MIRADAS AL EXTERIOR_08_FR

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008. N˚8. www.maec.es

60˚ Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme

Le 10 décembre 1948, trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Assemblée générale des Nations unies approuvait un texte historique. De nombreuses constitutions nationales, dont la constitution espagnole, s'en sont inspirées. Nous devons également à ce texte essentiel, d'une forte valeur symbolique et d'un intérêt juridique indiscutable, l'important développement de réglementation qui s'ensuivit dans tous les domaines. Ban Ki Moon : « La Déclaration fait état de ce que nous considérons actuellement comme acquis : la dignité et l'égalité sont inhérentes à tous les êtres humains »

ACTION EXTÉRIEURE > Nouveaux défis de l'action consulaire> Le service d'urgence consulaire met un point final à une opération sans précédents > Présidence espagnole du Conseil de l'Europe> Ambassade d'Espagne en Nouvelle-Zélande SOCIÉTÉ ET CULTURE > « L'Âge d'or » du sport espagnol > Paradors, trésors de notre patrimoine > Grifols, marque sanitaire internationale COOPÉRATION> Gestion efficace de l'eau au Maroc L'ENTRETIEN > Nuria Espert, une vie consacrée au théâtre


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les données et l'image LE CHIFFRE

LA DATE

EPHEMÉRIDE

3 617 millions d'euros

27 novembre

23

Le budget du ministère des Affaires étrangères et de la coopération pour 2009 enregistre une augmentation de 5,96% par rapport aux comptes de l'année 2008.

L'Espagne assume la présidence du Conseil de l'Europe jusqu'au mois de mai prochain. Les décisions de cette institution concernent 800 millions de personnes dans 47 pays.

commémorée l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la Communauté économique européenne.

L'image

anniversaire de l'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenne. Le 1er janvier prochain, sera

PHOTO EFE

Barcelone sera finalement le siège de l'Union pour la Méditerranée. Le Palais de Pedralbes, cédé par la Generalitat, accueillera le Secrétariat permanent, siège de l'organisation, en vertu d'une décision ratifiée à Marseille le 4 novembre par les ministres des Affaires étrangères des 43 pays membres de l'organisation. Le Secrétariat permanent occupera l'aile est du palais, espace qu'il partagera avec le musée de la Céramique et le musée des Arts décoratifs. Ce palais, reçu par Alphonse XIII en 1919, réinauguré 1926 en tant que palais royal, connaîtra ainsi une nouvelle animation.

rédaction > Directeur : Julio Albi de la Cuesta. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Rédaction : Beatriz Beeckmans et David Merino. direction > Direction générale de la communication extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée par la Dir. générale de la communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. InfoMiradas al exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. courriel > opinion.miradas@maec.es


sommaire 3

action extérieure

à la une 6 > 60e Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, embryon de nombreuses constitutions nationales, comme celle de l'Espagne, qui fête son 30e anniversaire.

coopération

16 > Les nouveaux défis de l'action consulaire 20 > l'Ambassade d'Espagne en Nouvelle-Zélande : les antipodes sont

plus proches 24 > L'unité consulaire chargée des situations d'urgence réalise une opération sans précédent avec le rapatriement de citoyens espagnols, à la suite des événements de Bombay et de Bangkok. 28 > L'Amérique latine adopte un plan commun pour l'élaboration de politiques relatives à la jeunesse 32 > Alex Grijelmo, président de l'agence Efe, dévoile sa passion pour la langue

34 > L'AECID développe des projets pour une gestion efficace de l'eau au Maroc

culture et société

36 > John Holmes : « La crise financière mondiale ne doit pas avoir d'effets sur le flux de l'aide humanitaire »

l'entretien 34 > Paradors, trésors de notre patrimoine

42 > « L'Âge d'or » du sport espagnol 46 > Le jambon ibérique à la conquête des marchés internationaux 50 > Grifols, marque sanitaire internationale 58 > Floridablanca, le grand réformateur du XIXe siècle

34 > Nuria Espert, une vie consacrée au théâtre : « Je ne suis pas exactement une directrice d'opéra mais plutôt une comédienne qui dirige ». « C'est lorsque je joue que je me sens vraiment bien. Le reste n'a été qu'adhésions »

conseil éditorial > Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier viceprésident : Directeur général de la communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinets du secrétariat d'État aux affaires étrangères, du secrétariat d'État à la coopération internationale, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur de l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement.


l'éditorial

ESPAÑA EN EL EXTERIOR CONOZCA SU EMBAJADA La política comercial Berlín, nuestra española en el extranjero representación ante la Presidencia alemana Año Jubilar Lebaniego de la UE

ACCIÓN EXTERIOR España preside en el 2007 la OSCE

ENTREVISTA A ALBERTO CORAZÓN “El diseño es un componente esencial de nuestra cultura”

miradas

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al exterior

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Octubre-Diciembre 2006 N˚0. 4º trimestre www.maec.es Distribución gratuita

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REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

LA INMIGRACIÓN SE HA CONVERTIDO EN EL PRINCIPAL PROBLEMA PARA LOS ESPAÑOLES SEGÚN EL CIS

INMIGRACIÓN la realidad que cambiará

ESPAÑA EN EL EXTERIOR El potencial turístico El Cantar del Mio Cid

SU EMBAJADA Moscú, 30 años de relaciones diplomáticas

ACCIÓN EXTERIOR CULTURA ARCO’07, 26 2007, Año años abriendo de España caminos al arte en China

miradas

ENTREVISTA La doble mirada de Antonio Muñoz Molina -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

al exterior

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Enero-Marzo 2007 N˚1. 1º trimestre www.maec.es Distribución gratuita

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REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

ORIENTE PRÓXIMO

Una esperanza para la paz

el mundo

> ACCIÓN EXTERIOR Afganistán > CONOZCA SU EMBAJADA Vietnam, la segunda economía en crecimiento mundial > ESPAÑA EN EL EXTERIOR Campofrío, una empresa con vocación internacional > CULTURA Soria cumple cien años de la llegada de Antonio Machado > EL PERFIL Miguel de la Quadra-Salcedo > COOPERACIÓN Escuelas Taller, 10 años con el desarrollo > ENTREVISTA Pedro Alonso, un investigador español en la vanguardia de la medicina

miradas

Abril-Junio 2007 N˚2. 2º trimestre www.maec.es -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

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REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

ESPAÑA Y LA UE mirando al futuro

ARTÍCULOS DE ARTURO AVELLÓ Y JESÚS ATIENZA ANÁLISIS DE LOS FLUJOS MIGRATORIOS

ANÁLISISUn Servicio Exterior para el siglo XXI

España e Iberoamérica  Entre la tradición y la modernidad

> ACCIÓN EXTERIOR España comprometida con los Balcanes > CONOZCA SU EMBAJADA México, una historia compartida > ESPAÑA EN EL EXTERIOR Navantia, un referente en la construcción naval internacional > CULTURA Atapuerca, el origen de los primeros europeos > Premios Príncipe de Asturias > COOPERACIÓN La cooperación española y los pueblos indígenas > ENTREVISTA Pau Gasol: “El cariño de la gente es la gran recompensa al trabajo”

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al exterior

Análisis > DARFUR ¿UN CONFLICTO SIN FINAL?

miradas al exterior

GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Julio-Septiembre 2007 N˚3. 3º trimestre www.maec.es

REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

> EXTERIOR 365 días de Presidencia de la OSCE

> MISCELÁNEA El Palacio de Viana recobra su esplendor

> CULTURA > ECONOMÍA Vinos de La Rioja, Hércules, el faro romano más prestigio antiguo del mundo internacional

miradas

Parvenus à maturité, nous entamons une nouvelle étape marquée par une nouvelle maquette, l'ajout de nouveautés dans la stratégie d'information de nos publications et, surtout, par l'édition de Infomiradas al Exterior. Ce bulletin, dont le premier numéro a vu le jour le

GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Octubre-Diciembre 2007 N˚4. 4º trimestre www.maec.es

REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

DIPLOMACIA ´ PUBLICA UNA PUERTA ABIERTA AL MUNDO

LA APUESTA DE ESPAÑA POR LA

COOPERACIÓN Análisis > EUROPA AVANZA DE NUEVO

43 meses después la cooperación al desarrollo alcanzará la cifra de 4.000 millones de euros invertidos. La previsión para el 2008 es la de superar los 5.000 millones de euros y alcanzar el 0,5% de nuestra Renta Nacional Bruta

« Miradas al Exterior » la communication du MAEC Avec ce numéro de Miradas al Exterior, nous fêtons le deuxième anniversaire d'une publication qui s'est affirmée, au cours de ces deux années, comme instrument de référence dans la politique de communication publique du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, grâce aux 14 000 exemplaires distribués dans le monde et à ses versions traduites en anglais et en français.

> ENTREVISTA Isabel Muñoz: “La fotografía es un reto constante”

al exterior

FOTOGRAFÍA CEDIDA POR JAVIER BAULUZ

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26 novembre dernier, a pour objectif de proposer des informations concernant l'actualité du ministère des Affaires étrangères et de la coopération et devenir un instrument de communication de premier ordre auprès des fonctionnaires intervenant dans l'action extérieure espagnole. Infomiradas al Exterior est né dans le but de renforcer le travail d'information réalisé par le magazine Miradas al Exterior depuis sa création. Il a vocation à synthétiser le flux d'informations généré par les différents services du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toutes les trois semaines, Infomiradas fournit des informations, des données et des références sur le travail réalisé au ministère, ainsi

que dans nos ambassades et nos consulats. En définitive, c'est un outil réalisé par tous, pour tous. Pour renforcer la communication publique du MAEC, nous sommes ouverts à toute suggestion et contribution. La distribution de Infomiradas al Exterior se fait par courriel. Le magazine est également mis à la disposition de tous les citoyens sur le site Internet www.maec.es. Pour sa part, après deux ans d'existence et huit numéros, le magazine Miradas al Exterior est devenu une publication qui est à la fois la voix de notre ministère, mais contribue également à la démocratisation de la politique extérieure espagnole, en rendant accessible au reste du monde l'actualité quotidienne de l'Espagne.


l'éditorial 5

> EXTERIOR Embajada de España en Kinshasa

> ECONOMÍA Inditex, una multinacional en expansión

> CULTURA Almadén, antes y después del mercurio

> COOPERACIÓN > ENTREVISTA Victor Gª de la Concha: Cierre al mayor “Nuestro lema sería la basurero de Iberoamérica unidad del español”

miradas al exterior

GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Enero-Marzo 2008 N˚5. 1º trimestre www.maec.es

REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

> EXTERIOR Cumbre UE-ALC, 9 años de Asociación Estratégica

> ECONOMÍA Indra, una empresa líder mundial en tecnología

> CULTURA Camino de Santiago, 1.200 años caminando juntos

> LA ENTREVISTA El atletismo español hace su puesta a punto para Pekín'08

miradas

> EXTERIOR Embajada de España en Canadá

> DIPLOMACIA Madrid acogió la V Conferencia de Embajadores

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> LA ENTREVISTA Rafael Canogar: "He buscado un lenguaje universal"

> ECONOMÍA Calzado Camper, un estilo de vida

miradas

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al exterior

al exterior

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Abril-Junio 2008 N˚6. 2º trimestre www.maec.es

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REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

> EXTERIOR Embajada de España en India -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

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MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Julio-Septiembre 2008 N˚7. 3º trimestre www.maec.es -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

REVISTA DE INFORMACIÓN DIPLOMÁTICA DEL MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

ESPAÑA EN LAS

MISIONES DE PAZ

EL MINISTRO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN REFLEXIONA EN UNA ENTREVISTA SOBRE LAS LINEAS ESTRATÉGICAS DE LA POLITICA EXTERIOR ESPAÑOLA Y LOS GRANDES RETOS INTERNACIONALES

EXPO

ZARAGOZA 2008

COOPERACIÓN Y DIPLOMACIA PÚBLICA SE COMPROMETEN CON LA GESTIÓN DEL AGUA Y EL DESARROLLO SOSTENIBLE

Análisis > Aspectos esenciales de la acción consular

MORATINOS Una visión de la política ‛

Junto a las Naciones Unidas, España participa en prevención de conflictos y en aspectos civiles de la reconstrucción

exterior española

Oriente Medio está iniciando un ciclo de esperanza

Europa necesita una voz única en el mundo

Tenemos una estrategia global con África

Pour y parvenir, nous disposons, entre autres contributions, des avis de nos lecteurs, découverts à l'occasion d'une récente enquête. Dès que nous en avons eu connaissance, nous avons cherché à tirer profit de ces opinions en effectuant plusieurs modifications. En premier lieu, nous avons regroupé les informations autour de cinq axes thématiques qui organiseront désormais chaque numéro : À la une, Action extérieure, Coopération, Culture et société et l'Entretien.

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Análisis > UFI, españoles en Organismos Internacionales

« Miradas al exterior » s'est affirmé, au cours de ces deux années, comme instrument de référence dans la politique de communication publique du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, grâce aux 14 000 exemplaires distribués dans le monde.

Le bulletin « Infomiradas al exterior » est né le 26 de novembre dernier pour offrir des informations sur l'actualité du MAEC et sur notre réseau d'ambassades Pour preuve de cet intérêt, et parce que nous estimons que Mi- et de consulats. radas al Exterior devait servir à mieux faire connaître notre pays, nous souhaitons proposer divers reportages qui permettront de découvrir l'Espagne du XXIe siè-

Revista de Información Diplomática del Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación OCTUBRE-DICIEMBRE 2008. N˚8. www.maec.es

60˚ Aniversario de la Declaración Universal de los Derechos Humanos

El 10 de diciembre de 1948, tres años después del fin de la Segunda Guerra Mundial, la Asamblea General de las Naciones Unidas aprobaba un texto histórico. En él se han inspirado numerosas Constituciones nacionales, entre ellas la española. El importante desarrollo normativo que ha seguido en todos los ámbitos, se debe también a este texto fundamental, de fuerte valor simbólico y de un indiscutible interés jurídico. Ban Ki Moon: “La Declaración constata algo que actualmente damos por sentado: la dignidad y la igualdad son inherente a todos los seres humanos”

ACCIÓN EXTERIOR > Nuevos retos de la acción consular > Emergencia consular culmina un operativo sin precedentes > Presidencia española del Consejo de Europa > Embajada de España en Nueva Zelanda SOCIEDAD Y CULTURA > La ‘Edad de Oro’ del deporte español > Paradores, tesoros de nuestro Patrimonio > Grifols, una marca internacional de salud COOPERACIÓN > La gestión eficaz del agua en Marruecos LA ENTREVISTA > Nuria Espert, una vida dedicada al teatro

cle. Pour cela, nous avons élargi la rubrique Culture et société. Dans ces pages, nous offrons de grands reportages accompagnés d'articles signés par des personnalités. Le tout complété par une maquette plus visuelle, simple et agréable. En définitive, la communication publique du ministère des Affaires étrangères et de la coopération se renforce, avec trois supports d'information : notre publication mensuelle Miradas al Exterior, le bulletin Infomiradas al Exterior et les documents sonores Miradas al Exterior, périodiquement émis sur Radio 5 et sur Radio Exterior de España, grâce à la collaboration du service public RTVE (radio télévision espagnole).

Tous ces efforts réalisés par la Direction générale de la communication extérieure du MAEC ne seraient rien sans la collaboration désintéressée de beaucoup d'entre vous, qui contribuez activement à l'amélioration de la qualité et de l'efficacité du magazine. Grâce à cet effort commun, nous réussirons à atteindre notre objectif qui est de construire un ministère plus efficace et plus transparent, et à faire des publications du MAEC un exemple à suivre par d'autres organismes et institutions.


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P En couverture

1948-2008

60 Anniversaire de la DĂŠclaration universelle des droits de l'homme e


P En couverture

La Déclaration universelle des droits de l'homme a été approuvée par l'Assemblée générale des Nations unies il y a soixante ans. Malgré le temps, elle n'a rien perdu de sa vigueur ni de son importance. De nombreuses constitutions nationales s'en sont inspirées, dont la Constitution espagnole qui célèbre son 30e anniversaire. Nous devons également à ce texte essentiel, d'une forte valeur symbolique et d'un intérêt juridique indiscutable, l'important développement de réglementation qui s'ensuivit dans tous les domaines. Par Silvia Escobar. Ambassadrice en mission spéciale pour les droits de l'homme

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8

P En couverture

L

e 10 décembre 1948, la Seconde Guerre mondiale, l'un des conflits les plus sanglants de l'histoire, était terminée depuis trois ans à peine. La tâche à accomplir était immense : trouver les ressources morales nécessaires pour reconstruire une société horrifiée par la découverte des camps d'extermination nazis, où les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki remettait en question l'existence de l'homme en tant qu'espèce. Une guerre qui avait coûté la vie à soixante-dix millions de personnes, soit plus de deux pour cent de la population mondiale de l'époque.

Comment ce texte précurseur a-t-il été conçu ? Au cours de la Conférence de Téhéran qui eut lieu en 1943, une lutte sans merci était déjà annoncée « contre la tyrannie, l'esclavage, l'oppression et l'intolérance ». En 1944, la Conférence internationale du travail, réunie sous l'égide de l'OIT, l'organisme multilatéral le plus ancien, a convoqué les représentants de quarante et un pays alliés et neutres. À cette occasion, il fut proclamé qu'il n'était possible d'obtenir une paix durable que si celle-ci se fondait sur la justice sociale. Peu après, à Dumbarton Oaks, près de Washington, se réunissaient des représentants des États-Unis, de la France, de Grande-Bretagne, d'URSS et de

Chine, dans le but d'asseoir les bases d'une organisation internationale dotée d'un Conseil de Sécurité et d'une Cour de Justice internationale, capable de garantir la paix et la sécurité internationales. La séance d'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies eut lieu à Londres en 1946. L'année où la Déclaration universelle des droits de l'homme a été approuvée, ont été créées plusieurs agences des Nations unies : L'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont l'objectif est d'améliorer la santé physique et mentale des peuples, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui contribue à mettre en œuvre des politiques publiques de développement, l'Organisation

des états américains (OEA) œuvrant pour la paix et la sécurité sur le continent américain. 1948 fut également l'année de création de l'État d'Israël. Cette même année, Mahatma Gandhi fut assassiné, plongeant le monde dans la consternation. Peu avant sa mort, Gandhi avait envoyé ses commentaires aux rédacteurs de la Déclaration universelle. Le suédois Stig Dagerman publiait « Automne allemand », chronique exceptionnelle de la souffrance du peuple allemand à la fin de la Guerre mondiale. À Paris, l'œuvre graphique et picturale de Picasso était vendue aux enchères, ainsi que les photographies de Capa ou de Cartier-Bresson. C'est aussi en 1948 que le journal d'Anne Frank a été publié. L'Espagne, qui avait abandonné la Société des nations en 1939, était plongée dans un isolement international, en raison de la dictature franquiste. L'Espagne ne participa donc pas directement à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, même s'il est indubitable que des intellectuels tels que Fernando de los Ríos ou Salvador de Madariaga, héritiers de Francisco Giner de los Ríos et d'une longue tradition humaniste, lui auraient beaucoup apporté. Salvador de Madariaga, aux côtés de Peter Benenson, Sean Mac Bride et d'autres


P En couverture 9

personnalités, fut à Londres Wilson, l'Australien William l'un des promoteurs d'Am- La Déclaration Hodgson, et le Canadien nesty International, l'une des a été approuJohn Humphrey, participèorganisations gouvernemen- vée après 81 rent aussi à ces travaux. Des tales les plus influentes au réunions et d'in- délégations de tous les pays tenses débats, monde. du monde étaient représenLa première séance du par 48 votes tées : Australie, Chili, Chine, Conseil économique et social, en faveur et 8 États-Unis, France, Liban, qui coïncida avec la tenue des abstentions. Royaume-Uni et Union soProcès de Nuremberg, adopta viétique. Le texte initial, une résolution établissant à La société civile préparé par John Humgrands traits le mandat de la est un facteur phrey, directeur de la Divifuture Commission des droits de première sion des droits de l'homme de l'homme prévue par la importance en des Nations unies, se fondait Charte, dont l'objectif devait matière de déen grande partie sur le traêtre de présenter à l'ECOSOC fense des droits vail réalisé depuis 1942 par une Déclaration universelle de l'homme des représentants de diffédans tous les des droits de l'homme. rentes cultures. Cependant, Le comité de rédaction domaines. son travail rencontra entre de la Déclaration universelle autres difficultés, l'obstacle était présidé par Eleanor Roosevelt, suivant : la majorité des délégués gouveuve du président nord-américain, vernementaux considéraient les droits auteur de la célèbre phrase placée en de l'homme comme une question intête de l'Introduction de la Charte des térieure aux États, attitude qui a touNations unies : « Nous, peuples des jours restreint l'application des droits Nations unies…» de l'homme . Les travaux étaient remarquaLes droits de l'homme recueillis blement dirigés par le Français René dans la Déclaration universelle deCassin, qui reçut quelques années plus vraient être indivisibles. De fait, les tard le Prix Nobel de la Paix. Étaient droits économiques, sociaux et cultuégalement chargés de la rédaction le rels étaient reconnus au même titre Chinois Peng Chun Chang, et le Liba- que les droits civils et politiques. Autre nais Charles Malik. Le Chilien Hernán nouveauté, les droits devraient être apSanta Cruz, Les Soviétiques Alexandre pliqués à toutes les personnes, partout Bogomolov et Alexei Pavlov, les Bri- dans le monde : les droits de l'homme tanniques Lord Dukeston et Geoffrey devaient être universels. Les concepts

Logo commémoratif de l'Anniversaire de la Déclaration.

de liberté et d'égalité revêtaient la même importance. La Déclaration ne se limitait pas seulement à proclamer les droits mais lançait également un appel en faveur d'une transformation de l'ordre social et international favorisant le respect de ces droits. Au cours de l'été 1948, un projet fut présenté devant l'Assemblée générale des Nations unies. Des 58 États qui constituaient les Nations unies, quatorze étaient des pays occidentaux qui mirent l'accent sur les principes de la loi naturelle, la dignité intrinsèque de l'être humain et l'inaliénabilité des droits. Vingt pays appartenaient à l'Amérique latine et à l'Amérique centrale et se conformaient aux postulats du monde occidental. Venaient ensuite le bloc soviétique, URSS et pays de l'Est, de philosophique marxiste, et, enfin, les pays asiatiques, dont plusieurs étaient musulmans, qui introduisirent, par exemple, la notion de responsabilités et de devoirs.


10 P En couverture

Nous devons ce texte législatif, qui fête son 60e anniversaire, à l'acharnement d'une femme, Eleanor Roosevelt. Photo Nations unies

La Déclaration fut approuvée, après 81 réunions, d'intenses débats sur chaque article, chaque clause et les 168 amendements, par quarante-huit votes en faveur et huit abstentions, celles de l'URSS et des pays de l'Europe de l'Est, et celles d'Afrique du Sud et de l'Arabie saoudite.

Esteban Beltrán Directeur d'Amnesty International, Espagne

Les Gouvernements doivent afronter immédiatement les défis mondiaux tels que la pauvreté

René Cassin décrivit la Déclaration universelle comme un temple ayant quatre piliers et un toit. Le premier pilier (articles 1 à 11 de la Déclaration) représente les droits individuels et civils : l'égalité, la non-discrimination, le droit à la vie, l'interdiction de l'esclavage et de la torture, la protection

Il y a 60 ans, les personnes chargées de rédiger la Déclaration universelle des droits de l'homme étaient convaincues que seul un système multilatéral de valeurs universelles et indivisibles, se fondant sur l'égalité, la justice et l'État de droit pourrait faire face aux futurs défis. Au fil des années, ces aspirations, alors nécessaires, ont été amputées. Amnesty International a documenté, pour la seule année 2007, 1 252 exécutions dans 24 pays, des cas de torture et de mauvais traitements dans plus de 80 pays et l'existence de prisonniers et prisonnières d'opinion dans 45 pays. On estime que 854 millions de

de la loi, l'interdiction de la détention arbitraire et de l'exil, le droit à un procès équitable et à la présomption d'innocence. Le deuxième pilier (articles 12 à 17) représente les droits sociaux ou les droits des individus par rapport à la société : le droit à la vie privée, à la liberté de déplacement, le droit d'asile, le droit à la nationalité, le droit au mariage, à la famille et à la propriété. Le troisième pilier (articles 18 à 21) représente les droits politiques : liberté de pensée, liberté de religion et de conscience, liberté d'opinion et d'expression, liberté d'association et de participation à des activités de gouvernement et droit de participer à des élections libres et équitables. Le dernier pilier (articles 22 à 27) représente les droits exercés dans le domaine économique et social : le droit à la sécurité sociale et au travail, à un salaire égal pour un travail égal, droit de se syndiquer, droit au repos et aux loisirs, droit à un niveau de vie convenable, à l'éducation et à la participation à la vie culturelle de la communauté. Au-dessus des quatre piliers, se trouve le toit du temple, les articles

personnes n'ont pas accès à une alimentation suffisante, tandis que 1 100 millions ne disposent pas de logement digne. Nous ne prétendons pas, ici, nier les progrès que constitue la création de règles, systèmes et institutions se consacrant aux droits de l'homme au niveau international, régional et national. Nous avons beaucoup avancé dans de nombreuses régions du monde grâce à ces règles et ces principes et également à la consolidation d'un réseau de défenseurs des droits de l'homme qui, travaillant dans des conditions particulièrement adverses, représentent toujours le frein principal aux abus de pouvoir. Mais il

reste un long chemin à parcourir. Pour mettre fin aux injustices, à la discrimination et à l'impunité, les gouvernements du monde entier doivent agir immédiatement pour combler l'abîme séparant ce qui est dit de ce qui est mis en œuvre. Ils doivent également aborder, de manière résolue, les défis mondiaux tels que la pauvreté et les menaces que constituent, pour les droits de l'homme, la sécurité, les migrations ou la crise économique. Tant que cela ne sera pas, il ne s'agira que de promesses non tenues. Les droits de l'homme ne sont pas un article de luxe pour les périodes de prospérité.


P En couverture 11 28, 29 et 30 : le droit à un orme et le développement, en dre international permettant La Déclaration résumant ce qui, en grande d'appliquer les droits, les de- universelle est partie, constituait l'une des voirs et les responsabilités de le premier cataoriginalités de la Déclaratous et l'impossibilité pour logue de droits tion universelle : avoir été le les États ou les individus de inscrit dans un premier catalogue de droits document de restreindre ces droits. inscrit dans un document La réalisation juridique, sécurité intertraitant de la sécurité interpolitique et culturelle de nationale. nationale. cet idéal fut un processus La société civile, repréà la fois long, complexe et Dans les sentée par les organisations conflictuel. Dans les années années 60, il non gouvernementales, est 60, il fallait supprimer la fallait suppridevenue un facteur essendiscrimination raciale. Au mer la discrimitiel dans les relations incours des deux décennies nation raciale ternationales et la défense suivantes, il y eut d'impor- et au cours des des droits de l'homme dans tants progrès en matière de décennies suitous les domaines. Lorsque lutte pour l'égalité de genre, vantes, d'impor- la Déclaration universelle tant sur le plan juridique tants progrès a été approuvée, le nombre que dans la réalité concrète, ont été réalisés d'organisations internatiol'une des priorités d'Elea- dans la lutte nales s'est multiplié. Il exisnor Roosevelt. Le Sommet pour l'égalité de te aujourd'hui un très grand qui proclama les objectifs genre. nombre d'organisations indu Millénaire pour le détergouvernementales mais veloppement (OMD) et le également pas moins de 20 discours du Secrétaire général des 000 organisations non gouverneNations unies, Kofi Annan, « pour un mentales (ONG). Plus de 3 000 de ces concept élargi de liberté » (in larger organisations bénéficient d'un avis freedom) exposent clairement le rap- consultatif devant les Nations unies port existant entre les concepts de sé- et participent régulièrement à des curité, le respect des droits de l'hom- conférences internationales.

Fernando Fernández-Arias directeur du bureau des relations internationales. ministère de l'égalité

L' Égalité en Droit. Le Droit à l'Égalité

La construction théorique des droits de l'homme, comme le proclame l'article 1 de la Déclaration universelle, a pour fondement l'égalité, en dignité et en droits, de tous les êtres humains. La réalisation de l'égalité réelle requiert cependant plus qu'une déclaration ou un cadre légal : des politiques actives en matière de promotion et de suppression des discriminations, avec le droit comme outil de changement social, sont nécessaires. À la Déclaration universelle, qui marque le début de la protection effective de tous les droits pour tous, se sont ajoutées au

cours des dernières décennies des Conventions spécifiques relatives à différentes discriminations concrètes, afin d'offrir une plus grande protection aux personnes les plus vulnérables. Parmi celles-ci, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW sigle anglais pour Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women), approuvée en 1979 et qui représente un événement fondamental dans la lutte contre la discrimination la plus répandue dans le monde : celle des femmes par rapport aux hommes. Nous devons la

La culture des droits de l'homme Avec la participation de différents organismes, dont l'Agence de coopération internationale pour le développement, l'ouvrage « La culture des droits de l'homme » a été récemment publié. Pour la couverture, la publication a bénéficié de la collaboration d'Antonio Fraguas « Forges », qui a dessiné une affiche reproduisant l'intégralité de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.

Déclaration universelle à l'acharnement d'une femme, Eleanor Roosevelt, mais les femmes ne disposent, nulle part au monde, d'une égalité pleine et effective par rapport aux hommes. Le 60e anniversaire de la Déclaration universelle est l'occasion d'une réflexion sur le besoin d'approfondir le concept d'égalité de traitement et celui de non-discrimination. Il est nécessaire de poursuivre nos efforts, dans le cadre universel, par le biais de nouveaux instruments de protection, pour lutter contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, non encore abordée. Mais il n'est pas moins nécessaire de compléter ce cadre légal et supranational par des politiques actives liées à la promotion de l'égalité réelle au niveau des États.


