MIRADAS AL EXTERIOR_10_FR

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération AVRIL-JUIN 2009. N˚10. www.maec.es

La commémoration des bicentenaires latino-américains constitue une opportunité de réflexion autour du passé, du présent et de l'avenir du continent. L'énergie que peut apporter chaque pays de la communauté ibéroaméricaine permettra d'établir des relations destinées à replacer notre identité commune au rang qui lui revient à l'échelle mondiale.

« Une excellente occasion de développer nos relations », Juan Carlos. « Un même regard tourné vers l'avenir nous unit », J. L. Rodríguez Zapatero. « L'heure est venue pour l'Amérique latine de partager le nouvel Occident avec les pays de culture anglaise », Miguel Ángel Moratinos. « Une occasion de célébrer la diversité, essence de l'espace ibéro-américain », Enrique Iglesias. « Le capital humain est notre meilleur atout », Felipe González.

Bicentenaires : De l'énergie pour l'Amérique latine ACTION EXTÉRIEURE > Espagne-Afrique : une relation de plus en plus prioritaire > Le nouveau Parlement européen entame son mandat > Le MAEC diffuse la campagne « Votre ambassade peut vous aider » SOCIÉTÉ ET CULTURE > Dernière étape pour la candidature de Madrid 2016 > Abengoa, l'innovation espagnole au service du développement durable > L'œuvre de Lope de Vega en tête d'affiche des festivals cet été L'ENTRETIEN> Antonio Brufau : « L'UE exige une politique énergétique commune »


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les chiffres et l'image LE CHIFFRE

LA DATE

EPHÉMÉRIDE

240 millions d'euros

30 mai

30

C'est le montant que le président du gouvernement espagnol a annoncé pour l'action contre la faim en Afrique sub-saharienne au cours des trois prochaines années.

Voici 27 ans que l'Espagne fait partie de l'OTAN. Depuis, l'Espagne a participé de façon active à plusieurs missions de maintien de la paix.

des premières élections démocratiques au Parlement européen. Depuis 1979, les eurodéputés sont élus au suffrage universel direct.

L'image

anniversaire

PHOTO EFE

L'Institut Cervantès de Madrid, organisme rattaché au ministère des Affaires étrangères et de la coopération, s'est paré pour fêter le « Jour de l'espagnol », célébration visant à renforcer le dynamisme de notre langue et son expansion croissante dans le monde. Diverses activités ont été programmées au cours de cette journée, célébrée dans plus de 60 centres de l'Institut Cervantès répartis dans 43 pays, avec des concerts, des projections de films et des activités ludiques. L'espagnol est actuellement parlé par plus de 450 millions de personnes dans le monde et figure comme langue officielle dans 23 pays.

RÉdaction> Directeur : Julio Albi de la Cuesta. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Rédaction : Beatriz Beeckmans. Collaborateurs : Alejandra M. García Fuertes, Luis T. Melgar, Virginia Castrejana, Jacobo García, M. Ángel Nieto, I. Gómez et Ángel Zorita. diRection > Direction générale de la Communication extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée et imprimée par la Dir. générale de la communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al Exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. couRRiel > opinion.miradas@maec.es > NIPO: 501-09-007-7


sommaire 3

42 > Dernière étape pour la candidature de Madrid 2016 46 > L'Espagne à l'avant-garde de la formation en gestion d'entreprise 50 > L'œuvre de Lope de Vega en tête d'affiche des festivals cet été. 54 > Abengoa, l'innovation espagnole au service du développement durable.

68 > Antonio Brufau, président du groupe Repsol. « L'UE exige une politique énergétique commune. « La politique extérieure d'un pays se voit toujours renforcée par la présence économique.

l' entretien

coopération

40 > Entretien avec Jakob Kellenberger, président du Comité international de la Croix-Rouge

action extérieure

en couverture

6 > Bicentenaires : de l'énergie pour l'Amérique latine. La commémoration des Bicentenaires latino-américains invite à réfléchir sur le passé, le présent et l'avenir du continent

38 > Les femmes députées débattent à Madrid pour l'égalité des sexes.

culture et société

14 > Espagne-Afrique : une relation de plus en plus prioritaire. 18 > Le MAEC diffuse la campagne « Votre ambassade peut vous aider ». 22 > Le nouveau Parlement européen entame son mandat. 26 > Ambassade d'Espagne en Jordanie. 30 > Entretien avec l'ambassadeur de Suède en Espagne.

conseil ÉditoRial > Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier vice-président : Directeur général de la communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinet du secrétariat d'État aux affaires étrangères, du secrétariat d'État à la coopération internationale, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur général de l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement.


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éditorial

Que pouvons-nous faire ensemble ? Felipe González

AMBASSADEUR ExtRAoRDinAiRE Et PLéniPotEntiAiRE PoUR LA CoMMéMoRAtion DES BiCEntEnAiRES DES inDéPEnDAnCES DES RéPUBLiqUES LAtino-AMéRiCAinES

L'Espagne et les pays latinoaméricains qui commencent à célébrer le Bicentenaire de leur indépendance ont de nombreux points communs : l'histoire de tant d'années passées ensemble, la langue, la culture multiethnique, la démocratie dans la plupart des pays, etc. Nous avons même partagé, il y a 200 ans, la première vague de droits affirmant l'égalité des êtres humains devant la loi et établissant la souveraineté du peuple, l'explosion d'un désir de liberté, au sens libéral de l'époque, face aux pouvoirs absolutistes qui pénétraient la péninsule Ibérique : c'était là l'expression maximale du désir de libération surgi de l'autre côté de l'Atlantique et aux Cortes de Cadix,

avec la participation latino-américaine. Nous devons à présent affronter l'avenir sans renier notre passé commun, avec ses mésaventures historiques, que nous ne devons pas oublier afin de ne pas commettre les mêmes erreurs. Sans avoir besoin de remonter aussi loin dans le temps, nous avons partagé l'expérience de ces trente dernières années. Il y a presque vingt ans, le Mexique inaugurait les premiers Sommets latino-américains et il convient de saluer cet effort du pays nordaméricain, grâce auquel nous disposons d'un espace de rencontre pour décider des actions que nous souhaitons mener. La réponse à la question qui sert

de titre à cet article est claire : Tout ce que nous voulons ! et, concernant l'avenir, tout ce nous déciderons de faire. Nous disposons déjà des mécanismes, dans le domaine de la coordination politique, de l'éducation, de la protection sociale, de la santé... il ne nous reste qu'à les améliorer. Nous partageons les mêmes attentes et une même volonté de mettre en place ensemble les projets décidés entre tous. L'histoire de ces trente dernières années a porté ses fruits : nous avons retrouvé les libertés tout en commençant à vivre, depuis cet étrange fin de XXe siècle qui a débuté en 1989. La récupération des libertés, de la citoyenneté, la victoire sur les tentations auto-


éditorial 5

Nous devons affronter l'avenir sans oublier notre perspective commune, avec ses nombreuses mésaventures historiques, que nous ne devons pas oublier afin de ne pas commettre les mêmes erreurs. Le meilleur atout stratégique dont nous disposons pour faire face à l'avenir est le capital humain, avec un même fonds culturel, et ces liens qui nous relient. Nous devons améliorer le fonctionnement de l'État et de l'administration publique et garantir la sécurité physique face aux menaces de toute sorte.

ritaires (que l'on ne surmonte jamais tout à fait), la généralisation du droit de vote et l'élection des représentants constituent la base solide sur laquelle il est possible de poursuivre la conquête de nouveaux objectifs de progrès, pour de nouveaux droits et devoirs, pour plus d'éducation et de justice sociale. Nous sommes en train de vivre une révolution technologique qui a modifié les relations entre les être humains, les pays, les entreprises, les différents continents et nous devons affronter l'avenir de nos sociétés en relevant les défis de notre époque. Le premier d'entre eux est la crise économique mondiale qui nous touche tous et qu'il convient d'affronter avec le plus grand réalisme et le plus de transparence possible. Le meilleur atout stratégique dont nous disposons pour faire face à l'avenir est le capital humain, avec un même fonds culturel et ces liens qui nous relient. En ce sens, l'accord de l'Organisation des États ibéro-américains (OEI) pour l'éducation, la science et la culture qui met en place un important projet à l'occasion des Bicentenaires des Indépendances de la majorité de ses pays membres revêt une importance particulière. L'objectif de ce projet est de faire de la génération des Bicentenaires l'une des mieux formées de l'histoire. Car c'est l'une des grandes variables stratégiques pour sortir plus forts de cette crise : l'éducation des nouvelles générations. La crise est aussi l'occasion de lancer des réformes profondes capables d'éclaircir l'horizon des prochaines années pour la région, sur la base d'un modèle de croissance créateur d'emploi et

redistributeur de la richesse générée par l'investissement, tout en dynamisant le développement des infrastructures et en agissant dans les domaines de l'énergie, des communications, des télécommunications et de l'eau. Les carences en infrastructures de communication sont patentes pour les routes, les autoroutes, les ports, les aéroports, les voies fluviales, etc. Elles agissent comme un goulet d'étranglement pour le développement des pays et sont encore plus significatives dans leur dimension supranationale. Nous devons améliorer le fonctionnement de l'État et des administrations publiques en vue de garantir la sécurité physique face aux menaces de la délinquance de toute sorte et la sécurité dans les relations qui unissent les citoyens du point de vue juridique ou entre ceux-ci et les administrations publiques. Assurer, en somme, la garantie d'une justice appliquée de façon impartiale et efficace. La prévisibilité doit être une forme commune d'action des autorités politiques. Elles doivent garantir la sécurité des investissements et des entreprises qui s'établissent dans la région. Nous devons renforcer l'intégration régionale en surmontant les difficultés des processus d'intégration sous-régionale, de même que la faiblesse des relations intra-commerciales entre l'Amérique latine et les Caraïbes, le manque d'infrastructures reliant l'ensemble du territoire ou encore la méconnaissance des acteurs politiques, économiques et sociaux qui composent la réalité des autres pays sont autant d'obstacles à surmonter pour poursuivre le développement de nos sociétés au XXIe siècle.


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P en couverture

La commémoration des Bicentenaires latino-américains constitue une opportunité de réflexion autour du passé, du présent et de l'avenir du continent. L'énergie que peut apporter chaque pays de la communauté ibéro-américaine permettra de développer des relations destinées à replacer notre identité commune à la place qui lui revient à l'échelle mondiale. Juan Romero de Terreros. Ambassadeur. commission nationale d'espagne pour les Bicentenaires.

Bicentenaires : de l'énergie pour l'Amérique latine Vers une coordination des Commémorations Comme le précise le professeur Juan Paz y Miño, historien équatorien et secrétaire du Comité exécutif du Bicentenaire pour l'Indépendance de son pays, la commémoration du début comme de l'évolution des processus d'émancipation latino-américains est un fait particulier au continent américain, et surtout un fait propre à chacun des pays qui le composent. Les Bicentenaires qui vont être remémorés sont des faits historiques essentiels qui constituent les racines nationales de chaque République américaine, et que chacune comprend à sa manière. C'est donc à chacune de décider du traitement de son Bicentenaire. La chronologie et les événements qui ont marqué le processus d'émancipation des futures Républiques ont été différents selon les régions et les époques, même si l'on peut parler d'un projet continental d'indépendance, comme celui Bolivar, du moins dans

les pays qui seront plus tard appelés Pays andins, et dans les pays du Cône Sud. Mais c'est aussi un fait historique que les indépendances ont donné naissance à des Républiques américaines qui veillent jalousement sur leur indépendance nationale. Et que la commémoration du premier centenaire indépendantiste, en 1910, avait été mise en œuvre par chaque État, ce qui se reproduira à l'occasion de cette commémoration du Bicentenaire des Indépendances américaines, au XXIe siècle. L'Espagne n'est pas étrangère à ce processus historique, ni à son origine, ni à sa projection actuelle vers l'avenir, comme il est bien compréhensible. Si elle y est invitée, elle accompagnera les célébrations nationales américaines. Il est bon d'analyser en profondeur le processus indépendantiste, ses causes complexes et ses conséquences majeures, mais l'essentiel de notre attitude

est notre disposition à travailler et coopérer pour construire l'avenir. Et non seulement l'avenir meilleur que nous souhaitons pour tous les peuples et les pays d'Amérique, mais aussi l'avenir des relations réciproques entre ceux-ci et l'Espagne pour réaliser les objectifs essentiels de ces commémorations, selon notre point de vue : nous efforcer de mettre en œuvre des programmes en vue d'améliorer l'éducation, les connaissances technologiques et d'accroître substantiellement la coopération au développement. L'évolution institutionnelle des processus intégrateurs en Amérique, qui ont commencé il y a déjà cinquante ans et qui parviennent à maturité ces dernières décennies, semblent toutefois aller dans le sens de la convergence, pour que les Bicentenaires soient aussi commémorés dans le partage. Cette nouvelle caractéristique est apparue à l'occasion du Sommet latino-américain


P en couverture 7 qui s'est tenu à Santiago du Chili et au cours duquel a été signée la Déclaration de Valparaiso, le 26 juillet 2007, officialisant la création du Groupe Bicentenaire. Le premier acte du Groupe a été signé à Santiago du Chili, le 5 décembre 2007, par : l'Argentine, l'Équateur, la Bolivie, le Chili, le Mexique et le Venezuela. Ce Groupe Bicentenaire initial a jugé opportun d'inviter d'autres pays à constituer des Commissions nationales pour leurs Bicentenaires respectifs, et à partager leurs informations sur les activités qu'ils souhaitaient organiser, tout en étudiant la possibilité de mettre en œuvre des projets concrets relatifs au Bicentenaire dépassant le cadre national. Pour compléter cette idée de Groupe ouvert, ont aussi été invités, en tant qu'observateurs, des organismes des Nations Unies impliqués en Amérique latine ainsi que des organismes interaméricains. Ont ainsi été progressivement incorporés aux réunions, en tant qu'observateurs : la SEGIB (Secrétariat général latino-américain), l'Organisation de l'Éducation latino-américaine, le PNUD, l'UNESCO, MERCOSUR CULTUREL et L'UNION LATINE. Le Paraguay, qui avait signé la Déclaration de Valparaiso, au Chili, a ensuite été admis comme pays membre du Groupe. L'Espagne, invitée à titre d'observateur actif dans toutes les réunions du Groupe, a accepté la proposition, réitérée au début de l'année 2009, de devenir pays membre et a participé, en tant que dixième pays du Groupe Bicentenaire, à la réunion de Buenos Aires, les 28 et 29 avril derniers. Le Groupe n'a cessé de se réunir depuis sa création en 2007. À Sucre, en Bolivie, les 24 et 25 mai 2008 ; à Quito, en Équateur, les 8 et 9 août et à Mexico, les 9 et 10 septembre, après la première réunion de coordination des pays latino-américains pour l'étude de la création de la Commission latino-américaine des Bicentenaires des Indépendances. Une réunion s'est aussi tenue au Salvador, à l'occasion du Sommet latino-américain, même si cette rencontre n'était pas considé-


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calendrier des indépendances Argentine 25 mai 1810 (premier gouvernement de la Patrie) 9 juillet 1816 (Déclaration d'Indépendance) Bolivie 25 mai 1809 (Cri libérateur à Chuquisaca) Brésil 7 septembre 1822 (proclamation) 29 août 1829 (reconnaissance) Chili 18 septembre 1810 (première Junte) 12 février 1818 (Déclaration d'Indépendance) Colombie 20 juillet 1810 (déclaration) 7 août 1819 (définition) Costa Rica 15 septembre 1821 1er juillet 1823 (le Congrès d'Amérique centrale déclare l'indépen dance vis-à-vis de l'Espagne, du Mexique et de toute autre nation) Cuba 20 mai 1902 (Proclamation de la République) 1898 (intervention des États-Unis et défaite espagnole) Équateur 10 août 1809 24 mai 1822 (bataille de Pichincha) Salvador 15 septembre 1821 1er juillet 1823 (le Congrès d'Amérique centrale déclare l'indépen dance vis-à-vis de l'Espagne, du Mexique et de toute autre nation) Guatemala 15 septembre 1821 1er juillet 1823 (le Congrès d'Amérique centrale déclare l'indépen dance vis-à-vis de l'Espagne, du Mexique et de toute autre nation) Honduras 15 septembre 1821 1er juillet 1823 (le Congrès d'Amérique centrale déclare l'indépen dance vis-à-vis de l'Espagne, du Mexique et de toute autre nation) Mexique 16 septembre 1810 (Cri libérateur) 27 septembre 1821 (Déclaration d'Indépendance) Nicaragua 15 septembre 1821 1er juillet 1823 (le Congrès d'Amérique centrale déclare l'indépen dance vis-à-vis de l'Espagne, du Mexique et de toute autre nation) Panama 3 novembre 1803 (Nation indépendante et souveraine, 28 novembre 1821 (Indépendance vis-à-vis de l'Espagne) séparée de la Grande Colombie) Paraguay 14 mai 1811 (soulèvement militaire) 3 octobre 1813 (tenue du Congrès) Pérou 28 juillet 1821 9 décembre 1824 (bataille d'Ayacucho) Rép. dominicaine 27 février 1844 Indépendance vis-à-vis de Haïti Uruguay 25 août 1825 28 août 1828 (reconnue. Convention préliminaire de paix) Venezuela 5 juillet 1811 (signature de l'Acte de Déclaration d'Indépendance)

rée comme une réunion officielle du Groupe. En 2009, le Groupe Bicentenaire a donc organisé sa IVe réunion à Buenos Aires. L'Espagne a invité le Groupe Bicentenaire à visiter notre pays, dans le cadre du Programme de visites de la Fondation Carolina. Elle a spécialement invité le Groupe à la cérémonie institutionnelle organisée le 11 mai pour commémorer le début des Bicentenaires des Républiques latinoaméricaines. Le Groupe avait décidé que l'année 2009 marquerait le début des commémorations des processus d'émancipation des pays latino-américains. Le Groupe Bicentenaire dispose depuis sa création d'un secrétariat temporaire et tournant chaque semestre entre les pays membres. Ses travaux sont concentrés autour de trois axes thématiques :

Propositions de débat et de réflexion, sous le titre de « Dialogues du Bicentenaire », dans lesquels interviennent universitaires, hommes et femmes politiques et écrivains du continent, dont les interventions constituent le principal apport de réflexion du Groupe, avec le projet de créer une collection du même nom, dans un format unique, qui sera éditée et distribuée dans les pays membres. Projet d'un timbre commémoratif : Les pays membres du Groupe ont décidé d'adopter un timbre commun portant la même devise : « Libres et unis », que les organismes philatéliques de chaque pays émettront et mettront en circulation en 2010. Projets culturels : Plusieurs programmes intéressants sont prévus à l'occasion des Bicentenaires : échanges de plasticiens, de musiciens, d'écrivains, etc., entre les pays du Groupe,

ainsi que des projets concernant l'ensemble des pays, et qui seront définis très prochainement. Le Groupe Bicentenaire dispose d'un site Internet (www.grupobicentenario.org) où chacun des pays membres présente des informations essentielles concernant son Bicentenaire et les activités qu'il organise. Les pays membres du Groupe seront convoqués par le Mexique aux événements directement liés aux processus d'indépendance, qui se tiendront cette année et surtout en 2010 et vis-à-vis desquels le Groupe devra assumer un plus grand rôle pour définir les projets déjà programmés. C'est ainsi que nous parviendrons à créer, même modestement, un certain esprit de coopération et de collaboration entre les pays qui célèbrent le début de leur émancipation, esprit qui n'existait pas il y a seulement deux années.


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Le besoin d'avenir Héctor Aguilar Camín ÉCRIVAIN

Je crois que la crise mondiale nous a tous perturbés. La confusion est mondiale, elle touche aussi l'Amérique latine. Cette confusion va de pair avec mon inquiétude concernant mon pays, sur l'absence de littérature qui le conduise vers un lieu non seulement clair, mais surtout désirable. Au Mexique, nous avons abandonné la littérature épique de la Révolution mexicaine. La crise de 1995 a tué la littérature épique de la modernisation et, depuis 2000, nous en sommes à la littérature épique de la démocratie. À présent, nous raclons le désenchantement de la littérature épique démocratique, parce que cette démocratie ne parvient pas à produire une société sûre et prospère. Elle ne parvient pas à créer un État solide, ni une économie profitable. De sorte que nous errons sans but et sans littérature épique, autre façon de dire que nous errons sans gouvernance, au sens historique du terme, gouvernance qui crée l'avenir et fait l'histoire pour de bon. Il y a pire, bien sûr, que ce manque de littérature et d'avenir. C'est ce que l'ex-président Fernando Henrique Cardoso appelle les « utopies régressives ». Une poignée de pays latino-américains marchent vers leur propre passé populiste. Ils en sont très conscients, mais ils retournent en arrière. Les autres ne semblent pas avoir l'élan des gouvernances contemporaines dont nous avons besoin, comme celle qu'il y eut en Espagne à partir de la transition. Je ne veux pas dire que, dans nos

pays, il n'y a pas eu de gouvernements visionnaires qui ont entrepris d'importantes réformes et obtenus de bons résultats. Ni qu'il n'y a pas de bons gouvernements. Ce que nous n'avons pas eu et que nous n'avons toujours pas, en partie en raison de la vitalité de nos démocraties, ce sont des littératures nationales ou supranationales mobilisant l'énergie sociale dans un sens clair et désirable. Les pays latino-américains ont connu, ces dernières années, croissance et stabilité économique, et même une amélioration de leurs indices sociaux, mais ils n'ont pas connu de mobilisation profonde de leurs sociétés vers la conquête de la modernité, entendue comme un bon équilibre entre démocratie, prospérité et équité. Nos institutions ne semblent pas capables de relever ce qui me paraît le trait collectif essentiel de nos sociétés. Je me réfère à l'épopée invisible que constitue l'effort quotidien de millions de Latino-américains, l'épopée du travail, cette disposition des masses à faire n'importe quoi pour trouver du travail, abandonner leurs villages et aller dans les villes, quitter les villes pour d'autres pays. Nos institutions sont à tel point éloignées de cette épopée qu'une bonne partie de celle-ci n'est pas reconnue par les lois. Elle est illégale. Je pense à l'immense continent d'effort et de travail, d'inventivité et d'esprit d'entreprise qui bouillonne dans l'économie parallèle et qui est aussi présent, bien sûr, dans l'économie officielle. C'est cette éthique

Je souhaiterais ne pas continuer à entendre comment lutter contre la pauvreté, mais plutôt comment construire la richesse ce que nos pays doivent faire lors des deux décennies à venir, chacun à sa manière, c'est ce que l'espagne a accompli lors de ces vingt dernières années.

du travail et de l'effort que l'on trouvait en Espagne et au Portugal il y a quelques décennies à peine, lorsque la meilleure part de l'énergie sociale de la péninsule migrait pour travailler ailleurs, cherchait ailleurs les possibilités de vie qu'elle ne trouvait pas dans son pays. C'est cette énergie sociale qui a fait déclarer à John Keneth Galbraith qu'il n'avait vu en aucune minorité de migrants aux États-Unis de disposition au travail aussi évidente que dans la minorité migrante mexicaine. Je crois qu'il faudrait construire à partir de cette vitalité qui constitue le fonds des aspirations légitimes de nos sociétés. Je souhaiterais ne pas continuer à entendre comment lutter contre la pauvreté, mais plutôt comment construire de la richesse. Vers où devons-nous aller ? Nous avons un exemple sous nos yeux. Les pays ibéro-américains, c'est-àdire l'Amérique latine plus l'Espagne et le Portugal, représentent 9,3 pour cent de la population mondiale et produisent 10,1 pour cent des richesses. Leur revenu moyen par habitant est de 9 167 dollars. Si tous ces pays avaient fait ce que l'Espagne a accompli ces vingt dernières années, l'ensemble ibéro-américain produirait aujourd'hui 28,4 pour cent des richesses mondiales, plus que les États-Unis et le Canada, et son revenu moyen par habitant serait de 25 935 dollars. Ce que nos pays doivent faire lors des deux décennies à venir, chacun à sa manière, c'est ce que l'Espagne a accompli lors de ces vingt dernières années.


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« L'Espagne collaborera et accompagnera les Nations latino-américaines » lors des cérémonies organisées pour commémorer les Bicentenaires de leurs indépendances. Voici le principal message entendu au cours de la cérémonie institutionnelle qui s'est tenue le 11 mai à la Casa de América de Madrid, présidée par le roi et la reine, en présence du prince et de la princesse des Asturies, du président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, de l'ex-président Felipe González, en sa qualité d'ambassadeur extraordinaire pour les Bicentenaires, et d'un grand nombre de représentants des autorités espagnoles et des pays d'Amérique latine. Miradas al Exterior

La commémoration des Bicentenaires de l'Indépendance des Républiques latino-américaines constitue un événement hautement symbolique et d'une importance particulière, surtout pour les pays d'Amérique latine. Il s'agit également d'une célébration qui concerne l'Espagne en tant qu'acteur du fait historique mais, surtout, en tant que nation aux liens profonds avec l'Amérique latine, dans une perspective conjointe face aux défis de l'avenir. La commémoration des Bicentenaires constitue, en outre, une opportunité unique de réflexion autour du passé, du présent et de l'avenir du continent, pour les pays d'Amérique latine et l'Espagne. Pour qu'ils collaborent au développement de leurs relations mutuelles et pour renforcer le poids de l'Amérique latine dans tous les domaines, à l'échelle mondiale. Pour que les 600 millions de personnes qui constituent la communauté ibéro-

L'Espagne accompagnera les Républiques latino-américaines américaine apprennent à se connaître. Ces idées ont été présentées dans les discours et les tables rondes qui se sont tenues le 11 mai à la Casa de América. Cet événement officiel a bénéficié de la présence de nombreux représentants des autorités espagnoles et de différents secteurs de la société ibéro-américaine. C'est le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, qui a ouvert la cérémonie en louant le rôle de la Couronne dans la construction d'un « lien puissant d'affection mutuel-

le » entre l'Espagne et tous les peuples d'Amérique latine. Après une référence à la volonté du gouvernement espagnol d'accompagner les peuples latino-américains « dans cette commémoration dont ils sont les véritables protagonistes », M. Zapatero a souligné que « audelà de l'époque et des circonstances de notre histoire commune, l'Espagne reste unie à eux. Nous unissent valeurs, langues et cultures partagées, généreusement partagées, et nous unissent aussi, surtout, un regard sur l'avenir : l'objec-


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La cérémonie institutionnelle qui s'est tenue le 11 mai à la Casa de América, a bénéficié de la présence d'éminentes personnalités, telles que le roi, le président du gouvernement, la vice-présidente du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Moments forts de la journée. photos i. Gómez

tif commun d'un avenir meilleur pour nos pays et pour nos citoyennes et nos citoyens, dont nous rêvons et que nous construisons jour après jour, de chaque côté de l'Atlantique ». Selon le président, M. Rodríguez Zapatero, nous devons tirer parti de ces calendriers pour « donner un nouvel élan aux intenses et positives relations entre nos pays », et entamer « une nouvelle étape de plus grande collaboration, en renforçant notre capacité d'agir de manière concertée ». Le président du gouvernement a aussi évoqué la crise économique « qui existe des deux côtés de l'Atlantique » et a exprimé sa confiance dans « une action à la mesure de nos possibilités respectives, pour réduire son impact, tenter de l'abréger et veiller à ce que les moins favorisés ne souffrent pas de ses pires effets ». M. Zapatero a ensuite signalé l'éducation, la recherche et la

culture comme les « clefs » de l'avenir partagé de la région et a rappelé que le prochain Sommet latino-américain d'Estoril se concentrera sur l'innovation et la connaissance et que l'Espagne, durant la présidence du Conseil de l'Europe au cours du premier semestre de 2010, favorisera un nouvel élan des relations entre l'Union européenne, l'Amérique latine et les Caraïbes, proposant que le thème central de la présidence soit l'innovation, l'intégration sociale et le développement durable. Après avoir souligné que « les Espagnols n'ont pu découvrir la dimension de l'Espagne, la force de l'Espagne, qu'à partir de l'autre rive de l'Atlantique » José Luis Rodríguez Zapatero a déclaré que « l'Espagne ne peut se comprendre sans l'Amérique latine » et que « nous sommes de plus en plus conscients de la force de tout ce qui nous unit », et nous nous reconnaissons comme « membres


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d'une grande communauté ». « Profitons des commémorations pour construire une communauté ibéro-américaine plus forte et unie, plus maîtresse de son avenir » a-t-il conclu. Juan Carlos réclame une meilleure place dans le monde pour l'Amérique latine. Le roi a souligné la « profonde signification historique » que présente pour l'Espagne le « mouvement d'émancipation américain » et a évoqué les « liens intenses que nous avons tissés avec les pays de ce continent ». Juan Carlos a ainsi observé « l'intérêt espagnol de pouvoir accompagner et collaborer aux cérémonies organisées pour célébrer les Bicentenaires ». Le roi, qui a clôturé la cérémonie d'ouverture par ces paroles, a précisé que les nouvelles Républiques américaines sont nées des « idéaux de liberté, d'égalité et de solidarité exprimés dans la Constitution de Cadix, en 1812 ». Selon le chef de l'État, « les Bicentenaires représentent une excellente occasion de développer nos relations et de réfléchir à notre passé, notre présent et notre avenir en tant que communauté ibéro-américaine » ainsi que de « renforcer notre poids et notre identité dans tous les secteurs, à l'échelle internationale » pour que « notre voix soit davantage prise en compte ». Après la session inaugurale, l'exprésident, Felipe González, ambassadeur extraordinaire pour la Commémoration, a prononcé une conférence autour de l'avenir de la communauté ibéro-américaine, en posant une question : Que pouvons-nous faire ensemble ? Selon lui, « ce que nous souhaitons », car nous disposons d'un capital humain qui constitue « le meilleur atout pour affronter la crise ». L'ex-président a recommandé aux pays d'Amérique latine de renforcer leur alliance régionale et a reproché aux Espagnols leur manque de connaissance de cette région. La vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, a prononcé une conférence, en sa qualité de présidente de la Commission

ministre des Affaires étrannationale espagnole pour la gères et de la coopération, Commémoration. Elle a entre La célébration Miguel Ángel Moratinos, a autres déclaré que l'Espagne des Bicentenaianimé une table ronde à laprofiterait de la présidence res concerne quelle participaient Enrique du Conseil de l'Europe pour l'Espagne, en Iglesias, secrétaire général faire en sorte que la voix de tant qu'acteur l'Amérique latine « soit mieux du fait historiibéro-américain, José Mientendue que jamais en Eu- que mais, surguel Insulza, secrétaire gérope » et « pour rapprocher tout, en tant que néral de l'OEA, Benita Ferl'Europe du cœur de l'Améri- nation ayant de rero Waldner, commissaire que latine. Pour amélio- profonds liens aux Relations extérieures de rer ces unions dont nous fai- avec l'Amérique la Commission européenne, sons partie et entre lesquelles latine et une la députée chilienne Isabel nous servons de pont ». perspective Allende et l'écrivain mexiMaría Teresa Fernán- conjointe face cain Héctor Aguilar Camín. dez de la Vega a signalé que aux défis de Le responsable de la politil'avancée de l'Amérique la- l'avenir que étrangère de l'Espagne tine « a été une avancée dans a annoncé que l'Espagne et la démocratie, avec la démole Portugal travaillent actuelcratie et à travers la démocratie » et lement à un projet de développement elle a déclaré que « dans cette période des relations entre l'Europe, l'Afrique de difficultés où il est si facile de glis- et l'Amérique latine dans la zone de ser vers la démagogie ou de tirer profit l'Atlantique Sud. Comme « l'espace du malheur, il est plus important que de collaboration et de dialogue, au jamais de poursuivre le perfectionne- XXe siècle, était l'Atlantique Nord, le ment de nos démocraties, le renforce- XXIe siècle peut être celui d'autres ment des politiques publiques et, en Atlantiques », a-t-il affirmé. Miguel définitive, la mise en œuvre des droits Ángel Moratinos a exprimé cette idée des citoyens ». « Nous allons faire de lorsque Enrique Iglesias a déclaré que cette génération des Bicentenaires la « le moment est venu de penser à un mieux formée et la plus compétente espace atlantique ». de l'histoire ibéro-américaine » a-tLa ministre de la Culture, Ángeles elle souligné. González-Sinde, a présidé une table Enfin, la vice-présidente a rappelé ronde où était évoquée « la puissance un récit dans lequel Jorge Luis Borges de la culture » et à laquelle ont apporté conseillait de penser à notre présent et leurs réflexions Víctor García de la notre avenir, en réfléchissant aussi au Concha, directeur de la Real Academia chemin parcouru. « Les Bicentenaires, de la Lengua, les ministres de la Cultua conclu Mme Fernández de la Vega, re de la Bolivie et de l'Équateur, Pablo offrent ainsi aux pays ibéro-américains Groux et Ramiro Noriega, l'écrivain une opportunité exceptionnelle de ré- colombien William Ospina et le présifléchir sur nous-mêmes, sur ce que nous dent de l'agence EFE, Alex Grijelmo. sommes et sur la place que nous souÀ la dernière table, animée par le mihaitons, nous pouvons et nous devons nistre de l'Industrie, du tourisme et du occuper dans ce monde de plus en plus commerce, Miguel Sebastián, les sujets interdépendant ». étaient « les défis partagés » abordés par Carmen Cafarell, directrice de l'Institut Sessions de travail. Après les discours Cervantès, Antoni Brufau, président de institutionnels et la conférence de Fe- Repsol, Javier Monzón, président d'INlipe González, plusieurs sessions de DRA, le Colombien Luis Alberto Motravail se sont tenues, pour débattre au reno, président de la BID, l'homme d'afsujet de l'avenir politique, économique faire mexicain Lorenzo H. Zambrano et et culturel de l'Amérique latine. Le le journaliste espagnol Juan Cruz.


