MIRADAS AL EXTERIOR_09_FR

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération JANVIER-MARS 2009. N˚9. www.maec.es

Sécurité alimentaire : un défi pour l'Humanité

Le défi le plus important auquel nous devons faire face en ce siècle consiste à éradiquer la faim et à en finir avec la pauvreté extrême. Madrid a accueilli un débat international pour trouver les moyens d'y parvenir. ACTION EXTÉRIEURE> L'Espagne se prépare à assumer la présidence du Conseil de l'UE> Les dix ans de l'euro > Asie Pacifique : la nouvelle frontière de la politique extérieure espagnole> Présidence espagnole du Conseil de l'Europe> Ambassade en Uruguay SOCIÉTÉ ET CULTURE > L'héritage millénaire de la Vía de la Plata > L'Inde : vedette de l'ARCOmadrid 2009 COOPÉRATION > Cultures alternatives pour le développement de la Bolivie L'ENTRETIEN > Rosa María Calaf, 38 ans de journalisme international


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les chiffres et l'image LE CHIFFRE

LA DATE

EPHÉMÉRIDE

180

plusieurs millions d'euros

7

février

50˚

C'est le montant engagé par l'Espagne pour la reconstruction de Gaza lors du sommet de Charm el-Cheikh (Égypte), le 2 mars.

Le traité de l'UE, connu sous le nom de Traité de Maastricht, qui a permis la mise en œuvre de l'intégration politique, a 17 ans.

de la fondation de la Cour européenne des Droits de l'Homme. La Cour paneuropéenne a tenu le 23 février 1959 sa première réunion

L'image

anniversaire

PHOTO EFE

Hillary Clinton, secrétaire d'État du nouveau gouvernement des États-Unis, a eu un entretien le 24 février dernier avec le ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Hillary Clinton a parlé du commencement d'« une nouvelle étape » au cours de laquelle le président Obama espère trouver en l'Espagne « non seulement un allié fidèle, mais également un partenaire actif sur toutes les scènes internationales ». Au cours de la rencontre, Miguel Ángel Moratinos a abordé différentes questions de l'actualité internationale comme l'avenir des prisonniers de Guantanamo, la situation en Afghanistan et les relations avec l'Amérique latine.

Rédaction> Directeur : Julio Albi de la Cuesta. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Rédaction : Beatriz Beeckmans et David Merino. Collaborateurs : Mª Pilar Cuadra Gascón, Laura Losada, Miguel Ángel Nieto, Jacobo García et Ángel Zorita. diRection > Direction générale de la communication extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée par la Dir. générale de la communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. InfoMiradas al Exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. couRRiel > opinion.miradas@maec.es > NIPO: 501-09-007-7


sommaire 3

68 > Rosa María Calaf, 38 ans de journalisme international : « Pour intéresser les citoyens à l'actualité internationale, il ne faut pas aborder de grands sujets, mais parler des personnes ››. « Le journalisme et la diplomatie sont des fonctions très complémentaires, mais chacun doit savoir où est sa place ››

l'entretien

42 > L'animation espagnole prête à concurrencer Hollywood. 46 > L'héritage millénaire de la Vía de la Plata 50 > Félix Solís avantis, une cave à la conquête du monde. 54 > L'Inde : vedette de l'ARCOmadrid 2009. 56 > 120 ans d'archéologie espagnole en Égypte58 > L'Institut Cervantès a présenté son programme d'action culturelle pour 2009

culture et société

38 > Des cultures alternatives pour le développement de la Bolivie. 39 > Approbation du Plan directeur de la coopération espagnole. 40 > Entretien avec James Anaya, rapporteur des Nations Unies pour les peuples autochtones

coopération

action extérieure

en couverture

6 > Engagements et réalité de la sécurité alimentaire. Lors de la réunion de haut niveau qui s'est tenue à Madrid, tous les participants se sont engagés à conjuguer leurs efforts pour éradiquer la faim dans le monde.

14 > L'Espagne se prépare à assumer la présidence du Conseil de l'UE. 18 > Dixième anniversaire de l'euro 22 > Présentation du troisième Plan Asie-Pacifique. 26 > Ambassade d'Espagne en Uruguay. 30 > Entretien avec Taleb Rifai de l'OMT 32 > L'Espagne prépare la session du Conseil des ministres du 12 mai

conseil éditoRial > Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier viceprésident : Directeur général de la communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinet du secrétariat d'État aux affaires étrangères, du secrétariat d'État à la coopération internationale, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur général de l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement.


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éditorial

Un engagement politique et institutionnel Miguel Ángel Moratinos ministre des Affaires étrangères et de la coopération

C'est un fait indéniable que, dans la première décennie du XXI e siècle, près d'un milliard de personnes souffrent quotidiennement de la faim et n'ont pas accès à une alimentation suffisante et appropriée. L'an dernier, il y a eu aggravation de l'insécurité alimentaire dans de nombreux pays et régions, en conséquence de la hausse des prix des aliments et de la crise financière mondiale. Ces deux facteurs sont à l'origine de la faible progression de la réalisation du premier des objectifs du Millénaire pour le développement (ODM), l'éradication de la faim et de la pauvreté dans le monde. Il est indispensable de parvenir à un engagement politique et institutionnel pour combattre efficacement cette insécurité alimentaire et nutritionnelle, surtout dans les régions et pour les populations les plus sensibles du monde. Un monde qui a besoin de recevoir un message clair et net, et qui réclame cet engagement pour éradiquer les causes et les effets structurels de la faim. Entre autres actions, nous devons introduire de manière effective les productions agricoles et l'alimentation dans nos agendas politiques nationaux

et régionaux. Mais aussi dans la programmation de l'aide officielle au développement. L'accès à la sécurité alimentaire et nutritionnelle doit être garanti, et la responsabilité doit être partagée entre la communauté internationale et ses institutions. Et d'autant plus si nous considérons la possibilité d'une aggravation de la crise alimentaire qui représenterait une menace sérieuse pour la stabilité mondiale. Les besoins financiers sont énormes, malgré les progrès réalisés au cours de cette dernière année. Depuis la conférence de la FAO à Rome, en juin 2008, de nombreux pays on attribué des ressources supplémentaires pour pallier les effets de cette crise et conjuguent adroitement des mesures d'urgence pour reconduire les politiques agricoles et d'élevage, les systèmes de production, du commerce et la consommation mondiale, dans une perspective de durabilité de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans toutes ses dimensions. L'Espagne participe activement à cette lutte en soutenant et en renforçant à tout moment ces initiatives. D'autre part, l'Espagne collabore activement à la promotion d'une Alliance

mondiale pour l'agriculture et la sécurité alimentaire et nutritionnelle qui coordonne les travaux conjoints et qui apporte une réponse mondiale à l'un des problèmes les plus terribles auxquels la communauté internationale est aujourd'hui confrontée. Pour y parvenir, je dois souligner la conviction politique du président du gouvernement, M. Rodríguez Zapatero, qui a permis à l'Espagne de collaborer à l'organisation de cette réunion de haut niveau sur l'agriculture et la sécurité alimentaire pour promouvoir le suivi de la réunion de Rome. Comme le montre notre implication, il convient de souligner qu'en 2008, l'Espagne a multiplié par huit ses contributions au PMA, qui s'élèvent à 115 millions de dollars, ce qui nous place pour la première fois parmi les dix premiers donateurs de cet organisme. Nous avons en outre augmenté de 25 pour cent notre contribution à la FAO. Nous avons ouvert un nouveau guichet à hauteur de 60 millions de dollars pour l'alimentation infantile du Fonds PNUD-Espagne pour les OMD, et nous nous sommes engagés à multiplier par trois notre contribution au Fonds interna-


éditorial 5

Miguel Ángel Moratinos a inauguré la réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire organisée pour poursuivre les objectifs du Plan mondial d'action des Nations Unies L'Espagne collabore activement à la promotion d'une Alliance mondiale pour l'agriculture et la sécurité alimentaire et nutritionnelle

tional de développement agricole (FIDA) jusqu'à hauteur de ces 60 millions de dollars. Et nous réaffirmons constamment, dans un contexte de situation économique difficile, notre décision d'augmenter l'aide au développement pour la porter à 0,7 pour cent en 2012. En définitive, je considère que les progrès réalisés dans les domaines politique, social, économique, culturel, scientifique et technologique dans la première décennie du XXIe siècle devraient nous permettre d'éradiquer la faim dans le monde, car nous avons les ressources et les moyens d'instaurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Nous connaissons les solutions, nous avons la possibilité et le devoir d'utiliser les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif éthique et politique. La réunion de haut niveau qui s'est tenue à Madrid est un appel à la responsabilité politique parce que, comme le signale M. Amartya Sen, nous ne pouvons pas abandonner au seul marché le bien-être citoyen et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Un objectif pour obtenir un monde plus juste et sans faim, un monde un peu plus fier de lui-même.


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Engagements et réalités en matière de sécurité Actuellement, le défi le plus important qui se pose à l'humanité consiste à éradiquer la faim et l'extrême pauvreté, causes principales de l'instabilité dans le monde. En outre, et paradoxalement, les progrès scientifiques et technologiques de ces dernières décennies permettent de relever ce défi. Mais pour y parvenir, un engagement de tous est nécessaire. La réunion sur la sécurité alimentaire tenue à Madrid à la fin du mois de janvier dernier s'accorde sur le besoin urgent de fournir davantage de ressources pour combattre la crise des pays les plus pauvres. À l'occasion de cette réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire, tous les participants se sont engagés à unir leurs efforts. L'Espagne apportera 1 milliard d'euros supplémentaire à cette lutte au cours des cinq prochaines années. Miradas al Exterior


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La situation est préoccupante et requiert une mobilisation plus importante des ressources et de plus forts engagements. Telle fut l'idée exprimée au cours de la réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire pour tous (RANSA), qui s'est déroulée à Madrid les 26 et 27 janvier derniers, convoquée par le gouvernement espagnol et les Nations Unies. Cette réunion s'est inscrite dans la continuité, au niveau ministériel, du sommet mondial de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) du mois de juin dernier, comme le président José Luis Rodríguez Zapatero l'avait alors annoncé à Rome. L'initiative espagnole avait été reçue de façon relativement positive. Plus de 62 ministres et des délégations de 126 pays ont assisté

à la rencontre madrilène, aux côtés de commence au premier semestre 2010. dirigeants d'organismes donateurs, d'or- L'Espagne, a déclaré le chef du gouverganismes multilatéraux et de la société nement espagnol, est résolue à consacrer civile représentée par des ONG, des uni- 0,7 % du PIB à l'aide officielle au déveversités, des syndicats et des entreprises, loppement à la fin de cette législature en qui ont participé aux quatre tables de 2012. L'année dernière, ce pourcentage débat qui ont abordé les progrès réalisés avoisinait 0,5 %. Le ministre espagnol depuis Rome jusqu'à ce jour, la coordina- des Affaires étrangères, Miguel Ángel tion de nouvelles actions, l'amélioration Moratinos, est allé encore plus loin en des politiques alimentaires et agricoles affirmant que la barre de 0,7 % devrait à travers la recherche et la participation être une obligation pour tous les pays de la société civile. développés en 2015 au plus tard, date Même si les attentes concernant la à laquelle les comptes sur les objectifs naissance d'un nouveau paquet d'aide du Millénaire pour le développement intégral n'ont peut-être pas été com- (OMD) doivent être rendus. plètement comblées, un large La solution à la faim est consensus sur le besoin urun problème fondamentalegent d'intensifier la solidarité Plus de ment politique. Il ne s'agit pas envers les moins favorisés a 62 ministres et d'une question de manque de été trouvé. Non seulement délégations de ressources et d'aliments, mais pour une question d'éthique, 126 pays ont de volonté politique, comme d'équité, de justice et de soli- assisté à la réul'a indiqué le directeur génédarité humaines, mais égale- nion de Madrid ral de la FAO, Jacques Diouf, ment pour la propre stabilité en rappelant la destination économique et sociale de no- Miguel Ángel de 22 milliards de dollars en tre planète. Et bien plus en- Moratinos a aide aux pays les plus pauvres, core, lorsque, en conséquence affirmé que la engagement pris par les donade la hausse des prix agricoles, barre de 0,7 % teurs lors du dernier sommet qui ont heureusement enregis- devrait être une de cet organisme. Les besoins tré un léger ralentissement au obligation pour actuels peuvent osciller entre cours des derniers mois, et la tous les pays 25 et 40 milliards de dollars crise économique et financière développés à par an. En réalité, Jacques mondiale actuelle, le nombre l'orée 2015 au Diouf est arrivé à évoquer une de personnes souffrant de la plus tard, date somme de 50 milliards nécesfaim frôle le milliard (963 mil- à laquelle les saires. La hausse des prix des lions). « Ce chiffre est inaccep- comptes sur produits de première nécessité table, il devrait faire rougir de les objectifs du en 2007 et 2008, dont un quart honte toute l'humanité », a dé- Millénaire pour est dû aux fluctuations spécuclaré le président du gouver- le développelatives, l'absence de politiques nement, José Luis Rodríguez ment doivent publiques pour l'agriculture Zapatero, lors du discours de être rendus dans le monde en dévelopclôture. Le chef du gouvernepement et l'impact négatif du ment a affirmé que l'Espagne destinera changement climatique et des biocarbu200 millions d'euros annuels, au cours rants dessinent un panorama particulièdes cinq prochaines années, aux pays les rement sombre pour les pays les moins plus vulnérables, somme venant s'ajou- développés qui vivent principalement ter aux 500 millions annoncés en juin de l'agriculture et qui, néanmoins, se dernier lors de la conférence de Rome, et retrouvent dans l'obligation d'importer il s'est engagé à redonner une place capi- des produits agricoles. tale à la lutte contre la faim et la pauvreté Le secteur primaire a dramatiquedans son agenda pendant la présidence ment été oublié pendant les deux dernièespagnole du Conseil de l'Union, qui res décennies, ce qui a aggravé la préca-


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P en couverture

Le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, aux côtés du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, au cours de la réunion tenue au Palais des Congrès de Madrid, dans le cadre du Sommet sur la sécurité alimentaire organisé fin janvier. photo EFE

rité de ceux qui en vivent. La principale présidence européenne en vue de stiressource de 75 % des pays les plus pau- muler les objectifs du Millénaire pour le vres est l'agriculture. L'aide officielle au développement, dont le premier d'entre développement (AOD) destinée à l'agri- eux, réduire de moitié la faim extrême culture et à la sécurité alimentaire est en 2015, semble sérieusement compropassée de 18 % dans les années 80 à 3,4 % mis à l'heure actuelle. en 2006. Cette forte baisse a conduit à la Pour le secrétaire général des Naruine le petit agriculteur qui, pour sur- tions Unies, Ban Ki-moon, les perspecvivre, a besoin de semences, d'engrais, tives sont pessimistes malgré la chute de crédits, d'assurances, etc. Il s'avère des prix agricoles. Ban Ki-moon a été donc extrêmement nécessaire très clair à Madrid en signad'investir dans des politiques lant qu'il revient aux pays dode réforme agricole et que Ban Ki-moon nateurs de fournir un nouvel cette démarche soit réalisée en a été clair à effort, d'autant plus accru à collaboration avec les gouver- Madrid en cette époque où la crise éconements des pays donateurs. signalant qu'il nomique et financière frappe « Tout ceci est comme la chro- revient aux le monde en développement. nique d'une tragédie annon- pays donateurs Il a toutefois reconnu que cée », a souligné le directeur de fournir un les risques de diminution général de la FAO à Madrid, nouvel effort, de l'aide sont plus que réels. qui envisage la possibilité de d'autant plus « Que personne ne se méconvoquer un nouveau som- accru à cette prenne. Lorsque les fonds met de la faim à Rome avant la époque où la existent, le réseau des Nations fin de cette année. L'Espagne, crise économiUnies pour les distribuer pour sa part, envisage d'orga- que et finanfonctionne là où ils s'avèrent niser une réunion au plus haut cière frappe le nécessaires », a condamné le niveau durant sa prochaine monde secrétaire général.

La directrice générale du Programme mondial alimentaire (PMA), Josette Sheeran, a parlé de « tsunami silencieux » pour décrire le problème alimentaire et a affirmé qu'il existe des indicateurs d'alerte selon lesquels la situation empire : « L'année dernière, lorsque la crise alimentaire a frappé, le monde s'est uni pour lancer la plus grande opération d'urgence contre la faim et la malnutrition. Aujourd'hui que la crise financière touche davantage encore les victimes de la faim, nous devons livrer un effort sans précédent pour faire face aux besoins alimentaires des plus fragiles et promouvoir l'agriculture ainsi que l'aide aux petits paysans ». Selon Josette Sheeran, le PMA a besoin de 5,2 milliards de dollars en 2009 pour approvisionner près de 100 millions de personnes, dont 20 millions d'enfants. Ann Veneman, directrice de l'UNICEF, a déclaré que 3 millions d'enfants meurent chaque année pour des causes liées à la malnutrition. Dans cet effort mondial, il semble du moins garanti que la nouvelle administration nord-américaine sera à l'avant-


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Un effort partagé Soraya Rodríguez

SeCRétaiRe d'état à La CooPéRatioN iNteRNatioNaLe

La réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire récemment tenue à Madrid reposait sur deux objectifs précis : d'une part, attirer l'attention publique sur la crise alimentaire, en la maintenant dans les agendas internationaux ; et d'autre part, adopter des décisions afin que l'agriculture et le développement durable figurent de nouveau parmi les domaines prioritaires dans les politiques de coopération au développement. Aujourd'hui, ces politiques ont échoué et preuve en est qu'alors qu'en 1980, 20 % de l'aide officielle au développement (AOD) étaient destinés au secteur agricole, seulement 7 % de cette aide ont été consacrés aux politiques publiques agraires en 2005. En ce qui concerne l'Espagne, l'engagement du gouvernement quant à la poursuite de la politique de lutte contre la pauvreté est clair, après l'annonce de sa décision d'y destiner un milliard d'euros supplémentaire au cours des cinq prochaines années. Nous allons nous acharner à maintenir un très haut niveau d'aide au développement malgré les problèmes liés à la délicate situation économique actuelle. C'est ce que reflète le Plan de coopération 2009-2012 que le gouvernement vient de présenter et dans lequel nous réaffirmons l'objectif de consacrer 0,7 du PIB à l'AOD en 2012. Lors de la rencontre organisée à Madrid, tous les acteurs (dona-

teurs, récepteurs, agences mondiales et régionales et société civile) se sont réunis et il a malheureusement été constaté que près d'un milliard d'êtres humains souffrent, à l'heure actuelle, de la faim et de la malnutrition, et qu'environ 30 000 enfants meurent chaque jour victimes de maladies curables. Il nous devons donc reconnaître que l'éradication de ce fléau est un échec collectif. Ces victimes mortelles peuvent être évitées, d'où notre obligation morale et politique d'agir. Davantage de ressources sont nécessaires, c'est une évidence, mais celles-ci doivent être destinées aux politiques publiques agricoles et la démarche doit être menée de façon coordonnée, tout en faisant appel à la collaboration des pays récepteurs et, bien entendu, aux voies offertes par le vaste réseau des Nations Unies. La proposition de création d'une Alliance mondiale pour l'agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition prend de plus en plus et progressivement forme. Le forum de Madrid a permis de s'accorder sur le lancement du processus de mise en œuvre à travers le groupe de travail de haut niveau des Nations unies, organe créé il y a presque un an donnant de très bons résultats, le tout sous l'auspice de l'ONU. Tous les acteurs sans exception se doivent d'incorporer cette future alliance : gouvernements de pays donateurs et récepteurs, exportateurs et importateurs d'aliments, producteurs et consommateurs, ONG, entreprises privées, orga-

Le Plan de coopération 20092012 que le gouvernement vient de présenter réaffirme l'objectif de destiner 0,7 % du PIB à l'AOD en 2012 Lors de la rencontre qui s'est tenue à Madrid, il a malheureusement été constaté que près d'un milliard d'êtres humains souffrent de la faim

nismes internationaux, syndicats, chercheurs, fondations, etc. Il doit par conséquent s'agir d'une alliance ouverte et inclusive, cohérente, efficace et flexible ; tournée vers l'atteinte de résultats ; légère au niveau de sa conception institutionnelle et contraire à tout modèle d'organe bureaucratique servant uniquement à générer des frustrations parmi les pays les plus fragiles. Cette alliance élaborerait un mécanisme à partir duquel il serait possible d'articuler une réponse internationale large et coordonnée au défi de la faim et de l'insécurité alimentaire, reposant sur l'engagement renouvelé et la responsabilité de l'ensemble des différents acteurs impliqués. Elle servirait à promouvoir des solutions durables et efficaces, qui prennent en compte les tendances à long terme quant à la disponibilité d'aliments et le développement agricole. Des solutions qui envisagent notamment l'impact des politiques agricoles, commerciales et environnementales sur les économies du Nord et du Sud, ainsi que l'impact de ces dernières sur les populations les plus pauvres. Aux problèmes mondiaux, il faut apporter des réponses mondiales. Cet appel à constituer une alliance mondiale puise précisément sa source de la reconnaissance du fait que le développement de l'agriculture et de la sécurité alimentaire est un défi de nature mondiale. Et sur ce point, l'Espagne souhaite figurer aux avant-postes.


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pays confrontés à la crise alimentaire

Pénurie de production et d'approvisionnement en aliments

Source FAO.

Lacune importante d'accès aux aliments

Données d'août 2008

Sérieuse insécurité alimentaire localisée

Ariane Arpa directrice générale d'intermón oxfam

Plus d'aliments, moins de rhétorique

Certains indicateurs sont honteux. À titre d'exemple, le milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, la malnutrition qui touche une personne de la planète sur six, les 16 000 enfants qui meurent de faim chaque jour, etc. Des chiffres qui viennent s'ajouter aux situations de paysans sans récoltes ni ressources et de femmes qui essaient de convertir le néant en aliment afin d'apaiser la faim de leurs enfants. Ces sujets ont été abordés à Madrid. Mais on y a également parlé d'argent, de 5,5 milliards d'euros mis sur la table pour pallier ce fléau qui se propage sous le nom de crise alimentaire. Et au milieu de ce panorama, il y a une chose qu'il ne faut jamais oublier : la survie de ces millions d'estomacs vides ne se nourrit pas de promesses, mais de réalités qui doivent être matérialisées dans l'urgence, en se

tenant à l'écart de toute bureaucratie inextricable et répugnante. La crise alimentaire doit être une priorité politique car le monde dispose des aliments suffisants et des ressources techniques, économiques et humaines nécessaires pour en finir avec la faim. Néanmoins, Nous nous retrouvons avec des pays comme le Kenya, où dix millions de personnes souffrent des effets de la faim, ou l'Afghanistan, où l'alimentation de base n'est pas garantie à 8,5 millions de personnes. Des milliers de familles, malgré le peu de ressources dont elles disposent, sont obligées de destiner jusqu'à 80 % de leurs revenus à l'achat d'aliments. Début 2008, la hausse des prix du riz, du maïs et du blé a rendu l'achat de céréales impossible. Et, bien que les prix mondiaux des aliments aient chuté depuis juillet 2008, de nombreuses

familles continuent de souffrir de la crise alimentaire car leurs revenus sont toujours aussi faibles. Depuis Intermón, nous considérons primordial que les pays en voie de développement mettent en marche des programmes sociaux destinés à pallier la faim chronique. Mais il est également impératif que les pays riches respectent leurs engagements. À ce jour, moins de 20 % des fonds promis à l'occasion du Sommet tenu à Rome ont été déboursés. L'Alliance mondiale mise en avant à Madrid ne représentera un progrès positif que si elle intègre de manière cohérente toutes ces propositions. Ce n'est que de cette façon que nous pourrons surmonter cette crise qui harcèle des millions de personnes, prisonnières d'une souffrance quotidienne à des kilomètres de discours prometteurs.


P en couverture 11 garde, comme l'a signalé le président Barack Obama dans son discours d'investiture le 20 janvier dernier au Capitole, et comme l'a corroboré la secrétaire d'État, Hillary Clinton, au cours de sa brève intervention vidéo diffusée pendant la première journée de la réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire. Hillary Clinton, qui a remercié M. Rodríguez Zapatero pour l'initiative de cette réunion, a affirmé que la lutte contre la faim est « une priorité du président Obama ». Les États-Unis vont « axer l'attention sur la sécurité alimentaire pour que les pays en développement puissent investir en production, en accès, en éducation et en technologie des aliments », a-t-elle souligné. Le gouvernement espagnol a souhaité que les organisations non gouvernementales soient représentées lors de la rencontre madrilène à travers la présence des plus importantes d'entre elles. D'autres ONG, de moindre poids, ont critiqué leur exclusion et la participation au Forum de multinationales du

Camino Villanueva département de coopération du bureau régional d'amérique latine d'ayuda en acción

Vers une Alliance mondiale pour l'agriculture et la sécurité alimentaire

secteur. Toutefois, les organisateurs ont veillé à ce que la société civile soit bien présente à chacune des quatre tables de débat ainsi qu'à la table présidentielle de clôture, où celle-ci fut représentée par le responsable de Vía Campesina, Henry Saragih. La polémique lancée par l'économiste nord-américain Jeffrey Sachs a également été de la partie, lorsque celui-ci a défendu ses thèses de pragmatisme africain, en suggérant aux pays donateurs de créer un fonds commun dans un délai d'un mois et demi pour augmenter la production en fournissant aux petits agriculteurs des semences et engrais pour une valeur de cent dollars. « Les paysans n'ont pas besoin d'aide. Ils ont besoin de justice. Ils veulent participer à la prise de décisions », a déclaré Flavio Valente, secrétaire général du FIAN (Foodfirst Information&Action Network). Les craintes des ONG se sont également exprimées à travers la mise en garde du risque soulevé par le projet de création d'une Alliance mondiale pour

Le principal accord conclu durant la Conférence sur la sécurité alimentaire a été la mise en marche d'un processus de consultation sur les possibilités qui aboutiront à l'établissement d'une Alliance mondiale pour l'agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition. Les organisations de la société civile présentes à la réunion ont mis en garde sur le risque lié au fait que la principale réponse à la crise alimentaire actuelle reste une stratégie « du pareil au même », à savoir la mobilisation de ressources financières pour acquérir des semences dites « améliorées » (y compris l'usage de semences transgéniques), des engrais et des produits agrochimiques en vue de les distribuer aux petits agriculteurs des pays du Sud. Ceci n'a jusqu'à présent

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, durant son intervention au cours de la réunion de haut niveau, face au secrétaire général de la FAO, Jacques Diouf. photo EFE

représenté aucune solution, et il n'y a pas de raison pour que cela le devienne. Elles ont également considéré que cette initiative doit être menée dans le cadre des structures de l'ONU et inclure les représentants de tous les pays membres sous la logique « un pays, un vote », en excluant des instances de décision les corporations multinationales et fondations de corporations liées aux marchés de production et de distribution d'aliments. Pour cela, un processus de réforme profonde de l'ONU s'avère nécessaire, un processus permettant aux institutions pour l'agriculture et l'alimentation d'être capables de répondre à leur mandat d'origine et d'assumer cette Alliance mondiale avec efficacité. Cette

réforme doit envisager une participation complète et une capacité décisionnelle de la part de la société civile. Ayuda en Acción aborde la problématique de l'insécurité alimentaire du point de vue du développement fondé sur les droits de l'homme. L'engagement institutionnel au niveau local visant à renforcer les systèmes de soutien aux personnes, familles et collectifs les plus vulnérables se consolide ainsi avec l'exercice d'une citoyenneté mondiale, sans cesse plus active à l'égard de l'exigence du respect des obligations des États et la responsabilité des autres acteurs sociaux pour garantir la mise en œuvre universelle des droits économiques, sociaux et culturels.


12 P en couverture

NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES DANS LE MONDE EN 2003-2005 Source FAO. Chiffres en millions de personnes 33 Proche-Orient et Afrique du Nord

16 Pays développés

45 Amérique latine et Caraïbes

123 Chine

189 Asie et Pacifique (sans la Chine et l'Inde)

231 Inde

212 Afrique sub-saharienne

l'agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition qui se verrait dénaturée au cas où cette dernière serait également composée d'entreprises privées. Finalement, encouragée par le gouvernement espagnol et le propre secrétaire général des Nations Unies sur la base d'une ébauche préalablement formulée par le président français, Nicolas Sarkozy, et débattue par les pays du G-8 lors de la dernière réunion à Osaka (Japon), cette plateforme a en général bénéficié d'un excellent accueil au cours de cette réunion, alors même qu'il s'agit encore d'une initiative embryonnaire qu'il faudra enrichir à l'avenir. L'assistance s'est entendue sur le fait que cette plateforme devra être mise en œuvre sous l'auspice des Nations Unies. Cela dit, il faudra tout d'abord dissiper les préjugés de nombreuses ONG, qui se montrent réticentes à l'idée que le secteur privé soit également représenté. Expliquant cette idée, le document, intitulé Déclaration de Madrid par la présidence, signale que : 1.- Le processus de consultations doit être ouvert à tous les participants impliqués dans l'agriculture, la sécurité ali-

mentaire et la nutrition (en prenant en compte les organisations d'agriculteurs, les organisations de la société civile, les organisations de femmes, le secteur privé et les gouvernements des pays en développement, sans oublier les organisations internationales et régionales). 2.- Un groupe d'échange représentatif, capable de rendre des comptes à tous les membres intéressés, devrait être établi afin d'observer et de mener à bien le processus de consultations. 3.- Le processus de consultations devra reposer sur une méthode de travail solide, alliant les meilleures pratiques à la participation à tous les niveaux et fournissant des informations périodiques à tous les membres. 4.- Le groupe d'échange devra identifier et souligner les exemples positifs d'associations existants (partenariat). Le communiqué final laisse entendre la nécessité d'inclure le droit à l'alimentation en tant que droit de l'Homme élémentaire, mais ce point n'est pas explicite. Au début du troisième millénaire, il paraît encore paradoxal que le droit aux aliments ne soit pas pris en compte dans la Charte des droits universels. La Déclaration de Madrid affirme que « les États ont la responsabilité première de fournir le maximum d'efforts pour respecter, assurer, satisfaire et promouvoir le droit de disposer d'aliments appropriés de façon régulière et permanente, tout particulièrement pour les enfants de moins de cinq ans, les femmes et les autres groupes vulnérables. Dans les efforts pour la mise en œuvre du droit à l'alimentation, les États sont invités à s'inspirer des directives volontaires adoptées par le Conseil de la FAO en 2004 pour rendre ce droit progressivement effectif dans le contexte de la sécurité alimentaire ». Il a également été constaté que les participants se sont montrés préoccupés par les impacts négatifs des fluctuations relatives à l'accès et à la disponibilité des aliments, et qu'ils se sont déclarés convaincus de l'urgence de la multiplication des efforts pour attein-

dre les engagements internationaux à l'égard de l'augmentation significative des ressources financières et de l'AOD, et ce tout particulièrement en termes de nutrition, d'alimentation, d'agriculture et de programmes rattachés à la lutte contre la faim. Les participants se sont notamment dits convaincus de la nécessité d'entreprendre des mesures à court, moyen et long terme, en accord avec le cadre mondial pour l'action, et dirigées par les gouvernements des pays touchés, leurs parlements, leurs gouvernements locaux et leurs citoyens, tout en respectant la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide et l'Agenda d'Accra pour l'action, et en privilégiant les besoins des personnes souffrant de la faim, de la malnutrition et de l'insécurité alimentaire. En outre, ils ont souligné que le développement économique et social des zones rurales doit se convertir en un objectif politique prioritaire et ont soutenu l'importance d'inclure les personnes marginalisées et exclues, hommes, femmes et enfants dans ce processus, en leur donnant la parole pour que leurs points de vue soient priorisés lors de l'analyse des problèmes, de la recherche de solutions viables et de leur mise en pratique. À Madrid, aucune allusion précise n'a été faite concernant l'avenir du cycle de Doha, dont la clôture semble de plus en plus incertaine malgré l'engagement pris à Washington par le G-20 en novembre dernier, aux côtés de l'Espagne et des Pays-Bas, de le clore fin 2008. Il faudra attendre de connaître la nature des étapes entreprises par le président Obama sur la question. La réalité, cependant, est que la grave crise économique mondiale encourage les arguments en faveur du commerce protectionniste. Tout ceci constitue un élément supplémentaire à ajouter à la préoccupation et à l'inquiétude partagées par les participants à la rencontre de Madrid. Les défis à relever pour sortir de l'impasse mondiale actuelle sont nombreux et le déficit de dirigeance et d'idées l'est aussi. Mais l'erreur serait d'agir aux dépens des pays les moins favorisés.