12 P En couverture

Première réunion du Comité de rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, présidé par Eleanor Roosevelt. Photo Nations unies

L'application effective de l'ensemble de ces droits reste néanmoins en suspens. Droits des minorités, objets de racisme et de xénophobie dans de nombreux pays du monde. Droits des femmes, objets de tout type de violences en temps de guerre comme en temps de paix. Droits des enfants, en

Rafael de Asís Professeur d'université en philosophie du droit, coordinateur du programme consolideringenio 2010 le temps des droits

Il reste encore un long chemin à parcourir.

général, ou des enfants soldats et des enfants exploités sexuellement ou professionnellement. La lutte contre la pauvreté est aussi une tâche urgente, comme l'établissent les objectifs du Millénaire pour le développement. De même que la lutte contre le changement climatique, la préservation de

Le 10 décembre 2008, a été célébré le 60e Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, premier pas vers l'universalisation des droits. Comme nous le savons, la Déclaration est l'expression de l'un des grands processus historiques qui a accompagné les droits depuis l'ère moderne : le processus d'internationalisation. De son approbation à nos jours, ce processus a été enrichi par de nombreux textes et de nombreuses déclarations qui ont indubitablement contribué à résoudre des situations d'insatisfaction. Il reste toutefois un long chemin à parcourir. Le discours contemporain sur les

l'environnement, la question de la responsabilité sociale des entreprises ou encore l'utilisation des nouvelles technologies au profit de l'homme. Il s'agit là de thèmes concernant les droits de l'homme. Les droits de l'homme peuvent jouer un rôle intégrateur dans une société mondiale en pleine transformation. Le respect des droits de l'homme, dans l'approche de la coopération au développement, est un instrument essentiel dans la lutte pour l'éradication de la pauvreté. Les droits de l'homme peuvent créer des liens entre les États, les individus et les nombreuses organisations intergouvernementales et non gouvernementales qui coexistent au sein de la communauté internationale. La promotion et la protection des droits de l'homme sont des objectifs prioritaires de la politique étrangère espagnole. Comme le souligne le Secrétaire général des Nations unies, Ban KiMoon, la Déclaration universelle des droits de l'homme a été la première affirmation mondiale de ce qui est actuellement considéré comme acquis : la dignité et l'égalité sont inhérentes à tous les êtres humains.

droits doit surmonter plusieurs obstacles, certains sont historiques, d'autres sont la conséquence de nouvelles données sociales, politiques ou scientifiques. La lutte contre la discrimination, le respect de la diversité, la tension entre liberté et sécurité, la lutte contre la pauvreté ou la gestion des progrès scientifiques et technologiques, ne sont que quelques exemples des défis que l'avenir nous réserve. La Déclaration universelle des droits de l'homme et les textes qui la complètent et la développent, constituent néanmoins un excellent outil pour leur faire

face. Pour cela, nous devons la considérer comme une référence fondamentale de l'ordre international. Cela nous oblige à prendre deux directions. D'un côté, elle doit constituer un cadre ouvert et pluriel, et nous devons adopter une vision critique de certaines de ses interprétations. D'un autre côté, nous devons la voir comme un texte juridique obligatoire, la norme qui doit présider à la configuration d'un État de droit international.


P En couverture 13

Depuis le 12 décembre. Ce document a vu le jour pour réaliser une proposition du programme électoral de 2004. Par sa vocation éducative, il doit permettre d'améliorer la situation des droits de l'homme.

Approbation du Plan des droits de l'homme par le gouvernement espagnol Le gouvernement a approuvé en Conseil des ministres un plan de mesures bénéficiant de la participation de plusieurs ministères, pour améliorer la situation des droits de l'homme en Espagne comme à l'étranger. Le Plan des droits de l'homme a été coordonné par la première vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega. Le Plan des droits de l'homme découle d'un engagement du gouvernement socialiste, mentionné pour la première fois dans le programme des élections de 2004, et confirmé par

José Antonio Gimbernat Président de la fédération des associations de défense et de promotion des droits de l'homme - espagne

Indispensables pour faire face aux problèmes de l'Humanité

la première vice-présidente lors du Congrès des députés, au début de la IXe législature. Le Plan exprime la conviction que la réalisation et le perfectionnement du système de droits d'un pays dépendent de l'engagement quotidien adopté par ses pouvoirs publics et ses citoyens. Dans l'objectif de poursuivre les efforts coordonnés et systématiques en faveur de la garantie des droits, le Plan adopte une série d'engagements du gouvernement, destinés à améliorer la promotion et la protection des droits de l'homme, en Espagne comme

En 1948, commençait un grand processus historique, qui alliait modernité, démocratie et droits de l'homme. La Déclaration des Nations unies provenait d'un désir universel inscrit à l'état de projet dans la Déclaration française de 1789. Le dernier tiers du XXe siècle a vu le déclin, l'échec et la faiblesse des idéologies à prétention universelle. Les religions signifient, aujourd'hui, avec leur grande influence, attitudes et croyances singulières. L'unique discours qui subsiste comme cadre de référence pour toute l'humanité est celui des droits de l'homme. Notre époque se caractérise par la dimension croissante et mondiale,

à l'étranger. L'abolition de la peine de mort, l'égalité de genre, la lutte contre la pauvreté, la protection des défenseurs des droits de l'homme, l'élimination de toute forme de discrimination, l'éradication de la torture, la tutelle judiciaire, les droits des espagnols à l'étranger, les garanties de liberté personnelle, la formation des fonctionnaires publics, l'enseignement des droits de l'homme, la protection des droits sociaux, l'éducation, le logement, la santé, l'environnement… des mesures concrètes engageant l'action du gouvernement doivent être entreprises. Le Plan des droits de l'homme a vocation éducative, c'est un document vivant, actif et en interaction avec la société civile. Son contenu doit être un processus en cours, orienté vers sa réalisation, son évaluation permanente et alimenté par de nouvelles propositions et de nouveaux engagements.

et la reconnaissance des énormes problèmes qui l'affectent. Toutes ces questions touchent au cœur des droits de l'homme. Ils sont devenus indispensables pour y faire face. Le cadre qui les rend aujourd'hui inapplicables est la grande extension de la pauvreté. À cause de la pauvreté, les droits économiques, sociaux et culturels ne sont plus garantis et les droits civils et politiques sont gravement menacés ou inexistants. L'explosion désordonnée de la migration à partir des pays pauvres en est un symptôme. Dans la Déclaration, on constate que le progrès des idées est toujours plus rapide que sa réa-

lisation. Nous voyons la distance qui nous sépare de leur mise en pratique, mais la réalité nous invite également à évaluer les progrès accomplis dans la conscience de leurs exigences, l'extension de leurs garanties et l'identification du droit des citoyens aux droits de l'homme. En leur nom, nous avons pu exiger leur instauration et la consolidation des démocraties. Aujourd'hui, les droits de l'homme sont un projet, une utopie vers laquelle nous nous dirigeons et qui nous guide vers un avenir meilleur pour l'humanité.


14 P En couverture

L'Espagne développe un intense agenda commémoratif L'engagement déterminé de l'Espagne envers la défense des droits de l'homme a favorisé l'organisation d'un grand nombre d'activités pour commémorer le 60e Anniversaire de la Déclaration universelle. La Casa de América de Madrid a ainsi accueilli une cérémonie institutionnelle présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, à laquelle ont, entre autres, participé Álvaro Gil Robles, ex-Défenseur du Peuple et ex-Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Lluís María Puig, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, et la magistrate Manuela Carmena, membre du groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires. Le 10 décembre, une journée de commémoration intitulée « Les droits de l'homme dans la société

Concepción Escobar Hernández CHEF DU CONSEIL JURIDIQUE INTERNATIONAL, MAEC. PROFESSEUR D'UNIVERSITÉ EN DROIT PUBLIC INTERNATIONAL, UNED

Pilier du droit international contemporain

internationale du XXIe siècle », a été organisée à l'École diplomatique, avec la participation de nombreux experts. D'autre part, la salle de Guernica du musée national Centre d'art Reina Sofía a accueilli une cérémonie à laquelle ont assisté artistes, chanteurs et acteurs ayant joué un rôle important dans la défense des droits de l'homme. Pendant la cérémonie, « Le Rêve d'Eleanor » création du metteur en scène Lluís Danés associant musique, danse, récits et arts plastiques a été projetée. Le titre choisi rendait hommage à Eleanor Roosevelt qui promut la Déclaration universelle des droits de l'homme. Sara Baras, Pablo Carbonell, Carmen Posadas, Gracia Querejeta, Ana Belén… et 30 artistes espagnols et latino-américains ont participé bénévolement à cette création. À Leganés, plus de vingt artistes

Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale des Nations unies, a adopté, par voie de scrutin, la Déclaration universelle des droits de l'homme. À travers cet acte, apparemment simple, l'Assemblée générale a provoqué un changement révolutionnaire dans le droit international : il situait l'individu au centre du système, incorporait une nouvelle dimension axiologique dans les relations internationales et posait la « première pierre » de ce que nous connaissons, aujourd'hui, comme le droit international des droits de l'homme, l'un des secteurs les plus dynamiques du droit international contemporain.

De gauche à droite, le président du PP, Mariano Rajoy, le président du Conseil général du Barreau espagnol, Carlos Carnicer, le ministre de la Justice, Mariano Fernández Bermejo et la ministre de l'Égalité, Bibiana Aído, lors de la cérémonie commémorative de la Déclaration des droits de l'homme organisée par le Conseil général du Barreau espagnol. PhoTO efe

ont uni leurs voix pour la lutte contre la pauvreté, à l'occasion d'un concert organisé par l'AECID, la « Plataforma 2015 y más », et la « Plataforma Voces ». Los Secretos, Antonio Orozco, Chambao et Jarabe de Palo, entre autres, étaient réunis pour transmettre à la société un message d'inquiétude pour les droits de l'homme : davantage de musique, davantage de droits et moins de pauvreté.

La Déclaration universelle n'était pourtant pas le premier catalogue international de droits, car en août de cette année-là, la Déclaration américaine des droits et des devoirs de l'homme avait été adoptée. Le catalogue approuvé par les Nations unies exprime toutefois, dans un texte de portée universelle, le consensus sur ce que la société internationale considérait alors, et continue de considérer comme la base fondamentale de la dignité de la personne. Depuis lors, les Nations unies ont adopté un grand nombre d'instruments sur les droits de l'homme, des Pactes internationaux de New

York de 1966, en passant par la Convention contre la torture ou la Convention des droits de l'enfant, jusqu'à la récente Convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées. Un système de protection des droits de l'homme à la fois complexe et dynamique a été mis en œuvre. Mais tout cela ne serait pas une réalité et ne peut être compris sans la Déclaration universelle, qui constitue toujours une référence fondamentale de la lutte pour les droits de l'homme et qui mérite donc d'être rappelée, en particulier à l'occasion du 60e anniversaire de son adoption.


P En couverture 15

L'Espagne, fermement engagée envers les droits de l'homme Jorge Domecq

Directeur général des Nations unies, Affaires mondiales et droits de l'homme

La reconnaissance internationale des droits de l'homme est une réussite des Nations unies. Si depuis le siècle des Lumières, le respect de « certains droits inaliénables » était réclamé, comme le recommandait la Constitution américaine, si le droit international recueillait certaines règles applicables au traitement des civils en temps de guerre (comme les règles développées à la fin du XIXe siècle par la Conférence de La Haye), ce n'est qu'avec l'adoption de la Charte des Nations unies, en 1945, que certains droits ont été vraiment reconnus, à tout moment et de façon générale, à l'individu. Il s'agissait d'un premier engagement universel des États envers les droits de l'homme. La Déclaration universelle des droits de l'homme, trois ans plus tard, fut un autre événement marquant de la défense et de la promotion de ces derniers. Elle devint la « Magna Carta » (Grande Charte) de l'humanité. Le préambule de la Déclaration universelle proclamait « comme aspiration la plus élevée de l'homme, l'avènement d'un monde au sein duquel les êtres humains, libérés de la peur et de la misère, profitent de la liberté d'expression et de la liberté de croyances ». Ce paragraphe n'était qu'une simple « déclaration » sans valeur juridique et ce souhait apparaissait alors comme une aspiration presque utopique. Malgré cela, la vision des auteurs de la Déclaration universelle permit d'établir, il y a 60 ans, les bases de toute la construction

juridique internationale sur laquelle se fonde aujourd'hui le régime des droits de l'homme codifié par les Conventions existantes ainsi que par les lois et les réglementations nationales. Ce chemin n'était pas dépourvu d'obstacles, mais avec toutes ses carences, nous pouvons constater que la situation des droits de l'homme dans le monde, aujourd'hui, est en général meilleure que jamais dans l'histoire de l'humanité. Grâce aux Nations unies et à ses mécanismes, pendant ces 60 années, nous avons pris conscience, à l'échelle mondiale, des abus contre les droits de l'homme, ce qui a contribué à améliorer l'accès à l'information mais également à obtenir l'engagement des États démocratiques et, surtout, le soutien de la société civile. C'est ce rôle central des Nations unies en matière de protection et de promotion des droits de l'homme qui donne à cette organisation sa prééminence éthique dans les relations internationales. C'est également la raison pour laquelle l'Espagne a résolument misé sur une politique engagée envers les Nations unies et, par conséquent, envers les droits de l'homme. L'Espagne fait partie de presque tous les instruments des droits de l'homme dans le cadre des Nations unies et a rempli ses obligations les plus exigeantes, en devenant aussi le second contributeur du

Les progrès sont très importants, mais les libertés conquises ne sont pas immuables. L'Espagne est devenue le second contributeur du bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme et du Fonds des Nations unies pour la femme.

bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme et du Fonds des Nations unies pour la femme. L'Espagne participe également, de manière active, à de nombreuses initiatives mises en œuvre dans ce domaine dans toutes les instances internationales. Nous devons ajouter le développement de réglementation intérieure réalisé, au cours de ces dernières années, dans l'Espagne démocratique, couronné par l'adoption en décembre de cette année du premier Plan national des droits de l'homme. Les progrès obtenus sont très importants mais ne sont pas pour autant motif d'autosatisfaction. Les libertés acquises ne sont pas immuables. Comme le soulignait Edmund Burke « si quelqu'un me demande ce qu'est un gouvernement libéral, je lui répondrai que c'est ce que le peuple pense qu'il doit être ». En d'autres termes, la reconnaissance des droits de l'homme doit être celle que demande la citoyenneté, à tout moment de l'histoire. Dans ce processus, la société civile est amenée à jouer un rôle essentiel. Les gouvernements, de leur côté, devraient être attentifs aux aspirations de leurs citoyens en matière de promotion et de protection des libertés. Si cela se produit, comme nous l'espérons tous, les Nations unies continueront à représenter le cadre idéal permettant d'atteindre l'universalité à laquelle les rédacteurs de la Déclaration universelle aspiraient il y a 60 ans.


16 Aaction consulaire

L'émigration nationale, au milieu des années soixante, a fourni une main d'œuvre nécessaire aux pays européens. Premier contingent de travailleurs espagnols qui partit pour la Belgique en 1957.

Les nouveaux défis de l'action La fonction consulaire, telle que nous la concevons de nos jours, puise son origine dans les services rendus aux centaines de milliers d'Espagnols qui durent abandonner l'Espagne pour se diriger, dans une première phase, vers les républiques latinoaméricaines qui venaient d'obtenir leur indépendance puis, dans un second temps, vers divers pays du continent européen. de Javier Herrrera. sous-directeur général à la Protection des Espagnols à l'étranger

Les consulats devinrent des bureaux qui étaient la prolongation, en un seul et même endroit, de tous les organismes administratifs auxquels les citoyens ont d'ordinaire recours : service d'émission des passeports, registre d'État civil, étude de notaire, service d'information, bureau électoral, etc.

Le nombre des ressortissants espagnols à l'étranger s'élève aujourd'hui à près de 1 700 000 personnes, dont plus de 1 200 000 exercent leur droit de vote. D'ici deux ans, ce chiffre augmentera, en conséquence de l'application de la 7e disposition additionnelle de la Loi 52/2007 sur la mémoire historique, qui

reconnaît le droit à la nationalité espagnole à plusieurs centaines de milliers de personnes dont les grands-parents avaient perdu la nationalité au moment de leur exil. Le processus de démocratisation qui a débuté en 1977 a eu des conséquences tangibles sur les rapports des Espagnols avec leur Administration. Du point de vue consulaire, l'événement fondamental à la base de ce changement à été l'adoption de l'arrêté royal 1339 du 30 octobre 1987, portant sur les voies de participation institutionnelle des Espagnols résidant à l'étranger. Cet arrêté royal a donné lieu à la création des Conseils de résidents espa-


Aaction consulaire 17

les chiffres

1 047 583

nombre de visas délivrés en 2007

766 556

281 027

nombre de visas de courte durée délivrés en 2007

nombre de visas de longue durée délivrés en 2007

1 700 000 Espagnols résidant à l'étranger

1 200 000 électeurs résidant à l'étranger

4 170 000

étrangers ayant établi leur résidence légale en Espagne au 30 juin 2008

. photo efe

consulaire gnols (CRE), en établissant qu'un conseil de ressortissants espagnols devra être constitué, après élections, pour toute circonscription consulaire de plus de 700 électeurs inscrits à un registre électoral spécifique (CERA, censo electoral de residentes ausentes), en tant qu'organes consultatifs auprès du bureau consulaire sur toute une série de sujets importants pour les citoyens (droit civil, droit du travail, scolarisation des élèves dans le pays de résidence, participation à la vie politique espagnole, action sociale et culturelle en faveur des Espagnols). Parallèlement, les Conseils de résidents espagnols ont la charge de faire connaître aux bureaux consulaires

l'opinion de la communauté espagnole avec les Espagnols résidant sur le terridans leur circonscription, de proposer toire national. des mesures susceptibles d'améliorer le Par conséquent, le Conseil se défifonctionnement du consulat, d'informer nit comme l'organe chargé de garantir et conseiller le consul sur tous les sujets la mise en œuvre effective du droit de pouvant l'intéresser et de l'aider à diffu- participation des résidents espagnols à ser, auprès de la communauté expatriée, l'étranger sur les thèmes qui les concerles mesures d'intérêt général adoptées nent et de promouvoir la collaboration par les autorités espagnoles, de permet- des administrations publiques en matre l'identification des individus ou des tière de services aux résidents espagnols associations d'Espagnols ayant besoin à l'étranger et aux rapatriés. d'une aide spécifique, etc. Le ministère des Affaires étrangères 42 CRE sont actuellement consti- et de la coopération, qui occupe l'un des tués, répartis sur les cinq continents, et sièges de la vice-présidence du Conseil à vingt ans après leur entrée en vigueur, travers le secrétariat général aux Affaices conseils ont démontré être des ins- res consulaires et migratoires, voit dans truments utiles au bon fonctionnement l'extension et la protection des droits de de nos consulats en les maintenant en nos compatriotes résidant à l'étranger contact permanent avec les résidents, un besoin démocratique et juste car, leurs besoins et leurs souhaits. Les CRE parmi ces résidents, nombreuses sont ont favorisé la réforme progressive des les familles contraintes à émigrer à une modes de prestation du service consu- époque où notre pays ne jouissait pas du laire afin que celui-ci reste toujours au niveau de prospérité qu'il a depuis atservice des citoyens résidant à l'étranger, teint, et rappelons que leur effort et leur ce qui constitue, en définitive, sa vérita- sacrifice a contribué au bien-être et au ble raison d'être. développement de l'Espagne autant que Les CRE, en tant qu'organes consul- des pays qui les ont accueillis. tatifs directs des consuls, sont à leur tour Toutefois, si les services aux natioregroupés en ce qui fut le Conseil général naux demeurent la principale raison de l'émigration et qui a pris aujourd'hui d'être de nos consulats, nombre d'entre la forme du Conseil général des citoyens eux ont également renforcé au cours des espagnols à l'étranger, après la promul- dernières décennies leurs services aux gation de la Loi 40/2006 du 14 citoyens étrangers, confordécembre portant statut des mément à la législation en citoyens espagnols résidant à Les Conseils vigueur. l'étranger et son décret d'appli- de résidents Si par le passé, l'Espagne cation RD 230/2008 en date du espagnols a été un pays d'émigration, favorisent la 15 février. elle est aujourd'hui deveCe statut constitue une ré- réforme des nue une terre d'immigration (4 170 000 d'étrangers ponse à la demande historique modes de presde la part des ressortissants tation du service avaient établi leur résidence légale en Espagne au 30 juin espagnols à l'étranger qui ont consulaire 2008) et c'est dans une optiréclamé durant des années, à que de réglementation de ce travers leurs organes de repré- La politique rephénomène qu'a été adoptée sentation, l'adoption d'un cadre lative au statut la législation relative au stajuridique spécifique régissant des étrangers leurs droits. La Loi 40/2006 représente sans tut des étrangers. La politique en la matièétablit ce cadre, ainsi que les nul doute une re est à l'heure actuelle une instruments de base servant à composante composante fondamentale garantir aux citoyens espagnols fondamentale de la politique étrangère de résidant à l'étranger l'exercice de la politique l'État. Il incombe au minisde leurs droits et devoirs consti- étrangère de tère des Affaires étrangères tutionnels, sur un pied d'égalité l'État


18 Aaction consulaire

et de la coopération de participer aux propositions et à l'application des politiques concernant les migrations et les résidents étrangers. Dans ce cadre, la politique de délivrance des visas, directement liée à la politique économique, au marché du travail et à la politique en matière d'immigration, prend toute son importance. La législation actuelle prévoit deux sortes de visas. D'une part, les visas de courte durée, délivrés pour une durée maximale de trois mois. D'autre part, les visas de longue durée, délivrés pour de plus longues périodes. Les visas de courte durée sont des visas uniformes, c'est-à-dire qu'ils permettent le libre déplacement des personnes dans tout l'espace Schengen (l'ensemble des pays de l'UE, à l'exception de la Bulgarie, la Roumanie, Chypre, l'Irlande et le Royaume-Uni, la Norvège et l'Islande). Ces visas permettent de réaliser des séjours de trois mois par semestre (sans permis de travail) et d'effectuer un transit territorial ou aéroportuaire. La réglementation de ces visas est commune à tous les États de la zone Schengen. Elle est recueillie par les Instructions consulaires communes ainsi que par plusieurs règlements et décisions communautaires, dont le document le plus important est le Règlement (CE) nº 539/2001 fixant

1 250 000

1 150 000

L'immigration est une réalité en Espagne dans les régions qui manquent de main d'œuvre. Marocaine travaillant dans une serre de la région d'Alméria. photo efe

la liste des pays tiers dont les ressortissants sont soumis à l’obligation de visa pour franchir les frontières extérieures des États membres et la liste de ceux dont les ressortissants sont exemptés de cette obligation. Les visas de longue durée sont des visas nationaux, ce qui implique que chaque pays reste autonome quant à leur réglementation. Il existe plusieurs types de visas : les permis de résidence qui permettent un séjour sans autorisation, à condition de n'exercer aucune activité

2008 1 215 548

évolution des Espagnols résidant à l'étranger 2000-2008

2007 1 194 350

Source Registre électoral 2003 1 097 688

1 050 000 2001 1 025 346

950 000 Citoyens

professionnelle, les permis de travail et de résidence qui permettent l'exercice d'une activité professionnelle salariée ou indépendante et les visas d'études qui permettent de suivre des cours, de poursuivre des études universitaires, des travaux de recherche, etc. Les visas de travail sont particulièrement importants puisque, dans la structure du système migratoire actuel, l'admission des nouveaux candidats à l'immigration en Espagne se trouve soumise à la nécessité de couvrir les postes de travail disponibles. Les immigrés souhaitant exercer une activité professionnelle doivent donc obtenir dans leur pays d'origine un visa qui leur permette de travailler en Espagne. La réglementation de ces visas est soumise à la Loi organique 4/2000 du 11 janvier, relative aux droits et libertés des étrangers en Espagne et leur intégration sociale, ainsi qu'à son règlement d'application. Au cours des dernières années, l'Espagne est devenue l'un des pays de l'UE qui délivrent le plus grand nombre de visas. En 2007, 1 047 583 visas ont été délivrés, dont 766 556 visas de courte durée et 281 027 visas de longue durée. Au cours des trois premiers trimestres de 2008, 813 881 visas ont été délivrés (582 041 de courte durée et 231 840 de longue durée).

2004 1 128 958

2005 1 142 333

2006 1 162 391

2002 1 051 284

2000 967 504

Espagnols résidant à l'étranger au 1er avril 2008 Source Registre électoral

Pays

Résidents

%

Argentine France Venezuela Allemagne Suisse

264 952 160 631 123 815 83 407 70 193

21,80 13,21 10,19 6,86 5,77

Pays

Brésil Mexique États-Unis Royaume-Uni Uruguay

Résidents

%

67 018 52 994 48 109 46 514 41 356

5,51 4,36 3,96 3,83 3,40


le ministère des Affaires étrangères et de la coopération en un clic, www.maec.es


20 a action extérieure

Vue de la baie de Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande, depuis Wrights Hill.

CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADE Exactement aux antipodes de l'Espagne, la Nouvelle-Zélande est située à près de deux mille kilomètres au sud-est de l'Australie, et à plus de neuf mille kilomètres à l'ouest de l'Amérique du Sud. Avec une superficie d'environ 270 000 km2, ce pays occupe plusieurs îles de l'océan Pacifique. Les deux îles principales, l'île du Nord et l'île du Sud, sont séparées par le détroit de Cook. Sa population dépasse à peine quatre millions de personnes. La capitale, Wellington, compte un demimillion d'habitants et la ville la plus peuplée, Auckland, environ 1 400 000 habitants. Les langues officielles sont l'anglais et le maori.

Nouvelle-Zélande : les antipodes sont plus proches La Nouvelle-Zélande est une monarchie constitutionnelle, membre du Commonwealth, dont le chef d'État est la Couronne britannique, Elizabeth II est donc également monarque de Nouvelle-Zélande où son représentant est le Gouverneur général. Le pays n'a pas de constitution écrite, seulement des statuts et des pactes. Il est généralement admis que l'acte fondateur de la constitution de la Nouvelle-Zélande est le Traité de Waitangi, de 1840, par lequel les indigènes maoris ont cédé leur souveraineté en échange de garanties concernant leurs droits et la citoyenneté britannique. En 1931, le Parlement britannique a approu-

vé le statut d'indépendance de la Nouvelle-Zélande qui, en 1947, lui conférait une pleine autonomie politique. L'administration publique néozélandaise gère les politiques du gouvernement et comprend les différents départements gouvernementaux ou ministères, les organismes propriété de la Couronne et les entreprises de l'État. Le gouvernement local est, dans une large mesure, indépendant du gouvernement central. La Nouvelle-Zélande compte 16 régions administrées par 12 conseils régionaux et 74 autorités territoriales (16 conseils communaux, 57 conseils de district pour les zones rurales et le


a action extérieure 21

la nouvelle-zélande en chiffres Population : 4 228 300 hab. ( 2007) Gouvernement : Monarchie parl. Langues : anglais et maori Espérance de vie (2006) : 80 ans Inflation (2007) : 2,4% Taux de chômage (2007) : 3,6% Indice de développement humain (2005) : 19e place Source MAEC

conseil du comté des îles Chatham). Les conseils régionaux représentent le pouvoir local le plus élevé, devant les autorités territoriales. La Nouvelle-Zélande possède une économie de libre-échange développée. Bien que l'intervention politique soit rare, l'État maintient une certaine influence par le biais des monopoles de commercialisation de certains produits, comme les produits laitiers et les kiwis. Le système financier est dominé par les banques commerciales et contrôlé par la Banque centrale de Nouvelle-Zélande. La Nouvelle-Zélande est un pays fier de ses racines, où l'influence de la culture maori est très forte. Les Néo-Zélandais valorisent le progrès, mais ils continuent à respecter des concepts tels que le whanau (parentèle) et le mana (puissances surnaturelles), qui font partie de leur vie quotidienne. Les personnes qui visitent la Nouvelle-Zélande soulignent l'attitude aimable et ouverte de ses habitants. Relations avec l'Espagne. L'Espagne entretient des relations diplomatiques avec la Nouvelle-Zélande depuis le 28 mars 1969. La visite des représentants du gouvernement néo-zélandais en Es-

pagne, l'an dernier, illustre l'excellente qualité de ces relations. En avril 2007, le Premier ministre de Nouvelle-Zélande, Helen Clark, a effectué une visite officielle en Espagne et s'est entretenue avec le Président de l'exécutif espagnol, Jose Luis Rodríguez Zapatero. Les deux mandataires ont constaté la proximité de leurs points de vue sur la politique étrangère et la politique sociale. Pour les deux responsables politiques, le terrorisme international, le changement climatique et les inégalités sociales constituent les trois principaux défis actuels. En outre, Helen Clark a félicité José Luis Rodríguez Zapatero pour avoir lancé l'initiative de l'Alliance des civilisations, dont la Nouvelle-Zélande est membre à titre d'ami. À la même époque, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a rencontré son homologue néo-zélandais. Après cette rencontre, Winston Peters a souliLes exportations espagnoles en NouvelleZélande se sont élevées à 126 millions d'euros en 2007.

liens historiques Malgré la distance géographique, les relations entre l'Espagne et la Nouvelle-Zélande ont toujours été excellentes. Le roi Juan Carlos reçoit le salut traditionnel de la part d'un enfant maori, lors d'une visite en NouvelleZélande, en juin 1988.


22 a action extérieure

gné que les deux pays avaient beaucoup en commun, ainsi que « des économies très complémentaires ». Pour sa part, Miguel Ángel Moratinos a assuré que l'ouverture de l'ambassade d'Espagne en Nouvelle-Zélande inaugurait une nouvelle étape dans les relations bilatérales. Il a souligné l'effort de notre pays pour accroître sa présence dans la région Asie-Pacifique. En ce qui concerne le commerce bilatéral, les exportations espagnoles en Nouvelle-Zélande se sont élevées à 126 millions d'euros en 2007, ce qui représente une augmentation de trente pour cent par rapport à l'année précédente. En 2007, l'Espagne et la Nouvelle-Zélande ont signé une convention bilatérale pour éviter la double imposition et prévenir l'évasion fiscale en matière d'impôt sur le revenu. Cet accord a contribué à améliorer le cadre de développement des relations commerciales bilatérales.

UN ESPAGNOL EN NOUVELLEZELANDE Luisma Lavín originaire de Santander, spécialiste de l'animation de personnages, il est arrivé en NouvelleZélande en 2005 pour participer au tournage du film King Kong. Il travaille actuellement sur le tournage de Tintin, sous la direction de Steven Spielberg et de Peter Jackson.

Locaux de l'ambassade d'Espagne à Wellington.