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Une célébration orientée vers l'avenir Enrique V. iglesias

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL IBÉRO-AMÉRICAIN

La commémoration des Bicentenaires des Indépendances latinoaméricaines, qui a déjà commencé, présente de réels défis en termes de rythme et de contenu, mais représente aussi des opportunités. Nous avons d'importants programmes en cours au Mexique, en Argentine, au Chili, en Bolivie, en Équateur, au Paraguay et au Venezuela, pays du « premier cycle des indépendances » auxquels s'ajouteront les pays qui célèbrent leur Bicentenaire à une date ultérieure. Je cite ces initiatives pour souligner qu'en marge des commémorations nationales, il subsiste un espace pour une action conjointe. Commençons par affirmer que le calendrier est authentiquement latino-américain. C'est là que doit être célébrée l'émancipation vis-àvis des anciennes métropoles, l'Espagne et le Portugal. C'est de là que doivent venir l'élan, le concept et les idées. Il me semble parfait que, dans un geste de maturité civique, le Portugal et l'Espagne s'unissent, dans le projet ibéro-américain, aux 19 pays de langue espagnole et portugaise de l'autre rive de l'Atlantique. Cela peut constituer un exemple de bonne pratique multilatérale servant à enrichir le dialogue entre des peuples unis par une longue histoire, avec leurs rencontres et leurs confusions, pour regarder l'avenir ensemble. Je crois, comme je le disais, qu'il y a un espace pour une célébration à échelle latino-américaine et

aussi ibéro-américaine. Parce que notre concept est de commémorer pour construire des consensus, en regardant vers l'avenir à partir de la connaissance de notre passé partagé. D'une certaine manière et après tant de temps, les Indépendances nous unissent parce qu'elles nous créent en tant que communauté de nations : libres, égales et démocratiques. Dans cette perspective, les Bicentenaires peuvent être et, de fait, sont déjà une excellente occasion pour envisager un changement qualitatif de la croissance dans la région et peuvent permettre d'étudier ensemble comment sortir de nos déficits sociaux et créer une meilleure cohésion sociale. Le moment est peut-être venu d'intégrer les communautés comme celles des peuples autochtones et descendants d'Africains qui n'ont pas toujours participé pleinement au processus de construction et de développement national. Les Bicentenaires représentent aussi une opportunité de célébrer la diversité. Nous devons travailler en coordination avec ce qui existe, avec les autres acteurs et joindre nos efforts, qu'il s'agisse d'organismes locaux, régionaux ou d'institutions universitaires. Au cours des années à venir, les secteurs et les personnes convoquées pour rappeler, pour remémorer le passé seront très nombreux. D'où ma conviction que nous devons envisager un patrimoine commun à partir de lectu-

les Bicentenaires peuvent constituer une excellente occasion pour envisager un changement qualitatif de la croissance dans la région il existe un espace pour une célébration à l'échelle latinoaméricaine et aussi ibéroaméricaine

res qui ne soient ni manichéennes ni exclusives.L'important est que les Bicentenaires ne nous divisent pas. Qu'ils ne nous fragmentent pas « ad intra », à l'intérieur de nos sociétés nationales. Et qu'ils ne nous divisent pas « ad extra », en ressuscitant des confusions anachroniques qui détourneraient les efforts et les ressources de ce qui doit être notre projet prioritaire : un avenir partagé de démocratie et de développement dans le respect de la diversité ethnique, culturelle et linguistique. Carlos Fuentes déclarait récemment que l'Amérique latine est une région qui se réinvente depuis des siècles, une région que n'a pas encore dit son dernier mot. Il ne faut pour autant craindre ni les idées nouvelles, ni les visages nouveaux, s'ils agissent dans le cadre de l'exercice démocratique commun. Des politiques publiques justes et effectives, le développement des infrastructures, des propositions en matière d'innovation pour promouvoir la science et la technologie dans l'espace ibéro-américain... Voilà de bonnes propositions d'action pour commémorer les Bicentenaires. Et n'oublions pas l'éducation qui transforme les sociétés et réduit les inégalités, une éducation dont l'objectif est d'obtenir dans un proche avenir la génération la mieux formée de l'histoire de l'Amérique latine. Dans une vision large et partagée, les Bicentenaires nous permettent de nous rencontrer pour travailler ensemble.


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Dans le cadre des festivités qui se sont déroulées à l'occasion de la Journée de l'Afrique célébrée le 25 mai, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a présenté le Plan Afrique 2009-2012 au Palais de Viana, siège du ministère. Aux côtés du ministre, l'ambassadeur du Sénégal en Espagne, Abas Ndiour, le lauréat du Prix Príncipe de Asturias 2008 pour la coopération internationale, Pedro Alonso, la journaliste Maite Pascual et le président de l'organe de coordination des ONG en Espagne, Eduardo Sánchez, ont eux aussi pris part à l'acte de présentation, véritable reflet de l'esprit du nouveau Plan : « un plan de tous envers et avec l'Afrique ». Miradas al Exterior

Espagne-Afrique : une relation de plus en plus prioritaire et stratégique Le Plan Afrique 2009-2012 réitère l'engagement du gouvernement et de la société espagnole envers cette région marquée par des difficultés structurelles, mais faisant également l'étalage d'énormes capacités et opportunités qui requièrent l'encouragement d'une approche intégrale tournée vers l'Afrique subsaharienne. Le nouveau Plan, élaboré sur la base de l'expérience acquise au cours de ces dernières années, mais également à travers un processus de consultations large et équilibré, est conçu comme un plan flexible et dynamique qui facilite le développement d'une politique extérieure cohérente avec l'Afrique, tout en progressant dans le respect des objectifs du Millénaire pour le développement. En ce sens, il s'agit d'un instrument qui, en accord avec l'agenda international, doit contribuer aux processus de planification, de hiérarchisation et de coordination des différentes politiques et stratégies espagnoles dans la région. Le nouveau Plan est, en grande partie, fruit de l'analyse et de la réflexion sur l'expérience acquise lors du développement du Plan Afrique 2006-2008. Parmi les

bonnes pratiques observées, il convient de souligner le haut niveau de coopération et de dialogue politique auquel nous sommes parvenus auprès d'organisations continentales et régionales comme l'Union africaine et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'augmentation de l'aide officielle au développement, la consolidation du multilatéralisme actif et efficace à travers le renforcement de fonds spécifiques pour la région, ou la mise en œuvre d'une politique intégrale en matière d'immigration. Le Plan Afrique s'attache à consolider ces progrès en actualisant chacun des objectifs et en introduisant des innovations concrètes. Par ailleurs, il mise sur la promotion des principes de coordination d'acteurs et de cohérence de politiques pour le développement, et introduit des avancées concernant la systématisation des instruments et mécanismes de suivi et la participation sociale à travers la Table ronde pour l'Afrique. Le Plan s'articule autour de trois objectifs transversaux et de six objectifs généraux, domaines de travail prioritaires qui se matérialisent en une série de lignes d'action. Le premier des objectifs est axé sur

le développement humain et les droits de l'homme en tant que principes fondamentaux qui doivent aiguiller la politique extérieure espagnole dans son ensemble. Dans le domaine de la politique extérieure, le Plan des droits de l'homme récemment approuvé rassemble une série d'objectifs pleinement assumés par le Plan : l'abolition de la peine de mort, l'éradication de la torture, l'élimination de la discrimination, la lutte contre l'impunité, etc. Le deuxième objectif appelle à l'intégration de l'approche de genre dans notre politique extérieure envers l'Afrique en tant que priorité en elle-même. Pour finir, l'environnement, les changements climatiques actuels et les conséquences dévastatrices qu'ils provoquent principalement dans les pays les plus pauvres, constituent une préoccupation primordiale qui est partagée avec les pays africains et face à laquelle nous devrons fournir d'importants efforts. Les objectifs généraux s'articulent quant à eux autour de six grands axes. En premier lieu, le Plan Afrique 2009-2012 intensifiera son soutien envers les processus de consolidation de la démocratie et de construction de la paix en Afrique,


a action extérieure 15 en prêtant une attention particulière aux pays en situation de fragilité. Pour ce faire, et dans la même ligne que la communauté internationale, nous miserons tout particulièrement sur le renforcement des propres capacités africaines pour la prévention, la gestion et la résolution de conflits, sur la consolidation des politiques publiques dans les domaines comme la sécurité et la justice, ainsi que sur le développement de la cohésion sociale, sur l'élargissement des espaces de participation politique et sur l'obligation redditionnelle. Pendant la période de développement de ce Plan, l'Espagne s'attachera, dans la mesure de ses possibilités, à poursuivre son soutien envers les missions de maintien de la paix en Afrique subsaharienne. En outre, parmi d'autres actions, l'Espagne renforcera son appui envers l'Agenda pour la paix et la sécurité de l'Union africaine. En second lieu, l'Afrique subsaharienne restera une région prioritaire pour la lutte contre la pauvreté, conformément au Plan directeur de la coopération espagnole, encourageant l'établissement de véritables cadres d'association avec les pays membres, qui garantissent une aide efficace et de qualité en accord avec les engagements internationaux et, plus particulièrement, avec le Programme d'action d'Accra 2008. La réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire pour tous, qui s'est tenue à Madrid en janvier dernier, a contribué à rappeler que, dans le contexte actuel de crise économique, la crise alimentaire perdure et s'aggrave dans les pays les plus pauvres, dont plusieurs sont situés en Afrique subsaharienne, d'où la nécessité de fournir des efforts supplémentaires. La coopération espagnole maintient son engagement d'atteinte d'une AOD équivalente à 0,7 % du PIB en 2012 et,


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en Afrique subsaharienne, elle mise sur des domaines clés tels que les services sociaux de base, la gouvernance démocratique, la culture et le développement, la construction de la paix, le développement rural et la lutte contre la faim, ou la participation du secteur privé et la promotion du travail digne, entre autres. Au cours des prochaines années, l'innovation et la coopération scientifique entre l'Espagne et l'Afrique feront également l'objet d'une promotion particulière. En troisième lieu, l'Espagne favorisera l'amélioration des relations économiques et commerciales avec l'Afrique subsaharienne qui, malgré les progrès significatifs enregistrés ces dernières années, reste un problème en suspens. En dépit de la croissance constatée, l'activité des entreprises espagnoles dans la région est toujours inférieure à celle d'autres pays européens et reste concentrée dans des secteurs et pays africains déterminés. L'Espagne continuera de promouvoir les relations avec l'Afrique dans des secteurs importants tels que la pêche et l'énergie, en mettant particulièrement l'accent sur les énergies renouvelables. En quatrième lieu, nous consoliderons notre association avec l'Afrique en matière d'immigration au cours des prochaines années, ce dernier domaine étant probablement l'un des points sur lesquels nous avons le plus progressé pendant cette période. En effet, nous pouvons affirmer que nous avons construit une vision partagée et intégrale des migrations avec les pays africains. Cette vision commune, qui se reflète au niveau européen dans les mesures et initiatives dérivées de l'approche mondiale, et qui est marquée par les accords-cadres ou de « deuxième génération » sur le plan bilatéral, établit un cadre stable, coordonné et cohérent de gestion des migrations, le tout placé sous le signe du respect des droits de l'homme. Ce cadre définit un système qui permet de répondre le plus rapidement et efficacement possible aux crises découlant de l'immigration illégale et de l'action des mafias de trafic d'êtres humains, comme nous avons pu le constater ces

derniers temps. Parallèlement, ce cadre permet l'organisation de l'immigration légale avec les pays africains en accord constant avec la capacité du marché du travail espagnol. Le Fonds de migration et de développement créé par l'Espagne et la CEDEAO constitue, sur ce point, un élément clé pour l'Afrique de l'Ouest. En cinquième lieu, et conformément à l'engagement de l'Espagne envers le multilatéralisme actif et efficace, le Plan Afrique s'attache à renforcer le rôle de l'Espagne en Afrique par la voie multilatérale et l'Union européenne. Ces prochaines années feront entre autres l'objet d'une promotion de la participation et du soutien actif de l'Espagne aux processus de prise de décisions des organismes œuvrant en Afrique subsaharienne et dont elle fait partie. Simultanément, le soutien aux organismes continentaux et régionaux africains sera renforcé et la coordination auprès d'autres acteurs internationaux présents en Afrique subsaharienne sera encouragée. Dans ce contexte, nous nous efforcerons en particulier de favoriser la création d'espaces de dialogue qui nous semblent fondamentaux, comme le dialogue de l'« Atlantique Sud » entre l'Afrique, l'Amérique latine et l'Europe. Sur le plan multilatéral, il conviendra notamment de renforcer l'Alliance des civilisations, dont le Groupe d'amis s'est élargi suite à l'incorporation de nouveaux pays africains comme l'Éthiopie, le Mozambique, le Sénégal, l'Afrique du Sud et la Tanzanie, entre autres. L'Alliance des civilisations, en tant qu'outil de prévention des conflits et de consolidation de la paix sur les scènes de post-conflit, peut jouer un rôle fondamental en Afrique. Au premier semestre 2010, l'Espagne prendra le relais de la présidence de l'Union européenne, ce que nous envisageons comme une opportunité pour renforcer les relations de l'Union et de l'Espagne avec l'Afrique. Dans ce contexte, l'Espagne prendra la tête du dialogue politique de l'Union européenne avec l'Afrique dans une triple perspective :

bilatérale, avec chacun des pays, sousrégionale et régionale, avec les organisations africaines d'intégration, et continentale, en encourageant la stratégie de Lisbonne Union européenne-Afrique, à l'approche du troisième Sommet de l'Union avec le continent. En sixième lieu, le Plan Afrique 2009-2012 contribuera à consolider la présence politique et institutionnelle espagnole en Afrique, en donnant une importance particulière au rôle de la diplomatie publique et à Casa África, ainsi qu'à d'autres concepts clés de diplomatie, comme la diplomatie parlementaire. Parmi l'ensemble des actions entreprises au cours de cette période, nous consoliderons les nouvelles ambassades et bureaux sectoriels continuellement créés. Casa África, en tant qu'instrument indispensable de la diplomatie publique espagnole et européenne sur le continent, fera elle aussi l'objet d'une consolidation. Casa África représente un énorme potentiel en tant que lieu de rencontre, de dialogue et d'échange entre l'Afrique, l'Europe et l'Espagne. Le Plan Afrique doit contribuer au rapprochement des cultures et à l'amélioration des connaissances mutuelles entre l'Espagne et l'Afrique. La langue est à cet effet un vecteur essentiel et, avec le soutien de l'Institut Cervantès, sans oublier les autres acteurs essentiels comme l'Union africaine ou la Guinée équatoriale, unique pays hispanophone du continent, nous devrons contribuer à encourager et à répondre de façon appropriée à l'intérêt manifesté pour l'étude de la langue espagnole en Afrique. Parallèlement, d'autres formes de diplomatie, comme la diplomatie parlementaire, revêtent un intérêt renouvelé dans le nouveau Plan et ce, à travers les rencontres et échanges de parlementaires espagnols et africains, l'établissement de Groupes d'amitié parlementaire ou la participation de parlementaires espagnols en tant qu'observateurs des processus électoraux du continent.


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L'Afrique : nouvelle relation de voisinage Carmen de la Peña

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE POUR L'AFRIQUE

Le continent africain est en train d'acquérir une présence et une importance croissante au sein de l'architecture internationale, et nombre de défis mondiaux actuels, comme la lutte contre la faim et la pauvreté, le changement climatique ou la sécurité énergétique, sont directement liés à l'avenir du continent. L'Espagne, en tant que huitième puissance mondiale et pays voisin, doit accompagner activement ce processus, en convertissant la relation avec l'Afrique en une relation de plus en plus prioritaire et stratégique. Cette volonté d'octroyer à l'Afrique une attention prioritaire a constitué le point d'orgue de la politique extérieure du gouvernement ces dernières années. La politique extérieure de l'Espagne pour l'Afrique a sans conteste représenté l'un des éléments clés de la définition de l'action du gouvernement pendant la dernière législature et doit se traduire en un effort durable à long terme. La consolidation de la démocratie, de la paix et de la sécurité, la lutte contre la pauvreté ou la promotion des relations économiques, objectifs assumés par la politique extérieure de l'Espagne en Afrique, ne peuvent être poursuivis qu'à moyen et long terme sur la base d'un travail conjoint et constant. Si le Plan Afrique 20062008 a marqué un point d'inflexion par rapport à la période précédente, la phase que nous entamons à présent doit permettre de consolider les progrès atteints, en approfondissant à la fois le renforcement de la dimension régionale et conti-

nentale à travers notre soutien aux organisations régionales comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest ou l'Autorité intergouvernementale pour le développement dans la Corne de l'Afrique, sans oublier l'Union africaine elle-même. Nous avons voulu que le Plan Afrique soit un plan flexible, dynamique et conforme aux tendances actuelles qui priment dans les relations internationales. Il s'agit également d'un Plan qui prend particulièrement en compte la situation économique actuelle mais qui, pour autant, ne va pas lésiner sur les efforts afin que l'action extérieure de l'Espagne soit à la hauteur des attentes. Pour son processus d'élaboration, que nous avons coordonné depuis la Direction générale de la politique extérieure pour l'Afrique, nous avons bénéficié du précieux soutien de l'administration centrale et décentralisée, du secteur privé, de la société civile et du Parlement. Pendant ce processus, plusieurs rondes de consultations intra et interministérielles ont été convoquées, ainsi que la Table ronde pour l'Afrique, et le secrétaire d'État aux Affaires étrangères a comparu devant la Commission des Affaires étrangères du Congrès au mois de mars dernier. Pionnier sur ce point, le Plan Afrique 2009-2012 a également été débattu au sein d'organes de consultation spécifiques, comme le Conseil de coopération pour le développement. Dans cet effort conjoint, nous avons pu, en outre, mettre en avant les points de vue et les sensibilités du côté africain, non seulement à travers notre

Nous avons voulu que le Plan Afrique soit un plan flexible, dynamique et conforme aux tendances actuelles qui priment dans les relations internationales

travail quotidien depuis la Direction générale de la politique extérieure pour l'Afrique et nos ambassades en Afrique subsaharienne, mais également à travers les Journées de réflexion sur les relations entre l'Espagne et l'Afrique qui se sont déroulées en octobre à la Casa África. Pendant ces journées auxquelles le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a participé, des représentants de gouvernements africains, du monde de l'entreprise, de la société civile et d'organismes multilatéraux et régionaux, aussi bien africains qu'espagnols et européens, ont échangé leurs points de vue sur les progrès accomplis pendant ces années et sur les enjeux communs. Aujourd'hui, l'Afrique doit faire face à d'importants défis, comme la hausse des prix des aliments, la situation économique mondiale, le fléau de la pauvreté, les graves conséquences du changement climatique, le trafic illégal de personnes ou la menace terroriste. Toutefois, elle bénéficie d'énormes potentiels, d'importantes ressources humaines et naturelles, et de la ferme volonté de progresser dans le domaine des réformes politiques et économiques, ainsi que sur le plan de l'intégration régionale. En ce sens, je m'en remets aux paroles du président du gouvernement espagnol lors de la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale, qui s'est tenue en juin 2008 à Rome, lorsqu'il a insisté sur le fait que nous devons principalement nous tourner vers l'Afrique pour bâtir un monde plus juste.


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Les Espagnols qui voyagent en dehors de nos frontières sont chaque année plus nombreux, et le nombre d'expatriés issus de notre pays ne cesse de croître. Les consulats et sections consulaires d'Espagne sont là pour protéger ces citoyens, leur prêter assistance et conseil, s'occuper d'eux en cas d'urgence et servir de lien avec l'administration centrale de l'État en délivrant des documents et en remplissant des fonctions légales et notariales. Luis T. Melgar

Le MAEC diffuse la campagne « Votre ambassade peut vous aider ›› Au mois de décembre dernier, le gouvernement espagnol a procédé à l'évacuation des touristes espagnols bloqués à Bangkok. En juillet 2006, suite au bombardement israélien du Liban, un avion a dû être affrété pour rapatrier en Espagne la centaine d'Espagnols qui se trouvaient à Beyrouth. Même si ces opérations d'urgence consulaire, rendues possibles grâce aux plans de concentration et d'évacuation existant dans toutes les ambassades, sont les plus médiatiques parmi l'ensemble des interventions menées à bien par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération, elles ne sont, loin s'en faut, pas les seules prises en charge par notre réseau de consulats. Que ce soit dans le cadre du tourisme, des affaires ou tout autre contexte, les consulats et sections consulaires des ambassades représentent un allié de poids pour les Espagnols se rendant ponctuellement à l'étranger. Avant de prendre le départ, il leur est recommandé de visiter le site Internet du ministère (www.maec.es) afin de consulter les recommandations de

voyage mises en ligne par les ambassades et par l'Unité d'urgence consulaire. Le voyageur pourra y trouver des d'informations constamment actualisées concernant les visas, les vaccins, les conditions de sécurité, le climat et bien d'autres points d'intérêt. Le registre des voyageurs, dont la fonction est de permettre à tous les Espagnols se rendant à l'étranger de pouvoir être localisés en cas d'urgence, est également mis à disposition de tous les citoyens sur la Toile (http://www.visatur.mae.es/viajeros/). Une fois sur le lieu de destination, les contretemps pouvant survenir sont nombreux. Par mesure de précaution, il est recommandé de s'inscrire sur le registre de non-résidents du consulat avant d'entamer un séjour plus ou moins prolongé. À partir de là, les situations dans lesquelles les services consulaires peuvent aider le citoyen espagnol en difficulté sont multiples. Le problème le plus fréquemment rencontré est la perte de pièces d'identité : les consulats d'Espagne sont en mesure de délivrer de nouveaux passeports ou sauf-conduits en cas de perte, de vol ou

AVANT DE VOYAGER Le citoyen espagnol souhaitant se rendre à l'étranger peut consulter les recommandations de voyage mises en ligne sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Dans cette rubrique, il convient de prêter une attention particulière aux alertes sanitaires et de sécurité qui dressent la liste des zones du pays dans lesquelles il ne faut pas se rendre pour une raison quelconque. Il est indispensable de souscrire une assurance médicale couvrant l'ensemble des frais en cas de maladie ou d'accident car ces derniers ne sont pas toujours pris en charge par la Sécurité sociale. Il est également recommandé de se tenir consciencieusement informé sur les lois du pays de destination, tout particulièrement en ce qui concerne l'usage de stupéfiants et les mœurs sexuelles, compte tenu des grandes différences pouvant exister en fonction du lieu.


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Quelques-unes des crises gérées par l'Unité d'urgence consulaire pour le rapatriement de citoyens espagnols. En haut, rapatriement des Espagnols, fin 2008, suite aux événements survenus en Thaïlande et aux attentats en Inde. Ci-dessus, accueil par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération à l'aérodrome de Torrejón. Ci-contre, évacuation de citoyens espagnols au port de Beyrouth en été 2006 et rapatriement de la communauté espagnole en Géorgie l'été dernier. PHOTO EFE

d'expiration. En cas d'urgence réelle, et lorsque le voyageur se retrouve complètement dépourvu de ressources financières, il est possible de demander auprès du consulat une aide économique remboursable afin de pouvoir faire face à la situation et retourner en Espagne. Le montant de cette aide doit être retourné au Trésor public dans les plus brefs délais. L'une des erreurs les plus fréquentes concernant l'assistance consulaire consiste à confondre les consulats avec des agences de voyage ou des bourses d'emplois. Les fonctionnaires consulaires détachés à l'extérieur ne peuvent en aucun cas aider les citoyens à trouver un emploi, ni échanger leurs billets d'avion, ni garantir un traitement de faveur dans les hôpitaux ou prisons du pays dans lequel ils se trouvent. Ils ne peuvent pas non plus concéder de prêts, régler des amendes ou servir d'interprètes aux Espagnols sans ressources. En revanche, ils sont à même de fournir des informations concernant toute sorte de questions, allant du cadre juridique du pays de destination à


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DIFFUSION DE LA CAMPAGNE La campagne, qui fête sa quatrième édition en cette année 2009, fait preuve d'une diffusion remarquable visant à faire passer le message aux Espagnols qui voyagent à l'étranger. Ainsi, durant tous les mois d'été, plusieurs affiches expliquant les services proposés par les ambassades à l'étranger seront mises en place dans l'aéroport de Madrid Barajas (ci-dessus, photos de l'édition 2008). Cette mesure sera renforcée par la distribution de brochures d'information au sein des principaux aéroports nationaux afin que les voyageurs soient tenus informés des services proposés de manière exhaustive. Pour finir, la campagne bénéficiera d'un espace d'information important dans les principaux journaux nationaux, dans lesquels des encarts publicitaires détaillant le caractère de diffusion seront régulièrement insérés.

de son système de prestation sanitaire, tiaires espagnols, ou que le système de en passant par les droits dont peuvent défense n'est pas comparable à notre jouir les Espagnols. système national. Il existe une situation particulièreLes consulats sont également des alment grave dans laquelle les services liés de choix pour les Espagnols vivant à des consulats jouent un rôle encore l'étranger. À cet effet, il est indispensaplus important : la détention d'un Es- ble d'être inscrit au registre consulaire. pagnol dans un pays étranger. Lorsque Cet enregistrement entraîne automatil'un de nos compatriotes se déplace en quement l'inscription sur les listes élecdehors de notre pays, il est obligé de torales des Espagnols résidant à l'étranrespecter les lois et règlements de l'État ger, ce qui leur permet donc d'exercer dans lequel il se rend, et s'expose à des leur droit de vote par voie postale pour poursuites policières et judiciaires en toutes les élections qui se tiennent dans cas d'infraction. Pour cette notre pays. Il existe dans de raison, il est relativement nombreux pays un Conseil fréquent que des citoyens Le site Internet de résidents espagnols qui, en espagnols soient confron- du ministère étroite relation avec le consutés à des mises en détention dresse la liste lat, fait figure de lieu de partipréventive, à des amendes ou des recommancipation des émigrants espaà des peines de prison pour dations les plus gnols. En collaboration avec des conduites ne constituant importantes le ministère du Travail et des pas un délit dans notre pays, lors de la préaffaires sociales, les consulats comme la consommation de paration d'un d'Espagne peuvent également stupéfiants spécifiques ou voyage dans un octroyer des aides financières des pratiques homosexuel- pays étranger aux citoyens espagnols qui, les. Dans ces cas de figure, vivant en dehors de nos fronmais également dans des De nombreux tières, se retrouvent démunis situations de détention dé- pays possèdent ou en situation de grande découlant d'un acte considéré un Conseil tresse. De manière plus génécomme un délit à l'intérieur de résidents rale, le consulat ou la section de nos frontières, le consulat espagnols consulaire de l'ambassade est ou la section consulaire de qui, en étroite le lieu de passage obligatoire l'ambassade est en mesure relation avec le pour se marier, réaliser tout de prêter assistance. Même consulat, fait type d'inscriptions au regissi les consuls ne peuvent in- figure de lieu tre d'état civil et dresser des tervenir en tant qu'avocats ni de participation actes ainsi que toute sorte de prendre en charge la défense des émigrants documents notariés. des Espagnols du point de espagnols À l'heure où les déplavue financier, ils doivent récements internationaux des gulièrement rendre visite aux détenus Espagnols ne cessent d'augmenter, les espagnols, leur garantir un traitement fonctions remplies par les consulats correct de la part des autorités, procé- jouent un rôle de plus en plus imporder aux démarches et aux formalités tant. Sans pour autant remplir la foncrelatives à leurs plaintes et, en règle gé- tion d'agences de voyages, de bourses nérale, fournir toutes les informations d'emplois ou de banques, ils prennent exigées par les prisonniers. Les consu- en charge de nombreux services adreslats peuvent fournir une liste d'avocats sés directement aux citoyens. Ils peucapables de prendre en charge la dé- vent fournir des informations, effecfense éventuelle du détenu et peuvent tuer des formalités administratives, accorder une petite aide financière accorder des aides et prêter assistance lorsque les conditions d'emprisonne- aux détenus. En cas de besoin à l'étranment du pays en question sont pires ger, n'oubliez pas que Votre ambassade que celles des établissements péniten- peut vous aider .


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L'Unité d'urgence consulaire Mª Victoria Morera Villuendas

AMBASSADRICE RESPONSABLE DE L'UNITÉ D'URGENCE CONSULAIRE

En mai 2008, l'Unité d'urgence consulaire a été renforcée en vue de répondre aux besoins d'un nombre croissant d'Espagnols pouvant y avoir recours en période de crise. En effet, près d'un million et demi de citoyens espagnols résident en dehors de nos frontières. En outre, plus de 20 millions d'Espagnols voyagent chaque année à l'étranger. Le domaine d'intervention habituel de l'Unité intègre les situations de crise et d'urgence suivantes : crises politiques et sociales, guerres civiles, catastrophes naturelles, sans omettre les problèmes pouvant avoir lieu au cours de tout séjour (accident, agression, décès, perte de pièces d'identité, incident auprès des autorités, maladie, etc.). Pour gérer ces situations, l'Unité d'urgence consulaire développe des activités de prévention et de gestion de crise. Parmi l'ensemble des activités de prévention menées, il convient de citer les recommandations de voyage, les plans de concentration et le bon fonctionnement des numéros de téléphone d'urgence des ambassades et consulats, ainsi que l'utilisation des nouvelles technologies. Concrètement, ces technologies ont débouché sur la création du Programme de gestion des crises et du registre des voyageurs, outils permettant de contacter et d'informer immédiatement les personnes touchées et leurs familles. À partir du mois de juillet, la deuxième phase du registre des voyageurs sera mise en œuvre. Celle-ci permettra de procéder, en cas d'urgence, à un envoi massif de messages téléphoniques

ou de courriels adressés à tous les Espagnols, résidents et touristes, se trouvant à l'étranger. Il est important que tous les voyageurs consultent les recommandations de voyage mises en ligne sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères et de la coopération (www.maec.es) concernant la situation du pays dans lequel ils souhaitent se rendre. L'inscription au registre des voyageurs est tout aussi importante afin de pouvoir recevoir assistance le plus rapidement possible en cas d'urgence. À partir du mois de juillet, les voyageurs pourront également être tenus informés par le biais de messages téléphoniques ou de courriels. Parmi les activités menées par l'Unité d'urgence consulaire dans le cadre de la gestion des situations de crise, dont le volume ne cesse de croître, soulignons les 56 cas d'enlèvement, dont celui du thonier Playa de Bakio survenu dans les eaux de Somalie, ou celui du journaliste José Manuel Cendón, là encore en Somalie, ou bien les enlèvements des deux entrepreneurs espagnols au Nigeria, libérés grâce à la collaboration entre l'Unité d'urgence consulaire, l'ambassade d'Espagne à Abuja et l'Unité contre les enlèvements et extorsions de la police judiciaire. L'Unité d'urgence consulaire a géré plusieurs crises politiques, comme celle survenue au Tchad en février 2008, ayant entraîné l'évacuation de la communauté espagnole de ce pays, ou celle de Géorgie en été 2008, qui a débouché sur le rapatriement d'environ 90 Espagnols. Ou encore celle découlant

À partir du mois de juillet, la deuxième phase du registre des voyageurs sera mise en œuvre. Celle-ci permettra de procéder, en cas d'urgence, à l'envoi massif de messages téléphoniques ou de courriels à tous les Espagnols, résidents et touristes.

de l'aggravation de la situation au Nord-Kivu (République démocratique du Congo) en octobre 2008, crise durant laquelle la religieuse Presentación López Vivar fut mutilée ; les deux crises politiques en Thaïlande, en septembre et décembre 2008, ayant contraint l'État à envoyer trois avions dans ce pays en vue de prendre en charge l'évacuation de 600 touristes espagnols touchés par l'annulation des vols ; la crise de Gaza, ayant débuté en décembre dernier et s'étant traduite par le rapatriement de 51 personnes ; ou les récentes crises en République de Guinée, en GuinéeBissau et à Madagascar. L'Unité a également évacué 80 Espagnols suite aux attentats survenus à Bombay en décembre 2008. En ce qui concerne les crises générées par des catastrophes naturelles, citons les inondations au Viêt Nam en 2008, durant lesquelles plus d'une centaine d'Espagnols furent bloqués, ainsi que les ouragans survenus dans la zone des Caraïbes et de la côte sud des ÉtatsUnis. Un suivi d'autres situations dans lesquelles des citoyens espagnols ont été impliqués a également été réalisé : en Gambie, 2 détenus ; au Sénégal, deux groupes de touristes attaqués ; et en République de Guinée, 2 entrepreneurs détenus. Sans oublier les deux personnes décédées au cours d'une ascension au Népal et les deux personnes sauvées en Chine. L'Unité d'urgence consulaire travaille en étroite collaboration avec les Unités de crise des autres États membres de l'Union européenne et le Centre de situation conjoint de l'UE (SITCEN) pour prêter assistance aux citoyens européens en dehors de nos frontières.


