MIRADAS AL EXTERIOR_12_FR

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération OCTOBRE-DÉCEMBRE 2009. N˚12. www.maec.es

Début de la présidence espagnole du Conseil de l'UE

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À partir du 1er janvier et jusqu'au 30 juin prochain, l'Espagne exerce la direction politique des vingt-sept, dans un contexte non exempt de défis. Une opportunité de prouver, une fois de plus, les capacités organisationnelles de notre pays et l'européisme de ses citoyens. Le grand moment est arrivé.

ACTION EXTÉRIEURE > Diplomatie et énergie au XXIe siècle > Le Sommet ibéro-américain mise sur l'innovation > Entretien avec le directeur de Casa África COOPÉRATION > Réunion des députées africaines à Madrid CULTURE ET SOCIÉTÉ > Hommage au Service extérieur de la IIe République > Le cava, un vin espagnol à fêter > Roca, entreprise espagnole internationale L'ENTRETIEN > Juan Navarro Baldeweg

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les chiffres et l'image LE CHIFFRE

LA DATE

305

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C'est le montant que l'Espagne a consacré en 2009 aux programmes de nutrition infantile dans le cadre de son engagement envers la lutte contre la faim.

L'Espagne entre à l'ONU dix ans après sa fondation par 51 pays à San Francisco, à l'issue de la IIe Guerre mondiale.

millions d'euros

L'image

décembre 1955

ÉPHÉMÉRIDE

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e

anniversaire du Traité sur l'Antarctique. Le 1er décembre, nous avons fêté le cinquantième anniversaire de ce traité signé, à l'origine, par douze pays qui renonçaient à tout droit de souverainneté sur l'Antarctique.

PHOTO EFE

Les représentants de 192 pays ont participé au Sommet mondial sur le changement climatique. L'Espagne s'est rendue à Copenhague dans l'objectif de parvenir à un accord mondial juridiquement contraignant sur le futur programme international de lutte contre le changement climatique. L'environnement constitue de fait l'une des priorités de la présidence espagnole du Conseil de l'UE. Photographie : « Cube de CO2 », sculpture flottant sur le lac de Saint-Georges, dans la capitale danoise, montrant ici un glacier presque entièrement fondu.

RÉdaction> Directeur : Julio Albi de la Cuesta. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Rédaction : Beatriz Beeckmans. Collaborateurs : Rafael Matos, Pilar Cuadra, Arturo Carrascosa, José Carlos Pacheco, Laura Losada, Miguel Lizana et Jacobo García. direction > Direction générale de la Communication extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée et imprimée par la Dir. générale de la communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al Exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. courriel > opinion.miradas@maec.es > NIPO : 501-09-007-7


sommaire 3

culture et société

entreprise espagnole internationale. 58 > Accord pour la promotion de la culture espagnole à l'étranger.

68 > Juan Navarro Baldeweg (architecte, peintre et sculpteur) : « Les émotions les plus profondes de l'architecture sont très simples. C'est le passage de la lumière à travers une fenêtre ».

l' entretien

38 > Rencontre des députées africaines à Madrid. 39 > Le gouvernement approuve la réforme du FAD. 41> Campagne contre la violence de genre.

coopération

action extérieure

en couverture

6 > À partir du 1er janvier et jusqu'au 30 juin prochain, l'Espagne exercera la présidence du Conseil de l'Union européenne.

18 > Diplomatie et énergie au XXIe siècle. 22 > Le XIXe Sommet ibéroaméricain mise sur l'innovation. 26 > Connaître votre ambassade. Japon : entre Orient et Occident. 30 > Entretien avec Ricardo Martínez, directeur général de Casa África. 32 > Lancement des activités de Casa Mediterráneo.

42 > Diplomates écrivains : Salvador de Madariaga. 44 > Hommage au Service extérieur de la IIe République. 46 > Le cava, un vin espagnol à fêter. 54 > Roca,

conseil éditorial > Présidente : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier vice-président : Directeur général de la Communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinet du secrétariat d'État aux Affaires étrangères, du secrétariat d'État à la Coopération internationale, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur général de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement.


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éditorial

La présidence espagnole du Conseil de l'UE : une gageure et une grande opportunité Miguel Ángel Moratinos

ministre des affaires étrangères et de la coopération

Comme disait Ortega, il y a des moments dans l'histoire où ce qui est ancien tarde à disparaître et ce qui est nouveau peine à surgir. Les moments que nous vivons sont des moments de changement, de modification de notre modèle de société, sur lequel se règlent nos actions. Aucun doute ne subsiste sur le fait qu'aujourd'hui, à la fin de la première décennie du XXIe siècle, nous traversons l'une de ces périodes de transition, de transformation des règles en vigueur lors de la seconde moitié du siècle passé. Dans un contexte international marqué par une crise économique qui touche, plus ou moins fortement, l'ensemble des pays de la planète, nous nous trouvons

aujourd'hui face à une série de défis qu'il nous faut relever. Le changement climatique, le terrorisme international, la pauvreté ou l'inégalité sont autant de menaces qui exigent plus que jamais, dans un contexte mondialisé, l'action conjointe de tous les États et de tous les peuples. Néanmoins, face à cette nouvelle situation, à ces nouveaux périls qui nous guettent, le pessimisme ou le défaitisme n'ont pas lieu d'être. Bien au contraire, nous devons conjuguer nos efforts en faveur d'actions conjointes, de solutions communes qui nous permettent, une fois pour toutes, d'atteindre l'objectif d'un monde plus juste, plus responsable et libéré du fléau de la guerre. L'Europe n’est pas du tout étran-

gère à cette réalité et, depuis des décennies, représente un modèle d'action conjointe sur le chemin de l'avenir. Par bonheur, l'Europe dispose désormais, outre la volonté commune de ses vingt-sept États, d'un nouvel instrument lui permettant d'affronter cette situation : le Traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre dernier. Il s'agit d'un nouveau et ambitieux cadre juridique, politique et institutionnel qui non seulement va permettre d'affronter cette nouvelle ère, mais bénéficiera aussi aux plus de cinq cents millions d'Européens qui vivent sur son territoire. Le Traité de Lisbonne représente en effet un grand pas en avant dans le processus de création d'une Union européenne plus solide, mieux préparée et dotée d'une voix plus forte sur la scène internationale. Pour ce faire, le traité crée une nouvelle architecture institutionnelle, avec de nouvelles figures politiques comme le président du Conseil européen et la Haute représentante pour la politique extérieure de l'Union européenne (tous deux élus lors de la réunion informelle du Conseil européen qui s'est tenue à Bruxelles en novembre 2009). Il assouplit et démocratise également le processus de prise de décisions et établit la base juridique de nouvelles politiques et initiatives qui bénéficieront aux citoyens de l’'Union, telles la Charte des droits fondamentaux – qui acquiert une force


éditorial 5

juridique contraignante – ou le droit d'initiative citoyenne. Dans ce double contexte, l'Espagne assumera, le 1er janvier prochain, la présidence du Conseil de l'Union européenne L'Espagne a par trois fois déjà présidé cette institution vitale pour le fonctionnement de l'Europe que nous voulons construire, mais cette fois, la Présidence représente pour notre pays à la fois une gageure et une opportunité. Une gageure car nous devons affronter ce double contexte de changement du modèle international et de modification institutionnelle ; et une opportunité de démontrer que l'Europe est capable de parler d'une seule voix sur le plan mondial et de faire face aux défis qui se posent à nous en ce début de siècle. L'Espagne jouit d'un riche patrimoine historique et culturel qu'elle a su mettre en valeur de façon exceptionnelle, avec un immense vivier d'acteurs, de sportifs, d'écrivains et d'artistes qui ont exporté nos arts et notre culture dans toute la planète. Mais plus encore, l'Espagne est aujourd'hui un symbole de modernité, un pays engagé envers l'environnement et le développement durable, qui dispose d'infrastructures de qualité et maintient un effort constant en matière d'énergies propres et de dynamisation de la concurrence et de l'innovation.

Pour toutes ces raisons, c'est avec optimisme que notre pays peut assumer les défis qui se présenteront à nous lors des six prochains mois, en travaillant plus spécialement sur les priorités que nous avons définies pour notre tour de présidence. La reprise économique de l'Europe et du système international constitue actuellement un point fondamental. L'une des priorités de notre présidence sera donc de promouvoir des réformes au sein du système financier international tout en encourageant un nouveau modèle de croissance durable, compétitif, créateur d'emploi de qualité et fondé sur l'innovation et les garanties sociales. L'Espagne, l'un des principaux défenseurs du concept de citoyenneté européenne souhaite, au cours de ce semestre, consolider l'« Europe des citoyens » : une Europe dont les cinq cents millions d'habitants doivent se sentir partie intégrante du projet politique que nous nous efforçons de bâtir depuis 1957. De plus, nous souhaitons faire de l'Europe un véritable acteur mondial, capable de parler d'une seule voix dans un contexte où le dialogue, le respect de la légalité internationale et un réel multilatéralisme sont autant de valeurs sur lesquelles doivent se fonder les relations internationales de cette nouvelle ère. L'un des

aspects les plus innovants de ce nouveau cadre institutionnel est la création d'un service européen pour l'action extérieure, outil révolutionnaire au service des relations extérieures de l'Union. Et dans ce nouveau rôle pour l'Europe sur le plan international, l'Espagne, fermement engagée pour le développement de tous les peuples de la planète, ne saurait oublier qu'une Europe forte passe aussi par une Europe solidaire, pionnière dans le domaine de la coopération pour le développement et ayant une vocation de soutien et d'assistance envers les plus vulnérables. Enfin, nous ne pouvons oublier qu'il nous incombera de garantir la transition entre le Traité de Nice et le nouveau cadre juridique introduit par le Traité de Lisbonne. L'Espagne, qui s’est toujours impliquée dans les avancées de l'Union, s'efforcera d'assurer, le plus généreusement possible, avec justice et efficacité, la mise en œuvre des dispositions du Traité qui vient d'entrer en vigueur. Dans ce contexte de changement, de transformation, nous avons des raisons d'être optimistes. L'Europe, après des décennies de construction, existe grâce à notre volonté, nos efforts et notre persévérance en tant qu'Européens, qui sommes le phare et le point de référence de la nouvelle ère qui s'ouvre à nous.


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Le grand moment est arrivé. Du 1er janvier au 30 juin, l'Espagne exerce la présidence du Conseil de l'Union européenne, l'un des rendez-vous les plus importants de la politique extérieure de notre pays ces dernières années. Une opportunité historique qui n'est cependant pas exempte de défis : la crise économique mondiale et le nouveau cadre institutionnel de l'Union découlant de l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, entre autres. Un semestre intense s'annonce pour notre pays qui dispose d'un programme ambitieux pour faire avancer les questions concernant directement tous les Européens. Pour la première fois, en outre, cette tâche sera poursuivie les 12 mois suivants grâce au programme commun du trio de présidences avec la Belgique et la Hongrie inaugurée par l'Espagne. Beatriz Beeckmans

Début de la présidence espagnole du Conseil de l'UE

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La nuit du 31 décembre, en Espagne, la fête avait un double motif : les douze coups de cloches par lesquels nous fêtons traditionnellement le nouvel an ont souhaité la bienvenue à l'année 2010, mais aussi à la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne. Dans nombre de communes espagnoles, les rues se sont illuminées de bleu et des cérémonies au cours desquelles le drapeau européen était arboré ont été organisées pour célébrer ce brillant rendez-vous international pour notre pays. En effet, pour la quatrième fois depuis son entrée dans la Communauté européenne en 1986, l'Espagne prend la direction politique de l'Union. Cette fois-ci, dans un contexte qui n'est pas exempt de défis : d'une part, une terrible crise économique et financière, un nouveau cadre institutionnel découlant de l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne et la volonté de conférer un rôle plus important aux citoyens européens. D'autre part, le besoin de consolider l'Union en tant qu'acteur mondial et de garantir qu'elle reste en tête de la lutte internationale contre le changement climatique. Pour reprendre les mots du président du gouvernement, José Luís Rodríguez Zapatero, notre présidence sera « ambitieuse, exigeante et engagée et œuvrera afin de relever les nombreux défis auxquels doivent faire face l'Europe et la société internationale dans son ensemble ». Il s'agit également d'« une occasion de mettre l'accent sur les capacités organisationnelles de notre pays et l'européisme

profond de ses citoyens », a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos. Quelle Europe l'Espagne souhaite-telle promouvoir ? Lors de sa présidence, l'Espagne marquera une nouvelle voie dans l'Union européenne, près de 25 ans après son adhésion. Dans le cadre du trio de présidences, nouveau système d'organisation des travaux du Conseil, le programme espagnol s'articule autour

de quatre grandes priorités et deux principes directeurs qui inspireront les actions de notre pays au cours des six prochains mois.

taire au cours des prochains mois et, comme l'a souligné le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, « il n'est pas du tout irréaliste d'affirmer que la présidence espagnole sera peut-être la présidence qui réussira à mener l'Europe vers un redressement définitif ». C'est la raison pour laquelle la priorité numéro un de l'Espagne sera de concentrer nos efforts afin de surmonter la crise et parvenir à un nouveau modèle plus compétitif, et surtout plus innovateur et durable. Notre pays souhaite asseoir les bases d'un nouveau modèle qui permette à l'Union européenne de surmonter la crise, d'en sortir renforcée et de se consolider en tant qu'acteur compétitif et dynamique. Pour cela, nous privilégierons un modèle de croissance durable et de création d'emplois de qualité, projeté dans la définition de la stratégie post-Lisbonne 2010. Une révision qui vise à renforcer la compétitivité en établissant un lien entre la lutte contre la crise et l'Europe sociale, en mettant particulièrement

Redressement économique. Définir une réponse commune contre la crise est l'objectif principal de la présidence espagnole, compte tenu de la conjoncture économique et financière difficile que traverse le monde. Au cours du premier semestre 2010, l'Espagne jouera un rôle décisif dans le développement de la stratégie européenne contre la crise, sans négliger le développement de l'Europe sociale, solidaire et fondée l'accent sur les questions d'éducation sur une croissance durable. et d'avancée en R&D&i. La régulation La crise économique marquera transparente des établissements finan1.3 > Logo oficial de la Presidencia compartida / Uso en países de la Unión Europea y países candidatos inéluctablement l'agenda communauciers, la mise en place d'un mécanisme Este logotipo con la leyenda “eu trio.es” se utilizará en los países de la Unión Europea, países candidatos y en las sedes de las Instituciones europeas

un logo commun pour le trio de présidences Pour la première fois de l'histoire et pour illustrer leur responsabilité partagée dans la présidence en équipe, l'Espagne, la Belgique et la Hongrie ont un logo commun. Composé d'un élément commun : les lettres EU, et d'éléments individualisant chacun des semestres : les couleurs de leur drapeau respectif, le logo est le résultat d'un concours organisé dans les trois États et s'adressant à des étudiants en graphisme. « Les deux lettres sont liées pour symboliser l'esprit d'unité et le lien de solidarité de l'Union, et les couleurs des drapeaux rappellent le pays exerçant la présidence du Conseil de l'UE », a expliqué le jeune Belge Antoine Duieux, lauréat du concours.

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Se muestra en esta página el logo de la Presidencia compartida con la leyenda trío.


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Redressement économique : action à l'échelle mondiale, réaction locale Diego López Garrido

secrétaire d'état à l'union européenne

Une période pleine de défis se profile. Sans catastrophisme ni craintes, mais avec la responsabilité exigée par la gestion d'un agenda chargé de rendez-vous et de priorités soulignées en rouge, qui attendent leur tour pour être résolues. Parmi ces rendez-vous, l'imminente présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne doit faire face à une crise économique qui, si elle commence enfin à montrer les premiers indices de recul, marque inévitablement les priorités de notre direction politique de l'Union pour les prochains mois. Nous aborderons les difficultés sous un angle positif. Si nous pouvons tirer quelque chose d'utile de cette tourmente financière qui nous affecte encore, c'est une leçon évidente : nous sommes plus forts ensemble. La coordination et l'action conjointe des États membres dans une période d'instabilité mondiale telle que celle que nous traversons actuellement nous a permis de mettre en place des mesures d'endiguement à court terme qui commencent à produire des effets positifs. Les 400 milliards d'euros destinés aux mesures de stimulation prévus dans le Plan de redressement économique de l'UE en sont un bon exemple. Mais nous savons que cela n'est pas suffisant, l'expérience et la société exigent la poursuite de solutions préventives et des acteurs politiques décidés à assumer la

responsabilité qu'implique la mise en œuvre d'un nouveau modèle économique. Transformer un modèle de croissance instable et volatil en un modèle plus efficace, juste et résistant aux incertitudes n'est pas une mince affaire. Cela exige un effort de concrétisation et de sacrifice et le dépassement des intérêts particuliers au nom de l'intérêt général, qui ne porte pas toujours ses fruits. La présidence espagnole dispose néanmoins des outils essentiels pour surmonter les difficultés que nous rencontrerons sans aucun doute en chemin. D'une part, nous possédons la connaissance, l'initiative et l'engagement explicite de consacrer cette période à œuvrer pour une gouvernance économique responsable, efficace et durable à long terme. D'autre part, la stratégie post-Lisbonne 2010 favorisera ces transformations de fond auxquelles je faisais référence et dont les conséquences seront observables non seulement dans les domaines macroéconomiques et les milieux financiers, mais aussi, ce qui est plus important, dans l'économie réelle. Comment tout cela se traduit-il ? Comme il ne peut en être autrement, par des actions concrètes répondant à des problèmes concrets. La présidence espagnole favorisera et développera par exemple les accords conclus au sein de l'Union et du G-20, par la promotion d'un cadre de

La présidence espagnole travaille à étayer une croissance économique européenne fondée sur la durabilité, la connaissance, l'innovation et la création de postes de travail plus nombreux et de meilleure qualité.

supervision financière en matière de paradis fiscaux, de régulation des fonds spéculatifs ou de gestion des crises dans les milieux bancaires.Dans ce sens, nous considérons essentielle l'impulsion que donnera notre présidence à la mise en œuvre immédiate du Comité européen de risque systémique, mécanisme d'alerte rapide et de contrôle conçu pour évaluer les dangers du système financier et proposer des solutions appropriées. Associé à la supervision du secteur des assurances, bancaire et immobilier déjà exercé par les autorités européennes, il garantira dans une large mesure les bonnes pratiques dans le secteur privé et une gestion de l'économie fondée sur une stratégie de prévention plutôt que sur une stratégie de réaction. Mais aucun système économique destiné à perdurer ne peut être construit sans une base productive solide. La présidence espagnole travaille à étayer une croissance économique européenne fondée sur la durabilité, la connaissance, l'innovation et la création de postes de travail plus nombreux et de meilleure qualité. Ce sont là les nouveaux défis d'une époque qui exige, plus que jamais, l'engagement et la coordination de politiques communes d'une Union européenne mature, assumant ses responsabilités dans l'équilibre économique international et stimulant des transformations structurelles de grande envergure qui nous mettent à l'abri des erreurs de notre récent passé.

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de supervision européen et, tout particulièrement, la création d'emplois, sont les points forts de notre projet.

daniel canogar et l'empreinte artistique de la présidence. Fidèle à la tradition, la présidence espagnole laissera son empreinte artistique dans l'atrium du Conseil européen, dans le bâtiment Justus Lipsius à Bruxelles. L'œuvre « Travesías » (photo ci-dessous), de l'artiste Daniel Canogar, qui dialogue avec le passage d'hommes et femmes politiques, fonctionnaires et techniciens, a été choisie pour cette occasion. D'après l'artiste, l'installation, sorte de miroir du couloir du hall du Conseil, « dialogue avec ce passage d'hommes et de femmes qui meut toute la machine de l'Union et active le projet européen ». Une vision singulière de la réalité traduite dans une œuvre originale : un grand écran LED de 33 mètres de long sur près de deux mètres de large qui fonctionne « comme un tapis volant suspendu au-dessus du public ». Des vidéos de « micro-histoires qui illustrent les obstacles, les conquêtes et l'ouverture des frontières du projet de l'Union européenne » y seront projetées. L'œuvre sera exposée pendant tout le semestre et sera également visible depuis l'extérieur des baies qui entourent le bâtiment.

Développement de l'Europe des citoyens. La présidence espagnole souhaite remettre les citoyens au premier plan. Le développement de la citoyenneté européenne du XXIe siècle, qui renforcera le lien entre l'Union européenne et ses citoyens, sera une autre priorité du semestre espagnol. Son inclusion dans les traités, à l'initiative de l'Espagne, appartient au passé. Depuis lors, notre pays n'a cessé de lutter pour l'approfon-

dissement de l'« Europe des citoyens » et aujourd'hui, la consolidation d'un statut avancé pour tous les Européens est l'une des priorités de la présidence espagnole. Mise en œuvre du Traité de Lisbonne. Les normes de fonctionnement de l'Union européenne ont été élaborées pour une UE restreinte, qui n'avait pas à faire face à des défis tels que le changement climatique, une récession mondiale ou la criminalité transfrontalière. Le Traité de Lisbonne, récemment entré en vigueur, est l'instrument qui dotera l'Union du potentiel lui permettant, entre autres, d'affronter ces problèmes et la présidence espagnole est chargée de le mettre en œuvre. Avec Lisbonne, l'Union européenne sera plus démocratique, efficace et transparente, mais aussi plus proche des citoyens, et la voix de l'Europe sera plus audible dans le monde. Car comme l'a souligné le secrétaire d'État à l'Union européenne, Diego López Garrido, « avec Lisbonne commence une nouvelle étape historique de l'Union », dans laquelle l'UE sera plus souple et plus apte à répondre

aux besoins de gestion d'une Union qui compte déjà 27 membres. Sa mise en œuvre effective constitue donc un autre axe prioritaire de la présidence. L'Europe, acteur mondial. Les défis du XXIe siècle exigent que l'Union européenne intervienne de plus en plus comme un acteur mondial capable de parler d'une seule et même voix. Atteindre cet objectif fait également partie des projets essentiels de la présidence espagnole pour un semestre à caractère euro-méditerranéen et euro-américain, ambitieux concernant la solution des multiples conflits qui marquent l'actualité internationale. L'objectif : que l'UE puisse dialoguer d'égal à égal avec toutes les puissances du monde. « Nous disposons des instruments nécessaires pour mener notre politique extérieure et nous disposons à présent des ressources économiques. Nous avons devant nous une grande opportunité et nous devons être ambitieux », a déclaré Miguel Ángel Moratinos. L'un des grands rendez-vous est le Sommet avec les États-Unis qui donnera un nouvel élan aux relations transatlantiques. Des sommets avec le Canada et avec le Mexique se tiendront également, ainsi qu'un sommet bi-régional avec l'Amérique latine et les Caraïbes, deux régions pour lesquelles l'Espagne a traditionnellement joué un rôle essentiel d'interlocuteur. Le deuxième centre d'attention se portera, durant le semestre de présidence espagnole, sur la zone euro-méditerranéenne. L'Espagne accueillera le premier Sommet Union européenne-Maroc et donnera un élan à l'Union pour la Méditerranée avec la tenue à Barcelone du deuxième Sommet des chefs d'État et de gouvernement. L'agenda extérieur de la présidence


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L'Europe réaffirme sa position dans le monde Ángel Lossada

secrétaire d'état aux affaires étrangères

Il y a quelques mois, The Economist présentait en couverture une image du monde vu depuis la Chine. L'horizon apparaissait dominé par ses voisins du Pacifique, les États-Unis et les régions riches en ressources, comme l'Amérique latine ou l'Afrique, où le géant asiatique est de plus en plus présent. L'Europe apparaissait éloignée, d'une taille inférieure à celle de l'Afrique, telle un promontoire discret sur lequel étaient à peine visibles les noms de quelques marques de luxe attractives aux yeux des nouveaux consommateurs chinois. Nous voit-on vraiment ainsi depuis Pékin, New Delhi ou Brasilia ? Le destin de l'Europe est-il de servir de boutique et de musée aux centres de pouvoir émergents ? Contrairement à cette image que certains cherchent à vendre, d'une Europe en déclin et absente des grandes questions, dépassée par le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ou ignorée par la « Chimérique » (Chine et Amérique, que l'on appelle aussi le G2) destinée à régir le destin du monde, je suis convaincu que l'Europe reste un acteur incontournable : elle génère le quart de la richesse mondiale, c'est le plus grand donateur en matière de coopération et d'aide humanitaire et le premier acteur commercial, sans parler du « pouvoir de persuasion » que représente son modèle d'organisation fondé sur les valeurs, les droits et les libertés que nous partageons, dans l'exercice de la tolérance et la capacité de

s'adapter à la diversité croissante de nos sociétés. Mais nous ne pouvons nous contenter de ce que nous sommes et ce que nous faisons déjà. Nous devons prouver que l'Union européenne est capable de s'adapter à un contexte compétitif et changeant. Et nous devons le prouver en ce moment critique d'évolution vers un nouveau modèle de gouvernance mondiale dans lequel l'Europe doit, plus que jamais, faire entendre sa voix. Dans une large mesure, la manière dont l'Europe participera à la nouvelle phase de la mondialisation commencera à être défini sous la présidence espagnole du Conseil de l'UE. Nous devrons favoriser le rayonnement extérieur et la politique de sécurité de l'Union et contribuer à mettre en œuvre ce qui devra constituer son instrument principal : le Service extérieur européen. L'un des objectifs que nous espérons réaliser est le fonctionnement à plein rendement les institutions d'une Union européenne renouvelée. Pour atteindre notre objectif de confirmation de l'Europe comme acteur mondial, notre présidence déploiera un ambitieux programme veillant particulièrement à ce que l'Europe réponde d'une manière concertée aux crises plus ou moins prévisibles auxquelles nous devrons faire face. Nous aurons pour but de renforcer la capacité de dialogue et d'influence de l'Union

Notre présidence aura un caractère euroméditerranéen et euroatlantique marqué, conformément aux principales orientations de notre politique extérieure

vis-à-vis des pays et des régions stratégiques. À cette fin, nous avons prévu la tenue de plusieurs sommets, dont deux seront régionaux, avec l'Amérique latine et les Caraïbes et celui de l'Union pour la Méditerranée, et d'autres bilatéraux, avec des pays clés comme les États-Unis, le Canada, la Russie, le Japon, le Pakistan et, pour la première fois, avec le Mexique et le Maroc. Mais nous ne voulons pas nous limiter à poursuivre ce qui existe déjà. L'UE doit également répondre aux nouveaux défis et aux nouvelles menaces. La présidence espagnole devra promouvoir une position commune de l'UE lors de la conférence de révision du Traité de non-prolifération nucléaire, gérer les résultats de la conférence de Copenhague et faire face à d'éventuelles crises de la sécurité énergétique, du terrorisme international ou de la dérive des États fragiles. En Espagne, nous venons précisément de subir les conséquences de l'absence de structures étatiques alimentant des phénomènes comme la piraterie, en Somalie, notamment. Nous avons l'intention d'organiser une conférence internationale pour tenter de répondre de façon cohérente et systémique à la situation dans ce pays. En définitive, si notre présidence a un caractère euro-méditerranéen et euro-atlantique marqué, conformément aux grandes orientations de notre politique extérieure, sa portée sera effectivement mondiale, pour réaliser nos ambitions et l'Europe que nous souhaitons.

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LA PRÉSIDENCE SUR LE SITE WWW.EU2010.ES Il est possible de suivre la présidence sur le site www.eu2010.es, en temps réel et depuis n'importe quel point de la planète : un espace multimédia simple et accessible, disponible en espagnol, anglais et français, et également traduit dans les langues co-officielles. Instrument de suivi de l'actualité pour les citoyens, ce site permet également l'accréditation en ligne pour les médias souhaitant assister aux différents événements et sommets en rapport avec le semestre espagnol à la tête des 27 et de recevoir des alertes par SMS.

espagnole inclut en outre l'organisation des sommets avec la Russie et le Japon, deux partenaires d'importance pour l'Union européenne. Il s'agira donc d'un semestre intense en matière de politique extérieure pour l'Espagne à la tête des 27, dans une période où le processus d'élargissement de l'Union sera aussi abordé, avec les demandes d'adhésion de la Croatie, de l'Is-

1 DE ENERO-30 DE JUNIO DE 2010

Presidencia Española de la Unión Europea

PUBLICATION INFORMATIVE SUR LA PRÉSIDENCE UE Dans le cadre des actions d'information concernant la présidence, la direction générale de la Communication extérieure a édité une brochure d'information sur les priorités de notre présidence du Conseil de l'UE et les principales caractéristiques de notre pays. Une publication à la maquette séduisante qui a été distribuée dans les ambassades et les consulats d'Espagne, ainsi que dans les ambassades accréditées en Espagne, afin que les citoyens puissent avoir un aperçu de l'Espagne et de ce qu'elle souhaite mettre en œuvre lors de sa présidence.

lande et de la Turquie. Des défis importants que l'Espagne devra coordonner avec un objectif final : faire de l'Union européenne un acteur mondial incontournable dans la société internationale du XXIe siècle. Environnement et changement climatique. L'Espagne est convaincue que le changement climatique représente un défi pour les modèles de croissance actuels et que tous les pays doivent évoluer vers des modèles de développement incluant de nouvelles sources d'énergie. Notre pays, l'un des plus impliqués dans ce domaine, transférera cet engagement à la présidence car il souhaite que l'Union reste à la tête de la lutte internationale contre le réchauffement mondial et ses effets. Pour cela, et sur la base de la conviction que croissance économique et respect de l'environnement ne sont pas incompatibles, l'Espagne gérera les résultats de la Conférence de Copenhague sur le changement climatique qui doit conduire le monde vers un nouveau modèle intégral fondé sur le Protocole de Kyoto. Outre le progrès dans la définition de stratégies de réduction des émissions et d'adaptation au changement climatique, les priorités sont axées sur les nouveaux défis de biodiversité, coordination de

politiques de qualité environnementale et mise en œuvre de l'amélioration législative en matière de déchets et de développement durable du littoral et de la mer. L'importance de la réforme de la politique commune de la pêche a également été soulignée. Engagement pour le développement. L'Union européenne est le premier donateur mondial d'aide publique au développement. L'Espagne est le quatrième État membre le plus généreux, uniquement devancé par l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Guidé par le désir que l'Union européenne montre l'exemple de la lutte pour l'égalité des chances, et conformément à sa politique étrangère solidaire, notre pays a érigé pour la première fois la coopération pour le développement au rang de priorité d'une présidence européenne. Car pour l'Espagne, respecter les engagements internationaux envers la lutte contre la faim et la pauvreté est un effort essentiel et incontournable dans le cadre de la crise actuelle et dans la recherche de solutions mondiales. Avec en toile de fond l'Année européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale (2010), l'engagement pour l'efficacité et la qualité de l'aide est le pilier du projet espagnol en matière de coopération. L'Espagne exprimera sa préoccupation quant à l'impact de la crise sur le monde en développement lors de tous les forums ayant pour thème la réforme de l'organisation économique et financière internationale. Principes directeurs. L'action de l'Espagne pour la réalisation de ces objectifs sera inspirée par deux grands principes transversaux : l'égalité et l'innovation. Innovation. L'Espagne souhaite regarder vers l'avenir et pour cela, le développement de l'innovation sous toutes ses formes est un des deux principes directeurs dont s'inspire le programme de la présidence. Pour mettre en pratique cet engagement, nous disposons d'une communauté scientifique, technologique et entrepreneuriale compétente ainsi que


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Le défi de la coordination Alfonso Dastis

sous-directeur général des affaires institutionnelles de l'union européenne du maec

Si présider le Conseil de l'Union européenne constitue toujours un défi, notamment en raison du nombre croissant de ses membres, le présider lors d'un semestre de transition entre deux traités et avec un changement radical du système institutionnel représente une véritable gageure. En effet, pour tenter de surmonter la discontinuité qu'introduit le système de présidences semestrielles dans la direction du Conseil de l'Union, le Traité de Lisbonne, à l'issue d'engagements successifs qui peuvent encore être modifiés lors de la phase d'adoption de ses normes d'application, a conçu (si l'on peut dire) un système présidentiel complexe qui établit une continuité au prix d'une perte de l'unité dans la chaîne de commandement. Là où il n'y avait jusqu'ici qu'une seule présidence, il y en aura désormais au moins trois : la présidence du Conseil européen, une présidence stable pour le Conseil des affaires étrangères, et une présidence semestrielle pour les autres formations (sans mentionner les complications supplémentaires que peut impliquer la présidence de l'Eurogroupe et du trio). Ce à quoi vient s'ajouter naturellement l'interaction avec la Commission et, en particulier, son président. Le principal défi du nouveau système présidentiel du Conseil de l'Union est donc la coordination.

