cela qu'il s'agissait. — Tout a commencé quand notre groupe a réussi à convaincre le commissaire espagnol chargé de sélectionner les œuvres pour les biennales internationales, d'intégrer des artistes de l'avant-garde espagnole, défenseurs du nouvel art. Je ne parle pas uniquement du groupe El Paso, mais aussi de Tàpies et de Chillida, entre autres. Eh bien il nous a effectivement emmenés à la Biennale de 1958, à Venise, et le fait que ce pays si méconnu culturellement ces années-là ait des artistes avec une telle personnalité et une telle maturité fut une surprise pour tout le monde. A la suite de cette Biennale, les portes des musées du monde entier nous ont été ouvertes, critiques et marchands nous recherchaient et les ventes de nos œuvres ont explosé. En ce qui me concerne, dès 1958 j'aurais pu vendre bien plus si j'avais peint davantage. Ce fut un succès total. Pour résumer, la traversée du désert que nous étions prêts à supporter a été plus brève que nous ne l'avions imaginée. — Avez-vous risqué de mourir de ce succès ? — Le succès peut être un piège, il faut être très vigilant. Je crois que cette vigilance est dans mon œuvre, dans mon évolution personnelle, pour ne pas tomber dans le piège du succès. Le collectionneur et le public en général, voyant qu'un artiste a du succès, souhaite posséder une œuvre de cet artiste et qu'elle soit immédiatement reconnue. Par conséquent, il est presque obligé de reproduire la formule. Mais cela va à l'encontre de la créativité. L'art que nous pratiquions à l'époque dans le groupe El Paso, dans le courant de l'informalisme, était une sorte de cri, un appel exalté pour attirer l'attention en faveur d'un changement, un désir d'être écoutés. Mais ce cri ne peut être répété indéfiniment, car il finit par s'épuiser et devient hors contexte avec le temps. — Vous avez toujours soutenu qu'il fallait

évoluer en permanence. C'est cette idée qui vous a poussé à faire un nouveau pas et à évoluer vers le réalisme ? — En effet. Il est vrai que tous les artistes n'ont pas besoin d'évoluer, certains d'entre eux se situent en marge des avant-gardes et travaillent de manière isolée en suivant une voie intemporelle. Mais l'artiste qui veut faire avant-garde est appelé à évoluer pour ne pas perdre sa cohérence. En raison de cette cohérence, cet appel à la liberté que je voulais illustrer dans mon œuvre, je ne pouvais pas stagner et j'ai souhaité évoluer avec mon époque. Nous parlons des années soixante. — Ce fut sans doute une posture esthétique, mais aussi pleinement politique. — L'art est aussi politique, dans le meilleur sens du terme. Je vous parle d'une époque où tout le monde se posait des questions, où il y avait un désir de changements sociaux pour une société plus juste. Ma peinture se voulait cohérente avec cette sensibilité ambiante. — Comment se développe le désir d'évoluer : est-ce purement intellectuel ou cela fait-il appel à quelque chose de plus profond ? — Cela vient de l'intérieur. Je pourrais utiliser le terme viscéral. Quand cette inquiétude s'empare de vous, il arrive un moment où vous n'avez plus le choix et où vous êtes obligé d'évoluer. Je ne pouvais plus continuer à faire de l'informalisme. Je voulais m'exprimer moi-même en prenant des images qui appartenaient à la société et j'ai commencé à faire du réalisme, mais comme alternative d'avantgarde. Il ne s'agissait pas de revenir à la figuration telle qu'elle était avant l'abstraction mais de reprendre une nouvelle image de l'homme et la poser comme élément de dialogue à travers les médias. Un nouvel élément est entré en scène, les médias, et j'ai voulu utiliser leurs images pour réfléchir. — Des images collectives, des images de masse. — L'homme universel, peint en noir. C'est pour cela qu'en 1979, lorsque j'ai présenté mon œuvre à la Biennale de Sao Paulo, ces préoccupations et ces aspirations ont été comprises par les gens de tous les pays, du monde entier. Et le jury m'a décerné le Grand Prix.