22 a action extérieure

Ce mois-ci, le nouveau Parlement européen entrera en fonction, il s'agit de la seule chambre transnationale, multilingue et élue au suffrage universel direct et c'est aussi le lieu où sera défini l'avenir de l'Union européenne. 30 ans après les premières élections démocratiques, des millions de citoyens européens ont élu leurs représentants pour les 5 années à venir. Miradas al exterior

Le nouveau Parlement européen entame son mandat Entre le 4 et le 7 juin, dans chacun des 27 États membres, les citoyens ont élu leurs représentants. Jusqu'en 2014, 736 eurodéputés veilleront au fonctionnement démocratique de l'Union au sein de l'unique institution communautaire constituée directement par ses citoyens. À l'origine, le Parlement européen était composé de délégués désignés par les Parlements nationaux et conservaient leurs fonctions durant deux mandats. Depuis 1979, ses députés sont élus au suffrage universel direct dans des circonscriptions nationales. Ses membres, dont le nombre a augmenté à mesure de l'élargissement de l'UE, se rassemblent par groupes politiques et non par délégations nationales. Le gouvernement actuel compte 7 groupes idéologiques et quelques députés qui ne sont rattachés à aucun groupe. Nouvelle composition jusqu'en 2014. D'après les derniers résultats, le Parti populaire européen (PPE) sera à nouveau la première force politique, avec une représentation de 265 députés. Ce nouveau chiffre exclut les conservateurs britanniques (tories), qui ont décidé d'abandonner le PPE pour former un nouveau groupe. Le Parti des Socialis-


a action extérieure 23 tes européens (PSE), compte 162 sièges pour ce nouveau mandat et demeure le deuxième groupe par nombre de députés. L'alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe (ALDE), avec ses 80 députés, sera la troisième force, et bien qu'elle ait progressé de manière remarquable en Allemagne, en France et aux Pays-Bas, sa représentation sera moindre dans le nouveau Parlement. Les 52 sièges obtenus par les Verts/ Alliance libre européenne représentent l'augmentation la plus significative. Les écologistes deviennent le quatrième groupe et abordent cette nouvelle étape avec 9 députés de plus qu'en 2004. La France, où leur représentation a presque doublé, le Danemark et l'Allemagne sont les pays dans lesquels ils ont obtenu les meilleurs résultats. L'Union pour l'Europe des Nations (UEN) représentera la cinquième force, avec 35 députés, suivie par le Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne-Gauche verte nordique (GUE-NGL), qui compte 33 parlementaires. Enfin, le groupe Indépendance/Démocratie voit ses représentants réduits au nombre de 19, trois de moins que lors du mandat précédant. Il y aura également un groupe réduit de parlementaires « non rattachés ». Les normes de formation de groupes sont plus strictes dans ce nouveau mandat. Depuis juillet 2009, tous les groupes politiques devront comprendre au moins 25 députés issus d'au moins 7 États membres. Lors des cinq prochaines années, la représentation espagnole auprès de la chambre européenne est formée de 50 députés, dont 29 réélus. 32 hommes et 18 femmes. À la tête de la représentation espagnole, Jaime Mayor Oreja, pour le PP ; Juan Fernando López Aguilar, pour le PSOE ; Ramón Tremosa i Balcells, pour Coalición por Europa ; Willy Enrique Meyer, pour Izquierda Unida-ICV ; Francisco Sosa Wagner, pour UPyD et Oriol Junqueras, pour ERC. Si le Traité de Lisbonne, en passe d'être ratifié, entrait en vigueur au cours de ce mandat, le nombre d'eurodéputés s'élèverait temporairement à 754, comme l'a décidé le Conseil européen, en décembre 2008.

Dans ce cas, l'Espagne compterait 54 députés. La protection des consommateurs, la sécurité des produits ou l'énergie sont quelques-uns des sujets que les eurodéputés devront étudier chaque jour. Des services qui nous touchent tous, tels que le numéro de téléphone d'urgence 112, les bourses Erasmus ou le choix entre plusieurs fournisseurs d'énergie électrique, ont été rendus possibles grâce à la réglementation européenne, mais aussi grâce à son budget que le Parlement approuve et dont il contrôle chaque année la mise en œuvre. La loi électorale européenne. Les élections sont organisées selon les différentes législations et traditions nationales. Des normes communes établissent que les élections sont organisées selon le principe du suffrage universel direct, et que le vote de chaque citoyen est libre et secret. Les eurodéputés sont élus sur la base d'une représentation proportionnelle, mais chaque pays décide du type de listes utilisé. Il existe aussi des différences nationales quant à l'âge minimum pour exercer le droit de vote. Dans la plupart des États membres, dont l'Espagne, les citoyens peuvent voter et se présenter aux élections à l'âge de 18 ans. En Autriche, l'âge minimum pour voter est de 16 ans, mais il faut avoir 18 ans pour être éligible. Les citoyens de l'UE vivant dans un état membre différent de leur pays d'origine ont le droit de voter et de se présenter aux élections européennes dans leur pays de résidence. La loi électorale nationale établit une procédure spécifique pour ces cas précis. Les citoyens des pays membres du Commonwealth, les Canadiens ou les Australiens par exemple, inscrits dans les collèges électoraux britanniques, peuvent également voter. Selon la loi électorale de l'UE, il existe plusieurs fonctions incompatibles avec le statut de député au Parlement européen. Un eurodéputé ne peut pas faire partie du gouvernement d'un État membre ou d'un parlement national, il ne peut pas non plus être fonctionnaire actif au sein des institutions européennes.

Le statut des députés européens Dès 2009, un nouveau statut sera appliqué aux députés européens. Il portera sur les salaires, les assurances médicales, les retraites, les indemnités, etc. Ce nouveau statut supprimera les différences de salaire entre les députés européens, ce qui signifie qu'ils recevront tous 7 500 euros bruts mensuels environ, financés par le budget de l'UE. Jusqu'à présent, il n'y avait pas de rémunération commune : les salaires des eurodéputés dépendaient des budgets nationaux et, dans la plupart des cas, ils percevaient la même somme qu'un député national. Lors de la période de transition, chaque État membre pourra choisir le système qu'il souhaite utiliser. Les eurodéputés réélus pourront ainsi opter pour le système actuel.

Les 3 fonctions principales du PE L'essentiel de la législation européenne est arrêtée au Parlement qui décide, dans de nombreux domaines, à égalité avec le Conseil des ministres des 27 États membres. Dans des domaines tels que l'agriculture ou la politique extérieure, pour lesquels le Parlement n'est que consulté ou informé, les résolutions issues de la Chambre européenne ont une influence sur l'agenda et marquent la ligne que suivront les autres institutions. Le Parlement a aussi des compétences budgétaires et exerce un contrôle démocratique sur toutes les institutions européennes.


24 a action extérieure

Francisco Aldecoa Luzarraga

PROFESSEUR DE RELATIONS INTERNATIONALES, DOYEN DE LA FACULTÉ DE SCIENCES POLITIQUES ET DE SOCIOLOGIE. UNIVERSITÉ COMPLUTENSE DE MADRID

L'ENTREPRISE INVITÉE

Les leçons des sixièmes élections européennes : voter en temps de crise Les spécificités des élections au Parlement Européen ont fait les gros titres. En premier lieu, l'augmentation de l'abstention, qui n'a cessé de croître depuis 1979 , 43,1 % de l'électorat seulement a voté. Deuxièmement, le centre droite paraît renforcé, alors que la social-démocratie s'effondre. Bien que les « nouvelles gauches », comme l'écologie, progressent, cela ne suffit pas à contrebalancer l'hégémonie des propositions conservatrices et libérales. Enfin, l'euroscepticisme remporte une représentation importante, qui ne constitue pas un groupe homogène mais des partis politiques très différents qui se déclarent contre l'UE. Il est possible d'établir quelques réflexions sur la base de ces données objectives.

de la Commission. d. L'absence d'une opinion publique européenne. e. Le manque de partis politiques européens, qui est aussi à l'origine de l'approche nationale. f. La nécessité de réformer la loi électorale, pour éviter que chaque État membre n'applique un système différent. 2. Ces élections présentent un paradoxe important : plus le Parlement européen a de pouvoir, moins le citoyen se sent concerné, moins il vote. La séquence de participation électorale suit cette logique. En 1979, alors que le Parlement n'avait que des compétences consultatives et budgétaires, 61,99 % de l'électorat s'était exprimé. 58,98 % avaient voté en 1984. Pour les

3. Il est évident que le Parlement connaît un fort virage à droite, le Parti socialiste a perdu sa position traditionnelle de pilier. Le PPE obtient 100 sièges de plus que le PSE. L'équilibre séculaire de la politique

taux DE PARTICIPATION totale ÉLECTIONS 2009

composition du parlement après les élections

Chiffres en %.

Nombre de députés par groupe 58,98

1984

58,41

1989 1994

1. La faible participation exige une analyse pondérée et une réflexion sur ce que nous pourrions améliorer. Voici quelques éléments problématiques : a. Les élections ont été présentées dans presque tous les États comme des événements nationaux, et ce sont des problèmes nationaux qui ont été débattus. b. La non-politisation des élections, c'est-à-dire l'absence de visualisation des différentes options politiques. c. Le manque d'information : l'électeur ne peut identifier les conséquences logiques de son vote. Il ne sait pas que son vote aboutira à l'élection du président

élections suivantes, après l'Acte unique européen, en 1989, 58,41 % des citoyens ont voté. Pour le Traité de Maastricht, la participation est tombée à 56,67 %. C'est à partir d'Amsterdam et de Nice, qui étendent la co-décision et débutent le processus d'élargissement, que la chute libre commence : 49,51 % en 1999, 45,47 % en 2004. Enfin, 43,1 % en 2009, lors de l'élection du Parlement qui aura le plus de pouvoir dans l'histoire si, comme il est prévisible, le Traité de Lisbonne entre en vigueur.

1999 2004 2009

56,67 49,51 45,47 42,94

263 Parti populaire européen 161 Groupe socialiste 80 Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe 52 Verts/Alliance libre européenne 35 Union pour l'Europe des Nations 33 Gauche unitaire européenne/ Gauche verte nordique 19 Indépendance/Démocratie 93 Autres

taux DE PARTICIPATION pays ÉLECTIONS 2009 En rouge, les pays dont le taux de participation est inférieur à la moyenne européenne. Luxembourg Belgique Malte Italie Danemark Chypre Irlande Grèce Lettonie

91 90,39 78,81 66,46 59,52 59,4 57,6 52,63 52,56

Espagne Suède Allemagne Estonie Autriche France Finlande Bulgarie Portugal

46 43,8 43,3 43,2 42,4 40,48 40,3 37,49 37,03

Pays-Bas 36,5 Hongrie 36,29 Royaume-Uni 34,27 Slovénie 28,25 Rép. tchèque 28,22 Roumanie 27,4 Pologne 24,53 Lituanie 20,91 Slovaquie 19,64


a action extérieure 25 européenne est rompu, alors qu'il y avait auparavant une alternance des deux groupes dans un rapport de force équilibré.

Bien que les « nouvelles gauches », comme l'écologie, progressent, cela ne suffit pas à contrebalancer l'hégémonie des propositions conservatrices et libérales

doute dans la crise économique, en particulier dans le fait que les partis de droite se soient approprié le discours et les politiques traditionnelles de la gauche. Paradoxalement, une crise qui trouve son origine dans des thèses néolibérales a fortifié les partis d'idéologie libérale.

Les libéraux comptent en outre 80 eurodéputés, ce qui fait d'eux une force décisive, comme les Verts qui en obtiennent 52. Mais c'est la montée des groupes eurosceptiques qui constituent la troisième force, avec environ 100 eurodéputés, qui surprend le plus. Il s'agit d'un conglomérat non homogène qui englobe les partis d'extrême droite aussi bien que d'extrême gauche, que seule leur opposition à l'Union réunit. Ils ne devraient donc pas fonctionner en tant que groupe, à de rares exceptions près. 4. La principale cause de cette droitisation se trouve sans aucun

La droite européenne a repris à son compte une grande partie du discours social-démocrate. Elle s'est approprié son objectif essentiel, l'État-providence. C'est ce qui a permis, grâce aux stabilisateurs automatiques, que la crise soit moins dure pour les citoyens européens que pour les citoyens d'autres parties du monde. 5. Il est encore tôt pour pré-

députés par paYs après les élections de 2009 Total : 736

13

6

18

8

13

12

12 72 25 22

50 99 22

6

13 17

72

22

33

7 72

72

17

50

22

6 5

voir les conséquences de ces résultats sur la gouvernance du Parlement européen et la direction politique de l'Europe. Il faut attendre de voir comment les groupes politiques vont se configurer. Les résultats impliquent une redistribution du pouvoir, qui s'exprime surtout par une plus grande fragmentation. Face au panorama politique précédant, nous avons un groupe « d'autres » c'est-à-dire qui ne sont rattachés à aucun groupe politique, et qui compte 94 eurodéputés. Les groupes dont ils pourraient être à l'origine auront beaucoup à dire sur l'avenir de la politique européenne. Ainsi, les Tories britanniques et les conservateurs tchèques, également eurosceptiques, s'unissent dans un seul et même groupe. L'élément politique que tous redoutent, l'extrême droite à tendance xénophobe, ne semble pas avoir de représentation suffisante pour former un groupe, avec les conséquences que cela entraîne. Ce panorama préoccupant, en particulier en raison de la désaffection des citoyens pour la politique européenne, doit nous amener à nous demander quelles mesures prendre. Ces mesures doivent résoudre les problèmes énoncés qui constituent autant d'obstacles à la création d'un réel espace politique européen. Une grande partie de la crise politique est due à l'entrée en vigueur de la Constitution européenne qui abordait l'explicitation du modèle politique et établissait clairement l'Union des citoyens et des États. La solution passera par l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne et l'acceptation de son message politique qui n'est autre que le modèle politique de la Constitution européenne, plus clair que l'actuel système de traités.


26 a action extérieure

CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADE Voisine de l'Iraq, de l'Arabie Saoudite, de la Syrie, de la Cisjordanie et d'Israël, la Jordanie se dresse comme une enclave stratégique au cœur du Moyen-Orient et elle est l'un des interlocuteurs privilégiés de l'Espagne dans la région. par Alejandra M. García Fuertes

Jordanie : la cordialité devenue amitié En mars dernier, l'un des plus grands aqueducs romains de l'histoire a été découvert dans la ville jordanienne de Gadara (Umm Qeis). Il s'agit d'un aqueduc souterrain de plus de 100 kilomètres de long qui, sans nul doute, est un exemple des nombreuses surprises que cache le royaume hachémite dans ses régions désertiques. C'est aussi une preuve des innombrables artères historiques qui parcourent et relient les pays de la Méditerranée, dont la Jordanie et l'Espagne. En 1947, un an après l'indépendance du royaume hachémite, l'Espagne a officiellement reconnu le pays en établissant une légation à Amman. Peu après, le roi Abdullah devenait l'un des premiers chefs d'État à visiter une Espagne alors isolée sur le plan international. L'important, c'est que ce voyage marqua le début de nombreux échanges, de visites officielles et privées qui ont resserré les liens entres les deux pays. Une relation d'amitié profonde s'est aussi tissée entre les deux familles royales. Les paroles prononcées par le roi Juan Carlos à la mort du roi Hussein, le 7 février 1999, reflètent clairement l'union qui existait et qui existe entre les deux monarchies : « Si j'étais le petit frère du roi Hussein, je serai désormais le grand frère du roi Abdullah II ». La dernière visite a été celle du roi et de la reine de Jordanie en Espagne, en octobre 2008. Une visite qui a per-

mis de poursuivre le développement de nos relations sur le plan économique, politique et culturel et à l'occasion de laquelle l'Espagne s'est à nouveau déclarée disposée à servir de pont avec l'autre rive de l'Atlantique. Le cadre légal de l'éventail d'opérations mises en œuvre par les deux pays remonte au Traité d'amitié signé en 1950, à partir duquel d'autres textes ont été développés, tels que l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique de 1993. Il convient de souligner l'activité culturelle espagnole réalisée à Amman à travers l'Institut Cervantès, l'AECID et l'ambassade d'Espagne. À ces événements s'ajoutent les Semaines hispano-jordaniennes initiées il y a deux ans, qui mettent l'accent sur le passé partagé et la modernité de nos sociétés. Visions partagées. L'Espagne et la Jordanie ont su identifier une série d'intérêts communs et partagent leur point de vue sur de nombreuses questions importantes comme le processus de paix au Moyen-Orient. Il a toujours été prévu que la Jordanie participe aux rondes de négociations de la Conférence de paix initiées à Madrid en 1991 et les deux pays ont encouragé la recherche d'une solution au conflit israélo-palestinien. Une autre vision partagée passe par le besoin de développer l'entente mutuelle entre l'Orient et l'Occident. D'où

Casa Árabe et la culture jordanienne Lors de sa dernière visite, la reine Rania de Jordanie a visité la Casa Árabe et a fait remarquer l'importance du rôle que joue cette institution pour la connaissance mutuelle des cultures jordanienne et espagnole. Dans un cadre plus large, elle a souligné qu'il est nécessaire de faire connaître au monde occidental la réalité des pays arabes et d'éliminer les préjugés culturels. Le grand intérêt que montre la Jordanie pour la Casa Árabe est nettement apparu au cours de l'acte de présentation, cérémonie à laquelle assistait le ministre des Affaires étrangères jordanien, M. Abdellilah al-Khatib.

La directrice de la Casa Árabe, Gema Martín Muñoz, accompagne la reine Rania de Jordanie lors de sa visite en 2008.


a action extérieure 27

LA JORDANIE en chiffres Population : 5 850 000 (estim. 2008) Superficie : 89 544 km2. Religion : musulmans sunnites 96 % ; chrétiens 4 % ; catholiques 1,2 % ; orthodoxes 2 %, autres 0,5 %. PIB Md. $ US 15,9 (2007) PIB % croissance réelle : 6 % Chômage : 14,3 % Dette extérieure : 51 % PIB Déficit public : 5,4 % PIB Taux moyen d'inflation : 5,4 Taux de change : 1 dollar = 0,708 dinar IDH : 0, 773 Espérance de vie à la naissance : 70,6 ans Taux d'analphabétisme : 9 % Source MAEC

la participation de la Jordanie au Groupe d'amis de l'Alliance des civilisations et le fait qu'elle ait été à l'origine d'autres mécanismes en vue d'une meilleure compréhension entre les cultures. C'est le cas du Message d'Amman, initiative jordanienne lancée en 2004 pour souligner les principes de tolérance et de paix défendus par l'Islam. La Jordanie comme l'Espagne se situent géographiquement à un carrefour entre le nord et le sud, l'est et l'ouest. Ces artères partagées dans le cadre bilatéral sont à leur tour renforcées sur le plan multilatéral à travers le dialogue méditerranéen de l'OTAN ou l'Union européenne et le processus de Barcelone : l'Union pour la Méditerranée. La compréhension entre les deux pays est également née d'expériences

Consulat d'Espagne à Amman. À gauche (grande photo), les ruines de Pétra, l'un des joyaux touristiques de la Jordanie.


28 a action extérieure

unis par l'eau La Jordanie fait partie des dix pays du monde où l'eau manque le plus. Chaque habitant dispose de 200 m3 par an. Le gouvernement jordanien a donc entrepris de nombreux projets pour améliorer l'accès à cette ressource. L'Espagne a contribué à la réhabilitation du bassin de la Zarka, au développement des systèmes d'irrigation agricole de la vallée du Jourdain et à l'amélioration du réseau d'eau potable. La remarquable participation jordanienne à l'Expo Saragosse 2008, sur le thème de l'eau, prouve que les deux pays sont unis par un même objectif : l'utilisation durable d'une ressource vitale.

UN ESPAGNOL EN JORDANIE Pedro Badanelli directeur général d'ALDEASA pour la JORDANIE, l'Arabie saoudite et le Koweït

douloureuses, conséquence du terrorisme d'Al-Qaeda. La condamnation des attentats de Madrid et d'Amman en 2004 et 2005, respectivement, prouve une fois de plus la profonde solidarité que se professent les deux sociétés. C'est la raison pour laquelle, en marge d'excellentes relations à d'autres niveaux, il existe une réelle collaboration en matière de sécurité à travers la Commission mixte hispano-jordanienne de Défense qui soutient, entre autres, la formation de personnel. Sur le plan économique, à l'occasion de la visite du roi et de la reine d'Espagne en Jordanie, en 2006, s'est tenue la Iere rencontre des chefs d'entreprises hispano-jordaniens. Nous devons avouer que la présence d'entreprises espagnoles dans la région n'est pas encore très forte mais il existe un secteur à haute rentabilité, comme le tourisme, qui peut ouvrir de nouvelles opportunités commerciales en Jordanie. Bien

Quelle opinion les Jordaniens ontils de l'Espagne et des Espagnols ? La bonne relation entre les familles royales espagnole et jordanienne contribue au fait que les Jordaniens considèrent l'Espagne comme un pays ami. Ils pensent que c'est un pays proche, en raison de nos années de coexistence culturelle avec le monde arabe. En général, leur opinion est très positive. Quel est le niveau d'intégration de nos compatriotes en Jordanie. S'adapter à la Jordanie est relativement facile, surtout grâce à la façon d'être des Jordaniens, amicaux et ouverts ; les gens font leur possible pour nous mettre à l'aise. Les racines communes et l'admirable sécurité du pays participent aussi de cette facilité d'adaptation. Comment considérez-vous les relations hispano-jordaniennes, en particulier les relations économiques ? La Jordanie est un pays assez déve-

que le nombre de résidents espagnols s'élève à peine à mille, il ne faut pas oublier que l'Espagne est le premier pays européen en nombres de visiteurs. Ce lien touristique permet d'expliquer les projets entrepris par l'AECID dans le pays, concentrés sur la réhabilitation de grands ensembles historiques dans la capitale ou sur le développement d'un tourisme durable dans la ville de Pétra. Fruit de son intense activité, un bureau technique de coopération a finalement été créé en 2007 et, dans le nouveau Plan directeur de la coopération pour le développement 2009-2012, le royaume hachémite est toujours prioritaire : il a été inclus aux pays de la nouvelle catégorie C « Association pour la consolidation des réalisations de développement ». Tout cela montre bien à quel point la Jordanie est l'un des principaux interlocuteurs de la région du Moyen-Orient et un pays avec lequel l'Espagne maintient d'excellentes relations.

loppé en termes d'infrastructures et son système financier est très sûr, bien qu'il soit méconnu des hommes d'affaires espagnols. Toutefois, de plus en plus d'entreprises se déplacent et se montrent intéressées, en grande partie grâce au travail de l'ambassade et particulièrement de l'attaché commercial. Notre expérience, en tant qu'entreprise, est que la Jordanie est un pays sûr sur le plan juridique et qui dispose d'une main d'œuvre hautement qualifiée. Des Jordaniens occupent des postes à responsabilité au sein d'Aldeasa, dans plusieurs pays en dehors de la Jordanie et, entre autres, en Espagne. En tant que communauté, les Espagnols résidant en Jordanie réalisent quelques activités pour rester en contact. Outre les activités proposées par l'Ambassade, des événements ont lieu à l'Institut Cervantès et permettent aux Espagnols résidant

en Jordanie de se réunir plusieurs fois par an. Il existe au moins deux associations, l'Association de l'Amitié hispano-jordanienne, et une association de Femmes espagnoles, qui nous aident à maintenir des relations. Donnez-nous une raison de choisir la Jordanie, comme destination de vacances ou comme destination professionnelle. Comme destination de vacances, c'est un pays de culture musulmane modérée. La Jordanie possède des lieux uniques au monde qu'il faut absolument connaître, selon moi. Pétra, le Wadi Rum et la mer Morte, ainsi que les villes romaines de Jerash et Umm Qeis. De plus, la Jordanie est une base idéale pour découvrir Jérusalem et la Syrie. Quant à la destination professionnelle, la main d'œuvre jordanienne hautement qualifiée contribue pour beaucoup à la réussite professionnelle.


a action extérieure 29

Relations Espagne-Jordanie : amitié et proximité Manuel Lorenzo García-Ormaechea AMbAssAdEuR d'EsPAGnE À AMMAn

L'Espagne et la Jordanie entretiennent, depuis plus de soixante ans déjà, d'excellentes et étroites relations sur le plan politique, économique, social et culturel. À l'absence de contentieux bilatéraux s'ajoute la confluence de positions sur des affaires aussi bien régionales (processus de paix au Moyen-Orient, processus euroméditerranéen, dialogue méditerranéen de l'OTAN) qu'internationales (Alliance des civilisations, objectifs du Millénaire, réforme des Nations Unies). Il ne fait aucun doute que les liens d'amitié entre les deux familles royales ont contribué à rapprocher les deux pays, pendant le règne du défunt roi Hussein comme celui du roi actuel, Abdullah II. La proximité entre nos deux pays se reflète également dans le grand nombre d'Espagnols, en augmentation, qui décident chaque année de visiter la Jordanie : les derniers chiffres indiquent plus de soixante mille visiteurs l'an dernier et font de l'Espagne le deuxième pays en nombre de touristes dans ce pays, et le premier pays de l'UE. Le nombre de citoyens jordaniens qui, pour des raisons professionnelles, familiales ou touristiques, ont voyagé en Espagne, est également en hausse (plus de quatre mille en 2008). La colonie espagnole, composée d'expatriés mais surtout de personnes

ayant la double nationalité, est composée de mille deux cents personnes environ. Les relations sont très intenses en matière de défense et de sécurité. Notons, d'autre part, la coopération espagnole au développement en Jordanie, principal acteur de projet emblématiques tels que la récupération et la réhabilitation du palais omeyyade d'Amman, comprenant le musée de la ville, qui a doté la capitale de son plus grand attrait touristique ; la mise en place de l'infrastructure touristique (guides, routes) dans le désert du Wadi Rum, ou l'ambitieux programme de micro-crédits, d'un montant de 9 millions d'euros, lancé en 2008. Voici d'autres projets notables de la coopération espagnole en Jordanie : le récent engagement de participation (à hauteur d'un million d'euros environ) à la réhabilitation intégrale du bassin de la Zarka ; les projets du programme Azahar pour le développement touristique de Pétra, menés par l'université polytechnique de Valence ; le développement du système d'irrigation dans la région d'El Kefrein, dans la vallée du Jourdain, et celui du réseau d'eau potable du district de Rwaished, à la frontière avec l'Iraq ; la construction et l'équipement des pavillons de consultations et d'urgences de l'hôpital régional de South Sounnah, et la réhabilitation

Les liens d'amitié entre les deux familles royales ont contribué à rapprocher les deux pays L'Espagne est le deuxième pays en nombre de touristes qui visitent la Jordanie, avec près de 70 000 personnes en 2008

de la forteresse et de la mosquée omeyyades de Hallabat et les bains adjacents de Hammam As-Sarraj. Dans le domaine éducatif et culturel, outre la présence et l'action remarquable de l'Institut Cervantès d'Amman qui, unie à la programmation de la délégation régionale de la culture de l'Ambassade font de l'action culturelle espagnole la plus active des actions étrangères dans la capitale. L'AECID et le ministère de l'Éducation espagnol financent la présence de quatre lecteurs d'espagnol dans la faculté de langues modernes de l'université de Jordanie (la plus grande du pays), l'université Mafraq (Al-Al bayt) et du Yarmouk à Irbid, et ont décerné ces cinq dernières années plus de 120 bourses pour les hispanistes et les doctorants. Enfin, du point de vue économique, il existe un déséquilibre flagrant en faveur de l'Espagne dans les relations bilatérales (les exportations espagnoles sont deux fois plus importantes que les exportations jordaniennes). Des entreprises espagnoles du secteur de l'énergie, des infrastructures et des énergies renouvelables ont manifesté leur intérêt pour la Jordanie et pour une participation aux mégaprojets lancés par le gouvernement jordanien pour les années à venir. Un nouveau programme financier espagnol pour la coopération avec la Jordanie facilitera la présence de nos entreprises dans ces domaines.


30 A l'analyse

Début de la présidence suédoise du Conseil de l'UE. L'ambassadeur de Suède en Espagne fait part de ses réflexions sur quelques-unes des priorités du mandat que son pays exercera à partir du 1er juillet. Nombre des décisions adoptées dans ces domaines seront appliquées par l'Espagne en 2010 et, à cette fin, la coopération entre les deux pays est permanente.

Anders Rönquist AMBASSADEUR DE SUÈDE EN ESPAGNE

« Dans le domaine de l'environnement, nous devons partager une stratégie ambitieuse, car si nous n'agissons pas maintenant, il sera trop tard » — Vous êtes ici depuis 2005… Comment vous sentez-vous en Espagne ? —Je m'y sens très bien ! C'est un pays très important dans nos relations bilatérales et comme partenaire européen. Ma cinquième année ici se centrera essentiellement sur des thèmes en rapport avec l'UE mais il y a en Espagne un intérêt tout à fait particulier pour la Suède, actuellement perceptible dans la littérature et Stieg Larsson notamment. C'est un plaisir de représenter la Suède ici, où notre pays bénéficie d'une très bonne réputation. En outre, sur le plan politique, il y a de nombreux domaines dans lesquels nous travaillons très bien ensemble, car nous poursuivons les mêmes buts : égalité, innovation, environnement… — La lutte contre le changement climatique est précisément l'une des priorités de votre présidence. Comment parviendrez-vous à obtenir que l'UE participe à la conférence de Copenhague avec une position unie, qui faciliterait un accord international en matière d'environnement ? — Nous devons travailler à différents niveaux : au sein de l'UE, partager une ambition très claire quant au résultat du sommet et collaborer avec les grands pays industrialisés et les économies émergentes. Il faut aider les pays en développement par un financement afin qu'ils puissent progresser sur ces questions, cela sera dans l'intérêt de tous. Les études menées par les experts sont très claires : nous devons agir maintenant sinon, il sera trop tard. La croissance économique est

parfaitement compatible avec la réduction des émissions de CO². Nous n'avons pas à renoncer à l'un en faveur de l'autre, l'exemple suédois le montre très bien. — Une autre de nos priorités communes est d'avancer en matière d'égalité, notamment entre hommes et femmes. Quel élan donnerez-vous à cette question ? — La Suède et l'Espagne sont deux pays en avance dans la lutte pour l'égalité, et contre la violence sexiste en particulier. Il est important de travailler au sein de l'UE en faveur de ces objectifs. Les exemples suédois et espagnol montrent que l'égalité doit être traitée transversalement, non de façon isolée : elle doit influencer toutes les politiques. L'égalité est aussi très importante dans les thèmes de l'Agenda de Lisbonne. Il faut favoriser l'incorporation de la femme au marché du travail et la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Et ce, en tenant compte du rôle des pères dans la garde des enfants. En Suède, on ne parle pas de « congé maternité », il y a une conception neutre du genre. L'idée est que les deux parents partagent les 18 mois qui leur sont accordés, deux mois étant réservés à chacun, et il existe des incitations fiscales pour que les parents se répartissent ce temps. Au cours de notre présidence, nous allons organiser une conférence sur la traite des femmes. C'est l'un des aspects sur lesquels nous devons le plus travailler ensemble car il ne s'agit pas de phénomènes nationaux, mais transfrontaliers.

— La Suède, comme l'Espagne, soutient la poursuite de l'élargissement. Quelle est votre position concernant la Turquie ? — La Turquie est un pays candidat et bienvenu dans l'UE, mais elle doit satisfaire aux conditions préalables. C'est difficile et cela prendra du temps, mais il faut l'y encourager afin qu'elle adopte les mesures opportunes et franchisse ces étapes le plus rapidement possible. — Dans le contexte actuel de crise économique, quelles seront vos priorités en termes de compétitivité, de création d'emplois et de croissance ? — Nous accordons une grande importance à l'innovation, ainsi qu'à la politique européenne vis-à-vis du reste du monde. Nous devons nous tourner vers l'avenir et prendre les mesures nécessaires pour que tous puissent trouver un emploi. Je pense que pour tous les pays, il est évident que plus le commerce sera libre, plus cela servira les intérêts de tous, en particulier des pays en développement. Nous souhaitons travailler dans le sens d'une politique très ouverte et très libre au niveau du commerce mondial. — Au cours de votre mandat, il sera procédé à la révision du Programme de La Haye et l'adoption du Programme de Stockholm. Quelles sont vos prévisions à ce sujet ? — Le Programme de La Haye n'est pas très bien connu des citoyens. Nous souhaitons un programme qui soit « pour » les citoyens, efficace, mais plus explicatif. Nous ne voulons pas parler uniquement


photo Ángel zorita

A l'analyse 31

le profil Diplomate de carrière, il travaille depuis 26 ans dans le Service extérieur suédois. Licencié en droit de l'université de Stockholm, il s'est spécialisé dans les droits de l'homme et la prévention des conflits. Son parcours inclut des villes telles que New York, La Haye, Paris ou Buenos Aires. En Suède, il a été directeur général du droit international, des droits de l'homme et du droit des traités, et sous-directeur de la Division pour la politique de sécurité européenne. Il considère que les citoyens doivent exiger des dirigeants politiques des réponses sur les sujets importants concernant l'Union. Il s'est rendu dans 16 des 17 communautés autonomes et il adore « la diversité culturelle de l'Espagne.

de mesures répressives, mais aussi de garanties juridiques individuelles pour les citoyens. Notre idée consiste à fonder ce programme sur les droits civiques de la personne, et à nous concentrer sur le fait que pour protéger ces droits, l'UE doit intervenir contre la criminalité transfrontalière. Il est très important de souligner que le plein respect des droits de l'homme n'est pas incompatible avec la lutte contre le terrorisme, comme cela a été démontré en Espagne. Nous voulons combattre l'immigration illégale, mais encourager l'immigration légale de travailleurs. Nous souhaitons également un schéma commun concernant le droit d'asile, qui permettrait d'appliquer les mêmes règles de base dans tous les pays, et nous attendons davantage d'efforts concernant l'accueil des réfugiés politiques. — En quoi consiste la Stratégie de la mer Baltique, que vous souhaitez mettre en œuvre ? — Il s'agit d'environnement, mais également de coopération entre les pays situés sur le pourtour de cette mer. Nous pensons que ce processus présente un grand intérêt pour le projet de l'Union pour la Méditerranée, car ce sont deux processus auxquels nous accordons beaucoup d'importance, et qui sont complémentaires : nous devons apprendre l'un de l'autre, et du type de coopération qu'il est possible de mettre en œuvre. — Les relations avec les États-Unis seront une question prioritaire… — Il nous paraît très important de renforcer ce lien. Plusieurs thèmes requièrent une collaboration plus étroite avec les États-Unis, comme le changement climatique et les conflits au Moyen-Orient et en Afghanistan. — Et quelle place occuperont les relations avec la Russie, en particulier sur les questions d'énergie ? — C'est un sujet très important, surtout si l'on se souvient de ce qui s'est passé lors des premiers jours de la présidence tchèque, avec la crise du gaz. La Suède est assez proche de la Fédération russe, nous la connaissons bien et nous avons des sujets importants à traiter : système de sécurité européen, mais aussi coopération dans de nombreux domaines.