Nous étudions ici très succinctement les raisons qui ont motivé le changement de système de la présidence du Conseil et les caractéristiques générales du système instauré à Lisbonne. Les tâches qui incomberont à la présidence espagnole pour tenter, lors d'une phase de transition, de donner un minimum de cohérence à un système qui porte en son sein le germe de la non-coordination et de la rivalité, sont diverses et complexes. Le principal reproche fait à la présidence semestrielle du Conseil de l'Union est son manque de continuité, qui génère à son tour un manque de visibilité à l'extérieur entravant le développement du potentiel de l'Union en tant qu'acteur mondial dans la société internationale. La diversité d'intérêts des États membres qui exercent successivement la présidence et la disparité même de leurs caractéristiques (taille, influence, politique extérieure, etc.) rend impossible un minimum de cohérence et de continuité dans l'action extérieure de l'Union. À ce reproche s'ajoute la conviction, exprimée par les présidents successifs du Conseil européen, qu'il est impossible de remplir simultanément de manière convenable cette fonction et celle de chef d'État ou de gouvernement, notamment dans la perspective d'une Union élargie. Le système de Lisbonne tente de remédier aux inconvénients de la présidence semestrielle. Il

Dans une structure institutionnelle d'une haute complexité, les besoins de coordination sont multipliés

s'attache par conséquent à doter la présidence d'une continuité et d'une visibilité, mais cette logique n'est pas poussée jusqu'à ses conséquences ultimes. Elle est garantie au sommet avec le président stable du Conseil européen et, pour l'action extérieure, avec le Haut représentant de l'Union pour la politique étrangère et de sécurité commune (HRPESC). Dans la sphère interne, la présidence semestrielle est toutefois maintenue, tout en essayant de pallier la discontinuité à travers le mécanisme de la présidence en équipe de trois États membres : le trio de présidences. La tâche qui attend la présidence espagnole dans le domaine institutionnel est donc immense : garantir une transition harmonieuse entre un système qui assurait la cohérence mais non la continuité, et un système qui privilégie la continuité, mais dans lequel la cohérence interne n'est pas garantie et la coordination entre acteurs constituera la pierre angulaire et le défi majeur. L'Espagne doit affronter cette tâche avec une vision à long terme et une conviction européiste, en essayant de mettre en place des mécanismes durables, même si cela implique une certaine perte de protagonisme personnel ou national au cours du semestre. Le jugement de l'histoire la récompensera en reconnaissant à son travail la pérennité qui accompagne les tâches bien accomplies.

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d'un large consensus social et politique concernant la nécessité de faire de la connaissance l'axe du développement social et économique du pays. Avec cette devise, l'Europe que souhaite l'Espagne et qu'elle revendiquera au cours de sa présidence est une Europe innovatrice et avancée, prête à affronter les défis de l'avenir. Le défi : surmonter la conjoncture de crise, prévenir les futures récessions et consolider un modèle social viable et durable pour l'ensemble des citoyens de l'Union. Forte de cette conviction, l'Espagne mise sur l'avenir à travers la recherche, la capacité à entreprendre, la science et la technologie. Un avenir qui doit permettre la transition vers une économie fondée sur la connaissance, plus diversifiée et innovatrice dans tous les secteurs. Concrètement, l'Espagne favorisera le développement de l'Espace européen de la recherche (ERA) pour avancer vers une Europe présentant une plus grande cohésion, plus engagée et plus compétitive grâce à la connaissance. Pour reprendre les paroles de la ministre des Sciences et de l'Innovation, Cristina Garmendia, « nous veillerons particulièrement à ce que l'élaboration des politiques régionales et nationales de recher-

María Jesús Alonso ambassadrice en mission spéciale pour le développement des politiques d'égalité

Priorités de la présidence espagnole en matière d'égalité des genres

che intègrent l'ERA afin de construire un véritable espace commun pour la recherche ». Égalité. L'égalité, en particulier l'égalité entre hommes et femmes, est un droit fondamental, une valeur commune de l'Union européenne et une condition nécessaire pour la réalisation des objectifs de croissance, d'emploi et de cohésion sociale. Il s'agit de l'autre grand principe transversal sur lequel l'Espagne souhaite fonder son action lors de la présidence. Des inégalités persistent mais, au cours des dernières décennies, l'Union a réalisé des progrès considérables dans ce domaine, notamment grâce à la législation sur l'égalité de traitement, l'intégration de l'égalité aux politiques et des mesures concrètes prises en faveur des femmes. La présidence ira plus loin dans leur développement avec la lutte contre la violence de genre, contre le chômage des femmes et la discrimination au travail, et continuera à promouvoir des politiques en faveur de la jeunesse. Afin de continuer à développer les espaces de liberté et d'égalité de tous les Européens, l'égalité et la lutte contre la violence de genre seront encouragées avec la création d'un

L'Espagne constitue actuellement une référence internationale en matière de politiques d'égalité entre hommes et femmes. Au cours du semestre de la présidence espagnole du Conseil de l'UE, l'accent sera mis sur le respect des droits de la femme, en privilégiant l'égalité entre hommes et femmes et la lutte contre la violence de genre. Dans le domaine des politiques communautaires, l'Espagne déploiera tous ses efforts pour l'introduction du principe de transversalité de l'égalité des genres dans la Stratégie de Lisbonne post 2010 et contribuera à l'élaboration d'une nouvelle feuille de

Observatoire européen et l'approbation d'une Ordonnance européenne de protection, et nous travaillerons à la mise en œuvre de la Charte des droits fondamentaux qui, avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, acquiert un caractère contraignant. Avec ces grands objectifs en ligne de mire, l'Espagne, résolue et enthousiaste, déploie déjà ses efforts pour exercer une présidence dont tous les citoyens européens pourront être fiers. ______________________________________ Parfaite coordination de la présidence tournante et de la présidence stable. Le président du gouvernement, José Luís Rodríguez Zapatero, et le président récemment élu du Conseil européen, Herman van Rompuy, ont convenu de créer un groupe de travail pour coordonner leurs actions au cours de ce semestre, afin d'élaborer une stratégie de redressement économique pour l'Europe. Lors de l'une des premières rencontres avec Herman Van Rompuy depuis son élection, le président du Conseil européen et le chef de l'exécutif espagnol se sont réunis au palais de la Moncloa pour garantir que la coopération entre la présidence tournante et la présidence stable soit la meilleure possible tout au long du semestre.

route de la Commission 20112015 pour l'égalité entre hommes et femmes. Le développement des objectifs du Pacte européen pour l'égalité et la pleine application de la plate-forme de Pékin, 15 ans après son approbation, feront également partie des axes essentiels de notre présidence. La présidence espagnole privilégiera la lutte contre la violence de genre en encourageant l'adoption de mesures de sensibilisation, de prévention, de protection et d'assistance aux victimes, et en promouvant la création d'un Observatoire de la violence de genre dans l'UE. Elle poursuivra le travail des présidences tchèque et suédoise sur la mise en prati-

que des lignes directrices de l'UE sur la violence faite aux femmes et la lutte contre toute forme de discrimination envers celles-ci, y compris le suivi des Résolutions 1820, 1888 et 1889 du Conseil de sécurité de l'ONU sur la violence sexuelle dans les conflits armés, et de la Résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. L'engagement de l'Espagne envers l'égalité entre hommes et femmes se traduira dans toutes les actions de notre présidence car nous sommes convaincus que sans la participation active des femmes, aucune société n'est politiquement, socialement ni économiquement durable.


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UN AGENDA EXTÉRIEUR INTENSE. Faire de l'UE un acteur mondial est l'une des grandes priorités de la présidence espagnole du Conseil de l'UE. Pour y parvenir, notre pays accueillera une série de sommets et de rencontres bilatérales qui souligneront l'importance de l'Union comme partenaire privilégié pour nombre de pays, et le rôle de l'Espagne dans l'élan donné aux relations avec des pays avec lesquels nous entretenons des liens historiques.

Amérique UE-CANADA Les clés : ● Questions mondiales : Changement climatique et G8/G20 ● Relations UE-Canada UE-MEXIQUE Les clés : ● Le Mexique nouveau partenaire stratégique de l'Union. UE-Amérique latine et Caraïbes UE-ÉTATS-UNIS Les clés : ● La situation économique et financière mondiale. ● La lutte contre le changement climatique ● Questions économiques et commerciales ● Innovation ● Coopération pour le développement ● Énergie

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europe UE-RUSSIE Les clés : ● Coopération transfrontalière ● Énergie ● Mobilité ● Gestion des crises ● Questions commerciales ● Dialogue politique ● Architecture de la sécurité

méditerranée IIe SOMMET DES CHEFS D'ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE L'UpM Les clés : ● Consolider le projet de l'Union pour la Méditerranée 1er SOMMET AVEC LE MAROC Les clés : ● Développement du Statut avancé signé l'an dernier ● Renouvellement de l'Accord d'association et du Plan d'action de voisinage UE-ÉGYPTE

asie UE-JAPON Les clés : ● Relations UE-Japon UE-PAKISTAN (à confirmer)

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L'Espagne prévoit trois actions immédiates pour la présidence Au-delà des grands objectifs et des grandes priorités de la présidence espagnole, notre pays travaille déjà sur trois initiatives concrètes qu'il souhaite mettre en œuvre au cours de ce semestre. Protection accrue des victimes de la violence. L'Espagne accordera une attention prioritaire aux victimes de délits, en particulier aux victimes du terrorisme et de la violence de genre. Cette initiative législative entend garantir sur tout le territoire de l'Union l'efficacité de la protection des personnes menacées et des victimes de délits de violence. Cette « Ordonnance européenne de protection » se concentrera sur la victime afin que les mesures prononcées en sa faveur dans le pays où elle réside soient également adoptées dans tout autre État membre dans lequel elle déciderait de transférer sa résidence ou dans lequel elle séjournerait temporairement. Lancement du projet Turismo Senior Europa. Le projet Turismo Senior Europa (Tourisme du troisième âge en Europe) est une initiative espagnole qui vise à lutter contre le caractère saisonnier

Cristina Barrios ambassadrice en mission spéciale pour le changement climatique

La lutte contre le changement climatique

du tourisme, à favoriser la création et le maintien de l'emploi en basse saison, et à contribuer à la construction du concept de citoyenneté européenne. Profitant de l'inclusion du tourisme comme nouveau domaine de compétences de l'UE pour soutenir, coordonner ou compléter les politiques des États membres, l'une des priorités du ministère de l'Industrie, du tourisme et du commerce est de promouvoir le tourisme du troisième âge dans l'Union européenne. Promotion du véhicule électrique. La présidence défendra également une stratégie européenne relative au véhicule électrique, car elle considère que son introduction dans nos systèmes de mobilité constitue une opportunité industrielle, technologique, énergétique et environnementale pour l'Union. Pour ce faire, elle lancera un débat à l'échelle européenne pour étudier les mesures permettant la production de ces véhicules par l'industrie automobile et les initiatives pour encourager leur demande et leur utilisation. Il s'agira d'un thème central du Conseil informel sur la compétitivité qui se tiendra au mois de février à Saint-Sébastien.

Le changement climatique est l'une des priorités de la présidence espagnole, nous nous attacherons donc tout particulièrement à renforcer les synergies entre changement climatique et énergie. Autour de ces deux questions, nous devrons développer tout ce qui pourra mener à une transformation du système de développement économique et énergétique actuel vers un modèle durable. Il s'agit d'une opportunité pour concevoir une voie de sortie de la crise financière et économique actuelle. Celle-ci est liée à un modèle de

réunions de ministres organisées en espagne Janvier 14-17 Énergie et environnement (Séville) 20-22 Justice et intérieur (Tolède) 27-29 Emploi (Barcelone) Février 1-2 Réunion de la CE (Madrid) 7-9 Compétitivité (Saint-Sébastien) 12-13 Transport (La Corogne) 23-24 Affaires européennes (La Granja, Ségovie) 24-25 Défense (Palma de Majorque) Mars 5-6 Affaires étrangères (Cordoue) 11-12 Comité de suivi (L'Escorial, Madrid) 16-18 Coopération territoriale (Malaga) 25-26 Égalité (Valence) 30-31 Culture (Barcelone) Avril 13-14 Éducation (Madrid) 15-17 Économie (Madrid) 18-20 Télécommunications (Grenade) 20-21 Sports (Madrid) 22-23 Santé (Madrid) 22-25 Ambassadeurs auprès de l'UE (Grenade) Mai 4-5 Pêche (Vigo) 18-19 Handicap (Saragosse) 20-23 Ambassadeurs (Ténériffe) 30-1 Agriculture (Mérida, Badajoz) Juin 21-22 Logement (Tolède)

croissance fondé sur les combustibles fossiles, une transition vers une économie à faible émission de carbone est donc nécessaire. D'une part, sous la présidence espagnole, la lutte contre le changement climatique reposera sur l'application du paquet « énergieclimat » adopté lors du Conseil européen de décembre 2008. Au cours de ce semestre, auront lieu les débats politiques sur l'adoption d'aspects importants de la mise en œuvre de ce « paquet », ce qui inclut les discussions relatives au rapport de la Commission sur les

secteurs exposés aux risques de fuites de carbone et les procédures d'appel d'offres, consignées dans un règlement. D'autre part, la présidence espagnole a la responsabilité de mettre en œuvre les accords qui seront conclus lors de la conférence de la Conventioncadre des Nations Unies pour le changement climatique, qui s'est tenue à Copenhague du 7 au 18 décembre. La présidence espagnole assume l'engagement du futur régime de changement climatique et fera toujours tout son possible pour que l'UE conserve sa position de premier plan.


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Afin de renforcer la coordination et de créer des canaux de communication directs, les ministères des Affaires étrangères d'Espagne, de Belgique et de Hongrie ont convenu d'échanger des diplomates pendant les 18 mois du trio de présidences. Deux diplomates de la SEUE se sont rendus à Bruxelles et à Budapest, un diplomate belge et un diplomate hongrois ont intégré le MAEC à Madrid. Depuis leur destination respective, ils nous font part de leur expérience de ce système novateur

Échange de diplomates pour le trio de présidences ◗ Antonio Rodríguez de Liévana (diplomate espagnol détaché auprès du MAE belge). « Notre présidence devra relever le grand défi de la mise en application des changements institutionnels découlant du Traité de Lisbonne. D'une manière générale, nous allons vers « plus d'Europe » et, dans ce sens, le rôle joué par les trios doit être souligné dans la mesure où il oblige les partenaires communautaires à se mettre d'accord et à élaborer un programme d'actions commun pour les 18 mois de leur mandat. C'est dans ce cadre que s'inscrit le poste que j'occupe et cette expérience est extrêmement intéressante car, outre le fait qu'elle constitue une occasion de découvrir de l'intérieur le fonctionnement d'une administration différente, possédant sa propre culture de travail, elle permet de contribuer à la défense des intérêts de l'Espagne dans la mesure où elle implique la responsabilité de suivre la réalisation des objectifs fixés dans le programme du trio ».

une date récente à la préparation de l'adhésion de son pays à l'UE. En tant qu'intermédiaire, ma principale fonction est la collaboration au travail quotidien et à l'échange d'information, en étant à l'entière disposition du « point » de contact désigné au ministère hongrois. Un aspect fondamental est le fait que le système de trio assure la continuité d'action conformément aux grandes lignes directrices définies par les trois États et génère une dynamique de travail conjoint et d'échange d'une grande utilité. De plus, l'effort déployé en Hongrie pour surmonter les déficiences héritées du passé se fait sentir aussi bien dans l'administration que dans la société civile et le tissu entrepreneurial. Même dans une situation économique aussi difficile que celle que nous connaissons actuellement, l'enthousiasme des citoyens hongrois pour la construction de leur avenir au sein de l'Union est admirable et portera certainement ses fruits ».

◗ Juan Pablo García Andujar (diplomate espagnol détaché en Hongrie) « Mon expérience s'avère très positive. Travailler dans un environnement dans lequel sont adoptés des schémas de travail et des solutions différentes face à des problèmes similaires est une expérience très enrichissante, sans compter la particularité de travailler dans une unité très dynamique, abordant avec beaucoup d'enthousiasme une première présidence du Conseil, alors qu'une grande partie de son personnel travaillait encore jusqu'à

◗ Christian de Lannoy (diplomate belge détaché auprès du MAEC) « L'Espagne, la Belgique et la Hongrie exerceront successivement la présidence du Conseil de l'Union et ont convenu de collaborer étroitement à la préparation et au développement de celle-ci. Afin d'aider à maintenir la cohésion pendant toute cette période et afin d'assurer la coordination quotidienne entre partenaires, il a été décidé que le haut fonctionnaire chargé de la coordination européenne au ministère des Affaires étrangères de

chacun des trois pays bénéficie de l'aide d'un diplomate détaché par chacun des deux autres partenaires. J'ai été détaché par le gouvernement belge, et l'expérience de travail ici est particulièrement intéressante. Nos collègues du MAEC nous ont merveilleusement reçus ». ◗ József Vegh (diplomate hongrois détaché auprès du MAEC) « La Hongrie assurera pour la première fois une présidence du Conseil de l'UE au cours du premier semestre 2011, un grand défi et une occasion de nous faire connaître comme pays ayant une vision et des idées nouvelles, une responsabilité et un engagement pour approfondir l'intégration de l'Union. S'agissant de notre première présidence, il est primordial que nous soyons dans le trio avec l'Espagne et la Belgique, deux pays ayant déjà une longue expérience dans ce domaine. Nous travaillons en étroite collaboration depuis le début de l'année 2009 et nous avons établi une excellente coopération à tous les niveaux. Le fruit de cette coopération est le Programme stratégique et opérationnel, document de travail que Bruxelles a déjà qualifié d'excellent exemple de collaboration. Après la présidence espagnole, cette étroite coopération sera maintenue car la Hongrie apportera une continuité aux initiatives espagnoles dans divers domaines. Pouvoir travailler au MAEC, institution bénéficiant d'une longue tradition et d'une grande compétence, est une expérience précieuse. Auparavant, lorsque j'étais conseiller auprès de notre ambassade à Madrid, je constatais ses bons résultats dans de nombreux domaines et aujourd'hui ce poste me donne l'occasion de voir de près son fonctionnement et de découvrir ses mécanismes de coordination interne. De plus, j'apprécie énormément la richesse culturelle de l'Espagne ».

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action extérieure

L'une des caractéristiques actuelles des relations extérieures, dans un contexte de mondialisation croissante, est l'importance de plus en plus capitale de l'énergie, qui a acquis une dimension stratégique. Les crises du gaz successives que l'Europe a connues ces dernières années, conséquence des interruptions de l'approvisionnement en gaz d'origine russe lors de son transit par l'Ukraine, en constituent une excellente illustration. Cette situation a révélé la vulnérabilité énergétique de plusieurs de nos partenaires communautaires et a engendré une alerte sociale sans précédent chez les citoyens de nombreux pays dont l'approvisionnement a été sérieusement compromis dans une période où il était particulièrement nécessaire pour chaque foyer, en plein hiver. Rafael Matos González de Careaga ambassadeur en mission spéciale pour les Affaires énergétiques

Diplomatie et énergie e au XXI siècle

Lors de la dernière décennie, nous avons clairement vu la politique énergétique, secteur relativement stable, acquérir une importance stratégique, cruciale, pour l'avenir des pays. Parallèlement à cela, nous avons assisté ces cinq dernières années à un processus de politisation croissante de l'énergie dans lequel celle-ci ne se présente plus comme une question purement économique, mais apparaît de plus en plus liée au concept de sécurité. En conséquence, la sécurité énergétique a acquis une dimension essentielle dans la politique extérieure de tout pays, qu'il soit pays de transit, producteur ou consommateur.


a Le concept de « sécurité fement mondial provoqué énergétique » a évolué pour La sécurité par l'activité humaine, à s'adapter aux changements énergétique travers l'émission inconqui se sont produits sur l'échi- a acquis une trôlée de gaz à effet de quier international. Il ne s'agit dimension serre. plus seulement de sécurité essentielle dans Pour réduire ces risd'approvisionnement, de dis- la politique ques, il faut une politique ponibilité d'une offre d'énergie extérieure de énergétique favorisant la appropriée à des prix accepta- tout pays, qu'il diversification des sources bles. Désormais, de nouvel- soit un pays de d'approvisionnement et les dimensions significatives transit ou un pays des circuits de transport, sont apparues. Elles vont des consommateur. la promotion des énergies risques de nature politique renouvelables et l'effica(l'énergie comme moyen de pression cité énergétique. Soulignons aussi la des pays producteurs au service de nécessité de créer un cadre de dialogue leurs intérêts et particulièrement de et de coopération entre pays de tranleurs intérêts politiques et stratégi- sit, producteurs et consommateurs. La ques), de nature économique (dimi- transparence et le fonctionnement efnution des réserves d'hydrocarbures, ficace, au niveau mondial, des marchés nationalisme économique des produc- énergétiques, constituent des objectifs teurs qui imposent des conditions de incontournables pour le développeplus en plus onéreuses, entente entre ment de la sécurité énergétique. les producteurs pour rehausser les Une fois établie la problémaprix, etc.), risques pour les infrastruc- tique sous-jacente au concept de tures (vulnérabilité face aux catastro- sécurité énergétique, la question phes naturelles et aux actes terroristes) évidente est de savoir comment la diploet, enfin, risques environnementaux, matie peut contribuer à la résolution du en particulier les effets nuisibles sur le problème : a-t-elle un rôle spécifique à changement climatique et le réchauf- jouer ?

action extérieure 19

La politique extérieure, l'action diplomatique d'un État moderne tel que l'Espagne, a un rôle essentiel à jouer en la matière pour contribuer, conformément à ses responsabilités, à la réussite de la politique énergétique élaborée par le gouvernement. Pour cela, des actions sont entreprises tant sur le plan bilatéral, c'est-à-dire à travers les relations de l'Espagne avec les pays considérés individuellement, que sur le plan multilatéral, par une participation active aux différents forums consacrés à l'énergie dans la communauté internationale : Union européenne, Agence internationale de l'Énergie, IRENA, Forum international de l'Énergie, pour ne citer que les plus importants. Grâce à une action bilatérale concertée, l'Espagne, fortement dépendante de l'étranger puisque 80 % de l'énergie que nous consommons est importée, de même que toute notre énergie fossile, est parvenue à une saine diversification de ses sources d'énergie. À titre d'exemple, nos importations de gaz proviennent de huit pays différents, ce qui représente, avec


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action extérieure

la promotion de nouvelles technologies et de sources d'approvisionnement alternatives, un haut niveau de sécurité pour notre approvisionnement, fait reconnu et valorisé à l'extérieur de nos frontières. Sur le plan multilatéral, surtout dans le cadre de la présidence semestrielle espagnole du Conseil de l'Union européenne, l'action diplomatique est fondamentale pour assurer la sécurité énergétique. Après les récentes « crises du gaz », des mécanismes d'« alerte précoce » ont été établis entre la Commission européenne et la Russie pour prévenir de futures crises de

l'approvisionnement énergétique de la Russie vers l'Union européenne incluant le gaz, le pétrole et l'électricité. Ce mécanisme ne se limite pas à alerter en cas d'éventuelles futures crises mais prévoit aussi, le cas échéant, des modes d'action conjoints visant à apporter une solution aussi rapide que possible. Nous devons aussi souligner, pour sa signification et son importance, la récente constitution du Conseil de l'Énergie Union européenne-ÉtatsUnis qui doit se réunir sous la présidence espagnole du Conseil de l'UE. Ce Conseil constitue un cadre pour

le renforcement du dialogue, à haut niveau, et la coopération en matière énergétique entre l'Union européenne et les États-Unis : la sécurité énergétique et la coopération constituent l'objectif premier de ce nouveau Conseil. Et n'oublions pas de mentionner la création de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) qui fait ses premiers pas, depuis son siège récemment installé à Abou Dabi (Émirats arabes unis). L'Espagne a été l'un des principaux soutiens de cette nouvelle agence – sa conférence préparatoire finale s'est tenue à Madrid – dont la principale mission est d'encourager et d'accélérer l'utilisation durable et le développement mondial des énergies renouvelables. L'IRENA essaie en outre de participer à la lutte contre le changement climatique par l'orientation du modèle énergétique actuel vers une économie moins émettrice de carbone et accordant une part plus importance aux énergies renouvelables. L'énergie et la diplomatie, comme nous venons de le voir, sont indissociables. Le contrôle des sources d'énergie a été à l'origine de nombreux conflits dans l'histoire de l'humanité. Face à ce constat, les énergies renouvelables apparaissent comme des énergies favorisant la paix : le soleil, le vent, les marées n'appartiennent à personne. Savoir les utiliser au bénéfice de l'humanité et pour apporter une solution à la demande énergétique constitue notre défi pour le XXIe siècle.

L'agenda du maec concernant les intérêts énergétiques est particulièrement chargé

res étrangères et de la coopération maintient avec ses homologues, et qui acquiert une importance particulière lors des voyages que le ministre effectue dans les pays exportateurs d'hydrocarbures. Ces visites contribuent généralement à soutenir l'activité des entreprises espagnoles ayant des intérêts dans le secteur de l'énergie, comme ce fut le cas lors du récent voyage du MAEC au Venezuela, où plusieurs sociétés ont signé d'importants accords d'exploitation. Au cours

de l'année, le ministre s'est aussi déplacé en Guinée équatoriale, au Brésil, en Libye, à Trinité-et-Tobago, au Proche-Orient, en Ukraine et en Algérie, partenaires énergétiques et pays avec lesquels l'Espagne entretient d'intenses relations. D'autre part, dans le cadre de la présidence espagnole du Conseil de l'Europe, nous avons voulu accroître l'importance de la sécurité de l'approvisionnement énergétique dans l'ensemble des relations extérieures de l'Union.

Miguel Ángel Moratinos salue le président du conseil d'administration d'Iberdrola Ingeniería y Construcción, Ramón de Miguel, en présence du président du Venezuela, Hugo Chávez, et du directeur du développement énergétique d'Elencor, Germán Junquera, après la signature à Caracas, en juillet dernier, de plusieurs accords relatifs à l'énergie. PHOTO EFE

Les questions énergétiques sont un élément essentiel des relations internationales contemporaines, tant du point de vue de la sécurité de l'approvisionnement que du point de vue environnemental. Il s'agit aussi d'un sujet récurrent et transversal dans les rencontres que le ministre des Affai-


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action extérieure 21

La politique énergétique espagnole constitue une référence pour les autres pays Pedro L. Marín Uribe

secrétaire d'état à l'énergie du gouvernement espagnol.

La diversification des sources d'approvisionnement énergétique en Espagne est l'un des points forts de notre système énergétique, résultat de la politique d'encouragement à la coexistence de technologies et de sources d'approvisionnement alternatives afin d'éviter tout risque d'arrêt de l'approvisionnement, en particulier dans un pays fortement dépendant de l'extérieur. Nous utilisons donc des hydrocarbures, du charbon, l'énergie nucléaire et toutes les technologies renouvelables, et cette diversité contribue à garantir en Espagne la sécurité de l'approvisionnement, première obligation de tout gouvernement, ce qui n'est pas le cas de nombreux pays voisins. En Espagne, il ne pourrait arriver ce qui s'est produit en Europe durant le conflit commercial entre la Russie et l'Ukraine en janvier 2009, qui a eu pour conséquence l'interruption totale, pendant quinze jours, de l'approvisionnement de gaz russe à l'Union européenne à travers l'Ukraine. Parce qu'en Espagne, la diversification va au-delà du mix énergétique, elle s'applique aussi aux sources énergétiques telles que le gaz. Notre pays importe par exemple son gaz de 8 sources différentes, de sorte qu'il est très peu proba-

ble que tous les points d'approvisionnement nous fassent en même temps défaut. La coupure de l'approvisionnement de gaz par la Russie n'aurait pas eu de conséquences si négatives pour les pays importateurs si leurs politiques énergétiques avaient accordé plus d'importance à la diversification de leur approvisionnement, ou si les connexions énergétiques transfrontalières européennes, que les Espagnols réclament depuis des années, étaient plus développées, ce qui nous aurait permis en cette occasion d'exporter du gaz vers l'Europe, réduisant l'impact de la crise. La politique énergétique espagnole constitue donc une excellente référence pour les autres pays qui apprécient d'une part notre stratégie de diversification des sources énergétiques et d'autre part notre ferme soutien aux technologies renouvelables, politiques bien plus valorisées hors de nos frontières que dans notre propre pays. Le secteur de l'électricité a été largement favorisé au cours de la dernière décennie et le sera durant la prochaine à travers la forte implantation d'installations de production d'énergies renou-

La politique énergétique espagnole constitue une excellente référence en raison du ferme soutien de l'Espagne aux énergies renouvelables.

velables très diverses : hydraulique, éolienne, solaire, etc. Dans la décennie à venir, le secteur des transports bénéficiera aussi de la très nette amélioration technologique dans ce domaine, à travers le véhicule électrique qui complètera, en développement du concept de diversification technologique, les biocombustibles pour l'introduction d'énergies renouvelables dans ce segment du marché. Le résultat de tout ceci est que l'Espagne, du point de vue énergétique, part d'une excellente position pour la présidence du Conseil de l'Union européenne, durant laquelle nous devrons relever d'importants défis. Avec, entre autres, la mise en œuvre du troisième paquet sur le marché intérieur récemment approuvé, l'adoption du nouveau Plan d'action sur l'énergie, qui définira les axes de la politique énergétique de l'UE jusqu'en 2014, le développement d'une politique de sécurité de l'approvisionnement, l'amélioration des réseaux et interconnexions et le financement de l'innovation et du développement de nouvelles technologies énergétiques. En outre, sur le plan de l'entreprise, nous développerons deux projets phares : Le Plan solaire méditerranéen et le véhicule électrique.