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Le recul de la lutte contre la faim impose un nouvel ordre José Graziano da Silva

SoUS-diReCteUR géNéRaL et RePRéSeNtaNt RégioNaL de La Fao PoUR L'aMéRiqUe LatiNe

En janvier dernier, la réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire pour tous était inaugurée à Madrid. Quoique plongées dans un contexte marqué par la crise financière internationale, les deux journées de débats intenses sont parvenues à repositionner la question de la sécurité alimentaire dans l'agenda international et, pardessus tout, à redonner espoir à près d'un milliard de personnes du monde entier touchées par la faim. Les conséquences dramatiques de la crise alimentaire mondiale qui s'abattent sur la planète depuis 2005 nous ont conduits à une situation beaucoup plus inquiétante encore que celle de 1996, époque à laquelle les dirigeants mondiaux se sont engagés à réduire de moitié la faim et la sous-nutrition à l'occasion du Sommet mondial sur l'alimentation. Le rapport 2008 de la FAO « la situation de l'insécurité alimentaire dans le monde » signale qu'en 2007, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a augmenté de 75 millions, et ce principalement à cause de la hausse des prix. Avec une croissance prévisible de 40 millions de personnes supplémentaires en 2008, le monde abriterait aujourd'hui 963 millions de personnes sous-alimentées, la majorité d'entre elles se trouvant dans les pays en voie de développement. Depuis plusieurs mois, la FAO

met en garde sur l'urgence d'investir davantage dans l'agriculture, secteur qui pendant des décennies s'est vu relégué au second plan au sein des priorités de la communauté internationale. Aussi bien lors de la récente réunion tenue à Madrid, qu'à l'occasion de la Conférence organisée à Rome en juin 2008 et de la réunion du G-8 convoquée au Japon en juillet de la même année, le besoin d'augmenter les investissements dans l'agriculture a été réitéré. Si l'on souhaite faire face à la situation d'insécurité alimentaire dans le monde, 30 milliards de dollars doivent être investis chaque année en moyens de production et infrastructures rurales dans les pays les moins développés, en soutenant les petits agriculteurs. Ceci permettrait de reconnaître leur rôle essentiel dans l'alimentation des populations les plus vulnérables et de s'assurer qu'ils bénéficient des ressources nécessaires pour garantir, par eux-mêmes, leur droit à l'alimentation. Les reculs constatés dans la lutte contre la faim nous imposent un nouvel ordre agricole mondial. Comme l'a exposé la FAO aux chefs d'États et de gouvernement de ses États membres, 2009 devrait nous donner l'opportunité de corriger le système actuel dont les effets ne font que générer de l'insécurité alimentaire. À cet égard, le directeur général, Jacques Diouf, a proposé d'organiser un

si l'on veut faire face à la situation d'insécurité alimentaire mondiale, 30 milliards de dollars doivent être investis chaque année en infrastructures rurales dans les pays les moins développés

Sommet mondial sur la sécurité alimentaire, coïncidant avec la Conférence de la FAO en novembre 2009. Cette initiative nous permettrait de conclure un vaste accord pour éradiquer définitivement la faim de notre planète. En d'autres termes, un Sommet établissant les mécanismes de coordination nécessaires afin que la communauté internationale, dans son ensemble, puisse affronter un problème mondial, qui est celui de la faim, avec des réponses mondiales, et jeter les bases d'un nouveau système de gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale et du commerce agricole. L'Espagne est un partenaire important dans cet effort. La large représentation de gouvernements, de la société civile, des syndicats, des universités, du secteur privé et d'organismes de l'ONU à la réunion de Madrid n'est en fait que le reflet de l'accueil dont a bénéficié l'initiative du président M. Rodríguez Zapatero qui, en juin 2008, avait déjà proposé de réaliser cette réunion, en plaçant à nouveau l'Espagne en première ligne de la lutte contre la faim. Une dirigeance politique qui se traduit également en actions concrètes, comme le démontre la coopération entre l'Espagne et la FAO pour le développement rural et la lutte contre la faim en Amérique latine et aux Caraïbes, entre autres.


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L'égalité et l'innovation sont les concepts qui inspirent le programme de la présidence que l'Espagne exercera au cours du premier semestre 2010 et qui sera profondément marquée par la conjoncture financière internationale. Afin de pouvoir mener à bien ce grand projet, les préparatifs ont déjà commencé. par Beatriz Beeckmans

L'Espagne se prépare à assumer la présidence du Conseil européen Pour la quatrième fois depuis son entrée dans la Communauté européenne, en 1986, l'Espagne exercera la présidence du Conseil de l'Union européenne, au 1er janvier 2010. L'exercice de la présidence est un devoir et une contribution de chaque État membre au bon fonctionnement des institutions communautaires. A cette occasion, l'Espagne exercera cette responsabilité dans le cadre du nouveau système de « trio de présidences ». Pendant 18 mois, notre pays fera équipe avec la Belgique et la Hongrie dans le cadre de cette nouvelle méthode d'organisation et de programmation des travaux du Conseil. La présidence conjointe bénéficiera pour la première fois d'un logo et d'un site Internet communs qui faciliteront l'identification du « trio » par les citoyens. Pour le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, « c'est l'occasion de mettre en relief la capacité d'organisation de notre pays ainsi que le profond européisme des espagnols ». L'Espagne va prendre la tête les 27 dans une période complexe et incertaine, aussi bien pour la communauté internationale que pour l'Union. Comme l'a souligné le président du gouvernement, M. Rodríguez Zapatero, cette présidence devra donc être « réformatrice, exigeante et engagée », proposer

un nouveau modèle économique, renforcer et approfondir l'Europe sociale et solidaire et être capable de s'adapter à un monde multipolaire en s'exprimant d'une seule voix. Face à ce grand défi pour notre pays, nombreux sont les objectifs du mandat espagnol. Apporter une réponse commune à la crise est un objectif d'une importance capitale dans la conjoncture financière internationale que la présidence espagnole devra affronter. La Une réponse présidence sera en commune à grande partie resla crise et le ponsable des mesudéveloppement res qui permettront d'une Europe de surmonter cette sociale seront crise, mais aussi, les principaux en cette période objectifs de de changements, la présidence de la structure du espagnole système financier international et de Dans une Union l'engagement plus européenne à 27 ou moins profond États, l'Espagne envers un ordre inn'aura plus ternational juste, la l'occasion lutte contre le chand'exercer la gement climatique présidence et la réalisation des avant l'année objectifs du Millé2025 naire.

Le développement de l'Europe sociale est un objectif prioritaire pour le gouvernement espagnol. L'Union, en tant que projet politique et social qui dépasse la sphère purement économique, se trouve dans une situation d'une grande complexité : elle doit garantir la viabilité du modèle économique européen et du marché commun, tout en poursuivant le développement de la dimension sociale et citoyenne de ce modèle, élément clé de la réussite du projet européen. Une stratégie européenne refusant de prendre en compte la dimension sociale et citoyenne semblerait tout à fait insuffisante, même si les mesures d'ajustement macroéconomique sont essentielles : L'Union européenne est bien davantage qu'un marché commun ou une union monétaire, il s'agit du projet d'intégration politique et économique le plus réussi de toute l'histoire, fondé sur une série de principes et de valeurs reconnus et acceptés par l'ensemble de ses États membres. Au cours de la prochaine présidence du Conseil, ces valeurs et ces principes guideront l'Espagne à tout instant, pour réduire dans la mesure du possible l'impact social de la crise profonde que traversent l'Europe comme le reste du monde. Le secrétaire d'État à l'Union européenne, M. López Garrido, l'a souligné : « L'Europe est une référen-


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ce mondiale en matière de droit sociaux et la crise ne doit pas menacer les acquis de ces dernières années ». L'égalité, en particulier l'égalité effective entre hommes et femmes, est l'un des grands principes sur lesquels l'Espagne devra fonder son intervention durant sa présidence. Guidé par le désir que l'Union européenne montre l'exemple de la lutte pour l'égalité des

chances, et conformément à sa politique étrangère solidaire, notre pays fera pour la première fois de la coopération au développement l'une des priorités d'une présidence européenne. Dans le cadre de l'Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, l'engagement envers l'efficacité et la qualité de l'aide sera l'un des deux piliers fondamentaux du projet espagnol. Comme

l'a déclaré M. Rodríguez Zapatero, « en cette période de crise financière et de ralentissement économique mondial, nous devons faire un effort particulier pour éviter que les pays en développement ne voient se réduire les canaux et les flux de financement nécessaires à la réalisation de leurs objectifs de développement ». Durant le premier semestre de l'année 2010, l'opportunité que représente


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LE COMITÉ ORGANISATEUR DE LA PRÉSIDENCE Dans le but d'assurer le déploiement de l'activité indispensable à l'exécution du vaste programme des sommets, cérémonies et réunions ministérielles que l'Union européenne mettra en place au cours de la présidence espagnole, ainsi que la mise au point du calendrier d'événements culturels se tiendront dans notre pays, nous avons dû mettre en œuvre des activités d'organisation et de logistiques concrètes. Parmi celles-ci, signalons la création d'un Comité organisateur de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne et de son unité de soutien, qui dépend organiquement de la présidence du gouvernement, sous l'autorité du haut-représentant pour la présidence espagnole de l'Union européenne et autres réunions de haut niveau, l'ambassadeur Nicolás Martínez Fresno. Ce Comité a pour objectifs la programmation, la planification, la coordination et l'exécution des activités qui incombent à la présidence.

parlons de l'europe: l'espace du seue (secrétariat d'État à l'Union européenne) sur Internet L'un des principaux instruments de communication de la présidence espagnole de l'UE sera le site www.hablamosdeeuropa.es qui permettra de contribuer à l'un des objectifs définis pour cette période : la diffusion de l'esprit européiste auprès des citoyens européens. Sans perdre les signes distinctifs qui la caractérisent depuis sa création à la fin de l'année 2005, face au défi que constitue la présidence espagnole, cette plateforme a renouvelé son image pour offrir un espace ouvert, dynamique, informatif et participatif, particulièrement tourné vers les internautes les plus jeunes.

la présidence permettra aussi à l'Espa- pendant le semestre de la présidence esgne de poursuivre l'élaboration d'une pagnole. véritable politique européenne d'immiL'Espagne souhaite aussi encourager gration impliquant une avancée signifi- l'élargissement de l'Union et apporter cative vers la pleine intégration des im- son soutien à l'adhésion de la Croatie, qui migrants dans nos sociétés, ainsi que la pourrait se produire durant le mandat création d'un cadre flexible de dialogue conjoint. et de coopération entre les pays d'origiL'objectif : une Europe à une seule ne et de transit. En ce sens, l'Espagne ap- voix, qui montre sa puissance et sa portera à l'Union européenne sa propre place de premier plan dans le monde. expérience en matière de développe- Pour cela, notre pays devra accélérer ment d'une politique nationale d'immi- la révision de la stratégie de Lisbonne. gration ayant pour valeur fondamentale En ce qui concerne le deuxième prinla protection de la liberté, de la dignité cipe qui régira la présidence espagnole, humaine, de la sécurité et de la justice. l'innovation, une attention particulière Ce sont ces valeurs qui doivent sera portée aux aspects éducatifs et à consolider la projection internationale l'avancée en matière de R&D&I, tout en de l'Espagne et permettre à l'Union euro- continuant à développer la croissance, péenne de parler enfin d'une seule voix. en renforçant la compétitivité euroCela sera déterminant, non seulement péenne et la création d'emploi. La népour résoudre les nombreux conflits qui cessité de faire progresser l'Europe vers marquent l'actualité internationale, du une politique énergétique commune Proche-Orient au Caucase, mais aussi est très liée à cet objectif et l'Espagne pour la consolidation des assouhaite vivement accorder sociations stratégiques avec les une importance particulière régions et les acteurs qui pré- L'égalité et à cette question durant son sentent un intérêt primordial l'innovation mandat. sont les pour l'Europe. Sans oublier les quesLa présidence espagnole concepts qui tions institutionnelles qui, sera, comme l'a déclaré le inspireront avec l'entrée en vigueur proprésident du gouvernement, l'intervention bable du Traité de Lisbonne, « euro-américaine », ce qui espagnole seront sans doute au centre fera sa spécificité. Elle accordes préoccupations des trois dera une importance toute présidences. L'Espagne traparticulière aux relations entre l'Union vaillera en faveur du renforcement et l'Amérique latine et les Caraïbes, ré- institutionnel de l'Union européenne, gions avec lesquelles l'Espagne partage avec des objectifs spécifiques : consode puissants liens historiques, sociaux, lider une coordination pratique et culturels et économiques. Le sommet efficace avec les futurs président du UE-États-Unis, qui se tiendra en Espa- Conseil européen, haut-représentant gne, favorisera le développement signi- et président de la Commission. Nouer ficatif des relations transatlantiques, au des relations stables avec la prochaine cours du premier semestre de 2010. Commission dès son entrée en foncOutre les sommets avec l'Afrique et tion, en novembre 2009. Maintenir l'Asie, le Proche-Orient et les efforts en une étroite collaboration avec le nouvue de reprendre les négociations pour veau Parlement européen et atteindre le processus de paix feront également le plus haut niveau possible de capacipartie des objectifs de l'Espagne en ma- té opérationnelle du Service européen tière de relations étrangères. Soulignons pour l'action extérieure de l'Union. que, dans le contexte de la vocation Avec ces objectifs ambitieux comme euro-méditerranéenne du mandat es- points de départ, la diplomatie espagnopagnol, le IIe Sommet de l'Union pour le fournit déjà d'intenses efforts pour la Méditerranée se tiendra précisément que la présidence soit une réussite.


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La présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne Diego López Garrido

secrétaire d'état à l'Union eUropéenne

L'Espagne assumera pour la quatrième fois la présidence du Conseil de l'Union européenne au cours du premier semestre 2010, période clé aussi bien pour l'Espagne que pour l'ensemble de l'Europe. Nous devons être conscients de la grande responsabilité que ce défi implique : durant six mois, nous représenterons l'Europe des 27 et l'Espagne exercera la direction politique d'une Union de plus en plus importante sur la scène internationale. C'est la raison pour laquelle la préparation et l'exercice de la présidence espagnole constituent des opportunités et des défis qui dépassent la sphère gouvernementale et se présentent comme des questions d'État, au-dessus des intérêts de partis, pour réaliser un grand projet de pays dans lequel l'ensemble de la société doit être impliqué. La présidence espagnole de l'Union, qui coïncide avec le 25e anniversaire de la signature du Traité d'adhésion à la Communauté européenne par l'Espagne et le Portugal, doit se forger une identité propre et une personnalité définie dans le nouveau cadre du trio de présidences formé par l'Espagne, la Belgique et la Hongrie. Le gouvernement espagnol a donc décidé de mettre l'accent sur certaines questions qui constitueront les signes distinctifs de notre pro-

chaine présidence. Soulignons les thèmes prioritaires suivants : en premier lieu, la conception d'une stratégie européenne commune pour faire face à une crise économique d'une envergure et d'une portée inédites. En deuxième lieu, le développement d'une Europe sociale et la création d'emploi dans le cadre de cette crise. En troisième lieu, le développement de l'Union comme acteur mondial sur la scène internationale, la plus complexe que l'humanité ait connue. La présidence espagnole devra très probablement affronter un autre défi non négligeable : celui de mener à son terme, au cours de l'année, le processus de ratification du Traité de Lisbonne. L'Espagne sera donc responsable de sa mise en œuvre et de l'application des nouvelles mesures prévues. Enfin, nous devons signaler que deux concepts clés inspireront le programme de la présidence espagnole, pour la réalisation de ses objectifs prioritaires : d'une part, le devoir politique et moral de développer, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Union, la valeur universelle de l'égalité et d'autre part, la nécessité de miser sur l'avenir en encourageant l'innovation, la capacité à entreprendre, la science et la technologie. L'Europe que l'Espagne désire et qu'elle revendiquera durant sa prési-

La présidence espagnole du Conseil de l'Union en 2010 se présente comme la plus complexe et la plus importante de celles que l'Espagne a exercées jusqu'à ce jour.

dence est une Europe innovatrice et pionnière, une Europe prête à affronter les défis de l'avenir et qui a pour valeur essentielle l'égalité des chances et du bien-être, une égalité qui ne doit pas oublier, conformément aux objectif du Millénaire des Nations Unies, sa dimension extérieure : d'où le rôle central que l'Espagne souhaite conférer à la coopération au développement comme politique de l'Union. En définitive, la présidence espagnole du Conseil de l'Union en 2010, dernière des 15 prochaines années, se présente, sans aucun doute, comme la plus complexe et la plus importante de celles que l'Espagne a exercées jusqu'à ce jour. Nous traversons une période économique difficile pour l'Europe dans son ensemble et des défis considérables se présentent à nous, mais je pense qu'il est fondamental, pour la préparation de notre présidence, de suivre notre profonde vocation européiste si nous souhaitons que l'Europe se relève définitivement. Je suis intimement convaincu que l'Espagne se montrera à la hauteur des circonstances et que, si nous travaillons tous ensemble avec courage et décision, notre présidence du Conseil de l'Union défendra avec succès les intérêts de l'Europe et de ses citoyens.


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Avec 320 millions d'habitants, la zone euro représente 25 % des échanges commerciaux dans le monde, le double des échanges des États-Unis, ce qui en fait le premier importateur et exportateur de la planète. Cette année, nous fêtons le 10e anniversaire de la décision la plus révolutionnaire de l'histoire économique mondiale, l'implantation de la monnaie unique, l'euro. par David Merino

L'euro a dix ans Si les monnaies et billets ne devaient circuler que trois ans plus tard, le 1er janvier 1999, onze États européens, dont l'Espagne, fixèrent de manière irréversible les taux de change entre leurs monnaies et transférèrent leur compétence en matière de politique monétaire à la Banque centrale européenne. Ils mettaient ainsi un point final au processus initié deux décennies plus tôt, à travers le mécanisme de taux de change, qui limitait les fluctuations des devises européennes.

en matière monétaire dans la zone euro. Depuis, elle établit les taux d'intérêt de référence et gère les réserves de devises étrangères dans les pays de l'euro. Son objectif principal est de préserver la stabilité des prix et de veiller à ce que la quantité d'argent en circulation soit établie de manière précise. Les anciennes monnaies des pays de la zone euro ont cohabité un temps avec l'euro (elles ont circulé jusqu'au 1er janvier 2002) mais sans cotation officielle sur les marchés de devises. Au début de l'année 2002, La monnaie unique aux cents un euro s'échangeait contre visages. Grâce au traité de 0,90 dollars jusqu'à ce qu'en Maastricht, en 1993, l'Union L'augmentation juillet de cette année-là, il économique et monétaire des réserves devienne plus fort que la se mettait en marche. L'un en euros monnaie des États-Unis. Le de ses principaux éléments des banques 15 juillet dernier, il a atteint devait être la création d'une centrales son taux de change maximal monnaie commune aux pays mondiales est par rapport au dollar : 1,59. membres, appelée alors écu. proportionnelle Le graphisme des billets, Ce n'est que quelques mois à la diminution dont les dessins illustrent le plus tard, à Copenhague, que des réserves en patrimoine artistique et hisfurent établis les critères re- dollars. torique commun aux Eurolatifs à l'inflation, au déficit et à la dette publique que les États de- péens, est l'œuvre de Robert Kalina, vaient respecter. Deux ans plus tard et de la Banque centrale autrichienne, sous la présidence espagnole, les pays et nous devons la face commune des de l'Union donnèrent à cette monnaie monnaies à Luc Luycx de la Monnaie royale de Belgique. L'autre face, qui son nom définitif : euro. En 1999, la Banque centrale euro- représente les symboles, la culture et péenne a assumé toute la responsabilité le patrimoine des États, rend compte


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calendrier d'adhésions à l'euro

1999 > Onze pays de l'Union européenne : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal remplissaient les conditions requises pour faire partie de la zone euro, et tenaient à adopter la monnaie unique. 2002 > La Grèce rejoint la zone euro après avoir rempli les cinq critères de convergence. 2007 > La Slovénie intègre la zone euro. 2008 > Année de l'intégration de Malte et de Chypre. 2009 > La Slovaquie est le pays dont l'adhésion à la monnaie unique est la plus récente. Il est prévu que la Lituanie, l'Estonie et la Bulgarie adoptent l'euro entre 2010 et 2012. Plus tard, la Lettonie, la République tchèque, la Pologne, la Roumanie et la Hongrie, devraient être incorporées, dans cet ordre.

de la richesse et la diversité de l'Europe. Si nous ajoutons à cela les monnaies commémoratives, frappées chaque année dans toute la zone euro, il n'est pas étonnant que l'euro soit devenu un trésor contemporain de la numismatique.

L'euro permet également de comparer sans difficulté les prix des produits et des services dans les différents pays de la zone euro, ce qui contribue au fonctionnement optimal du marché interne et de la libre concurrence. D'après des données de la Commission européenne, l'introduction de l'euro a permis au comAvantages de la stabilité. À la fin des merce intérieur de croître de près de 15 années 1980, sur un marché unique qui %. Quelques chercheurs ont calculé que renverse toutes les barrières du com- les coûts associés aux transactions banmerce, un grand obstacle persistait : une caires entre devises avant l'euro reprémultiplicité de devises qui contribuait à sentaient une perte de richesse équival'instabilité économique, en termes d'in- lente à 0,5 % du PIB. flation comme en raison de l'incapacité La monnaie unique a aussi permis à contrôler la quantité d'argent de maintenir l'inflation à un disponible dans l'Union, sans niveau raisonnable. Dans compter les niveaux de risque Les quatorze quelques pays européens, élevés liés aux variations des pays africains certains ont accusé l'euro qui partagent taux de change. de l'augmentation des prix. Pendant les dix années de le franc CFA Diverses études réalisées sur son histoire, l'euro est devenu ont aligné leur ce sujet démontrent que la l'une des deux devises les plus monnaie sur hausse des prix en 2002 est fortes de l'économie mondiale. l'euro presque entièrement due à Sa stabilité a permis de contel'arrondissage des prix et nir la montée des prix et de non à l'implantation de la rendre la tâche difficile aux C'est sous la monnaie unique. En Espaspéculateurs négociant avec présidence gne, cette année-là, les prix des devises. Pour ceux qui se espagnole de ont augmenté de 4 %. Sur déplacent dans la zone euro, la l'UE que le nom cette augmentation, 0,4 % monnaie unique a représenté de la monnaie seulement doivent être atla fin des sempiternels changes unique a été tribués à l'introduction de adopté de devise. l'euro.


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Grâce à des accords bilatéraux avec l'Italie et la France, le Vatican, SaintMarin et Monaco disposent de leurs propres euros. Il est prévu que l'Andorre les rejoigne très prochainement. De plus, le Monténégro et le Kosovo, qui utilisaient le mark allemand, ont adopté l'euro de facto, sans avoir signé aucun accord avec l'Union européenne leur permettant explicitement de le faire. Dans de nombreux pays du monde, la monnaie nationale est alignée sur l'euro, ce qui contribue à leur stabilité économique. En Afrique, par exemple, tel est le cas des pays qui partagent le franc CFA. Il s'agit des États qui forment l'Union occidentale : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo, ainsi que les membres de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale : Cameroun, République Centrafricaine, République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad.

10 ans d'euro à la Banque d'Espagne Jusqu'au 31 mars, il est possible de visiter au siège de la Banque d'Espagne, à Madrid, une exposition qui commémore les 10 ans de l'euro. Un ensemble de vidéos, photographies, objets et panneaux explicatifs articulés autour de trois grands thèmes : politique monétaire, billets et pièces de monnaie, et société et culture. En ce qui concerne la politique monétaire commune, l'exposition explique, entre autres, comment sont prises les décisions sur les taux d'intérêt ou l'importance de la stabilité des prix. Elle présente aussi divers aspects du processus de fabrication des billets et des pièces de monnaie comme l'utilisation d'encres spéciales, les filigranes ou les hologrammes. Enfin, elle aborde les changements sociaux, politiques et culturels expérimentés par la société au cours de la dernière décennie.

critères de convergence

> Les devises doivent rester à l'intérieur des limites fixées par le mécanisme des taux de change (MTC) durant au moins deux ans. > Les taux d'intérêt à long terme ne doivent pas dépasser plus de 2 % des trois États présentant le meilleur comportement en matière de stabilité des prix. > L'inflation doit se maintenir en dessous d'une valeur de référence. Pendant trois ans, les prix ne peuvent pas dépasser 1,5 % de ceux de l'État présentant le meilleur comportement. > La dette publique doit être inférieure à 60 % du PIB et le déficit public se maintenir en dessous de 3 %.

Cette perception a été encouragée par le fait que l'arrondissage abusif a surtout été opéré sur les produits de base. Actuellement, un autre phénomène est en jeu : plus la période écoulée depuis l'entrée en circulation de l'euro s'allonge, plus la sensation d'augmentation des prix est forte, puisque les coûts actuels en euros sont comparés aux prix dans l'ancienne monnaie, dix ans auparavant. Influence dans le monde. La Slovaquie a rejoint en janvier les 15 États européens qui avaient déjà l'euro pour devise nationale : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal et Slovénie. Conformément aux termes des traités d'adhésion, les pays incorporés à l'UE après la création de l'euro peuvent utiliser la monnaie unique dès qu'ils remplissent tous les critères de convergence. Plusieurs d'entre eux ont déjà choisi le dessin du revers de leurs euros ou ont établi la parité fixe avec l'euro pour leurs monnaies nationales.

Garantie de solvabilité. Les banques centrales du monde entier choisissent de plus en plus fréquemment l'euro pour diversifier leurs réserves de devises. Depuis 2002, ces réserves ont considérablement augmenté, surtout dans les pays asiatiques. En huit ans, la proportion des réserves en dollars des banques centrales mondiales a diminué de huit points, ce qui correspond précisément au pourcentage d'augmentation de la devise européenne. Malgré sa baisse, le dollar reste la monnaie préférée pour les réserves et les échanges commerciaux. Toutefois, l'euro s'est nettement imposé sur les marchés de l'argent, tant dans les émissions de bons que dans les instruments monétaires. Actuellement, plus de la moitié des émissions internationales de dette sont réalisées dans la monnaie unique. À la fin de l'année 2006, l'euro est également devenu la monnaie la plus utilisée pour le paiement en espèces. 614 milliards d'euros circulaient alors dans le monde.


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Une célébration et un défi Miguel Ángel Fernández Ordóñez gouverneur de la banque d'espagne

Le 1er janvier 2009, la naissance de l'union monétaire européenne a fêté ses dix ans, un anniversaire qui arrive dans le contexte économique le plus difficile qu'il nous ait été donné de vivre depuis plusieurs générations. C'est pourtant précisément maintenant, alors que, face à la première récession subie par la zone euro depuis sa création, certains osent douter de son avenir, qu'il faut renforcer la solidité de cet édifice commun que tous ses membres doivent continuer à construire jour après jour. Au moment du bilan, d'un point de vue strictement espagnol, il faudrait tout d'abord ne pas oublier ce qui a été probablement le principal élément positif que nous a apporté notre adhésion au club de l'euro : l'entrée de l'Espagne dans une culture de stabilité macroéconomique qu'il aurait été beaucoup plus difficile d'implanter sans l'aiguillon de l'accès à la monnaie unique. La conviction que l'assainissement des comptes publics et une inflation contrôlée sont la base d'une croissance économique solide à long terme peut aujourd'hui nous sembler naturelle, peu nombreux sont ceux qui osent la remettre en question. Mais il n'en n'a pas toujours été ainsi, loin s'en faut, au cours de notre histoire économique, avec les résultats que nous connaissons tous.

Évidemment, nous ne devons pas tomber dans le piège d'une analyse triomphaliste, sans nuances, de ces dix années de cohabitation avec l'euro. Nous ne pouvons oublier, par exemple, qu'à la faveur de taux d'intérêt trop bas pour les besoins de notre demande intérieure, nous avons assisté à un processus d'endettement excessif des agents économiques, chemin que nous sommes à présent forcés de parcourir en sens inverse. D'autre part, le fait que nous soyons maintenant contraints d'affronter une crise économique sans possibilité de gérer de manière autonome notre politique monétaire ni notre taux de change peut encourager certaines personnes à penser qu'il serait mieux de disposer de ces leviers pour surmonter plus rapidement les difficultés actuelles. Il faudrait rappeler à ceux qui pourraient penser de la sorte que, sans la garantie de l'euro, la situation de l'économie espagnole serait aujourd'hui bien pire face à la crise financière internationale qui a éclaté lors de l'été 2007. L'union monétaire n'est évidemment pas un bouclier universel qui nous libère des effets de cette tempête, puisqu'il est évident que personne n'est à l'abri de ses attaques, mais il nous rend moins vulnérables (comme peuvent en témoigner

L'intégration au club de l'euro a permis l'entrée de l'Espagne dans une culture macroéconomique sans la garantie de l'euro, la situation de l'économie espagnole serait aujourd'hui bien pire face à la crise financière internationale qui a éclaté lors de l'été 2007

les pays européens qui n'ont pas adopté la monnaie unique et en supportent davantage les conséquences). Il est vrai que le terrain actuel nous est inconnu, dans la mesure où jamais auparavant nous n'avions été contraints de surmonter une phase d'ajustement économique dans un cadre supranational comme celui qu'impose l'union monétaire européenne. La réussite de cette tâche dépendra de notre capacité à introduire de la souplesse dans le fonctionnement économique, du courage pour affronter les réformes inévitables du marché du travail, des biens et des services. Il m'est impossible de les énumérer toutes ici, mais je tiens à insister sur le fait que si nous sommes incapables d'agir dans un proche avenir, nous devrons le payer en termes de baisse de croissance. Tel est finalement le défi qui se présente à nous pour atteindre ce qui doit être notre objectif commun et primordial : continuer à réduire l'écart de bien-être par rapport à nos voisins européens plus développés, comme nous avons déjà réussi à le faire au cours de ces dix années. Réjouissons-nous donc de nos réussites et donnons-nous les moyens d'avoir de bonnes raisons pour fêter de nombreux autres anniversaires.


22 a action extérieure

Des bases solides ont été jetées, au cours de la précédente législature, pour que notre présence, notre visibilité politique et le rayonnement de nos entreprises et de notre culture en Asie et dans le Pacifique soient aujourd'hui une réalité. Le Plan Asie-Pacifique 3 poursuit le triple objectif d'accroître cette présence et cette visibilité, de consolider les avancées obtenues lors de la précédente législature et de rechercher de nouvelles voies en vue de favoriser l'image et l'action de l'Espagne dans l'une des régions à plus fort potentiel et rayonnement de la planète.

