MIRADAS AL EXTERIOR_15_FR

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Magazine d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération JUILLET-SEPTEMBRE 2010. N˚15. www.maec.es

vers un r i n e v a E L B DURA

Notre société vit un changement permanent que nous devons aborder avec des principes de durabilité et de responsabilité

ACTION EXTÉRIEURE > Sommet sur les objectifs du Millénaire à New York. > Réformes au ministère des Affaires étrangères et de la coopération COOPÉRATION > Madrid accueille la Semaine de la coopération CULTURE ET SOCIÉTÉ > Edgar Neville, la comédie du bonheur > Imaginarium à la conquête du monde des petits L'ENTRETIEN > Margarita Salas : « Le plus gratifiant dans la recherche, c'est l'émotion de la découverte. »


les chiffres et l'image LE CHIFFRE

LA DATE

ÉPHÉMÉRIDE

2,6457 20 milliards d'euros. Tel est le mon-

octobre 2010. Casa Sefarad-

200

tant du budget alloué au ministère des Affaires étrangères et de la coopération pour l'année 2011. Il enregistre une baisse de 14,3 % par rapport au budget exécuté de 2010.

Israel, organisme représentatif de la diplomatie publique, s'installera dans son nouveau siège au palais de Cañete, cédé par la Mairie.de Madrid.

24 septembre, San Fernando a accueilli les cérémonies de commémoration du premier texte constitutionnel de l'Espagne.

ans depuis l’inauguration des sessions des Cortes de Cadix. Le

PHOTOS EFE

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L'image

Le 11 juillet 2010, l'Espagne remportait la victoire lors de la finale de la Coupe du monde de football d'Afrique du Sud en battant la sélection néerlandaise. Un but d'Iniesta pendant les prolongations conférait à l'Espagne une victoire rêvée depuis des décennies, qui a provoqué le délire dans tout le pays. Le triomphe de la sélection dirigée par Vicente Del Bosque a contribué à entériné la suprématie du sport espagnol dans toutes les disciplines. Xavi, Villa, Torres ou Casillas ont ainsi rejoint Alberto Contador, Rafael Nadal ou Pau Gasol, au cours d'une année historique pour notre sport.

RÉdaction> Directeur : Dámaso de Lario. Rédacteur en chef : José Bodas. Directeur artistique et éditeur : Javier Hernández. Collaborateurs : Beatriz Beeckmans, Jacobo García, Alexandra Issakovitch, María Pilar Cuadra, Arturo Carrascosa, Ignacio Gómez, Luis Melgar y Miguel Lizana. direcTION > Direction Générale de la Communication Extérieure. Serrano Galvache, 26. 28033 MADRID. Publication éditée et imprimée par la Dir. générale de la Communication extérieure du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Toute reproduction totale ou partielle sans autorisation expresse de l'éditeur est interdite. Miradas al Exterior n'est responsable ni du contenu éditorial, ni des opinions exprimées par les auteurs. Courriel > opinion.miradas@maec.es > NIPO : 501-10-010-0


sommaire 3

36 > Madrid accueille la Semaine de la Coopération. 38 > La reine a remis le prix Bartolomé de las Casas 40 > Entretien avec Myriam García Abrisqueta, présidente de Manos Unidas

l' entretien

culture et société

68 > Margarita Salas : « Le plus gratifiant dans la recherche, c'est l'émotion de la découverte. ››

coopération

14 > Sommet sur les objectifs du Millénaire à New York 18 > Mise en fonctionnement du Service européen d'Action extérieure. 20 > Réformes au ministère des Affaires étrangères et de la coopération. 22 > Guatemala, le pays de l'éternel printemps. 26 > Entretien avec le directeur général de l'IEMED 28 > L'Institut Cervantès ouvre ses portes à de nouvelles voies de financement

action extérieure

en couverture

6 > La Stratégie espagnole de développement durable offre une approche intégrant les dimensions sociale, environnementale et mondiale

42 > Edgar Neville, la comédie du bonheur. 44 > La gare de Canfranc, un carrefour dans l'histoire de l'Espagne. 48 > Imaginarium à la conquête du monde des petits. 52 > Burgos, siège du premier musée mondial sur l'évolution humaine.

conseil éditorial > Président : Sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Premier vice-président : Directeur général de la Communication extérieure. Second vice-président : Secrétaire général technique. Membres : Chefs de cabinet du secrétariat d'État aux Affaires étrangères, du secrétariat d'État à la Coopération internationale, du secrétariat d'État à l'Union européenne, du secrétariat d'État à l'Amérique latine et du cabinet du directeur général de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement.


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éditorial

Les institutions internationales face aux défis du XXIe siècle Intervention du ministre lors de l'Assemblée générale des Nations Unies

Miguel Ángel Moratinos

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DE LA COOPÉRATION

Il y a quelques jours, New York a accueilli la 65e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Depuis le milieu du siècle dernier, ce rendez-vous en septembre ponctue le calendrier de la politique internationale. La Conférence de San Francisco, en 1945, qui a ouvert la voie à une nouvelle Organisation des Nations unies, dont l'objectif est de promouvoir la paix, la justice et une vie meilleure pour toute l'humanité, est déjà loin, de même que les accords de Bretton Woods, en 1944, qui ont déterminé les relations commerciales et financières entre les pays les plus industrialisés du monde. Dans le contexte actuel, nous devons nous arrêter et réfléchir aux événements importants qui se sont produits au cours des premières années de ce XXIe siècle, et qui influent sans aucun doute sur la transformation des relations internationales et sur l'avenir d'un nouvel environnement mondialisé et interdépendant. Parmi ceux-ci, les attaques terroristes de septembre 2001 ou la faillite de Lehman Brothers, sept ans plus tard. Tandis que le 11 septembre a modifié et élargi le concept de sécurité, et incité les États membres des Nations unies à

approuver une stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, le G-20, aux réunions duquel participe l'Espagne, est devenu un forum de gouvernance économique dont la mission est de trouver une sortie à la pire crise financière et économique que le monde ait connue depuis la première moitié du siècle dernier. Dans ce contexte, le gouvernement espagnol continue à miser sur le multilatéralisme, qui doit nous permettre de relever les défis mondiaux du XXIe siècle. Une méthode qui repose sur les efforts des institutions internationales, le respect et la reconnaissance, pour établir de nouvelles alliances et élaborer des stratégies et des politiques communes. La paix au Proche-Orient est donc toujours une priorité stratégique pour l'Espagne. Ainsi, à la veille du vingtième anniversaire de la Conférence de Madrid, nous continuons à déployer tous nos efforts pour que le processus de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens conduise définitivement à la solution des deux États. Une autre de nos priorités absolues est de garantir la stabilité dans la région des Balkans occidentaux et la pleine intégration

dans l'Union européenne des pays qui la composent. L'Afrique est un défi d'avenir pour la communauté internationale comme pour l'Espagne. Nous réitérons notre engagement en faveur de la consolidation des progrès réalisés dans la bonne gouvernance et la démocratisation du continent, qui devrait permettre de surmonter des crises comme celles du Sahel, de la Somalie ou de la région des Grands Lacs. Historiquement, l'Amérique latine a toujours été une région prioritaire pour notre action extérieure. Le sous-continent assiste à un changement social et politique sans précédent, qui coïncide avec la commémoration des bicentenaires de l'indépendance dans certains des pays qui le composent. L'Espagne souhaite être un acteur de cette mutation en renforçant les relations bilatérales et les relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine. Je suis convaincu du fait que vivre dans un environnement mondialisé doit nous encourager à consolider les instruments d'une bonne gestion de la diversité culturelle et interculturelle, qui se présente comme l'un des enjeux majeurs du XXIe siècle. La consolidation internationale de l'Alliance des civilisations comme diplomatie préventive est déjà un fait et une ressource que nous devons utiliser. À l'heure actuelle, nous sommes plus d'une centaine d'États à faire partie du Groupe d'amis, avec 23 organisations internationales. Autre engagement ferme de l'Espagne : la lutte contre le changement climatique. Pour y faire face, nous devons modifier notre manière de concevoir le développement et la croissance


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économique. Cela demande un plus grand effort pour limiter et réduire les émissions de gaz à effet de serre et notre dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles. Nous devons miser sur les énergies renouvelables et une consommation efficace et responsable. Les Nations unies ont créé, à travers la Convention-cadre sur le changement climatique, une référence pour nous doter d'un régime mettant en œuvre des solutions viables et alliant nos intérêts et nos volontés. Dans quelques mois, nous participerons au Sommet climatique et nous devons être conscients des efforts nécessaires pour faciliter le rendezvous de Cancún : la crédibilité du système multilatéral est en jeu. Le sommet sera un succès si nous adoptons une approche réaliste, solidaire et généreuse envers les pays les plus vulnérables. En ce qui concerne les droits de l'homme, l'Espagne est fermement engagée en faveur de la suppression de la peine de mort. Nous considérons que la peine capitale est une violation absolue des droits de l'homme en raison de son caractère irréversible, qui en fait le cas le plus extrême de traitement cruel, inhumain et dégradant. La Commission internationale contre la peine de mort, proposée par le

président Rodríguez Zapatero, a été constituée au début du mois d'octobre. Le gouvernement espagnol se situe à l'avant-garde de la lutte contre la faim et la pauvreté, c'est la raison pour laquelle nous avons proposé devant les Nations unies, avec d'autres États, la création d'une taxe sur les transactions en devises, destinée à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement. Si les données fournies par la FAO sont encourageantes, la faim dans le monde ayant pour la première fois reculé, le chiffre de 925 millions de personnes souffrant de la faim est éthiquement et politiquement inacceptable. La lutte contre la pauvreté ne peut être victime de la récession économique. Car malgré la crise, ce ne sont pas les conditions matérielles mais la volonté politique qui est le levier de la réalisation des objectifs du Millénaire en 2015. Pour mener à terme ces objectifs, il est nécessaire d'intégrer dans l'égalité près de la moitié

Le gouvernement espagnol se situe à l'avantgarde de la lutte contre la faim et la pauvreté, qui ne peut être victime de la récession économique.

Nous misons sur un multilatéralisme efficace, qui doit nous permettre de relever les défis du XXIe siècle.

de la population mondiale : les femmes. Le dixième anniversaire de la Résolution 1325 relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, doit nous inciter à renforcer l’égalité des genres dans le domaine public et dans les institutions, ainsi que dans les espaces économique, social et culturel. Nous pouvons et nous devons avancer dans ces réformes. Des indices positifs existent, tels que la création récente de l’« ONU Femmes », qui, sous la direction de sa présidente Michelle Bachelet, permettra de progresser dans cette voie. Le monde nouveau exige de nous que nous adaptions et que nous élargissions l'architecture institutionnelle internationale. Como señaló el pensador español José Ortega y Gasset, “los hombres no viven juntos porque sí, sino para acometer juntos grandes empresas”. Aujourd'hui, un grand projet nous attend : terminer la réforme de nos institutions et établir les bases d'une gouvernance mondiale ; car unis, nous pouvons faire face aux défis et aux crises du XXIe siècle et construire un système international plus juste, équilibré et durable.


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Le développement durable est un objectif fondamental pour toutes les politiques de l'Union européenne. Il a pour finalité d'améliorer la qualité de vie des habitants de la planète et des générations futures, ainsi que de préserver la capacité de la Terre à soutenir la vie sous toutes ses formes. En outre, ce mode de développement repose sur les principes de la démocratie ainsi que sur le respect de la loi et des droits fondamentaux. De même, il cherche à garantir la solidarité entre les habitants actuels et les générations futures, tout en s'efforçant d'encourager une économie dynamique alliée à un haut niveau d'emploi, d'éducation, de cohésion sociale, de protection de l'environnement, etc. dans un monde en paix qui respecte la diversité culturelle. Arturo Carrascosa et Alexandra Issakovitch

Développement durable et durabilité


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Aboutissement des analyses de la situation de la planète, le concept de durabilité est né d'un constat négatif qui peut être décrit comme une « urgence planétaire » (R. W. Bybee), comme une situation insoutenable qui menace dangereusement l'avenir de l'humanité. « Un avenir compromis », tel est précisément le titre du premier chapitre de Notre avenir à tous, le rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, connu sous le nom de rapport Brundtland (CMED, 1988), femme politique norvégienne à qui l'on doit la première tentative d'introduction du concept de durabilité ou soutenabilité : « Le développement durable », affirme la docteure Gro Harlem Brundtland, « est le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Il s'agissait d'un concept totalement nouveau, qui impliquait de se faire à l'idée que les ressources naturelles de la planète n'étaient pas aussi illimitées qu'on le croyait et que les effets de leur exploitation démesurée, dont elles étaient jusqu'à présent victimes, étaient assez dévastateurs. L'idée de non-durabilité du développement actuel est récente et représente une nouveauté pour la plupart des citoyens. Et elle est nouvelle dans un autre sens encore plus profond : la durabilité exige une approche mondiale ; elle requiert la prise en considération de la totalité des préoccupations interdépendantes auxquelles l'humanité doit faire face et qui ne peuvent être résolues ou atténuées qu'à l'échelle planétaire, car il s'agit bel et bien de problèmes mondiaux. Ceci dit, il ne s'agit pas de percevoir le développement et l'environnement comme des concepts antagonistes, mais de reconnaître qu'ils sont étroitement liés, que l'économie-développement et


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L'AGENDA 21 DES NATIONS UNIES

comportements favorables pour l'atteinte d'un développement durable.

Face à la gravité et l'urgence des problèmes auxquels l'humanité est aujourd'hui confrontée, les Nations unies ont instauré la Décennie de l'éducation pour le développement durable (20052014), en désignant l'Unesco comme organe responsable de sa promotion et en demandant à tous les éducateurs d'assumer un engagement afin que toute l'éducation, aussi bien officielle (enseignement allant de l'école primaire à l'université) que parallèle (musées, médias, etc.) prête systématiquement attention à la situation du monde afin d'encourager les attitudes et

Les Nations unies développent ce concept dans un « Plan d'action », connu sous le nom d'Agenda ou Programme 21, qui a été adopté par les représentants de 179 gouvernements à l'occasion de la Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement en 1992 (Conférence de Rio ou Sommet de la Terre). À ce jour, nombre des membres signataires du Programme 21 ont ratifié les accords et organisé leurs propres programmes à l'échelle nationale et locale, en suivant les guides élaborés par différentes entités associées aux Nations unies. Le Programme 21 a été révisé et renforcé lors de la Conférence Rio + 5

l'environnement ne peuvent qu'aller de pair, puisqu'ils sont interdépendants. Il s'agit de voir la pauvreté des pays du Sud et la surconsommation effrénée des pays du Nord comme les causes fondamentales de la non-durabilité du développement et de la crise environnementale. Pour évoluer vers un avenir durable, tous les acteurs sociaux doivent tout d'abord tourner le dos aux approches purement locales envisagées à court terme, car les problèmes ne peuvent être résolus que si leur dimension mondiale est prise

en compte. Il faut également en finir avec l'indifférence envers un environnement considéré comme immuable, insensible à nos « petites » interventions. Cette pensée pouvait être pertinente à l'époque où la population ne s'élevait qu'à quelques millions d'êtres humains, mais cela fait bien longtemps que ce seuil a été franchi. Enfin, nous devons en terminer avec l'ignorance de notre responsabilité et avec la recherche de solutions qui nuisent à autrui : aujourd'hui, forger un avenir pour « les nôtres » aux dépens

en 1997, mais également à la suite de l'approbation des objectifs du Millénaire pour le développement en 2000. Le Programme 21 propose des programmes et agendas à développer à l'échelle nationale et locale sur l'ensemble de la planète. Il s'agit tout simplement d'un plan d'action socioéconomique et durable lié à la solidarité intergénérationnelle, convenu entre les citoyens et leurs autorités locales au sein du territoire de leur commune. Ce plan possède un caractère local et doit par conséquent respecter certaines règles et certains contenus allant de la lutte contre la pauvreté à la préservation de la diversité biologique, en passant par le rôle des agriculteurs, des industries

d'autres personnes n'est plus possible ; les déséquilibres à long terme ne sont pas soutenables. Durabilité en Espagne (quelques données importantes). Pour répondre au besoin objectif d'évaluer les processus de développement durable de manière intégrée et pour communiquer leurs résultats, l'Espagne dispose d'un Observatoire de la durabilité (OSE), créé en 2005, fruit d'une convention entre le ministère de l'Environnement, du Milieu


P ou des syndicats dans le développement durable de chaque commune. Ce plan ne se limite pas uniquement à l'« environnement » ou à la « qualité environnementale urbaine », et encore moins à l'intervention indispensable de techniciens, comme il est habituellement laissé entendre. Les éléments et objectifs du Programme ou Agenda 21 sont les suivants : la lutte contre la pauvreté, la modification des modes de consommation, la démographie et la durabilité, la protection de la santé, la promotion du développement durable des ressources humaines (établissements humains), l'intégration du développement durable dans la prise de décisions, la protection de l'atmosphère, la conception intégrée de la planification et de la gestion des terres, la lutte contre le déboisement,

la lutte contre la désertification et la sécheresse, la promotion de l'agriculture et du développement rural durable, la préservation de la diversité biologique, la gestion rationnelle de la biotechnologie, la protection des océans et des mers ainsi que la gestion de leurs ressources, la protection et la gestion de l'eau douce, la gestion des substances toxiques, la gestion des déchets dangereux, la gestion des déchets solides et des eaux usées, la gestion sûre des déchets radioactifs, les mesures en faveur de la participation des femmes à un développement durable, l'enfance et la jeunesse dans le développement durable, les populations autochtones dans le développement durable, le rôle des ONG dans le développement durable, le rôle des travailleurs et des syndicats, le rôle des entreprises

rural et marin, la fondation questions particulièrement Biodiversité et la Fondation Les énergies importantes pour la générale de l'université d'Alcalá renouvelables durabilité dans notre pays : jouent un rôle de Henares. l'emploi vert, le patrimoine Parmi l'ensemble de ses de plus en plus naturel et culturel, la qualité missions, l'Observatoire de la important. de l'eau et de l'air, etc. durabilité en Espagne se doit L'énergie Cependant, parmi les de faciliter la coordination éolienne a travaux réalisés par l'OSE, transversale et l'échange au aujourd'hui il convient de citer ses sein de l'important effort de dépassé la rapports annuels sur la recherche réalisé en Espagne contribution durabilité. Ces documents en matière de durabilité au de l'énergie sont rédigés sur la base cours de ces dernières années. nucléaire. d'indicateurs qui permettent Parallèlement, celui-ci doit d'évaluer les progrès réalisés garantir, par le biais du travail en réseau, vers la durabilité, dans une perspective l'utilisation et le développement des économique, sociale, environnementale, meilleures capacités disponibles dans les territoriale, institutionnelle, culturelle et universités, les centres de recherche, les mondiale. administrations publiques, et le secteur Quelques-unes des données les privé, les entreprises et, en particulier, plus éclairantes publiées dans le dans les fondations et les organisations dernier rapport annuel sur la durabilité, non gouvernementales. particulièrement axées sur l'identification L'OSE fait partie de l'Observatoire en des éléments permettant de surmonter la réseau de l'aménagement du territoire crise, sont recueillies dans les lignes qui européen (ORATE) et, à travers le Forum suivent. permanent sur le développement durable, il organise des réunions régulières de débat Emploi, cohésion sociale, éducation et public autour des points essentiels pour la société de l'information. Au fil des années durabilité du développement. En outre, il de croissance économique, l'Espagne a publie des rapports thématiques sur des été à la tête de la création d'emplois en

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dans le développement durable, le rôle de la communauté scientifique et technique dans le développement durable, le rôle des agriculteurs et éleveurs dans le développement durable, les ressources financières pour le développement durable, le transfert de technologie, la science dans le développement durable, l'éducation, la formation et la sensibilisation en matière de développement durable. Le développement de tous ces éléments a été prévu à travers des mécanismes nationaux et des mécanismes de coopération internationaux, des institutions internationales, des instruments juridiques internationaux pour le développement durable, l'information et la diffusion pour la prise de décisions. La majorité des objectifs doit être envisagée à l'échelle de la commune.

Europe. Néanmoins, avec l'effondrement de la construction et la crise économique généralisée, les indicateurs qui reflètent les caractéristiques générales de cette période, telles que le taux d'activité ou le taux de chômage municipal, révèlent que cette longue tendance à la création d'emploi a radicalement changé. Une chute interannuelle de 4,1 % du PIB au cours du troisième trimestre 2009 et un taux de chômage s'élevant à 17,92 % lors du deuxième trimestre 2009 traduisent une situation de récession économique. Un autre indicateur stratégique du modèle espagnol – l'abandon scolaire prématuré – subit actuellement de profonds changements, après ces années durant lesquelles le dynamisme extraordinaire des secteurs économiques à faible qualification simplifiait l'accès rapide à l'emploi. Actuellement, la saturation du marché du travail dans ces secteurs a favorisé un retour à la formation, dans l'objectif d'obtenir de meilleures qualifications garantissant un emploi. L'Espagne possède une population territorialement très concentrée, exposée à une tendance au vieillissement et à une augmentation de la dépendance sociale. Selon les chiffres prévisionnels


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L'évaluation de la durabilité Luis M. Jiménez Herrero

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'OBSERVATOIRE DE LA DURABILITÉ EN ESPAGNE (OSE)

Il s'avère indispensable de mesurer et d'évaluer les processus de développement, sous les principes de durabilité, de la façon la plus objective possible pour mieux comprendre les dynamiques socioéconomiques et environnementales interdépendantes et pouvoir trouver les stratégies, les politiques et les mécanismes de gestion appropriés pour contrôler notre avenir. Pour ce faire, il est nécessaire de disposer d'un système d'indicateurs adaptés pour savoir où nous en sommes et où nous souhaitons arriver, et pour définir la voie que nous devons emprunter et établir le « plan » que nous devons suivre pour progresser convenablement vers la durabilité dont il est question. Si le point de départ est le besoin décidé de mesurer et d'évaluer les processus de développement de la manière la plus objective possible du point de vue de la nouvelle « logique de la durabilité », il s'avère également compréhensible d'adopter une philosophie de travail reposant sur la maxime de « repenser ». En d'autres termes, il s'agit de mener une réflexion générale sur le présent pour revisiter le futur avec la nouvelle logique de la durabilité du développement, en faisant preuve d'une vision intégrale, d'une approche intégratrice et d'une perspective à long terme. Telles sont les démarches explicitement assumées par l'Observatoire de la durabilité en Espagne (OSE) pour l'élaboration de ses rapports de durabilité à partir des indicateurs. C'est dans ce cadre conceptuel que réside la raison d'être de l'OSE qui a pour mission de « stimuler le changement social vers la durabilité,

en fournissant à la société les meilleures informations disponibles pour faciliter les processus de prise de décisions et de participation publique ». Avec cette mission, l'OSE aspire à devenir un centre de référence sur le plan national (et elle est en passe d'y parvenir) qui, de manière rigoureuse, collecte, élabore et évalue les informations de base sur la durabilité en Espagne (situation, tendances et scénarios), en prenant systématiquement en compte ses différentes dimensions (environnementale, sociale, économique, institutionnelle et mondiale). Ajoutons que la tâche de l'OSE est menée en toute indépendance et qu'il favorise en même temps une large participation de la communauté universitaire et scientifique en général, en bénéficiant par ailleurs du concours des agents économiques et sociaux et en encourageant le travail en réseau à travers des chaînes d'observatoires. L'objectif général consiste à fournir des informations régulières significatives, indépendantes, véridiques et dignes de foi, susceptibles d'être comparées avec les informations issues de pays voisins. Au bout du compte, fournir des informations ayant un poids pour la prise de décisions dans le domaine des différentes politiques publiques, tout en permettant d'encourager la prise de conscience et la participation publique pour contribuer aux transformations sociales vers la durabilité. Par ailleurs, l'OSE, qui approuve les principes généraux auxquels les Nations unies adhèrent en

La mise à disposition d'informations de qualité permet de construire des scénarios d'avenir afin que la société puisse améliorer la planification de la durabilité du développement.

matière de développement durable, a adopté le cadre de référence politique, stratégique et opérationnel défini au sein de l'UE, tout particulièrement dans la Stratégie de développement durable de l'UE (SDD-UE), qui souligne que « le développement durable est un objectif clé pour toutes les politiques communautaires ». L'OSE cherche à promouvoir une économie dynamique alliée à un haut niveau d'emploi et d'éducation, de protection de la santé, de cohésion territoriale, de cohésion sociale et de protection de l'environnement dans un monde sûr et en paix qui respecte la diversité culturelle. Depuis sa création il y a cinq ans, il convient de mettre en avant le progrès réalisé par l'OSE concernant des aspects essentiels relatifs à l'amélioration des procédures de recherche appliquée et au développement d'approches méthodologiques pour l'élaboration des rapports génériques de durabilité (Durabilité en Espagne 2005, 2006, 2007, 2008 et 2009), ainsi que des rapports thématiques fondés sur l'analyse d'indicateurs. Ce progrès a sans aucun doute été accompli grâce à un processus d'apprentissage et d'amélioration continue réalisé au moyen des efforts, de l'implication et de l'enthousiasme dont les chercheurs et techniciens de l'Unité technique de l'OSE ont fait preuve au cours de ces cinq années et qui ne cessent de s'étendre à un large groupe de collaborateurs du monde universitaire et professionnel qui, peu à peu, fait naître une « petitegrande famille » d'observateurs


P de la durabilité. Mais l'utilisation des nouvelles technologies et l'approche du travail en réseau permettent également de bâtir une structure dynamique de relations positives, d'échanges d'expériences concrètes de réussite et de bonnes pratiques qui rendent possible le développement rapide de nouvelles capacités techniques et scientifiques en matière de durabilité. À titre d'exemple, il convient de souligner les évolutions observées dans le cinquième rapport annuel sur la durabilité en Espagne (rapport 2009), principalement rédigé sous forme d'atlas, qui permet d'analyser sous un point de vue spatial-territorial plus complet, tout particulièrement à travers le géoréférencement et la représentation cartographique des indicateurs, les multiples dimensions de la durabilité, de manière à ce que chaque indicateur reflète une meilleure compréhension du « où » (dimension spatiale-territoriale) et du « quand » (dimension temporelle), pour exposer plus efficacement la façon dont les relations et interdépendances des processus de durabilité se manifestent et s'expliquent. La mise à disposition d'informations de qualité, comme celles que l'OSE cherche à fournir, permet d'évaluer l'évolution des disponibilités des réalités changeantes et de construire des scénarios d'avenir afin de proposer à la société une série de connaissances significatives pour la prise de décisions, ainsi que pour améliorer la planification de la durabilité du développement dans la pluralité des dimensions, secteurs et territoires. Notre société est en perpétuel changement et nos modèles socio-économiques et modes de vie actuels subissent de grandes transformations qu'il faut aborder sur la base de principes de durabilité et de responsabilité éthique. Les systèmes d'indicateurs, à l'instar de ceux utilisés par l'OSE dans ses rapports, jouent à cet effet un rôle essentiel pour progresser dans les analyses et améliorer les décisions responsables vers un avenir durable.

de l'Institut national de la statistique (INE), les perspectives à court terme prévoient une croissance de 3,8 millions d'habitants, ce qui représenterait un total de 49 084 332 habitants en 2018, soit une hausse relative de 8,4 %. Au cours des cinq dernières années, la société de l'information s'est fortement répandue en Espagne. Tous les indicateurs signalent de fortes hausses dans toutes les catégories d'accès et d'utilisation des nouvelles technologies de l'information

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et de la communication (TIC). Aussi bien les entreprises que les ménages ont vu leurs pourcentages de connexion à Internet et d'accès au haut débit augmenter. Les TIC peuvent améliorer la durabilité environnementale et l'efficacité énergétique à partir d'un modèle de « développement intelligent ». Soulignons que les technologies de l'information peuvent potentiellement réduire les émissions mondiales de CO2 de 15 %. Cette économie sera cinq fois supérieure

TAUX DE RECYCLAGE Papier

80% 70%

Métaux 60% Verre 50% 40% Plastiques

30% 20% 10% 0

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

évolutiOn de la surface occupée par l'agriculture écologique 1 500

Surface en milliers d'hectares

1 200

900

600

300

0 1995 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008


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à celle réalisée dans le secteur lui-même.