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action extérieure

La relance des relations économiques entre la communauté ibéro-américaine et l'Union européenne, l'efficacité du Fonds pour l'Eau ou la mise en œuvre de la Convention sur la sécurité sociale ibéro-américaine sont quelques-unes des questions abordées lors du XIXe Sommet ibéro-américain d'Estoril (Portugal). La situation au Honduras et le Sommet de Copenhague sur la lutte contre le changement climatique ont aussi été évoqués. Le prochain sommet se tiendra à Mar del Plata. Arturo Carrascosa

L'Ibéro-Amérique mise sur l'innovation pour sortir de la crise « Innovation et connaissance » était le thème du XIXe Sommet ibéro-américain qui s'est tenu les 29 et 30 novembre et le 1er décembre derniers dans la ville portugaise d'Estoril. Ce rendezvous avait en outre pour l'Espagne une importance particulière tant en raison de son rôle de pont entre l'Union européenne et les pays d'Amérique latine qu'en raison de l'intérêt prioritaire de la politique extérieure de l'Espagne pour développer l'espace ibéro-américain : lors des prochains mois, dans le cadre de la présidence du Conseil de

Juan Pablo de Laiglesia secrétaire d'état pour l'amérique latine

Une réflexion sur le Sommet

l'UE, l'Espagne accueillera les sommets de l'Union européenne avec l'Amérique latine et l'Amérique centrale. Innovation et développement Le consensus à propos du rôle de l'innovation comme moteur de développement est de plus en plus évident, non seulement en raison de ses capacités à générer emplois et bien-être économique, mais aussi parce que cela permet de créer de longs cycles de croissance. D'autre part, l'innovation n'est pas réservée aux secteurs des hautes technologies, elle concerne

On entend souvent dire que les sommets ibéro-américains doivent être axés sur des objectifs concrets. Après dix-neuf éditions, la communauté ibéroaméricaine a pris en considération cette revendication et, depuis 2006, un thème central a été choisi pour chaque sommet. Le message et la déclaration politique tournent donc autour de ce thème et des instruments sont adoptés pour permettre sa mise en œuvre : migrations à Montevideo, cohésion sociale à Santiago du Chili et jeunesse et

tous les secteurs de la production. L'encouragement et le soutien de l'innovation technologique concernent tous les pays de la zone ibéro-américaine malgré les différences relatives de niveau de développement technologique. À Estoril, les chefs d'État et de gouvernement des pays membres de la communauté ibéro-américaine se sont engagés à donner la priorité à l'innovation dans le cadre de leurs programmes gouvernementaux. L'innovation se présente ainsi comme un outil fondamental pour permettre aux pays

développement à San Salvador. Le sommet qui s'est tenu cette année à Estoril était axé sur le thème de l'innovation et la connaissance. Ce thème est crucial dans les débats actuels sur les moyens de sortir de la crise économique et a acquis une importance spéciale en raison du constat de la nécessité d'un changement de modèle économique en conséquence de la crise internationale financière au début et qui a fini par toucher tous les secteurs de l'économie. Nous nous dirigeons à présent,

de plus en plus rapidement, vers la configuration d'une nouvelle économie où l'excellence et la connaissance seront des éléments structurels qui permettront un développement économique durable. Mais le Sommet ibéro-américain est aussi un espace de dialogue et de concertation politique de très haut niveau réunissant 22 chefs d'États et de gouvernement d'Amérique latine et de la péninsule Ibérique. Si le thème central a eu un poids


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Vue générale de la réunion du XIXe Sommet ibéro-américain et le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, le roi Juan Carlos Ier et la première vice-présidente du gouvernement, María Teresa Fernández de la Vega, lors du sommet. photo efe.

incontestable qui a débouché sur des résultats tangibles avec l'approbation du programme Iberoamérica Innova auquel l'Espagne contribuera à hauteur de 3 millions d'euros en trois ans, le sommet n'a pas été ni souhaité rester en marge de l'actualité politique particulièrement agitée en Amérique latine ces derniers mois. On a beaucoup parlé de la crise du Honduras lors de ce XIXe sommet. Cette question a donné lieu à des débats enflammés. Il n'aurait pu en être autrement, des élections s'étant

tenues au Honduras à la veille du sommet. La communauté ibéro-américaine des Nations a exprimé son accord sur deux points essentiels : la condamnation sans appel du coup d'État du 28 juin qui a chassé le président Zelaya du pouvoir et la confiance dans le retour à l'ordre constitutionnel comme issue à la crise générée par le coup d'État et le gouvernement de facto. Les divergences concernaient évidemment le point de vue, l'évaluation et l'interprétation de chaque pays concernant

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ibéro-américains de sortir de la crise économique et comme un élément de développement et de cohésion sociale. Dans la déclaration conjointe signée à l'issue du sommet, la Déclaration d'Estoril, les dirigeants ibéro-américains reconnaissent l'importance de l'innovation en matière de lutte contre le changement climatique et soulignent la nécessité de donner la priorité à l'innovation dans le cadre des stratégies nationales de développement. Ils se sont engagés à renforcer les institutions nationales soutenant l'innovation, à promouvoir des programmes qui garantissent le transfert de technologie vers les pays en voie de développement et à encourager la coopération entre l'Université, les centres de recherche et les entreprises publiques et privées. Cette déclaration d'intentions se traduit, dans le domaine de la coopération ibéro-américaine, par un engagement ferme pour la création d'un nouveau programme s'adressant essentiellement aux entreprises, dont le nom sera Iberoamérica Innova, et qui étudiera des projets innovants de R&D&i destinés à développer la recherche appliquée et l'innovation technologique. Ce programme, auquel l'Espagne a promis de participer financièrement à hauteur de trois millions d'euros en trois ans, est ouvert à tous

La communauté ibéro-américaine des Nations a exprimé son accord sur deux points essentiels : la condamnation du coup d'État au Honduras et la confiance dans le retour à l'ordre constitutionnel

les élections du 29 novembre. Nous ne cacherons pas que de telles divergences existent encore, mais nous les considérons comme un signe de vitalité des sommets qui ne se maintiennent pas à l'écart de l'actualité et des problèmes survenant au sein de la communauté ibéro-américaine des Nations, et qui permettent par le dialogue de rapprocher les positions, d'émettre des avis et de consolider un espace de dialogue afin d'apporter un soutien au présent et d'élaborer des stratégies d'avenir.


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Miguel Ángel Moratinos répondant aux médias lors d'une conférence de presse au Sommet d'Estoril.

les pays et conçu de manière à compléter les programmes existants. Autres engagements Parmi les textes adoptés à Estoril, plusieurs accords méritent d'être mentionnés. L'un des plus importants est sans doute le consensus concernant l'application de la Convention multilatérale sur la sécurité sociale qui prendra effet en 2010. Cet accord a des conséquences directes sur la vie et les droits des émigrants qui pourront désormais percevoir leurs pensions et autres prestations de sécurité sociale dans un pays différent de celui où ils ont cotisé. Le débat autour de la problématique liée au changement climatique et la nécessité d'une réponse mondiale a été particulièrement marquant. L'Espagne a apporté des informations sur les résultats du Fonds pour l'Eau et l'Assainissement pour lequel notre pays s'est engagé à verser 1,5 milliards de dollars en cinq ans. Plus de 46 projets sont aujourd'hui en cours dans l'ensemble de l'IbéroAmérique pour un investissement de 900 millions de dollars, qui transformeront la vie de 15 millions de citoyens. L'admission d'observateurs à la Conférence ibéro-américaine a été soulignée. La Belgique et l'Italie, en tant qu'observateurs associés ainsi que la FAO, l'OCDE, le SELA, la FLACSO,

l'Union latine et l'OECO en tant qu'observateurs consultatifs. Leur présence démontre l'intérêt que suscite la Conférence ibéro-américaine dans d'autres sphères. D'autre part, des communiqués spéciaux ont été émis durant le sommet, au sujet de questions aussi diverses que la lutte contre le terrorisme, l'Alliance des civilisations, la coopération Sud-Sud ou la réforme de la Banque interaméricaine de développement (BID). La présidence du sommet a pour sa part émis un communiqué sur la situation au Honduras reflétant la position commune des pays ibéro-américains qui condamnent le coup d'État, les violations des droits et des libertés et demandent la restitution du président Zelaya à ses fonctions comme étape essentielle pour le retour à la normalité constitutionnelle. Réunions de haut niveau Comme le veut la tradition des sommets ibéro-américains, ce rendez-vous a constitué un cadre exceptionnel pour la tenue de réunions de haut niveau entre les chefs d’État et de gouvernement présents. Le roi et le président Rodríguez Zapatero ont ainsi rencontré, entre autres, les présidents de plusieurs pays d'Amérique centrale ainsi que les présidents du Mexique, du Brésil, du Chili, du Panama et de la Colombie.

À l'issue du sommet, le président du gouvernement a déclaré aux médias que pour l'Espagne et le Portugal, ces sommets constituent un projet indissociable de leurs politiques extérieures et a souligné l'importance de la rénovation de l'espace ibéro-américain pour renforcer « notre voix » dans le monde et pour « promouvoir le développement de nos sociétés ». José Luis Rodríguez Zapatero a aussi insisté sur le fait que le thème central du XIXe Sommet ibéro-américain, « Innovation et connaissance » est le troisième élément « clé » dans l'espace ibéro-américain, après l'enseignement et la recherche. Ce thème est issu du sommet qui s'est tenu il y a quatre ans à Salamanque. Sur la situation du Honduras, le président a affirmé qu'un large consensus avait été atteint, la déclaration de la présidence portugaise recueillant des principes reconnus et partagés par l'ensemble de la communauté ibéro-américaine : condamnation du coup d'État, nécessité de la restitution des institutions démocratiques, constat du processus électoral et promotion d'un accord national pour la consolidation et l'issue démocratique de la crise au Honduras. Ces quatre principes, a-t-il ajouté, sont « pleinement » partagés, indépendamment des différences d'opinion des gouvernements sur l'avenir immédiat du Honduras. En ce qui concerne le Sommet de Copenhague sur la lutte contre le changement climatique, M. Rodríguez Zapatero a déclaré que tous les pays ibéro-américains étaient d'accord sur l'importance historique de cette rencontre et a souligné le « grand rôle » tenu dans ce débat par des pays comme le Mexique et le Brésil, dont l'engagement pour parvenir à un accord marquant un objectif « bien défini » de réduction de gaz à effet de serre est très ferme. Enfin, le président a défendu la valeur positive des sommets ibéro-américains et a rappelé que le prochain sommet qui se tiendra à Mar del Plata sera le vingtième, et que le moment serait particulièrement approprié pour un bilan.


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L'Espagne et l'espace ibéroaméricain de la Connaissance Juan Tomás Hernani

secrétaire général pour l'Innovation

Le XIXe Sommet ibéro-américain qui s'est tenu à Estoril sous la présidence portugaise, consacré à l'analyse et la définition d'actions politiques en matière d'innovation et de connaissance, a parfaitement traduit l'importance de ces questions pour nos pays, en tant qu'instruments fondamentaux pour retrouver le chemin de la croissance et de l'emploi. Les pays ibéro-américains ont en effet compris que l'innovation est essentielle pour parvenir à un modèle de production qui nous permette d'assurer sa durabilité et d'affronter avec les meilleures garanties les défis que nous aurons à relever. La déclaration du XIXe Sommet ibéro-américain établit comme objectif fondamental la priorité à donner à l'innovation dans le cadre des stratégies nationales de développement de nos pays. L'Espagne, à travers le ministère de la Science et de l'innovation, joue un rôle essentiel en ce sens. Pour la première fois dans l'histoire de cette administration, un secrétariat général de l'Innovation a été créé pour encourager et soutenir l'innovation et élaborer une Stratégie nationale d'innovation. Conscients de l'importance d'un espace ibéro-américain de la connaissance, les participants au sommet ont aussi décidé de promouvoir la création d'un nou-

veau programme ambitieux pour la recherche appliquée et l'innovation technologique, ouvert aux autres pays et s'ajoutant aux programmes existants avec lesquels il sera étroitement articulé. Ce programme aura aussi pour objectif de contribuer à l'élaboration d'un modèle d'appropriation sociale et économique plus équilibrée de la connaissance dans les sociétés ibéro-américaines. Soulignons la collaboration de l'AECID dont la contribution a été décisive pour l'activation de ce programme. L'avenir de la zone ibéro-américaine passe par la création de capacités en R&D&i pour nos systèmes de production et nous devrons pour ce faire stimuler la production de nouvelles connaissances, l'association créative des connaissances que nous possédons déjà, leur transfert entre les différents acteurs du système, dans et entre nos systèmes nationaux et infranationaux, et leur application aux produits, services et processus créateurs de valeur. Au secrétariat général de l'Innovation du ministère de la Science et de l'innovation, nous nous sommes fixé un objectif : la construction d'un espace ibéroaméricain plus fort et internationalement compétitif, orienté vers l'apport de réponses aux besoins de notre communauté, c'est-à-dire de nos citoyens, de

Les pays d'Amérique latine ont compris que l'innovation est fondamentale pour parvenir à un modèle de production permettant d'assurer sa durabilité.

nos institutions scientifiques et universitaires et de nos entreprises. Une plus grande présence des entreprises dans l'espace ibéroaméricain est donc nécessaire, car elles sont les acteurs indispensables au développement concerté des activités de R&D&i. Nous devons en outre définir un cadre approprié de collaboration public-privé et mettre à la disposition de nos entreprises les instruments encourageant l'adoption d'une culture de l'innovation et de l'apprentissage. Actuellement, tous les pays comprennent que l'innovation, dans ses multiples manifestations et applications, est une dimension incontournable dans nos programmes politiques pour continuer à progresser, car « l'heure de l'innovation » est venue. C'est pour cette raison que nous avons pu aller plus loin lors de ce sommet où l'importance de la connaissance scientifique en tant que modèle de développement et de croissance économique a été reconnue. Nous devons travailler en vue de construire les bases de la future prospérité de nos pays respectifs et de la zone ibéroaméricaine dans son ensemble. Nous savons que la tâche ne sera pas facile, mais nous nous trouvons tous face à ce défi qui constitue aussi une opportunité.


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CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADE. De très anciennes traditions coexistent au Japon avec la modernité et une grande curiosité pour tout ce qui est étranger. Pilar Cuadra

Japon : entre Orient et Occident Une femme d'âge avancé, vêtue d'un kimono, parle dans un téléphone portable devant un écran vidéo géant rappelant le décor du film « Blade Runner ». Un train passe comme l'éclair au milieu de rizières millénaires avec le mont Fuji en toile de fond. Des jardins traditionnels constituent des îlots de paix et de recueillement au cœur du va-et-vient incessant des grandes villes. Ces images nous renvoient à l'essence du Japon moderne : la recherche d'un équilibre entre des traditions enracinées et cultivées avec constance et les dernières technologies et gadgets les plus variés et surprenants ; entre le respect et l'admiration pour la nature et un urbanisme parfois écrasant ; entre l'essence de l'Orient et les idées importées d'Occident. Si la modernisation économique et industrielle du Japon a commencé après la révolution Meiji de 1868, qui a rendu le pouvoir réel à l'empereur après deux siècles et demi de shogunat et d'isolement, les réformes politiques ne furent réellement mises en œuvre qu'après la Seconde guerre mondiale, durant l'occupation américaine. Depuis lors, le Japon constitue un exemple de la manière dont la démocratie et les droits de l'homme peuvent parfaitement s'adapter aux sociétés non occidentales et Tokyo est devenu un inesti-

le japon en chiffres Population : 127,8 millions d'habitants Densité démographique : 338 habitants/km2 Taux d'analphabétisme : 0,1 % Espérance de vie à la naissance : 82 ans PIB : 5,1219 milliards de $ USA (2008) Croissance annuelle PIB : 1,1 % (2008) Taux d'inflation : 0,7 % (2007) Taux de chômage : 3,8 % (2007) Déficit public : -3,4 % (2007) Principal client exportation : États-Unis Principal client importation : Chine Source MAEC

mable allié dans la défense des valeurs de l'État de Droit. La seule divergence importante avec l'Europe concerne la peine de mort, encore en vigueur dans l'archipel nippon. La référence pour les Japonais n'est pourtant pas l'Europe, mais les ÉtatsUnis, tant du point de vue politique et économique que social. Dans un paysage urbain étrange pour le citoyen occidental (affiches indéchiffrables qui font du plus érudit un analphabète, câbles qui s'entrecroisent et rappellent les rues espagnoles des décennies passées, habitations de qualité douteuse sans aucun rapport avec les véhicules garés devant et correspondent encore moins à la deuxième économie mondiale,

Les rues illuminées du XXIe siècle se juxtaposent aux symboles de la culture japonaise tels que le château de Himeji (XIVe-XVIIe siècle), le « koyo », admiration des couleurs automnales, traditionnelle et éphémère ou le « hanami », contemplation des cerisiers en fleurs au printemps.


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haut-parleurs installés par les commerçants sur les trottoirs et avertisseurs des véhicules qui contrastent avec la discrétion des passants et des passagers des transports publics), surgissent par surprise des éléments que nous reconnaissons. Il ne s'agit pas uniquement des fast-food et des cafétérias de rigueur mais aussi, du moins dans les banlieues, d'un style de vie que l'Européen identifie au mode de vie américain, où les voitures sont indispensables et où les commerces comme les restaurants disposent d'immenses parkings pour faciliter l'accès des consommateurs. Si le Japonais moyen associe tout ce qui est occidental aux États-Unis, dans un pays socialement et ethniquement homogène tel que le Japon, tous les

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pays et les cultures éveillent communs sont nombreux, l'intérêt. L'Espagne ne fait pas La référence au-delà des convergences exception, elle est même par- pour les économiques, avec une timiticulièrement séduisante de Japonais n'est de présence espagnole au Japas l'Europe par ses caractéristiques. pon et une activité japonaise Depuis l'Espagne, impos- mais les Étatsqui pourrait être développée sible d'aller plus à l'est qu'au Unis, d'un point en Espagne. Japon. Ce n'est pas pour rien de vue politique, C'est sur le terrain culinaiqu'on l'appelle le « pays du so- économique et re que nous trouvons la trace leil levant ». De même l'Espa- social la plus ancienne du contact gne, à l'extrémité du continent entre l'Espagne et le Japon. euro-asiatique, est pour les Japonais Il semble que les moines qui accompal'ouest géographique par excellence, gnèrent saint François Xavier dans son compte tenu du fait que les États-Unis voyage au Japon, au milieu du XVIe sièsont plus proche par l'est. Quoi de plus cle (peu avant que ce pays ne se ferme naturel, pour se référer à notre pays, au monde extérieur durant des siècles que d'utiliser l'idéogramme signifiant jusqu'à la révolution Meiji), avaient ouest. Deux pays qui sont presque aux transmis aux Japonais la recette d'une antipodes. Et malgré cela, les points pâtisserie castillane ou castella-no qui


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se traduirait en japonais par rent à s'élever pour exiger les « de Castille ». C'est ainsi L'Institut réformes nécessaires afin que qu'un gâteau nommé « cas- Cervantès la fille aînée du prince héritier tella » s'est répandu dans tout de Tokyo, puisse lui succéder. La disle pays. On le trouve dans les ouvert depuis cussion fut toutefois tranchée boutiques de souvenirs des deux ans, est avec la naissance en 2006 du principaux sites touristiques actuellement le prince héritier Hisahito, neplus grand du japonais. veu de l'actuel héritier. Autre point commun, la monde avec ses L'intérêt que l'Espagne monarchie et son adaptation 4 700m2 éveille au Japon s'exprime de au XXIe siècle. Aux traditionplusieurs manières. La plus nelles bonnes relations de la pittoresque est sans doute famille royale espagnole avec les autres Spain-mura : un parc d'attractions théfamilles régnantes s'ajoute la coïnci- matique consacré à notre pays, le seul dence de deux débats similaires dans de ce genre. Autre curiosité plus prénos deux pays. Ces dernières années, visible, notre musique et notre danse. en effet, au Japon comme en Espagne Il est de notoriété publique que le flas'est posée la question de l'occupation menco est particulièrement populaire du trône par une femme. En Espagne, dans l'archipel nippon, parfois qualifié la question se posait en raison de l'or- de « seconde patrie du flamenco », mais dre de succession tandis qu'au pays du il n'est pas le seul représentant de notre soleil levant, où seuls les hommes peu- riche folklore à être présent : une Espavent porter le titre d'empereur et où gnole a réussi à y monter un groupe de seules des filles étaient nées depuis les jota minorquine. années soixante, des voix commencèLa langue est aussi un facteur de

UN ESPAGNOL AU JAPON Manuel Sánchez Bosch Espagnol vivant au Japon depuis 37 ans.

Quelle opinion les Japonais ontils de l'Espagne et des Espagnols? En général, les Japonais associent l'Espagne à des images positives, agréables et séduisantes qui vont du flamenco à la paella en passant par le jambon ibérique et un climat doux, Goya, Picasso, Dalí, Miró et tout particulièrement Gaudí. Dernièrement, le football a acquis une place de choix. L'Espagne est pour les Japonais un pays plein de charme. Les Japonais trouvent que les Espagnols sont d'un abord facile et naturel, fiables et généreux. Nous jouissons ici d'un patrimoine unique : saint François Xavier qui introduisit avec le christianisme la culture occidentale au Japon. François Xavier fut un grand nippophile, ses lettres et ses comptes-rendus étaient copiés et diffusés dans toute l'Europe cultivée. Les Japonais savent que François Xavier fut en quelque sorte leur premier

rapprochement. L'Institut Cervantès de Tokyo, ouvert depuis deux ans, est actuellement le plus grand du monde avec ses 4 700 m2, où, outre les cours de castillan, sont proposés cours de culture, cycles de cinéma, conférences et expositions reflétant la vie en Espagne et dans les pays latino-américains. Une partie de l'attrait de notre langue pour les Japonais s'explique par la présence de la communauté latino-américaine immigrée (principalement péruvienne) et composée essentiellement de « nikkei » : descendants de japonais précédemment émigrés sur le continent américain et qui rentrent sur la terre de leurs ancêtres en conservant leur identité hispanique. Que ces quelques images puissent illustrer les échanges culturels croissants qui permettront de surmonter les stéréotypes de part et d'autre et d'ouvrir la porte à des relations plus étroites encore, y compris dans les domaines économique et politique.

ambassadeur, un ambassadeur de luxe et de grand prestige, auprès de l'Occident tout entier. Quel est le degré d'intégration de nos compatriotes au Japon ? La présence espagnole est numériquement parlant insignifiante. Nous nous intégrons tout naturellement. Si nous sommes là, c'est parce que cela nous plaît, que cela comble nos besoins ou nos aspirations. Que pensez-vous des relations hispano-japonaises ? Bonnes en général, mais nos relations économiques pourraient être développées. Nos chefs d'entreprises obtiendraient de meilleurs résultats s'ils étudiaient la façon dont les entreprises des autres pays travaillent au Japon, en investissant pour vendre, en pensant à long terme et, surtout, en travaillant sur la marque. Donnez-nous une raison de choi-

sir le Japon, comme destination de vacances ou comme destination professionnelle. Comme destination touristique, outre ses paysages et sa culture, le Japon est passionnant pour ceux qui sont capables d'observer les comportements et les solutions originales des Japonais face aux problèmes et aux dilemmes que nous rencontrons aussi dans notre société et auxquels nous ne trouvons pas d'issue élégante. Nous avons beaucoup à apprendre. Comme destination professionnelle, l'offre du Japon est relativement limitée, mais je voudrais rappeler que les entreprises espagnoles ayant des intérêts réels ou potentiels au Japon devraient comprendre que pour vendre dans ce pays, il faut y vivre et y travailler, elles doivent donc trouver ou former des personnes compétentes et adaptées à ce marché.


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Japon : un intérêt mutuel contrasté Miguel Ángel Carriedo

ambassadeur d'espagne au japon

Tout regard sur l'Asie permet de constater l'attrait exercé par le Japon, ses particularités et son influence dans le contexte asiatique. Sa puissance économique, son intérêt culturel et son rayonnement dans le monde sont tout aussi évidents. Et à présent, avec la nouvelle étape qui s'ouvre à ce pays qui a décidé de réexaminer sa situation politique et sociale, la fascination qu'il exerce sur ceux qui y ont vécu croît encore. Le Japon est un pays qui était encore fermé au XIXe siècle. En un peu plus de cent ans, il a atteint une place d'avant-garde et il est devenu un exemple à suivre dans bien des domaines. L'Espagne est depuis longtemps consciente de l'importance et de l'intérêt d'entretenir des liens étroits avec ce pays et je crois pouvoir affirmer que l'attirance exercée par l'Espagne au Japon est réciproque et particulièrement évidente dans le domaine culturel. Nos premiers contacts remontent au XVIe siècle, même si l'opposition du shogunat aux relations avec l'extérieur explique que l'Espagne, comme les autres pays, ait dû attendre les changements importants de la révolution Meiji (1868) pour établir avec le Japon de véritables relations bilatérales. L'entrée de l'Espagne dans la Communauté économique européenne a eu pour résultat

l'arrivée d'investissements japonais dans notre pays. Depuis la dernière décennie du XXe siècle, nos relations ont connu un élan considérable. Il n'y a heureusement pas de contentieux bilatéraux entre nos deux pays et nous partageons le même point de vue sur la plupart des questions qui constituent l'agenda mondial, c'est-à-dire les problèmes et les défis que rencontre la communauté internationale. Cet état d'esprit a permis d'envisager une série d'actions témoignant de l'intérêt mutuel pour un développement des relations bilatérales qui impliquent un haut niveau d'effort et d'engagement. Je voudrais rappeler ici le magnifique pavillon du Japon à l'Exposition universelle de Séville (1992), l'importante présence espagnole à l'Exposition universelle d'Aichi (2005) et très récemment, l'intéressante proposition du Japon à l'Exposition de Saragosse (2008). Tous ces rendez-vous ont été honorés de la présence des membres des familles régnantes dont l'amitié s'est à nouveau manifestée durant le voyage d'État du roi et de la reine d'Espagne au Japon, en novembre dernier. Un privilège dont nous pouvons être fiers. Les relations de l'Espagne avec le Japon sont aujourd'hui plus in-

tenses et meilleures que jamais. Le Japon partage avec l'Espagne le même point de vue sur la plupart des questions de l'agenda mondial. L'image de l'Espagne pays moderne et d'une immense richesse culturelle est très répandue au Japon

L'application d'un accord sur la sécurité sociale signé l'an dernier est en cours de négociation. Il est particulièrement important pour les entreprises implantées à l'étranger et leurs employés. Nous sommes parvenus à d'importants accords dans le domaine de la science et de la technologie ; le nombre de visites touristiques est considérable (241 000 touristes japonais ont visité notre pays en 2008) et nous avons un vaste terrain de coopération dans le domaine de la culture et des industries culturelles qui ont un fort impact sur le développement économique et social. Nos deux gouvernements le comprennent bien et ont ouvert des sièges de l'Institut Cervantès et de la Fondation Japon dans leurs capitales respectives. Et n'oublions pas les possibilités ouvertes dans le cadre des échanges universitaires dans tous les secteurs (Enseignement, institutions scientifiques, sportives, etc.), l'image de l'Espagne pays moderne et d'une immense richesse culturelle est très répandue au Japon. Voici à grands traits le tableau de relations qui, à mon sens, se développent naturellement avec le temps et s'intensifieront parce qu'il existe un intérêt mutuel pour qu'il en soit ainsi et que nous y mettons tous les moyens.


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l'analyse

— Quand Casa África a-t-elle vu le jour et quels sont ses principaux objectifs et activités ? — Casa África est née en 2006 mais n'a disposé d'un siège qu'un an plus tard : le 12 juin 2007, il était inauguré par le roi et la reine, le président du Sénégal, le Premier ministre du Cap-Vert ainsi que les autorités qui constituent son conseil de direction. Avec la création de Casa África, l'Espagne se dote de la première institution publique exclusivement consacrée à l'Afrique et assume expressément son engagement pour le développement et la consolidation d'une politique africaine actuelle, impliquée et solidaire suivant les lignes directrices en vigueur à l'échelle internationale et les lignes fixées par le Plan Afrique. Dans cette perspective, ses activités poursuivent un double objectif : faire connaître l'Afrique à l'Espagne et être protectrice ou porteparole des Africains. Pour faire connaître l'Afrique à l'Espagne, nous devons présenter la réalité multiple, complexe, riche et variée de cet immense continent. Nous employons pour ce faire tous les instruments à notre disposition, que ce soit à travers la culture, avec ce que cela implique de contact direct entre le créateur africain et le public espagnol, ou par des séminaires, ateliers, rencontres et publications. D'autre part, cette institution agit chaque jour pour se rapprocher de l'Afrique, de ses organismes, de sa population, pour entendre leur propre analyse des problèmes et de la situation, leurs priorités, leurs préoccupations, leurs opinions afin de pouvoir les protéger et s'en faire le porte-parole. Nous voulons faire connaître leur vision aux Espagnol et aider à approfondir les relations hispano-africaines dans tous leurs aspects. Nos principaux alliés, dans cette tâche, sont les ambassades d'Espagne avec lesquelles nous collaborons et qui bénéficient de notre soutien, ainsi que les partenaires africains de l'Espagne avec lesquels nous tentons

Diplomatie publique à Casa África. Le directeur général de Casa África fait le bilan du travail réalisé par cette institution publique depuis sa création en 2006, évoque quelques-uns des objectifs à court terme et invite tous ceux que le continent africain intéresse à visiter son siège à Las Palmas de Gran Canaria.

Ricardo Martínez « Nous voulons faire connaître à l'Espagne la réalité multiple et complexe de l'Afrique » directeur général de casa áfrica

le profil. Ricardo Martínez Vázquez est né à Séville en 1958. Diplômé en droit, il est spécialiste en droit international humanitaire et expert en coopération pour le développement. Diplomate depuis 1986, il a été en poste à Bonn, Genève et Panama. Il a été sous-directeur général de la Coopération avec l’Asie (2000), de la Coopération avec la Méditerranée et l’Europe de l’Est (2001 à 2004) et directeur général de la Coopération avec l’Afrique, l’Asie et l’Europe de l’Est (204 à 2008). Depuis le 1er juillet 2008, il est directeur général de Casa África.


A de développer localement un climat de solidarité. — Comment envisagez-vous l'avenir de Casa África ? — Il restera sans doute lié au Plan Afrique et à l'évolution de notre politique extérieure en Afrique. Casa África soutiendra de plus en plus les processus d'intégration régionale et infra-régionale, la bonne gouvernance, la démocratisation et la consolidation des États capables d'assumer la mise en œuvre de leur développement. Les relations avec l'Afrique de l'Ouest, région voisine, conserveront un caractère prioritaire, comme c'est le cas avec le Maghreb et l'Amérique centrale. Une autre mission fondamentale sera l'aide à la consolidation des autorités africaines à échelle régionale, dans les organismes internationaux et multilatéraux et à échelle infra-régionale, en soutenant les États pouvant servir de modèle de développement démocratique, économique et social pour l'évolution positive de leurs voisins. — Quelles sont les activités réalisées par Casa África dans le domaine de la diplomatie publique ? — Les « Casas » complètent l'action du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Nous programmons des activités réalisées conjointement dans divers domaines, en abordant des questions telles que le terrorisme, la sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté, le changement climatique, et en tentant de contribuer aux objectifs du Plan national pour l'Alliance des civilisations. Nous organisons des rencontres, nous réunissons des experts de divers continents pour discuter des problèmes qui nous concernent tous et, dans le cas de la culture, nous développons des initiatives comme « Noches del Ramadán » (les nuits du ramadan) de la Casa Árabe à laquelle nous nous associons, ou notre festival « África Vive » pour lequel nous espérons bénéficier de la participation des autres « Casas » à l'occasion de la Journée de l'Afrique. — Quel est le rôle des « Casas » en

tant qu'instrument de la politique extérieure de l'Espagne ou d'autres politiques telles que la coopération au développement ? — La création des quatre dernières « Casas » complète un panorama prometteur car un travail conjoint et coordonné peut générer de nombreuses idées et propositions et aider à approfondir les politiques sectorielles, multilatérales ou régionales. Des questions comme l'appropriation, la cohérence des politiques et la complémentarité entre commerce et développement peuvent être posées, débattues et même débloquées grâce à des instruments flexibles et informels rapprochant les différentes parties. Nous réunissons les experts publics, institutionnels, privés et universitaires de plusieurs continents pour qu'ils partagent leurs expériences. Nous nous exprimons, nous écoutons et nous apportons nos propositions et nos idées à ceux qui ont la responsabilité des décisions. Il existe des exemples récents d'activités conjointes de Casa África et Casa Asia ou de l'Institut européen de la Méditerranée et la nouvelle Casa del Mediterráneo. L'agenda est ouvert et souple, il attend simplement les propositions des institutions. — Que signifie pour Casa África le fait que son siège se trouve dans les îles Canaries ? — La décision de situer le siège de Casa África dans les Canaries est un pari politique courageux et audacieux qui traduit dans les faits la rhétorique traditionnelle sur les Canaries « plate-forme » entre l'Afrique et l'Europe (ainsi que l'Amérique latine). Casa África a été créée aux Canaries avec le mandat explicite de servir d'instrument pour utiliser cette situation géostratégique privilégiée et travailler sur des propositions et des thèmes concrets avec le gouvernement de l'Espagne et le gouvernement des Canaries. L'objectif est de donner un contenu aux idées et aux propositions de la politique extérieure et du Plan Afrique en tirant parti de la précieuse expérience africaine de nom-

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breux secteurs de l'archipel tels que le tourisme, la pêche, la gestion des migrations ou la lutte contre les trafics illégaux. Le gouvernement des Canaries et les Conseils insulaires constituent un complément efficace et utile pour que les décisions stratégiques du Plan Afrique deviennent réalité. Ce plan sera d'ailleurs élargi par un Plan Afrique spécifique au Canaries. — Est-il prévu d'ouvrir d'autres sièges de Casa África ? — Le siège de Casa África pour l'Espagne et l'Afrique est situé dans ce point de rencontre entre continents et océans que sont les Canaries. Nous n'avons pour l'instant pas besoin d'autre siège, même si les statuts envisagent cette possibilité et les ambassadeurs africains en Espagne, pour la plupart à Madrid, réclament plus de présence dans la capitale de l'État. Nous faisons actuellement un effort en ce sens, en essayant de ne pas accroître les coûts structurels, surtout en ces temps de crise. À partir de son siège des Canaries, Casa África réalise des actions pour l'ensemble de l'Afrique et du territoire espagnol. Nous collaborons avec tous ceux qui ont des intérêts en Afrique et, si la création de cette « Casa » est encore récente, je crois que nous pouvons féliciter cette jeune équipe si enthousiaste et qui est arrivée si loin déjà grâce à ses efforts. Je dois aussi reconnaître, bien sûr, le magnifique travail réalisé par son premier directeur général, l'ambassadeur Juan Alfonso Ortiz, qui a lancé cette entreprise ambitieuse. Il faudrait peut-être envisager, à moyen terme, la création d'une grande bibliothèque de référence sur l'Afrique en complément de notre médiathèque virtuelle, comme celles qui existent déjà à l'AECID de Madrid sur l'Islam et l'Amérique latine. Il ne s'agirait là que d'un projet à moyen terme et non de la création d'un nouveau siège en Espagne. Les Canaries constituent une solution parfaite et nous encourageons tous ceux qui le peuvent à venir dans nos îles découvrir cette « Casa » qui appartient à tous.