Asie et Pacifique : nouvelle frontière de la politique étrangère espagnole Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération a lancé, le 3 mars dernier au siège de l'Institut Cervantès, le Plan Asie-Pacifique 3 pour la période 2008-2012 qui regroupe 370 actions à mener dans 23 pays et dans le cadre multilatéral. Ceci implique la multiplication par cinq, au moins, du nombre des interventions prévues par le plan d'action antérieur et représente une hausse de 40 % par rapport aux actions mises en œuvre au cours de la législature précédente, consolidant ainsi l'Asie comme l'un des axes prioritaires de l'action extérieure de l'État espagnol pour le XXIe siècle. Le Plan AsiePacifique 3 (2008-2012) est le résultat d'une longue période de consultations auxquelles ont participé l'ensemble des ministères, la société civile et le monde entrepreneurial, ainsi que le Parlement, les Communautés autonomes et les collectivités locales. Un plan national a ainsi été majoritairement adopté, tout en restant flexible pour mieux faire face aux changements qui ne manqueront pas de se produire rapidement dans cette région la plus dynamique au monde. Le plan s'articule autour de dix lignes d'actions prioritaires constituant des actions spécifiques et fiscalisables et

se veut un plan d'action centré sur l'obtention de résultats concrets. 1.- Plus d'attention politique pour garantir le maintien de notre présence et de notre visibilité. Un calendrier ambitieux de voyages et de visites de haut niveau entend catalyser le nouvel élan que le plan souhaite donner à notre présence sur le continent asiatique. Consolidation de l'agenda du dialogue politique avec tous les pays où l'Espagne possède une représentation diplomatique et renforcement du déploiement diplomatique avec l'ouverture de nouvelles ambassades (Cambodge, Sri Lanka) et de nouveaux consulats généraux (New Delhi, Canton, Chengdu). Tout ceci constitue la base nécessaire à la promotion et à la défense des nos intérêts ainsi qu'au bon fonctionnement des services destinés au nombre croissant des ressortissants espagnols établis dans la région. 2.- Soutien à nos entreprises et à leurs projets commerciaux et d'investissements. Au cours de ces dernières décennies, les pays qui forment la région Asie-Pacifique ont connu un développement économique dont la répercussion mondiale s'est manifestée à travers l'accroissement des flux commerciaux et

financiers aussi bien en direction qu'en provenance de la région. La création d'emplois en Espagne ainsi que la croissance de notre économie va connaître une dépendance croissante de notre capacité à exporter sur ces marchés. Les plans intégraux de développement des marchés (PIDM) resteront un axe central de notre action car ils regroupent la grande majorité des outils et des mesures (financières, de promotion, d'information, etc.) qui seront mis en place dans les pays d'intérêt prioritaire : Chine, Japon, Inde et Corée du Sud, ainsi que les mesures spécifiques destinées à trois régions : le Sud-Est asiatique, le Pacifique et l'Asie centrale. 3.- Promotion de notre culture et de l'éducation. L'internationalisation de nos industries culturelles et créatives, la promotion de la diversité culturelle, la consolidation de la coopération dans le domaine de la Culture, les contrats passés entre les sociétés civiles et la prise en compte de la culture en tant que source de création de richesse et de développement économique sont autant d'axes du programme du gouvernement pour contribuer au rayonnement de notre culture à l'étranger. À ceci s'ajoute l'ouverture de nouveaux centres Cervan-


a action extérieure 23

tès, le renforcement de l'action culturelle de nos ambassades, le soutien à la politique de bourses et aux postes de lecteur et l'organisation d'actes et de cérémonies de commémoration dans le sillage des « Années » de la Chine, de la Corée et des Philippines célébrées lors de la précédente législature. L'Exposition universelle de Shanghai en 2010 et l'Expo internationale de Yeosu en 2012 seront les pierres de touche de notre action culturelle, tout comme l'a été l'Exposition d'Aichi, en 2005, grâce à laquelle l'Espagne est parvenue à un record en matière de rayonnement culturel. 4.- Coopération au développement et aide humanitaire en cas de catastrophes naturelles. Dans l'esquisse actuelle du nouveau Plan directeur de la coopération espagnole, les Philippines et le Viêt Nam restent des pays prioritaires, considérés comme « Association élargie » tandis que le Timor oriental, le Bangladesh, le Cambodge et l'Afghanistan sont classés comme pays d'« association focalisée ». L'Afghanistan fait néanmoins figure de cas particulier pour lequel l'aspect de coopération coexiste avec l'aspect sécuritaire. L'élément le plus visible de l'engagement espagnol est l'équipe de reconstruction provinciale que l'Espa-

gne dirige dans la province afghane de Badghis. 5.- Faire face aux nouveaux défis en matière de sécurité extérieure. La lutte contre le terrorisme restera une priorité. Les procédures de dialogue bilatéral se poursuivront et s'élargiront, et l'on procédera à une intensification du dialogue avec les centres régionaux anti-terroristes, tout en consolidant la présence active de l'Espagne au sein des forums internationaux tels que les conférences ASEM sur la lutte contre le terrorisme, donnant suite à la conférence de Madrid de 2008. La traite des êtres humains et l'immigration illégale, notamment, requièrent une attention maximale. On adoptera une perspective active au moyen d'instruments ad hoc dans le cadre de politiques différentes de celles adoptées avec les pays africains. Parmi les autres priorités du Plan Asie dans ce domaine se trouvent la lutte contre la piraterie maritime, contre le trafic de drogue avec une attention spéciale portée à l'Afghanistan, la non-prolifération nucléaire, le soutien aux processus de paix et la consolidation des différents mécanismes de stabilisation de la démocratie et des structures politiques au Timor ou au Cambodge, par exemple.

6.- Protection des droits de l'Homme. Le Plan Asie-Pacifique 3 se concentre sur les politiques d'aide aux réfugiés (Thaïlande, Pakistan, Inde), sur une participation plus active dans les dialogues critiques entre l'UE et la Chine, le Pakistan, l'Indonésie et les Philippines, et sur l'assistance technique en matière d'assassinats extrajudiciaires, complétant ainsi le travail de l'UE aux Philippines. L'abolition de la peine de mort aux Philippines éperonne quant à elle notre action dans ce domaine dans d'autres pays de la région, de façon bilatérale tout comme au travers de l'Union européenne. 7.- Soutien aux efforts d'intégration et promotion du multilatéralisme. L'Asie représentera l'une des priorités de la présidence espagnole de l'UE et son rôle de coordination sera fondamental dans le cadre multilatéral : ASEM, rencontres UE-ASEAN et forum régional de l'ASEAN. L'Espagne organisera en outre le Sommet des chefs d'État et de gouvernement UE-Japon, la réunion interministérielle UE-ASEAN ainsi que les troïkas ministérielles entre l'UE et la Chine, l'Inde, le Pakistan, le Japon, l'Afghanistan, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et, probablement, l'Indonésie.


24 a action extérieure

8.- Politiques en matière d'égalité des sexes. L'Asie est d'ores et déjà présente dans plusieurs des projets lancés à l'initiative de la vice-présidence du gouvernement, comme c'est le cas de la Chine depuis 2007. Le nouveau plan prévoit de poursuivre ces initiatives et de les étendre à d'autres pays comme l'Inde, le Pakistan ou l'Afghanistan. 9.- Dialogue interreligieux et Alliance des civilisations. L'initiative espagnole de création de l'Alliance des civilisations a été très bien accueillie par les pays asiatiques, dont la population, pour beaucoup d'entre eux (Indonésie, Pakistan, Malaisie, Bangladesh, Inde, Chine...), représente la plus importante population musulmane au monde. Et c'est dans ces pays qui soutiennent et encouragent le dialogue entre religions que celui-ci atteint son plus haut degré d'expression. Une politique active de l'Espagne dans

ce domaine passera par l'engagement en faveur du dialogue interreligieux au sein de l'ASEM, par l'organisation en Espagne en 2010 de l'Interfaith Dialogue et par une participation active aux projets parallèles mis en œuvre en Asie, comme la Conférence Islam-Occident en Malaisie. 10.- Rapprocher la politique étrangère des citoyens. Les plans Asie successifs ont eu une véritable portée au sein de la société civile. Casa Asia s'est révélée être un instrument extrêmement efficace qui poursuit non seulement sa propre programmation en vue de rapprocher l'Asie et le Pacifique de l'Espagne mais collabore aussi de façon très active à la politique du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Au cours des quatre prochaines années, l'ouverture de nouveaux sièges est envisagée à Valence, à Bilbao et en Galice.

La projection des forums organisés avec la Chine et le Japon mérite particulièrement d'être soulignée, avec une très large présence des principaux acteurs de la société civile ayant des intérêts en Asie. Le plan prévoit d'amener les Tribunes de l'Inde et certainement des Philippines, à la même catégorie que l'Australie. Parallèlement, le nombre des Tribunes se verra augmenté. La Thaïlande, Singapour et le Pakistan pourraient être d'excellents candidats à cet effet. Comme l'a indiqué le président du gouvernement lors de la présentation du plan : « une politique extérieure espagnole digne du XXIe siècle et qui aspire à projeter les valeurs et le dynamisme de notre société ainsi que nos intérêts nationaux ne pouvait être conçue sans accorder à la région Asie-Pacifique une dimension prioritaire ».

importation-exportation avec l'Asie et le Pacifique 2000-2008 40.000.000

Importations

Chiffres en milliers d'euros. Source : ministère du Commerce, de l'industrie et du tourisme

35.000.000 30.000.000 25.000.000 20.000.000 Exportations

15.000.000 10.000.000 5.000.000 0 1999

3.000 2.500

2000

2001

2002

2003

2004

exportations vers les pays concernés par les plans intégraux de développement des marchés Chiffres en milliers d'euros.

Chine Japon Corée du Sud Inde

2.000 1.500

2005

2006

2008

aide officielle au développement en Asie 600

Chiffres en milliers d'euros.

500 400 300

1.000

200

500

100

0

2007

0 2004

2005

2006

2007

2008

2004

2005

2006

2007


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Un nouveau tour d'écrou dans la région la plus prometteuse de la planète José Eugenio Salarich

DIRECTEUR GÉNÉRAL POUR L'ASIE ET LE PACIFIQUE

Durant la précédente législature, le gouvernement et, plus particulièrement, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération ont réalisé un important effort afin de placer la zone AsiePacifique à la place qui lui revient dans le schéma général de la politique étrangère espagnole. Les résultats des objectifs poursuivis au cours de ces quatre dernières années sont reflétés dans le Bilan du Plan d'action 2004-2008. Je me reporte à ce document avec plaisir et orgueil pour avoir pu entreprendre, depuis la direction générale pour l'Asie et le Pacifique, un projet auquel je crois fermement. Cette région acquiert chaque jour davantage une importance primordiale dans l'agenda mondial. Nous ne nous sommes pas trompés lorsque nous avons détecté, dans son rythme spectaculaire de croissance économique et dans son rapprochement avec l'Occident, une série d'opportunités qu'il aurait été tout à fait suicidaire de ne pas saisir. Depuis l'Asie parviennent bon nombre des défis qui modèlent notre vie quotidienne et c'est en Asie que surgissent la plupart de ces opportunités qui ne se présentent que rarement au cours d'une génération. L'Espagne ne pouvait tout simplement pas se permettre le luxe de rester indifférente à ces événements qui, de fait, détermineront notre

propre croissance économique et influeront décisivement sur l'avenir de notre pays. Pour cela, conformément à l'engagement pris par le président du gouvernement, nous lançons, pour cette nouvelle législature 2008-2012, une troisième édition adaptée aux changements qui se sont produits dans la région et aux nouvelles circonstances mondiales, en vue de consolider les nombreuses réussites déjà obtenues et de rechercher de nouvelles voies de pénétration dans une région à la fois très éloignée de nous géographiquement et historiquement mais aussi chaque jour plus proche, grâce à l'effort de rapprochement que nous entreprenons tous. Il s'agit de notre réponse à une exigence de la part de la société espagnole qui observe clairement, comme le fait le gouvernement, que le centre de gravité de la politique et de l'économie mondiale s'est déplacé vers le Pacifique. J'ai eu l'occasion d'écrire, en citant Antonio Garrigues, que nous devons mettre de côté, en Espagne, la peur du torticolis historique qui nous a empêchés de tourner notre regard vers l'Est et nous a trop concentrés sur l'Occident. Je crois, en tout sincérité, que nous sommes en train d'inverser peu à peu cette tendance grâce à tous ceux qui, comme nous, sont

nous souhaitons nous joindre au nouveau pouvoir de l'asie, continent qui représente à la fois l'un des moteurs de la croissance économique mondiale et un élément vital pour l'équilibre mondial des pouvoirs le plan asiepacifique 2008-2012 s'adapte aux changements qui se sont produits dans la région et aux nouvelles circonstances mondiales

convaincus que c'est en Orient que se trouve, non pas l'avenir, mais le présent du devenir historique de ce XXIe siècle. Nous partons de bases politiques, dont beaucoup sont déjà consolidées, sur lesquelles nous forgeons des relations d'amitié, de coopération et des alliances stratégiques avec les pays les plus importants de la région, qui sont également les principaux pays émergents du nouvel équilibre international. Le reportage ci-joint décrit les domaines qui font l'objet de nouveaux projets et d'un renforcement de notre action gouvernementale. Je crois que nous sommes sur la bonne voie pour que l'Asie et le Pacifique deviennent le quatrième axe de notre politique étrangère, conformément au souhait plusieurs fois réitéré du président du gouvernement. Nous souhaitons nous joindre au nouveau pouvoir de l'Asie, continent qui représente à la fois l'un des moteurs de la croissance économique mondiale et un élément vital pour l'équilibre des pouvoirs. Cette position centrale, dans un proche avenir, de l'Asie et du Pacifique exige la mise en œuvre de cette stratégie active de l'Espagne. À l'ère de la mondialisation, les intérêts politiques, économiques, éducatifs et culturels de l'Espagne sont aussi mis en jeu en Asie.


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CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADE À 9 000 kilomètres de distance et presque au sud de l'Atlantique, l'Uruguay fut, par le passé, une terre d'accueil pour des milliers d'espagnols et ce pays est aujourd'hui fier d'entretenir d'excellentes relations politiques, économiques et culturelles avec l'Espagne. par María Pilar Cuadra Gascón

Uruguay : quand la distance n'est pas synonyme d'oubli L'éclatement de la Guerre Civile l'a surprise alors qu'elle était en tournée en Amérique latine, elle n'est jamais rentrée en Espagne. Elle a vécu au Chili, passé de longues périodes en Argentine, mais le pays qui est devenu son foyer, dont elle a obtenu la citoyenneté en 1959 et où elle est décédée dix ans plus tard, c'est l'Uruguay. Margarita Xirgu, qui fut probablement l'un des plus grands personnages du théâtre espagnol de la première moitié du XXe siècle, est devenue la première directrice de l'École municipale d'Art dramatique de Montevideo, qui porte aujourd'hui son nom en hommage aux contributions de l'actrice espagnole au théâtre uruguayen. Mais la Xirgu n'est qu'une personne parmi les milliers d'espagnols qui, au cours des siècles, se sont établis en Uruguay. Bien que la présence espagnole remonte à 1516, parmi les premiers émigrants se trouvait la famille de Silvestre Pérez Bravo, qui partit des îles Canaries aux côtés de douze autres familles au cours de l'été 1726, pour devenir, après presque trois mois de traversée, les premiers habitants de

San Felipe et de Santiago de Montevideo, nom historique de l'actuelle capitale de l'Uruguay. Ils débarquèrent dans la colonie nouvellement refondée, avec la promesse de recevoir des terres qui leur permettrait d'assurer leur avenir et, deux ans et demi plus tard, une trentaine de familles les rejoignirent. Aujourd'hui, l'Uruguay compte environ 50 000 résidents espagnols, nombre comparable à celui des Uruguayens récemment installés en Espagne. Il est toutefois probable que la Loi de Mémoire historique, qui prévoit l'octroi de la nationalité espagnole aux enfants et petits-enfants des exilés et des émigrants espagnols, impliquera une augmentation considérable du nombre d'espagnols dans ce pays. Les faits semblent le prouver : durant le mois qui a suivi l'entrée en vigueur de la loi, le 29 décembre 2008, et bien que l'Uruguay soit un pays relativement peu étendu, il est le troisième pays par nombre de demandes. Les relations humaines issues des phénomènes migratoires se reflètent aussi dans l'économie. Iberia est, par

exemple, la seule compagnie aérienne européenne qui offre des vols directs entre l'ancien continent et Montevideo. Et ce n'est pas une coïncidence si chaque Uruguayen dépense en moyenne 33,5 dollars par an pour les produits espagnols, contre 9,6 dollars pour leurs voisins brésiliens ou 24,2 dollars pour les Argentins. L'Uruguay fait également partie du processus d'investissement espagnol sur le continent américain depuis les années quatre-vingt-dix, ce qui fait de l'Espagne le quatrième investisseur dans ce pays. La coopération espagnole, elle non plus, n'oublie pas l'Uruguay, avec, en 2008, une contribution de plus de 25 millions d'euros, consacrée au renforcement des institutions démocratiques, à la transversalisation des politiques d'égalité des sexes et à l'amélioration de la couverture sociale des groupes particulièrement vulnérables. La coopération culturelle et scientifique pour la période 2008-2009 s'élève à 10 millions d'euros environ, avec des interventions allant du renforcement institutionnel (en soutenant le système


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Vue du port de la ville de Montevideo, détail de la façade d'un bâtiment historique de la capitale et Mémorial des Disparus

l'uruguay en chiffres Population : 3 334 052 habitants (estimation 2007) PIB : 23 095 millions USD (2007) PIB par habitant : 11 230 USD (l'un des plus élevés d'Amérique du Sud) Taux de croissance PIB : 13,2% Inflation : 9,2% Taux de change : 1 euro = 32,8 pesos uruguayens (décembre 08) Dette extérieure : 60,1 % PIB Réserves internationales : 4 112 millions USD Balance commerciale : déficit de 562,3 millions USD IDH : 0,852 (revenu moyen haut) Espérance de vie : 75,9 ans Taux d'alphabétisation : 96,2 % (Élèves par enseignant : 21) Chômage : 7,9 % (9,1 % en 2007, 11,4 % en 2006 et 12,2 % en 2005; 17 % en 2002) Pauvreté : Entre 2004 et 2007, la pauvreté est passée de 31,9 % à 25,5 %. L'infantilisation de la pauvreté est un facteur récent (environ 50 %). Indigence : 2,1% Source MAEC


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national des musées, par exemple) à la création ou la rénovation de lieux tels que le nouvel Espace d'art contemporain. Dans ce domaine, signalons la présence dans la capitale uruguayenne du Centre culturel de l'Espagne, dont le programme propose des activités très variées : projections de cinéma, concerts, conférences scientifiques ou ateliers pour enfants. D'un point de vue politique, les relations entre la République orientale de l'Uruguay – dans la dénomination officielle du pays, l'adjectif oriental renvoie à « Banda Oriental », nom désignant ce pays durant l'époque coloniale – et le Royaume d'Espagne remontent à 1870, lorsque fut signé le Traité de reconnaissance, de paix et d'amitié, près d'un demi-siècle après l'indépendance uruguayenne. En 1992, à l'occa-

UN ESPAGNOL EN URUGUAY jorge Torres Cantalapiedra conseiller général du cge pour l'uruguay et président de la fédération des institutions espagnoles en uruguay

Résidence de l'ambassade d'Espagne en Uruguay.

sion du Ve Centenaire de la découverte de l'Amérique, un nouveau Traité de coopération et d'amitié a été signé, afin d'actualiser les relations entre les deux pays après leurs processus de démocratisation respectifs. Depuis lors, les échanges de visites officielles des deux côtés de l'Atlantique ont redou-

Comment jugez-vous les relations hispano-uruguayennes, en particulier les relations économiques ? Elles sont en général excellentes, à quelques incidents près. Avec l'émigration du début du siècle dernier, essentiellement économique, l'Espagne s'est projetée en Uruguay à travers notre investissement dans les transports, le commerce de détail, etc. Nous avons alors généré de la main d'œuvre et soutenu des organismes de premier rang comme la Chambre espagnole de Commerce et autres associations régionales d'entreprises. Être Espagnol en Uruguay, c'est un avantage ou un inconvénient pour lancer une entreprise ? La réponse ne fait aucun doute. Nous bénéficions d'avantages certains dans un pays aussi jeune que l'Uruguay, car nous y sommes considérés comme des travailleurs sérieux, honnêtes, entreprenants et doués du sens de l'opportunité.

blé y compris, pour l'Espagne, celles des Communautés autonomes, traçant un schéma qui illustre parfaitement l'intensité de nos relations. Preuve de notre confiance mutuelle, rappelons qu'en novembre 2006, l'Uruguay a accepté la médiation du roi d'Espagne dans le conflit l'opposant à l'Argentine en raison de la construction d'une usine à papier près de la frontière entre les deux pays. En définitive, les relations entre l'Uruguay et l'Espagne, qu'elles soient politiques, économiques ou culturelles, sont d'une telle intensité que les 9 500 kilomètres séparant Madrid de Montevideo ne constituent qu'un faible obstacle dans le maintien de liens historiques constamment renouvelés par les flux migratoires qui s'opèrent dans les deux directions.

Comment les citoyens uruguayens voient-ils la contribution de l'Espagne au développement économique de leur pays ? En général, elle est très appréciée car elle génère des emplois. Bien que cela suscite quelques controverses avec les pays frontaliers, le peuple uruguayen défend cette contribution car il reconnaît qu'elle provient d'un pays avec lequel il a tissé de nombreux liens. Cette contribution est en outre perçue comme une restitution généreuse de ce que l'émigration a fait pour la Mère Patrie en des temps plus difficiles. Quel est le degré d'intégration de nos compatriotes en Uruguay ? Nous sommes parfaitement intégrés. N'oublions pas que depuis son origine, l'Uruguay s'est nourri de la colonisation espagnole et qu'un pourcentage significatif de sa population est d'origine espagnole. En tant que communauté, réalisez-vous des activités pour

maintenir le contact entre vous ? Nous avons un Conseil de résidents espagnols. Nous parlons de plus de 52 000 résidents. Par ailleurs, l'Uruguay compte plus de 60 institutions espagnoles, dont environ 40 sont réunies dans la Fédération des Institutions espagnoles en Uruguay (FI EU). Pourquoi avez-vous choisi de vivre et de travailler en Uruguay ? L'Uruguay nous offre un climat extraordinaire, un relief plat, arrosé par des fleuves et par l'océan. Sa population, d'origine européenne, est cultivée et agréable. Elle accueille les touristes avec amabilité. Si son époque de splendeur est passée, l'Uruguay, que l'on surnommait la « Suisse de l'Amérique », est en train de sortir de cette profonde crise, tout en évitant la crise économique mondiale. C'est un peuple démocratique, éduqué et généreux avec les visiteurs. Sachez que vous vous y sentirez comme chez vous.


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Des relations en constant essor Aurora Díaz-Rato

aMbassaDRicE D'EspagnE En URUgUay

L'ambassade d'Espagne en République orientale de l'Uruguay s'est agrandie ces dernières années, conséquence logique de la forte croissance de nos relations bilatérales concernant pratiquement tous les domaines. Les relations politiques hispanouruguayennes se sont développées, en fréquence comme en profondeur. Le partage des points de vue sur des questions aussi cruciales que le soutien et la défense du multilatéralisme, ou l'engagement des deux nations envers la construction de la paix ou le respect des droits de l'Homme dans les relations extérieures nous amène à défendre des positions communes aussi bien vis-à-vis de la région latinoaméricaine que des questions stratégiques internationales comme le processus de paix au Moyen-Orient ou la réforme des Nations Unies. En outre, la fréquence des visites, qu'elles soient d'État, officielles ou de travail, des Communautés autonomes ou des collectivités locales, qui s'opèrent dans les deux sens, donne une idée précise de la mission de la Représentation espagnole à Montevideo. Cette intensité des relations ne se limite pas au niveau politique. Dans le domaine économique, l'intensification est très nette et la tendance que l'on observe

montre que cette croissance se maintiendra au-delà de situations conjoncturelles. Si la balance commerciale est déficitaire depuis deux ans, en 2008, les exportations espagnoles et uruguayennes ont augmenté à un rythme supérieur à 50 % par rapport à l'année précédente. La République orientale de l'Uruguay est le premier pays consommateur de produits espagnols par habitant en Amérique latine. Il en est de même pour l'investissement direct puisque l'Uruguay est à nouveau la principale destination par habitant de l'investissement espagnol dans la région. Fait significatif : la présence espagnole en exportation comme en investissement intervient dans les secteurs les plus modernes et à plus forte valeur ajoutée, comme les communications, la technologie ou les services. D'autre part, la coopération espagnole en Uruguay a suivi la même tendance : elle a été multipliée par plus de 10 au cours des dernières années et la coopération technique aussi bien que culturelle, avec le rôle remarquable tenu par le Centre culturel de Montevieo, sont devenues une référence dans le pays, où l'Espagne est le premier donateur bilatéral. L'ouverture dans les prochains mois d'un quatrième Centre

la présence espagnole en exportation comme en investissement intervient dans les secteurs les plus modernes et à forte valeur ajoutée, comme les communications, la technologie ou les services

de formation de la coopération espagnole en Amérique latine, qui interviendra essentiellement dans la sous-région, la mise en œuvre d'un programme de coopération avec MERCOSUR, dont le suivi sera assuré le bureau technique de coopération à Montevideo, et le grand pari de la coopération espagnole pour soutenir le projet pilote de « Une ONU » (One UN) dans la région, dont le siège se trouvera à Montevideo, confirment cette tendance et lui confèrent un rayonnement au-delà des frontières du pays. Enfin, avec 50 000 citoyens inscrits au CERA, la communauté espagnole la plus importante de la région, et une communauté uruguayenne en Espagne estimée à environ 80 000 personnes, nous avons l'illustration de l'intensité des relations personnelles, les démarches étant efficacement traitées par le consulat général comme par le tout nouveau département du Travail. L'application de la Loi de la Mémoire historique 52/07 et la gestion des aides qui s'élèvent à près de 100 millions d'euros ainsi que l'imminente conclusion d'un accord en vue de faciliter le vote des citoyens des deux pays aux élections municipales, sont quelques-uns des défis qui se présentent pour les mois à venir.


30 A l'analyse

L'Organisation mondiale du tourisme (OMT). L'OMT est une agence spécialisée des Nations Unies, siégeant à Madrid, et qui dirige le développement d'un tourisme mondial responsable, durable et universel. L'organisation comprend parmi ses partenaires 161 pays et territoires, ainsi que plus de 370 membres affiliés appartenant au secteur privé.

Taleb Rifai « Comme le droit à l'éducation, le droit de voyager fait partie du concept des droits de l'Homme au sens large » secrétaire général par intérim de l'organisation mondiale du tourisme

— L'Espagne est le deuxième pays le plus visité au monde. Que pourraitelle faire pour atteindre la première place ? — L'Espagne n'est pas très loin du premier (Rires). En outre, si vous regardez les recettes par touriste, l'Espagne obtient de très bons résultats. Il est vrai qu'elle peut encore développer son tourisme urbain. Madrid, par exemple, est une ville parfaitement capable de recevoir davantage de visiteurs. Les points forts de l'Espagne, ce sont ses villages (dit-il en espagnol), sa côte et ses îles. L'Espagne peut également présenter ses politiques environnementales comme celles d'un pays respectueux de l'environnement. — En tant qu'agence spécialisée des Nations Unies, l'OMT est probablement l'organisation intergouvernementale la plus importante parmi celles qui sont installées à Madrid. Pourquoi l'Espagne a-t-elle été choisie pour siège de l'OMT ? — Ce n'est pas un hasard si l'OMT se trouve en Espagne. Les organisations internationales tendent à s'établir dans des villes ayant une étroite relation avec leur mission et leurs objectifs. En 1975, quand l'assemblée générale a décidé de faire de l'OMT une organisation intergouvernementale (elle se trouvait auparavant à Genève), plusieurs candidats se sont présentées et c'est Madrid qui a gagné, en toute logique, parce que l'Espagne fait partie des grands du

tourisme mondial, c'est une histoire de succès touristique. — En quoi l'OMT se distingue-t-elle des autres organisations internationales ? — L'OMT est unique car lorsqu'elle est devenue une organisation intergouvernementale elle a conservé ses membres non gouvernementaux : secteur privé, institutions académiques, organisations nationales de tourisme, ONG, provinces, municipalités… Ils trouvent tous place dans notre organisation en tant membres affiliés. Justement, nous essayons actuellement de leur donner un rôle plus important pour qu'ils puissent agir comme partenaires du secteur public. — Les chiffres du tourisme international n'ont jamais été aussi bons que ces dernières années. Il a su surmonter le terrorisme international, la grippe aviaire ou les conflits internationaux. Comment la crise financière va-t-elle l'affecter ? — Nous avons eu 5 années particulièrement bonnes. Entre 2003 et 2008, la croissance a été de plus de 6 %, alors que nos prévisions étaient de 4 %. 2008 a représenté un point d'inflexion et nous prévoyons une année 2009 plus marquée par la crise. Entre 2001 et 2003, il y a eu un ralentissement mondial après les attaques contre les tours du World Trade Center, la prolifération des conflits et la grippe aviaire. De nombreux éléments sont toujours présents mais l'industrie a appris à vivre avec ces défis et à s'adapter.

Le défi actuel, la crise économique, est de nature différente. Tout d'abord parce qu''il s'agit d'une crise mondiale, ensuite parce qu'elle est confuse et enfin, parce qu'elle touche la bourse des citoyens. — Quel sera le rôle des puissances émergentes dans le tourisme de l'avenir ? — La Chine a exporté plus de 45 millions de touristes en 2007. C'est une bonne nouvelle parce que cela pourrait compenser le ralentissement économique. Je crois que la Chine, l'Inde et les autres pays émergents vont être de grands acteurs du tourisme international en raison de leur croissance et de leur population. Quand vous comparez la proportion d'Allemands qui voyagent hors de l'Allemagne avec le pourcentage de Chinois qui voyagent hors de la Chine, vous vous rendez compte des énormes possibilités de croissance des pays émergents. — Comment le tourisme peut-il contribuer aux objectifs du Millénaire ? — Le tourisme est un moteur de croissance et il crée facilement des emplois, à des coûts bien inférieurs à ceux de tout autre secteur. De plus, il crée de l'emploi dans des régions qui en ont besoin : la campagne, les régions isolées ou qui n'ont que peu d'opportunités de développement. Il permet également de créer des liens économiques, sociaux, culturels ou environnementaux avec d'autres secteurs. — Au cours de son histoire, l'OMT a lutté pour le droit aux vacances, la


A l’analyse 31

le profil Né en Jordanie en 1949, il a obtenu un diplôme d'architecture au Caire et a commencé sa carrière professionnelle en tant que professeur d'université dans son pays entre 1973 et 1993. À cette période, il a obtenu un doctorat en Urbanisme en Pennsylvanie et une maîtrise en Génie civil et architecture à l'Institut de Technologie de l'Illinois. En Jordanie, il a été ministre du Tourisme et des antiquités, ministre de l'Information et ministre de la Planification et de la coopération internationale. Entre 2003 et 2006, il a été sous-directeur général de l'OIT jusqu'à sa nomination au poste de directeur général adjoint de l'OMT. À la fin du mois de février, lorsque le secrétaire général, Francesco Frangialli, est parti avant la fin de son troisième mandat, Rifai a assumé le poste de secrétaire général en fonctions.

création d'emploi ou pour mettre en place un tourisme respectueux de l'environnement. Quels sont les défis à venir ? — Voilà en quoi le tourisme a un lien avec les droits de l'Homme. Voyager est devenu un droit au même titre que la liberté d'expression ou d'opinion. Tout comme le droit à un logement digne, ou à l'éducation, le droit de voyager fait partie du concept de droits humains au sens large. Quand une personne souhaite se reposer, elle veut le faire à sa manière et dans le lieu de son choix. Dans la corbeille des droits de l'Homme, l'OMT a inclus les droits de groupes particulièrement vulnérables, comme les femmes et les enfants. Nous ne pouvons tolérer que l'industrie du tourisme abuse ou exploite des enfants ou des femmes, c'est la raison pour laquelle nous avons établi des groupes de travail qui doivent prévenir ces situations et contribuer ainsi aux objectifs du Millénaire. — Quel est actuellement le rôle de l'Es-

pagne en tant que siège de l'OMT ? — Nous sommes très fiers d'être ici, l'Espagne est bien plus que notre siège. C'est un pays qui donne un sens à notre travail, dans un contexte large. Un tourisme qui contribue aussi à construire la paix : unir des peuples et des cultures et parvenir à plus de tolérance et de compréhension. Et c'est précisément ce que l'Espagne est en train de réaliser. À travers le dialogue méditerranéen ou l'Alliance des civilisations, elle est décidée à rapprocher le nord du sud, l'est de l'ouest. Nous espérons très prochainement renforcer les liens entre l'Organisation, les partenaires et l'Espagne. Je crois que l'Espagne pourrait faire sa promotion en tant que siège de l'OMT. Madrid l'a déjà fait, comme capitale du tourisme mondial. — Pensez-vous que l'Espagne devrait accueillir davantage d'organisations internationales ? — Bien entendu, pourquoi pas ? Si ces organisations considéraient la possibilité de s'installer en Espagne, et pas

seulement à Madrid, mais dans bien d'autres villes espagnoles, elles verraient que ce pays peut accueillir des organismes internationaux. Je vais vous donner un exemple très simple : quand les différentes organisations de la famille des Nations Unies se réunissent, elles le font parfois à Genève, d'autres à Rome, ou encore à Vienne, New York ou Paris. Quand nous les invitons en Espagne, parce que le tour de Madrid est venu, elles disent toujours : Vous, vous avez de la chance ! Je crois que c'est la preuve que l'Espagne est parfaitement qualifiée pour accueillir des organisations internationales. — À propos, quel est votre pari pour 2016 ? — (Il rit). Eh bien, toutes les villes candidates sont préparées et appartiennent à des États membres de notre organisation, mais je crois qu'il n'y aurait pas de problème si je disais que ma femme et mes enfants, qui vivent à Madrid, seraient très contents s'ils pouvaient assister en direct aux Jeux olympiques.