Au cours des cinq dernières années, la société de l'information s'est fortement répandue en Espagne. Le secteur des TIC peut potentiellement réduire les émissions mondiales de CO2 de 15 %.

Production et consommation durables. Le rapport annuel de l'Observatoire de la durabilité en Espagne met en avant la diminution de quelques-unes des plus fortes pressions environnementales associées au modèle de développement espagnol. Tel est le cas des émissions de gaz à effet de serre (GES) ou des processus d'urbanisme liés aux constructions de logements entreprises. Les émissions de ces gaz ont diminué au cours des deux dernières années, corroborant le renversement de la tendance entamé en 2006, en conséquence de la baisse de la consommation d'énergie et de l'intensité énergétique de l'économie, qui permet d'améliorer la compétitivité et de bénéficier d'une participation accrue des énergies renouvelables. La quantité de matériaux utilisés au sein de l'économie nationale diminue elle aussi. Ceci entraîne donc une amélioration de la productivité des ressources. Néanmoins, un modèle intensif d'utilisation de matériaux perdure toujours. Pour y remédier, il importe d'envisager un changement vers une écoefficacité du métabolisme économique, entraînant une amélioration de la productivité et de la compétitivité, afin de réduire les écarts avec les pays les plus avancés de l'Union européenne. Pendant ce temps, le poids économique de l'agriculture ne cesse de chuter, alors même que ses impacts environnementaux augmentent. Cependant, l'agriculture écologique se développe considérablement et des bases réglementaires solides sont adoptées pour la durabilité du milieu rural. L'effondrement du poids économique de la construction est particulièrement déterminant (12,3 % du PIB en 2007 pour environ 10 % en 2009), alors que les difficultés d'accès au logement demeurent. Le bâtiment est le secteur économique qui a enregistré la plus forte baisse ces trois

dernières années. Par rapport à 2006 – année durant laquelle la construction de nouveaux logements a été la plus élevée –, les constructions de logements entreprises ont chuté de 59,63 % en 2008. Ce chiffre a encore été revu à la baisse en 2009.

Qualité environnementale. Au rythme du ralentissement de la consommation, les déchets ont vu leur gestion s'améliorer, tandis que les taux de recyclage continuent de progresser, même s'ils ne sont pas encore au niveau des moyennes des pays les plus industrialisés de l'Union européenne. Les dernières données disponibles révèlent une tendance à la hausse du recyclage du papier-carton, du verre et des plastiques, ce qui est conforme aux objectifs fixés par le Plan national intégré des déchets pour la période 2008-2015. De son côté, la qualité de l'air s'est améliorée dans l'absolu au cours de ces dernières années, bien qu'elle ne soit toujours pas satisfaisante dans les moyennes et grandes villes espagnoles. Un fort pourcentage de la population est exposé à des niveaux de pollution dangereux pour la santé. D'après les dernières données disponibles, 24 % des communes espagnoles de plus de 100 000 habitants ont dépassé la concentration moyenne annuelle de PM10 (particules inférieures à 10 microns) en 2005, 41 % d'entre elles n'ont pas respecté la valeur limite journalière applicable et 20 % des communes ont doublé le nombre de jours de dépassement de la valeur limite fixée. Dans le même temps, l'usage et la gestion de l'eau continue de se poser comme un défi pour la durabilité en Espagne, même si une utilisation plus efficace et rationnelle de la consommation ménagère est constatée. La tendance à l'amélioration est moins significative au niveau des usages agricoles. Énergie et biodiversité. Ces deux dernières

années, la consommation d'énergie primaire a diminué par rapport aux deux années précédentes. Cette évolution répond à la continuité de la hausse des prix des énergies primaires sur les marchés internationaux, mais également à la forte baisse de la demande dans le contexte de la crise économique internationale. L'amélioration de l'efficacité énergétique et la réduction de la consommation d'énergie sont essentielles pour faire face au changement climatique, ce qui passe impérativement par l'encouragement de la mise en œuvre de processus efficaces sur le plan énergétique et de changements technologiques, au-delà des effets dérivés de la diminution de la demande. Parallèlement, les énergies renouvelables ne cessent de jouer un rôle de plus en plus important. L'énergie éolienne a aujourd'hui dépassé la contribution de l'énergie nucléaire. L'augmentation de la production d'énergies de sources renouvelables élève sans aucun doute le niveau d'autoapprovisionnement et réduit la facture du pétrole, le tout accompagné de coûts environnementaux moindres, permettant ainsi à l'économie espagnole d'enregistrer un léger progrès vers l'objectif de réduction de sa dépendance énergétique. Dans le domaine de la biodiversité, une plus grande protection des espèces sauvages menacées est nécessaire. Si l'on veut réduire le nombre d'espèces inscrites dans les listes rouges, il s'avère fondamental d'augmenter l'espace destiné à la conservation de la nature et d'améliorer la connectivité spatiale ainsi que les conditions environnementales de ces sites, à travers la mise en marche et la mise en œuvre de mesures de gestion appropriées. Territoire et transport. En Espagne, le développement d'instruments d'aménagement du territoire n'est pas suffisamment consolidé. Bien que toutes les Communautés autonomes disposent d'une législation en matière d'aménagement du territoire, uniquement neuf d'entre elles ont approuvé leurs instruments régionaux : les Asturies (1991),


P la Catalogne (1995), le Pays basque (1997), l'Aragon (1998), les îles Baléares (1999), l'Andalousie (1999 et 2006), les Canaries (2003), la Navarre (2005) et la Cantabrie (2006). Certaines d'entre elles ont élaboré des instruments d'aménagement du territoire à plusieurs reprises sans parvenir à les approuver, et d'autres sont actuellement en train d'en élaborer. Les coûts externes du transport restent élevés et représentent un problème important en Espagne. Plusieurs études estiment que ces derniers peuvent atteindre environ 7 % du PIB, valeur légèrement inférieure à la moyenne européenne. La part de ces coûts externes se rapportant aux accidents a enregistré une réduction significative. Pour la cinquième année consécutive, le nombre de victimes mortelles d'accidents de la route a diminué en Espagne. Cette baisse des accidents entraîne une diminution des coûts externes du transport et une amélioration du bien-être social. Responsabilité sociale des entreprises et gouvernance. Ces dernières années, l'achat public responsable a évolué dans le bon sens : les critères sociaux et environnementaux établis dans les cahiers des charges ne sont désormais plus purement anecdotiques et se sont convertis en une pratique habituelle au sein des administrations publiques. L'Espagne possède près de 1 300 centres de travail certifiés EMAS (système européen de certification de qualité environnementale dans les entreprises), ce qui positionne le pays aux avant-postes à l'échelle européenne. La certification se concentre dans le secteur des services et de l'hôtellerie, principalement dans les Communautés autonomes de Catalogne et de Madrid. Pour leur part, les processus de gouvernance pour le développement durable – ouverture, participation, responsabilité, efficacité et cohérence – évoluent favorablement. Des progrès significatifs sont constatés au niveau des procédures de participation sociale et une amélioration de l'efficacité est observée dans les services d'administration

en couverture 13

CROISSANCE DU % DU RNB DESTINÉ À L'APD 2000-2008 (%)

0% 0,10% 0,20% Données inconnues Source : Données Eurostat

grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Entre 2000 et 2007, les entreprises ont augmenté leur investissement en matière de protection environnementale de 70 %. Au cours des cinq dernières années, le commerce équitable ainsi que l'achat public responsable ont affiché une tendance positive, avec une augmentation des ventes et un durcissement des critères de durabilité dans la gestion publique. Responsabilité envers la durabilité mondiale. La responsabilité envers la durabilité mondiale, et plus concrètement l'éradication de la pauvreté, constitue la principale référence pour le respect des engagements internationaux fixés dans les objectifs du Millénaire pour le développement. En Espagne, le fait de contribuer à l'éradication de la pauvreté dans le monde sous toutes ses formes fait partie de l'un des objectifs de la loi 23/98 relative à la coopération internationale pour le développement. Parmi les instruments de la politique espagnole de coopération internationale figurent l'aide

humanitaire qui, à son tour, inclut l'aide alimentaire d'urgence pour protéger les vies humaines et améliorer la situation des populations victimes de conflits armés ou de catastrophes, qu'elles soient naturelles ou provoquées par l'homme. Le Plan directeur, élément fondamental de la planification espagnole de coopération internationale pour le développement, formulé tous les quatre ans, contient les lignes générales et les directives de base de cette politique, en en signalant les objectifs. À l'heure actuelle, le Plan directeur 20092012 est en cours de développement. La situation économique complexe actuelle a contraint le gouvernement à revoir les prévisions du Plan annuel de coopération internationale. C'est ainsi qu'une prévision d'aide publique au développement (APD) nette de 5,26461 milliards d'euros a été établie pour 2010, ce qui représente 0,51 % du revenu national brut. Même si cette hausse est inférieure aux objectifs, l'APD augmente et conserve une perspective d'engagement continu en faveur de la durabilité du développement mondial.


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Au rythme actuel, aucun des huit objectifs fixés en 2000 ne sera atteint à la date prévue. Tel a été le message transmis par le Secrétaire général des Nations unies aux 140 chefs d'État et de gouvernement qui ont assisté au sommet visant à réviser et à encourager les OMD. Pour contribuer à la lutte contre la faim et la pauvreté, le président Rodríguez Zapatero a demandé un nouvel effort en faveur de l'aide au développement et a annoncé que son gouvernement défendra l'instauration d'une taxe sur les transactions financières dans les forums internationaux. Miradas al exterior

Sommet des chefs d'État et de gouvernement à New York L'Assemblée générale des Nations unies d'État et de gouvernement de poursuivre s'est engagée, il y a dix ans, à fixer les leurs investissements pour renforcer le objectifs les plus ambitieux de l'histoire développement des pays les plus démunis. contemporaine pour éradiquer la faim et Ban Ki-moon a chiffré à 45 milliards de la pauvreté en 2015. Une décennie après dollars la contribution totale nécessaire avoir pris cet engagement, les principaux pour accélérer le pas vers l'atteinte des dirigeants mondiaux se réunissaient OMD, en mettant particulièrement en septembre à New York pour faire le l'accent sur la coopération internationale, point sur les promesses et analyser les l'amélioration de la santé maternelle, la réussites et échecs du document intitulé baisse de la mortalité infantile et la lutte « Les objectifs du Millénaire contre le sida et les épidémies. pour le développement ». Le Après avoir rappelé que « nous Secrétaire général des Nations Le président du ne pouvons faillir aux milliards unies a confirmé les attentes : gouvernement de personnes qui attendent de « même si ce programme a a assuré que la communauté internationale permis d'atteindre des résultats l'Espagne un accomplissement des réels au niveau des objectifs maintenait promesses pour la construction comme la lutte contre l'extrême l'objectif de d'un monde meilleur », le pauvreté, l'éducation primaire destiner, à Secrétaire général a lancé un ou l'accès à l'eau potable, il reste l'horizon 2015, appel à l'action : « Dirigeants du encore beaucoup à faire ». Il 0,7 % du PIB au monde, nous vous attendons ». a ensuite demandé aux chefs développement. Au cours de son

En haut, le président du gouvernement au cours de son intervention pendant le sommet organisé par les Nations unies. En bas, M. Rodríguez Zapatero aux côtés du ministre des Affaires étrangères et de la coopération lors du même sommet. efe

intervention, José Luis Rodríguez Zapatero a formulé deux initiatives pour concrétiser les objectifs du Millénaire : que les pays poursuivent leurs efforts en faveur de l'aide au développement malgré la crise et qu'ils mettent en place de nouvelles sources de financement. Après avoir demandé à tous les gouvernements


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de se prononcer clairement sur le sujet, le chef de l'exécutif espagnol a proposé la création d'une taxe sur les transactions financières internationales destinée à l'accomplissement des OMD. « Mon gouvernement », a-t-il annoncé, « s'engage à défendre cette initiative, à la mettre en pratique et à l'appliquer dans tous les forums internationaux ». À ce propos, le président a qualifié de « suffisamment sensé, juste et logique » que les pays et les nations « réclament un minimum d'effort au fonctionnement du système financier pour faire sortir des millions d'êtres humains de l'extrême misère ». Le chef du gouvernement a ensuite reconnu que les pays donateurs ont freiné le grand effort destiné à l'aide au développement, mais a considéré que ce ralentissement était « temporaire, conjoncturel ». Parallèlement, il a assuré

que l'Espagne maintenait l'objectif de destiner, à l'horizon 2015, 0,7 % du PIB au développement, « après être passé de 0,2 à 0,45 % ces cinq dernières années ». À ce titre, le président a rappelé que l'Espagne était le pays développé qui avait le plus augmenté son aide au développement au cours des cinq dernières années, se présentant aujourd'hui comme un donateur décisif pour le système des Nations unies, tout particulièrement dans la lutte pour la sécurité alimentaire, l'égalité de genre et contre la pauvreté. Lutte contre la pauvreté. Avant son allocution prononcée lors de la réunion de haut niveau, le président espagnol a participé à la table ronde consacrée à la lutte contre la pauvreté, la faim et l'inégalité de genre. Pendant son intervention, il a affirmé que l'Espagne poursuivra ses efforts pour l'atteinte

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du premier objectif du Millénaire pour le développement, qui se propose d'éradiquer l'extrême pauvreté et la faim. Concernant le rôle de la femme, il a signalé qu'il s'avérait fondamental de le soutenir pour améliorer l'épanouissement de l'être humain, puisque ce sont les femmes qui supportent le poids de la charge familiale dans les milieux les plus défavorisés. En toute logique, l'amélioration de leurs conditions se traduira par l'amélioration des conditions de toute la famille et, par là même, de celles de la société. En ce sens, il a insisté sur le fait que les objectifs du Millénaire ne pourront être atteints que si des progrès sont réalisés dans l'égalité de genre et si tous les gouvernements l'envisagent comme une priorité. Bonnes relations entre l'Espagne et le Maroc. Le siège des Nations unies a été le cadre choisi pour la réunion entre


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le roi Mohammed VI et le président Rodríguez Zapatero. Comme l'a déclaré le chef du gouvernement, « les relations sont excellentes », et il a annoncé que les deux chefs d'État se sont donné rendez-vous à l'occasion de la prochaine réunion bilatérale de haut niveau qui aura lieu début 2011 pour « passer en revue tous les sujets sur lesquels nous avons travaillé ces dernières années, à savoir la politique d'immigration, la politique concernant l'Union pour la Méditerranée, la politique sur le Maghreb et, bien évidemment, les relations économiques hispano-marocaines, sur lesquelles nous souhaitons mettre l'accent en collaborant sur des projets communs ».

Réunion avec les investisseurs nordaméricains. Pendant son séjour à New York, le président Rodríguez Zapatero a expliqué aux principaux investisseurs institutionnels des États-Unis que l'Espagne et la zone euro entamaient actuellement leur redressement économique et que la stabilité financière était de retour après la crise de la dette des mois de mai et de juin. La réunion a rassemblé les hauts représentants de banques, de fonds d'investissement et de compagnies d'assurance comme Citigroup, Morgan Stanley, Goldman Sachs, Prudential, Metlife ou Blackrock, entre autres. Le philanthrope George Soros était également présent.

Le président les a informés sur l'important chapitre des réformes que l'Espagne est en train de mettre en place pour générer de la compétitivité et surmonter les déséquilibres structurels accumulés au cours des 15 dernières années. Il a commenté que leur mise en œuvre avait dû passer par la prise de « décisions difficiles » qui ont révélé sa « farouche détermination » à rendre l'économie espagnole compétitive et à relancer la création d'emplois. Il a également évoqué le « plan ambitieux » qui vise à réduire le déficit public, en annonçant que celui-ci représentera 6 % du PIB en 2011 et 3 % en 2013.

José Luis Rodríguez Zapatero pendant la réunion avec un groupe d'investisseurs américains pour présenter la situation de l'économie espagnole. efe

Antonio Banderas AMBASSADEUR DE BONNE VOLONTÉ DU PNUD

Comptez sur moi

Depuis que j'ai été nommé ambassadeur de bonne volonté du PNUD, bien plus qu'une reconnaissance personnelle, ce titre m'a offert l'opportunité de réfléchir sur mon engagement en cette époque qu'il m'a été donnée de vivre, avec la possibilité d'explorer mes propres responsabilités envers les personnes qui ne sont pas aussi chanceuses que moi. Cette nomination m'a offert la possibilité de comprendre et d'agir en faveur des millions d'êtres humains victimes des injustices endémiques découlant du manque d'aliments, de l'inégalité de genre, de l'impossibilité de recevoir des soins

médicaux, du droit à un logement digne, de l'absence d'éducation, etc. Depuis le premier monde, lorsque nous observons avec horreur l'état de crise permanent dans lequel des millions de personnes du monde entier sont obligées de survivre, un sentiment de confusion nous envahit face à l'incompréhension de cette incapacité à remédier à tant de souffrance. Nous courons même le risque de devenir insensibles à ce que l'on peut finir par considérer comme un fait inévitable. Le plan de réalisation des

objectifs du Millénaire a aussitôt attiré mon attention. Ses cibles sont spécifiques, concrètes et précises. Il requiert l'engagement des gouvernements et essaie également de mobiliser la société civile. Toutefois, cette dernière a besoin d'être tenue informée des progrès effectués, des objectifs réalisés et des cibles atteintes. Telle peut être ma mission. Tâcher de faire en sorte que le message parvienne le plus clairement possible au plus grand nombre de personnes, que les gens sachent quels sont les progrès réalisés... Pour remplir cette fonction, comptez sur moi.


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L'Espagne mise sur le développement Juan López-Dóriga

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA PLANIFICATION ET DE L'ÉVALUATION DES POLITIQUES POUR LE DÉVELOPPEMENT

Le sommet sur la révision des objectifs du Millénaire pour le développement s'est tenu au siège des Nations unies, à New York, les 20, 21 et 22 septembre derniers. À l'occasion de ce rendez-vous, les chefs d'État et de gouvernement de presque tous les pays du monde ont évalué les progrès enregistrés en matière d'éradication de la pauvreté sur la planète. Dix ans après la Déclaration du Millénaire et deux ans après la dernière révision des OMD, alors qu'il ne reste que cinq ans pour tenir les promesses faites par les Nations unies en 2000, la communauté internationale a reconnu que des progrès avaient été constatés, mais qu'il restait encore énormément à faire. L'Espagne a fermement misé sur le développement, en en faisant une priorité de son action extérieure, et sur la lutte contre la pauvreté et les OMD, en convertissant ces derniers en éléments phares de sa politique de développement. Il s'agit du pays qui a le plus augmenté son APD au cours de ces dernières années. Son engagement l'a converti en un pays de référence en matière de coopération internationale, non seulement pour sa contribution financière, mais également pour l'importance de ses initiatives. Ce que démontrent, par exemple, le Fonds PNUD-Espagne pour la réalisation des OMD, la réunion de haut niveau sur la sécurité

alimentaire, le Fonds pour l'eau et l'assainissement ou la création du Fonds UNIFEM pour l'égalité de genre. La position espagnole au sommet de New York s'est principalement axée sur le financement du développement. Il est vrai que la conjoncture économique a contraint de nombreux pays à ralentir l'effort de croissance de leur aide publique au développement. L'Espagne a elle aussi dû repousser l'accomplissement de l'objectif fixé dans le IIIe Plan directeur 2009-2012, mais il faut cependant reconnaître qu'il ne s'agit que d'un report temporaire. Le gouvernement espagnol, conjointement avec ses partenaires de l'Union européenne, maintient l'objectif de destiner 0,7 % de son PIB à l'aide au développement en 2015. Cette décision a été confirmée par le président du gouvernement à New York. Toutefois, les rapports des Nations unies soulignent qu'il existe un déficit de financement pour le développement et le changement climatique d'environ 300 milliards de dollars annuels, montant qui ne pourra être épongé par les économies du monde ni à court ni à moyen terme. Pour pallier cette situation difficile, le gouvernement espagnol a exprimé son engagement à promouvoir, dans tous les forums, la mise en place d'une taxe sur les transactions financières

L'Espagne est le pays qui a le plus augmenté son APD au cours de ces dernières années, ce qui en fait un pays de référence en matière de coopération internationale.

internationales. L'idée, dont la mise en œuvre semblait lointaine il y a seulement deux ans, se fraie peu à peu un chemin. Le moment est peut-être venu d'accélérer le pas. Le développement ne peut plus attendre. Les retards se mesurent en nombre de vies perdues. Et tel est également le cas de l'une de ces dimensions oubliées des OMD : La lutte contre l'inégalité. Nous savons tous que les progrès que nous avons réalisés n'ont parfois pas bénéficié à de grandes couches de la population et que nous sommes soumis à ce que l'on pourrait appeler la « dictature des moyennes ». La croissance, alliée aux efforts de redistribution, entraînerait – et entraîne déjà dans certains pays – une diminution accélérée de la pauvreté. En revanche, il faut reconnaître que les programmes sociaux qui réduisent l'inégalité impliquent une mobilisation de ressources internes qui requiert des politiques fiscales nationales et un environnement international favorable à la lutte contre l'évasion fiscale et les paradis fiscaux. Cette question, sur laquelle le mandat de Doha se penche, et sur laquelle l'Espagne a travaillé avec détermination au cours de sa présidence du Conseil de l'UE, devrait être l'une des principales priorités du G-20. C'est ainsi que ce point a été exposé à New York et c'est ainsi que cette initiative a été proposée.


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Au cours du premier semestre 2010, la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne a obtenu, par ses efforts et son engagement, un accord des institutions européennes et des États membres sur la mise en fonctionnement du Service européen pour l'Action extérieure prévu par le Traité de Lisbonne. María Pilar Cuadra

L'Union européenne désigne ses premiers diplomates La Haute représentante pour les plaçant au niveau qui lui revient de par son Affaires étrangères et la politique de poids économique, et de doter d'une plus sécurité, Catherine Ashton, a annoncé grande cohérence son action extérieure. le 15 septembre dernier les premières À ce titre, elle annonçait la création d'un nominations dans les ambassades service diplomatique afin de soutenir la (délégations) de l'Union, du Service Haute représentante responsable, selon européen pour l'Action extérieure le traité, de la politique extérieure et de (SEAE). Parmi les 28 élus, cinq Espagnols sécurité commune définies par le Conseil occuperont les postes d'ambassadeurs européen et le Conseil de l'UE. (chefs de délégation) en Argentine, en Les négociations visant à créer le Angola, en Guinée-Bissao SEAE, en codécision avec et en Namibie ainsi que les le Parlement européen, fonctions de chef en second Les nouveautés du n'ont pas été faciles. La dans la délégation en Chine. Traité de Lisbonne présidence espagnole du La nouvelle diplomatie est permettront à l'UE Conseil de l'UE, au cours ainsi mise en œuvre, neuf mois de s'exprimer dans du premier semestre seulement après l'entrée en le monde 2010, a déployé tous ses Le SEAE hérite vigueur du Traité de Lisbonne. efforts pour supprimer En effet, l'un des principaux de la Commission les différences entre les objectifs de ce traité était de européenne un institutions européennes renforcer le rôle politique réseau de 137 et entre les États membres de l'UE dans le monde, en la délégations pour faire avancer le projet

le plus rapidement possible, en tenant compte du fait que le nouveau service ne pouvait assumer une augmentation injustifiée du budget communautaire. Finalement, le 26 juillet dernier, le Conseil de l'UE a adopté à l'unanimité la décision qui détermine les bases juridiques en vue de l'établissement et du fonctionnement du SEAE. Parmi les questions débattues pendant la phase de négociation, citons la répartition du personnel entre les trois sources du service (le secrétariat général du Conseil, la Commission et les services diplomatiques des États membres). Le consensus détermine qu'au moins un tiers des membres du SEAE proviendront des États et 60 % au moins des institutions communautaires. Il est également établi qu'il devra y avoir un équilibre géographique, en fonction de la population de chaque pays, ainsi qu'une


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représentation adéquate des femmes. Quant aux compétences du SEAE, l'accord final implique que le champ d'application sera très étendu, élément indispensable pour que l'action extérieure de l'Union porte ses fruits. En effet, la Commission européenne, qui était jusqu'à présent une institution dotée de délégations à l'étranger, conserve les compétences exclusives en matière de commerce international, tandis que le SEAE assume les autres compétences ainsi que de nouvelles compétences en matière de représentation politique. La coopération au développement est l'une des compétences transférées, l'Union européenne étant le premier donateur mondial : le SEAE en assume la compétence fondamentale bien qu'en collaboration avec la Commission. Il en va de même en matière d'élargissement à de nouveaux États. Autre nouveauté en matière de compétence, la possibilité pour l'Union européenne, à travers son réseau de délégations, d'assumer la protection consulaire des citoyens européens. Elle pourra s'en charger subsidiairement aux États membres, c'est-à-dire lorsque ceuxci ne disposent pas de représentation dans le pays en question, et toujours à la demande de l'État dont est ressortissante la personne recherchant protection, victime d'un accident ou d'un délit, se trouvant dans une situation d'urgence,

ayant fait l'objet d'une arrestation, etc. Pour évaluer la portée du nouveau service européen pour l'action extérieure, il convient de rappeler que celui-ci hérite de la Commission européenne un réseau de 137 délégations auprès de pays tiers et d'organismes internationaux, progressivement créé par cette dernière depuis les années 1980 afin de développer les relations commerciales de la Commission économique européenne et qui a peu à peu assumé d'autres fonctions. Aux 28 personnes nommées par Catherine Ashton en septembre pour intégrer le SEAE, s'ajouteront jusqu'à la fin de l'année 2010, 84 autres personnes afin de couvrir les postes des services centraux de Bruxelles comme des ambassades des pays tiers et des organismes internationaux. Le système de nomination est hautement compétitif : 470 candidats, fonctionnaires communautaires ou membres des services diplomatiques des États membres, dont les mérites ont été jugés par un panel de représentants de la Commission européenne, le secrétariat général du

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Conseil de l'Union et les États membres, participent au premières nominations. La proportion élevée d'Espagnols est, sans nul doute, une preuve de la qualité et du professionnalisme de nos fonctionnaires. Certaines questions restent toutefois en suspens. Le Traité de Lisbonne prévoit que l'Union puisse agir dans tous les domaines de la sphère internationale, ce qui inclut sa participation à d'autres organisations internationales. L'Union européenne œuvre actuellement pour adhérer à la Convention européenne des droits de l'homme du Conseil de l'Europe, organisation qui regroupe 47 pays du continent. De même, des négociations sont en cours avec l'Organisation des Nations unies pour que l'UE puisse participer en tant que membre à part entière à ses travaux, requérant dès lors l'accord de l'ensemble des pays de l'ONU. Quoi qu'il en soit, pour l'année 2013, lorsque le SEAE sera pleinement opérationnel, l'Union européenne disposera d'un service diplomatique influent qui défendra les intérêts des États membres européens dans le reste du monde.

LES PREMIERS ESPAGNOLS. L'Espagne est parvenue à placer cinq diplomates dans la première attribution des postes : Alfonso Díez Torres (chef de délégation en Argentine), Javier Puyol Piñuela (chef de délégation en Angola), Joaquín González-Ducay (chef de délégation en Guinée-Bissao), Raúl Fuentes Milani (chef de délégation en Namibie) et Carmen Cano de Lasala (Chine).


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Les réformes du ministère des Affaires étrangères et de la coopération obéissent à deux réalités différentes : le nouveau cadre du Traité de Lisbonne et le besoin d'adaptation de la diplomatie du XXIe siècle à un environnement en mutation et à un monde multipolaire.