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action extérieure en bref

Catherine Ashton a effectué une visite en Espagne quelques jours après sa nomination. aMiguel Ángel

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Moratinos a rencontré au palais de Viana la Haute représentante pour la politique étrangère de l'Union européenne, Catherine Ashton. Au cours de cette rencontre, M. Moratinos et Mme Ashton ont discuté des thèmes liés à la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne et des questions relatives à la mise en application du Traité de Lisbonne. Mme Ashton a également rencontré à la Moncloa le président du gouvernement.

La diplomatie publique ouvre sa sixième « Casa ». Un nouvel espace de rapprochement des deux rives de la Méditerranée est né. En novembre dernier, les activités de la Casa Mediterráneo, institution dépendant du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, ont été lancées à Alicante.

La Casa Mediteráneo lance ses activités à Alicante Le « Congrès international du dialogue Sud-Nord sur la Méditerranée : éducation et migrations », ouvrait au mois de novembre dernier le programme de la Casa Mediterráneo. Cette sixième « Casa » a été créée par le gouvernement espagnol pour soutenir la diplomatie publique et établir des relations de confiance mutuelle fondées sur le dialogue et le développement de relations personnelles, institutionnelles et gouvernementales. Cette institution, dirigée par Yolanda Parrado, a pour objectif de faire de cet espace partagé par plus de 450 millions de personnes et 22 pays, un lieu de rencontre et de dialogue.

« C'est le meilleur rôle que peut jouer la Méditerranée » a déclaré Miguel Ángel Moratinos lors de la cérémonie d'ouverture du congrès, organisé en collaboration avec l'université d'Alicante, qui a rassemblé pendant deux jours des re-

Détail de la façade de Casa Mediterráneo, dans l'ancienne gare de Benalúa, à Alicante . photo mde

présentants des pays riverains. La riche programmation de la nouvelle « Casa » met en évidence le dynamisme d'un espace commun européen sur les rives de la Méditerranée. La Rencontre euroméditerranéenne des jeunes architectes et urbanistes, qui s'est tenue à Jávea, a souligné l'importance de la préservation de l'environnement et de la durabilité de la Méditerranée. La Casa Mediterráneo et le musicien algérien Khaled ont en outre réuni plus de 2 000 personnes pour un concert organisé à Benidorm en décembre, un spectacle qui a permis de « rapprocher un peu plus les deux rives de cette mer merveilleuse » selon l'artiste. Un concours destiné aux enfants a également été organisé. Il s'agissait d'imaginer et de peindre « la maison dans laquelle habite la Méditerranée », activité didactique visant à développer les valeurs de diversité, de tolérance et de respect, signes distinctifs de cette région du monde. L'école lauréate se verra offrir une bibliothèque thématique méditerranéenne.


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Miguel Ángel Moratinos rencontre son homologue vietnamien.  Le 15 décembre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, s'est réuni au palais de Viana avec le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères vietnamien, Pham Gia Khiêm, en visite en Espagne. Lors de cette rencontre, les deux ministres ont signé un mémorandum d'entente, de dialogue et de coopération politique et un accord sur la suppression des visas sur les passeports diplomatiques.

Dix années de défense des marques espagnoles  Le dixième anniversaire de la création du Forum des marques renommées espagnoles (FMRE) s'est tenu le 15 décembre dernier. Cet organisme a été créé par 97 entreprises espagnoles détentrices de marques occupant la première place dans leur secteur. Il a pour objectif de constituer une plate-forme de soutien et un espace de reflexion et de connaissances des marques et de leur importance pour le développement de la compétitivité économique espagnole. Le FMRE, conjointement avec les administrations publiques, est le promoteur de la marque Espagne qui apporte une valeur ajoutée aux entreprises et aux institutions espagnoles à l'étranger.

Journées sur le changement climatique et les énergies renouvelables  La première vice-présidente du gouvernement a inauguré, au siège madrilène de Caixa Forum, les Journées internationales sur le changement climatique et les énergies renouvelables en Asie et en Afrique, organisées par Casa Asia, casa África et l'AECID. Lors de son intervention, elle a souligné le ferme engagement du gouvernement envers la durabilité environnementale et la lutte contre le changement climatique qui se traduit par un fort investissement dans les énergies renouvelables. De fait, ces trois dernières années, l'Espagne a augmenté de 110 % ses investissements dans la recherche et les nouvelles technologies et les doublera en 2010.

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération s'est rendu à Cuba  Au mois d'octobre, Miguel Ángel Moratinos s'est rendu à Cuba où il a rencontré le président Raúl Castro et son homologue, Bruno Rodríguez. La visite s'est déroulée dans le cadre du dialogue politique institutionnel ouvert entre les deux gouvernements en 2007, prévoyant des rencontres annuelles. Pendant son séjour, le ministre a inauguré à La Havane le Bureau technique de copération. Ce geste souligne la portée de la coopération dans les secteurs tels que la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'eau potable et la récupération du patrimoine culturel.

Signature d'un accord de suppression des visas avec le Sénégal  En décembre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a rencontré le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Madické Niang, en visite à Madrid. Cette rencontre a été précédée de la signature d'un accord de suppression des visas pour les titulaires de passeport diplomatique. Après cette rencontre, M. Moratinos a offert un dîner au palais de Viana à son homologue sénégalais.

Réunion ministérielle de l'OTAN à Bruxelles  Miguel Ángel Moratinos a assisté à la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays alliés à Bruxelles, les 3 et 4 décembre. Durant deux jours, les ministres ont abordé de nombreuses questions figurant dans l'agenda de l'OTAN : la situation en Afghanistan, les relations avec la Russie, l'Ukraine et la Géorgie ainsi que les nouveaux concepts stratégiques de l'Alliance.

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Mérida a accueilli la rencontre

Premier Forum lusoestrémadurien des entreprises La ville de Mérida a accueilli en novembre la première Rencontre lusoestrémadurienne de cooperation des entreprises, conçue pour favoriser le dialogue entre les deux parties et définir des approches de développement économique communes. Cette rencontre, inaugurée conjointement par le président du gouvernement autonome d'Estrémadure et le président de l'Agence pour l'investissement et le commerce du Portugal, a pour objectif de resserrer les liens entre les deux pays et de réunir leurs entrepreneurs autour de produits innovants, pour faire du marché ibérique un marché naturel et une référence internationale. L'Espagne constitue un marché prioritaire pour l'internationalisation de l'économie portugaise et accorde une importance particulière aux relations avec les régions frontalières.

Colloque international pour l'abolition la peine de mort Les 9 et 10 décembre, le Musée d'art Reina Sofia de Madrid a accueilli un colloque organisé par plusieurs institutions espagnoles et étrangères sur l'abolition de la peine de mort. Lors de l'inauguration, le président du gouvernement, M. Rodriguez Zapatero, a déclaré que l'abolition universelle de la peine de mort serait une priorité de la présidence espagnole et a annoncé la création d'une Commission internationale contre la peine de mort au deuxième semestre 2010. Le président du gouvernement estime que le moratoire universel sera sans doute adopté en 2015, année du bilan de la réalisation des objectif du Millénaire contre la pauvreté.


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action extérieure en bref

Initiative conjointe. L'Espagne et l'Allemagne ont présenté la deuxième résolution sur les obligations des droits de l'homme relatives à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement devant le Conseil des droits de l'homme, à l'occasion de la douzième session ordinaire des Nations Unies.

La reconnaissance de l'accès à l'eau en tant que droit de l'homme se rapproche Pour atteindre l'objectif principal de cette initiative hispano-allemande, la reconnaissance du droit de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement comme droit de l'homme, conformément aux termes de la première résolution 7/22 adoptée au mois de mars 2008, lors de la septième session du Conseil des droits de l'homme, le défi consiste désormais à définir le contenu de ce droit. Cette deuxième résolution progresse dans cette direction. Elle reprend en effet les principales recommandations du rapport que l'experte indépendante a présenté lors de cette même session du Conseil des droits de l'homme sur l'Accès à l'assainissement. Cette ques-

tion n'avait pas été traitée jusqu'ici, elle était considérée comme tabou dans de nombreux pays. Ces recommandations s'adressent principalement aux États. Elles reconnaissent également le rôle important du secteur privé dans ce domaine ainsi que celui des agences spécialisées des Nations Unies et des autres agences donatrices. A cette occasion, la résolution a été adoptée à l'unanimité sous le coparrainage de 60 pays. C'est la première fois que les 27 pays soutiennent conjointement une résolution dans ce domaine et c'est également la première fois qu'elle bénéficie de l'appui des États-Unis.

Caffarel inaugure le premier cours Cervantès en Corée du sud  La directrice de l'Institut Cervantèsa signé avec l'université Kyung Hee de Séoul un accord d'ouverture pour créer un cours Cervantès en Corée du sud. « Nous sommes comblés car ce cours réalise un souhait longtemps attendu : pour la première fois, la présence directe de l'Institut Cervantès dans ce merveilleux pays » a affirmé Mme Caffarel, qui considère cette inauguration comme une première étape vers l'ouverture d'un siège de l'Institut dans ce pays asiatique.

Ángel Lossada assiste à la prise de fonction de Hamid Karzaï  Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères a assisté le 19 novembre dernier à la prise de fonction d'Hamid Karzaï comme président de l'Afghanistan après la proclamation de sa victoire aux élections qui se sont tenues au mois d’août. Sa présence reflète l'engagement de l'Espagne envers l'Afghanistan et notre désir de collaborer avec le président Karzaï et sa nouvelle administration pour la stabilisation et la reconstruction de l'Afghanistan, pays essentiel pour la stabilité et la sécurité régionales et internationales.

La Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme en visite en Espagne

Décollage de l'Airbus 400M pour son vol inaugural à Séville. photo mde

Le premier vol de l'Airbus 400M, joyau aéronotique européen, a décollé de Séville À Séville, le roi Juan Carlos, accompagné de la ministre de la Défense, Carme Chacón, et du ministre de l'Industrie, Miguel Sebastián, ont assisté au premier vol de l'avion de transport militaire A400M. Cet avion est un projet développé par Airbus Military, membre du consortium européen EADS.

Son assemblage a été réalisé à l'aéroport de San Pablo, à Séville. Après les quatre heures de vol, le roi a souligné l'importance de la collaboration entre les gouvernements et les industriels européens et a encouragé les différents pays à « poursuivre cette grande réussite ».

 Dans le cadre du mécanisme de consultations bilatérales entre l'Espagne et le Bureau de la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Mme Navanethem Pillay s'est réunie le 4 novembre avec le ministre des Affaires étrangères. Lors de cette réunion ont été notamment abordées les priorités de la présidence espagnole en matière de droits de l'homme et les initiatives espagnoles relatives à la peine de mort et au droit à l'accès à l'eau, la future réforme du Conseil des droits de l'homme et le suivi des contributions au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.


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Le siège de Casa Sefarad-Israel sera le palais de Cañete  Le maire de Madrid et le ministre des Affaires étrangères ont signé à la minovembre le protocole de cession d'une partie du palais des marquis de Cañete pour en faire le siège de la Casa Sefarad-Israel. Les nouvelles installations occuperont 1 400 mètres carré répartis sur deux étages et leur inauguration est prévue pour l'année prochaine.

Dixième anniversaire de l'Escuela de Cultura de Paz  L'Escuela de Cultura de Paz dépendant de l'université autonome de Barcelone, célèbre dix ans de travaux de recherche, d'enseignement et de sensibilisation aux droits de l'homme et à la construction de la paix. Ce centre étudie les causes, l'évolution et l'impact des conflits armés et les dynamiques des processus de paix. Il réalise également des missions de diplomatie publique qui ont fait de cette École une référence internationale.

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Shanghai 2010. Le pavillon de 7 081 mètres carrés restera en place après l'Exposition et fera office de siège des organismes espagnols.

Le pavillon espagnol sera habillé d'osier La structure du pavillon de l'Espagne, édifice curviligne recouvert d'osier, œuvre de Benedetta Tagliabue, est déjà érigée dans l'enceinte de l'Exposition universelle de 2010, qui aura lieu à Shanghai à partir du mois de mai. Pour mener à bien ce projet, l'architecte milanaise est partie d'un symbole enraciné dans la culture espagnole mais aussi dans la culture chinoise : le panier en osier. Pour illustrer la philosophie de l'Expo Shanghai 2010 « Meilleure

ville, meilleure vie », la structure du bâtiment s'élève autour d'une place, qui est à la ville ce qu'un patio est à une maison : un lieu de respiration, de détente, de fête et en même temps un espace d'articulation. La façade du pavillon sera revêtue d'osier, jouant de tout son potentiel technique, et sera soutenue par un treillis de supports et poutres d'acier tubulaire. La lumière intérieure sera tamisée par la structure d'osier et d'acier.

Encourager la stabilité dans les Balkans  Le 14 décembre, à Sarajevo, s'est tenue la Conférence internationale de l'Alliance des civilisations pour le développement d'une Stratégie régionale de dialogue interculturel dans le sud-est de l'Europe. Le secrétaire d'État à l'Union européenne, López Garrido, a souligné lors de cette rencontre « la valeur de cette stratégie pour renforcer les relations entre les gouvernements et les sociétés civiles des pays de la région ».

Signature d'un accord avec l'Organisation internationale des migrations  Au cours de la rencontre qui s'est tenue en décembre entre le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, et le directeur général de l'Organisation internationale des migrations (OIM), M. William Lacy Swing, un accord de coopération entre le MAEC et l'OIM a été signé.

Image virtuelle du pavillon espagnol, œuvre de l'architecte italienne Benedetta Tagliabue. photo seei

La Conférence du Club de Madrid cherche des solutions à la crise Lors de la Conférence annuelle du Club de Madrid, plus de 70 anciens chefs d'États et de gouvernements originaires de cinquante pays ont apporté leurs réflexions sur les actions politiques nécessaires pour sortir de la crise économique mondiale. Le Club de Madrid est une organisation indépendante fondée en 2002, consacrée au renforcement de la démocratie. À l'ouverture de la réunion, le roi Juan Carlos a assuré que « le bon fonctionnement du système démocratique est

fondamental pour aborder et surmonter ces difficultés ». « Pour cela, nous avons besoin d'institutions et de règles internationales solides et efficaces », a-t-il ajouté. De nombreux dirigeants, parmi lesquels Mary Robinson (Irlande), Vicente Fox (Mexique), Alejandro Toledo (Pérou), Felipe González ou Kofi Annan ont participé à cette rencontre qui s'est tenue mi-novembre à Madrid. Lors de la la clôture de la conférence, Wim Kok a été nommé président du Club de Madrid.


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action extérieure en bref

Nations Unies. Le 10 novembre, l'Alliance des civilisations et l'engagement du gouvernement espagnol actuel pour un multilatéralisme efficace a reçu un soutien politique important dans la cadre des Nations Unies.

L'Alliance des Civilisations avance d'un pas ferme Les 192 pays de l'Assemblée générale ont adopté à l'unanimité, le 10 novembre dernier, la première résolution expressement consacrée à l'Alliance des civilisations. Près d'une centaine de pays ont exprimé leur soutien renforcé en apportant leur co-parrainage au projet de résolution. Il s'agit d'une reconnaissance éclatante de l'initiative lancée par le président du gouvernement à l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2004. La promotion de l'Alliance des civilisations est l'une des contributions les plus remarquables, novatrices et constructives de l'Espagne au système des Nations Unies depuis sa création, il y a un demi-siècle. Ce soutien constitue un encouragement pour la poursuite des travaux réalisés jusqu'à présent par le Secrétaire général conjointement avec deux pays co-parrains, l'Espagne et la Turquie. Pendant ses cinq années d'activité, l'Alliance a défini des problèmes affectant notre coexistence et elle est devenue une plate-forme d'action pour la

promotion des objectifs partagés que sont le respect, la tolérance, le dialogue, la compréhension et la paix entre les personnes et les peuples de religions différentes. L'Alliance offre une approche novatrice, flexible et dynamique pour répondre à ces nouveaux défis. En peu de temps, elle a gagné le respect et le soutien de la communauté internationale et de nos sociétés. La clé du succès et sa valeur ajoutée résident précisemment dans cette double vocation culturelle et politique alliée à sa capacité à produire des résultats concrets. Comme l'a déclaré le chef du gouvernement lors de la session inaugurale du Forum de l'Alliance des civilisations qui s'est tenu à Madrid en janvier 2008, l'Alliance a pour objectif de « mobiliser les grandes majorités pacifiques » de nos sociétés et « aider à mettre fin à l'utilisation politique de la diversité ». L'Alliance des civilisations représente également un nouveau modèle. Elle s'inscrit dans le cadre du « pouvoir de persuation » par opposition au « pouvoir par la force ».

NOTE DE ✍ Juan Antonio Yañez-Barnuevo

Représentant permanent auprès des Nations Unies à New York

L'adoption de cette résolution par l'Assemblée générale des Nations Unies est une excellente nouvelle. Non seulement parce qu'elle signifie la consolidation de l'Alliance des civilisations en tant qu'initiative des Nations Unies

mais également parce qu'avec elle, le concept de multilatéralisme efficace est renforcé en tant qu'instrument pour affronter une réalité internationale de plus en plus complexe. Il s'agit d'un brillant succès dont nous devons être fiers.

Au-delà des divisions partisanes, nous devons conjuguer nos efforts pour promouvoir l'Alliance des civilisations, et cette initiative montre le meilleur de notre héritage pluriel et divers, appellé à perdurer et à porter ses fruits.

L'Espagne et le Luxembourg unis contre la fraude fiscale  En novembre, l'Espagne a signé avec le ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden, la modification de la convention bilatérale sur la double imposition. Dès 2010, grâce à cette mesure, l'Administration fiscale espagnole disposera de toutes les informations pertinentes pour contrôler efficacement les contribuables espagnols vivant au Luxembourg.

Rencontre avec la secrétaire d'État des États-Unis  Miguel Ángel Moratinos s'est rendu à Washington en décembre pour rencontrer son homologue Hillary Clinton. Au cours de ce voyage, programmé dans le cadre de contacts préalables à la présidence du Conseil de l'UE, ont été abordées des questions telles que l'Afghanistan, le Honduras, la Conférence sur le changement climatique et le développement de l'agenda transatlantique, axe prioritaire de la présidence. Pendant ce séjour, le ministre a rencontré plusieurs hauts fonctionnaires du Département d'État et des autorités américaines.

Campagne pour le 20e anniversaire de la Convention des droits de l'enfant.  Iker Casillas, joueur de football du Real Madrid, a présenté, en compagnie de la vice-présidente María Teresa Fernández de la Vega, la campagne « Je ne peux pas voter mais j'ai une voix » à l'occasion du 20e anniversaire de la Convention des droits de l'enfant, à laquelle tout le monde peut participer sur le site Internet www.tengounavoz.org.


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La Constitution célèbre son 31e anniversaire

Le président du Congrès des députés, José Bono, lors de la cérémonie institutionnelle.

 Le 6 décembre, pour son 31e anniversaire, l'Espagne a réaffirmé la valeur et la vigueur de sa Constitution lors d'une cérémonie au Congrès des députés. Le président du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a rappelé que « le modèle de la Constitution doit servir à retrouver les meilleures valeurs qui nous ont permis de progresser au cours de ces 31 années. Nous avons atteint la paix, la stabilité et le progrès et nous avons rétabli en grande partie la place de l'Espagne dans le monde. En ce jour nous pouvons être satisfaits ».

Rencontre avec le ministre des Affaires étrangères du Bénin  Lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la République du Bénin, Jean-Marie Ehouzou, Miguel Ángel Moratinos a félicité son homologue pour avoir entrepris les démarches législatives qui permettront d'abolir la peine de mort au Bénin. Il s'est par ailleurs déclaré heureux de la présence du président, M. Thomas BONI YAYI, lors de l'inauguration du Colloque international pour l'abolition de la peine capitale qui s'est tenu à Madrid. Le ministre a insisté sur l'engagement de l'Espagne envers cette question et a précisé que « les progrès réalisés par des pays tels que le Togo et le Bénin sont exemplaires pour encourager la suppression de la peine capitale en Afrique ».

Ramón Iribarren, nouveau porte-parole de la maison royale  Ramón María Iribarren sera le nouveau porte-parole de la maison royale. Il succède au diplomate Juan González Cebrián. Né à Pampelune en 1947, il est diplômé de l'École officielle de journalisme de Madrid (1975) et diplômé en sciences politiques de l'université Complutense de Madrid (1972). Il a été directeur de la coordination et des relations internationales de Navantia, entreprise espagnole du secteur de la construction navale militaire.

action extérieure en bref 37

En novembre

Inauguration du Centre international de la presse La première vice-présidente du gouvernement a inauguré le Centre international de la presse qui accueillera les journalistes pendant la présidence espagnole du Conseil de l'UE. Mme Fernández de la Vega mise sur une Europe « qui communique plus et mieux » pour rapprocher les citoyens pendant un semestre qu'elle qualifie d'« historique ». Mme Fernández de la Vega a déclaré que pendant cette période, le gouvernement souhaite accroître les garanties des droits de la propriété intellectuelle à travers un observatoire qui veillera au respect de ces droits sur Internet, question sur laquelle travaille déjà la Commission européenne. Le gouvernement souhaite que ce centre soit une « fenêtre sur le monde », le site Internet de la présidence sera également géré depuis ce centre.

Nouvelle inauguration de la ligne maritime entre Algésiras et Gibraltar  Après une interruption de quarante années, la ligne de transport maritime entre Algésiras et Gibraltar a été rétablie, dans le cadre du Forum de dialogue de Gibraltar. Cette ligne, desservie par le navire espagnol « Punta Europa » avait été suspendue en 1969.

Le prince et la princesse des Asturies inaugurent le nouvel Institut Cervantès de Chicago  Le prince et la princesse des Asturies ont inauguré les nouveaux bâtiments de l'Institut Cervantès de Chicago, dont le siège se trouve rue Ohio, près de la célèbre avenue Michigan. Le nouveau centre ocuppe 2 000 m2 et peut accueillir plus de 1 500 étudiants.

Casa Asia organise à Barcelone un séminaire sur le Viêt Nam  À l'occasion de la visite à Barcelone du président vietnamien, Nguyen Minh Triet, accompagné d'une délégation d'une centaine de grandes entreprises, la Chambre de commerce de Barcelone, la Mairie de Barcelone, Casa Asia et ACC10 ont organisé le séminaire « Viêt Nam : situation actuelle et opportunités d'affaires » pour présenter la situation économique et les opportunités d'affaires de ce pays.

Mª Teresa Fernández de la Vega visite les installations pendant leur inauguration. photo EFE

Enquête Latinobaromètre 2009

M. Rodríguez Zapatero et le roi figurent parmi les quatre dirigeants préférés Début décembre, les résultats du Latinobaromètre, grande enquête réalisée dans 18 pays d'Amérique latine, ont été publiés. Il en ressort notamment que l'image de l'Espagne est positive pour 57 % des personnes interrogées et que le roi et le président Rodríguez Zapatero comptent parmi les quatre dirigeants les plus appréciés.


38 ccoopération

Rencontre à Madrid. La vice-présidente, Mme Fernández de la Vega, a inauguré au Congrès des députés un nouveau Forum des députées africaines et espagnoles dont l'objectif est de faire progresser la place des femmes et leur permettre d'accéder aux organes de décision.

Photo de groupe du Forum des députées espagnoles et africaines au Congrès des députés. photo efe

Rendez-vous des députées africaines à Madrid La célébration de ce Forum réalisait l'un des engagements de la IIIe « Rencontre Espagne Afrique, femmes pour un monde meilleur », qui s'était tenue à Niamey en mai 2008. Lors de ces rencontres, qui ont commencé à Maputo en 2006 et qui, en 2010, année de la présidence espagnole du Conseil de l'UE, se dérouleront à Valence, des dirigeantes espagnoles et africaines ont partagé réflexions et pro-

positions pour fixer un agenda politique commun relatif aux questions de genre et sceller des engagements concrets d'aide aux femmes africaines. María Teresa Fernández de la Vega a encouragé les députées espagnoles et africaines à diriger le changement social « pour que les femmes jouissent de liberté, de droits et d'égalité, sur l'ensemble de notre planète ». « Il n'y

a pas de plus haute expression de la démocratie, a-t-elle affirmé, que de réunir dans une même chambre parlementaire divers pays et différentes positions idéologiques pour affirmer que dans la défense de l'égalité et de la justice, nous ne formons qu'une seule voix, une seule conscience et une seule action ». Mme De la Vega a invité les députées à « chercher le moyen de nous entraider pour élaborer une législation qui développe le programme politique relatif aux questions de genre dans les parlements d'Espagne et d'Afrique, garantissant l'égalité dans l'accès à l'éducation, répondant aux besoins en matière de santé sexuelle des femmes et comblant la brèche de l'inégalité économique qu'ouvre la mondialisation et que cette crise ne fait qu'approfondir ». Parmi les conclusions du Forum des députées, soulignons l'appel lancé à tous les parlements pour qu'ils votent de toute urgence des lois sur l'égalité et contre la violence de genre, suppriment toute loi discriminatoire et créent des cadres législatifs nationaux favorables aux droits des femmes. Les députées présentes ont déclaré que « le programme politique des femmes sera fondé sur le dialogue et les législations relatives au genre deviendront réalité grâce à la volonté des femmes d'imposer des changements législatifs ». « Nous ne doutons pas qu'un modèle économique plus juste sera possible grâce à l'action et à la capacité d'action des femmes », précise le document souscrit à l'issue de la rencontre.

Une aide destinée aux programmes de nutrition infantile

L'Espagne a contribué à hauteur de plus de 300 millions à la lutte contre la faim Alors que le monde commémore la Journée mondiale de l'alimentation, personne ne doit oublier que la faim ne résulte plus d'un manque d'aliments, mais que l'extrême pauvreté est la conséquence de la discrimination et

de la marginalisation. Cette lutte doit donc devenir un objectif quotidien pour la coopération espagnole. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a destiné 305 millions d'euros à la lutte contre la faim en 2009 et, ces

cinq prochaines années, il contribuera à hauteur de 500 millions d'euros au renforcement des programmes de nutrition infantile dans les pays moins développés. De plus, pendant la présidence espagnole du Conseil de l'UE, la coopération espagnole déploiera tous ses efforts pour maintenir l'agriculture et la sécurité alimentaire au centre du débat de l'agenda international et des politiques publiques nationales.


ccoopération 39 Conseil des ministres

La réforme du Fonds d'aide au développement a été approuvée

Miguel Ángel Moratinos salue le personnel du siège de l'AECID à La Havane, lors de son inauguration au mois d'octobre. photo javier hernández

Moratinos inaugure les nouveaux locaux de l'AECID à Cuba  Lors de sa visite officielle à Cuba, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a inauguré les locaux du Bureau technique de coopération de l'AECID, dans le bâtiment de la Bourse du commerce, au cœur de la vieille ville de La Havane. 11 experts cubains et espagnols travaillent dans ces bureaux. En 2009, l'aide officielle au développement entre l'Espagne et Cuba dépassera les 34 millions d'euros. 16 ONGD espagnoles sont présentes à Cuba.

Réseau de centres de formation juridique hispano-arabe  Au siège du Centre d'études juridiques (CEJ), un protocole d'accord de collaboration entre ce centre, l'Ecole judiciaire du Conseil général du pouvoir judiciaire et les Instituts supérieurs de la magistrature du Maroc, de l'Algérie, de la Libye et du Koweït a été signé. Cette signature donne lieu à la constitution d'un réseau de centres de formation hispano-arabe dont l'objectif est d'offrir une plate-forme de collaboration qui permette l'échange d'expériences et de bonnes pratiques. D'autres pays, en particulier ceux qui ont participé au processus de création, comme la Mauritanie, pourront y adhérer.

L'AECID récompensée à Valence pour la musique solidaire  La Fédération des sociétés musicales de la Communauté valencienne a remis à l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement le prix qu'elle décerne chaque année à une institution, pour son engagement dans le domaine musical et culturel. La remise a eu lieu au cours d'un gala célébré à l'« l'Oceanogràfic » de Valence, le 7 novembre. C'est la secrétaire d'État à la Coopération internationale qui a reçu le prix. Elle a exprimé ses remerciements aux musiciens valenciens et souligné les efforts que déploie l'AECID pour le développement de la culture.

Séville a accueilli un Forum international pour le développement  À la fin du mois de novembre, Séville a accueilli le Ier forum international « ART : 4 ans, 10 résultats » présentant le bilan de cette initiative du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) après quatre années de mise en œuvre dans plusieurs pays. L'initiative ART est l'expression d'un nouveau multilatéralisme actif caractérisé par un réseau mondial d'alliances et d'échanges dont le principal objectif est que les divers acteurs du développement travaillent d'une manière plus coordonnée et complémentaire. Les conclusions du forum figureront dans l'Agenda de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne et dans la Plate-forme 2010 de la société civile.

La réforme du Fonds d'aide au développement représente une étape historique parce qu'elle permettra d'ouvrir les possibilités de la coopération espagnole en matière de donations d'État à État, des programmes de microfinancement, des remises de crédits et autres instruments financiers. En dotant la politique de coopération de plus de rigueur et d'efficacité, la réforme supprime tout objectif commercial du Fonds de promotion du développement et garantit une réponse et une attention rapides, en particulier dans les situations de crise humanitaire. La réforme du FAD représente l'accomplissement du programme électoral du gouvernement et répond à une demande de tous les secteurs du développement. Cette réforme est la réalisation d'une aspiration de la coopération espagnole attendue depuis six ans. Le FAD est l'instrument le plus ancien de la coopération espagnole. Il est né voici trente ans avec le double objectif de l'internationalisation de nos entreprises et du développement international. Ces dernières années, l'aide officielle espagnole au développement est passée de 1,700 milliards d'euros en 2003 à 4,760 milliards en 2008.

Angola

Cours sur la construction de la paix Une formation avancée pour les instructeurs en déminage, dispensée par des militaires espagnols et financée par la coopération de notre pays, s'est terminée récemment à Luanda. Plus de 700 kilogrammes d'explosifs ont été détruits pour les travaux pratiques. À la fin de la formation, des équipements de déminage de dernière génération d'une valeur de plus de 115 000 euros ont été offerts.


40 ccoopération

photo aecid/miguel lizana

Entretien. Zoila Carina Argüello a participé à la Rencontre internationale sur la violence de genre, organisée à Madrid par Solidarité internationale. Des représentantes américaines, africaines, asiatiques et espagnoles ont échangé leur expérience et ont proposé des méthodologies pour en finir avec la violence de genre.

Zora Carina Argüello DIRECTRICE NATIONALE POUR LES QUESTIONS DE GENRE DU GOUVERNEMENT DE L'ÉQUATEUR

"Nous devons éviter la revictimisation que peut entraîner une défaillance de l’État” Zoila Carina Argüello coordonne depuis trois ans les politiques de genre au sein du gouvernement équatorien. Un gouvernement qui a misé sur la lutte pour l'égalité entre hommes et femmes en Équateur, où une femme sur quatre est ou a été victime de violence de genre. La carrière de Zoila Carina dans la lutte contre la violence faite aux femmes a commencé dans les tribunaux pénaux, comme avocate spécialisée en violence intra-familiale et délits sexuels ; elle a poursuivi sa carrière au sein du ministère de l'Intégration économique et sociale à travers le soutien aux organisations à participation populaire, puis elle a occupé le poste de directrice nationale pour les questions de genre auprès du ministère du Gouvernement et de la police de l'Équateur.

