De l’éphémère au permanent Le processus de reconstruction d’une ville après une catastrophe naturelle
Gachoud Clio, Pham Minh-Luc Enoncé théorique Section d’architecture EPFL-ENAC-SAR Semestre 2011-2012
Equipe de suivi: Professeur énoncé théorique: November Valérie Directeur pédagogique: Dietz Dieter Maître EPFL: Schmit Marc
remerciements
Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidées dans notre travail: Hossein Sarem Kalali, Shelter and Built Environment Advisor, au PNUD Julien Grisel, Architecte, qui a écrit une thèse: Le processus de projet dans La reconstruction urbaine suite à une catastrophe. L’équipe de Shelter Center et Rob Fielding, Programme Manager Cyrus Mechkat, Architecte, pour son expérience dans les projets participatifs. Marie Schärlig, Directrice ad interim, Centre de Compétences Reconstruction- CCR, à la DDC. Marion Bordier, Information Management Consultant, chez OIM. Peter Van Der Auweraert, Head, Land, Property and Reparations Division Department of Operations and Emergencies, chez OIM. Ivan Vuarambon, Architecte, Team Leader, Haïti chez SDC. Fanny Ducommun, Graphic designer. Jean Du Prés (nom fictif), résident de Port au Prince. Jean-Pierre et Josiane Gachoud, Pham Nam Kim et Pham Van, ainsi que nos amis pour leur soutien et leur aide. Au groupe de suivi du diplôme : Professeur énoncé théorique: Valérie November, Professeure FNS Directeur pédagogique: Dieter Dietz, Architecte et Professeur associé en architecture. Faculté ENAC Maître EPFL: Marc Schmit, Architecte
preface
Nous observons ces dernières décennies de plus en plus de catastrophe naturelle . Elles affectent un nombre croissant de personnes au niveau mondial. Le droit à un abri convenable fait partie des droits humains, l’architecte doit se soucier de ce phénomène qui ne cesse d’augmenter et qui actuellement n’a toujours pas trouvé de solution satisfaisante. Est-il possible de trouver un processus de reconstruction efficace, c’est-à-dire qui limite les phases de construction, le temps passé dans les camps de réfugiés et rend les étapes moins séquentielles? La cohésion urbaine lors de la reconstruction est l’un des problèmes clé car souvent les premiers abris sont établis de manière spontanée et ne cohabitent pas bien avec la ville. Quelle part de liberté devons nous laisser aux victimes lors d’une reconstruction, quelle doit être leur implication? Chaque reconstruction est unique, cependant les processus sont similaires. Il faut donc identifier ces processus et en extraire les lignes directrices et ce à différentes échelles: en effet les réponses proposées ne doivent pas uniquement se focaliser sur l’échelle de l’habitation, mais se développer également à l’échelle urbaine. Nous allons commencer par une approche allant du macro au micro, du monde à l’être humain et examiner comment les catastrophes affectent différemment l’être humain à chaque échelle. A noter que la catastrophe n’est pas distribuée de manière égale en terme de territoire ou dans les couches de la population, ce qui nous amènera à la notion de vulnérabilité. Dans le relogement après une catastrophe naturelle, ce qui est particulièrement intéressant ce sont les différentes phases de reconstruction, bien souvent les enjeux de la catastrophe dépassent la simple reconstruction. Des effets dans les domaines politiques, économiques et de la santé naissent avec la catastrophe. Nous aborderons également les différentes problématiques liées au relogement des victimes, aux camps de réfugiés (quels sont leur type, leur organisation et leur temporalité). Nous nous interrogerons sur les conséquences de ces réponses et comment peuvent-elles être améliorées? En effet, la sérialité et le manque de flexibilité des camps ne permettent pas une solution satisfaisante aux besoins de la population sinistrée. En réponse à cette problématique, des théoriciens de la reconstruction ont proposé une
approche participative au projet, elle fera l’objet d’un chapitre dans lequel nous mettrons en évidence les enjeux d’un projet participatif. D’un point de vue plus général, il est important de tenir compte de l’échelle de la reconstruction, si celle-ci se situe au niveau d’une ville, il ne s’agit pas uniquement de reconstruire des maisons individuelles. Le nombre de personnes touchées lors de désastres naturels représentent parfois l’équivalent d’une ville entière, de ce fait, il faut reconstruire un centre d’activité et redévelopper une économie locale. C’est pourquoi nous allons également utiliser des notions d’urbanisme afin de bien comprendre les éléments structurels des lieux de vie d’une communauté. L’une des problématiques de la reconstruction est la rigidité des plans. Nous ferons un parallèle avec les villes informelles, tels que les slums afin de mieux comprendre les degrés de liberté que nous devons accorder dans notre plan urbain ainsi que la part de participation des victimes. A l’échelle de l’habitat, nous verrons que les logements spontanés ont des caractéristiques similaires à celles de la reconstruction post catastrophe. Cette approche théorique sera confrontée à un cas d’étude, celui d’Haïti. Ceci permettra d’avoir une vision plus précise quant aux difficultés du terrain, de la gestion de crise, des enjeux de la reconstruction, des procédures qui ont fonctionné et celles qui ont échoué. Nous avons choisi Haïti pour deux raisons: pour son environnement urbain qui a été fortement touché, et par la forte présence de quartiers spontanés au sein de la ville. Nous conclurons notre travail par une synthèse de tous les sujets abordés sous la forme de lignes directrices pour la reconstruction.
La structure de notre énoncé ainsi que la relation entre les différents thèmes abordés, est illustrée dans la figure 1. Elle est divisée en quatre parties qui contiennent chacunes les thématiques abordées. Leur niveau d’importance est représenté par leur taille. Les couleurs indiquent les interactions entre les différentes parties. L’utilisation de notre énoncé peut se faire comme un manuel. Une série de pictogramme à été conçu pour faciliter une navigation thématique (cf. schéma ci-dessous). A la fin de chaque chapitre une page est dédiée aux points clés de celui-ci.
pictogrammes Catastrophe naturelle
Camps
Ville
Processus de reconstruction
Société
Cas d’étude
Reconstruction
Points clés
Participation
abreviations CCCM : Camp Coordination Camp Management CICR : Comité International de la Croix Rouge CCR : Commission Coordination Romande DDC : Direction du Développement et de la Coopération DTM : Displacement Tracking Matrix GHRAP : Groupe Haïtien de Recherches et d’Actions Pédagogiques IFRC : Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge IDP : International Displaced Person MTPTC : Ministère des Transports Publics, Transport et Communication NRC : Norwegian Refugee Council OCHA : Office for the Coordination of Humanitarian Affairs OIM : Organisation Internationale pour les Migrations PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement SERTIT : Service Régional de Traitement d’Image et de Télédétection UN-HABITAT : United Nations Habitat UNHCR : United Nations High Commissioner for Refugees UNITAR : United Nations Institute for Training and Research
figure 1. «mind map»
L’ être humain il érab Vuln ité Besoins
iété Soc e iqu log cho psy ect Asp
Ré ap pro pri ati on
ux Lie
Vic tim es
La catastrophe naturelle
Catas troph e non -cycl ique Catastrophe naturelle
Pro rec
Catastrophe cyclique
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le Vil
Pla nifié
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No n-p lan ifié
ion est o-g Aut
Les désastres
Constructio n
Interactions sociales
Urbanisme
La théorie
Théorie de la rec onstruct ion
Temp orali té
La reconstruction
Temps
Re log em en t
Guid e lin es
Niveau d’importance
Pla nif ié
s mp Ca
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aire por Tem
e Urgenc
de Type
ent logem
Réponse à la catastrophe
t Permanen
ocessus de constrcution
Temps
Relocalisat ion
Fo nc ie r
ONG
ie om on Ec
Mi gra tio n
Partici pation Cas d’
étud e
ment Type de loge
Processus
table des matieres introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 du macro au micro. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Le monde et les désastres naturels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 La catastrophe au sein de la ville. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Relation entre la catastrophe et l’être humain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Points clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
les differentes phases du relogement apres une catastrophe naturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Une reconstruction en trois phases. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Les différentes phases du relogement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 La temporalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Le lieu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Les problèmes fonciers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Les méthodes de reconstruction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Points clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
le processus participatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 La participation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Les types de participation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 La dynamique du pouvoir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Les techniques de communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 L’architecte et la participation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 La gradation de la participation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Points clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
la problematique des camps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Les camps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Les camps planifiés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Les camps spontanés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Points clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
planifie versus non planifie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 La ville. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Les bidonvilles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Points clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
cas d’etude: haïti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Haïti avant le 12.01.2010. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 Contexte historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 Une centralisation des pouvoirs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 L’urbanisme informel de Port-au-Prince. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Haïti après le 12.1.2010. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Les répercutions matérielles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Répercutions sociales, politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Une capitale après désastre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Les migrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Analyse de la réponse post-catastrophe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Typologie des camps à Haïti. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Naissance et évolution du camp. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Composition des camps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 La problématique foncière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 La reconstruction en milieu urbain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 La participation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 Les visions futures d’Haïti. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Points clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
conclusion: vers une reconstruction evolutive et durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Processus de reconstruction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 La temporalité et flexibilité du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Proctocole de la reconstruction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
references. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Iconographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
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introduction
La catastrophe est faite d’un avant et d’un après. C’est un « achèvement brutal », c’est également un tournant dans l’évolution et amène à un questionnement sur la situation passée, actuelle et future. Julien Grisel parle de la catastrophe comme d’une opportunité au renouveau et au développement de nouvelles idées ou techniques. Elle permet d’imaginer de nouveaux scénarios, parfois utopistes, qui dans une situation normale ne le permettrait pas ou ne viendrait pas à l’esprit. Pour James K.Mitchell, les désastres naturels sont une forme « d’antidote » contre les éléments fabriqués en série et une uniformisation du contexte urbain et social. Les catastrophes naturelles semblent être des déclencheurs de projets d’urbanisation, cependant cette reconstruction est très délicate et engendre bien plus de problèmes qu’il n’y paraît, car ces projets sont souvent trop ambitieux et malheureusement peu d’entres eux voient le jour. C’est pour cela que notre recherche se concentre sur la reconstruction et essaye d’extraire les problématiques principales et d’y trouver une alternative, afin de réduire le temps du relogement et le rendre plus accessible.
2
3
du macro au micro Dans ce premier chapitre nous allons définir ce que représente un désastre naturel à l’échelle mondiale, puis de la ville et ensuite de l’être humain. Ceci permettra de mieux comprendre les enjeux généraux afin d’avoir une vue d’ensemble de la situation et d’obtenir un processus de reconstruction mieux adapté.
4
le monde et les desastres naturels Désastre naturel :
«a situation or event which overwhelms local capacity, necessitating
a request to a national or international level for external assistance; an unforeseen and often sudden event that causes great damage,destruction and human suffering. For a disaster to be entered into the database, at least one of the following criteria must be fulfilled: 10 or more people reported killed; 100 or more people reported affected; declaration of a state of emergency; call for international assistance.»
(D. Guha-Sapir et al., 2011)
Il existe différents types de risques, (cf. tableau1) et leurs répercutions ne sont pas toujours égales, celles-ci dépendent de nombreux facteurs : de l’environnement construit, du type de construction, du terrain, de la capacité de la population à réagir contre une catastrophe. Pour mieux comprendre les répercutions des catastrophes naturelles dans le monde, nous avons produit différentes cartes qui représentent la localisation et le nombre de désastres au cours de ces dix dernières années. Les différents types de catastrophe ne sont pas répartis équitablement autour du globe. Nous observons également que le nombre de victimes n’est pas comparable, par exemple une catastrophe qui touche les pays du nord aura un impact moindre que dans les pays du sud. A noter que la majorité des désastres qui se sont produits lors de ces dix dernières années sont d’ordre hydrologique, mais ces derniers ne sont pas les plus meurtriers: les tremblements de terre font en général plus de victimes. Nous remarquons que la sensibilité aux catastrophes dépend de la richesse du pays: des pays avec des constructions précaires seront plus affectés par un désastre qu’un pays ayant une construction selon des normes parasismiques. Les cartes suivantes (cf. figures 2 et 3) montrent que les pays répondent différemment aux catastrophes: le nombre de victimes ne dépend pas uniquement de la fréquence des désastres, mais aussi de la vulnérabilité du pays.
Tableau 1: les types de catastrophes naturelles Géophysique Tremblement de terre Volcan Glissement de terrain
Météorologique Tempête Cyclone Ourgan
Hydrologique Inondation Coulée de boue
(Tableau fait à partir des données de D. Guha-Sapir et al., 2011)
Les pays « riches » auront un ratio victime/catastrophe plus bas que celui des pays en voie de développement. Nous ne sommes donc pas tous égaux devant la catastrophe, que ce soit par la localisation ou par la précarité des constructions tous les pays ont une vulnérabilité différente quant à la catastrophe. Cette constatation nous a amené à nous intéresser aux types de populations qui étaient le plus gravement touché, les populations des pays défavorisés. Il est important de distinguer deux situations: les catastrophes cycliques et les catastrophes ponctuelles. Bien souvent les pays qui sont touchés de manière régulière ne sont pas les mieux équipés et la population reste sur les lieux à risque dans la majorité des cas. (Centre for Research on the Epidemiology of Disaster (CRED) s. d.)
Du macro au micro
5
6
figure 2. nombre de desastres naturels
Désastres naturels de 2000 à 2010 Index de vulnérabilité des risques de désastres naturels Très élévé Elévé Moyen Faible Très faible Pas de données Nombre de désastres naturels de 2000 à 2010 Accumulation des désastres naturels Météorologique Hydroligique Géophysique
500 400 300 200 100 0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
7
2000-2011
Hydrologique
2000-2011
Météorologique
2000-2011
Cette carte nous montre le nombre de catastrophe dans le monde au cours de 2000-2010. Les pays les plus vulnérables se trouvent dans les pays du sud, autour de la bande équatoriale. Les Etats Unies, la Chine, l’Inde ainsi que l’Indonésie sont les zones les plus touchées. Prendant la période étudiée, nous ne voyons pas une augmentation significative du nombre de catastrophe, cependant, nous savons que ces dernières ont augmenté depuis les années 50.
Du macro au micro
Géophysique
8
figures 3. population affectee par les catastrophes
800Mio 700Mio 600Mio 500Mio 400Mio 300Mio 200Mio 100Mio 7Mio 6Mio 5Mio 4Mio 3Mio 2Mio 1Mio 0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
9
Index de vulnérabilité des risques de désastres naturels Très élévé Elévé
Très faible Pas de données
>100
>10000
>100000
>1Mio
>100Mio
>400Mio
Nombre de désastres naturels par années Accumulation des désastres naturels Personnes affectées Personnes sans abri Morts
Cette carte nous montre les nombres de personnes affectées par les catastrophes entre 2000 et 2010. Nous voyons clairement que les populations touchées sont majoritairement celles des pays proche de la ceinture équatoriale. En comparant cette carte avec la précédente, nous observons que les pays du sud sont plus fortement affectés.
Du macro au micro
Moyen Faible
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étaient urbains, la moitié l’était en 2007, et 60 % le seront probablement en 2030 (surtout dans les pays en développement qui selon les prospectivistes devaient accueillir 4 milliards d’urbains en 2030, soit 80 % des citadins de la planète).» (ONU, Banque mondiale, 2007)
Du macro au micro
«En 1950, 30 % des humains
12
30 MILLIONS de personnes affectées en 2010 par des désastres naturels
2,5 MILLIONS de sans abris en 2010 dù aux désastres naturels
360’390 morts en 2010 dûs aux désastres naturels
4X
2X Du macro au micro
13
0.3X
GENEVE
14
la catastrophe au sein de la ville «La catastrophe place la collectivité face à sa capacité de résilience.
Elle défie ainsi la solidité de ses valeurs, sa cohésion et révèle sa vulnérabilité au sein de son environnement naturel.»