32 a action extérieure en bref

La présidence espagnole du Conseil de l'Europe touche à sa fin. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a qualifié l'accord obtenu le 12 mai « de réussite et de grand pas en avant pour le Conseil de l'Europe »

L'Espagne parvient à améliorer le fonctionnement de la Cour européenne des droits de l'homme La 119e séance du Comité des ministres du Conseil de l'Europe s'est tenue à Madrid le 12 mai. Le prince des Asturies a inauguré la séance d'ouverture, au centre des conventions de l'IFEMA, aux côtés du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, et du secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis. Au cours de la rencontre, qui coïncidait avec la fin de la présidence espagnole, les 47 États membres du Conseil de l'Europe sont parvenus à débloquer la réforme de la Cour européenne des droits de l'homme, l'une des questions en attente de résolution. Cette évolution était bloquée depuis 2004 par le refus de la Russie de ratifier le Protocole 14 de la Convention européenne des droits de l'homme. Après avoir constaté que la Russie n'avait pas prévu de le ratifier, ce qui empêchait l'entrée en vigueur des réformes, la présidence espagnole a travaillé sur une formule alternative qui a finalement abouti. La proposition espagnole a permis de conclure l'accord qui consiste à appliquer des mesures accélérant le travail de la Cour, mais uniquement pour les demandes émanant de pays ayant signé et ratifié la nouvelle formule. La réforme de la Cour, qui garantit à 800 millions

Le prince Felipe, aux côtés du ministre des Affaires étrangères et le la coopération, Miguel Ángel Moratinos, durant la réunion du Comité des ministres, à Madrid, qui a marqué la fin de la présidence espagnole. photo javier hernández

d'Européens le droit à un dernier recours a été, dès le début, l'objectif prioritaire de la présidence espagnole. « Cet accord accélérera le travail de la Cour, garantira son efficacité et rajeunira l'institution », a déclaré Miguel Ángel Moratinos, qui a exprimé sa satisfaction face aux changements adoptés qui « rendront la justice européenne plus concrète et plus proche des citoyens. Désormais, les Européens

verront leurs droits mieux protégés et garantis. Tel était l'objectif principal de notre présidence ». L'Espagne, qui exerçait depuis la fin novembre la présidence semestrielle du Comité des ministres du Conseil de l'Europe, coïncidant avec le 60e anniversaire du Conseil et le 50e anniversaire de la Cour européenne des droits de l'homme, a passé le relais à la Slovénie.

Première réunion de l'Initiative de l'Atlantique Sud, à Lanzarote « Le moment est venu de faire de l'Atlantique Sud un espace de paix et de sécurité ». Voici ce qu'a déclaré Miguel Ángel Moratinos, le ministre des Affaires étrangères, lors du premier

Forum de l'Initiative Atlantique Sud qui a réuni début juin, à Lanzarote, des ministres européens, africains et latinoaméricains. Selon le ministre, « le XXe siècle a été le siècle de l'Atlantique

Nord » et « en cette période de profond bouleversement, l'heure est venue pour un Atlantique à la hauteur des changements qui ont lieu dans d'autres régions du monde, telle que le Pacifique ».


a action extérieure en bref 33

IVe Rencontre des réseaux EUROsociAL à Salvador de Bahia  De hauts fonctionnaires de pays d'Amérique latine et des représentants de la BID, de la CEPAL et de l'Union européenne se sont réunis à Salvador de Bahia (Brésil) du 23 au 25 juin, à l'occasion de la IVeRencontre internationale des réseaux de l'EUROsociAL, principal programme de la Commission européenne pour la cohésion sociale en Amérique latine. Avec plus de 300 activités, EUROsociAL a mobilisé jusqu'à présent plus de 1 700 institutions d'Europe et d'Amérique latine en vue d'améliorer les programmes de santé, d'éducation, de fiscalité, de justice ou d'emploi.

Conférence sur les nouveaux mécanismes d'aide au développement  Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Angel Moratinos, a relancé à Paris un appel aux pays développés à s'engager à porter obligatoirement leur AOD à 0,7 %. Le ministre a expliqué que « l'Espagne s'est présentée à cette conférence pour discuter et soutenir de nouveaux instruments pour le financement de la coopération au développement dans une période de crise économique et financière internationale ».

L'Espagne, pays observateur au sein du Conseil balte  Au cours de la 19e réunion ministérielle d'Elseneur (Danemark), le Conseil des États de la mer Baltique a attribué à l'Espagne le statut de pays observateur. Le Conseil balte est un forum politique régional composé de 11 pays, créé en 1992 dans le but de développer la coopération dans la région.

Le roi et la reine visitent l'Australie et la Nouvelle-Zélande pour resserrer les liens entre nos pays  Le roi Juan Carlos et la reine Sofia, ont effectué un voyage d'État en Australie et en NouvelleZélande. Au cours de celui-ci, ils ont signé plusieurs accords commerciaux et de coopération en matière d'éducation et d'immigration. Le roi et la reine ont également assisté à des cérémonies telle que la traditionnelle cérémonie de bienvenue maorie par laquelle ils ont été accueillis à leur arrivée en Nouvelle-Zélande.

En Avril

Le Forum 5+5 se réunit à Cordoue Cordoue a accueilli la VIIe Conférence des ministres des Affaires étrangères de la Méditerranée occidentale dans le cadre du Dialogue 5+5 qui, depuis 1990, réunit cinq pays du nord de la Méditerranée (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal) et cinq pays du sud (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie). La commissaire européenne pour les Relations extérieures et le secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe ont également participé à cette rencontre. En ce qui concerne le conflit au Moyen-Orient, les pays réunis ont signé une déclaration finale qui souligne l'urgence d'appliquer sans tarder la solution de deux États coexistant dans la paix et la sécurité. Ils ont, en outre, lancé un appel à reprendre les négociations en vue de parvenir à un accord de paix dans la région et ils ont instamment prié Israël de congeler immédiatement et complètement les activités de colonisation et d'ouvrir les frontières de la frange de Gaza.

Victoire judiciaire Le roi salue Turama Hawia, dignitaire maori, par le traditionnel « hongi » .

Collaboration dans la lutte contre le terrorisme  Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Ángel Lossada, a participé à la réunion ministérielle UE-ASEAN au Cambodge, où il a proposé la collaboration de l'Espagne dans la lutte contre le terrorisme. Durant le sommet, il a été question de la crise financière, du changement climatique et de l'énergie. L'UE a signé le Traité d'amitié et de coopération du Sud-Est asiatique, dont l'objectif est de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans la région et qui sera développé lors de la prochaine réunion ministérielle qui se tiendra à Madrid, en mai 2010.

Prix Martin Ennals 2009 pour l'Iranien Emad Baghi  Le prix Martin Ennals, qui récompense les défenseurs des droits de l'homme, a été décerné en 2009 à l'Iranien Emad Baghi, fondateur de la Société pour la défense des droits des prisonniers. Pour dénoncer la peine de mort et défendre les autres droits, Emad Baghi a passé quatre années en prison au cours de la dernière décennie.

Un juge ordonne la restitution du trésor d'Odyssey à l'Espagne La sentence d'un juge de Tampa (Floride) a apporté au gouvernement espagnol une grande victoire judiciaire dans la bataille pour la propriété du trésor que l'entreprise Odyssey a remonté du fond de l'Atlantique, provenant de l'épave de la frégate de la marine, «Nuestra Señora de las Mercedes», coulée le 5 octobre 1804 au large des côtes de l'Algarve. La sentence accepte les arguments du gouvernement espagnol et ordonne que le trésor soit restitué parce que l'épave étant bien celle de la frégate espagnole, son chargement est soumis à l'immunité souveraine.


34 a action extérieure en bref

Rencontre entre l'Espagne et ses alliés. Le Sommet du G-20 à Londres, les actes commémoratifs du 60e anniversaire de l'OTAN, le Sommet UE-ÉtatsUnis et le IIe Forum de l'Alliance de civilisations, ont été les principaux événements officiels de ce mois d'avril.

Intense semaine de contacts internationaux

Le président des États-Unis, Barack Obama et José Luis Rodríguez Zapatero, après leur rencontre au sommet UE-États-Unis, à Prague.photo efe

La première semaine du mois d'avril a été très chargée pour la politique extérieure espagnole. Elle a commencé par la réunion des pays du G-20 à Londres, à laquelle a participé le président José Luis Rodríguez Zapatero. Dans la capitale britannique, la création d'un fonds commun d'un montant d'un milliard de dollars a été approuvée, en vue de stimuler le commerce et de réactiver l'économie mondiale et des mesures concrètes ont été prises pour la répression du secret bancaire. Il a également été décidé d'augmenter les ressources mises à disposition des établissements financiers internationaux, en particulier du FMI, pour aider les pays les plus pauvres à surmonter la crise. À ce propos, le président a annoncé que l'Espagne contribuerait à hauteur de 4 milliards d'euros. Quelques jours plus tard, le président espagnol et le nouveau président des Etats-Unis, Barack Obama, ont eu

un premier entretien dans le cadre du Sommet entre l'Union européenne et les États-Unis, qui s'est déroulé à Prague. Devant les médias, le président Obama a déclaré être « heureux de pouvoir appeler » le président espagnol « mon ami », il a loué son « sérieux et sa responsabilité » et a déclaré qu'il espérait que les relations, déjà « solides, le deviennent encore davantage ». De son côté, José Luis Rodríguez Zapatero a offert au président Obama tout le soutien de son gouvernement pour atteindre « un ordre mondial de paix et un ordre mondial plus juste », luttant contre la pauvreté et apportant des « temps meilleurs aux générations à venir ». Le président du gouvernement espagnol a souligné qu'une « nouvelle étape commence pour les relations entre l'Espagne et les Etats-Unis ». José Luis Rodríguez Zapatero et Barack Obama se sont également retrouvés lors des cérémonies de commémoration du 60e anniversaire de l'Alliance atlantique, qui se sont tenues à Strasbourg et à Khel, et qui ont permis de donner un élan décisif à l'OTAN face aux nouveaux défis du XXIe siècle. Le couronnement de cette semaine intense a été la tenue du deuxième Forum de l'Alliance des civilisations, à Istanbul, à laquelle ont participé 1 500 personnes, parmi lesquelles cinq chefs d'État et de gouvernement, 31 ministres, de nombreux dirigeants religieux ainsi que des membres de la société civile. M. Miguel Ángel Moratinos a souligné que la société civile devait s'impliquer pour que le rapprochement entre les cultures réussisse.

Forum international sur la santé sexuelle et reproductrice  La Première vice-présidente du gouvernement, Maria Fernández de la Vega, a inauguré le 21 juin à Madrid un forum international sur la santé sexuelle et reproductrice. Pendant le forum, un mémorandum d'entente visant à garantir la coordination et la durabilité du Réseau des Femmes a été signé. Créé à l'issue de la Iere Rencontre Espagne-Afrique « Femmes pour un monde meilleur », tenue à Maputo en 2006, ce Réseau est un espace pour la solidarité, la coopération et le renforcement des femmes en tant qu'agents actifs de développement.

M. Moratinos salue les troupes espagnoles détachées au camp de Butmir, à Sarajevo.photo j.hernández

Voyage du ministre en Albanie et en Bosnie-Herzégovine Au mois de mai, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a effectué un voyage en Albanie et en BosnieHerzégovine dans le but de renforcer le rapprochement entre les Balkans occidentaux et l'UE et de rendre visite aux troupes espagnoles détachées à Sarajevo. L'Espagne, avec 308 militaires, est le plus important contingent de la force multinationale EURFOR-Althea pour la stabilité dans la région.

Constitution du patronage de la Fondation euro-arabe Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Ángel Lossada, a présidé à Madrid la réunion de constitution du patronage de la fondation Institut euro-arabe d'éducation et de formation. L'Objectif de la fondation, dont le siège se trouve à Grenade, est de former des cadres arabes et espagnols en gestion publique et bonne gouvernance.


a action extérieure en bref 35

Débat sur le terrorisme et la cybersécurité en Espagne  L'Espagne a accueilli, du 15 au 17 avril, deux rencontres concernant la lutte antiterroriste et la cybersécurité. La première était la XVIe réunion du Comité d'experts sur le terrorisme (CODEXTER) du Conseil de l'Europe, qui s'est réuni pour la première fois en dehors de Strasbourg. Quant à la Conférence sur le terrorisme et la sécurité, elle a permis à des experts internationaux de partager leur expérience dans la lutte contre l'utilisation d'Internet à des fins terroristes ainsi que de débattre sur la cybercriminalité.

Premiers contacts avec le nouveau gouvernement israélien  Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a effectué, les 15 et 16 avril, un voyage en Cisjordanie et en Israël afin de réaliser une première prise de contact avec le nouveau gouvernement israélien. Dans le cadre du fort engagement de la diplomatie espagnole envers la paix au MoyenOrient, Miguel Ángel Moratinos a également transmis à son homologue palestinien, Riad Malki, la volonté du gouvernement espagnol d'aider à mettre en œuvre la formule de deux États.

Le ministre reçoit son homologue des Émirats arabes unis Miguel Ángel Moratinos a reçu le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, le cheikh Abdullah ben Zayed Al Nahayan. Le ministre a souligné son admiration pour la capacité d'adaptation et de renouvellement des Émirats ces dernières années, sans renoncer à leurs traditions et à leur identité, en se situant à l'avant-garde mondiale grâce à la diversification de l'économie, en misant sur des secteurs dynamiques comme celui des énergies renouvelables.

Présidence en équipe du Conseil de l'Europe. Dépassement de la crise économique, agenda social et lutte contre le changement climatique sont parmi les principaux objectifs de la troïka présidentielle.

L'Espagne, la Belgique et la Hongrie fixent la feuille de route de la présidence L'Espagne, la Belgique et la Hongrie ont fixé la feuille de route qui régira les 18 mois de la présidence en équipe, au cours desquels les trois pays travailleront conjointement pour faire face aux défis de l'Europe actuelle. Dans le contexte actuel de crise économique et financière, le trio de présidences a souligné l'importance d'agir de façon coordonnée au sein de l'Union européenne et la nécessité de rapprocher les institutions des citoyens, en œuvrant à une Europe sociale et compétitive. En ce sens, la troïka présidentielle a souligné, parmi ses objectifs, le dépassement de la crise par la révision de la stratégie de Lisbonne pour la période postérieure à 2010, avec deux défis fondamentaux : une croissance économique durable et la création d'emplois par l'investissement en R&D&I. Une autre priorité sera l'approbation du nouvel agenda social 20112015, mettant l'accent sur l'éradication de la pauvreté et de l'exclusion sociale et l'application d'un plan pour l'égalité entre hommes et femmes. La présidence

se concentrera aussi sur la lutte contre le changement climatique, avec l'approbation du nouveau Plan d'action européen pour l'énergie 2010-2012, sur la base des résultats de la conférence de Copenhague. Le trio de présidences encouragera en outre le développement de l'Espace de justice, de liberté et de sécurité, travaillera à la construction d'un espace judiciaire européen et renforcera la politique européenne commune d'immigration et d'asile. L'élargissement et la politique de voisinage avec les pays méditerranéens, en particulier le développement de l'Union pour la Méditerranée, figureront parmi les thèmes essentiels pour l'équipe qui travaillera également à la bonne mise en application des réformes institutionnelles établies par le Traité de Lisbonne, qui pourrait être adopté fin 2009. L'Espagne assumera la présidence du Conseil de l'Europe le 1er janvier prochain, et sera suivie par la Belgique qui à son tour passera le relais à la Hongrie dont la présidence s'achèvera le 30 juin 2011.

Remise de diplômes à la IVe promotion du mastère de l'École diplomatique Le 17 juin, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a remis les diplômes aux élèves du mastère interuniversitaire de diplomatie et relations internationales de l'Ecole diplomatique qui, pour cette IVe édition, comptait 120 étudiants de 42 nationalités. Le mas-

tère est composé d'élèves espagnols et étrangers, dont de nombreux diplomates. Les élèves espagnols peuvent à présent aspirer à des stages pratiques auprès d'ambassades et de consulats généraux d'Espagne à l'étranger ou au sein des services centraux du MAEC à Madrid.


36 a action extérieure en bref

Visite au Nigeria et au Togo. Lors du Sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique occidentale, le président a assuré que l'Espagne maintiendrait ses objectifs d'aide au développement

L'Alliance des civilisations présente le projet Nexos à l'ONU  L'Alliance des civilisations a présenté au siège des Nations Unies, à New York, une série de treize épisodes documentaires qui met l'accent sur les points communs entre différentes cultures et religions. Cette série de documentaires fait partie des projets réalisés par le Groupe de haut niveau pour l'Alliance des civilisations, formé par 18 personnalités de différents pays.

Le président du gouvernement, aux côtés du ministre des Affaires étrangères et de la coopération et du ministre de l'Industrie et du commerce du Nigeria, lors de la réunion à Abujaphoto efe

Deuxième voyage de José Luis Rodríguez Zapatero en Afrique subsaharienne À l'occasion de sa tournée en Afrique subsaharienne, le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a visité le Nigeria et le Togo, les 22 et 23 juin. Dans la ville nigériane d'Abuja, le président a participé au premier Sommet de l'Espagne avec la Communauté économique des États de l'Afrique occidentale (CEDEAO), organisme créé en 1975 et composé de quinze pays : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d'ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Sénégal, Sierra Leone et Togo. Lors de son discours devant les dirigeants qui assistaient au sommet, le président a souligné la portée « essentielle et historique » de la réunion et il proposé d'accueillir le deuxième sommet à la Casa de África, aux Canaries. Le président a, par ailleurs, rappelé que, ces dernières années, l'Espagne a accru sa coopération avec l'Afrique subsaharienne – 40 % de la coopération espagnole est en effet destinée à l'Afrique occidentale – et il a renouvelé l'engagement de l'Espagne

envers les objectifs d'aide officielle au développement, ratifiant son soutien aux quatre objectifs de base pour la région : consolidation de l'État de Droit, politiques publiques visant à atteindre les objectifs du Millénaire, développement des investissements en énergie et en infrastructures et promotion du commerce et du tourisme. Enfin, il s'est engagé, « non seulement en tant que président du gouvernement espagnol, mais également en tant que président du gouvernement d'un pays membre de l'Union européenne », à « raviver l'intérêt » de l'Europe pour l'Afrique. Pendant son séjour au Nigeria, José Luis Rodríguez Zapatero s'est réuni avec le président Alhaji Umar Musa Yar'Adua et a rencontré des chefs d'entreprises espagnols et nigérians. Au Togo, le président a assisté à la séance de l'Assemblée de ce pays lors de laquelle a été adoptée l'abolition de la peine de mort, puis il a eu un entretien avec le président, Faure Essozimna Gnassingbé. La réglementation adoptée portera le nom de « loi Zapatero ».

L'Espagne ratifie la Convention sur les armes à sous-munitions  Outre sa participation active à l'ensemble du processus de négociation, elle devient ainsi le dixième pays signataire à ratifier la convention. Notre pays se félicite de l'adoption de ce nouvel instrument du droit international humanitaire qui interdit une catégorie entière d'armes conventionnelles dont l'usage avait un impact inacceptable sur la population civile en situations de conflit et de post-conflit.

Madrid accueille le séminaire « La société civile face aux conséquences du terrorisme »  Organisé à l'initiative de l'Espagne et de la Suisse, en collaboration avec l'Institut Elcano, ce séminaire a bénéficié de la présence d'experts internationaux spécialistes de l'étude et de l'évaluation de l'impact social du terrorisme. Les experts ont analysé les données essentielles de la lutte contre le terrorisme : victimes, coût économique et social du terrorisme, et respect et promotion des libertés et des droits fondamentaux.


a action extérieure en bref 37

Intense agenda Espagne-Afrique  Dans le cadre des contacts avec l'Afrique, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a récemment rencontré ses homologues éthiopien, camerounais et sénégalais, avec qui il a abordé des questions d'intérêt commun. En outre, du 7 au 9 juillet, le ministre visitera la Guinée équatoriale en compagnie de députés et de chefs d'entreprises afin de resserrer les relations entre les deux pays.

L'Espagne participera à la conférence de Tokyo sur le Pakistan  Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Angel Lossada, a participé à la réunion du Groupe d'amis du Pakistan et à la conférence des donateurs, à Tokyo (Japon). L'Espagne est membre du Groupe d'amis du Pakistan, constitué en 2008 en tant qu'instrument stratégique de soutien politique international au développement, à la sécurité et à la bonne gouvernance du Pakistan.

Accord avec la CJCE relatif à l'usage des langues officielles en Espagne  L'Espagne est le premier pays de l'Union européenne à signer un accord de ce type avec la Cour de justice des Communautés européennes. L'accord permettra aux citoyens de s'adresser à la Cour dans leur langue et de recevoir une réponse dans cette même langue, et il s'inscrit dans le cadre du processus lancé par le gouvernement espagnol pour faciliter l'accès aux institutions communautaires.

Casa Sefarad-Israel organise une rencontre juridique internationale  Madrid a accueilli une importante rencontre juridique internationale organisée par Casa Sefarad-Israel et la Fondation Garrigues. Au cours de celle-ci ont été abordées les limites et les compétences de l'application actuelle du principe de juridiction universelle. Des juristes d'Israël, des États-Unis, d'Argentine, de Belgique, de Suisse, de France, d'Italie et d'importantes autorités judiciaires.

Création de la Fondation Consejo España-India  Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération et la secrétaire d'État chargée du Commerce, conjointement avec plusieurs institutions et entreprises partenaires (La Caixa, Grupo Santander, Chaincorp, etc.) ont créé la Fondation Consejo España-India dans le but de resserrer les liens entre les deux pays. Antonio Escámez est le président de la fondation, et la fonction de secrétaire général revient à José Eugenio Salarich.

Réunion UE-Groupe de Rio à Prague  La capitale tchèque a accueilli au mois de mai la XIVe Conférence ministérielle de l'UE et du Groupe de Rio, mécanisme permanent de consultation et de concertation politique entre pays latino-américains créé en 1986 et auquel participent 23 États. Le sommet, auquel a assisté le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, a abordé les questions du renforcement des liens, de la concertation en matière de récupération économique et du développement des alliances économiques et régionales.

Les États-Unis prennent l'AVE comme modèle pour leur train  Le secrétaire d'Etat américain chargé des Transports, Ray LaHood, s'est récemment déplacé en Espagne pour découvrir en détail le modèle de grande vitesse espagnole qui servira de référence pour les futurs investissement ferroviaires américains. Lors de cette visite, il était accompagné par le ministre de l'Équipement, José Blanco, qui a annoncé l'envoi d'une délégation de l'entreprise INECO aux États-Unis

Diplomatie publique

Ouverture de la Casa del Mediterráneo Le 30 avril a été signée la convention constitutive de la Casa del Mediterráneo, créée en vue de constituer un instrument efficace pour promouvoir le rapprochement politique, économique, social, éducatif, scientifique, culturel et humain entre les différentes sociétés, cultures et peuples des deux rives de la Méditerranée. La Casa del Mediterráneo est une institution créée à l'image des autres institutions soutenues par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération, telles que Casa de América, Casa Asia, Casa Árabe, Casa África ou Casa Sefarad-Israël. Il s'agit d'organismes publics spécialisés, dont le but est de promouvoir les relations de l'Espagne avec les régions d'intérêt pour la politique extérieure, à travers la diplomatie publique.

Quatre nouveaux chercheurs

Réunion du patronage de l'Institut Elcano Elena Salgado, Seconde vice-présidente du gouvernement, a présidé la réunion du patronage de l'Institut royal Elcano lors de laquelle a été adopté le rapport annuel de 2008. Parmi les activités réalisées l'an dernier, soulignons la création de l'observatoire de l'Asie centrale, avec Casa Asia et la Fondation CIDOB, et la publication d'ouvrages et de documents d'analyse. Sans omettre la création de groupes de travail avec la participation d'experts et de personnalités des secteurs universitaire et politique. Quatre nouveaux chercheurs ont été intégrés cette année : Ignacio Molina, Carmen González, Carlos Oya et Fernando del Pozo.


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Rencontre à Madrid. Dans le cadre de la rencontre intitulée « Vers un plan d'actions politiques pour l'égalité de genre en Amérique latine et aux Caraïbes » , la situation actuelle des femmes latino-américaines concernant l'égalité de genre a fait l'objet d'analyse et de débat. Des stratégies parlementaires ont également été établies afin de contribuer à la réalisation de ce dernier.

La secrétaire d'État chargée de la Coopération, la directrice régionale du PNUD pour l'Amérique latine et les Caraïbes, la Première vice-présidente du gouvernement, la directrice exécutive d'UNIFEM, la directrice de l'AECID et la déléguée d'UNIFEM en Espagne. PhotoS pepa acedo / aecid

Des femmes députées débattent à Madrid de l'égalité de genre Près de 100 femmes députées de 20 pays d'Amérique latine, des Caraïbes et d'Espagne se sont réunies à Madrid afin de définir un « plan d'actions politiques » qui favorise l'égalité de genre dans cette région du monde. Au cours de la réunion organisée par l'AECID (Agence espagnole de coopération internationale pour le développement), en collaboration avec le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) et l'UNIFEM (Fonds de développement des Nations Unies pour la femme), des défis spécifiques liés aux fonctions de la femme ont été abordés, autour de trois thèmes principaux : en tant que protagonistes du développement face à la crise économique, à travers le renforcement de leur participation politique et par le développement d'un plan d'action de genre dans les Parlements de cette zone géographique. La Première vice-présidente, María Teresa Fernández de la Vega, a encouragé les participantes à lutter en faveur de

l'équité et à occuper l'espace public qui revient aux femmes pour être partie prenante des solutions aux crises. Elle a également rappelé qu'« aujourd'hui, nous, les femmes, participons à la politique et sommes un élément fondamental de celle-ci. Nous continuons à revendiquer l'espace public que nous aurions toujours dû occuper ». La vice-présidente a souligné la création du fonds mondial multi-donateurs pour l'égalité de genre au sein des Nations Unies, dont pourront bénéficier les pays d'Amérique latine et des Caraïbes, à hauteur de 50 millions d'euros, dans le but de favoriser l'égalité de genre dans le cadre de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. De son côté, Rebeca Grynspan, directrice régionale du PNUD pour l'Amérique latine a déclaré : « nous ne pouvons pas nous permettre les coûts individuels, familiaux, communautaires et nationaux qu'impliquent les inégalités, surtout

dans le terrible contexte de crise économique et financière que nous vivons actuellement ». Quant à Inés Alberdi, directrice exécutive de l'UNIFEM, elle a affirmé qu'« il est nécessaire de rendre des comptes aux femmes pour qu'elles puissent obtenir des réponses de la part de ceux qui occupent des postes à responsabilité, tant à l'échelle nationale qu'a l'échelle internationale ». Femmes : progrès en matière de politique. Les conquêtes de droits et d'équité de genre, au cours de ces dernières décennies, sont reflétées dans la représentation politique et, plus particulièrement, dans la représentation parlementaire. De grands progrès ont été réalisés en ce qui concerne la proportion des femmes députées. La moyenne régionale s'élève actuellement à 20,7 %. Les femmes bénéficient d'une forte représentation dans les pays suivants : Cuba (49,2 %), Argentine (40 %) et Costa Rica (36,8 %). Tandis que la plus faible représentation est enregistrée en Colombie (8,4 %), au Brésil (9 %) et au Guatemala (12 %). La progression, au sein des Sénats, a été plus lente. Les données de 2009, par rapport à 2001, montrent qu'un seul pays est en régression (Paraguay : 18 % en 2001 et 16 % en 2009) et notent une progression générale lente mais soutenue. D'autre part, quatre femmes sont parvenues par les urnes à la présidence de la République : la Nicaraguayenne Violeta Barrios de Chamorro (1990), la Panaméenne Mireya Elisa Moscoso (1999), la présidente du Chili, Michelle Bachelet (2005) et Cristina Fernández de Kirchner, en Argentine (2007). Il convient de souligner un autre point : l'intégration dans les cabinets ministériels. Tandis que dans les années 90, les femmes ne représentaient que 9 %, dix ans plus tard, le pourcentage s'élève à 24 %. Les données concernant l'année 2009 indiquent une baisse à 21,6 %. Il faut également tenir compte d'un changement qualitatif. En effet, un nombre croissant de femmes obtiennent des portefeuilles traditionnellement réservés aux hommes, tels que les ministères de l'Intérieur, la Défense, l'Économie ou la Production.


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Le prince et la princesse inaugurent le nouveau bureau technique de coopération de l'AECID à San Salvador  Le prince et la princesse des Asturies ont inauguré, le 30 mai dernier, le nouveau siège du bureau technique de coopération de l'AECID au Salvador, construit sur un terrain intégré à l'ambassade d'Espagne et contigu à la chancellerie et au centre culturel de l'Agence. Le projet architectural et la construction ont été attribués à des entreprises salvadoriennes. La surface du bâtiment est répartie ainsi : 1 100 mètres carrés de bureaux, 800 mètres carrés de garages et de caves, et 600 mètres carrés de jardins et d'espaces de circulation.

Le prince et la princesse des Asturies, lors de l'inauguration du bureau technique de coopération à San Salvador. photo m.a.nieto

Réunion du Groupe de grands donateurs du CICR à Ségovie  Le Parador de La Granja a accueilli, les 28 et 29 mai dernier, le Groupe des grands donateurs du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui se réunissait à Ségovie. C'est la première fois que l'Espagne préside un groupe au sein duquel elle est l'un des dix premiers donateurs, ce qui confirme l'importance croissante de cette organisation espagnole en faveur de l'aide humanitaire et du rôle essentiel que joue aujourd'hui notre pays. Différents thèmes ont été abordés au cours de cette rencontre, parmi lesquels la préservation de « l'espace humanitaire » face aux difficultés d'accès aux populations ainsi que l'insécurité existante dans de nombreux pays, la protection des coopérants, la qualité de l'aide humanitaire, l'étude de cas pratiques tels que les interventions au Tchad et en Colombie ainsi que le fonctionnement général du CICR.

Ier prix national d'éducation pour le développement  L'AECID et le ministère de l'Éducation ont créé le premier prix de l'éducation pour le développement dont l'objectif est de faire connaître les initiatives et les projets que développent les centres d'enseignement en faveur de la sensibilisation et de la meilleure compréhension du développement mondial, de la lutte contre la pauvreté et de la promotion d'un développement humain et durable. Pour en savoir plus sur ce prix, veuillez consulter le site Internet www.aecid.es/PremioNacionalED .

Miquel Barceló, à la Biennale de Venise

 L'artiste Miquel Barceló représente l'Espagne lors de la 53e Biennale d'art de Venise ouverte jusqu'au 22 novembre 2009. L'exposition réunit des peintures récentes de grand format, ainsi que des œuvres qui permettent d'avoir un aperçu du travail de Barceló depuis l'an 2000.

Présentation du Plan d'action

Femmes pour le désarmement La secrétaire d'État chargée de la Coopération internationale, Soraya Rodríguez, a présenté le Plan d'action Femmes et construction de la paix de la coopération espagnole, « un engagement du gouvernement espagnol en faveur de la cause des femmes et de l'égalité de genre dans le développement ». Aujourd'hui, près de 90 % des victimes de conflits armés sont des civils et, pour la plupart, des femmes et des enfants, qui représentent également les deux tiers des personnes déplacées. Les femmes et les petites filles font de plus en plus fréquemment l'objet de violences sexuelles de la part des forces armées, des insurgés et des rebelles. Les crises humaines aggravent encore la violence sexiste. Cependant, il ne faut pas oublier que les femmes, dans les conflits armés, ne sont pas seulement des victimes ou des combattantes. Au cœur de la violence et des combats, elles continuent à subvenir aux besoins quotidiens de leurs familles et de leurs communautés. Le Plan d'action, qui reflète l'engagement de la coopération espagnole en faveur de l'égalité, a été élaboré par différents ministères et acteurs de la société civile et fournit des orientations concrètes à tous les acteurs de la coopération espagnole impliqués dans la construction de la paix. Le plan de travail est fondé sur quatre grandes lignes directrices : augmentation de la participation des femmes à tous les niveaux institutionnels et processus conduisant à la construction de la paix ; intégration transversale de l'approche de genre à la collecte de données et aux systèmes d'information des organismes multilatéraux ainsi qu'à la mise en pratique de leurs programmes ; formation pour la construction et le maintien de la paix dans une perspective de genre et protection des femmes face à des situations de violence, en particulier dans les conflits armés et les situations post-conflits.