Qu'est-ce qui caractérise les Espagnols qui vivent et travaillent en Nouvelle-Zélande ? Je crois que leurs principales caractéristiques sont la résolution, la motivation et un certain esprit d'aventure. La Nouvelle-Zélande est extrêmement éloignée. En raison de la grande distance qui nous sépare de notre pays, la décision de venir vivre et travailler ici ne se prend pas à la légère. Quelle expérience retirez-vous de votre séjour dans ce pays ? Mon expérience est essentiellement positive et diverse. Dans mon entourage professionnel, pouvoir partager mes réflexions avec des gens de diverses provenances, aux coutumes et aux idées différentes est très enrichissant. Faire partie d'une entreprise telle que Weta Digital, et participer à ses projets, constitue un apprentissage permanent. Au niveau personnel, j'ai constaté un certain changement dans mon rythme de vie et j'en suis très satisfait.

Quel est le niveau d'intégration de nos compatriotes ? En général, il est assez élevé. Les Néo-Zélandais sont accueillants et aiment passer du temps en compagnie des étrangers. Bien qu'ils appartiennent à une nation encore jeune, ce sont des gens très fiers de leurs racines et de leurs coutumes, qui invitent volontiers les visiteurs à les découvrir. Quelle est l'opinion des NéoZélandais sur l'Espagne et les Espagnols ? Hormis quelques éléments ponctuels, jusqu'à très récemment, la présence de l'Espagne en Nouvelle-Zélande était presque nulle. Je pense que cela va changer, surtout grâce au travail réalisé par la nouvelle ambassade à Wellington. Même si les référents culturels, économiques, sont plus proches de leur métropole et d'autres pays d'influence anglo-américaine, il est aussi vrai que les Néo-Zélandais montrent beaucoup d'intérêt pour

tout ce qui se rapporte à l'Espagne, et le nombre de kiwis qui ont visité notre pays est réellement surprenant. Leur admiration pour notre gastronomie, notre culture, notre histoire et notre climat est évidente, comme leur connaissance remarquable du sport espagnol. Madrid et Barcelone sont des villes qui les fascinent et qu'ils incluent toujours dans leurs itinéraires, même si leur destination finale n'est pas l'Espagne. Quels seraient vos conseils à ceux qui souhaitent se rendre en Nouvelle-Zélande ? Qu'ils viennent ! C'est une destination lointaine, mais une fois sur place, les possibilités sont très nombreuses. En Nouvelle-Zélande, la nature joue un rôle fondamental et elle se présente au voyageur sous toutes les formes imaginables. Il est facile de se déplacer entre les îles et d'établir des itinéraires qui permettent de profiter au maximum de son séjour.


a action extérieure 23

L'Espagne en Nouvelle-Zélande : rapprochons-nous des antipodes Marcos Gómez

l'ambassadeur d'espagne en nouvelle-zélande

L'Espagne a accrédité son premier ambassadeur résident en Nouvelle-Zélande en 2006. La décision d'ouvrir notre représentation dans ce pays a été prise dans le cadre du premier plan d'action Asie-Pacifique, dans le but de renforcer la présence et la projection de l'Espagne dans cette région dynamique qui connaît la plus forte croissance économique, en ce début de XXIe siècle. Naturellement, l'histoire des relations bilatérales hispano-néozélandaises précède l'ouverture de l'ambassade. Leur origine est en partie liée à la légende. Peut-être les côtes d'Aotearoa (nom maori de la Nouvelle-Zélande) furent-elles la destination finale de la caravelle San Lesmes, navire perdu de l'expédition de García de Loaisa, qui se sépara de sa flotte en 1526. D'autre part, fait historique avéré, le premier européen à avoir atteint les régions néo-zélandaises fut Álvaro de Mendaña, qui accosta les îles Cook en 1595. La présence de noms espagnols dans la toponymie de l'île du Sud (Malaspina reach, Bauza island, Marcaciones point) rappellent le passage de l'expédition commandée par Alejandro Malaspina en février 1793. La documentation de ce lien humain qui unit l'Espagne à la Nouvelle-Zélande est toute récente : l'existence du groupe des « paniora », les Espagnols, un grand « whanau » ou famille de la tribu « iwi » maori des Ngati Porou, établis sur la côte est du pays et

dont l'ancêtre commun est Manuel José de Frutos, marin arrivé sur ces terres depuis Valverde del Majano (Ségovie) dans les années 1830. Sa descendance prolifique, comptant plusieurs milliers de personnes, célèbre et préserve avec fierté ses racines hispaniques. Les relations entre l'Espagne et la Nouvelle-Zélande ont aujourd'hui une teneur qui illustre leurs nombreux points communs. Les deux pays sont des démocraties stables et solidaires, membres de l'OCDE, ils se sont engagés dans les grands défis de la communauté internationale et sont partisans d'un réel multilatéralisme. Pour ne citer que deux exemples, Espagnols et NéoZélandais participent ensemble au travail du maintien de la paix des Nations unies sur des scènes aussi complexes que l'Afghanistan, et les deux pays sont des membres actifs de l'Alliance des civilisations. Les échanges économiques sont encore modestes. En 2007, le chiffre total des échanges ne dépassait pas 300 millions d'euros. Le faible volume du marché néozélandais et l'immense distance qui sépare ce pays de l'Europe sont des facteurs qui ne favorisent pas le commerce, dont l'évolution est récente, malgré une progression encourageante. Il existe toutefois des opportunités d'investissement dans des secteurs comme les infrastructures ou les énergies renouvelables, qui représentent un marché prometteur pour les entreprises espagnoles.

Le premier européen à avoir foulé le sol néo-zélandais fut l'Espagnol Álvaro de Mendaña Les entreprises espagnoles ont des opportunités d'investissement dans des secteurs comme les infrastructures ou les énergies renouvelables

Dans le domaine culturel, le principal atout de l'Espagne est sa langue. Il existe des départements de langue espagnole dans toutes les universités du pays et la chaire Príncipe de Asturias, à l'Université d'Auckland, est appelée à jouer un grand rôle dans la promotion de notre culture. Plus de 30 000 enfants et jeunes gens étudient l'espagnol dans les écoles primaires et secondaires. La Nouvelle-Zélande est la destination d'un nombre croissant de touristes espagnols, attirés par la beauté du pays et l'amabilité de ses habitants. Environ 10 000 Espagnols se sont rendus dans ces îles en 2007. À l'inverse, il est fréquent que les Néo-Zélandais visitent l'Espagne lors de leurs déplacements en Europe. En 2007, les régates de la Coupe de l'América à Valence ont contribué à augmenter le nombre de visiteurs. En général, les Néo-Zélandais connaissent bien l'Espagne, pays dont l'image est associée à une histoire riche et une culture dynamique, aux succès de nos sportifs et à la qualité des produits qui constituent la base d'une gastronomie espagnole innovante. Notre ambassade à Wellington, la plus éloignée de l'Espagne, également chargée des relations de notre pays avec les îles Fidji, Tonga, Samoa et Cook, bénéficie d'une image positive. Elle représente un instrument utile dans le cadre du rapprochement de l'Espagne avec cette région lointaine de la planète.


24 A urgence consulaire

Rapatriements des Espagnols d'Inde et de Thaïlande. Le 26 novembre, un groupe terroriste se faisant appeler Moudjahidine du Deccan commet une série d'attentats dans sept lieux de Bombay. 195 personnes meurent et plus de 300 sont blessées. Plusieurs hôtels où sont logés plus de 50 Espagnols sont attaqués. Deux Espagnols sont retenus à l'intérieur d'un hôtel. Quelques heures auparavant, des manifestants du parti thaïlandais de l'opposition occupaient l'aéroport de Bangkok dans l'intention de renverser le gouvernement. 400 Espagnols sont pris au piège en Thaïlande.

De gauche à droite. La sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, María Jesús Figa, souhaite la bienvenue aux touristes espagnols rapatriés par les Forces aériennes espagnoles, dans la base militaire d'U-Tapao. Passagers embarquant sur les différents vols que le gouvernement espagnol a mis à leur disposition, et arrivée de l'un des avions à la base aérienne de Torrejón. photos efe

Le service d'urgence consulaire met un point final à une opération sans précédents Les deux faits, le premier immédiat et le second quelques jours plus tard, entraînent deux crises d'une ampleur internationale dans lesquelles sont plongés des citoyens espagnols. Le système national de gestion des situations de crise n'a pas tardé à réagir et a coordonné avec efficacité l'information entre les familles et les personnes concernées, ainsi que les am-

bassades, consulats et différents départements gouvernementaux, pour garantir la sécurité et le retour des Espagnols. Le système, opérationnel 24 heures sur 24, comprend le Département d'infrastructure et de suivi des situations de crise de la présidence du gouvernement, l'Unité d'urgence consulaire du MAEC, et les consulats et ambassades.

27 novembre. En début d'après-midi, un avion à destination de Bombay décolle de la base aérienne de Torrejón de Ardoz (Madrid) pour rapatrier nos ressortissants. En Thaïlande, des rumeurs de coup d'état imminent circulent. 28 novembre. 60 Espagnols sont rapatriés de Bombay dans un Airbus de l'armée espagnole. Ils atterrissent à 14h50 à Torrejón. Entre-temps, les deux entrepreneurs retenus à l'hôtel Oberoi, Álvaro Rengifo et Alejandro de la Joya, sont libérés. Le gouvernement thaïlandais déclare l'état d'urgence dans les aéroports. 29 novembre. Les 17 derniers Espagnols de Bombay qui avaient pu monter à bord de l'avion affrété par la présidence française de l'UE pour des citoyens de plusieurs pays d'Europe sont de retour. Ils arrivent à Madrid dans un avion de la


A urgence consulaire 25

Trois jours en Thaïlande Antonio Pérez-Hernández

chef de Zone. Direction générale de la communication extérieure

Après plusieurs mois de tension politique, semaines de manifestations et jours de blocage des aéroports de Bangkok, l'arrivée des premiers avions espagnols à la base navale d'U-Tapao a activé le dispositif de rapatriement préparé par notre ambassade en Thaïlande. Malgré la difficulté logistique que représente l'évacuation de 500 Espagnols en deux jours, par une base militaire située à 140 km de Bangkok, l'excellent travail de notre

ambassade et la pleine collaboration des autorités militaires thaïlandaises a facilité le retour du premier groupe d'Espagnols. Si plus de 200 touristes rentraient le premier jour, c'est presque 380 Espagnols qui décollèrent en direction de Madrid le deuxième jour, fatigués, surpris par les événements, mais très reconnaissants envers une ambassade qui s'est démenée pour eux, jusqu'à ce que le troisième avion affrété pour l'Espagne ait décollé.

force aérienne espagnole en provenance de Paris. Quelques heures auparavant, Álvaro Rengifo et Alejandro de la Joya atterrissent à Torrejón avec un avion privé affrété spécialement pour leur rapatriement. 30 novembre. Le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, se réunit avec des responsables des Affaires étrangères et de la Défense. Le gouvernement décide d'envoyer trois avions pour rapatrier les Espagnols retenus à Bangkok. Les deux premiers avions partent de la base aérienne de Torrejón de Ardoz en direction de la Thaïlande. La sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères, María Jesús Figa voyage dans l'un des avions. À Bombay, il ne reste qu'un couple d'Espagnols blessés pendant les attentats. Ils sont hospitalisés et seront rapatriés dès que les médecins le permettront. 1 décembre. À 3h30, le premier avion affrété par le gouvernement atterrit sur la base de Torrejón de Ardoz, un Airbus 310-300 des forces aériennes espagnoles, avec 62 touristes espagnols qui étaient bloqués à l'aéroport de Bangkok. À 8h50, le deuxième avion, un Boeing 707 des forces aériennes espagnoles, atterrit avec 150 Espagnols à son bord. 2 décembre. L'ambassade espagnole en Thaïlande coordonne le départ de 372 Espagnols dans un troisième avion de la compagnie aérienne Iberworld. L'avion part à 21h00 (heure espagnole) de la base militaire d'U-Tapao, à 140 kilomètres à l'est de Bangkok. Le gouvernement thaïlandais a décidé d'ouvrir cette base aux lignes aériennes internationales pour atténuer la crise provoquée par la fermeture des deux aéroports internationaux de Bangkok. 3 décembre. A 14h20, le troisième avion atterrit à Barajas avec les 372 rapatriés espagnols et 12 citoyens d'autres nationalités de l'Union européenne. C'est ainsi que s'achève le rapatriement des Espagnols immobilisés dans les aéroports thaïlandais par les manifestations anti-gouvernementales.


26 A action extérieure en bref

Sommet financier du G-20. L'Espagne a participé au rendez-vous de Washington du 15 novembre pour trouver des solutions à la crise financière internationale. La France disposant de deux sièges, à titre de membre du G-8 et à la présidence de l'Union européenne, elle a cédé l'un de ses sièges à notre pays qui a ainsi pu participer à ce sommet.

Photo de famille du sommet tenu par le G-20 à Washington (États-Unis), le 15 novembre 2008. photo efe

Le sommet de Washington s'engage à réformer les marchés financiers Le 15 novembre dernier, lors du Som- essentiellement sur les politiques de met du G-20, à Washington, le pré- production, c'est-à-dire des investissesident du gouvernement, José Luis ments en recherche, développement, Rodríguez Zapatero a plaidé pour la innovation, infrastructures et énergies, mise en œuvre de politiques fiscales dans le but de restaurer la croissance coordonnées pour relancer mondiale. l'économie, et d'une nouvelle La seconde conclusion réglementation des systè- Le président du du sommet est le besoin mes financiers incluant plus gouvernement a de réformer les marchés de contrôle et de transpa- souligné l'imporfinanciers. Leur fonctionrence. Les pays participants tance de la prénement doit être sécurisé ont adopté un plan d'action sence de l'Espagne par la limitation des paracontre la crise et se sont en- à ce sommet et a dis fiscaux, le contrôle des gagés à réformer et renforcer souligné que « nous agences de qualification avons des expérien- et l'établissement de méles marchés financiers. La première intention ces intéressantes à canismes de supervision exprimée dans la Déclara- apporter et une vodes activités bancaires et tion, adoptée à l'unanimité, lonté de travailler de crédit. Les participants est l'engagement pour une en collaboration au sommet de Washington relance économique coor- avec les autres ont également souligné le donnée, qui se concentrera pays » besoin de réformer les

institutions financières internationales, Fonds monétaire international et Banque mondiale, pour des doter d'une plus grande légitimité et leur permettre d'aider les économies en difficulté et de prévenir les situations économiques critiques.���������������������� Les ��������������������� principales puissances économiques de la planète ont également exprimé leur refus d'établir des mesures protectionnistes et ont rappelé l'exigence d'en finir le plus tôt possible avec la libéralisation des marchés, établie lors cycle de Doha pour le développement. Les chefs d'État et de gouvernement du G-20 se réuniront à nouveau le 2 avril prochain à Londres, en présence cette fois du nouveau président des États-Unis, Barack Obama, pour faire le point sur les résultats de ces engagements. L'Espagne, qui assistait pour la première fois à une réunion du G-20, a justifié son droit de participer à ce type de réunions par le fait qu'elle est la huitième puissance économique mondiale. Selon le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, ce qui importe, c'est « la manière dont nous sommes perçus à l'étranger, reconnus et considérés en tant que pays ».


A action extérieure en bref 27

IIe Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement à Paris  La Fondation internationale et pour l'Amérique latine d'administration et de politiques publiques (FIIAPP) a participé à la deuxième Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement qui s'est tenue à Paris, du 24 au 25 novembre. La Fondation était présente en tant qu'organisatrice des trois réunions thématiques préalables sur la migration légale (Rabat, mars 2008), la lutte contre la migration clandestine (Ouagadougou, mai 2008) et la migration et le développement (Dakar, juillet 2008).

L'Espagne accroît son aide au Congo  Huit millions d'euros seront ajoutés aux vingt millions par lesquels l'Espagne vient en aide à la République démocratique du Congo, preuve de la poursuite de son engagement envers la population civile. Depuis 2005, la RDC figure comme pays d'attention particulière pour l'Espagne et bénéficie d'un plan établissant des priorités d'intervention. Les projets espagnols se concentrent sur la prévention de la mortalité maternelle et infantile, le VIH/Sida, la lutte contre la malnutrition et la protection des personnes déplacées.

Visite du président russe en Espagne en 2009  Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Angel Moratinos, s'est entretenu, le 8 décembre à Moscou, avec le président russe, Dmitri Medvedev et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Ces réunions étaient essentiellement consacrées à la préparation de la visite d'État en Espagne de Dmitri Medvedev, prévue pour 2009.

La Fond. Carolina pour la responsabilité sociale en Amérique latine  La Fondation Carolina a financé la Conférence interaméricaine sur la responsabilité sociale de l'entreprise, qui s'est tenue à Cartagena de Indias (Colombie) et a abordé, entre autres thèmes, l'innovation comme solution possible à la pauvreté et les modèles alternatifs d'entreprises.

Séminaire sur la Convention du Conseil de l'Europe contre la traite des êtres humains  Durant ce séminaire, qui s'est tenu en décembre, des experts et des représentants du gouvernement et de la société civile ont débattu sur thème du trafic d'êtres humains, afin de promouvoir la ratification de la Convention et proposer une assistance technique pour sa mise en application. Ce séminaire était organisé dans le cadre de la présidence espagnole du Conseil de l'Europe.

Concours pour choisir le logotype de la présidence espagnole de l'Union européenne.  Le secrétaire d'État à l'Union européenne, Diego López Garrido a présenté le règlement du concours ouvert pour choisir le logotype de la présidence espagnole en 2010. Le nom du gagnant sera communiqué en février prochain.

L'Espagne contribue à l'opération

L'UE déploie en Somalie l'opération antipiraterie Atalanta Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont approuvé le 8 décembre dernier la mission navale « Atalanta » pour dissuader, prévenir et réprimer la piraterie dans les eaux de la Somalie, opération à laquelle neuf pays européens doivent participer. Avec deux navires et un avion, l'Espagne contribue à la première opération navale commune de l'histoire de l'UE. La durée prévue pour cette mission de l'UE est de douze mois. Elle pourra donner lieu à la détention des personnes suspectées de piraterie et à leur transfert vers des pays tiers, excepté ceux qui appliquent la peine de mort ou un traitement dégradant pour les prisonniers. Cette mission est coordonnée à partir du centre de commandement naval de Northwood (Royaume-Uni), mais le commandement tactique incombera alternativement aux navires patrouillant dans la zone. Le commandement sera exercé par la Grèce, puis par l'Espagne et les Pays-Bas. En novembre, les ministres de la Défense ont convenu d'une action commune dont l'objectif essentiel est de contrôler cette zone, de protéger les navires marchands du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, ainsi que le trafic commercial dans le golfe d'Aden. Le mandat permet d'adopter les mesures nécessaires, y compris le recours à la force, pour mettre un terme à la piraterie et aux vols à main armée.�������������������������� ������������������������� Atalanta constitue la réponse à la proposition lancée par l'Espagne et la France en août, après la prise d'otage du thonier espagnol « Playa de Bakio ». Depuis le début de l'année, les pirates, dont les camps de base se trouvent en Afrique, ont attaqué plus de 80 navires marchands, principalement dans les eaux de la Somalie.


28 A action extérieure en bref

XVIIIe Sommet latino-américain du Salvador. Le roi Juan Carlos, le président du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, ont assisté au rendez-vous du Salvador réunissant 22 chefs d'État et de gouvernement de la Communauté latino-américaine.

Convention internationale d'interdiction des bombes à sousmunitions

L'Amérique latine adopte un plan commun pour élaborer des politiques concernant la jeunesse

 L'Espagne a signé à Oslo la Convention engageant plus de cent États membres à ne plus employer, produire, acquérir, conserver ou transférer de bombes à sousmunitions. Elle établit également l'obligation de les détruire dans un délai maximum de huit ans à partir de l'entrée en vigueur de l'accord dans chacun des États.

Les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté latino-américaine des nations, réunis à l'occasion du XVIIIe Sommet latino-américain du Salvador, ont adopté le Plan latino-américain de coopération et d'intégration de la jeunesse. L'Espagne était représentée par le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, le roi et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos. Le nouveau plan est l'un des principaux apports du Sommet du Salvador, qui s'est tenu du 29 au 31 octobre, sur le thème « Jeunesse et développement ». Grâce à ce plan, les différents pays de la région pourront mettre en œuvre des politiques partageant des principes communs

Le ministre des Affaires extérieures et de la coopération, Miguel Angel Moratinos, aux côtés de son homologue salvadorienne, Marisol Argueta, lors de l'inauguration de l'exposition de Joan Miró au Musée d'art de San Salvador. photo efe

comme la participation des jeunes, la non-discrimination, l'interculturalité et l'égalité des genres. Les chefs d'État et de gouvernement ont également adopté une déclaration résumant la position commune de l'Amérique latine sur la conjoncture économique mondiale. La Communauté a exprimé sa « détermination à participer et contribuer activement à un processus de profonde transformation de l'architecture financière internationale, établissant des instruments de prévention et de réponse immédiate aux crises futures et garantissant un contrôle efficace des marchés de capitaux ». Les sujets tels que les migrations, la sécurité alimentaire ou la sécurité routière ont également été abordés. Les bourses d'étude Pablo Néruda, initiative visant à améliorer la mobilité des étudiants latino-américains dans les différents pays de la région, ont été officiellement inaugurées à l'occasion de ce sommet. Deux programmes ont également été adoptés pour promouvoir la coopération : Ibermuseos (coopération entre les musées) et Iberorquestas (orchestres de jeunes). Chaque année, les sommets donnent lieu à des activités culturelles et artistiques parallèles. San Salvador a, entre autres, accueilli une exposition d'Antiportraits de Miró et le Campus Party a réuni plus de 700 jeunes autour d'activités liées aux nouvelles technologies. La Fondation ALAS d'aide aux enfants, soutenue par les chanteurs Shakira, Juanes et Alejandro Sanz, a été présentée.

Seconde édition des prix « Fundación Consejo España-China »  Zhang Chunjiang, en qualité de président de China Netcom, et César Alierta, président de Telefónica, ont été décorés par la Fondation Consejo España-China, qui récompense chaque année l'œuvre de deux citoyens, chinois et espagnol, pour la promotion des relations bilatérales.

Rencontre du ministre avec le Cercle de parents-Forum des familles israéliennes et palestiniennes (CPFF)  Le 26 novembre dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a tenu une réunion avec le CPFF, organisation à but non-lucratif qui prône la réconciliation entre les deux parties engagées dans ce conflit, par le biais de l'éducation. Ses représentants ont déclaré que l'association tient à poursuivre sa collaboration avec l'ambassade d'Espagne à Tel Aviv et l'ont remerciée pour le soutien apporté.

L'Observatoire d'Asie centrale (OAC) dispose d'un site Internet  L'observatoire Asie centrale, constitué de la Casa Asia, de l'Institut royal Elcano et de la Fondation CIDOB, a ouvert le site http://www.asiacentral. es, et un bulletin d'information en ligne. Des articles de correspondants dans six pays d'Asie centrale.


A action extérieure en bref 29

Un Espagnol présidera le Comité de protection sociale de l'UE  Aurelio Fernández sera le président du Comité de protection sociale de l'Union européenne en 2009 et 2010. Ce Comité est un organe à caractère consultatif qui coordonne les différentes actions des pays de l'UE et de la Commission en matière de protection sociale, principalement dans les domaines des pensions, de l'intégration sociale et des soins de longue durée.

Les casques bleus espagnols décorés au Liban  Les casques bleus espagnols déployés dans le sud du Liban ont été décorés de la médaille de l'ONU, à la base militaire Miguel de Cervantès de Blat, dans le sud du pays. Le chef de la FINUL, le général Claudio Graciano et le général espagnol Juan Carlos Medina ont assisté à la cérémonie.

Voyage du secrétaire d'État aux Affaires étrangères en Iraq  Le secrétaire d'État Angel Lossada s'est rendu en Iraq pour rencontrer les autorités. Cette visite intervient au début d'une nouvelle étape pour le pays, dont le gouvernement doit désormais assumer ses entières responsabilités. Ces dernières années, l'Espagne a développé d'excellents contacts bilatéraux par le maintien de sa présence diplomatique à Bagdad.

Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Ángel Lossada, lors de la récente livraison d'un avion et d'un hélicoptère au gouvernement du Sénégal pour la surveillance, la recherche et le sauvetage en mer. photo efe

Contribution artistique de l'Espagne aux Nations unies. Le roi et la reine ont inauguré aux côtés du président du gouvernement et du secrétaire général des Nations unies, la coupole de la salle des droits de l'homme et de l'Alliance des civilisations, à Genève

Inauguration de l'œuvre de Barceló au siège des Nations unies de Genève Le roi Juan Carlos et la reine Sophie, le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero et le ministre des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos, on présidé le 18 novembre, aux côtés de Ban Ki Moon, Secrétaire général de l'ONU, la cérémonie d'inauguration de la Salle XX du palais des Nations à Genève, qui s'appellera désormais « Salle des droits de l'homme et de l'Alliance des civilisations ». Il s'agit de la plus importante commande artistique de l'histoire des Nations unies. Tayyip Erdogan, premier ministre turc et promoteur, avec l'Espagne, de l'Alliance des civilisations, et le président suisse, Pascal Couchepin ont également assisté à la cérémonie, à laquelle étaient invitées plus de 700 personnes. L'artiste de Majorque, Miquel Barceló, a créé une œuvre couvrant les 1 400 mètres carrés de la coupole ellipsoïdale de la salle. Plus de 35 tonnes de peinture dont les composants et les pigments ont été apportés de l'ensemble de la planète, ont été nécessaires. L'ouvrage « El mar de Barceló », en vente depuis le 12 décembre dernier, expose le procédé de réalisation de l'œuvre et inclut les aquarelles peintes par l'artiste au cours de l'année passée à Genève, ainsi que 150 photographies du travail réalisé. La réhabilitation de la Salle XX illustre la renaissance de la brillante tradition de collaboration entre l'Espagne et les forums multilatéraux. La première collaboration date de

Vue panoramique de la salle réhabilitée par l'État espagnol et œuvre de l'artiste Miquel Barceló. photo efe

1936, avec les fresques de l'artiste espagnol José María Sert, dans la Salle du Conseil de la Société des Nations. L'œuvre de Barceló est la conclusion d'un projet soutenu par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération, géré par la Fondation ONUART, faisant suite à la visite du roi et de la reine d'Espagne à Genève, en mars 2005. Lors de ce voyage, l'ONU avait demandé à l'Espagne une contribution artistique pour la rénovation du Palais des Nations.


30 A action extérieure en bref

Depuis le 27 novembre. L'Espagne prend le relais de la Suède à la présidence du Conseil de l'Europe, responsabilité qu'elle exercera jusqu'en mai prochain. La présidence espagnole coïncide avec le 60ème anniversaire de cette organisation et le cinquantenaire de son institution la plus emblématique, la Cour européenne des droits de l'homme.

CONSEJO DE EUROPA Presidencia española Les priorités 1Promotion des droits de l'homme, de l'État de droit COUNCIL OF EUROPE et de la démocratie. L'EspaSpanish Chairmanship gne envisage d'augmenter CONSEIL DEl'efficacité L'EUROPE Presidence espagnole de la Cour européenne des droits de l'homme. Elle souhaite aussi que l'actuel moratoire européen sur la peine de mort aboutisse à son abolition définitive.

2Coopération internationale contre le terrorisme.

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Angel Moratinos, aux côtés du secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis, et du président sortant, le ministre des Affaires étrangères de Suède, Carl Bildt, lors de la réunion du Comité des Ministres à Strasbourg, le 27 novembre. photo javier hernández

L'Espagne assume la présidence du Conseil de l'Europe à Strasbourg Les décisions du Conseil de l'Europe concernent plus de 800 millions de personnes dans 47 pays. Il est à l'origine de plus de 200 traités européens dans des domaines aussi divers que la coopération culturelle, la lutte contre le crime organisé ou la protection des données. Sa tâche première est toutefois de défendre les droits de l'homme, l'État de droit et la démocratie sur le vieux continent. À ce sujet, sa plus grande victoire a été la Convention européenne des droits de l'homme, base légale la plus importante pour la défense des droits fondamentaux sur notre continent. La Cour européenne des droits de l'homme a été créée en 1959 pour protéger les droits recueillis dans la Convention, tels que le droit à la vie, l'interdiction de la torture et l'esclavage, le droit à la liberté et la sécurité ou le doit à un procès équitable. Tout citoyen peut déposer une plainte s'il considère qu'un

État membre a violé l'un de ses droits fondamentaux et s'il n'a pas obtenu satisfaction auprès de la justice de son pays. Le Conseil de l'Europe exerce un rôle de gardien des droits de l'homme en Europe, conseille les gouvernements en matière de droit, de santé, de moyens de communication, d'éducation, de culture et de sport. Il encourage la coopération entre les États pour combattre le terrorisme, le crime organisé et le trafic d'êtres humains ainsi que la coopération avec des organisations comme l'UE, l'OSCE ou les Nations unies. Ses organes principaux sont : Le Comité des Ministres, que préside aujourd'hui le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Angel Moratinos, qui réunit les représentants des États membres, et l'Assemblée parlementaire, où se réunissent les représentants des parlements nationaux et dont Lluis María de Puig est la responsable du Secrétariat général.

L'Espagne a une vaste expérience dans la lutte anti-terroriste et elle est consciente de l'importance de la coopération internationale.

3Promotion du dialogue

interculturel. Notre pays est l'un des plus grands protecteurs du dialogue entre les cultures. Il a participé à l'élaboration du Livre blanc sur le dialogue interculturel du COE. 4Égalité de genre. Aide à l'application des mesures et recommandations émises par le Conseil de l'Europe au cours des dernières années. Il soutiendra également l'élaboration d'un Traité contre la violence envers les femmes.

5Migrations et leurs ré-

percussions dans les pays membres. Les migrations sont un

phénomène international, et la concertation entre les pays de la région est nécessaire pour les gérer.

6Renforcement des rela-

tions du Conseil de l'Europe avec d'autres organisations internationales.Au

cours des dernières années, l'échange d'information et la coopération avec d'autres organisations comme l'UE, l'OSCE ou l'ONU se sont accrus. L'Espagne veut poursuivre les efforts dans cette direction.