(J.Grisel, 2010)
La ville est un équilibre dynamique, nous y retrouvons la plupart des activités humaines. Elle est parcourue par une grande quantité d’événements. Il existe une certaine stabilité entre la destruction et la reconstruction, qu’ elle soit planifiée ou non. La croissance d’une ville n’est pas linéaire, en effet des facteurs externes vont modifier son comportement. Elle devra s’adapter à ces nouvelles conditions afin de protéger les activités humaines qu‘elle renferme. Que se passe-t-il quand cet équilibre est ébranlé lors d’un événement naturel ? Comment réagir lorsque un tiers du pays est inondé ? Julien Grisel met en évidence la « rupture » que cet événement crée et fait ressortir la vulnérabilité de la ville, ainsi qu’un questionnement sur son emplacement ou même son passé et son futur. La ville doit désormais « survivre ». Cette problématique se situe à plusieurs échelles, au niveau du « développement physique de la ville», de « son environnement » et de l’individu. Le facteur temps est un élément prédominant dans la reconstruction de la ville après une catastrophe naturelle. Comment reconstruire ce qui a été construit en plusieurs années, voir décennies, en un laps de temps des plus réduit ? Nous parlons à ce moment d’un phénomène de ville spontanée, ou alors de ville dans la ville. Quel est ce phénomène et comment peut-il nous aider à trouver des outils architecturaux pour mieux comprendre le processus de reconstruction d’une ville après un désastre naturel. Nous retrouvons deux nouvelles sociétés : les victimes et les non victimes, il faudra également prendre en compte cette relation, comprendre ses limites et comment intégrer ces deux entités l’une dans l’autre. Selon Ian Davis, la catastrophe est perçue différemment selon le lieu d’impact, si elle est située dans une zone qui n’est pas peuplée, le désastre est vécu différemment, ce n’ est plus un désastre, mais une catastrophe naturelle. Par contre dans une zone construite, la catastrophe sera transformée en désastre. Nous pouvons distinguer trois situations : non construit,
figure 4. relation entre le site et la catastrophe et les dommages engendrés: Non construit
Bonne construction Ville de mauvaise construction, sur un site à risque 0
Dommages urbains
de bonne construition, de mauvaise construction sur un site à risque (cf. figure 4). L’approche du désastre est passablement différente entre les pays en voie de développement et ceux développés. Par exemple, les pays développés ont tendance à prévoir, à essayer de contrôler la catastrophe naturelle, les bâtiments sont construits avec des normes antisismiques ou alors, une série de barrage contre des écoulements sont planifiés, etc. En Suisse, les mesures préventives contre tout type de catastrophe sont nombreuses, alors que le pays est rarement touché par celles-ci. A noter que la plupart du temps les populations pauvres se retrouvent avec des logements vulnérables et en plus dans des zones à risque plus prononcé, ce qui accentue les dégâts lors de catastrophes naturelles. Dans ce cas, ce sont en général des actions individuelles qui sont prises pour combattre le désastre, les habitants solidifient leur construction, ou alors décident d’aller vivre ailleurs.
«In very broad terms the distinction can be summarized by saying that in the developed world we seek for material solutions, while in the developing world the solutions are primarily social mechanisms.»
(I.Davis, 1978)
Du macro au micro
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Le modèle de vulnérabilité qu’il faut considérer est le “pressure and release model”(cf. figure 5), dans ce dernier, le désastre est la résultante de deux forces opposées, d’une part les processus qui créent une vulnérabilité et de l’autre les désastres naturels. Selon Blaikie et al (1994), le modèle fonctionne comme un casse noix, lorsque les pressions sont exercées sur les deux côtés, nous avons une augmentation du risque. L’idée de “release” permet de conceptualiser l’idée de réduction du désastre, en mettant moins de pression, la vulnérabilité peut être diminuée.
«More than 98 percent of people affected by disaster are from developing countries. » (Red Cross, 2008)
Le modèle présuppose que les conditions à risque naissent de pressions dynamiques (provoquées par des facteurs politiques, économiques et/ou sociaux), elles-mêmes créées par des circonstances politiques ou économiques nommées « root cause ». Ce modèle permet de comprendre la catastrophe comme une accumulation de conditions à risque. Il explique aussi les différentes vulnérabilités qu’il peut y avoir au sein d’une ville. Si la catastrophe va toucher l’entier d’une ville, nous verrons qu’il y a de grandes différences de vulnérabilité, ainsi les populations les plus défavorisées seront aussi les populations les plus fortement touchées, car plus vulnérables.
«The study of disasters is almost by definition a study of poverty within the developing world» (I.Davis, 2008)
Du macro au micro
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figure 5. “pressure and release model” THE PROGRESSION OF VULNERABILITY 1
ROOT CAUSES
Limited access to Power Structures Ressources
Ideologies Political systems Economic systems
2
DYNAMIC PRESSURE
Lack of Local institutions Training Appropriate skills Local investments Local markets Press Freedom Ethical standards in public life
Macro-forces Rapid population growth Rapid urbanisation Arms expediture Debt repayment schedules Deforestation Decline in soil productivity
3
UNSAFE CONDITIONS
DISASTER
Fragile Physical Environment Dangerous locations unprotected building and infrastructure Fragile local economy Livelihood at risk Low income level Vulnerable society Special groups at risk Lack of local institutions Public actions Lack of disaster preparedness Prevalence of endemic disease
HAZARDS
Earthquake High winds (cyclone/hurricane/ typhoon)
RISK = Hazard + Vulnerability
Flooding Volcanic eruption Landslide Drought Virus and pests
(Blaikie et al., 1994)
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relation entre la catastrophe et l’etre humain Nous allons nous concentrer sur l’échelle locale de la catastrophe, notamment sur son impact chez l’homme, ainsi que sur ses habitudes et son comportement.
« Alors que la préoccupation du danger n’est pas formulée dans un
discours où ne prend pas forme dans des pratiques propre, elle se lit dans les faits et gestes des habitants et situations quotidiennes.»
(J.Lagumier, 2009)
J.Lagumier montre que la catastrophe va modifier les habitudes de la population. Par exemple, certains parcours vont être changés, nous verrons aussi naître de nouvelles pratiques. Ainsi les victimes d’inondation auront tendance à être beaucoup plus attentives au niveau de la rivière organisant même des rondes lors de fortes pluies. Ce changement d’habitude et de pratique aura aussi un impact architectural, certains habitants vont construire des chambres spéciales afin de se protéger de la catastrophe en cas de récidive. Ce changement de moeurs a aussi été observé par Sandrine Revêt qui analyse le cas de Vargas, où elle note des changements d’habitude, de pratique de la part de certains habitants.
«Cette perte s’accompagne de la disparition de certaines pratiques.
Par exemple, Carolina, une jeune femme de la classe moyenne, ne parcours plus le matin, comme elle avait l’habitude de faire le kilomètre de plage qui séparait son immeuble du centre de la ville pour aller y acheter le journal et qui aujourd’hui est un terrain vague encombré de troncs d’arbres et de pierre. Elle vit plus enfermée et affirme se sentir plus isolée.» (Sandrine Revêt, 2007)
Selon Lagumier les attitudes des sinistrés oscillent entre le déni, matérialisé par le silence, ils ne veulent pas parler de la catastrophe et une peur qui modifie leur quotidien. Le traumatisme psychologique doit être pris en compte lors du processus de reconstruction. La population touchée devra être rassurée, se sentir à l’abri dans son nouvel habitat. La relation au terrain sera à considérer, ainsi
que les méthodes de constructions pour sécuriser le nouveau ou l’ancien terrain. Il est important que la communauté puisse se recréer afin de consolider les bases de la reconstruction durable.
Du macro au micro
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1. La vulnérabilité des pays par rapport à la catastrophe est inégale, ceux en voie de développement sont les plus touchés : il existe plus de construction dans des zones à risque, les moyens techniques contre les catastrophes sont peu développés. Le potentiel d’action sur place est réduit. 2. Nous pouvons réduire ce degré de vulnérabilité avec des constructions mieux adaptées et réévaluer le degré de risque des terrains. 3. La relation au territoire est très importante. 4. Chaque catastrophe est unique et nécessite une réponse adaptée. 5. Les catastrophes entrainent des mouvements migratoires au sein du pays et vers l’étranger, mais la population essaye de rester sur sa terre. 6. La gestion du risque est cruciale au niveau de l’habitat ainsi que du territoire. 7. La catastrophe peut être un déclencheur d’urbanisation. 8. La catastrophe détruit une communauté. 9. La catastrophe chez l’être humain détruit son habitat, donc ses repères et crée un sentiment d’insécurité. Nous pouvons aider les victimes en proposant un lieu où la population touchée pourra reconstruire une nouvelle vie, retrouver une communauté et un sentiment de sécurité. 10. La structure sociale est importante.
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points cles
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les differentes phases du relogement apres une catastrophe naturelle Le relogement est une partie importante de notre travail. Nous essayerons de faire une liste exhaustive des différents moyens de relogement et de comprendre ses différentes phases, ainsi que l’importance du lieu et de la notion de temps. Ceci permettra d’enrichir notre stratégie pour le processus de reconstruction.
« Un abris est plus qu’un toit: c’est un moyen de garantir la santé, la sécurité, l’intimité et la dignité des habitants du camp.» (NRC, 2008)
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une reconstruction en trois phases
la phase de l’urgence C’est la première qui se met en place, elle consiste au relogement rapide des sinistrés dans des structures d’accueil ou des tentes. En général comme l’a remarqué Cassidy Johnson, cette phase permet au gouvernement de montrer qu’il est présent et sait agir dans une situation de crise. Cette phase est temporaire et ne dure qu’un laps de temps très court.
la phase de transition La réalité du terrain ainsi que la complexité des enjeux de la reconstruction font que le temps nécessaire pour une reconstruction permanente est relativement long. Une solution de transition est donc mise en place, elle offre plus de confort que les tentes en attendant la reconstruction des habitations. Cette réponse est parfois mal adaptée aux besoins des utilisateurs, car bien souvent ce sont des modules préfabriqués produits en séries, et les coûts de ces habitations peuvent dans certains cas être aussi chers que le coût de la reconstruction permanente. De plus ces logements de transitions tendent à devenir permanents au fils du temps, car les matériaux utilisés dans les logements transitoires ont des durées de vie de l’ordre de 10 ans. Nous sommes dans une temporalité qui se rapproche du permanent. Le terme abris de transition signifie que c’est un élément qui peut être déplacé, adapté ou agrandi (NRC,2008).
la phase permanente C’est la dernière phase. Les réponses proposées sont des constructions en dur qui doivent perdurer et offrir un environnement adéquat pour le développement de la vie futur d’une famille. Ces phases sont illustrées en figure 6.
Les diffÊrentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
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figure 6. tableau des differentes solutions de relogements apres desastre 3-4 6-8
Utilisation de bâtiments existants Chez des proches
~24
Plan d’évacuation du gouvernement
~24
Tentes
Unité Individuelle
Unité à multiple familles
Solution importée ?
Logement d’urgence Savoir faire local, matériaux locaux
Savoir faire local, matériaux locaux, design de l’ ouest
?
Squats
Solution indigène
Fondation de la maison et services
?
Logement permanent Design et construction fait par un entrepreneur
Semaines
?
Déplacement vers des zones moins vulnérables
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Sur leur propre propriété Basé sur des plans militaire
Camps de réfugiés
Nouvelle division des villes et vilages existants
Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009
Dans des centres de réfugiés
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
Plan informel
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les differentes phases du relogement
«La
planification est une tentative de « remise en ordre » des choses, des aménagements humains, des éléments constitutifs du territoire.» (J.Grisel, 2010)
Selon Ian Davis, nous imaginons que le gouvernement se doit de fournir un maximum de logements de premier secours, mais il faut se rendre à l’évidence, les personnes essayeront de trouver d’autres moyens avant d’aller dans des abris fournit par les différents organismes. Ils vont d’abord aller : 1. Chez des proches parents ou amis. 2. Improviser eux-mêmes leur abri. 3. Aller dans des lieux qui auront été convertis, tels que des écoles, des centres sportifs etc... 4. Dans les abris fournis. Par la suite, il est important de distinguer deux approches différentes qui sont directement liées au temps. Après la venue d’une catastrophe naturelle, il existe une phase que nous pourrions appeler « de survie »: le plus important est de trouver un logement pour s’y abriter et de survivre à cet événement, dès lors la perception et l’approche du logement est tout autre. Une fois cette période révolue, nous entrons dans la période de reconstruction d’une vie, il ne s’agit plus de survivre, mais de retrouver un quotidien rassurant qui permette un développement à long terme. Il faudra promouvoir les échanges sociaux et également retrouver une place au sein de la communauté.
la temporalite Le temps est un facteur important dans le processus de reconstruction (cf. figure 7 et 8). Il intervient à de multiples niveaux. Il est divisé en fonction d’une échelle de temps plus ou moins précise et prédictible. La reconstruction se fait en plusieurs phases clés, essentiellement trois : urgence, transition, reconstruction. Cependant elles s’entrelacent fréquemment. L’une des difficultés lors de la planification de la reconstruction est que les besoins d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que demain et ce problème est fréquent dans les villes d’aujourd’hui. La différence essentielle dans notre cas est que le temps de construction est accéléré, de ce fait la différence de temps entre le plan établi et le développement final est considérablement
réduit, néanmoins le problème subsiste. Dans notre processus de reconstruction, nous partions de l’idée que le plan final ne pourra pas être connu et nous tiendrons compte de la part d’incertitude et de spontanéité qui va s’ajouter au plan initial. Il est important de proposer un plan qui incorpore au mieux les éléments externes et non prévisibles issus de la communauté, tels que les conflits, les désastres naturels, les crises économiques qui peuvent être pris en compte lors de l’établissement du plan, mais à un faible degré car ce sont des éléments imprévisibles.
«Time is another factor that is difficult to anticipate. It is a familiar but
devilish dilemma: a design is made using today’s data for the city of tomorrow. Naturally, every designer tries to take it into account, but in reality this is impossible.» (Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)
figure 7. modele de l’activite de retablissement post-catastrophe.
(Vale et al., 2005)
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
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figure 8. duree du processus de reconstruction et taille de logement En moyenne la mise en place des éléments de transitioins prennent six mois et la reconstruction à long terme se fait sur plusieurs années.
Indonésie
Amériques Chine
3 ans
Bengladesh
Pérou
2 ans Pérou
Inde
1 an
Pérou
Indonésie
6 mois Honduras
Sri Lanka
Haïti
Asie
Indonésie
Mozambique
Myanma
Congo
Pakistan
Kenya
Pakistan
Afrique
Turquie
Italie
Processus de reconstruction accompli jusqu’aux habitats de transitions Processus de reconstruction accompli jusqu’aux habitats permanents
Europe
(Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009)
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Amerique du sud
8 Pers
Honduras 11m2
6 Pers
Pérou 9-18m2
Indonésiem2
Haïti 18m2
4 Pers Mozambique 12m2
Jogyakarta 24m2
2 Pers Afganistan 21m2
Somalie 13.5m2
Sri Lanka 18-20.5m2
Eritrée 16m2
Pakistan 18m2
Soudan 20m2
Congo 24m2
Thaïland16m2
Kenya 18-25m2
Inde 10m2
Liberia 25m2
Italie 74m2
Rwanda 48m2
Afrique Europe
(Graphique fait à partir des données de Shelter Project 2009)
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
Asie
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le lieu L’appartenance au territoire est très présente. Julien Grisel fait référence au lieu comme « une composante identitaire de la collectivité ». C’est aussi un lieu de commémoration. Lors des différentes phases du relogement la relation au territoire pose souvent des problèmes, car malgré le fait que la zone soit à haut risque les gens souhaitent retourner sur leur terrain. C’est un phénomène qui peut s’expliquer de différentes manières et qui doit être pris en compte dans notre processus de reconstruction. L’ importance dû lieu est du au fait que dans les pays en voie de développement, le terrain est une des seules richesses dont la population dispose. Souvent l’emplacement de l’habitat est fortement lié au travail et un déplacement dans des zones plus sûres, souvent éloignées est un problème considérable. Par exemple, pour une famille de pêcheurs ou de fermiers en Asie, se déplacer dans une zone éloignée, mais sécurisée, représente parfois un grand sacrifice. Ils s’éloignent de leurs proches, de leurs repères. Cela a un impact économique, les gens se retrouvent loin de leur travail et le prix du déplacement est trop conséquent comparé à leur salaire. De ce fait, nous pouvons comprendre la réflexion suivante: il est préférable de rester au même endroit et prendre le risque qu’une catastrophe réapparaisse, sachant que celle-ci pourrait se reproduire que dans 5 ans voir 10 ans, ou même jamais. La relocalisation est un problème majeur en soi et reconstruire sur le lieu de la catastrophe dans la plupart des situations est nécessaire. Le questionnement de l’emplacement de la reconstruction est également lié à «la mémoire collective du lieu ». Un groupe qui habite un lieu, s’approprie l’espace et le module selon ses besoins et parfois il se soumet aux éléments physiques qu’il contient. C’est en même temps un lieu de confiance car il est familier et sert de repère au quotidien. « L’image » du lieu prend une place prédominante, il a une « empreinte du groupe», les différents éléments du lieu ont un sens bien précis pour ses habitants, ce sont des facteurs parfois invisibles. Le lien particulier au lieu se précise et ressort lorsque le désastre naturel soumet une cassure avec celui-ci. Cet événement crée une cassure et fait paraitre un nouveau rapport au lieu, il est découvert sous un autre angle et les éléments, les souvenirs qui le
lient à ses habitants se transforment. La mémoire collective sera également ébranlée et transformée. Les structures physiques du lieu sont changées et possèdent dorénavant des traces de l’événement. Le choix du site peut aussi être perturbé par l’illustration physique de la catastrophe. D’ailleurs Julien Grisel se questionne sur la position de la reconstruction par rapport à la mémoire collective et de ce fait où se positionne la reconstruction, en tant que « rupture », dans la « continuité », comme une « commémoration » ou alors en tant que « compromis » avec le milieu urbain préexistant. Comme le dit aussi Cambrézy)
« L’enracinement d’un groupe ou d’une communauté dans son
territoire ou son espace de vie est la manifestation la plus tangible de l’existence de ce groupe. Le territoire produit l’identité en même temps qu’il en est le produit.» (L.Cambrézy, 2001 )
les problemes fonciers Il existe un autre élément à ne pas négliger dans la reconstruction et qui prend du temps, c’est l’acquisition de terrain. Souvent les problèmes fonciers ralentissent énormément ou même empêchent le développement du projet.