Réformes au sein du MAEC pour un environnement en mutation Nul n'ignore que la réforme du ministère des Affaires étrangères et de la coopération répond à un nouveau cadre d'adaptation des instruments de notre Service extérieur aux besoins de l'Espagne dans le concert international, comme puissance moyenne européenne et proactive, qui se développe dans un environnement mondialisé et interdépendant. Il est certain que les processus de réforme au sein du ministère se développent dans un contexte de récession économique et d'ajustements budgétaires, mais les objectifs et les regards vont bien au-delà de cette conjoncture pour la création d'un service extérieur moderne, correctement restructuré et proche des citoyens. Le 30 avril, le Conseil des ministres a adopté l'accord sur la rationalisation des structures au sein de l'Administration générale de l'État, ce qui implique la réduction des hautes fonctions et le réaménagement du secteur public. Les objectifs de réduction des frais de personnel et de fonctionnement sont atteints tout en garantissant le maintien de l'action de l'Administration ainsi que sa capacité à offrir des services de qualité aux citoyens. Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération s'est initialement exclu de ce processus afin de maintenir sa capacité

opérationnelle et de réponse face au défi de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne. Le Décret royal 929/2010 publié le 23 juillet a instauré l'actuel organigramme, supprimant un secrétariat d'État et 13 directions générales. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a qualifié la restructuration du département de « sérieuse, profonde et moderne » et souligné qu'elle a tenu compte des différentes réalités telles que l'adaptation politique à un monde multipolaire, les règles établies par le Traité de Lisbonne et les nouvelles tendances de la diplomatie du XXIe siècle. Les règles du Traité de Lisbonne. D'une part, le Traité de Lisbonne explique, entre autres questions, la qualification de la nouvelle direction générale des affaires générales et de coordination des politiques du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. D'autre part, cela a impliqué la création du nouveau Service européen pour l'Action extérieure (SEAE) mis en œuvre avec succès au cours de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne. La création de ce corps diplomatique et d'un nouvel organigramme des services centraux

Prise de fonction du nouveau soussecrétaire du ministère, Antonio López Martínez, et du secrétaire d'État aux Affaires étrangères et ibéroaméricaines, Juan Pablo de Laiglesia. PHOTOS j. fernández / j. hernández


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de l'Union, dépendants de la Haute représentante et vice-présidente de la Commission, Catherine Ashton, a également induit la réduction du nombre de directions générales ainsi que la compression du deuxième et du troisième échelon de notre organigramme. La diplomatie du XXIe siècle. La grande nouveauté du SEAE reconnaît l'existence d'une nouvelle diplomatie pour le XXIe siècle, un siècle qui n'a pas seulement modifié le panorama géostratégique mondial et les relations internationales

dans leur ensemble, mais également la politique extérieure espagnole et notre diplomatie. Ni ses structures administratives ni la recherche de l'optimisation des ressources ou les améliorations relatives à sa gestion ne pouvaient rester en marge de la nouvelle réalité européenne et espagnole. Les directions générales correspondent donc aux zones géographiques et couvrent toutes les dimensions, en évitant les doublons et en introduisant des distinctions entre les relations bilatérales avec des pays tiers et les relations avec ceux-ci à travers l'Union européenne. Dans cette réforme, des canaux d'interaction ont été établis entre la direction générale des Relations économiques internationales et les Affaires énergétiques en vue de promouvoir la diplomatie économique et d'encourager l'internationalisation de notre économie et des entreprises, au grand potentiel de croissance extérieure. La mise en marche du nouveau secrétariat d'État aux Affaires étrangères et ibéro-américaines, les changements de dénomination des directions générales ou les modifications de leurs services répondent à une necéssité d'efficacité et de coordination au service d'une Espagne actrice mondiale. Le Décret royal 941/2010 publié le 23 juillet a également modifié le statut de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), en supprimant la direction du bureau du fonds de coopération pour l'eau et l'assainissement, répondant à l'objectif général de réduction organisationnelle et à une AECID plus rapide et flexible au

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service de la solidarité et de l'engagement de la société espagnole contre la faim et la pauvreté. Réforme d'avenir. Les services centraux de ce département ont entrepris un processus de réformes qui auront des répercussions au niveau interne et amélioreront l'efficacité et la qualité du service offert aux citoyens, aux entreprises opérant à l'étranger ainsi qu'à la diffusion de notre culture. Il ne fait aucun doute qu'une meilleure gestion permet d'optimiser les ressources et d'améliorer notre rayonnement extérieur ainsi que la « puissance douce ». Si certaines questions n'ont pas encore trouvé de réponse, les progrès obtenus à ce jour engagent un processus de réformes sans retour qui s'achèvera par la création d'une diplomatie espagnole pour le XXIe siècle, avec la future loi sur le Service et l'Action extérieure de l'Espagne. Ces réformes, mises en œuvre de manière continue et consensuelle, ont pris en compte les nouveaux acteurs internes et externes ainsi que la coordination interministérielle nécessaire et la plus grande flexibilité des processus de gestion. La réforme du ministère des Affaires étrangères et de la coopération peut être conçue comme un processus de modernisation, pour une meilleure efficacité et l'excellence de la prestation des services. Tout cela donne progressivement forme à la politique extérieure et à la diplomatie espagnole du XXIe siècle, qui doivent relever les futurs défis en plaçant au premier plan les intérêts de la société espagnole et de l'État.

Principales nominations Secrétaire d'État aux Affaires étrangères et ibéro-américaines : M. Juan Pablo de Laiglesia ■ Sous-secrétaire : M. Antonio López Martínez ■ Directeur général de la Communication extérieure : M. Dámaso de Lario Ramírez ■ DG du Service extérieur : M. Juan Ramón Martínez Salazar ■ DG Affaires consulaires et migratoires : M. Santiago Cabanas Ansorena ■ DG d'intégration et de coordination des affaires générales et de coordination des politiques du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne : M. Alejandro Abellán García de Diego ■


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CONNAÎTRE VOTRE AMBASSADE Le Guatemala est un pays multiculturel, très riche en traditions, mêlant cultures indigène, coloniale et moderne en un mélange éblouissant de couleurs, saveurs et parfums. Ce pays est surnommé « pays de l'éternel printemps » en raison de sa nature luxuriante et de son climat idéal. Il offre des lieux magiques tels qu'Antigua Guatemala, inscrite par l'UNESCO au patrimoine culturel de l'humanité, ainsi que des monuments mondialement renommés, icônes de la culture maya. Le Guatemala est, en outre, un pays frère de l'Espagne avec lequel il a noué d'étroites et profondes relations. Luis Melgar

Guatemala, le pays de l'éternel printemps Tikal, an 1000. Une civilisation glorieuse agonise L'empire maya, qui a étendu sa culture et son influence dans une grande partie de l'Amérique centrale, commence à se désagréger et à se dissoudre dans une quantité de luttes intestines. Celle qui fut la capitale de cette nation légendaire, Tikal, qui comptait 200 000 habitants quand, en Europe, les évêques discutaient la nature divine de Jésus-Christ au concile de Nicée, est abandonnée et oubliée. Pourquoi les Mayas ont-ils perdu leur vitalité ? Pourquoi des centaines de milliers d'hommes et de femmes ont-ils quitté leurs foyers dans une ville prospère et ne sont jamais revenus ? Lorsque les conquistadors espagnols arrivèrent au Guatemala en 1523, il ne restait plus que les ruines de cette ancienne et fière civilisation. Ses habitants, les Mayas, étaient toujours là. Ils se mêlèrent aux envahisseurs européens pour engendrer la population métissée qui prédomine aujourd'hui dans le pays et qui est la clé de sa richesse linguistique, ethnique et culturelle. Depuis 1523, les relations entre le Guatemala et l'Espagne ont beaucoup évolué, il ne pouvait d'ailleurs en être autrement. L'indépendance du pays, le 15 septembre 1821, mit fin au lien

entre la métropole et la colonie, qui se prolongea néanmoins à partir de nouvelles bases. Après la transition espagnole, les relations se sont multipliées entre les deux pays qui ont noué une amitié inévitable entre deux nations liées par une histoire, une langue et des traditions communes. Les relations politiques entre l'Espagne et le Guatemala sont actuellement excellentes, comme le démontrent les nombreuses visites des présidents, ministres et secrétaires d'État au cours des dernières années. L'Espagne encourage particulièrement la promotion des droits de l'homme au Guatemala. Après quatorze années de paix, il ne fait aucun doute que la situation en la matière s'est considérablement améliorée, même si les rapports du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme sont rien moins qu'indulgents. Quant aux violations des droits de l'homme commises durant le conflit armé, soulignons que pour la première fois, deux sentences de condamnation ont été prononcées contre des soldats et responsables militaires, ce qui représente un grand pas pour la justice. D'un point de vue économique, le Guatemala est une destination

essentielle pour les investissements espagnols : près de 700 millions d'euros à l'été 2010, fondamentalement concentrés dans les secteurs de la distribution d'énergie électrique et des télécommunications. Notre pays a démontré à de nombreuses reprises son ferme engagement en faveur de la coopération au développement au Guatemala. Plus de la moitié de la population vit au-

Le Guatemala en chiffres Superficie : 108 890 km2 Population : 12,9 millions d'habitants Densité démographique : 118,9 habitants/km2 Croissance démographique annuelle : 2,4% Espérance de vie à la naissance : 70,1 ans Rang IDH (2009) : 122 PIB (par habitant 2007) : 4.562 $ Taux d'inflation : 6,5 % (2007) Principal client exportation : États-Unis Principal client importation : États-Unis Principales exportations : Café et sucre Principales importations : Matières premières et combustibles Espagnols résidents (2007) : 5.406 Source MAEC


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Deux des lieux les plus caractéristiques de la capitale guatémaltèque : la place centrale (à gauche) et la cathédrale métropolitaine (en haut).

dessous du seuil de pauvreté et près de 15 % avec moins d'un dollar par jour. Les taux de dénutrition chronique infantile, mortalité maternelle et infantile, sont les plus élevés d'Amérique latine après Haïti. Reconnaissant cette situation et au nom de son engagement en faveur de la coopération avec les pays les moins avancés (PMA), l'Espagne se positionne comme premier donateur bilatéral dans ce pays d'Amérique centrale, à hauteur de 101 millions d'euros en 2009. La sécurité alimentaire est un élément particulièrement important: Le Guatemala enregistre un taux de dénutrition chronique proche de 50 %, le gouvernement espagnol collabore donc plus particulièrement à des projets de la FAO et au Programme alimentaire mondial (PAM). Citons également d'autres programmes tels que « Justice et sécurité : réduction de l'impunité » contribuant à la lutte contre l'impunité pénale au Guatemala, ainsi que le soutien budgétaire au Plan national d'éducation, ou encore aux programmes en matière d'eau et d'assainissement. Pour compléter le tour d'horizon des profondes et fructueuses relations bilatérales entre l'Espagne et le Guatemala, signalons l'existence d'une grande communauté espagnole dans ce pays d'Amérique centrale : 5 800 hommes et femmes au début de l'année 2009, ce chiffre s'élevant aujourd'hui à près de 7 000, en raison


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de l'application de la loi sur de la bienfaisance mais a la mémoire historique, qui également pour objectif de a permis aux descendants L'Espagne se resserrer les relations entre de nombreux exilés qui positionne Espagnols et Guatémaltèques, s'enfuirent au Guatemala comme premier à travers la mise en œuvre sous la dictature du général donateur de nouveaux projets qui Franco, d'opter pour la bilatéral dans le apportent un meilleur bienpays, à hauteur nationalité espagnole. être à ses membres et un La communauté de 101 millions héritage solide pour l'avenir. espagnole est extrêmement d'euros en L'association dispose d'une bien organisée sur les 2009. fondation qui s'occupe avant terres guatémaltèques, en tout de la promotion de la particulier à travers l'Association santé et de la convivialité par le sport, espagnole de bienfaisance. Il s'agit ainsi que de la clinique Nuestra Señora d'une organisation créée en 1866, del Pilar qui a pour mission d'offrir des qui rassemble la majeure partie des services médicaux complets de grande Espagnols installés dans le pays. Cette qualité à tous les habitants du pays. association ne se limite pas au domaine Aujourd'hui, le Guatemala est

un pays qui se bat pour sortir du sous-développement. Parmi les six républiques d'Amérique centrale, elle se situe au deuxième rang en terme de PIB par habitant, même si elle n'est qu'à la 77e place mondiale. L'indicateur du développement humain est plus préoccupant. Elle occupe en effet la 122e e place derrière ses voisins le Panama et le Costa Rica. L'engagement espagnol en faveur du Guatemala, tant au niveau politique qu'au niveau économique et social, est particulièrement évident en matière de développement, soutenant la population guatémaltèque pour qu'elle atteigne et dépasse le niveau de bien-être dont jouissaient ses ancêtres dans la glorieuse Tikal.

Ambassade d'Espagne au Guatemala.

UN ESPAGNOL AU GUATEMALA Carlos Bartolomé Presa Guatémaltèque de parents espagnols, président de l'Association espagnole de bienfaisance, institution qui gère, entre autres, la clinique Nuestra Señora del Pilar et le Club Centre Espagnol.

Quelle opinion les Guatémaltèques ont-ils de l'Espagne et des Espagnols ? À mon avis, il existe de nombreuses perceptions différentes, mais je distinguerais trois tendances : ceux qui apprécient la culture espagnole même s'ils ne la connaissent pas et sont fascinés par les équipes de football et la gastronomie, ceux qui ont des préjugés sur l'Espagne, rappellent la conquête et tiennent le discours des 500 ans d'oppression et d'abus, et ceux qui s'identifient à sa culture, sont attirés par celle-ci et ont visité l'Espagne ou souhaitent découvrir ce pays. Ce groupe cherche des informations sur l'Espagne, son histoire, sa géographie, etc. En tant que communauté, les Espagnols résidant au Guatemala réalisent-ils des activités pour rester en contact ? L'Association espagnole de bienfaisance est une organisation

qui a été créée en 1866 et qui réunit la plupart des Espagnols dans le pays. Toute personne espagnole, ou d'origine espagnole, peut devenir membre pour 20 euros par mois et profiter ainsi de réductions dans les cabinets médicaux, les laboratoires d'analyse et ont accès au club. Cette association est reconnue par la société guatémaltèque comme la plus active et celle qui obtient les résultats les plus probants. Pourriez-vous nous donner des raisons de choisir le Guatemala comme destination professionnelle ou de vacances ? Le Guatemala est un pays pluriculturel, riche en traditions, surnommé « pays de l'éternel printemps » en raison de sa nature luxuriante et de son climat idéal. En raison de sa diversité culturelle, les gens y sont chaleureux et hospitaliers et accueillent naturellement à bras ouverts tous les visiteurs (il n'y a pas

d'étrangers, seulement des amis). Le pays offre des lieux magiques tels qu'Antigua ou Tikal, ainsi que des endroits secrets à découvrir comme la région de Las Verapaces, où vivre une expérience authentique. La géographie du Guatemala est très variée. Il existe en effet une grande diversité d'espèces animales et végétales et des paysages impressionnants. Cette destination réserve de nombreuses expériences d'écotourisme et d'aventure (il est possible de pratiquer les sports extrêmes, le tourisme scientifique, l'avitourisme, par exemple, etc.). En outre, le Guatemala est l'un des pays qui dispose des meilleures infrastructures d'Amérique centrale. L'industrie est également très diversifiée, comptant plusieurs entreprises multinationales et des chaînes internationales qui offrent un large éventail d'options de grande qualité.


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Passé colonial et coopération María del Carmen Díez Orejas ambassadrice d'Espagne au Guatemala

Le Guatemala est un pays d'une grande richesse et diversité. Avec une superficie légèrement supérieure à celle de la région de Castille-et-León, il est le plus vaste de l'Amérique centrale. C'est aussi le pays le plus peuplé, avec près de 14 millions d'habitants, dont plus de la moitié sont indigènes. L'environnement est d'une beauté incomparable. Une chaîne de volcans (dont plus d'une douzaine sont actifs) culminant à 4 000 mètres traverse le pays qui compte également un majestueux haut plateau, des forêts tropicales, de nombreux lacs et plaines fertiles à proximité des côtes baignées par l'océan Pacifique et la mer des Caraïbes. La population guatémaltèque se compose de 23 communautés ethnolinguistiques, en grande partie d'origine maya, qui conservent leurs langues et leurs particularités culturelles. L'empreinte espagnole se manifeste à travers la langue et les coutumes ainsi que les villages et les villes fortement marqués par l'empreinte coloniale. Cette diversité culturelle se reflète dans un patrimoine unique magnifiquement représenté par le complexe maya de Tikal et la ville d'Antigua, siège de la capitainerie générale d'Amérique centrale. L'histoire du pays a dessiné une réalité politique, économique et sociale complexe. Les lumières et les ombres du passé colonial, la consolidation du pouvoir créole après l'indépendance et le long et sanglant conflit armé se projettent largement dans l'actualité. Quatorze ans après la signature des accords

de paix, subsistent certaines des causes qui donnèrent lieu à un affrontement qui s'est prolongé pendant 36 ans : de nombreuses couches de population subissent de considérables inégalités sociales, la discrimination, le racisme ainsi que la pauvreté et l'exclusion. Dans ce contexte, le Guatemala doit relever une série de défis. Dans le domaine politique, le renforcement des institutions de l'État et la lutte contre la violence et l'impunité. Dans le domaine social, la réduction de la pauvreté et des inégalités. Dans le domaine économique, la promotion d'un développement durable respectueux de l'environnement et d'une plus grande compétitivité et diversification de son économie en vue de faciliter son intégration au sein d'un système mondialisé. L'Espagne, en tant que pays ami et engagé, soutient activement les efforts déployés par le gouvernement pour relever ces défis. Nos relations bilatérales sont particulièrement fertiles sous tous les rapports. Du point de vue politique, le dialogue est constant. Quant à la coopération, le Guatemala est considéré comme pays d'action prioritaire. Cela se traduit par une activité intense des différents acteurs de la coopération au développement. Plus de la moitié de l'AOD bilatérale provient de l'AECID, en particulier la contribution de la coopération décentralisée. La coopération gérée par le MAEC contribue au renforcement institutionnel, spécialement dans les secteurs

L'Espagne, pays ami et engagé, soutient activement les efforts déployés par le gouvernement pour relever des défis tels que la réduction de la pauvreté et la lutte contre la violence et l'impunité.

de la sécurité et de la justice, à la promotion du développement local à travers la gestion municipale et des projets de productions, à encourager la cohésion sociale (éducation, égalité de genre, intégration des peuples indigènes, etc.) et la préservation du patrimoine artistique et naturel. En outre, l'Espagne est l'un des principaux participants à la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala. Dans le domaine économique et commercial, l'Espagne est devenue le troisième investisseur dans le pays au cours des dernières années. Bien que touchée par la crise internationale, l'économie guatémaltèque présente les signes d'un redressement naissant avec de solides paramètres macroéconomiques. Son économie s'ouvre progressivement et, en ce sens, citons les accords de libre commerce signés, entre autres, avec le Mexique et les États-Unis, auxquels s'ajoute le récent accord UE-CA. Les opportunités commerciales sont considérables au niveau national et en tant que plate-forme régionale. Certaines des principales entreprises espagnoles de secteurs tels que les télécommunications, l'énergie, les travaux publics, l'alimentation ou le tourisme l'ont compris et ont décidé d'investir et de miser sur le Guatemala. Enfin, il convient de mentionner le rôle majeur de l'importante communauté espagnole dans le pays, dans l'approfondissement des relations aussi intenses et complètes que la nature et le caractère du « pays de l'éternel printemps ».


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Connaissance et dialogue. Le directeur général de l'Institut européen de la Méditerranée souligne la vocation méditerranéenne de l'action extérieure de l'Espagne et le rôle que joue l'institution qu'il dirige dans la recherche d'un dialogue fluide entre les différentes nations qui constituent la région euro-méditerranéenne.

Senén Florensa Directeur général de l'IEMed

« Nous souhaitons renforcer dans les pays méditerranéens la conscience d'un passé historique commun et de valeurs partagées » — Quand l'IEMed a-t-il vu le jour et quels sont ses principaux objectifs et activités ? —L'Institut européen de la Méditerranée (IEMed) a été fondé en 1989 à Barcelone par le gouvernement régional catalan et a connu un important essor en 2002 lorsqu'il s'est constitué en un consortium formé par le ministère des Affaires étrangères, la Generalitat de Catalogne et la Mairie de Barcelone. Ses objectifs se fondent sur les objectifs définis par le Processus de Barcelone et sur ceux qui ont ajoutés en 2008, avec la naissance de l'Union pour la Méditerranée. Le but de l'IEMed est de promouvoir les initiatives et les projets qui contribuent à la connaissance mutuelle, aux échanges et à la coopération entre les différentes nations, cultures et sociétés méditerranéennes, et d'encourager la construction progressive autour du bassin méditerranéen d'un espace de paix et de stabilité, de prospérité partagée et de dialogue entre les cultures et les civilisations. L'IEMed poursuit ces objectifs à travers l'organisation de séminaires, des projets de recherche, des débats, des cycles de conférences et des publications, ainsi qu'un vaste programme culturel. — Quel rôle l'IEMed joue-t-il dans le cadre de l'action extérieure de l'Espagne ?

— L'IEMed, de par sa vocation de groupe de réflexion spécialisé dans les relations méditerranéennes, est un instrument de renforcement de l'engagement traditionnel de l'action extérieure espagnole dans l'espace méditerranéen. Sur la base d'une vision pluridisciplinaire et du travail en réseau, l'IEMed promeut, par ses études et ses activités, l'analyse, la connaissance, le dialogue et la coopération en vue d'articuler au mieux les relations de l'Espagne et de l'Europe avec les pays méditerranéens. L'exemple le plus clair et le plus récent de cette mission est sans doute l'effort que nous avons déployé pour qu'en 2008, le secrétariat de l'Union pour la Méditerranée établisse son siège à Barcelone, et pour que sa mise en fonctionnement se réalise avec l'énergie et les contenus nécessaires pour lancer une nouvelle étape dans les relations euro-méditerranéennes. Une autre preuve de cet engagement est encore l'organisation, en 2007 et avec le soutien du gouvernement espagnol, d'un séminaire international visant à débattre de la portée d'un Statut avancé du Maroc avec l'Union européenne. Quelques mois plus tard, cet accord de régulation de relations renforcées entre ce pays et l'UE a été adopté à Bruxelles. — Quelles relations maintient-il avec les différentes instances de la

« diplomatie publique » ? — La promotion du dialogue et de la connaissance mutuelle est l'un des axes centraux de l'action de l'IEMed, comme pour les autres institutions qui travaillent en Espagne dans la sphère méditerranéenne avec une vision similaire. Au vu de cette convergence des objectifs et des idées, l'IEMed maintient une communication permanente non seulement avec des institutions telles que la fondation Trois cultures, Casa Árabe ou Casa del Mediterráneo, mais aussi avec d'autres centres comme la fondation CIDOB ou Casa Asia à Barcelone, ou encore le Centre international de Tolède pour la paix (CITpax). Mais de plus, le travail en réseau avec des institutions présentes dans des pays méditerranéens, particulièrement au Maroc, en France, en Tunisie ou en Turquie, et qui entrent dans le cadre de ce concept, est l'un de nos signes distinctifs depuis de nombreuses années. C'est pourquoi nous faisons également partie de réseaux d'institutions et de centres universitaires à caractère économique, politique et socioculturel, comme ANIMA, Femise, le Forum euro-méditerranéen des Cultures (FEMEC), l'Euromediterranean Study Comission (EuroMeSCo), l'Euromed Heritage ou encore la fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh. — En général, quel regard portez-


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le profil. Diplomate et ambassadeur, Senén Florensa est diplômé en sciences économiques et en droit. Il a successivement occupé le poste de directeur général de l'Institut de coopération avec le monde arabe, méditerranéen et les pays en développement du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, et d'ambassadeur d'Espagne en Tunisie. Après avoir occupé diverses fonctions au sein de la Generalitat de Catalogne. Depuis mars 2006, il est le directeur général de l'Institut européen de la Méditerranée. Il a également été directeur d'études à l'École diplomatique et professeur d'économie internationale et de développement à l'université Complutense de Madrid.

vous sur la situation dans la région ? — La région euro-méditerranéenne vit actuellement sous l'influence de plusieurs facteurs. Entre autres, une crise économique dont on ne voit pas encore l’issue, qui touche particulièrement les pays européens méditerranéens et dont nous ignorons de quelle façon elle perturbera les économies du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Une crise qui contribue, dans le panorama social européen, à exacerber les problèmes liés à la religion et aux identités, déjà très présents à cause de l'essor du terrorisme d'inspiration islamiste. À ceci viennent s'ajouter deux autres facteurs qui marquent l'actualité de la région : les espoirs renouvelés, bien que timides, générés par les

dialogues de paix au Proche-Orient et les hautes attentes placées par les pays partenaires méditerranéens dans la mise en route de l'Union pour la Méditerranée. — Un sondage récent révèle que le fossé culturel entre le Nord et le Sud se creuse au sein de l'Union pour la Méditerranée. Comment l'IEMed peut-il contribuer à l'éviter ? — Il est vrai que cette enquête révèle des différences de points de vue, mais elle met aussi en relief l'existence de liens personnels toujours plus nombreux entre les citoyens des deux rives. La diversité croissante de l'Europe et la hausse constante des relations entre groupes, communautés et nations due, entre autres facteurs, aux

mouvements migratoires et à l'irruption des nouvelles technologies de la communication, peuvent contribuer à combler ce fossé. Notre contribution prend forme à travers les activités visant à améliorer la connaissance mutuelle et le dialogue entre les citoyens, à renforcer la conscience d'un passé historique commun et de valeurs partagées, et à diffuser la diversité culturelle contemporaine dans les pays de la Méditerranée. — L'IEMed intervient-il également dans d'autres zones géographiques ? — Si notre action principale a pour cadre le bassin méditerranéen, l'environnement actuel, complexe, interdépendant et mondialisé, nous oblige à prendre en compte tout ce qui se passe au-delà des frontières de la Méditerranée car ces facteurs finissent, inéluctablement, par influencer notre réalité. C'est pourquoi nous menons des activités en collaboration avec d'autres institutions sur des thèmes transversaux, comme par exemple la gestion des religions, les changements sociopolitiques dans les pays musulmans à grande influence sur le bassin méditerranéen ou la structuration d'espaces de libre-échange. Nous abordons également des questions qui transcendent les frontières méditerranéennes mais qui ont une répercussion sur notre région à travers l'organisation de rencontres internationales. L'exemple le plus récent a été le Congrès mondial des études sur le Proche-Orient et l'Afrique du Nord (WOCMES), qui a réuni à Barcelone, du 19 au 24 juillet, plus 2 700 experts et universitaires de 72 pays.


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Réunion annuelle des directeurs. La ville de Castille-La Manche, Alcázar de San Juan, a servi de cadre à la réunion annuelle, qui en est déjà à sa sixième édition. Les futurs défis de l'Institut Cervantès et les lignes d'action pour l'année scolaire à venir ont été étudiés.

L'Institut Cervantès ouvre ses portes à de nouvelles voies de financement Le prince et la princesse des Asturies ont présidé la cérémonie de clôture de la réunion de direction que l'Institut Cervantès a tenu à Alcázar de San Juan (province de Ciudad Real) au mois de juillet dernier. À cette cérémonie ont également assisté le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos ; le président de la région de Castille-La Manche, José María Barreda ; et la directrice de l'Institut Cervantès, Carmen Caffarel.

« La langue est devenue une ressource fondamentale dans notre société internationale », a indiqué le prince des Asturies. « Les pays dont la langue a une portée universelle, dont la demande d'enseignement augmente sans cesse de jour en jour, disposent aujourd'hui d'un avantage comparatif très important, car leurs entrepreneurs peuvent plus facilement créer, avec l'aide de cette langue, de nouvelles richesses, de l'emploi et contribuer au bien-être so-

cial. » Au cours de son intervention, il a également souligné le fait que l'Institut Cervantès reste « pionnier dans le pari pour les technologies de l'information et de la communication » et a encouragé à poursuivre sur cette voie, dans une société chaque jour mieux familiarisée avec les nouvelles technologies. Pendant la réunion d'Alcázar de San Juan, de nouvelles voies de financement pour l'institution ont été examinées. Le nouveau plan de financement de l'Institut prévoit plusieurs mesures pour obtenir les fonds qui lui permettront de réduire sa dépendance vis-à-vis des fonds publics. Les hauts responsables ont étudié de nouvelles formules, telle que la création de comités de mécénat, le parrainage d'organismes publics et privés et le Cercle des amis de l'Institut Cervantès. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a réitéré durant son intervention le soutien à l'Institut Cervantès qu'il a qualifié de « pièce fondamentale pour nos relations internationales ». Ainsi, a-t-il affirmé, l'institution est « le fer de lance d'un mécanisme qui recherche l'entente entre les pays et le dialogue entre les peuples ».