7renforcer la contribution de l'Assemblée parlementaire


A action extérieure en bref 31 Budgets MAEC 2009. Dans le cadre d'une politique d'austérité, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération a présenté les comptes pour l'exercice prochain.

Budgets austères et solidaires pour l'année 2009 Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération sera doté d'un budget de 3,618 milliards d'euros pour l'année 2009. Ces chiffres, approuvés par le gouvernement, représentent une hausse de 5,96 pour cent sur la dotation de l'année précédente et répondent à une politique fondée sur la défense de la paix et la sécurité, la protection des droits de l'homme, la promotion des valeurs démocratiques et le soutien au développement de la justice internationale. Le budget du MAEC pour 2009 est austère, solidaire et rigoureux et assume, entre autres dépenses, celles de la présidence espagnole du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe et de la présidence de l'Union européenne. Le budget prend aussi en charge l'apport au Système européen d'information sur les visas, l'application de la Loi

sur la « Mémoire historique » et l'élargissement du réseau de communications par satellite. Le budget recueille les principales priorités de l'Action extérieure de l'État comme le soutien à la réforme du Système des Nations unies, la consolidation de la politique européenne et méditerranéenne ou le renforcement stratégique dans le domaine latino-américain. Les actions dérivées des nouveaux plans pour l'Afrique et l'Asie-Pacifique, qui entreront prochainement en vigueur, figurent aussi parmi les priorités du budget. Le budget de la coopération internationale du MAEC pour 2009 a augmenté de 6,9 pour cent. Il consacrera 2 898 milliards d'euros à la lutte contre la pauvreté, et améliorera la qualité et l'efficacité de l'aide officielle au développement en appliquant les directives du nouveau plan 2009-2012.

chiffres

5,96 %

d'augmentation du budget, qui passe de 3 414 milliards d'euros en 2008 à 3 618 prévus pour l'année 2009

226,08 % de hausse sur la période 2005-2009. En 2005, le budget s'élevait à 1 109 milliard d'euros

16,36 %

d'augmentation pour l'action extérieure, passant de 702,96 millions d'euros en 2008 à 719, 32 millions en 2009.

187,17 % d'augmentation

pour la coopération internationale, qui atteindra un montant de 2 899 milliards d'euros l'an prochain.

626,21

millions d'euros destinés à l'action diplomatique et consulaire pour l'année 2009, contre 613,41 pour l'année 2008.

453,09 %

d'augmentation pour l'Aide officielle au développement-MAEC, passant de 489 millions d'euros en 2005 à 2 757 milliards prévus l'an prochain.

Xe Conférence ministérielle du Processus de Barcelone-Union pour la Méditerranée. Le secrétaire général de la nouvelle organisation sera élu parmi les candidats présentés par les pays de la rive sud de la Méditerranée.

Barcelone accueille le siège de l'Union pour la Méditerranée Barcelone a été choisie pour siège du Secrétariat permanent de l'Union pour la Méditerranée, lors de la Xe Conférence ministérielle du Processus de Barcelone-Union pour la Méditerranée, qui s'est tenue en novembre à Marseille. Ville de référence dans le projet euroméditerranéen et symbole de continuité des relations entre les deux rives, Barcelone a été le cadre de rendez-vous importants par le passé : la conférence d'inauguration du Processus de Bar-

celone en 1995 et le premier Sommet euroméditerranéen de 2005. Avec l'établissement du Secrétariat permanent de l'organisation, qui regroupe l'Union européenne et les pays de la rive sud de la Méditerranée, débute une nouvelle étape dans le processus de construction d'un espace méditerranéen partagé. Barcelone est une ville ouverte et cosmopolite, à vocation méditerranéenne et une identité européenne indiscutable. Elle partage avec les peu-

ples du bassin méditerranéen une longue histoire d'influences, de dialogue et de coopération. Dotée d'une situation géographique exceptionnelle, fière de ses traditions, innovatrice et active, elle constitue un symbole du dialogue et de la coopération en Méditerranée. Le futur siège du Secrétariat de l'Union pour la Méditerranée est un bâtiment historique situé sur l'avenue Diagonal, l'une des principales artères de Barcelone et axe financier et commercial de la ville. Entourés d'un parc de plus sept hectares, le bâtiment principal dispose de plusieurs salles pour organiser les cérémonies officielles pouvant accueillir 300 personnes environ.


32 A l'analyse

La langue espagnole dans le monde. Madrid a récemment accueilli l'Assemblée générale de la Société latino-américaine de la presse, au cours de laquelle la relation entre la langue espagnole et le journalisme a été analysée. Notre langue, deuxième langue la plus étudiée au monde, est un excellent atout pour la présence internationale de l'Espagne.

Alex Grijelmo « Nous travaillons pour faire connaître les réalités espagnole et latino-américaine » président de l'agence efe

— À treize ans vous avez décidé d'être journaliste, à 16 ans, vous avez publié votre premier article. Cette précocité est étonnante. — Oui, j'ai décidé très jeune d'être journaliste, quand j'étais au collège. Mais je rêvais aussi d'être joueur de football. Si je n'y suis pas parvenu, c'est que le club de Burgos n'avait pas assez de chasseurs de talents et que personne n'a remarqué mes qualités de gardien de but. Terrible échec pour moi. — Vous tiriez déjà profit du journalisme lorsque vous étiez lycéen, vous touchiez vingt pesetas par semaine en écrivant un magazine pour vos camarades. — Avant de collaborer à « La Voz de Castilla », je faisais déjà un journal, au

collège, avec deux amis. Nous écrivions à la machine sur des feuilles, nous collions des photos découpées dans les revues, nous agrafions le résultat... Moi, je rédigeais, entre autres, la chronique de la partie de football du club de Burgos. Nous interrogions des collégiens, des personnalités de Burgos et des joueurs de football locaux. Le journal était ensuite loué une peseta (nous ne pouvions en éditer qu'un exemplaire), et nous gagnions pas mal d'argent pour l'époque et pour cet âge. — Vous avez un très beau parcours professionnel. La différence est-elle importante entres vos rêves de jeunesse et la réalité quotidienne d'un journaliste professionnel ? — Je rêvais d'écrire, de ressembler à

Chema Martínez, à Julio César Iglesias ou à Simón Rufo, Rienzi. Bref, à ceux qui brillaient à l'époque dans le journal « As », que lisait mon oncle José Luis. Ensuite, les responsabilités m'ont éloigné du journalisme rédactionnel, mais je compense en écrivant des livres. — Que changeriez-vous au métier de journaliste ? Quelles sont ses principaux défauts ou carences ? — Il faudrait une conférence pour répondre. En résumé, je supprimerais la simplification et le côté facile, ce journalisme que nous voyons tellement aujourd'hui et surtout, le journalisme à source unique : celui du journaliste qui ne vérifie rien et reste sur la première version qu'il découvre ou lui parvient, qui confond généralement le vraisem-


A l'analyse 33

le profil Né à Burgos il y a 52 ans, il a publié son premier article à 16 ans, dans La Voz de Castilla, journal où il travaille pendant ses études de journalisme. En 1977, il entre à l'agence Europa Press et six ans plus tard il est engagé par le quotidien El País, où il occupe différents postes à responsabilité, avant d'occuper la direction générale de Contenidos de Prisa Internacional, en 2002. Deux ans plus tard, il est élu président de l'agence Efe. Il a été professeur à l'Ecole de journalisme de l'université autonome de Madrid « El País » et il dirige la Fundación Nuevo Periodismo Iberoamericano (Fondation nouveau journalisme latino-américain). En 1999, il a obtenu le Prix national du Journalisme Miguel Delibes et en 2006, la Antena de Oro (Antenne d'or) pour sa collaboration avec Radio Nacional. Parallèlement à son activité journalistique, Grijelmo est l'auteur des essais « Defensa apasionada del idioma español », « La seducción de las palabras » (La séduction des mots) ou « La gramática descomplicada » (La grammaire décompliquée).

blable et le véridique. — En marge de votre travail de journaliste, vous êtes connu pour votre défense passionnée de la langue. Vous prêchez dans le désert ? — Je crois sincèrement que je ne prêche pas dans le désert, car mes livres sont réédités. « Defensa apasionada del idioma español » (Défense passionnée de la langue espagnole) fête ses dix ans et une réimpression sort ces jours-ci. J'ai l'impression que mes livres mettent du temps à se faire entendre, mais je vois qu'il y a finalement quelqu'un en face. Parfois même, j'entends des exemples et des explications qui se trouvaient depuis longtemps dans ces livres.

— Imaginez que vous soyez élu ministre de l'Education, quelle serait votre première mesure dans le domaine de l'enseignement de la langue ? — Réintroduire le latin à l'école. Le latin est un extraordinaire exercice intellectuel. Il n'est pas très utile dans la vie réelle, je sais, mais les exercices des joueurs de football, lors des entraînements, ne leur servent pas non plus dans la vie réelle. Cependant, grâce à eux, ils sont meilleurs pendant les parties. Le latin aide à mieux penser et à s'exprimer avec plus de précision. Il aide à convaincre plus aisément. — Et si vous étiez élu membre de l'académie de la langue ? — À cette question, je réponds habituellement que j'ai déjà le siège « Efe », et que je m'en contente. L'Académie réalise un bon travail. Je ne ferais rien de plus. Oui, je proposerais quelques ajouts au dictionnaire et quelques suppressions, essentiellement des anglicismes inutiles et peu utilisés. — En tant que président d'EFE, quelles mesures avez-vous adoptées pour la défense de la langue ? — La mesure principale est la création de la « Fundación del Español Urgente » (Fondation de l'espagnol urgent) (Fundéu), organisme à but non-lucratif qui conseille les médias pour un meilleur usage de la langue espagnole. — Vous avez déclaré que vous espérez renforcer l'influence d'EFE en Amérique latine. Comment pensez-vous y parvenir ? — Pour l'instant, nous avons envoyé des délégués dans des pays comme la République dominicaine, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay. Et nous avons augmenté le nombre de nos clients dans ces pays. Nous avons fait le grand saut en 2006. À la suite d'une réorganisation commerciale, nos recettes en Amérique se sont accrues de 19 %. En 2003, nous avions 666 clients sur ce continent, il sont plus de 900 aujourd'hui. — Le service d'EFE en arabe fonctionne depuis un peu plus de deux ans. Quel est le bilan ? — Nous venons de sortir de l'étape de

démarrage, nous entreprenons sa consolidation. Nous avons une vingtaine de clients dans un marché sur lequel il n'est pas facile de pénétrer. Deux ans, c'est trop court pour permettre à une agence de devenir une référence, mais nous avons déjà dépassé les prévisions. — Quel est le principal intérêt de la projection internationale d'EFE : l'intérêt économique ou l'intérêt politique ? — Ils sont liés. Si vous élaborez un bon produit d'information, vous le vendez à de nombreux clients. Si vous le vendez à de nombreux clients, vous avez de l'influence sur les sociétés. Et si vous avez beaucoup de clients, vos équilibrez vos comptes. Il ne s'agit pas de poursuivre un intérêt politique mais de contribuer à la connaissance mutuelle entre les pays, et nous avons besoin de faire connaître les réalités espagnole et latino-américaine. — Sujet toujours brûlant : l'indépendance des médias. EFE est-elle une agence indépendante ou subit-elle l'ingérence des pouvoirs publics ? — Efe est actuellement une entreprise indépendante, avec un statut de rédaction élaboré par ses journalistes, qui garantit le respect de principes éthiques et la non-ingérence des pouvoirs publics ou économiques. Il n'y a pas longtemps, j'ai déclaré publiquement que M. Rodríguez Zapatero avait tenu sa promesse. J'ai attendu cinq ans pour en être sûr et pouvoir le dire. L'indépendance se préserve chaque jour, et cela consiste souvent à dire non. — Pour terminer, que ferez-vous, Alex Grijelmo quand vous abandonnerez la présidence d'EFE ? —Prendre un verre avec Lola Álvarez, la directrice générale, qui m'a accompagné dans toute cette aventure passionnante, et nous rappeler les mauvais et les bons moments, regretter l'équipe de direction formée ici, très soudée, me souvenir de toutes les personnes extraordinaires avec lesquelles j'ai travaillé à Efe, aider celui qui me succèdera, s'il le souhaite... Et chercher un nouvel emploi. Mais, comme le dit Abraracourcix, ce n'est pas demain la veille.


34 c coopération

Projets de l'AECID en stratégie environnementale. Ces dernières décennies, les effets d'une rapide évolution démographique, l'amélioration des conditions de vie de la population, l'urbanisation et l'introduction de l'irrigation à grande échelle, ont provoqué une forte pression sur les faibles ressources hydriques du Maroc, mettant en relief la disparité entre les régions et l'absence presque générale de systèmes d'épuration.

Canaux d'irrigation du bassin de l'Oued Laou, au Maroc. photoS pepa acedo

Gestion efficace de l'eau au Maroc : une nécessité pour un développement durable Le Maroc est l'un des pays d'Afrique du Nord les plus riches en biodiversité, c'est aussi l'un des pays les plus touchés par la dégradation de l'environnement et l'excès d'exploitation des ressources naturelles. Sept agences de bassins assument au Maroc, de façon décentralisée, la gestion intégrale de l'eau. Dans le cadre de sa stratégie environnementale, l'Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID) met en œuvre des projets de formation et de renforcement institutionnel auprès des

agences des fleuves Loukkos, Moulouya, Oued Laou, et de l'Office national de l'eau potable (ONEP). Ces projets concernent actuellement quatre communes de la région

Président de la Coopérative APIA

de Tétouan et Chefchaouen, dans le bassin de l'Oued Laou. Elles ont pour objectif l'amélioration des conditions de vie de la population par des actions telles que l'ouverture de pistes, la réhabilitation des canaux d'irrigation pour réduire les pertes d'eau, la protection du bassin, la diversification des cultures dans le but de mettre un frein à la déforestation et l'approvisionnement en eau potable. Auprès de l'agence du bassin du Loukkos, la ligne de travail de l'AECID se concentre sur la lutte contre les inondations et la pollution des eaux. Un programme d'alerte précoce a été mis en place afin de surveiller le cours du fleuve Martil, principale cause des inondations de Tétouan, à l'aide de radars et de systèmes informatiques qui permettent d'établir des prévisions et de minimiser risques et dommages. La pollution des eaux est causée à 15% par les déchets générés lors du pressage des olives (margine), un projet pilote a donc été mis en place. Environ 1 300 agriculteurs et leurs familles en bénéficieront, à travers la Coopérative APIA. Ce projet, relatif au traitement des eaux, met également l'accent sur le tissu productif, le coopératisme et la sensibilisation à l'environnement. Le processus de production a été amélioré afin de procéder au recyclage et à l'utilisation des résidus. La production d'huile a augmenté de 30%. La margine générée par un volume d'olives pouvant atteindre 6 000 tonnes par récolte n'est plus déversée dans le Loukkos. Elle est séchée dans une citerne pour être utilisée comme combustible. Un accord collectif avec l'Institut du fourrage et du bétail est actuellement en projet dans le but de poursuivre la recherche dans le domaine de l'utilisation des résidus. ◆ Virginia Castrejana


c coopération 35 25 novembre

Journée internationale contre la violence de genre

La reine aux côtés de la secrétaire d'État chargée des relations avec l'Amérique latine, Trinidad Jiménez, lors de l'inauguration.

Nouveau siège de l'AECID au Pérou  La reine Sofía a inauguré le nouveau siège du Bureau technique de coopération AECID au Pérou. Après avoir inauguré la plaque commémorative, la reine a parcouru les installations en compagnie de la première dame du Pérou, Pilar Norez de García. Le nouveau siège, contigu à l'ambassade d'Espagne à Lima, est situé dans un bâtiment à « l'architecture républicaine ».

Prix décerné au projet de réhabilitation du marché de Gracias, au Honduras  Le prix Santiago de Compostela de la coopération urbaine a été décerné au projet de « réhabilitation du marché municipal », présenté par la mairie de Gracias (Honduras). Cette récompense fait partie d'un accord entre Santiago et l'AECID concernant des initiatives de soutien à la gestion et à la planification des villes latino-américaines. Les 180 000 euros de la récompense seront consacrés à la réhabilitation de l'ancien marché et à la construction d'un bâtiment annexe.

Yasser Bagerh, Bekele Mekonen et Sinafikish Zeleke sont 3 des 30 artistes éthiopiens auteurs d'une fresque de plus de 100 mètres, exposée sur la Place Meskel d'Addis-Abeba. Dans le cadre de la Journée internationale contre la violence de genre, l'AECID et l'Université Complutense de Madrid ont rapporté cette œuvre d'art africaine en Espagne, s'unissant ainsi à la campagne des Nations unies dont l'objectif est que tous les citoyens prennent conscience de la violence que subissent des millions de femmes dans le monde. Des étudiants de la Faculté des Beaux-Arts ont installé cette fresque à l'université et ils ont eux aussi réalisé une création exprimant le respect des droits et de la dignité des femmes.

Visite en Espagne de plusieurs maires mauritaniens  Quinze maires et conseillers municipaux de la wilaya du Brakna, l'une des plus pauvres de Mauritanie, se sont rendus en Espagne avec le soutien de l'AECID pour découvrir la gestion municipale de notre pays. Lors de cette visite, ils ont rencontré des responsables du ministère des Administrations publiques, de la Fédération espagnole des municipalités et des provinces, de l'Agence andalouse de coopération internationale et de plusieurs institutions andalouses.

10e Anniversaire de l' École-atelier de l'AECID à La Antigua  La Antigua, ville inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, possède depuis dix ans son école-atelier, projet conjoint de la municipalité et de l'AECID. Durant ces dix années, l'école a réalisé de nombreux projets : restauration du bâtiment de la Compagnie de Jesus, du collège Santo Tomás de Aquino, de la salle municipale César Brañas, du complexe municipal La Merced, et de l'école du Christ.

Fresque à Addis-Abeba (Éthiopie).

2-4 décembre, à La Havane

Rencontres internationales sur les quartiers historiques « Le logement dans les quartiers historiques : défi technologique et social » était le thème des VIIe Rencontres internationales sur la gestion des quartiers historiques, qui s'est tenue du 2 au 4 décembre 2008 à La Havane, organisée par le Bureau de l’historien de la ville avec le soutien de l'AECID et la participation, entre autres experts, des Espagnols Ignacio Fernández et Jordi Borja.


36 c coopération

Entretien. Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires humanitaires a rencontré les responsables de l'Action humanitaire de l'AECID pour aborder le thème des nouvelles contributions espagnoles dans le domaine humanitaire. Lors de sa visite, John Holmes a fait le point sur le processus de réforme du bureau qu'il dirige.

John Holmes « La crise financière mondiale ne doit pas avoir d'effets sur le flux de l'aide humanitaire »

photo pepa acedo

secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

« Nous sommes préoccupés par les effets que la crise financière mondiale pourraient avoir sur les budgets destinés à l'aide humanitaire ». Lors de sa visite en Espagne, John Holmes, Secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires humanitaires, a insisté sur le fait qu'il était nécessaire que les pays donateurs maintiennent leurs budgets

destinés au développement international, malgré la crise financière qui inquiète actuellement la communauté internationale. La visite de John Holmes, qui s'est entretenu avec les responsables de l’Agence espagnole pour la coopération Internationale au développement (AECID), pour négocier de nouvelles

contributions espagnoles dans le domaine humanitaire, a également participé aux Dialogues AECID. Le débat s'est concentré sur la réforme internationale du système d'aide humanitaire et le rôle des Nations unies. D'autre part, John Holmes a expliqué à la presse espagnole les fonctions du bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) qu'il dirige. Il a fait part de son inquiétude concernant la recrudescence des catastrophes naturelles et le manque systèmes de prévention, la sécurité des travailleurs de l'humanitaire, la crise alimentaire mondiale et la nécessité des soins aux populations victimes de conflits prolongés dans les pays comme le Darfour, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Tchad, les territoires palestiniens ou l'Afghanistan. John Holmes a fait le point sur le processus de réforme de son bureau, qui comprend la création du Fonds central d'intervention d'urgence (CERF), « nouveau fonds commun pour une réponse rapide aux catastrophes » qui avait dépassé le milliard de dollars le 14 octobre dernier, destiné aux besoins humanitaires dans le monde entier. Actuellement, l'Espagne est le 5e donateur du CERF à travers l'AECID, à hauteur de 43 634 984 dollars, soit environ 34 530 000 euros. ◆ Laura Losada


c coopération 37

L'Espagne accueille une réunion sur la sécurité alimentaire  Les 26 et 27 janvier 2009, l'Espagne sera le siège d'une réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire, prélude à un prochain rendez-vous, lors du premier semestre de l'année 2010, qui coïncide avec la présidence espagnole de l'Union européenne. L'objectif de ces deux rendez-vous est de préparer et soutenir les objectifs pour le développement du Millénaire (ODM) concernant la lutte contre la faim et l'extrême pauvreté .

1re Biennale latino-américaine de design  Du 24 novembre au 4 décembre, Madrid a accueilli la première Biennale latino-américaine de design, exposition multidisciplinaire collective de créateurs latino-américains, bénéficiant du financement de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement, qui devrait devenir l'un des rendez-vous les plus importants pour la promotion du design latino-américain contemporain. Pour sa première édition, la Bid a exposé les projets les plus représentatifs, remarquables et innovateurs du design Affiche de l'événement. d'Amérique latine. Parmi les participants, des personnalités reconnues et des jeunes talents des différents secteurs du design ont apporté des idées nouvelles à un univers en permanente évolution.

Financé par l'AECID

Le documentaire « Ya no más » récompensé lors du Festival Ícaro Le documentaire « Ya no más » (plus jamais) a obtenu un prix lors du XIe festival latino-américain de cinéma et de télévision régionale Ícaro. « Ya no más » illustre la violence contre les femmes au Nicaragua. Produit par Félix Zurita de Higes et financé, entre autres institutions, par l'AECID et l'Agence catalane de coopération au développement, il a également remporté cette année un prix, lors du Festival de cinéma de Pampelune et a été diffusé dans des universités de droit en Argentine, au Venezuela, en Equateur, au Chili, au Costa Rica et au Panama, pour aborder le sujet de la violence contre les femmes.

Des infirmiers du Niger reçoivent à Madrid une formation sur le VIH  Une délégation d'infirmiers et d'infirmières nigériens a suivi à Madrid un cours de formation sur la prévention et les soins aux malades atteints de VIH/SIDA, dans le cadre du projet de soutien à la formation du personnel sanitaire financé par l'AECID, en collaboration avec la Fondation Carlos III et le Département de santé de la communauté de Madrid.

Des aliments frais pour les réfugiés sahraouis de Tindouf  Le Bureau d'action humanitaire de l'AECID a distribué ces dernières semaines 500 532 Kg d'aliments frais (pommes de terre, oignons, carottes et mandarines) dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf (Algérie). L'objectif de cette distribution est de diversifier l'aide alimentaire attribuée à la population et de contribuer à l'amélioration de sa situation nutritionnelle. En remplissant la fonction de chefs de daïras (quartiers) dans les camps, les femmes ont joué un rôle essentiel dans la distribution des aliments.

Les femmes dans l'administration de la justice en Espagne et au Maroc  Les 27 et 28 novembre, des magistrates espagnoles et marocaines ont participé aux journées sur « Les femmes dans l'administration de la justice en Espagne et au Maroc », organisées par l'AECID en collaboration avec le Centre d'études juridiques et le ministère de l'Égalité, afin de contribuer à la modernisation de l'administration de la justice marocaine.

Inauguration du Bureau technique de coopération au Timor oriental  Le 24 novembre, le Bureau technique de coopération a été officiellement inauguré à Dili, capitale du Timor oriental. Le président de la République, José Ramos Horta et le Commissaire européen au développement, Louis Michel, ont assisté à la cérémonie de présentation. Le Timor oriental fait l'objet d'une attention particulière de la part de la coopération espagnole.

Première édition

Concours littéraire « Contando el Sur » Se rapprocher de l'hémisphère sud, améliorer sa connaissance et tenter de réduire les différences avec le Nord, sont quelques-uns des objectifs du livre « Maleta vacía y otros relatos de cooperación » (valise vide et autres récits de coopération). Cet ouvrage comprend 16 récits sélectionnés lors du premier concours littéraire « Contando el Sur » (raconter le Sud). Le premier prix a été décerné au récit « Maleta vacía », de Javier Esteban Jiménez. « La Yellamma » et « Un día de verano, un triángulo » (Un jour d'été, un triangle) ont reçu le deuxième prix. La plupart des récits présentés lors de ce premier concours, qui a connu un franc succès et auquel ont participé plus de 150 personnes, sont l'œuvre de coopérants.


38 C paradors

Paradors, trésors de notre patrimoine

Le Parador de Santo Estevo, encaissé entre les fleuves Miño et Sil, sur la Ribeira Sacra galicienne, est un parfait exemple de la restauration de bâtiment historique réalisée par Paradores. C'est un monastère bénédictin classé monument historique et artistique en 1923, qui a été ici réhabilité. À gauche, vue depuis le parador de Salamanque, spa du parador de Vielha (Lérida) et cour intérieure du parador de Carmona (Séville). photo paradors

Revivre l'histoire de l'Espagne dans des bâtiments témoins du passé, c'est possible pour un million et demi de touristes qui, chaque année, descendent dans les 93 paradors répartis sur le territoire espagnol. L'objectif du nouveau plan stratégique du réseau est que les paradors du XXIe siècle restent des joyaux historiques tout en devenant modernes et écologiquement durables. par Beatriz Beeckmans

Les paradors sont synonymes de bâtiments historiques, sites naturels uniques, excellente gastronomie et service de qualité. Passer une nuit dans l'enceinte de l'Alhambra, entre jardins et fontaines évoquant une époque où culture arabe et chrétienne étaient intimement mêlées, est le privilège offert au visiteur par le parador de Grenade. « Merci de nous recevoir si affectueusement dans ce petit paradis à l'intérieur du Paradis » conclut, après avoir séjourné dans cet ensemble monumental, Mario Vargas Llosa, dans le livre d'or où les clients laissent leurs impressions. D'un point de vue économique, les

chiffres parlent d'eux-mêmes. Le taux d'occupation se situe autour de 70%, pourcentage que n'atteint aucune chaîne européenne de dimensions similaires et sa facturation a atteint, l'an dernier, 283,77 millions d'euros. Des données qui prouvent que la chaîne espagnole est une entreprise rentable et compétitive qui apporte, comme valeur essentielle, son engagement envers la conservation du patrimoine artistique et culturel. Derrière ce succès, se trouve l'État espagnol, unique actionnaire de la société anonyme gérant le groupe hôtelier. 80 ans d'histoire. L'histoire de l'entre-

prise Paradores a commencé il y a 80 ans, avec l'inauguration, dans la Sierra de Gredos, dans les environs de Madrid, du premier parador de tourisme d'Espagne, sous les auspices du roi Alphonse XIII. Un projet lancé par le gouvernement espagnol en 1910 prenait ainsi forme et dotait dès lors le pays d'une structure hôtelière, alors presque inexistante, pour héberger les visiteurs et projeter l'image de l'Espagne à l'étranger. On comptait 30 places hôtelières en 1928, on en compte actuellement près de 11 000. La chaîne dispose d'établissements dans toutes les communautés autonomes, à l'exception des îles Baléares. Parmi ces différents


C paradors 39

chiffres 61 chambres en moyenne. 100 hôtels, tel est l'objectif à atteindre en 2013. Plus de 150 millions d'euros investis dans la modernisation. 1,5 million de clients en 2007. La restauration représente 47% des ventes. 2,5 millions de couverts servis chaque année. 28 itinéraires disponibles pour découvrir l'Espagne

établissements, se trouvent dam Hussein, Umberto Eco quelques-uns des châteaux, Le premier ou Jimmy Carter font partie couvents, palais et monastè- parador de des personnalités qui ont séres les plus magnifiques d'Es- tourisme a été journé dans les paradors des pagne, dans des environne- ouvert en 1928 différentes villes espagnoles. ments monumentaux ou des dans la Sierra de Fidèle à ses principes parcs naturels. Le Patrimoine Gredos, sous les institutionnels, la chaîne met de l'État est propriétaire des auspices du roi actuellement en œuvre son bâtiments, le réseau les gère Alphonse XIII. plus important processus en tant qu'hôtels. La clientèle d'expansion depuis les andes paradors est essentiellement natio- nées 70, qui culminera avec l'ouverture nale mais chaque année, les touristes de 13 nouveaux établissements dans les étrangers sont plus nombreux, attirés prochaines années. Parmi ces derniers, par la possibilité de découvrir ces lieux le premier parador de l'archipel des Baemblématiques de notre histoire. Grâce léares. Situé dans le Château de l'Almuet Rainier de Monaco, Kofi Annan, Sa- daina, datant du XVIIIe siècle, le futur

parador d'Ibiza couronnera le centre historique de la ville, Dalt Vila. À Veruela, dans la province de Saragosse, un monastère du XIIe siècle encerclé par des fortifications datant du XVIe siècle deviendra également un parador dans un proche avenir. Conscientes que la présence d'un parador parmi leurs options d'hébergement constitue un important pôle d'attraction touristique, 150 communes espagnoles ayant un patrimoine unique se sont portées candidates. Pour atteindre les objectifs établis dans le plan stratégique 2009-2012, qui donne priorité à la modernisation des établissements sur l'expansion du réseau, l'entre-


40 C paradors

prise Paradores réalisera, tout d'abord, des travaux de réaménagement dans 20% de ses bâtiments, travaux auxquels elle consacrera plus de 150 millions d'euros. Ce plan vise non seulement à préserver et accroître la valeur des bâtiments historiques et monumentaux qui accueillent de nombreux paradors, mais mise également sur l'implantation des dernières technologies et des derniers progrès en matière de confort. L'interprétation contemporaine des valeurs de la chaîne permet ainsi de se loger dans une forteresse médiévale ou de dormir dans un lit à baldaquin tout en disposant d'une connexion Wi-Fi. En outre, un projet baptisé « parador vert » sera mis en œuvre. Il établit des critères de durabilité communs à tous les hôtels, incluant des programmes d'économie d'énergie, de réduction des émissions de gaz, d'utilisation d'énergies propres et de recyclage des déchets. Paradores est l'une des premières entreprises en termes de tourisme durable. Il s'agit, sur le continent, de la chaîne hôtelière qui compte le plus grand nombre d'établissements possédant le label de garantie européen EMAS, qui certifie les modèles de tourisme respectueux de l'environnement. Parmi les principes institutionnels de ce réseau, soulignons la volonté de restaurer le patrimoine historique à des fins touristiques, ce qui permet de le conserver et de l'entretenir¡. La promotion de la gastronomie traditionnelle et régionale fait également partie du succès des paradors. De fait, ce secteur représente 47% des ventes. Cohérente avec sa mission initiale, l'entreprise Paradores célèbre ses 80 ans d'existence, instrument de la politique touristique espagnole qui projette une image de modernité et de qualité à l'étranger, en contribuant à restaurer et entretenir notre patrimoine national. En outre, l'entreprise joue un rôle important dans la préservation des espaces naturels et elle est un vecteur de dynamisation des régions à faible fréquentation touristique ou économiquement défavorisées, en contribuant à la diversification de l'offre touristique espagnole.