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Entretien. Jacob Kellenberger a participé à la réunion de Ségovie au cours de laquelle ont été traités différents sujets tels que l'adaptation du droit international humanitaire aux guerres actuelles ou la manière d'aborder la situation difficile vécue par les personnes déplacées et par les femmes affectées par la guerre.

Jakob Kellenberger Le soutien humanitaire décisif de l'Espagne est un avantage pour le CICR — L'Espagne préside, cette année, le Groupe des donateurs. Quel est son rôle en tant que donateur du CICR ? — Le pays qui préside le Groupe de soutien des donateurs assume une fonction essentielle. En effet, il aide le CICR à organiser deux visites de donateurs sur le terrain, dans le cadre de la préparation de la réunion annuelle qu'organise également le Groupe. L'Espagne est devenue membre du Groupe en 2006 et sa présidence a donné d'excellents résultats. L'engagement humanitaire décisif de l'Espagne est un avantage pour le CICR, comme l'illustrent non seulement son généreux soutien financier, mais également son intérêt à participer aux débats sur les principaux défis que doivent affronter les organisations humanitaires. — De nos jours, la plupart des conflits armés ne sont pas internationaux. Comment le CIRC relève-t-il le défi de faire connaître aux parties les normes du droit international humanitaire et de veiller à ce qu'elles les appliquent ? Comment la communauté internationale collabore-t-elle à cette mission ? — Le CICR a essentiellement recours au dialogue avec toutes les parties. Si le CICR possède des informations dignes de foi sur des violations du droit, il les examine directement avec la partie responsable, qu'il s'agisse d'un gouvernement ou d'un mouvement rebelle. Les

États peuvent aider en exerçant leur influence sur les parties en conflit et contribuent ainsi à un meilleur respect du droit. À ce propos, il convient de souligner l'importance des directives de l'UE visant à encourager l'observance du droit international humanitaire. La commémoration du 60e anniversaire des Conventions de Genève est-elle une bonne occasion de réviser ou d'étudier un nouveau protocole relatif à des questions spécifiques telles que la déclaration de la violence sexuelle comme infraction grave, ainsi que d'autres mesures en faveur des victimes de guerre qui nécessitent une protection particulière, comme les coopérants ? Le viol et les autres formes de violence sexuelle sont déjà classés parmi les crimes de guerre dans le Statut de la Cour pénale internationale ainsi que dans d'autres traités de droit international humanitaire. Les personnes qui prêtent assistance sont protégées tant que leurs actes ne sont pas contraires à leur statut de civils. À notre avis, le principal défi est de faire davantage respecter ces dispositions et les autres règles existantes du droit international humanitaire. Ceci dit, il est évident qu'il existe toujours une marge pour développer ce droit et pour clarifier certaines notions fondamentales.

photo CICR

Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)

— Comment l'institution que vous présidez a-t-elle changé au cours de ces six décennies et quels sont les défis futurs qui se présentent au CICR ? — Le CICR a considérablement changé. Le cadre et le volume des activités se sont notablement accrus. Nos interventions dans les conflits armés et les situations de violence intérieure bien plus nombreuses. Toutefois, la principale mission du CIRC, s'efforcer d'assister et de protéger les victimes de la violence, n'a pas changé. Les défis sont restés les mêmes, eux aussi : accéder à toutes les personnes affectées par la guerre qui attendent assistance et protection. Il est toujours aussi important de faire notre possible pour que toutes les parties des conflits armés respectent le droit international humanitaire. Le monde a changé sur de nombreux points qui ressortissent à une organisation comme le CICR. L'information mondiale instantanée, la complexité croissante des conflits et le nombre grandissant d'organisations humanitaires exigent de projeter une identité claire, de gérer l'information de manière efficace et d'assurer une coordination avec les autres acteurs humanitaires. Au cours des dernières années, nous avons également dû souligner à plusieurs reprises que la lutte contre le terrorisme est parfaitement compatible avec le respect du droit international humanitaire.


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L'Espagne, septième contributeur aux fonds de l'UNESCO

Pour l'année 2011

 La commission mixte de coopération Espagne-Unesco s'est réunie à Paris afin de procéder au suivi des fonds que l'Espagne destine à cette organisation. En 2009, l'Espagne est devenue le septième contributeur au budget régulier de l'UNESCO et le cinquième donateur de fonds extrabudgétaires, soit, au total, 10 645 210 euros en 2008, ce qui représente une augmentation substantielle par rapport à nos précédentes contributions (7 701 260 euros en 2007 et 5 221 200 euros en 2006).

Contribution à hauteur de 4 millions d'euros pour enrayer la grippe A  Le gouvernement espagnol a mis à la disposition de l'organisation panaméricaine de la santé (OPS) une nouvelle contribution d'un montant de 4 millions d'euros pour freiner la progression du virus H1N1 en Amérique latine. L'Espagne apporte, chaque année, 500 000 euros pour les urgences pouvant survenir sur le continent. Cependant, en raison de la gravité de l'épidémie, l'Espagne a récemment autorisé l'OPS à utiliser immédiatement une nouvelle contribution du même montant.

Miser sur l'accessibilité  La coopération espagnole et la Fondation ACS ont signé un accord en vue d'incorporer les critères d'accessibilité et de durabilité architecturales dans la vie quotidienne des populations des pays en développement. Parmi les actions prévues, un séminaire portant sur les conditions de sécurité et de santé sur les chantiers de construction, qui aura lieu à Montevideo à la fin du mois d'août et un séminaire sur l'assistance technique en matière de traitement des résidus solides, qui se tiendra dans la commune de San Salvador.

Pari sur l'alphabétisation et le développement technologique  L'Espagne et le Maroc ont signé deux protocoles de coopération pour la mise en œuvre de deux projets de grande envergure dans le domaine de l'alphabétisation et de l'enseignement extrascolaire et dans celui du développement technologique. Le montant de ces projets s'élève à 2 900 000 euros soit environ 32 millions de dirhams.

Le Mexique disposera d'une deuxième école-atelier à Oaxaca  Dans le cadre du Programme Patrimoine pour le développement de l'AECID, un accord a été signé pour la création d'une école-atelier dans l'ancien couvent dominicain de la commune de San Juan Teitipac, Tlacolula, État d'Oaxaca.

Réunion de jeunes dirigeants hispaniques des États-Unis  La onzième édition du Programme des jeunes dirigeants hispaniques, organisée par la Fondation Carolina, s'est tenue dans les villes de Madrid et Santander. Seize personnalités reconnues des domaines politique, universitaire, médiatique, artistique et du monde des affaires, d'origine hispanique et résidents aux États-Unis, ont participé à l'événement.

La secrétaire d'État Soraya Rodríguez aux côtés de la reine pendant la présentation au siège de l'AECID. photo pepa acedo

Valladolid, siège du Sommet mondial du Microcrédit Le Sommet mondial du micro-crédit se tiendra dans la ville de Valladolid en 2011. La secrétaire d'État chargée de la coopération internationale l'a annoncé au cours d'une cérémonie présidée par la reine, coprésidente honorifique de la Campagne du Sommet du micro-crédit. Depuis 1997, année de la tenue du premier sommet à Washington, la reine Sofia a participé à plusieurs réunions mondiales portant sur ce sujet. Selon Soraya Rodríguez, le succès du Sommet de Valladolid « ne dépendra pas seulement de l'effort de notre coopération », mais résultera également d'un « effort conjoint des organisations non gouvernementales de développement (ONGD) et de tout un réseau d'organismes publics et privés » engagés en faveur des microcrédits. De son côté, la reine Sofia s'est déclarée « fermement convaincue » que le sommet de 2011 « aura un impact très positif » et qu'il « aidera à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement auxquels nous aspirons, et plus particulièrement concernant le soutien aux personnes les plus pauvres et aux femmes ». Le Sommet mondial du micro-crédit se concentrera, entre autres, sur la manière d'atteindre les populations les plus pauvres, favoriser la prise de décision des femmes, construire des institutions financièrement durables et assurer un impact positif mesurable dans la vie de la population bénéficiaire et des familles.


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« Un succès total » a affirmé le maire de Madrid, Alberto Ruiz Gallardón, en sortant de la dernière réunion à Lausanne avec les membres du COI, le 17 juin dernier. Pour la première fois dans l'histoire, les quatre villes finalistes (Madrid, Chicago, Rio de Janeiro et Tokyo) ont pu exposer leurs projets devant la plupart des membres du CIO disposant d'une voix. Sept membres de la délégation madrilène, dont le maire, le président du Comité olympique espagnol et le secrétaire d'État au Sport étaient chargés de la présentation. Il ne manque plus que le verdict final, qui sera connu le 2 octobre 2009, à l'issue de la réunion du Comité international olympique dans la ville danoise de Copenhague. Même si, comme le souligne Madrid, « Nous avons un pressentiment ». Miradas al exterior

Dernière ligne droite pour la candidature de Madrid 2016.

Madrid est à nouveau candidate aux Jeux olympiques et paralympiques de 2016, après avoir été à deux doigts de remporter la désignation comme ville siège lors de la précédente procédure de candidature. C'est la troisième fois que Madrid se propose d'accueillir les Jeux. La première tentative remonte à 1965, lorsque les responsables municipaux décidèrent de présenter un projet pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques pour l'année 1972, qui se sont finalement déroulés à Munich. Pour cette candidature, les rivaux de la capitale espagnole étaient Détroit (États-Unis) et Montréal (Canada). Presque quarante ans plus tard, le rêve olympique de la capitale a ressurgi, quand la mairie de Madrid a décidé de faire une nouvelle tentative pour les Jeux de 2012. À cette occasion, les rivaux du rêve olympique étaient Istanbul (Turquie), La Havane (Cuba), Leipzig (Allemagne), Londres (Royaume-Uni), Moscou (Russie), New York (États-Unis), Paris (France) et Rio de Janeiro (Brésil). Après la remise des questionnaires de candidature, la première sélection situait Madrid à la deuxième place, avec une note de 8,3, juste derrière Paris (8,5). Londres (7,6), New York (7,5) et Moscou (6,5) étaient les autres villes retenues. Enfin, le 6 juillet 2005, les membres du CIO ont décidé, après un vote serré, que Londres serait le siège des Jeux olympiques et paralympiques de 2012. Moscou et New York ont été éliminées aux deux premiers tours, et Madrid au troisième, à seulement deux voix près.


C culture et société 43

Présentation virtuelle du projet Madrid 2016. Images de certaines installations comme le stade olympique, le village des athlètes, le centre de volley-ball, la boîte magique, le Madrid arena, le centre de gymnastique, la piscine ou le centre de boxe.photoS efe

la candidature de madrid 2016 en chiffres 6 055 millions de dollars. Tel est le montant du budget de la candidature, le 3e plus économique, après Tokyo et Rio de Janeiro. 92,6 % de soutien à la candidature olympique de la part de la société espagnole selon les derniers sondages. 80 % des installations sont construites ou en cours de construction. 15 kilomètres, c'est le rayon dans lequel se trouvent la plupart des installations, entièrement accessibles en métro. 10 minutes : c'est le temps qu'il faudra pour se rendre de l'aéroport au Village olympique. 8,4 c'est la note que Madrid a reçue lors de la dernière qualification, à Athènes, en juin 2008, note uniquement dépassée par Tokyo avec 8,6.

Vers 2012, une procédure longue et pleine d'espoir. La procédure de candidature pour les XXXIe Olympiades a commencé en mai 2007, quand le Comité international olympique (CIO) a invité les 203 comités nationaux olympiques à présenter le nom de la ville de leur juridiction souhaitant se présenter pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques de l'été 2016. Le 13 septembre 2007, le délai de présentation des candidatures était clos. Sept villes étaient candidates : Bakou (Azerbaïdjan), Chicago (États-Unis), Doha (Qatar), Madrid (Espagne), Prague (République tchèque), Rio de Janeiro (Brésil) et Tokyo (Japon). Les sept candidates ont alors entamé une procédure en deux phases. La première étape consiste en une étude approfondie des villes par le CIO. Durant cette période, chaque ville a dû remplir un questionnaire dont les réponses ont été analysées par le comité exécutif du CIO qui a attribué à la candidature olympique de Madrid 2016 la deuxième meilleure note (8,4), avec Tokyo (8,6), suivie par Chicago (7,4) et Rio de Janeiro (6,8). Pendant la deuxième phase, les villes désignées ont dû remettre leur dossier de candidature au CIO, dossier décrivant précisément leur projet olympique. Elles recevront ensuite la visite de la commission d'évaluation du CIO. En février 2009, la candidature madrilène franchissait une étape supplémentaire en présentant son dossier à Lausanne. Cette nouvelle étape s'achèvera par l'annonce de la ville qui accueillera les Jeux olympiques et paralympiques de 2016. Les avantages de Madrid 2016. À travers les « Jeux des personnes », Madrid apportera aux Espagnols et au monde les valeurs du sport et de l'olympisme, en les renforçant et en créant une expérience unique qui reflétera une culture de la tolérance, du respect, de la cordialité et de l'amitié. Elle fera de ces Jeux une opportunité de faire connaître la culture hispanique et méditerranéenne


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au reste du monde. Après Pékin 2008 et Londres 2012, qui ont permis ou permettront à la culture chinoise et britannique d'être découvertes, 2016 représentera une véritable alternance de cultures, bien plus importante que l'alternance de continent. Comme l'a déclaré le roi Juan Carlos devant les membres de la commission d'évaluation du CIO au mois de mai dernier, « l'heure des Jeux ibériques est arrivée ». D'autre part, la régénération physique et sociale ira de pair avec l'intégration sociale et la cohésion. La Commission du legs laissera des bénéfices durables avant, pendant et après 2016, au-delà de l'aspect sportif, social, économique, environnemental, culturel et éducatif. Des installations de niveau international, des transports efficaces, un style festif et un événement chargé d'émotion seront les signes distinctifs des Jeux de Madrid. Pendant 59 jours, les Jeux constitue-

ront un festival sportif sans égal et un programme unique de développement urbain et humain. Ils s'articuleront autour de deux zones : le Noyau, cœur des Jeux, et la Rivière, ses poumons. Environ 830 hectares seront transformés en zones vertes accessibles. 70 % des installations seront à 15 minutes du Village olympique et 85 %, a 10 kilomètres du centre-ville. La forte implication et la participation des communautés et des jeunes sont à la base de deux programmes culturels et sportifs de Madrid 2016. Il permettra d'atteindre 400 millions d'Hispaniques dans le monde, les Africains et les Européens, ainsi que les pays du bassin méditerranéen et les installations se rempliront de visiteurs du monde entier. La commission culturelle coordonnera des programmes fondés sur l'extraordinaire héritage historique et artistique et utilisera une technologie innovante pour le mettre en valeur. Tous les événements, en particulier les

cérémonies, offriront au visiteur l'opportunité de profiter de la « fête » dans les installations et dans les rues, les places et les parcs de la ville. L'hospitalité espagnole, la fête et la passion du sport resteront dans les mémoires. Madrid revient avec la conviction qu'elle remportera ce rêve partagé par tous. Plus de 93 % des Espagnols ont exprimé leur soutien à cette candidature. Toutes les institutions espagnoles et madrilènes, y compris la famille royale, le gouvernement espagnol, la Communauté de Madrid, la Mairie de Madrid et le secteur privé soutiennent aussi cette candidature. De plus, dans toutes ses présentations, la candidature olympique de Madrid 2016 a démontré sa capacité d'organisation, sa passion pour le sport et la grande hospitalité de ses habitants. La capitale espagnole est sans nul doute la meilleure destination possible pour accueillir le plus grand événement sportif de la planète.

les autres villes candidates Chicago. La ville a comme atout le président Barack Obama comme image forte pour sa candidature. Elle se trouve derrière Tokyo et Madrid dans l'évaluation du CIO. Chicago exige un gros investissement en termes d'installations pour accueillir les Jeux, contrairement à Tokyo ou Madrid. C'est autour du lac Michigan, symbole de Chicago, que tourneront les Jeux olympiques et les animations. Autre élément important, les parcs, qui occupent plus de 3 000 hectares dans la ville. La superficie boisée est de plus en plus importante grâce à plus de 500 000 arbres plantés à l'initiative du maire, conscient de l'intérêt croissant du CIO pour l'environnement. Population : 3 100 000 habitants Évaluation du CIO : 7,4 Dates : du 22 juillet au 7 août.

Tokyo. La première évaluation du CIO fait de cette ville notre principale rivale. La ville japonaise a fortement misé sur la possibilité de rapporter en Asie la flamme olympique et la proximité de sa candidature avec Pékin 2008 ne l'a pas dissuadé de se présenter. Les points forts de Tokyo sont la sécurité et l'hébergement. L'organisation prévoit que le Village olympique et tous les sports, à l'exception du tir olympique et de cinq installations pour le football, se situent dans un rayon de huit kilomètres, afin de faciliter les déplacements. En outre, la Mairie de Tokyo a tenu à souligner l'engagement de la capitale japonaise envers l'environnement. Population : 13 064 000 habitants Évaluation du CIO : 8,6 Dates : du 26 juillet au 14 août.

Rio de Janeiro. En principe, c'est la candidate qui a le moins de possibilités, mais elle a en sa faveur le fait que le CIO n'a jamais accordé cet honneur à aucun pays d'Amérique latine. La ville brésilienne avait fait une tentative en 1936, puis en 2004 et en 2012. Barra da Tijuca est le lieu choisi pour le Village olympique. Les installations seront construites dans les environs, neuves pour la plupart et d'un très haut niveau technique. Rio de Janeiro peut jouer un rôle décisif dans les votes, car il est probable que les votes des membres latinoaméricains du CIO reviennent ensuite à Madrid si la ville brésilienne est éliminée. Population : 6 253 000 habitants Évaluation du CIO : 6,8 Dates : du 5 au 21 août.


C culture et société 45

Madrid 2016 sera Madrid 2016 Martín fiz

chaMPIon et vIce-chaMPIon du Monde de Marathon et PrIx PríncIPe de asturIas du sPort 1997

Qu'est-ce que Madrid évoque ? Capitale de l'Espagne, fête, culture, gastronomie, football, tennis, basket-ball...Sports et sportifs d'élite soutenus par des milliers de sportifs anonymes. Si l'on accole à Madrid le chiffre 2016, la ville acquiert une dimension accrue par une multitude infinie d'espoirs. Qui ne voudrait être adolescent pour rêver de participer à des Jeux olympiques ? Et si ces Jeux se déroulaient à Madrid, ce serait absolument parfait. Comme je ne peux plus y prétendre, comment mieux profiter de l'occasion qu'en soutenant nos représentants.

les médailles d'argent et d'or de mon camarade Abel Antón. J'ai eu trois expériences olympiques. À Barcelone'92 j'ai réalisé le rêve de tout sportif, participer, et dans mon propre pays. Quatre ans plus tard, à Atlanta´96, mon désir était non seulement de participer mais aussi de décrocher une médaille dans l'épreuve du marathon. Je ne suis pas passé loin ; la quatrième place m'a plongé dans les larmes et la tristesse. À Sydney´00 j'étais désormais un sportif âgé et je désirais uniquement me retirer dignement de la compétition de haut niveau, et j'y suis parvenu. J'ai obtenu un diplôme olympique avec une sixième place.

Durant ma carrière sportive je n'ai jamais eu beaucoup de chance, nécessaire dans l'athlétisme, lors de mes participations aux Jeux olympiques. Pour moi, cela a toujours été un rêve inaccompli, peut être à cause de ce que représente la gloire olympique pour un sportif de haut niveau. En revanche, lors des championnats européens et mondiaux, j'ai toujours obtenu mes meilleurs scores, avec une médaille d'or aux championnats du monde de Göteborg (1995) et une médaille d'argent aux championnats d'Athènes (1997). J'ai une affection particulière pour cette médaille d'argent qui me rappelle

Chaque jour qui passe, je vois se rapprocher la possibilité d'organiser des Jeux olympiques à Madrid. Car cette ville a tout ce qu'il faut : des infrastructures, des installations et une expérience dans l'organisation d'événements internationaux. Madrid est une ville vivante à toute heure du jour. Un événement tel que les Jeux olympiques ne s'achève pas lorsque l'arbitre siffle la fin d'un match ou un athlète passe la ligne d'arrivée, il continue tout au long de la journée et de la nuit par des discussions et des réjouissances. Et Madrid possède cet esprit qui n'est pas facile à trouver.

La candidature a tout ce qu'il faut : les installations et l'expérience dans l'organisation d'événements internationaux Madrid mérite les Jeux de 2016, car cela fait des années que la ville se prépare à accueillir l'événement.

Madrid mérite sans le moindre doute les Jeux de 2016, car c'est la ville qui a le meilleur programme et cela fait des années qu'elle se prépare à accueillir l'événement. La procédure de sélection pour 2012 avait permis à Madrid d'atteindre une bonne place et cet avantage servira pour cette nouvelle occasion. Madrid est une ville cosmopolite habituée à recevoir des personnes en provenance du monde entier. Nous leur laisserons un bon souvenir et tous voudrons revenir dans notre ville. Participer à nouveau à des Jeux olympiques me passionne. Lors de Madrid 2016, je les vivrai dans une perspective différente de celle à laquelle je suis habitué. Je serais un amateur, un ambassadeur et un ami de la paix et du sport. Le coup de pouce dont Madrid a besoin pour monter sur le podium des villes les plus importantes d'Europe est l'organisation des Jeux olympiques. Elle s'en approche de plus en plus. Le Comité international olympique (CIO) devrait la choisir. Les sportifs méritent une ville comme celle-ci. Sportifs, Madrilènes, Espagnols : nous voulons et nous croyons que le deux octobre prochain, notre ville sera prête pour que Madrid 2016, soit enfin, Madrid 2016.


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Madrid et Barcelone sont à la tête de la formation en gestion d'entreprise et, chaque année, le nombre d'élèves étrangers qui choisissent notre pays pour obtenir une formation en management de haut niveau augmente. Notre langue, la plate-forme que l'Espagne représente entre l'Amérique latine et l'Europe, le modèle d'internationalisation de nos entreprises et bien sûr, le climat, sont parmi ses principaux attraits. Mais la raison principale est que l'on trouve en Espagne, selon les principaux classements, les trois meilleures écoles de management du monde. par Beatriz Beeckmans

L'Espagne, à l'avantgarde de la formation en gestion d'entreprises. Africains, Asiatiques, Européens, Américains... La provenance des élèves qui choisissent nos écoles de management est extrêmement diverse. Dans certains cours, presque la moitié des élèves proviennent d'Amérique latine, et le fait de suivre un MBA dans notre pays leur permet d'obtenir une vision de l'Europe très appréciée par les entreprises, tout en se sentant à l'aise au sein d'une culture que nous partageons. Parmi les principales destinations, l'IE, l'IESE et l'Esade, références mondiales en formation en management. Mais, pourquoi ? L'Espagne présente de nombreux attraits pour les étudiants internationaux. Barcelone et Madrid sont essentiellement perçues comme des villes cosmopolites, jouissant d'un climat agréable et d'un style de vie dynamique. Les écoles reconnaissent que la langue influe aussi sur le choix. L'espagnol est considéré comme une langue d'avenir, et l'Espagne comme une plateforme vers le marché et la culture latinoaméricaine. L'internationalisation des entreprises espagnoles, ces dernières décennies, et notre modèle de gestion d'entreprise sont les autres aspects qui suscitent le plus d'intérêt parmi ceux qui

la compétition entre les trois choisissent de compléter leur La situation écoles a été très saine et nous formation en Espagne. a poussés à continuer de proMais, par-dessus tout, ils financière gresser et à rivaliser entre nous sont attirés par la qualité de actuelle est comme nous le faisons avec les l'enseignement et la réputa- perçue comme écoles européennes ou Nordtion de nos écoles. Leur évo- une excellente américaines ». L'innovation lution dans les classements opportunité relative au curriculum, son cainternationaux (Financial pour apprendre ractère international marqué, Times, The Economist, The et améliorer les l'ensemble des professeurs, Wall Street Journal, América possibilités de l'accomplissement des attentes Economía, Forbes ou Business réincorporation Week) a joué un rôle fonda- sur le marché du des élèves et leur réseau avec d'autres écoles internationales mental. Comme le souligne travail. sont l'une des raisons qui ont Julián Trigo, directeur des favorisé cette évolution inéviadmissions de l'IE Business Étudier en School, « quand un élève de Espagne est table. Certaines écoles, comme n'importe quel pays du monde une bonne l'IE Business School, disposent cherche une très bonne école, plate-forme d'une unité spéciale pour la il y a une très forte probabilité pour se lancer création d'entreprise dans lapour que nous soyons l'une de en Europe quelle sont présentées jusqu'à ses références ». « La langue et en Amérique 400 plans d'affaires, et au traet le fait que l'école soit située latine vers de laquelle sont créées dans une ville telle que Barceplus de 50 entreprises chaque lone ont une influence – souligne l'Esa- année. de –, mais un grand nombre d'entre eux En outre, ces écoles ont vocation ne viendraient pas si l'école n'occupait de lancer sur le marché non seulement pas cette position dans les classements. d'excellents gestionnaires possédant de Ils pensent que s'ils doivent obtenir un vastes connaissances financières, mercamastère prestigieux, autant le faire dans tiques ou en gestion des ressources huune ville comme Barcelone. En ce sens, maines, mais aussi des personnes dont la


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formation comprend l'éthique des affaires et la responsabilité d'entreprise. Un MBA (master in business administration), est un programme généraliste qui permet aux élèves de formations diverses, juristes, ingénieurs, économistes, d'obtenir une vision intégrale en gestion des entreprises. La « standardisation » est sa principale caractéristique, puisque peu de programmes dans le monde sont aussi homogènes. « C'est le programme qui permet une plus grande mobilité, puisqu'il est identique dans le monde entier. Si vous obtenez un MBA en Espagne, au Japon ou à Singapour, les entreprises savent très bien à quoi cela

correspond et quelles sont les connaissances que vous possédez », affirme l'ESADE. Le profil des élèves qui suivent ces programmes est déterminé dans une large mesure par les critères d'admission, qui exigent un titre universitaire supérieur, au moins deux ans d'expérience professionnelle, pouvoir attester d'un haut niveau d'anglais, résoudre un cas pratique et réussir un test, en général, le GMAT, examen qui évalue l'aptitude des élèves à suivre ce genre d'études. Le processus de sélection, qui comprend un entretien individuel, prend en compte, selon Nuria Guilera, directrice

de mercatique de MBA de l'ESADE, des aspects tels que « la motivation, la capacité à diriger, l'orientation vers la réussite, l'empathie et la capacité du candidat à communiquer ». Par conséquent, son parcours professionnel après avoir obtenu le MBA, aura un net caractère international. « Les gens vont où il y a des offres, où que ce soit, et ils sont très conscients de leur mobilité ». Des élèves de 50 pays. La diversité est justement l'une des caractéristiques les plus marquées de l'International MBA de l'IE Business School, qui compte cette année plus de 90 % d'élèves étrangers is-


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La crise comme opportunité pour apprendre Étrangement, les écoles de management ont vu augmenter leur nombre d'inscrits de 30 % l'année dernière. Comme le souligne l'IE Business School, « beaucoup de personnes voient cette époque comme un bon moment pour continuer de se former et être mieux préparées pour affronter la crise ».

« Moi je te connais »... ou l'importance des réseaux Même si ce n'est pas l'objectif que suivent les élèves qui entrent en MBA, ils se rendent vite compte de l'importance du réseau social ou « network » qu'ils peuvent constituer lors de leur passage dans une école de prestige. « Il arrive chaque année plus d'élèves étrangers à l'Esade, et ils souhaitent rester en contact avec l'école et leurs camarades une fois de retour dans leur pays ou lorsqu'ils se déplacent pour travailler dans le monde entier », explique Dominik Mertens, directeur de ESADE ALUMNI. Afin de maintenir ce réseau mondial vivant, les sections, présentes dans 96 pays, ont pour principal objectif d'encourager des événements qui renforcent les liens entre les élèves et l'institution. Il n'est pas rare qu'ils organisent des repas de Noël, des réunions culturelles, des tournois sportifs, des sessions de mise à jour des connaissances, des conférences ou des visites d'entreprises pour découvrir les initiatives menées par des anciens élèves. De plus, ce tissu social complexe permet à ses membres d'avoir un accès direct à plus de 38 000 anciens élèves dans 110 pays grâce à son répertoire virtuel.

sus de 50 pays. Considéré par les classements internationaux comme l'un des 10 meilleurs du monde, il compte 2 versions, l'une en espagnol, l'autre en anglais. Les élèves analysent plus de 500 cas pratiques, qui incluent des cas multimédia, des simulations et des jeux interactifs. De plus, ils obtiennent une expérience dans des cas réels de direction financière, secteur économique ou développement des compétences de direction, entre autres matières. Le programme a été remanié cette année afin de mettre l'accent sur l'expérience internationale des élèves. Parmi les nouveautés, il y aura un pré-programme de 2 semaines, au cours desquelles les élèves recevront des cours magistraux sur la communication de la part d'acteurs du Shakespeare's Globe (célèbre théâtre londonien). Ils travailleront dans un atelier de dessin auprès des professeurs de l'Architectural Association School of Architecture de Londres, institution qui a formé des architectes tels que Norman Foster ou Zaha Hadid et ils participeront à un module de formation en Sciences humaines, afin d'approfondir des domaines tels que le monde arabe, les civilisations indienne et chinoise, l'histoire de l'Espagne ou la culture contemporaine. Sont issus de ce vivier des diplômés comme Gerhard Gross Rojas, président et directeur général de DaimlerChrysler, Pablo Largacha, directeur mondial de la communication de Coca Cola ou Sebastián Paredes, PDG de la banque Danamon en Indonésie.

du monde des affaires, favorisent une formation complète et équilibrée qui aboutit à l'excellence professionnelle. L'enseignement combine trois systèmes traditionnels d'enseignement, comme la méthode des cas, l'une des caractéristiques de l'IESE, avec de nouvelles technologies comme les plates-formes d'enseignement en ligne. Durant les deux années de leur MBA, les élèves participent activement à un groupe de travail, ils sont conseillés par un tuteur et analysent et discutent des centaines de cas et de situations réelles. Pendant le premier semestre de la deuxième année, ils peuvent participer à des programmes d'échange avec des écoles de management international comme Berkeley, Chicago, Columbia, Wharton ou MIT.

Lien avec l'Amérique-Latine. l'ESADE Business School continue aussi son avancée vers une reconnaissance internationale. C'est ce que démontre le classement publié par América Economía, la référence suprême dans le secteur latino-américain des affaires, qui classe le MBA de l'école au top 5 mondial. Le prestige de l'école, l'innovation relative au curriculum, très appréciée en temps de crise, ou sa connexion avec l'Amérique latine ont été quelques-un des aspects les plus appréciés. Le magazine chilien a aussi jugé très positivement le réseau ESADE Alumni, en particulier par sa forte présence en Amérique latine par le biais de ses sections réparties entre le Brésil, le Pérou ou le Venezuela. Parmi les meilleures. L'école de l'uni- En outre, l'ESADE dispose depuis 2004 versité de Navarre, l'IESE Business d'un campus à Buenos Aires, consacré à School, considérée par le classement la formation de dirigeants, d'entreprises du Financial Times Executive Educa- locales ou multinationales ayant un siège tion 2009 comme la troisième école dans la région, et souhaitant améliorer de formation en management dans le leurs compétences et leurs capacités de monde, propose trois types direction. La remarquable préde MBA, qui actualisent leur sence internationale de l'ESAcontenu et leur structure se- Trois de nos DE est aussi due aux nombreux lon la demande du marché de écoles de accords de collaboration et aux l'entreprise. Les contacts per- management alliances stratégiques que l'écomanents avec les institutions sont parmi les le maintient avec différentes universitaires internationales, meilleures selon institutions et des universités l'échange d'idées et les rela- les classements de prestige comme la Harvard tions de l'IESE avec la réalité mondiaux. Business School.