En septembre 2007, Rafael Correa, président de la République de l'Équateur, a fait de l'éradication de la violence de genre envers les petites filles, les adolescentes et les femmes une politique d'État. Ce moment historique est confirmé par l'adoption du Plan national d'éradication de la violence de genre, qui s'est traduit dans l'action intégrale du gouvernement selon cinq axes fondamentaux : transformation des modèles culturels banalisant la violence ; accès à la justice ; aide intégrale et de qualité aux victimes de la violence de genre ; création d'un registre d'information et renforcement de toutes les institutions de l'État pour faire de cette politique d'avant-garde une politique assumée par les citoyens. — La société équatorienne a-t-elle ressenti le changement ?

— Les personnes prises en charge dans les maisons d'accueil, les commissariats à la femme et à la famille ou dans les centres sanitaires selon les nouveaux protocoles remarquent évidemment le changement. Parce que la prise en charge intégrale dans une maison d'accueil ou l'adéquation d'un commissariat ne signifie pas seulement plus d'espace, mais également le respect des personnes accueillies. Il s'agit de créer des espaces de vie privée pour qu'elles aient toute liberté et qu'elles ressentent que leur parole est respectée. Les citoyens ressentent donc le changement dans ce contexte, mais quand nous parlons de créer un nouveau mode de coexistence selon une approche de genre, nous devons envisager un plus long terme. - Quelle est la répercussion réelle du Plan national d'éradication de la violence de genre ? — Après deux années seulement de mise en œuvre, le Plan équatorien progresse rapidement. Il bénéficie d'une enveloppe particulière dans chaque budget ministériel, de campagnes de sensibilisation, d'une formation spécialisée des fonctionnaires publics et d'une protection des victimes, son efficacité et sa qualité doivent être son image de marque. Nous devons toutefois éviter la revictimisation que peut engendrer une défaillance de l'État et miser sur la décentralisation de cette politique pour qu'elle ne constitue pas exclusivement une politique du gouvernement central. Une politique existe quand elle est bénéficie à chacun des citoyens, dans sa ville, quelles que soient ses particularités. Dans le cas contraire, elle n'aurait pas de raison d'être. L'ONGD Solidarité internationale signale, d'après des données recueillies par l'UNIFEM, que la violence contre les femmes et les petites filles n'est pas une pratique exclusive des pays en voie de développement et qu'elle constitue, de fait, la violation des droits de l'homme la plus courante. On estime que 70 % des femmes du monde entier sont victimes de violence physique ou sexuelle de la part d'un homme au cours de leur vie. ◆ Laura Losada


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Que pensent les citoyens européens de l'aide au développement ?

Visite d'Helen Clark

 Environ 90 % des Européens considèrent le développement comme très important et 72 % sont favorables au maintien, voire à l'expansion des engagements existants d'aide aux pays en voie de développement. Une grande majorité des citoyens européens (61 %) estiment que l'Europe peut contribuer de manière positive au débat sur le développement mondial. Le fait que la crise économique ne soit pas considérée comme un grand danger pour les pays en voie de développement s'avère intéressant.

Aide humanitaire après le passage de l'ouragan Ida au Salvador  L'AECID a contribué, à travers la Protection civile salvadorienne, la CroixRouge espagnole et les ONGD espagnoles, avec près de 150 tonnes d'aliments et 24 tonnes de kits d'hygiène, de cuisine et de vêtements, à soulager les Salvadoriens des conséquences du passage de l'ouragan Ida. Cette aide comprenant le soutien à l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) pour l'achat de médicaments, l'aide psychologique et la restauration des puits, s'est élevée à 300 000 euros.

Éducation pour le développement dans 21 bibliothèques du Paraguay  21 bibliothèques des villes de différents départements du Paraguay ont reçu des lots d'environ deux mille livres chacune, dans le cadre de la livraison de plus de 98 000 volumes réalisée par l'AECID conformément au projet « Livre solidaire 2009. Envoyez un livre au Paraguay » organisé par la Communauté de Madrid. La campagne du Livre solidaire est un projet axé sur l'aide aux bibliothèque des pays d'Amérique latine.

Vers un nouveau journalisme pour le XXIe siècle  Les médias ne sont pas étrangers au développement, et l'opinion des citoyens sur la plupart des questions sociales est fortement influencée par les informations que nous recevons à travers la presse, la radio, la télévision ou Internet. Ce sont donc les journalistes et leur travail quotidien qui nous rapprochent d'une grande partie du monde et de ses problèmes. Dans cette optique, plusieurs institutions ont organisé le Congrès universitaire « Une autre information pour changer le monde ».

Eau et assainissement au Sommet ibéro-américain d'Estoril  Soraya Rodríguez a présenté les résultats d'une initiative lancée par l'Espagne il y a deux ans, lors du Sommet du Chili, dont l'objectif est de rendre effectif le droit de l'homme à l'eau et d'avancer vers la réalisation du 3e point du 7e objectif du Millénaire. La secrétaire d'État a rappelé que 48 % des foyers ruraux d'Amérique latine n'ont pas encore accès à l'eau potable.

Contre la violence de genre  Le ministère de l'Égalité, l'AECID et plusieurs autres institutions ont lancé l'initiative Maltrato Zero (maltraitance zéro) pour lutter contre la violence de genre. Ce mouvement encourage les jeunes à s'unir contre la violence de genre à travers une campagne à laquelle ont participé de nombreuses personnalités publiques juxtaposant leur image à des visages moins connus. L'actrice colombienne Angie Cepeda (photo), le footballeur uruguayen Diego Forlán ou les chanteurs espagnols Chenoa et Dani Martín reprennent quelques-unes des formules de la campagne.

La secrétaire d'État Soraya Rodríguez et la directrice du PNUD lors de la signature de l'accord au palais de Viana. photo efe

Accord EspagnePNUD pour réduire la pauvreté et affronter le changement climatique La secrétaire d'État à la Coopération internationale, Soraya Rodríguez, et la directrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Helen Clark, ont signé à Madrid un programme pluriannuel d'accord d'association stratégique pour un montant de près de 400 millions d'euros. Ce nouvel engagement de l'Espagne sera destiné à des projets du PNUD pour réduire la pauvreté et affronter le changement climatique. Il contribuera également à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et à développer la gouvernance démocratique, la prévention des conflits, le rétablissement et la consolidation de la paix, ainsi que le soutien à la réforme des Nations Unies. Soraya Rodríguez a souligné l'importance du PNUD et l'engagement de l'Espagne envers ses objectifs partagés. Elle a aussi annoncé que « l'impact des projets dans chaque pays et leur efficacité pour la réalisation des objectifs du Millénaire sera mesuré ». Helen Clark a quant à elle déclaré que l'accord signé « montre que l'Espagne n'est pas un donateur quelconque, c'est un pays partenaire dans tous les sens, qui participe activement au débat sur la direction du développement, ce qui constitue pour nous une contribution de très grande valeur ».


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Avec l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, il est plus que probable que Salvador de Madariaga, européiste convaincu, espagnol « jusqu’au tréfonds de l’être », se serait senti extrêmement fier et cela, pour deux raisons. En premier lieu, pour la satisfaction de voir le projet toujours inachevé de la construction européenne, incarné dans l'Union européenne, entreprendre finalement après une parenthèse houleuse l'une des réformes institutionnelles les plus ambitieuses de toute son histoire. Ensuite pour la fierté familiale de savoir que l'un de ses neveux, Javier Solana Madariaga, internationaliste absolu et infatigable voyageur, fut de par sa position de Haut représentant de l'UE, l'un de ses principaux artisans à travers la promotion des idéaux européens dans le monde. DIPLOMATES ÉCRIVAINS (1re partie)

José Carlos Pacheco

L'universalité quichottesque de Salvador de Madariaga La tentative de dresser, en moins de mille mots, le portrait d'une personnalité aussi riche et complexe que celle de Salvador de Madariaga est une tâche qui semble pour le moins chimérique. Membre éminent de la « troisième Espagne », fruit du conflit tragique qui déchira notre pays dans années 1930, Salvador de Madariaga fut avant tout un enfant de son époque, fidèle représentant de l'une des générations intellectuelles et politiques les plus remarquables que ce pays ait données au monde. Cette génération qui, reprenant à son compte les aspirations d'européanisation de la génération de 98, connut une continuation avec la génération de 1914 incarnée, entre autres, par José Ortega y Gasset. Il n'est donc pas étonnant que l'œuvre vaste et variée de l'illustre Galicien soit traversée par le thème du caractère national, comme dans « Semblanzas literarias contem-

poráneas » (1923), ou « De Ingleses, franceses, españoles » (1929) (Anglais, Français, Espagnols). Cet intérêt authentique de Salvador de Madariaga pour l'étude des psychologies collectives se conjuguait toutefois avec des dons exceptionnels de poète, d'orateur, de dramaturge et d'essayiste, de journaliste et d'historien, de romancier et de philosophe. Albert Camus déclara, à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de ce penseur lucide, opposant tenace à toute forme de dictature, citant la note que Tourguéniev écrivit à Tolstoï sur son lit de mort : « Je suis heureux d'avoir été votre contemporain ». Professeur, ambassadeur et ministre. N'oublions pas qu'il fut aussi professeur, ambassadeur et ministre. Grâce à sa connaissance des langues, il fut chef du Département des affaires de désarme-

ment de la Société des Nations (SDN), fonction qu'il exerça jusqu'en 1927, année où il occupa la chaire Alphonse XIII des études hispaniques de l'université d'Oxford. À l'avènement de la IIe République, il fut nommé ambassadeur d'Espagne à Washington où il ne resta que sept semaines. En 1932, il fut nommé ambassadeur à Paris et délégué auprès de la SDN. Deux années plus tard, de retour en Espagne, il obtint successivement les portefeuilles de l'Instruction publique et de la Justice. À l'issue de la Guerre civile, en butte à l'hostilité et à l'incompréhension des uns et des autres, il prit le chemin de l'exil, de Genève à Londres. Dans la capitale britannique, durant la IIe Guerre mondiale, Salvador de Madariaga consacra tous ses efforts à la défense de la cause des alliés et au rétablissement de la démocratie en Espagne. Pour atteindre cet objectif, il intervint durant des années dans un programme hebdomadaire de la BBC qui lui permit de lutter infatigablement pour entretenir l'image d'une Espagne civilisée, humanitaire et démocratique. Dans le même but, il contribua à l'organisation du IVe Congrès du Mouvement européen, réuni à Munich en juin 1962, qui permit la rencontre des représentants de l'opposition démocratique anti-franquiste vivant en Espagne ou en exil, préfigurant le modèle de transition négociée qui fut réalisée en Espagne après la mort de Franco. Récompensé par les prix Charlemagne (1973) et Goethe (1972), Salvador de Madariaga avait été candidat au Prix Nobel de la Paix en 1937 et 1952, et pro-


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Photographie principale, portrait de Salvador de Madariaga en 1935. Photographies de droite, de haut en bas. Salvador de Madariaga aux côtés du président de la République espagnole, Niceto Alcalá-Zamora lors d'une cérémonie publique à Madrid, dans les années 30. Le diplomate à son arrivée à Madrid de retour d'exil, en avril 1976. Salvador de Madariaga, lors de sa réception à l'Académie royale le 2 mai 1976, aux côtés de Dámaso Alonso et José María Pemán. photos efe

posé pour le Prix Nobel de Littérature en 1975. Il était docteur honoris causa des universités d'Arequipa, Lima, Liège, Lille, Oxford et Princeton et avait reçu la médaille d'or de l'université de Yale. Il était aussi membre de prestigieuses académies nationales et internationales. Pour l'anecdote, à l'occasion de son discours de réception à la l'Académie royale, intitulé « De la belleza a la ciencia » (de la beauté à la science), le 3 mai 1976, quarante ans après son élection, Salvador de Madariaga avoua franchement « évidemment, j'ai été tenté de commencer ce discours par un retentissant : Comme nous le disions hier... Mais j'y ai renoncé, je ne pouvais que renoncer parce que les personnes qui auraient pu compléter ce "Nous disions" ne sont plus là. » L'un des moments les plus émouvants de cette cérémonie fut

l'accolade de Salvador de Madariaga et de Claudio Sánchez Albornoz, autre illustre exilé espagnol. Né à La Corogne en 1886, la mort le surprit dans la ville suisse de Locarno le 14 décembre 1978, où l'écrivain accompagné de son épouse, l'inoubliable Mimi, a passé les dernières années de sa vie. La nouvelle de sa mort fut d'abord annoncée, selon la volonté expresse de sa veuve, au roi Juan Carlos qui exprima son chagrin et celui de la reine Sophie, en déclarant : « Perte irréparable pour la culture espagnole et universelle. Son intelligence et son œuvre littéraire exceptionnelle ont matérialisé son amour de l'Espagne et ont dirigé toute sa vie ». Pour reprendre les mots de Cervantès. Pour justifier le titre de cette esquisse de biographie consacrée à Salvador

de Madariaga et rendre hommage à sa personne, je ne peux que terminer comme il le fit lui-même, en reprenant les mots de Cervantès dans son magistral « Guía del lector del Quijote » (guide du lecteur de Don Quichotte) (1926), traduisant la passion de la vérité et de la liberté qui inspira la vie et l'œuvre de cet Espagnol universel que fut toujours Salvador de Madariaga. « La liberté », dit don Quichotte à Sancho, « est un des dons les plus précieux que le ciel ait faits aux hommes. Rien ne l'égale, ni les trésors que la terre enferme en son sein, ni ceux que la mer recèle en ses abîmes. Pour la liberté, aussi bien que pour l'honneur, on peut et l'on doit aventurer la vie » . « Don Quijote », conclut Salvador de Madariaga, « illustre Espagnol, grand européen ».


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« Au service de la République » : c'est sous ce titre que se sont déroulées le 2 décembre dernier les Journées d'hommage aux membres du Service extérieur de la IIe République. L'Institut Cervantès a accueilli ces journées au cours desquelles plusieurs conférenciers ont présenté de façon détaillée la situation de la diplomatie du gouvernement républicain pendant la Guerre civile. Une cérémonie institutionnelle au palais de Santa Cruz, avec l'inauguration d'une plaque commémorative et des portraits des ministres d'État de la IIe République, a couronné cet hommage à l'un des épisodes les moins connus de cette période de l'histoire de notre pays. Javier Hernández

Hommage au Service extérieur de la IIe République Dès le début de la Guerre civile, le 18 juillet 1936, et jusqu'à la fin du conflit, le gouvernement de la IIe République dut affronter une situation qui lui était entièrement défavorable. Dépourvu de soutien en dehors de nos frontières, malgré le consensus international de non-intervention, Franco reçut en réalité l'aide politique et logistique de plusieurs États, au détriment du gouvernement républicain légitime. En raison de la propagande efficace des

acteurs internationaux favorables à Franco, ainsi que de la crainte qu'une aide ouverte à la IIe République espagnole ne contribue à la résurgence d'anciennes tensions en Europe, de nombreux États commencèrent à appliquer une double politique. Les relations diplomatiques de la plupart des pays avec le camp franquiste se développèrent peu à peu, ce qui mit le gouvernement républicain et son service diplomatique dans une délicate

situation d'isolement. Malgré cette stratégie, la IIe Guerre mondiale éclata peu après la fin de la Guerre civile espagnole et le monde sombra à nouveau dans le violent et terrible chaos d'un conflit belliqueux à l'échelle mondiale. Paradoxalement, ce sont les deux puissances qui avaient le plus soutenu l'armée franquiste qui furent responsables du déclenchement de la IIe Guerre mondiale. Le travail des diplomates du Service extérieur. Le soutien international massif à Franco contribua à déstabiliser l'évolution militaire de la Guerre civile en Espagne. Il impliqua en outre des difficultés accrues pour les diplomates loyaux au gouvernement républicain, aux forces déjà décimées : 90 % de leurs effectifs avaient abandonné leurs postes au début du conflit. Pendant les trois années que dura l'affrontement, les membres du Service extérieur durent lutter contre leurs


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culture et société 45 Portraits des sept ministres d'État de la IIe République enfin rétablis dans la galerie du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, au palais de Santa Cruz. Plaque commémorative dévoilée lors de l'hommage et accueil d'une parente de l'une des personnes auxquelles il était rendu hommage par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération. PHOTO jorge fernández

propres restructurations internes et l'hostilité croissante et ouverte des autres pays envers le gouvernement légitime. Les relations diplomatiques avec les plus importantes puissances internationales comme Londres, Washington ou Paris, s'avérèrent particulièrement compliquées. L'écrivain Francisco Ayala relate dans ses mémoires les problèmes qu'il rencontra lors de sa mission diplomatique à l'ambassade d'Espagne à Prague, en 1937. Son témoignage constitue un excellent exemple de la tâche difficile que les membres du Service extérieur durent réaliser pour défendre les intérêts de la République. Francisco Ayala, décédé le 3 novembre dernier, était le dernier survivant et peut-être l'un des plus connus de ce groupe de quatre cents hommes qui travaillèrent hors de nos frontières au service du gouvernement républicain, pendant les dures années de la Guerre civile. Les principes qui incitèrent les membres du Service extérieur à rester fidèles à leur gouvernement légitime animent encore aujourd'hui tout fonctionnaire public : la fidélité à la légalité constitutionnelle et sa défense face à toute tentative de lui porter atteinte ou de la détruire. Les journées organisées par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération ont été, selon Miguel Angel Moratinos

dans son discours de clôture du sémi- leurs fonctions, sont rétablis dans leur naire qui s'est tenu à l'Institut Cervan- honneur et leur dignité. Cette initiatès de Madrid, une façon d'exprimer tive est liée à la Loi sur la mémoire notre « respect envers l'exemple don- historique adoptée par le Parlement né et notre gratitude pour avoir pour- en 2007, par laquelle était proclamé, suivi la défense de l'État de droit et de de manière générale, le caractère injuste et illégitime de toutes les mela légalité constitutionnelle ». Le ministère des Affaires étrangè- sures, sanctions, condamnations et res et de la coopération a souhaité, à autres peines décrétés pour raisons travers ces Journées d'hommage, res- politiques ou idéologiques pendant la tituer la mémoire de ces diplomates Guerre civile et les années qui suivirent jusqu'à la restauration et réhabiliter tous les memde la démocratie. bres du Service extérieur Depuis le 2 décembre, qui, pendant la Guerre civile Francisco Ayala au siège historique du miespagnole, restèrent fidèles était le dernier nistère d'État, actuelleau gouvernement légitime survivant du ment ministère des Affaires de l'Espagne et qui, une fois groupe de étrangères et de la coopéla guerre terminée, furent quatre cents ration, une plaque commél'objet de sanctions et de re- hommes qui morative rappelle tous les présailles de la part de la dic- travaillèrent membres du Service extature franquiste victorieuse. en dehors de térieur du gouvernement L'exil fut le destin final de la nos frontières républicain : « En hommage plupart de ces hommes qui au service du aux membres du Service exne revinrent jamais en Es- gouvernement térieur qui restèrent fidèles pagne. Seuls quelques-uns républicain à la légalité constitutionnelpurent rentrer dans leur pays pendant la le et à l'État de droit ». La après la mort du dictateur, en Guerre civile galerie du ministère où fi1975. Le 2 décembre dernier, le ministre gurent tous les portraits des ministres des Affaires étrangères et de la coopé- qui ont dirigé ce département a égaleration a également signé et promulgué ment été enfin complétée par les sept un arrêté ministériel par lequel tous ministres d'État de la IIe République. les employés du Service extérieur Un point final à l'hommage sincère et de la IIe République qui furent sanc- nécessaire aux fonctionnaires publics tionnés, marginalisés par la dictature qui ne firent que servir et défendre et perdirent leurs responsabilités et leur pays.


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un produit lié à la publicité Depuis les concours d'affiches du XIXe siècle auxquels ont participé des artistes de l'envergure de Miguel Utrillo ou Julio Tubilla, le cava a toujours utilisé la publicité pour faire connaître ses qualités, ou l'architecture avec la conception de caves par Gaudí ou Domènech i Montaner. L'apparition de la télévision a créé un cadre idéal pour sa promotion. Aujourd'hui, les principales marques se concentrent sur la promotion de leurs extraordinaires productions publicitaires auxquelles ont participé certains des acteurs les plus connus du cinéma international. Ces spots, dont la sortie sur le petit écran constitue un véritable événement social, sont des joyaux qui ont engrangé d'importantes récompenses dans les plus grands festivals publicitaires, où les créatifs espagnols jouissent d'un prestige mérité.

Sant Sadurní d'Anoia est considérée comme la capitale de la région du cava, un produit qui s'étend au-delà de la Catalogne jusqu'aux provinces de Valence, La Rioja, Saragosse, Álava, la Navarre et même Badajoz. Ce sont au total 32 000 hectares répartis sur 159 communes qui sont consacrés à l'élaboration d'un cru qui dispose de sa propre appellation d'origine, contrôlée depuis 1972 par le Conseil régulateur du cava, organisme de protection qui veille sur la qualité et le caractère de ce produit, à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières. Le cava est un vin à la personnalité forte. Concurrent direct du champagne français, dont il partageait les méthodes de fabrication à ses débuts, le mousseux espagnol a très vite trouvé ses propres marques d'identité, grâce essentiellement aux trois variétés autochtones de raisins blancs utilisées pour sa production : macabeo, xarel-lo et parellada ; alors que les cépages du champagne sont, dans leur grande majorité, des raisins rouges à jus blanc.


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La tradition le rattache aux fêtes, mais le cava est avant tout un excellent vin mousseux qui accompagne parfaitement tout repas. Ce produit 100 % espagnol concentre plus de quatrevingt-dix pour cent de sa production en Catalogne, principalement dans la province du Penedès. Ce terroir exceptionnel, situé à 40 kilomètres à peine de Barcelone, détient grâce à ses conditions géographiques et son doux climat méditerranéen le secret de la production d'un vin unique. Javier Hernández

Le cava, un vin espagnol à fêter Histoire. Pour comprendre le cava, il moins fructueuses, en 1879, Joseph nous faut remonter au XVIIe siècle. À Raventós décide de lancer sa première cette époque, les Français commencè- production : quelques 70 caisses se rent à élaborer les premiers vins mous- vendirent dans la capitale catalane. seux, dans le sillage des premiers esL'incertitude des débuts laisse peu sais menés par dom Pérignon dans son à peu la place aux premiers signes de monastère bénédictin en 1670. Plus viabilité pour une entreprise en laqueltard, grâce aux recherches de Louis le rares étaient ceux qui manifestaient Pasteur et à l'usage des bouchons de alors leur confiance. Les procédés sont liège, la seconde fermentation et l'éle- améliorés. Les techniques employées vage purent se faire dans la bouteille en Champagne sont soigneusement même que le consommateur final dé- étudiées et les producteurs adoptent bouchera, ce qui permet d'obtenir les des mesures innovantes comme la bulles de façon naturelle. construction de caves de vieillissement Sant Sadurní d'Anoia, malgré sa souterraines pour le vin. La transfortradition viticole, consacrait alors ses mation socio-économique de la proressources à la culture des céréales vince est déjà une réalité. Barcelone afin d'approvisionner la ville voisine de constitue une source de demande pour Barcelone. Vers le milieu du XIXe siè- le vin mousseux et la technique se percle et au vu de l'accueil réservé aux vins fectionne d'année en année... jusqu'à mousseux en France, l'aristol'épidémie de phylloxéra. cratie et la bourgeoisie locale Le parasite qui ravageait commencèrent à rechercher En 2008, plus les vignes françaises attaque de nouvelles techniques afin de 200 millions la Catalogne en 1887 et déd'élaborer des vins similaires de bouteilles truit, en cinq ans, 90 % des à partir des cépages régio- de cava ont été vignes. La culture de la vigne naux. Après quelques années exportées dans qui avait connu un grand esd'expérimentations plus ou le monde. sor se voit subitement fau-

chée par l'épidémie. Tandis que beaucoup abandonnent ce secteur, l'esprit d'innovation de la bourgeoisie locale pousse quelques producteurs à faire face à la maladie jusqu'à ce que, après de nombreuses recherches, ils décident de greffer un cépage américain. Cette action permettra de sauver le vignoble et de retrouver les chiffres de production des années antérieures. Jusqu'au milieu du siècle dernier, le cava s'est consolidé en Espagne et, au cours de ces cinquante dernières années, a entrepris son expansion internationale qui se poursuit aujourd'hui. 200 millions de bouteilles ont ainsi été exportées en 2008, signe d'un marché en progression constante et dont l'avenir s'avère prometteur pour notre puissant secteur agroalimentaire.

Une élaboration soignée. Un bouchon de liège présentant quatre pointes à la base, le bruit sec du débouchage, une mousse abondante lorsque le liquide est versé dans la flûte et des centaines de filets de petites bulles qui montent


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production selon les types de cava Chiffres 2008 Brut 48 %

Extra Brut 48 % Sec 10 %

Demi-sec 29 %

principaux pays importateurs

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A 51 llem 41 a 9 gn 07 e Ro 7 30 yau m 54 e8 Un 30 i 9 Ét 14 at 47 s-U 7 ni 89 s Be lg iq 6 ue 9 91 et L 3 ux 28 . 4

Chiffres 2008 en nombre de bouteilles

évolution des exportations Chiffres en nombre de bouteilles

en un mouvement rapide et continu : voilà les signes qui permettent de reconnaître facilement un cava de bonne qualité. Pour les experts, d'autres facteurs entrent également en jeu, tels les cépages, l'ajout de sucre ou la durée d'élevage. Pour élaborer le cava, outre les trois variétés dominantes de raisin blanc, il est possible d'utiliser des cépages de Chardonnay ou de Malvoisie ; et bien que moins habituel, également le raisin rouge de type grenache rouge, monastrell ou pinot noir. La variété Trepat est quant à elle uniquement réservée aux cavas rosés, au volume de production plus faible. La durée d'élevage servira à déterminer si un vin mousseux peut être considéré « Reserva » ou « Gran reserva ». Dans le cas du cava, on considère que la durée d'élevage correspond au temps qui s'écoule depuis la première mise en bouteille du vin (tirage) jusqu'à l'ouverture suivante en vue d'éliminer le sédiment déposé par les levures (dégorgement). Durant cette période, le vin repose dans des caves, en position horizontale, jusqu'à ce que les bouteilles soient placées en position « sur pointe » (tête en bas) afin d'amener le dépôt dans le goulot (remuage). Pour les cavas, la durée minimum d'élevage est de neuf mois : une autre différence avec le champagne qui requiert un temps plus long de maturation, dépassant les quatre années. À partir de 15 mois d'élevage, le cava peut être considéré « Reserva » et au-delà de 30 mois, il passe à la catégorie « Gran reserva ». Il existe également différents types de cava selon la teneur en sucre. La variété « Brut nature » contient entre 0 et 3 grammes de sucre ajouté par litre. Selon

sa teneur en sucre, le vin peut être qualifié (par ordre croissant) de : Extra brut, Brut, Extra sec, Sec, Demi-sec et Doux, avec plus de 50 grammes. Si la culture populaire tend à associer ces vins au dessert, les vins mousseux peuvent dignement accompagner tous les plats, de l'apéritif aux viandes, poissons ou fruits de mer. La dégustation du cava doit toutefois se faire dans un récipient prévu à cet effet : une flûte, haute et étroite. Ce type de verre permet de retenir les bulles et de distinguer parfaitement leur chapelet ascendant ainsi que la couronne de mousse qu'elles forment. La température du vin doit être maintenue entre cinq et sept degrés et la bouteille ne doit jamais être mise au congélateur, sous peine de perdre sa saveur et son arôme particuliers. De par ses caractéristiques particulières et ses qualités organoleptiques (texture, robe, saveur et bouquet), le cava est un vin très soigné, tant dans son élaboration que par les organismes qui protègent et réglementent tout son processus de fabrication. Ce vin est l'héritage de la persévérance des innovateurs du passé qui ont créé de véritables dynasties comme Codorniú, Freixenet, Raventos i Blanc, Gramona, Mestres... Un cadeau pour tous les sens, né de notre terre, et qu'il est de notre obligation de faire connaître et de protéger. Les bons résultats en termes de production et de ventes, tant dans notre pays qu'à l'étranger, sont la garantie de son avenir. Une perspective qui lui permet aujourd'hui de se hisser au niveau des meilleurs champagnes français. Il s'agit là d'un véritable défi à relever, avec la certitude d'offrir au monde un produit d'une indiscutable qualité et à la saveur cent pour cent espagnole.

A 47 nné 57 e 19 0 88 27 An 9 49 né 96 e 1 6 993 52 An 9 98 né 64 e 19 3 98 7 An 77 11 né 6 83 e 20 2 0 28 3 8 An 13 né 8 e 92 20 0 08 16 9

Le cava gagne du terrain sur le champagne Malgré le contexte de crise économique, le secteur se veut relativement optimiste quant aux prévisions pour les fêtes de Noël, principale période de vente de cava. Il reste évident que l'expansion internationale garde en ligne de mire le champagne, avec des chiffres de ventes très proches, mais qui enregistre des tendances différentes. En 2008, les exportations de cava ont augmenté de 9,6 % tandis que celles du champagne français ont reculé de 6,4 %. Ces chiffres confirment que la qualité des deux vins est similaire mais que l'éventail plus large des prix du cava permet un meilleur accueil de la part du consommateur.


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La promotion du cava sur les marchés internationaux Joan Amat

PRÉSIDENT DE L'INSTITUT DEL CAVA

L'Institut du Cava, organisation patronale des entreprises productrices de cava, naît en 1991 de l'institutionnalisation du secteur après la délimitation de la région du cava en 1986 et la reconnaissance officielle du cava comme « vin mousseux de qualité produit dans des régions déterminées » (VMQPRD), accordée en 1989 par le Conseil des ministres de la CEE. La tradition des coopératives du secteur du cava remonte pourtant à plus de 60 ans, avec son prédécesseur, l'UCEVE (Unión de criadores y elaboradores de vinos espumosos). Le cava n'a commencé à être réellement présent sur le marché international qu'à partir des années 70. Le cava s'exporte désormais vers plus de 120 pays, rendant ainsi indiscutable sa dimension et sa vocation internationale. L'un des principaux objectifs de notre organisme est de contribuer au développement de l'industrie du cava en promouvant son image, sa tradition et son prestige. Il s'agit là précisément du cadre qui définit l'un des grands axes de notre politique : la promotion du cava tant au niveau national qu'international.

En matière de promotion internationale, l'Institut du Cava a fixé deux domaines d'action. D'une part, nous concentrons nos efforts sur la consolidation et le développement des marchés considérés comme « forts » pour le cava. Dans cette optique, nous avons mis en place des campagnes de communication en Allemagne – le marché le plus important avec 37 % du total des exportations – et au RoyaumeUni, deuxième marché le plus important. Nous avons aussi prévu des campagnes pour 2010 en Belgique, pays dans lequel le marché connaît actuellement un grand boom avec une hausse de 59 % des ventes en 2008 par rapport à l'année dernière et qui a devancé le Japon à la quatrième place des marchés les plus importants. Nous mettons aussi en œuvre des actions en Suisse, en Norvège et en Suède, tout en visant parallèlement certains marchés émergents comme la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. En dehors du continent européen, nous avons commencé à nous faire connaître au Brésil et nous avons prévu des actions concrètes aux États-Unis et au Japon.

Aujourd'hui, le cava s'exporte vers plus de 120 pays, rendant ainsi indiscutable sa dimension et sa vocation internationale.

Les actions que nous menons sont très diverses, en fonction de la réalité du marché et des objectifs fixés, qu'ils soient de promotion et de communication ou de commercialisation, voire les deux à la fois. Nous mettons ainsi en place des actions en direction de différents publics : médias, professionnels du secteur ou consommateurs, à travers des présentations, dégustations, mariages entre le cava et la haute gastronomie, promotions directes, etc. Nous attachons également une grande importance à la formation des futurs professionnels. Nous programmons ainsi des cours thématiques sur le cava dans des écoles hôtelières suisses et suédoises et, prochainement, en Belgique. Pour finir, le rayonnement international dont jouit le cava permet à notre association de continuer, jour après jour, à nous fixer de nouveaux défis dans le but d'aider nos entreprises à s'implanter sur de nouveaux marchés et à promouvoir et dynamiser l'image du cava sur les cinq continents.