Le pari sur la formation Souhaitant profiter de la connaissance acquise par les professionnels des paradors, le projet Paradores Escuela a été lancé en 2006. Le parador hostal de San Marcos, à León, et le parador Santo Domingo Bernardo de Fresneda, dans la province de La Rioja, sont ainsi devenus école de tourisme pratique et théorique. C'est dans ce cadre que le cours de spécialisation et de gestion de cuisine commencera, en mars 2009. Sa durée sera de deux ans. Il s'adresse aux jeunes souhaitant acquérir une expérience et des connaissances professionnelles approfondies.

Chambres uniques Séjourner dans des lieux où vécurent rois et nobles, tout en haut de la tour d'un château médiéval ou dans la cellule de l'abbé d'un monastère cistercien est possible grâce à la sélection des 60 chambres les plus impressionnantes parmi les 5 600 chambres que compte le réseau. La chambre 106 (chambre à coucher de l'Infant Don Juan Manuel) du parador d'Alarcón, ancien accès privé aux créneaux.

80 ans de gastronomie Paradores célèbre son 80e anniversaire en proposant une offre gastronomique qui permettra de déguster 8 menus s'inspirant de la tradition culinaire espagnole actuelle et des plats typiques des différentes régions. Son prix correspondra à l'année à laquelle le parador a été inauguré. Ainsi, le menu « Cádiz » coûtera 19,29 euros, car cet établissement a été inauguré en 1929. Le dessert commun à tous les paradors sera une « trilogie de la culture sucrée » espagnole : tocinillo de cielo (entremets à base de jaune d'œuf et de sirop), riz au lait et touron.


C paradors 41

Paradors historiques, modernes et écologiques Miguel Martínez

président-conseiller délégué des paradors de tourisme

Depuis que j'ai été nommé président de cette entreprise, il m'a été maintes fois demandé de décrire en quelques mots la différence entre nos paradors et les autres établissements hôteliers. Ma réponse est toujours la même : des murs remplis d'histoire, des bâtiments monumentaux, des sites naturels extraordinaires, la meilleure tradition gastronomique espagnole et des relations humaines exceptionnelles. Outre ces caractéristiques, je souhaite également profiter de cette occasion pour mettre l'accent sur notre caractère d'entreprise publique qui nous différencie des autres chaînes.. Paradores offre un hébergement et des repas mais se charge également de promouvoir la culture, de préserver notre patrimoine historique et d'appliquer une politique de l'emploi exemplaire. Nos hôtels sont ainsi et doivent le rester. Nous bénéficions d'une marque prestigieuse et de solvabilité mais, comme cela arrive souvent, nous ne pouvons et ne devons pas nous endormir sur nos lauriers. C'est la raison pour laquelle nous avons établi un plan stratégique 2009-2012 indiquant la voie à suivre pour les quatre prochaines années. Nous devons relever le défi de moderniser et d'innover notre réseau. D'ici 2012, nous allons investir entre 130 et 170 millions

d'euros pour doter nos hôtels des derniers progrès en matière de technologie et de confort. Pendant cette période, nous moderniserons 19 paradors et l'Auberge de l'Étudiant à Alcalá de Henares, ce qui représente une intervention sur plus de 20% du réseau. Ces rénovations s'ajoutent à celles que nous avons réalisées au cours des dernières années et qui se sont concrétisées par la modernisation de paradors emblématiques comme celui de l'Alhambra de Grenade ou de la ville de Tolède. À côté de ces travaux indispensables, nous misons résolument sur la durabilité. Nous avons donc attribué à l'une de nos lignes d'intervention le titre de « parador vert ». Ce titre réunit une série d'initiatives que nous mettrons en œuvre dans nos 93 établissements : utilisation d'énergies propres, recyclage intégral des déchets, économie d'eau et d'électricité ainsi qu'utilisation exclusive de papier recyclé. Durant cette période, nous allons également miser, de manière résolue, sur le relancement de notre offre gastronomique. Paradores veut retrouver son rôle de « gardien » de l'histoire culinaire de l'Espagne. Pour y parvenir, nous développons de nombreuses initiatives visant à faire connaître notre offre à nos clients potentiels et à leur ôter de l'esprit l'idée

Jusqu'en 2012, nous allons investir entre 130 et 170 millions d'euros pour doter les paradors des derniers progrès en matière de technologie et de confort. Paradores souhaite retrouver son rôle de « gardien » de l'histoire culinaire de l'Espagne.

que manger dans un parador est un luxe à la portée de rares privilégiés. Nous avons déjà lancé notre proposition « 80 ans de gastronomie » qui se prolongera dans les douze mois à venir. Nous souhaitons, de cette manière, célébrer notre 80e anniversaire en exaltant la gastronomie traditionnelle de Paradores. Toute personne qui, dès aujourd'hui et jusqu'au mois de novembre 2009, descendra dans l'un de nos établissements, pourra faire son choix parmi différents menus dégustations, élaborés à partir de plats traditionnels issus de notre héritage culinaire, à un prix ne dépassant pas 20 euros. Enfin, nous souhaitons également donner l'exemple, en tant qu'entreprise publique, en matière de politique de l'emploi. En ces temps de crise, nous souhaitons, plus que jamais, miser sur la stabilité, la promotion et l'égalité de nos employés. Nous allons donc créer 600 nouveaux emplois, la plupart à durée indéterminée, et nous encouragerons la formation et l'égalité au sein de notre personnel. À travers toutes ces informations et ces projets, nous voyons clairement que le parador de la seconde décennie du XXIe siècle sera toujours un hôtel unique et monumental, par son histoire ou le site naturel dans laquelle il se situe. Ce parador sera écologique, moderne, offrant de meilleures activités complémentaires, et encore plus confortable.


42 C le sport espagnol

Équipe nationale de football

« L'âge d'or » du sport espagnol

> Le football était en dette vis-à-vis des supporters espagnols et leur devait une victoire lors de l'Euro 2008. Après un éternel « je t'aime, moi non plus », la génération de Torres, de Casillas, de Xavi, et tant d'autres sous la direction de Aragonés a rétabli l'honneur d'un sport dans lequel l'Espagne manquait chacun de ses rendez-vous importants.

Équipe nationale de basketball > La médaille d'argent en finale des Jeux olympiques ressemblait à de l'or pour une équipe qui a constamment talonné les États-Unis. Une génération sans complexe ni remords qui brille sur les parquets de la NBA et qui est appelée à marquer son époque en faisant oublier le souvenir de l'argent aux JO de Los Angeles.

2008 se termine sur des résultats sportifs exceptionnels sur le plan international. Toute une génération de jeunes sportifs incarne une nouvelle Espagne qui se distingue dans les compétitions les plus importantes et consolide sa position après l'essor des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 et dans l'aspiration commune de Madrid 2016. par Javier Hernández

S'il est vrai que le sport n'apporte pas de solutions, il donne néanmoins beaucoup de moments de bonheur. Et cette année qui touche à sa fin restera un doux souvenir dans la mémoire collective de ce pays. Le niveau sportif exceptionnel qui était apparu lors des Jeux olympiques de Barcelone, en 1992 a atteint, seize ans plus tard, son apogée. Ce qui n'est pas sans mérite pour un pays qui, il y a cinquante ans, passait complètement inaperçu dans le panorama international. Depuis le début des Jeux olympi-

médailles de l'Espagne aux JO d'été

ques modernes, en 1896 à Athènes, le sport espagnol est demeuré pratiquement inexistant, étranger aux priorités politiques de l'histoire agitée de l'Espagne durant la première moitié du XXe siècle. Entre les Jeux de Paris en 1924 et ceux de Mexico en 1968, l'Espagne n'a récolté au cours de ses dix participations que cinq médailles, deux de moins que le Portugal et 188 de moins que la France, nos deux plus proches voisins. L'Espagne commençait à se distinguer avec le Real Madrid, Bahamontes, Santana, Ángel Nieto, Severiano Ballesteros mais ni le football, ni le cyclisme, le tennis, les sports mécaniques, le golf

n'étaient des sports olympiques. Il s'agissait la plupart du temps que quelques actions héroïques en noir et blanc, de quelques Don Quichotte dans une Espagne isolée sur le plan international. Ils étaient les idoles d'un pays absent de la scène internationale et qui pleurait sa gloire passée. Les Jeux olympiques de Munich en 1972, ceux-là même qui choquèrent le monde entier avec l'attaque terroriste perpétrée au sein du village olympique contre la délégation israélienne, ont marqué en quelque sorte un tournant. Depuis, l'Espagne a toujours été présente au tableau des médaillés, même

1 0 0 T 1 P 14˚

0 2 0 T 2 P 17˚

1 0 0 T 1 P 24˚

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Paris 1900

Anvers 1920

Amsterdam 1928

Los Angeles 1932

Londres 1948

Helsinki 1952

Rome 1960

Munich 1972

0 2 0 T 2 P 30˚

Montréal 1976

1 3 2 T 6 P 20˚

Moscou 1980


C le sport espagnol 43

Rafa Nadal et « l'Armada » espagnole > Après ses quatre victoires consécutives à Roland Garros et le trophée de Wimbledon remporté cette année, il reste numéro 1 du tennis mondial. Sur ses pas, les jeunes tennismen espagnols ont remporté pour notre pays sa troisième Coupe Davis face à l'Argentine.

Contador, Sastre, Freire... l'après Induráin > Médaille d'or en cyclisme sur route aux JO, Giro d'Italie, Tour de France, Tour d'Espagne... les cyclistes espagnols ont dominé toutes les épreuves en 2008 dans une discipline touchée par une crise qui ne dure que depuis trop longtemps. Ils portent l'étendard du nouveau cyclisme international.

si cette présence restait irrégulière et toujours discrète. La voile a été la discipline olympique la plus prolifique et n'a cessé d'engranger des médailles depuis Munich. L'étape suivante fut franchie en 1992. Le reste du monde situait enfin l'Espagne sur la carte après une transition démocratique qui culmina cette année-là avec le cinquième centenaire de la découverte de l'Amérique, l'Exposition universelle de Séville, le choix

Médailles d'or Médailles d'argent Médailles de bronze T Total médailles P Place dans le tableau

1 2 2 T 5 P 20˚

Los Angeles 1984

13 7 2 T 22 P 6˚

Dans un sport qui déplace foules et fortunes dans le monde, ce natif de Castellón prend le relais des autres grands joueurs de golf espagnols après avoir conquis la seconde place du classement mondial, juste derrière l'incomparable Tiger Woods. Un sport dont le nombre d'amateurs croît chaque jour en Espagne.

de Madrid comme capitale européenne de la culture et les Jeux olympiques de Barcelone. Les Jeux de Barcelone permirent au sport espagnol de tourner la page et une nouvelle étape commença avec 22 médailles dont 13 médailles d'or : un résultat qui n'a depuis jamais été amélioré. Les triomphes de Miguel Induráin en cyclisme, d'Arancha Sánchez-Vicario en tennis, de Carlos Sáinz dans les rallyes et d'Abel Antón en marathon

3 11 5 T 19 P 20˚

5 6 6 T 17 P 13˚

5 10 3 T 18 P 14˚

3 3 5 T 11 P 25˚

1 1 2 T 4 P 26˚

Séoul 1988

Sergio García, dans le sillage de Ballesteros >

Barcelone 1992

Atlanta 1996

Sydney 2000

Athènes 2004

Pékin 2008

Alonso et la fièvre de la Formule 1 > C'est à cet Asturien que nous devons d'avoir découvert un sport où les Espagnols étaient tout simplement absents. Ses deux titres de champion du monde et ses prouesses au volant ont fait frissonner les Espagnols au point de supplanter le football dans la liste des compétitions les plus suivies à la télévision.

ouvrirent dans les années 90 la voie à une nouvelle Espagne, héritière de la transition politique, qui se frayait un chemin dans le paysage sportif international grâce au soutien des institutions et des entreprises pour professionnaliser le sport dans notre pays grâce à différentes formules. Les résultats ne tardèrent pas à suivre, consolidant notre position sur le plan international avec une génération de sportifs qui éblouit aujourd'hui le monde entier. L'un des moments les plus importants de cette année 2008 a certainement été le triomphe de l'équipe nationale de football en coupe d'Europe, l'été dernier. Pour un pays passionné, vibrant pour le football plus que pour tout autre sport, la victoire face à l'Allemagne en finale de l'Euro a provoqué un véritable délire dans toutes les villes du pays. Et non sans raison. Au delà des triomphes engrangés ces dernières années par les clubs nationaux comme le Real Madrid, le Barcelone, les équipes de Valence ou de Séville, l'équipe de football d'Espagne faisait figure de parent pauvre depuis sa dernière victoire en coupe d'Europe en 1964. Le vent a enfin tourné lors d'un tournoi où l'Espagne a su vaincre et convaincre, et ainsi solder ses comptes.


44 C le sport espagnol

L'équipe nationale de basket-ball, championne du monde et médaillée d'argent olympique, a tracé le chemin à suivre pour les sports d'équipe, avec une génération de joueurs qui excelle en NBA et qui brille par son courage et sa spontanéité. Pau Gasol, le meilleur marqueur du tournoi olympique avec un total de 157 points, a su ouvrir la voie aux autres Espagnols dans la meilleure ligue de basket-ball au monde. Même en finale olympique, face à la puissante équipe américaine, les joueurs espagnols sont parvenus à leur faire front. Rafael Nadal, Prix Prince des Asturies des sports en 2008, numéro 1 mondial et champion cette année à Wimbledon et Roland Garros, est devenu une icône de cette nouvelle Espagne. Parmi les vingt meilleurs tennismen au monde, il est suivi par cinq autres Espagnols qui ont remporté il y a quelques semaines la troisième Coupe Davis de l'Espagne. Et en cyclisme, l'Espagne qui se cherchait un nouvel Induráin, a fini par trouver toute une génération de champions (Freire, Sastre, Pereiro, Contador) qui malgré leur entrée discrète seront amenés à renouveler une discipline mise à mal par les affaires de dopage. Grâce à leurs exploits, le Tour de France, l'épreuve cycliste la plus importante au monde, a proclamé consécutivement trois champions espagnols et les vainqueurs des trois

grands tours cette année parlent tous notre langue. Ce sera sans oublier les succès également engrangés en handball, waterpolo, voile, kayak, etc., ainsi que quelques disciplines où nous pouvons nous améliorer comme l'athlétisme ou la natation (deux déceptions majeures cette année). Quant au sport paralympique, au cours des douze Olympiades qui se sont tenues, l'Espagne a su progresser et consolider son potentiel, et se situe actuellement en dixième position du tableau historique des médaillés. Néanmoins, la santé du sport ne se mesure pas uniquement lors des Jeux olympiques, qui représentent certes vingt-huit championnats mondiaux tenus simultanément : d'autres sports comptent aussi. Fernando Alonso a attiré tout un pays sur les circuits de Formule 1, alors que l'intérêt médiatique pour ce sport était très limité, avant son double titre de champion de monde. Sur les terrains de golf, Sergio García est au coude à coude avec le joueur le plus titré, Tiger Woods, et occupe la deuxième place du classement mondial. Les pilotes de moto espagnols sont des habitués des podiums de championnats du monde et il en va de même d'un grand nombre de jeunes qui, chaque jour, se font connaître dans tous les sports. L'Espagne doit néanmoins continuer à progresser. Certains, plus critiques, indiquent que la position de

L'indicateur de développement humain dans le sport Selon une recherche menée par Francisco Guzón, de l'université polytechnique de Madrid, l'Espagne occupe la 55e place dans le classement des nations qui progressent le plus dans le tableau olympique par rapport à son niveau de développement humain. Cette étude établit une moyenne entre la position du pays au tableau des médailles et son indice de développement. L'Éthiopie, avec sa légion d'athlètes, est le pays qui gagne le plus de positions (151 au total) par rapport à sa 169e place dans l'IDH. Un autre chiffre intéressant concerne également les statistiques des pays qui rentabilisent le mieux leurs médailles au sein de leur population. L'Espagne occupe la 40e place, avec une médaille pour 2,56 millions d'habitants tandis qu'en tête du classement se trouvent les Bahamas. Quant aux deux pays les plus médaillés : la Chine et les États-Unis, ils n'occupent que les 68e et 43e places respectivement.

l'Espagne dans le sport international reste fragile et pourrait n'être qu'un phénomène éphémère. Peut-être ontils raison. Si l'on observe les résultats olympiques, 18 médailles peuvent paraître insuffisantes par rapport aux 40 conquises par la France ou les 47 engrangées par le Royaume-Uni, ou encore les 29 médailles de l'Italie. L'une des tâches à accomplir concerne la maîtrise de disciplines considérées négligeables jusqu'à ce jour. Le meilleur exemple de planification est celui du RoyaumeUni : après une étude pour déterminer quels sports rapportaient le plus de médailles et étaient les moins développés, tous les efforts ont été concentrés sur le cyclisme en salle, la voile et l'aviron. Les Britanniques ont obtenu grâce au seul cyclisme en salle 14 de leurs 47 médailles lors des derniers JO de Pékin, ce qui leur a permis de progresser par rapport aux 30 médailles obtenues à Athènes en 2004. Un exemple similaire est celui de la France qui s'efforce de dominer des disciplines comme le judo ou le taekwondo. Les plus belles médailles espagnoles ont été obtenues grâce aux sports d'équipe mais dans les faits, la médaille de toute une équipe de basketball compte autant que celle d'un seul joueur de ping-pong. D'autres attribuent les succès au seul génie de quelques individus et cherchent des excuses dans l'insuffisance des infrastructures ou la précarité du sport amateur, une question tout à fait cruciale. Dans ce domaine, l'Espagne a encore des efforts à fournir par rapport aux pays qui l'entourent. Les chiffres le prouvent : 41 % de la population espagnole pratiquent régulièrement un sport tandis que ce pourcentage s'élève à 73 % en France et 70 % au RoyaumeUni. Avec la candidature de Madrid à l'organisation des Jeux olympiques de 2016, qui incarne un rêve collectif et vise à consolider l'élan donné par Barcelone 1992, l'année 2008 représente une année magique pour le sport espagnol qui a placé notre pays au niveau sportif des premières puissances mondiales.


C le sport espagnol 45

Vers le titre de puissance sportive multidisciplinaire Jaime Lissavetzky

secrétaire d'État au sport

Les résultats du sport espagnol en 2008 reflètent le fait que nous sommes en train de nous convertir en une puissance multidisciplinaire. Cette consolidation implique de devenir une usine de production sportive de référence capable de fabriquer des succès avec régularité. La récolte de médailles olympiques et les triomphes en football, cyclisme, tennis ainsi que dans d'autres disciplines viennent confirmer que ces succès ne sont pas passagers mais correspondent à une réalité tangible. Ces succès ont été engrangés aussi bien au niveau des équipes nationales que des compétitions individuelles. Remporter l'Euro, la Coupe Davis, disputer la finale de la Fed Cup, les médailles en basket-ball, en hockey et en handball, tous ces événements nous ont apporté de grands moments de bonheur. Avec trois médailles et trois diplômes, l'Espagne a été à Pékin le meilleur pays européen en sports d'équipe. De plus, des sportifs comme Nadal, Contador, Sastre et Mengual, entre autres, se sont illustrés sur le plan individuel. Nos 22 médailles en championnats du monde et d'Europe ont été obtenues dans 12 disciplines. Nous sommes devenus un pays de référence au niveau international et multidisciplinaire. Nous avons été à Pékin l'un des pays à plus forte participation en sports d'équipe. Pour la première fois depuis Barcelone, nous avons été représentés dans 25 des 27 fédérations olympiques. Nous

n'avons pas participé aux épreuves de football et de baseball malgré notre titre européen et notre troisième place continentale respectives dans ces deux disciplines. Le sport espagnol traverse sans nul doute une étape très importante. Aux Jeux olympiques, nous nous sommes placés parmi les dix premières puissances en termes de participation et nous avons obtenus plus d'or qu'à Athènes, ainsi que le second meilleur classement olympique de notre histoire. 2008 a été une année si brillante que chaque succès a permis d'éperonner et d'alimenter le suivant. L'organisation à Madrid des Jeux olympiques de 2016 serait un point de départ idéal pour projeter une image internationale du sport espagnol, et constitue un pari stratégique à prendre en compte. Un tel événement permettrait d'obtenir le bouillon de culture nécessaire à une seconde transition sportive, complémentaire à celle de Barcelone, en 1992. Les triomphes successifs sont autant de ruisseaux qui ont puisé leurs eaux à cette première source. Les trois quarts des médailles gagnées au cours d'Olympiades d'été ont été récoltées pendant et après ce premier rendez-vous. La nouvelle transition pourrait atteindre son point culminant à Londres en 2012 ou peut-être à Madrid en 2016, ce qui viendrait confirmer notre statut de pays olympique d'envergure internationale. Pour cela, il faudra savoir nous imposer dans cette finale, face aux quatre autres

Avec 3 médailles et 3 diplômes à Pékin, l'Espagne a été le meilleur pays européen en sports d'équipe L'organisation à Madrid des Jeux olympique de 2016 serait un point de départ idéal pour projeter une image internationale du sport espagnol

excellentes candidatures, après avoir obtenu des notes encore meilleures que pour le projet précédent. Notre candidature est solide sur le plan politique, en termes d'infrastructures, d'installations, d'environnement, de transports, d'expérience, de financement et d'héritage. Le village olympique de Madrid est de tout premier niveau et le nouveau projet a été mieux noté sur tous les points qui avaient été considérés les plus faibles en 2005. Le fait que 75 % des infrastructures olympiques soient déjà construites est un élément essentiel en période de crise. Nous assistons à l'osmose du système sportif et de la société car le sport en est l'un des éléments fondamentaux comme peuvent l'être l'art ou la culture. Notre société réclame, vibre et rêve avec ses athlètes. Notre modèle se suffit à lui-même puisque la société accorde chaque fois plus d'importance au sport. Tant pour les sports d'équipe que pour les disciplines individuelles, nous sommes à présent sur un pied d'égalité avec les grandes nations du sport, ce qui n'avait jamais été le cas jusqu'à présent.�������������������������� Le ������������������������� président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a annoncé la création d'un ministère du Sport. C'est là une excellente nouvelle et un motif de satisfaction pour toute la communauté sportive de notre pays. Personnellement, je me félicite tout particulièrement que cette initiative soit l'œuvre d'un gouvernement socialiste. Cette décision vient finalement résumer la grande importance qu'a aujourd'hui le sport en Espagne.


46 C gastronomie

Le jambon ibérique à la conquête des marchés internationaux L'un des aliments les plus prestigieux de la gastronomie espagnole, le jambon ibérique, perce lentement mais sûrement sur les marchés internationaux comme les États-Unis ou la Chine. Les dividendes de ce secteur ont atteint 1,5 milliard d'euros en 2007. Une race unique, une alimentation optimale, un climat exceptionnel et un mode d'élaboration ancestral en font un plaisir pour le palais et garantissent la plus haute qualité. par David Merino

Contrairement au porc blanc, qui approvisionne l'industrie du monde entier en raison de ses capacités de reproduction et de croissance, le porc ibérique, grâce à ses caractéristiques génétiques et à son mode de vie, se distingue par sa teneur spécifique en graisse parfaitement répartie dans les muscles qui lui donnent un goût bien plus savoureux et intense. Pour les connaisseurs, la température idéale pour le savourer est de 23 ºC, lorsque la graisse fond dans la bouche. La plupart des scientifiques affirment que le porc ibérique provient du croisement entre le sanglier méditerranéen et son homonyme européen, et résulte de siècles d'adaptation aux pâturages du sud-ouest de la péninsule. Il s'agit d'un animal dont la tête est relativement petite, le groin effilé, le cou trapu. Ses pattes longues et musclées lui permettent de parcourir de longues distances à la recherche de glands. Dans des conditions optimales, les animaux qui peuplent les pâturages de Salamanque, d'Estrémadu-

re et d'Andalousie occidentale peuvent consommer jusqu'à douze kilos par jour de glands, d'herbe et de plantes aromatiques. Les avantages de l'adaptation à d'autres marchés. Si les Espagnols conservent le privilège d'être les plus grands consommateurs de jambon ibérique au monde (Catalogne, Pays basque et Madrid sont en tête de liste, suivies par l'Andalousie et l'Estrémadure) les pays qui s'intéressent à ce symbole de la gastronomie espagnole sont de plus en plus nombreux. L'essentiel des exportations s'effectue actuellement vers l'Union européenne. En 2007, le jambon ibérique a dépassé en France, principal pays d'exportation du jambon ibérique, comme au Japon, plus gros acheteur asiatique, l'un de ses principaux concurrents : le jambon italien de Parme. Vers le mois de juin 2005, une entreprise de Salamanque, Embutidos Fermín, a réussi à homologuer ses ins-

tallations aux normes sanitaires des États-Unis, bien différentes des normes européennes. Deux ans plus tard, le procédé d'élaboration terminé, les premiers lots de jambon ibérique sont arrivés aux

production industrielle Année

Nombre de pièces

2003 2004 2005 2006 2007

4 692 607 4 935 000 5 087 000 5 365 000 5 526 000

Les pièces comptabilisent jambons et épaules.

principales entreprises Entreprise

Ventes

Sánchez Romero (Huelva) 80 Consorcio Jabugo (Huelva) 27,73 Resti Sánchez (Badajoz) 26,30 Cárnicas Joselito (Salamanque) 20,50 Mont. Extremadura (Badajoz) 17,59 Ventes en millions d'euros.


C gastronomie 47

États-Unis à travers la chaîne de restaurants Jaleo, du chef asturien José Andrés. Aujourd'hui, elle est présente dans douze états et plusieurs entreprises espagnoles s'apprêtent à suivre ses pas. En 2007 également, la signature d'un protocole entre les gouvernements espagnol et chinois a ouvert les portes du pays le plus peuplé du monde aux fabricants de jambon ibérique. Grâce à ce document immédiatement applicable, l'Espagne est devenue, derrière l'Italie, le deuxième pays autorisé à vendre des produits affinés au géant asiatique. De plus, le jambon ibérique est, parmi les jambons espagnols, le seul à pouvoir être commercialisé en Chine, car la norme spécifie que les jambons doivent subir un processus d'affinage de plus de 300 jours. Plus de 90 entreprises espagnoles de ce secteur ont fait part de leur intérêt pour exporter leurs produits vers ce pays d'Asie. L'adaptation des producteurs espagnols aux normes sanitaires d'autres pays porte ses fruits. Depuis le mois de septembre dernier, les meilleurs restaurants d'Australie servent du jambon ibérique désossé. Depuis l'été, il est également vendu dans les boutiques de Singapour. Sa présence s'est multipliée sur les marchés traditionnels d'exportations

phases d' élaboration La richesse des nuances de saveur du jambon ibérique est due en grande partie à son procédé d'affinage qui peut durer trois ans. 1 Salage : les jambons sont placés entre des couches de sel marin à 3 ºC, à un taux d'humidité de 90 pour cent. Ils restent dans l'obscurité complète pendant une semaine. 2 Lavage : les jambons sont lavés à l'eau tiède pour éliminer l'excédant de sel. Ils sont ensuite moulés un par un. 3 Repos : les jambons sont transportés dans des pièces où le sel se répartit de façon homogène dans la chair qui en conserve l'arôme. les

jambons restent durant deux mois environ dans ces pièces, exposés à des températures basses et un haut pourcentage d'humidité. 4 Séchage : le séchage dure de six à neuf mois à température ambiante et à l'air libre. 5 Maturation : l'affinage en cave peut durer deux ans. La température est de 15-20 ºC et l'humidité relative se situe entre 60 et 80 pour cent.