«La planification de grandes zones dévastées suppose que les
autorités publiques soient suffisamment puissantes pour pouvoir exproprier ou racheter de grandes zones urbaines. Mais même dans ce cas, les autorités doivent trouver des compromis afin que les propriétaires ne quittent pas la ville, car une des conséquences d’une catastrophe est engendrer des changements importants des prix des terrains et des matériaux de construction.» (J.Grisel, 2010)
Cette thématique est un problème en soi très vaste que nous avons choisi de ne pas traiter en détail dans notre recherche.
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les methodes de reconstruction Selon Ian Davis, il est important de comprendre la culture locale ainsi que sa relation avec la forme construite qui l’entoure. Comprendre le vernaculaire, nous permettra de mieux comprendre les besoins existants et de mieux s’adapter au lieu. Le vernaculaire doit être une source d’inspiration pour le processus de reconstruction. Souvent les techniques constructives parasismiques sont amenées par les ONG, mais ces méthodes sont très difficiles à reproduire dans le pays. Dans ce cas, le vernaculaire peut nous être utile. Il nous faudra trouver un compromis entre le vernaculaire et les constructions contemporaines. Julien Grisel note d’ailleurs.
«En se plaçant en rupture complète avec le modèle de l’ancienne ville, on a sans doute permis l’émergence d’un modèle basé sur des contraintes nouvelles liées à une société nouvelle, mais on a perdu également des éléments qui faisaient la force de la collectivité, dans sa manière de vivre ensemble et de construire le territoire.»
(J.Grisel 2010)
Une autre question est celle d’une maison inadéquate aux normes sismiques, qui va prendre en charge l’adaptation de l’habitat? Comment changer la méthode de construction, faire que celle-ci devienne partie intégrante des mœurs et ne reste pas un cas isolé et étrange qui n’appartient pas à la société qui l’habite? Il faut trouver un compromis entre l’habitant et sa sécurité, puis déterminer les connaissances et outils qu’il maitrise, pour créer un dialogue constructif. C’est un point qui sera abordé plus précisément lors du développement sur la participation et la relation entre le «bottom up» et le «top down». Selon Ian Davis il existe trois types de reconstructions : 1. Celle qui décide d’ignorer complètement l’aspect culturel et ne s’intéresse pas au vernaculaire, et apporte une solution étrangère à ce qui existe habituellement et espère changer les mœurs. 2. Celle qui essaie de trouver une solution universelle et qui met également de côté l’aspect culturel et pense que la manière de vivre de l’individu est plus ou moins identique dans le monde entier. 3. Celle qui a tenu compte de toutes les contraintes culturelles et essaie de modifier la technique constructive des maisons pour les rendre plus sûres.
Les éléments reconstruits ou même la fortification des maisons non détruites est un thème très important dans une situation post-désastre. Souvent les gens reconstruisent de la même manière, même si ils ont eu la preuve que cette solution est inadéquate. Un travail important de prévention et de formation est à faire pour prévenir les incidents futurs. (Entretien, DDC, Marie Schärlig, 2011) Actuellement, la situation a changé. Les différents organismes essayent de mieux prendre en compte les besoins de fortification des habitations, mais cela ne se fait pas partout ni spontanément. Les ONG se heurtent également à des facteurs externes lors de la prévention et de la formation de la population pour une construction plus sûre. Ils retrouvent des obstacles culturels et économiques qui viennent entraver la sensibilisation à la prévention, car dans la majorité des cas le groupe social concerné est passablement pauvre et la reconstruction d’une maison plus sûre coûte plus cher, il est donc difficile de les en persuader. Cette situation pousse les personnes à rester sur place et empêche de reconstruire dans une zone plus sûre.
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in response to their everyday needs their occupations, their wealth, their traditional construction techniques and their cultural patterns. Secondly, the return period of most forms of disaster is so infrequent that it has no influence whatsoever on local construction techniques or the siting of settlements» (I.Davis,1978)
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
«First, people build their homes
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L’un des autres facteurs essentiel est l’évaluation des besoins des sinistrés. Après un désastre, il faut établir quels sont les besoins minimaux de chacun. Nous avons: les besoins des personnes sans abris; un besoin immédiat, ce qui ne correspond pas forcément à ce qu’ils veulent ou auront besoin à long terme; les exigences du gouvernement, des associations et les besoins qui nous semblent nécessaires, qui sont souvent liés à des préjugés et pas forcément les mieux adaptés; les besoins sociaux et matériels, comme nous l’avons vu auparavant. Les besoins sociaux dans des pays en voie de développement seront plus adéquats que des solutions matérielles. (I.Davis, 1978) La relation aux besoins est liée au temps. Les exigences évoluent avec celui-ci. Vivre dans une tente est acceptable pour une durée limitée et répond à des besoins immédiats, mais devient inadéquat après 6 mois. Pour la reconstruction, il faut trouver un système qui comprend et différencie les besoins immédiats et futurs (cf. figure 9). Il faut trouver un arrangement qui permette de répondre à ces différentes nécessités de manière continue en évitant les sauts d’échelle et de temps trop radical.
Exemples d’extensions observées à Sigli, de la plus simples à la plus sophistiquées. Ce registre d’extensions se rencontre sur tous les types de maisons reconstruites par l’aide humanitaire (ici: Architectes de l’Urgence).
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figure 9. exemples d’extensions Maison donnée
Gazebo et support pour les plantations Extension en bois (cuisine)
Clôture et avant-toit Extension de la terrasse
Terrasse à demi fermée par des cloisons en bois Terrasse à demi fermée par un mue en maçonnerie
Remplacement de l’escalier et de la balustrade par des modèles plus décoratifs Clôture de la parcelle et cages pour l’élevage de poules ou de canards
Extension en maçonnerie et parking couvert Multilples extensions qui métamorphosent la maison d’origine et doublent la surface habitable
Les différentes phases de relogement après une catastrophe naturelle
Commerce à l’avant de la parcelle
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1. Il y a trois phases dans le relogement: l’urgence, la transition, la permanence. Le but est de réduire la durée et la discontinuité de ces trois phases et n’en créer plus qu’une seule. 2. Le temps d’exécution des différentes phases est important. Les éléments transitoires prennent en moyenne 6 mois à être établis, la reconstruction permanente ne commence en général pas avant un ans après la catastrophe et prend souvent plusieurs années pour être achevée. Les camps peuvent exister pendant de nombreuses années. Il faut donc être conscient du développement à long terme et essayer d’incorporer cette notion le plus tôt possible dans la reconstruction. 3. Les victimes vont généralement se réfugier en premier lieu chez leurs proches, dans des lieux publics transformés pour l’occasion ou à côté de leurs maisons détruites. Les camps sont leur dernier recourt. 4. L’importance du lieu: les gens sont très attachés à leur terrain, souvent c’est leur seule richesse. Il faut privilégier le relogement et la reconstruction, sur le terrain touché, lorsque cela est possible. 5. L’adaptation et la flexibilité des solutions proposées aux victimes sont très importantes. 6. La notion de participation lors de la reconstruction est essentielle. Il faut être capable d’intégrer au mieux les besoins de la population. La réponse sera mieux adaptée si nous associons à la reconstruction un processus de participation, mais il faut savoir que la participation a ses limites et peut rapidement être ingérable. Il faut clairement établir les domaines et les limites de chacun, afin d’éviter des conflits d’intérêts supplémentaires. 7. La reconstruction est essentiellement du cas par cas, elle doit être flexible pour permettre une meilleure appropriation de l’habitat.
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points cles
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le processus participatif L’aspect social de la réponse à la catastrophe est un élément important de la reconstruction. La notion de participation est aujourd’hui incontournable dans les projets de reconstruction. Nous verrons dans ce chapitre les enjeux de la participation, ses types, sa mise en place et introduirons la notion de gradation de la participation.
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la participation
Comme nous l’avons vu auparavant et comme le montre Lizzaralde, nous somme face à deux approches dans la reconstruction : le « top down » et le « bottom up ». L’approche top down : C’est une approche qui est apparue dans les années 70-80, en plein boom des techniques d’industrialisation et de production en série. Elle se caractérise par une standardisation de l’habitat. Ce système ne prend pas en compte les réels besoins des sinistrés ainsi que l’aspect social, elle s’est révélée être un échec. En réponse à cela, les ONG et des spécialistes de la reconstruction ont favorisé une approche beaucoup plus participative. L’approche bottom up : Il n’y a pas de réponse standardisée, mais une pluralité de réponses aux différents besoins de chaque sinistré. Les acteurs sont également multiples. De nos jours, il est clair qu’aux réponses des approches «top down », doivent être associées les réponses « bottom up » aux processus de reconstruction. Les nombreuses directives collectées et résumées par « Shelter Center » mettent un poids très important sur l’aspect participatif dans les projets de reconstruction Comme décrit précédemment, les solutions formelles de part leurs rigidités peinent à répondre aux besoins des usagers. Comme solution à ces problèmes, les organisations onusiennes ainsi que les ONG se focalisent sur une approche participative. Cette approche permet en effet d’établir un dialogue avec la population touchée. Celle-ci pourra identifier au mieux ses besoins mais aussi la meilleure manière d’y répondre. Elle permet de créer une synergie entre les organisations et les populations afin d’améliorer l’efficacité et la pertinence du projet. Anderson et Woodrow démontrent d’ailleurs l’importance de la participation dans le processus de reconstruction qui permet de renforcer les communautés locales et favoriser leur autonomisation (M.Anderson,1989). La reconstruction après un désastre est un processus social qui implique des notions symboliques, politiques et économiques (I.Davis, 1978). L’aspect social de la réponse à la catastrophe devient donc un élément important de la reconstruction. Comme nous allons le voir, la participation
tout comme la reconstruction est un processus complexe qui va évoluer au cours du temps. Une grande flexibilité des projets est donc nécessaire dans un projet participatif ce qui exclut toute solution standardisée. Il est aujourd’hui reconnu que la participation est un élément clé de la reconstruction :
« The joint strategy of government and the humanitarian agencies
should involve and support the entire population affected by the disaster, fairly and equitably, responding to the different needs of different groups and with special attention given to those who are most vulnerable. The strategy and its implementation must be accountable and include ways of redressing grievances.»
(Shelter Center, 2010)
Comme le note le manuel de l’URD,
«Les
organisations humanitaires internationales fonctionnent souvent à l’écart des institutions et des structures locales.»
(Groupe Urgence, réhabilitation, développement 2004)
Ce dernier décrit les buts d’une approche participative: 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.
Prolonger l’impact de l’aide humanitaire. Rendre le projet plus pertinent. Eviter ou réduire les impacts des réponses humanitaires. Accroître l’efficacité du projet. Aider à établir une relation basée sur le respect et la compréhension mutuelle. Rendre le projet plus réactif aux changements des besoins. Augmenter les ressources disponibles pour le projet. Améliorer l’efficience d’un projet. Aider à acquérir de nouvelles compétences. Respecter le mandat et les principes de votre organisation.
Nous constatons que les buts sont multiples, le point clé de cette approche est : une véritable synergie entre la population locale et les organisations. La participation permet d’utiliser au mieux les ressources locales, que ce soit en termes d’informations, de moyens ou de forces de travail. Lors d’une
Le processus participatif
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conférence donnée à l’EPFL sur les projets participatifs au Brésil («Crise du logement ?» ,Réponse des mouvements sociaux Brésilien 8.11.11, EPFL), Angela Godinho décrit la participation comme un apprentissage des deux parties, chaque partie apprend l’une de l’autre. Nous sommes à l’opposé d’une position colonialiste des organisations dans laquelle celles-ci imposent leur système de pensée et leurs méthodes. Nous nous trouvons dans une approche qui privilégie l’écoute et le partage de l’information. Il est nécessaire de poser un cadre dans lequel ces échanges peuvent se produire et fonder une collaboration à partir d’une notion d’égalité. Il est alors important de ne pas considérer les victimes uniquement comme des victimes, mais comme des acteurs de la reconstruction.
les types de participation Il existe différentes manières de participer pendant le projet. La participation est vue comme un processus évolutif dans le temps.
« La participation n’est pas statique mais dynamique et changeante:
le niveau de participation dans les réponses humanitaires d’urgence peut être assez faible au départ mais être augmenté et amélioré au fil du temps. »
(Groupe Urgence, réhabilitation, développement, 2004)
Il en découle différentes approches : 1. Instrumentale: atteindre les objectifs d’un programme. 2. Collaboratrice: mise des ressources en commun pour atteindre un même objectif. 3. De soutien: soutenir la population en réalisant ses initiatives. Ces différentes approches correspondent à différents besoins du projet et interviennent à des moments différents. Il sera donc important de bien distinguer dans quel cas telle ou telle approche sera la plus utile
la dynamique du pouvoir Les dynamiques du pouvoir sont des éléments incontournables de la participation. Un des enjeux de la compréhension est l’analyse des dynamiques du pouvoir. Il faut être capable de reconnaître et atteindre les populations marginalisées et leur offrir la possibilité de s’exprimer. Ces dynamiques sont complexes et doivent être gérées avec doigté. Le fait de travailler uniquement avec un groupe donné risque de provoquer des conflits ou le manque d’intérêt des autres groupes. Par exemple, travailler qu’avec des minorités ou des marginaux peut engendrer un désintérêt des communautés favorisées ou ayant du pouvoir. Ils risquent alors de retirer leurs soutient. Les relations humaines sont cruciales, la participation peut être un moyen de reconstruction du tissu social après la crise. Il est nécessaire d’établir une relation de confiance entre les organisations et les populations locales. Cet échange ne doit pas être unilatéral. Ainsi A Sliwinski souligne, dans son article «the politics of participation, Rebuilding After Disasters from Emergency to Sustainability. 2010», la composante politique de la participation. Il met en garde les adeptes d’une idéalisation des termes de communauté et de participation. Il faut comprendre que les décisions prisent servent un contexte politico-économique qui dépasse le cadre de la catastrophe. Un autre point important est qu’une communauté n’est pas un groupe homogène, il existe des tensions internes à ne pas négliger. La population d’un camp est composée de personnes issues de quartiers, villes ou villages, différents et peuvent avoir des pratiques religieuses différentes, certaines communautés peuvent avoir été scindées pendant la catastrophe. Elles n’ont pas choisi de vivre ensemble. Cette pluralité d’origines et de groupes sociaux est importante à prendre en compte. Comme le préconise l’URD, les populations minoritaires ou marginales doivent faire l’objet d’une attention particulière car elles sont plus vulnérables aux situations de crises. La catastrophe génère aussi un grand nombre de personnes handicapées. Il est nécessaire de penser à intégrer ce groupe à la participation. Il est fort possible que la participation passe par un système d’élection de représentant, dans ce cas il est d’autant plus important de faire attention à ce que tout le monde soit représenté, y compris les groupes minoritaires, qui par définition risquent d’être évincés du processus de décision.
Le processus participatif
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«L’expérience montre qu’une approche participative est plus efficace si elle est utilisée systématiquement tout au long du projet.» (Groupe Urgence, réhabilitation, développement, 2004)
Le processus participatif
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les techniques de communication La manière de communiquer est aussi un des points essentiel mit en évidence par l’URD. Les technologies et l’apparence des organisations peuvent nuire à la communication. Il faut installer un climat de dialogue entre les organisations et les populations locales. Une trop grande sophistication des réunions ou des moyens technologiques utilisés (téléphone satellite, GPS, ordinateur) peuvent impressionner et décourager les populations locales à donner leur opinon. Les connaissances locales sont cruciales pour les différentes phases du projet, que ce soit dans l’identification des besoins, la priorisation des objectifs ou la réalisation des objectifs. Le processus participatif décrit par l’URD se révèle être un processus qui pour fonctionner nécessite une adaptation constante, les besoins et priorités des sinistres évoluant avec le temps. Il est donc difficile, voire impossible d’avoir une solution unique adaptable à toutes les situations. Un aspect important de la participation est le partage avec la culture locale. En effet c’est la population qui sera le plus à même de connaître ses besoins ainsi que son territoire.
« Pour mettre en place ses activités dans les camps de réfugiés ou
dans les zones de reconstruction, le personnel humanitaire peut protéger les réfugiés en engageant un processus participatif à tous les niveaux de gestion, de la planification à la mise en œuvre des programmes d’assistance. Les réfugiés connaîtront ainsi mieux leurs lois et leurs propres communautés. Ce processus peut aussi créer un sentiment de confiance mutuelle. Au final, le personnel humanitaire aura un meilleur et plus riche accès à la population des réfugiés.»
(Protect Refugees : Field guide for NGOs, publié conjointement par le HCR et des ONG partenaires, matériel de formation pour le Reach Out – Refugee Protection Training project.)