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Deux aspects fondamentaux définissent l'intérêt de ce petit village niché au cœur de superbes paysages naturels hauts en couleurs et qui vit à l'ombre de deux monastères classés au Patrimoine de l'humanité de l'UNESCO depuis décembre 1997 car, à l'importance historique et artistique des bâtiments monastiques, se joint son statut de berceau de la langue castillane.

Vue panoramique du monastère de Yuso, dans le village de San Millán de la Cogolla (La Rioja).

José Carlos Pacheco

San Millán de la Cogolla : voyage à la source du castillan Enclave stratégique de la luxuriante un véritable carrefour des chemins et vallée de la rivière Cárdenas, le village des cultures. de San Millán de la Cogolla – qui doit Tout a commencé, nous dit-on, son nom au saint homonyme – hé- lorsque qu'un berger nommé Émilien berge l'un des ensembles artistiques ou Millán, décida, vers le VIe siècle, de les plus remarquables de la tradition se retirer dans une grotte et d'adopmonastique de notre pays. Ce fut ter la vie d'ermite. Un ermitage fut précisément l'immense importance construit au Xe siècle, qui donna par culturelle et religieuse de la com- la suite naissance au monastère de munauté monacale qui s'était établie Suso (en vieux castillan, suso signifie dans ces paisibles parages qui contri- « en haut ») et, quelques années plus tard, en 1053, à celui de Yuso bua, depuis le Moyen Âge, à (yuso signifiant « en bas ») faire de ce village un point qui constitua le cœur autour de rencontre incontournable duquel le petit village se dédes pèlerins sur le chemin L'ensemble veloppa. Actuellement, San de Saint-Jacques-de-Com- architectural Millán est une petite bourpostelle. Tout ceci, ajouté à a été classé au gade qui compte trois cents la tradition d'hospitalité des Patrimoine de habitants et dont l'activité habitants du lieu, a contri- l'humanité en principale reste l'élevage. bué à faire de cette région 1997.

Mais surtout, cette commune de La Rioja est célèbre pour être le berceau de la langue castillane. C'est là que furent rassemblés, dans ses centres monastiques, les premiers textes de cette langue : les Glosas Emilianenses qui recueillent les tout premiers mots de notre langue. Ici aussi, concrètement au monastère de Suso, que vécut et étudia Gonzalo de Berceo, auteur et poète médiéval dont les poèmes furent les premiers rédigés en castillan et contribuèrent à élever cette langue au rang de langue littéraire. Patrimoine de l'humanité. L'ensemble architectural, fidèle reflet de la très riche tradition culturelle du monastère qui se poursuit à ce jour, justifie plei-


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nement son classement au Patrimoine ment rocheux, conjugue à la fois le de l'humanité par l'UNESCO en 1997. style mozarabe et le style roman du Le monastère, qui s'insère parfaite- XIe siècle. Il convient ainsi d'admirer ment dans les bois et montagnes alen- les sept sarcophages des infants de tour, fait partie de la « Route des mo- Lara et de leur précepteur, ainsi que nastères » qui traverse tout le centre celui des trois reines de Navarre. Dede la Rioja verte. Les deux bâtiments puis le portique on accède à l'église qui composent le monastère propre- au fond de laquelle on aperçoit les cément dit sont, respectivement, San lèbres grottes et surtout, le couvercle de pierre taillée du sépulMillán de Suso et San Millán cre de saint Millán, œuvre de Yuso. de style roman datant du Accroché au flanc de la C'est à San XIIe siècle et représentant montagne, le monastère de Millán de la le saint gisant. Suso permet de contempler Cogolla qu'ont Pour descendre au mola grotte qui servit de loge- été rassemblés nastère de Yuso, rien n'est ment érémitique et de lieu les premiers plus agréable qu'une prode retraite au groupe d'ascè- textes de ce menade à pied afin de protes initiés par saint Millán. qui conforme Cette œuvre à l'architecture aujourd'hui notre fiter de la vue incomparable que nous offre la vallée singulière, avec son étage- langue.

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la fondation. La Fondation San Millán de la Cogolla, constituée le 8 octobre 1998 lors d'une cérémonie présidée par le prince des Asturies, a comme fonction de promouvoir la protection et la sauvegarde du patrimoine naturel et artistique de San Millán et des alentours. Tout aussi important est l'engagement de la Fondation pour l'étude et la protection de la langue, à travers le Centre international de recherche sur la langue espagnole. Elle est également rattachée à l'Institut Cervantès afin de promouvoir la diffusion de l'espagnol.


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Détail architectural du monastère de Yuso.

visite obligée sur le chemin de compostelle. Visite obligée sur le chemin de Compostelle. Depuis les origines du chemin, lorsque la tombe de l'apôtre fut découverte au IXe siècle, l'importance géographique de La Rioja a résidé dans son caractère stratégique de point de rencontre des pèlerins à la confluence du chemin français, du chemin des Pyrénées passant par la Navarre et l'Aragon, et de la route jacobéenne de l'Èbre qui suit la voie romaine entre Tarragone et Astorga.

Père Juan Ángel Nieto prieur du monastère de san millán de la cogolla

Le monastère de Yuso et sa restauration

Cárdenas (et la rivière du de spacieuses chambres même nom), avec ses bois La bibliothèque disposant de balcons d'où de chênes et la sensation de abrite des l'on peut contempler des paix qui se respire tout au parchemins et paysages de rêve, et l'Hoslong du trajet jusqu'à l'en- des incunables pedería La Calera, ancien trée du monastère de Yuso. d'une valeur parador de San Lorenzo, Celui-ci fit l'objet d'un im- inestimable, aux chambres rustiques portant remaniement entre ainsi qu'une mais élégantes. les XVIe et XVIIIe siècles et reproduction Les amateurs de tourisl'on y observera le remar- des Glosas me rural peuvent préférer quable salon des rois, orné Emilianenses. le village voisin de Berceo des portraits des souverains, où ils pourront se loger dans le réfectoire en bois de noyer et en- l'un des gîtes. Tous sont bien situés et fin, les cloîtres des chanoines et de proposent trois chambres et une salle saint Millán. La bibliothèque abrite de bain. des parchemins et des incunables Pour ce qui est des plaisirs de la d'une valeur inestimable ainsi qu'une table, on trouvera deux restaurants reproduction des Glosas Emilanenses où savourer la cuisine typique de dont l'exemplaire original est conser- cette zone de La Rioja. L'un d'envé à l'Académie royale d'Histoire à tre eux est une accueillante auberge Madrid. L'église, de style gothique, aménagée dans une maison en pierre offre quant à elle au visiteur une col- du XVIIe siècle et ses spécialités vont lection de peintures de Juan Rizzi, des pommes de terre au chorizo, aux fortement influencé par le Greco et, caparrones pintos (plat de haricots dans la sacristie, on trouvera les re- rouges), en passant par les poivrons liquaires en argent de saint Millán et de la vallée, la morue a la riojana, les poireaux vinaigrette et les truffes fride saint Félix de Bilibio. tes accompagnées de jambon. L'autre Savourer l'hospitalité et la gastro- établissement propose également ses nomie locales. Il convient de signa- caparrones coloraos, les traditionneller l'auberge du monastère de San les pommes de terre au chorizo et un Millán, reconvertie en hôtel offrant grand choix de plateaux de tapas.

Le XIXe siècle fut désastreux dans l'histoire de l'Espagne, pour l'Église et, surtout, pour les familles religieuses. La France introduisit son régime politique, ses idéaux républicains et l'esprit anticlérical de la Révolution. Les décrets du roi français, Joseph Bonaparte, qui supprimaient les ordres religieux, aboutirent aux lois de désamortisation de Mendizábal qui sonnèrent le glas de la plupart des communautés religieuses, obligées à céder leurs couvents et tous leurs biens au profit de l'État et géné-

ralement abandonnées ensuite à leur sort. Dans les monastères de Suso et de Yuso, les confréries bénédictines qui vivaient là de façon pacifique depuis plus de huit cents ans subirent le même traitement. Ces mesures de spoliation se révélèrent très vite inutiles et l'abandon de monastères à grande valeur culturelle et artistique fut un désastre historique. Lorsque les événements reprirent un cours plus tranquille, on essaya de redonner vie à certains des

couvents abandonnés. Avec l'arrivée des premiers Augustins récollets à San Millán le 25 mai 1878, la première étape de la préservation de ce riche héritage fut franchie. Depuis ces débuts en 1878 et jusqu'à nos jours, 130 années chargées d'histoire se sont écoulées. Grâce aux communautés qui ont successivement habité le monastère, ce legs a pu être conservé et renouvelé au fil des années et, de par son importance historique et sa richesse, finalement inscrit au Patrimoine de l'humanité.


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CiLengua : un Centre pour la langue Almudena Martínez

coordinatrice générale de la fondation san millán de la cogolla

Les instances institutionnelles, politiques et culturelles insistent, chaque fois plus fréquemment, sur l'importance et le poids économique de l'espagnol et de la culture en espagnol. La langue espagnole et tout ce qui y a trait sont aujourd'hui des valeurs à la hausse. Notre langue est en train d'acquérir un rôle prépondérant à l'échelle internationale. Elle est non seulement un vecteur de communication pour plus de 400 millions de personnes dans le monde, mais la demande d'enseignement atteint elle aussi des chiffres inespérés il y a de cela quelques années. C'est pourquoi toute activité ayant trait à l'étude, à la diffusion et à la conservation de ce patrimoine commun revêt actuellement un intérêt tout particulier et une immense importance. La région de la Rioja, tant par son rôle historique fondamental dans la formation initiale de l'espagnol que par sa position actuelle de référence symbolique pour cette langue, se sent particulièrement concernée par son étude et sa promotion. Afin de contribuer à cet objectif et pour poursuivre une tâche historiquement initiée avec le scriptorium emilianense et qui, depuis 1998, est à la charge de la Fondation San Millán de la Cogolla, celle-ci a donc créé le Centre international de recherche sur la langue espagnole (CiLengua). Ce centre vise à consolider le conglomérat culturel de la Fonda-

tion constituée pour conserver et gérer l'ensemble Emilianense et tout ce qui le concerne culturellement, à partir de l'inscription des monastères de Suso et de Yuso au Patrimoine de l'humanité. La fondation, qui mène de multiples activités dans le domaine du patrimoine culturel de La Rioja, s'est ainsi dotée d'un centre de recherche et de développement afin d'officialiser l'étude de l'un des patrimoines culturels les plus anciens et les plus représentatifs de la péninsule Ibérique. L'objectif et les activités du Centre visent à maintenir San Millán en tant que référence dans le domaine des études et des activités philologiques. Ces activités sont les suivantes : a) la recherche dans le cadre des études philologiques et historiques, en particulier tout ce qui concerne l'histoire des textes, du livre, de la langue, l'édition critique, la lexicographie et les autres disciplines et sciences historiques ; b) la formation de chercheurs dans ces domaines ; c) la mise en place de programmes spécifiques propres au Centre ou de projets de recherche dans ces domaines ; d) la publication des résultats des activités du Centre, tant au travers de sa propre ligne éditoriale qu'à travers d'autres organismes publics ou privés avec lesquels aura été concertée l'édition sur tout support, et e) l'organisation de congrès nationaux et internationaux, réunions scientifiques, colloques, séminaires de travail et tout autre type

Les activités de la fondation sont menées à travers trois instituts : l'Institut des Origines de l'espagnol, l'Institut d'Histoire de la langue et l'Institut Bibliothèque hispanique.

de rencontres avec des spécialistes des matières faisant l'objet des études menées par le Centre. Ces activités sont réalisées à travers trois instituts à l'origine de sa fondation, l'Institut des Origines de l'espagnol, l'Institut d'Histoire de la langue et l'Institut Bibliothèque hispanique. À ces trois instituts est venu s'ajouter l'Institut d'Histoire du livre et de la lecture, qui poursuit ses activités liées à la transmission des textes, à la culture écrite et autres disciplines en rapport avec sa dénomination. Les projets de recherche de haut niveau menés depuis la récente création de ces instituts sont très nombreux. Pour n'en citer que quelques uns, nous signalerons : celui sur les bibles hispaniques qui se divise à son tour en deux grands axes de recherche : a) les éditions et les études critiques et interdisciplinaires des textes bibliques et b) la présence et l'influence de la Bible dans la langue, la littérature et la culture hispanique depuis une perspective historique et culturelle européenne et occidentale ; enfin, le Nouveau dictionnaire historique de la langue espagnole, projet national visant à combler l'une des lacunes de l'étude de notre langue qui, malgré des études linguistiques dynamiques, ne dispose toujours pas de dictionnaire historique. Ou encore le projet d'édition systématique d'une Bibliothèque hispanique consacrée en priorité à l'édition des textes de la littérature espagnole et à leur interprétation, tant historique que critique.


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Des chaises percées agrémentés de finitions soignées intégrées au mobilier domestique, aux designs dernier cri actuels, les salles de bains sont des espaces indispensables pour les différentes cultures et régions du monde. Aujourd'hui, nombre d'entre elles sont espagnoles. Opérant sur plus de 135 marchés, l'entreprise espagnole Roca, qui a connu une extraordinaire expansion internationale au cours des dernières années, est aujourd'hui une référence en matière de conception, de technologie et de développement durable. Beatriz Beeckmans

Roca, leader mondial dans la conception de salles de bains Du néolithique à nos jours, l'histoire de la salle de bain est étroitement liée à celle de la civilisation, prenant naturellement différentes connotations en fonction des coutumes, de la structure et des besoins de chaque époque. Citons-en quelques exemples : le Palais de Knossos, en Crète, abrite la baignoire et les toilettes à réservoir les plus anciennes connues à ce jour. En Égypte, un bassin percé de trous découvert lors de fouilles archéologiques à Tell el-Amarna, capitale d'Akhénaton, constitue le premier modèle de douche de l'histoire. En Grèce, le bain, pratique principalement associée aux athlètes, existe à Athènes depuis le Ve siècle av. J.-C. C'est également dans ce pays que le pot de chambre est inventé. Plus tard, les premiers établissements de bains et

thermes publics font leur apparition à Rome. C'est en 1775 que le mathématicien et horloger britannique Alexander Cummings crée l'invention qui révolutionnera l'hygiène : les toilettes à chasse d'eau et un système de canalisation pourvu d'un siphon permettant de neutraliser les mauvaises odeurs au niveau de l'évacuation des eaux. C'est ainsi que le concept précurseur de la salle de bains actuelle s'impose. En 1776, William Feetham avait déposé le premier brevet de douche, et c'est au début du XVIIIe siècle que le bidet moderne, dissimulé à l'époque sous forme de table de chevet dans la chambre à coucher, est inventé. En raison du surpeuplement et des épidémies de choléra provoqués par

Une entreprise internationale Roca possède plus de 65 unités de production dans le monde, dont 15 sont implantées en Espagne. L'entreprise emploie plus de 20 000 personnes sur quatre continents.

la croissance urbaine rapide due à la révolution industrielle, la ville de Londres décide de lancer une campagne en faveur de l'installation de sanitaires dans les logements, sur les lieux de travail et dans les parcs. La salle de bains moderne : la contribution de Roca. Alliée aux avantages du chauffe-eau, la porcelaine sanitaire,


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Images virtuelles des dernières propositions de salle de bains de la marque espagnole.

principalement introduite en Espagne par Roca, vient progressivement remplacer les lourdes pièces en fonte et les meubles de bains surchargés. En évolution constante grâce à la technologie et aux efforts entrepris par des sociétés comme Roca, c'est ainsi que naît la salle de bains moderne et fonctionnelle. Par ailleurs, les nouvelles habitudes d'hygiène se répandent à travers le monde et les salles de bains commencent à se généraliser en tant que pièce du logement à part entière. C'est à cette époque que l'on assiste à l'entrée en scène de Roca Corporación Empresarial, maison-mère d'un ensemble d'entreprises se consacrant à la conception, à la production et à la commercialisation d'articles pour sal-

les de bains. Fondée en EsPrès d'un siècle d'histoire. pagne en 1917 par les frères La stratégie Le groupe débute son actiRoca, le groupe compte plus actuelle vise vité sous le nom de Compade 65 unités de production à renforcer la ñía Roca Radiadores S.A. À réparties sur quatre conti- présence de l'époque, cette compagnie nents et emploie directe- l'entreprise dans se consacre exclusivement à ment plus de 20 000 per- les pays BRIC la fabrication de radiateurs sonnes dans le monde (Brésil, Russie, en fonte pour le chauffage entier. Possédant un capital Inde et Chine) domestique dans son usine intégralement espagnol, le de Gavà (Barcelone), mais groupe a connu une crois- Roca est le l'arrivée rapide de nouveaux sance internationale extra- numéro 1 mondial produits sur le marché et la ordinaire grâce à l'acqui- sur le marché des volonté farouche de se dévesition de sociétés exerçant salles de bains lopper ont conduit l'entreleur activité dans le secteur prise à élargir ses activités de l'hygiène dans différents pays du dans l'objectif de les diversifier. Suite à monde. En 2008, le chiffre d'affaires ces décisions, les premières chaudières de la société s'est élevé à 1,708 mil- en fonte sont fabriquées en 1925 et la liards d'euros. production de baignoires en fonte est


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lancée en 1929. En 1936, Roca fait son apparition sur le marché de la porcelaine sanitaire et, quelques années plus tard, l'entreprise commence à fabriquer des articles de robinetterie. C'est en 1963, suite à la mise en service d'une usine spécialisée dans la production de climatiseurs, que Roca devient l'une des premières entreprises espagnoles à pénétrer sur le tout récent marché de la climatisation. La société poursuit alors son essor en pénétrant sur le marché de la céramique dans les années 1980. L'établissement de Cerámicas del Foix, société filiale, a été le précurseur de l'actuel secteur d'activité de la céramique. Dans les années 1980 et 1990, fidèle à une volonté de croissance résolue, des filiales commerciales sont ouvertes et des accords auprès d'entreprises leaders sur leurs marchés sont passés, parallèlement à la concrétisation de plusieurs acquisitions. En 2005, la nouvelle maisonmère Roca Corporación Empresarial est constituée et les activités de chauffage et de climatisation sont vendues dans l'objectif de concentrer les efforts sur le marché des salles de bains, dont l'hégémonie mondiale est atteinte début 2006. Salle de bains et céramique. Roca produit et commercialise une large gamme d'éléments servant à équiper les salles de bains : porcelaine sanitaire, baignoires, baignoires à hydromassage, bacs de douche, cabines et colonnes à hydromassage, articles de robinetterie, meubles de bains, accessoires et pare-douche. Outre l'excellence au niveau de la conception, ces produits mettent en avant l'engagement envers l'environnement qui a mené l'entreprise à développer de nouveaux mécanismes visant à minimiser les dépenses en eau et en énergie. Céramique. Avec des usines en Espagne et au Brésil, Roca possède également un département qui se consacre à la production et à la commercialisation de revêtements céramiques. Un processus de production de haute précision permet de garantir la qualité des produits élaborés et d'obtenir une résistance maximale à l'usure, une persistance durable de l'émail

une entreprise qui mise sur l'innovation Centre de référence international dans le domaine de la recherche et de l'innovation, l'Innovation Lab, situé à Barcelone, est composé d'une équipe pluridisciplinaire qui recherche et propose des concepts innovants pour les salles de bains. À partir de l'analyse des besoins anthropologiques, ergonomiques et sociaux de ses clients, la principale mission de ce laboratoire consiste à détecter les futurs besoins à travers l'analyse du comportement des utilisateurs et des changements intervenant sur le marché. En vue de trouver des solutions pratiques, ce processus requiert un mariage parfait entre créativité et technique.

Le bâtiment Roca Barcelona Gallery (deux photos du haut) se distingue par sa conception architecturale audacieuse. Les deux photos du bas représentent des produits de la marque qui mettent en évidence le pari manifeste de l'entreprise sur le design.

et de la coloration, ainsi que l'exactitude la plus rigoureuse pour ce qui est des formats de chacune des pièces. Design et innovation. L'entreprise espagnole se trouve également à l'avant-garde en matière de design et constitue une référence en termes d'innovation. En 2005, le Roca Design Center est redéfini pour s'articuler principalement autour de la recherche de tendances en collaboration avec des fournisseurs technologiques de premier rang. Les cabinets d'architecture les plus prestigieux comme Chipperfield, Herzog & de Meuron ou Moneo ont eux aussi travaillé avec la marque. Ce soin apporté au design s'est vu récompensé par de nombreuses reconnaissances et prix sur le plan national et international. Le dernier d'entre eux a été le Design Management Europe 2008, prix décerné aux grandes entreprises européennes faisant preuve de la meilleure gestion du design.

Le système révolutionnaire W+W mis au point par Roca permet de réutiliser l'eau du lavabo pour les toilettes et, par conséquent, d'économiser cette ressource (photo ci-dessus).

engagement envers l'économie de l'eau Roca soutient la consommation responsable de l'eau et de l'énergie en développant constamment des mécanismes qui minimisent la dépense de ces ressources. L'un des paris les plus ambitieux de Roca réside dans la mise en œuvre du programme Zero Waste (zéro gaspillage) au sein des unités de production situées au Brésil et en Argentine et mis en application dans tous les centres de production. L'objectif de cette initiative repose sur la gestion durable de l'énergie et sur la réutilisation des résidus générés lors de l'épuration des eaux, la fabrication de moules en plâtre ou le recyclage de pièces obsolètes afin d'éliminer la totalité des déchets avant 2010.


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Roca Barcelona Gallery, nouveau centre de référence pour Roca Xavier Torras

DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION ET DE LA MERCATIQUE DE ROCA

Présente dans 135 pays et possédant 65 usines réparties dans 17 pays, l'engagement envers l'innovation et le développement d'idées visionnaires constitue l'une des clés de l'entreprise Roca pour se positionner au premier rang mondial sur le marché des salles de bains. Sur la base de ces principes, la société a créé en 2009 l'espace Roca Barcelona Gallery situé à Barcelone. Il s'agit d'un bâtiment de 2 400 m2 distribués sur trois étages, premier d'une série de centres destinés au développement des activités sociales, culturelles et d'exposition de la société, tout en servant de point de rencontre avec les citoyens. Roca Barcelona Gallery est un espace social ouvert sur la ville, dans lequel il est possible de voir, d'entendre, de vivre et de ressentir. Grâce à ce bâtiment, Roca souhaite renforcer les liens avec la société dans laquelle l'entreprise est présente, en utilisant les lieux comme moyen de transmission des valeurs qui la définissent : design, innovation, technologie et développement durable. L'engagement de la société envers le design se reflète au quotidien dans le développement de nombre de nos produits, élaborés en collaboration avec les cabinets d'architecture et de design les plus prestigieux. Pour la réalisation de l'espace Roca Barcelona Gallery, Roca a de nouveau fait appel à une société internationalement réputée, le

cabinet d'architecture OAB (Office of Architecture in Barcelona) dirigé par Carlos Ferrater et ses enfants Borja et Lucía. À travers la construction du bâtiment Roca Barcelona Gallery, ce cabinet a su interpréter et développer les valeurs qui identifient le plus la marque Roca. Ainsi, la façade en verre met-elle en avant la notion de design et d'innovation. Elle est réalisée à partir d'une succession de plaques de verre placées perpendiculairement à l'axe de la façade. Ces éléments génèrent des effets tels que la diffraction, la réflexion et la réfraction de la lumière, conduisant à la production d'effets de distorsion, de translation et de superposition de l'image à travers celle-ci. Par ailleurs, la lumière joue un rôle prépondérant aussi bien de jour que de nuit grâce à l'éclairage de la façade au moyen de centaines de diodes logées dans sa structure.L'innovation et la technologie de l'espace Roca Barcelona Gallery ont été envisagées dès la conception du bâtiment projeté de manière à ce que les visiteurs puissent interagir avec lui. Pour ce faire, le cabinet a fait appel à plusieurs techniques ainsi qu'à des équipements audiovisuels, sonores et d'éclairage modernes qui transportent le visiteur dans l'univers de Roca et lui permettent de vivre de nouvelles expériences. Le développement durable est lui aussi présent, aussi bien à travers l'exposition de produits mis au

L'engagement de la société envers le design se reflète au quotidien dans le développement de nombre de nos produits

point par la société et équipés de dispositifs variés servant à économiser l'eau, que par le biais de l'observation et de la lecture de différents éléments et informations faisant la promotion de l'économie de l'eau et expliquant l'importance de cette ressource pour la société. Il ne faut pas oublier que notre engagement environnemental remonte à plusieurs décennies, lorsque, conscients de l'importance du développement durable, nous avons commencé à concevoir des produits et dispositifs permettant d'économiser l'eau et l'énergie, ainsi qu'à améliorer nos processus de production en vue d'accroître l'efficacité énergétique. Le bâtiment Roca Barcelona Gallery est également conçu pour fonctionner comme un centre culturel abritant plusieurs activités socioculturelles telles que des événements, des présentations ou des expositions temporaires. Actuellement, une exposition temporaire sur l'histoire de la salle de bains, intitulée « La salle de bains. Un regard historique » y est présentée. Celle-ci rassemble quelques pièces de grande valeur comme la coiffeuse à cuvette de l'impératrice Sissi. Chez Roca, nous souhaitons que le bâtiment Roca Barcelona Gallery joue le rôle de préambule et qu'il constitue un exemple à mettre en place dans d'autres parties du monde afin de poursuivre la consolidation de nos liens avec les sociétés dans lesquelles nous sommes présents.


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nouvelles culture et société

Congrès des députés. En novembre dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération et la ministre de la Culture ont signé un accord de collaboration dans l'objectif de « développer une stratégie coordonnée » de promotion de la culture espagnole à l'étranger. Les deux ministres se sont engagés à « améliorer la coordination » entre leurs administrations.

Accord pour la promotion de la culture espagnole à l'étranger Après la signature de l'accord, Miguel Ángel Moratinos a affirmé que « l'Espagne possède un énorme potentiel à l'étranger, principalement au niveau de la langue et de la culture ». Pendant son intervention, le responsable des affaires étrangères a évoqué, outre l'espagnol, les langues co-officielles, et a signalé que ce potentiel « nous permet de bénéficier d'une présence sans cesse croissante dans le monde ». D'après le ministre, la demande de tout ce qui a trait à l'Espagne ne cesse de croître. Cet accord contribuera donc à « unir nos capacités d'action et à améliorer tous les niveaux de coordination » afin que les différentes institutions et sociétés

nationales « œuvrent plus efficacement à la défense de nos intérêts culturels ». De son côté, Ángeles González-Sinde a assuré qu'il s'agissait « d'un grand jour » pour la culture espagnole puisque la signature de cet accord permettra de « multiplier nos efforts et de nous fournir un cadre pour élaborer cette stratégie commune et coordonner nos actions de façon optimale ». Selon la ministre de la Culture, la présence et le rôle de la langue et de la culture espagnole à l'étranger ont connu d'importantes modifications au cours de ces dernières années. Le monde entier nous réclame l'implantation d'Instituts Cervantès, raison pour laquelle il

« était important de rechercher une méthode efficace et contemporaine pour unir ces efforts ». « Nos ambassades réalisent un travail important ; le ministère de la Culture a créé des instruments visant à favoriser l'accomplissement de ces missions », a ajouté la ministre. La mise en marche de la Stratégie renforcée pour la promotion de la culture espagnole à l'étranger doit encourager la mise en œuvre d'une stratégie culturelle coordonnée qui abordera, entre autres, des aspects tels que la création d'une Commission de travail commune chargée d'élaborer le futur Plan national d'action culturelle extérieure qui, tous les semestres, définira les zones et secteurs prioritaires pour la promotion de la culture espagnole dans le monde. Parallèlement, la coordination du processus de sélection des conseillers culturels des ambassades d'Espagne sera renforcée et un programme de bourses de spécialisation en gestion et promotion de la culture sera créé.

L'exposition, abordant les thèmes de la peinture, de la littérature et de l'architecture, sera présentée à Madrid

La génération de 27, une rétrospective unique Jusqu'au 28 février prochain, la résidence universitaire de Madrid organise une exposition proposant « un parcours transversal » sur la peinture, la littérature et l'architecture associé à la génération de 27. Sous le titre Une légende étaitelle déjà née ?, la rétrospective rassemble plus de 230 pièces (tableaux, premières éditions, illustrations, maquettes et documents) qui évoquent la littérature espagnole entre 1927 et 1928. L'exposition s'articule autour de la revue La Gaceta Literaria, véritable poumon de l'activité culturelle au cours de ces deux années. Plus concrètement, l'affiche d'Ernesto Giménez Caballero, Univers de la litté-

rature espagnole contemporaine (1927), publiée dans La Gaceta Literaria, sert de « plan général » à l'exposition. La rétrospective propose un aperçu de ces deux années d'intense création au cours desquelles les expressions artistiques espagnoles étaient d'une certaine manière étroitement liées. Tandis que Manuel de Falla composait son Concerto pour clavecin ou que Luis Buñuel inscrivait le cinéma dans la poésie, les illustrateurs parlaient de figuration poétique en se référant aux arts plastiques et Salvador Dalí inventait le concept d'anti-art. L'exposition arrivera en mars à Séville et sera visible jusqu'en juin.

Federico García Lorca et Salvador Dalí en février 1927. Les deux artistes étaient alors les hôtes de la résidence universitaire de Madrid. photo efe


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L'Espagne livre les premiers lynx au Portugal pour leur élevage en captivité  Au cours du mois d'octobre dernier, cinq lynx ibériques destinés à être élevés en captivité ont été remis par l'Espagne au Portugal dans le cadre du Plan d'action commun signé par les deux pays en juin 2009. Cette initiative a pour objectif de céder progressivement jusqu'à dix-sept lynx au pays voisin afin de rétablir la population de ce félin sérieusement menacé, caractéristique de la péninsule Ibérique. Actuellement, la population de cette espèce est estimée à 250 individus répartis dans différentes zones géographiques d'Andalousie et de Castille-La Manche. 76 de ces lynx sont hébergés dans les centres d'élevage de Doñana.

L'argentin Federico Jeanmaire remporte le prix Clarín du roman 2009  Federico Jeanmaire, l'un des nouveaux piliers de la littérature argentine, a remporté le prix attribué parmi les quelque 600 œuvres présentées. Cette récompense, l'une des plus importantes d'Amérique latine, est décernée par un jury composé pour l'occasion de José Saramago, de Pablo de Santis, de Rosa Montero et de Juan Cruz. Le hasard veut que le MAEC ait accordé une bourse à cet écrivain à Madrid en 1990 pour une recherche dans la salle des manuscrits de la Bibliothèque nationale.

L'Espagne remporte la Coupe Davis, pour la quatrième fois en dix ans  Les trois premiers matches se sont avérés suffisants pour que l'équipe espagnole de Coupe Davis s'impose au palais Sant Jordi de Barcelone face à la sélection de la République tchèque. S'achevant sur un score final de 5 à 0, la victoire a été sans appel. Grâce aux quatre Saladiers remportés depuis le succès de 2000, l'Espagne devient la meilleure sélection de ces dernières années. Ce triomphe vient confirmer l'excellence du tennis espagnol qui pourrait s'étendre à d'autres disciplines sportives.

L'Institut Cervantès de Pékin accueille la présentation du premier ouvrage sur l'histoire de l'Espagne rédigé en chinois  L'auteur de l'ouvrage, comptant plus de 600 pages, est Xu Changcai, ex-diplomate détaché auprès de l'ambassade de Chine à Madrid et consul général à Barcelone. L'ouvrage présente de façon exhaustive l'histoire de l'Espagne depuis la préhistoire jusqu'à la transition démocratique et vise, d'après l'auteur, à combler les lacunes de la jeunesse chinoise sur l'Espagne.

L'art baroque espagnol à l'affiche de la National Gallery de Londres  L'exposition intitulée Le sacré rendu réel. La peinture et la sculpture en Espagne au XVIIe siècle est un concentré de 32 œuvres (sculptures polychromes et tableaux) ayant pour thème principal l'art religieux illustré par des artistes comme Velázquez, Zurbarán ou Alonso Cano. L'exposition entend faire découvrir le meilleur de l'art baroque espagnol, nombre des œuvres présentées n'ayant jamais quitté les temples religieux dans lesquels elles étaient conservées. Les pièces seront également exposées en février à Washington.

Exposition Albéniz, légendes et vérités à Madrid  Jusqu'au 30 janvier prochain, le Centre culturel Conde Duque de Madrid organise une exposition sur le compositeur Isaac Albéniz à travers la présentation d'une centaine de pièces qui recréent un parcours visuel et sonore de ce catalan universel ayant marqué la musique espagnole et européenne du XXe siècle grâce à des chefs-d'œuvre comme Iberia.