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Formation pour la haute direction : tendances d'avenir Manuel Bermejo

Directeur De programmes pour la haute Direction De l'ie Business school

Tout d'abord, je soulignerais qu'il est nécessaire de voir la formation en management comme une clé stratégique, un vecteur fondamental pour répondre aux exigences de la direction d'entreprises, de plus en plus complexes, changeantes et sophistiquées. L'analyse de l'environnement actuel de l'entreprise serait présidé par ce que nous pouvons appeler « la société du changement », caractérisée par une compétition croissante, des marchés plus dynamiques, une évolution technologique permanente, une plus grande influence d'agents extérieurs et des groupes de pouvoir dans la gestion d'entreprise et la si souvent commentée, mais non moins inexorable, mondialisation de l'économie. Indubitablement, cette scène doit marquer les axes qui, selon nous, devraient motiver les efforts de la formation à la direction d'entreprise. L'objectif est de contribuer, par le biais de la formation, à développer un profil en accord avec les défis de la société. Autre aspect important à souligner, c'est que la formation de cadres de haut niveau doit représenter un défi pour le dirigeant. Dans cette perspective, certaines tendances assez claires, observées comme des demandes du monde de l'entreprise seraient les suivantes : en premier lieu, mettre à la disposition du dirigeant les dernières avancées éprouvées en matière de direction d'entreprise. Il est ainsi nécessaire de créer des environnements qui favorisent la réflexion en

profondeur et l'échange d'idées et d'expériences entre les participants et les enseignants, ce qui oblige à concevoir des méthodologies d'enseignement au-delà des méthodes de cas pratique. Contribuer à perfectionner le développement, non seulement professionnel mais aussi personnel. Un effort doit également être fait pour renforcer les compétences qui favorisent une gestion plus entreprenante, plus encline à l'innovation et à l'acceptation du changement comme générateur de nouvelles opportunités, comme le requiert l'environnement actuel, compétitif et changeant. Enfin, nous devons être capables d'apporter non seulement un savoir-faire mais aussi un « savoir-qui » de manière à ce que le dirigeant, par le biais de sa participation à des programmes, accroisse substantiellement son capital social. La technologie d'aujourd'hui permet de nombreuses possibilités dans ce domaine à travers le développement de communautés virtuelles. Tout cela doit être mené dans des environnements qui mettent en valeur des aspects sensibles tels que la mondialisation, le développement durable, la responsabilité sociale ou la diversité. Il faut donc concevoir des formats compatibles avec l'activité professionnelle. L'utilisation des méthodologies combinées mérite une attention particulière, une méthodologie dans laquelle sont associées sessions assidues et formation en ligne. Cela requiert de la part des écoles un effort notable

L'industrie de la formation des dirigeants d'entreprises est immergée dans un processus de changements similaires à ceux que connaissent d'autres secteurs

pour développer des modèles originaux de formation pour la haute direction.En prenant ces tendances en considération, nous proposons un modèle de formation pour la haute direction qui prétend contribuer à l'amélioration du profil des dirigeants dans ces trois aspects essentiels : d'une part, la vision et la pensée stratégique, afin de favoriser les capacités de conception de stratégies qui anticipent le changement, aspects qui sont la base de l'obtention de positions compétitives sur le marché. Développer l'idée de la création de « tours de contrôle » pour la réflexion où le dirigeant prenne des décisions non seulement sur ce qui est urgent mais aussi sur ce qui est important. Deuxièmement, l'efficacité de la gestion, pour assurer une implantation correcte des stratégies définies. Enfin, tout aussi important, les qualités de direction qui permettent la constitution d'équipes à haut rendement et stratégiquement composées. Pour conclure, j'insisterai sur le fait que l'industrie de la formation des dirigeants d'entreprises est immergée dans des processus de changements similaires à ceux que connaissent d'autres secteurs, en particulier en ce qui concerne les nouvelles demandes des clients. Nous qui nous consacrons à cette activité, nous devons faire un effort important pour nous adapter à ces changements et soutenir le chef d'entreprise dans son développement professionnel tout au long de sa carrière de dirigeant.


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Almagro, Mérida, Itálica (Séville), Alcalá de Henares, Barcelone, Olite, etc. sont parmi les nombreuses destinations préférées des amateurs d'arts de la scène. À l'exception du « Teatre Grec » de Barcelone, de la « Puerta del Mediterráneo » de Teruel ou des « Veranos de la Villa » de Madrid, la plupart des festivals de théâtre qui se tiennent en été en Espagne sont consacrés au théâtre classique. Et cet été en particulier, au « Phénix des esprits ». Miradas al exterior

Le théâtre de Lope de Vega en tête d'affiche des festivals Chaque été, une vieille église, un magnifique amphithéâtre romain, la place d'armes d'un château, une place entourée d'arcades, un espace en plein air ou l'endroit le moins prévisible, peuvent être le lieu choisi par les amateurs de théâtre pour assister au travail des compagnies théâtrales espagnoles et étrangères qui sillonnent chaque été

l'Espagne. Selon les données du ministère de la Culture, plus d'une centaine de festivals professionnels programmant de nombreuses compagnies étrangères sont organisés chaque été dans notre pays. Sous l'effet de la chaleur, les dates se multiplient. Le Festival de théâtre classique de Mérida est le plus ancien des festi-

vals espagnols. Il fêtera cet été sa 55e édition. Le samedi 27 juin, l'imposant théâtre romain de la ville d'Estrémadure a ouvert sa programmation par un gala auquel ont participé la troupe de Castellón de la Plana, Zarza, et l'Orcheste d'Estrémadure, qui a interprété la Symphonie nº 1 de Gustav Mahler. Il y a eu également « Phèdre », dansée par Lola Greco, et la compagnie Animalario a représenté le « Titus Andronicus » de Shakespeare « El Brujo » propose, pour sa part, un récital inspiré de l'Évangile selon saint Jean et Tamzin Townsend met en scène « Les Jumeaux », de Plaute. En août, le danseur Ángel Corella interprètera le ballet de Marius Petipa, « Diane et Actéon », et l'actrice Blanca Portillo sera en tête de la distribution de « Médée ». www.festivaldemerida.es Le festival d'Almagro est l'un des grands festivals espagnol de l'été. Dans le « Corral de Comedias » (cour d'immeuble dans laquelle les pièces de théâtre étaient traditionnellement


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Le théâtre romain de Mérida, l'un des héritages majeurs de l'époque romaine en Espagne, sert de cadre au festival de théâtre

w

note Jacobo García journaliste

Dans le jardin de la maison de Lope de Vega, rue de Francos, à Madrid (actuellement 11, rue Cervantès), se trouve un puits. Un élément très peu courant à Madrid, au XVIIe

Dans le jardin siècle, qui marquait une différence de Lope

notable entre celui qui en possédait et celui qui n'en avait pas. Très peu de personnes disposaient d'eau à domicile, la plupart devaient aller chercher l'eau aux fontaines ou dans les ruisseaux plus ou moins éloignés, voire à la rivière. Mais la grande, l'incomparable richesse de Lope de Vega était un autre puits, sans lequel il n'aurait jamais pu réunir la somme de 9 000 reals nécessaire pour s'acheter une maison avec jardin en plein cœur de Madrid. L'autre puits de Lope était le puits sans fond de la poésie, qui jaillissait naturellement, abondamment et vraiment prodigieusement. La source à laquelle Lope de vega s'abreuvait était abondante et régulière, d'une pureté et d'une limpidité admirables, par contraste avec l'obscurité du langage qui constituait la marque de fabrique de l'école « cultiste ». Produisant, dès sa jeunesse, toute sorte de vers : églogues, dialogues,

épîtres, stances, sonnets, panégyriques, épitaphes, romances, il avait le poison de la dramaturgie dans le sang. À l'âge de treize ans, il composa sa première comédie en trois actes et en vers. Doté d'une oreille très fine et d'une intuition subtile, il fut capable de deviner ce que le peuple souhaitait entendre sur scène et de créer, pour lui, ce nouveau genre littéraire et théâtral, le drame romanesque. Le mérite de Lope de Vega ne fut pas seulement d'écrire des milliers de feuillets mais de le faire avec une telle autorité qu'il remit de l'ordre dans un univers théâtral prébaroque quelque peu anarchique. Les farces grossières, les contes calamiteux, les drames informes, l'érudition vaniteuse, les romances épiques, la confusion entre l'héroïque et le sublime étaient le pain quotidien de l'espagnol avant Lope. Constituant une avant-garde éblouissante, Cervantès, Gongora, Quevedo et Lope relevèrent la barre de la langue castillane à un niveau jamais plus égalé. Le troisième pilier sur lequel Lope bâtit sa carrière était le culte du beau sexe. Très jeune, les femmes firent irruption dans sa vie et souvent

de manière si assidue qu'il n'avait pas le temps de se lasser de l'une qu'il tombait déjà dans les filets d'une autre. Vers, théâtre et amour profane ont donné naissance à un nouveau genre aux règles et aux structures encore actuelles : un sujet désirant, un objet de désir et un troisième qui emporte avec lui le démon de la jalousie et la toxicité du pouvoir et de l'argent... Parvenir à répondre au goût du public dépendait de l'habilité de l'expert, dans ce cas, capable de parler en hendécasyllabes du lever au coucher. Une fois écrites les cent premières comédies (Cervantès se vantait d'en avoir représenté « vingt ou trente » sans avoir été bombardé de navets), le reste était un jeu d'enfant. Le public le remerciait de ses efforts avec enthousiasme, acclamant l'auteur même lorsque celui-ci se promenait dans la rue, et les dames se plaçaient sur son chemin, espérant ainsi être immortalisées à travers ses vers ou caressant d'autres espoirs plus terre-à-terre. Parfois, elles prenaient elles-mêmes l'initiative et lui écrivaient des lettres en vers auxquelles ce dernier ne pouvait que répondre.


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EL CORRAL DE COMEDIAS, UN JOYAU DU SIÈCLE D'OR Si Almagro compte plus de seize espaces scéniques où sont représentées des œuvres théâtrales, son « Corral de Comedias » est l'endroit le plus emblématique de cette ville de Castille. Cette cour, déclarée monument historique artistique en 1955, a subi plusieurs interventions en matière de conservation et de restauration, la dernière, entre 2003 et 2004, permettant une modernisation technologique de l'unique théâtre datant du XVIIe siècle. La Cour est l'axe autour duquel tourne le Festival d'Almagro depuis sa création. Elle en a fait un centre de réunion et d'étude des spécialistes du théâtre du Siècle d'or. Le « Corral de Comedias » d'Almagro a été construit en 1628 par Leonardo de Oviedo. Il dispose d'un vestibule pavé et d'un plafond rustique à l'entrée. La cour se compose de galeries ouvertes donnant sur l'intérieur. Elles servaient de loges pendant la représentation théâtrale et tenaient également lieu de chambres à coucher pour les voyageurs.

jouées) de cette ville de la Manche, sont présentées, entre le 2 et le 26 juillet, quatre mises en scène différentes de « Fuenteovejuna », de Lope de Vega, dont une proposition japonaise. La Compagnie nationale de théâtre classique offre deux autres œuvres de Lope de Vega : « La Estrella de Sevilla » et la première de « ¿De cuándo acá nos vimos? » « El caballero de Olmedo » par la compagnie de Valladolid, Corsario, « La dama boba » par la compagnie Pie Izquierdo et « La Gatomaquia » mise en scène par Héctor Manuel Vidal, seront aussi présentées dans cette ville. Shakespeare sera présent à Almagro avec « Titus Adronicus » par la compagnie Animalario, et la version de « Le Songe d'une nuit d'été » de la troupe Morboria. Nous pourrons aussi voir « Don Quichotte » de Cervantès, par le théâtre Fontanka de Saint-Pétersbourg ; « La dama duende » de Calderón de la Barca, et « La Celosa de sí misma » de Tirso de Molina. www. festivaldealmagro.com Le château de la petite ville navarraise d'Olite célèbre la onzième édition de son festival, entre le 17 juillet et le 1er août. Il propose à cette occasion des œuvres essentielles telles que « Le Songe d'une nuit d'été » et les productions de la Compagnie nationale de théâtre classique, « Las Gracias mohosas » et « Auto de los Reyes Magos ». Mais aussi « Historias de Martín de Villalba », de Lope de Rueda et un spectacle de troubadours revu par la Commedia dell'arte. www.cfnavarra. es/OliteTeatro À Barcelone, le « Teatre Grec » commence le 20 juin et se termine le 2 août. Il y aura du théâtre moderne, avec les metteurs en scène italiens Romeo Castelucci, Lucca Ronconi et Pippo Delbono. Dans la catégorie danse, soulignons le spectacle conçu et interprété par la danseuse française Sylvie Guillem, le metteur en scène Robert Lepage et le chorégraphe Russell Maliphant, tous deux canadiens. www. barcelonafestival.com Deux petits villages de la région

de Teruel, Mora de Rubielos et Rubielos de Mora, accueilleront une programmation un peu moins classique : cirque, danse et, bien sûr, théâtre. La troupe de théâtre gestuel « Familie Flüz » propose « Hotel Paradiso » et le groupe « El Espejo Negro » présente « Los perros flauta ». Cáceres consacre intégralement son festival aux classiques. À l'occasion de sa vingtième édition, la capitale de l'Estrémadure reçoit « Don Juan », de Molière et plusieurs œuvres de Lope de Vega. Sans oublier « La Dama duende », de Calderón. À Alcalá de Henares, « Fuenteovejuna » revisitée par Antonio Gades, partage la scène avec différentes œuvres de Lope de Vega et de Shakespeare. Nous pourrons aussi assister à une adaptation de « Rinconete y Cortadillo » et de « El Licenciado Vidriera ». D'autres villes telles que Agüimes, sur l'île de Grande Canarie Canaria, Olmedo, dans la province de Valladolid, ou Ribadavia, près d'Orense, qui fête cet été ses 25e rencontres théâtrales, témoignent du travail réalisé par les institutions publiques et privées en faveur d'une activité indispensable qui, année après année, est attendue par les amateurs de théâtre, un art vieux comme le monde. Cet été 2009, nous avons un grand rendez-vous avec l'histoire, à l'occasion du 4e centenaire de la publication de « El Arte nueva de hacer comedias » (1609), de Lope de Vega, le « Phénix des esprits », selon ses contemporains. Cette œuvre n'est pas la plus marquante de Lope de Vega, mais cet anniversaire permet d'attirer l'attention sur le plus grand personnage du théâtre espagnol de tous les temps. L'ombre fraîche et parfumée de Lope de Vega, tout au long de l'été, se penchera sur les principaux festivals de théâtre classique comme ceux d'Almagro, Olmedo et Olite, le premier presque monographique et les autres proposant un grand nombre de ses œuvres dans leur programmation.


C culture et société 53

Festivals de théâtre de l'été. 137 fenêtres ouvertes sur le monde Félix Palomero

DirEctEur généraL DE L'inaEM

L'Espagne est un pays où la culture est un besoin quotidien. Il est inimaginable d'interrompre la vie culturelle comme nous interrompons nos activités en fonction des saisons ; les citoyens ne le tolèreraient pas. Il est évident que nous prenons des vacances, que nous partons de chez nous à la recherche de plus de soleil ou de fraîcheur, de cieux différents. Mais nous ne renoncerons pas à la danse, à la musique, au théâtre. Nous n'imaginons même pas que l'été, par sa langueur, nous invite à réduire notre exigence artistique ou intellectuelle. Dans de nombreuses villes d'Espagne, l'été est le moment tant attendu pour offrir le meilleur des arts de la scène. Selon les données du Centre de documentation théâtrale de l'INAEM, plus d'une centaine de festivals de théâtre programmant des compagnies étrangères ont lieu chaque été en Espagne. D'Agüimes, sur l'île de Grande Canarie, à la « Fira de Teatre al carrer de Tárrega », toute notre géographie brille les nuits d'été de propositions théâtrales en provenance du monde entier. Ces cent trente-sept festivals professionnel, présentant des compagnies étrangères, sont la manière de poursuivre, durant l'été, l'effort de villes qui bénéficient, grâce aux réseaux de théâtres publics, la plupart gérés par les mairies, d'une programmation régulière de grande

qualité et d'un public habitué à ce que le théâtre fasse partie de sa vie. Ni les spectateurs ni les professionnels, pour qui ces événements sont également un lieu de rencontre et de réflexion, ne conçoivent l'été sans ces centaines de propositions. Citer un festival en particulier? C'est facile parce, malgré la grande qualité et la variété qui s'offrent à nous, il existe deux propositions que toute la profession mentionnerait comme références, pour leur singularité et leurs trajectoires. L'idée d'un festival, en dehors de la programmation qui met en valeur un espace et une ville, nous entraîne inévitablement vers de vieilles photographies datant de l'époque de la Seconde République : le président du gouvernement espagnol, Manuel Azaña, assistant à la première d'une œuvre de Sénèque interprétée par Margarita Xirgu, l'actrice dont l'exil a fait une référence pédagogique dans l'Amérique du XXe siècle : cela se passe à Mérida, le 18 juin 1933, il y a soixante-seize ans. Aujourd'hui, ce théâtre de Mérida, construit en l'an quinze avant Jésus-Christ, accueille un festival capable de rassembler 20 000 spectateurs autour d'Œdipe de Sophocle mis en scène par Jorge Lavelli, l'été dernier.

L'idée d'un festival, en dehors de la programmation qui met en valeur un espace et une ville, nous entraîne inévitablement vers de vieilles photographies datant de l'époque de la Seconde République

75 ans se sont écoulés depuis que Margarita Xirgu est montée sur la scène de Mérida. Tandis qu'Almagro célèbre cette année les quatre siècles de « El Arte nuevo de hacer comedias », œuvre dans laquelle Lope de Vega explique les secrets du succès de ses quatre cents œuvres théâtrales. Le Festival d'Almagro, né la même année que la Constitution espagnole, témoigne de l'importance du théâtre espagnol dans le monde, depuis le XVIIe siècle. Un lieu où de nouveaux regards sont proposés chaque année. Cette fois-ci, par exemple, « Fuenteovejuna » vu par la compagnie japonaise Ksec Act et par Mefisto de Cuba, ou des versions de « Don Quichotte » par la compagnie russe Fontanka de Saint-Pétersbourg ou par Irina Brook, pour revivre dans leurs langues les histoires de notre Siècle d'or : Lope, Tirso, Calderon, Cervantès, Alarcon... Le Festival sert également de cadre naturel à deux joyaux du ministère de la Culture : le Musée national du Théâtre et la Compagnie nationale de théâtre classique. Le ministère de la Culture est le fil qui unit cet archipel de centaines de scènes, participant sous forme de parrainage, apportant la collaboration de ses compagnies titulaires, offrant son soutien ponctuel ou permanent aux festivals et aux compagnies qui y participent ; ce travail est notre responsabilité et notre fierté.


54 C Les entreprises espagnoles à l'étranger

Référence mondiale dans le domaine des énergies alternatives, le groupe sévillan continue à développer son activité internationale. Abengoa est l'une des principales entreprises espagnoles de ce secteur au niveau mondial. Fidèle à son engagement vis-à-vis des générations futures, ses investissements dans l'énergie solaire, les biocarburants, la désalinisation et la transmission d'énergie placent Abengoa à l'avant-garde mondiale de l'innovation. par Beatriz Beeckmans

Abengoa, innovation espagnole pour le développement durable Dans la localité sévillane de Sanlúcar la Mayor, des milliers de petits panneaux réfléchissent les quelque 3 000 heures d'ensoleillement annuel dont bénéficie la commune. Sur ce grand terrain, d'une superficie supérieure à celle de 55 stades de football, est générée l'électricité qui fournit actuellement l'énergie propre équivalant à la consommation de 10 000 foyers. Ce qui, depuis le ciel, ressemble à une mer de miroirs, est en réalité la plate-forme Solúcar, composée, entre autres, de la PS10 et la PS20, premiè-

res centrales solaires à tour construites dans le monde pour être exploitées commercialement. Elle a été inaugurée par Abengoa en 2006. Lorsque qu'elle sera achevée, en 2013, sa puissance actuelle sera multipliée par quinze et, à plein rendement, elle sera capable de produire deux fois plus d'électricité que la centrale nucléaire de Zorita, à Guadalajara. Avec une puissance de 300 MW, elle permettra d'éviter l'émission d'énormes quantités de CO². L'engagement d'Abengoa envers

l'environnement ne s'arrête pas là. À 150 kilomètres, dans la centrale bioénergétique de San Roque, à Cadix, différents types d'huiles végétales comme l'huile de soja, de colza ou de palme, sont utilisées pour produire plus de 200 000 tonnes de biodiesel, l'alternative la plus prometteuse pour réduire l'impact du secteur des transports sur l'environnement. Ces propositions innovantes développées par Abengoa ont consolidé la place de l'Espagne en tant que référence mondiale dans le domaine des énergies


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renouvelables. D'après l'Institut pour la diversification et l'économie d'énergie (IDEA), les entreprises du secteur des énergies renouvelables consacrent dix fois plus de ressources à la R&D que la moyenne du secteur. Abengoa ne fait pas exception. Grâce aux efforts consacrés à l'innovation, la société poursuit trois objectifs concrets : diversification (développement de nouveaux produits et services), différenciation (perfectionnement et adaptation aux nouveaux besoins) et amélioration des processus. De plus, notre pays possède les conditions physiques et climatiques nécessaires pour exploiter ce type d'énergies, et l'environnement est également favorable. À la fin de l'année, la communauté internationale tentera de définir, à Copenhague, les futures lignes directrices qui permettront d'affronter le changement climatique, et il est probable que le développement des énergies renouvelables constituera une part importante de la stratégie mondiale. Dans le cadre de l'UE, l'objectif fixé lors du Conseil européen de mars 2008 pour atteindre une proportion de 20 % dans la production d'énergie à partir de sources renouvelables d'ici à 2020, représente également une incitation importante pour des en-

Telvent est la seule société espagnole cotée au Nasdaq Abengoa prévoit de construire la plus grande centrale solaire du monde en Arizona

treprises comme Abengoa. Le groupe opère déjà en Chine et en Inde, deux des marchés présentant le plus fort potentiel de croissance, et la construction d'une ligne d'interconnexion électrique en Argentine, d'un montant de plus de 200 millions de dollars, vient de lui être attribuée. Il est également très présent aux États-Unis, où il est en mesure de participer activement aux ambitieux programmes de développement durable et d'énergies alternatives lancés par la nouvelle administration Obama. Selon le magazine Forbes, Abengoa est l'une des plus grandes entreprises du monde. Son origine remonte aux années 40, lorsque les ingénieurs de l'Institut catholique des arts et industries (ICAI) Javier Benjumea et José Manuel Abaurre, fondèrent à Séville, avec trois amis et plusieurs membres de leurs familles, la société Abengoa, S.L. Le capital social initial de 180 000 pesetas a généré un bénéfice net de 41 millions d'euros, d'après les données du premier semestre 2009. Au départ, Abengoa élabore des pro-

jets et des études techniques, ainsi que des installations électriques. Dans les années 60, suite à la consolidation et à l'expansion de la société sur le territoire national, débute l'activité internationale. L'entreprise continue à prospérer et, à partir des années 90, la ligne de produit conventionnel fait place à des activités à plus forte composante technologique qui déterminent l'extraordinaire progression de la société lors de cette étape. L'actuelle structure d'Abengoa, divisée en cinq groupes d'activité, répond à cette évolution. L'entreprise affronte aujourd'hui l'avenir avec un net engagement envers le respect de l'environnement et le développement durable. Pour son actuel président, Felipe Benjumea, les choses sont claires : « Face aux symptômes évidents d'épuisement du modèle énergétique actuel, l'un des défis les plus importants des prochaines années consistera à développer un nouveau modèle fondé sur les énergies renouvelables non contaminantes et inépuisables ». Le pouvoir du soleil. Abengoa Solar produit de l'énergie électrique en remplaçant les sources conventionnelles par des sources renouvelables, comme l'énergie solaire dans ses deux utilisations, ther-


56 C Les entreprises espagnoles à l'étranger

moélectrique et photovoltaïque, ainsi qu'au développement de technologies permettant de stocker l'énergie, aspect fondamental pour sa viabilité économique. Entre autres projets, en 2008, Abengoa Solar a été chargée par Arizona Public Service (APS) de la construction, à 100 km de Phoenix, de « Solana », la plus grande centrale mondiale d'énergie solaire. La production électrique de la centrale, qui devrait entrer en service en 2011, sera vendue à APS pour une durée de trente ans et un montant total dépassant les quatre milliards de dollars.

Abengoa occupe une position stratégique dans la production de carburants alternatifs aux carburants fossiles traditionnels

Un système de mesure pionnier Le président de la société a présenté au mois d'avril dernier le système de mesure des émissions de gaz à effet de serre (GES), un procédé pionnier qui mesure les émissions directes et indirectes d'Abengoa, et comptabilise également celles dérivées des produits et services fournis par des tiers. Le développement de cet outil est une étape supplémentaire dans l'engagement d'Abengoa envers la lutte contre le changement climatique et la recherche de solutions innovantes pour le développement durable, ce qui a amené la société à réorienter sa politique d'achats. Dans la relation d'Abengoa avec ses fournisseurs, ceux-ci doivent aujourd'hui fournir des informations sur leurs émissions ou s'engager, en signant un accord, à établir un système de mesure dans un délai précis.

Nº 1 européen des biocarburants. Abengoa Bioenergía produit des biocarburants, principale alternative aux carburants fossiles traditionnels. L'entreprise est déjà le premier producteur européen de bioéthanol et le cinquième aux ÉtatsUnis. La signature d'un accord de collaboration avec le Département de l'Énergie des États-Unis, pour un montant de 38 millions de dollars, a été la première étape pour la construction au Texas de la première centrale mondiale de production d'éthanol à partir de biomasse, à échelle commerciale. La société est également pionnière dans le développement de projets de carburants de deuxième génération, qui pourront être produits à partir de sources non alimentaires, telles que les déchets agricoles et des déchets de bois. En attendant que ces procédés soient économiquement viables, la production principale est élaborée à partir de céréales. C'est précisément cette matière première qui sera utilisée pour le fonctionnement de la centrale mise en service à la fin de l'année 2009 à East Saint Louis, Illinois. Un projet réalisé par Abengoa qui a reçu pour cela une subvention de quatre millions de dollars allouée par le programme public de Développement de carburants renouvelables, qui permettra de produire plus de 300 millions de litres par an. Gestion de l'eau. À travers le groupe Befesa, Abengoa apporte des solutions au cycle intégral de l'eau et à la gestion des

groupes d'activité Données 2008 241 Solaire

9.234 Ingénierie et construction industrielle

5.324 Technologies de l'information

6.172 Bioénergie

2.263 Services environnementaux

déchets industriels. Avec une présence dans plus de 20 pays, l'activité de Befesa à l'étranger est en plein développement : au mois d'avril dernier, Befesa a débuté la réalisation du projet d'usine de désalinisation qui approvisionnera les 500 000 habitants de Chennai (Madras) ville de l'État de Tamil Nadu, en Inde. Dotée d'une capacité de désalinisation de 100 000 m³ d'eau par jour, cette centrale constitue la première concession de désalinisation dans ce pays asiatique. Une entreprise espagnole au Nasdaq. Telvent, le groupe d'Abengoa qui se consacre aux technologies de l'information, est la seule entreprise espagnole cotée au Nasdaq, le marché technologique américain. Les strictes conditions financières et de gouvernance d'entreprise ne l'ont pas empêchée d'être sélectionnée, trois ans plus tard, en 2007, pour entrer dans le Nasdaq Global Select Market, qui comprend des entreprises de premier rang international. Ces succès, ses projets futurs et son inlassable désir d'amélioration justifient la présence de cette entreprise familiale, à l'origine, parmi les entreprises de pointe pour le développement d'énergies alternatives.


C Les entreprises espagnoles à l'étranger 57

Le processus d'internationalisation d'Abengoa Germán Bejarano

Adjoint du président et directeur des relAtions institutionnelles

Il y a 41 ans, l'entreprise « Técnicas Eléctricas y Mecánicas Abengoa » (Teyma) était créée à Buenos Aires. C'est là que l'activité régionale a été définie pour constituer par la suite de nouvelles sociétés, à caractère local dans le cas de l'Amérique latine. Ce fut la première expérience d'internationalisation d'Abengoa. Cette caractéristique, qu'elle partage avec bon nombre d'entreprises espagnoles qui ont décidé d'investir et de tenter leur chance en Amérique latine, n'est pas la seule. Il existe un modèle historique récurrent, qui répond aussi bien aux opportunités extérieures qu'à la situation du marché intérieur, associé à la maturité des entreprises elles-mêmes. Dans notre cas, cet ensemble de facteurs a été déterminant pour l'entrée sur le marché international dans les années soixante. Toutefois, l'expansion internationale n'a réellement explosé que dans les années quatre-vingtdix et davantage encore en ce début de XXIe siècle. Aujourd'hui, nous avons franchi un seuil de présence internationale qui a des répercussions quantitatives et qualitatives, nous offre des opportunités insoupçonnées, et des défis importants et nouveaux. En ce qui concerne l'aspect quantitatif, il suffit de dire que nous opérons dans plus de 70 pays, et qu'à la clôture de l'exercice 2008, plus de 65 % de notre chiffre d'affaires

avaient été réalisé hors d'Espagne. Actuellement, plus de 56 % de nos employés travaillent à l'étranger, notamment en Amérique latine (39 %) et en Amérique du Nord (plus de 10 %). Cette internationalisation est convenablement diversifiée, sa concentration dans le temps ayant été corrigée. Si l'on prend comme référence la période 2008-1998, il convient de souligner qu'au cours de la première année, le chiffre d'affaires en Espagne et en Amérique latine représentaient 94% du total, tandis qu'à la clôture de l'exercice 2008, le chiffre d'affaires réalisée en Espagne et en Amérique latine représentaient 60 %, ce qui signifie une activité de plus en plus importante dans le reste de l'Europe (16 %), aux États-Unis et au Canada (11 %), en Afrique (10 %) et en Asie (3 %). Du point de vue qualitatif, le fait de terminer l'année 2008 avec une équipe de plus de 21 000 employés nous enrichit par leur diversité et nous permet de comprendre, d'apprécier et d'intégrer la vision particulière qu'ont ces personnes de la culture de l'entreprise. Abengoa ne pourrait exister sans le talent et l'implication de ses employés. Le défi auquel nous sommes confrontés en tant qu'organisation consiste à apporter une réponse efficace au changement de modèle que nous avons connu lors du passage de l'internationalisation à la

Notre entreprise est présente dans plus de 70 pays, et plus de 56 % de nos employés travaillent à l'étranger chez Abengoa, nous sommes conscients du fait que nous devons tenir compte des attentes dans les communautés où nous sommes présents

multinationalisation en tant qu'entreprise, ce que caractérisent, à mon avis de façon très juste, Xavier Mendoza et Luis Vives. Parmi tous les défis, j'aimerais souligner, d'une part, le maintien et l'approfondissement d'un modèle de gestion qui se veut dynamique et innovateur. Ces systèmes de gestion sont conditionnés par l'existence de valeurs communes et partagées qui constituent la structure de notre code éthique.D'autre part, l'attention extrême portée aux ressources humaines, qui permettent d'atteindre les objectifs, nous donne la possibilité d'identifier les opportunités et les activités qui aident à lutter contre le changement climatique et contribuent au développement durable, et rend possible la stratégie permanente de création de valeur. Recrutement, formation, retenue et évaluation du talent constituent pour nous une part essentielle de la recherche de l'excellence. Enfin, il faut rappeler que les exigences des entreprises concernant les relations avec leurs clients ont également évolué. Chez Abengoa, nous sommes conscients du fait que nous devons tenir compte de leurs attentes dans les communautés où nous sommes présents, dans le cadre de notre activité de responsabilité sociale d'entreprise. L'activité de l'entreprise dans les domaines social, environnemental et économique est plus que jamais un facteur clé pour mesurer notre rendement futur et assurer la continuité de nos opérations.


58 c nouvelles culture et société

Tourisme de plage de qualité. Cette année, 571 drapeaux bleus flottent sur les côtes espagnoles. Soit 44 de plus qu'en 2008. Avec 124 drapeaux, la Galice est la communauté espagnole qui en a obtenus le plus.

Sanxenxo, dans la province de Pontevedra, est la commune espagnole qui possède le plus de drapeau bleus, 13 au total. Plage de Silgar. photo efe.

L'Espagne maintient sa première place pour la qualité de ses plages et ports Lorsque l'on arrive sur une plage ou un port de plaisance et que l'on voit un drapeau bleu, c'est un signe de qualité et de bonne gestion. Cette année, l'Espagne compte 493 drapeaux bleus sur ses plages et 78 dans ses ports. Ces chiffres montrent que, cette année encore, l'Espagne reste à la tête des 34 pays de l'hémisphère Nord qui satisfont aux conditions requises par le Programme drapeau bleu, élaboré chaque année par l'Association d'éducation environnementale et du consommateur (Adeac), organisme espagnol qui dépend de la Foundation for Environmental Education (FEE). Par Communauté autonome, la Galice est celle qui possède le plus de drapeaux bleus (119 plages et 5 ports). Elle est suivie de la Catalogne (87 et 21), de la communauté valencienne (89 et 12) et des Baléares (65 et 20). L'Andalousie arbore des drapeaux bleus sur 70 plages et

13 ports ; les Canaries, 32 et 3 ; Murcie, 15 et 1 ; les Asturies, 11 et 1 ; le Pays basque, 2 et 1, et Ceuta et Melilla, 3 plages et 1 port. D'autre part, la FEE attribue également des drapeaux bleus en fonction des services de sauvetage, de secourisme et de premiers soins. Les communes espagnoles récompensées dans ce cas sont Vigo, Muro (Majorque) et Telde (Grande Canarie), tandis que Foz (Lugo), Tarra-

plages avec drapeau bleu sur la côte espagnole Source AEDAC Galice C. valencienne Catalogne Andalousie I. Baléares Canaries

119 89 87 70 65 32

Murcie Asturies Pays basque Ceuta Melilla Cantabrie

15 11 2 2 1 0

gone et Porto Cristo (Manacor) ont reçu des drapeaux bleus pour leurs campagnes d'éducation environnementale et pour l'information qu'elle fournissent. Le Programme drapeau bleu est un symbole reconnu qui exige le respect de différents critères sanitaires et environnementaux, des installations sanitaires adaptées, sans rejets, ainsi qu'un service de sauvetage, de secourisme et de premiers soins sur la plage ou le port affichant un drapeau bleu. L'attribution du drapeau bleu est fondée sur le respect d'une série de conditions spécifiques, regroupées autour de quatre éléments essentiels : a) qualité des eaux de baignade, b) information et éducation environnementale, c) gestion environnementale, et d) sécurité et services. Le drapeau bleu est attribué chaque année, afin de garantir que les critères soient toujours respectés.


c nouvelles culture et société 59

Almodóvar, nommé docteur « honoris causa » par Harvard  Le cinéaste espagnol Pedro Almodóvar est le quatrième Espagnol à avoir reçu la plus haute distinction de la prestigieuse université américaine. Après avoir reçu le diplôme, Pedro Almodóvar a souligné l'importance de cette reconnaissance : « Je ne suis pas allé à l'université, je suis autodidacte, pourtant, mon œuvre est étudiée ici de manière exhaustive » Le roi Juan Carlos, Josep Lluís Sert et Joan Miró étaient les seuls Espagnols à avoir reçu cette distinction.