Le prince des Asturies clôturant la sixième Réunion des directeurs de l'Institut Cervantès. Miguel Muñoz Romero

L'action culturelle espagnole à l'étranger à l'examen à l'université Menéndez Pelayo. Miguel Ángel Moratinos a participé aux côtés de la ministre de la Culture et de la directrice de l'Institut Cervantès au

cours d'été de l'université internationale Menéndez Pelayo intitulé « L'action culturelle espagnole à l'étranger . Ce cycle a réuni plus de 40 experts de plusieurs domaines qui ont analysé la promotion de notre culture à l'étranger. Cette rencontre visait à chercher des stratégies pour améliorer le rayonnement culturel

en-dehors de nos frontières et la coopération entre les différents acteurs institutionnels à l'étranger, ainsi que l'apport des Communautés autonomes et des communes aux actions culturelles, le travail des médias ou encore les critères de sélection employés dans la programmation des projets.


A Présentation à Madrid du dernier livre de l'ambassadeur Máximo Cajal  La Résidence universitaire a accueilli la présentation de Sueños y pesadillas, memoria de un diplomático (Entre rêves et cauchemars : mémoires d'un diplomate), le dernier ouvrage du diplomate Máximo Cajal, aux éditions Tusquets. L'ouvrage, finaliste du Prix Comillas, est un exercice historique au cours duquel l'auteur revient sur presque quarante années de diplomatie au service de l'Espagne, en charge des plus hautes responsabilités. Javier Solana, Miguel Ángel Aguilar et Josep María Ventosa ont assisté à la présentation.

L'Espagne accorde cent bourses à des étudiants de Guinée équatoriale  Depuis le mois de septembre, cent élèves équato-guinéens étudient dans des universités espagnoles grâce à la bourse allouée dans le cadre de l'Accord de collaboration pour la promotion de la coopération avec la Guinée équatoriale, ratifié au mois de mai. Cet accord concerne la fondation Universidad.es, l'AECID, la Conférence des recteurs d'universités espagnoles et bénéficie de la collaboration de l'UNED. L'objectif de cette initiative est de former des étudiants de Guinée équatoriale pour contribuer à la consolidation de ses centres universitaires.

Le Juan Carlos I élargira la portée de l'action humanitaire de l'Espagne.  Avec le navire Juan Carlos I, la marine espagnole rejoint les plus avancées au monde. Avec ses 230 mètres de long et ses 26 000 tonnes de chargement, ce navire possède une grande adaptabilité militaire qui lui permet de servir de porteaéronefs, de navire d'assaut et d'hôpital flottant, contribuant ainsi à la meilleure performance des missions humanitaires auxquelles participe l'Armée. Le navire a été construit à El Ferrol par Navantia, et des pays comme l'Australie ou l'Afrique du Sud se sont déjà montrés intéressés et envisagent plusieurs options d'achat.

L'Espagne et la Norvège signent un accord de développement du satellite Hisnorsat  L'Espagne et la Norvège ont signé, début septembre, un accord pour le développement conjoint d'un satellite de communication dénommé Hisnorsat, destiné à améliorer les communications stratégiques espagnoles et norvégiennes. Le satellite, dont le lancement est prévu pour 2014, sera construit en Espagne et permettra la création de 1 000 emplois, avec un investissement de l'ordre des 300 millions d'euros. Cet accord renforce l'industrie aérospatiale nationale qui a déjà permis de mettre en orbite ces six dernières années six des neufs satellites dont dispose l'Espagne.

Casa América organise le Festival « Vivamérica »  Du 5 au 10 octobre, plus de 60 intellectuels, artistes, écrivains, cinéastes, hommes politiques, technologues et créateurs de tous les pays d'Amérique latine ont échangé leurs idées au sein d'un forum dynamique et ouvert au talent, organisé par la Casa de América. Cadix, Saragosse, Barranquilla et Madrid ont accueilli ce festival qui a réuni plus d'une vingtaine d'institutions culturelles.

Ouverture du dépôt de candidature pour les prix de l'Essai 2010 de Casa África  Les ouvrages candidats aux prix de l'Essai 2010 de Casa África pourront être présentés jusqu'au 22 avril 2011. Ces prix entendent récompenser, encourager et diffuser les essais, originaux et inédits, contribuant à une meilleure connaissance des relations hispano-africaines. Information : premio@casafrica.es

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Organisé par la FIIAPP

L'avenir de l'Amérique latine soumis à débat lors de la « Ire rencontre Ágora >> à Madrid La Fondation internationale et ibéroaméricaine des administrations et des politiques publiques (FIIAPP) a organisé à Madrid, les 7 et 8 octobre, la première « Rencontre Ágora, Amérique latine ». Cent voix et un engagement commun, pour un événement innovateur qui a réunit cent personnalités venues de 18 pays d'Amérique latine pour débattre de formules efficaces dans la lutte contre l'inégalité sociale. La déclaration finale en faveur de la cohésion sociale, intitulée « Déclaration du Prado », reflète la vision que cent hommes et femmes partagent pour l'avenir de la région. Pendant deux jours, entres débats et séances plénières, les invités et les experts ont abordé certaines questions clés pour le présent et l'avenir de l'Amérique latine : les nouveaux acteurs de la scène publique dans une période de changements ; l'État et les marchés face à l'inégalité ; culture et identité en Amérique latine ; le pouvoir et les médias ; ou encore la présence des femmes dans la vie publique. Quatre tables rondes ont également été organisées, sous le titre « Les voix de l'Amérique latine » : la voix politique, qui s'est tenue au Congrès des députés ; la voix économique, au siège de l'Institut de crédit officiel (ICO) ; la voix sociale à la Casa Encendida ; et la voix de la culture, à la Bibliothèque nationale. Parallèlement, une exposition artistique, Acá nomás, a été présentée au pavillon Villanueva, dans le Jardin botanique, siège principal de l'événement. L'exposition présentait des artistes latino-américains ayant trouvé à Madrid un lieu d'inspiration et d'accueil où développer leur travail.


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Groupe international de contact sur la Somalie. Madrid a accueilli la réunion de ce groupe de travail comme témoignage de l'engagement de l'Espagne en faveur de la pacification, la reconstruction et le développement de la Somalie.

L'Espagne renforce son engagement en Somalie Le siège de Casa América a servi de cadre, du 27 au 28 septembre, à la dix-huitième réunion du Groupe international de contact sur la Somalie qui, cette année, a bénéficié de la présence du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Ángel Moratinos, du président du gouvernement fédéral de transition somalien, Cheikh Sharif, et du représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Somalie, Augustine P. Mahiga. Durant deux jours, les représentants des quarante-cinq pays et organisations internationales qui composent ce Groupe informel créé à New York en 2006 ont abordé la situation et l'avenir de la Somalie afin d'évaluer les progrès réalisés et de promouvoir l'action coordonnée de la communauté internationale. Les domaines de la sécurité, de la reconstruction et du développement, des droits de l'homme, ou encore de la piraterie constituent les axes articulant la réflexion de ce groupe, à un moment crucial pour le pays qui verra dans un an s'achever la période de transition établie

en 2004. L'Espagne a montré son engagement aux côtés du gouvernement et du peuple somaliens à travers l'opération Atalante, la mission EUTM de l'Union européenne en Ouganda et l'opération de l'Union africaine Amisom, ainsi que par son soutien financier et budgétaire de trois millions d'euros qu'elle s'est engagée à fournir en vue d'améliorer l'accès de la population aux services de première nécessité et pour entreprendre les travaux de reconstruction. Le succès de cette dixhuitième réunion du Groupe repose sur sa capacité à servir de laboratoire d'idées, de forum de discussion et de débat, permettant de définir toutes les actions que le gouvernement somalien et l'ensemble de la communauté internationale doivent entreprendre en vue de la pacification urgente et nécessaire de la Somalie, pour la stabilisation et le développement du pays, l'éradication de la piraterie dans l'océan Indien et pour la sécurité dans la région de la Corne de l'Afrique. Le prochain rendez-vous de ce Groupe de contact aura lieu en février 2011.

Visite en Espagne du directeur général de l'AIEA  Yukiya Amano, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a récemment effectué une visite en Espagne à l'occasion du 30e anniversaire du Conseil de sécurité nucléaire espagnol. Lors de sa visite, il s'est réuni avec Miguel Ángel Moratinos, avec qui il a analysé les sujets les plus importants sur lesquels travaille l'AIEA.

Succès de l'Espagne à Shanghai 2010  Le 9 septembre dernier, le pavillon de l'Espagne a passé la barre des 5 millions de visiteurs. Ce chiffre reflète l'importance de l'accueil reçu au sein de ce grand rendez-vous international en Chine, devenant ainsi l'un des pavillons les plus visités, avec un long calendrier de programmes et d'événements. Le président du gouvernement a visité le pavillon à l'occasion de la Journée de l'Espagne, qui a eu lieu à la fin août.

Réunion sur le thème formation professionnelle et cohésion sociale  La fondation Carolina et l'Organisation des États ibéro-américains pour l'éducation, la science et la culture (OEI) ont réuni à Madrid des experts en vue de dresser un bilan de la formation professionnelle en Espagne et en Amérique latine et fournir des propositions de politiques publiques, pour faire d'une formation professionnelle plus efficace un mécanisme d'intégration sociale et de modernisation.

Le rôle croissant de la société civile dans la construction de la paix

Le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la Somalie, Augustine Philip Mahiga (au centre), le président du gouvernement de transition somalien, Cheikh Sharif (à gauche), et le secrétaire d'État aux Affaires étrangères et ibéro-américaines, Juan Pablo de Laiglesia (à droite), lors de la séance inaugurale du Groupe international de contact sur la Somalie, à Madrid. PHOTO EFE

 La « Décennie internationale de la promotion d'une culture de la nonviolence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010) » prend fin cette année. Dans le but de mieux connaître les progrès, les obstacles et les défis et pouvoir émettre des recommandations à ce sujet, un millier d'organisations issues de la société civile ont préparé un intéressant rapport dont les conclusions sont disponibles sur : http://decade-culture-of-peace.org


A Enrique Yeves, nouveau directeur du bureau de la FAO en Espagne  Le journaliste espagnol Enrique Yeves a été nommé responsable du bureau d'information de la FAO pour l'Espagne et l'Andorre. M. Yeves a été porte-parole du président de l'Assemblée générale à New York et directeur de la télévision de l'ONU, ainsi que directeur de communication de la FAO à Rome.

Le contingent espagnol en BosnieHerzégovine récompensé  Le contingent espagnol en BosnieHerzégovine a reçu la médaille européenne de l'opération Althéa. Cette récompense a été décernée par le secrétariat général à la politique étrangère et de sécurité commune de l'UE.

Engagement envers l'Afghanistan  Le Secrétaire général de l'OTAN s'est rendu à Madrid en septembre afin de préparer le prochain sommet de l'Alliance Atlantique. Anders Rasmussen s'est réuni avec le roi Don Juan Carlos et le président du gouvernement, qui lui a confirmé l'engagement « ferme » pris par l'Espagne envers la pacification de l'Afghanistan.

L'Espagne sera présente au Sommet du G-20 en Corée du Sud  La Corée du Sud, pays hôte de la prochaine réunion du G-20, a invité l'Espagne à participer à cette réunion au vu de sa position parmi « les 10 plus grandes économies mondiales ». Notre pays se consolide de cette façon comme partenaire à temps plein du Club.

VIIe prix Casa Asia 2010.  Décerné ex æquo au Projet de Dunhuang (Chine), pour son travail de récupération, de conservation et d'exposition d'informations et d'images concernant les manuscrits, peintures et tissus découverts dans cette ville, et au sénateur philippin Eduardo J. Angara, pour son implication dans la consolidation des relations entre l'Espagne et les Philippines.

action extérieure en bref 31

Engagement à l'extérieur et austérité. Le budget du ministère des Affaires étrangères et de la coopération pour l'année prochaine enregistre une baisse de 14,3 %

Le budget du MAEC atteindra 2,645 milliards d'euros en 2011 Conformément aux mesures d'austérité prises par le gouvernement, le budget du ministère des Affaires étrangères et de la coopération sera réduit de 14,3 % par rapport à l'exercice précédent de 2010, pour un montant total de 2,6457 milliards d'euros en 2011. Ce budget est marqué par l'objectif de situer le déficit public dans les limites stipulées par le Pacte de stabilité de l'UE. L'action extérieure de l'État et la coopération internationale pour le développement sont les deux grands domaines sur lesquels s'articule la structure du budget. L'action extérieure de l'État se verra allouer un budget de 621,8 millions d'euros. Tandis que la partie consacrée à la coopération internationale pour le développement connaîtra une baisse de 17 %, avec un total de 2,0239 milliards d'euros qui lui seront alloués pour l'exercice 2011. L'action extérieure se concentrera

ACTION EXTÉRIEURE DE L'ÉTAT Année Budget (millions d'euros) 712,6 2010 2011 621,8 Différence -90,8 (-12,7 %) COOPÉRATION INTERNATIONALE Année Budget (millions d'euros) 2010 2 438,2 2011 2 023,9 Différence -414,3 (-17 %) sur la défense de la paix et de la sécurité, la protection des droits de l'homme, et la promotion des valeurs démocratiques et de l'application de la légalité internationale. En ce qui concerne la coopération internationale pour le développement, une attention particulière sera portée au respect des objectifs du Millénaire, déjà inscrits dans le Plan directeur de la coopération 2009-2012.

IVe édition des prix du Forum des marques de renom espagnoles

La fondation Prince des Asturies, nouvelle ambassadrice de la marque « Espagne Le Forum des marques de renom espagnoles, à travers les décisions d'un jury composé de représentants de divers secteurs et avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, a désigné, au début du mois de septembre, les nouveaux ambassadeurs honoraires de la marque « Espagne », lors de la remise de ses prix bisannuels. À cette occasion, les nouveaux ambassadeurs désignés ont été : la fondation Prince des Asturies (dans la ca-

tégorie relations institutionnelles) ; Antonio Garrigues (gestion d'entreprises) ; l'Institut Cervantès (communication) ; la fondation Vicente Ferrer (action sociale) ; Inma Shara (Culture) ; Rafael Nadal (sports) ; Santiago Calatrava (sciences et innovation) ; et la sélection nationale de football (récompensée à titre exceptionnel). Ces récompenses visent à reconnaître l'effort d'individus, d'entreprises ou d'institutions en faveur de l'image de l'Espagne à l'étranger.


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action extérieure en bref

Rapport Eurostat

Les étrangers non nationalisés représentent 12,3 % de la population espagnole Selon les derniers chiffres du rapport Eurostat, l'Espagne accueillait sur son sol au 1er janvier 2009, 5 651 000 étrangers non nationalisés. Ce chiffre représente 12,3 % de la population espagnole. L’étude montre également que cette population immigrée est la plus jeune de toute l’UE, avec un âge moyen de 31 ans, contre une moyenne qui se situe ailleurs autour de 41 ans. Dans l’Union européenne, l’Allemagne occupe la première place pour le taux de population étrangère, avec un total de 7 185 921 personnes, tandis que l’Espagne occupe le second rang, suivie par l’Italie, la France et la Suisse. En outre, l'étude démontre également que les immigrés arrivés en Espagne ne partent pas dans d'autres pays européens, comme cela était le cas il y a quelques dizaines d'années.

Initiative espagnole

La Commission contre la peine de mort se constitue à Madrid Une Commission internationale contre la peine de mort a été constituée le 7 octobre dernier, dans le but de seconder les actions que les représentants de la société civile, les organisations internationales et les gouvernements mènent dans le cadre international pour l'abolition de la peine de mort. La valeur ajoutée que représente cette Commission, née d'une initiative espagnole, résidera dans son indépendance, sa vaste représentation géographique et la grande visibilité de ses actions dans la sphère internationale. Elle sera présidée par Federico Mayor Zaragoza, et le premier tour de présidence du Groupe de soutien sera assuré par l'Espagne.

Prestation de serment de la 64e promotion des diplômés de la carrière diplomatique  La cérémonie d'assermentation des 42 nouveaux diplomates a eu lieu à l'École diplomatique, le 28 septembre dernier. Avec cette nouvelle promotion, l'Espagne compte à son service un millier de diplomates. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération et le directeur de l'École diplomatique ont assisté à la cérémonie, présidée par le roi d'Espagne.

Séminaire « Au-delà de la crise : l'avenir du système multilatéral »  La fondation Ramón Areces et le Centre de développement de l'OCDE sont à l'origine de l'organisation de cet événement international qui a permis d'aborder certains aspects de la gouvernabilité globale à travers trois grands thèmes : les finances, le commerce, l'environnement et la gouvernance. Le séminaire, qui s'est tenu au début du mois d'octobre, a été inauguré par le secrétaire général de l'OCDE, Ángel Gurría, et l'ex-vice président, Pedro Solbes.

Sondage sur l'antisémitisme mené par Casa Sefarad-Israel  En septembre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a présenté aux côtés du directeur général de Casa Sefarad-Israel, Diego de Ojeda, l'enquête sur l'antisémitisme réalisée auprès de plus de 1 000 personnes. Ce sondage montre que 35 % des Espagnols ont une opinion défavorable à l'égard des Juifs, communauté qui représente en Espagne 45 000 personnes. La raison la plus fréquemment citée parmi les enquêtés pour justifier les préjugés à l'encontre de la population juive a été le conflit au Proche-Orient.

Forum des entreprises : triangle Espagne-Brésil-pays arabes  Casa Árabe a organisé à Madrid une rencontre entre des chefs d'entreprises, des Chambres de commerce et des attachés commerciaux dans le but d'encourager le dynamisme commercial entre l'Espagne, le Brésil et les pays arabes. Parmi les participants, citons entre autres : Michel Alaby, secrétaire général de la Chambre de commerce arabo-brésilienne ; Claudio Garón, directeur du bureau commercial de l'ambassade du Brésil en Espagne ; Isabel Ariza, directrice internationale du Groupe Volconsa ; Jacinto Soler, professeur à l'université Pompeu Fabra ; et Olivia Orozco, coordinatrice du programme socioéconomique et entrepreneurial de Casa Árabe.


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Présidence kazakhe de l'OSCE. Dans la dernière ligne droite de la présidence kazakhe de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l'ambassadeur du Kazakhstan en Espagne dresse le bilan des avancées réalisées et de l'état des relations bilatérales entre les deux pays.

Yergali Bulegenov « La priorité de notre présidence de l'OSCE consiste à renforcer son rôle et à consolider l'unité interne de ses membres. » Ambassadeur du Kazakhstan en Espagne

— Monsieur l'ambassadeur, quelle évaluation faites-vous de la relation bilatérale entre le Kazakhstan et l'Espagne ? — Les relations kazakho-espagnoles se font sur le terrain de l'association stratégique et de la confiance. La confirmation officielle a eu lieu en juillet, l'an dernier, à Astana, avec la signature de l'accord. L e développement dynamique des relations bénéficie grandement de l’amitié qui unit le président Nazarbaïev et le roi Juan Carlos I.. Les réunions annuelles entre les deux chefs d’État sont traditionnelles, ce qui favorise les liens d’amitié et donne un bon élan aux structures de l’État. Les deux ministres des Affaires étrangères, Kanat Saudabayev et Miguel Ángel Moratinos, travaillent également dans cette même direction. — Le Kazakhstan préside cette année l'OSCE. Pourriez-vous avancer quelques conclusions préliminaires sur ce tour de présidence, qui a précisément coïncidé avec la présidence espagnole du Conseil de l'UE ? —Je profiterais de cette occasion pour souligner le fait que l'Espagne a été l'un des partisans les plus actifs de la candidature du Kazakhstan à la présidence de l'OSCE, ratifiée en novembre 2007 durant la présidence tournante espagnole. Le Kazakhstan a suivi la feuille de route avec succès. Les priorités sont

le renforcement du rôle mondial et de l'importance de l'OSCE et la consolidation de l'unité interne de ses membres. D'importantes avancées ont été faites vers ces objectifs. En matière de politique, le Kazakhstan donne suite au Processus de Corfou lancé l'année dernière, et qui porte sur l'avenir de l'architecture sécuritaire du continent européen et la reconstruction aprèsguerre de l'Afghanistan. Sur le terrain de l'économie et de l'environnement, nous portons une attention particulière à l'amélioration de l'efficacité des transports dans la région, ainsi qu'aux questions de sécurité énergétique et au problème de la mer d'Aral. Ces questions ont d'ailleurs été au centre des deux réunions du 18e Forum économique et environnemental de l'OSCE qui ont eu lieu à Vienne et à Prague, aux mois de février et de mai 2010. Sur le plan humanitaire, notre principal objectif consiste à faire avancer les idées de tolérance entre religions et ethnies. Nous possédons une vaste expérience dans ce domaine dans la mesure où les représentants de plus de 140 nationalités et de 46 religions cohabitent en paix au Kazakhstan. L'un des moments phares a été la conférence de haut niveau sur la tolérance qui s'est tenue en juin à Astana. Comme vous l'avez dit, notre tour de présidence a coïncidé dans le temps avec celui de l'Espagne à la tête de l'UE.

Tenant compte du caractère stratégique de l'association entre les deux pays, nous avons fait tout notre possible pour tirer parti de l'effet de cette synergie. Nous sommes heureux de constater que le gouvernement espagnol partage le point de vue des autorités kazakhes sur toutes les questions d'actualité figurant à l'agenda international et que nous comptons sur son soutien inconditionnel. Pour illustrer cette étroite collaboration, je prendrai l'exemple des crises au Kirghizistan en avril et juin derniers. L'Espagne a apporté son soutien sans faille aux actions entreprises par le président de l'OSCE en faisant part du soutien de l'UE dans cette affaire complexe. — Après 11 années, l'OSCE tiendra en décembre son Sommet à Astana. Quels seront les principaux points de l'agenda de cette réunion de haut niveau ? — La tenue d'un sommet de chefs d'États a représenté l'un des objectifs clés de ce tour de présidence, depuis son début. C'est le président du Kazakhstan qui a proposé d'organiser le Sommet en 2010, 35 ans après la signature de l’Acte final d’Helsinki, 65 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale et 20 après la Charte de Paris pour une nouvelle Europe Tous les membres de l'OSCE ont soutenu cette idée lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'OSCE organisée à Almaty


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photo : ignacio gómez

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le profil. Yergali Bulegenov est ambassadeur en Espagne depuis deux ans. « Je suis enchanté. Les positions des deux pays coïncident sur la plupart des questions relatives à la politique régionale et internationale et les Espagnols sont très accueillants. Sous cet aspect, cela ressemble beaucoup à mon pays. « J'admire la Culture, l'histoire et les traditions de l'Espagne, et j'aimerais travailler au rapprochement des régions de nos deux pays, par exemple dans le domaine économique et commercial à travers les Chambres de commerce. Nous prévoyons également la mise en place d'échanges universitaires et culturels.

en juillet. Et nous sommes maintenant en train de préparer un agenda acceptable pour toutes les parties et qui s'étende à toutes les questions les plus urgentes pour la région de l'OSCE. Il est probable qu'y figurent des thèmes tels que la réaction face aux nouvelles menaces (terrorisme, trafic de stupéfiants), la recherche d'une solution pacifique à la situation en Afghanistan, et le renforcement du rôle de l'OSCE dans le développement de la coopération économique et de la résolution des problèmes environnementaux. En outre, le Sommet d'Astana doit définir la direction stratégique du développement futur de l'OSCE. — Quels sont les secteurs à plus fort potentiel dans les relations économiques du Kazakhstan avec l'Espagne ? — La coopération économique, commerciale et en matière d'investissement est une partie importante de la coopération bilatérale entre les deux pays. Traditionnellement, la majeure partie des exportations de notre pays vers l'Espagne concerne les

produits minéraux, les métaux et leurs dérivés. Parallèlement, nous importons depuis l'Espagne des équipements et des matériaux de construction, des agrumes, des produits pharmaceutiques, etc. Parmi les grandes entreprises qui évoluent avec succès sur le marché kazakh, je peux citer Indra, TALGO, Imabe Ibérica et Repsol YPF, entre autres. De nombreux progrès ont été faits ces dernières années. À la recherche de nouvelles niches, les entreprises espagnoles et kazakhes commencent à explorer des marchés alternatifs. La décision de s'implanter en Asie centrale est récente pour de nombreuses entreprises espagnoles. Et pour poursuivre dans cette direction, il est nécessaire de disposer d'une base juridique, qui existe déjà et que l'ambassade s'efforce actuellement d'élargir. Nous avons lancé un projet visant à signer un accord pour la création d'un Conseil de coopération entre les Chambres de commerce du Kazakhstan et d'Espagne, et une grande importance est accordée à la coopération interrégionale.


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Analyse. Le 8 septembre est, en Espagne, la Journée du coopérant depuis qu'en 2006, le Conseil des ministres a en a approuvé par Décret royal la commémoration à cette date, en reconnaissance du travail des milliers de coopérants dans le monde entier qui participent à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, 8 objectifs auxquels ont souscrit 189 chefs d'État et de gouvernement en ce même jour de l'année 2000.

Photo des participants à la conférence sectorielle qui s'est tenue dans le cadre de la Semaine de la coopération. De gauche à droite, Soraya Rodríguez adresse quelques mots à la centaine de personnes présentes à la réception, sous les yeux de la journaliste Susana Roza, du ministre Miguel Ángel Moratinos et du président de CONGDE, Eduardo Sánchez. Antonio Fraguas « Forges » reçoit le prix spécial. Federico Mayor Zaragoza et Eduardo Galeano reçoivent un présent lors de la Semaine de la coopération photo miguel lizana.

Madrid accueille la Semaine de la coopération Sous la devise No hay objetivo más importante (aucun objectif n'est plus important), le ministère des Affaires étrangères et de la coopération, à travers son secrétariat d'État à la coopération et l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), a organisé plusieurs manifestations pendant la Semaine de la coopération, du 6 au 11 septembre, auxquelles ont participé tous les acteurs de la coopération. En voici quelques-unes. Deuxième remise du prix national Vicente Ferrer. Les 15 établissements scolaires

espagnols récompensés par la deuxième édition du prix national d'éducation au développement « Vicente Ferrer » ont reçu leurs diplômes des mains du ministre des Affaires étrangères et de la coopération au palais de Santa Cruz à Madrid. La cérémonie a eu lieu au retour des délégués de Colombie, où ils participaient au Séminaire d'échange de bonnes pratiques en matière d'éducation au centre de formation de l'AECID à Cartagena de Indias. Le prix est décerné par l'AECID et le ministère de l'Éducation. Dialogue avec Eduardo Galeano. L'écrivain uruguayen Eduardo Galeano

a clôturé la rencontre « L'après-crise mondiale : impact médiatique dans les pays en développement », organisée conjointement par l'AECID et l'agence de presse IPS, et qui réunissait des responsables du monde des médias. La rencontre avec Galeano « Certains péchés capitaux du monde à l'envers » a rassemblé un public de centaines de personnes dans la salle de cérémonie de l'AECID. M. le ministre Moratinos a reçu les acteurs de la coopération. Lors de la Journée du coopérant, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a reçu au palais de Viana les différents acteurs de la mission de coopération espagnole de lutte contre la pauvreté et pour le développement humain durable. Les acteurs habituels de la coopération espagnole pour le développement (coopérants, ONG, institutions, fondations, groupes parlementaires, entreprises, et les Communautés autonomes présentes à la


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Chants populaires du Nicaragua  Le disque CPC (chants populaires contestataires) du Nicaraguayen Ramón Mejía, alias Perrozompopo, a été nommé dans la catégorie Meilleur album de musique alternative par l'Académie latine des arts et sciences de l'enregistrement. La remise des prix aura lieu lors de la 11e cérémonie annuelle des GRAMMY latins en novembre aux États-Unis. Le disque fait partie d'un projet financé par l'AECID autour de l'exploration et de la représentation de l'identité nicaraguayenne et centraméricaine à travers ses aspects les plus paradoxaux : l'immigration, le développement, l'équité et la justice sociale. .