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Prix Prince des Asturies

Prix de la coopération décerné à l'OMS Le 23 octobre dernier, le théâtre Campoamor d'Oviedo a été le siège de la remise des prix Prince des Asturies. Ces récompenses, fêtant leur XXIXe, édition, représentent la distinction la plus prestigieuse décernée en Espagne. La cérémonie a été présidée par le prince et la princesse des Asturies. Les lauréats dans les différentes catégories ont été : Norman Foster (arts) ; l'Organisation mondiale de la santé (coopération internationale) ; David Attenborough (sciences sociales) ; l'université nationale autonome de Mexico (communications et humanités) ; les pères du téléphone portable et du courrier électronique, Martin Cooper et Raymond S. Tomlinson (recherche scientifique et technique) ; Ismaïl Kadaré (littérature) ; Yelena Isinbayeva (sports) et la ville de Berlin pour le vingtième anniversaire de la chute du Mur (concorde).

Démographie

Le nombre d'étrangers augmente de 10,31 % D'après les données du mois de septembre fournies par le ministère du Travail et de l'immigration, la population étrangère titulaire d'une carte de séjour en vigueur a augmenté de 10,31 % pour atteindre le chiffre de 4 715 757 personnes. La communauté marocaine est le plus représentée, suivi des Roumains, des Équatoriens, des Colombiens et des Britanniques. 38,86 % des étrangers proviennent d'un pays de l'Europe communautaire et 30,71 % sont issus du continent latino-américain. Ce sont, dans l'ordre, la Catalogne, la Communauté de Madrid, la Communauté valencienne et l'Andalousie qui accueillent la plus grande population d'étrangers.


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Le musée du Prado débute l'agrandissement de sa collection grâce à l'arrivée d'un espace consacré au XIXe siècle. Du dernier Goya à Sorolla, l'éventail de la collection s'élargit grâce à 12 nouvelles salles et 176 œuvres.

Un espace consacré à un nouveau siècle fait son apparition suite à l'agrandissement du musée du Prado Le musée a présenté ses douze nouvelles salles dédiées aux collections du XIXe siècle, une évolution fondamentale entreprise dans le cadre du plan de collections dénommé La Collection : l'autre agrandissement. L'ouverture de ces nouvelles salles représente l'un des principaux objectifs de ce projet et ce, pour deux raisons : d'une part parce que la collection permanente verra le nombre de ses œuvres augmenter de près de deux cents pièces, dont certaines n'ont encore jamais été exposées, et d'autre part car dorénavant, et c'est une première, l'itinéraire de visite du musée permettra de parcourir dans son intégralité et de façon ininterrompue le discours historique de l'art espagnol depuis l'art roman jusqu'aux maîtres modernes du XIXe siècle. Le musée du Prado a présenté une nouvelle avancée fondamentale concernant le plan de réaménagement des collections grâce à 176 œuvres du XIXe

siècle (152 peintures, 2 aquarelles, 21 sculptures et 1 maquette) venant s'ajouter à sa collection permanente. Ces incorporations bouclent désormais le discours historique permettant au musée du Prado d'être plus complet que jamais. Après la récupération amorcée par l'exposition inaugurale de l'agrandissement du musée, Le XIXe siècle au musée du Prado, visitée par plus d'un million de personnes, les œuvres des grands maîtres espagnols du XIXe siècle ont définitivement été incorporées au discours historique du musée aux côtés des artistes du passé. La représentation généreuse d'œuvres du XIXe siècle vient compléter la narration de l'histoire de l'art espagnol au musée du Prado. Celle-ci débute par la peinture romane de San Baudelio de Berlanga datant du XIIe siècle et se poursuit désormais à travers les œuvres de Sorolla remontant jusqu'au début du XXe siècle, le tout en parfaite contemporanéité avec les premières avant-gardes.

Le film Planète 51 à la conquête des écrans américains  Avec la plus grosse sortie en salles jamais enregistrée pour un film espagnol, l'exploitation de Planète 51 a débuté aux États-Unis et au Canada dans plus de 4 000 cinémas. Ce film d'animation entend se faire une place sur le marché nord-américain de l'audiovisuel. Le coût de la production, l'une des plus chères du cinéma espagnol, s'est élevé à près de 50 millions d'euros.

L'Espagne a réduit ses émissions de CO2 de 8 % en 2008  Selon les données du Bureau espagnol sur le changement climatique, groupe de travail rattaché au ministère de l'Environnement, l'Espagne a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 8 % au cours de l'année 2008. Ce chiffre, marquant un important renversement de tendance, permet à l'Espagne de se rapprocher de l'horizon 2012 de l'application du protocole de Kyoto.

Bicentenaires des indépendances des Républiques latino-américaines

Ángeles Caso, aux côtés du finaliste Emilio Calderón, pendant la remise du prix.

Clôture officielle des « Routes de la liberté »

Un livre sur l'intégration récompensé

Pendant quinze jours, 28 étudiants du secondaire provenant de 7 pays (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Espagne, Paraguay et Uruguay) se sont rendus dans différentes régions du Paraguay et de l'Espagne dans le cadre du projet Les Routes de la liberté,organisé par le ministère de la Culture et l'Organisation des États latino-américains (OEI), pour commémorer les bicentenaires des indépendances des Républiques latino-américaines. Ce périple a débuté 18 octobre dernier à Asunción (Paraguay) et s'est achevé à Madrid (Espagne) le 1er novembre. Au

cours de ces deux semaines, les jeunes étudiants ont participé à des cérémonies et des rencontres dans l'objectif de promouvoir une meilleure connaissance de la réalité ibéro-américaine chez les nouvelles générations. Au Paraguay, les membres de cette initiative ont parcouru la région du Chaco Boréal, les villes de Benjamín Aceval, Aregua ou San Bernardino, entre autres, et ont découvert le lac Ypacarai. En Espagne, ils se sont rendus à Madrid et Cadix et ont visité quelquesuns des monuments et bâtiments les plus emblématiques de ces deux villes.

 L'écrivaine et journaliste Ángeles Caso a remporté le prix Planeta, doté de 601 000 euros, grâce à son roman Contra el viento narrant l'histoire d'une jeune femme du Cap-Vert décidant d'émigrer en Europe. D'après l'auteur, « ce roman rend hommage aux héroïnes du XXIe siècle et, plus précisément, aux femmes cap-verdiennes qui viennent nous aider, s'occuper de nos enfants et de nous-mêmes afin que les femmes européennes puisse conserver leur mode de vie ».


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Cosmopoética consolide sa position de premier festival de poésie en espagnol  Le Prix national de soutien à la lecture, décerné cette année à Cosmopoética, vient consolider la place de cet espace de poésie, de musique, de lecture et d'art en tant que référence internationale des lettres. Cet événement, organisé chaque année à Cordoue depuis sept ans, a bénéficié de la participation de personnalités internationales jouissant d'un grand prestige dans l'univers de la poésie.

Le journal télévisé de TVE élu meilleur journal d'information du monde  Le prix, décerné par l'institut d'analyse des médias Media Tenor, reconnaît le journal télévisé Telediario 2 de la chaîne TVE comme le meilleur journal d'information du monde. Grâce à cette récompense, le journal télévisé de la chaîne espagnole se positionne devant les journaux d'information de renom comme ceux de la BBC ou de la NBC. Lorenzo Milá et Pepa Bueno se sont rendus à Zurich pour recevoir le prix.

L'industrie publicitaire espagnole ouvre ses frontières  Grâce au soutien de l'Institut espagnol du commerce extérieur (ICEX) et de l'Institut Cervantès de New York, une rencontre de dirigeants de la mercatique et de la publicité a eu lieu aux États-Unis en novembre dernier, en présence de représentants du secteur espagnol de la publicité. Au cours de cette réunion, la puissance de cette industrie dont les agences jouissent d'une reconnaissance internationale a été mise en évidence.

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Sciences et environnement. Ce dispositif, premier du genre en Europe, permettra de détecter les tsunamis et de contrôler différentes variables nécessaires à l'étude du réchauffement climatique

L'Espagne installe un détecteur de tsunamis dans l'Atlantique Le Conseil supérieur de la recherche scientifique, principal organisme de recherche espagnol travaillant sous la tutelle du ministère des Sciences et de l'innovation, a installé, début novembre, du premier laboratoire sous-marin européen. Baptisé Geostar, le dispositif permettra, entre autres, de détecter les tsunamis à l'avance. La station abyssale, pesant trois tonnes et mesurant cinq mètres de haut, a été installée dans le Golfe de Cadix, à 60 milles du cap Saint-Vincent et à une profondeur de 3 300 mètres. Cette zone est particulièrement sensible à l'activité sismique. Le dispositif est le premier du genre en Europe et constitue un véritable laboratoire sous-marin capable, entre

autres, d'analyser la salinité et les variations de température de l'eau, paramètres essentiels à l'étude du changement climatique. Geostar collectera les données pendant une année, durée de vie habituelle des batteries au lithium. Une fois ce délai écoulé, ces sources d'alimentation devront être remplacées. Le projet, dont l'Espagne est le chef de file, fait partie intégrante d'une grande initiative européenne à laquelle participent plus de 20 pays. L'objectif poursuivi consiste à installer ce type de dispositifs dans d'autres endroits du monde comme la Manche, la Méditerranée ou l'Arctique en vue de détecter d'éventuels tsunamis.

Principale compagnie aérienne espagnole

Iberia exploite actuellement plus de 120 avions appartenant à la compagnie.

La fusion entre Iberia et British Airways se précise La fusion entre Iberia et British Airways, fruit d'un travail entrepris depuis plusieurs mois, a débouché mi-décembre sur un accord de fusion entre les deux compagnies aériennes. D'après le document, les investisseurs espagnols possèderont de 44 % des parts de la nouvelle société, tandis que les 56 % restants passeront aux mains des investisseurs britanniques. Les détails de la fusion ne seront connus qu'au cours des prochaines semaines, mais l'accord stipule que le siège social et fiscal de l'entreprise sera

situé à Madrid tandis que le cœur de l'activité financière et d'exploitation se trouvera à Londres. L'objectif de la fusion réside dans l'économie des coûts au sein du marché complexe du transport aérien et dans la recherche de synergies visant à faire de la nouvelle société le géant de l'aviation civile européenne. À l'heure actuelle, les deux compagnies transportent chaque année plus de 60 millions de passagers et la fusion leur permettra de positionner la société à la cinquième place mondiale des groupes aériens.


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nouvelles culture et société

Lancement de la campagne en Antarctique. Le 23 novembre dernier marquait le début des activités de la base antarctique Juan Carlos Ier qui, avec la base Gabriel de Castille, renforce la présence de notre pays sur le continent le plus méridional de la Terre.

L'Espagne renforce sa présence en Antarctique Bien que le fonctionnement des deux bases soit saisonnier (elles ne sont exploitées que pendant la période estivale australe), ces deux sites inaugurés il y a plus de vingt ans sont de véritables laboratoires qui génèrent d'importants progrès scientifiques pour notre pays. De fait, la découverte officielle de ce continent ne date que de deux cents ans à peine, même si l'amiral espagnol Gabriel de Castille avait fait état des montagnes enneigées de ces terres en 1603. La base antarctique Juan Carlos Ier, située sur la péninsule Hurd, a été inaugurée en 1988 et est gérée par le ministère des Sciences et de l'innovation par le biais du Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC). De son côté, la base Gabriel de Castille, inaugurée un an plus tard, dépend de l'Armée de terre et est située sur l'île volcanique de la Déception. Cette dernière est exploitée en collaboration avec des chercheurs argentins. Les objectifs des deux sites sur le continent gelé revêtent une importance vitale pour l'Espagne, aussi bien en tant que centres

 Jusqu'à la fin du mois de janvier, l'Institut Cervantès de New York accueille l'exposition Le Lien espagnol : artistes espagnols à New York, 1930-1960. Elle présente une rétrospective de peintres espagnols de renom qui se sont exilés dans la ville de New York, comme Esteban Vicente, Julio de Diego, Miguel Marina ou Luis Quintanilla.

Le prince Philippe de Bourbon parraine la nouvelle Fondation Príncipe de Girona Photo de l'extérieur de la base antarctique Juan Carlos Ier qui a débuté sa saison de travail le 23 novembre dernier. photo efe

d'exploitation pour le respect du Traité sur l'Antarctique, qu'en tant que laboratoire scientifique opérant dans plusieurs domaines tels que la logistique, les communications ou l'environnement. La mise en œuvre de ces campagnes scientifiques serait impossible sans le remarquable soutien logistique et les opérations de maintenance menés à bien par les deux navires de l'armée, Hespérides et Las Palmas, adaptés aux conditions climatologiques extrêmes du pôle Sud affichant des vents dépassant les 300 km/h et des températures pouvant atteindre les -90 ºC.

Récompense décernée par le ministère de la Culture

Rafael Sánchez Ferlosio remporte le Prix national des Lettres espagnoles Rafael Sánchez Ferlosio, l'un des principaux représentants du réalisme social espagnol d'après-guerre, a été couronné par le Prix national des Lettres espagnoles. La récompense, dotée d'une somme de 40 000 euros, est la deuxième reconnaissance la plus prestigieuse après le prix Cervantès. L'auteur, né à Rome il y a 82 ans, fut l'un des artistes les plus doués de sa génération et ce, principalement

L'Institut Cervantès de New York inaugure une exposition sur l'art espagnol de l'exil

grâce à deux œuvres, Ruses et aventures d'Alfanhui et Les Eaux du Jarama, qui lui valurent une renommée internationale. S'étant par la suite éloigné du roman, il se consacra à la linguistique et à la rédaction d'essais, genres littéraires dans lesquels il a également été salué par d'importantes distinctions. Sa dernière œuvre, récemment publiée, est un essai intitulé Le Galant et ses isotopes.

 Des institutions aussi diverses que la Chambre de commerce de Gérone, la Fondation Gala-Salvador Dalí, les banques Caixa Girona ou La Caixa sont à l'origine de la Fondation Príncipe de Girona dont l'objectif est de promouvoir des activités et initiatives à caractère social sur l'ensemble du territoire espagnol, en prêtant une attention particulière sur l'éducation et la formation de la jeunesse. Le prince Philippe de Bourbon, héritier du titre de prince de Gérone, a été désigné président d'honneur de la nouvelle fondation qui sera intégralement financée par des fonds privés.

Casa África envisage la création d'un réseau de bibliothèques africaines virtuelles  Casa África envisage de profiter des possibilités offertes par Internet pour créer un réseau de bibliothèques africaines virtuelles en vue de préserver et de diffuser les biens culturels de l'Afrique. Cette décision a été prise à l'issue d'une rencontre avec des experts en bibliothéconomie africains réunis dans le siège de Casa África afin de resserrer les liens entre l'Espagne et l'Afrique.


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Elle avait 10 ans lorsque la guerre civile espagnole a éclaté et 50 ans lorsque Franco est mort. Le temps perdu ne pouvait se rattraper qu'en faisant bouillir la réalité dans la marmite de la fiction. Elle a opté pour la lente et traditionnelle cuisine de la langue... Jacobo García. JOURNALISTE

Notre dette envers... Josefina Aldecoa

Les trésors du fond de la pensée Encore étudiante à la Faculté de Philosophie et de Lettres, Josefina Aldecoa et une demi-douzaine de camarades ont donné naissance à toute une génération littéraire : la génération des années 1950. Ces détectives sauvages consacrèrent plus de temps à étudier la réalité que les livres de cours et, grâce à eux, nous possédons aujourd'hui une radiographie plus précise de l'Espagne moribonde de l'après-guerre. Ce style de vie à contrecourant n'émerge pas à la surface de ce que Josefina a écrit. En revanche, tous ses propres repères y sont présents : les êtres chers, la guerre, l'après-guerre, l'amitié, l'amour, la mort... En 1952, elle épouse l'un des plus grands écrivains espagnols de l'époque (plus nombreux qu'on a pu l'affirmer et pas tous tenants de la littérature de la berza – littérature réaliste). Mais Ignacio Aldecoa trouve la mort avant que l'Académie suédoise ne puisse lui décerner le prix Nobel de Littérature. Il faudra à Josefina de nombreuses années avant de se remettre à l'écriture.

Fille et petite-fille de maîtresses d'école, elle décide de se consacrer corps et âme au projet éducatif qu'elle avait entamé en 1960 : l'École Estilo, établissement en marge du système officiel d'enseignement. La source inépuisable de la littérature espagnole donna une certaine fraîcheur à l'enfance des élèves qui passèrent dans ses classes, raison suffisante pour rendre hommage à la femme qui a rendu possible ce petit miracle. En 1981, elle concocte une sélection des contes écrits par l'homme avec lequel elle fut mariée pendant 17 ans. Dès lors, de mystérieuses portes qui étaient restées fermées s'ouvrirent d'ellesmêmes et l'éducatrice, qui depuis plus de dix ans ne prenaient la plume que pour corriger des copies, se remit à écrire. De tout ce qu'elle a pu produire, la trilogie débutant par l'ouvrage Historia de una maestra (1990) est sans aucun doute la plus émouvante. Construits sur la base d'un style simple, compréhensible par l'immense majorité des lecteurs, ses livres répondent à des modèles de pensée, de

goûts et de comportement plus proches de l'univers de ses parents que de celui de ses enfants et petits-enfants. Produits de l'extraordinaire pudeur avec laquelle sa génération a été éduquée, ses libres abordent des problèmes qui ont profondément marqué les gens de son âge, tout particulièrement les femmes. La plupart constituent des études intimistes sur le choc d'éléments opposés analysant, sans esbroufe stylistique, les tensions entre ambition professionnelle et devoirs familiaux, impératifs sociaux et sentiments, liberté et oppression, indépendance et soumission, jeunesse et vieillesse, amour et solitude, homme et femme, parents et enfants, ville et campagne, Nord de l'Espagne et Meseta, péninsule et îles. Ses intentions extra-littéraires et sa plume révèlent l'éducatrice qui n'a jamais cessé de se cacher derrière l'écrivaine, lui soufflant à l'oreille pendant qu'elle écrivait. En tant qu'écrivaine, son attitude est celle d'une personne qui recherche constamment les trésors enfouis au fond de sa pensée. Si l'on souhaite

découvrir où et quand les événements qui changent nos vies se produiront, avant même que l'on puisse se rendre compte que quelque chose approche, nous devons nous interroger sur notre propre passé, car tout y est dissimulé. Josefina serait Médée qui, à bord du navire des argonautes, perçoit les chants des sirènes avant que les marins ne soient conscients de les entendre, car elle voit se dessiner un sourire de bonheur sur leur visages. Dans le cas de Josefina, cette idée n'est pas la conséquence d'une réflexion consciente, mais plutôt le fruit d'une expérience vitale précipitée, dont le début fut brutalement interrompu par la guerre. La petite fille qui lisait des livres d'aventure allongée à plat ventre sur le sol recouvert de pommes du grenier de la maison de ses grands-parents grandit subitement, lorsque les premiers avions chargés de bombes survolèrent le ciel de cet éden bucolique tapissé de collines, de rivières, de forêts et de prés et mirent fin à l'âge de l'innocence de toute une génération.


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publications

● La catástrofe perfecta (La catastrophe parfaite). Ignacio Ramonet. Éditions Icaria. Une fois plongés dans la rigueur de la crise, nous en oublions facilement les causes pour nous attacher exclusivement à lutter contre ses conséquences. Mais nous ne pouvons oublier que cette crise a des antécédents précis, des coupables qui portent des noms et des politiques économiques qui ont conduit le monde à une situation dont nous ne sortirons pas indemnes. Le nouveau livre du journaliste Ignacio Ramonet se charge de nous rappeler quand et par qui ce système qui s'effondre aujourd'hui a été élaboré : des théoriciens du néolibéralisme, honorés et arrogants, aux crises successives qui ont conduit à la Crise du siècle et, bien sûr, à ses terribles conséquences dans le monde entier. Ramonet survole les trente dernières années pour rendre compte des négligences et des échecs successifs d'un système économique injuste, peu compatible avec les systèmes démocratiques et qui est aujourd'hui anéanti.

● Biblioteca de Alejan-

dría. El enigma desvelado (Bibliothèque d'Alexandrie. L'énigme révélée). Pablo de Jevenois. Éditions Esquilo. C'est un véritable roman de mystère, la solution à une énigme réelle, nourrie depuis des siècles. Un livre d'intrigues. Qu'est-il arrivé à la Grande bibliothèque d'Alexandrie ? Pourquoi a-t-elle disparu sans laisser de traces ? Qui a occulté sa mémoire ? Ces pages nous plongent dans un labyrinthe qui nous emmène dans des recoins insoupçonnés de l'histoire grâce à une trame qui

finit par révéler ce mystère millénaire. Ce livre est en outre une histoire inédite d'Alexandrie et des livres. Une histoire qui raconte comment la parole écrite a survécu à tous les avatars, depuis que les Ptolémées s'attachèrent à rassembler tous les livres du monde et conçurent la première grande bibliothèque, la Bibliothèque d'Alexandrie. ● Anuario Asia-Pacífico

(Annuaire Asie-Pacifique). Casa Asia, Fondation CIDOB et Institut royal Elcano.

La cinquième édition de l'Annuaire Asie-Pacifique, ouvrage de référence espagnol dans le domaine des études asiatiques, a pour objectif de présenter au lecteur les principaux événements survenus dans cette région au cours de l'année 2008, d'un point de vue pluridisciplinaire. La chronique des événements est accompagnée de réflexions sur leurs répercussions actuelles et à venir, offrant ainsi les clés d'interprétation d'une zone géographique très étendue, qui connaît actuellement une transformation majeure, non seulement en raison de son grand dynamisme, mais aussi parce qu'elle concerne un nombre de personnes sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Parmi les thèmes traités dans cette édition de l'Annuaire, il convient de mentionner les questions de politique et de sécurité, en particulier concernant l'expansion de la démocratie en Asie et dans le Pacifique. Sont également abordées en détails les relations de l'Union européenne avec l'Asie, analysées du point de vue institutionnel et universitaire. ● Imaginar África. Los estereotipos occidentales sobre África y los africanos. (Imaginer l'Afrique. Les stéréotypes occidentaux sur l'Afrique et les Africains). Antoni Castel et José Carlos Sendín (éditeurs). Los Libros de la Catarata. Neuf africanistes (Ferran Iniesta, Antoni Castel, José Carlos Sendín, Josep M. Català, Lola López, Gustau Nerín, Jean-Bosco Botsho, Gerardo González Calvo et Donato

Ndongo-Bidyogo) livrent leurs réflexions, menées depuis différentes perspectives, sur la construction de l'imaginaire relatif à l'Afrique et analysent le rôle joué par les médias dans notre perception de l'Afrique (la manière dont elle est dite, sentie, négociée et représentée dans les processus de communication quotidiens). Imaginar África réfute bon nombre de stéréotypes qui persistent encore dans la pensée occidentale sur l'Afrique et les Africains pour montrer une réalité dans toute sa complexité et sa richesse. ● América indígena antes

del siglo XXI (L'Amérique indigène avant le XXIe siècle). Julián López García et Manuel Gutiérrez Esteve (coordinateurs). Fondation Carolina. L'un des événements sociaux les plus importants en Amérique latine depuis la fin du XXe siècle a été l'émergence des peuples indigènes. Les organisations indigènes des différents pays sont devenues des acteurs non seulement visibles mais de premier plan. De plus, la valeur et la signification des cultures indigènes rayonne fortement au-delà de la sphère régionale. Ce livre


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publications 65

✱... indispensables à lire ● La primera gran crisis financiera del siglo XXI (La première grande crise financière du XXIe siècle). Guillermo de la Dehesa. Éditions Alianza. L'auteur aborde le thème qui préoccupe actuellement les économistes, dirigeants, sociologues, journalistes, etc., et surtout les citoyens du monde entier : la première grande crise financière de ce siècle. Guillermo de la Dehesa dresse une analyse très approfondie et détaillée de la crise actuelle, peut-être la plus synchrone et la plus systémique de l'histoire, qui a entraîné la première récession mondiale. Il étudie ensuite ses origines macroéconomiques, théoriques et politico-économiques, aborde ses divers éléments déclencheurs et ses effets dévastateurs pour la plupart des familles et des entreprises du monde, et analyse les réponses de politique fiscale et monétaire des gouvernements. Le dernier chapitre est consacré à la situation particulière de l'Espagne, prise au dépourvu par la crise financière – après quatorze années de forte croissance – avec un important déficit extérieur, un secteur privé très endetté et une bulle immobilière démesurée. D'après l'auteur, en raison de cette situation, le redressement du taux de croissance et la reprise du PIB potentiels seront plus lents et plus difficiles que dans d'autres pays d'Europe.

offre une réflexion sur ces processus de redéfinition du lieu qu'elles occupent actuellement : les nouvelles formes de dialogue avec les États et les ONG de développement, la réorganisation des relations politiques, de genre et culturelles au sein des peuples indigènes et enfin, quelques faits sociaux permettant de découvrir certains problèmes et perspectives des peuples indigènes d'Amérique latine au début du XXIe siècle. ● Buena crisis (Bonne crise). Jordi Piagem. Éditions Kairos. La crise économique n'est que le symptôme le plus visi-

ble d'une crise plus profonde qui s'exprime dans de multiples domaines. Il s'agit d'une crise systémique, enracinée dans notre manière obsolète d'appréhender le monde. Cet ouvrage du professeur Jordi Pigem montre où nous en sommes et comment nous y sommes parvenus et présente une alternative réaliste, intelligente et audacieuse pour nous guider vers une société plus saine, plus sage et plus écologique et vers un monde ayant davantage de sens. Comme l'affirme Álex Rovira lui-même dans le prologue, « ce livre peut infléchir la conscience collective ». ● Catedrales. Miguel

Sobrino. La esfera de los libros. Nous avons l'habitude de voir les grands temples des villes espagnoles comme des musées silencieux, mais cette vision est éloignée de la véritable finalité de ces magnifiques constructions. Les cathédrales étaient des centres consacrés à Dieu, mais aussi des lieux de

cultura en la España del siglo XX (De l'Institution à la Constitution. Politique et culture dans l'Espagne du XXe siècle). Elías Díaz. Éditions Trotta.

rencontre et de réunions d'affaires, des aires de jeux pour les enfants et de véritables prolongements couverts des rues et places des villes. Dans ce livre illustré par l'auteur luimême, Miguel Sobrino offre un véritable récit biographique de vingt-cinq des plus remarquables cathédrales espagnoles. Son récit revendique la valeur humaine de ces édifices qui transforment encore aujourd'hui l'horizon des villes qui les abritent. Il montre également que la réalité des cathédrales est bien plus fascinante que leur légende. ● De la Institución a la

Constitución: Política y

Cette publication réunit une série d'études et de fragments sur un siècle de culture et de politique dans l'Espagne contemporaine, avec la volonté de montrer la complexe continuité de la voie positive qui relie l'Institution libre d'enseignement (1876) à l'actuelle Constitution démocratique (1978). Entre les deux, après les traces plurielles de la meilleure dialectique des Lumières, il y eut la génération de 98, plus littéraire, et celle de 14, plus scientifique, essentielles pour la Seconde République, en 1931. Dans un tel cadre de référence, sont traitées en particulier certaines des principales contributions de l'opposition intellectuelle face au régime dictatorial imposé à l'issue de la guerre civile. Une transition vers la démocratie et l'harmonisation avec l'Europe.


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publications

● Financiación del Desarrollo. Viejos recursos, nuevas propuestas (Financement du développement. Anciennes ressources, nouvelles propositions). José Antonio Alonso (directeur). Fondation Carolina. Près d'une décennie après leur proclamation, la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement reste incertaine pour bon nombre des pays en développement. La crise économique actuelle a introduit de nouveaux facteurs de risque pour la réalisation de ces objectifs. D'où l'importance d'étudier les possibilités que représentent les sources de financement du développement en vue de favoriser un réel progrès économique et social dans pays les plus pauvres. À travers une approche complète et

cio justo (L'Inde. Vies du commerce équitable). Paca Tomás et Pablo Tosco. Intermon Oxfam.

rigoureuse, la présente étude analyse les possibilités qu'offrent les voies de financement traditionnelles et les nouvelles propositions apparues dans le panorama international. Élaborée au sein de l'Institut Complutense d'études internationales (ICEI), cette étude approfondit la réflexion entamée à l'issue de la Conférence internationale sur le financement du développement, tenue à Doha en 2008.

Derrière chaque produit du commerce équitable vendu dans nos boutiques il y a une histoire. Des hommes et des femmes de pays lointains ayant un triste dénominateur commun : la pauvreté. Des personnes qui, malgré les difficultés, sont unies dans le travail, semant la terre, faisant la récolte, demandant au ciel qu'il pleuve, exigeant un prix juste pour leurs produits.

● India. Vidas de comer-

✱... indispensables à lire

● Mitos y realidades de África Subsahariana (Mythes et réalités d'Afrique subsaharienne). Mbuyi Kabunda et Antonio Santamaría. Los Libros de la Catarata. Existe-t-il plusieurs Afriques ou une seule ? Les Africains ont-ils la capacité de survivre dans l'adversité

ou le continent est-il voué à un naufrage inéluctable ? La tutelle internationale est-elle une bouffée d'oxygène pour son économie et son système politique ou, au contraire, les étouffet-elle ? Pour les auteurs, Mbuyi Kabunda et Antonio Santamaría, professeurs à l'université autonome de Madrid, l'Afrique est une dans sa vision du monde, plurielle dans ses expressions et ses valeurs, et forte dans sa volonté de continuer à exister malgré toutes les adversités : la fusion et la confusion des structures

politiques et économiques, la mise sous tutelle internationale des États, la mise à l'écart de la mondialisation, la faiblesse des revenus de l'espérance de vie. C'est pourquoi au fil des pages, à travers une analyse économique et politique, ils défendent le besoin impérieux de comprendre ce continent dans sa complexité, sa diversité et son unité, sans préjugés ni complaisance, sans généralisations abusives ni simplifications faciles, sans diagnostics optimistes ni prospectives catastrophistes.

Des personnes organisées en petites coopératives qui créent, cousent ou peignent à la main des objets d'artisanat en échange d'un salaire digne. Ce livre raconte quelquesunes de ces histoires. ● Paz y seguridad en África Subsahariana (Paix et sécurité en Afrique subsaharienne). Óscar Mateos. Los Libros de la Catarata. Cet ouvrage rassemble quelques-unes des voix les plus éminentes, d'Afrique comme d'Europe, qui analysent ici les principales questions relatives à la paix et la sécurité en Afrique subsaharienne, à partir de trois axes principaux (l'impact de la crise internationale en Afrique, la situation de la gouvernance et les « États fragiles ») et émettent des propositions de coopération entre l'Afrique et l'Europe. Ce livre ébauche une double thèse : l'Afrique est devenue une priorité dans l'agenda international relatif à la paix et la sécurité, alors que les pays et les organisations du continent africain ont mis en place une nouvelle architecture continentale en la matière. Abdalla Hamdok, Emile Ognimba, J. G. (Pal)


c Martins, Antonio SánchezBenedito, Paul-Simon Handy, Juan Grande, Ibrahim Manu Yusuf, Iza Lejárraga, John Anyanwu, Juliette Khady Sow, Luisa Barrenechea, Miguel Fernández-Palacios, Ramón Gil-Casares et Vusi Bruce Koloane sont les auteurs de cet ouvrage qui se propose de générer de nouvelles interrogations et de nouveaux débats sur ces questions. ● Naufragio. Francisco

García Novell. La esfera de los libros.

Le 5 mars 1916, le Príncipe de Asturias, le plus grand, moderne et luxueux des transatlantiques de la compagnie espagnole Pinillos sombrait avec 600 personnes à bord face aux côtes brésiliennes. Le choc brutal contre les récifs entraîna la disparition de l'énorme navire dans l'océan en moins de cinq minutes. Il n'y eut que 147 survivants. La tragédie avait ému la société de l'époque. Mais le voile de l'oubli a rapidement recouvert tout ceux qui avaient péri au fond de la mer et leurs malheureuses familles. Avec une brillante aisance narrative et après des recherches dans une multitude d'archives,

Francisco García Novell leur donne la parole et ressuscite dans ce roman choral la mémoire d'une époque et d'une façon de voyager aujourd'hui oubliées, ainsi que le mystère qui a entouré le dernier voyage de ce navire à vapeur.

insistant sur les répercussions humaines et écologiques de cette transformation. ● La herencia del olvido

(L'héritage de l'oubli). Manuel Reyes Mate. Éditions Errata Naturae.