La participation est donc une notion complexe dans laquelle beaucoup de facteurs sont à prendre en compte. Il est nécessaire d’instaurer un dialogue entre les organisations et les communautés locales. Chacunes des parties doivent se mettre sur un pied d’égalité afin d’établir une plate forme d’échange dans laquelle chacunes puissent apprendre de l’autre. Cet aspect est très important car les projets qui fonctionnent le mieux sont ceux où ce travail à été fait.
«Très peu d’ONG nous demandent ce que nous voulons faire… Nous avons une vision à long terme et ils n’arrivent pas à voir plus loin que douze ou même six mois… On était juste censés être là un an ! Quand vont-ils nous laisser faire quelque chose par nousmêmes ? Nous sommes là depuis 1993 !»
(Réfugié du Sierra Leone vivant dans le camp de réfugiés d’Albadaria, Guinée Forestière)
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l’architecte et la participation Nous avons vu que la participation est définie comme la création d’un espace de dialogue entre les différentes parties qui composent un projet. La question qui est légitime de se poser est la position de l’architecte dans ce processus. Selon Yvan Vuarambon, la main de l’architecte ne se voit pas dans un projet participatif. En effet le rôle de l’architecte dans un tel projet est celui de médiateur objectif entre les différentes parties.
«Architect can no longer be the lone developers and designers who
attempt to impose preconceived structural or formal solutions onto reality. Rather, they must fonction as moderators in a wide range of decision-making processes that define the result little by little.»
(A. Schmeddind, 2011)
La capacité de synthèse et la vision à différentes échelles fait de l’architecte un bon intermédiaire entre les utilisateurs, les politiques et les financiers. L’architecte va construire un cadre dans lequel les différentes parties peuvent trouver un terrain d’entente. Ce processus est plus long et plus compliqué que celui d’un projet non participatif. Cependant cette approche répond à un enjeu de taille qui est l’appropriation du projet par les usagers. L’intégration de ces derniers dans la reconstruction aura pour effet de renforcer le lien qu’ils entretiennent avec le projet. L’appropriation de celui-ci sera meilleure ce qui permet au projet de s’inscrire dans une demarche de développement durable (cf. figure10).
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Le processus participatif
figure 10. exemples d’extension
(Simon Deprez, ElĂŠonore Labattut, 2010)
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la gradation de la participation Le processus que nous voulons développer au cours de cet énoncé théorique va instaurer une gradation de la participation. Cette gradation se fera de manière différenciée selon l’échelle de l’intervention. Le degré de participation de la population sera inversement proportionnel à l’échelle du projet. En effet alors que les habitants auront un degré élevé de participation à l’échelle de la maison, ce degré va diminuer avec l’échelle du projet. Le nombre d’interlocuteurs va diminuer avec l’échelle du projet, alors que chaque ménage sera représenté lors de la reconstruction de leur propre maison, la reconstruction d’un quartier ou de plusieurs quartiers se fera avec une participation représentative. La gradation selon la taille du projet est justifiée par le fait que les usagers ont plus de difficulté à percevoir un projet dans sa totalité et à sortir de l’échelle de l’habitat (cf. figure 11 et 12). La taille du projet n’est pas le seul paramètre qui fait varier le degré de participation. Le temps est une variable essentielle des projets de reconstruction. Les différentes temporalités des trois phases de reconstruction, urgence, temporaire et permanant suscitent aussi un niveau de participation différent. Lors de la phase d’urgence, alors qu’il faut prendre des décisions rapides, il sera difficile de mettre en place un processus participatif,car comme nous l’avons vu la mise de place de ce genre de pratique est relativement longue. Le degré de participation va augmenter avec la temporalité du projet. La variabilité du degré de participation selon la taille et la temporalité du projet, permettra d’intégrer au mieux le processus participatif dans la reconstruction. Les avantages de la participation sont l’implication des habitants et dont une meilleure appropriation du projet, une reduction de coûts de main-d’oeuvre, une liberté plus grande
figure 11. la gradation de la participation
Extension Usagers: participation des usagers élevée Habitat Architecte et usagers: participation des usagers et architrecte plus ou moins égale Infrastructures Architecte et usagers: participation des usagers faible participation de l’ architecte élevée
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figure 12. evolulution d’habitat dans la favela da mare, rio de janeiro
(Varella et al., 2002 in New Towns for the 21st Century the Planned Vs. the Unplanned City, 2010)
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1. L’ approche participative permet de renforcer les communautés locales et favoriser leur autonomisation. 2. Elle exclu les solutions architecturales standardisées 3. Il y a différents types de participation selon les étapes du projet. 4. La participation est un apprentissage entre les deux parties impliquées. 5. Il faut prêter une attention particulière aux populations marginales. 6. Notre démarche intègre une gradation de la participation.
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points cles
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la problematique des camps Les camps sont un point majeur dans le relogement des victimes. Il est intéressant de noter où se forment les camps, quelle est leur rapidité de croissance, quelle typologie ont-ils? Comment gérer la durée des camps et leurs emplacements pour permettre un passage plus efficace à l’habitat permanent? Le camp évolue au cour des trois phases de reconstruction : urgence, transition, permanent.
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les camps
Premièrement, il faut distinguer les camps créés par des catastrophes naturelles qui sont souvent situés proche de la ville détruite contrairement aux camps de réfugiés dûs à un conflit qui sont généralement situés à l’extérieur du pays et créent des problèmes supplémentaires tels que la relation avec le pays d’accueil ou l’impossibilité de rentrer chez soi sous peine de mort. Lorsque la création d’un camp est due à des éléments externes tels que des conflits armés, des raisons économiques ou des désastres naturels, le site et la taille du camp ainsi que sa durée sont tout autre. Les volontés et les choix des habitants sont différents. Habiter un lieu par obligation ou par choix change notre façon d’appréhender l’espace et d’y vivre. Une des problématiques lors de la reconstruction après un désastre naturel est la notion de liberté et d’autonomie que l’on perd. Nous nous concentrerons sur les camps des victimes des catastrophes naturelles bien que le fonctionnement et l’organisation à l’intérieur du camp soitent similaires à ceux formés par des conflits.
«I had always thought of camps as ephemeral things, as fleeting
event spaces. Certainly the summer camp season passes and images of disaster areas fade, but camp spaces endure. In fact, we are immersed in this camping world, both ideological and experimental. We camp with kids in our backyards, we arrange ourselves in partisan camps, we watch as camps overflow with twenty millions refugees, we fill arenas with disaster victims, we speculate about the locations of terrorist camps, and we marvel at North American’s burgeoning RV culture. Camp spaces have become our environment.» (C.Hailey, 2009)
Initialement les camps étaient installés et dirigés par des militaires, ces derniers avaient l’expérience nécessaire pour gérer de grands mouvements de masse et ceci s’accompagnait de quelques contraintes autoritaires: ils imposaient des couvres feux, des rations alimentaires et l’aide en soi aux victimes venait par la suite. L’objectif premier était de contrôler les différents groupes de population afin d’éviter d’éventuels conflits. (J.Grisel, 2010) De nos jours, l’aide militaire est toujours utile notamment pour maintenir la sécurité au sein des camps. L’organisation des camps nécessite occasionnellement de regrouper les gens de même religions ou ethnies afin que le déroulement de la vie quotidienne soit plus simple, ceci crée parfois des
conflits éthiques au sein des organisations. (I.Vuarambon, entretient, 2011) Selon C.Hailey, les espaces des camps sont à la fois « ouverts et fermés », ce qui particularise leur organisation. Si nous nous référons à une notion de camp qui nous est plus familière, c’est-à-dire les campings, nous pouvons voir qu’ils suggèrent un espace libre et ouvert, cependant la plupart du temps c’est le contraire. Les limites sont précises avec un agencement interne plus ou moins libre et ceci même dans les campings publics. La grande différence entre le camping que nous connaissons et les camps de réfugiés est le libre choix, l’obligation domine la volonté dans les camps de réfugiés. Le camp est donc à la fois un espace ouvert, mais délimité selon des règles strictes, l’individu a un certain degré de liberté au niveau de son habitation. Hailey souligne que les victimes sont souvent devenues plus vulnérables avec l’apport d’une aide, car la vulnérabilité insinue que la population touchée ne peut pas se débrouiller seule et nous pousse à tout organiser et gérer à sa place, ce qui ne convient pas aux habitants du camp et ôte leur capacité d’autogestion. Nous avons remarqué dans les différents témoignages que malheureusement les camps sont souvent synonymes de mise à l’écart, de ségrégation et tendent à enfermer les habitants dans un milieu informel. Dans l’exemple du tremblement de terre de Gibellina en Italie en 1968, nous retrouvons des témoignages qui comparent les camps de réfugiés à des camps de concentration.
«The barrack cities have been called concentration camps by their
inhabitants, and while that may be an exaggeration, the comparison is not without some validity. These 45’000 people are living surrogate lives in surrogate towns. It has been seven years of fire and ice. In the summer the scorching Sicilian sun turns the barracks into ovens, especially the metal Quonset huts. In the winter the cold wind whips through the thin walls of the wooden barracks and rattles the metal sheet of the Quonset huts, making it difficult to sleep. The only source of heat is a small electric heater; it must be small and therefore inadequate because the insufficient electrical lines will not support heavier loads. For seven years the barracks dwellers have known no privacy in their tiny homes […]. Cardboard-thin walls provide the only separation
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between one family and another, and the least sound can be heard in the adjoining living unit. […] Under these conditions there is no possibility, not even even structurally, to concentrate, to escape, simply to be alone.» (L. Baldassaro, 1975)
Les camps ont une durée de vie parfois très longue et créent une nouvelle dynamique dans la société. La taille des camps varie, dans certain cas nous retrouvons une « ville dans la ville », c’est une nouvelle ville avec une nouvelle dynamique, de nouvelles méthodes de logements et de nouveaux repères. Des commerces et autres activités peuvent naître aux coeur des camps. La vie dans les camps est rhytmée par les distributions des ONG ou recensement. Hors de ces périodes, le camp vit au rhytme des pendulaires, les résidents quittent le camp le matin pour aller travailler et rentrent le soir pour aller dormir. (entretien, chez OIM, M. Bordier, 2011) La relation entre les camps et la ville est importante, des échanges se font régulièrement entre ceux-ci que ce soit au niveau du travail ou alors des rapports sociaux, c’est pour cela que l’emplacement des camps par rapport à la ville est un point crucial (M. K. Doraï,2008). Il existe beaucoup de camps ou même de reconstructions durables qui ont été construits trop à l’extérieur de la ville et qui sont inhabités actuellement.(S. Deprez et al., 2010). Les camps ne sont normalement pas faits pour durer, l’un des problèmes lors du « durcissement » des logements à l’intérieur d’un camp est la transformation de celui-ci en bidonville. Après un certain temps la population du camp ne diminue plus car les personnes relogées ont été remplacées par d’autres qui avant la catastrophe ne disposaient pas de logement convenable. Les camps servent parfois de second refuge pour les migrants. (entretien chez OIM, P. Van Der Auweraert, 2011), ils sont également des lieux vulnérables, ils ne sont pas égaux à la ville, des asymétries se développent et ne permettent pas une acceptation de ce tissu urbain au sein de la ville. Des limites immatérielles subsistent et les droits des personnes touchées ne sont pas les mêmes que celles épargnées, ceci se remarque essentiellement dans le cas de camps établis dans d’autres pays, où les réfugiés n’ont pas les même droits que les citoyens du pays. (M. K. Doraï, 2008) Les camps nous aident à mieux comprendre les besoins des victimes, ainsi que leur développement et leur impact social. La structure du camp est intéressante de part son niveau informel, elle nous permet de mieux assimiler
l’implication de la population dans la reconstruction ainsi que leurs astuces pour améliorer leur habitat. Le camp comporte trois notions importantes : autonomie, contrôle et nécessité. Un camp est sensé être éphémère, si celui-ci perdure, quelles sont les conséquences sur le développement social et de l’habitat? Si des méthodes dites de “camping“ deviennent des éléments du quotidien, quelles sont leurs répercutions sur l’espace environnant, privé ou public? La notion du temps est élémentaire, en effet le camp se situe entre l’éphémère et la permanence, il est impossible de déterminer avec exactitude sa durée. Les éléments qui constituent le camp influencent la notion de temporalité, les accès aux besoins vitaux, les échanges sociaux et la connexion du camp à son environnement extérieur. Il existe passablement de « va et vient» entre les camps, le niveau de sécurité n’est pas le même, ces différents facteurs interviennent dans la longévité du camp. (entretien, chez l’OIM, M. Bordier, 2011)
«Camps are not intended to be sustainable settlements, but every
effort should be made to create and support livelihood opportunities for displaced populations, to empower them by increasing their self-sufficiency, and to reduce demands upon the aid community.» (C.Hailey, 2009)
La plupart des camps sont construits pendant les jours qui suivent la catastrophe, et ont un fort taux d’occupation, puis la population au sein du camp diminue progressivement. La majorité des camps, sont des camps spontanés. Ce qui nous intéresse c’est les différences entre les camps planifiés organisés par des ONG et les camps spontanés formés par la population affectée.
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« De par leur hétérogénéité même, les camps peuvent être la genèse de villes imprévues, de nouveaux contextes de socialisation, de relations et d’identification.» (M.Agier, 2002)
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les camps planifies Idéalement le camp devrait être établi en premier lieu par les ONG, malheureusement ceci est quasi impossible (cf. figure 13). Selon C.Hailey, le camp organisé, facilite l’accessibilité à la sécurité ainsi qu’aux besoins des victimes, ils sont souvent organisés en quadrillage. C’est un modèle simple, préconçu et qui s’adapte facilement à tout type de terrain, par contre il génère des problèmes au niveau de la standardisation qui souvent met de côté les modes de vie locaux qui sont indispensables au bon fonctionnement de la société relogée. (Y. Miara, 2009) Nous observons souvent un mélange entre une base qui ressemble à une structure militaire et des éléments d’auto-organisation qui viennent des réfugiés. Il faut également considérer la nécessité d’une certaine contrainte organisationnelle, par exemple au niveau du plan de masse qui peut être difficilement perçu par les habitants du camp. Le camp est souvent fermé afin de contrôler l’accès et la population qui habite les lieux, c’est ce qui distingue un camp informel de celui des ONG. (I.Vuarambon, entretient, 2011). Il existe une base de données établie par les associations telle que : « UNHCR » et « sphère project » (cf. figure 14) 1. Les camps sont limités à 20 milles personnes. 2. Le camp doit fournir un espace suffisant et une protection contre le froid, l’humidité, la chaleur, la pluie, le vent ou d’autres menaces pour la santé, notamment les risques structurels et les vecteurs de maladies. 3. Il faut prévoir des coupes feux de 30 m tous les 300 mètres et un minimum de 2m entre les logements, mais de préférence deux fois la hauteur de l’habitat. 4. L’espace minimum pour chaques personne est de 4,5 mètre carré et de 3,5 mètre carré de surface couverte. 5. La distance maximum séparant tout ménage du point d’eau le plus proche est de 500 mètres. 6. Le temps passé à faire la queue au point d’eau ne doit pas dépasser 30 minutes. 7. 250 personnes pour un robinet, ceci est établi en fonction du débit et de la disponibilité de l’eau avec une accessibilité à l’eau d’environ 8 heures par jour. 8. Zones de défécation : durant la phase initiale d’une catastrophe et si du terrain est disponible, il faut délimiter une zone de défécation et/ou construire des latrines en tranchées.