La London School of Economics pose sa première pierre à Madrid  Madrid accueillera la première annexe internationale de la prestigieuse école de commerce britannique. À partir de janvier 2011, la LSE dispensera en Espagne des formations de mastère en économie, en administration publique et en sciences sociales à 300 heureux étudiants.

La beauté du corps, au MARQ Alicante

Initiative de Casa África

Le festival « África Vive ››, pour mieux connaître de la culture africaine Casa África a organisé un programme complet d'activités culturelles, intitulé « África Vive », par lesquelles elle a commémoré la Journée de l'Afrique, le 25 mai. Le festival, qui s'est déplacé à Santa Cruz de Ténériffe, Fuerteventura, Lanzarote, Tarifa, Séville, Cáceres, Madrid et Barcelone, établissait un programme complet d'activités accordant une attention particulière à la musique et au cinéma africains.

 Le musée MARQ d'Alicante accueille, jusqu'au 11 octobre, l'exposition « La Belleza del Cuerpo. Arte y pensamiento en la Grecia Antigua » (La beauté du corps. Art et pensée dans la Grèce antique). L'exposition, inaugurée par la reine Sofía et composée de 125 pièces provenant du British Museum, présente, entre autres, Le discobole de Miron.

Casa Asia organise un cours sur les affaires en Chine  Malgré la crise mondiale, la Chine reste l'un des marchés prioritaires dans l'internationalisation des entreprises occidentales, en raison de sa croissance économique, des faibles coûts de production et des opportunités que présente son marché intérieur. C'est la raison pour laquelle Casa Asia organise un cours s'adressant aux entreprises espagnoles qui souhaitent inclure la Chine dans leur stratégie internationale.

Le métro arrive à Séville  Avec l'inauguration de la ligne 1, Séville est devenue la sixième ville d'Espagne et la première d'Andalousie à disposer d'un réseau de transport métropolitain. Il est prévu que plus de 14 millions d'usagers utilisent chaque année les 18 km de cette nouvelle infrastructure.

Baïbars, la nouvelle librairie de Casa Árabe  Lors de La Noche de los Libros, la directrice de Casa Árabe, Gema Martín Muñoz, a inauguré la nouvelle librairie de cette institution. Baïbars-Casa Árabe était déjà présente dans les Foires du livre de Séville et de Madrid avec ses propres publications et une sélection d'œuvres d'auteurs et de thématique arabes.

Isidre Fainé entre au conseil de la Bank of East Asia  Isidre Fainé, président de La Caixa et de Criteria, la société d'investissement de la caisse d'épargne, a été nommé conseiller de la Bank of East Asia, établissement financier dans lequel le groupe espagnol possède une participation de 9,85 %. L'entrée d'Isidre Fainé, seul membre du conseil non asiatique, illustre le resserrement des liens entre Criteria et la Bank of East Asia, qui opère sur l'un des marchés à plus fort potentiel.

Concert géant donné le 23 mai dans le grand amphithéâtre de l'université Complutense de Madrid. photo casa áfrica

Quatrième centenaire

Les Morisques : Histoire d'une minorité Le 9 avril 1609, était signé le premier décret d'expulsion des Morisques des terres de la monarchie espagnole. Nous venons de fêter le quatrième centenaire d'un événement qui allait s'étendre jusqu'en 1614 et qui, par exils massifs successifs, allait vider les terres d'Espagne de plus de 275 000 de leurs habitants. Pour le commémorer, la Fondation El legado andalusí (L'héritage d'al-Andalus) et la Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales (Société nationale des commémorations culturelles) ont choisi Grenade comme siège d'un congrès international au cours duquel ont été présentées des réflexions sur cet événement.


60 c nouvelles culture et société

Jusqu'au 6 septembre. Première exposition que le musée du Prado consacre à Sorolla, auquel le musée a décidé d'accorder la même envergure qu'aux grands noms de la peinture espagnole auxquels il a consacré d'autres expositions anthologiques, comme Velázquez, Ribera, Murillo, El Greco ou Goya.

Inauguration du Terminal 1 de l'aéroport de Barcelone  L'agrandissement de l'aéroport du Prat est devenu réalité. Le 17 juin, plus de 700 invités ont assisté à Barcelone à la cérémonie d'inauguration de l'œuvre monumentale de l'architecte Ricardo Bofill, qui contribuera au rayonnement mondial de Barcelone comme grand axe aérien.

Henrique Cymerman, prix Godó de journalisme

Deux femmes devant Paseo a la orilla del mar, au Prado. photo efe

Le Prado présente la plus grande anthologie jamais consacrée à Sorolla Cent deux tableaux composent l'exposition qui, jusqu'au 6 septembre, est proposée au public dans le musée madrilène du Prado. Parmi ceux-ci, les chefs-d'œuvre de l'artiste et les œuvres qui ont le plus contribué à sa réputation, comme La vuelta de la pesca (Le retour de la pêche) (1894), venant du musée d’Orsay de Paris ; Cosiendo la vela (Couture de voile) (1896), de la Galleria Internazionale d’Arte Moderna di Ca’Pesaro de Venise ; ¡Triste herencia! (Triste héritage !) (1899) de la collection Bancaja ; Sol de la tarde (Soleil du soir) (1903) de l'Hispanic Society of America de New York, œuvre qui revient pour la première fois en Espagne dans le cadre de cette exposition depuis qu'elle a été vendue à New York par l'artiste luimême ; El fotógrafo Christian Franzen (Le photographe Christian Franzen) (1903) de la collection Lorenzana ; ou Desnudo de Mujer (Nu de femme) (1902) et El bote blanco (la barque blanche), Ja-

vea (1905), toutes deux provenant d'une collection particulière. L'exposition anthologique comprend également des exemples exceptionnels de la production de l'artiste conservés au musée du Prado, dont ¡Aún dicen que el pescado es caro! (Et ils disent encore que le poisson est cher !) (1894) ou Chicos en la playa (Garçons sur la plage) (1909), ainsi qu'un grand nombre d'œuvres du Musée Sorolla de Madrid, comme El baño del caballo (Le bain du cheval) (1909), Paseo a la orilla del mar (Promenade au bord de la mer) (1909) ou La bata rosa (Le peignoir rose) (1916), entre autres. Le grand nombre de chefs-d'œuvre de l'artiste, tous considérés comme tels par la critique spécialisée, confère à cette exposition un caractère à la fois exceptionnel et unique. Dans le cadre de cette exposition, le musée du Prado a organisé un programme spécial d'activités, qui peut être consulté sur www.museodelprado.es

 Le journaliste Henrique Cymerman, correspondant de La Vanguardia à Israël, a obtenu le prix Godó de journalisme. Il s'agit d'une récompense pour sa série d'articles « 40 años de la guerra de los Seis Días » (40 ans de la guerre des Six Jours). Le jury a apprécié l'attention accordée aux diverses sources, l'indépendance et l'impartialité de l'analyse, critères particulièrement méritoires compte tenu de la situation socio-politique de la région.

Technologie espagnole dans la dernière mission de la NASA  La NASA retourne sur la lune, et elle le fait avec une contribution technologique essentielle « made in Spain ». Il s'agit du système de planification développé par l'entreprise GMV, incorporé au Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO), le satellite parti vers la Lune le 17 juin, et qui permettra d'identifier des emplacements sûrs pour l'atterrissage des explorateurs lunaires.

Inditex, numéro un des ventes mondiales de mode  Le groupe espagnol Inditex s'est hissé à la première place mondiale des ventes, dépassant des géants tels que GAP ou H&M dans les résultats de 2008. Au cours de l'exercice précédent, la chaîne avait dépassé pour la première fois les 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires.


c nouvelles culture et société 61

Iberdrola investit 340 millions dans le plus grand parc éolien d'Europe  L'investissement de la compagnie d'électricité espagnole, par le biais de sa filiale d'énergies renouvelables, a permis l'inauguration, près de Glasgow, en Écosse, du plus grand parc éolien européen. Le complexe possède 140 éoliennes et sa production équivaut à la consommation électrique de plus de 180 000 foyers.

Annie Leibovitz, lors de l'inauguration de l'exposition. photo efe

L'univers d'Annie Leibovitz arrive à Madrid  On dit que si elle ne vous a pas photographié, vous n'êtes personne. Elle a photographié le dernier baiser de Lennon, la grossesse de Demi Moore et Brad Pitt dans un lit défait. Dans « Annie Leibovitz : vida de una fotógrafa », l'artiste américaine propose un parcours à travers les images les plus intimes de sa création des dernières années. La sélection de 200 photographies peut être appréciée jusqu'au 6 septembre au Canal de Isabel II, à Madrid.

Batman plane sur Barcelone  Le chevalier noir a quitté Gotham City pour les rues « Art nouveau » de Barcelone, où se déroule sa dernière bande dessinée. Dans le dernier épisode des aventures de Batman, sorti simultanément en Espagne, en Italie et aux États-Unis, l'alter ego du multimillionnaire Bruce Wayne relève un défi faisant intervenir la légende de saint Jordi.

Depuis le 20 juin. Plus de 60 centres de l'Institut Cervantès fêtent pour la première fois la Journée de l'espagnol

L'Institut Cervantès fête la « Journée de l'espagnol ›› « Malevo » (voyou querelleur qui vivait dans les faubourgs de Buenos Aires), a été choisi comme mot préféré de l'espagnol, suivi de « chapuza » (travail de cochon). Ces deux vocables ont été les premiers d'une pluie de mots qui a marqué le coup d'envoi des manifestations qui, pour la première fois, ont célébré une langue parlée par 450 millions de personnes dans le monde. La directrice de l'Institut Cervantès, Carmen Caffarel, a inauguré au siège madrilène une célébration visant à illustrer la présence de l'espagnol, langue officielle de 21 pays. « Nous voulons célébrer l'énergie de l'espagnol, son caractère convivial et ouvert, et sa présence croissante sur tous les continents », a-t-elle souligné. Depuis le 20 juin, les centres Cervantès de pays comme le Liban, le Japon, la Russie ou la Pologne, ont orné leurs façades de mots

Photo des festivités à l'Institut Cervantès de Shanghai. photo efe.

espagnols, et ont organisé des manifestations telles que le lâcher de 1 000 ballons dans le ciel de Brême ou la projection de mots de lumière à Cracovie, ainsi que des concerts et des projections de films. Durant ces festivités, le rapport analysant la situation de l'espagnol dans le monde a été présenté. L'étude indique que d'ici trois générations, 10 % de la population mondiale parlera espagnol et qu'en 2050, les États-Unis seront le premier pays hispanophone du monde.

L'Espagne approche les 47 millions d'habitants Le nouveau recensement municipal élaboré par l'Institut national de la statistique révèle que le nombre total de résidents en Espagne s'élève à plus de 46,6 millions de personnes, dont presque 5,6 millions (12 %) d'étrangers. Parmi ceuxci, les Roumains (796 576) représentent la communauté la plus nombreuse, suivie des Marocains (710 401), des Équatoriens (413 715), des Britanniques (374 600) et des Colombiens (292 971). D'après les données fournies par l'INE, l'an dernier, 56 % d'immigrants de moins qu'en 2007 ont été recensés : 329 929 contre 701 023. Le nombre d'Espagnols recensés a aug-

évolution des habitants Chiffres en millions 44,10 41,11 2001

45,2

46,66

42,71 2003

2005

2007

2009

menté de près de 180 000 personnes. La proportion de Chinois, Paraguayens, Péruviens et Dominicains a augmenté dans le recensement, tandis que le nombre d'Équatoriens, de Boliviens et d'Argentins a diminué.


62 c nouvelles culture et société

Succès du cinéma espagnol. Anders Petersen, Annie Leibovitz et ManglanoOvalle sont quelques-uns des artistes qui présentent leur vision du monde à travers la photographie

PhotoEspaña : plus de 200 regards sur le quotidien

La XIIe édition du Festival de photographie et d'arts visuels, PhotoEspaña 2009, réunit 248 artistes nationaux et internationaux dans plus de 70 expositions réparties dans différents espaces de la capitale espagnole. Sur le thème du « quotidien », le festival accueille les œuvres d'artistes de plus de 40 pays, qui exposent leurs dernières créations, « éloignées de l'art le plus spectaculaire », comme l'explique le commissaire de l'exposition, Sergio Mah. L'exposition de Dorothea Lange « Los años decisivos » (Les années décisives), qui présente quelque 140 photographies illustrant la situation difficile des États-Unis pendant la crise de 1929, a suscité une attente toute particulière.

L'Institut Cervantès a obtenu le Prix du public pour l'exposition « Resiliencia » qui sera ouverte jusqu'au 20 septembre au siège de l'institution, à Madrid. Ce prix, attribué à travers le vote des internautes, reconnaît cette exposition comme la meilleure de la section officielle. Il s'agit de 145 clichés documentaires réalisés par 10 jeunes créateurs résidant en Amérique latine, qui montrent la réalité quotidienne dans leurs pays respectifs. Un marathon photographique, une foire au livre de photographie ainsi que des ateliers éducatifs et des visites guidées complètent le programme d'un festival qui s'affirme comme une référence mondiale des arts.

RTVE et Telefónica numérisent le plus grand fonds audiovisuel en espagnol du monde  Plus de 800 000 heures d'images des archives audiovisuelles de RTVE seront à la portée de tous. Dans le but, ambitieux, de faire en sorte que toutes les images du fonds documentaire de la télévision publique soient numérisées dans un délai de quatre ans, Telefónica est devenue le partenaire technologique exclusif de la Corporation de RTVE pour mener à bien ce projet, qualifié par César Alierta de « projet pionnier et projet clé pour rendre accessible au public le fonds audiovisuel en langue espagnole le plus important au monde ».

Le FC Barcelone termine une année historique  Alors que résonnent encore les échos de la victoire de la sélection nationale de football lors de la dernière Coupe d'Europe, le FC Barcelone a terminé une saison historique, devenant le premier club espagnol à avoir remporté au cours d'une même saison le triplet : Ligue, Coupe du roi et Ligue des Champions. L'équipe « bleu/rouge » ajoute à son palmarès sa troisième Coupe d'Europe.

Vue de l'exposition « Resiliencia » à l'Institut Cervantès. photo efe

Barcelone accueillera une réunion sur le climat avant le Sommet de Copenhague Les Nations Unies ont annoncé que la quatrième et dernière réunion de préparation au Sommet de Copenhague sur le changement climatique, se tiendra à Barcelone. Du 2 au 6 novembre, quelque 4 000 délégués de 190 pays se réuniront en Espagne pour mettre la dernière main aux préparatifs qui permettront de parvenir, au Danemark, à un accord interna-

tional ambitieux qui remplacera le protocole de Kyoto en vigueur lorsque celui-ci arrivera à son terme, en 2012. Plus de 10 ans après l'adoption de cet instrument, un nouvel accord permettant de l'adapter aux nouvelles réalités, telles que l'émergence de pays comme la Chine ou l'Inde, ainsi que l'augmentation de la consommation et des émissions, est nécessaire.

Jorge Volpi, prix Debate Casa de América  L'écrivain Jorge Volpi (Mexique, 1968) a reçu le prix Debate-Casa de América pour « El insomnio de Bolívar » (L'insomnie de Bolivar), ouvrage qui aborde l'histoire de l'Amérique latine de son passé mythique à un avenir imaginaire. Cette récompense, dotée de 35 000 euros, est décernée par Casa de América et la maison d'édition Random House Mondadori.


c nouvelles culture et société 63

En 1936, elle s'est exilée et depuis lors, elle a vécu hors d'Espagne. Pendant de nombreuses années, elle a enseigné l'espagnol à New York. Ce qui la caractérisait : elle était une femme cosmopolite, libérale, républicaine et laïque. par Jacobo García. JOURNALISTE

Notre dette envers... Carmen de Zulueta

La fille à la valise En lisant ses livres, une intéressante fenêtre ouverte sur l'Espagne de la République, l'image que l'on finit par retenir est celle d'une étudiante traînant sa valise à travers continents, pays, villes, universités et maisons. Mais, à la différence du personnage qu'incarnait Claudia Cardinale dans le film de Valerio Zurlini dont nous avons repris le titre pour cet article, le drame de Carmen n'était pas un drame amoureux, mais la tragédie de la guerre civile. En août 1936, la famille de Luis de Zulueta Escolano, ex-ministre d'État, ex-ambassadeur à Berlin et dernier ambassadeur de la IIe République auprès du Vatican, s'est vue contrainte à l'exil. Une telle famille, éduquée selon les principes de l'Institution libre d'enseignement, n'avait rien à faire dans une Espagne à couteaux tirés et aux murs ensanglantés. Au départ, l'exil entraîna une certaine dispersion de la famille. Le parcours en exil de Carmen, la plus jeune des quatre enfants du couple Zulueta-Cebrián, a connu

plusieurs étapes : Paris, Norwich, Bogotá, Cambridge (États-Unis), New York, Sao Paulo et à nouveau, et définitivement, New York. Cette jeune fille de vingt ans, valise à la main, devait avoir bien des qualités, qui lui ont permis de très bien s'organiser dans son nouveau monde. De la lecture de ses livres l'on déduit que ces qualités étaient l'optimisme, la confiance, la sérénité, la persévérance, l'humilité, la tolérance, le respect, la curiosité intellectuelle et l'amour du travail. Autre facteur de réussite important, sa capacité à participer activement aux réseaux sociaux, sans lesquels un exilé ne trouverait jamais l'interstice par lequel entrer et s'intégrer dans le pays d'accueil. Carmen fait partie de ceux qui y sont parvenus avec le plus grand naturel, en respectant à la lettre toutes les règles du jeu. Elle a étudié inlassablement pour accomplir les travaux qui lui étaient proposés, une

tâche à laquelle ses années d'apprentissage à l'Institution libre d'enseignement et à l'Institut-école l'avaient très bien préparée. Il est indéniable qu'elle avait un don pour les langues : elle apprit à parler anglais en un trimestre ! Mais ses succès ont été en grande partie le fruit de la persévérance, de l'étude, de la capacité à enseigner et à se fondre dans une équipe, ce qui est très important quand on enseigne dans les quartiers défavorisés d'une ville comme New York, où elle a donné des cours d'espagnol pendant de nombreuses années, jusqu'à sa retraite. Aujourd'hui, veuve après près d'un demi-siècle de mariage, avec deux enfants et un neveu vivant en Espagne, elle est toujours à New York, où elle se promène tous les jours à Central Park, tandis qu'elle réfléchit à de nouveaux sujets pour un prochain livre. Cependant, si son nom figure aujourd'hui en haut de cette page, c'est en raison du naturel, de la dignité et

de l'élégance extraordinaires avec lesquels, comme d'autres illustres exilés de sa génération, elle a toujours assumé sa condition d'Espagnole hors de son pays. Son intégration dans son pays d'adoption a été rapide et totale. Mais elle n'a jamais laissé quiconque douter de sa véritable identité. Reste à étudier la contribution de l'exil républicain libéral à la diffusion d'une certaine idée de l'Espagne au sein de cette nouvelle frontière qu'est New York. Évoquer Carmen de Zulueta, c'est également rendre hommage aux expatriés qui ne se sont pas contentés de vivre dans la nostalgie de ce que l'Espagne aurait pu être, mais qui, dans une attitude ouverte et de coopération, se sont tournés vers l'avenir, décidés à continuer à vivre comme si rien d'irréparable ne s'était produit, afin de rendre le monde – pas le monde dans l'absolu, mais la petite portion de monde dans laquelle chacun vit – un peu plus supportable.


64 c publications

✱... indispensables à lire Informe Alerta et Anuario Procesos de Paz 2009 (Rapport d'alerte et Annuaire des processus de paix) Escola de Cultura de Pau. Éditions Icaria Depuis 1999, l'université autonome de Barcelone accueille l'Escola de Cultura de Pau (ECP), dont l'objectif et d'œuvrer pour la culture de la paix, les droits de l'Homme, l'analyse des conflits et l'éducation pour la paix et le désarmement. Le centre barcelonais publie chaque année des rapports de référence. L'Informe Alerta 2009 analyse l'état du monde à la fin de l'année 2008 en matière de conflits armés et de construction de la paix. Malgré le grand nombre de conflits armés et de scènes de tensions sociale et politique, ainsi que l'accroissement des hostilités dans plusieurs de ces contextes, l'année 2008 permet de deviner des possibilités de paix dans un proche avenir dans quelques-uns des lieux évoqués. L'Anuario de Procesos de Paz analyse les conflits pour lesquels des négociations en vue de parvenir à un accord sont ouvertes. La plupart concernent des conflits armés, mais des contextes ne présentant pas d'affrontements armés majeurs sont aussi analysés.

● Voluntarios de la liber libertad. Petro Marko, « Hasta la vista » y los Brigadistas Albaneses en la Guerra Civil Española. AECID Ce livre est le résultat des contributions de personnalités albanaises et espagnoles. Marta María García Suárez, chercheuse et auteure de la thèse « La realidad social y literaria de España en la época de Petro Marko » (la réalité sociale et littéraire de l'Espagne à l'époque de Petro Marko) ; Anita Marko, fille du brigadiste albanais ; Xhevahir Spahiu, poète et Ramón Sánchez Lizarralde, traducteur d'albanais, critique littéraire et écrivain. Mais aussi Ana Pérez, présidente

de l'Association des amis des brigades internationales, et de Petro Luarasi, fils de Skender Luarasi, brigadiste albanais. Comme le rappelle dans la préface l'ambassadeur d'Espagne en Albanie, Manuel Montobbio, « El voluntario de la libertad » (le volontaire de la liberté) est le titre que les brigadistes albanais avaient uni choisi pour le premier et unique numéro d'une revue qu'ils publièrent à Madrid en 1937. ● Iberoamérica 2020: Retos ante la crisis (IbéroAmérique 2020 : défis face à la crise) Felipe González. Fondation Carolina/Siglo XXI

L'ex-président du gouvernement coordonne dans cet ouvrage les contributions de dizaines de personnalités politiques et intellectuelles espagnoles et latino-américaines, à travers sept chapitres qui présentent les mesures à mettre en œuvre pour affronter la crise, la surmonter et aborder l'avenir sur des bases plus solides. Comme l'affirme Felipe González « les signataires des travaux inclus dans cette publication allient grande expérience politique et haut niveau technique et intellectuel ». Parmi les contributions, citons celles de Carlos Fuentes, Julio María Sanguinetti, Carlos Solchaga, Ricardo Lagos et des présidents Luiz Inácio Lula da Silva, Cristina Fernández de Kirchner, Michelle Bachelet, Alan García et Rafael Correa. ● La madre de los niños del holocausto (La mère des enfants de l'holocauste) Anna Mieszkowska. Styria de Ediciones y Publicaciones

Émouvant témoignage humain, cette histoire réelle de courage, de bonté et de générosité raconte l'histoire d'Irena Sendler, infirmière polonaise qui parvint à sauver de l'holocauste environ 2 500 enfants et jeunes juifs de Varsovie. En 1943, elle fut arrêtée et emmenée dans une prison de la Gestapo. Elle avait élaboré un fichier sur d'étroites bandes de papier de soie, afin de pouvoir retrouver, après la guerre, les enfants sauvés. Elle ne révéla rien et fut condamnée à mort mais parvint à s'évader. Selon l'auteure de ce livre, Irene Sendler est « un monument de l'histoire, un monument de la mémoire ». Michal Glowinski, professeur à l'Académie des Sciences polonaise, l'un des enfants sauvés par Irene Sendler, écrit dans la préface : « L'expression La liste de Sendler est entrée dans le langage courant et sera peut-être un jour plus connue que La liste de Schindler. Après tout, cette Polonaise a sauvé bien plus de juifs que l'industriel allemand Oskar Schindler ».


c publications 65 personnes qui s'intéressent à la démocratie et à la démocratisation, non seulement en Amérique latine, mais dans toutes les régions de la planète. La préface montre comment cette analyse permet d'expliquer la récente résurgence de la gauche latino-américaine.

● La nueva imagen de España en América Latina (La nouvelle image de l'Espagne en Amérique latine) Javier Noya. Éditions Tecnos Ces dernières années, la présence de l'Espagne en Amérique latine s'est développée dans tous les domaines. Durant cette période, la région a connu de profonds changements. L'un des résultats de ces mutations est une nouvelle image de l'Espagne, sans doute la meilleure depuis cinq siècles. Quelques ombres subsistent néanmoins. L'image de l'Espagne est au cœur de cette publication qui aborde aussi des questions telles que le discours post-colonial ou l'influence de l'Espagne et des États-Unis dans la région. ● Las torres de Trebisonda Rose Macaulay. Éditions Minúscula Considéré comme le chefd'œuvre de l'auteure britannique Rose Macaulay, amie de Virginia Woolf et de W.H. Auden, pour lequel elle reçut le prestigieux James Tait Black Memorial Prize, Les tours de Trébizonde raconte les péripéties d'un groupe excentrique voyageant de l'Angleterre au Moyen-

Orient. Tout au long de ce récit plein d'un humour parfois absurde, les protagonistes découvrent une ville de légende, Trébizonde, où se donnent rendez-vous toute sorte d'inquiétudes matérielles et spirituelles. ● La democracia en América Latina (La démocratie en Amérique latine) Peter H. Smith. Universidad de Alcalá Marcial Pons Le professeur nord-américain Peter H. Smith étudie dans cette œuvre les processus de démocratisation en Amérique latine, de 1900 à nos jours. Cet ouvrage associe d'une manière exceptionnelle profondeur historique, magistrale organisation d'une grande quantité d'informations, analyse complexe des données, interprétation judicieuse et qualité d'écriture. Il en résulte une œuvre clef pour les

mondial dont il a proposé le slogan « Un autre monde est possible ». Il est directeur de la version espagnole du mensuel Le Monde diplomatique.

● La crisis del siglo (La crise du siècle) Ignacio Ramonet. Éditions Icaria Le monde va connaître son pire cauchemar depuis 1929. Des temps sombres se préparent. C'est la raison

pour laquelle il nous faut définir un nouveau système économique plus juste et plus démocratique. Créer des structures mondiales qui donnent priorité aux besoins des citoyens, qui respectent et encouragent les droits de l'Homme, la justice sociale et l'équilibre environnemental. Sinon, une fois encore, les peuples paieront l'addition. Ignacio Ramonet est un grand intellectuel, analyste politique et journaliste, auteur de nombreux ouvrages. Il est à l'origine de la création de l'association altermondialiste ATTAC et l'un des promoteurs du Forum social

● Kosovo. Las semillas del odio (Kosovo. Les graines de la haine) Ricardo Angoso. Plaza y Valdés Editores Ricardo Angoso García, journaliste et sociologue, propose dans ce livre une réflexion sur le Kosovo, terre mythique pour les Albanais comme pour les Serbes, territoire disputé où se joue aujourd'hui encore l'un des conflits les plus anciens du continent européen. Selon l'auteur, l'indépendance du Kosovo, reconnue par les grandes puissances occidentales, enfreint le droit international et les résolutions des Nations Unies, et constitue un lamentable précédent pour la communauté internationale et l'Europe. ● Globalización. Lo peor está por llegar. A menos que… (Mondialisation, le pire est à venir. À moins que...)Patrick Artus et Marie-Paule Virard. Éditions Icaria Depuis la chute du mur de


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Berlin, la mondialisation a déchaîné des forces de plus en plus indomptables, non régulées de manière coopérative et qui ont fait de ce monde le terrain de chasse de tous les égoïsmes. En 2007, la crise des subprimes a révélé l'extrême fragilité du système financier international, manifestation de la folie d'un monde où l'argent circule à flots : des centaines de milliards de dollars se sont volatilisés en quelques jours. Cette crise était sans doute le premier signe de

problèmes plus importants. Comme l'expliquent les auteurs de cet essai aussi instructif que bien documenté, le pire est à venir, en raison de la conjonction de plusieurs tendances explosives créées par le processus de mondialisation. Parmi celles-ci, les inégalités croissantes et le gaspillage des ressources naturelles. Les auteurs pensent toutefois que si certaines mesures radicales sont prises, il peut encore y avoir un espoir. ● Gibraltar : base militar. El interés anglo-americano por el Peñón (Gilbraltar : base militaire. L'intérêt britannico-américain pour le Rocher) Ángel Liberal Fernández. Éditions Civitas Les Britanniques ont occupé le Rocher de Gibraltar en 1704 pour en faire la base de leur flotte militaire en Méditerranée. Après 300 ans, à cette fonction, qui

perdure, d'autres, non moins importantes, ont été ajoutées parce que Gibraltar n'est pas un point isolé dans le Détroit. Ce livre décrit les caractéristiques, les possibilités et les limites de cette base militaire : son port disposant de quais pour les sous-marins nucléaires, l'aérodrome situé sur l'isthme occupé illégalement, les services secrets, les dépôts de combustible et de munitions, la production d'eau et d'énergie, etc.

✱... indispensables à lire

● Plan África 2009-2012. Direction générale de la politique extérieure pour l'Afrique. Ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Dirigée et coordonnée par la Direction générale de la politique extérieure pour l'Afrique, en collaboration

avec la Direction géné générale de la communication extérieure, cette publication présente les lignes générales des nouvelles actions et projets que le gouvernement s'est engagé à mettre en œuvre dans cette région, et qui constitue son IIe Plan Afrique. Cet ouvrage, préfacé par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, souligne les nouveaux rapports que les mécanismes de dialogue et de concertation effective, détaillés dans le Plan Afrique

2009-2012, créent entre l'Espagne et l'Afrique. Ce document marque les différents objectifs transversaux et généraux qui guideront les lignes d'action. Il inclut en outre un chapitre consacré aux priorités géographiques, au suivi et à l'évaluation du plan, ainsi que les principaux instruments de son exécution. Il comprend enfin plusieurs fiches géographiques détaillées dans leur dimension continentale et régionale mais aussi une analyse spécifique par pays.

L'ouvrage fait aussi référence aux exceptions juridiques dont Gibraltar dispose dans le cadre international de la sécurité nucléaire, de la lutte contre le terrorisme et de l'armement conventionnel, qui favorisent le rendement de la base. Il décrit aussi la relation entre Gibraltar et les États-Unis, l'OTAN et Chypre. Cet ouvrage permet au lecteur de découvrir « la face cachée » du Rocher de Gibraltar.

● 100 fotos de Don McCul McCullin por la libertad de prensa (100 photographies de Don McCullin pour la liberté de la presse) Reporters sans Frontières À l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans Frontières a présenté cet album qui réunit une centaine de photographies de Don McCullin, correspondant de guerre britannique (Londres, 1935) célèbre pour ses images puissantes. Toute sa vie durant, il a parcouru la planète pour montrer en noir et blanc les événements les plus marquants et dramatiques : Chypre, Congo, Biafra, Viêt Nam, Cambodge ou Irlande du Nord. Toutes ses photographies illustrent sa recherche


c publications 67 de la paix et soulignent la dignité de l'être humain. Cet album est en vente dans tous les kiosques d'Espagne et dans la plupart des centres commerciaux. Avec les fonds recueillis, Reporters sans Frontières financera des actions en faveur de la sécurité des journalistes et de la liberté de la presse dans le monde.

● Glorioso triunfo del Príncipe Arjona (Glorieuse victoire du Prince Arjona) Francisco Ayala. Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales (SECC) À l'occasion du 103e anniversaire de Francisco Ayala, la SECC a édité cinq cents exemplaires (les cent trois premiers sont numérotés) de Glorioso triunfo del Príncipe Arjona, nouvelle publiée pour la première fois en 1980 dans la revue Nueva Estafeta. Cette œuvre constitue un aboutissement et peut être considérée comme la clef de voûte de l'œuvre littéraire de Francisco Ayala. Sous forme de dialogue, le prince Arjuna et Sendar, son précepteur, élucident la nature de la vie et réfléchissent sur l'exercice du pouvoir et la violence dans un langage qui se plie aux

nécessités de la narration, alternant images puissantes des descriptions des actions et dénuement réfléchi de la méditation des personnages.