● La voz pública de las

mujeres (La voix publique des femmes). Maria Dolors Renau. Éditions Icaria. L'absence des femmes de la vie publique a eu de graves conséquences pour le développement humain. Leur silence public forcé est non seulement une injustice, mais il a aussi donné lieu à une conception unique de ce qu'est l'être humain, ce que sont ses valeurs (parmi lesquelles la violence et son soidisant caractère « naturel »), sa culture et ses priorités. Après des siècles de luttes, les femmes accèdent enfin à des postes publics importants. Leur présence garantitelle une meilleure politique, capable de rompre avec la culture de la violence et de « civiliser » l'être humain ? Leur présence égalitaire est une condition nécessaire. Mais seule la prise de conscience de la situation de la vie publique actuelle, de l'histoire de leur propre soumission et la construction d'une subjectivité politique féminine différente peut humaniser la politique et la vie publique et éradiquer les violences, cause de tant de souffrances. La voix publique des femmes peut et doit donner la parole et donner forme à l'expérience, à l'histoire de la moitié silencieuse de

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l'humanité, à son savoir sur la valeur de la vie, alors qu'elle continue à lutter pour ses propres droits. ● La situación del mundo

2009. El mundo ante el calentamiento global (La situation du monde 2009. Le monde face au réchauffement climatique).Rapport annuel du Worldwatch Institute. Éditions Icaria.

L'année 2009 sera décisive pour le climat de la Terre. Les scientifiques nous ont avertis du fait que nous ne disposons plus que de quelques années pour inverser l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre si nous voulons éviter un changement climatique brutal et catastrophique. La communauté internationale a convenu de conclure fin 2009, à Copenhague, les négociations pour un nouvel accord sur le climat. La Situación del Mundo 2009 a pour objectif d'insuffler un nouvel élan aux négociations nationales et internationales sur le climat, en divulguant les conséquences considérables qu'auront à long terme les actions que nous exerçons actuellement sur l'atmosphère terrestre, en

Le dernier ouvrage du philosophe de Valladolid, Manuel Reyes Mate, directeur de l'Institut de philosophie du Conseil supérieur de la Recherche scientifique, est un essai sur le rôle politique que la mémoire peut et doit jouer à notre époque. L'auteur nous rappelle que, même si elle met en péril la légitimité de notre présent, la mémoire est indispensable pour donner à la justice son véritable sens. En prenant comme référence la littérature de García Márquez et Kafka, ainsi que la pensée politique de Benjamin et Rosenzweig, Reyes Mate décrit un voyage allant des rues de Mexico à la bande de Gaza, qui fait naître d'innombrables questions, comme par exemple celle de savoir s'il existe un rapport entre les notions de « progrès », de « fascisme » et d'« impérialisme ». Pour La herencia del olvido, Manuel Reyes Mate a reçu le Prix national de l'Essai 2009.


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Juan Navarro Baldeweg On a dit de lui qu'il était un peintre qui conçoit des édifices et un architecte qui construit des tableaux. Au-delà des étiquettes, il est convaincu que les choses les plus immédiates et les plus simples sont celles qui produisent les satisfactions les plus intenses. Juan Navarro Baldeweg, l'un des plus prestigieux représentants de l'architecture espagnole, s'entretient avec Miradas al Exterior sur la lumière, « source de joies infinies », son travail, « ce qui m'amuse le plus » et ses explorations de frontières artistiques inconnues. Beatriz Beeckmans Photographie : Javier Hernández.

« Les émotions les plus profondes en architecture sont très simples. C'est le passage de la lumière à travers une fenêtre » Quelqu'un qui soutient que dans l'art, « toutes les grandes idées proviennent toujours d'un territoire insuffisamment exploré » ne peut être qu'une personne intéressante. S'il avoue en outre se sentir troublé par les éclipses car elles lui font perdre les « coordonnées » selon lesquelles, dans l'idéal, nous devrions vivre, cela aiguise notre curiosité. Cette conversation avec Juan Navarro Baldeweg se déroule dans son cabinet du quartier

madrilène du Viso où il travaille jusqu'à dix heures du soir « quand tout le monde s'en va et que je suis tranquille ». — Qu'est ce que l'architecture ne vous permet pas d'exprimer et que vous canalisez à travers d'autres disciplines telles que la peinture ou la sculpture ? — L'art pur offre des possibilités et un espace de création qui permet davantage de recherche et une plus grande liberté.

J'ai peint et j'ai créé des installations et des pièces plus conceptuelles comme certaines sculptures... Je le vois comme un processus de recherche. J'en déduis, par exemple, que tout le traitement de la lumière dans mon œuvre architecturale provient de mon expérience de peintre de paysage et de l'observation de la lumière, ce thème éternel de la peinture. Tout cela s'applique à l'architecture. Pour moi, l'art est un atelier d'étude et de recherche.


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L'architecture est bien plus soumise à des demandes et des conditions concrètes. C'est un art appliqué et néanmoins un art très puissant. Ses expériences sont très intenses. Elles affectent énormément et d'une manière particulière tous les sens et le corps, avec des fenêtres sur d'autres arts, plus focalisés. L'architecture se ressent autour de soi, à travers la vision, elle est accompagnée du mouvement. Les grandes expériences en architecture sont très intenses, de sorte qu'il est vraiment difficile d'y renoncer si l'on a la possibilité de les développer. — Outre ce traitement spécial de la lumière, vous accordez une grande importance à d'autres flux d'énergie, comme l'eau. Cette conception de l'architecture est-elle le fruit d'une réflexion personnelle ou l'avez-vous développée à travers les demandes que vous avez reçues au cours de votre carrière ? — Cette obsession pour le traitement de l'énergie et pour notre présence au monde physique vient de mon séjour au Center for Advanced Visual Studies (Centre d'études visuelles avancées) du Massachusetts Institute of Technology (MIT). J'y ai développé une série d'intérêts et de concepts qui étaient à la base des installations que je réalisais alors, fondées sur des expériences tout à fait courantes, immédiates. J'avais pris conscience du fait que les problèmes les plus fréquents de l'architecture tournaient autour de l'« exosomatique » : presque toutes les préoccupations des architectes concernaient la circulation, les nouveaux matériaux, l'influence de l'industrie sur l'architecture, la conception des villes... Les prolongations du corps pour ainsi dire, mais presque toujours d'un point de vue « exo », ce qui est au-delà du « soma ». Cela n'arrive pas vraiment dans l'art, surtout l'art moderne, où des artistes tels que Miró ou Picasso étaient plus préoccupés par l'immédiat, ou les surréalistes par la psyché, par l'endosomatique. Cette confrontation entre l'exo et l'endo m'a conduit, d'une manière naturelle et


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peut-être inconsciemment, à unir ce qui est proche du corps et ce qui en est éloigné, au-delà des mains. Tel était le cœur du sujet et j'en suis venu à définir les « coordonnées » dans lesquelles les êtres humains s'installent, les choses immédiates qui nous entourent. Parmi celles-ci, la lumière, non manipulée technologiquement, la lumière telle quelle, comme source de satisfaction et de joies absolument infinies. La contemplation des choses les plus immédiates, sans s'éloigner du corps lui-même, était ce qui m'intéressait le plus. J'ai réalisé une série de petites installations ou pièces dans lesquelles des signes liés à la lumière s'activaient, de même que des signes liés à la gravité qui, en fin de compte, est la protagoniste de l'architecture : l'expression et la conduction des forces et des masses vers le sol à travers la construction. Un chapiteau, par exemple, est comparable à un tourbillon d'eau, un lieu où les forces changent verticalement de direction. Cette canalisation et toute cette pensée inspirée par les forces naturelles et la façon dont leur contemplation nous affecte physiquement qui, même quand elle ne produit pas de sentiments conscients, le fait inconsciemment, m'intéresse beaucoup. Par exemple, nous pouvons sentir par empathie, en contemplant une colonne qui repose sur le sol, ce qu'elle nous transmet : que notre corps aussi est en appui sur le sol. C'est ce genre d'émotions qui m'intéressait le plus. J'aimais ce monde immédiat au corps, qui nous entoure, les coordonnées de base, ces expériences qui sont tout à fait communes et un peu « zen », le presque rien. D'une certaine manière, c'est ce «rien » qui m'intéressait précisément, parce que c'est au plus proche de nous, cette espèce de vide déterminé par les énergies et les flux naturels, la gravité, l'eau... Tous ces flux dont nous faisons partie et qui produisent les satisfactions les plus intenses. Ce que nous appelons paysage, sans être nécessairement un paysage, peut être le prodige de la lumière qui entre par la fe-

nêtre, la joie infinie du presque rien. — C'est précisément en raison de cette recherche de proximité et de simplicité dans ce que vous réalisez que vous êtes si partisan de l'intégration de vos œuvres dans l'environnement et de l'utilisation de matériaux traditionnels ? J'ai cru comprendre que dans votre maison de Jalón (Alicante), vous êtes allés jusqu'à intégrer un rocher et un arbre qui se trouvaient là... — En effet. Je voyais que je pouvais faire quelque chose de plus ou moins traditionnel et je crois que l'essentiel était cette adaptation à l'environnement immédiat. La simplicité d'une maison peut aussi créer ces émotions qui sont parfois les plus complexes. Et, en effet, il y a eu une grande part d'adaptation, en partie parce qu'il existait déjà une construction typique de la région, très petite, humble, le genre de petite maison pour l'été, que j'ai naturellement transformée en une maison qui nous convienne davantage. Mais il subsiste quelque chose dans ce que l'on conserve car les gens, évidemment, savaient où construire en fonction des vents, du froid, de la pluie, du terrain... Ils savaient où situer exactement les divers objets, ils savaient comment le soleil se déplace en été, en hiver... Toutes ces choses font partie de la sagesse des gens qui ont construit ces petites maisons, il faut en tirer parti. Nous avons ensuite ajouté un bâtiment dans la zone des chambres et nous avons conservé le rocher, je ne l'ai pas supprimé pour unir les deux corps de bâtiment, une espèce de petit pont les relie. Il y a eu effectivement un très grand respect du lieu. C'est une maison parfaitement adaptée, peu visible, ce qui est un point important. Cela a un certain intérêt. Il me semblait qu'il ne fallait pas forcer les choses mais les faire naturellement et je pense que c'est bien ainsi. Les maisons doivent être naturelles, ne pas impliquer de grands efforts ni altérer les choses. — Dans quelle mesure pensez-vous que l'architecture peut contribuer à améliorer la qualité de vie et le bienêtre des personnes ?

— C'est son principal objectif. Les émotions profondes en architecture sont très simples. C'est, par exemple, le passage de la lumière à travers une fenêtre au fil de la journée. Moi, je défends l'architecture comme fait transitoire, non comme fait en soi, qui permet le passage des émotions les plus profondes au sentiment, comme un instrument musical qui n'est pas une fin en soi mais ce qui, par le vécu, l'acte, produit de la musique. La vie que l'architecture crée, celle qu'elle renferme, est ce qui lui sonne sens. Le fils de la propriétaire de la Villa Mairea, œuvre célèbre d'Alvar Aalto, me disait que cette maison était comparable à une guitare, ses hôtes le vivaient ainsi. J'ai parfaitement compris ce qu'il voulait dire. C'est une maison à vivre et dont ont jouit de tous les aspects : sociaux, individuels, dans la solitude, en famille ou avec ses amis. Il s'agit de produire du bien-être sans que cela se remarque. La majeure partie du bien-être provient de l'invisibilité de ce qui le produit. Par exemple, lorsque vous conduisez une bonne voiture, vous ne sentez pas la route, ni les ornières, ni les pierres, comme si ces inconvénients n'existaient pas. L'objectif de l'architecture est aussi d'atténuer l'inconfort. L'idéal invisible est que vous ne perdiez rien de ce temps pendant lequel vous jouissez de cette architecture que j'appelle parfois « antécédente », qui précède l'architecte. Quand je parle de ces questions, l'image que j'ai est qu'il existe une maison antérieure à la maison réelle, une maison des coordonnées dont nous parlions précédemment. — C'est en ce sens que vous avez déclaré que « quand l'architecture est réussie, nous nous y sentons comme dans notre propre nature » ? — Oui, dans une certaine nature, omniprésente, physique, qui ne nécessite ni plante ni rien d'autre. La vie qui nous est adaptée et les conditions dans lesquelles notre corps se sent bien sont relativement limitées. Moi, par exemple, je me sens très mal à l'aise lors des éclipses, parce que les ombres sont multipliées


e et qu'elles produisent des effets qui me déplaisent car je sens qu'elles ne correspondent pas aux coordonnées, que ça ne va pas. Nous pouvons vivre dans les extrêmes, mais à l'intérieur de certaines limites. Quand il se passe quelque chose d'étrange, cela m'inquiète énormément et ne m'amuse pas du tout, sans doute comme cela se produit quand on est malade, qu'on a des vertiges ou lorsque surviennent des choses bizarres qui vous propulsent hors de cette frange relativement étroite de stabilité. — Quelles sont ces franges ou conditions idéales de stabilité ? — Elles sont de type biologique : notre vue est adaptée à certaines distances, à un type d'horizon... Nous vivons dans une architecture préalable, biologique. Par exemple : le regard, la position dans l'espace, la vue, les distances courtes, moyennes et longues, sont très étroitement liés à l'organisme, au corps, de même que le sens de la gravité et de l'équilibre. Tout se résume à l'équilibre dans l'architecture qui cherche, fondamentalement, des équilibres structuraux. Tout cela produit des émotions immédiates, liées au fait que nos perceptions restent dans un environnement déterminé, même si les coordonnées peuvent être repoussées. Rien ne va plus quand le centre des coordonnées se disloque, ce qui arrive dans certaines situations, quand vous êtes enrhumé par exemple ou quand, dans un avion en vol, vous vous trouvez dans une position où le seuil du confort est franchi. C'est une sensation très désagréable parce que vous êtes impuissant. C'est pour cela qu'il faut souligner l'importance des émotions produites par ce qui est le plus banal. — Changeons de sujet, quel est votre avis sur la place de l'architecture espagnole dans le monde ? Pensez-vous qu'il s'agit d'une réussite commune ou de la visibilité ponctuelle de quelques architectes et de certaines œuvres ? — Je crois que l'architecture espagnole jouit actuellement d'un grand rayonnement international. Il ne s'agit pas

« En architecture, le professeur provoque une profonde inquiétude et en même temps, il tranquillise. Il est très important d'accompagner l'étudiant dans les processus créatifs » « Il faut une certaine désorganisation, sortir des sentiers battus pour être créatif » d'architectes particuliers, même s'il y en a, mais de rayonnement général. Nous sommes presque tous passés par les grandes universités américaines. J'ai étudié à Philadelphie, Yale, Harvard et Princeton, et plusieurs professeurs de l'École de Madrid enseignent dans les meilleures universités des États-Unis, nous pouvons donc affirmer que l'école espagnole est excellente. Il est étrange que de nombreux étudiants espagnols aillent étudier dans ces universités alors que leurs professeurs viennent d'Espagne, mais il s'agit sans doute de milieu, d'atmosphère et cela aussi est formateur. Les architectes espagnols sont appréciés et je pense que nous avons eu de la chance de recevoir cette excellente formation de grands maîtres, même s'ils n'étaient pas reconnus car ils ensei-

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gnaient durant l'époque de la dictature et ce que l'on faisait alors en Espagne n'était pas diffusé. Il y avait de très bons architectes, comme Alejandro de la Sota, Sáenz de Oiza ou Corrales et Molezún, qui furent les merveilleux architectes du pavillon de l'Espagne à Bruxelles, par exemple, une grande œuvre d'après moi. Et même auparavant, il y a des œuvres espagnoles d'architecture moderne, comme le célèbre Frontón Recoletos qui n'existe plus, de Secundino Zuazo, qui devraient se trouver dans les manuels et être mieux reconnues qu'elles ne le sont car elles le méritent. Nous avons eu la chance de recevoir cet héritage de nos maîtres et nous l'avons transmis, je crois que nous pouvons donc affirmer que nous avons de bonnes bases et une excellente formation en architecture. L'Ordre des architectes a aussi joué un rôle en conférant une certaine stabilité à la profession et en se préoccupant de nombreuses questions. L'architecture a toujours été une profession exigeante en Espagne, c'est la raison pour laquelle le niveau est élevé et les études très complètes, les étudiants sortent avec une formation assez solide. — En parlant de formation et compte tenu du fait que vous avez aussi enseigné, comment enseigne-t-on et apprend-on l'architecture ? — On pratique beaucoup la conception de projets durant les cours. Les professeurs soulèvent des problèmes pour que les étudiants commencent à réagir et les réponses se compliquent à l'infini pour que l'étudiant découvre la complexité de chaque question sans être accablé, le professeur est là pour ça, pour aider l'étudiant lors d'un processus qui pourrait se révéler décourageant en raison de la quantité de problèmes qu'il renferme. Le professeur est une personne qui, d'une part, provoque une profonde inquiétude mais, d'autre part, tranquillise en expliquant qu'il s'agit d'un problème courant. Cela se fait beaucoup dans les ateliers, les classes de travaux pratiques. Il est très important d'accompagner l'étudiant dans les processus créatifs.


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le profil De père espagnol et de mère allemande, l'architecte, peintre et sculpteur Juan Navarro Baldeweg est né à Santander en 1939. Il grandit dans un environnement de créativité, entouré d'amis sculpteurs, écrivains et poètes. Ses parents remarquent très tôt sa

vocation qui se manifeste dès l'enfance, où il « pouvait passer des heures à dessiner ». En 1959, il s'installe à Madrid pour étudier la gravure à l'Académie des Beaux-Arts de San Fernando. Il obtient le diplôme de l'École technique supérieure d'architecture de l'université poly-

Puis il y a un autre aspect plus théorique qui consiste à montrer que les grandes œuvres sont l'aboutissement de processus difficiles. Il y a d'abord une généalogie de la carrière de l'architecte, son histoire et les autres projets qui l'ont conduit à apporter une réponse à partir de ses expériences. Cette analyse de l'historique et du simultané autour de l'architecte et de son histoire personnelle est très importante : elle montre que toutes les grandes idées de l'art proviennent d'un territoire insuffisamment exploré jusque là. Il faut une certaine désorganisation, sortir des sentiers battus. Et cette singularité de certaines personnes lorsqu'elles abordent un problème doit être enseignée à l'étudiant pour qu'il puisse développer sa capacité créatrice, sortir des lieux communs et rechercher une réponse non conventionnelle. Je pense aux meilleurs, ceux qui sont destinés à être vraiment créatifs en architecture. Parce qu'il y a ensuite un autre aspect fondamental : les choses doivent être bien faites. L'architecture courante, la conception d'habitations par exemple, doit présenter la plus grande qualité possible d'un point de vue technique et une esthétique raisonnable et appliquée, c'est essentiel. La notion d'architecture recouvre tout cela mais il existe une architecture plutôt artistique et une architecture plutôt fonctionnelle qui doit aussi bénéficier de l'excellence. Je crois que l'Espagne a œuvré en ce sens mais aujourd'hui, les médias valorisent énormément les personnalités dans tous les domaines, ces aspects restent donc un

technique de Madrid, puis un doctorat, et y enseigne à son tour. Grâce à une bourse de la Fondation March, en 1974, il se rend aux États-Unis pour étudier auprès de György Kepes au Centre d'études visuelles avancées du MIT. Il y acquiert une expérience qu'il exposa

peu en marge. C'est injuste et c'est un mauvais service social parce que l'architecte célèbre, comme dans tous les arts, n'est qu'un architecte parmi les autres alors que ce qui importe vraiment est que la plupart aient le sens des responsabilités et s'impliquent véritablement, ce qu'il faudrait valoriser pour que la satisfaction soit aussi sociale. Je crois qu'il ne faut pas perdre cela de vue parce que presque tout ce que nous lisons dans les journaux, je le dis franchement, est pure bêtise, ce n'est pas ce qui importe le plus. — Considérez-vous que l'architecture actuelle conserve la valeur symbolique de représentation de l'État qu'elle a pu avoir par le passé ? — Je crois bien, elle a une représentation symbolique et c'est à double tranchant, l'une des faces est négative. Il est inévitable que l'architecture symbolise quelque chose, non seulement l'État ou les administrations mais aussi les entreprises particulières, mais c'est très dangereux car l'architecture est un art public et, en tant qu'art public, les aspects symboliques peuvent dériver vers un autoritarisme désagréable. J'appellerais cela « intempérie » parce que dans la sphère publique le symbole est toujours agressif. Cela provoque beaucoup de problèmes dans notre société, nous constatons que la sculpture publique imposée à la rue est violemment rejetée, l'architecture y échappe en raison de sa fonctionnalité. Pourquoi ? Parce que nous devons avoir des valeurs communes pour l'accepter, comme c'était le cas jadis lorsque la

plus tard dans ses essais « La geometría complementaria » (La Géométrie complémentaire) et « Un objeto es una sección » (Un Objet est une section). Il a été professeur invité dans les universités de Pennsylvanie, Yale, Princeton et Harvard. Dans les années 80, il

sculpture d'une Vierge ou d'un David n'étaient pas remises en question, parce que tout le monde la comprenait. La sculpture contemporaine est difficile à accepter car il n'existe pas de références communes et il est difficile de savoir comment manipuler cette teneur symbolique. C'est une question complexe et je n'ai pas de règles concrètes. Dans l'architecture, il existe toujours un rejet au début mais il cède ensuite la place à la fierté. L'agressivité de certains édifices emblématiques a un côté très négatif et je crois que cela sera un jour critiqué. — Comme vous le savez, l'un des grands débats de la société est le changement climatique, particulièrement d'actualité avec le Sommet de Copenhague. Dans quelle mesure les architectes peuvent-ils contribuer à la réduction de son impact et à l'économie d'énergie ? — On parle beaucoup aujourd'hui de durabilité et d'économie d'énergie. Il y a une composante technique mais je crois que cela va au-delà. La société doit changer d'attitude. Nous avons parlé des grandes joies que peut faire naître la lumière ou le soleil qui passe par une fenêtre au cours de la journée... Cela ne coûte rien, c'est totalement gratuit. Il existe beaucoup de choses qui produisent d'immenses satisfactions et ne coûtent rien. Il faut changer d'attitude. Ne pas recourir en permanence à la technologie, ne pas penser que les problèmes se résolvent par l'attaque. Les problèmes se résolvent souvent par une attitude passive. Cette notion de passivité est importante : résoudre un problème ne


e remarquables de l'un des plus grands architectes de notre pays, le Plan Altamira a permis d'aménager le site des grottes préhistoriques et l'environnement naturel et muséographique de la ville cantabrique de Santillana del Mar, où il a réalisé une réplique des grottes et transformé les bâtiments du musée en exposition permanente d'art

rupestre paléolithique. Le Centro cultural Salvador Allende à Santiago du Chili, La Casa de la Lluvia (maison de la pluie) à Santander, le musée hydraulique des Molinos del Río Segura à Murcie et le Teatro del Canal à Madrid sont quelquesunes de ses œuvres les plus célèbres. Il est membre de l'Académie royale des beaux-arts

de San Fernando, titulaire du Prix national des Arts plastiques depuis 1990, a reçu en 1998 la Médaille d'or Heinrich Tessenow et en 2008, la Médaille d'or de l'Architecture pour l'ensemble de sa carrière. Un an plus tôt, la Médaille d'or du mérite des beaux-arts lui avait été décernée. Il est marié et a deux enfants qui ont suivi ses traces.

photographie studio juan navarro

photographie juan diego lÓpez-arquillo

photographie duccio malagamba

photographie studio juan navarro

inaugure son cabinet d'architecte à Madrid, tout en étudiant et en pratiquant la peinture et la sculpture. Des expositions individuelles et collectives ont permis d'admirer ses œuvres dans le monde entier. Il aime peindre et sculpter dans la maison qu'il a lui-même dessinée à Jalón, village de la province d'Alicante. Parmi les projets les plus

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De gauche à droite. Musée et centre de recherches d'Altamira (2001). Casa de la Lluvia (1979). Huile sur toile « Habitación plata con figura >> (2006). Sculpture pour l'exposition Galerie Marlborough (2004). Teatros del Canal (2008) photographie jAVIER hernández

doit pas en créer de nouveaux. Presque toutes les nouvelles technologies créent de nouveaux problèmes. D'une part, il est très agréable de vivre dans un monde où les distances ont presque disparu parce que la technologie nous apporte ce contact immédiat avec n'importe qui sur la planète. Mais on se demande alors parfois pourquoi prendre aussi souvent l'avion. Tout ce mouvement est une espèce d'ébullition et un terrible gaspillage d'énergie.

Ne pouvons-nous penser qu'il existe d'autres manières de vivre de façon satisfaisante et de communiquer sans autant de déplacements et de gaspillage d'énergie ? Un changement d'attitude est nécessaire, au-delà de l'idée qu'en effet, il faut veiller à la durabilité, mais je ne crois pas que cela doit nécessairement mobiliser davantage de technologie, cela peut se faire à travers une attitude passive. Le monde est plus ou moins devenu

artificiel, il reste très peu d'espaces totalement naturels sur la Terre. Nous disposons d'un tout dans lequel nos constructions génèrent de nombreux problèmes et sont très destructives. Nous devons penser que construire, c'est détruire. J'aime bien utiliser l'image du sculpteur : Lorsque nous voyons quelqu'un sculpter un bloc de marbre pour faire une statue, par exemple, il doit tenir compte de l'ensemble et de la résistance du matériau sinon, les mem-


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bres se briseront et il devra recommencer, ou faire du rafistolage. Prenons Miquel Ange. Ce sculpteur tenait compte de la résistance du matériau, tout ce qu'il faisait était calculé en permanence. À chaque coup de burin, il calculait la nondestruction de l'ensemble. Cette attitude est différente de celle qui consiste à ajouter des blocs de terre à une sculpture, un acte d'addition où il n'existe pas cette conscience de fragilité de l'ensemble. Cela illustre parfaitement ma pensée. C'est de cette fragilité totale que nous devons tenir compte quoi que nous fassions. Le marbre peut se briser, comme de nombreuses structures matérielles peuvent se rompre. Il ne s'agit pas d'ajouter, je crois que nous devons adopter une attitude soustractive dans la création architecturale, en ce sens que nous retirons quelque chose du tout. C'est un sujet qui me passionne. Notre attitude doit changer. Les architectes ont en quelque sorte superposé des pierres. Aujourd'hui, dans une large mesure, nous démolissons une maison pour la rebâtir, avec des problèmes de remaniement qui ont toujours existé mais prendront de plus en plus d'importance. On vous confie une ville et vous devez la transformer par quelques interventions, en sachant que le tout est donné dès le départ et présente une certaine stabilité, et que votre intervention peut la déséquilibrer. Je crois qu'il est très important d'avoir conscience de l'ensemble dans lequel on intervient et qu'il ne s'agit pas simplement d'ajouter et de retirer, que tout cela doit être fait avec précaution, toujours en référence à un tout préalable. Très simplement, jadis l'architecture consistait à partir de rien et fabriquer un tout avec des parties. À présent, cela consiste à partir d'un tout pour aller vers un autre tout avec des effets et des actions simultanément constructives et destructives. Cette conscience du tout doit exister, ce qui exige aussi un changement d'attitude. — À ce propos, permettez-moi de vous demander... le modèle de développement de la côte espagnole étaitil le seul possible ?

«C'est pour cela qu'il faut souligner l'importance des émotions produites par ce qui est le plus banal » « La plupart des idées de bien-être proviennent de l'invisibilité de ce qui le produit » « Il y a en Espagne une excellente formation en architecture et un merveilleux héritage de grands maîtres » — Non, loin de là, c'est un cas monstrueux de cupidité, inexcusable. C'est un désastre et une insensibilité totale envers de nombreux aspects et lieux qui devraient être protégés. Il y a eu une destruction dans le sens négatif, sans tenir aucun compte de la totalité. Nous avons perdu beaucoup de choses avec ces opérations qui auraient pu être réalisés d'une autre manière, mais il aurait fallu pour cela une volonté politique. C'est un sujet très délicat parce que, bien sûr, les gens veulent s'enrichir à tout prix, sans penser que dans quelques années, il y aura des villes dans lesquelles on ne pourra même pas se promener car elles seront déprimantes, et

je crois qu'il faut changer d'attitude en général. Nous le voyons déjà. Il y a trop de constructions non occupées : les villes touristiques sont dans une large mesure des villes fantômes. On le constate bien en hiver. Il est vrai que le climat espagnol est très attirant pour le reste de l'Europe, il était inévitable que les habitants du descendent vers le mais je crois qu'il faut aborder le problème dans toute sa complexité et non comme on l'a fait, pas par commune mais d'une façon intégrale. Construire est inévitable, puisque la demande existe, mais l'un des principaux problèmes de l'Espagne vient de là : d'un développement immobilier, et uniquement cela, sans tenir compte des tenants et des aboutissants. De plus, comme il n'y avait pas d'autres modes d'enrichissement, nous sommes l'un des pays le plus à la traîne pour la le redressement après la crise. J'aimerais bien que le monde adopte une attitude différente, que l'on trouve des satisfactions dans ce qui nous entoure directement, produire moins de déchets, en fait. Il est essentiel de retrouver cette attitude zen de satisfaction à partir de rien. — Qu'est-ce que vous appréciez le plus ? — J'aime énormément ce que je fais, c'est l'une des choses qui me donnent les plus grandes satisfactions. Quand j'ai le temps, en été, j'aime beaucoup nager. Les satisfactions que je retire de mon travail sont primordiales pour moi, c'est ce qui m'amuse le plus parce j'ai un travail créatif. Il y a une facette de l'architecture, plus professionnelle, un peu ennuyeuse, mais quand on est seul et que l'on sent qu'on arrive à quelque chose, ou qu'on ouvre une porte inconnue, cette exploration de frontière est passionnante, même si les fruits sont minces.



Recuerda que en el extranjero

Tu Embajada puede ayudarte Para atender a nuestros compatriotas en el extranjero, España cuenta con una amplia red consular dependiente del Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación, compuesta en la actualidad por 187 Oficinas Consulares y Secciones Consulares de Embajadas, así como cerca de 375 Consulados y Viceconsulados Honorarios. > La función de los Consulados consiste en prestar determinados servicios administrativos a los ciudadanos españoles, ayudar a quienes hayan sido víctimas de delitos o abusos y asistir a quienes se encuentren en situación de necesidad. > Cuando te encuentres en un país o ciudad donde España no posea Consulado, podrás dirigirte a la Sección Consular de la Embajada de España, oficina que se encontrará únicamente en la capital de dicho país

Los consulados pueden

> Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo. > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país; > Prestar asistencia a detenidos; > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación.> Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos así como otros trámites administrativos.

Los consulados no pueden

> Hacer funciones de agencia de viajes; > Conseguir un trabajo en el extranjero; > Garantizar en un hospital o en una cárcel un tratamiento mejor que el otorgado a los nacionales de ese país; > Avalar, prestar dinero o pagar multas; > Hacer de intérprete, guía o asistente social.

Registro de viajeros

> El sistema de registro de viajeros, accesibe desde la web del Ministerio www.maec.es. permite a quienes viajen al extranjero facilitar todos sus datos personales, los datos de su viaje (país de destino, lugares que va a visitar y en los que se va a alojar) y los de los familiares que tienen previsto acompañarle, así como los de las personas a las que habría que contactar en caso de emergencia. > Ello permitirá a la Unidad de Emergencia Consular, en caso de crisis, disponer en todo momento de listados actualizados de las personas que se encuentran de forma transitoria en el país o región afecta da por la misma, facilitando la puesta en contacto con los viajeros y su asistencia en caso de necesidad. > A partir del 15 de julio próximo entrará en funcionamiento una nueva -).)34%2)/ $% !35.4/3 %84%2)/2%3 aplicación informática que permitirá el envío de SMS y correos electrónicos a los viajeros 9 $% #//0%2!#) . previamente registrados, con objeto de enviarles información y recomendaciones en el caso de que se produzca una crisis o emergencia en el país al que han viajado.

-).)34%2)/ % !35.4/3 %84%2)/2%3 9 $% #//0%2!#) .

GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

www.maec.es


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