48 C gastronomie

le pâturage, un écosystème unique L'environnement dans lequel sont élevés les porcs ibériques est particulier à la péninsule. Le terme qui le définit, dehesa (pâturage), n'existe d'ailleurs qu'en espagnol et en portugais. Il s'agit d'un écosystème de bois méditerranéen, protégé par l'Union européenne. Il est constitué de bois de chênes verts, chênes-lièges, chênes rouvres et autres chênes producteurs de glands, fruit qui donne au jambon ibérique ses qualités gastronomiques caractéristiques.

espagnoles de jambon ibérique comme la France, le Portugal, l'Italie, l'Allemagne et le Royaume-Uni en Europe, le Mexique, le Chili, le Brésil et l'Argentine en Amérique latine, ainsi que le Japon, la Corée et les Philippines en Asie. Une période clé. Ces incursions internationales sont très significatives, car elles représentent un point crucial dans l'ouverture de nouveaux marchés. Ce n'est que le début de ce qui, dans quelques années, constituera très vraisemblablement un saut quantitatif considérable du volume d'exportation de jambon ibérique. Un moment historique qui concorde, en outre, avec le souci universel croissant de consommer des aliments écologiques et bénéfiques pour la santé. S'ajoute à cela l'augmentation du pouvoir d'achat dans les pays asiatiques, intéressés par des produits de très haute qualité et marquant une différence. Le kilo de jambon ibérique de qualité écologique atteint 500 euros sur certains marchés, comme le marché japonais. Considéré comme un produit de luxe qui, dans de nombreux pays, ne peut être acquis que dans des boutiques de produits pour gourmets, c'est l'un des ingrédients préférés des grands chefs de la cuisine internationale. Le défi des producteurs est de faire connaître aux consommateurs étrangers potentiels les caractéristiques du goût et les bienfaits pour la santé du

jambon ibérique. Pour cela, bons d'appellation d'origine ils bénéficient de la collabora- La tempéraprésentent un sceau officiel tion de l'Institut espagnol du ture idéale de numéroté indiquant l'année commerce extérieur (ICEX) dégustation est d'élaboration ainsi que les qui conseille les entrepreneurs de 23 ºC, quand étiquettes de l'appellation, sur les meilleures stratégies de la graisse fond du producteur et du contrôle lancement des produits sur les dans la bouche sanitaire. nouveaux marchés et organise La première à avoir été dégustations, rencontres, cam- En 2007, la créée, en 1984, est « Jamón pagnes d'information et salons. Chine a ouvert de Guijuelo ». L'affinage s'efLe dernier était organisé en ses portes à fectue dans la région de GuiMalaisie, au mois de novembre l'exportation de juelo (province de Salamandernier, sous le titre de « Fête jambon ibérique que) à plus de mille mètres et les premiers du jambon 2008 ». d'altitude, dans les contreSelon des données du Bu- lots sont arrivés forts des monts de Gredos et reau économique de l'Ambas- aux Etats-Unis Béjar. sade espagnole au Mexique, En 1990, est née l'appellaaméliorer l'information sur le tion « Jamón Dehesa de Exjambon ibérique permettrait d'accroî- tremadura » qui inclut les pâturages boitre les ventes de 300 pour cent. Certains sés de chênes verts et de chênes-lièges producteurs de jambon ibérique ont dé- de Cáceres et Badajoz. L'Estrémadure veloppé d'audacieuses campagnes pour compte près d'un million d'hectares de faire connaître leur produit dans des pâturages, un tiers du total de l'Espagne. pays dont la culture est très différente L'Andalousie a développé son appelde la culture espagnole. Le Consorcio lation d'origine en 1995, avec la création Jabugo a, par exemple, réussi à inclure le de « Jamón de Huelva » dans la comjambon ibérique dans un célèbre Manga mune de Jabugo, province de Huelva. pour le présenter au grand public japo- Les porcs ibériques proviennent des pânais. turages d'Estrémadure et d'Andalousie. La zone d'élaboration et d'affinage est la Appellations d'origine. En Espagne, il Sierra de Huelva. existe 4 appellations d'origine recon« Los Pedroches », en 2006, est la nues par le ministère de l'Environne- dernière appellation créée : elle est en ment et du milieu rural et marin. Chacun plein essor. Elle comprend 32 villages de possède un Office chargé des systèmes la Vallée des Pedroches, dans la province de contrôle et surveillance. Les jam- de Cordoue.


C gastronomie 49

Les défis de l'exportation espagnole de jambon Paloma Escorihuela

chef du département des denrées alimentaires de l'ICEX (Institut espagnol du commerce extérieur)

En Espagne, le jambon est l'un des produits traditionnellement liés à la culture et la gastronomie et, hors de nos frontières, nous constatons avec plaisir que les pays comme la Chine, les ÉtatsUnis, le Japon ou l'Australie, sans oublier les pays européens, rejoignent le goût des Espagnols pour le jambon. C'est la raison pour laquelle les entreprises de ce secteur doivent relever certains défis et respecter une série d'exigences. L'entreprise qui souhaite s'internationaliser doit se préparer et évaluer l'importance de la constance dans le temps. Elle doit également proposer un produit homogène, de bonne qualité et être prête à fournir des renseignements sur l'entreprise et ses produits. À l'Institut espagnol du commerce extérieur (ICEX), nous avons élaboré des programmes spécifiques d'aide au secteur du jambon, constitués de différents instruments, pour aider les entreprises à lancer avec succès la commercialisation de leurs produits. Nous développons ainsi des plans d'entreprise qui se résument essentiellement à des plans de marque, des projets d'implantation et des consortiums. De plus, de nombreuses entreprises du secteur participent avec nous aux salons internationaux de l'alimentation. Et, pour celles qui n'ont pas encore franchi le pas, nous disposons de plusieurs instruments qui

permettent de s'initier à l'exportation, comme les programmes « Apprendre à exporter », « Passeport pour l'étranger » ou le « Plan d'initiation à la promotion extérieure » (PIPE), présentés en détail sur notre site Internet. À l'ICEX, nous considérons la préparation et la formation entrepreneuriale comme une étape essentielle. Par conséquent nous soutenons, dans le cadre de nos plans sectoriels de promotion et dans celui du plan pour la gastronomie, la réalisation de séminaires sur le jambon sur des marchés comme les États-Unis, la Chine, la Russie ou le Mexique, et nous collaborons à de nombreuses actions de relations publiques et de communication. En outre, à partir des bureaux économiques et commerciaux de l'Espagne à l'étranger, nous développons des programmes de recherche d'importateurs, de conseil et d'information et nous collaborons, avec le ministère de l'Environnement et du milieu rural et marin, à la réalisation de visites d'inspecteurs qui accréditent les conditions sanitaires exigées par les différents marchés et délivrent les agréments des systèmes et des usines de production. Ces exigences sont variables et dépendent du marché auquel nous nous adressons. Néanmoins, ils ont tous en commun une exigence initiale : le pays

L'entreprise qui souhaite s'internationaliser doit se préparer et évaluer l'importance de la constance dans le temps. Dans les bureaux économiques et commerciaux de l'Espagne à l'étranger sont développés des programmes de recherche d'importateurs

d'origine, l'Espagne en l'occurrence, doit accréditer les bonnes conditions sanitaires de son site d'élevage porcin. Il s'agit d'exigences sanitaires vétérinaires concernant le pays, indispensables pour l'ouverture et la consolidation sur tout marché. Ensuite, chaque marché applique des exigences hygiéniques et sanitaires concernant les usines d'élaboration souhaitant exporter un produit. Ces exigences concernent l'entreprise et s'alignent sur celles du ministère de la Santé et de la consommation. Les exigences dans le domaine de la santé vétérinaire qui, comme je l'ai dit, concernent le pays, sont similaires sur tous les marchés. Cependant, celles qui concernent la santé publique diffèrent d'un pays à l'autre, car chaque marché interprète de façon différente la gestion sanitaire de chaque usine exportatrice. Quant aux défis posés aux entreprises du secteur du jambon, ils sont ceux que rencontre l'introduction d'un nouveau produit sur des marchés aussi divers et dont les concepts gastronomiques sont aussi différents de ceux du marché espagnol. Cependant, en attendant le développement que la Chine peut représenter, les autres marchés répondent très positivement à ce produit. Les barrières d'entrée sont donc essentiellement de type technique (santé animale, hygiéniques et sanitaires) et non spécifiquement commerciales.


50 C les entreprises espagnoles à l'étranger

Grifols, une marque sanitaire internationale Le groupe pharmaceutique et hospitalier espagnol qui, depuis cette année, est coté à l'Ibex-35, est la première entreprise européenne et le quatrième producteur mondial dans le secteur des hémodérivés. Il est présent dans 90 pays par l'intermédiaire de 17 filiales. Ses 82 centres de plasmaphérèse aux États-Unis permettent au groupe de produire plus de deux millions et demi de litres de plasma par an. par Beatriz Beeckmans

Une vie sauvée dépend dans bien des cas des dons de sang. Cet élément vital, ainsi que ses dérivés, constituent en outre un produit essentiel dont la demande est croissante partout dans le monde, particulièrement dans les pays émergents. Le parcours de Grifols a commencé il y a plus de cinquante ans. C'est en effet en 1951 que José Antonio Grifols i Roig a développé, dans son laboratoire de Barcelone, une méthode complexe

qui a depuis été définie comme l'une des contributions espagnoles majeures à la médecine. Il s'agit de la plasmaphérèse, méthode inconnue du grand public, et qui permet pourtant chaque jour de sauver des vies. Cette technique d'élaboration de plasma, internationalement reconnue, consiste essentiellement à extraire le sang d'un donneur, à procéder à sa centrifugation immédiate afin de séparer les

globules rouges qui sont réinjectés au donneur. Cette méthode permet un don de sang relativement fréquent, sans préjudice pour la santé. À partir du plasma ainsi recueilli, les protéines qui serviront à l'élaboration des hémodérivés sont séparées et purifiées. Grâce à ce système, utilisé dans le monde entier, l'entreprise familiale Grifols est aujourd'hui l'un des groupes pharmaceutiques et hospitaliers les plus


C les entreprises espagnoles à l'étranger 51

les chiffres 82 centres de plasmaphérèse aux États-Unis produisant plus de 2 millions de litres de plasma chaque année. 2 usines de fractionnement de plasma situées à Barcelone et à Los Angeles. 17 filiales. Des accords de distribution dans 90 pays. Une équipe de plus de 5 000 personnes. 400 millions d'euros seront investis dans les prochaines années afin de poursuivre l'expansion de l'entreprise : 190 en Espagne et 210 aux États-Unis La part du marché mondial a dépassé les 8 milliards de dollars en 2006 et occupe la quatrième place avec 7% de parts de marché

Que sont les hémodérivés ? Ce sont des protéines plasmatiques purifiées ayant des propriétés thérapeutiques, obtenues à partir du fractionnement du plasma humain. Les hémodérivés sont devenus des médicaments indispensables de nos jours, capables de sauver des vies et d'améliorer les conditions et l'espérance de vie des patients atteints de maladies chroniques, sans traitements alternatifs.

importants du secteur, tant à reau commercial au Japon l'intérieur qu'en dehors de nos L'invention de en 2006 et s'est récemment frontières. Depuis le mois de la plasmaphéintroduit sur le marché ausmai 2006, l'entreprise est co- rèse en 1951 par tralien. L'ambitieux plan tée sur le marché continu de la le Dr. Grifols d'investissement prévu pour bourse espagnole et fait partie constitue l'une les années à venir visera à asdes contribudes valeurs de l'Ibex-35. surer sa permanence sur le En 2007, la facturation to- tions espagnoplan international. Parmi ses tale de Grifols s'est élevée à les majeures à priorités figurent l'investis700 millions d'euros, avec un la médecine. sement en R & D et les probénéfice net de plus de 12 % du grès en matière de sécurité total. Les trois-quarts de son La hausse de du processus de production, activité ont été réalisés sur les la demande comme le reflète la devise de l'entreprise : « Le plus marchés internationaux, prin- des produits important, ce sont les indivicipalement en Europe et aux dérivés du dus » (Lo más importante, las États-Unis. Les hémodérivés plasma dans les représentent un secteur non- pays émergents personas). Sa vocation d'excellence, cyclique dont la demande ne comme la Chine la qualité et la recherche cesse de croître avec l'arrivée va dynamiser le constante de solutions innoen force des pays émergents, marché des hévantes contribuant à améconséquence directe de l'amé- modérivés dans liorer la santé humaine sont lioration de leurs systèmes sa- les prochaines années. les signes distinctifs de l'ennitaires. treprise qui se sont traduits Grifols, seul producteur espar la reconnaissance des pagnol d'hémodérivés doit, en premier lieu, répondre à la demande processus industriels et des licences de nationale. Son internationalisation s'est produits de la part des organismes réguconcentrée dans un premier temps sur lateurs européen (EMEA) et américain l'Europe, les États-Unis et l'Amérique (FDA). L'un des principaux projets pour l'anlatine. Grifols a ouvert son premier bu-


52 C les entreprises espagnoles à l'étranger

Siège social de la multinationale à Parets del Vallés, près de Barcelone. photo grifols

une structure commerciale fondée sur la recherche 1DIVISION BIOSCIENCE : Elle concentre les activités en rapport avec les produits dérivés du plasma (les hémodérivés) pour leur utilisation thérapeutique, ce qui comprend la réception du plasma, l'analyse et la mise en quarantaine, la classification, le fractionnement, la purification, la distribution et la vente des produits finaux. 2DIVISION HÔPITAUX : Ce département se concentre sur la fabrication de produits non-biologiques et médicaux destinés à la pharmacie hospitalière, tels que les sérums et la nutrition clinique, en plus du matériel médical et des systèmes logistiques hospitaliers. Dans ce domaine, Grifols se positionne comme premier fournisseur de systèmes logistiques hospitaliers en Espagne. 3DIVISION DIAGNOSTIC : Spécialisée dans le développement d'appareils, d'instruments et de réactifs pour les tests hématologiques et immunologiques, comme les tests de compatibilité entre donneur et receveur, réalisés avant toute transfusion. Ses principaux clients sont les centres de dons du sang, les laboratoires d'analyses cliniques et les services d'immunohépatologie des hôpitaux.

née 2009 s'inscrit dans le cadre de cette philosophie : la création d'une « Académie de plasmaphérèse Grifols » dont la mission sera de garantir la sécurité des hémodérivés depuis la réception de la matière première – le plasma – dans ses centres aux États-Unis, jusqu'à sa commercialisation. Le protocole actuellement suivi, conformément à la législation en vigueur, est complexe : le plasma recueilli dans les centres américains est transporté dans des navires congélateurs qui le maintiennent à une température de moins 16 degrés centigrades. Il est ensuite réparti entre les usines de Grifols à Los Angeles et de Parets del Vallés, à Barcelone. Le plasma y est à nouveau analysé suivant des techniques sophistiquées, puis placé en quarantaine. Une fois jugé apte pour le fractionnement, il est introduit dans des réacteurs. Après plusieurs phases de décongélation et au contact d'alcools et de changements thermiques, diverses protéines sont obtenues qui suivront, dès lors, des chemins différents. Enfin, l'emballage est réalisé en fonction de critères de purification maximale en environnement stérile, afin de garantir la traçabilité du produit final. Cette étape est cruciale car, dans un éventuel scénario d'infection, la compagnie doit être capable de retirer les produits nocifs du marché en un temps très bref.

L'intérêt de l'entreprise pour le bien-être des individus commence par ses propres employés. Grifols emploie actuellement plus de cinq mille personnes dont la formation est un objectif prioritaire pour l'entreprise. Le programme de formation de la nouvelle Académie Grifols constitue pour le moment un diplôme privé mais, à long terme, il devrait obtenir la reconnaissance et l'homologation des centres d'enseignement américains. Avec ce projet, Grifols souhaite transmettre à son personnel les principes éthiques de l'entreprise ainsi qu'un savoir-faire qui jouit d'une réputation mondiale méritée de qualité, d'efficacité et de sécurité des produits et services. L'entreprise n'utilise pourtant que 62 % de sa capacité de production, ce qui laisse entrevoir un énorme potentiel de croissance pour les prochaines années, et avec un objectif toujours bien défini : les progrès en matière de santé humaine. Le modèle d'intégration verticale permet à Grifols de contrôler toutes les étapes du cycle de production : depuis l'obtention du plasma comme matière première jusqu'à la commercialisation des hémodérivés qui en sont issus.


C les entreprises espagnoles à l'étranger 53

Innovation espagnole au service de la santé Andreu Puga

directeur de communication de Grifols

La science au service des personnes sans restriction, l'innovation pour une plus grande efficacité des processus de production afin d'assurer la sécurité de nos produits, l'investissement dans la poursuite de l'excellence au-delà de nos frontières, voici quelques-uns des paramètres qui ont marqué le chemin suivi par notre entreprise. C'est d'ailleurs notre passé qui nous a permis de devenir aujourd'hui l'une des compagnies pharmaceutiqueshospitalières les plus importantes en Espagne, avec une véritable vocation internationale qui s'illustre par notre présence dans plus de 90 pays, y compris l'Australie, marché auquel nous avons le plus récemment accédé.���������� Nos ��������� antécédents historiques sont liés à l'innovation. En 1933 déjà, l'Institut central d'analyses cliniques fonctionnait sous la direction du Dr. José Antonio Grifols i Roig, pionnier dans notre pays en matière de transfusions sanguines et d'analyses cliniques. Dix ans plus tard, en 1943, Grifols était le premier laboratoire espagnol à produire du plasma lyophilisé grâce aux études et aux recherches menées par le docteur lui-même et ses fils, José Antonio et Victor Grifols Lucas. Le besoin d'un plus grand volume de plasma humain en vue de son usage thérapeutique ultérieur a conduit J. A. Grifols à orienter ses recherches vers la technique de la plasmaphérèse. Depuis lors, les principes de l'entreprise sont restés intacts même

si le secteur a évolué et que nous sommes aujourd'hui le premier producteur européen d'hémodérivés et le quatrième producteur au monde. Nos efforts se concentrent principalement sur la séparation et la purification des protéines présentes dans le plasma humain afin de les rendre aptes à des usages thérapeutiques et hospitaliers. Il s'agit d'un secteur a priori mal connu dont l'unique objectif est d'améliorer la qualité de vie ou de sauver des personnes. Mais notre secteur connaît une très forte concentration et nos concurrents ont toujours été de grandes multinationales auxquelles nous avons dû faire face avec nos meilleures armes, c'est-à-dire l'amour du travail bien fait et une réputation confirmée qui s'est forgée au fil des années. Dans une perspective d'expansion de nos activités, les États-Unis faisaient figure pour nous de pays de référence. C'est un marché qui occupe la première place, avec des contrôles et des mécanismes d'entrée rigoureux, auquel nous voulions accéder. Dans cette optique, il s'agissait d'une plate-forme pour démontrer qu'en Espagne aussi, il existe des entreprises capables de se positionner comme « référence internationale ». Le succès est arrivé vers le milieu des années 90. En 1995, la FDA américaine nous a concédé la première licence (Establishment License) pour notre usine de Barcelone en même temps qu'elle nous accordait l'autorisation de commercialiser l'albumine (Product

Notre vocation internationale s'illustre par notre présence dans plus de 60 pays Nous sommes aujourd'hui le premier producteur européen d'hémodérivés et le quatrième dans le monde.

License), l'un de nos hémodérivés, aux États-Unis. Dès lors, notre évolution sur le marché américain a été constante. L'achat en 2003 d'une usine de fractionnement de plasma à Los Angeles et les acquisitions progressives de plusieurs centres pour l'obtention du plasma (notre matière première) nous ont permis de consolider notre structure industrielle et d'implanter notre modèle commercial. L'esprit d'entreprise de notre société et ses valeurs sont restés intacts. Nous sommes finalement entrés en bourse en mai 2006, ce qui nous a permis de poursuivre notre travail dans les mêmes conditions que les autres entreprises du secteur et nous a en outre donné la satisfaction de constater que nos actionnaires appréciaient notre trajectoire. Un avenir stable et brillant qui pose l'internationalisation comme stratégie de croissance. En 2008, nous avons pu renforcer notre pénétration sur des marchés où nous étions déjà présents comme l'Amérique latine ou l'Asie et nous avons jeté les bases de notre implantation dans de nouvelles zones comme l'Australie. Et ceci en bénéficiant toujours de la confiance des médecins et des professionnels de la santé, des patients et de tous les employés qui rendent le projet de Grifols possible, des investisseurs qui nous soutiennent et des organismes comme la FDA ou l'EMEA qui, à travers les autorisations et les licences qu'ils délivrent, entérinent le travail bien fait.


54 c nouvelles culture et société

Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération contribue à cette initiative. Outre la collection permanente, les visiteurs pourront consulter des expositions thématiques sur les grandes dynasties islamiques de Méditerranée sur le site Internet www.discoverislamicart.org

L'Alhambra de Grenade, l'un des principaux legs arabes en Espagne.

Le Musée virtuel « Découvrir l'art islamique ›› est devenu réalité Dans le but de développer de nouvelles période omeyyade jusqu'à la fin de l'Emformes d'exposition permettant d'orga- pire ottoman. Le patrimoine islamique niser de grandes manifestations cultu- des deux rives de la Méditerranée et relles sans déplacer les œuvres, la Casa les collections d'art islamique des pays Árabe présente la version espagnole du participants sont ainsi présentés dans Musée virtuel « Découvrir l'art islami- un environnement virtuel qui permet que », nouvel outil multimédia qui per- aux visiteurs de mettre en relation les met de visiter 17 musées répartis dans œuvres des différents musées et de les 11 pays. Pour la première fois, des piè- situer dans le contexte des monuments ces réelles et virtuelles partagent un es- et des fouilles d'où ils proviennent. pace et des musées d'Europe, D'autre part, les exposid'Afrique du Nord et du Pro- Le Musée tions virtuelles se divisent en che-Orient deviennent des virtuel est trois catégories : un espace portails d'accès à l'art islami- intégralement consacré aux grandes dynasdisponible en que de Méditerranée. ties islamiques – Omeyyades, La collection permanente, espagnol depuis Abbassides, Fatimides, dynasconstituée de 1 235 œuvres, décembre ties de l'Occident musulman, comprend des objets tels que 2008, mais Ayyoubides, Mamelouks et des manuscrits du Coran, une version Ottomans –, des expositions céramiques, tapis et tissus, en arabe, en thématiques : l'art figuratif, les bijoux et monnaies, objets français et dans femmes, la décoration géoméde métal ainsi que des monu- six autres lantrique, l'eau, le pèlerinage ou ments et des vestiges archéo- gues sont aussi l'ornementation végétale et, logiques, depuis le début de la disponibles. enfin, des expositions consa-

crées aux contacts entre l'histoire européenne et la Méditerranée islamique : les Croisades, l'art mudéjar, l'art sicilonormand et l'influence occidentale en terres ottomanes. Ce Musée virtuel a pu être créé grâce à un accord de coopération entre Musée sans frontières (MWNF) et les différents musées participant à cette initiative, dont le Musée archéologique de Madrid. 80% de ce projet est financé par l'Union européenne, dans le cadre du programme Euromed Heritage. La Fondation Calouste Gulbenkian et le ministère des Affaires étrangères et de la coopération contribuent au financement des 20% restants. Casa Árabe expose l'art contemporain marocain. Casa Árabe accueille jusqu'au 11 janvier prochain une exposition de l'œuvre du Collectif 212, groupe constitué de cinq artistes marocains, une franco-gabonaise et un iraquien. L'exposition permet de découvrir des œuvres très diverses : peintures, photographies, installations et art vidéo. Organisée en collaboration avec la Fondation ArtSur, elle a pour but de faire connaître une partie de la production artistique marocaine, représentative des tendances les plus récentes de l'art contemporain.


c nouvelles culture et société 55

30% des Espagnols ont une ascendance maghrébine et moyen-orientale.  En analysant et en comparant le chromosome « Y » des Espagnols de la péninsule et des Baléares, des scientifiques de l'Université de Leicester (Royaume-Uni) et de l'Université Pompeu Fabra de Barcelone ont découvert qu'un Espagnol sur trois a des ancêtres mauresques ou juifs. 10% de la population espagnole actuelle présenteraient les caractéristiques génétiques des habitants du Maghreb et 20%, celles des habitants du Moyen-Orient.

Des scientifiques espagnols inventent un moulin à vent qui épargne les oiseaux  Une équipe du CSIC a conçu un dispositif détectant la présence d'oiseaux et leur trajectoire afin d'arrêter les ailes du moulin à leur passage pour éviter qu'ils ne soient tués. Cette invention pourrait mettre un terme à la mortalité des oiseaux dans les parcs éoliens du monde entier.

La Société de neurologie dévoile les mythes concernant le cerveau

Technologie de l'information

99% des Espagnols ont accès à Internet haut débit Au mois de novembre, le secrétaire d'État chargé des Télécommunications et de la société de l'information, Francisco Ros, a déclaré que depuis la fin de l'année 2008, 99% des citoyens espagnols peuvent se connecter à un réseau à haut débit. « En termes de couverture, l'Espagne est probablement l'un des rares pays du monde où les citoyens disposent de telles infrastructures de haut débit ».

 Des spécialistes du Groupe d'histoire de la société espagnole de neurologie ont présenté, au mois de novembre, un dossier intitulé « De Cerebri Morbis » qui recueille les diverses interprétations du rôle du cerveau à travers l'histoire. Cette publication rappelle, par exemple, que pour Aristote, le cerveau était une éponge qui refroidissait le sang. Quant aux Égyptiens, ils ne lui attribuaient aucune fonction.

Inauguration à Tokyo du plus grand siège de l'Institut Cervantès  Le roi et la reine ont inauguré à Tokyo, au mois de novembre, le plus grand centre de l'Institut Cervantès dans le monde. Avec plus de deux mille étudiants, il servira de plate-forme pour la diffusion de la langue et de la culture espagnoles. Sur une superficie de 4 300 mètres carrés, le centre dispose de 18 salles de cours, une salle multimédia, deux salles d'exposition, une librairie, un auditorium et une bibliothèque qui rassemblera 40 000 volumes.

L'Espagne entreprend des recherches dans dix zones maritimes présentant une grande biodiversité  Dès le mois de janvier, la Fondation Biodiversidad étudiera dix zones maritimes présentant une grande richesse biologique dans les eaux espagnoles, afin d'obtenir des informations scientifiques suffisantes pour que ces zones puissent être désignées Site d'importance communautaire (SIC) ou Zones de protection spéciale pour les oiseaux (ZSP) du Réseau Natura 2000. Ces travaux, qui commenceront en janvier, seront financés par le programme LIFE, parrainé à parts égales par la Commission européenne et l'Espagne.

Oscar de la Renta choisit l'Espagne comme siège européen  Depuis le mois d'octobre, la rue Serrano, à Madrid, accueille le siège européen du prestigieux créateur de haute couture Óscar de la Renta. L'artiste new-yorkais d'origine dominicaine a expliqué que « compte tenu de son héritage latin, il avait un lien spécial avec l'Espagne ». « Je suis enchanté d'ouvrir une boutique et de proposer mes créations ici » a-t-il ajouté. Sa relation avec l'Espagne remonte à l'époque où il étudiait les Beaux Arts à l'Académie madrilène de San Fernando, où il était l'élève de Cristóbal Balenciaga.

Maquette du projet de la Tour de la Musique.

Ouverture en 2011

Présentation du Centre international de la musique de Valence Au mois d'octobre, la Tour de la musique, qui comptera 27 étages et ouvrira ses portes en 2011, a été présentée à Valence. L'investissement de 100 millions d'euros est pris en charge par la SGAE (Société générale des auteurs espagnols) et le Berklee College of Music de Boston qui, avec 4 000 étudiants, est la plus grande école de musique privée du monde. La capitale du Turia deviendra de ce fait le siège européen du prestigieux centre d'études musicales américain.


56 c nouvelles culture et société

Unión Fenosa reçoit un prix à New York

Nouveau cycle de conférences à l'IC de Madrid

Les lumières de Hanoukka, par la Casa Sefarad

 Unión Fenosa a été récompensée pour sa stratégie de communication, dans le cadre des Global Energy Awards décernés par l'agence Platts. La récompense a été reçue par le directeur de la communication, Manuel Velasco, lors d'une cérémonie qui s'est tenue au Cipriani Wall Street de New York, en présence de représentants du secteur de l'industrie énergétique du monde entier.

 La programmation du nouveau cycle de conférences du siège madrilène de l'Institut Cervantès est disponible. Les conférences aborderont différents thèmes relatifs à la langue et à la culture espagnoles. Règles actuelles de l'espagnol, langue et mondialisation ou fondements génétiques du langage sont quelques-uns des sujets proposés.

 Pour la première fois, à l'initiative de la Casa Sefarad, les rues de Madrid ont servi de décor à l'une des fêtes les plus chaleureuses du calendrier israélite : Hanoukka, la fête des lumières. Cette fête joyeuse commémore la purification et la dédicace du Temple de Jérusalem par Judas Maccabée, il y a environ 2 200 ans. La célébration s'est déroulée sur la place d'Olavide.

La Casa África se mobilise à l'occasion de la Journée contre le Sida  À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, la Casa África et l'Université de Las Palmas présentent « El Camino de Muzu », campagne de sensibilisation s'adressant particulièrement aux jeunes, élaborée à partir de témoignages directs de porteurs du VIH. L'objectif de cette initiative est de rendre la population consciente de

La culture espagnole dans le monde. La SEACEX soutient à travers le monde 17 expositions d'art espagnol : sculpture, peinture, architecture, design, photographie, sciences et art électronique

« Espagne, carrefour des civilisations ›› présentée en Colombie La Société d'État pour l'action culturelle de l'Espagne à l'étranger (SEACEX) soutient actuellement à travers le monde 17 expositions présentant les chefs-d'œuvre du patrimoine historique espagnol ainsi que les meilleurs artistes espagnols contemporains. La France, l'Égypte, le Salvador, le Portugal, le Brésil, le Venezuela et la Suède sont quelques-uns des pays qui accueillent en ce moment des expositions parrainées par la SEACEX. L'exposition « Espagne, carrefour des civilisations » vient d'être inaugurée au Musée de Medellín, en Colombie. Jusqu'au 15 février, elle permettra aux visiteurs de découvrir une sélection de pièces du Musée archéologique national d'Espagne, symbolisant le legs des peuples et des cultures qui ont habité la péninsule Ibérique au fil des siècles. Son objectif fondamental est de donner une vision universaliste de

l'histoire de l'Espagne, où le métissage et les relations culturelles encouragent la coexistence et les échanges. Le ministre de la Culture, César Antonio Molina, accompagné par son homologue colombienne, Paula Marcela Moreno, a souligné, lors de l'inauguration, que « la péninsule Ibérique a toujours constitué un carrefour, un espace d'échanges de savoirs et de coutumes ». « À l'heure du village global, ce creuset de cultures demeure, avec ses nouvelles relations, ses nouveaux espaces de coexistence que nous pouvons observer avec le regard nouveau du XXIe siècle ».Le commissaire de l'exposition, Félix Jiménez, a expliqué que « l'objectif essentiel de cette exposition est de montrer aux visiteurs, à travers 190 œuvres de premier ordre, l'immense variété culturelle du passé espagnol et les mutations matérielles et idéologiques qui ont fait de la péninsule

« Couple d'offrants » sculpture en calcaire. PHoto seacex

une mosaïque de peuples et un extraordinaire laboratoire de métissage culturel ». Ces œuvres ont été sélectionnées pour leur qualité technique et esthétique, mais aussi pour les informations historiques, sociales et idéologiques qu'elles fournissent, individuellement ou collectivement. Félix Jiménez a déclaré que ces œuvres témoignent des changements de l'économie, de la technologie, de l'art, de la société, de la guerre et de l'idéologie en Espagne, à travers les siècles.


c nouvelles culture et société 57 l'importance de la prévention dans la lutte contre ce virus.

Le Pavillon îles du Pacifique de l'Expo´08 a été récompensé  Le Pavillon des îles du Pacifique de l'Expo Saragosse 08 a reçu le premier prix et la médaille d'or de la conception et de la fonctionnalité pour les pavillons collectifs. Financé par l'AECID et conjointement géré par la Casa Asia et la D.G. Asie et Pacifique du ministère des Affaires étrangères et de

la coopération, plus de 9 000 personnes l'ont visité chaque jour.