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CONSEJO DE EUROPA Presidencia española

Le 28 janvier à Strasbourg, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a présenté les principaux objectifs de la présidence espagnole et a expliqué que la session du Comité des ministres de Madrid réaffirmera le rôle du Conseil européen comme « pierre angulaire de l'Europe et garantie des valeurs partagées ».

L'Espagne prépare la session du Comité des ministres pour le 12 mai, à Madrid COUNCIL OF EUROPE Spanish Chairmanship CONSEIL DE L'EUROPE Presidence espagnole

Pendant sa présidence, l'Espagne, outre la commémoration du 60ème anniversaire de l'organisation et le cinquantenaire de la Cour européenne des Droits de l'Homme, a déployé de nombreuses actions pour faire progresser la promotion des libertés fondamentales, de l'État de Droit et de la démocratie.

Ainsi que la coopération internationale contre le terrorisme, le dialogue interculturel, l'égalité des sexes, la gestion des migrations, le renforcement des relations entre le Conseil de l'Europe et les autres organisations, et le renforcement de la contribution de l'Assemblée parlementaire.

Miguel Ángel Moratinos, lors de son intervention devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Au cours de sa visite à Strasbourg, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a visité l'exposition « Visas pour la liberté » présentée au siège du Conseil, dans le cadre des activités organisées par la présidence espagnole. phOtos angel zorita

Plusieurs des grands rendez-vous se sont tenus en Espagne, comme le séminaire d'experts qui s'est réuni à Madrid en décembre pour discuter de la « Convention du Conseil de l'Europe contre le trafic des êtres humains » ou la Conférence européenne « Femme et handicap : accès à la formation et à l'emploi », qui s'est tenue à León les 12 et 13 février. Une conférence de haut niveau s'est tenue récemment à Tolède, sous le titre « La protection des mineurs dans les systèmes judiciaires européens », au cours de laquelle des experts des 47 États membres ont débattu des objectifs et de l'application de la « Convention du Conseil de l'Europe pour la protection des mineurs contre l'exploitation et les abus sexuels », signé par 33 États et qui n'est toujours pas entrée en vigueur. À la fin du mois de mars, l'Espagne a organisé une conférence intitulée « La protection des droits de l'Homme et la lutte contre le terrorisme », et les 15 et 16 avril, Madrid accueillera une rencontre entre le Conseil de l'Europe et l'Organisation des États américains pour débattre du terrorisme cybernétique. Quelques jours plus tard, Bilbao organisera une réunion intitulée « Garantir la diversité culturelle et la diversité européenne : le rôle de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ». La Présidence espagnole du Conseil de l'Europe organisera le 12 mai prochain la session du Conseil des ministres au cours de laquelle l'Espagne cédera son mandat à la Slovénie, qui exercera la présidence pendant les six prochains mois. Dans le cadre de cette réunion de haut niveau, qui se tiendra à Madrid et non à Strasbourg, le 60ème anniversaire de l'organisation sera célébré et la déclaration finale de la présidence sera présentée.


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Valence accueillera le premier centre de l'ONU en Espagne.  La vice-présidence du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega et le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, signent l'accord pour la construction du centre qui sera chargé de fournir des moyens de communication fiables et indépendants pour les missions de paix et qui apportera son soutien à près de 90 000 civils et militaires déployés dans le monde entier.

L'Espagne et la Chine développent leurs relations entrepreneuriales  La visite à Madrid du Premier ministre chinois, M. Wen Jiabao, a favorisé la signature d'une douzaine d'accords bilatéraux en matière de télécommunications, énergies renouvelables, finances, environnement, tourisme, aviation et coopération entrepreneuriale dans différents domaines. M. Jiabao et le président, M. Rodríguez Zapatero, ont déclaré que l'Association stratégique intégrale entre les deux nations place les relations hispano-chinoises au meilleur niveau de leur histoire.

Wen Jiabao, au cours de sa visite au Palais de la Moncloa, où il a rencontré le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero. photo efe

L'Espagne et l'Afrique préparent l'« Agenda de l'Égalité »  La IVe Rencontre « Femmes espagnoles et africaines pour un monde meilleur » s'est achevée au Liberia sur l'engagement de faire progresser l'« Agenda de l'Égalité » qui sera approuvé lors de la Ve Rencontre qui se tiendra en Espagne. L'annonce a été faite à Monrovia par la vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega. Elle s'est ensuite réunie dans la capitale de la Gambie avec la vice-présidente, Isatou Njie Saidy, pour signer un accord-cadre bilatéral pour les quatre prochaines années.

Prix Ramón Llull pour l'ambassadeur Carles Casajuana  L'actuel ambassadeur d'Espagne à Londres, Carles Casajuana, a obtenu le Prix Ramón Llull des lettres catalanes pour son roman « L'ultim home que parlava català » (le dernier homme qui parlait le catalan), dans lequel il évoque avec ironie le bilinguisme et l'hypothétique disparition du catalan.

Coopération intense entre l'Espagne et le Portugal  Le dernier sommet hispano-portugais a reflété la densité, la qualité et l'importance stratégique des relations bilatérales. Les chefs de gouvernement espagnol et portugais ont réaffirmé leur engagement pour que les lignes de train à grande vitesse Lisbonne-Madrid et Porto-Vigo soient terminées en 2013 et ont annoncé qu'au cours des prochaines années, ils inaugureront deux centres financés conjointement : l'un, relatif aux nanotechnologies, à Braga, et le second à Badajoz, dédié aux énergies renouvelables.

Sommet de l'UA en février

L'Espagne devient l'un des principaux partenaires de l'Union africaine Depuis sa création en 2002, l'Union africaine (UA) a acquis une grande importance sur la scène internationale, grâce à son élan intégrateur dans le domaine politique et économique, ainsi que par son combat pour la paix et la sécurité sur le continent. L'Espagne, fidèle à son engagement envers l'Afrique et à la promotion d'un multilatéralisme efficace, s'est imposée comme l'un des principaux alliés de cet organisme. La récente visite en Espagne de Jean Ping, qui a rencontré le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, a confirmé cette relation privilégiée. Dans ce contexte, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Angel Lossada, a annoncé, lors du Sommet de l'UA en février, le premier déboursement de 10 millions d'euros correspondant à la contribution volontaire de 30 millions entre 2009 et 2011. Cette contribution fait de l'Espagne l'un des principaux partenaires de l'UA et sera essentiellement destinée à des actions en faveur de la paix et de la sécurité, ainsi qu'au renforcement institutionnel, qui comprend la consolidation de l'emploi de l'espagnol comme langue officielle. Il sera possible d'assumer des engagements concrets vis-à-vis de situations de crise ou de post-conflit, comme en Somalie ou en République démocratique du Congo. L'Espagne désire contribuer ainsi aux capacités de direction de l'UA dans la conception de la nouvelle architecture de paix et de sécurité, proprement africaine, dans le cadre de l'Agenda pour la paix. Dans ce contexte, soulignons le rôle joué par le Centre africain pour l'étude et la recherche sur le terrorisme, avec lequel l'Espagne collabore depuis sa création.


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Bicentenaires des indépendances des républiques latino-américaines La séance plénière de la Commission nationale des bicentenaires s'est réunie au mois de février dernier et a approuvé deux documents qui définissent la position espagnole face à la commémoration.

Le 11 mai, une cérémonie d'Etat célébrera les bicentenaires Depuis l'année dernière déjà, coïncidant avec le bicentenaire de l'arrivée de la Cour portugaise au Brésil, les cérémonies de commémoration des bicentenaires des indépendances des républiques latino-américaines ont commencé. Tous les pays latino-américains y prennent part, y compris l'Espagne, non seulement pour des raisons historiques mais aussi en raison de nos relations actuelles avec l'Amérique latine, et de leur potentiel d'avenir. Pour faire face à ce défi, une commission nationale (CNB) a été constituée, dont la session plénière est dirigée par la première vice-présidente du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération en tant que président exécutif, ainsi que par l'exprésident Felipe González en tant qu'am-

200 AÑOS

INDEPENDENCIAS IBEROAMERICANAS

Le logo de la cnb La Commission nationale des bicentenaires a récemment approuvé le logo qui définira l'image de marque. Ce logo représente la voile d'un bateau évoquant la force d'une culture et d'une langue commune, et la mer qui nous a réunis. Le logo reprend les couleurs communes aux drapeaux des pays latino-américains.

bassadeur extraordinaire. La stratégie de l'Espagne vis-à-vis de la commémoration envisage que notre pays joue un rôle d'accompagnement auprès des républiques latino-américaines, dans le cadre de leurs bicentenaires respectifs, et que notre participation soit partie intégrante de notre politique extérieure en Amérique latine et une contribution au développement et à l'approfondissement des relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine. Il faudra également éviter la dispersion des efforts et pouvoir compter sur le soutien d'organismes et d'institutions ayant une présence et des intérêts en Amérique latine, comme des communautés d'immigrants latino-américains en Espagne. Au cours de la séance plénière de la CNB qui s'est tenue en février, deux documents définissant la position de l'Espagne vis-àvis de la commémoration ont été adoptés. Le document relatif à la « stratégie » recueille les principes sur lesquels repose l'action espagnole et les objectifs qu'elle poursuit, l'autre document étant le « Programme d'action ». Parmi toutes les activités qui seront réalisées, soulignons la 200 cérémonie institutionnelle de lancement AÑOS des commémorations, le 11 mai prochain, présidée par les souverains, avec la participation des plus hautes institutions de l'État et de personnalités du monde politique, de l'entreprise, de la culture et de la société civile d'Amérique latine, d'Europe, des États-Unis et d'Espagne. Outre la CNB, deux autres commissions de commémoration des bicentenaires sont prévues en Espagne : celle du bicentenaire de la Guerre d'Indépendance de 1808 et celle du bicentenaire de la Constitution de Cadix en 1812.

Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères s'est réuni avec Christopher Ross  Le secrétaire d'État, Ángel Lossada, a reçu Christopher Ross, émissaire du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental. Après lui avoir exprimé la satisfaction du gouvernement espagnol face au maintien par les Nations Unies de l'engagement envers le mandat reçu du Conseil de sécurité, il lui a réaffirmé que le gouvernement espagnol continuerait à contribuer aux efforts pour que les parties parviennent à un accord politique qui permette l'exercice de la libre détermination.

Ángel Lossada aux côté de Christopher Ross.

Programme d'action de la Fondation Carolina pour 2009  La Fondation Carolina a approuvé les objectifs de l'institution pour 2009. Parmi ceux-ci, l'attribution de 1 700 bourses d'études supérieures, doctorats et formations continues, ainsi que le développement du Réseau Carolina, avec la mise en œuvre d'une plateforme technologique visant à coordonner bénéficiaires et collaborateurs des différents programmes de la Fondation.

L'Espagne progresse dans la reconnaissance du droit à l'eau  La première initiative entreprise par l'Espagne, à propos des droits de l'Homme, auprès des Nations Unies est de faire reconnaître le droit à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Pour faire valoir ce droit, l'Espagne s'est dotée d'une experte indépendance, Catarina de Albuquerque, qui a été présentée par le Bureau des droits de l'Homme du MAEC le 20 février dernier.


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L'Espagne accueillera le sommet UE-Maroc  L'Espagne accueillera en 2010 le sommet Union européenne-Maroc, première réunion bilatérale organisée par les 27 États membres avec un pays arabe ou africain, comme l'a expliqué en février le secrétaire d'État à l'Union européenne, Diego López Garrido. La concession du statut avancé pour le Maroc l'année dernière a représenté un bond qualitatif dans ses relations avec Bruxelles.

Le secrétaire d'État du Vatican visite l'Espagne  Le secrétaire d'État du Vatican, Tarcisio Bertone, s'est entretenu en février avec le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, ainsi qu'avec le roi, dans le cadre d'une visite privée à Madrid, à laquelle il avait été convié par la Conférence épiscopale espagnole pour présenter une conférence sur le thème « Les droits de l'Homme dans le Magistère de Benoît XVI ».

L'Espagne et l'Argentine se préparent pour le sommet de Londres  José Luis Rodríguez Zapatero, et la présidente argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, ont analysé, dans le cadre de sa visite d'État en Espagne, la situation économique internationale et les propositions qui seront présentées à Londres le 2 avril, lors du prochain sommet pour la réforme du système financier international.

Plus de 5 600 espagnols dans les organismes internationaux  5 656 espagnols travaillent dans des organismes internationaux et des institutions de l'UE, a expliqué le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, lors du congrès de février. 300 d'entre eux occupent des postes à responsabilité. Ces données, qui datent de la fin 2007, représentent le double des chiffres de 2003.

Visite officielle des souverains en Jamaïque et à Trinité-et-Tobago. Le roi et la reine ont également effectué une visite officielle en Floride, au cours de laquelle ils ont participé à la célébration du 450e anniversaire de Pensacola, première ville espagnole fondée sur le territoire actuel des États-Unis.

Le roi Juan Carlos Ier prononce quelques paroles, au musée Wentwoth de Pensacola, aux côtés de la reine et du gouverneur de Floride, Charlie Christ. photo efe

L'Espagne renforce ses relations avec les Caraïbes anglophones Dans le cadre d'une tournée, entre le 16 et le 21 février, le roi Juan Carlos et la reine Sofia ont effectué une visite d'État à Trinité-et-Tobago et en Jamaïque, puis une visite officielle en Floride, où ils ont participé à la célébration du 450e anniversaire de Pensacola, première ville espagnole fondée sur le territoire actuel des États-Unis. Les souverains, qui ont voyagé avec une importante délégation comprenant le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, et quelques chefs d'entreprises espagnols, ont été reçus avec tous les honneurs à Puerto España, capitale de Trinité-et-Tobago. La visite a permis de consolider les relations politiques, économiques et culturelles. L'Espagne est le troisième client de Trinité-et-Tobago, principalement pour les hydrocarbures, et l'un de ses principaux investisseurs. Pendant son discours devant le Parlement de la Jamaïque, deux jours plus tard, le roi Juan Carlos a exprimé la satisfaction de l'Espagne face à l'ouverture par la Jamaïque d'« une ambassade à Madrid l'année prochaine » et a souligné que l'Espagne est engagée

envers la Jamaïque au-delà des liens politiques et économiques. Parmi les entreprises espagnoles présentes sur l'île, l'industrie hôtelière arrive en tête, avec un investissement de plus de 600 millions d'euros au cours des 10 dernières années. Au cours de leur visite en Floride, les souverains ont assisté à la célébration du 450e anniversaire de la ville de Pensacola, qui a rendu hommage à son fondateur Tristán de Luna et à l'un des personnages les plus emblématiques de son histoire, Bernardo Gálvez, originaire de Malaga, qui a vaincu les Anglais en 1781. Les souverains se sont ensuite rendus à Miami où ils ont assisté à un dîner donné en hommage à la gastronomie espagnole et à une rencontre entrepreneuriale sur les énergies renouvelables. Le président Barack Obama a téléphoné au roi pour lui présenter ses excuses pour n'avoir pu le recevoir personnellement et lui a fait part de son souhait que les relations bilatérales soient aussi bonnes qu'avec ses prédécesseurs. La Maison Blanche a envoyé à Miami son conseiller à la sécurité nationale, le général James Jones.


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IIIe Réunion des ambassadeurs d'Espagne en Amérique latine. Miguel Ángel Moratinos a clôturé la réunion avec la conviction que cette région doit être présente et participer au processus de transformation et de réforme du contexte international.

Aide au développement de l'Albanie  Un projet de développement culturel de l'Albanie, qui devrait durer deux ans, sera financé par l'Espagne et mis en place par l'Unesco et le PNUD. Dans le cadre de ce projet, le musée national d'Histoire, à Tirana, sera reconstruit, et les institutions culturelles de ce pays des Balkans seront réformées.

Barack Obama soutient l'Alliance des civilisations Photo de famille de la IIIe Réunion des ambassadeurs d'Espagne, à Quito. photo efe

Les ambassadeurs d'Espagne en Amérique latine se réunissent en Équateur À l'occasion de la IIIe Réunion des ambassadeurs d'Espagne en Amérique latine, les 24 ambassadeurs d'Espagne auprès des pays latino-américains se sont réunis avec le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, dans la ville de Quito. Il s'agit de la troisième édition de ce forum, qui a été créé à partir de la mise en place du secrétariat d'État pour l'Amérique latine, et qui permet de mettre en commun des politiques et des initiatives dans l'objectif de parvenir à une meilleure cohésion de l'activité dans la région. L'ambassadeur d'Espagne aux États-Unis, Jorge Dezcallar, et Javier Sancho, ambassadeur auprès de l'Organisation des États américains (AEA), ont aussi participé à la conférence. Le ministre était accompagné par la secrétaire d'État pour l'Amérique latine, Trinidad Jiménez, qui a inauguré la réunion et a affirmé qu'« il [s'agissait] d'échanger des impressions et de réfléchir ensemble aux événements qui se produisent en Amérique latine ». Le ministre des Relations extérieures de l'Équateur, M. Fander Falconí,

était également invité à la cérémonie d'ouverture de la conférence. Il a remercié l'Espagne d'avoir choisi Quito pour l'organisation de la réunion et a rappelé les « excellentes relations existant entre les deux pays, dans tous les domaines ». Au cours de la rencontre, la politique de l'Espagne en Amérique latine a été abordée, ainsi que la relation de la région avec les États-Unis et l'UE, l'accompagnement aux cérémonies commémoratives des bicentenaires des nations latino-américaines, qui débuteront en mai en Bolivie, ainsi que la situation des entreprises espagnoles dans la région. Le chef de la diplomatie espagnole a déclaré qu'« avec l'aide de l'Espagne, la voix de l'Amérique latine sera entendue dans toutes les institutions internationales ». Miguel Ángel Moratinos a en outre souligné l'engagement de l'Espagne à soutenir la présence de cette région durant la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne l'année prochaine, au cours de laquelle est prévue un sommet UEAmérique latine.

 L'Administration américaine a confirmé que le président Barack Obama participerait le 6 avril à la IIe réunion du Forum de l'Alliance des civilisations qui se tiendra à Istanbul. Lors de cette réunion, il rencontrera José Luis Rodríguez Zapatero, à l'origine de cette initiative, et le Premier ministre Turc, Recep Tayyip Erdogan.

L'Espagne soutient la Serbie pour son adhésion à l'UE  Le Président, M. Rodríguez Zapatero, a assuré à son homologue serbe, Boris Tadic, que l'Espagne poursuivra ses efforts pour que la Serbie puisse signer un Accord d'association avec l'Union Européenne, étape préalable à une future adhésion. Le président a également réitéré la volonté de l'Espagne de ne pas reconnaître l'indépendance du Kosovo, par conviction politique et conformément au droit international.

Trinidad Jiménez s'est rendue au Guatemala et au Costa Rica  La secrétaire d'État pour l'Amérique latine s'est rendue à Poasito, au Costa Rica, pour remettre une aide aux victimes du dernier tremblement de terre. Elle s'était précédemment réunie, au Guatemala, avec le président, M. Colom, et avec les membres de la Commission internationale contre l'impunité, pour laquelle elle a demandé le soutien de la communauté internationale et du gouvernement guatémaltèque.


a action extérieure en bref 37 Depuis le 1er janvier

L'Espagne et la Russie signent un mémorandum de coopération énergétique  Le pacte, signé à l'occasion de la première visite effectuée par le président de la Fédération russe dans un pays de l'UE, ouvre la porte à la collaboration avec le géant énergétique russe. Cela représente une grande sécurité pour l'approvisionnement de l'Espagne et garantit un meilleur accès pour les entreprises espagnoles. Plusieurs groupes y ont déjà adhéré : Gazprom coopérera avec Gas Natural et le groupe espagnol Iberdrola avec le groupe russe Inter Rao.

Roumains et Bulgares peuvent désormais librement travailler en Espagne

Dmitri Medvedev, lors de son intervention au ler Foum de la société civile Espagne-Russie qui s'est tenu au musée Reina Sofia. photo efe

Première visite d'État du président Sarkozy en Espagne  A la fin du mois d'avril, le président français, Nicolas Sarkozy, effectuera sa première visite d'État en Espagne, pendant laquelle se tiendra le traditionnel sommet bilatéral hispano-français. De nombreux thèmes seront abordés : la lutte antiterroriste, le combat contre le trafic de drogue, les interconnexions frontalières dans les Pyrénées, ainsi que des questions culturelles et éducatives.

Monument aux diplomates qui ont aidé les juifs pendant la IIe Guerre mondiale  Un monument sera érigé à Madrid en mémoire des diplomates espagnols qui ont aidé la communauté juive pendant la IIe Guerre mondiale, comme Eduardo Propper de Callejón et Bernardo Rolland de Miota, en France ; Sebastián Romero Radigales, en Grèce ; Julio Palencia, en Bulgarie ; José Ruiz Santaella, en Allemagne ; José Rojas, en Roumanie ; et Ángel Sanz Briz, en Hongrie. La décision a été prise au sein du Conseil directeur de Casa Sefarad-Israel, qui s'est tenu au mois de janvier.

Barcelone cède 19 édifices « art nouveau » à la Méditerranée  L'ancien hôpital de San Pau, composé de 19 bâtiments, sera restauré pour devenir le siège d'organismes internationaux, locaux et d'institutions liés à la Méditerranée. C'est que qu'a annoncé le maire de Barcelone, Jordi Hereu, au mois de janvier. Plus de treize hectares accueilleront les organismes qui s'installeront à Barcelone, siège de l'Union pour la Méditerranée.

Le prince et la princesse des Asturies font aux États-Unis la promotion de l'image de l'Espagne sous le slogan « Made by Spain »  Le princes et la princesse des Asturies inaugureront ce mois-ci à New York une grande campagne de promotion des produits espagnols visant à renforcer l'image de l'Espagne aux États-Unis, en présence de plus de cent entrepreneurs espagnols. Pendant un an et demi, la campagne « Made by Spain » se concentrera sur le géant nord-américain au travers de cérémonies, salons et campagnes de communication, d'abord à New York, puis à Chicago. L'Institut espagnol du commerce extérieur (ICEX) consacrera 20 millions d'euros à ce programme qui sera également financé par de grandes entreprises espagnoles.

Depuis le 1er janvier dernier, plus de 700 000 Roumains et 140 000 Bulgares résidant en Espagne peuvent travailler librement, le moratoire sur l'autorisation de travail auquels ils étaient soumis depuis l'intégration de leurs pays dans l'UE il y a deux ans ayant été levé. L'exécutif espagnol a pris la décision de ne pas proroger cette période, lorsque la Commission européenne a rendu public un rapport encourageant les États membres à mettre un terme aux restrictions : « L'expérience met en évidence le fait que la mobilité transfrontalière de la main d'œuvre tendra à s'autoréguler, diminuant lors des périodes de récession économique » souligne-t-il. Cette mesure affecte de manière significative deux communautés qui ont connu une croissance exponentielle depuis cinq ans et qui, dans le cas des citoyens roumains, représente la première communauté étrangère présente dans notre pays.

Non à la violence de genre

Présentation du rapport de l'ONU sur la femme Le dernier rapport de l'UNIFEM assure que pour obtenir l'égalité des sexes, il est fondamental que les femmes participent pleinement à l'adoption des décisions publiques à tous les niveaux. Le rapport des Nations Unies, quant à lui, met en évidence les injustices et les discriminations de genre et exige des réparations et des améliorations. Le rapport a été présenté par la directrice générale, Inés Alberdi, accompagnée par la ministre Bibiana Aido, la secrétaire d'État Soraya Rodríguez et le journaliste Iñaki Gabilondo.


38 c coopération

Projets de l'AECID. La Bolivie est le troisième plus grand producteur de feuille de coca dans le monde, après la Colombie et le Pérou. Son usage traditionnel, médical et rituel est un fait. Cependant, cette pratique a engendré des problèmes en Bolivie, à niveau national, mais aussi vis-à-vis de la communauté internationale. Depuis 1996, la coopération espagnole collabore avec le gouvernement bolivien afin de remplacer la culture de la feuille de coca.

Pépinières du Chapare bolivien et processus de production du cœur de palmier. photoS pepa acedo / aecid

Des cultures alternatives pour le développement de la Bolivie « Il y a peu, la coca représentait 100 % des cultures. Nous cultivions tous la même chose. Les choses se sont aggravées et il y a eu beaucoup d'affrontements, la mort de compagnons de lutte... ». Eliodoro Vidal résume ainsi la situation dans la région du Chapare Bolivien dans les années 80. Sans alternative de culture et sans soutien, l'excès de la production de coca dans le tropique bolivien a engendré de graves conflits entre le gouvernement et les paysans, et entre les cultivateurs eux-mêmes. Cela a également généré plus de pauvreté. Aujourd'hui, Eliodoro, président des producteurs de cœurs de palmier associés et l'un des cultivateurs de palmiers exploitant le plus de terrains dans la municipalité de Chimoré (Chapare), tire sa subsistance et celle de sa nombreuse famille de la production d'une plante qui a offert une alternative de développement

à une population d'environ 260 000 individus. Cette plante est un palmier de la variété Tembe, qui produit le cœur de palmier, tissu végétal blanc, tendre et savoureux, dont la production donne un élan au développement économique et social de la région. En 1996, l'Espagne, à travers l'AECID, a signé une convention avec le gouvernement bolivien pour mener à bien divers projets de développement alternatif afin de stimuler le remplacement de la culture de la feuille de coca. L'un de ces projets comprenait la construction et l'équipement d'une usine de mise en conserve de cœurs de palmiers à Chimoré. Depuis, le projet s'est développé. Le cœur de palmier issu des cultures des 800 familles qui composent PROASPA, est traité, conditionné, puis vendu et distribué avec succès. « Nous sommes parvenus à avoir une

vie plus ou moins saine car nous avons plusieurs revenus, et pas seulement ceux de la feuille de coca, qui ne rapporte rien. Notre point fort est la production de cœur de palmier. Petit à petit, la coopération nous transfère l'industrie et nous serons partenaires, propriétaires, nous aurons plus de revenus » affirme Eliodoro Vidal. Pour cela, l'AECID forme les producteurs de palmiers engagés dans le processus de production et qui sont élus démocratiquement par les différentes associations qui forment PROASPA. C'est au cours de l'année 2009 que le projet, lancé en 1996 avec le soutien de l'Espagne et l'effort des agriculteurs du Chapare, fera réellement d'eux des chefs d'entreprises dans le secteur du cœur de palmier. « Nous voulons progresser. Le tropique [de Cochabamba] a changé. C'est un travail dont tout le monde bénéficie, pas seulement nous, mais aussi l'État bolivien et les communautés. Cela se ressent au niveau de la santé, de l'éducation, à présent nos enfants ont une bonne qualité de vie... » dit avec fierté Eliodoro Vidal, actuel agriculteur et futur entrepreneur dans le secteur du cœur de palmier. ◆ Laura Losada


c coopération 39 Pour la période 2009-2012

Le Plan directeur de la coopération espagnole a été approuvé

Le prince et la princesse des Asturies, lors de la visite au stand de l'AECID à l'ARCO.

Arte inVisible à la Foire d'art contemporain de Madrid  ARCO 2009 a accueilli le projet de l'AECID intitulé Arte inVisible. Sous ce nom, plusieurs artistes africains offrent leurs dernières incursions dans l'art le plus contemporain, autour d'un axe commun : la création d'une carte variée reflétant les créations contemporaines de leur continent et les créations nées de la diaspora dans laquelle ils sont immergés.

XIe Biennale internationale du Caire  Ouka Leele (Madrid, 1957), Bernardí Roig (Palma de Majorque, 1965) et Pamen Pereira (Ferrol, 1963) ont représenté l'Espagne lors de la XIe Biennale internationale du Caire, événement qui s'est clôturé le 20 février dernier et auquel notre pays a participé à travers l'AECID. Ouka Leele exposait un ensemble de 15 photographies révélant des faits de sa biographie ; Bernardí Roig proposait deux de ses sculptures caractéristiques insérées dans ce qu'il a défini comme « Chambres de Lumière » et Pamen Pereira avait apporté l'installation « El otro a través del espejo » (l'autre à travers le miroir).

La bibliothèque de périodiques de l'AECID, disponible sur Internet  Une nouvelle base de données pour la communauté éducative et scientifique est disponible sur le site www.cervantesvirtual.com/portal/aecid. A travers ce site, il est possible d'accéder au catalogue de revues telles que « Cuadernos Hispanoamericanos » ou « Pensamiento Iberoamericano ». Et il proposera bientôt la revue « Awraq », qui présente les recherches sur le monde islamique.

La Police du Nicaragua récompense la coopération espagnole  Consuelo Femenía, directrice de la coopération pour l'Amérique latine et les Caraïbes de l'AECID, a reçu des mains de la directrice générale de la Police nationale de la République du Nicaragua, Elena Granera Sacasa, la médaille de l'« Amitié policière » pour le soutien apporté par l'Espagne au processus de modernisation et de développement de la police nicaraguayenne.

Renforcement de la gouvernabilité locale en Mauritanie  Le coordinateur général de la coopération espagnole en Mauritanie a clôturé à Boghé, dans la région de Brakna, le projet de soutien à la décentralisation qui a été mis en œuvre pendant 30 mois dans huit communes régionales. Le projet fait partie de la stratégie de coopération espagnole en Mauritanie pays prioritaire.

Le Conseil des ministres a récemment approuvé le Plan directeur de la coopération espagnole 2009-2012, élément de base de la planification de la politique espagnole de coopération internationale pour le développement, et dont le principal objectif est la lutte contre la pauvreté. Plus de 500 experts issus des ONG, des universités, du secteur privé, des syndicats et de l'administration centrale de l'État ont participé pendant six mois à l'élaboration de ce projet. Le nouveau plan directeur s'engage à consacrer 0,7% du revenu national brut à l'aide officielle au développement en 2012 et l'objectif intermédiaire est fixé à 0,56% en 2010. Plus spécifiquement, le plan établit que les possibilités d'atteindre les objectifs pour le Millénaire dans le délai imparti, augmentent de manière sensible par rapport à 2008, avec une importante contribution de la politique pour le développement, plus intégrale et plus cohérente, durable à long terme, plus efficace, et de plus grande qualité, fondée sur le consensus entre ses acteurs et bénéficiant du soutien des citoyens. Pour atteindre ces objectifs, le plan directeur propose de mener une politique intégrale de développement fondée sur certaines valeurs, sur une mission partagée de la coopération espagnole avec des priorités thématiques qui vont de la gouvernabilité démocratique ou la construction de la paix en passant par la lutte contre la faim. D'autre part, le Conseil de direction de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement a accepté la proposition de contrat de gestion, document qui, selon les mots de Juan Pablo de Laiglesia, Directeur de l'AECID, en fait une institution « meilleure et mieux préparée pour poursuivre sa mission de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement durable ».


40 c coopération

Entretien. L'Américain James Anaya a participé au Séminaire international d'experts organisé à Madrid par l'AECID afin d'aborder la question du rôle tenu par les Nations Unies dans l'application des droits des peuples autochtones.

James Anaya rapporteur spécial des nations unies pour les droits et les libertés fondamentales des peuples autochtones

— Dans quel but cette mission a-telle été créée ? — Il est important de souligner que nous devons l'existence de cette mission de rapporteur au travail et à la pression des peuples autochtones qui souhaitent ne plus voir leurs problèmes traités de façon caritative. Telle est sa finalité. Nous, peuples autochtones voulons devenir enfin les acteurs de notre lutte. — En quoi consiste votre mission ? — Essentiellement à recevoir des informations concernant aussi bien les plaintes au sujet des violations des droits de l'Homme que les suggestions d'améliorations des conditions de vie des peuples autochtones. C'est-à-dire, surveiller les situations problématiques et tenter d'encourager le dialogue avec les gouvernements. — Vos conclusions ont-elle valeur d'obligation ? — Elles ne constituent que des recommandations. Disons que je suis une sorte de Défenseur du Peuple. Il s'agit d'essayer d'avoir une incidence sur la volonté des gouvernements et de voir de quelle manière il est possible d'aider. — À quels défis avez-vous été confronté lors de cette réunion à Madrid ?