9. Les toilettes sont situées de manière à réduire au minimum les risques pour la sécurité des utilisateurs, en particulier des femmes et des filles, à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. 10. 20 personnes au maximum se servent de chaque toilette. 11. Les toilettes se situent tout au plus à 50 m des habitations.
figure 13. couverture des agences de gestion de camp (cma) Nombre de camps gérés par un CMA Nombre de camps spontanés sans CMA
51%
Nombre de déplacés internes dans des camps gérés par un CMA
17%
83%
Seulement 17% des camps après le tremblement de terre à Haïti en 2010, étaient pris en charge par des CMA. Ceci est du entre autre à la rapidité de la création de camps spontanés ainsi qu’aux nombre exeptionnellement élevé de camps (plus de 1200 camps). Par contre plus de la moitié des déplacés internes se trouvent dans les camps géré par un CMA, car l’organisation et l’accès à l’aide y est plus facile. Une autre raison est également la fermeture des camps spontanés formés sur des terrains à risque ou illégaux, sans CMA. (Graphique fait à partir des données d’OIM)
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figure 14. camp de 20’000 personnes etablit selon les normes des ong
Tranchée coupe feu de 30m tous les 300 m
Abris de 4 personnes avec 18m2, espacés les uns des autres par 2m
Point d’eau à moins de 500m pour 250 personnes 12 toilettes pour 250 personnes, à moins de 50m des abris
(Graphique fait à partir des données de Sphere Project)
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650 m
450 m
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figure 15. trois plans communautaires pour des abris transitoires
Un camp doit fournir: un logement, une protection, un lieu de développement pour les gens affectés. Il est important d’aborder le camp sous différentes échelles (cf.figure 15 et 16). Il faut observer le camp dans son contexte, c’est-àdire par rapport à la ville, le lieu qui l’entoure ce qui nous ramène à l’échelle du master plan, ensuite voir le camp en lui-même, puis en un groupement de logement ce qui correspond à l’échelle du quartier et pour finir son unité d’habitation qui revient à l’échelle humaine. L’organisation du camp est souvent faite en secteur, (module de famille, communauté). Les recommandations ne sont souvent pas respectées et l’organisation du camp devient difficile à gérer. Ce que nous retrouvons comme éléments de base dans les camps sont: les points d’eau, les moyens d’accès qui se font essentiellement à pied, des services d’éducation et de santé, une structure sécuritaire, un système d’évacuation des déchets et eaux usées. (entretien, I .Vuarambon, 2011)
«Hollow square plan»
«Staggered plan»
«Community Road plan»
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figure 16. subdivision d’un camp en secteurs, ilots et communautes Camp d’approximativement 20’000 habitants 4 secteurs: La problématique des camps
1. Coupe feu de 30m tous les 300m 2. Les routes suivent le contour et amènent du centre vers l’extérieur 3. La canalisation suit également le contour 4. Centre administratif situé au centre du camp 5. Eléments utilisés pour empêcher la répéti- tion de l’agencement du camp
Secteur d’approximativement 5’000 habitants 4 îlots: 1. Coupe feu de 15m entre les blocs 2. Doit contenir des espaces centraux com- merciaux ou de loisirs
Ilots d’approximativement 1250 habitants 16 communautés:
Communauté d’approximativement 80 habitants 16 emplacements avec 16 abris: 1. Coupe feu de 2m entre chaque abris 2. Le drainage doit être bien établis et bien maintenu 3. Les eaux usées ne doivent pas polluer les sources d’eaux ou créer de l’érosion
(Shelterproject,1997, in Design like you give a Damn, 2008)
1. Coupe feu de 6m (chemin)
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les camps spontanes Les camps spontanés sont une réponse directe à la nécessité du logement d’urgence, c’est aussi une réaction innée, parfois les gens n’ont pas besoin d’aide externe car ils peuvent très bien s’organiser et trouver des solutions efficaces. Rendre la population dépendante d’une aide externe n’est pas nécessairement la meilleure des solutions. (I.Davis,1978) Il est vrai que dans une situation de crise, les victimes ne vont pas attendre qu’ont leur fournisse de l’aide, elles réagissent avec les moyens qui les entourent. Il ne faut pas sous-estimer l’instinct de survie de chacun. La population touchée va s’installer « de proche en proche » sans réel sens de l’organisation (Y.Miara, 2009). Les problèmes apparaissent essentiellement lorsque la situation perdure, dès lors des aides externes sont nécessaires pour un développement durable. L’effet de spontanéité peut aussi engendrer des problèmes supplémentaires tels que des risques sanitaires, des emplacements ou des structures non sécurisées, ou alors des confits internes entre les populations ou les gens avoisinant. Néanmoins, il est intéressant de considérer cette organisation car certains points pourraient être implémentés dans les camps organisés. Ces camps s’organisent également en quartier avec leur propre communauté, parfois cette communauté ne découvrira pas l’entier du camp car elle restera surtout dans son quartier. (entretien chez OIM, M.Bordier, 2011). La formation de ces camps nous aide à comprendre les déplacements de la population ainsi que son organisation, en repérant les lieux de rencontre ou alors de distribution de vivres ou de médicaments. Malheureusement, il est très difficile de distinguer ces différents éléments au sein d’un camp spontané.
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Les camps pour réfugiés peuvent également servir aux ONG de moyens de pression sur différentes organisations gouvernementales afin d’obtenir une reconstruction permanente plus rapide. La question est comment intégrer dans un camp des éléments de base pour la construction du permanent et ainsi éviter des phases de reconstructions séparées? Dans bien des cas, les différentes phases de reconstruction qui se veulent discontinues ne le sont jamais réellement, car la population fait des «va et vient» entre la zone détruite, le camp et la nouvelle zone de relogement permanente. Les différents matériaux (toile de tente) sont souvent utilisés de multiples manières au cour des différentes phases de reconstruction. Par exemple, dans le cas du tremblement de terre de 1968 à Gibellina en Italie, le gouvernement lors de la planification percevait ces trois zones comme, « une ville perdue », « une ville à supprimer » et enfin « une ville nouvelle ». La notion d’échange que pouvait subsister entre ces éléments n’était pas prise en compte. La communauté s’était recréée autour de ces trois zones. La proposition du gouvernement pour la nouvelle planification de la ville,était celle de la « tabula rasa », ce qui laissait croire que le lieu n’avait aucune « spécificité » et que par là, un modèle universel pouvait être proposé. (J.Grisel, 2010) Lorsque les gouvernements donnent de nouveaux emplacements éloignés les uns des autres, le lien social est dissolu une seconde fois et tout est à recommencer. La vie sociale au sein du camp est importante pour le bon fonctionnement de la reconstruction. Dans la situation du camp de Gibellina en1968, les réfugiés sont restés 14 ans dans les camps. Le parcours de la reconstruction après le tremblement de terre de Gibellina est un des seuls exemples détaillé où nous pouvons observer l’entier de la phase de reconstruction (cf. figure 17)
Pour de notre travail, nous souhaitons trouver des éléments au sein du camp qui soient capables de lier les différentes phases de reconstruction entre elles de manière plus concrète afin de redynamiser le relogement permanent des victimes avec un processus participatif et également relancer l’économie locale.
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figure 17. tremblement de terre de gibellina, sicile 185 morts 190 blessés
Gibellina avant et après la catastrophe
1er mars, Marche à Rome pour protester contre le retard de la reconstruction
janvier 1968 TREMBLEMENT DE TERRE L’armée déclare la ZONE SINISTREE, monte des TENTES pour abriter les victimes L’état facilite l’émigration à l’étranger, il fournit des VISA.
L’état décide de raser certaines villes passablement détruites
9 juillet, autre manifestation devant le parlement Sicilien pour solliciter une action rapide du gouvernement local pour la reconstruction
Décide de transferer la ville de Gibellina sur un AUTRE SITE.
janvier 1969
janvier 1970
Proposition d’un plan de développement démocratique pour la vallée du Belice, du Carboi et du Jato. Idée d’avoir une ville territoriale composée de plusieurs centralités.
Le gouvernement construit finalement des BARAQUES de 16m2 par famille dans des camps. Fragmentation des baraques afin de mieux contrôler les gens et éviter des révoltes.
Tentes et baraquements
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Système de voiries différenciées et habitation en rangées. A gauche projet construit par l’état, à droite construction individualisées, répondant au même principe urbanistique.
Construction en premier des infrastructures routièes principales, puis des zones industrielles. Pourquoi ne pas reconstruire en premier les logements et services sociaux?
1972
1976
Apparition de plans détailés pour chacunes des communes.
1977-1980 Construction de MAISONS en rangée et d’écoles TRANSFERT de la population dans les baraquements vers la nouvelle ville.
1977
1979
1976-1977 Construction des premières structures de DEVELOPPEMENT URBAIN
1980
1er initiative du conseil communal pour corriger les orientations du plan initial suite aux revendications de la population.
Exemple de sité jardin qui ont inspirée la proposition pour les villes du Belice.
Exemple de différence morphologique à la même echelle, entre la ville ancienne de Poggioreale et la ville nouvelle. Comparaison à la même echelle entre l’ancienne et la nouvelle ville.
Graphique fait à Partir des données de Grisel, Julien.
La problématique des camps
Carte présentant les positions des centres anciens et nouveaux ainsi que les baraquements
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points cles
2. La formation des camps est essentiellement spontanée. 3. Très peu de camps sont gérés par des ONG. 4. La formation des camps est inévitable. 5. Il est admis que les déplacements de la population sur des sites éloignés sont à éviter. 6. La plupart des camps sont construits pendant les quelques jours qui suivent la catastrophe, et ont un fort taux d’occupation, puis la population au sein du camp diminue petit à petit. 7. La population au sein du camp varie selon les différentes activités du jour et de la nuit. 8. Il existe différents types de camps : au sein, aux frontières et à l’extérieur de la ville. 9. Les camps se forment surtout sur des zones dégagées et faciles d’accès: parcs, bordure de forêts, bordure de routes, terrain de sport. 10. Il est important de différencier chaques types de camps : à court terme, à moyen terme et à long terme, car la réponse au relogement est différente ainsi que le type d’habitat à fournir. 11. Les camps ne sont pas sensés être permanents, le but est de diminuer leur nombre par le biais de la reconstruction et du relogement. 12. Les camps de grandes tailles fonctionnent comme des villes, la structure au sein du camp est similaire à celle-ci, il y existe des structures scolaires, des commences. Les camps s’organisent en quartier avec une communauté qui lui correspond. 13. Les échanges entre la ville et les camps sont importants, que ce soit au niveau du travail, de la vie sociale ou lors du relogement. 14. A long terme les logements au sein du camp peuvent se « durcir » et devenir permanents. De ce fait, ils deviennent partie intégrante de la ville.
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1. Fournir un abri sûr.
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planifie versus non planifie Pour mieux comprendre le processus de reconstruction, il est essentiel d’introduire quelques notions de planifications urbaines, nous abordons la reconstruction comme un phénomène global qui comprend la reconstruction d’une ville, d’une société et non pas uniquement de logements individuels. C’est avant tout la reconstruction d’une collectivité. Nous parlerons du courant actuel des différents types d’organisation urbaine, qui nous semble utile dans notre recherche pour le processus de relogement. Dans ce chapitre, nous nous intéressons également au monde de l’informel. Notre analyse portera sur l’échelle de l’habitat et nous verrons comment les réponses informelles peuvent être utiles à notre problématique.
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la ville
Avant d’établir une stratégie pour le relogement, il nous faut comprendre les bases de la constitution d’une ville, comprendre ce qui permet à la société de s’y développer. Nous partons également de l’idée qu’il est possible de planifier une ville jusqu’à un certain niveau de finalité, étant donné que nous ne pouvons que partiellement déterminer comment les gens vont réagir. F.Ascher montre l’importance de la polyvalence et de la multiplicité, et non pas l’idée de répétition et de production à grande échelle utilisé parfois par les ONG pour la reconstruction urbaine. Les lieux de connections entre les différents réseaux sont importants. Ils sont des enjeux clé dans la dynamique urbaine. Le néo-urbanisme comporte certains éléments qui pourraient nous être utiles. Il admet la complexité et propose une variété de formes, d’ambiances architecturales et urbaines à une société de plus en plus différenciée dans sa composition, ses pratiques et ses goûts. Définition du néo-urbanisme:
«Le néo-urbanisme doit s’efforcer d’aménager ces possibilités,
de concevoir des espaces multiples à n dimensions sociales et fonctionnelles, des hyperespaces combinant le réel et le virtuel, propices tant à l’intimité qu’à des sociabilités variées.»
(F.Ascher, 2010)
Il faut trouver un système qui ait une structure et procure une liberté à l’habitant, pour occuper au mieux l’espace mit à sa disposition, s’y développer et engager une dynamique sociale positive. Nous retrouvons certains de ces critères dans le néo-urbanisme. Nous pouvons distinguer les points importants suivants pour une reconstruction après un désastre : 1. Multiplicité des solutions 2. Flexibilité des espaces 3. Adaptation dans le temps Il existe aussi l’idée d’une coopération du “bottom up” et “top down” qui nous est indispensable.
«Dans les pays en développements, les villes planifiées génèrent
en parallèle des villes informelles, ce sont deux phénomènes indissociables de nos jours. L’un est une réponse à l’autre. Le problème est que les villes ne sont pas construites pour des gens qui ont de faibles revenus, elles ne sont également pas conçues pour le bon nombre de personne.»
(Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)
Ceci nous fait penser qu’il faut dorénavant considérer le planifié et l’informel comme un tout et non des facteurs indépendants.
«Both the New town and the Free Town might be interpreted as
symbols of segregation. However, they can also be viewed as a disproof of the “identity crisis” of the welfare city, as well as a proof of its possible adaptation by contemporary society with all its complexities and challenges.»
(Ibid.)
Lors de la reconstruction l’informel et le formel ne devront former qu’un. La structure du formel devra aider l’informel et ce dernier aidera le formel afin d’augmenter la rapidité de construction et surtout correspondre aux problèmes du foncier.
«La
ville n’est jamais simplement l’organisation spatiale de la mosaïque de territoires : les territoires de deuxième implantation viennent tôt ou tard bousculer cette organisation pour fabriquer un moral bien plus confus, composés d’hybrides culturels produits par la succession des populations migrantes, appartenant à la même communauté ou à des communautés différentes.» (J.Jureidini, 1998)
Planifié vs. non planifié
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Cette image illustre les milliards d’interactions sociales quotidiennes.
Planifié vs. non planifié
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« La performance voire la durabilité s’obtiennent plutôt par la variété, la flexibilité, la réactivité.»
(F.Ascher, 2010)
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les bidonvilles
Lizzaralde propose une approche qui se base sur des formes d’habitats autogérés et constate qu’ils ont des contraintes matérielles, financières et temporelles proche de la reconstruction après un désastre. L’analyse des habitats spontanés montre aussi un phénomène de durcissement de certaines habitations. A la base temporaires, elles évoluent pour devenir des logements permanents. Les conclusions de cette étude sur les différences entre design informel et solutions standardisées sont les suivantes: Il y a un usage flexible des espaces clos et ouverts. Toutes les activités sociales se déroulent en général dans des espaces semi-fermés, à l’extérieur de la maison, ceci surtout dans les pays chauds. Ainsi les activités, telles que la lessive, les repas, le jeux avec les enfants, se déroulent dans un espace semi cloisonné. Le déplacement de ces activités dans des espaces extérieurs ou semi extérieurs permet de réduire le coût de construction. Dans la solution planifiée, il y a soit un extérieur, soit un intérieur, mais rarement un entre-deux. Dans le secteur informel, les habitants conçoient leur habitat de manière dynamique en y intégrant la possibilité d’évolution selon leurs besoins et leurs moyens. Contrairement aux solutions proposées dans le secteur formel, les types d’habitats ne se limitent pas à un seul étage. Selon les moyens des familles, les habitations peuvent s’agrandir, soit de manière horizontale ou verticale. En effet dans certains cas, comme au Vietnam, un surdimensionnement des murs porteurs permet une possibilité d’agrandissement futur. (R.Metzger, 2000) Les solutions habituelles pour des raisons économiques et de simplicité de construction, se limitent souvent à un seul étage. Il y a un soin particulier apporté aux espaces intérieurs. Ces derniers sont équipés du confort moderne, Tv, DVD, ordinateurs, et... Les espaces ont une grande flexibilité et pièce peut avoir plusieurs fonctions au cours de la journée. Dans le design occidental, il y a par contre plus souvent une subdivision claire des espaces pour une activité spécifique. Il est difficile de distinguer la construction originelle des parties qui ont été ajoutées. Les matériaux utilisés rendent cette distinction difficile. Ce type de construction utilise le même type de matériaux, en général des matériaux légers ou recyclés dont la mise en œuvre permet une grande flexibilité.
Il y a également une ambiguité entre ce qui est temporaire et permanent. Dans le processus informel, nous notons une solidification des habitations temporaires. Il n’ existe pas de réelle temporalité, car c’est une évolution de l’espace bâti, selon les besoins et moyens des habitants. C’est un processus progressif avec une première construction très rapide, puis une évolution sans fin distincte. La variabilité des unités d’habitation est grande, les façades ne sont pas uniformes, contrairement à ce que nous imaginons, une attention élevée est apportée à l’esthétique des façades des logements informels avec une grande variété de couleurs, de matières et de textures. Le manque de moyens ne rime pas forcément avec une limitation de l’esthétique des logements. Nous notons le contraire dans les solutions adoptées par l’approche formelle, les maisons préfabriquées ont une uniformté de la façade. La préfabrication offre le même module à chacun avec peu de possibilités de personnalisation et présuppose que les besoins sont les mêmes pour tous. Comme nous l’avons vu précédemment, les espaces intérieurs sont conçus avec une flexibilité pour accueillir plusieurs types d’activité. Ainsi, il n’est pas rare que le programme soit mixte, nous observons alors une transformation de certains espaces domestiques en espaces commerciaux la journée. C’est souvent le choix des femmes qui veulent travailler et en même temps s’occuper de leurs enfants. La multiplicité du programme est négligée dans les reconstructions où les associations préfèrent définir clairement les programmes commerciaux et résidentiels. Nous retrouvons une diversité dans les espaces publics, c’est important pour les interactions sociales. Ces espaces se forment vers des points d’intérêts, tels que des arbres qui offrent de l’ombre ou des châteaux d’eaux. L’utilisation des produits et du savoir faire local est en effet essentiel dans le processus de reconstruction. Cependant la préfabrication de petits éléments légers (à la différence de la préfabrication d’éléments lourds dans les années 80) peut s’avérer économiquement viable et peut aider considérablement la reconstruction.
