La Mouïna Martinique n°18 : Fenêtre sur le logement collectif martiniquais

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Interview

L’art mural en site urbain

Le CAUE a voulu avoir un regard d’artiste sur les oeuvres d’art réalisées sur les façades des immeubles collectifs. Nous avons ainsi interviewé le plasticien Claude CAUQUIL qui a réalisé de nombreuses oeuvres dans les espaces publics et privés de Martinique et de la Caraïbe.

Claude CAUQUIL Originaire du Sud de la France (Pézenas), Claude Cauquil vit en Martinique depuis 1999. Né en 1960, il a étudié l’art appliqué à l’École Normale Supérieure d’Enseignement Technique, avant de poursuivre avec un Master en esthétique, à l’Université Paris I en 1985. Aujourd’hui, il peint des portraits, des visages et s’est tourné vers une peinture plus figurative. La perception de la culture AfroAméricaine est au coeur de son influence actuelle, comme en témoignent certaines de ses expositions en Martinique. http://www.villecaraibe.com/wp-content/uploads/2014/06/sitesavant-apr%C3%A8s-au.pdf

CAUE : Que pensez-vous de la démarche consistant à officiellement faire réaliser des oeuvres d’art sur les façades murales d’immeubles collectifs ? C. CAUQUIL : « C’est le rôle de l’urbaniste, de l’architecte et bien entendu du politique que de tout mettre en oeuvre pour rendre la cité agréable à vivre. Il est pour cela nécessaire de poser dans les quartiers des marqueurs identitaires positifs incitant les habitants à se sentir acteurs de leur lieu de vie. L’oeuvre d’art est l’un de ces marqueurs valorisants de l’environnement urbain qui lui donne une visibilité culturelle. En cela, elle vient alimenter de façon constructive la mise en mémoire de ce qui fait la nature même de la communauté ». CAUE : A quoi sert ce type de démarche ? CC: « Donner de l’art au citoyen, c’est lui donner à penser, à réfléchir. C’est prendre en compte ses besoins au-delà de la nécessité immédiate. C’est le considérer plus qu’un simple consommateur, qu’un simple électeur. La réalisation artistique est une affirmation, une posture. Obligatoirement, elle déclenche des réactions, soit d’adhésion, soit d’opposition. D’elle nait le débat, l’échange. Le lien social est le fruit de l’échange ». CAUE : Ce type de démarche artistique est-il courant en Martinique ? Si oui, depuis quand ? Si non, pourquoi ?

Mosaïque à Cité Dillon réalisée par Catherine Théodose

CC: « A ma connaissance, les premières commandes d’oeuvres d’art sur les façades en Martinique, mis à part les mosaïques de Catherine Théodose à Cité Dillon, ont été initiées par Suzy Landau, au début des années 2000, pour la Ville de Fort-de-France. Le phénomène s’est rapidement développé, et considérablement accéléré avec l’opération Mixart en 2010 qui a projeté un éclairage positif sur le Street Art, qui jusque-là restait assez confidentiel sur l’île. Les institutions et les particuliers se sont mis par la suite à multiplier les commandes ».

Fresque street art de prévention pour la sécurité routière, réalisée sur une façade d’immeuble à habitat collectif de la cité Dillon page 29


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