Innovation pédagogique : l'enseignement des mathématiques aux populations amazoniennes  L'anthropologue Andrés Chirinos Rivera présente son livre Quipus del Tahuantinsuyo. Curacas, Incas y su saber matemático en el siglo XVI (litt., Les Quipus de l'Empire inca. Les chefs locaux Curacas, les Incas et leur savoir mathématique au XVIe siècle, non traduit en français) qui, selon l'auteur, marque le début d'une nouvelle étape dans l'étude et l'application pratique du quipu et de sa table de calcul, la yupana.

Coopération halieutique entre l'Espagne et le Mozambique  Lors d'une cérémonie à Maputo, le secrétaire général aux affaires maritimes du ministère de l'Environnement, du Milieu rural et marin d'Espagne, Juan Carlos Martín Fragueiro, a remis à 44 spécialistes mozambicains les diplômes sanctionnant la formation liée à l'activité d'extraction et de transformation qu'ils ont reçue sur le navire espagnol de coopération et formation à la pêche Intermares.

L'Espagne fête les mille ans de Thang Long-Hanoï conférence sectorielle préalable) étaient présents. De plus, cette année, la réception a donné lieu à une reconnaissance particulière des équipes d'urgence et de reconstruction qui travaillent actuellement en Haïti, théâtre de l'un des grands défis que la coopération internationale a dû relever cette année, en particulier la reconnaissance de leur engagement solidaire, paradigme de la solidarité espagnole et sa face visible. Lors de la cérémonie, présidée par la journaliste Susana Roza et avec la participation du président de l'organe espagnol de coordination des ONG de développement (CONGDE), M. le ministre et Mme la secrétaire d'État à la coopération ont remis un diplôme à toutes les équipes des ONG et de protection civile présentes en Haïti dans l'urgence et la reconstruction. Antonio Fraguas « Forges » a reçu une mention spéciale pour son rôle important dans la sensibilisation de la société avec ses dessins quotidiens contre l'oubli d'Haïti.

 L'ambassade d'Espagne à Hanoï participe officiellement à la célébration du Millénaire de la ville de Hanoï avec un spectacle de la troupe Els Comediants, qui jouera le 2 octobre au stade de My Dinh (Hanoï). Créé pour l'occasion, le spectacle « La fête du Dragon » réécrit la légende de la naissance de ville de Hanoï en mêlant des éléments spécifiques à la culture et à la tradition vietnamiennes à d'autres éléments méditerranéens propres aux spectacles de la troupe Els Comediants.

La Bestia. Photographies d'Isabel Muñoz à Mexico.  L'exposition La Bestia. Photographies d'Isabel Muñoz, a été inaugurée le 11 septembre au Centre culturel d'Espagne à Mexico dans le cadre du projet du Réseau des centres culturels Migraciones: Mirando al Sur (Migrations : Regards vers le Sud). L'exposition, qui se tient jusqu'au mois de novembre de cette année, présente 81 photos d'Isabel Muñoz prises à l'occasion de trois voyages entre 2008 et 2009 qui l'ont amenée à accompagner le passage des migrants sur un tronçon de la frontière sud du Mexique.

L'équipe médicale de l'AECID soigne une moyenne de 220 patients par jour au Pakistan  L'équipe médicale que l'AECID a envoyée au Pakistan le 28 août dernier a soigné 220 patients en moyenne par jour dans son centre de soins spécialisés installé dans l'hôpital de Khairpur. Le groupe, formé de 10 médecins spécialistes, dispense des soins en coordination avec les autorités pakistanaises et l'organisation AghaKhan. Selon le chef de service de l'action humanitaire de l'AECID, la situation dans la zone où ils travaillent est « grave» puisque que « s'y trouvent plus d'un million de personnes déplacées autour de la ville de Sukkur (province du Sind) avec des problèmes d'accès à l'eau potable et d'assainissement ».


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Campagne Únete a nuestro equipo  La sélection espagnole de football a lancé, en collaboration avec le ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération, une campagne de sensibilisation aux objectifs du Millénaire pour le développement sous la devise Únete a nuestro equipo (rejoins l'équipe). Participent à cette campagne le sélectionneur de l'équipe nationale Vicente del Bosque, le capitaine de la sélection, Iker Casillas, et d'autres joueurs comme Torres, Cesc, Xavi, Iniesta ou Llorente. L'objectif est d'attirer l'attention sur la nécessité de soutenir et de travailler aux objectifs du Millénaire pour le développement.

La Reine remet le prix Bartolomé de las Casas  À l'occasion de la IXe Assemblée générale du Fonds de développement pour les peuples autochtones d'Amérique latine et des Caraïbes, l'AECID a organisé diverses activités visant à mieux diffuser les réalités actuelles des peuples autochtones, leur culture, leur pensée et leurs revendications. La Reine Sofía a remis en personne le prix Bartolomé de las Casas à l'Association des conseils autochtones du nord du Cauca (ACIN) de Colombie et a présidé l'inauguration de l'assemblée.

Cérémonie de remise de bourses à l'Institut Cervantès de Damas  Le 27 septembre, à l'Institut Cervantès de Damas, s'est déroulée la cérémonie de remise de quatre bourses intégrales qui permettront à des étudiants palestiniens de venir étudier l'espagnol dans la capitale syrienne. Le directeur de l'Institut Cervantès de Damas et un représentant de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) étaient présents, ainsi que les quatre étudiants boursiers, deux jeunes gens et deux jeunes filles, qui ont exposé les raisons qui les ont poussés à étudier l'espagnol. Sur la photographie, les quatre boursiers posent avec les représentants de l'Institut Cervantès de Damas et de l'UNRWA.

Lancement du concours « 5 idées pour le centre historique de Lima »  L'AECID s'est joint à plusieurs organismes péruviens pour lancer un concours dont l'objectif est de proposer des idées innovantes et créatives pour le processus de rénovation urbaine du centre historique de Lima. Le concours, ouvert aux professionnels et aux étudiants, récompensera le projet gagnant d'un prix de 2 000 dollars américains. La date limite d'inscription au concours est le 1er décembre.

Avec 522 peuples autochtones

Présentation de L'Atlas Sociolingüístico de Pueblos Indígenas en América Latina L'agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), l'UNICEF et la fondation pour l'éducation dans les contextes de multilinguisme et de pluriculturalisme (FUNPROEIB Andes) ont présenté le 8 septembre à la Casa de América de Madrid une analyse linguistique et socioculturelle pour l'Amérique latine sous la forme d'un atlas sociolinguistique des peuples autochtones (non traduit en Français), publié sous le titre Atlas Sociolingüístico de Pueblos Indígenas. Comprenant des informations sur 21 pays, l'atlas réalise un périple du sud jusqu'au nord, de la Patagonie jusqu'au Mexique, et décrit les 522 peuples autochtones latino-américains à travers des données démographiques, géographiques et avec un regard critique sur la situation actuelle. Il est prévu que l'atlas devienne un outil pour la conception et la mise en œuvre de politiques publiques qui prennent en compte la richesse et la complexité sociolinguistiques de l'Amérique latine. L'atlas, publié en deux volumes, comprend des données démographiques, ethniques et linguistiques.

Jamaïque

L'Espagne apporte son soutien à la santé maternelle et infantile Avec l'inauguration et la pose de la première pierre du centre médical pour femmes Reine Sofía en Jamaïque, financé par l'Espagne, notre pays renforce son l'engagement dans l'île caribéenne. L'ambassadeur d'Espagne, Jesús Silva, a souligné l'importance de cette initiative qui va permettre de centraliser les services médicaux destinés aux femmes.


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Prix Prince des Asturies de la Concorde. L'année même de son 50e anniversaire, l'organisation catholique Manos Unidas a été récompensée pour son action continue dans la lutte contre la pauvreté et l'aide à l'éducation dans les pays les plus pauvres. Sa présidente demande au gouvernement espagnol d’honorer sa promesse d'y consacrer 0,7 % du PIB dans les plus brefs délais.

Myriam García Abrisqueta « Avec Manos Unidas, nous effectuons un travail de sensibilisation de la société espagnole à la réalité de la pauvreté » Présidente de Manos Unidas

— Manos Unidas vient de recevoir le prix Prince des Asturies de la Concorde : que signifie ce prix pour votre organisation ? — Le prix Prince des Asturies, pour nous tous qui formons la grande famille de Manos Unidas, est un honneur et un aiguillon. C'est un honneur car le travail de si nombreuses personnes, ici et dans les pays où nous intervenons, est reconnu par une institution comme la fondation Prince des Asturies, et un aiguillon qui nous encourage à poursuivre notre travail en faveur des plus démunis. — Que pouvez-vous nous dire sur les cinquante ans de Manos Unidas ; parlez-nous de son fonctionnement, de ses projets… — Manos Unidas est une ONG catholique de développement, composée de bénévoles, et qui, depuis 1960, lutte contre la faim, la mauvaise alimentation, la misère, la maladie, le sous-développement, le manque d'éducation et leurs causes. Notre 50e anniversaire a été l'occasion de renouveler notre engagement dans l'action de sensibilisation de la société espagnole à la réalité de la pauvreté, et de financement de projets de développement

qui améliorent les conditions de vie des populations les plus pauvres en Asie, en Afrique, en Amérique latine et en Océanie. En 2009, Manos Unidas a approuvé 692 projets de développement très divers (écoles, maternités, puits, systèmes d'irrigation, microcrédits et un nombre incommensurable d'initiatives) dans 58 pays, pour un montant total de plus de 41 millions d’euros. Chaque année, nous lançons une campagne de sensibilisation sur un thème concret (ces dernières années, sur les objectifs du Millénaire pour le développement) et de collecte de fonds pour financer les projets. Cette année, nous prenons le 7e objectif comme axe de travail avec la devise « lutte contre la faim, protège la terre ». — Quels sont les principaux défis auxquels l'ONG est confrontée ? — Dans une organisation aussi complexe que la nôtre, qui compte 71 délégations dans toute l'Espagne, les défis sont toujours nombreux. Nous voulons continuer à renforcer la qualité du travail, la communication, la formation, l'assise sociale, la collecte de fonds, et l'accueil et l'accompagnement des bénévoles. Nous lançons également des initiatives en

direction des jeunes, pour les encourager à s'engager. Les nouvelles technologies exigent une adaptation constante de notre part. Nous voulons également cultiver notre présence dans les institutions publiques, tant nationales qu'internationales. . — La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (ODM) est dans tous les agendas des institutions liées à la coopération et au développement. Comment travaille Manos Unidas pour les réaliser ? Sontils viables ? — Pour Manos Unidas, les ODM sont un outil de base pour les tâches de sensibilisation en Espagne et dans les projets que nous soutenons dans les pays en voie de développement. Nous ne pouvons pas rester à l'écart de ce qui est peut-être le plus ambitieux des programmes de lutte contre la faim et la pauvreté de l'histoire. C'est pourquoi, dans nos campagnes annuelles, nous y travaillons et nous y réfléchissons, et nous incitons la société espagnole à les connaître et à se mobiliser, comme elle a su le faire si souvent par le passé, pour exiger leur réalisation. Un travail que notre identité d'ONG de l'Église catholique pour le développement en


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le profil. Myriam García Abrisqueta, madrilène, mariée et mère de deux enfants, est titulaire d'une licence d'histoire et de géographie mention histoire de l'art. Elle a participé à la Mission archéologique espagnole en Jordanie en 1982 et à la Mission archéologique à Veranes (province de Gijón) l'année suivante. Arrivée comme bénévole en 1999, elle travaille à Manos Unidas depuis ce jour, d'abord dans le service Amérique (Brésil et Colombie) de la branche dédiée aux projets, en collaboration avec la branche dédiée à l'éducation pour le développement. En juin 2006, elle a pris en charge la coordination du service de liaison Operación Enlace de la branche Projets jusqu'à son élection au poste de présidente de l'organisation en mai 2009.

Espagne nous amène à accomplir. Quant au sommet qui vient de se conclure à New York, nous continuerons sans jeter l'éponge, même s'il ne semble pas avoir mené à grand-chose. Nous avons toujours l'espoir que les réunions comme celles-ci se traduisent par des engagements concrets et des aides efficaces dans la lutte contre la pauvreté. À cette occasion, ces engagements ne semblent pas avoir dépassé les 40 milliards de dollars promis par l'ONU pour l'amélioration de la santé des femmes et des enfants dans le monde. Nous accueillons favorablement cette initiative mais, compte tenu de l'incommensurable empressement et détermination de nos gouvernants à apurer les déficits bancaires, il nous semble que la même détermination pourrait s'appliquer à trouver des solutions de financement pour atteindre les objectifs du Millénaire. — Avez-vous des recommandations à adresser aux gouvernements, en particulier le gouvernement espagnol, pour atteindre ces objectifs ? — Placer la lutte contre la pauvreté, ainsi que toutes les mesures qui impliquent une avancée dans la redistribution de la richesse, à hauteur de 0,7 % du PIB comme objectif prioritaire. Mettre un frein aux actions qui font obstacle au développement des pauvres représente un travail considérable. La corruption constitue un obstacle majeur dans de nombreux pays ; les intérêts commerciaux internationaux prennent parfois une importance bien supérieure au respect des droits fondamentaux des citoyens des pays du Sud, sans engendrer de réaction suffisante de la part des gouvernements et des Nations unies ; certaines grandes entreprises peuvent littéralement écraser les petits producteurs d'un pays pauvre ; et le commerce des armes alimente les conflits. Ce sont tous des domaines où des acteurs interviennent non seulement au Sud mais également au Nord, et nos actions ne témoignent pas toujours d'une grande cohérence. Certaines structures injustes sont source de pauvreté et d'exclusion. Quant au gouvernement espagnol, nous lui demanderions de continuer à miser sur la coopération et d'honorer sa promesse d'y

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dédier 0,7 % du PIB, dans un délai aussi court que possible. — Que pensez-vous du rôle des Nations unies dans l'éradication de la pauvreté ? — L'ONU est loin d'atteindre tous les objectifs qu'elle s'est fixés dans sa charte fondamentale, mais son rôle est essentiel dans le sens où elle accueille, pour le meilleur ou pour le pire, une représentation de presque tous les pays. L'ampleur des déséquilibres mondiaux, de l'extrême pauvreté, des famines, ajoutée au défi des droits de l'homme et de la paix dans le monde, exige une intervention au plus haut niveau. Mais il semble qu'il y ait toujours quelque chose qui nous distrait (les inquiétudes liées à la sécurité après l'attentat contre les Tours jumelles, la crise économique…) et qui fait passer la lutte contre l'extrême pauvreté au deuxième plan. Il nous incombe de revenir à la charge. Les professionnels nous disent que nous pouvons atteindre cet objectif. Par conséquent, nous demandons aux Nations Unies de véritablement s'engager dans l'utilisation des moyens, de démontrer leur grand sérieux et leur volonté politique. Ces objectifs sont peut-être plus simples que ceux du Millénaire pour le développement, mais il est également plus inimaginable d'y renoncer. — Que pensez-vous de la participation des Espagnols à cette lutte ? — Nous avons une expérience positive car les Espagnols sont généreux. Nous nous sentons soutenus dans nos initiatives. Si les citoyens se mobilisent particulièrement lorsqu'une catastrophe fait la une des médias, une partie d'entre eux s'engage également de manière permanente par des participations financières ou une collaboration bénévole. Nous vivons grâce à la participation populaire puisque la plus grande partie de nos revenus (77,2 %) est d'origine privée et que, même si nous avons des employés permanents, l'immense majorité de nos quelques 4 500 collaborateurs habituels est constituée de bénévoles, y compris les présidentes et présidents des 71 délégations de Manos Unidas, les responsables des bureaux des Services centraux et moi-même.


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culture et société

Après avoir cherché l'inspiration parmi les muses du théâtre, de la littérature, du cinéma, de la peinture et de la poésie, c'est auprès d'une muse de chair et d'os qu'il finit par la trouver : l'actrice Conchita Montes qui fut durant des années sa partenaire professionnelle et sentimentale. Jacobo García DIPLOMATES ÉCRIVAINS (4e partie)

Edgar Neville

La comédie du bonheur Diplomate par défaut, écrivain à temps presque plein, chef d'entreprise forcé et bon vivant, il fut un fils unique dévoué, un grand ami de ses amis, un amant fidèle à ses amantes et un mari distrait. S'il fut affilié au centre gauche et à la droite-ultra, il n'appartenait au fond à personne, sauf peut-être aux femmes dont il s'éprit. Les affaires publiques ne lui importaient guère et il n'a jamais cru en une autre morale que la sienne. On pourrait croire que la carrière diplomatique l'avait attiré pour la possibilité de découvrir d'autres pays, tout comme le Luisito de La familia Mínguez, reflet évident d'Edgar Neville enfant, qui rêvait de parcourir ces contrées dans une voiture fantastique. Mais ce ne fut sans doute pas le cas, car Neville refusa toujours d'être muté loin de Madrid, théâtre de ses songes. Bien plus probablement décida-t-il de se faire diplomate pour éviter de devenir avocat. Dans la carrière diplomatique, il joua un rôle le plus fade et discret possible. Il cherchait surtout à avoir du temps pour écrire, diriger des pièces de théâtre et des films et, bien entendu, pour fréquenter des gens amusants. À deux ou trois reprises toutefois, il ne put éviter de travailler. La première d'entre elles fut en 1928, lorsqu'on l'envoya comme secrétaire d'ambassade à Washington. Pour un jeune diplomate qui ne parlait pas l'anglais, cette mutation était une aubaine, mais Neville, lui, profita de ses premières vacances pour partir à Hollywood. La seconde occasion se présenta en 1935 quand on le nomma

La République l'envoya à l'ambassade de Londres, depuis laquelle il passa des informations aux nationalistes pendant plusieurs mois. Néanmoins il ne dut pas prendre les précautions nécessaires, car il fut relevé de ses fonctions au mois de décembre. Si son talent comme diplomate était nul, par volonté propre, il n'en fut pas moins l'un des écrivains les plus prolifiques et bouillonnants de sa génération. La marque de fabrique de celle qu'on a appelé « l'autre Génération de 1927 » était un sens de l'humour bien aiguisé, bonne pâte et bénévole envers son prochain. consul à Oujda, à la frontière du Maroc et de l'Algérie, pour chercher des preuves de l'existence de prisonniers espagnols de

l'époque d'Anoual (il n'en trouva aucune et on le décora pour cela). Enfin, à l'occasion de la Guerre civile. Dans un premier temps, aucun des deux camps ne sut vraiment de quel côté allaient les sympathies du jeune aristocrate. La République l'envoya à l'ambassade de Londres, depuis laquelle il passa des informations aux nationalistes pendant plusieurs mois. Néanmoins il ne dut pas prendre les précautions nécessaires, car il fut relevé de ses fonctions au mois de décembre. Après cet épisode, il dut attendre plusieurs mois pour obtenir son retour vers l'Espagne de Franco. Et quand enfin il y parvint, il s'engagea dans la Phalange espagnole espérant ainsi se faire pardonner le grave péché d'avoir milité pour la Gauche républicaine et on l'envoya réaliser dans les tranchées de Madrid des missions de propagande. Entre Oujda et la guerre, son mariage avait sombré. Neville retourna à Hollywood et y retrouva Conchita Montes, qu'il avait connue à la Faculté. Dès lors, ils formèrent un couple de fait qui sut résister à toutes les attaques de la morale de l'époque. Il écrivait, dirigeait, produisait en pensant à Conchita et elle, avec son zézaiement caractéristique, représentait des rôles qui lui allaient comme bague au doigt. Si son talent comme diplomate était nul, par volonté propre, il n'en fut pas moins l'un des écrivains les plus prolifiques et bouillonnants de sa génération. La marque de fabrique de celle qu'on a appelé « l'autre Génération


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(De droite à gauche) Edgar Neville, en 1964. Neville alors qu'il travaillait comme assistant de direction à Hollywood, aux côtés de Charles Chaplin en 1930. Aux côtés de l'actrice Ava Gardner, en 1953 à son arrivée en Espagne, et avec Salvador Dali au musée Chicote à Madrid. PHOTOS EFE.

de 1927 » était un sens de l'humour aigu, affable et bienveillant envers son prochain. Tono, Mihura, Neville et Jardiel ont été les figures de proue d'une génération qui connut la guerre mais n'eut pas à s'exiler, ce pourquoi la tâche de distraire une société qui se pressait chaque jour au théâtre et au cinéma retomba entièrement sur leurs épaules. Maîtres des techniques narrative, théâtrale et cinématographique, chose rare, Neville avait toutes les capacités pour relever ce défi. Il fit ses premières armes en recourant à l'absurde, un courant sur lequel naufrageaient généralement les nouveautés d'avant-garde, et une fois passés ces premiers délires, il se limita à distraire sans plus penser à la cruelle réalité de son époque. Son faible pour la peinture de Goya et de Gutiérrez Solana lui a sans doute servi à parsemer de

quelques gouttes d'acide des mélodrames qui viraient aux tons pastel. Cependant son terrain d'étude préféré n'était pas la comédie de haute société, à laquelle il semblait destiné par sa naissance, mais la « comédie du bonheur », dont le nom en dit long. Neville en tant qu'homme, de même qu’au titre d'écrivain, s'est guidé par une même règle d'or : vivre et laisser vivre. Il éliminait souvent de ses personnages tout trait pouvant les rendre odieux. La plupart sont aimables et sympathiques, comme il se doit dans un monde bien ordonné dans lequel règne l'amabilité et la bonne entente entre les classes sociales. Neville pensait (ou feignait de penser) qu'un tel monde existait bel et bien, très concrètement dans le quartier madrilène de Palacio où se trouvaient les lieux sacro-saints de son enfance, et il s'en tenait à cette norme

chaque fois qu'il prenait la plume. Nous avons ainsi la rare chance de pouvoir lire aujourd'hui un auteur qui, ayant vécu au temps de révolutions, d'émeutes et de guerres, nous parle d'un univers qui pourrait passer pour le meilleur des mondes. Toutefois, vers le milieu des années 60, le public était passé à autre chose et ce type de comédie n'amusait plus. L'auteur jusque-là de pièces de théâtre à succès se mit à peindre et à écrire de la poésie, bien qu'il eût moins de talent pour ces deux disciplines que pour le cinéma ou le théâtre. Il n'eut pas le temps de courtiser ces nouvelles muses. Les maux liés au surpoids se chargèrent d'écourter ses jours, qu'il aurait vraisemblablement passés en se languissant d'ennui loin des aventures des tournages, de la fièvre des répétitions et du vertige des premières.


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La gare internationale de Canfranc, qui fut pendant des années la deuxième d'Europe, a été le théâtre d'importants chapitres de l'histoire de l'Espagne. Sa fonction durant la Deuxième Guerre mondiale en fit un véritable nœud de communications où se croisaient agents de la Gestapo, républicains fuyant vers la France, membres de la Résistance et soldats allemands. Son déclin, puis sa fermeture en 1970, ont mis de côté sur les voies de l'histoire une infrastructure avec laquelle le roi Alphonse XII entendait faire prendre à l'Espagne le train de la modernité et qui, aujourd'hui, lutte pour ne pas sombrer dans l'oubli. Javier Hernández

La gare de Canfranc, un carrefour dans l'histoire de l'Espagne Les Carthaginois, les Phéniciens et les Romains utilisaient déjà le passage du Somport (Summus Portus pour les Romains) pour franchir les Pyrénées. Pensant tirer parti de cette ancienne voie de communication entre la péninsule Ibérique et la France, l'idée de construire une voie de chemin de fer reliant la ville française d'Oloron Sainte-Marie et la localité espagnole de Canfranc commença à germer en 1852. L'Espagne voyait en ce projet non seulement une nouvelle voie d'entrée vers l'Europe, mais aussi la possibilité de s'afficher comme un pays émergent et d'avant-garde, dans la mesure où le chemin de fer était le plus haut fairevaloir de la modernité pour l'époque. Les négociations ne furent pas faciles et se prolongèrent durant plusieurs années, contribuant ainsi à forger lentement une légende qui aujourd'hui encore accompagne la gare de Canfranc. Le projet fut finalement mis en œuvre et deux entreprises, l'espagnole Norte et la française Midi, furent chargées de construire chacune le tronçon correspondant de chaque côté de la frontière. En 1915 prirent

En haut, inauguration de la ligne ferroviaire reliant la France et l'Espagne par le Somport, le 18 juillet 1928, en présence du roi Alphonse XIII et du président de la République française, Gaston Doumergue. Les photographies ci-dessous illustrent deux moments de la construction des tunnels et du câblage ferroviaire entre l'Espagne et la France.


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fin les travaux du tunnel qui, depuis, unit les deux pays par les entrailles des Pyrénées, sous le col du Somport. Sous 1 200 mètres de roche, 8 kilomètres furent perforés dans la montagne, chantier pionnier pour l'époque et d'une grande complexité technique. On retiendra par exemple la perforation hélicoïdale effectuée dans la montagne afin de compenser le fort dénivelé que devait surmonter le tracé du tunnel. Les nombreux viaducs bâtis en vue de résoudre les difficultés présentées par le terrain portent eux aussi le signe distinctif de ce projet. Autre chiffre

intéressant, 20 pour cent du budget total des travaux ont été destinés à corriger le cours des torrents et à modifier les reliefs de la zone afin d'éviter les éboulements sur la voie. En 1910, le ministre espagnol de la Guerre fixa l'emplacement final de l'autre point fondamental de cet ambitieux projet : celui de la nouvelle gare. Canfranc fut ainsi désignée pour accueillir une gare ferroviaire qui allait assurer le service entre l'Espagne et la France, lui donnant donc son qualificatif d'internationale. En tant que « porte de l'Espagne » vers l'Europe,

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Canfranc fut conçue comme une gare monumentale, capable de prouver la puissance économique et logistique du pays. La plate-forme sur laquelle la gare est bâtie fut construite sur les terres où se trouvait, au Moyen Âge, le petit village de Los Marañones. Autour du bâtiment, plusieurs immeubles et logements destinés aux ouvriers et aux travailleurs de la gare furent également construits et constituèrent l'embryon du village de Canfranc Estación que nous connaissons aujourd'hui, dont les fêtes coïncident avec le jour d'inauguration de la ligne de chemin de fer, le 18 juillet.


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écouvrir l'Espagne

L'or de Canfranc En 2001, Jonathan Díaz, conducteur d'autobus français d'origine espagnole, a trouvé, près de la gare internationale de Canfranc, plusieurs documents prouvant pour la première fois l'importance du trafic d'or sur les voies de Canfranc (photo de droite). Au cours de

la Deuxième Guerre mondiale, les nazis ont introduit d'importantes quantités de ce précieux métal au Portugal et, en moindre proportion, en Espagne, comme moyen de paiement pour la vente de minerais par le régime de Franco. Le Portugal était la porte de sortie du territoire européen pour de nombreux officiers nazis qui se réfugièrent

en Amérique du Sud à la fin de la guerre. Selon l'historien Martín Aceña, ce sont au moins une vingtaine de tonnes d'or qui seraient entrées en Espagne, comme paiement de la wolframite. Ces transferts étaient bien connus mais n'avaient jamais pu être prouvés, ce qui contribua à alimenter la légende populaire de « l'or de Canfranc ».