Planifié vs. non planifié
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90
Un des moyens pour réduire les coûts est la réutilisation des matériaux de construction. Cette pratique est pourtant peu utilisée par les ONG qui peinent à se distancier de la construction standard, beaucoup de matériaux sont perdus lors des catastrophes alors qu’ils pourraient être recyclés. Un autre problème est le recyclage des éléments de manière efficace, c’est-à-dire ne pas réutiliser des briques mal adaptées dès le départ et qui risquent de se casser à la moindre secousse, mais de les réutiliser dans des éléments qui n’ont pas de fonction sécuritaire, comme des éléments de cuisine, ou salle de bain ou même de revêtement de sol. (entretien, DDC, M. Schärlig, 2011) De part la disparité des éléments trouvés et réutilisés, nous retrouvons dans les constructions une combinaison de différentes technologies. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des technologies légères se transformer en technologies lourdes dès que les moyens le permettent. Les avantages des bidonvilles: •
les liens sociaux
«… One hears the slums praised as a social construct. Briefly, what
this amounts to is that the people in these slums may be poor, but nonetheless they are very happy. They have one another, the social structures are strong, and the alienation and the loneliness of modern life have yet make themselves felt here.» (Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)
•
Le design répond immédiatement aux besoins des habitants. Ceci permet de redonner une échelle architecturale qui correspond réellement à la société qui habite les lieux.
•
Les structures urbaines sont bien établies, par exemple, les écoles sont placées en bon nombre et au bon endroit (entretien, I. Vuarembon, 2011). Les infrastructures spontanées répondent correctement aux besoins des usagers.
•
Urbanisation autogérée
Planifié vs. non planifié
91
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«Self-organization is of course one of the key elements of the informal city that could inspire the formal city.» (Michelle Provoost in New Town for the 21st Century, 2010)
Les inconvenient des bidonvilles: •
Insalubrité et insécurité
«Research shows that slum dwellers die earlier, experience more
hunger, have less education, have fewer chances of employment and suffer more ill-health than the rest of the urban population…The prevalence of killer diseases in slums is associated with very poor and inadequate living and housing conditions rather than income levels.»
(Ibid.)
•
Il est difficile de placer des infrastructures, les espaces entres les différentes maisons sont très petits voir inexistants.
93
1. L’urbanisme formel peut être utile à l’échelle d’une planification urbaine, car nous avons besoin de structures de bases bien organisées et qui soient également capables d’accueillir un degré de flexibilité élevé. 2. La structure des bidonvilles est un bon exemple d’autogestion et est un exemple de structure informelle qui peut être utile lors de planification urbaine pour des projets de reconstruction, ainsi que le développement des habitations qui répondent aux besoins essentiels de l’habitant. 3. Les méthodes de « planification » des bidonvilles et du logement nous permettent de travailler sur la flexibilité du plan à l’échelle du master plan ainsi qu’à l’échelle de l’habitat. 4. Dans les slums, il y a un usage flexible des espaces clos et ouverts. 5. Il faut faire attention à l’ambiguité entre ce qui est temporaire et permanant. 6. Il faut s’inspirer de l’usage intensif du recyclage des matériaux de construction. 7. Prendre en compte l’importance de la mixité des activités. 8. Prendre en compte l’importance de la variété des espaces publics.
Planifié vs. non planifié
points cles
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cas d’etude: haïti Nous examinerons ici l’impact d’une catastrophe sur une région très vulnérable. Nous considérerons dans un premier temps le contexte dans lequel elle s’est produite, puis nous aborderons les effets de cette catastrophe et la réponse proposée par les organisations sur place. Nous nous concentrerons plus particulièrement sur Port au Prince.
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haïti avant le 12.01.2010
Contexte historique Haïti a été fondé en 1804 suite à une révolution d’esclaves contre les troupes de Bonaparte. Elle devient alors la première république indépendante dont la population est majoritairement noire. L’histoire politique d’Haïti est une succession de dictateurs, et de coup d’Etat.
«Haiti’s political, judicial and security institutions have been riven by dictatorship, military intervention and instability, and remain extremely weak. Political structures are prey to personal ambition and factionalism among politicians, while the judicial system suffers from inadequate resources, inefficiency and corruption.»
(Economist Intelligence Unit ,2006)
Haïti est une des régions les plus pauvres du monde. La pauvreté n’est pas seulement matérielle, l’IDH (Indice de Développement Humain) est relativement bas 0.54 (en comparaison, la suisse est à 0.96). C’est aussi l’un des pays dans lequel les différences sociales sont les plus prononcées.
«Haiti is one of the wolrd’s most unequal societies. The richest 10% has almost 50% of the country’s total income, whereas the prrorest 10% only has 0,7% of the income.»
(United Nations Human Settlements Programme et Forsman, 2010)
Une centralisation des pouvoirs Haïti est caractérisé par une centralisation des pouvoirs dans la capitale (Port au Prince). La majorité des institutions, qu’elles soient politiques ou économique s’y trouvent. La zone métropolitaine de Port-au-Prince est devenue le centre de toutes les décisions politiques et administratives, le monopole de l’administration publique (75 % de fonctionnaires et d’employés) – un centre du point de vue économique et financier comprenant 80 % des installations industrielles, commerciales et bancaires. La capitale dispose également du niveau le plus élevé d’équipements et de services avec plus de la moitié des hôpitaux du pays, plus d’un quart des écoles primaires, secondaires
Cas d’étude: Haïti
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haïti Population en 2009
9’923243 hab
Densité
367 hab/km2
Superficie
27’750 km2
Amérique du nord
Haïti
Port-au-Prince
(carte, United Nation cartographic)
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figure 18. augmentation de la population de port-au-prince
et techniques, plus de 3/4 des écoles supérieures et facultés.(Haïti PDNA, 2010) La concentration de toutes les activités dans la métropole a provoqué un exode rural important.
«Around 30% of Haiti’s population live in metropolitan Port-au-
Prince, where 90% of the country’s total investments and formal jobs are found.» (Republic of Haiti, 2003)
La population de Port-au-Prince a donc augmenté fortement surtout à partir des années 80 (cf. figure 18.), la crise aidant, une grande partie de la population rurale a cherché un emploi dans la capitale. Face à cet accroissement
rapide de la population le gouvernement a eut de la peine à fournir des logements adéquats pour tous, surtout pour la population pauvre. L’incapacité de l’Etat à contrôler cette expansion a donné naissance à un important secteur informel, que ce soit au niveau du logement ou du travail.
«More than half of today’s population in metropolitan Port-au-Prince
originally lived elsewhere, and in the informal areas more than 70% of the inhabitants came from the countryside.»
(GHRAP, 2008).
Cas d’étude: Haïti
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l’urbanisme informel de port-au-prince
A partir des années 80, l’accroissement de la population a provoqué un tournant dans l’urbanisation de Port-au-Prince. Le développement de la ville se fait selon deux directions, d’une part un urbanisme contrôlé avec un accès aux infrastructures et de l’autre, une urbanisation chaotique (cf. figure 19). Nous observons alors le début de la « bidonvilisation » de Portau-Prince. Les logements informels sont souvent situés aux abords de la ville. Ils vont s’installer sur des terrains non constructibles, ou à risque. Ce phénomène est renforcé par une législation floue: il n’y a pas de cadastre à Haïti, de zonage, de directives ou restrictions dans l’utilisation du sol. Ceci permet à la population de construire ou bon lui semble. La conséquence de ce développement anarchique est la colonisation des zones à risques.
«Port-au-Prince is a densely populated city, characterised by what many Haitians call wild urbanization (urbanization sauvage). The small hills surrounding the city are being covered with dwellings of different quality, many of them situated precariously on steep slopes and in danger of being washed away by the next torrent or hurricane. Other slum dwellers, in the centre of the city, risk flooding due to their location in the bottom of the basin of Port-au-Prince.» (United Nations Human Settlements Programme. et Forsman, 2010)
La deuxième conséquence de ce type d’implantation est celle de l’inaccessibilité aux services de base (cf. figure 20). Le manque d’infrastructure touche aussi la gestion des déchets, et l’accessibilité à des toilettes dont seul la moitié des habitants des bidonvilles ont accès. Les solutions de fortunes trouvées par les résidents, fosses septiques et autres toilettes improvisées, ne sont pas reliées aux égouts. Les risques de débordement de ces derniers peuvent provoquer une contamination des eaux de la ville. Il en est de même pour les déchets: il n y a pas de réel traitement des déchets ou du moins pas adapté à une ville de près de 3 millions d’habitants, par exemple, le taux de collecte des déchets est de 7 à 40% (République d’Haïti). Face à ce manque de moyens de l’Etat, les habitants se tournent vers des solutions informelles qui sont dangereuses pour l’environnement. L’incinération en plein air des déchets est fréquente et non réglementée.
«In many places in Port-au-Prince, basic services (water, sanitation, roads) are not provided for the population due to difficult access to the area. In some informal areas the houses are built too close together for any pipes to be laid, sewers or drainage to be installed or roads to be built. In other areas the access problem is related to the hilly topography. Some slums are so prone to flooding that any infrastructure built would be destroyed by heavy rainfall.» (United Nations Human Settlements Programme. et Forsman 2010)
Cas d’étude: Haïti
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ie
s, périphérie
figure 19. typologie des quartiers de port-au prince
Au centre ville: Une trame orthogonale définit des îlots à l’interieur desquels grandissent une forte densité de bâtiment. La rigeur de la trame des rues contraste avec le chaos apparent de l’organisation interne de l’îlot. Il est rare de voir des constructions de plus de 2-3 étages.
En périphérie, quartier résidentiel: De manière similaire au centre ville, on retrouve une trame de rues orthogonales qui forment des îlots. L’organisation est plus ordonée qu’au centre ville et moins dense. Les constructions comportent 1-2 étages.
En périphérie, bidonville: Il est difficile de distinguer les accès. Le quartier spontané se développe en général sur les hauteurs, l’organisation des habitation semble suivre les courbes de niveau de la colline. Il y a une forte densité et très peu, voir pas d’espace entre les construction. Elles dépassent rarement les 2 étages et sont faites en matériaux legers.
Sources: ICOMOS
Graphique fait à partir des données de Goolgle earth
Cas d’étude: Haïti
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figure 20. densite de population et bidonville de port-au-prince La carte suivante nous montre la localisation des bidonvilles dans Port-au-Prince. Ils sont généralement placés à des endroits difficiles à construire; sur les reliefs et dans les zones à risque de la ville.
Route principale Route secondaire Route tertiaire Limite de Port-au-Prince Cours d’eau Haute densité de population Densité moyenne de population Bidonville
Cas d’étude: Haïti
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(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)
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haïti apres le 12.1.2010
Le tremblement de terre qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010 a été le désastre le plus important que le pays ait connu depuis 170 ans. Il a provoqué plus de 220’000 morts et plus d’un million de sans abris.
les repercutions materielles Environ 105’000 résidences ont été totalement détruites, plus de 208’000 endommagées, plus de 1’300 établissements scolaires et environ 50 hôpitaux et centres de santé se sont effondrés ou sont inutilisables (cf. figure 21). Le port principal du pays est devenu partiellement inopérant. Le palais présidentiel, le parlement, le palais de justice et la majorité des bâtiments des ministères et de l’administration publique sont détruits. Selon l’organisation “Haïti Earthquake”, le séisme a produit environ 40 millions de m3 de débris.
repercutions sociales, politiques Que ce soit au niveau des soins, de l’éducation ou de la culture, tous ces secteurs ont subi de nombreuses pertes. La situation était déjà difficile auparavant, elle a pris ici des proportions énormes. Le pourcentage de ménages en situation d’insécurité alimentaire est passé de 40 à 50%, la région touchée par le séisme accueillait 50% de l’effectif scolaire du pays, 30 hôpitaux sur 49 ont été détruits ou endommagés. La crise a touché à tous les niveaux les infrastructures sociales.
une capitale apres desastre Les administrations et les services publics ont été fortement atteints, ce qui a accru la faiblesse politique du pays. Selon un témoignage d’un représentant de l’Etat, il était très difficile pour eux de réagir, car ils n’avaient pas l’infrastructure minimum nécessaire, ils n’avaient pas de téléphones, ni de photocopieuses, bon nombre de dossiers et registres ont été détruits. La perte matérielle et humaine au sein du gouvernement a considérablement ralentis les processus de décisions. Il a alors été difficile pour les ONG de pouvoir collaborer avec le gouvernement.
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Cas d’étude: Haïti
Port au Prince
port-au-prince
Dommages très visibles à généralisés >40% Dommages localement bien visibles 11-40% Dommages peu ou pas visibles 0-10%
Population en 2009
875 978 hab
Tremblement de terre en janvier 2010
Densité
24 305,7 hab/km2
Personnes sans abri
609000 hab
Personnes décédées
112250 hab
Superficie
0,5
X
0,2
X
2
X
36,04 km2
= personnes affectées par le tremblement de terre à Haïti
Catastrophique
= personnes sans abri dû au tremblement de terre à Haïti Genève
= personnes décédées dû au tremblement de terre à Haïti
au Prince
Destructeur
Désastreux
Fort 3
4
5
6
7 Haïti
8
9
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figure 21. carte des degats et emplacements des camps a port-au-prince Nous voyons ci-contre en rouge l’ampleur des dégats provoqué par le tremblement de terre à Port-au-Prince. Toute la ville a été sévèrement touchée. Notre première intuition était que les quartier les plus défavorisés seraient les plus touchés. En réalité, certains d’entres eux ont été épargnés par la catastrophe. Cela est majoritairement dû au mode de construction en structure légère qui resiste mieux au tremblement de terre que des structures en béton de piètre qualité.
Courbes de niveau Route primaire Route secondaire Route tertiaire Limite de Port-au-Prince Cours d’eau Zone industrielle Végetation Bidonville Bâtiments principaux Camps Bâtiments partiellement endommagés Bâtiments très endommagés
Cas d’étude: Haïti
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(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)
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les migrations Environ 1,3 millions de personnes vivent dans des abris provisoires dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et plus de 500’000 personnes ont quitté les zones sinistrées pour trouver refuge dans le reste du pays. Selon les statistiques d’OIM, environ trois quart des personnes déplacées sont restées dans la même commune et un quart sont parties dans une autre commune. La plupart des personnes sont restées près de leur habitat que ce soit sur leur terrain ou dans des camps à proximité. (cf. figure 22 et 23)
Nombre de ménages
figure 22. lieu de deplacement signales par les deplaces enregistres
27’105
Même commune, même section communale
Même commune, Même Section Communale
2’293
Même commune, autre section Même commune, Autre Section Communale communale
11’987
Autre section communale Autre commune,
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Delmas
Cas d’étude: Haïti
figure 23. comparaison du nombre de menages deplaces par communes en juillet 2010, mai 2011 et juillet 2011
82,086
49,790
49584
Cité Soleil
16,535
Port au Prince
5,603
5268
70,856
Ganthier 1,436380 304
39,530
37,350 Tabarre 17,177
11,948
10,533
Gressier
48,273
10,014 951 927
Leogane
10,624
4,777
12,250
2,098
Grand-Goave
1,507
10,015
9,709
12,228
39,260
Petit-Goave
24,604 Piéton-Ville
Carrefour
Croix des Bouquets 24,772 19,346
3,727
18,365
8157 602 321
Jacmel 6,145 1,169
1,178
Juillet 2010 Mai 2011 Juillet 2011 (Graphique fait à partir des données de l’OIM)
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analyse de la reponse post-catastrophe typologie des camps a haïti Dès le lendemain de la catastrophe, des camps spontanés se sont organisés. Ils étaient situés en général dans les hauteurs (cf. figure 26). La population craignait la venue d’un tsunami, elle a donc préféré se réfugier sur les collines avoisinantes. Les sinistrés se sont ensuite réunis soit sur leur terrain, à côté de leur maison, où il y avait de la place: dans les espaces publics. La majorité des camps se sont établis dès le lendemain de la catastrophe. Après le mois de janvier, le nombre de formation de nouveaux camps à bien diminué (cf.figure 24)
figure 24. etablissement et evolution de la taille des camps
808
Nb Individus 1’536447 1’374’273
Nb Sites 1’555
1’356
1’068’882
806’377
1152
1’199
1152 680’494
JUL ‘10
SEP‘10
NOV‘10
JAN‘11
MAR‘11
1061
634’807
MAY‘11
594’811
894
802
JUL‘11
550,560
SEP‘11
45
10
12 2
JAN ‘10
FEB’10
MAR’10
APR’10
MAY’10
4
JUL’10
5 2 SEP’10
OCT’10
6
Etablis en 2011
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)
Il y a une grande diversité dans la forme des camps de même que dans leur taille. La majorité des camps se composent de 20 à 99 familles et la variabilité de la taille des camps est grande (cf. figure 24 et 29).
figure 25. dimension des camps par famille 1000 familles et plus
1 à 9 familles 50%
500 à 999 familles
40%
30%
10 à 19 familles 20%
10%
100 à 499 familles
20 à 99 familles
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)
Cas d’étude: Haïti
113
114
figure 26. carte des camps dans port-au-prince La carte ci-contre nous montre les différents camps à Port-auPrince. Nous remarquons que les camps se sont développés dans les espaces vides. Les grands camps se situent au nord sur un ancien aéroport et au centre sur une grance place publique. Le reste des camps est dispersé dans la ville.