— Cette réunion devait tenter de promouvoir une coordination entre les mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits des peuples autochtones. Coordination entre le rapporteur sur les droits de l'Homme des peuples autochtones, le Forum permanent sur les Affaires autochtones, composé de 16 personnes qui élaborent des rapports sans mandat pour d'intervention sur des situations particulières, et le tout récent Forum des experts sur les droits des peuples autochtones, qui élabore des rapports thématiques à la demande du Conseil des droits de l'Homme. — Est-ce qu'il existe une coordination entre ces trois organismes ? — Depuis l'an 2000, lorsque ces mécanismes ont été créés, on a pensé qu'il serait opportun de nous réunir tous les trois en vue de travailler sur un projet de coordination et éviter ainsi de réaliser deux fois les mêmes efforts. C'est dans cette ligne que s'inscrit la réunion de Madrid, lors de laquelle ont été traités, pour l'essentiel, des thèmes liées aux objectifs et à la méthodologie. — Quels sont les principaux sujets de

photo pepa acedo/AECID

« Le problème des peuples autochtones est précisément le fait qu'ils ne sont pas conscients de leurs problèmes » conflit en ce qui concerne les peuples autochtones ? — La méconnaissance de leurs problèmes. La marginalisation, la discrimination, l'invasion de leurs terres... Les gouvernements prennent des décisions qui affectent la structure de leurs territoires sans tenir compte de l'opinion des peuples autochtones. Le problème des peuples autochtones est justement la méconnaissance de leurs problèmes. Dans la plupart des cas, on ne tient pas compte de leur présence, de leurs cultures, de leur propres coutumes, et du fait qu'ils souhaitent continuer à vivre ainsi, en communautés... tout en étant citoyens. — Que pensez-vous du fait que l'Espagne soit le pays hôte de cette réunion ? —L 'Espagne est un pays civilisé qui dispose de ressources et qui a démontré une certaine sensibilité ainsi qu'un engagement envers les causes autochtones. Il est donc assez naturel que l'Espagne, l'AECID accueille cette réunion dans le cadre de ses engagements. Si seulement d'autres pays développés en faisaient autant. ◆ Miguel Ángel Nieto


c coopération 41

Prix de journalisme Rey de España  L'Espagnol Gervasio Sánchez a reçu le prix de journalisme Rey de España pour l'une des images de la série « Vidas minadas, 10 años ». D'autres récompenses ont été attribuées à Amaro Gómez-Pablos pour « Guantánamo, acceso exclusivo a la cárcel más controvertida », les mexicaines Jade Ramírez Cuevas Villanueva et Priscila Hernández Flores, pour « La discriminación viaja por Avianca », une équipe du journal O Dia pour « Política do terror » et la colombienne Paola Andrea Villamarín pour « 10 historias inéditas en la cultura colombiana ». Julián Orlando Isaza Niño a reçu le prix Don Quijote pour son travail « Atlas es chocoano » et Mikel Urretavizcaya a reçu le Prix latino-américain pour son documentaire « El secreto de Urdaneta ».

Laboratoire pour la création audiovisuelle en République dominicaine.  Le Centre culturel d'Espagne en République dominicaine a inauguré le Laboratoire, espace destiné à encourager la création artistique parmi les jeunes dominicains et qui possède un équipement moderne pour la création audiovisuelle. Il dispose d'un centre de formation informatisé, un centre de création audiovisuelle et un studio d'enregistrement à disposition des groupes et des artistes locaux pour qu'ils produisent leurs projets musicaux.

« Madrid Mirada » exposée à Rosario

Initiative de l'ONG Aida

Atelier de catalogage au Liban À l'occasion de la déclaration de Beyrouth, Capitale du livre 2009, des bibliothécaires, archivistes et universitaires libanais recevront jusqu'au 13 juin une formation de codicologie et de catalogage de manuscrits arabes, afin d'apprendre à utiliser les techniques les plus novatrices. Cette initiative, lancée par l'ONG espagnole Aida, s'achèvera avec le catalogage de 50 manuscrits ainsi que l'édition et la traduction des passages les plus intéressants des œuvres étudiées. Un livre illustré sur la connaissance et les moyens de transmission du savoir entre l'Orient et l'Occident, rédigé en espagnol et en arabe, sera édité.

 Rosario, la ville argentine, reçoit l'exposition itinérante « Madrid Mirada ». Ce projet est le fruit du travail de 14 artistes latino-américains invités à développer dans la ville de Madrid un travail photographique sans limitation thématique. Dans l'exposition, se côtoient séries de photos individuelles, polyptyques, objets photographiques, photographies interagissant avec leur propres ombres, images stéréoscopiques, vidéos et reproductions sonores.

Coopération avec l'Afghanistan  La secrétaire d'État à la Coopération internationale a assuré au ministre afghan de la Reconstruction rurale et du développement que le gouvernement espagnol maintenait sa promesse d'investissement dans la province de Badghis. L'Espagne intervient dans les secteurs de la santé, de l'eau et de l'assainissement, de l'éducation, du développement du tissu économique communautaire et de la gouvernabilité locale, avec un intérêt tout particulier porté aux groupes les plus vulnérables : les femmes et les enfants.

Atelier de fabrication de tapis dans la province afghane de Badghis. photo aecid

Manuscrits de la Bibliothèque nationale de Beyrouth.

À Gaza

La FIIAPP participe au projet de la Commission européenne La Fondation internationale pour l'Amérique latine d'administration et de politiques publiques (FIIAPP) participe, en tant que membre du réseau Eunida, au premier projet commandé par la Commission européenne, et dont l'objectif est d'évaluer les dommages et les besoins en reconstruction de Gaza à la suite de l'intervention militaire israélienne. Une équipe de six experts, parmi lesquels se trouve une architecte espagnole, travaillera avec le ministère de la Planification de la reconstruction de Gaza au développement des infrastructures de base et analysera les possibilités de développement économique.


42 C industrie audiovisuelle

L'animation espagnole prête à concurrencer Hollywood Au cours des dix dernières années, l'Espagne a produit plus de 30 longs-métrages, près de 150 séries et plus de 50 courts-métrages d'animation. Bon nombre de ces projets ont été dirigés par des Espagnols qui se sont formés auprès des grands studios américains. Aujourd'hui en Espagne, nos professionnels sont le moteur d'une industrie de haute qualité, prête à concurrencer les meilleurs. À Los Angeles on parle déjà de ‘Spanimation’. par David Merino

Le monde imaginaire de Pocoyo a permis l'envol de la maison de production de Pampelune, Zintia, avec ce personnage aujourd'hui connu dans plus de 100 pays.


C industrie audiovisuelle 43 Raúl García est l'un de ces professionnels qui s'est formé chez Disney et qui a dirigé, aux côtés de Manuel Sicilia, « El lince perdido » (en version anglaise : The Missing Lynx), Goya 2008 du meilleur film d'animation. Le film a été produit par Kandor Moon, résultat de la fusion entre Kandor Graphics et Green Moon, la maison de production d'Antonio Banderas. L'acteur espagnol avoue être un passionné de cinéma d'animation – ce n'est pas sans raison qu'il a prêté sa voix au chat botté de Shrek tant en anglais qu'en espagnol – et s'est engagé à produire prochainement, aux côtés de García et Sicilia, quatre autres films d'animation.

le projet le plus ambitieux de tous les temps pour l'animation espagnole sortira en salle en 2009. Planète 51 a disposé d'un budget de 40 millions d'euros et du talent de Joe Stillman, le scénariste de Shrek. Le film a été tourné en anglais et en espagnol et s'est déjà vendu dans plus de 60 pays. La maison de production, Ilion Animation Studios, espère ainsi entrer par la grande porte sur les marchés japonais et nord-américain. Le film sortira aux États-Unis le 27 novembre, à l'occasion du jour d'Action de grâce.

L'animation s'exporte mieux. Les producteurs espagnols de films d'animation s'accordent à dire que l'exportation reAu plus haut niveau. L'industrie de l'ani- présente la meilleure voie de croissance. mation en Espagne représente Le secteur présente en outre plus de 95 entreprises dont le toute une série de points chiffre d'affaires annuel avoi- Le premier forts. En premier lieu, les sine les 100 millions d'euros, film européen dessins animés sont beauemploient plus 3 000 person- d'animation en coup plus intemporels que nes, et représentent un volume 3D a été « La le reste des produits audiod'exportation annuel d'envi- forêt enchantée » visuels, ce qui permet leur ron 30 millions d'euros. Selon de la maison de commercialisation plusieurs l'Association européenne du production espaannées après leur sortie en film d'animation, il s'agit de la gnole Dygra Films salles. La barrière de la lanbranche la plus active du sec- gue n'impose pas non plus teur audiovisuel espagnol et Avec un budget les mêmes contraintes et il dépassant les 40 celle qui s'exporte le mieux. existe un grand éventail de Les films espagnols dis- millions d'euros, technologies disponibles posent généralement d'un « Planète 51 » pour différencier le produit. budget de deux à sept mil- est le projet le D'autre part, grâce aux diflions d'euros, ce qui reste très plus ambitieux de férents supports, ces films inférieur aux 70 millions que toute l'histoire peuvent accéder à presque peut coûter un film d'anima- de l'animation tous les marchés internatiotion américain. Néanmoins, espagnole. naux. De plus, les produc-

tions s'adressant aux enfants et aux adolescents bénéficient du renouvellement constant de leur public. L'animation requiert toutefois un personnel très spécialisé, davantage de temps et de plus grands investissements que les autres œuvres audiovisuelles. C'est la raison pour laquelle le secteur de l'animation reste concentré dans quelques pays. En Europe, les entreprises espagnoles et françaises sont les plus dynamiques en matière d'animation. Et dans le monde, seuls huit pays possèdent au moins une entreprise d'animation parmi les 45 premières : États-Unis, France, Espagne, Royaume-Uni, Japon, Canada, Italie et Australie. Un supplément d'âme. Le mot animation vient du latin animare qui signifier animer, douer de vie, en général, des dessins ou des objets. L'animation est plus ancienne encore que le cinéma et l'on peut voir dans les peintures rupestres les premières tentatives de l'être humain pour recréer une illusion de mouvement. Avec l'invention du cinéma moderne, les premiers essais d'animation sont arrivés très tôt en Espagne grâce à Segundo de Chomón qui réussit en 1908 avec son court-métrage El hotel eléctrico à faire se déplacer de façon automatique des êtres inanimés à la grande surprise des voyageurs. Le premier long-métrage espagnol de dessins animés, Garbancito de la Mancha, a été projeté pour la première fois dans notre pays en 1945. Le film avait été

Passé et présent. La forêt enchantée (à gauche) a marqué un moment fort de l'animation espagnole en étant le premier film européen réalisé en 3D. Le présent est incarné par Planète 51 (à droite), une production de plus de 40 millions d'euros et dont les droits ont déjà été vendus dans plus de 60 pays.


44 C industrie audiovisuelle

stop motion La technique du stop motion fait référence à l'animation d'objets, de personnages, de maquettes ou de figurines en matériau malléable comme la pâte à modeler. Le stop motion, ou animation image par image, est une technique permettant de créer un mouvement à partir d'objets immobiles au moyen de prises de photos successives. Les animations stop motion sont généralement celles qui ne rentrent pas dans la catégorie du dessin animé, c'est-à-dire qui n'ont pas été peintes ni dessinées, mais ont été créées à partir d'images réelles. Pour résumer, le stop motion se divise entre les films d'animation en pâte à modeler ou matériaux équivalents – claymotion – comme dans la série espagnole Pocoyo et l'animation d'objets rigides.

animation 3d L'animation en trois dimensions s'effectue intégralement sur ordinateur et permet de créer des modèles tridimensionnels d'objets animés. Le tout premier film d'animation en 3D est apparu en 1996 avec Toy Story. L'énorme succès rencontré par Pixar, tant de la part des critiques que du grand public, a popularisé l'usage des programmes informatiques pour l'animation en 3D. Ces programmes facilitent le visionnage des personnages sous n'importe quel angle, et offrent la possibilité de les allonger, de les raccourcir, de les élargir ou de les étrécir en fonction de l'objectif poursuivi. Cette technique permet de rectifier facilement les erreurs et s'utilise pour créer des effets spéciaux ou simuler des images impossibles à générer autrement.

tourné sur pellicule importée de Suisse en pleine Seconde Guerre mondiale et avait dû être développé au RoyaumeUni car l'Espagne ne disposait alors d'aucun laboratoire adapté. La situation est aujourd'hui très différente. La maison de production espagnole Dygra Films a présenté en 2001 « El Bosque Animado » (en français : La forêt enchantée), premier film européen d'animation en 3D. Traduit en sept langues, le film a gagné 18 récompenses internationales, dont deux Goyas. Dryga Films a réalisé un lourd investissement pour pouvoir préparer plusieurs films en parallèle et présenter un film chaque année. En 2008, elle est parvenue à coordonner la sortie en salles de « Espíritu del bosque » et la production de « Noche ¿de paz? » avec la mise au point du scénario de « Objetos perdidos ». Ayant son siège à La Corogne, c'est l'une des rares entreprises européennes possédant un studio complet de production de film d'animation en 3D. Au cours de ces dernières années, son concurrent direct a été Filmax et, à elles deux, ces deux entreprises ont engrangé une bonne partie des récompenses remises par l'Académie du cinéma espagnol. Filmax a été pour sa part la première entreprise européenne à tourner un « anime » japonais, c'est-à-dire la version cinématographique d'un manga : « Gisaku », qui a représenté l'Espagne lors de l'Exposition universelle d'Aichi (Japon) en 2005. Une industrie en pleine expansion. L'animation espagnole génère un grand nombre d'emplois pour un personnel hautement qualifié. Elle crée en outre des emplois parmi les jeunes, qui ont généralement obtenu un diplôme spécialisé dans des écoles d'animation. Autant d'emplois directs auprès des grandes maisons de production ou, indirects, dans des entreprises plus petites de services de 3D qui aident à produire les films d'animation. Et pas seulement en Espagne. L'industrie externalise aussi ses services vers des pays comme la Chine, la Corée, les Philippines, Taiwan, le Viêt Nam, Cuba, le Chili, l'Argentine et, de plus en plus, vers l'Inde.

Le volume d'affaires de la production de films d'animation dépasse en Espagne les 100 millions d'euros mais son impact économique est encore bien supérieur. Les revenus émanant des films publicitaires et institutionnels ayant recours à des techniques d'animation représentent à eux seuls 25 millions supplémentaires, auxquels il faudrait ajouter, entre autres, les revenus générés pas les clips musicaux, les jeux vidéo ou les produits dérivés (livres, t-shirts, jouets...). Du talent en série. Les séries de télévision représentent 80 % des heures produites par le secteur de l'animation en Espagne. Une série fonctionnant bien peut obtenir une moyenne de 50 contrats dans environ 40 pays. Dans les années 80 déjà, BRB Internacional a produit des séries espagnoles qui ont connu un grand succès international comme : « David le gnome », « Les trois mousquetaires » ou « Le tour du monde en 80 jours », qui se sont exportées vers des pays des cinq continents. Ces dernières années, la maison de production catalane Cromosoma est devenue l'une des entreprises à plus fort succès de notre pays. En 1995, sa série « Les trois petites sœurs » est apparue à la télévision et a depuis été traduite en 35 langues et a été vendue à plus de 150 télévisions dans le monde entier. Cromosoma a aussi créé « Tom » en collaboration avec l'Union européenne de radiotélévision (UER) avec, comme nouveauté, l'ajout à l'offre télévisée classique d'épisodes de 90 secondes disponibles sur Internet. Beaucoup d'ailleurs pensent que l'avenir de l'animation passe par le réseau. La dernière production espagnole à succès est incontestablement « Pocoyo », de Zintia Entertainement, qui s'est exporté dans plus de 100 pays. Récompensée lors des festivals les plus prestigieux du monde, la série raconte les aventures d'un petit garçon très curieux à la découverte du monde qui l'entoure. La première saison à elle seule a représenté un investissement de plus de cinq millions d'euros.


C gastronomie 45

L'animation espagnole, un secteur vraiment international Enrique Uviedo

PrésiDent De L'association et féDération Des ProDucteurs esPagnoLs De fiLms D'animation

Le secteur de l'animation espagnole est l'un des plus créatifs au sein de la production audiovisuelle de notre pays et possède de grands avantages pour son internationalisation. Mais il se heurte aussi à certaines limites. Un premier obstacle est le manque d'investissement destiné à la production et à la mercatique, surtout en comparaison avec d'autres pays de l'Union européenne. Les maisons de production en France, en Italie, en Allemagne ou au Royaume-Uni bénéficient constamment des investissements de la part des gouvernements et des chaînes publiques de télévision, qui encouragent la production locale. Cet investissement est six fois plus important en France qu'en Espagne, quatre fois plus en Allemagne et au Royaume-Uni et l'on parle du double pour l'Italie. Ces pourcentages devraient être calculés conformément aux mesures prévues par la Loi 55/2007 qui, un an après son adoption, n'a toujours pas été appliquée. Quand elle entrera en vigueur, Televisión Española (TVE) bénéficiera d'un accord qui prévoit un investissement de plus de six millions d'euros annuels et l'Institut de la cinématographie et des arts audiovisuels (ICAA) pourra à son tour appliquer un pourcentage d'environ 30 % sur l'investissement de production, dans la limite

du montant établi. Jusqu'à la promulgation de cette loi, il n'existait qu'un accord avec la télévision publique catalane, TV3, qui stipulait que la chaîne locale devait investir trois millions d'euros annuels au titre de coproduction et de droits d'émission. Le manque de soutiens publics a entraîné la recherche de financement à travers les entreprises de télévision étrangères, ce qui a mené à une perte de bénéfices qui auraient pu générer une plus forte croissance et un meilleur développement du secteur en Espagne. Une telle situation aurait impliqué, dans n'importe quel autre pays européen, la disparition presque totale du secteur. Fort heureusement, lors de ces six dernières années, le regroupement des entreprises espagnoles en associations et, par la suite, en fédérations a favorisé le dialogue avec les différentes administrations publiques de notre pays, qui ont compris l'importance de soutenir les secteurs dynamiques employant en grande partie une main d'œuvre spécialisée, pionniers dans l'utilisation des nouvelles technologies. Il n'est jamais trop tard si, finalement, cette reconnaissance débouche sur la signature d'accords avec l'ICAA et TVE. Ceci permettrait le « décollage » du secteur et les bénéfices pourront

Ces dernières années, les productions de films d'animation espagnoles se sont exportées dans plus de 70 pays, ce qui est impensable pour les autres formats audiovisuels.

se répercuter sur l'audiovisuel espagnol qui disposera alors de plus d'investissements et d'une plus forte marge de croissance. Ces dernières années, plusieurs entreprises espagnoles ont créé des séries d'animations en 2D et en 3D HDTV (haute définition) dont les histoires et personnages ont circulé dans plus de 70 pays. Ce qui est impensable pour n'importe quel autre format audiovisuel en Espagne, à de rares exceptions près. Il est indéniable que le discours et les perspectives d'avenir ont radicalement changé au cours de cette dernière année. La chaîne publique de télévision TVE a compris l'importance du rôle qu'elle joue dans le soutien à un secteur dynamique et plein de ressources, même dans un contexte de crise mondiale. Le ministère de la Culture et l'ICAA ont également su interpréter et s'adapter à la demande afin de doter le secteur des conditions qui lui sont nécessaires et qui lui permettront de s'ouvrir à un marché mondial, où l'accès au multimédia et aux nouvelles technologies permettra de conserver des pourcentages similaires à ceux des autres pays européens dans le domaine de la R&D&I et d'incarner l'avenir et le pays moderne et compétitif que représente l'Espagne aux yeux du monde.


46 C découvrir l'Espagne

L'héritage millénaire de la Vía de la Plata La Vía de la Plata est l'un des principaux itinéraires culturels d'Europe. Il a permis à plusieurs civilisation d'échanger leur art, leur culture et leurs idées. La chaussée romaine a matérialisé un axe qui unissait, depuis la préhistoire, le nord et le sud de l'Hispanie et qui a survécu à Rome pour surprendre durant des siècles les différents colonisateurs de la péninsule Ibérique jusqu'à nos jours. par David Merino

« Mansiones », milliaires et ponts Tout au long de la voie romaine, se trouvaient de nombreux relais dans lesquels le voyageur pouvait se reposer. Les « mutationes » étaient de petites installations qui proposaient nourriture et montures fraîches. Les « mansiones », quant à elles, étaient des centres de dimensions plus im-

portantes, qui offraient de nombreux autres services et qui sont à l'origine de villes telles que Séville, Cáceres ou Salamanque. Les bornes milliaires étaient des colonnes cylindriques qui marquaient chaque mille romain (1 480 mètres). D'une hauteur de deux mètres et de base cubique, ces

Il y a environ 3 000 ans, à l'âge du bronze, les grands commerçants de Méditerranée, les Phéniciens et les Grecs, arrivent dans la péninsule ibérique chargés de tissus, de bijoux et de parfums afin de les échanger contre les métaux convoités de l'Hispanie. Dans couloir qui devait devenir la Vía de la Plata, ont transité des marchandises orientales échangées contre le cuivre et l'étain permettant d'obtenir le bronze, premier alliage de l'Humanité, un pas de géant pour l'obtention d'ustensiles et d'armes plus résistants et durables. À travers la Vía de la Plata, commerçait aussi l'énigmatique Tartessos, l'une des premières civilisations autochtones de la péninsule, apparue sur les rives du Guadalquivir Ses produits partaient pour la Grèce, la Phénicie et l'Égypte mais également Carthage, qui devint le premier empire de la Méditerranée occidentale jusqu'à la conquête romaine.

bornes indiquaient nombre de mille parcourus et le nom de l'empereur qui avait fait construire ou réparer le tronçon de chaussée sur lequel elles s'élevaient. Les ponts romains sont un autre témoignage de l'importance de la Vía de la Plata. Les plus audacieux sont celui qui traverse le Guadiana à Mérida et celui qui unit les deux rives du Tormes à Salamanque.


C découvrir l’Espagne 47 La réputation des métaux ibériques, en particulier l'or, l'argent et le cuivre, parvint alors jusqu'à Rome. Chemin de la conquête. Il serait tentant de traduire Vía de la Plata par route de l'argent. Son nom n'a cependant rien à voir avec le métal. Outre le transport rapide des minéraux, les chaussées romaines représentaient un progrès fondamental pour la consolidation et l'expansion de l'Empire romain. Un travail colossal d'ingénierie qui devait surprendre de nombreux habitants de la péninsule au cours des siècles suivants. Les Arabes, entre autres, en tirèrent parti pour étendre leurs territoires vers le nord. Ils la dénommèrent « balata » : qui signifie en arabe chemin pavé. Au fil du temps, le peuple transforma ce mot en plata (argent). La plupart des spécialistes considèrent que la Vía de la Plata remonte à la

Rome républicaine, bien que la chaussée, telle que nous la connaissons, n'ait été construite qu'à partir du IIe siècle av. J.-C. L'Hispanie romaine se divisait alors en deux grandes provinces : l'Hispanie ultérieure, avec pour capitale Cordoue et l'Hispanie citérieure, dont Tarragone était la capitale. Rome ne contrôlait toutefois pas encore le nord et l'ouest de la péninsule et combattait, entre autres, les partisans du chef lusitanien Viriate. Pour éviter les soulèvements et parvenir à mobiliser rapidement ses troupes, le deuxième empereur de Rome, Octave Auguste, fit consolider la chaussée et fonder les villes qui allaient devenir le point de départ et d'arrivée de la route : Emerita Augusta (Mérida) pour la retraite des soldats qui avaient combattu les Lusitaniens, Cantabres et Astures, et Asturica Augusta (Astorga), centre des opérations pour les guerres du nord. La Vía de la Plata a survécu durant

de nombreux siècles après la chute de l'Empire romain. Elle fut l'une des principales voies de communication et de conquête pour les Wisigoths, les Arabes et les Chrétiens tout au long du Moyen Âge. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les héritiers de la Mesta médiévale, associations de bergers et d'éleveurs du nord de la péninsule, ont utilisé les « Cañadas Reales », chemins de transhumance pendant les mois d'hiver pour atteindre les pâturages tardifs, des régions actuelles de l'Estrémadure et de la Manche. Le chemin de transhumance de la Plata, qui correspond, dans certaines sections, à la chaussée romaine, est l'un des les plus importants. Réseau de réseaux. Tout au long des 313 milles romains (463 kilomètres), la voie reliant Mérida à Astorga passe également par deux villes inscrites au Patrimoine de l'Humanité : Cáceres et Salamanque, et traverse d'autres localités particulièrement remarquables comme Trujillo, Plasencia, Béjar ou Benavente. Au fil des siècles, la route a permis d'arriver jusqu'à la mer, à Hispalis, première ville romaine de la péninsule, proche de Séville, et à Gijón, sur les rives de l'océan Atlantique. Avec la découverte de la tombe attribuée à l'Apôtre saint Jacques à Compostelle au IXe siècle, la Vía de la Plata, qui avait été jusque là une route commerciale, militaire, de transhumance et de pénétration culturelle, devint également un chemin de pèlerinage. Les mozarabes, chrétiens vivant sur le territoire d'Al-Andalus, rebaptisèrent la Vía de la Plata : chemin mozarabe vers Saint-Jacques. La route actuelle. Plus de 80 % des voyageurs qui se lancent sur la Vía de la Plata ont pour destination Compostelle. Ceux qui souhaitent attester leur pèlerinage à Saint-Jacques disposent de la « crédentiale », carte d'accréditation du pèlerin, qu'ils font tamponner tout au long du chemin et qui, une fois arrivés dans la capitale galicienne, leur permet d'obtenir la « Compostelana ». Ce document, pour


48 C découvrir l’Espagne

La Vía de la Plata représente un axe nord-sud incomparable pour découvrir l'Espagne. Ci-dessus, la cathédrale de León et ci-dessous, le château de Zafra (Badajoz). PhoTo f

les catholiques, réduit de moitié le temps que l'âme doit passer au purgatoire et s'il s'agit d'une année sainte compostellane, la prochaine étant en 2010, vaut une indulgence plénière. Dans ses différentes variantes, la Vía de la Plata traverse cinq communautés autonomes espagnoles : Andalousie, Estrémadure, Castille-Léon, Asturies et Galice et de nombreuses villes et villages. La plupart des villes qui jalonnent ce chemin millénaire ont commencé à coopérer en 1997 afin d'entreprendre des actions coordonnées pour la défense et la promotion de ses ressources historiques et culturelles. Ce réseau de coopération est l'élément clé de la candidature de la Vía pour son classement au Patrimoine de l'Humanité.

LE PaysagE dE La Vía dE La PLata L'Espagne est considérée comme l'un des pays d'Europe offrant la plus grande biodiversité. Ceux qui souhaitent le vérifier disposent, avec la Vía de la Plata, d'un moyen idéal. La route qui sépare Séville de

Les différentes administrations publiques travaillent actuellement à la restauration du patrimoine de la chaussée XXIII de l'Empire romain. Au cours des dernières années, la signalisation de la route a ainsi été améliorée et des belvédères, des aires de repos et des centres l'interprétation ont été construits dans le but de faire connaître l'histoire du chemin mozarabe à travers panneaux interactifs, écrans tactiles, matériel audiovisuel ou maquettes. Grâce à un investissement qui s'élève à 20 millions d'euros, le projet du gouvernement autonome d'Estrémadure Alba Plata, outre les actions déjà citées, a permis de restaurer de nombreux vestiges romains ainsi que des châteaux, des églises et des monastères bordant la route. Comment parcourir la Vía de la Plata ? Près de 5 000 voyageurs parcourent chaque année la Vía de la Plata. Selon Nuria Rubio, hospitalière de San Pedro de los Rozados, « ce chiffre permet d'apprécier l'esprit historique et culturel de la Vía, ainsi que la beauté et la tranquillité des paysages, sans crainte de la foule. Plus de 100 000 pèlerins circulent chaque année sur le chemin français de Saint-Jacques ». Les manières traditionnelles de parcourir la Vía de la Plata sont la marche à pied, la bicyclette et le cheval. Au cours de ces dernières années, plusieurs guides ont été publiés pour permettre d'effectuer le trajet à bicyclette. Le réseau de coopération des villes de la Vía de la Plata propose sur son site Internet un parcours de 900 kilomètres, entre Séville et Gijón, divisé en douze étapes, et offre gratuitement un guide détaillé qui comprend des cartes avec mention des dénivelés.

Mérida traverse des champs de céréales, d'interminables oliveraies ainsi que des forêts de chênes verts et de chênes-lièges. Des forêts qui parfois s'éclaircissent pour laisser place aux pâturages caractéristiques des paysages d'Estrémadure et de Salamanque.

900 kiloMètres pour Découvrir l'espagne

Dans le nord de la province de Cáceres, vous trouverez des terrains irrigués fertiles ainsi que des forêts de peupliers, frênes, chênes, aulnes et châtaigniers. Une partie du chemin, dès la province de Zamora, parcourt les champs de Castille, dont les nuances dorées en été et d'un vert

noisetiers ou hêtres.

gijón

ribera lena

león astorga

Benavente Zamora

salamanque

Béjar carcaboso cáceres

Mérida

Zafra Monesterio

séville

intense au printemps ont été chantées par Antonio Machado. Que vous vous dirigiez vers Saint-Jacques ou vers l'Asturie, vous entrerez ensuite dans une Espagne humide qui offre une végétation bien plus exubérante et d'immenses forêts de noyers, bouleaux,


C découvrir l’Espagne 49

La Vía de la Plata : une chaussée et mille chemins Enrique Cerrillo ProfEssEur d'arChéoLogiE à L'uniVErsité d'EstrémadurE Ana Montalvo arChéoLoguE du gouVErnEmEnt autonomE d'EstrémadurE

L'exposition itinérante « La Vía de la Plata : une chaussée et mille chemins », organisée par la Société d'État des commémorations culturelles (SECC), a permis de redécouvrir le territoire traversé par cet immense chemin, de le parcourir dans l'espace et dans le temps et de maintenir son histoire vivante. Le réseau routier romain d'Hispanie obéissait à une conception rationnelle qui tenait compte du système des villes de l'époque. Au sein de ce réseau, quelques voies permettaient de communiquer de manière verticale nord-sud, la Vía de la Plata étant celle qui unissait et « vertébrait » l'ouest de la Péninsule, créant une liaison avec le nord depuis l'embouchure du Guadiana, à Ayamonte. Sur cette ligne conductrice, il existait de nombreux points nodaux qui permettaient une liaison avec d'autres villes de l'époque. L'une de celles qui concentrait le plus grand nombre de liaisons était Augusta Emerita, l'actuelle ville de Mérida, point d'origine de la chaussée d'où elle partait vers le nord, traversait Cáceres, passait le Tage à Alconétar, traversait l'ancienne ville romaine de Cáparra, le Système central à Baños de Montemayor et Puerto de Béjar jusqu'à son arrivée à Salamanque. Ce tronçon était

connu, à la renaissance, sous le nom de « camino de la Plata ». Elle s'étendait ensuite jusqu'à Astorga (Asturica Augusta), point final de la chaussée et autre centre nodal des communications dans la zone nord-occidentale, d'où partaient d'autres voies vers la Galice et peut-être vers l'actuel territoire de la communauté autonome d'Asturies. Tout au long du chemin, des milliaires, signalisation verticale, étaient installés tous les mille pas romains, un mille équivalant à 1 480 mètres. Ces derniers indiquaient les distances à partir du point de départ ainsi que le nom et les titres de l'empereur sous le règne duquel le tronçon avait été créé ou réparé. Les cours d'eau étaient traversés grâce aux ouvrages d'art réalisés par les ingénieurs romains. En témoignent encore les ponts de Mérida, Alconétar et Salamanque, ainsi qu'une multitude d'autres ponts de moindre envergure dont l'origine romaine est désormais méconnaissable. Par cette voie, circulaient non seulement des produits commerciaux destinés à approvisionner les villes et les zones rurales, mais avant tout les armées romaines, les percepteurs et les nombreux voyageurs, quel que fût leur motif. Elle permit aussi l'échange de conceptions architecturales, de

plus récemment, la création de la voie rapide a66 illustre l'esprit rationnel des techniciens romains qui ont aménagé le territoire sous l'empereur auguste.

modes de vie, de religion et plus tard, elle fut l'un des véhicules qui servit à la diffusion du christianisme. La Vía de la Plata ne disparut pas à la chute de l'Empire et conserva ses fonctions. Elle permit ainsi l'avancée vers le nord des troupes islamiques, au VIIIe siècle, et la progression vers le sud des royaumes chrétiens, dans les siècles qui suivirent. À partir du XIIIe siècle, bien que permettant toujours de relier la Castille à l'Estrémadure et à l'Andalousie, elle élargit ses fonctions sur certains tronçons en devenant le chemin de transhumance de la Mesta. À partir du XIXe siècle, le tracé primitif perd son importance. La route, qui devait devenir la N-63, sert à la circulation. Si certaines sections ont subsisté, elle chevauche ou croise parfois l'ancien tracé. À cette époque, la voie de chemin de fer d'Astorga à Plasencia puis à Mérida et Séville a aussi utilisé l'ancien chemin. Plus récemment, la création de la voie rapide A66 illustre l'esprit rationnel des techniciens romains qui ont aménagé le territoire sous l'empereur Auguste, et l'importance de relier les points les plus éloignés du pays sans avoir à passer par le centre géographique de la péninsule Ibérique.