Très vite, autour de la gare, l'architecture industrielle de commencent à cohabiter En tant que l'époque, prédominent dans autant d'employés locaux « porte de la conception de l'édifice. La que de Français, venus l'Espagne » gare dispose de deux voies, travailler sur le projet en vers l'Europe, ayant chacune un écartement raison de la double gestion Canfranc fut de voie différent pour des infrastructures. Durant la conçue comme recevoir les trains des deux Deuxième Guerre mondiale, une gare pays. Le bâtiment abritait Canfranc vit arriver des monumentale, dans sa partie principale le militaires allemands, des capable de hall des voyageurs et, sur les ingénieurs, des citoyens prouver la côtés, se trouvaient l'hôtel suisses... et devint un curieux puissance international, le poste des centre de cohabitation et de économique et Douanes, le commissariat de contre-espionnage de l'autre logistique du police et le bureau de Poste. pays. côté des Pyrénées. Après plusieurs années de Les 1 200 mètres de long travail, interrompues par la et les 170 mètres de large de La Deuxième Première Guerre mondiale, la la gare, sur les 26 hectares Guerre nouvelle gare internationale de terrain, donnent bonne mondiale a fut inaugurée le 18 juillet mesure de la splendeur représenté 1928. Le roi Alphonse XIII et du bâtiment conçu pour l'âge d'or de le président de la République abriter la gare internationale. la gare avec française, Gaston Doumergue, Pendant longtemps, Canfranc un intense assistèrent à la cérémonie a été la plus grande gare trafic de d'inauguration, à laquelle ferroviaire d'Europe, après marchandises, étaient également présents celle de Leipzig en Allemagne. et de passagers le général Primo de Rivera Avec un mélange de styles qui fuyaient le et le jeune Francisco Franco, architecturaux, allant du régime nazi. alors directeur de l'Académie classicisme à l'Art nouveau, la militaire de Saragosse. La crise gare offrait une apparence somptueuse économique de 1929 qui frappa toute qui remplissait à merveille le rôle de l'Europe modifia de façon irréversible vitrine de notre pays pour les voyageurs les prévisions de trafic pour cette gare. récemment arrivés depuis l'autre côté Et les années suivantes furent elles aussi de la frontière. Le verre, le béton et marquées par deux grands événements le fer, matériaux caractéristiques de historiques : la Guerre civile espagnole

et la Deuxième Guerre mondiale. Le tunnel fut muré durant le conflit espagnol, selon les historiens pour éviter une invasion depuis la France et surtout, pour fermer les portes aux républicains en fuite. Une fois passé le conflit en 1939 et après la fermeture des passages d'Irun et de Port-Bou, Canfranc entrevoyait un avenir prometteur. . La déclaration de la Deuxième Guerre mondiale inaugura le début d'intenses relations commerciales entre les deux pays, et les voies de Canfranc commencèrent à voir circuler de nombreux convois de wolframite (on peut encore voir des wagons chargés de ce minerai dans la gare) ou d'autres minerais liés à l'industrie de la guerre, que l'Espagne vendait au régime allemand. Certains mois, jusqu'à 1 200 tonnes de marchandises transitaient par la gare sur la route entre l'Allemagne, la Suisse et l'Espagne. Quant au transport de l'or, habituel quoique secret, il allait alimenter avec le temps les légendes qui entourent la gare, comme celle du fameux « Or de Canfranc ». Les affaires avec le régime nazi amenaient dans la région des membres de l'armée allemande qui finirent même par contrôler le bureau international des douanes. Cette région des Pyrénées regroupait les espions des divers camps et la gare devint aussi le point de départ de nombreux Juifs et de


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L'état actuel d'abandon dans lequel se trouve la gare de Canfranc en fait un musée vivant, non seulement de l'histoire du chemin de fer, mais aussi de toute l'Espagne, où le temps semble s'être arrêté il y a soixante-dix ans.

tous ceux qui fuyaient, en général, les persécutions du régime nazi. Canfranc servit par exemple de point de passage au célèbre peintre Marc Chagall. Avec la fin de la guerre, la splendeur de la gare internationale commença à s'estomper. L'embargo économique

et la concurrence d'Irun et de PortBou provoquèrent une baisse des investissements. Enfin, l'arrêt du fonctionnement de la gare survint le 27 mars 1970, après qu'un train eut déraillé et provoqué la rupture d'un pont en territoire français, qui ne fut

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jamais réparé. Aujourd'hui, la plate-forme de coordination pour la réouverture du chemin de fer Canfranc-Oloron (Crefco) lutte pour que la ligne soit remise en service et soit ainsi exaucé le souhait de nombreux riverains de récupérer leur chemin de fer international. Composée par des syndicats et plusieurs associations et fondation, la Crefco bénéficie du soutien populaire et toutes ses initiatives rassemblent chaque fois de nombreux citoyens. L'un des principaux arguments pour la réouverture de la ligne ferroviaire a été la mise en marche, en 2003, du tunnel du Somport, par lequel transite une grande partie du trafic de camions vers la France. Pour les membres de l'association, ce tunnel non seulement représente une menace pour la récupération de la voie ferrée de Canfranc, mais aussi une solution bien plus polluante et agressive pour l'environnement des Pyrénées aragonaises. L'avenir peut encore voir ressusciter la gare de Canfranc.


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découvrir l'espagne

En moins de 20 ans, la société aragonaise est devenue l'entreprise spécialisée dans l'éducation, les jeux et les jouets, disposant du plus grand nombre de magasins dans le monde. Avec près de 350 établissements et plus de 1 500 points de vente répartis dans 28 pays, Imaginarium aspire à se développer à l'étranger en renforçant sa position dans les pays où elle est déjà présente et en pénétrant de nouveaux marchés. Javier Hernández

Imaginarium, à la conquête du monde des petits


D Pour un pays qui possède une longue tradition dans l'industrie des jouets, l'ouverture d'une entreprise de production et de commercialisation de jouets n'était pas une nouveauté. Ce projet, créé en 1992 par Félix Tena et quelques collaborateurs, a néanmoins révolutionné le secteur. Le succès de son modèle d'affaires a plusieurs explications, mais le président fondateur tient à souligner celle-ci : « si notre activité principale, axée autour des jouets, a beaucoup à apporter, au XXIe siècle, d'autres propositions répondent également ce que l'on attend d'un jouet : quelque chose qui aide à expérimenter, à apprendre ». Cette vision nouvelle du développement de l'enfant à travers le jeu l'a poussé dès le départ à miser sur une contribution à la formation des enfants par la créativité et l'amusement. Imaginarium commercialise et

IMAGINARIUM MET L'UNIVERS DE LA SCIENCE A LA PORTÉE DES ENFANTS La vocation éducative de l'entreprise espagnole l'a conduite à signer récemment un accord avec l'Agence spatiale européenne (ESA), par lequel Imaginarium s'engage à créer une nouvelle ligne de produits inspirés par les programmes scientifiques de l'ESA. Cette initiative a pour objectif de stimuler l'intérêt des enfants pour la connaissance scientifique de l'espace et la science en général.

produit (sous le label commercial ItsImagical) des jouets non sexistes, non violents et hautement éducatifs, ce qui lui a permis de consolider une image très forte et différenciée. Une partie du succès de la société réside dans le magasin lui-même. Son signe distinctif, aujourd'hui mondialement connu, ce sont ses deux portes : une porte pour les adultes et une pour les enfants. Le concept Imaginarium est issu d'un groupe de 450 spécialistes (éducateurs, psychologues et pédagogues) chargés de créer des collections complètes de jouets répondant à tous les besoins de chacune des étapes de l'enfance : développement psychomoteur, curiosité intellectuelle, créativité, etc. Le résultat, ce sont les deux collections sortant chaque année, proposant 4 000 produits, dont

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25 % de nouveautés. Dans chaque collection, 70 % de la production est conçu au sein de la société, et 30 % sont des produits de tiers, qu'Imaginarium commercialise généralement en exclusivité sous un conditionnement différencié. Le modèle Imaginarium ne se limite pas à ses collections de jouets, il mise aussi sur de nouvelles offres de loisirs et de culture pour les familles. La naissance, en 2006, de Viajes Imaginarium, proposition innovante de voyage en famille pour vivre des expériences liées à la culture, à l'aventure ou à l'histoire, en constitue un exemple. Soulignons également son label éditorial qui regroupe plus de 250 titres exclusifs, publiés en 7 langues. En 2008, Imaginarium a créé MyFamilyweb, site Internet privé où les familles peuvent partager leurs expériences, et offrant un service d'édition personnalisée


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découvrir l'espagne

Centrale logistique de la société à Saragosse et bureaux centraux.

de photographies sur différents supports. Les nouvelles lignes de produits comprennent une ligne de cosmétiques pour enfants. L'entreprise espagnole a toujours accordé une attention particulière à ses employés, qui reçoivent une formation continue spécifique leur permettant d'offrir un conseil expert et qualifié aux clients. La société emploie plus de 1 400 personnes, dont la moyenne d'âge se situe au-dessous de 30 ans, avec 80 % de femmes. Chiffre, selon le président, qui « correspond à l'immense créativité, au talent, à la spontanéité et à la sensibilité des femmes, plus difficiles à trouver chez les hommes ». La société doit en grande partie son succès à son modèle commercial original, adapté aux différents types de clients. Outre le réseau de magasins, Imaginarium a fortement investi dans d'autres canaux de commercialisation. Elle dispose de plus de 1 500 points de vente pour ses produits : espaces dans les pharmacies, les aéroports ou les gares, rayons dans les grandes

surfaces... Internet et la vente par partie de son succès non seulement à la téléphone constituent également un qualité de ses produits et à l'efficacité investissement important bénéficiant de son service, mais aussi à une de programmes commerciaux conception originale du marketing complémentaires, comme celui qui relationnel sur lequel la société a fortement misé depuis propose de livrer dans le 1994. Le Club Imaginarium monde entier les achats compte actuellement 1 250 effectués à travers tout canal Si les produits sont conçus au 000 membres dans 28 pays, de vente. Si les produits sont siège central de avec lesquels la société a conçus au siège central de la la société, 80 % établi une communication directe, qui permet une société, 80 % sont fabriqués sont fabriqués meilleure fidélisation et des en Asie. Pour approvisionner en Asie. ventes moins saisonnières. tous les points de vente, Pour Imaginarium et son Imaginarium dispose président, les perspectives d'une excellente structure logistique. Son centre d'opérations ne sont pas altérées par la crise. se trouve à Saragosse. Il peut traiter Disposer d'autres canaux de vente jusqu'à 20 000 palettes, grâce à des a permis de surmonter la crise ces systèmes de technologie logistique dernières années, avec une hausse permettant d'atteindre des taux du chiffre d'affaires qui s'explique, d'exactitude de plus de 99 %. En d'après le président, par le fait que la raison de la hausse des ventes, depuis société est une entreprise du secteur deux ans, une nouvelle plate-forme de la connaissance. Selon Félix Tena, logistique a été établie en Asie afin l'avenir se présente en ces termes d'optimiser l'approvisionnement des : « Les entreprises européennes magasins dans ce continent et en doivent s'insérer dans le secteur de la connaissance si elles veulent être Amérique. Imaginarium doit une grande compétitives à l'échelle mondiale ».


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Le jouet comme moteur du développement Félix Tena

Président d'Imaginarium

Imaginarium est né du souhait que le jeu constitue le pilier fondamental du développement et de l'avenir de tous les enfants. Les jeux et les jouets sont essentiels pour le développement physique, mental et émotionnel de l'enfant. Mais dans un marché banalisé où le jouet n'est qu'un produit de consommation, l'enfant et son bien-être ne sont plus l'axe fondamental, et les valeurs telles que l'éducation, la créativité, la convivialité, l'avenir... ne sont plus prises en compte. Voilà pourquoi il fallait retrouver l'essence du jeu, lui restituer sa véritable nature ludique et innocente, revenir aux valeurs éducatives sur lesquelles il doit être fondé et qui semblaient être tombées dans l'oubli. Imaginarium, qui vient de fêter son 18e anniversaire, a connu le succès dès l'origine parce qu'il existait une importante niche de marché que nous avons su identifier. La distribution était assez homogène, tout le monde fabriquait et vendait la même chose. Au départ, nous ne cherchions pas à marquer une rupture dans le marché, mais à proposer une offre différente aux familles, unissant éducation et jeu. C'est ainsi que nous avons créé le concept Imaginarium, un monde où parents et enfants ont un espace et une expérience intense à partager dès l'instant où ils franchissent notre porte double, notre geste spécial de bienvenue envers petits et grands. Le concept Imaginarium étant envisagé comme une contribution à la formation des enfants, il nous

engage envers eux et leurs familles, et constitue toujours notre moteur Selon nos prévisions, principal. les ventes du groupes à Dès l'ouverture du premier magasin Imaginarium à Saragosse, l'étranger, qui représentent en novembre 1992, il était prévu aujourd'hui 36 %, d'établir la marque en tant que atteindront en chaîne internationale, et trois ans après sa création, nous étions déjà 2012 les 50 %, et notre objectif présents dans deux autres pays. est de développer Autre trait qui nous caractérise encore depuis l'origine, le fait que nos solutions s'adressent à un segment l'investissement très concret de la population, mais extérieur. présent partout dans le monde : les parents qui se soucient de l'éducation de leurs enfants et qui souhaitent le meilleur pour eux. C'est pourquoi selon nous, notre apport de valeur à long terme est directement lié à notre capacité d'internationalisation. La marque est actuellement présente dans 28 pays avec 348 magasins, et notre pourcentage de ventes internationales ne cesse de croître. Notre présence dans de nombreux pays nous a apporté une grande expérience, mais cette expansion internationale rapide a également constitué un immense défi. Selon nos prévisions, les ventes du groupes à l'étranger, qui représentent aujourd'hui 36 %, atteindront en 2012 les 50 %, et notre objectif est de développer encore l'investissement extérieur. Si notre marque est depuis longtemps présente dans certains marchés, il nous reste beaucoup à faire. En Allemagne, par exemple, où nous ne sommes implantés que depuis un an. Nous souhaitons

surtout consolider notre position dans les marchés où nous sommes déjà présents. Ce que nous voulons, c'est être solidement implantés, et non placer des petits drapeaux sur une carte. Dans nos plans d'expansion, nous misons beaucoup sur le marché européen, et nous allons ouvrir plusieurs magasins en Europe de l'Est. Sans oublier l'Amérique du Sud, où nous disposons de deux grandes filiales en Argentine et au Mexique. Nous sommes également présents dans des pays tels qu'Israël, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite ou Hong Kong. Pour approvisionner tout le réseau de l'entreprise, nous avons mis sur pied une puissante structure logistique. La plate-forme logistique centrale se trouve à Saragosse et, depuis 2008, nous disposons également d'une plate-forme en Asie, pour un approvisionnement plus efficace dans cette région. La société est donc d'une part fondée sur un modèle d'intégration vertical, autour duquel tout le processus est centralisé, et d'autre part sur un concept de produits simples destinés à stimuler les cinq sens des enfants. À Imaginarium, nous avons conservé l'enthousiasme des premiers jours, de grands projets d'avenir, une multitude d'idées et une grande créativité qui nous permettent d'innover sans cesse.


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nouvelles culture et société

Depuis l'inauguration du musée par la reine, au mois de juillet, Burgos figure sur la carte des circuits muséaux avec un lieu unique au monde : le musée de l'Évolution humaine. Lieu directement lié aux gisements archéologiques d'Atapuerca, que certains qualifient de Chapelle Sixtine de l'archéologie mondiale. Javier Hernández

Burgos accueille Le premier musée au monde sur l'évolution humaine Ce lieu, intégré au réseau de musées de la région de Castille-et-León, est né en 2000 de la volonté de la Mairie de Burgos d'accueillir un ensemble d'équipements scientifiques et culturels en vue de diffuser l'aventure de l'évolution humaine, à la lumière des découvertes réalisées dans la Sierra d'Atapuerca. La Mairie a donc lancé un appel d'offre pour la construction, sur le terrain Solar de Caballería, de trois grands équipements : le Centre national de recherche sur l'évolution humaine, le musée de l'Évolution humaine et le palais des congrès. Parallèlement à cela, l'UNESCO a inscrit en 2000 les gisements d'Atapuerca au patrimoine mondial de l'humanité. Les nombreux fossiles des premiers êtres humains qui s'établirent en Europe étaient suffisamment précieux pour bénéficier du plus haut niveau de protection. Atapuerca connaissait un nouveau rayonnement médiatique. L'architecte cantabre Juan Navarro Baldeweg (auteur de la réplique des grottes d'Altamira) remporte le concours et relève le défi de muséaliser

l'évolution humaine. Après dix années de travail, l'inauguration du musée, au début de l'été, offre aux visiteurs un bâtiment, de soixante mètres de largeur, trente de hauteur et quatre-vingt-dix de profondeur. 15 000 mètres carrés que se partagent les zones d'exposition permanente et la zone réservée aux événements culturels. Le musée est divisé en quatre espaces : Atapuerca il y a 50 000, 350 000, 600 000 et 850 000 ans. Le concept architectural et didactique consiste, en somme, en une évocation topographique des gisements, à l'intérieur comme à l'extérieur du musée, sur les terrasses s’étendant en pente douce jusqu'à l'Arlanzón. Le musée est doté des technologies muséales les plus avancées et présente plusieurs répliques d'hominidés réalisées par l'artiste française Élisabeth Daynès. Mais les véritables trésors du musée de l'Évolution humaine sont les plus de 200 fossiles provenant des fouilles d'Atapuerca : lions, équidés, ours, cerfs sans oublier les nombreux outils. Ce musée est donc un musée pour Atapuerca, et non le « musée

« Miguelon », trésor du musée « Miguelon » est le surnom qu'a reçu l'hominidé dont le crâne constitue l'une des pièces majeures du musée. Il appartenait à un hominidé (Homo heidelbergensis) qui vivait il y a 500 000 ans, et a été découvert dans le gisement de la Sima de los Huesos d'Atapuerca en 1992. Il s'agit du crâne le plus complet et le mieux conservé au monde pour ce type d'hominidé.


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d'Atapuerca ». Son objectif est de constituer l'antichambre virtuelle des gisements et d'utiliser Atapuerca comme ressource didactique pour son propre discours sur l'évolution humaine. Il accroît sans aucun doute le prestige international des gisements d'Atapuerca, plus d'un demi-siècle après les premières fouilles et plus de dix ans après le décernement du prix Prince des Asturies de la recherche scientifique et technique à ses co-directeurs : Emiliano Aguirre, Juan Luis Arsuaga, Eudald Carbonell et José María Bermúdez de Castro.

Un investissement de 70 millions d'euros Le coût du musée de l'Évolution humaine, en comptant l'aménagement extérieur et la muséalisation, s'élève à 70 millions d'euros, intégralement apportés par la région de Castilleet-León. Ce lieu fait à présent partie du réseau des musées de Castilleet-León, qui réunit le musée Ethnographique (Zamora), le musée d'Art contemporain (León) et le musée de la Sidérurgie et de la Mine (Sabero, León).

Photographies de l'intérieur et de l'extérieur du musée de l'Évolution humaine, récemment inauguré à Burgos. PHOTOGRAPHIES : MUSÉE DE L'ÉVOLUTION HUMAINE


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Prix Rey Jaime I des nouvelles technologies. Le scientifique espagnol Manuel Martín-Neira travaille depuis 1992 à l'Agence spatiale européenne (ESA) où il participe à l'un des grands projets, la mission SMOS, satellite qui transmet depuis l'espace des données précieuses sur l'humidité des sols et la salinité des océans.

Manuel Martín-Neira Ingénieur espagnol à l'ESA

« La participation des entreprises, universités et scientifiques espagnols aux missions spatiales est formidable » — Vous venez d'être récompensé par le prix Rey Jaime I des nouvelles technologies. Cette reconnaissance a-t-elle des répercussions sur votre carrière ? — Elle est le couronnement du travail que j'ai réalisé dans le cadre d'une mission d'observation de la Terre appelée SMOS, et elle a coïncidé avec le début de sa phase opérationnelle, après son lancement, le 2 novembre 2009, suivi de six fructueux mois de mise au point. SMOS (Soil Moisture and Ocean Salinity), est une mission destinée à mesurer l'humidité des sols et la salinité des océans, paramètres essentiels pour la climatologie, la météorologie et la prévision des catastrophes naturelles. Ce prix a été décerné pour un autre projet important : la proposition originale PARIS ( Passive Reflectometry and Interferometry System), qui consiste à utiliser les signaux des systèmes mondiaux de navigation par satellite pour détecter les tsunamis, entre autres applications. La plus grande satisfaction a été de recevoir ce prix de mon pays, car il représente la reconnaissance du travail d'un Espagnol à l'étranger, dont l'activité a bénéficié à l'industrie, l'Université et les scientifiques espagnols. — Depuis quand travaillez-vous pour l'Agence spatiale européenne ? — En 1988, j'ai obtenu une bourse de l'ESA pour travailler sur la radiométrie des micro-ondes aux Pays-Bas. J'ai passé les quatre années suivantes au sein de GMV, entreprise espagnole de pointe, à travailler

pour des projets de l'ESA concernant des applications de GPS et de navigation par satellite. J'ai commencé à travailler à l'ESA le 15 novembre 1992. — Et sur le projet SMOS ? Lorsque je suis entré à l'ESA, la mission qui m'a été assignée a été le développement du seul et unique instrument du satellite : Miras. Je suis donc impliqué dans le développement de SMOS depuis 1992, même la mise en œuvre du projet n’a été approuvée qu'en 1999, après une sélection parmi 27 propositions de mission reçues par l'ESA. Je continue aujourd'hui à participer à SMOS, en calibrant les dérives et en améliorant le traitement d'image, grâce à l'expérience acquise en orbite. — Quels ont été les principaux défis à relever pour développer la mission SMOS ? — Le premier défi a été de produire les 69 récepteurs de micro-ondes légers, à basse consommation et sensibles, qui constituent l'antenne de Miras, avec les mêmes caractéristiques électriques. Ensuite, l'unité centrale responsable du traitement interférométrique des signaux à bord du satellite, qui doit effectuer des milliers de corrélations et sans laquelle nous ne pourrions pas recevoir sur Terre l'immense quantité de données qu'elle génère. Le troisième défi a été le développement du premier câblage optique que l'ESA a envoyé dans l'espace. Les fibres optiques sont nécessaires pour transporter les signaux des récepteurs à l'unité centrale sans générer de bruit

électrique qui fausserait les mesures de Miras. Enfin, antenne constituée de trois bas de 4 mètres se déployant avec la précision mécanique requise fut également une grande réussite. Sans oublier la théorie fondamentale qui soustend la conception de l'instrument, et les techniques de calibration nécessaires. — Et le point le plus satisfaisant ? — Vivre la mission du début à la fin. Très peu ont pu connaître cette expérience, je me sens donc privilégié. En outre, travailler avec nos partenaires industriels, dont la plupart étaient des entreprises espagnoles d'un grand professionnalisme, a été un véritable luxe, de même que la collaboration avec l'équipe du projet SMOS à l'ESA. Au niveau international, je me suis senti soutenu par des ingénieurs et des scientifiques de nombreux pays. Durant le pré-développement, j'ai travaillé avec de nombreux chercheursboursiers espagnols, mais également d'Europe et du monde entier, qui ont contribué à la définition du projet SMOS. Cette expérience a été extrêmement gratifiante. En définitive, la mission SMOS a donné lieu à de grandes réussites, mais aussi d'importantes reconnaissances, à l'intérieur de l'ESA comme à l'extérieur : l'Académie des technologies de France, le prix Salvà i Campillo, et ce dernier prix. — Lorsque ce projet aura pris fin, vous continuerez à travailler pour l'ESA ? — Oui, j'espère travailler pour l'ESA jusqu'à la fin de ma carrière. Actuellement, je m'occupe de SMOS qui peut encore


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le profil. Manuel Martín-Neira est ingénieur et docteur en télécommunications de l'université polytechnique de Catalogne. Après une année en tant que chercheur-boursier à l'Agence spatiale européenne (ESA) et quatre ans au sein de l'entreprise GMV, il a commencé à travailler pour l'ESA en 1992, comme ingénieur en radiométrie des micro-ondes, développant de nouveaux concepts pour l'observation de la Terre par satellite. Principal ingénieur de l'instrument Miras à bord de SMOS. En 2002, il a été nommé inventeur par l'ESA et en 2007, il a été proposé pour recevoir le prix Prince des Asturies de la recherche scientifique. En 2010, il a reçu les prix Salvà i Campillo et Rey Jaime I des nouvelles technologies. Il est membre de l'Académie des technologies de France. durer 4 ans. Parallèlement à cela, j'essaie de soutenir une petite mission de démonstration du concept PARIS, qui consiste en un petit satellite recevant les signaux des systèmes mondiaux de navigation par satellite, comme le GPS américain, le russe Glonass, l'européen Galileo, le chinois Beidou et l'indien INSS. L'originalité de PARIS est qu'il possède une antenne pointée vers la Terre pour recueillir ces signaux renvoyés par la surface terrestre. En mesurant le retard entre signaux renvoyés et signaux directs, ont peut calculer la hauteur de la mer avec une précision de l'ordre de quelques

centimètres, ce qui suffit pour détecter un raz-de-marée qui se propage dans l'océan ouvert, dont l'amplitude n'est souvent que de quelques dizaines de centimètres. — L'Espagne est membre fondateur de l'ESA et participe à ses programmes. Qu'est-ce que cette participation apporte à la communauté scientifique et aux entreprises de notre pays ? — SMOS, par exemple, a été la première mission de l'ESA pour laquelle la construction d'un instrument complet a été conduite par une entreprise espagnole (EADS-CASA Espacio). Les soussystèmes plus critiques ont également été

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produits par des entreprises espagnoles : MIER, le fabricant des récepteurs, SENER qui a conçu le mécanisme de déploiement, RYMSA, les antennes, CRISA et TECNOLOGICA qui ont conçu et qualifié le câblage optique, et GMV, qui a participé à la conception du système de traitement des données. L'université polytechnique de Catalogne a conçu la théorie de l'instrument, participé à sa spécification technique et à sa calibration, et développé un précieux simulateur. La partie terrestre de l'instrument de SMOS où sont générées les commandes de contrôle et reçues et traitées les données scientifiques, est située à l'ESAC, près de Villanueva de la Cañada, dans la Communauté de Madrid. Ce segment a été construit par INDRA et INSA. De plus, le co-directeur scientifique de SMOS est un Espagnol, le docteur Jordi Font, ce qui constitue une première dans le cadre des missions d'observation de la Terre de l'ESA. Grâce à cela, d'autres universités espagnoles, comme celles de Valence et de Salamanque, sont impliquées dans la validation des données de la mission, et un centre expert de chercheurs de SMOS a été créé à Barcelone — Et nos entreprises et nos scientifiques à l'ESA ? — La réponse des entreprises, universités et scientifiques espagnols, dans le cadre du projet SMOS, a été tout simplement formidable. Les ingénieurs et scientifiques d'autres agences spatiales et de pays du monde entier ont reconnu, lors de plusieurs conférences internationales, la réussite de l'ESA à travers SMOS, en grande partie due à cette magnifique participation espagnole. — Actuellement, quel est le projet vedette de l'ESA ? Comment l'Espagne y participe-t-elle ? — L'ESA mène actuellement de nombreux projets dans divers domaines. Je pense que chaque projet est un projet vedette. Ce que je peux assurer, c'est que SMOS a représenté un élan important pour l'industrie, l'Université et les instituts scientifiques espagnols et qu'avec ce projet, nous avons ajouté une nouvelle étoile au ciel.


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Le Concavenator corcovatus vivait il y a 125 millions d'années. Ce spécimen représente la plus importante découverte de l'ensemble de dinosaures de Cuenca, l'une des régions les plus riches d'Europe en fossiles de ces reptiles du Mésozoïque. Il s'agit du squelette articulé de dinosaure le plus complet de la péninsule. Sa bosse dorsale pointue est une caractéristique qui n'a encore jamais été rencontrée chez un dinosaure.