Exposition « L'Inde moderne » à Valence  Jusqu'au 15 février, l'IVAM e présente une exposition évoquant la culture, l'histoire, l'art et la réalité sociale de l'Inde. Cette exposition, organisée avec la Casa Asia, propose un parcours, du passé colonial à nos jours, à partir de textes, d'objets, de matériel d'archives et d'œuvres d'art.

Cycle Cuba : À la veille de la révolution

« Cinéma espagnol. Une Chronique visuelle »

 Les activités organisées par la Casa de América du 8 au 18 décembre permettent de faire découvrir l'époque de la victoire de la révolution cubaine, à travers l'évocation, du point de vue des arts et de la pensée, de ce moment historique dont le 50e anniversaire sera commémoré le 1er janvier prochain. Le cycle comprend une exposition, une séance de cinéma.

 Le siège de l'Institut Cervantès de Madrid accueille, jusqu'au 11 janvier, une exposition proposant une rétrospective des grands moments du cinéma espagnol. Organisée autour de trois épisodes chronologiques, l'exposition comprend une collection de cent vingt photographies, cinquante affiches et un peu plus d'une demi-heure de séquences de films.

Croissance des énergies renouvelables. Le rapport « Profil environnemental de l'Espagne 2007 » recueille les principaux défis environnementaux du pays et comprend 19 fiches séparées analysant les caractéristiques de chaque communauté autonome espagnole en matière d'environnement.

En matière d'environnement, l'Espagne progresse Faciliter l'accès des citoyens aux informations concernant l'environnement constitue l'un des piliers de la Convention d'Aarhus, ratifiée par l'Espagne en 2005. Dans le cadre de cet objectif, le rapport présenté par le ministère de l'Environnement, du milieu rural et marin (MARM) permet d'étudier les changements récents de la situation environnementale espagnole et d'évaluer les résultats des politiques développées ces dernières années. Parmi les principales conclusions, ce rapport souligne la diminution des gaz à effet de serre et l'amélioration significative de l'intensité énergétique. Cette étude permet également de constater un accroissement positif du recours aux énergies renouvelables, dépassant les 6,6%. Elle observe aussi une stabilisation de la croissance de la consommation

d'eau potable à usage domestique et une baisse de 7,3% de la consommation d'eau destinée à l'agriculture, due à l'amélioration des techniques d'irrigation. D'autre part, ce rapport fait état du caractère saisonnier du tourisme en Espagne – plus de 58 millions de visiteurs en 2006 –, qui concentre les pressions environnementales sur de brèves périodes, ce qui aggrave la situation dans certaines régions. Signalons par ailleurs que le tourisme rural constitue une alternative économique dans les régions traditionnellement consacrées à l'agriculture, l'élevage et la pêche En milieu urbain, le transport est le secteur qui consomme le plus d'énergie – 39% de l'ensemble –, depuis l'an 2000, il dépasse le secteur industriel. Selon cette étude annuelle, qui analyse 76 indicateurs environnementaux, l'An-

dalousie, l'Aragon et l'Estrémadure sont les communautés qui consacrent le plus de surfaces à l'agriculture biologique, en augmentation de 14% par rapport à 2005. Ce rapport se fonde sur l'étude d'indicateurs qui constituent un instrument utile pour présenter les informations les plus fiables possibles, permettant de décrire des phénomènes complexes et de synthétiser une grande quantité de données qu'il serait difficile de transmettre telles quelles à l'opinion publique.


58 c nouvelles culture et société

Jusqu'au 22 février. Hommage au secrétaire d'État de Charles IV, à l'occasion du bicentenaire de sa mort.

Floridablanca, le grand réformateur du XIXe siècle Plusieurs lieux de Murcie et de Madrid accueillent, depuis le mois de septembre et jusqu'à la fin du mois de février 2009, l'exposition « Floridablanca (1728-1808), l'utopie réformatrice » (Floridablanca, la utopía reformadora), organisée pour commémorer le bicentenaire de la mort d'un homme-clef dans l'histoire de l'Espagne et l'ère moderne de l'Occident. L'exposition rappelle, à travers dessins, documents, peintures, porcelaines, livres, bijoux et sculptures, la naissance du comte de Floridablanca, son environnement familial et ses premières études à Murcie et Orihuela ; les années où il fut avocat à la cour, le début de son activité politique, sa nomination

au titre d'ambassadeur à Rome et, plus tard, l'obtention du titre de comte de Floridablanca ; les années où il fut Premier ministre, les profondes réformes politiques, administratives, économiques et éducatives qu'il mit en œuvre, sa politique scientifique et artistique et son rôle de protecteur de l'Académie royale des Beaux Arts de San Fernando. L'exposition permet en outre de découvrir la chute de Floridablanca et son retour à Murcie, les années d'incarcération dans la citadelle de Pampelune, le pardon du roi, le retour à la politique dans l'Assemblée centrale de Murcie et dans l'Assemblée centrale suprême, et sa mort à Séville, en 1808.

Rembrandt au Prado  Jusqu'au 6 janvier, le musée du Prado propose une exposition d'œuvres de diverses époques de l'un des peintres les plus influents de l'histoire de l'art européen, Rembrandt. L'exposition a pour objectif de donner une vision d'ensemble de la production du peintre néerlandais. Outre ses œuvres, figurent des tableaux d'autres artistes faisant partie des collections du musée.

L'Espagne double son investissement pour le tourisme  En 2009, le gouvernement destinera 769 millions d'euros pour promouvoir le tourisme en Espagne. Entre autres objectifs, le plan prévoit d'attirer davantage de touristes en basse saison et de diversifier les marchés d'origine, majoritairement européens. Le tourisme représente en Espagne 11% du PIB et emploie deux millions de personnes.

Nouvelle encyclopédie des oiseaux d'Espagne sur Internet  La Société espagnole d'ornithologie a élaboré une encyclopédie complète réunissant des informations sur plus de cinq cents oiseaux vivant sur le territoire espagnol. Cette nouvelle ressource en ligne comprend 1 600 photographies, dessins et fichiers sonores et offre des informations sur les principaux aspects de la vie des oiseaux.

L'Espagne soutient le cinéma des femmes

Cérémonies de commémoration du XXXe anniversaire de la Constitution Le 6 décembre dernier, se sont tenues plusieurs cérémonies commémorant le XXXe anniversaire de la Constitution espagnole. L'une des plus importantes était organisée à la Chambre des députés, en présence du roi et de la reine d'Espagne et de « pères de la Constitution » qui apparaissent sur cette photographie. De gauche à droite, Miquel Roca, José Pedro Pérez-Llorca, Miguel Herrero y Rodríguez de Miñón et Manuel Fraga. photo efe

 Le gouvernement s'apprête à renforcer les mesures de la Loi relative au cinéma qui inclut la concession d'aides aux maisons de production encourageant l'incorporation de femmes, par la création d'une section spécifique du Centre national des arts audiovisuels et par la dotation d'un prix reconnaissant la trajectoire professionnelle des femmes dans ce domaine. Cette nouvelle a été annoncée par la Vice-présidente du gouvernement, Fernández de la Vega, lors de la « 1re Rencontre internationale des femmes dans l'audiovisuel ».


c nouvelles culture et société 59

Après quarante années à courir le monde, l'important, pour lui, n'est plus le bruit et la fureur du monde extérieur, toujours frappé par le fouet de la guerre, la faim et la pauvreté, mais les sons de la terre et du passé qui est, dit-on, notre vraie patrie. par Jacobo García. JOURNALISTE

Notre dette envers... Manu Leguineche

Terre étrangère Il a fait deux fois de suite le tour du monde et même davantage, si nous ajoutons tous ses voyages dans les lieux les plus dangereux de la planète. Durant quarante longues années, sa profession de correspondant de guerre l'a exposé aux balles et aux explosions qui constituent le bruit de fond de tous les conflits armés. Suivant toujours la trace ensanglantée que laissent à travers le monde les grands faiseurs de guerres, qui sont toujours les mêmes, étrangement. Toujours attentif aux preuves évidentes que les grands artistes du crime organisé n'oublient jamais de laisser sur leur passage, mais qui sont si difficiles à recueillir pour les montrer au monde. Toujours ému par le sort des vaincus, qui sont souvent les mêmes, eux aussi. Et faisant toujours sien le vers du poète Maïakovski : « Je suis là où se trouve la douleur ». Tout cela, ne nous y trompons guère, pour offrir à ses lecteurs les nouvelles les plus déchirantes du théâtre des opérations qui, la plupart du temps ne sont pas des ba-

tailles, mais de purs massacres. Des nouvelles fraîches servies sur un plateau avec le petit-déjeuner. Si nous suivions la trace des unes et de l'autre, nous verrions que, derrière la page lisse du journal matinal, la brillante surface du pamplemousse et l'aromatique et sombre masse liquide du café, palpite toujours une histoire de violence et d'oppression. La tâche du reporter est de se trouver là où cette histoire se produit pour que nous, qui déjeunons en lisant chaque jour les nouvelles, puissions la savourer toute fraîche avant d'aller travailler. Manuel Leguineche a exercé sa profession bien plus longtemps que la plupart des correspondants de guerre, qui abandonnent dès qu'ils en ont l'occasion, et nous ne pouvons le leur reprocher. Signe que, dans son cas, il ne s'agit pas seulement d'un métier. Il s'agit plutôt d'une vocation. Mais quelle vocation ? De témoin du pire aspect de l'être humain ? D'accusateur des grands de ce monde face au tribunal de l'histoire ? De

l'ambition de devenir le plus audacieux et tenace de ce qu'il appelait lui-même « la tribu » des correspondants de guerre ? Tout cela à la fois, peut-être, mais aussi le plaisir et la fierté de bien faire, jusqu'au bout, le travail qu'il s'était imposé, dans un moment d'enthousiasme. Une profession comme celle-ci offre des avantages évidents, en comparaison avec celle de journaliste de bureau. En premier lieu, le chef de rédaction est toujours loin, aucun risque de sentir son souffle sur la nuque. Deuxièmement, elle laisse beaucoup de temps libre, que l'on peut mettre à profit pour d'enrichissantes et bonne lectures. Troisièmement, même si nous le souhaitions, nous ne pouvons nous attacher durablement à rien ni à personne, aussi, que cela nous plaise ou non, sommes-nous plus libre de faire ce qui nous plaît. Les inconvénients, reconnaissent les correspondants de guerre, sont les balles, les mines antipersonnelles, l'alcool, les maladies du tiers

monde, nombreuses et très variés.... et les notes de frais qu'il ne faut pas seulement réunir et conserver, mais aussi justifier vis-à-vis de l'administrateur du média pour lequel on travaille. Après tant d'agitation, Manuel Leguineche a décidé de s'asseoir à l'ombre d'un arbre de La Alcarria pour regarder passer les nuages qui lui amènent des nouvelles des régions les plus lointaines de la planète, et écouter le chant du coucou, qui lui apporte des souvenirs de son enfance dans une verte vallée du Pays basque. Dans les moments les plus sombres, il tend à penser que tous les efforts accomplis termineront en « chroniques jaunies et en fumée ». Mais soudain le vent, qui ne connaît pas de frontières, porte à ses oreilles une rumeur de feuilles mortes, et il se rend alors compte qu'il se produit partout la même chose, d'une façon plus ou moins bruyante. Les être vivants naissent, grandissent, se battent et tombent. Et le vent balaie les feuilles.


60 c publications

✱... indispensables à lire « La larga conquista de la libertad » (la longue conquête de la liberté). Jesús López-Medel. Éditions Marcial Pons. L'éclatement de l'URSS en 1991 a donné lieu à la création de quinze nouveaux États indépendants qui initièrent alors une quête d'identité. Le long parcours vers la démocratie n'est pas sans embûches, avec des bilans différents selon les régions et les pays, des phases de régressions et des sursauts notables. Ce livre est une analyse rigoureuse du processus historique, politique, économique, géostratégique et culturel du contexte de chacun des nouveaux États de l'ex-URSS. Dans le prologue, Josep María Durán i Lleida explique que « López-Medel a déployé une activité très intense et, non seulement ne s'est-il pas contenté de visiter ces républiques, il a aussi appris à les connaître en profondeur, à faire sienne leur histoire et à scruter chacune des étapes de leur récent parcours. Ce livre est l'un des nombreux fruits portés par ses efforts. Avec une grande rigueur et de façon exhaustive, mais aussi avec clarté et habileté didactique, l'auteur parvient à combler l'une des lacunes de la littérature géopolitique actuelle ».

● Qué fue del buen samaritano? Naciones ricas, políticas pobres (Qu'est devenu le bon samaritain ? Nations riches, politiques pauvres). Ha-Joon Chang. Collection « Libros de Encuentro ». Intermón Oxfam En théorie, les pays riches et les institutions comme le FMI ou la Banque mondiale souhaitent voir toutes les nations devenir des sociétés industrielles modernes. Dans les faits toutefois, ceux qui se trouvent au sommet ont tendance à « retirer l'échelle » vers la richesse par laquelle ils sont montés : c'est ce qu'affirme l'économiste coréen Ha-Joon Chang. Pourquoi ? Apparemment les gouvernements et les institutions des pays

riches et puissants sont de « mauvais samaritains » : ils suggèrent aux pays pauvres de suivre le chemin plus orthodoxe du libre marché en une relecture particulière de leur propre histoire, alors qu'eux-mêmes se sont développés grâce à un type d'économie mixte et à l'aide de politiques protectionnistes. Selon l'auteur, cette démarche a pour but de mettre hors course les pays en voie de développement tout en entretenant l'illusion de la bonté de leurs bienfaiteurs. ● Movimientos sociales y relaciones internacionales (mouvements sociaux et relations internationales) Enara Echart Muñoz. Los Libros de la Catarata. Dans un système international monopolisé par les acteurs étatiques et dépendant de leurs intérêts, l'entrée en force des mouvements sociaux constitue une nouveauté. Pour cette raison, les ouvrages plus traditionnels consacrés à l'étude des relations internationales se contentent de les ignorer

ou de les laisser en marge. Pourtant, ces mouvements sociaux sont présents dans la vie internationale et bien que seuls quelques chercheurs les considèrent et les étudient comme un élément intrinsèque de celle-ci, ils n'en posent pas moins de nombreuses questions, concernant surtout leur degré d'influence. Enara Echart, l'auteur de ce livre, se confronte à ces doutes et offre une réflexion autour de ce phénomène stimulant dans le monde des relations internationales. ● Comediantes y mártires. Ensayo contra los mitos. (Comédiens et martyrs. Essai contre les mythes) Juan José Sebreli. Éditions Debate Après avoir conquis les lecteurs et la critique avec son analyse de la philosophie du XXe siècle dans El olvido de la razón, Juan José Sebreli consacre son nouvel ouvrage, Comediantes y mártires, Ensayo contra los mitos à la figure du héros dans la société contemporaine. Comment

se construit un mythe ? Quel rapport conserve-t-il avec la vie réelle des personnages ? Avec ces deux questions pour fil conducteur, Sebreli passe en revue les circonstances et les caractéristiques personnelles de quatre icônes universelles d'origine argentine, Evita, Gardel, Che Guevara et Maradona. Afin de se confronter à l'utilisation abusive de l'idée de mythe véhiculé par la société moderne, Juan José Sebreli entreprend un travail de démolition de ces références contemporaines dans un essai qui poussera le lecteur à réfléchir et à coïncider avec Brecht sur cette citation en tête du livre : « Malheureux les pays qui ont besoin de héros ». ● « El año de España en China » (L'année de l'Espagne en Chine) Ouvrage collectif. Cuadernos de la Escuela Diplomática Le 35e numéro des Cahiers de l'École diplomatique reprend une série de réflexions de différentes personnalités sur le thème


c publications 61 de l'année de l'Espagne en Chine qui s'est célébrée tout au long de l'année 2007 et en partie en 2008. Du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, à son prédécesseur Josep Piqué, en passant par les ambassadeurs Carlos Blasco et Eugenio Bregolat, les auteurs exposent leur vision des relations entre les deux pays et avancent leur bilan des résultats d'une année ayant servi à relancer les relations avec un pays prioritaire pour la politique

étrangère de l'Espagne. ● Buenas prácticas en la cooperación para el desarrollo (Les bonnes pratiques dans la coopération pour le développement) Ouvrage collectif. Los Libros de la Catarata Le sous-titre de ce livre, Vérification des comptes et transparence, s'avère important pour mieux en comprendre le contenu. La présentation des comptes est un thème de plus en plus important pour la coopération pour le développement, aussi cet ouvrage analyse-t-il les « bonnes pratiques » en la matière de certaines agences bilatérales de coopération afin d'en tirer des leçons et les consé-

quences pertinentes pour la Coopération espagnole. Les auteurs de Buenas prácticas en la cooperación para el desarrollo sont l'économiste péruvienne Vanina Farber, le Portugais João Guimarães et les Espagnols Juan Manuel Toledano et Carlos Illán.

● « La oca del señor Bush » (L'oie de monsieur Bush) Lluís Bassets. Éditions Península Le journaliste catalan Lluís Bassets, directeur adjoint du journal El País retrace dans ce livre, La oca del señor Bush. ou « comment les néoconservateurs ont renversé l'ordre international depuis la Maison Blanche », la chronique d'une révolution tout autant que celle d'un échec. Les deux eurent le même protagoniste, le président américain George W. Bush, de qui on a dit qu'il a été « le pire président de l'histoire » de ce pays. Le titre fait référence au jeu de l'oie auquel jouaient, selon la légende, les Grecs alors qu'ils assiégeaient Troie, « un jeu, affirme Bassets, qui ne pouvait que mal finir ». Selon lui, la première victime de cet échec est le pays luimême, les États-Unis, dont le déclin en tant que superpuissance s'est vu accéléré par les décisions de Bush et de son équipe.

● Naturaleza y Arte en el Nuevo Reyno de Granada (La nature et l'art dans le Nouveau Royaume de Grenade) Antonio González Bueno. Publications AECID À l'occasion du bicentenaire de la mort du grand botaniste José Celestino Mutis, l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) a publié le livre José Celestino Mutis (1732-1808). Naturaleza y arte en el Nuevo Reyno de Granada. Rédigé par Antonio González Bueno, professeur titulaire du département de pharmacie et technologie pharmaceutique de l'université Complutense de Madrid et spécialiste en histoire de la botanique, l'ouvrage retrace la vie du prêtre, médecin, astronome et mathématicien qui fut à l'origine d'une des prouesses scientifiques espagnoles : l'Expédition botanique au Nouveau Royaume de Grenade (l'actuelle Colombie) entreprise en avril 1783 et qui prit fin en 1816. Il reprend également une sélection des dessins qui composaient la collection. ● « La piel de la derrota » (La peau de l'échec) José Antonio Villarreal. Éditions Cuarto Propio. Santiago du Chili Dans son dernier livre, publié à Santiago du Chili, José Antonio Villarreal peint une autobiographie sentimentale qui se veut une ode, parfois amère, à la femme et à la vie. Sans abandonner son territoire poétique et au moyen d'une écriture qu'il a épurée au fil des années, l'auteur développe ses thè-

mes de prédilection : l'envol du temps, l'inexorabilité de la mort et le désir de survie à travers les mots. L'érotisme, la réflexion existentielle et l'ironie se combinent dans un recueil de poèmes particulièrement ambitieux où, aux côtés des textes en vers libres, la part belle est faite au sonnet dans un style digne de Quevedo. ● Enciclopedia del español en los Estados Unidos. (Encyclopédie de l'espagnol aux États-Unis) Institut Cervantès. Santillana L'Encyclopédie de l'espagnol aux États-Unis examine au fil de plus de 80 articles spécialisés le passé, le présent et l'avenir de l'espagnol et de la culture hispanique sur le territoire américain. Il s'agit du résultat de l'analyse faite par une cinquantaine de spécialistes, espagnols et hispano-américains, appartenant aux domaines les plus divers. C'est là un travail pionnier, qui n'a jusqu'à ce jour été entrepris par aucun autre pays ni par aucune autre institution ou entreprise. Parallèlement, cet ouvrage constitue une nouvelle avancée dans la recherche sur l'état de l'espagnol dans le monde menée au cours des dernières années par l'Institut Cervantès : un travail qui a débuté avec la collection des Anuarios publiés entre 1998 et 2005 et l'Encyclopédie de l'espagnol 2006-2007. L'Institut Cervantès considère que l'avenir de l'espagnol passe par l'exploitation de l'exceptionnelle conjoncture que vit notre langue aux États-Unis.


50 e nuria espert


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Depuis plus de cinquante ans sur la brèche, Nuria Espert avoue rester active et en forme grâce à l'enthousiasme et à l'amour qu'elle porte au théâtre depuis le plus jeune âge. Elle affirme toutefois qu'elle n'a pas décidé de se passionner pour le théâtre, et que les passions sont tout simplement inscrites dans les gènes. Unanimement considérée comme la grande dame du théâtre espagnol, une dame de la scène par excellence, elle préfère être simplement considérée comme une femme de théâtre. Et à juste titre car à part l'écriture, elle a touché à tout dans le domaine du théâtre, avec beaucoup de talent. Outre sa carrière de comédienne, elle a dirigé de nombreuses pièces dont plusieurs opéras ; elle a été imprésario avec sa propre troupe, a réalisé des adaptations et des traductions, et a aussi maintes fois balayé la scène.

Nuria Espert

«Tout comédien doit trouver sa propre manière de convaincre le public que ce qu'il est en train d'interpréter est réel et vraisemblable»

D

iscuter avec Nuria Espert est un privilège et une expérience unique. Elle est le contraire d'une diva, toujours prête à prodiguer des paroles élogieuses envers ses collègues et à remercier constamment les nombreuses personnes qui l'ont aidée. Pour elle, c'est une question de chance, elle pense qu'on n'a pas à provoquer la chance, mais qu'elle se présente et qu'il faut être prêt à la saisir des deux mains lorsqu'elle passe à votre portée. Et de plus, elle n'arrête pas, elle ne s'accorde pas un seul moment de répit. En début d'année, elle commence à répéter une

nouvelle pièce, de l'un de ses auteurs préférés, Federico García Lorca, « La Maison de Bernarda Alba ». C'est une pièce qu'elle connaît, car elle l'a déjà dirigée. Mais cette fois-ci, elle interviendra en tant que comédienne, sa vraie passion, celle qui lui est la plus chère. — Je suppose que vous savez que sur Internet, des centaines de sites parlent de Nuria Espert. — J'imagine. Je ne suis jamais allée voir. Internet produit une certaine saturation. — Pourtant, c'est un baromètre qui donne des indications sur l'impor-

tance du personnage en question. Un autre exemple : j'ai lu que vous aviez reçu des centaines de prix et de récompenses tout au long de votre carrière professionnelle. — J'en ai plus de deux cents, effectivement. — Bien que vous ayez commencé très jeune et que vous soyez dans la profession depuis de nombreuses années, cela fait tout de même une moyenne de quatre ou cinq prix par an. — C'est par périodes. L'année où j'ai débuté dans la troupe créée par mon mari, Armando Moreno, avec la pièce « Gigi


64 e l'entretien

« On ne peut pas passer autant d'années dans un métier comme le théâtre sans éveiller des sentiments de toute sorte, y compris des sentiments négatifs » « En réalité, j'ai toujours interprété des rôles de femmes en haillons. Je n'ai pas été une comédienne de théâtre classique, je n'ai pas joué de rôles de reines ni de princesses » « Je cherche à m'identifier pleinement avec tous les personnages que j'interprète. Quelquefois j'y arrive, parfois non » « Le théâtre est dur, le chemin que j'ai parcouru n'a pas été facile, ça n'a pas été un chemin jonché de roses » », nous en avions reçu une quinzaine. Cette pièce a été une grande découverte et tous les prix lui ont été décernés, à l'époque. Ensuite, les prix sont arrivés de manière plus sporadique… Mais c'est vrai, il ne s'est pas passé une année sans que nous en recevions quatre ou cinq. Plus tard, quand j'ai commencé à travailler avec Víctor García, avec qui j'ai joué dans « Les Bonnes », « Yerma » et « Divines paroles », une trentaine de prix nous ont également été décernés. Enfin, j'ai commencé à recevoir des prix étrangers, entre autres pour des spectacles que mon mari et moi-même avions produits ensemble. — Il arrivera un moment où l'on ne pourra plus vous en décerner, car vous les aurez déjà tous. — Il ne faut pas oublier que beaucoup d'entre eux sont très modestes, même s'ils ont autant de valeur pour moi que les « grands ». En fait, lorsque vous effectuez une tournée, les gens sont si généreux que dans chaque endroit d'Espagne, ils vous remettent leurs prix. Je crois qu'ils les décernent pour le temps passé dans le monde du théâtre, pour la persévérance, par sympathie. Certains de ces prix ont signifié plus que d'autres dans ma carrière, mais pas dans mon cœur. Je veux dire par là que je suis prê-

te à prendre un avion ou monter dans une voiture, à faire un voyage de huit heures pour aller chercher un prix qui me serait décerné dans n'importe quel village perdu, aussi petit soit-il. — Où rangez-vous tous ces trophées ? — Mon mari m'oblige à les garder dans la maison. C'est lui qui a commencé à les compter, j'ignore si c'est pour s'en vanter ou pour le dire à nos amis. Maintenant, ils ne sont plus chez moi : ils sont au musée du Théâtre d'Almagro, excepté ceux que j'ai reçus ces dernières années, ceux-là, je les garde dans un placard. — En dehors des prix, ce qui me surprend c'est que tout le monde parle en bien de Nuria Espert. — Eh bien, c'est parce que vous n'avez pas lu tout ce qui a été écrit sur moi. Il me semble que vous avez omis certains sites Internet, ou bien les gens qui ne m'apprécient pas n'utilisent pas le Web. Car ce n'est pas vrai, non. On ne peut pas passer autant d'années dans un métier comme le théâtre sans éveiller des sentiments de toute sorte, y compris des sentiments négatifs. Je dois néanmoins reconnaître que, d'une manière générale, en cette période de ma vie, tout ce que l'on dit de moi est positif. C'est sans doute que les

périodes de lutte et de compétition sont terminées. Je jouis désormais d'une paix béate et je ne sens qu'affection autour de moi. Mais, comme tout le monde, j'ai eu des détracteurs, et c'est normal. C'est inévitable, aucun artiste ne fait exception. — Mais nous vous connaissons comme la grande dame, la dame du théâtre espagnol. J'aimerais pourtant vous rappeler une phrase que vous avez prononcée lors d'une dispute avec un directeur administratif général. Précisément, je crois que vous avez dit : « Je ne suis pas une dame, je suis une bête noire ». Oui, c'est vrai. C'est une phrase qui a beaucoup plu. Ce directeur pensait que la personne qui se trouvait devant lui était différente. Il était très mal élevé et croyait que j'allais me conduire comme une dame, mais je n'avais aucune envie de le supporter. D'autre part, les gens qui m'appellent grande dame du théâtre sont pleins d'affection et de respect. Mais je dois vous avouer que je n'aime pas beaucoup cette expression. Sincèrement, je préfère qu'ils disent que je suis une femme de théâtre et, s'ils sont très affectueux et disent une grande femme de théâtre, j'aime encore mieux. Le terme de dame


e l'entretien 65 me semble convenir à un autre style de femme, celles qui savent recevoir, qui savent où placer couteaux et fourchettes et toutes ces règles de savoir-vivre. — Vous ne vous reconnaissez pas dans cette image. — En réalité, j'ai toujours interprété des rôles de femmes en haillons. Je veux dire que je n'ai pas été une comédienne de théâtre classique, je n'ai pas joué de rôles de reines ni de princesses. J'ai été une comédienne d'un autre genre et ce compliment ne me plaît pas vraiment. C'est comme un costume qui ne me va pas. — En tout cas, ce qui est sûr c'est que les personnages que l'on a le plus identifiés à Nuria Espert ont plutôt un profil tragique, comme Yerma, La Célestine… — Et toujours pieds nus sur scène. En raison de la dynamique même de mon travail, de toutes ces années d'effort, le terme de dame ne me convient pas. Je le prends pourtant comme un compliment, car je sais qu'on me le dit avec beaucoup d'affection. — Y a-t-il un personnage avec lequel vous vous êtes pleinement identifiée ? — Je cherche à m'identifier pleinement avec tous les personnages que j'interprète. Quelquefois j'y arrive, parfois non. Mais j'essaie toujours d'être elle, le personnage. Mais je n'y parviens jamais entièrement, ni lorsque je suis bonne, ni lorsque je suis mauvaise sur scène. Je ne connais jamais cette transformation à cent pour cent. Certains de mes collègues affirment le contraire, qu'une métamorphose s'opère réellement en eux lorsqu'ils jouent. — C'est peut-être un peu exagéré. — L'important est d'être bon dans le rôle qu'on interprète, et que chacun y parvienne comme il l'entend. L'adage « à chaque fou sa marotte » ne s'est jamais aussi bien appliqué qu'au théâtre. Quelle que soit l'école d'où il vient et la manière dont il a été formé, tout comédien doit trouver sa propre manière de convaincre le public que ce qu'il est en train d'interpréter est réel et vrai-

semblable. Peu importe qu'il s'agisse de théâtre classique, de théâtre de l'absurde ou d'avant-garde, le but d'un comédien, d'une comédienne, est de convaincre que son personnage est réel, il faut trouver la manière d'y parvenir, parfois en employant la farce, la démesure, en intériorisant ou encore en se tuant sur scène ou en feignant de le faire. Ça dépend, ça dépend ce que l'on souhaite construire. — En parlant d'écoles. J'ignore si vous vous identifiez avec une école en particulier, mais d'après ce que je sais, votre école a été le théâtre luimême. Vous venez du théâtre amateur d'où, encore toute jeune, vous êtes directement passée dans une troupe professionnelle. — Je viens d'une école qui est en train de disparaître et qui, pour moi en tout cas, a été merveilleuse : jouer tous les jours. Aujourd'hui, c'est devenu impossible, les jeunes comédiens ne peuvent pas se former de cette manière. J'avais treize ans quand j'ai intégré une troupe de théâtre pour jouer dans des pièces pour enfants et j'y suis restée jusqu'à l'âge de 17 ans. Lorsque j'ai quitté la troupe, j'étais formée car j'avais joué tous les jours, deux fois par jour, parfois même trois, puisque je faisais la représentation pour enfants et les deux pour adultes. C'est ainsi que je suis passée de l'enfance à l'adolescence et que j'ai coupé mes tresses. C'est là que j'ai troqué mes chaussettes pour des bas. — Et vous êtes devenue une femme. — Et je suis devenue une femme. C'est là que la transformation s'est produite. Je ne trouve pas de mots pour expliquer à quel point ce système est bon, merveilleux car, pour ma part, quand j'étais très jeune j'ai eu le trac pendant deux ou trois ans. Si je n'avais pas fait partie de cette troupe, je ne l'aurais peut-être pas surmonté. Actuellement, de nombreux comédiens, en particulier ceux qui débutent, ne travaillent que deux ou trois mois tous les deux ans. En effet, il faut trouver d'autres voies, comme les écoles de théâtre, pour que les gens perdent la ter-

rible virginité de la grande timidité que presque tous les comédiens connaissent. Je lis des biographies de mes collègues. Tout le monde parle de sa timidité. Moi aussi je suis très timide, je le suis encore aujourd'hui, alors imaginez quand j'étais enfant. Imaginez le moment où j'ai quitté mon quartier de Santa Eulalia et, pour la première fois, je suis entrée dans un théâtre dans le centre de Barcelone, pour jouer dans une troupe pour de vrai. C'était très dur, mais il me semble aujourd'hui que personne n'a eu autant de chance que moi, car c'est là que j'ai appris ce qu'il faut faire et ne pas faire au théâtre. Je vis toujours de ce que j'ai appris à cette époque. J'ai appris là, au cours de ces années, soixante ou soixante-dix pour cent de tout ce que je sais aujourd'hui. — On apprend aussi à tenir le coup. J'imagine qu'à quatorze ans et avec le trac, il faut beaucoup de courage pour ne pas partir en courant. — Oui. Mais ça arrive à beaucoup de gens. Je veux dire que tous ceux qui essaient d'être comédiens passent par là. À part quelques effrontés qui n'ont peur de rien et montent sur scène en toute inconscience, nous avons tous eu le trac, et en ce qui me concerne, durant pas mal de temps. Ce que j'ai fait ne relève pas de l'exploit, c'est assez habituel. — Il ne faut pas seulement du courage. Chaque fois que vous le pouvez, vous faites profession d'amour pour le théâtre. — Ceux qui ne m'apprécient pas beaucoup diraient que je le fais de manière démesurée. — Amour et passion, j'imagine. — Se laisser enivrer par la passion ne relève pas d'une décision. Les passions nous sont données, elles sont certainement inscrites dans le programme génétique de chacun. Je n'ai pas décidé de me passionner pour le théâtre. Le théâtre est dur, le chemin que j'ai parcouru n'a pas été facile, ça n'a pas été un chemin jonché de roses. Pas du tout ! C'est plutôt une pente assez raide. Il faut impérativement être en bonne santé, avoir de la chance, du caractère et une grande