50 C Les entreprises espagnoles à l'étranger

Félix Solís avantis, une cave à la conquête du monde Une excellente matière première, une vision d'avenir et une bonne structure logistique sont les signes distinctifs d'une entreprise du secteur vinicole présente dans les appellations d'origine de Valdepeñas, La Mancha, Rueda, Ribera del Duero, Toro et Rioja. Une entreprise leader en Espagne et dont la remarquable expansion à l'étranger lui a valu d'être classée par « The Economist » parmi les quatre entreprises espagnoles les plus importantes. par Javier Hernández

Les amateurs de vin connaissent la qualité de marques telles que Viña Albali, Los Molinos ou Altos de Tamarón. Ces vins sont élevés dans des caves qui ont été créées il y a plus d'un demi-siècle par Félix Solís Fernández, fondateur de l'entreprise et père des actuels propriétaires. Félix, Pedro, Juan Antonio et Manuel travaillent main dans la main pour conserver intacts chez Félix Solís avantis l'esprit de qualité de l'affaire de famille que leur a transmis leur père. C'est une petite cave, à Valdepeñas, qui est à l'origine de cette entreprise. Au fil des ans, elle est devenue l'une des premières caves de commercialisation de vins « tranquilles » (non effervescents) du monde. Félix Solís avantis est une société de gestion qui réunit les caves Félix Sólis S.L., situées dans les appellations d'origine de Valdepeñas et La Mancha, et Pagos del Rey S.L., dans les appellations d'origine de Rueda, Ribera del Duero, Toro ainsi que l'appellation d'origine qualifiée Rioja. L'un de ses objectifs est d'être présente dans l'ensemble des appellations d'origine de qualité d'Espagne. Somontano, Penedés, Cava ou Rías Baixas étant les prochains paris pour l'avenir. Félix Solís avantis élabore non seulement des vins d'appellation d'origine mais produit également d'autres variétés telles que les Vinos de la Tierra, Vino de la Tierra Viñedos de España, vins de table, vins mousseux, tinto de verano, jus de raisin et sangrias. Le résultat final de l'ensemble de leur production fait de ces caves l'une des trois entreprises vitivi-


C Les entreprises espagnoles à l'étranger 51

nicoles espagnoles présentant nombreux pays, à travers des le plus fort volume de ventes, Depuis la installations logistiques ou une véritable réussite, compte genèse d'une des réseaux commerciaux. tenu du fait que le marché in- cave familiale Après son implantation térieur est particulièrement à Valdepeñas, aux États-Unis, dernier proconcurrentiel et exigeant, dans les années jet mené à bien, l'entreprise puisqu'il s'agit de l'un des 50, elle est deenvisage à court terme de principaux producteurs de vin venue, au fil des construire une cave dans l'un ans, l'une des au monde. des nouveaux paradis de la Une grande partie de l'in- premières caves vitiviniculture, pour y élever croyable succès des caves de commercialises vins : l'Australie, l'Afrique Félix Solís avantis réside non sation de vins du Sud, le Chili ou la Nouseulement dans l'incontesta- « tranquilles » velle-Zélande. Les projets et ble qualité de leurs produits du le monde l'expansion se poursuivent, mais aussi dans leur ouverture c'est la raison pour laquelle sur le marché extérieur et les Les exporta150 chefs de vente de Félix bons résultats de leurs ventes tions de Félix Solís avantis parcourent chaà l'étranger. Depuis le début Solís ont comque jour les régions les plus des années 70, l'entreprise mencé dans les lointaines de la planète à la commercialise son vin au-delà années 70, en recherche de nouveaux marde nos frontières, grâce aux Allemagne chés potentiels. émigrés espagnols des différents pays d'Europe et aux Une solide structure commerconsommateurs habituels de ses vins au ciale. La qualité reconnue et le succès Sahara occidental, à Ceuta et à Melilla. des vins de Félix Solís avantis sont étroiSes vins sont actuellement com- tement liés à sa structure commerciale, mercialisés dans plus de 85 pays, nom- solide et efficace, du point de vue hubre d'entre eux disposant déjà d'ins- main comme matériel. Dans ce dernier tallations logistiques ou de réseaux domaine, sa cave centrale de Valdepeñas commerciaux bien établis. La moitié se distingue des autres : elle est considéde sa production totale est exportée rée comme l'une des meilleures caves à l'étranger et l'entreprise entretient d'Europe en matière de technologie et l'espoir d'augmenter ce chiffre dans d'installations. Plus de 30 000 bouteilles les prochaines années en vendant au- y sont remplies à l'heure, le remplissage delà de nos frontières 55 à 60 % de sa étant contrôlé bouteille par bouteille par production totale. L'entreprise Félix photographie numérique. La cave dispoSolís avantis est présente en France, au se également d'un entrepôt automatique Royaume-Uni, en République tchèque, intelligent, d'une capacité de 18 millions en Chine, au Japon, aux États-Unis, en d'unités : le plus grand de son genre en Allemagne ou au Mexique, entre autres Europe. Mais les données promettent

Installations logistiques de Valdepeñas.

Première entreprise du secteur à s'implanter en Chine Boire du vin est considéré en Chine comme un authentique luxe, sa consommation est encore faible et l'amateur de vin chinois est habitué à un vin différent de celui qui est traditionnellement produit en Espagne ou dans le reste de l'Europe. N'importe qui renoncerait au défi de pénétrer ce marché très particulier, mais pas les dirigeants de Félix Solís avantis, qui ont forcé la porte du géant asiatique et peuvent être fiers d'être la première entreprise vitivinicole espagnole à posséder sa propre cave et une usine d'embouteillage dans ce pays. Il y a plus de 10 ans, ils ont créé, sous le nom de Shanghai Félix Solís winery CO., LTD., une coentreprise qui obtient d'excellents résultats. Outre le fait qu'il représente la possibilité de produire jusqu'à 80 millions de bouteilles par an dans ses installations, le siège de Shanghai est devenu une plateforme logistique indispensable à l'introduction de l'entreprise sur le reste du marché asiatique. D'importants événements tels que les derniers Jeux olympiques ou la célébration de l'Année de l'Espagne en Chine ont également favorisé la consolidation de l'entreprise de Félix Solís avantis en Chine.


52 C Les entreprises espagnoles à l'étranger

les chiffres 144,1 millions d'euros en ventes nettes en 2007. 52 % des ventes sur le marché extérieur en 2007. 100 milliards d'euros d'investissements prévus pour la période 2009-2012. 10e position dans le classement mondial des caves commercialisant des vins tranquilles selon la revue britannique ISWR. Vins commercialisés dans 80 pays. Délégations internationales en France, au Royaume-Uni, en République tchèque, en Allemagne, en Chine et des bureaux au Japon, au Mexique, aux États-Unis et en Inde. 150 commerciaux dans le monde entier. 400 employés.

d'être encore plus extraordinaires car les plans d'avenir prévoient d'augmenter la capacité de l'entrepôt jusqu'à 30 millions d'unités. L'une des récompenses les plus satisfaisantes de tout ce travail et des efforts consentis en matière d'innovation permanente, tout en maintenant la qualité et la tradition, sont les nombreux prix qui ont couronné les vins de Félix Solís avantis. Les dernières récompenses datent du mois de février et ont été décernées lors du prestigieux concours allemand Berliner Wine Trophy. Le Berliner est l'un des deux concours les plus importants d'Allemagne et constitue une référence dans toute l'Europe. Félix Solís avantis a remporté six médailles d'or au cours de cette dernière édition. Parmi les vins primés, figurent Albali Arium

Gran Reserva (Médaille d'Or Premium), Altos de Tamarón Joven, Analivia Rueda, Blume Verdejo, Ovación Bajoz et Caño Cosecha. Pionniers dans leur région. Depuis la fondation de la cave dans les années 50, de nombreuses vendanges sont passées entre les mains de Félix Solís avantis. Au milieu des années 70, cette entreprise était pionnière en matière d'exportation de vins vers Ceuta, Melilla et l'Allemagne, à la faveur des migrations des Espagnols qui y cherchaient alors la prospérité. Quelques années plus tard, elle fit l'acquisition d'une entreprise spécialisée dans l'embouteillage, à Madrid, ce qui lui permit de créer un important réseau de distribution dans la capitale.

principales marques commercialisées Viña Albali, Altos de Tamarón, Condado de Oriza, Analivia, Blume, Viña Bajoz, Marqués de Altillo, Los Molinos, Castillo de Soldepeñas, Diego de Almagro, Sendas del Rey, Castillo del Moral, Peñasol, Castañeda, Cruzares, Abadía, Heredad del Altillo, Bajoz ou Caño, entre autres.

caves de la société Félix Solís S.A. (DO Valdepeñas et La Mancha) et Pagos del Rey S.L. (DO Ribera del Duero, Rueda, Toro et Rioja)


C Les entreprises espagnoles à l'étranger 53

Notre marque dans le train de l'exportation Félix Solís

PRÉSIDENT ET CONSEILLER DÉLÉGUÉ DE FÉLIX SOLÍS AVANTIS

En seulement deux ans, Félix Solís avantis a vu ses ventes à l'exportation passer de 35 à 52 %, à destination de 85 pays, le marché extérieur représente donc plus de la moitié des 200 millions d'euros nous aurons facturés en 2008. Avec ces chiffres, il est possible que nous soyons l'une des caves espagnoles à plus forte vocation internationale, avec le plus important volume de vins tranquilles exporté depuis nos débuts, en 1952. En raison des changements actuels des habitudes de consommation sur le marché intérieur et de la baisse des chiffres de la consommation par habitant, bien que nous soyons l'un des trois principaux pays producteurs, nous nous tournons davantage vers l'étranger et les pays à forte croissance tels que les États-Unis qui devraient être le premier consommateur mondial de vin en 2011. Ce sont précisément les ÉtatsUnis qui ont constitué la dernière étape de notre programme d'expansion internationale. Nous disposons, depuis plusieurs mois, d'un bureau propre à New York, dans Manhattan, ce qui nous permet d'intervenir directement dans le « Tri-state » (New York, New Jersey et Connecticut) et

dans l'ensemble des états, en particulier à Miami ou en Californie. Nous espérons voir passer notre chiffre d'affaires aux États-Unis d'un à dix millions d'euros à l'horizon des 5 prochaines années. Mais avant les États-Unis, nous avons créé notre réseau logistique et commercial dans différents pays tels que le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, la République tchèque, la Chine, le Mexique et le Japon. Félix Solís avantis est peut-être plus connu pour être la seule cave qui dispose d'une usine d'embouteillage et sa propre cave à Shanghai, depuis 1998. Nous avons pourtant obtenu des résultats plus éloquents dans des pays comme le Japon, où nous disposons d'un bureau depuis deux ans et où nous sommes déjà la deuxième cave espagnole en volume de ventes. Au RoyaumeUni, nous sommes présents dans les chaînes de supermarchés les plus importantes telles que Tesco, Sainsbury ou Asda qui mettent particulièrement en valeur nos marques. Il serait impensable, sans cela, de vendre plus de 20 millions de bouteilles de notre marque la plus emblématique, Viña Albali ou bien qu'Altos de Tamarón ou Blume figurent parmi les trois marques les plus vendues des appellations d'origine Ribera del Duero et Rueda, respectivement.

Nous sommes la seule cave à disposer d'une usine d'embouteillage et de notre propre cave à Shanghai, depuis 1998 Nous espérons voir notre chiffre d'affaires aux États-Unis passer d'un à dix millions d'euros à l'horizon des cinq prochaines années

Nous n'obtiendrions pas ces résultats sans l'effort conjugué de nos employés, qui sont plus de 500 à travailler pour les caves de Félix Solís, S.A. à Valdepeñas et à La Mancha et dans celles de Pagos del Rey des appellations d'origine Ribera del Duero, Rueda, Rioja et Toro, sans oublier la confiance que nous témoignent plus de 5 000 viticulteurs chaque année, car nous sommes la cave espagnole qui vendange la plus grande quantité de raisin rouge, soit plus de 150 millions de kilos de ces variétés. L'an dernier, grâce à l'achat de Viña Bajoz, aujourd'hui Pagos del Rey DO Toro, nous avons considérablement amélioré notre qualité et franchi une étape supplémentaire vers notre objectif : devenir un fournisseur universel. Elle est loin l'époque où, à 18 ans, dans les années 70, je partais à l'aventure pour ouvrir des marchés grâce aux émigrants qui résidaient alors en Allemagne ou au Sahara occidental. Nous vivons désormais dans un environnement mondialisé, dans lequel, chaque jour, 100 commerciaux de Félix Solís avantis parcourent les régions les plus lointaines de la planète et bénéficient d'un réseau de milliers de distributeurs à toutes les échelles. L'esprit commercial n'a néanmoins pas changé : efficacité, vins de qualité et travail.


54 C art contemporain

L'Inde : vedette de l'ARCOmadrid 2009 Tous les ans au mois de février, l'Espagne devient l'un des principaux pôles artistiques du monde. Les galeries, les artistes, les collectionneurs et les professionnels du monde de l'Art, venus de toutes les régions de la planète, se donnent rendez-vous à la Foire internationale d'Art contemporain ARCOmadrid qui, cette année, a bénéficié de la présence de l'Inde comme pays invité. Venez et voyez par vous-même. par Beatriz Beeckmans

Imaginez un lieu où le visiteur puisse contempler les dernières nouveautés dans les domaines suivants : peinture, sculpture, photographie, vidéo, dessin, gravures, créations multimédia et performances. Vous êtes en train de penser à ARCOmadrid. Pendant quelques jours, vous pouvez trouver dans la capitale espagnole une sélection éclectique et originale des avant-gardes historiques, des classiques contemporains et de l'art le plus actuel. Avec une large présence de l'Asie au travers de galeries d'art en provenance de divers points du continent, l'édition 2009, qui vient de fermer ses portes, a aussi fourni au public l'occasion de dé-

couvrir le dynamisme du marché asiatique et a servi de connexion entre les marchés espagnol et oriental. Devenus ces dernières années les étoiles montantes du marché de l'art, quatre pays asiatiques (Chine, Japon, Singapour et Taiwan) se sont hissés, entre juillet 2007 et juin 2008, parmi les dix plus forts volumes de ventes au monde sur le marché des enchères d'art contemporain, modifiant ainsi la structure de ce secteur. Cette 28e édition, inaugurée le 12 février par le prince et la princesse des Asturies, a permis aux collectionneurs et aux professionnels de l'art d'admirer les principales créations artistiques nationales et internationales. En outre, cette

rencontre a permis de réunir des experts reconnus, des professionnels et des critiques du monde de l'art autour de thèmes d'actualité comme « Qu'est-ce qui confère sa valeur à l'art ? » et a favorisé le débat sur des sujets aussi divers que les perspectives des pratiques contemporaines en Afrique ou les contrats d'assurance des œuvres d'art. Pays invité cette année, l'Inde a apporté l'enthousiasme naissant qu'offre sa production artistique profondément marquée par la thématique urbaine et les inégalités sociales. Selon Bose Krishnamachari, commissaire du programme Panorama India, la sélection des 13 galeries présentes à l'ARCO’09 « montre un


C art contemporain 55 art riche en métaphores tradispontanées proposées par tionnelles mais qui, en même Les pays émerplusieurs artistes visuels sous temps, évoque des problémati- gents ont pris forme d'actions artistiques ou de l'importance ques contemporaines ». performances. Ces représentaLa diversité offerte par ce dans une édition tions ont contribué à élargir la pays asiatique, unie à sa specta- dominée par vision sur l'art contemporain culaire croissance économique l'Inde, grande et à faire connaître au public et à la revalorisation de ses ar- vedette actuelle les principales tendances de tistes, a fait de l'Inde la grande du marché de l'art performatif qui se déverévélation du marché de l'art. l'art loppent sur la scène internaLe marché indien des galeries tionale. d'art, essentiellement concen- ARCOmadrid Sur les bases du succès tré à New Delhi et Bombay fait figure de commercial des éditions pré(Mumbai), dispose aussi d'im- haut lieu pour cédentes et de son croissant portants centres dans d'autres la présentation positionnement dans le payvilles comme Bangalore ou de la production sage artistique international, Kolkata, où de nouvelles gale- contemporaine ARCOmadrid a réussi à susries et centres d'art indépen- sur les marchés citer l'intérêt du marché avec dant voient régulièrement le internationaux une sélection où prédomine jour. Ce phénomène est essenla présence des trois grands tiellement dû à la vigoureuse pôles artistiques : New York, situation économique du pays et à l'es- Londres et l'Allemagne, ainsi que de la sor du collectionnisme privé qui font du Chine, du Brésil et de l'Inde en tant que marché indien l'un des épicentres pro- références émergentes et zones d'effermetteurs de l'art contemporain du XXIe vescence artistique actuelle. siècle. Des artistes locaux ont présentés Les marchés émergents constituent à ARCO des œuvres abordant les thèmes l'une des clés de voûte de la stabilité de de l'égalité des sexes, des différences de l'art contemporain, comme le montrent classe ou encore du déracinement. les chiffres de l'année dernière, durant Au milieu de ce microcosme artis- laquelle l'art contemporain a enregistré tique, les visiteurs de l'ARCOmadrid une progression de 12,5 % de son indice ont été surpris par les manifestations de prix, selon Art Price.

Alberto de Juan galerie max estrella

Un bon refuge au milieu de la crise

En tant que responsables de la galerie madrilène Max Estrella, nous sommes très satisfaits des résultats obtenus lors de la récente Foire d'Art contemporain de Madrid : ARCO. Nous croyons que l'effort réalisé par toutes les galeries participantes, et qui a été encore plus important cette année, pour sélectionner des œuvres de grande qualité a reçu une réponse positive de la part des collectionneurs. De façon générale, les collectionneurs particuliers ont recherché l'opportunité d'acquérir des œuvres satisfaisant des critères de relation qualité-prix. Les institutions, en revanche, n'ont

une image vaut plus qu'un long discours L'essor que connaît depuis une vingtaine d'années la photographie dans l'art contemporain s'est confirmé lors de l'ARCOmadrid qui a enregistré une plus grande présence de la photographie ainsi qu'un grand nombre de stands consacrés à ce support. Les pièces de la série The Family, de Marina Abramovic, ont suscité un intérêt particulier pour la réflexion que nous propose l'artiste sur l'impact de la guerre et de la violence véhiculées par les médias au sein de la société et sur les enfants en particulier.

généralement pas pu disposer du même budget que les autres années. À ce sujet, il nous paraît fondamental que le soutien institutionnel se maintienne afin que nous puissions continuer à nous rapprocher du niveau des pays qui nous entourent. Les organisateurs de l'Arco peuvent néanmoins se montrer satisfaits, dans la mesure où les dernières foires internationales d'Art ne sont pas parvenues à maintenir la tendance de celle de Madrid. Nous en déduisons que le pari pour la qualité choisi par la foire madrilène va permettre

à l'Arco de se maintenir parmi les salons les plus importants du panorama international. Tout en restant conscients de la situation économique actuelle, nous pouvons avancer que l'Art contemporain et l'Art en général reste un bon refuge intellectuel par les temps qui courent grâce à leur apport d'une « autre perspective ». C'est du moins ce que nous avons perçu chez nos visiteurs. Pour Arco 2010, nous pensons que l'invitation lancée aux galeries d'art de Los Angeles va dans la bonne direction car elles peuvent apporter un intérêt renouvelé à une édition qui sera, sans nul doute, décisive.


56 c nouvelles culture et société

Exposition au musée du Caire. Divers organismes et institutions publics et privés d'Espagne et d'Egypte commémorent, jusqu'à la mi-mai 2009, le 120e anniversaire des fouilles espagnoles en Egypte avec une exposition qui revendique la contribution déterminante de nos archéologues à la recherche sur l'histoire de l'Egypte ancienne au cours de plus d'un siècle de campagnes archéologiques. À gauche, Eduardo Toda, archéologue et diplomate espagnol, directeur des premières fouilles espagnoles en Egypte. À droite et ci-dessous, masque funéraire et sarcophage. photoS SEACC.

120 ans d'archéologie espagnole en Egypte Au milieu du XIXe siècle, l'Egypte était envahie de chercheurs de trésors qui pillaient les tombes pour vendre les objets découverts sur le marché des antiquités. Au milieu de ce chaos, l'égyptologue français Auguste Ferdinand Mariette créa le Service pour la découverte et la conservation des antiquités de l'Égypte, dirigé ensuite par un autre Français, Gaston Maspero. Eduardo Toda, archéologue et diplomate espagnol, dirigeait le Consulat général d'Espagne en Egypte depuis 1884 et était l'ami de ces deux hommes. C'est lui qui dirigea le catalogage et la fouille de la tombe de Sennedjem, dans la nécropole de Deir el-Médineh. Il fut le premier Espagnol à diriger des fouilles en Egypte. Autre chercheur espagnol très pré-

sent dans l'histoire de l'archéologie égyptienne, Vicente de Galarza, professeur à l'université du Caire, qui a découvert en 1907 la sépulture de la reine Khamerernebty. Dans les années soixante, Martín Almagro Basch a dirigé une équipe d'archéologues espagnols qui a fouillé plusieurs gisements en Nubie et qui, à l'issue de la campagne, a reçu de l'Egypte, à titre de compensation, plusieurs milliers d'objets conservés aujourd'hui au Musée archéologique national. Il a également obtenu le temple de Debod, dédié à Amon et Isis, qui se trouve aussi Madrid, et la concession du gisement d'Héracléopolis Magna, actuelle Ehnasya El-Medina, où vingt-cinq campagnes de fouilles continues ont été entreprises, sous la di-

rection de l'archéologue Maria Carmen Pérez Die. D'autres Espagnols, comme José Manuel Galán, avec le projet Djehuty, à Louxor, Josep Padró, sur le site d'Oxyrinque, ville pharaonique située à environ 200 kilomètres au sud du Caire, ou Josep Cervelló, dans la nécropole de Kom El-Khamasin, à Saqqâra, se sont intéressés à l'histoire de l'Egypte ancienne et ont mis au jour les trésors de cette civilisation ancienne. Pour commémorer leur travail, le musée égyptien accueille jusqu'à la mi-mai cette exposition, divisée en plusieurs sections thématiques, et qui rassemble plus de 130 pièces originales : objets funéraires, mobilier, sarcophages, céramiques, sculptures, extraites des gisements fouillés sur une période de plus de 120 ans. L'exposition est complétée par de nombreuses photographies et panneaux fournissant des informations sur d'autres fouilles dont l'équipe était ou est composée ou dirigée par des Espagnols.


c nouvelles culture et société 57

Inditex se prépare à entrer en Inde  Le 5 février, le groupe textile espagnol Inditex a signé un accord avec le groupe indien Tata afin de créer une coentreprise dans le but de développer l'implantation des boutiques Zara en Inde. Inditex possédera 51 % du capital de la société, qui prévoit d'inaugurer les premières boutiques à partir de 2010, à New Delhi et à Bombay (Mumbai), ainsi que dans d'autres villes de ce pays d'Asie.

RTVE lance Canal Cultura  La nouvelle chaîne thématique de radio televisión española, cultura.es, commencera à émettre en avril, par satellite et par câble. Son objectif est la diffusion de la culture espagnole dans le monde entier. Cette initiative proposera, entre autres contenus, des représentations théâtrales, des documentaires sur des personnalités telles que le cinéaste Rafael Azcona ou l'écrivain Josep Pla et des reportages sur les processus de création artistique.

Les cuisiniers Andoni Luis Aduriz, Ferrán Adriá et Juan Mari Arzak lors d'une démonstration de cuisine, au cours de la dernière journée du Congrès international de gastronomie Tokyo Taste. photo efe

Adriá, Arzak et Aduriz font la promotion de la gastronomie japonaise  Les meilleurs cuisiniers du monde, dont les Espagnols Ferrán Adriá, Juan Mari Arzak et Andoni Luis Aduriz, se sont donné rendez-vous le 9 février dernier à Tokyo, à l'occasion d'un congrès destiné à promouvoir la gastronomie japonaise. Le Tokyo International Forum a réuni 21 grands maîtres en provenance de huit pays, l'Espagne ayant été le pays le plus représenté après la France.

Un enfant de Barcelone expose à la Tate Modern  Iker Martínez Alandi, petit Barcelonais âgé de 7 ans, exposera son œuvre « Paseo por los espacios » à la Tate Modern de Londres, le 2 avril prochain. Il représentera l'Espagne, après avoir remporté le concours « Projet international d'art » organisé par le musée londonien et la multinationale Unilever. Quatorze candidats ont été sélectionnés dans le monde entier.

Technologies de l'information

Barcelone consolide sa position de capitale mondiale de la téléphonie Dans un cadre incomparable, dominé par le Palais de Montjuïc, la ville de Barcelone a accueilli en février le plus grand salon international du secteur de la téléphonie mobile, le Mobile World Congress, qui, pour la quatrième année consécutive, a constitué la plus grande vitrine des nouveautés de ce secteur. Le haut niveau des participants, dont plus de la moitié étaient les dirigeants des principales entreprises technologiques du secteur, comme LG, Vodafone ou Telefónica, allié à l'augmentation de la surface consacrée à l'exposition, a consolidé la position de la ville de Barcelone comme siège de cet événement, où ont été rendues publiques quelques-unes des nouveautés les plus attendues : la nouvelle version de Skype, les derniers modèles de Nokia ou le téléphone écologique Blue Earth, développé par Samsung. La forte attente de la presse internationale a été satisfaite grâce aux apparitions de personnalités telles que Steve Ballmer, PDG de Microsoft, qui a surpris en annonçant qu'« il n'y [aurait] jamais de Windows Phone ». Cette édition du MWC, dont l'impact économique sur la ville et ses alentours est estimé à plus de 140 millions d'euros, a également servi à montrer les compétences organisationnelles de Barcelone.

Le Festival de théâtre de Séville réunit des compagnies de douze pays  Le Festival international de théâtre et des arts de la scène de Séville (feSt) se déroulera cette année du 14 au 26 avril. Il bénéficiera de la participation de 30 compagnies, six de plus que l'an dernier, dans la programmation officielle, et mettra cette année en vedette le Guadalquivir. Les compagnies invitées ne viendront pas seulement d'Espagne, mais aussi du Portugal, de France, d'Italie, d'Allemagne, de Hongrie, de Suisse, d'Argentine, de Cuba, de Corée du Sud, du Brésil et du Chili.

Le ministre de l'Industrie et le maire de Barcelone lors de leur visite du salon. photo gsma


58 c nouvelles culture et société

Plus de 500 activités seront programmées. L'Institut est devenu le principal moyen de diffusion du cinéma espagnol et hispano-américain dans le monde, grâce à ses 70 centres répartis dans 40 pays.

Iers Jeux de l'intégration à Madrid  Madrid accueillera en juin les premiers Jeux de l'intégration, un grand événement culturel et sportif « ouvert à tous », auquel devraient participer près de 5 000 sportifs de 60 nationalités. En même temps se dérouleront les Jeux spéciaux de l'intégration, qui visent à promouvoir le sport parmi les personnes souffrant d'un handicap physique. Les inscriptions sont ouvertes sur www.mundoetnia.com/juegosdelaintegracion.

L'acteur Manuel Alexandre, accompagné de la directrice de l'Institut Cervantès, Carmen Caffarel, déposant récemment son prix TP d'or dans le « Coffre des Lettres », une initiative de l'institution destinée à préserver l'héritage de personnalités éminentes de la culture hispanique. photo efe

L'Institut Cervantès présente son programme d'action culturelle pour l'année 2009 L'Institut Cervantès organisera cette année plus de 5 500 activités culturelles dans les 70 centres dont cette institution dispose dans plus de 40 pays sur les cinq continents, et dans son siège central de Madrid. L'Institut Cervantès renforce ainsi son statut de « plateforme pour la diffusion à l'étranger de la culture espagnole et hispano-américaine, avec toutes les particularités qu'elle comporte », a déclaré la directrice, Carmen Caffarel, le 24 février dernier, lors de la présentation du Programme d'action pour 2009. Avec quelque 3 000 projections, le cinéma est en tête des activités programmées par l'Institut Cervantès, l'Institut est en effet devenu le « principal vecteur de diffusion du cinéma espagnol et hispano-américain dans le monde », a souligné Mme Caffarel. La littérature, la musique, les arts de la scène, les arts plastiques, la pensée, la science et l'histoire auront aussi leur place parmi ces

nombreuses actions, dont le but est de promouvoir « une image dynamique et positive de l'Espagne et de la communauté hispanophone ». Parmi les activités de 2009, citons en particulier le programme de littérature enfantine « loups et dragons y dragones » qui voyagera dans 24 villes ; la Semaine des Lettres en espagnol qui se déroulera cette année à Dublin ; « Surprises du Cosmos », qui permettra de divulguer les découvertes scientifiques de l'Institut d'astrophysique des Canaries ou « Aux confins d'une même mer », exposition photographique conçue comme un dialogue entre deux des palais les plus célèbres du monde : Topkapi à Istanbul et l'Alhambra de Grenade. L'Institut Cervantès dispose cette année d'un budget de 102,5 millions d'euros, soit presque 2% de plus qu'en 2008. Cette année, de nouveaux centres seront inaugurés à Sidney et à New Delhi, ainsi qu'à Gibraltar.

Hommage rendu à Joaquín Rodrigo aux États-Unis  Entre le 23 et le 25 février, s'est tenu dans la ville texane d'El Paso, le Festival international Joaquín Rodrigo, dans le cadre duquel a eu lieu un congrès auquel ont pris part plusieurs spécialistes de l'œuvre du musicien valencien. Le festival était organisé avec le soutien du ministère de la Culture espagnol. Cecilia Rodrigo, fille du compositeur du Concerto d'Aranjuez, a évoqué la relation intense qui unissait son père aux États-Unis.

Naissance de l'encyclopédie virtuelle de la biodiversité ibérique  Alors que nous célébrons l'année Darwin, l'Espagne apporte sa contribution avec un outil révolutionnaire pour la connaissance de la faune et de la flore ibériques. À l'ère d'Internet, de l'accès à l'information et aux réseaux sociaux, le site www.biodiversidadvirtual.com, fruit de la détermination désintéressée d'experts et d'amateurs, est ouvert à tous. Cette initiative sociale, née en 2001, rassemble actuellement un volume d'information énorme, parmi lesquelles on dénombre plus de 70 000 photographies sur les particularités écologiques de l'Espagne.


c nouvelles culture et société 59

Numérisation de la presse espagnole des trois derniers siècles  Deux mille manchettes de journaux édités dans toute l'Espagne entre 1777 et 2005, représentant quatre millions trois cents mille pages, sont accessibles à tous depuis le 3 mars grâce à la Bibliothèque virtuelle de presse historique, sur le site Internet du ministère de la Culture.

Madrid 2016 : « Une candidature crédible »  La candidature de Madrid pour accueillir les Jeux olympiques de 2016 a été présentée le 13 février dernier comme la « plus crédible et la plus sûre en ces temps de crise économique », selon les termes du maire de la ville, Alberto Ruíz Gallardón. Le projet dispose d'un budget équilibré, et plus de 75 % des installations sont déjà construites, en cours de construction ou en projet.

Succès du cinéma espagnol. L'actrice madrilène a reçu l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour son interprétation dans le dernier film du réalisateur Woody Allen.

Penélope reçoit un Oscar La deuxième nomination a été la bonne. Penélope Cruz est entrée dans l'histoire le 22 février dernier en décrochant l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour son interprétation de la tempétueuse Maria Elena dans le film « Vicky Cristina Barcelona », du réalisateur new-yorkais Woody Allen. Penélope Cruz devient ainsi la première actrice espagnole à recevoir un Oscar. Elle avait été nommée une première fois en 2007 pour son rôle dans le film très apprécié de Pedro Almodovar, « Volver ». La statuette lui a été remise par cinq de ses devancières, Goldie Hawn, Anjelica Houston, Whoopi Goldberg, Eva Marie Saint et Tilda Swinton. Dans un bref discours en anglais, Penélope Cruz, visiblement émue, a dédié ce prix à ses parents, à ses frère et sœur, à Woody Allen (qu'elle a remercié pour avoir eu foi en son talent) et à son « ami » Pedro Almodovar, ainsi qu'à d'autres réalisateurs avec lesquels elle a travaillé, comme Bigas Luna et Fernando Trueba. De plus, et cette fois en espagnol, elle a partagé son Oscar « avec tous les acteurs

Penélope Cruz posant avec son Oscar. photo efe

de [son] pays » et avec tous ceux qui, en Espagne, partagent ce moment « et le ressentent comme s'ils le vivaient euxmêmes ». Elle a également évoqué sa ville natale, Alcobendas, se rappelant ses nuits blanches passées à suivre en direct la cérémonie des Oscars à la télévision.