Découverte d'un spécimen unique de dinosaure dans la province de Cuenca Les découvertes de grands dinosaures carnivores en Europe, à plus forte raison en Espagne, ne font pas souvent la une des publications scientifiques. La revue Nature vient néanmoins de publier un article signé par les chercheurs espagnols Francisco Ortega, Fernando Escaso et José Luis Sanz. Ils y décrivent un dinosaure carnivore, pourvu d'une étonnante bosse dorsale, qu'ils ont baptisé Concavenator corcovatus et surnommé Pepito. C'est le premier dinosaure qui présente ce type de bosse, selon les auteurs de l'article. Outre la mystérieuse bosse, le Concavenator possède une autre caractéristique qui pourrait bien révolutionner le domaine de la paléontologie du Crétacé : comme chez

de nombreux oiseaux actuels, il possède à l'extérieur du cubitus, des aspérités rappelant celles qui servent de point d'attache aux rémiges. Cette caractéristique avait déjà été observée chez certains dinosaures de petite taille apparentés aux oiseaux. Mais sa présence sur le dinosaure découvert dans la province de Cuenca, bien plus primitif que ses parents à plumes, montre qu'il existait déjà cette structure chez des espèces plus anciennes qu'on ne le croyait jusqu'à ce jour. Le Concavenator constitue le squelette articulé de dinosaure le plus complet

découvert à ce jour dans la péninsule Ibérique. Le fossile, qui a nécessité deux ans de préparation, est long de six mètres et se trouve en bon état de conservation. Il s'agit de l'un des grands prédateurs de l'écosystème de Las Hoyas (Cuenca), l'une des régions les plus riches d'Europe en fossiles de ces reptiles du Mésozoïque, où l'on trouve des gisements du Crétacé inférieur (Las Hoyas) et du Crétacé supérieur (Lo Hueco). Le nom de ce dinosaure signifie « le chasseur bossu de Cuenca ». Le plateau de Las Hoyas, où ont été découverts des milliers de fossiles, essentiellement des oiseaux primitifs et des dinosaures, était il y a 130 millions d'années une zone humide. Une collection de plus de 15 000 spécimens constitue l'essentiel du fonds actuel du musée des Sciences de Castille-La Manche. Cet impressionnant héritage a permis de décrire, avec une précision croissante, une zone humide peuplée de dinosaures, crocodiles, ptérosaures, lézards, batraciens, tortues et bien d'autres animaux et plantes.

Reconstitution du dinosaure carnivore Concavenator corcovatus découvert à Las Hoyas, dans la région de Cuenca.


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La banque Santander devient la quatrième banque du Royaume-Uni  Avec l'achat par la banque Santander de 318 succursales de la Banque royale d'Écosse, le groupe financier espagnol s'est hissé à la quatrième place au RoyaumeUni en termes de nombre d'agences. Le groupe présidé par Emilio Botín compte déjà 1 641 succursales et n'est devancé que par Lloyds, RBS et Barclays. Le groupe a réalisé ces dernières années d'importants investissements au Royaume-Uni et envisage la possibilité d'introduire en Bourse une partie de ses activités.

Le MACBA et La Caixa unissent leurs fonds d'art contemporain  Les présidents de La Caixa et de la fondation Musée d'Art contemporain de Barcelone (MACBA) ont signé un accord qui permettra de réunir durant les quatre prochaines années leurs collections d'art contemporain qui totalisent 2 400 œuvres. L'accord prévoit également l'établissement d'une politique coordonnée d'acquisition des œuvres qui permettra une union de la gestion privée qui retournera au public.

L'Année Sainte compostellane fête l'art avec « Saint-Jacques, point de rencontre »  Pour l'Année Sainte compostellane, la fondation Caixa Galicia propose jusqu'au 7 novembre, dans son siège de Saint-Jacques-de-Compostelle, une exposition très particulière réunissant 58 œuvres d'art de divers format, provenant des fonds de la cathédrale et de la collection Caixa Galicia. Les œuvres, que plusieurs siècles séparent, sont présentées dans dix salles d'exposition et sont confrontées, pour la première fois, à une sorte de dialogue ouvert offrant des parallèles exceptionnels. Parmi celles-ci, des œuvres anonymes du Moyen Âge, des œuvres de maître Mateo et des trésors plus récents signés Dalí ou Picasso.

Endesa prépare une stratégie en Amérique latine pour un montant de 12 milliards  L'entreprise espagnole Endesa a fixé un objectif précis pour sa croissance, passant par un investissement dans plusieurs projets d'énergie hydraulique et renouvelable en Amérique latine. Parmi ces projets actuellement à l'étude, sont prévues plusieurs usines hydro-électriques au Chili, au Pérou et en Colombie. Sans oublier les importantes opportunités qu'offre le Brésil où Endesa espère pouvoir construire un grand barrage pour produire 1 000 à 2 000 mégawatts.

Elías Díaz remporte le prix international de l'essai Caballero Bonald  Cette récompense lui a été décernée pour son ouvrage De la Institución a la Constitución. Política y cultura en la España del siglo XX. Le jury a souligné « l'interprétation et la défense de la tradition progressiste qui structure l'histoire intellectuelle contemporaine espagnole ». Cette publication réunit une série d'études et de textes sur un siècle de culture et de politique dans l'Espagne contemporaine, avec la volonté de montrer la complexe continuité de la voie positive qui relie l'Institution libre d'enseignement (1876) à l'actuelle Constitution démocratique (1978).

Salamanque a accueilli la Rencontre internationale des professeurs  Durant le mois de juillet, la ville de Salamanque a accueilli la Rencontre internationale des professeurs d'espagnol, inaugurée par la directrice de l'Institut Cervantès, Carmen Caffarel. Ce rendez-vous a mis en évidence le potentiel de notre langue aux États-Unis, 75 % des personnes présentes à cette rencontre provenant en effet de ce pays qui constitue une priorité pour l'institut.

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IIIe prix Don Quijote

Juan Goytisolo et la « Nouvelle grammaire espagnole » récompensés La « Nouvelle grammaire de la langue espagnole » de l'Académie royale, et Juan Goytisolo ont été récompensés l'été dernier par le prix international Don Quijote, doté de 25 000 euros et décerné par la fondation Santillana et la Région de Castille-La Manche. À propos de l'écrivain barcelonais, le jury a déclaré qu'il s'agit d'un « écrivain qui a renouvelé le roman espagnol, prolongé la vigueur de la pensée critique, avec son influente internationale et son dialogue culturel avec le monde arabe ». En ce qui concerne la « Nouvelle grammaire de la langue espagnole », le jury a souhaité distinguer le travail des 22 académies de la langue dans un ouvrage monumental de plus de 3 800 pages, destiné à unifier les règles de l'espagnol dans le monde entier. Les prix internationaux Don Quijote, qui seront prochainement remis à Tolède, en sont à leur troisième édition. Carlos Fuentes, Lula da Silva, Mario Vargas Llosa et Gloria Macapagal ont été récompensés lors des éditions précédentes.

En 2012

Le Ve Congrès de la culture ibéroaméricaine se tiendra en Espagne L'Espagne accueillera en 2012 le Ve Congrès de la culture ibéro-américaine, conformément à la décision adoptée lors de la XIIIe Conférence ibéro-américaine de la culture, en Argentine. Il avait également été décidé de créer le Centre international de la culture amérindienne Miguel León-Portilla, qui dépendra du ministère de la Culture et aura son siège au musée de l'Amérique, à Madrid.


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Malaspina 2010. Au mois de novembre, les navires de recherche espagnols Hespérides et Sarmiento de Gamboa partiront pour un parcours de 42 000 milles nautiques et réaliseront ainsi la plus grande expédition de l'histoire sur le changement climatique.

La FIFA applaudit la candidature hispano-portugaise  À l'issue de la visite de la délégation de la FIFA à Madrid, fin août, ses membres ont applaudi la candidature conjointe de l'Espagne et du Portugal pour l'organisation du Championnat du monde de football de 2018 ou 2022. Cette proposition sera en compétition avec celles du RoyaumeUni, de la Russie, des États-Unis et la proposition conjointe BelgiquePays-Bas.

Le navire de recherche scientifique Hespérides dans sa base de Carthagène.

Des scientifiques espagnols naviguent à travers le monde Au mois de novembre prochain, l'expédition Malaspina 2010 partira de Cadix. Il s'agit d'un projet pluridisciplinaire dirigé par le Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC) en vue d'évaluer l'impact du changement climatique sur les océans et d'étudier leur biodiversité. L'expédition doit son nom au grand marin Alessandro Malaspina qui, à la fin du XVIIIe siècle, dirigea la première expédition scientifique espagnole autour du monde, et dont le bicentenaire de la mort tombe précisément en

2010. Durant neuf mois, les navires de recherche océanographique Hespérides et Sarmiento de Gamboa parcourront à eux deux plus de 42 000 milles nautiques avec de nombreuses escales pour prélever des échantillons d'air, d'eau et de plancton entre la surface et 5 000 mètres de profondeur. Selon le chercheur du CSIC Carlos Duarte, « avec cette expédition, nous allons faire le tour du monde mais aussi, d'une certaine manière, de l'océanographie espagnole, en créant une nouvelle culture de coopération et en unissant nos forces ».

Le film d'Icíar Bollaín représentera l'Espagne aux Oscar

También la lluvia en compétition pour l'Oscar Le film También la lluvia, réalisé par Icíar Bollaín et interprété par Luis Tosar et Gael García Bernal, a été choisi par l'Académie du cinéma pour représenter l'Espagne aux Oscar. Ce film, qui n'est pas encore à l'affiche en Espagne, inaugurera, à la fin du mois d'octobre, la Semaine internationale du cinéma de Valladolid (Seminci). Tourné en Bolivie, dans la forêt de Chapare et

la ville de Cochabamba, ce film est une production qui a mobilisé des milliers de figurants, dont près de 300 indigènes, une équipe de 130 personnes et plus de 70 lieux de tournage. Il raconte un conflit social durant le tournage d'un film en costume sur Christophe Colomb, présenté comme un homme obsédé par l'or, chasseur d'esclaves et oppresseur des Indiens.

Álex de la Iglesia remporte le Lion d'argent à Venise  Le réalisateur Álex de la Iglesia a reçu lors de la Mostra de Venise le Lion d'Argent et le prix du meilleur scénario pour son film Balada triste de trompeta. Le réalisateur basque a reçu une semaine plus tard le Prix national du cinéma, qui confirme la renommée internationale du président de l'Académie du cinéma.

Dessins récompensés  L'illustratrice valencienne Ana Juan a reçu le Prix national de l'illustration pour l'ensemble de son œuvre. Ses dessins ont été publiés, entre autres, dans Time et le New Yorker. Elle collabore régulièrement avec le journal El Mundo.

Le Prado découvre une œuvre de Bruegel l'Ancien  Après des mois d'étude et de restauration, les experts conservateurs du musée du Prado ont confirmé que la toile intitulée Le vin à la fête de Saint-Martin est bien de la main du peintre du XVIe siècle, Pieter Bruegel l'Ancien, l'un des représentants majeurs de la peinture flamande, dont seules quarante œuvres nous sont parvenues. Ce tableau fait partie d'une collection particulière. Les propriétaires souhaitaient le mettre en vente auprès de Sotheby's. Le ministère de la Culture espagnol a un droit de préemption sur l'œuvre.


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Murcie accueillera un parc thématique de la Paramount  Les studios de cinéma américains Paramount ont signé un accord pour la construction d'un parc thématique dans la région de Murcie. La date et l'emplacement n'ont pas encore été fixés. Ces installations touristiques pourraient attirer plus de trois millions de visiteurs chaque année, d'après plusieurs études.

Le nombre de divorces recule pour la quatrième année consécutive  Selon les données de l'Institut national de la statistique, 2009 a enregistré un recul de 10,7 % du nombre des divorces, consolidant la tendance à la baisse qui a commencé en 2006. 106 000 unions ont été dissoutes en 2009, la tranche d'âge la plus concernée étant celle des 40-49 ans.

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Capitale européenne de la culture 2016. Sur les seize candidatures présentées, la dernière sélection en retient six. Le vainqueur partagera le titre avec une ville de Pologne.

Compte à rebours pour le titre de capitale de la culture Au vu du nombre de candidatures présentées (16), l'Espagne a fortement misé sur cette opportunité qui peut rapporter d'importants bénéfices en termes de tourisme, d'infrastructures et de prestige international. La sélection effectuée début octobre a retenu six finalistes : Burgos, Cordoue, Saint-Sébastien, Las Palmas, Ségovie et Saragosse. Avant de connaître le nom du vainqueur, chaque ville a encore six mois pour peaufiner son projet et convaincre le jury. L'expérience des villes qui ont déjà porté ce titre se résume à une excellente

rentabilité économique, donnée non négligeable qui explique qu'aucun pays n'ait présenté autant de candidatures que l'Espagne cette année. La ville qui sera choisie parmi les six villes sélectionnées partagera le titre avec une ville polonaise durant toute l'année 2016. Une opportunité qui ne se représentera pas à notre pays avant 2031. Depuis 1985, année où cette initiative européenne fut lancée, 33 villes ont été nommées capitales de la culture, dont trois villes espagnoles : Madrid (1992), Saint-Jacques-de-Compostelle (2000) et Salamanque (2002).

Nacho Duato dirigera le ballet du théâtre Mikhaïlovski  Le chorégraphe et danseur espagnol Nacho Duato, qui a dirigé durant 20 ans la Compagnie nationale de danse, entrera en 2011 au théâtre Mikhaïlovski de SaintPétersbourg en tant que directeur artistique. Nacho Duato est l'un des plus grands chorégraphes au monde.

Deux pandas naissent au Zoo de Madrid  Trois ans après l'arrivée en Espagne des deux pandas que le gouvernement chinois a offert au roi et à la reine, Hua Ziu Ba a donné le jour à deux oursons. C'est au Zoo de Madrid qu'est né en captivité le premier panda, Chu-Lin, en 1982. La population de pandas est sérieusement menacée. Elle est évaluée à environ 1 600 individus vivant en Chine.

Salamanque a été la dernière ville espagnole nommée capitale de la culture, en 2002.

La banque espagnole versera 100 millions de dollars

BBVA parrainera la NBA durant quatre ans La banque espagnole a signé cet accord à travers sa filiale aux États-Unis, BBVA Compass qui, avec plus de 700 agences, est la 15e banque du pays en parts de marché. BBVA a décidé de miser sur ce parrainage en synergie avec la plus célèbre ligue de basket du monde qui souhaite ouvrir de nouvelles voies de développement publicitaire dans des

pays tels que la Chine, la Russie ou en Afrique. Cela correspond parfaitement à la philosophie de la filiale de la banque espagnole qui souhaite consolider la visibilité de la marque en Europe et en Amérique. Cet important accord de parrainage sportif s'ajoute à celui que la banque a déjà passé avec la ligue de football professionnel.


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4 700 boutiques à travers le monde L'entreprise espagnole, présente dans 77 pays, recouvre son hégémonie mondiale en 2010, en dépassant le chiffre d'affaires de l'américain Gap. Elle ouvrira cette année entre 365 et 425 nouvelles boutiques.

Indra dotera 20 millions de Chiliens d'une carte d'identité électronique

Inditex retrouve sa place de numéro un mondial dans le secteur du textile

 Pour un budget de 300 millions d'euros, le gouvernement chilien a choisi l'entreprise technologique espagnole Indra pour l'implantation de la carte d'identité électronique. Le projet, qui s'étalera sur dix ans, renforcera l'activité internationale de l'entreprise, qui représente 40 % de son chiffre d'affaires annuel.

En moins de cinquante ans et à partir du petit atelier d'Arteixo, le rêve de l'homme d'affaires galicien Amancio Ortega a révolutionné le secteur mondial de la mode. Depuis 2004, l'entreprise espagnole Inditex a doublé ses capacités avec l'ouverture de 2 700 boutiques qui lui ont permis d'atteindre la première place en Europe en 2005. Elle est aujourd'hui le numéro un mondial du secteur, à la clôture du premier trimestre d'exercice. Elle distance ainsi ses deux principaux concurrents, l'américain Gap et le suédois H&M. Pour renforcer son hégémonie, Inditex qui possède entre autres les marques Zara, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius ou Pull & Bear, prévoit d'ouvrir cette année entre 365 et 425 nouvelles boutiques, dont 95 % en Asie. D'autre part, Inditex souhaite

Madrid parmi les dix villes les plus agréables à vivre

Siège central de la société Inditex, dans la ville d'Arteixo, dans la province de La Corogne.

augmenter son chiffre d'affaires à travers sa boutique en ligne, canal de ventes émergent à l'échelle mondiale, grâce auquel la société galicienne envisage une croissance de 4 %. Cette fenêtre de commerce électronique est ouverte en Espagne, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et au Portugal et sera prochainement disponible aux États-Unis, au Japon et en Corée du Sud.

À partir de cet automne, plus de soixante lignes aériennes seront exploitées conjointement

Iberia, American Airlines et British Airways feront de Barajas un important centre aérien Avec l'autorisation donnée fin juillet par la Commission européenne à la fusion de British Airways et Iberia, l'alliance de ces compagnies avec American Airlines est également renforcée. Cette alliance permettra une exploitation conjointe des lignes entre l'Europe et l'Amérique du Nord afin d'accroître leur offre et de gagner des parts

de marchés sur les compagnies rivales (Air France et Lufthansa). Dans cet objectif, l'aéroport de Madrid-Barajas remplira un rôle de tout premier plan car il n'est pas envisageable d'augmenter les vols à partir de Londres, en raison de la saturation de ses aéroports. Barajas, avec 98 décollages ou atterrissages à l'heure, peut porter ses opérations à 120 si la demande l'exige.

 Selon une étude de la prestigieuse revue britannique Monocle, Madrid est la dixième ville du monde en termes de qualité de vie, en particulier pour son « développement permanent ». Dans ce classement, où Munich occupe la première place, Barcelone arrive en dix-septième position.

Les exportations espagnoles en Guinée équatoriale augmentent de 30 %  Les exportations de l'Espagne vers la Guinée équatoriale ont augmenté de 30 % durant le premier semestre de 2010, avec un volume de plus de 100 millions d'euros. Les principaux produits exportés sont les boissons, les machines et les véhicules.

L'œuvre d'Eugenio Ampudia en Jordanie  Jusqu'au 15 octobre, la Galerie nationale des Beaux-Arts de Jordanie a accueilli une grande exposition consacrée à Eugenio Ampudia, artiste vallisolétan aux œuvres sophistiquées, surprenantes, ludiques et pleines d'ironie. Il questionne en permanence d'art comme moyen de transmission d'idées et le développe comme système de communication qui permet de transmettre pensées et réflexions.


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Lorsqu'on le lit, on a l'impression de fouler le sol sacré de la Grèce, comme lorsque nous courions nus, enfants, entre les ruines du stade antique d'Olympie. Jacobo García. JOURNALISTE

Notre dette envers... Emilio Lledó

Les territoires du logos Sa manière d'aborder le métier n'a rien à voir avec les syllogismes et les paradoxes que l'on nous enseignait à l'école, comme celui d'Achille et la tortue qui plaisait tant à Borges. Le travail du philosophe ne consiste pas seulement à chercher la proposition qui manque pour donner sens à un obscur fragment pythagoricien ou à trouver l'interprétation correcte d'un mythe platonicien. Il consiste également à ouvrir des territoires vierges au philosophable et à empêcher la cristallisation du philosophé dans des schémas scholastiques. Lorsqu'il étudie les idées de ceux qui l'ont précédé et qui rendirent les siennes possibles, le philosophe (ou l'historien de la philosophie, ce qui revient ici au même), doit avant tout s'assurer des termes précis dans lesquels elles furent formulées. Son activité ressemble à celle de l'archéologue, à ceci près que l'objet de son étude est le logos grec, ce Lascaux de la pensée auquel on doit revenir sans cesse si l'on

veut comprendre ce que signifient les mots avec lesquels fut construite la culture occidentale, tout en sachant que leur sens d'origine restera une Atlantide que nous n'atteindront jamais. La tâche n'est pas facile car les dépôts à tamiser contiennent tout type de sédiments : non seulement les idées originales des premiers penseurs, mais aussi une quantité considérable de versions et de commentaires qui se sont déposés au fil du temps. Les livres d'Emilio Lledó semblent avoir été écrits au pied des fouilles, sur les plages de l'Antiquité grecque, où a été forgé ce qu'est aujourd'hui l'Occident. Il y étudie sans relâche les territoires du logos, analysant particulièrement les relations entre langage et pensée, tout en suggérant que son objectif final (son entropie) est la défense d'une tradition de plus en plus utopique : l'existence de maîtres à penser capables de répondre à

toute question avec la rigueur de Socrate affrontant les problèmes théoriques posés par ses disciples, avec la conviction que la santé de la polis dépend de l'existence de tels hommes. Écrivain apaisant et réfléchi, de ceux qui ne lancent jamais un concept sans l'avoir longuement muri, sa prose semble conçue pour nous donner à penser que la vérité est un objectif à notre portée. L'un de ses grands mérites est son habileté à placer chaque proposition au lieu qui lui revient dans l'interminable chaîne de raisonnements qui compose la topographie du discours, ce qui évite l'essentiel des souffrances qu'implique habituellement la lecture des ouvrages de philosophie. Au risque de lui faire du tort auprès de la communauté universitaire, il faut ajouter que c'est un philosophe platonicien, du moins dans son style littéraire. Comme celui du fondateur de l'Académie, son langage est beau, clair et précis, ainsi qu'il convient à un penseur

dont les soucis esthétiques sont à la hauteur des préoccupations théoriques. Dans un poème intitulé Filósofo en la noche, Joan Margarit décrit le véritable Emilio Lledó : en état d'alerte intellectuelle et de solitude affective. Seul, confronté à ses souvenirs, le citoyen déraciné de la polis moderne dialogue avec sa femme, décédée jeune. Il lui parle de leurs enfants qui vivent au loin, lui dit combien elle lui manque, évoque les lieux où il fut heureux à ses côtés... Lecteur passionné de l'Iliade, le protagoniste du poème tisse littérairement sa vie avec celle des personnages du poème d'Homère. Le monologue se développe à plusieurs niveaux. La voix écrite du poète catalan s'empare de la voix intérieure du penseur insomniaque et nous induit finalement à penser que chaque voix est toujours l'écho de voix antérieures, de toutes les voix qui ont formé le langage donnant sens à ce que nous ressentons, pensons et sommes.


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publications

Il s'agit de l'étude la plus approfondie réalisée à ce jour concernant exclusivement la communauté arabe. Pour mener à bien cette recherche scientifique, outre quelques enquêtes réalisées par téléphone, un travail de terrain a été accompli dans des quartiers fréquentés

● Victoria, Eros y Eolo. Fernando Riquelme. Éditions Verbum Écrit entre Madrid et Berne, le second roman du diplomate Fernando Riquelme, actuel ambassadeur d'Espagne dans la Confédération suisse, nous propose un parcours à travers des lieux cosmopolites d'Europe et du Moyen-Orient, dans le monde des organisations internationales et des projets de développement. C'est dans ce cadre que Victoria, l'héroïne, une femme tout à fait actuelle, fait diverses rencontres, connaît des frustrations amoureuses et est confrontée à la réalité des intérêts qui gouvernent les politiques internationales de solidarité. ● Condiciones nerviosas. Tsitsi Dangarembga. Éditions Icaria et IntermonOxfam Comme toutes les filles de son village de la Rhodésie des années 1970, Tambu, l'héroïne du roman, avait devant elle un destin aussi triste qu'inévitable : travailler dans les champs, élever des enfants...Lorsqu'une opportunité unique s'offre à cette jeune fille pleine de confiance en elle avec le décès de son frère aîné, et l'obtention

d'une place pour étudier dans la mission dirigée par son oncle. Elle prend néanmoins vite conscience de la dure réalité...Ce roman, une histoire de courage et de dépassement de soi qui montre comment la pauvreté et la discrimination limitent l'avenir de jeunes gens brillants, a fait l'effet d'une bombe dans le pays natal de l'auteure, le Zimbabwe. Névrose, anorexie et difficulté de choisir entre culture européenne et africaine sont les principaux thèmes. Ce roman, intitulé en français À Fleur de peau, a été lu par des millions de femmes de l'ensemble du continent africain.

● Electricidad verde : energías renovables y el sistema eléctrico (Électricité verte : énergies renouvelables et système électrique). Ouvrage collectif. Éditions Marcial Pons La génération d'énergie électrique est responsable d'une grande partie des émissions de CO2 dans l'atmosphère. C'est la raison pour laquelle le secteur électrique est voué à jouer un rôle décisif dans la révolution

qu'implique la lutte contre le changement climatique. Dans cet ouvrage, dont les éditeurs sont Boaz Moselle, Jorge Padilla et Richard Schmalensee, quatorze spécialistes renommés débattent de technologie, de questions politiques et d'application pratique. Les politiques relatives aux énergies renouvelables des États-Unis, de l'Union européenne, du RoyaumeUni, de l'Allemagne et de l'Espagne sont également décrites. Le livre offre une analyse objective qui s'appuie sur la théorie économique et l'évidence, incluant les expériences de pays qui ont alloué des ressources considérables à la promotion de la génération des énergies renouvelables. ● La comunidad árabe y la prensa escrita en España Andalus Media La première étude d'opinion sur « La communauté arabe et la presse écrite en Espagne » analyse de manière exhaustive les habitudes de consommation de la presse ainsi que les priorités et les thèmes d'information qui intéressent la communauté arabe résidant en Espagne.

par la population arabe. Selon l'étude, la présence en Espagne de près d'un million d'arabophones rend indispensable l'édition de médias spécialisés s'adressant directement à ces personnes pour faciliter leur « intégration médiatique ». ● La hora de la igualdad Ouvrage collectif. CEPAL « La hora

de la igualdad: brechas por cerrar, caminos por abrir » (L'heure de l'égalité : fossés à combler, chemins à tracer) est un document élaboré par


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✱... indispensables à lire ● Reivindicación de la política. Veinte años de relaciones internacionales. Javier Solana, en conversación con Lluís Bassets. Éditions Debate. Ces quinze dernières années, Javier Solana a été un témoin exceptionnel d'événements internationaux aussi considérables que la dissolution de la Yougoslavie, l'apparition du terrorisme islamiste, l'expansion de l'OTAN ou l'élargissement de l'Union européenne. Grâce à son expérience et à sa participation à des réunions et sommets internationaux essentiels pour notre histoire récente, cet ouvrage offre une vision exceptionnelle sur la fin de la guerre froide et l'évolution des relations internationales depuis lors, ainsi que sur les défis et les incertitudes auxquels nous sommes confrontés. Ce livre est construit à partir des réponses de Javier Solana aux questions posées par le journaliste Lluís Bassets, et tourne autour de deux idées et d'un principe : en premier lieu, la perte du pouvoir de l'Occident face à des puissances émergentes telles que le Brésil, la Chine ou l'Inde, et en second lieu, l'avenir du projet de construction européen qui doit s'adapter aux nouveaux défis internationaux. Enfin, le principe de l'inébranlable foi de Javier Solana en la politique comme moyen de concilier les intérêts, d'atteindre les objectifs et d'éviter les conflits.

la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL). Il offre une vision intégrée pour l'avenir de l'Amérique latine et des Caraïbes et propose un large éventail de politiques d'État pour le développement, en matière de pacte fiscal, de développement productif, de protection sociale, de convergence territoriale, de création de compétences par l'éducation et d'opportunités par l'emploi. L'importance de l'égalité, comme axe de cette nouvelle politique visant à promouvoir le développement de la région, est soulignée. En définitive, ce rapport suggère la nécessité d'une vision stratégique du développement dans le monde actuel, ce qui conduit à une profonde remise en question du rôle de l'État dans différents domaines. Cet exposé a été coordonné par Alicia Bárcena, secrétaire générale de la CEPAL, en collaboration avec Antonio Prado, secrétaire général adjoint, et Martín Hopenhayn,

directeur de la division de Développement social du même organisme. ● Patriotas y demócratas. El discurso nacionalista español después de Franco Xosé Manuel Núñez Seixas. Éditions Los libros de la Catarata. Nation pluriculturelle, nation de nations, patrie unique et indivisible ou État plurinational ? Dans l'Espagne du XXIe siècle, coexistent différents discours sur l'identité de la nation espagnole et sur les

relations qu'elle doit adopter avec les différentes nations sans État, nationalités historiques ou « réalités nationales » qui cohabitent avec elle dans plusieurs grandes régions de son territoire. Dans cet ouvrage, l’auteur propose une lecture générale et un classement de base des différents concepts sur la nation espagnole observés depuis 1975, depuis « l’Espagne une, grande, libre » des dernières années du franquisme, jusqu’à « l’Espagne plurielle ». Xosé Manuel Núñez Seixas est docteur en histoire contemporaine, spécialisé dans l'étude comparative des nationalismes européens et ibériques. ● Pensamiento Iberoamericano. Retos y oportunidades ante la crisis. Ouvrage collectif. Fondation Carolina et AECID Le dernier numéro de la revue

Pensamiento Iberoamericano

(Pensée hispano-américaine), coordonné par le professeur espagnol José Antonio Alonso et la secrétaire générale de la CEPAL, Alicia Bárcena, choisit d'explorer les causes, les impacts et les réponses associées à la présente crise, en s'attardant sur l'Amérique latine et l'Europe. Compte tenu de l'envergure de cette crise, rien d'étonnant à ce que le spectre des thèmes abordés soit large, tant pour analyser les facteurs déterminants de

cette crise que pour étudier les réponses en vue d'éviter que


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✱... indispensables à lire ● Contra la indiferencia. Josep Ramoneda. Galaxia Gutenberg. Círculo de Lectores Le journaliste et philosophe Josep Ramoneda nous fait part de ses réflexions des six dernières années dans cet essai politique qui se distingue par le mélange de genres littéraires. Il lance

ses flèches sur l'« abus de pouvoir », le plus grand des maux et sa principale cible. De la remontée en puissance des religions au concept mal compris de « multiculturalisme », qui sert parfois, selon lui, à justifier le comportement des personnes par leur origine. Le rôle de l'Europe dans le monde est une autre des préoccupations

de Ramoneda. D'après lui, l'« Europe est en danger. Son problème majeur est l'épuisement. Le poids de l'histoire est si lourd qu'il semble nous immobiliser ». Il présente également la lutte contre le terrorisme qui a suivi le 11 septembre comme un instrument pour répandre la peur, et Internet, le média qui a révolutionné la

des épisodes si destructeurs de la vie économique des pays et du bien-être des personnes puissent se répéter à l'avenir. Des experts économistes tels que Rafael Doménech, José María Fanelli, Santiago Fernández de Lis, Stephany Griffith-Jones, Juan Pablo Jiménez, Osvaldo Kacef, Pilar L’Hotellerie-Fallois, Fernando Lorenzo, José Luis Machinea, José Antonio Ocampo, Emilio Ontiveros, Osvaldo Rosales et Diana Tussie font part de leurs commentaires.

la participation d'économistes renommés, tels que Juan Velarde ou Ramón Tamames, et des connaissances d'experts dans les quatre domaines stratégiques pour le développement : la stabilité institutionnelle, les instruments financiers, les compétences humaines et les potentialités de la création d'entreprise.

répartition spatiale et en insistant sur sa dimension territoriale. Ce rapport tente également de réaliser une synthèse plus didactique et vulgarisatrice des indicateurs étudiés dans les quatre rapports annuels précédents. Ce rapport de 452 pages est structuré en sections thématiques et en 26 chapitres qui montrent à travers la cartographie, des graphiques, des images et des textes, de manière synthétique et instructive, la situation du développement durable dans notre pays.