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En Espagne, il est arrivé un moment où j'ai pourtant ressenti une énorme solitude, car mes camarades du groupe El Paso pratiquaient encore l'abstraction et l'informalisme et me considéraient comme un renégat. En réalité, ce que je défendais, c'était une continuation du mouvement, une alternative. — Néanmoins, avec la fin du franquisme, vous prenez un nouveau virage, vous revenez à l'abstraction. — En 1974, le Musée d'art moderne de Paris a présenté ma dernière exposition réaliste. Une exposition qui ensuite voyagé dans plusieurs pays nordiques. L'inauguration au Kunsthalle de Lund, en Suède, a exactement coïncidé avec les dernières exécutions du franquisme. Le directeur du musée m'avait conseillé de ne pas assister à l'inauguration car, selon lui, on ne s'intéresserait pas à mon œuvre mais à mes opinions politiques. Curieusement, cette même exposition s'est ensuite déplacée à Oslo, à la Fondation Sonia Heine, et son inauguration a coïncidé avec la mort de Franco. Le directeur de la Fondation avait porté un toast à la nouvelle Espagne. Ce fut, en effet, la dernière exposition de mon œuvre réaliste. — Comment avez-vous abordé ce nouveau changement ? — Je savais qu'une nouvelle étape commençait : il fallait récupérer les outils du peintre. J'ai voulu réaliser une œuvre dans laquelle j'analysais aussi bien le support que les matériaux et je suis revenu à l'abstraction totale. Je suis un peu revenu à l'informalisme, sans la passion d'antan mais avec une œuvre plus réfléchie et analytique. — Un retour à vos origines, mais avec plus de maturité, nuancé par le temps et l'expérience. — En fait, j'ai toujours fait des va-et-vient entre l'abstraction et la figuration. En ce moment, je crois que suis plongé dans une espèce de synthèse, une sorte d'intégration de toutes les directions prises dans le passé. Pour être sincère, j'avoue que je suis autant intéressé par l'abstraction que par la figuration. Actuellement, je suis une ligne que j'appellerais fragmentation, car elle est le résultat de la fragmentation de matériaux


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● l'interview

Je veux laisser un témoignage des forces qui ont toujours été présentes chez l'homme: son côté destructeur et son côté constructeur Mais il arrive un moment, quand vous savez ce qui va arriver dès le premier instant, où vous devez chercher à nouveau Il n'est possible d'être critique qu'en conservant une position indépendante, en créant un art qui ne se soumet pas et n'accepte pas les règles du jeu dictées par le marché

et de la réunion des éléments dans une nouvelle composition. — Qu'est-ce que vous recherchez ? Qu'essayez-vous de refléter par cette fragmentation ? — Je veux laisser un témoignage des forces qui ont toujours été présentes chez l'homme : son côté destructeur et son côté constructeur. Construction-déconstruction, construire-détruire, voilà l'histoire de l'homme. D'autre part, je souhaite que mon œuvre soit le résultat de cette manipulation de matériel, peint avec des éléments géométriques très élémentaires, en noir. C'est une constante de l'homme qui a toujours marqué son territoire par des signes et des codes que nous utilisons pour exister et nous mouvoir. Je crois que ma peinture actuelle est abstraite mais en même temps, j'essaie de travailler avec la réalité. C'est pour cela que je veux briser le concept d'espace virtuel, ces faux espaces que l'on veut introduire à travers une fenêtre. Je veux travailler avec des matériaux qui créent leur propre format ; que la juxtaposition de ces matériaux créée leurs propres limites en tant qu'objets tridimensionnels. — Ces concepts apparaissent déjà dans votre dernière exposition, précisément installée à Fuendetodos, village natal de Goya. Vous déclarez être un admirateur de Goya et vous êtes fasciné par le noir. — J'ai souvent dit que dans les années 50, cette triste époque, nous avons au moins eu l'énorme chance de vivre à côté de l'un des plus grands musées du monde, le Prado. C'est de lui que nous nous nourrissions, de peintres comme Velázquez, Goya ou Zurbarán. Je crois que notre œuvre est marquée par leur influence. — Vous considérez-vous leur héritier et comme faisant partie d'une continuité historique ? — J'en suis convaincu. Notre œuvre est marquée par l'austérité de Zurbarán, l'intensité de Velázquez et le drame de Goya. Je crois également que leur influence nous a donné une forte personnalité. — « Dans l'art, je continue à défendre une position de recherche et de risque ». Ce sont vos paroles et il me semble qu'elles vous définissent en tant que peintre.