L'artiste espagnol Javier de Villota expose à Houston

Aux Philippines, les élèves pourront choisir l'espagnol

 Le Station Museum of Contemporary Art de Houston accueille depuis le 14 mars une exposition rétrospective de Javier de Villota. Architecte, peintre et sculpteur, constamment engagé, l'artiste madrilène passe en revue quelques-unes des violations des droits de l'homme perpétrées au cours des soixante dernières années, comme les camps de concentration nazis ou les récents événements de Gaza.

Au cours des dernières années, les gouvernements d'Espagne et des Philippines ont cherché des solutions pour résoudre une anomalie historique : la menace de disparition de la langue espagnole. Langue officielle jusqu'en 1973 et matière obligatoire dans les universités jusqu'en 1987, l'espagnol ne survit actuellement que dans quelques dialectes, comme le chabacano, parlé dans le sud du pays. Le tagalog et l'anglais sont les

langues officielles. Il semble toutefois que les autorités philippines ait trouvé une solution. À partir de juin prochain, le ministère de l'Éducation philippin offrira aux élèves du secondaire la possibilité d'étudier l'espagnol. Il s'agit d'un programme pilote qui proposera l'espagnol comme matière facultative. La promesse faite par la présidente Gloria Macapagal en 2007, lors de sa visite officielle en Espagne, est ainsi tenue.


60 c nouvelles culture et société

La France sera le pays invité de la foire du livre de Madrid

Cordoue a accueilli le Ier Festival international du cinéma indigène

6 000 Hispano-américains participent au concours Fototalentos

Le Ballet national se produira au Mariinsky de Saint-Pétersbourg

 La culture française sera à l'honneur à la Foire du livre de Madrid, qui se tiendra du 29 mai au 14 juin. Les œuvres de Balzac, Stendhal ou du dernier prix Nobel, Jean-Marie Le Clézio, seront accompagnées des nouveautés de la société française, « l'une des cultures littéraires les plus importantes du monde », comme l'a expliqué le directeur de la foire.

 Du 10 au 13 mars, s'est tenu à Cordoue le premier Festival international du cinéma indigène, composé de plus de vingt films, dont des documentaires et des courts et longs métrages, qui abordent la vision du monde des peuples indigènes. Le thème de la situation de la femme dans les peuples indigènes a, entre autres, été traité.

 Plus de 6 000 étudiants participé à la deuxième édition du concours Fototalentos. Les universités de Valladolid, Oviedo, Saint-Jacques-deCompostelle, Complutense de Madrid et Séville exposent actuellement les 120 clichés de photographes d'Espagne, du Portugal et d'Amérique latine qui ont franchi la première étape avec succès.

 Le Ballet national d'Espagne (BNE) deviendra au mois de juillet la première compagnie espagnole à se produire au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. « C'est un événement historique », a déclaré le directeur du BNE. Le Mariinsky est le siège du Ballet russe et de son opéra depuis 1860 et il est considéré comme l'un des centres les plus importants

La grande pinacothèque espagnole. Un nouveau projet permet d'apprécier 14 chefs-d'œuvre du musée du Prado en haute résolution sur Internet

Le musée du Prado sur Google Earth Le musée du Prado est le premier musée au monde qui offre la possibilité d'accéder sur Internet à des images de très haute résolution de ses chefs-d'œuvre et de naviguer parmi celles-ci. L'initiative « Chefs-d'œuvre du Prado sur Google Earth » permet d'apprécier et d'étudier les œuvres que renferme ce musée espagnol depuis n'importe quelle région du monde grâce à sa représentation en images de haute résolution. La technologie Google Earth permet de naviguer parmi ces images qui, avec près de 14 000 mégapixels, sont d'une netteté 1 400 fois supérieure à celle pouvant être obtenue avec un appareil photographie numérique de 10 mégapixels. Spécialistes et amateurs pourront désormais se pencher sur les détails et motifs les plus infimes, les traits et les coups de pinceau de chaque artiste, les dessins sous-jacents, les craquelures du vernis et bien d'autres aspects difficiles à apprécier lors d'une observation directe. Le processus qui a permis d'obtenir ces images a pris environ trois mois. Au cours de cette

période, les œuvres ont été photographiées avec des équipements spéciaux et, une fois les 8 200 clichés obtenus, la technologie Google Earth a été utilisée pour obtenir l'effet de « zoom ». Pionnier dans ce domaine, le Prado a misé sur les possibilités qu'offrent les nouvelles technologies pour diffuser et mettre en commun le patrimoine artistique. Son directeur, Miguel Zugaza, a exprimé sa satisfaction car « il n'y a pas de meilleure manière de rendre hommage aux grands maîtres de l'histoire de l'art qu'en universalisant la connaissance de leurs œuvres dans les meilleures conditions possibles, et il est indéniable que ce projet sur Google Earth nous permet de progresser vers cet objectif de façon particulièrement significative ». De plus, pour Google, le fait de « collaborer étroitement avec l'une des meilleures pinacothèques d'Europe et l'une des principales du monde, afin de mettre à disposition de tous des tableaux comme ceux-ci, a été un plaisir. Cela permet de mieux apprécier et de mieux comprendre l'œuvre ».

Images d'œuvres accessibles grâce à Google Earth. photos cédées par le musée du prado.


c nouvelles culture et société 61 de la danse classique dans le monde.

Casa Árabe projette un cycle de cinéma marocain  Le cycle « Maroc : un regard contemporain », qui se déroulera jusqu'au 6 avril à la Casa Árabe de Madrid, présente quelques-uns des meilleurs films du cinéma marocain actuel. Le cycle est composé de cinq longs-métrages : « Les arêtes du cœur », « Les jardins de Samira », « Les anges de Satan », « Où vas-tu, Moshe

? » et « Ali Zaoua, prince de la rue ».

Agatha Ruiz de la Prada rend hommage à Dali  La styliste espagnole Agatha Ruiz de la Prada a présenté lors de la Semaine de la mode de Milan, qui s'est tenue en mars, une collection automne-hiver inspirée de Salvador Dali. Quelques-uns des symboles les plus représentatifs de Dali (1904-1989), comme

Casa Árabe

« Space + Aliens », des artistes espagnols aux Émirats arabes unis Casa Árabe propose à Madrid une exposition qui évoque fortement la science-fiction. Elle permet de contempler une partie des créations réalisées par sept artistes espagnols à l'issue d'une résidence artistique dans le pays arabe. L'exposition est composée de 31 œuvres réalisées selon différentes techniques (photographies sur divers supports et à différents formats, vidéos et une installation interactive) par les artistes Maider López, Sergio Belinchón, Ana Laura Aláez, Miguel Trillo, Miguel Oriola, Evru et Area3. Toutes les œuvres sont le résultat du Lab Project, programme développé par l'ambassade d'Espagne à Abu Dhabi, en collaboration avec plusieurs institutions d'Espagne et des Émirats. César Espada, conseiller culturel de l'ambassade d'Espagne de 2005 à 2008 et commissaire de l'exposition, fait remarquer que « bien qu'aucun thème commun n'ait été imposé pour l'œuvre, il est étrange d'observer que les artistes ont tous travaillé d'une manière ou d'une autre autour du thème de l'espace ».

l'œuf, la sirène, l'œil, les lèvres ou le cœur, ont été illustrés par vêtements et accessoires.

Poésie en espagnol dans le métro de Manille

ture, lancée aujourd'hui par l'ambassade d'Espagne aux Philippines. Cette initiative a déjà été expérimentée avec succès dans des villes comme New York ou Madrid.

 Les vers de Luis Cernuda, Lope de Vega ou saint Jean de la Croix accompagneront les usagers du métro de la ville de Manille au cours des six prochains mois, dans le cadre d'une campagne de promotion de la lec-

Plan d'aide au sport olympique. Le président du gouvernement a défendu un budget austère pour les Jeux olympiques de Londres 2012

Le président du gouvernement pose avec les athlètes olympiques lors de la présentation du Plan ADO.

L'Espagne assure l'avenir de ses athlètes olympiques La crise économique n'épargne pas le monde du sport. Au cours des derniers mois, nombre d'équipes ont perdu des commanditaires, d'autres ont déposé le bilan, certaines ont même disparu. La plupart ont dû réduire le salaire de leurs sportifs. Dans ce contexte, il était nécessaire de revoir le Plan d'aide au sport olympique (ADO) qui finance les athlètes grâce aux apports de fonds de grandes entreprises privées. C'est le président du gouvernement lui-même, José Luis Rodríguez Zapatero, qui a assisté à la signature du nouveau plan, garantissant ainsi le

maintien de « cet excellent modèle de parrainage ». Le Plan ADO pour le cycle de Londres 2012 disposera initialement d'un budget de 51,3 millions d'euros. Le secrétaire d'État au Sport, Jaime Lissavetzky, a remercié les commanditaires pour l'effort réalisé et leur contribution de « plus de dix millions d'euros ». Après avoir rappelé qu'il y a quatre ans, le budget était de 54 millions d'euros, il a assuré que « nous devrons sans doute nous serrer la ceinture et être spartiates » mais « la réduction de financement n'affectera pas les athlètes ».


62 c nouvelles culture et société

Réunion de reporteurs en zones de conflit. L'Association de presse de Madrid a organisé une table ronde pour débattre autour des difficultés rencontrées par les journalistes correspondants des médias dans les zones en guerre.

Le Service extérieur espagnol, vital pour le travail des journalistes Sous le titre « La libre information et la sécurité des journalistes dans les zones de conflit », l'Association de presse de Madrid a organisé une réunion afin d'attirer l'attention de l'opinion publique sur les obstacles croissants auxquels se heurtent les correspondants de guerre. Des journalistes aguerris, habitués à ce genre de missions, comme Javier Bauluz, Georgina Higueras, Ana Terradillos, Domingo del Pino ou Alfonso Armada, entre autres, ont participé à cette réunion. De même que Borja Bergareche, consultant européen du Comité pour la protection des journalistes (OPJ), dont le siège se trouve à New York. Outre la dénonciation de la désinformation que pratiquent certains gouvernements, les participants ont dénoncé les menaces qui émanent du sein même de la profession, et plus précisément le manquement de la part des entreprises de journalisme à leur devoir d'investir dans les reportages. La plupart des participants s'accordent sur le fait que ce manquement devrait faire l'objet de la première mesure à prendre pour proté-

 La compagnie pétrolière espagnole a participé en 2008 à trois des cinq plus grandes découvertes d'hydrocarbures du monde, dont celles du bassin de Santos au Brésil et celle de Shenzi dans le golfe du Mexique (États-Unis).

Rabascall inédit, au MACBA

Borja Bergareche, Alfonso Armada et Javier Bauluz pendant la réunion.

ger le libre flux d'une information objective, véridique, indépendante et obtenue sur le terrain, mesure qui serait la plus efficace. Les participants ont en outre insisté sur le rôle des membres du Service extérieur qui facilite le travail de ceux qui se rendent dans des régions lointaines et en conflit afin d'informer sur ce qui s'y passe. Les correspondants de guerre espagnols se sentent de plus en plus protégés par notre Service extérieur, comme l'ont souligné ceux qui avaient suivi de près l'affaire Cendon. Notre représentation diplomatique en Somalie s'est impliquée dès le début dans la résolution de cette affaire et ne l'a pas abandonnée jusqu'à ce qu'elle ait été résolue.

Présentation du Ve Congrès international de la langue espagnole Le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a présenté le 29 janvier dernier le « Ve Congrès international de la langue espagnole », qui aura lieu en mars 2010 dans la ville chilienne de Valparaiso. Ce rendez-vous, qui réunira 200 conférenciers de tous les pays hispanophones et d'autres régions du monde, est organisé par l'Institut Cervantès, la Real Academia Española, l'ensemble des

Trois gisements découverts de Repsol sont parmi les 5 plus grands du monde

académies américaines et le gouvernement du Chili. Le Congrès de Valparaiso accordera une attention particulière à la mise en place de l'étude de la langue espagnole dans des pays non hispanophones comme le Brésil ou les États-Unis, et rendra hommage à de grands créateurs en langue espagnole et de nationalité chilienne, comme Pablo Neruda, Gabriela Mistral ou Vicente Huidobro.

 Jusqu'au 19 avril, le musée d'Art contemporain de Barcelone expose la production d'une des périodes cruciales dans l'œuvre de Joan Rabascall (Barcelone, 1935). Une œuvre en marge des va-et-vient esthétiques, à peine connue en Espagne mais régulièrement exposée en France. Montages, assemblages, répétitions, superpositions, changements d'échelle, mélanges de textes et d'images… au total 150 œuvres réalisées entre 1964 et 1982.

La guerre civile vue de Berlin  La salle d'exposition de la WillyBrandt-Haus de Berlin présente à partir du 4 mars une exposition de photographies sur la guerre civile espagnole vue depuis la perspective allemande. La moitié des clichés montre le quotidien des républicains et des volontaires des Brigades internationales, les autres concernent le camp franquiste.

L'Espagne à Shanghai 2010  Le pavillon de l'Espagne à l'exposition Shanghai 2010 aura une surface construite de plus de 7 000 mètres carrés et sera édifié autour d'une place, espace d'articulation, selon le projet de l'architecte milanaise Benedetta Tagliabue, qui dirige le cabinet Miralles-Tagliabue à Barcelone. L'Espagne prévoit de laisser le pavillon de façon permanente à Shanghai où il pourrait devenir, après l'Expo, le siège d'organismes espagnols.


c nouvelles culture et société 63

Il a vécu presque tout le XXe siècle et entre dans le XXIe plein d'énergie. Il a été fonctionnaire, économiste, maître de conférences, professeur d'université, sénateur et écrivain, et il a su relever tous ces défis. par Jacobo García. JOURNALISTE

Notre dette envers... José Luis Sampedro

A Wonderful Life Matinal, hyperactif, doté d'un sens prussien du devoir et drogué du travail, il a su trouver le temps de décrocher trois concours de la fonction publique, de cotiser à la Sécurité sociale pendant quarante ans, de donner des cours à trois générations d'étudiants et de publier une poignée de romans qui l'ont rendu presque aussi populaire qu'un footballeur. Il n'a jamais tremblé avant de dédicacer des exemplaires à la Foire du livre, ni avant de se rendre dans un studio de télévision pour raconter sa vie. La question qui lui est toujours posée est : comment fait-il pour rester aussi jeune à 90 ans et pour avoir toujours autant de succès professionnel. Il parvient toujours à s'en sortir avec brio et améliore sans cesse les versions de ses œuvres. Sa capacité à séduire le public vient de son talent à expliquer les choses de façon claire et agréable, et à inspirer confiance. Il apparaît tout naturellement comme une personne accessible, sans fausseté ni mystères, et sans cadavres dans le placard.

Le public le perçoit comme quelqu'un de sensé et proche, c'est la raison pour laquelle on l'approche comme on approcherait un saint. Un saint laïc, mais non moins digne de confiance pour autant. Un ami pour toujours, le style d'arrière-grand-père que tout le monde souhaiterait pour ses petits-enfants. Cet habitué des émissions, loquace et inspiré, a été sénateur par nomination royale, malgré ses inclinations républicaines, et il est également membre de l'Académie de la langue espagnole. La lecture de ses œuvres ne laisse pas transparaître tout cela, il en ressort plutôt qu'il les a écrites de façon consciencieuse, en pensant non pas à se distinguer, à éblouir, et encore moins à provoquer, mais à rendre au lecteur le parcours agréable, en cheminant à ses côtés et en discutant avec lui de mille et une choses, toutes compréhensibles, raisonnables et politiquement correctes. Sa formation de fonctionnaire et sa carrière dans l'enseignement l'ont extrêmement bien préparé pour naviguer

dans le courant principal du fleuve littéraire qui nous emporte. Avant de prêcher, il prépare son sermon dans les moindres détails, de sorte que lorsqu'il monte en chaire, il le connaît sur le bout des doigts. C'est la raison pour laquelle il célèbre aussi bien les matines que l'office diurne, les vêpres ou la messe chantée. Le public, loin d'avoir l'impression d'avoir entendu une leçon magistrale, est convaincu d'avoir entendu un saint homme envoyé par le Saint-Esprit pour l'aider à comprendre un peu mieux ce monde cruel. Peu de prédicateurs doivent avoir bénéficié de plus de compréhension de la part de leurs paroissiens que n'en bénéficie aujourd'hui Sampedro, qui ne porte pas ce nom pour rien. Et pourtant, ceux qui l'ont précédé bénéficiaient, eux, de l'aide de l'Esprit Saint ou du moins de l'aide de la corporation. Doté d'un sens démocratique fort, le nom de José Luis Sampedro en tant que citoyen figure au bas de tous les documents de protestation qui ont circulé pour être signés dans notre

pays au cours des cinquante dernières années, ce qui n'est pas peu dire. Il est devenu, comme il le dit lui-même, un soussigné en 1956, et n'a jamais cessé de l'être depuis cette date. Ni l'âge ni les changements sociaux et politiques que nous avons connus tout au long des cinquante dernières années, n'ont altéré le besoin que ressent ce jeune en colère, mature néanmoins et parfaitement pacifique, d'élever la voix contre les injustices et les abus commis par les puissants, qui peuvent varier, et qui varient d'ailleurs en fonction des époques, mais qui sont toujours là. Fort de toutes ses connaissances et poussé par les bains de popularité, il revient à la charge, au sens littéraire comme au sens civique et médiatique, jour après jour, depuis ce jour lointain qui l'a vu naître dans la Barcelone de la grève générale révolutionnaire de 1917, jusqu'à hier, pour ainsi dire, lorsqu'on l'a vu lever un parapluie d'un geste furieux en raison des catastrophes, si peu naturelles, du pétrolier Prestige et de la guerre en Iraq, et ce, sans perdre son beau sourire étrusque.


64 c publications

âœą... indispensables Ă lire ÂŤ Plan Asia PacĂ­fico 3. 2008-2012 Âť. Direction gĂŠnĂŠrale pour l'Asie et le Pacifique. Ministère des Affaires ĂŠtrangères et de la coopĂŠration. DirigĂŠe et coordonnĂŠe par la direction gĂŠnĂŠrale pour l'Asie et le Pacifique, cette publication reprend les grandes lignes qui composent les nouvelles actions et les nouveaux projets envisagĂŠs par le gouvernement dans la rĂŠgion. L'ouvrage s'ouvre sur une prĂŠsentation du prĂŠsident du gouvernement et une introduction du ministre des Affaires ĂŠtrangères et de la coopĂŠration et expose par la suite, au cours de 180 pages, les grandes lignes du Plan Asie-Pacifique 3 pour la pĂŠriode 2008-2012. Dans une première partie, il analyse les actions prĂŠvues par pays et par secteurs d'intervention comme la coopĂŠration au dĂŠveloppement, la lutte contre le terrorisme ou les droits de l'Homme, avant d'approfondir par la suite les diffĂŠrentes politiques sectorielles menĂŠes par chaque ministère dans la rĂŠgion. Enfin un chapitre spĂŠcifique est consacrĂŠ aux activitĂŠs Ă mettre en place dans les villes oĂš Casa Asia a son siège : Barcelone et Madrid. Cette publication est disponible en consultation sur le site www.maec.es

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â—? Guide officiel des collections du musĂŠe du Prado. Museo Nacional del Prado. Ă€ l'occasion de l'annonce du prochain rĂŠamĂŠnagement et de l'ĂŠlargissement de ses collections, le musĂŠe du Prado vient de prĂŠsenter son nouveau Guide officiel. Ce livre inclut plusieurs Ĺ“uvres qui intĂŠgreront la future collection permanente du musĂŠe au cours des quatre prochaines annĂŠes et propose un parcours complet dans cette collection, depuis les sculptures antiques jusqu'Ă la peinture du XIXe siècle, Ă travers une sĂŠlection de 400 Ĺ“uvres.

â—? ÂŤ Historia de las relaciones internacionales contemporĂĄneas Âť (Histoire des relations internationales contemporaines). Plusieurs auteurs. Éditions Ariel. L'histoire des relations internationales en Espagne est une discipline bien ĂŠtablie, pleinement intĂŠgrĂŠe aux cursus de l'enseignement supĂŠrieur, et qui reprĂŠsente aujourd'hui l'une des spĂŠcialitĂŠs dont la demande est la plus forte et des plus rĂŠnovatrices en matière d'historiographie espagnole. Historia de las Relaciones Internacionales ContemporĂĄneas, publiĂŠ pour la première fois en

2001, fait l'objet aujourd'hui d'une nouvelle ĂŠdition totalement rĂŠvisĂŠe et mise Ă jour. 29 des plus prestigieux spĂŠcialistes espagnols dans le champ des relations internationales ont participĂŠ Ă cet ouvrage. Le lecteur y trouvera, non seulement un rĂŠcit du dĂŠveloppement historique international articulĂŠ de façon chronologique et thĂŠmatique depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'Ă nos jours, mais aussi une première partie thĂŠorique et mĂŠthodologique sur cette discipline, ainsi qu'une bibliographie sĂŠlectionnĂŠe et mise Ă jour, gĂŠnĂŠrale et par chapitre, qui lui permettra d'approfondir ses connaissances sur chacun des thèmes traitĂŠs. â—? ÂŤ Made in Spain : 101 iconos del diseĂąo espaĂąol Âť (Fait en Espagne, 101 icĂ´nes du design espagnol). Juli Capella. Éditions Electa. Une chaise conçue par GaudĂ­, le taureau d'Osborne ou encore la mascotte olympique que Mariscal a crĂŠĂŠe

Plan Asia PacĂ­ďŹ co 3 2008 2012 -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#)Âœ.

GOBIERNO DE ESPAĂ‘A

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIĂ“N

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pour les Jeux de Barcelone en 1992 sont quelques-uns des objets et des graphismes qui composent la sĂŠlection de Made in Spain, 101 iconos del diseĂąo espaĂąol. Cet ouvrage de l'architecte et designer Juli Capella recueille le processus de crĂŠation et la rĂŠpercussion dans le temps qu'ont eu certains des grands succès du design dans notre pays et qui font aujourd'hui partie de notre mĂŠmoire collective. â—? ÂŤ La identidad de las naciones Âť (L'identitĂŠ des nations). Montserrat Gibernau. Éditions Ariel Quelle relation existe-t-il entre les mouvements nationalistes d'extrĂŞme droite et le dĂŠsir de prĂŠserver une image traditionnelle de l'identitĂŠ nationale ? Est-il possible de forger de nouvelles formes de l'identitĂŠ nationale qui rĂŠpondent aux dĂŠfis de la mondialisation et aux profonds changements de notre siècle ? Montserrat Gibernau rĂŠpond Ă ces questions et Ă bien d'autres sur l'avenir de l'identitĂŠ


c publications 65 nationale. Rédigé dans une perspective théorique et comparative, cet ouvrage ne manquera pas de devenir une lecture essentielle pour tout chercheur ou professionnel des sciences sociales, de la politique ou des relations internationales.

au chômage ou encore aux principaux accords signés avec les pays de l'Afrique occidentale en matière d'immigration. Enfin sont aussi analysés les principaux instruments juridiques et législatifs réglementant l'immigration en Espagne.

12 mm

Eliseo Aja, Joaquín

Arango y Josep Oliver

Alonso (eds.)

EN LA ENCRUCIJADA

LA INMIGRACIÓ N

LA INM IGR ACI ÓN

EN LA ENCRUCIJADA

edición

2008

ANUARIO DE LA

INMIGRACIÓN edición EN ESPAÑA 2008

● « Anuario de Inmigración en España » (Annuaire de l'immigration en Espagne). Édition 2008. Plusieurs auteurs. CIDOB Dirigée par Eliseo Aja, Joaquín Arango et Josep Oliver, cette édition porte un regard multidisciplinaire sur la situation actuelle de l'immigration en Espagne. L'ouvrage, titré cette année La inmigración en la encrucijada (L'immigration à la croisée des chemins), présente une vision complète du phénomène à travers un ensemble d'études réalisées depuis les perspectives juridique, économique et sociologique et pour une année qui pourrait marquer un changement de tendance, dû à l'actuelle crise économique. Les tendances les plus récentes de l'immigration et du marché du travail y sont analysées, ainsi que les tendances démographiques. Cette édition reprend également une série d'études monographiques consacrées, entre autres, au droit de vote des immigrés,

● « Anuario del Mediterráneo, Med.2008 » (Annuaire de la Méditerranée 2008). Institut Europeu de la Mediterrania (Barcelone) et Fondation CIDOB. Les ressources hydriques et la gestion de l'eau dans le bassin méditerranéen sont les thèmes centraux de l'annuaire de la Méditerranée « Med.2008 », publié par l'Institut européen de la Méditerranée (IEMed) et la Fondation CIDOB. En plus du dossier consacré à l'eau, l'ouvrage a bénéficié de la collaboration de plus de cinquante experts qui analysent et dressent le bilan des principaux événements et tendances de l'année 2007 en Méditerranée. L'annuaire, avec un prologue signé par le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, comprend également une large sélection de données et d'informations complémentaires présentées sous forme de nombreux tableaux, graphiques, cartes, encadrés

informatifs et liens Internet. L'ensemble du contenu des cinq annuaires publiés depuis 2004 peut être consulté en ligne sur www.medyearbook.com ● « Conexión Madrid » (Connexion Madrid). Justin Webster et Ignacio Orovio. Éditions Debate. Alors que cinq ans déjà se sont écoulés depuis les terribles attentats du 11 mars, ce livre tâche de reconstituer les vies parallèles de deux hommes clés pour leur organisation : Jamal Ahmidan et Serhane ben Abdelmajid Fakhet.

La rencontre, six mois à peine avant la date fatidique, de ces deux jeunes immigrés établis en Espagne depuis les années 90 s'est avérée décisive pour la préparation et la mise en œuvre du plus grand attentat que l'Europe ait connu. Durant deux ans et demi, les auteurs ont reconstitué minutieusement les trajectoires du "Chinois" et du "Tunisien", qui furent les leaders du groupe islamiste radical à l'origine de l'attentat perpétré à la gare d'Atocha. L'analyse détaillée de plus 100 000 pages de documents juridiques, les

contacts avec des sources directes qui souvent s'exprimaient pour la première fois, ainsi que des visites au Maroc, en Tunisie, Turquie, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne à la recherche d'une histoire qui remontait au début des années 90, permettent de retracer le parcours psychologique des chefs de la cellule terroriste. Ces recherches ont abouti à un documentaire produit par la BBC, récompensé et diffusé par les télévisions de plusieurs pays.

● « The Politics of Spain » (La politique de l'Espagne). Richard Gunther et José Ramón Montero. Cambridge University Press. L'évolution de l'Espagne, d'une dictature autoritaire à une démocratie moderne, a représenté une grande avancée et a créé un modèle qui a servi depuis à d'autres pays en voie de transition démocratique. Ce manuel publié en anglais par Cambridge University Press, passe en revue les causes et les conditions qui expliquent la croissance politique de l'Espagne moderne, et analyse les caractéristiques essentielles de la démocratie espagnole actuelle : ses prin-


66 c publications

cipales institutions politiques, son système de partis, tant nationaux que régionaux, ainsi que les tendances dans le comportement électoral. Rédigé par deux experts en la matière, cet ouvrage est un guide indispensable pour les étudiants en politique, en histoire, en sociologie et culture espagnoles. Le manuel se divise en six chapitres : l'État et la démocratie en Espagne tout au long de son histoire ; le cadre constitutionnel ; la gouvernance à plusieurs niveaux : « Estado de autonomías » et Union européenne ; les partis et la stabilité démocratique ; les citoyens et la politique en Espagne et les politiques publiques et le processus de prise de décisions. ● « Atlas Cronológico de la Historia de España » (Atlas historique de l'Espagne). Éditions SM L'Académie royale d'Histoire présente, avec 446 pages

parfaitement aux besoins de la société de l'information et de la connaissance grâce à la composante technologique d'une partie accessible sur Internet.

en couleur et plus de 600 illustrations et 300 cartes, le premier ouvrage de référence répondant, avec le dictionnaire biographique espagnol, à l'un de ses objectifs constitutifs. L'atlas contient plus de 14 000 articles, classés chronologiquement, depuis la préhistoire jusqu'aux élections nationales de 2008, rédigés par les principaux spécialistes en Histoire des différentes universités et centres de recherche de tout le pays. Ce projet répond en outre

● « Economía Humanista » (Économie humaniste). José Luis Sampedro. Éditions Debate. José Luis Sampedro a à son actif une brillante carrière d'économiste depuis plus de soixante ans. Son travail dans ce domaine a toutefois été éclipsé par son énorme succès littéraire et sa dimension humaniste. Cette collection d'articles entend restituer cette facette de l'auteur en soulignant la lucidité et la profondeur de ses réflexions ainsi que la solidité de sa formation, l'originalité de ses approches, sans oublier son extraordinaire talent pour traduire des concepts économiques complexes dans un langage compréhen-

✱... indispensables à lire

● « Queremos informarles de que mañana seremos asesinados con nuestras familias » (Nous avons le plaisir de vous informer que, demain, nous serons tués avec nos familles). Philip Gourevitch. Éditions Debate (en français, chez Gallimard). En avril 1994 débutait au Rwanda le plus terrible génocide des dernières décennies. Selon les calculs les plus réservés, 800 000 personnes auraient trouvé la

mort. Presque 300 000 chaque mois, 10 000 par jour, 400 par heure, 7 morts par minute. Dans ce reportage – classique incontournable du journalisme contemporain – Gourevitch entreprend un voyage au cœur des ténèbres pour élucider les motifs de cet atroce bain de sang. Après plusieurs voyages au Rwanda et des centaines d'entretiens et de conversations avec les victimes et avec leurs bourreaux, cet ouvrage constitue un récit

saisissant, qui a remporté de nombreux prix internationaux. Philip Gourevitch (1961) est l'un des reporters et écrivains les plus importants du moment. Directeur du magazine The Paris Review et journaliste vétéran au New Yorker, il est aussi le co-auteur, aux côtés d'Errol Morris, d'une chronique sur les prisons américaines en Iraq, « La balada de Abu Ghraib » (en anglais : Standard Operating Procedure).

sible pour le néophyte.« Les travaux regroupés dans ce volume correspondent à un parcours d'enseignement qui s'est inspiré de l'esprit social de mes maîtres », déclare Sampedro, ce que reflète sa préoccupation pour l'écologie, les relations entre l'économie et la politique, la distribution des ressources, le développement et, plus particulièrement, son souci d'humaniser l'économie. ● « El espejismo multilateral » (Le mirage multilatéral). Javier Rupérez. Éditions Almuzara L'ambassadeur Javier Rupérez offre dans ce livre le récit de ses expériences aux Nations Unies comme autant de pistes de réflexions sur le vrai et le faux du prédicat multilatéral. L'auteur analyse le nouvel ordre mondial qui régit la planète en partant de l'idée qu'après une période d'hégémonie nord-américaine, le monde n'est plus ni unipolaire, ni bipolaire, mais multipolaire et fragmenté en plusieurs centres d'influence ; ce pour quoi il suggère la négociation multilatérale comme mode de décision. Selon l'ambassadeur Javier Rupérez, s'ouvre ainsi un


c publications 67 nouveau processus dans lequel les grandes questions internationales doivent être traitées par le consensus entre tous les acteurs. ● « Historia de un cambio posible. 15 años por el control del comercio de armas » (Histoire d'un changement possible, 15 années pour le contrôle du commerce des armes). Plusieurs auteurs. Intermón Oxfam. Cet ouvrage se fait l'écho des moments clés de ces 15 dernières années de campagnes et de mobilisations sociales menées depuis 1994 par les organisations non gouvernementales Intermón Oxfam, Amnistie internationale, Greenpeace, Médecins sans frontières, Fundació per la Pau et l'Escola de Cultura de la Pau de l'université autonome de Barcelone. Historia de un cambio est le fruit de 21 entretiens menés auprès de différents acteurs clés qui se sont unis pour obtenir plus de transparence et un plus fort contrôle du commerce des armes en Espagne. ● « Las empresas españolas y la responsabilidad social corporativa » (Les entreprises espagnoles et la responsabilité sociale d'entreprise). Plusieurs auteurs. Los Libros de la Catarata Les objectifs du Millénaire pour le développement sont une référence obligée pour tout effort de lutte contre la pauvreté mondiale. La cohérence des mesures constitue l'un des aspects fondamentaux pour parvenir aux objectifs fixés et, pour ce

faire, un acteur non étatique essentiel est l'entreprise. Cet ouvrage identifie les plans et les actions conçus par les entreprises afin de remplir ces objectifs. En outre, il recueille les initiatives locales menées en Amérique latine et propose une base de données des organisations latino-américaines qui travaillent dans le

domaine de la responsabilité sociale d'entreprise. ● « La voz pública de las mujeres » (La voix publique des femmes). Dolors Renau. Éditions Icaria L'absence des femmes de la vie publique a eu de graves conséquences pour le développement humain. Après des siècles de luttes, les femmes sont enfin en train d'accéder aux postes publics importants. Dans La voz pública de las mujeres, Dolors Renau se fait l'écho de l'histoire de cette moitié de l'humanité dont la voix a été étouffée et de sa connaissance de la valeur de la vie et de l'attention, tout en soulignant que celle-ci n'a cessé de lutter pour ses droits. Selon l'opinion de l'auteur, remettre l'être humain au centre de la vie politique et rapprocher les électeurs ne peut se faire sans les femmes ; sans ces femmes qui construisent

une nouvelle subjectivité politique et travaillent pour humaniser et civiliser la vie publique, pour éradiquer la violence et faire de chaque individu un être humain dont la dignité ne puisse jamais être remise en question. ● « Acción colectiva y desarrollo: el papel de las instituciones » (Action collective et développement, le rôle des institutions). José Antonio Alonso et Carlos Garcimartín. Éditions Complutense Les auteurs offrent une présentation lucide de l'un des champs les plus dynamiques de la littérature économique contemporaine : le développement institutionnel. L'ouvrage représente une contribution importante au débat international et reflète l'arrivée à maturité des études sur le développement en Espagne. L'une des conclusions les plus significatives auxquelles par-

viennent les auteurs indique que la légitimation de l'ordre institutionnel qui sous-tend le développement économique durable repose essentiellement sur une gestion adéquate du conflit distributif. ● « Agrocombustibles ¿Otro negocio es posible? »

(Agrocarburants, une autre voie est-elle possible ?). Mónica Vargas (dir.) Éditions Icaria Les agrocarburants font de nos jours l'objet de politiques publiques et de subventions, et leur production à grande échelle a été accélérée dans l'intention de réduire les émissions de gaz à effet de serre et contribuer ainsi à la réduction du changement climatique. Les auteurs du livre répondent à des questions telles que : Que sont les agrocarburants ? Leur efficacité énergétique est-elle satisfaisante ? Quel est leur impact écologique sur les ressources en eau ? Ces carburants sont-ils vraiment une réponse au réchauffement de la planète ? D'où vient la matière première ? Aident-ils à améliorer les conditions de vie des pays du Sud ? Quels sont les intérêts commerciaux en jeu ? Les agrocarburants généreront-ils une plus forte dette écologique ? La seconde génération apportet-elle une réponse adaptée ? Quelles perspectives s'offrent à nous en termes de souveraineté alimentaire et énergétique ? ● Poèmes de Matilda Gini Barnatán et Viviana Rajel Barnatán. Ibersaf Editores Sous le titre La ija i la madre komo la unya i la karne, les auteurs, deux Juives séfarades nées à Buenos Aires, publient soixante poèmes contemporains et inédits, écrits en langue judéo-espagnole, une langue qui a été capable durant des siècles de maintenir intact le sentiment d'appartenance à la diaspora séfarade.