Courbes de niveau Route primaire Route secondaire Route tertiaire Limite de Port-au-Prince Cours d’eau Zone industrielle Végetation Bidonville Bâtiments Principaux Camps PDI 1km
Cas d’étude: Haïti
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(Graphique fait à partir des données de l’OIM, SERTIT, United Nation, NOAA)
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Les camps spontanés sont organisés en communauté de quartier dans le cas des plus grands camps. Ils s’installent dans les espaces vides, terrains de sports, place publique, cour d’école. (cf. figure 27). Il est difficile de distinguer une réelle trame. Les éléments structurants les camps sont des routes, des rivières ou des bâtiments qui empêchent leur croissance.
figure 27. exemple de camp spontane dans port-au-prince (ecole nationale dumerlin)
(Image Google Earth)
Dans les camps organisés par les ONG, l’organisation est plus stricte (cf. figure 28). En effet, les camps sont soumis à différentes règles afin de garantir un espace de vie minimum. En général ces derniers sont placés en périphérie de la ville.
figure 28. exemple de camp organise (tabarre isa)
(Image Google Earth)
Cas d’étude: Haïti
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118
figure 29. typologie des camps par taille
1000 familles et plus
500 Ă 999 familles
100 Ă 499 amilles
Cas d’étude: Haïti
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1 à 9 familles
10à 19 familles
20 à 99 familles
(Graphique fait à partir des données de l’OIM et Google Earth)
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L’établissement de camp de grande taille provoque des « effets secondaires» : la population est attirée par l’aide fournie dans les camps et s’installe en périphérie de celui-ci, ce qui donne naissance à des camps spontanés supplémentaires (cf. figure 30).
figure 30. exemple de camps spontanes autour du camp corail
(Image Google Earth)
Camp spontané
Camp Corail (organisé)
Cas d’étude: Haïti
121
122
naissance et evolution du camp Nous avons suivi l’évolution d’un camp. Cela nous a permis d’ observer qu’il y avait plusieurs éléments qui structurent les camps à l’échelle de la ville : les routes, les cours d’eau, le consrtuit. (cf. figure 31).
figure 31. evolution d’un camp (terrain toto)
T1
T3
13.01.2010
09.03.2010 T2 23.02.2010
T4 09.04.2010
123
Cas d’étude: Haïti
L’évolution du camp est très rapide, seulement quelques mois séparent la première image de la dernière, ce qui nous montre l’ampleur du phénomène. Nous avons ensuite regardé de plus près quel était le processus d’évolution de ce camp et quels sont les éléments qui lui ont donné sa forme finale (cf.figure 32).
T5
08.07.2010
(Dessin fait à partir des mages de Google Earth)
T6 08.11.2010
124
figure 32. formation d’un camp Le camp est né de trois plus petits camps spontanés qui se sont étendus en longeant les rues. Après une période de trois mois, on voit l’apparition d’une quatrième entité, probablement une ONG qui vient réorganiser le camp. Cette dernière va exercer son influence par rayonnement en se plaçant au centre des trois camps spontanés.
T2 Développement des trois pôles spontanés
T1 Naissance de trois pôles spontanés en fonction des accès depuis les routes
T3 Intervention des ONG et développement des trois pôles spontanés
Cas d’étude: Haïti
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T4 Développement des ONG et développement des trois pôles spontanés
T3 Développement des ONG
(Dessin fait à partir des mages de Google Earth)
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figure 33. structure d’un camp ( terrain toto)
Structure spontanée
Construction légère, tente Construction légère, tôle Construction durable Eléments structurants
127
Cas d’étude: Haïti
Début d’organisation avec les ONG
Organisation avec les ONG
Il existe différents types de constructions au sein de ce camp et différentes formes d’organisation. Certaines parties sont de type spontané et qui est majoritairement composée de tentes. Lorsqu’une ONG va intervenir pour organiser le camp, nous allons voir apparaître des constructions plus durables, en tôles. Les parties organisées par les ONG se distinguent par une structure plus visible et une proportion de construction en tôle ou durable plus grande. Nous voyons dans toutes les formes d’organisation des éléments plus grands que nous identifions comme élément structurel. Il peut s’agir de centre de soin, ou de tentes plus grandes dans lesquelles se passent les réunions ou les distributions. (Dessin fait à partir des mages de Google Earth)
128
En regardant de plus près la structure même des camps, nous notons qu’au sein même de celui-ci se trouvent différents types d’organisations (cf. figure 33). Les ‘’quartiers‘’ ne vont pas évoluer de la même façon ni au même rythme. Les parties spontanées du camps ne sont pas pour autant complètement chaotiques, les personnes se réunissent essentiellement par quartier ou réseaux sociaux. Nous remarquons également différents types de construction, nous avons identifié des constructions qui paraissent être les plus permanentes, des construction en tôle et les tentes. Le type de construction change aussi avec le type d’organisation: les parties gérées par les ONG sont plus durables que les parties spontanées.
Sur les photos de gauche, nous pouvons distinguer les différentes parties du camp. Nous voyons entre sur la dernière image les terrassements établis par les ONG.
Cas d’étude: Haïti
129
130
composition des camps Le gouvernement (Ministère des Travaux Public, Transport et Communication) a établit un système de notification des maisons des personnes déplacées. Les maisons endommagées sont classées selon leur dommage. Dans la figure 33, la majorité des personnes ayant eut leur maison complètement détruite sont locataires et il y a très peu de propriétaires. La grande proportion d’inconnu concernant le statut MTPTC est du fait que la majorité des ménages interrogés ne pouvaient pas fournir d’information sur le statut. L’intention principale des sinistrés est d’aller dans un camp planifié, cela s’explique par les conditions de vie difficile dans les camps spontanés. Ces dernières sont les raisons principales évoquées par les personnes interrogées pour quitter le camp, car les constructions sont mal adaptées aux intempéries, c’est une aussi une raison qui les poussent à partir du camp (cf. figure 34 et 35). Selon un sondage d’OIM, 94% des PDI vivant au sein des sites d’hébergement veulent les quitter. Il est probable que ces derniers restent car ils n’ont pas d’autres alternatives. En effet près de la moitié des personnes sondées (53%) ne sauraient pas ou aller s’il devaient quitter le camp immédiatement. Cependant à la question « Quelles seraient vos inquiétudes si vous quittiez le camp aujourd’hui ?» 68% des personnes interrogées indiquent ne pas avoir d’inquiétudes particulière. Selon le rapport d’OIM, cela pourrait ce lire comme un désir de quitter le camp, indépendamment de leur condition matérielle (OIM, 2011). Toujours selon ce sondage, les principaux besoins des PDI s’il avaient à sortir du site seraient, de l’argent(57%), des opportunités économiques(53%), un abris transitoire(37%). Ces chiffres nous montrent que la problématique de la reconstruction ne touche pas uniquement la reconstruction de logement mais aussi la reconstruction d’une économie locale.
Cas d’étude: Haïti
131
132
Les camps ne sont pas la seule réponse lors d’une catastrophe, il existe d’autres lieux de refuge pour les sinistrés. Dans la figure 35, nous présentons les différentes solutions adoptées par les déplacés internes. La moitié des personnes ont trouvé refuge dans des maisons sans dommages. Pour les personnes dont la maison a été détruite la tendance semble être de continuer d’y habiter si elle n’est pas trop détruite ou de chercher un abri de fortune sur son terrain. Dans les cas de logement de fortune ou de tente sur un terrain, nous observons que le statut de propriété n’est pas clair. La tendance à rester sur son terrain malgrès une destruction partielle ou complète de l’habitat s’explique par le risque de pillage des maisons laissées vides. Selon le temoignage d’une victime de la catastrophe, les voyoux volent tout ce qu ils peuvent trouver. (entretien, Jean Du Prés, 2012)
figure 34. types d’abris occupes par statut de propriete, 2011 133
3% 4%
2% 3% 19% 35% 5% 7%
2% 67%
5%
Cas d’étude: Haïti
30%
9% 5%
38%
40%
18% 8%
? Maison détruite
3%
Maison partiellement détruite
Maison intacte
52 %
26 %
Abris de fortune sur le terrain
Ne sait pas
Tentes
4%
7%
8%
? Ne sait pas
Locataires
Propriétaires
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)
134
figure 35. statuts mtptc, statuts de proprietes et intentions Statut MTPTC 4% 29% 19%
77
Maison détruite
Maison partiellement détruite
Maison intacte
Ne sait pas
48%
3%
Statut des maisons 3 % 10 %
10
10 %
?
10
Propriétaire peut réparer
77%
Propriétaire ne peut pas réparer
Locataire
Ne sait pas
Intentions 16%
15%
2% 15%
5% 47%
Retourne au lieu d’origine
Va dans des sites planifiés
Famille d’acceuil
Reste où il est
Raisons pour quitter un camp: T-Abri
5%
21% 32%
Autre
3%
Nul
1%
Pas décole
0,2%
16 3%
Ma maisona été réparle Manque Général de Services
4%
15
Support offert par la Famille / les amis
5%
Eviction
7% 1%
Crime / Insecurité
Pacquet d’assistance
47
1%
Mauvaise Conditions
Cholera
Ne sait pas
15
Pluie / Cyclone
Emploi
Part hors de la commune
2% 13%
1% 3%
135
48%
29%
19%
4%
49%
30%
16%
4%
29%
55%
12%
3%
75%
17%
5%
1%
17%
24%
50%
8%
Cas d’étude: Haïti
77%
3%
10 %
10 %
48%
19%
4%
47% 44%
35%
16%
3%
47%
20%
25%
5%
55%
22%
17%
4%
51%
21%
21%
4%
58%
19%
16%
6%
51%
28%
15%
3%
15%
5%
16%
15%
2%
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)
sait pas
29%
136
la problematique fonciere Selon un relevé d’OIM de septembre 2011 environ 73% (584 sites) des camps sont localisés sur des terrains privés et 25%(203 site) sur des terrains publics. L’évolution dans le temps montre que les sites privés disparaissent (les camps ferment) beaucoup plus rapidement que les sites publics (cf. figure 36). Les baux accordés sont en général beaucoup plus courts. Dans la période de novembre 2010 à septembre 2010, les camps privés sont passés de 882 à 584 soit 34% de diminution contre une diminution de 9% pour les sites publics de 222 à 203 sites. Nous voyons en effet une augmentation des camps sous menace d’expulsion (cf. figure 38). Très peu de camps sont équipés avec des abris provisoires de type T-Shelter (constructions plus durables), seulement 1% des camps sont équipés avec ces abris (cf. figure 37). Ce sont en général des organisations comme OIM, Concern Worldwide ou World Vision par exemple, qui mettent en place ce type de construction. Ces abris offrent de meilleures conditions de vie aux sinistrés. La grande majorité des sites (90%) possèdent des abris de fortune et des tentes. La précarité de ces constructions rend les conditions de vie très difficiles. Les tentes et abris de fortune ne sont pas faits pour perdurer et résistent mal aux intempéries.
figure 36. comparaison du statut foncier des sites d’hebergement de novembre 2011 a septembre 2011 100 90
100.0
100.9
98.5
92.2
98.1
100.9
86.5 90
80
82.9 70 60 Privé 50 Public Total
222
222
224
224
882
865
794
731
NOV’11
JAN’11
MAR’11
MAY’11
137
92.3
91.4
78.0
64
Structures mélangées (entre 1-90% des abris sont des T-Shelters)
9
Pratiquement que des T-Shelters (au moins 91% des habitations sur le site sont des T-Shelters)
685
Pas de T-shelter sur le site de déplacés
figure 38. nombre de camps sous menace d’explusion vs nombre total de camps existants, janvier-mai, 2011 128
71.3 74.1
66.2
205
203
656
584
JUL’11
1,150
JAN
1,061
MAR 178
1,001
MAI 187
SEP’11 (Graphique fait à partir des données de l’OIM)
Cas d’étude: Haïti
figure 37. presence d’abris de transition sur le site
138
Ces difficultés font que certaines personnes quittent le camp pour aller vivre ailleurs, mais gardent une tente dans le camp. Ils font cela pour bénéficier de l’aide des organisations. Ce phénomène est fréquent et touche un certain pourcentage d’abris, entre 1-30%. et c’est souvent dans les communes rurales que le phénomène est le plus important notemment à Grand-Goave, Petit-Goave, Leogane et Gressier (cf. figure 39).
figure 39. nombre et pourcentage de tentes vides par communes
Port au Prince
33,039
Delmas 16,732
Cité Soleil
762
5%
3,138
6%
200
Ganthier 5%
612 2%
Nombre total d’abris
55 3
Tabarre
Nombre total d’abris vides
5134
23%
Pourcentage approximatif d’abris vides
8,075
Carrefour 37%
Petit-Goave
5% 263
Gressier
31%
652153
Leogane
7%
Piéton-Ville 249
23%
553
3,559
Grand-Goave
8,085
3%
Croix des Bouquets 15,287
17%
827 2637
440 163 1279
327
Jacmel 644 36
6%
(Graphique fait à partir des données de l’OIM)
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Cas d’étude: Haïti
Photo de tente vide dans un camp à Grand goave
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la reconstruction en milieu urbain La reconstruction est un défi dans le contexte d’Haïti. Nous distinguons, la reconstruction dans les zones urbaines et dans les zones rurales. Chacune de ces localisations imposent des contraintes différentes et des solutions différentes. Pour rappel, les camps ont différentes formes, les camps organisés se situent en général en périphérie de la ville alors que les camps spontanés sont en ville.
«On ne peut même pas rebâtir aux mêmes endroits où il y avait des
bâtiments, parce qu’il y a des gens qui disent que c’est leur terrain. Le cadastre, là-bas, c’est le bordel. [... Alors] les grands gestes d’éclat en urbanisme [comme faire passer un boulevard quelque part] sont impossibles en ce moment, et même à moyen terme. [...] Il y a tout ce monde-là qui empêche de développer. Ce ne sont pas des terrains vacants sur lesquels on doit construire: il y a des gens qui vivent dessus, dans des tentes. Alors les grands travaux ne sont pas évidents à faire.» (Y.Langevin, 2011)
Nous voyons par ce témoignage une des difficultés symptomatiques de la situation foncière d’Haïti: l’absence de cadastre et de titres légaux de propriété, ou la passation des titres due à la mort du propriétaire, rend la reconstruction très difficile. De plus, le contexte urbain laisse peu de place au passage des machines de chantier.
«An assumption made was that working in urban contexts would be easier than working in rural ones; which in fact was the opposite.» (Acting Country Director, member agency, 2010)
la participation Nous avons peu parlé de l’approche participative dans ce chapitre, car nous n’avons pas trouvé suffisamment de données. Par contre lors de notre entretien avec Marie Schärlig de la DDC, celle-ci nous a dit qu’une campagne de formation pour des méthodes de reconstruction plus sûres avait été implantée. Nous avons également rencontré M. Jean Du Prés (haïtien
en séjour en Suisse pour visiter sa famille) et qui préfère garder l’anonymat, qui nous a dit que malheureusement ce type d’initiative était sujette à corruption et que l’accessibilité à cette formation était difficile sans «passedroit» au préalable.
les visions futures d’haïti Haïti est un pays fortement centralisé autour de sa capitale, le tremblement de terre a touché de plein fouet cette dernière ce qui a rendu difficile le rôle du gouvernement dans sa réponse à la crise. La catastrophe a provoqué de nombreuses migrations de Port-au-Prince vers les villes voisines. Une des stratégies du gouvernement haïtien est de profiter de cet exode pour développer les villes secondaires, créant de nouveaux pôles économiques en accélérant le processus de décentralisation.
Cas d’étude: Haïti
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«Le risque, c’est que les tentes, que les maisons cheap qu’on a construites rapidement, que les containers qu’on a envoyés deviennent des habitations permanentes. Ça va nous empêcher de construire pour de vrai. [...] On est en train de refaire des bidonvilles.» (Y.Langevin interview dans Le Soleil. « Haïti un an plus tard: l’urbanisme en plein chaos | Séisme en Haïti », 2011)
Cas d’étude: Haïti
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1. Population d’Haïti : 9’923’243 hab. 2. Tremblement de terre le 12 janvier 2010. 3. Le tremblement de terre a touché : 3,7 millions de personnes dont 1,5 millions de sans abris et 316’000 de décès. 4. La situation de Haïti est particulière car le gouvernement ainsi que la majorité des structures du pays étaient regroupées à Port au Prince et ont été passablement touchées par le tremblement de terre, ce qui a compliqué l’organisation de la reconstruction. 5. Du fait du nombre élevé d’ONG impliquées, l’organisation et la communication a été très difficile. 6. Deux ans après la catastrophe, il reste énormément à faire. Il reste encore beaucoup de camps. 7. La pression démographique à Port au Prince ne facilite pas la reconstruction. 8. La reconstruction en milieu urbain est difficile, car il manque de place et les débris n’ont pas encore été complètement déblayés. 9. Les solutions sont très différentes en périphérie ou au centre ville. 10. Il est nécessaire de ne pas uniquement penser aux logment mais aussi développer des opportunités économiques dans le processus de reconstruction.