● Entre la historia y la memoria. Fernando Maria Castiella y la política exterior de España, 1957-1969. Marcelino Oreja Aguirre. Rafael Sánchez Mantero. Real Academia de Ciencias Morales y Políticas Œuvre collective récemment publiée, Entre la historia y la memoria (entre l'histoire et la mémoire) fait écho au travail réalisé par Fernando María Castiella, titulaire du ministère des Affaires étrangères entre 1957 et 1969. Douze années durant lesquelles l'Espagne a connu des changements considérables qui ont conditionné l'avenir de notre pays. Coordonné par le professeur Rafael Sánchez Mantero et par l'ancien chef de cabinet de Castiella, ultérieurement ministre des Affaires étrangère, Marcelino Oreja, cet ouvrage réunit les travaux de treize auteurs, parmi lesquels l'économiste Juan Velarde Fuertes. ● La huella de Babur. A pie

por Afganistán. (La trace de Bâbur. L'Afghanistan à pied) Rory Stewart. Alcalá Grupo Editorial. Cette œuvre présente les aventures de l'auteur lors de son voyage à pied entre Hérat et Kaboul, juste après la chute des talibans. Il offre une vision d'un paysage accablant et changeant : de la tragédie de la guerre à l'humour des survivants, des neiges de la montagne aux villages toujours sous contrôle des talibans. Sa profonde compréhension de la culture musulmane et sa prose sobre et peu sentimentale créent ce livre évocateur, portrait révélateur et intelligent d'un pays fascinant et malheureux. « La huella de Babur » a été récompensé par le IIe prix de littérature de voyages Camino del Cid, par un jury composé de Javier Reverte, Rosa María Calaf et Carlos García Gual. Ce prix est

l'une des principales actions du consortium Camino del Cid qui revendique la route comme espace littéraire universel. Rory Stewart apparaît comme une valeur en hausse de la littérature en

langue anglaise, après avoir exercé une carrière militaire et diplomatique. ● Microcréditos para el desarrollo (Micro-crédits pour le développement) Casa Asia, Casa África. Cette publication reprend les débats qui se sont tenus durant les journées internationales sur le micro-crédit organisées par Casa África et Casa Asia. Ces deux institutions ont entrepris, il y a un peu plus d'un an, un projet commun sur le rôle du microfinancement dans le développement économique et social des pays d'Asie et d'Afrique. L'objectif était de réunir les représentants asiatiques et africains des principales institutions impliquées dans le microfinancement et les représentants des principaux acteurs de la société espagnole : ministères, communautés autonomes, mairies, ONG, fondations, universités et entreprises. Il s'agissait aussi d'ouvrir le dialogue sur la valeur du microfinancement en cette période de crise économique. Les journées auxquelles cette publication fait référence ont été inaugurées par le fondateur de la banque Grameen, Muhammad Yunus, banquier et économiste bangladais qui a développé le concept de micro-crédit et qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2006 « pour ses efforts pour promouvoir le développement social et économique à partir de la base », ainsi que le premier prix Príncipe de Asturias de la Concordia en 1998.


68 e l'entretien


e l'entretien 69

Convaincu que le talent des individus constitue la clef du succès des entreprises, le président de la première compagnie énergétique espagnole nous a reçus dans son bureau, au siège de Repsol à Madrid. L'un des plus grands experts du secteur énergétique et industriel espagnol, est aussi un homme aimable et accessible qui se définit lui-même comme « un mélange de hasard et de travail quotidien ››. Partisan de la formation continue et de la capacité d'adaptation à des environnements changeants, Antonio Brufau a été capable de transformer une situation adverse comme la révision à la baisse des réserves de la compagnie en une opportunité d'amélioration. Son modèle de gestion dans le domaine de l'exploration et de la production a conduit Repsol à la découverte des plus grandes réserves de gaz et de pétrole de l'histoire de l'entreprise.

Antonio Brufau

« L'UE exige une politique énergétique commune » — Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à l'expansion internationale des entreprises espagnoles. Selon votre expérience, comment un tel processus doit-il être mis en œuvre ? — Les entreprises espagnoles ont connu une grande activité dans certains pays étrangers, principalement en Amérique latine. Elles commencent maintenant à s'implanter aussi aux États-Unis et, de façon plus sélective, en Europe et en Asie. La dépendance vis-à-vis d'un seul marché, comme le marché espagnol dont la taille est relativement réduite à l'échelle du monde, les rendait très vulnérables et toutes ont pris la décision à un moment donné de s'étendre grâce à des taux d'intérêt plus stables et un plus grand accès au crédit. À cette époque, dans la zone latino-américaine, des processus de privatisation très importants

étaient en cours et, par conséquent, l'envie d'investir a rencontré le besoin d'investisseurs. — Selon vous, quel rôle a joué le secteur privé dans la définition des priorités en matière de politique extérieure ? — Je crois que cela a beaucoup changé. Si lorsque nous avons commencé à nous internationaliser, l'Espagne et la diplomatie espagnole n'étaient pas bien préparées pour conjuguer intérêts économiques et intérêts politiques, aujourd'hui au contraire la symbiose est complète. La relation entre les approches de la politique extérieure, se nourrissant et prenant appui sur les approches politiques d'expansion économique et inversement, est maintenant très étroite. Et je crois que c'est ce qu'il y a de mieux pour tout le monde. Aujourd'hui, compter les ambassades que le gouvernement

espagnol possède dans le monde entier comme ses alliées est un actif extraordinaire dont bénéficient les entreprises espagnoles. Il peut rester quelques exceptions mais, en général, il existe une forte prise de conscience de la part du corps diplomatique pour soutenir et servir d'appui à l'activité des entreprises. À l'inverse, les entreprises espagnoles apportent aussi de la valeur ajoutée à la politique extérieure dans la mesure où nous établissons un lien avec les pays et où nous disposons d'une significative influence. La politique au sens propre se voit consolidée par la présence économique ; elles sont complémentaires. Les Américains nous l'ont toujours démontré : la politique extérieure, c'est la politique économique extérieure. Là où les relations politiques sont les meilleures, les investissements sont plus importants, et vice-versa. Il est très difficile de


70 e l'entretien

concevoir une politique diplomatique d'envergure sans le substrat que forment les entreprises dans les pays dans lesquels nous opérons. — Comment décrire la relation de Repsol avec nos organismes de représentation à l'étranger ? — Le secteur du pétrole et du gaz pointe dans les pays émergents, dans un climat d'instabilité politique ou des approches politiques différentes par rapport au mode de pensée occidental. Je pourrais citer des centaines de cas concrets de collaboration, comme en Bolivie, au Venezuela, en Équateur, la consolidation des relations avec l'Argentine et avec les autorités, et dans tous ces cas, nous avons toujours agi en collaboration avec le gouvernement espagnol et pu compter sur son aide. Dans certains moments qui ont été difficiles pour cette entreprise et pour nos affaires dans ces pays, nous avons toujours reçu le ferme soutien des autorités espagnoles. L'ensemble du personnel en fonction au gouvernement et en rapport avec les domaines économiques ou diplomatiques a toujours été présent. J'ai eu l'occasion de passer de nombreuses soirées à discuter avec des représentants de notre système politique afin de défendre nos projets à des moments où notre entreprise connaissait des difficultés. Je crois qu'une entreprise comme la nôtre se montrerait tout à fait injuste si elle se plaignait de ne pas avoir reçu d'aide ou de ne pas avoir été écoutée. — Dans quelle mesure l'expansion internationale de Repsol a-t-elle été déterminée par des questions politiques ou des critères de confiance en matière d'investissement ? — L'investissement survient en marge de la politique ; il surgit là où apparaissent les opportunités. Les investissements dans notre secteur impliquent une longue période de maturation. Nous devons investir beaucoup d'argent et rester sur place pendant au moins 20 ou 30 ans car les investissements évoluent tout au long de ce processus. Par conséquent, le plus important pour nous est la prévisibilité et la sécurité juridique de l'environne-

« Il est très difficile de concevoir une politique diplomatique d'envergure sans le substrat que forment les entreprises dans les pays dans lesquels nous opérons. » « La politique extérieure d'un pays se voit toujours renforcée par la présence économique ». « L'énergie devrait être un droit car ce secteur est un pilier de la croissance » ment dans lequel nous nous trouvons. Ce qui ne fait évidemment pas bon ménage avec certaines zones où est établie notre activité et qui n'offrent pas les garanties nécessaires en matière de prévisibilité ni de sécurité juridique. Dans de tels cas, nous méditons longuement notre projet. C'est là qu'entre en jeu la réflexion politique : en cas de crise, est-il prévisible que le contexte politique demeure favorable ? Le maintien de la sécurité juridique est-il possible ? Et nous prenons nos décisions sur ces bases. — Quelles répercussions ont pour une

compagnie pétrolière les brusques oscillations du prix du baril de brut depuis un an ? — Ce marché est par définition volatile car nos ventes se fondent sur des produits qui aujourd'hui valent 40 ou 50 dollars et en valaient 100 il y a six mois, et 150 il y a un an. Bien entendu, ceci concerne toute la chaîne de valeur et nous touche de façon importante. Ces oscillations ne sont pas bonnes pour l'économie, ni lorsqu'il s'agit d'une hausse brusque, ni quand les prix s'effondrent, comme c'est le cas actuellement. Une entreprise comme Repsol a besoin de plus de stabilité. Nous aimerions que l'énergie soit un droit pour tous et qu'elle soit disponible à des prix plus accessibles car le secteur énergétique est un pilier de la croissance. Bien sûr, ces prix doivent comprendre la rétribution des agents, comme Repsol, puisque l'exploration comporte des risques et que le coût de production du baril est très élevé. Il convient de chercher un équilibre entre un prix raisonnable et une consommation responsable. — Pensez-vous que cette situation pourrait se reproduire dans un avenir proche ? — Sans aucun doute : c'est un problème d'offre et de demande. L'an dernier, plusieurs facteurs ont fait que le prix du baril atteigne 140 dollars : des aspects financiers et de liquidité mais aussi et surtout une situation critique dans laquelle l'offre et la demande se sont alignées.


e l'entretien 71 Nous nous trouvions à un point d'équilibre entre ce que nous étions capables de fournir sur le marché et le niveau de la demande. Quand l'économie commence à décliner, la demande en fait de même tandis que l'offre reste au niveau où elle était, ce qui engendre une situation de surproduction. Lorsque l'économie est relancée, les pays les moins développés comme la Chine ou l'Inde demandent une grande quantité d'énergie et nous nous retrouverons dans la situation précédente. — Y a-t-il donc des sites où l'extraction a cessé d'être rentable ? — Si cette absence de reprise économique dure encore longtemps, nous autres, agents de production, devrons réduire nos investissements car ceux-ci ne sont plus justifiés à 40 dollars le baril. Et si nous réduisons nos investissements, ceci aura un effet pervers : l'offre se réduira alors que la demande continuera d'augmenter et nous nous trouverons dans un scénario de prix forts, beaucoup plus élevés que ceux de l'été dernier. C'est un problème dû à la brutalité des mouvements ; l'idéal serait que tout se fasse de façon plus graduelle. — En ce sens, quel rôle pourrait jouer le secteur énergétique dans la récupération économique, surtout dans le cadre européen ? — L'Europe est, du point de vue énergétique, très responsable et efficace dans tous les domaines, des moteurs diesel aux énergies alternatives en passant par le degré de prise de conscience sociale sur la consommation énergétique. Il existe toujours une marge pour que nous soyons tous encore plus responsables, mais celle-ci est plus réduite que dans d'autres régions du monde. Sur cette base, l'énergie joue un rôle fondamental. La croissance a besoin d'énergie et il faut permettre, de manière responsable, aux pays qui n'en ont pas les moyens ou les ressources d'obtenir l'énergie nécessaire à leur croissance. L'énergie est la clef du développement mondial. — Un autre facteur clef est l'impact qu'a la présence de Repsol dans les divers pays où l'entreprise est implan-

tée. Comment Repsol gère-t-elle son intégration socio-économique dans ces sociétés et comment se passe son interaction avec les communautés locales ? — C'est un phénomène difficile à comprendre et qu'il convient de bien administrer. Lorsque nous sommes en Équateur ou en Bolivie, il peut nous sembler, en tant que Repsol, que cela n'est qu'un pourcentage insignifiant par rapport au groupe. Néanmoins Repsol est la première compagnie dans des pays comme la Bolivie, l'Argentine ou l'Équateur. Nous sommes la première entreprise, non seulement du secteur énergétique, mais aussi la première de par son importance. Par conséquent, nous ne devons pas évaluer les chiffres du point de vue de ce que représente le marché d'un pays donné au sein du groupe, mais par rapport à ce que représente l'entreprise dans ce pays. Nous devons nous impliquer fortement dans chacun des pays et je dirais même que notre implication dans la société est plus importante qu'en Espagne parce qu'ici, presque tous les besoins sont déjà couverts. Là-bas, de nombreux domaines restent encore à développer et c'est pour cela que nous nous engageons sur des thèmes importants de responsabilité sociale d'entreprise, que nous mettons en place des programmes d'assistance sanitaire et que nous offrons des aides à la formation à travers des programmes de bourses... Nous travaillons intensément pour nous impliquer dans la société. Nous sommes conscients d'être dans un secteur sensible à l'opinion des acteurs sociaux, dans la mesure où notre activité concerne les ressources naturelles, comme le sont les hydrocarbures. Nous devons en être conscients et redoubler nos efforts dans les environnements complexes. — L'une de vos principales priorités lorsque vous êtes arrivé à la tête de Repsol était d'acquérir de nouvelles réserves, et vous y êtes parvenu. À quel facteur attribuez-vous les succès de Repsol en matière d'exploration, qui sont parmi les plus importants au

monde ? — Comme pour presque tout dans la vie, il n'y a ici aucun secret. C'est une affaire de méthodes, de moyens et de qualité. Tout d'abord il faut avoir la meilleure équipe et chercher les talents susceptibles d'apporter une valeur ajoutée. Ensuite, la méthode. Cela n'a rien à voir avec jouer au loto, c'est la loi des grands nombres. Lorsqu'un bassin susceptible de représenter un certain potentiel est identifié, il faut appliquer une méthodologie qui, à la longue, permette d'aboutir au succès. Il faut enfin de la patience, car depuis l'instant où nous commençons à étudier une zone jusqu'au moment où nous produisons le premier baril en cas de succès, dix années peuvent s'écouler. Pour un administrateur, la hâte est donc une mauvaise conseillère dans ce secteur car il doit toujours penser qu'il ne verra probablement pas s'accomplir les décisions prises aujourd'hui ; mais il devra quand même les prendre. Chaque année, nous investissons environ six milliards d'euros. À mon âge et avec mes responsabilités, je suis convaincu que je ne verrai par le fruit de tous ces investissements, je pourrais donc cesser de les réaliser et le compte de résultats n'en serait que meilleur. Mais il faut penser à l'avenir et investir beaucoup et à très long terme, car sans investissements, on n'obtient rien. Lorsque nous explorons, cette phase fait partie de ce que nous appelons l'amont ; nous avons normalement entre 10 et 20 % de probabilité de succès et nous en sommes conscients dès le premier jour. Lorsque nous décidons d'investir, disons 100 millions de dollars, dans un puits au Brésil, ou les 150 millions que coûte un forage en mer, la probabilité de succès économique tourne autour de 10 à 20 %. En termes financiers, cela signifie que, pour réussir, nous devons établir cinq puits et investir 500 millions de dollars, pour trouver un gisement sur cinq. C'est ainsi que se résume notre secteur. Aussi s'agit-il d'une combinaisons de plusieurs facteurs : ne pas être pressé, penser à l'avenir, penser à l'entreprise plus qu'à soi-même, dispo-


72 e l'entretien

le profil Antonio Brufau est né à Mollerusa (Lérida) en 1948. Diplômé en Économie à l'université de Barcelone, il a débuté sa carrière chez Arthur Andersen, entreprise dans laquelle il a gravi les échelons jusqu'au poste de directeur adjoint d'audit.

En 1988, il est entré à La Caixa, au poste de directeur général qu'il a occupé de 1999 à 2004. En juillet 1997, il a été nommé président du groupe Gas Natural. Depuis 1996 et jusqu'à sa nomination, en 2004, en tant que président directeur général de

ser d'une méthode, de ressources, d'une excellente équipe et, enfin, risquer de l'argent. — Vous faites souvent référence au talent. Quelle importance accorde Repsol à la formation de ses salariés ? — Nous avons un haut niveau de formation supérieure : beaucoup d'ingénieurs, de géologues, de géophysiciens et, évidemment, beaucoup de mathématiciens. Je crois que dans une entreprise comme la nôtre, le succès réside dans le talent de chacun. Quand on fait un investissement à risque, comme je le disais, il y a 20 % de chances de succès et, si vous vous trompez, vous pouvez perdre énormément d'argent. On peut aussi réussir par hasard mais ça, ça n'arrive qu'une fois dans une vie. Le talent joue alors un rôle crucial afin d'optimiser l'investissement. Par conséquent, la formation humaine mondiale, parce que nous avons des travailleurs partout dans le monde, est un enjeu primordial. Les raffineries sont un monde d'ingénieurs et d'individus issus de la formation professionnelle qui, grâce à leur effort, peuvent améliorer la rentabilité d'un craqueur ou d'une unité par exemple ; le produit sera évidemment toujours le même mais beaucoup plus efficace et bien mieux conçu. Il s'agit là encore d'avoir du personnel bien préparé aux différents niveaux de formation et exiger d'eux une formation continue. Encore plus importante que la formation de base est la mentalité selon laquelle on ne progresse pas sans se fixer pour objectif d'améliorer chaque jour ses capacités techniques. Nous disposons d'une université d'entreprise à Móstoles par laquelle

Repsol YPF, il a fait partie du conseil d'administration de la compagnie pétrolière. Aujourd'hui il occupe également le poste de vice-président du groupe Gas Natural et préside le Club espagnol de l'énergie. Durant son long parcours professionnel, Antonio

passent presque tous nos employés et qui est fantastique. Nous travaillons quotidiennement pour que les modules de formation accompagnent la carrière professionnelle de nos 35 000 salariés. Tous ceux qui veulent faire carrière doivent suivre cette voie de développement professionnel et c'est là notre meilleur investissement. — On a beaucoup parlé ces derniers temps du besoin d'une politique énergétique commune pour l'Union européenne, capable d'assurer l'approvisionnement et la solidarité entre les États membres. Quelle est votre opinion à ce sujet ? — L'Europe n'a pas de politique énergétique commune ; elle lance de grands discours et de grands messages comme le 20/20/20 d'économie d'énergie, ou la réduction des émissions de C0², etc. Mais chaque pays est souverain à l'heure de prendre les décisions en matière énergétique et rien n'avancera de cette façon. On ne peut avoir des objectifs européens communs sans politiques communes qui engagent les parties. Chaque pays peut avoir ses propres intérêts au moment de négocier ses politiques énergétiques et la sécurité de son approvisionnement, mais il paraît insensé que l'Europe ne s'unisse pas et n'ait pas, par exemple, de système de connexions entre tous les réseaux, aussi bien de gaz et d'électricité que de brut, car, au final, l'offre a autant de poids que la demande. La demande est très puissante et l'on ne peut établir de politiques énergétiques fondées sur des objectifs si on ne les accompagne pas par la mise en place d'une UE intégrée sur le plan énergétique. Et aujourd'hui, ceci ne

Brufau a été membre de nombreux conseils d'administration comme ceux, entre autres, de Suez, Enagás, Abertis, Aguas de Barcelona ou Colonial. Dès son arrivée à Repsol, il a implanté une culture d'entreprise fondée sur les valeurs d'engagement, de

s'est pas encore produit. Il me semble de nous devrions laisser de côté les grands discours et concrétiser ce que nous entendons par intérêt communautaire. Les entreprises ne peuvent pas s'en charger car nous sommes en concurrence. Ce sont les États qui doivent établir des normes communes, unifier les critères et les politiques faces aux fournisseurs... On ne peut pas parler de sécurité de l'approvisionnement si chaque pays agit de façon autonome. Le problème de l'Allemagne est aussi le problème de l'Espagne, et le problème de l'Angleterre, le problème de l'Italie, et il est difficile de croire que l'on puisse régler les problèmes chacun de son côté. Nous l'avons constaté lors de la récente crise du gaz avec la Russie, quand tout le monde s'est mis à trembler. Si nous avions une politique plus coordonnée ou une politique unique, ce type de situation ne se produirait pas. — En ce sens, quel rôle pensez-vous que puisse jouer l'Espagne lors de


e l'entretien 73 transparence et de rigueur dans la gestion. Doué d'une capacité particulière pour captiver par la parole, il accorde une haute importance aux relations personnelles. Le président de Repsol considère que la recherche du talent et des capacités de direction est primordiale

pour la compagnie et encourage la formation d'équipes multiculturelles et pluridisciplinaires. Ce principe de transparence dans la gestion a été reconnu par des récompenses internationales comme le titre de compagnie pétrolière la plus transparente

notre prochain tour de présidence du Conseil de l'UE ? Qu'attendez-vous de notre pays ? — Pour ma part, j'en attends beaucoup, car je crois que l'Espagne peut apporter une dose de bon sens. L'Espagne n'a jamais été au centre de l'Europe parce que, géographiquement, nous nous trouvons à une extrêmité, et c'est une très bonne chose car je crois que le modèle espagnol de pétrole, de gaz et le modèle électrique ainsi que celui des énergies renouvelables sont un exemple à suivre. Ils sont un exemple parce que nous les avons planifiés mais, surtout, parce nous avons été très isolés. L'Espagne, du point de vue énergétique, a été une île au sein de l'Europe et a dû, en conséquence, organiser ses propres moyens et sa propre stratégie. Et c'est une stratégie qui peut être appliquée à l'Europe. Il me semble que dans le système du gaz, l'intégration du GNL des usines de regazéification avec deux gazoducs importants interconnectés est un exemple de ce qu'il faudrait faire en Europe. À partir de là, notre gouvernement à la présidence du Conseil de l'UE devrait être en mesure d'imposer le pragmatisme, de proposer moins de discours sur les grands objectifs ( je ne dis pas que c'est ce que fait le gouvernement mais ce que fait l'Europe) et plus de faits tangibles en fixant des chronogrammes, c'està-dire en entrant dans tous les débats. Je donnerai un exemple : il ne peut y avoir de politique énergétique commune si l'on n'a pas décidé, par exemple, sur le thème du nucléaire, ce qui est le mieux pour l'Europe. On ne peut permettre qu'un pays dise blanc tandis qu'un autre pays dit noir (et ceci sans m'aventu-

au monde selon les indices Dow Jones Sustainability World et Dow Jones STOXX Sustainability. Antonio Brufau a contribué à faire avancer l'intégration des personnes handicapées chez Repsol, une démarche qui a été saluée par plusieurs prix, dont le presti-

rer dans le débat du bien fondé du nucléaire). Ce qui me semble absurde c'est qu'on ne parle pas d'un mix énergétique européen. Quelqu'un doit prendre cette décision et si nous ne le faisons pas, nous perdrons la bataille face aux États-Unis. Le président Obama sait très bien ce qu'il veut – je ne dis pas que sois d'accord avec lui – : il faut réaliser un investissement massif en R&D&I pour changer le modèle énergétique du pays, peu efficace en plus d'être grand consommateur en termes d'énergie. Si l'on regarde ce que l'Europe destine à l'énergie sur le budget de R&D&I, on investit actuellement 30 % de ce que l'on investissait il y a 20 ans. Si nous nous contentons du 20/20/20 et des grands objectifs sans y mettre les moyens, nous allons nous faire dépasser de tous les côtés. L'Espagne doit faire régner le pragmatisme. — Quelle place occuperont dans le futur les énergies alternatives ? — Elles joueront un rôle certain, mais pas aussi déterminant que ce l'on dit aujourd'hui. Selon l'Agence internationale de l'énergie et d'autres études en la matière, la matrice énergétique en 2030 ou en 2050 n'aura pas beaucoup changé par rapport à ce qu'elle est aujourd'hui. Les combustibles fossiles comme le pétrole, le charbon ou le gaz, continueront de former la matrice de base de la consommation d'énergie. Les alternatives commenceront à jouer leur rôle mais il est évident qu'elles devront adopter une courbe d'expérience importante afin de pouvoir être efficaces. Aujourd'hui elles ne le sont pas encore et elles se trouvent à la place qui leur revient. En outre, en tant qu'énergies alternatives, elles ont leurs propres

gieux prix INCORPORA. Avec son talent relationnel et une inépuisable capacité de travail, Antonio Brufau consacre une partie de son temps libre à jouer au golf, à soutenir le Barça et à profiter de sa famille, en particulier de ses petitsenfants.

limites : l'énergie éolienne est une énergie soumise à de nombreux facteurs ; l'énergie solaire a quant à elle un niveau de développement technologique encore très faible, dans ses divers aspects ; et les biocarburants ont des implications d'une autre nature comme la consommation rationnelle de l'eau ou les émissions de C0² dans le processus de production, etc. Sur ce point, il convient de faire une deuxième remarque. Il est très bien de parler des énergies alternatives mais, de nouveau, on manque un peu de pragmatisme : combien de C0² émettons-nous en produisant un panneau photovoltaïque ? Et combien de C0² économise-t-on avec l'énergie produite par ce panneau ? J'aimerais penser qu'en Espagne, le modèle applicable aux énergies alternatives pourrait être à l'image du modèle éolien, c'est-à-dire, qu'il soit présent dans toute la chaîne de valeur. Je ne crois que nous devions pour notre part encourager l'énergie alternative si, au bout du compte, nous ne sommes pas présent dans toute la chaîne de production. Jusqu'à l'an dernier, 80 % des panneaux solaires étaient importés de Chine, ce qui est une aberration complète si l'on souhaite développer un secteur et extraire le plus de valeur possible de l'ensemble de la chaîne productive. Nous devrions mettre en place des centres de technologie et de recherche, de production et de développement. L'Espagne voit se présenter une opportunité unique de mener un processus que nous pouvons nous approprier depuis l'origine (R&D&I) jusqu'à la génération de l'énergie et qui soit le plus efficace possible. Nous devons être conscients du fait que ce processus sera


74 e l'entretien

long à mettre en place. Et j'en reviens à la politique européenne : quand on parle d'énergies alternatives, qui paie la facture par exemple ? Si l'Espagne a une forte consommation ou production d'électricité à travers les sources solaire ou éolienne, quelqu'un doit les financer, mais l'Espagne ne le fait pas seulement pour l'Espagne, elle contribue aussi de cette façon à optimiser le mix électrique européen. En ce sens, qui doit payer la facture : les consommateurs espagnols, le budget de l'État ou qui d'autre ? Nous avons besoin d'une politique européenne unique et sérieuse. — Quel bilan faites-vous de votre carrière ? — Je suis un mélange de hasard et de travail quotidien. — Vous vous montrez critique vis-àvis de ce que vous appelez « la culture de l'autosatisfaction ». Cette certitude vous a certainement guidé, non seulement dans votre parcours professionnel, mais aussi dans d'autres aspects de votre vie. — Oui. J'ai connu beaucoup d'entreprises dans lesquelles les dirigeants paraissaient détenir la vérité absolue. Quand cela arrive, l'entreprise est morte. Le plus important dans la vie est de savoir écouter et de ne jamais cesser d'apprendre. Si l'on considère que la formation continue est la base du développement personnel, la formation personnelle s'obtient aussi en écoutant et en apprenant des autres. J'ai toujours eu la chance d'être entouré de gens qui étaient bien meilleurs que moi. J'ai eu la chance de toujours compter sur des collaborateurs, aussi bien mes supérieurs que mes collègues ou employés, infiniment meilleurs que je ne l'étais et ce sont eux qui ont fait de moi ce que je suis. Je dois tout aux autres et à la chance. — Ce serait l'un des conseils que vous donneriez à un jeune chef d'entreprise ? — Je lui dirais de toujours s'entourer de gens talentueux et jamais de gens serviles. Il existe deux façons d'administrer et les deux peuvent fonctionner : la première se fait à travers le talent et la concurrence

intellectuelle, qui contribue à ce qu'une équipe de direction fonctionne grâce à l'émulation et la stimulation mentale. La seconde passe par la servilité, en obéissant aux instructions données par une personne comme dans une armée traditionnelle, et cette méthode fonctionne aussi. Si vous êtes doué et que vous donnez des ordres que les autres suivent au pied de la lettre, l'entreprise fonctionnera parfaitement, mais pour cela, il faut que vous soyez très bon. Comme je ne suis pas sûr d'être doué [rires] j'ai besoin de la deuxième partie, qui est le talent. Si je donne des instructions, je ne suis pas sûr que tout fonctionne mais si je mets en valeur les connaissances de mes collaborateurs, alors je suis certain que, oui, tout fonctionnera. — Comment avez-vous affronté le défi de passer d'entreprises travaillant à l'échelle nationale à diriger une entreprise comme Repsol avec un grand rayonnement international ? — Je crois que c'est précisément ce qu'il y a de plus attrayant dans ce travail, la versatilité. Le même marché, le même produit est différent si l'on est au Venezuela, au Kazakhstan ou en Argentine. L'expérience personnelle m'a aussi beaucoup apporté. Cette culture transnationale – nous comptons 70 nationalités différentes – est très intéressante et travailler dans une organisation où tout le monde se sent impliqué dans un même projet est très enrichissant. Le village global est très petit quand il s'agit de faire avancer sa carrière et c'est l'un des aspects les plus intéressants chez Repsol. — Par curiosité, et puisque aucun défi ne semble vous faire peur, êtes-vous monté sur le Dragon Khan lorsque vous étiez directeur du parc d'attractions Port Aventura ? — Bien que je préfère les spectacles plus conventionnels, oui, j'y suis monté et je pense que c'est l'une de ces choses qu'il faut avoir faites dans sa vie. Une montagne russe comme le Dragon Khan vous prouve que l'on ne sait jamais où l'on se trouvera à la minute suivante. C'est comme disparaître de la vie, c'est très étrange...

J'ai été nommé directeur deux ans avant que le parc ne soit inauguré et cette étape a été très excitante car il s'agissait d'un secteur que je ne connaissais pas du tout. C'est un projet très attrayant et très intéressant pour la région. Il a été très bien mené et, à la différence d'autres projets, avec un fort sens commercial allié à un grand esprit social car il s'agissait aussi de créer de nouveaux emplois et de récupérer une zone qui avait besoin d'un nouvel élan, le tout à côté d'une usine pétrochimique... Il était aussi positif que l'Espagne puisse prouver qu'elle savait combiner loisirs et tourisme de qualité avec un complexe pétrochimique et le projet s'est révélé un véritable succès. — Merci de nous avoir consacré un peu de votre temps… — Ce n'est rien en comparaison avec le temps que nous consacre le ministre, avec celui que nous consacrent les secrétaires d'État, celui que nous a consacré Trini (Trinidad Jiménez) qui s'est rendue en Bolivie pour négocier avec Evo Morales un problème concernant Repsol. Le ministre a aussi obtenu du roi qu'il se rende à Trinité-et-Tobago alors que seul Repsol était présent là-bas. Tout cela vaut de l'or. Et je ne parle même pas de l'Équateur ou d'autres sujets de ce genre. Je crois que tout le monde approuve le changement qui s'est produit dans cette dernière phase, surtout avec M. Moratinos, au niveau du soutien institutionnel. Les choses ont débuté avec M. Piqué, par des réunions entre diplomates et entreprises, et aujourd'hui l'implication est complète. Entretien réalisé par Beatriz Beeckmans



RecueRda que en el extRanjeRo

tu embajada puede ayudaRte Para atender a nuestros compatriotas en el extranjero, España cuenta con una amplia red consular dependiente del Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación, compuesta en la actualidad por 176 Oficinas Consulares y Secciones Consulares de Embajadas, así como cerca de 375 Consulados y Viceconsulados Honorarios. > La función de los Consulados consiste en prestar determinados servicios administrativos a los ciudadanos españoles, ayudar a quienes hayan sido víctimas de delitos o abusos y asistir a quienes se encuentren en situación de necesidad. > Cuando te encuentres en un país o ciudad donde España no posea Consulado, podrás dirigirte a la Sección Consular de la Embajada de España, oficina que se encontrará únicamente en la capital de dicho país

Los consulados pueden

> Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo. > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país; > Prestar asistencia a detenidos; > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación.> Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos así como otros trámites administrativos.

Los consulados no pueden > Hacer funciones de agencia de viajes;

> Conseguir un trabajo en el extranjero; > Garantizar en un hospital o en una cárcel un tratamiento mejor que el otorgado a los nacionales de ese país; > Avalar, prestar dinero o pagar multas; > Hacer de intérprete, guía o asistente social.

Registro de viajeros

> El sistema de registro de viajeros, accesibe desde la web del Ministerio www.maec.es. permite a quienes viajen al extranjero facilitar todos sus datos personales, los datos de su viaje (país de destino, lugares que va a visitar y en los que se va a alojar) y los de los familiares que tienen previsto acompañarle, así como los de las personas a las que habría que contactar en caso de emergencia. > Ello permitirá a la Unidad de Emergencia Consular, en caso de crisis, disponer en todo momento de listados actualizados de las personas que se encuentran de forma transitoria en el país o región afecta da por la misma, facilitando la puesta en contacto con los viajeros y su asistencia en caso de necesidad. > A partir del 15 de julio próximo entrará en funcionamiento una nueva aplicación informática que permitirá el envío de SMS y correos electrónicos a los viajeros previamente registrados, con objeto de enviarles información y recomendaciones en el caso de que se produzca una crisis o emergencia en el país al que han viajado.

www.maec.es


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