68 e l'entretien

La plus ancienne correspondante de Televisión Española partage avec « Miradas al Exterior » sa vision du journalisme, avec la légitimité de ses 38 années d'expérience professionnelle. Après une vie entière au service de la rigueur de l'information et inquiète du traitement de plus en plus superficiel des informations internationales, Rosa María Calaf est toujours déterminée à faire comprendre aux citoyens l'importance de s'informer de ce qui se passe dans le reste du monde.

Rosa María Calaf « Pour intéresser les citoyens à l'actualité internationale, il ne faut pas aborder de grands sujets, mais parler des personnes »


e l'entretien 69


70 e l'entretien

Entretien réalisé par Beatriz Beeckmans

— Le journalisme vous a permis d'être un témoin privilégié du XXIe siècle. Comment voyez-vous cette profession, aujourd'hui ? — L'un des principaux problèmes du journalisme est la précipitation. Les technologies permettent une rapidité qui n'existait pas auparavant et cela est positif à bien des égards mais parfois, cela va entièrement à l'encontre de l'analyse et de la réflexion. Vous devez rendre compte des événements dès que vous arrivez quelque part, alors que vous n'êtes encore au courant de rien. Faire des directs à la descente de l'avion est exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire. Le temps dont vous disposez est très bref et la conséquence, c'est que les chroniques se raccourcissent et pour finir, vous ne faites plus que des titres, sans approfondir. — C'est particulièrement grave pour la couverture des sujets internationaux… — En effet. Lorsque vous parlez de sujets connus des auditeurs, vous n'avez pas à tout expliquer, mais lorsque vous parlez de sujets concernant l'étranger, vous devez situer le lieu et les personnes évoquées pour que les gens puissent comprendre et suivre l'information. Tout cela prend du temps et la conséquence est que la qualité de l'information s'en ressent. — On voit que vous être très exigeante à propos de la qualité. Selon vous, que pourrait-on faire pour améliorer l'information internationale ? — Il y a deux problèmes : L'un, c'est que les sujets internationaux intéressent de moins en moins, alors qu'ils devraient intéresser davantage. Ce qui se passe

aujourd'hui en Chine nous affectera demain. Étrangement, nous regardons de plus en plus notre nombril et nous sommes aujourd'hui plus intéressés par ce qui se passe « en face » ou à côté de chez nous. D'une part, il faut expliquer aux citoyens l'importance d'être au courant de ce qui se passe dans le monde. D'autre part, il faut profiter des avantages offerts par les nouvelles technologies pour enrichir l'information. — Vous êtes connue pour la clarté de vos chroniques. Je suppose que vous êtes d'accord avec Kapuscinsky lorsqu'il déclare qu'« il est erroné d'écrire sur quelqu'un avec qui l'on a pas partagé un peu de sa vie »... — Absolument. J'ai toujours cherché le contact humain car il me semble que pour comprendre la politique étrangère d'un pays, il faut connaître ce pays, ses habitants et savoir comment ils vivent. Le cas personnel de certaines personnes est plus facile à communiquer à l'homme assis dans le fauteuil de son salon. Il ne faut pas présenter de grands sujets ni de chiffres, mais les relier aux personnes qui sont, en définitive, ce dont le monde est fait. -— Quels mécanismes avez-vous trouvés pour communiquer l'actualité internationale auprès des citoyens ? —Il s'agit de chercher des sujets attractifs, les simplifier et les rendre faciles à comprendre en gardant l'essentiel de ce que les gens doivent savoir. Il faut essayer de les présenter de la manière la plus simple possible pour que tout le monde puisse se faire une idée de ce qui se passe, même si les gens ne savent pas de quoi vous parlez. À partir de là, ils peuvent approfondir grâce à la presse ou à des lectures, mais ils ont des éléments de départ. — Au-delà de la fonction d'information, quel est, selon vous, le rôle des moyens de communication dans la politique étrangère d'un pays comme l'Espagne ? — Ils ont une influence extraordinaire. Ce que l'on dit, la manière de le dire et ce que l'on tait peuvent avoir de grandes

conséquences. L'exemple le plus évident est celui du Vietnam et la réaction de la société américaine face à cette guerre... Il est certain que les médias ont une grande influence, d'où leur responsabilité et l'immense importance de chercher à être le plus sérieux et rigoureux possible. — Dans quelle mesure pensez-vous que les médias influencent l'agenda politique ? — Ce qui se passe actuellement ressemble à de la censure. Ce n'est pas que l'on vous dise « vous devez voir les choses de cette manière et les expliquer ainsi », mais c'est le choix des sujets dont on parle et de ceux dont on ne parle pas, voilà comment l'opinion publique est dirigée. Par exemple l'université de Sonoma, aux États-Unis, a un programme très intéressant intitulé « CENSORED, the news that didn't make the news » qui présente tous les ans les 25 sujets, extrêmement importants pour le développement des citoyens et d'une société saine, dont la presse n'a jamais parlé. — Je suppose qu'il s'agit là d'un combat mené durant toute votre carrière... — Oui, mais bien davantage, dernièrement. Il y a 10 ans, on parlait plus de ce qui était important, de l'essentiel et il y avait un certain suivi des informations. Plus maintenant. Les informations sont comme des mouchoirs en papier, on les utilise et on les jette et l'on ne traite que les nouvelles qui « font de l'audience ». Elles sont terriblement éphémères, on en parle pendant une semaine mais on ne revient jamais sur le sujet, ce qui ne signifie pas que le problème ait disparu, il a simplement disparu des écrans. Quoi qu'il en soit, TVE reste une petite oasis, parce que l'on peut y traiter de nombreux sujets impossibles à aborder sur d'autres chaînes. La section des informations internationales vous soutient et voit les choses clairement lorsque vous en discutez, mais pour son espace, elle doit se battre avec les autres sections – économie, politique nationale...– et elle est de plus en plus réduite. On finit par


e l'entretien 71 communiquer des rapports militaires, dire combien il y a eu de morts en Iraq mais qui sait ce qui se passe réellement là-bas ? Non, personne ne le sait parce que personne ne l'explique. — Vous croyez que le journalisme tend inévitablement vers cela ? — Je suis toujours optimiste et je crois que le moment viendra où la société se rendra compte que les citoyens sont en droit d'exiger une bonne information, si nous, qui en avons la responsabilité, en commençant par les entreprises journalistiques, l'alertons. C'est un droit aussi important que le droit à la santé ou à l'éducation, les citoyens ne doivent donc pas se laisser tromper par de pseudo-informations mais exiger crédibilité et rigueur. L'information n'a pas à être attractive, il faut la présenter de manière attractive et intéressante pour que les gens veuillent bien la recevoir, mais le but de l'information n'est pas de distraire sinon d'informer. — Je crois savoir que vous avez envisagé de devenir diplomate…. — Oui, de fait, j'ai étudié le droit car je souhaitais faire une carrière diplomatique que j'ai d'ailleurs commencé à préparer. L'un de mes professeurs était Pablo Barrios qui doit encore être diplomate, et j'avais pris des cours d'anglais et de français. Mais je faisais déjà des études de journalisme, je travaillais à la radio et j'avais des doutes. Je me suis tout de suite rendu compte que je préférais le journalisme, je me sentais moins corsetée et il me semblait que j'allais pouvoir être davantage moi-même (rires). — En outre, le journalisme vous a permis de vivre de façon très intense… — Je me sens très privilégiée d'avoir pu travailler dans un domaine qui me plaît et je ne peux séparer mon travail de ma vie, parce que c'est ma passion. Surtout d'avoir eu l'opportunité d'exercer ce métier à une époque où le journalisme était encore ce qu'il devrait être et en même temps, d'avoir eu la chance immense d'être sur place, lors d'événements historiques essentiels, de vivre l'histoire à la première personne. — Quels parallélismes établiriez-vous

« Il faut expliquer aux citoyens l'importance d'être informé de ce qui se passe dans le monde » « Le journalisme et la diplomatie sont des fonctions très complémentaires, mais chacun doit savoir où est sa place » entre la diplomatie et le journalisme ? — Je pense qu'il y en avait beaucoup auparavant, surtout en tant que correspondante d'une télévision publique telle que TVE, où l'on est presque un représentant de notre pays, dépendant des relations de celui-ci avec le pays dans lequel on se trouve. En Amérique latine, par exemple, où TVE a un poids extraordinaire, je suis plus reconnue pour ma participation aux forums auxquels j'ai été invitée que pour ma profession de journaliste. On attendait de moi que je représente la vision de l'Espagne, ce à quoi j'ai toujours répondu : « Pas question. Moi, je suis correspondante pour parler de vous en Espagne, pas pour parler de l'Espagne ici ». — Comment jugez-vous l'aide que vous avez reçue de nos représenta-

tions à l'étranger ? — En général, très positivement. Il y a toujours des personnes avec lesquelles on s'entend mieux ou moins bien, ou avec lesquelles on partage davantage son approche des sujets ou des pays. J'ai toujours eu recours à l'aide des ambassades et je crois que j'ai aussi beaucoup collaboré avec elles. L'important, c'est de marquer une frontière et que chacun reste à sa place : vous rendez service à l'ambassade et l'ambassade vous rend service, mais vous restez journaliste et vous conservez votre indépendance. — Je crois savoir que vous avez une relation particulièrement bonne avec Inocencio Arias, actuel consul général d'Espagne à Los Angeles… — Oui, je l'ai connu lorsque j'étais en Algérie et nous nous sommes ensuite rencontrés à plusieurs reprises. J'ai eu un accident terrible à Moscou et dès le début, il est intervenu, je lui suis donc personnellement reconnaissante pour de nombreuses raisons. J'ai d'excellentes relations avec de nombreux diplomates et j'ai beaucoup appris de plusieurs d'entre eux. Ce qui est important, c'est que chacun sache rester à sa place, mais il s'agit de fonctions très complémentaires. —Vous rappelez-vous un épisode significatif de collaboration avec les membres du service d'action extérieure de l'Espagne ? — Par exemple, sur le plan personnel, lors de la crise au Timor oriental, Miguel Rovira, de l'Agence Efe et moi-même sommes restés bloqués. L'ambassade en Indonésie, dont l'ambassadeur était Antonio Segura et la première conseillère Pilar Fuertes, ont fait tout ce qu'ils ont pu pour que nous puissions être évacués, ce dont je suis personnellement très reconnaissante. Sur le plan professionnel, j'ai toujours rencontré une excellente collaboration. Tout ce que peuvent vous apporter ceux qui vivent dans le pays depuis longtemps et qui le connaissent est inestimable. Parfois, le contact avec les premier ou deuxième conseiller est plus pratique, car les ambassadeurs sont toujours très


72 e l'entretien

occupés. Avec l'ambassadeur Leña, j'ai toujours eu une relation extraordinaire et il m'a énormément aidée lorsque j'arrivais sur place. Je me suis trouvée en même temps que lui dans des pays difficiles comme la Chine ou le Japon et il a toujours montré une grande générosité envers moi. C'est avec José Eugenio Salarich, actuel directeur général du MAEC pour l'Asie et le Pacifique, que mon contact a été le plus long et le plus fructifère, il m'a toujours été d'une grande aide. — En parlant de pays difficiles, comment avez-vous surmonté le défi de vous adapter à des lieux aussi différents en si peu de temps ? — Cela tient beaucoup à la personnalité de chacun. J'ai toujours été très adaptable et je crois que je le dois à ma curiosité insatiable. Il faut avoir une disposition pour l'humilité, arriver en sachant que l'on ne sait rien, et une extraordinaire curiosité, comme une éponge, cela vous permet de vous adapter rapidement. Il m'est arrivé de devoir me trouver, en dix jours, dans trois pays distincts et trois situations entièrement différentes : le tremblement de terre en Indonésie, le conflit au Timor et l'anniversaire du roi de Thaïlande auquel assistait la reine Sofía. Cela demande une capacité d'adaptation et cela illustre aussi à quel point l'information est éphémère. — Il est habituel que vous accompagniez les souverains dans leurs voyages. Quelle expérience en avez-vous retiré ? — J'ai un souvenir incroyablement bon des voyages avec la famille royale. Ils se sont toujours montrés très professionnels mais aussi très collaborateurs et personnellement, j'ai même reçu des démonstrations d'affection. Plusieurs voyages que j'ai effectués lorsque le prince et les infantes étaient enfants, parce que bien sûr, je fais cela depuis longtemps ! (rires) ont été particulièrement intéressants. Je me trouvais avec le prince lorsqu'il est entré au lycée au Canada et à plusieurs reprises au cours de l'année qu'il y a passée, et je l'ai suivi

lorsqu'il a embarqué à bord de l'Elcano, j'ai donc suivi son évolution. J'étais aussi présente lors du premier voyage officiel de l'infante Elena au Japon, il y a longtemps, et c'était très étrange, car il s'agissait de son premier voyage. L'infante Cristina a toujours été très intéressée par l'actualité et la reine également. Sa Majesté m'a souvent convoquée lors de ces voyages pour discuter et me questionner sur les problèmes du pays. Je crois qu'une grande partie de ce que fait Doña Sofía lors de ses voyages privés, qui concernent largement la coopération, est très utile. Vu de l'extérieur, beaucoup de gens les critiquent ou pensent qu'ils se résument à une photographie, mais je pense que dans certains cas, le rôle des personnalités internationales est fondamental comme au Cambodge, où la reine soutient les acteurs intervenant dans des domaines très durs comme le trafic de petites filles ou l'aide aux personnes blessées par les mines. — Votre dernier poste de correspondant se trouvait en Asie-Pacifique. Beaucoup de gens se demandent… Comment couvrir une zone géographique aussi vaste ? — S'il fallait bien faire, ce serait impossible, parce que l'on a pas le don d'ubiquité. Des choses se produisent simultanément, dont il faudrait rendre compte, mais vous ne le pouvez pas. L'amélioration des transports a en partie pallié cet inconvénient, mais le pire est la disponibilité totale demandée. Si vous ne dormez pas, vous ne dormez pas. Le travail sur « fiches » est aussi important. Je travaille à l'ancienne et même si j'utilise un ordinateur et si j'emporte mes disquettes et mes clés USB, j'emporte aussi mes fiches, car elles ne tombent pas en panne. J'ai beaucoup de fiches sur chaque pays et si je dois changer de sujet ou s'il se produit soudain quelque chose, j'ai un dossier tout prêt. Il est aussi fondamental, bien sûr, de cultiver les contacts, parler régulièrement avec des gens dans les pays qui

« J'ai toujours eu recours à l'aide des ambassades et je crois que j'ai aussi beaucoup collaboré avec elles » « Les médias ont une énorme influence sur la politique étrangère d'un pays, d'où leur responsabilité et l'importance d'être le plus rigoureux possible » m'intéressent le plus. — Comment pensez-vous que l'information internationale est affectée par le fait que la sécurité des journalistes ne peut être garantie dans de nombreux pays ? — C'est de plus en plus dangereux, mais il n'est pas vrai que notre vie est continuellement en jeu. Les conflits sont de plus en plus dangereux pour deux raisons : d'une part parce qu'il y a de plus en plus de journalistes, moins préparés et subissant davantage de pression de la part des entreprises pour être les premiers. En ce sens, la combinaison de la pression et du manque d'expérience est éminemment dangereuse. D'autre part, un journaliste était auparavant considéré comme un obser-


e l'entretien 73 vateur neutre, mais nous avons présenté les attentats contre nous comme une agression bien pire. Avant, le journaliste n'était pas un objectif mais à présent, celui qui veut attirer l'attention et avoir une certaine répercussion sait qu'il y parviendra s'il s'en prend à nous. C'est notre faute, nous sommes devenus une cible de choix en raison de l'écho produit lorsque quelque chose arrive à un journaliste, alors que ce n'est qu'un risque du métier. Il est aussi un fait que les conflits sont de plus en plus diffus. Auparavant, il y avait des fronts, on savait où se trouvait chaque camp. Maintenant, la violence est au cœur de la société civile, il meurt plus de civils que jamais. C'est la raison pour laquelle nous sommes habituellement en situation de risque. — J'en déduis que le manque de liberté d'information vous préoccupe plus que le risque… — Oui, il est bien plus important d'obtenir le maximum de connaissance et de précision pour ce que l'on rapporte. Autre horrible perversion, lancée par les Américains et les Japonais, est le fait de payer pour l'information, car cela la dénature complètement. Vous ne savez plus si les gens vous donnent des informations parce qu'on les paie ou parce qu'il s'agit de la réalité. Cela demande un double effort de vérification que l'on n'a pas le temps de réaliser, et cela ajoute au manque de rigueur. — Il y a quelques jours, nous avons célébré la Journée de la Femme, mais les faits restent décourageants : nous sommes toujours sous-représentées dans les cercles du pouvoir politique et économique et l'écart salarial entre hommes et femmes est encore énorme. Comment votre condition de femme a-t-elle joué sur votre carrière ? — Être une femme vous limite dans certaines situations, mais elles ont été peu nombreuses. Dans 97% des cas, j'ai fait ce que je voulais faire. Mais parfois, dans les pays où règne l'extrémisme islamique, par exemple, certaines personnes n'ont pas accepté que je

les interroge, je n'ai pas pu me rendre dans certains endroits, entrer dans certains lieux, et c'est le caméraman qui a dû s'en charger. Lorsque j'ai commencé, surtout dans le journalisme international, il n'y avait pas de femmes – aucune en Espagne et très peu dans le reste du monde – mais aujourd'hui, nous sommes majoritaires, mais peu représentées aux postes de direction. Il faut donc continuer à nous battre et insister, parce que l'égalité est une question d'éducation. — Précisément, la lutte pour une égalité réelle entre hommes et femmes est l'un des principes directeurs de la présidence espagnole du Conseil de l'Europe l'an prochain. Qu'attendezvous d'autre de ce mandat ? — J'attends que l'on ne se concentre pas sur la crise économique et que l'on ne se contente pas de rustines, car le risque est que l'on consacre tous les efforts à l'immédiat. Ce sujet est sérieux et exige des actions, pas seulement pour résoudre les problèmes présents, mais pour le long terme. J'aimerais bien qu'il y ait des accords concernant d'autres sujets. — Selon vous, quel rôle aura l'administration des États-Unis dans les années à venir ? — Il sera important car les États-Unis ont peut-être perdu de l'influence et leur statut a changé, mais ils restent la plus grande puissance et ce qui se passe dans ce pays nous concernera tous. Je crains que l'on n'attende trop d'Obama, comme s'il avait une baguette magique, le pauvre. Il faut voir que seul, il ne pourra presque rien faire et que de nombreux pouvoirs, en arrière plan, conditionnent son action. Il est très important que les ÉtatsUnis sortent de cette crise, mais il est évident que l'Europe doit prendre conscience du fait qu'elle doit jouer son propre rôle et ne pas toujours être à la traîne. Les États-Unis sont partis à la dérive, dernièrement ; ils ont touché le fond dans tous les domaines : politiquement et comme modèle moral et éthique. Tout a été tellement dénaturé qu'il faut

revenir à la culture de l'effort, à l'éthique et au fait que tout n'est pas qu'économie. Les politiciens sont devenus des hommes d'affaires et oublient en cours de route que tout n'est pas que real politik. — La dernière étape de votre carrière s'est déroulée en Asie. D'après votre expérience, comment percevez-vous nos relations avec la région de la planète présentant la plus forte croissance ? — Il y a beaucoup à faire. Les relations avec les différents pays en général sont bonnes, il n'y a pas de contentieux sérieux et ils ont une bonne image de nous, nous leur sommes sympathiques, mais nous sommes des inconnus, surtout en tant que pays moderne. Il y a encore beaucoup de topiques, de stéréotypes, il n'existe pas de marque-pays établie. Nous sommes arrivés très tard, bien plus que la France, l'Italie ou l'Allemagne et si toutes les présences sont économiques, les entreprises espagnoles sont bien moins audacieuses. Comme dynamique générale, il n'y a pas d'activité comparable à celle des autres pays. Cela s'améliore, mais très lentement et de façon encore trop insubstantielle, avec des actions ponctuelles, mais sans aucun suivi. — Comment nos entreprises pourraient-elles mieux se positionner sur ce marché, selon vous ? — En travaillant sur la connaissance, ce qui implique un investissement à long terme dans des domaines importants. En se montrant responsable vis-à-vis des contacts, car j'ai vu de nombreux cas d'entreprises qui sont arrivées et ont établi des contacts mais ont fait preuve ensuite d'un grand manque de sérieux ou n'ont pas pu respecter leurs engagements. Les régions autonomes compliquent aussi les choses, car nous transportons à l'étranger une grande partie des tensions existant ici entre les régions, ce qui est très négatif. D'autre pays arrivent et présentent leurs produits alors que nous arrivons avec un pavillon pour Madrid, un pour la Catalogne… et comme ce sont des pays ou des régions dans lesquels


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nous sommes très peu connus, ils ne comprennent pas ce que cela signifie au juste. — Quel intérêt pour l'apprentissage de l'espagnol avez-vous perçu dans cette région du monde ? — En Asie, surtout en Chine, il y a une forte demande pour apprendre l'espagnol, je crains toutefois que cela ne soit pas pour l'espagnol en soi, mais pour pénétrer le marché latino-américain. Les inscriptions ont augmenté, mais ce n'est pas non plus le grand boom. En Chine, l'Institut Cervantès compte moins d'étudiants que le Goethe Institut. Aux Philippines, par exemple, où pour des raisons historiques il devrait y avoir un fort intérêt, l'Institut Cervantès a bien des étudiants, mais si la demande s'accroît, c'est parce que les gens apprennent l'espagnol pour travailler dans les centres d'appels des grandes entreprises s'adressant au marché latino-américain. Il y a amélioration, mais elle est lente et nous devons investir. — Vous avez précisément choisi les Philippines pour votre dernière émission sur TVE... Pourquoi ? — Oui, je souhaitais le faire depuis des années, en raison des liens historiques indéniables et de l'oubli total dans lequel nous les tenons, alors qu'elles constituent l'une des priorités du Plan Asie, ce qui se traduit en réalité par bien peu d'action. Elles sont en outre dans une période de crise humanitaire terrible, avec 350 000 personnes déplacées par le conflit de Mindanao, plusieurs problèmes graves de démocratie, comme les assassinats d'activistes et de journalistes et des tensions ainsi qu'un clientélisme qui n'ont encore pu être éradiqués. S'il se passe beaucoup de choses aux Philippines, il y a un désintérêt total de la part des médias espagnols, il me semblait donc qu'il était nécessaire d'y consacrer une émission. Comme cadeau d'adieu, puisque j'insistais depuis longtemps, TVE m'a demandé de le faire. Cela a été très rapide et n'a été possible que grâce à la collaboration de mon caméraman, de ma pro-

ductrice et de l'ambassadeur qui nous a beaucoup aidés en ce qui concerne l'aspect officiel. — L'un des derniers événements auxquels vous avez assistés en tant que journaliste a été les Jeux olympiques de Pékin, à une période particulièrement intéressante… Dans quelle mesure la couverture était-elle contrôlée ? — La sensation et la préoccupation de tous les journalistes présents était que tout était concentré sur le sport, ce qui est logique, sur le spectacle et les affaires tournant autour des jeux, alors que l'aspect social et politique étaient oubliés. TVE m'avait demandé de faire un reportage hebdomadaire intitulé : « Juegos con dos caras » (jeux à deux visages), parce qu'il y avait réellement deux faces : l'une positive et l'autre négative, où ressortaient la répression et le mépris pour les droits de l'individu. Nous avons dû nous battre pour traiter ce type de sujets. Nous avons fait ce que nous avons pu, mais nous en avons tous retiré l'impression que nous aurions dû accorder plus d'importance à cet autre visage de la Chine et ne pas abandonner face à l'immense triomphalisme et à la posture de soumission du monde devant à ce pays auquel on permet de commettre des actes que l'on n'autoriserait à aucun autre pays. Il faudrait rappeler une série de faits qui doivent au moins être connus. Une chose n'empêche pas l'autre : ils ont organisé des Jeux fantastiques et la Chine a progressé dans plusieurs domaines. Les Chinois n'ont jamais été aussi libres qu'aujourd'hui dans leur vie privée, ils peuvent par exemple se marier avec la personne qu'ils désirent, mais il y a toujours de la répression et un contrôle ainsi que plusieurs autres points dont il conviendrait de parler davantage. — Après 24 années comme correspondante, le Rapport de régulation de l'emploi (ERE) de TVE, vis-à-vis duquel vous vous êtes toujours montrée critique a été accepté bon gré, mal gré… — L'ERE est en principe volontaire

mais quand il a été proposé, il y a deux ans, il s'agissait d'un volontariat très relatif. Je l'ai accepté parce que je n'avais pas d'autre choix. La nouvelle direction m'a proposé de rester pour couvrir l'année olympique en Chine. Alors que je partais définitivement, elle m'a proposé de continuer jusqu'à ce que je prenne ma retraite, mais j'ai toujours été très critique vis-à-vis de l'ERE, pas tant pour moi, qui ai 63 ans et demi, que pour ceux qui en ont 50 et qui sont en pleine possession de leurs facultés. Rester ne me paraissait pas cohérent avec ma position, je suis donc partie volontairement, comme l'ont fait les autres. Mais je suis entièrement opposée à ce plan. Il représente la décapitalisation de l'entreprise publique et le gaspillage de tout ce qui a été investi pour former des professionnels. Cela semble impensable à nos collègues de la BBC ou des chaînes de télévision américaines. L'autre jour, l'un des journalistes mythiques de la radio américaine est mort : Paul Hardy avait 82 ans lorsqu'il a signé un contrat de 10 ans avec CBS comme principal commentateur de la chaîne. Non seulement on ne l'a pas mis à la retraite, mais on a exploité ses compétences jusqu'à la fin alors que nous jetons par-dessus bord énormément de choses. — Comment allez-vous transmettre votre expérience aux nouvelles générations ? — Je suis tellement reconnaissante pour toutes les opportunités dont j'ai bénéficié que je pense avoir l'obligation d'en rendre une partie. Je crois que l'université est une voie pour apporter tout ce qu'il me sera possible aux jeunes, en parlant surtout de questions que l'on n'aborde pas, comme l'éthique. Mais aussi en participant à des colloques et à des séminaires et tout ce qui implique un contact avec les gens : rapprocher cette profession des citoyens pour qu'ils se rendent compte qu'ils en ont besoin et qu'ils doivent exiger une grande qualité. Ensuite, continuer à voyager parce que c'est l'une de mes grandes passions.


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Rosa María Calaf, dans la dernière étape de sa carrière à la télévision, en tant que correspondante en Asie pour TVE. Les photographies illustrent son travail au Népal et en Thaïlande. PHotoS ángel zorita et Miguel Torán.

le profil de rosa marÍa calaf Rosa María Calaf est la plus ancienne correspondante de Televisión Española. Née à Barcelone, elle a une maîtrise de droit, de journalismeet de sciences politiques qu'elle a étudiées à l'Université de Californie, à Los Angeles (UCLA). Elle a suivi un master en institutions européennes à l'Université libre de Bruxelles (ULB). Elle a fait partie de l'équipe qui a fondé la télévision de Catalogne TV-3, en tant que directrice de la programmation et de la production. À TVE, où elle est entrée en 1970, elle a été correspondante dans des villes aussi diverses que New York, Moscou, Buenos Aires, Islamabad, Rome, Vienne, Hong Kong et Pékin. Entre autres signes de reconnaissance, elle a reç le prix Ondas pour le meilleur travail professionnel en 2001 et le prix de Casa Asia pour sa couverture du tsunami qui a dévasté le Sud-Est asiatique en décembre 2004. En 2007, elle a été récompensée par le

prix Cirilo Rodríguez du meilleur travail de correspondant et d'envoyé spécial à l'étranger. Lien avec l'Asie pour des milliers de téléspectateurs durant la dernière étape de sa carrière, elle a pris sa retraite le 31 décembre dernier après avoir fait ses adieux avec un reportage sur le conflit du sud des Philippines. Elle a signé volontairement le Rapport de régulation de l'emploi (ERE) de TVE, mais elle l'a ouvertement critiqué parce qu'elle pense qu'il signifie « renoncer à la mémoire et à l'expérience de l'entreprise ». Extrêmement reconnaissante pour l'opportunité qu'elle a eu de vivre l'histoire à la première personne, elle se sent à présent « obligée de rendre à la société un peu de ce qu'[elle] a appris ». Elle a été récemment nommée Présidente du Centre international de la presse de Barcelone (CIPB), fonction à laquelle elle remplace son ami le journaliste Xavier Batalla. Rosa María Calaf considère qu'« une journaliste ne prend jamais sa retraite ».


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GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

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Recuerda que en el extranjero

Tu Embajada puede ayudarte -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

Los s consulados pueden > Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país > Prestar asistencia a detenidos > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación > Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos, así como otros trámites administrativos. Infórmate en > www.maec.es


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