Cas d’étude: Haïti
points cles
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conclusion: vers une reconstruction evolutive et durable ÂŤShelter and resettlement should fit into a comprehensive urban
strategy and development plan supported by the government and people of Haiti. That plan must take into account the availability of land and improved security of tenure; land use and environmental issues; the improved delivery of basic services, including water, sanitation, health services and transportation; national economic development and job-creation opportunities; measures to reduce disaster risks; input from those who have lost their homes and communities; and the needs of renters, who make up the majority of the population in spontaneous settlements.Âť
(Habitat for humanity, 2010)
148
processus de reconstruction
Les conséquences de la catastrophe sont nombreuses. La destruction n’est pas seulement physique, elle détruit aussi les communautés. Comme nous l’avons vu, le processus de reconstruction est un processus complexe qui engage un grand nombre de variables.
figure 40. etapes du processus de reconstruction
“GAP”
?
GUIDE LINES
RECONSTRUCTION
3 PHASES
URGENCE
Catastrophe
PROCESSUS DE RECONSTRUCTION APRES DESASTRE NATUREL
PROCESSUS DE APRES DESATRE
Catastrophe Reconstruction achevée
URGENCE
“1 PH
la temporalite et flexibilite du projet Le temps est une variable importante dans le projet de reconstruction. La démarche dans laquelle nous nous inscrivons tend vers une approche incrémentale. Au contraire de la tripartition urgence, transition et reconstruction, nous cherchons une approche en une seule phase (cf. figure 40). Notre approche va donc s’implémenter après la phase d’urgence et évoluer jusqu’à la reconstruction. Les camps dans ce processus sont inévitables. Les temps de séjours dans les camps dits transitoires dépassent souvent la période dite d’urgence de 3-6mois (à Haïti des personnes sont dans des camps depuis 2ans). Cet état de fait nous pousser à rechercher une solution pour améliorer la condition de vie dans les camps (par consolidation de ceux-ci) ou par des solutions permettant un retour plus rapide des sinistrés chez eux. La participation est un élément important du projet de reconstruction. Elle permet une meilleure appropriation du projet. Cependant cette approche ne peut, selon nous, pas avoir les mêmes degrés d’importance selon la taille et la temporalité du projet. Les besoins de l’urgence nécessitent une participation moindre que le design du futur habitat. L’échelle du projet aura aussi une incidence sur le degré de participation. Un projet urbain ne peut pas prendre en compte l’avis de chacun et utilisera plutôt une participation représentative. Ce type d’approche nécessite donc une grande flexibilité du projet.
E RECONSTRUCTION E NATUREL
HASE”
Reconstruction achevée
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
149
150
La flexibilité du projet est inspirée du néo-urbanisme ainsi que par l’étude de l’architecture spontanée. Notre démarche intégrera donc une médiation entre des éléments planifiés et d’autres éléments non planifiés (cf. figure 41). Par rapport à la participation, la démarche que nous proposons est une négociation entre l’élément contrôlé à une certaine échelle, proposé par l’architecte, intégrant un cadre dans lequel le spontané peut se produire. Notre réflexion repose sur une analyse des flux engendrés par la catastrophe. Des flux se créent entre la ville et les camps (cf. figure 42) et ce à différentes échelles temporelles. Un afflux massif va se produire au lendemain de la catastrophe, puis va s’estomper au fils du temps. Les retours au logement permanent sont relativement longs. Cependant des flux continuent à exister. Les habitants des camps continuent à aller travailler ce qui provoque un flux de «pendulaires» entre le camp et la ville. Ces changements de flux au cours du temps sont des éléments à prendre en compte lors du design du camp, notamment dans la gestion de sa croissance, mais aussi dans sa décroissance. Notre processus s’implante dès l’apparition des camps (cf. figure 43). Dans le cas d’étude d’Haïti, un relevé est fait en fonction du niveau de destruction des habitations et des personnes qui vivent dans le camp. Le système de classement a quatre degrés: maison complétement détruite, partiellement détruite, intacte et non identifié. Cette information nous permet d’organiser le camp avec une vision dans le temps. Notre intervention va donc se produire après l’apparition des camps spontanés et aura pour but, dans un premier temps, de « remettre de l’ordre » dans le camp afin de faciliter l’organisation des secours et de l’aide et le développement à long terme.
151
Ville et société
Compromis entre Top Down & Bottom Up
Top Down
?
Planifier
Bottom Up
Auto-géré Spontané, Auto-géré
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
figure 41. parametres de la plannification
152
figure 42. flux entre la ville et les camps
Il y a des flux de migration constant entre la ville et les camps. Au lendemain de la catastrophe, on voit un grand mouvement qui part de la ville vers les camps (t0).
Après quelques semaines cet afflux diminue, mais des échanges continuent à se faire. Les habitants des camps travaillent en général en ville. Le camp quant à lui a besoin de certaines ressources que peut lui apporter la ville.
153
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
Quelques mois après la catastrophe il est possible que certains habitants des camps puissent rentrer chez eux et le quittent définitivement. Plus la reconstruction avance, plus le nombre de personnes quittant définitivement le camp va augmenter. Mais les échanges entre la ville et le camp vont rester.
154
Les différents degrés de dommage des maisons correspondent aux temps de séjour des personnes sur le camp. Les personnes ayant leurs maisons intactes partirons dès que le danger sera écarté, puis les personnes qui ont réparé leur maison et ainsi de suite. Ce flux de personne qui quitte le camp va libérer de la place, et laisser plus d’espace aux personnes qui doivent rester plus longtemps. Ces derniers
figure 43. processus de reconstruction a long terme
Phase d’urgence
T1
Camp spontané organisation par communauté
Camp organisé organisation par communauté et par statut de maison
Personnes avec des maisons très endommagées ou va être détruite
Ne sais pas
Personnes avec des maisons partiellement endommagées
Personnes ayant quitté le site
Personnes avec des maisons intactes
Nouvelle institution publique
Transformations ajoutées par l’ha
155
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
sont les plus vulnérables car ils habitaient dans des régions à risque et ne peuvent donc plus rentrer chez eux. La place laissée par les sinistrés rentrés chez eux va permettre d’installer des équipements et aux ménages restant d’améliorer leur confort en consolidant et agrandissant leur habitat. A terme l’ancien camp se transforme en un nouveau quartier.
T2
abitant
Départ des premiers ménages et durcification des tentes des personnes qui resteront à long terme
T3
Départ d’autres ménages, durcification et création d’espace public
T4
Mise en place d’infrastructures
156
Chaque famille a des besoins spécifiques. Afin d’y répondre au mieux, il est important d’offrir une grande flexibilité du logement. A l’échelle de l’habitat, notre proposition, inspirée par la démarche de Cyrrus Meshcat fonctionnera avec des matériaux durs et mous. Le dur étant défini comme un élément plus difficile à construire pour la population locale, tel que un mur sanitaire, autour duquel les ménages construiront leur logement avec leur propre moyen. Les leçons tirées de l’analyse des bidonvilles prennent forme dans une structure adaptable et évolutive (cf. figure 46).
figure 46. processus d’evolution du bati
Ce schéma représente l’évolution d’un habitat post désastre, de la tente à l’habitat permanent. La durcification du bâti commence avec un mur autour duquel vont successivement s’ajouter les différents éléments de la maison.
Conclusion: vers une reconstruction ĂŠvolutive et durable
157
158
proctocole de la reconstruction Nous concluons notre travail par l’élaboration d’un tableau (en annexe) qui définit les différentes situations territoriales ainsi que les interventions qui leur correspondent. Nous distinguons trois environnements construits: urbain, en périphérie immédiat de la ville et rural. Ces différentes situations nécessitent des réponses adaptées.
milieu urbain Echelle de l’intervention La difficulté de la reconstruction dans un environnement urbain est le manque de place. Il est difficile de faire de grands travaux dans ce contexte. Il est rare qu’une grande partie de la ville soit entièrement détruite, c’est pourquoi l’échelle d’intervention se situe en général au niveau du quartier ou de l’habitat. Participation Au niveau de l’habitat: l’intervention est prioritairement participative et d’une grande flexibilité afin de satisfaire au mieux les besoins des usagers. Au niveau du quartier : l’organisation est plus structurée. L’architecte au travers d’une participation représentative, décide des éléments qui structurent le quartier et laisse un espace de liberté aux usagers quant au design de leur habitat. Infrastructure L’environnement urbain doit faciliter l’accès aux différentes infrastructures, route, eau, électricité, etc... Evolution et variabilité Nous avons observé à Haïti, que les premiers endroits colonisés par les sinistrés sont les espaces publics, il faut donc les prendre en compte dans
le cadre du projet de reconstruction. Les espaces occupés par les camps peuvent-ils redevenir des espaces publics? Dans le cas contraire, il est important de prévoir des espaces publics qui les remplacent. Nous distinguons deux cas en ce qui concerne la temporalité du projet. Le premier est celui du terrain appartenant aux sinistrés, dans lequel il sera possible d’obtenir une consolidation du logement temporaire. Le deuxième est celui du camp situé sur un espace privé ou public. Nous savons que ces camps ne pourront pas durer éternellement. Le camp devra donc être pensé en terme de croissance, mais aussi en terme de décroissance. Dans le cas d’un espace public, comment se transforme-t-il en camp, puis redevient espace public? Le manque de place ne permettra que rarement une extension horizontale du projet, la variabilité du projet et son évolution dans le temps doivent se concevoir dans une dimension verticale.
milieu en peripherie immediate de la ville Echelle d’intervention Les possibilités de développement dans les zones périurbaines sont plus grandes que dans le milieu urbain. Il est possible d’intervenir sur des échelles plus grandes, celle du quartier et du groupement de quartier. Ce sont en général dans ces zones que se trouvent les plus grands camps ainsi que les camps gérés par les organisations. Participation La participation est dominante au niveau de l’habitat. Comme dans le cas du milieu urbain, elle sera représentative à l’échelle du quartier et à l’ensemble de quartier. La population peut être hétéroclite. Il faut respecter les besoins de chacunes des communautés et éviter les situations conflictuelles. Infrastructure L’accès aux infrastructures est peut-être plus difficile qu’au centre ville, mais
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
159
160
il est toujours possible de se raccorder au réseau de la ville. Evolution et variabilité La possibilité d’évolution et de développement est différente par rapport aux projets urbains. La possibilité d’extension horizontale est plus grande. La proximité avec la ville permet aux habitants des camps de continuer à travailler et à conserver leurs réseaux sociaux. Il est donc possible de consolider le camp pour qu’il devienne partie intégrante de la ville.
milieu rural Echelle d’intervention Les reconstructions dans le milieu rural sont très différentes de celles du milieu urbain. La place est plus grande ce qui permet, comme dans la solution périurbaine, un développement horizontal du projet. L’emplacement de la reconstruction doit être suffisamment accessible, afin d’éviter un isolement de la population et de permettre un développement durable. Participation De manière générale dans les projets en milieux ruraux, il est important de respecter les communautés locales et de les intégrer dans le processus du projet. Cela permet aux nouveaux arrivants de créer des liens avec la population locale et de créer ainsi une cohésion sociale. Infrastructure Les infrastructures ne sont en général pas présentes. Une des priorités sera de les incorporer dans le plan urbanistique. Evolution et variabilité Comme dans le milieu périurbain, le développement horizontal est possible. La particularité du projet dans un contexte rural est la possibilité de créer
une économie locale. Dans le cas d’Haïti, la tendance est de maintenir la population dans les villages en périphérie de la capitale. En faisant cela, il serait possible de développer l’économie locale et de lutter contre l’exode rural. Nous tenons à préciser que ce travail n’aurait pas pu être réalisé sans les entretiens que nous avons eus avec les différentes ONG. Effectivement, l’expérience sur le terrain est indissociable à ce type de travail, l’apport théorique est utile, cependant nous avons remarqué que depuis 30 ans il n’y a pas eu d’évolution particulière dans le processus de reconstruction si ce n’est au niveau du processus de participation qui devient de plus en plus important. La situation après une catastrophe naturelle est très complexe, elle comprend énormément de variables, c’est pour cette raison que l’évolution du processus de reconstruction n’est pas évident. Les réponses invraisemblables que nous avons observées au court de nos recherches sont difficiles à comprendre étant donné que toutes les erreurs commises sont décrites dans une grande partie des ouvrages. Ceci est dû entre autre à la formation de nouvelles ONG qui interviennent sans expérience. Nous nous sommes également rendu compte lors de notre entretien avec Jean Du Prés que la sécurité est un facteur très important au sein du camp. Malgré le fait que la situation après une catastrophe naturelle soit complexe, nous avons noté des solutions prometteuses qui nous permettent de rester confiants par rapport à l’évolution de la reconstruction et à l’approche participative. Face à toutes ces interrogations, nous allons proposer des solutions qui répondent au mieux à celles-ci dans la deuxième partie patrique de notre travail.
Conclusion: vers une reconstruction évolutive et durable
161
162
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pour son expérience dans les projets participatifs Decembre 2011 ,Marion Bordier, Information Management Consultant, chez OIMPeter Van Der Auweraert, Head, Land, Property and Reparations Division Department of Operations and Emergencies, chez OIM Decembre 2011, Ivan Vuarambon, Architecte, Team Leader, Haïti chez SDC Janvier 2012, Jean Du Prés (nom fictif, l’interlocuteur préfère garder son anonymat), résident de Port au Prince
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iconographie Page 5, tableau 1 : Les types de catastrophes naturelles Photographies (de gauche à droite) : A F P, h t t p : / / g d b . r f e r l . org/91183241-3F91-4ADE-9945BCE98E325BA1_s.jpg http://globalvoicesonline.org/wpcontent/uploads/2010/08/001zhouqu.jpg http://www.webquest.hawaii.edu/ kahihi/sciencedictionary/images/volcano.jpg http://flatrock.org.nz/static/frontpage/assets/environment/tornado_ miami.jpg http://1.bp.blogspot.com/W 3 6 f J H e O k I I / Tw A z M I 0 B 6 K I / AAAAAAAACkM/6FSjB7DX5n0/ s1600/flood+7.jpg http://s1.lemde.fr/image/2011/01/ 17/540x270/1466433_3_df64_aubresil-la-ville-de-nova-friburgo-detruite.jpg Pages 6-9, figure 2. Nombre de desastres naturels, figures 3. Population affectee par les catastrophes, Carte du monde: http://www.worldgeographics.com/cfg/public/_lib/ img/maps/world/worldmap.png Index de vulnerabilité aux désastres naturels: Bündnis Entwicklung Hilft (worldriskreport. com), http://www.dw-world.de/ image/0,,15161215_1,00.jpg Données sur le nombre de catastrophes: http://www.emdat.be Page 10, Photographie : http://www. eukn.org/ Dossiers/ E U_presidencies/ Polish_Presidency/ The_Urban_Dimension_of_Cohesion_Policy_the_past_present_ and_future/Cohesion_Policy_in_ the_past_2000_2006_Making_ enlargement_a_succes/URBAN_II
Page 13, Données : http://www.emdat.be Carte de Suisse :http://www.dididou.fr/coloriage/cartes/suisse-region.gif Page 17, figure5. Pressure ans release model : Graphique fait à partir des données de Blaikie, Piers M., etc, Terry Cannon, Ian Davis, et Ben Wisner. At Risk: Natural Hazards, People’s Vulnerability, and Disasters. Routledge, 1994. Page 25, en haut :Tentes du Camp de Grand Goave, Haïti, Photographie de Marion Bordier, OIM, 2010, au milieu : http://www.humanitarianinfo.org/srilanka/images/shelter/ Jaffna%20-%20Temporary%20shelter%202006%20stage%20III.jpg, en bas : Joseph Ashmore, Indonesia, Aceh, 2004, UN Habitat, et IFRC. Shelter Projects 2009. UN Habitat, 2009. http://sheltercentre.org/sites/ default/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf. Pages 26-27, figure 6. Tableau des différentes solutions de relogement après désastre : Graphique fait à Partir des données et Photographies de UN Habitat, et IFRC. Shelter Projects 2009. UN Habitat, 2009. http://sheltercentre. org/sites/default/files/204800-sheltercatalogue2009-en.pdf. Photographies tirée de Google Earth. Page 29, figure 7. Modèle de l’activité de rétablissement post-catastrophe. Vale, Lawrence J. et Campanella, Thomas J.(dir.), The Resilient City. How Modern Cities recover from Disasters, Oxford University Press,
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Haiti Basemap Data from the United Nation, MINUSTAH and United Nations Cartographic Section United Nations Institute for Training and Research (UNITAR) Graphique:« HAITI Camp Coordination Camp, Management Cluster ,DTM v2.0 Displacement Tracking Matrix v2.0 Update, May, 2011 », mai 2011. http://iomhaitidataportal. info/dtm/downloads.aspx?file=~/ downloads\4.DTM%20Report_ M a y % 27 1 1 / DT M _ V 2 _ R e p o r t _ May_2011_English_FINAL.doc.
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