● Migraciones: una puerta abierta al desarrollo. Vicente Condés Moreno et Manuel Gómez Galán (coordinateurs) Fondation Cideal. Este libro aborda el estudio del codesarrollo –concepto que vincula migraciones y desarrollo- desde un enfoque novedoso: l'analyse de l'expérience de l'émigration espagnole des années 60 et 70 et ses répercussions sur la croissance qu'a connu le pays au cours des décennies suivantes. Les coordinateurs ont bénéficié de

● Sostenibilidad en España 2009. Observatorio de la Sostenibilidad (OSE - Observatoire du développement durable). Mundiprensa. Le cinquième rapport annuel sur le développement durable en Espagne en 2009 analyse 165 indicateurs de développement durable en tenant compte de leur

● Carlos V. Un hombre para Europa. Manuel Fernández Álvarez. Éditions Austral. L'empereur Charles Quint est un des personnages historiques les plus connus du grand public et les plus étudiés par les historiens. Sa figure emblématique dans une Europe unique et différente, son épopée guerrière, son activité d''homme d'État et sa vie privée ont fait l'objet de nombreuses publications. Prix national d'Histoire en 1985, Manuel Fernández Álvarez

a été professeur d'histoire moderne à l'université de Salamanque et l'un des plus grands spécialistes européens de l'empereur. « Charles Quint. Un homme pour l’Europe

» dessine une biographie vivante, abordant toutes les facettes de l’homme et du politicien, autour de nombreux personnages parfaitement connus du lecteur. L'auteur parvient ainsi à nous plonger dans l'une des périodes les plus fascinantes de l'histoire européenne. ● El banquero de los pobres. Los microcréditos y la batalla contra la pobreza


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✱... indispensables à lire

en el mundo. Muhammad Yunus. Éditions Paidós. Muhammad Yunus a un rêve : l'éradication complète de la pauvreté. En 1983, il a fondé Grameen, banque accordant de minuscules prêts à des personnes très démunies, au Bangladesh. Il souhaitait créer un mécanisme de soutien à l'initiative et à l'esprit d'entreprise qui les aiderait à sortir par eux-mêmes de la pauvreté. Sa solution à la pauvreté dans le monde, fondée sur sa conviction que le crédit est un droit de l'homme fondamental, est d'une éblouissante simplicité : prêtez de l'argent aux pauvres, développez une série de principes financiers logiques qui règlent leurs vies, ils pourront alors euxmêmes s'aider. L'auteur, prix Prince des Asturies en 1998 et Nobel en 2006, remet en question notre manière de percevoir le rapport économique entre riches et pauvres, leurs droits et devoirs respectifs, leurs origines et leur avenir. La banque Grameen a accordé plus de 2,5 milliards de dollars sous forme de microcrédits à plus de deux millions de familles du Bangladesh. Près

● La llamada de África. Estudios sobre el cine colonial español. Alberto Elena. Éditions Bellaterra. L'histoire du cinéma espagnol est virtuellement inexplorée sous de nombreux aspects. Ce travail est né de la volonté de contribuer à l'approfondissement de sa connaissance. En marge de certains titres classiques des années 40, les plus connus, de nombreuses œuvres ultérieures ont traité cette question liée aux possessions d'outremer espagnoles à partir de différents genres et formules. Le cinéma colonial s'est fait continuellement l'écho des rêves impériaux renouvelés du franquisme, mais également des incessantes tensions d'une période historique marquée

de 95 % des clients de M. Yunus sont des femmes et le taux de remboursement des prêts est proche de 100 %. ● Infancia. Photographies d'Isabel Muñoz. Éditions AA. VV. Lunwerg. Isabel Muñoz est actuellement l'une des photographes espagnoles les plus renommées. Dans cet ouvrage, elle nous présente le fruit de son travail dans 20 pays, avec un thème central : les enfants du monde, dans leur diversité et leur égalité. Elle pose son regard sur eux et recrée son univers

par la décolonisation et l'indépendance de nombreuses jeunes nations africaines. À travers l'analyse de la production cinématographique espagnole liée au protectorat du Maroc, à Ifni, au Sahara occidental et à la Guinée, le livre d'Alberto Elena, professeur du département de communication audiovisuelle à l'université Carlos III de Madrid, propose une relecture de notre singulière histoire coloniale et une réflexion sur ses effets différés.

visuel particulier, produisant des images d'une grande beauté qui reflètent l'espoir, la joie ainsi que la perception d'un avenir incertain pour beaucoup d'enfants sur notre planète. ● La experiencia totalitaria. Tzvetan Todorov. Galaxia Gutenberg Círculo de Lectores. Le philosophe et historien bulgare Todorov réfléchit à travers sept essais à ce qu'était le communisme, doctrine qui a dépassé la politique pour s’ériger en religion laïque, qui ne

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promettait pas le paradis après la mort, mais l'imposait à des millions d'Européens, sur un territoire s'étendant de l'Oural au cœur de Berlin. Tout en rendant hommage à Raymond Aron ou Mikhaïl Bakhtine, il aborde le problème de la morale et de la justice dans les pays communistes et observe que certaines caractéristiques de l'ultralibéralisme démocratique commencent à projeter des ombres également messianiques et totalitaires. ● Género y paz. María Elena Díez Jorge et Margarita Sánchez Romero (éditrices). Éditions Icaria. La recherche sur la paix et la recherche sur le genre essaient de récupérer les histoires étouffées de la paix et du genre auxquelles nous ne sommes pas habitués à penser. Nous manquons d'outils méthodologiques et conceptuels, ce qui représente un défi scientifique novateur, éthiquement et socialement nécessaire. Ce livre souhaite mettre en évidence ces outils nécessaires à la construction d'un nouveau modèle de société au sein de laquelle la culture de la paix et l'égalité de genre seront des valeurs fondamentales. Des chercheurs spécialistes de ces sujets abordent la nécessité de concevoir la paix dans une perspective de genre, apportant d'une part les différentes pratiques de la paix tout au long de l'histoire et offrant d'autre part des propositions théoriques de nouveaux outils d'analyse et de réflexion.


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Son professeur, le prix Nobel Severo Ochoa, disait en parlant du chercheur : « il faut lui laisser la liberté de chercher, on trouvera ensuite d'éventuelles applications ». C'est précisément ce à quoi se consacre, sans relâche, cette biochimiste renommée, au centre de biologie moléculaire qui porte le nom de son mentor. Après une carrière fructueuse, la première femme espagnole à être entrée à l'Académie des sciences des États-Unis s'entretient avec Miradas al Exterior sur sa carrière, ce que l'on « appelle à tort aliments transgéniques » et le financement de la science en Espagne : « Ici, on fait des miracles ». Beatriz Beeckmans

Margarita Salas « Le plus gratifiant dans la recherche, c'est l'émotion de la découverte » — Professeure Salas, vous concevez la recherche comme un engagement « auquel il faut consacrer 100 % de ses efforts ». Que trouvez-vous le plus gratifiant ? — D'une part la recherche en soi, essayer de découvrir de nouveaux aspects de la biologie. Concrètement, dans le domaine dans lequel nous travaillons sur les mécanismes de réplication de l'ADN et les mécanismes de contrôle de son expression génétique, il est très gratifiant de faire de nouvelles découvertes et de les approfondir le plus possible. Lorsqu'on obtient de nouveaux résultats, on éprouve une grande satisfaction : c'est ce que Severo Ochoa appelait « l'émotion de la

découverte ». Malheureusement, cela n'arrive pas tous les jours, loin de là, mais quand ça arrive, ça compense tous nos efforts et notre investissement. D'autre part, j'ai une équipe de 15 personnes travaillant à différents niveaux : des personnes expérimentées qui m'aident à diriger, des post-doctorants qui sont également assez indépendants et des doctorants qui préparent leur thèse. Être en contact avec tous ces collaborateurs est également très gratifiant. En 43 ans, 50 thèses de doctorat ont été préparées dans mon laboratoire. C'est une grande satisfaction de voir que ces docteurs, qui ont été formés auprès de moi, sont maintenant chefs de groupe et réalisent

un excellent travail. — Que pensez-vous de la formation scientifique en Espagne ? — Je pense qu'au niveau du doctorat, elle est excellente. Nous avons la chance d'avoir de très bons groupes de recherche, et nous pouvons offrir un enseignement de doctorat reconnu au niveau international. Les étudiants acquièrent une excellente préparation et lorsqu'ils vont à l'étranger, « on se les arrache ». D'une part, parce qu'ils sont très compétents, et aussi parce qu'ils « se donnent à fond », car la recherche les intéresse énormément mais également pour enrichir leur CV et éventuellement revenir en Espagne, et rester si on leur offre un poste de chercheur.


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— Vous faites partie, avec les scientifiques les plus renommés du monde, de l'Académie nationale des sciences des États-Unis. Comment avez-vous vécu votre admission ? — En effet, j'ai été nommée membre en 2007. L'admission était totalement inattendue, je ne savais même pas que j'avais été proposée. Ma surprise a été immense lorsque, à la fin du mois d'avril de cette année-là, j'ai reçu plusieurs courriers électroniques de collègues américains me félicitant parce que j'avais été nommée membre. C'est comme ça que je l'ai appris, et ensuite j'ai reçu la lettre officielle. — Ça a dû être une grande joie pour vous… — Immense, surtout parce que c'était inattendu, pour la surprise que cela représentait. Un an après, ce fut l'entrée proprement dite. En avril 2008, je suis allée au siège de Washington, et j'ai fait mon entrée à l'Académie au cours d'une très belle cérémonie. C'est pour moi un immense honneur d'être membre de cette prestigieuse Académie. Je dis toujours que je ne pouvais avoir de plus haute aspiration. Pour les Américains c'est déjà ce qu'il y a de mieux, et comme pour les étrangers il y a moins de places, c'est donc le nec plus ultra pour moi. Cela implique également un contact direct avec mes collègues américains, pouvoir participer à des votes pour l'admission de nouveaux membres, publier dans la revue de l'Académie, très prestigieuse... — Cette reconnaissance doit en grande partie être liée au fait que vous avez consacré la moitié de votre vie à l'étude du virus bactériophage Phi29. En quoi cette recherche a-t-elle consisté, et comment vos découvertes peuventelles se traduire dans la vie quotidienne et le bien-être des personnes ? — Lorsque mon mari, Eladio Viñuela, et moi sommes revenus en Espagne, nous avons vite découvert que l'ADN de ce virus possédait une caractéristique que personne n'avait identifiée jusque là : une protéine liée aux extrémités de l'ADN. C'était une grande nouveauté, et nous avons ainsi découvert un nouveau mécanisme pour commencer la


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le profil Margarita Salas Falgueras est née à Canero (Asturies). Docteure en sciences de l'université Complutense de Madrid, de 1964 à 1967 elle a réalisé son travail de post-doctorat à l'université de New York, sous la direction de Severo Ochoa. Professeure de génétique moléculaire à l'université Complutense de Madrid, professeure de recherche du CSIC au Centre de biologie moléculaire

« Severo Ochoa » (CSICUAM) et directrice du programme « Réplication et transcription de l'ADN du bactériophage ø29 ». La professeure Salas est membre de l'Organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO), ainsi que de l'Académie des sciences des ÉtatsUnis. Entre autres prix et distinctions, Margarita Salas a reçu le prix Severo Ochoa de la recherche de

la fondation Ferrer (1986), la médaille Mendel de l'Académie des sciences de Tchécoslovaquie (1988), le prix Helena RubinsteinUNESCO « Femmes de science » (1999), le prix national de la recherche Santiago Ramón y Cajal (1999), la médaille d'or de la Communauté de Madrid (2002), la médaille d'honneur de l'université internationale Menéndez Pelayo (2003) et la grand-croix de l'Ordre civil

d'Alphonse X le Sage (2003). En 2008, elle a été nommée marquise de Canero pour son précieux dévouement à la recherche scientifique en biologie moléculaire, et un an plus tard, elle a reçu le prix de la fondation Mapfre pour l'ensemble de sa carrière (2009). Présidente du Conseil royal de la Bibliothèque, Margarita Salas est aussi membre du Conseil éditorial de 12 revues internationales.

De haut en bas et de gauche à droite. Margarita Salas et Severo Ochoa en 1993 ; Margarita Salas recevant le prix de l'UNESCO ; aux côtés d'Alberto Ruíz Gallardón lors de la réception de la médaille d'or de la Communauté de Madrid ; en 2003, lors de la cérémonie d'entrée à la RAE (Académie royale de la langue espagnole) ; Margarita Salas, lors d'une rencontre avec le roi Juan Carlos I ; et lors du dépôt de son legs dans le Coffre des lettres de l'Institut Cervantès. . PHOTOS EFE

réplication de l'ADN grâce à cette protéine. Ce fut une découverte importante. Là, j'ai ressenti l'émotion de la découverte dont je vous parlais tout à l'heure. Ce nouveau mécanisme s'est avéré extrapolable à d'autres virus présentant un grand intérêt dans le domaine de la santé, comme l'adénovirus humain, qui provoque une mutation oncogène, ou celui de l'hépatite C. Disons que nos découvertes peuvent être extrapolées à d'autres virus dont le mécanisme de réplication du matériel génétique est très similaire à celui que nous avons découvert avec notre virus.

Le virus Phi29, étant bactérien (il infecte des bactéries), est plus facile à étudier, et ce que nous avons découvert avec le Phi 29 peut être extrapolé à ces autres virus, plus complexes et plus difficiles à manipuler, qui mais présentent un grand intérêt médical. Il y a une autre application encore plus importante : nous avons découvert que lorsque le virus infecte la bactérie, il induit la synthèse d'une protéine, appelée ADN polymérase, qui intervient dans la réplication de l'ADN. En l'étudiant, nous avons découvert qu'elle avait des

propriétés très intéressantes pour une utilisation en biotechnologie. Nous l'avons brevetée, et la licence d'exploitation a été obtenue par une entreprise des États-Unis qui a commercialisé un kit pour amplifier l'ADN. Ce fut une vraie révolution car il permet d'amplifier de très petites quantités d'ADN. C'est très important pour des analyses génétiques, médico-légales ou anthropologiques. Lorsqu'on a des échantillons d'ADN très petits, on ne peut pas les analyser. Avec notre ADN polymérase, à partir d'un très petit nombre de copies, il est


e possible d'en produire des millions pour étudier et séquencer l'ADN. C'est une application pratique extrêmement importante qui a découlé de notre travail avec le virus Phi29. En effet, les royalties qu'a reçues le Conseil supérieur de recherche scientifique (CSIC) pour l'ADN polymérase de Phi29 représentaient 50 % de l'ensemble les royalties qu'il percevait. Le système d'amplification de l'ADN par l'ADN polymérase de Phi29 a eu une grande répercussion économique, car il est utilisé dans le monde entier. — Vous êtes ambassadrice honoraire de la Marque «Espagne» dans la catégorie des sciences et de l'innovation. Que pensez-vous de la perception internationale de l'Espagne ? Comment voyez-vous la vocation exportatrice de notre pays en matière scientifique ? — S'il y a 20 à 30 ans, l'Espagne était très peu connue, elle occupe aujourd'hui une place importante dans la science internationale. Elle publie dans des revues internationales de grand renom, les chercheurs ont des contacts au niveau international et sont invités à des congrès pour le travail réalisé ici. La science en Espagne a un grand rayonnement international et une voix propre. Bien que le financement ne soit pas aussi bon que nous le souhaiterions, en Espagne, on fait des miracles. La science que l'on y fait est meilleure que ce à quoi l'on pourrait s'attendre compte tenu du financement. Nous produisons beaucoup avec peu. Quand on a des moyens limités, on redouble de génie pour arriver à quelque chose. Il est important qu'il y ait davantage d'argent, surtout pour donner plus d'occasions aux jeunes de rentrer en Espagne. — On vous a définie comme « la première femme de la science espagnole ». Vous affirmez que la seule différence qui distingue l'homme de la femme est la force physique, et que vous espérez que votre carrière servira à encourager d'autres femmes… — Je pense que l'homme n'a pas de qualités particulières par rapport à la femme qui le rende plus à même de faire de la recherche, contrairement à ce que l'on pensait lorsque j'ai commencé.

« Severo Ochoa m'a enseigné non seulement la biologie moléculaire, mais aussi la rigueur expérimentale, l'enthousiasme et le dévouement à la recherche » « Ce fut une immense surprise d'être nommée membre de l'Académie des sciences des États-Unis. Pour moi, c'est la plus haute reconnaissance » Aujourd'hui, il est plus que démontré que nous valons autant que les hommes. La différence n'est pas dans le sexe, mais dans les personnes. J'ai 43 ans d'expérience en Espagne avec de nombreux étudiants, et au début c'était presque tous des hommes. Puis, il a commencé à y avoir des femmes, et aujourd'hui, en général il y a plus de femmes que d'hommes. — Vous défendez les aliments

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transgéniques comme un progrès indiscutable. Pourquoi ? — On les appelle à tort aliments transgéniques. Ce sont les plantes qui sont transgéniques. Je les défends car elles permettent d'introduire ce qu'on appelle le gène d'intérêt, qui peut conférer à la plante une plus grande capacité, par exemple à pousser dans des sols arides ou salins, ou à être plus résistante à des virus ou à des insectes. En introduisant des gènes dans la plante que l'on rend transgénique, on lui confère des propriétés qui favorisent sa croissance dans des conditions défavorables. C'est important en particulier pour le monde en développement, pour des questions d'alimentation : pouvoir produire des aliments sur des terrains qui, sinon, ne seraient pas cultivables ou produire des plantes qui ont incorporé un type de vitamine pour que, lorsque l'aliment est consommé, cette vitamine soit présente. Il y a d'énormes possibilités, surtout pour répondre au problème de l'alimentation dans le monde en développement. Les gens entendent parler d'aliments transgéniques et ils ont peur, mais la seule chose qui a changé dans la plante, c'est un ou deux gènes. Depuis toujours, les agriculteurs ont croisé les plantes pour les rendre comestibles, et on ne savait pas ce qu'on obtenait. Maintenant, on sait exactement quel gène on veut introduire, de manière bien plus contrôlée et plus rapide. — Imaginez que nous sommes en 2020. Quelles choses inimaginables aujourd'hui pourraient devenir réalité dans quelques années ? — Nous allons vers un vieillissement plus tardif. Actuellement, l'âge moyen est de plus ou moins quatre-vingts ans, et on estime que d'ici 2020 ou 2030, on pourrait vivre jusqu'à 120 ans. On peut également prévoir que dans une vingtaine d'années, certaines maladies qu'on ne guérit pas actuellement, comme la maladie d'Alzheimer, de Parkinson ou le diabète, pourront être guéries grâce à la technologie des cellules souches. Ensuite, tous les progrès génétiques : la possibilité de faire des diagnostics


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génétiques des maladies. Une fois diagnostiquée, la maladie pourra être évitée et, dans de nombreux cas, guérie. Tout cela se traduira par une meilleure qualité de vie pour les personnes qui vivront plus de 100 ans. Dans 30 ans, on vivra probablement plus de 100 ans en moyenne, avec une qualité de vie acceptable. — Puisque vous en parlez, quelles sont pour vous les principales implications éthiques de la recherche sur les cellules souches ? — Le problème se pose lorsqu'on utilise des embryons qui sont le résultat de la fertilisation in vitro. Ils sont congelés, et au bout de 5 ans, ils ne sont plus viables pour être implantés dans l'utérus de la femme. À mon avis, les possibilités sont : les conserver sine die, les détruire ou les utiliser pour la recherche. Je défends leur utilisation pour la recherche, mais bien sûr, certaines voix prônent le contraire, surtout du point de vue religieux. On est en train de découvrir des alternatives à l'utilisation d'embryons pour isoler des cellules souches pluripotentes (pouvant donner lieu à différents types de tissus : nerveux pour les maladies neurodégénératives, ou cardiaque pour les maladies cardiaques), tout un monde à explorer. Il y a un autre type de cellules souches, les IPS (Induced pluripotent stem cells en anglais). Ce sont les cellules souches pluripotentes induites, qui sont produites à partir d'une cellule adulte (de la peau ou tout autre tissu), qui, par des traitements adaptés avec deux protéines, produit les IPS, qui peuvent à leur tour produire tout type de tissu. Cette technologie permettrait d'éviter l'utilisation d'embryons. Certaines personnes s'opposent à leur utilisation. Même aux États-Unis, il y a eu une époque où le travail sur les cellules souches ne pouvait pas être financé avec les fonds publics. Avec Obama, cette interdiction a été levée, mais maintenant, il semble qu'un juge ait bloqué la possibilité de travailler avec des cellules souches obtenues à partir d'embryons, par conséquent, l'utilisation des embryons est actuellement au point

« Avec l'ADN polymérase, la protéine que nous avons découverte, il est possible d'amplifier l'ADN à partir de très petites quantités. Ce fut une vraie révolution » « Les plantes transgéniques offrent d'énormes possibilités, surtout pour répondre au problème de l'alimentation dans le monde en développement » mort, mais pas celle de ces IPS. Des solutions alternatives apparaissent pour obtenir, à partir de cellules souches, différents types de tissus pouvant guérir des maladies. — Le prix Nobel Severo Ochoa a été votre maître. Comment fut le travail et l'apprentissage avec lui ? — Travailler et apprendre la biologie moléculaire avec lui a été très important.

Il m'a enseigné non seulement la biologie moléculaire, que j'ai ensuite pu développer et enseigner en Espagne, mais également la rigueur expérimentale, l'enthousiasme et le dévouement à la recherche. Il m'a appris à vivre la recherche comme je la vis. — Pensez-vous que les gouvernements sont conscients de l'importance d'investir dans la recherche pour soutenir l'engagement d’experts tels que vous ? — En théorie, tout le monde s'accorde à dire qu'il est important d'investir dans la science. Dans la pratique, on a la crise et les coupes budgétaires, l'investissement dans la science est parmi les premiers à être revus à la baisse. Mais je dois dire que notre ministre des Sciences et de l'innovation, Cristina Garmendia, qui a préparé sa thèse de doctorat avec moi, fait tout son possible pour que le financement de la recherche ne soit pas réduit. La plupart des dirigeants politiques sont conscients de l'importance de la science, mais en période de vaches maigres, on réduit son financement. On ne devrait pourtant pas, car cela pourrait compromettre son avenir. En ces moments de crise économique, à défaut de pouvoir l'augmenter, on devrait au moins le maintenir pour que la science en Espagne ne souffre pas trop. — Pour terminer, comment pourraiton améliorer les relations entre la recherche fondamentale et ses applications pour attirer davantage de fonds privés ? — Et bien, grâce à des contacts personnels de chercheurs avec des entreprises. Nous, chercheurs, faisons notre travail, des brevets sont déposés, et des entreprises peuvent être intéressées par les travaux et financer la recherche. Cela se fait déjà, la part financée par l'entreprise dans certains pays est proche de 66 %, en Espagne, on est autour de 50 %. Il faut une plus grande implication des entreprises dans le financement de la recherche, par une connaissance et des relations préalables des entreprises et des chercheurs, pour avancer peu à peu dans ce sens.


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Miradas al exterior est une publication officielle d'informations diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et de la coopération du gouvernement espagnol, trimestrielle diffusée à 14 000 exemplaires dans le monde et traduite en anglais et en français. Disponible en ligne à l'adresse www.maec.es


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registro de viajeros

> Expedir pasaportes o salvoconductos en caso de caducidad, pérdida o robo. > Informar sobre los servicios médicos, educativos y legales del país; > Prestar asistencia a detenidos; > Adelantar, de manera extraordinaria, el dinero imprescindible para eventuales casos de necesidad que pudieran surgir, incluída la repatriación. > Realizar inscripciones en el Registro Civil, expedir poderes y actas notariales, legalizar documentos así como otros trámites administrativos.

> Hacer funciones de agencia de viajes; > Conseguir un trabajo en el extranjero; > Garantizar en un hospital o en una cárcel un tratamiento mejor que el otorgado a los nacionales de ese país; > Avalar, prestar dinero o pagar multas; > Hacer de intérprete, guía o asistente social.

> El sistema de registro de viajeros, accesibe desde la web www.maec.es. permite a quienes viajen al extranjero facilitar todos sus datos personales, los datos de su viaje (país de destino, lugares que va a visitar y en los que se va a alojar) y los de los familiares que tienen previsto acompañarle, así como los de las personas a las que habría que contactar en caso de emergencia. > Ello permitirá a la Unidad de Emergencia Consular, en caso de crisis, disponer en todo momento de listados actualizados de las personas que se encuentran de forma transitoria en el país o región afecta da por la misma, facilitando la puesta en contacto con los viajeros y su asistencia en caso de necesidad.

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GOBIERNO DE ESPAÑA

MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES Y DE COOPERACIÓN

MINISTERIO MINISTERIO BIERNOGOBIERNO

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www.maec.es


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