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persévérance. Se sont des attributs qui nous sont donnés. — Vous parlez de chance. Mais la chance est une chose que chacun cherche à sa manière, même si le hasard est un facteur qui entre toujours en ligne de compte. — Je ne pense pas. La chance, si on la cherche, on ne la trouve pas. En revanche, je crois que lorsque la chance se présente, et c'est le cas pour presque tout le monde, il faut la voir, être prêt et la saisir bien fort des deux mains. — Il ne s'agit pas exactement de provoquer la chance, mais plutôt d'une sorte de prédisposition. — Il s'agit d'être prêt. Pour ma part, lorsqu'on est venu me chercher pour jouer dans la troupe pour enfants dans laquelle j'ai débuté, cela faisait des années que je récitais dans les « nids de l'art » de ma ville d'origine. Je détestais aller réciter, mais je le faisais car cela faisait plaisir à mes parents et je ne m'y suis jamais opposée, j'étais donc prête pour commencer à jouer. La chance joue pour beaucoup. Tout au long de ma carrière, j'ai rencontré des gens très bons qui m'ont aidée dans des moments vraiment difficiles, de façon inespérée, alors qu'ils n'y étaient pas obligés… Alors… — Autrement dit, la vie vous a énormément souri. — Oui, c'est ça. J'ai connu beaucoup de gens généreux, de nombreuses mains se sont tendues au bon moment. C'est ce que j'appelle la chance. — De plus, vous avez eu le privilège d'interpréter tous les rôles qui vous faisaient envie. Vous avez récemment déclaré que vous aviez toujours pu faire « ce que vous aviez voulu ». — Enfin, c'est une manière de parler, car à l'époque de Franco, personne ne faisait ce qu'il voulait. Ce qui est sûr, c'est que le fait d'avoir ma propre troupe m'a permis de choisir mes pièces et mes metteurs en scène. Nous n'avons pourtant pas pu monter nombre de pièces que nous aurions aimé jouer en raison de problèmes divers et d'interdictions du régime franquiste. Comme tout le

monde. Je ne veux pas dire que mon mari et moi ayons été particulièrement limités par le franquisme. Nous étions tous logés à la même enseigne et dans cette situation, chacun s'en sortait comme il pouvait. — C'est votre mari qui a insisté pour que vous montiez votre troupe. — En effet, c'est Armando qui l'a créée et qui s'est battu pour elle à chaque instant. J'avais alors 20 ans et cela me semblait une folie, une extravagance. À l'époque, j'avais déjà joué « Médée » avec un énorme succès, mais c'était tout. En fait, personne ne me connaissait, seuls quelques critiques avaient dit du bien de moi. Armando a insisté pour monter la troupe et cela m'a permis de choisir, dans les limites imposées par le franquisme. — Tout cela est arrivé assez tôt dans votre vie : à douze ans, vous faisiez déjà du théâtre, à dix-neuf dans, vous étiez mariée, à vingt ans, vous aviez votre propre troupe. Tout est allé très vite. — Oui, tout est allé très vite. Mais les choses se sont présentées ainsi. Ditesmoi si ce n'est pas une chance pour moi que la troupe catalane dans laquelle j'ai commencé ait engagé la grande première comédienne de l'époque, la merveilleuse Elvira Noriega, pour effectuer une tournée dans les principaux festivals d'Espagne et que, quinze jours avant le début de la tournée, elle tombe malade et ne puisse pas jouer ? — Et c'est vous qui avez remplacé Elvira Noriega. — Pensant à Elvira Noriega et pour l'attirer, sachant qu'elle aimait ces œuvres, la troupe avait choisi des pièces comme « Médée », « Fuente Ovejuna ». Je jouais le rôle de la troisième femme dans « Médée » et pour moi, c'était comme un rêve de faire cette tournée et voyager à travers toute l'Espagne. Moi qui n'avais jamais quitté la Catalogne ! Nous étions tous pleins d'espoir et de joie, et cela faisait déjà deux mois que nous répétions, lorsque nous avons appris qu'Elvira ne pourrait pas venir. Les directeurs de la troupe, formée spécialement pour cette

tournée, ont d'abord cherché une comédienne capable d'apprendre le rôle en quinze jours. Ils ont envisagé d'annuler la tournée, ce qui aurait représenté la ruine des pauvres imprésarios. C'était purement et simplement une catastrophe. Une telle catastrophe qu'ils ont risqué le tout pour le tout et ont décidé de me faire faire un essai, car quelqu'un s'est souvenu que j'avais déjà joué dans « Roméo et Juliette » au théâtre Romea, avec une troupe semi-professionnelle. — Et l'essai a été une réussite, bien sûr. — On m'a fait faire un essai dans lequel je devais crier car, dans « Médée », il fallait tellement crier que la première chose dont il fallait s'assurer était que je pouvais tenir jusqu'à la fin de la représentation. Le metteur en scène m'avait donné rendez-vous dans un ancien hôpital abandonné, transformé en parc, il m'a placée sous un lampadaire avec le texte, est allé se placer à l'autre extrémité, et m'a demandé de lire les monologues de « Médée ». Et j'ai lu tous les monologues, bien sûr. J'ai été acceptée comme première comédienne, mais il ne restait qu'une dizaine de jours avant la représentation. Je dois préciser que j'avais une mémoire prodigieuse et que j'avais très souvent entendu le texte au cours des deux mois de répétitions. — Et vous n'aviez pas les jambes qui flageolaient ? — Je ne m'en souviens pas, pour tout dire. En ce qui concerne mon état, je ne garde absolument aucun souvenir du jour de la première. Tout ce que je sais, c'est que je suis montée sur scène, j'ai joué et la représentation s'est terminée. — Ensuite, avec votre propre troupe et le soutien de votre mari, la situation s'est considérablement améliorée. — Bien sûr. C'est Armando qui a réuni le peu d'argent dont nous disposions au début, et les astres nous aussi ont été favorables car la première pièce a été dirigée par Cayetano Luca de Tena, qui a fait un travail absolument remarquable. Ce fut un grand succès qui a été déterminant dans le parcours de la troupe. Si


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« Tout au long de ma carrière, j'ai rencontré des gens très bons qui m'ont aidée dans des moments vraiment difficiles, de façon inespérée, alors qu'ils n'y étaient pas obligés » « Le cinéma ne compte pas dans ma vie. Je reconnais que je n'ai eu aucun rôle important » « Je ne suis pas tout à fait metteur en scène d'opéra mais une comédienne qui met en scène » « J'ai énormément travaillé, énormément. Mais il est arrivé un moment, très tôt, où le théâtre n'a plus été pour moi un travail » cette première pièce n'avait pas marché, notre sort aurait pu être identique à celui de beaucoup de troupes, qui débutent et arrêtent après un premier essai, surtout si elles ne bénéficient pas du soutien d'une personne célèbre. — Votre incursion dans le cinéma est peu significative d'une manière générale. — Le cinéma ne compte pas dans ma vie. Je reconnais que je n'ai eu aucun rôle important. — On a l'impression que le peu que vous avez tourné, vous l'avez fait presque par obligation, sans réel intérêt. — Pas au début. À 20 ans, je ne savais pas si cela allait me plaire ou pas, si je pouvais travailler au cinéma avec le même intérêt qu'au théâtre. Sincèrement, je ne savais pas. J'ai eu de petits rôles au cinéma, que je n'ai pas aimés, et je ne me suis pas plu dans ce milieu. De plus, ma carrière s'est rapidement orientée vers le théâtre et j'ai immédiatement eu un succès tel, que le cinéma est resté marginal. Si bien qu'on m'offrait des rôles au cinéma que je ne pouvais pas accepter, car j'avais toujours des obligations au théâtre, et quand je tournais, j'étais toujours très insatisfaite de ma prestation. Quand j'étais sur un tournage, je m'en-

nuyais et j'avais envie de retourner au théâtre. — Votre incursion dans le cinéma n'a pas été si négative. — J'ai joué dans deux ou trois bons films, qui me plaisent, du moins. J'en ai tourné dix ou douze autres que je n'aime pas du tout, et au moins deux épouvantables. Si bien qu'il est arrivé un moment où j'ai décidé, en accord avec Armando, que j'allais abandonner, que nous étions faits pour le théâtre, milieu dans lequel nous nous étions déjà fait une place avec notre troupe et nous avions obtenu plusieurs prix. À partir de ce moment-là, je n'ai plus accepté aucun rôle au cinéma et je ne l'ai jamais regretté. Les deux dernières années, j'ai joué dans deux films avec Ventura Pons, « Actrices » en 1997, et « Barcelona (un mapa) » en 2007. Ce que fait Ventura Pons, qui n'appréciera pas de lire ceci, c'est du théâtre filmé et j'avoue que j'ai aimé travailler avec lui. Mais je n'aime pas faire de cinéma, même si j'aime beaucoup voir des films. Quand je tourne, je ne suis pas dans l'état dans lequel on doit être pour entrer dans l'œuvre. — Une autre de vos facettes, peut-être moins connue, est celle de metteur en scène d'opéra. Vous avez dirigé les plus grands œuvres.

— Oh, seulement huit ou neuf… — Et dans des salles importantes comme le Théâtre royal de Madrid, le Liceo de Barcelone ou le Royal opera house de Londres. — J'ai aussi mis en scène les opéras les plus difficiles comme « Turandot » et « Carmen », qui sont deux monstres de l'enfer, deux monuments extrêmement complexes. Bien sûr, j'en ai également mis en scène de plus faciles, tels que « Electra » de Richard Strauss ou « Madame Butterfly », « La Traviata », « Rigoletto », « Tosca »… Mais depuis la mort d'Armando, je n'ai plus mis d'opéras en scène. À part deux anciens engagements, je n'ai accepté aucune proposition. — Les femmes metteur en scène d'opéra sont une exception, du moins jusqu'à présent. À quoi attribuezvous le fait qu'on vous l'ait si souvent proposé ? — Les opéras que j'ai dirigés mettent en général en scène de grands personnages féminins. Je crois qu'en me les offrant, ils pensent, et ils doivent avoir raison, que pour des œuvres qui ont été représentées des milliers de fois et souvent très bien, une femme comme moi, qui ne suis pas tout à fait metteur en scène d'opéra mais une comédienne qui diri-


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ge, peut peut-être, j'insiste, apporter un regard nouveau et différent. Je pense que c'est précisément cela qui m'a permis de prospérer aussi vite et d'être tant demandée dans le monde de l'opéra. Car en effet, il y a très peu de femmes dans le monde de la mise en scène d'opéra, et quand j'ai commencé, il y en avait encore moins. Par exemple, le Théâtre royal vient de publier un livre sur les metteurs en scène d'opéra et je suis la seule femme à y figurer. On m'a même surnommée « La dame de Covent Garden » parce que j'ai fait des mises en scènes trois années de suite à Londres, et que j'étais une femme dans un monde d'hommes. Néanmoins, de plus en plus de femmes mettent en scène des opéras. — À part l'écriture, on peut dire que vous avez touché à tout, et avec succès, dans le domaine du théâtre. — J'ai fait des traductions et des adaptations, mais je n'ai pas écrit car je n'ai pas de talent pour l'écriture. Si j'en avais, j'aurais aussi essayé. — Vous avez consacré de nombreuses années au théâtre. Je suis d'accord, mais si on examine votre carrière, il faut reconnaître que vous avez mis le temps à profit. — J'ai énormément travaillé, énormément. Mais je tiens à préciser qu'il est arrivé un moment, très tôt, où le théâtre n'a plus été pour moi un travail. Pendant la période de ma formation, c'était vraiment un travail, et qui plus est, avec une incertitude quant au fait que j'allais pouvoir gagner ma vie et en faire mon métier. En réalité, je voulais être danseuse, comme presque toutes les comédiennes, mais je n'avais pas de talent pour la danse non plus, alors j'ai commencé le théâtre car on me payait pour ce travail. — C'était comme aller au boulot. — Oui, en quelque sorte. En plus, avec le trac que j'avais, ce n'était pas un plaisir, mais c'était un travail. Quand Armando et moi avons monté notre compagnie, ce qui était un moyen de trouver un débouché professionnel pour tous les deux, c'était déjà le travail que j'aimais

« C'est lorsque je joue que je me sens vraiment bien. Tout le reste est simplement venu se greffer. Lorsque je mets en scène, j'ai un peu l'impression d'être un imposteur » « En réalité, sur scène, je me sens à l'aise, même lorsque je suis mauvaise. Je sais que je suis une comédienne et que si je ne me sens pas bonne dans une représentation, je le serai dans la suivante » « Rafael Alberti était un puits de sagesse, un être merveilleux. L'avoir connu fait partie des choses les meilleures qui me sont arrivées » le plus, mais ça n'en restait pas moins un travail. Il est arrivé un moment où ce n'était plus un travail, et cela ne coïncide pas avec la stabilité financière, que nous n'avons jamais connue avec la troupe. D'accord, nous vivions de cela, nous payions l'école de nos filles grâce au théâtre, mais pour moi, cela ne signifiait plus aller au travail. Lorsque nous organisions une nouvelle tournée, je ne me disais plus que ce monde était dur. J'étais déjà quelqu'un d'autre, qui voyait sa profession autrement. — Il est certain que le théâtre demande un effort important, aussi bien physique qu'intellectuel. Sans parler des tournées de plusieurs mois. — Cela requiert résistance et bonne santé. Nous avons parlé de la chance tout à l'heure, du fait qu'on doit la provoquer ou non. Tout le monde veut être

en bonne santé, même les sots jugent cela plus important que tout. Mais il faut avoir cette chance d'être en bonne santé, car on en a besoin pour faire une carrière aussi longue que la mienne. J'ai fait, je ne sais pas, disons 25 tournées dans toute l'Espagne et 15 à travers le monde, en Amérique latine, aux EtatsUnis, en Russie. Il faut avoir une excellente santé. — Vous avez été tellement plongée dans le théâtre qu'on ne vous a jamais vue mêlée au monde de la « presse du cœur », avec son corollaire d'infidélités, d'aventures, de ruptures et autres cancans. — C'est une infamie que l'on inflige aux artistes. D'une certaine manière, cela a toujours existé, mais avant, c'était plus léger. Je n'ai jamais été confrontée à ce monde car j'ai eu la chance d'avoir


e l'entretien 69 une vie de famille satisfaisante et magnifique. Les gens seuls recherchent la compagnie et il est normal qu'ils sortent et s'amusent du mieux qu'ils peuvent. Les gens changent de partenaire, évidemment, c'est la vie, et ils sortent. Ce qui est déplorable, c'est tous ces ragots qu'on raconte sur eux, des mesquineries, des bassesses. En ce qui me concerne, il s'avère que j'ai toujours présenté peu d'intérêt, car je suis extrêmement discrète. — Vous avez dit de vous-même que vous étiez pudique. C'est un terme que j'aime et revendique. — Je trouve que c'est un joli mot. La pudeur n'a rien à voir avec l'ingénuité ou la bigoterie, ni rien de ce genre. La pudeur, c'est en réalité savoir préserver en soi tout ce qui vaut la peine d'être préservé. — Une manière de se respecter. — Oui, mais ça n'est pas facile. Il faut reconnaître que pour un jeune comédien ou une jeune comédienne qui connaît, tout à coup, un grand succès mais qui est seul… C'est compliqué, car c'est un phénomène qui s'est répandu dans le monde entier, comme la peste. — De toutes vos facettes au théâtre, que ce soit celle de comédienne, metteur en scène, imprésario, avec laquelle vous identifiez-vous ? — J'aime me considérer comme une femme de théâtre. J'ai touché à tout, j'ai même balayé la scène ou supervisé les chargements et déchargements du matériel, tout. Je suis contente qu'il en ait été ainsi et qu'on reconnaisse que je suis une femme de théâtre, une bonne femme de théâtre autant que possible. Mais, c'est lorsque je joue que me sens vraiment moi-même. Tout le reste est simplement venu se greffer : j'ai beaucoup aimé diriger le Centre dramatique national, j'ai bien aimé faire des traductions. Je n'apprécie pas autant de diriger, mais je l'ai fait, et souvent. — On a peine à croire que vous n'aimez pas diriger, au vu de toutes les pièces que vous avez mises en scène. — Lorsque je dirige, j'ai un peu l'impression d'être un imposteur. Je ne sais pas

comment l'expliquer, mais je crois qu'il n'est pas bon de commencer en haut de l'échelle un travail aussi difficile. Dans mon cas, à Londres, dans une langue qui n'était pas la mienne, avec une pièce de Federico García Lorca, et avec Glenda Jackson comme comédienne. Je ne le conseille pas. — Cela me paraît une chance merveilleuse, une opportunité en or. — Je ne le conseille pas car dans le fond, vous savez que vous n'êtes pas à la hauteur. Lorsque je mettais en scène des spectacles d'opéra les uns après les autres à Covent Garden, j'en suis arrivée à me dire que je n'étais pas ce que les gens imaginaient. Et cela me mettait très mal à l'aise. Si mal qu'à la mort de mon mari, j'ai disparu du monde de l'opéra, car c'était lui qui m’y poussait. — Ceux qui vous appelaient pour des mises en scène ne pensaient certainement pas de même et, bien sûr, je ne pense pas qu'ils vous considéraient comme un imposteur. — En réalité, sur scène, même lorsque je me sens mauvaise, je me sens à l'aise. Je sais que je suis une comédienne et que si je ne me sens pas bonne dans une représentation, je le serai dans la suivante. Mais lorsque je dirige, je ne ressens pas la même chose. Le moment où je suis le plus heureuse, c'est lorsque je joue, et c'est ce que j'aime le plus, mais je suis également fière d'avoir touché un peu à tout au théâtre. — Vous avez parlé de vos tournées internationales. Je crois que nous devons vous remercier d'avoir diffusé le théâtre espagnol dans le monde entier. — Je voyage à travers le monde depuis 1969, année où j'ai fait une tournée avec « Les Bonnes ». Je me souviens qu'à cette époque, dans la plupart des lieux, que ce soit Londres, Paris, l'Autriche, New York, et cetera, on mentionnait sur les affiches qu'il s'agissait de la première troupe espagnole participant au festival en question. C'est dommage que je n'ait pas conservé ces affiches, mais je ne garde presque rien. À l'époque, cela me paraissait normal, mais en y repensant

avec une certaine distance et un certain recul, je pense que c'était une merveille, c'était « génial ». À Belgrade, qui organisait à l'époque le meilleur festival de théâtre du monde, où les nouvelles tendances étaient présentées, nous avons remporté le premier prix international, et qui plus est, nous avons fini par être presque de la maison puisque nous y avons présenté, outre « Les Bonnes », « Yerma », « Divines paroles », « Phèdre », « Doña Rosita, la célibataire » et « La Tempête ». — Plusieurs pièces de Federico García Lorca, un auteur avec lequel vous avez toujours eu un lien très spécial. — Et maintenant, en janvier, je vais monter, en tant que comédienne, une nouvelle pièce de Lorca, « La Maison de Bernarda Alba ». Ce que je dois à Lorca… Il n'y a pas de mots pour l'exprimer. Tout petite, dès cinq ou six ans, je récitais déjà ses poèmes, car mes parents m'avaient appris « Romance de la lune, lune ». Plus tard, j'ai continué avec « Yerma », et dans les récitals avec Rafael Alberti, la poésie de Lorca était un peu le cœur du spectacle. J'ai récité Lorca en solo dans nombre de récitals et j'ai joué dans « Haciendo Lorca », de Lluís Pasqual, un spectacle dans lequel j'ai évolué aux côtés de Alfredo Alcón, et que nous avons donné à Paris, Londres, Buenos Aires et dans bien d'autres villes. J'ai fait « Doña Rosita, la célibataire » « La Maison de Bernarda Alba », je l'ai dirigée à Londres, Tokyo et Tel Aviv… — Votre relation avec un autre poète andalou, Rafael Alberti, a également été très étroite et fructueuse. — Cela fait partie des choses les meilleures qui me sont arrivées. Je ne trouve pas de mots pour parler de Rafael. Il était un puits de sagesse, un être merveilleux, merveilleux, merveilleux. — Et très amusant, je crois. — Oui, très. Je crois que ces rides que j'ai aux coins des yeux sont dues au fait d'avoir tant ri avec Rafael. Il était un cadeau de la vie. Nous avons donné plus de trois cents récitals en quinze ans, ce qui n'est pas rien. — Comment cela a-t-il commencé ?


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le profil de nuria espert Née en 1935 à L´Hospitalet de Llobregat (Barcelone), Nuria Espert a fréquenté le lycée à Barcelone, où elle a étudié les langues et la musique. Cependant, sa véritable université a été le théâtre : dès l'âge de 13 ans, elle était déjà sur scène, jouant dans des pièces pour enfants et depuis, elle n'en est jamais descendue. Mais avant cela, poussée par ses parents, qui étaient grands amateurs de théâtre et de poésie, Nuria Espert récitait des poèmes dans les « nids de l'art », minuscules bars, en Catalogne, qui disposaient d'une petite scène, d'un piano et d'un micro. Elle est ensuite passée au théâtre amateur et à 17 ans, elle connut son premier grand succès en remplaçant la comédienne Elvira Noriega dans la pièce « Médée ». À 19 ans, elle a épousé Armando Moreno, comédien lui aussi, et ils ont monté leur propre troupe cinq ans plus tard.

La comédienne au début de sa carrière. (De gauche à droite) Portrait de 1970. Image de la représentation de « Divines paroles » du dramaturge Valle-Inclán, à Madrid, sous la direction de Víctor García en 1977. Récital poétique avec Rafael Alberti à Barcelone en 1982. photos efe

— Je l'ai connu à son retour d'exil, lors de la présentation d'un livre à la Bibliothèque nationale, de Lorca justement, « Romancero gitan », dont Alberti avait fait les illustrations. Lors de la présentation, Rafael a lu des poèmes qu'il avait dédiés à Lorca et moi, j'ai lu des poèmes de Lorca. Ensuite, Rafael m'a invitée à dîner avec José Bergamín. Pendant le repas, ils se sont mis à réciter des poèmes comme des fous, à rire et à se moquer l'un de l'autre. — J'imagine que vous y avez aussi pris part. — Ce fut une soirée inoubliable. Bien sûr j'en ai récités moi aussi, car j'en connaissais également de Góngora et de Quevedo. Ce dîner fut si agréable que Rafael m'a proposé de monter un récital public de poésie. J'ai accepté et je me suis engagée à chercher immédiatement un local.

Quinze jours plus tard, nous récitions dans l'amphithéâtre bondé de l'Université de Salamanque. Rafael venait de rentrer d'exil et sa présence attirait. Ce fut un énorme succès… Nous ne faisions pas payer l'entrée, naturellement, au contraire, nous aurions nousmêmes payé pour donner ce récital. À partir de ce moment, on a commencé à nous appeler de toutes parts. — Quels poètes récitiez-vous ? — Au début, Rafael avait sélectionné les classiques qui lui étaient les plus chers, saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse, Góngora… et quelques poèmes écrits par lui-même. Par la suite, le récital a évolué et nous avons commencé à inclure quelques poètes contemporains, tout en laissant aux classiques une place de choix. En réalité, les récitals changeaient

tout le temps, il n'y en a pas eu deux identiques, ils ont été façonnés peu à peu, certains poèmes devant être toujours récités et d'autres ajoutés ou supprimés. Rafael improvisait. Tout à coup, il disait : dans cette ville, nous allons réciter tel poème parce qu'il est très bon et que personne n'y prête attention. Cependant, nous commencions toujours par « Stances sur la mort de mon père », de Jorge Manrique, et nous terminions avec le poème « Galopons, galopons ». Rafael faisait de fabuleuses sélections de poèmes. Aujourd'hui encore, quand je dois donner un récital, je me sers des dossiers qu'il m'a donnés. — J'aimerais vous interroger sur votre dernière pièce. Je fais allusion à la pièce « On purge bébé », une comédie. Elle a surpris car vous avez


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Dès lors, son parcours professionnel impressionne autant par sa quantité que sa qualité et il a été récompensé par plus de deux cents prix nationaux et internationaux, dont le Prix national de théâtre, le Prix national d'interprétation et le London Standard Gramma de la meilleure mise en scène de théâtre. Nuria Espert compte également à son actif un remarquable travail de metteur en scène d'opéra, un monde dans lequel la présence de femmes est rarissime. En 2002, elle a publié ses mémoires « D'air et de feu », dont elle a écrit le texte en collaboration avec le critique de théâtre Marcos Ordóñez. En 2007, l'écrivain et journaliste Juan Cruz a également publié un nouveau livre sur la comédienne catalane intitulé « Nuria ».

De gauche à droite et de haut en bas. Image de 1985, pendant la remise des Prix nationaux de théâtre, aux côtés de Fernando Fernán Gómez. Représentation de « Médée » lors du Festival de théâtre classique de Mérida en 2001. Aux côtés de José Luis Gómez, dans la pièce « Play Strindberg » représentée au théâtre de la Abadía de Madrid. Remise du Prix « Toute une vie », décerné par l'Union des comédiens en 2007. Un de ses derniers rôles dans « On purge bébé », représentée au Théâtre espagnol de Madrid.

toujours joué des rôles et des pièces plutôt dramatiques. — C'est plus qu'une comédie. C'est un délire d'une qualité extraordinaire et, de plus, j'ai fait en sorte d'avoir l'un des meilleurs metteurs en scène d'Europe, Georges Lavaudant, et une excellente distribution. — Avec cette pièce, vous avez parcouru toute l'Espagne. — Oui, oui. Nous avons beaucoup voyagé et nous avons eu beaucoup de succès. Et des tournées comme celles-là, je les fais avec plaisir. J'aime énormément les tournées en Espagne, plus que celles à l'étranger, parce que j'ai beaucoup d'amis dans la troupe, et aussi parce que l'Espagne est d'une beauté qu'on n'a jamais fini de découvrir. — Et avec la nouvelle année, une nouvelle pièce. Permettez-moi de vous

poser une dernière question : Comment est-il possible de passer autant d'années sur la brèche, garder une telle vitalité et être en aussi bonne forme ? Quel est votre secret ? — Pour vous répondre, je vais reprendre les mots du ténor Placido Domingo. Une fois, mon mari, qui était fou d'opéra et de Placido Domingo, a passé quelques jours avec moi à Londres et nous avons appris que le ténor madrilène donnait un récital dans une petite ville d'Angleterre. Nous y sommes allés. C'était un récital étrange, en plein air, tout le monde était en habit de soirée et à l'entracte, il y avait un pique-nique sur des nappes posées sur sol, servi par des majordomes. Bref, quelque chose de très britannique, très peu en rapport avec l'opéra, un peu démentiel à mon avis. À la fin, j'ai appris que Placido devait prendre un avion le

lendemain matin tôt pour je ne sais où, et chanter deux jours plus tard, et je lui ai demandé pourquoi il avait donné ce récital. Il m'a simplement répondu : « Par enthousiasme ». Cette réponse peut s'appliquer à moi. Qu'est-ce qui me pousse à me rendre dans un petit village, je ne sais où, pour représenter « On purge bébé », à ce stade de ma vie ? Il n'y a pas d'autre explication : l'enthousiasme.

Entretien réalisé par Luis Sánchez


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GOBIERNO DE ESPAÑA -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

Recuerda que en el extranjero

Tu Embajada puede ayudarte -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

Los consulados pueden > Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país > Prestar asistencia a detenidos > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación > Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos, así como otros trámites administrativos. Infórmate en > www.maec.es


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