— Moi, je suis un travailleur, avec une importante production. Selon le catalogue de mon œuvre, que l'on est en train d'élaborer, il y a plus de 1 000 pièces, sans compter, bien sûr, les dessins. Mais il arrive un moment... quand vous savez ce qui va arriver dès le premier instant, vous devez chercher à nouveau, encore sonder. — Afin de ne pas perdre l'intérêt, pour ne pas se répéter. — Je suis convaincu que tout artiste tente, à travers son œuvre, de trouver des réponses aux questions qu'il se pose. Mais quand il connaît la réponse, il faut commencer à chercher de nouvelles questions. De fait, je suis dans une période de grande inquiétude et je veux créer des œuvres nouvelles. J'ai une exposition prévue à Madrid et je ne veux pas présenter des œuvres déjà connues. Je vais exposer des tableaux novateurs d'une certaine manière, nouveaux. Je veux aussi monter un nouveau studio, recommencer. — Vous avez aussi déclaré que l'art doit rester critique. De nos jours, comment cette critique peut-elle s'exercer à travers l'art ? — Il n'est possible d'être critique qu'en conservant une position indépendante, en créant un art qui ne se soumet pas et n'accepte pas les règles du jeu dictées par le marché. Si vous renoncez à la liberté, à la critique, vous tombez dans le piège et le marché fait de vous ce qu'il veut. Je vous répète que nous devons toujours être vigilants et tout analyser à la loupe. — Il s'agit, en étant suffisamment honnête, de chercher un équilibre entre le besoin de vendre et tout accepter pour s'enrichir. — Exactement. Le mercantilisme s'est installé dans le monde de l'art pour le prostituer et le manipuler. Il existe déjà des sociétés commerciales qui proposent aux peintres de leur acheter une grande quantité de tableaux (trois cents ou plus) et leur offrent une somme qui peut paraître très alléchante aux yeux de l'artiste. Mais cela représente la mort du peintre, car ce n'est plus vous, mais cette société, qui manipule l'œuvre à sa guise, sans plus avoir besoin de vous. Et si la formule ne fonctionne pas, ils vous laissent tomber et en cherchent un autre.


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le profil Bien qu'il soit né à Tolède, en 1935, Rafael Canogar s'est formé à la peinture à San Sebastián, où sa famille s'était installée pour des raisons professionnelles, puis à Madrid, où il a étudié dans l'atelier du maître Daniel Vázquez Díaz. De ce dernier, il a acquis les bases de son art et l'amour pour la peinture. Mais Rafael Canogar a, très jeune, décidé que sa place était à l'avant-garde et il a cherché sa voie dans le sillage des peintres contemporains. ● Il est membre fondateur du groupe El Paso, mouvement réunissant les meilleurs artistes qui se sont élevés contre la médiocrité du franquis-

me des années cinquante et soixante. ● Depuis sa première exposition individuelle en 1954, à la Galería Altamira de Madrid, Canogar n'a cessé de travailler et d'exposer dans les galeries et les musées les plus importants du monde. D'innombrables musées et collections publiques possèdent une pièce de ce créateur qui se définit lui-même comme un « travailleur », avec une œuvre remarquable par sa qualité, sa variété et son abondance. ● Tout au long de sa carrière, Rafael Canogar a accumulé prix et distinctions, parmi lesquels le Grand Prix de la Biennale de Sao Paulo, en 1979, et le Prix national des arts plastiques, en 1982.

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De gauche à droite. Œuvres de Rafael Canogar à l'exposition rétrospective organisée au musée Reina Sofía en 2001. Le roi et la reine d'Espagne écoutent les explications de l'artiste lors de la visite d'une exposition à Buenos Aires en 2003. Le peintre reçoit le titre de Hijo Predilecto - enfant chéri - de Tolède, sa ville natale, des mains du maire, José Manuel Molina, en mai 2002. Le roi Juan Carlos lui décerne la Médaille d'or du mérite des beaux-arts à Cáceres. L'artiste, aux côtés de Martín Chirino, Antonio Suárez et Luis Feito, membres du groupe El Paso, l'un des groupes les plus remarquables des années soixante, lors d'une exposition de ses œuvres, à Madrid.


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GOBIERNO DE ESPAÑA -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Recuerda que en el extranjero

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Los consulados pueden > Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país > Prestar asistencia a detenidos > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación > Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos, así como otros trámites administrativos. Infórmate en > www.maec.es


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